Gourmand (botanique)
Chez les arbres, un gourmand (à ne pas confondre avec un drageon) est un rameau épicormique qui pousse spontanément sur un tronc d'arbre, sur une partie exposée à la lumière ; et notamment après une phase d'auto-élagage lorsqu'il poussait à l'abri de la canopée, ou sur un tronc émondé.
Il peut diminuer la valeur ou la qualité d'une bille de pied.
En horticulture, il s'agit par extension d'un rameau qui a pris une taille disproportionnée, comparée à celles des rameaux qui l’avoisinent.
Enjeux
Mieux appréhender ce que sont les gourmands et autres structures épicormiques permet de mieux comprendre et prévoir le développement architectural des arbres, pour chaque essence, et certains facteurs déterminants pour les propriétés technologiques du bois. C'est un des moyens de faire en sorte que la sylviculture soit mieux adaptée à chaque essence et contexte.
Dans la plupart des cas la connotation du mot est négative ; évoquant un rameau nouveau qui va détourner la sève des branches hautes existantes.
En réalité, l'apparition de gourmand est dans la plupart des cas un phénomène naturel et parfois salvateur pour l'arbre, qui peut grâce à ces gourmands augmenter sa capacité de photosynthèse et donc de croissance. Le gourmand constitue une sorte d'investissement pour l'arbre. En effet, il détourne de la sève au moment de sa pousse mais contribue à ce que l'arbre en produise plus une fois qu'il s'est développé. Sa connotation négative vient du fait qu'il fait perdre de la valeur commerciale au bois et qu'il peut perturber le travail des arboriculteurs fruitiers. En forêt, une partie des gourmands disparaîtra par autoélagage quand ils ne seront plus exposés à la pleine lumière.
Origine des gourmands
Les gourmands sont produits par l'exposition à la pleine lumière ou suite à certains stress (taille par exemple). Dans les plantations sylvicoles, même à densité relativement faible, hormis sur les lisières, les gourmands sont peu nombreux. Leur nombre varie aussi selon l'espèce considérée.
Concernant les jeunes arbres de plantation, une étude[1] publiée en 2008 et portant sur le chêne en plantations artificielles a montré que dans ce contexte (3 plantations à 1 333, 2 667 et 5 333 plants/hectare étudiés après 20 ans), ces variations de densité de plantation avait une faible importance (seule la parcelle la plus dense présentait un peu moins de gourmands, les deux autres ne présentant pas de différence significative), que 90 % des gourmands étaient âgés d'environ 1 an (taille moyenne de 6 cm), et que les arbres les moins vigoureux semblaient en développer plus que les autres.
En France, des chercheurs de l'INRA ont utilisé[2] la tomographie à rayons X pour observer l'intérieur de morceaux d'arbres sans avoir à les découper. Ceci permet d'observer l'intégralité des nœuds et autres traces à l'intérieur des billons au droit des branches, gourmands et autres structures épicormiques. Le scanner donne des images 3D virtuelle en recollant les coupes virtuelles faites tous les 1,25 mm 15 essences différentes ont été ainsi observées pour leur réseaux de nœuds et de traces de bourgeons latents[2]. Attention cette technique ne doit pas être utilisée sur des arbres vivants ni sans précautions (cf nocivité du rayonnement X).
Chez les fruitiers
En arboriculture fruitière, les gourmands sont des branches « à bois » (non ou peu fructifères) qu'on cherche à éliminer au profit des branches fruitières. On reconnaît le gourmand à son volume : les yeux près de la base sont très petits et éloignés les uns des autres; ceux de la partie supérieure, au contraire, sont gros et souvent développés en « faux rameaux ».
Le gourmand naît sur la tige sur le dessus des branches près des coudes, là où la circulation de la sève est ralentie, et présente un assez fort empâtement dès sa naissance. Par suite de cette position, il tend à prendre de la force au préjudice des autres branches et à détruire l'équilibre de l'arbre.
On prévient les désordres que les gourmands peuvent occasionner par le pincement, qu'il est quelquefois nécessaire de répéter, afin de maîtriser leur vigueur. On ne doit pas en rencontrer sur les arbres bien exposés à la lumière et bien soignés ; néanmoins l'arboriculteur cherche parfois à en faire naître pour les utiliser à refaire la charpente d'un arbre en partie épuisé ou ayant subi une casse
Chez les fruitiers, il est plus commun sur le pêcher que sur les autres arbres.
En viticulture, le gourmand est appelé "pampre".
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr)
Bibliographie
Références
- Colin F., Robert N., Druelle J.-L., Fontaine F. [2008]. Initial spacing has little influence on transient epicormic shoots in a 20-year-old sessile oak plantation. Annals of Forest Science 65(5). (2 fig., 4 tab., 41 réf.)
- Colin F., Mothe F., Morisset J.-B., Freyburger C., Lamiche F., Fund C., Debret L., Garnier B., Canta R. [2011]. Branches, gourmands et épicormiques. Petit atlas de vues en 3D obtenues par tomographie à rayons X. Forêt Wallonne 115 : 44-53 (10 p., 17 fig., 11 réf.)