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== Sources ==
== Sources ==
Le règne de Carin est mal documenté par les sources classiques{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}. Les textes antiques relatifs aux empereurs romains de la fin du {{s-|III}} ne sont que des abrégés et diverses Histoires du {{s-|IV}} ne donnent que quelques lignes sur Carin : [[Eutrope (historien)|Eutrope]]{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}, [[Aurelius Victor]]{{sfn|texte=Aurelius Victor, Césars, 39 |id=AVictor}}, ainsi que l'{{latin|[[Épitomé de Caesaribus]]}} qu'on attribue à tort à ce dernier auteur{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38-39|id=PsAVictor}}. [[Rufius Festus|Festus]] passe de Carus à [[Dioclétien]] en ignorant Carin et [[Numérien]]{{sfn|Festus, ''Abrégé des hauts faits du peuple romain'', 24-25 |id=Festus}}. Le ''[[Chronographe de 354]]'' donne une durée de règne identique pour Carin et Numérien, soit deux ans, onze mois et deux jours{{sfn|Lafaurie|1966|p=143}}, et précise le lieu de son assassinat, au Campus Margensis{{sfn|texte=Chronographe de 354|id=Chro354}}. Au {{s-|V}}, [[Paul Orose]] date la prise de pouvoir de Dioclétien et sa victoire contre Carin en 1051 {{latin|[[Ab Urbe condita]]}} (soit 298, ce qui est excessif){{sfn|texte=Paul Orose, ''Histoires contre les païens'', {{VII}}, 25|id=Orose}}, tandis que la ''[[Chronique (Jérôme)|Chronique]]'' de [[Jérôme de Stridon]] date la défaite de Carin de la {{266e|[[olympiade]]}} (soit 285){{sfn|texte=Jérôme de Stridon, ''Chronicon'' |id=Jérôme}}. Enfin, l’''Histoire nouvelle'' de [[Zosime (historien)|Zosime]], écrite au début du {{s-|VI}}, est lacunaire sur les règnes de Carus et de ses fils{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}, mais la ''Chronographia'' de [[Jean Malalas]] ({{s-|VI}}) précise que Carin est mort à trente-deux ans<ref name=Malalas>[[Jean Malalas]], ''Chronographia'', {{XII}}, 306 et suiv.</ref>. L’''[[Histoire Auguste]]'' est la seule à produire une biographie plus étoffée de Carus et de ses fils Carin et Numérien ; son auteur déclaré, Flavius Vopiscus, se dit contemporain de {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}} (306-337){{sfn|Chastagnol|1994|p=CV et {{CXVII}}|id=HA}} et se pose en continuateur de l'historien [[Suétone]] et de sa ''[[Vie des douze Césars]]''{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Probus'', {{II}}, 7|id=HA}}.
Le règne de Carin est mal documenté par les sources classiques{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}. Les textes antiques relatifs aux empereurs romains de la fin du {{s-|III}} ne sont que des abrégés et diverses Histoires du {{s-|IV}} ne donnent que quelques lignes sur Carin : [[Eutrope (historien)|Eutrope]]{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}, [[Aurelius Victor]]{{sfn|texte=Aurelius Victor, Césars, 39 |id=AVictor}}, ainsi que l'{{latin|[[Épitomé de Caesaribus]]}} qu'on attribue à tort à ce dernier auteur{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38-39|id=PsAVictor}}. [[Rufius Festus|Festus]] passe de Carus à [[Dioclétien]] en ignorant Carin et [[Numérien]]{{sfn|Festus, ''Abrégé des hauts faits du peuple romain'', 24-25 |id=Festus}}. Le ''[[Chronographe de 354]]'' donne une durée de règne identique pour Carin et Numérien, soit deux ans, onze mois et deux jours{{sfn|Lafaurie|1966|p=143}}, et précise le lieu de son assassinat, au Campus Margensis{{sfn|texte=Chronographe de 354|id=Chro354}}. Au {{s-|V}}, [[Paul Orose]] date la prise de pouvoir de Dioclétien et sa victoire contre Carin en 1051 {{latin|[[Ab Urbe condita]]}} (soit 298, ce qui est excessif){{sfn|texte=Paul Orose, ''Histoires contre les païens'', {{VII}}, 25|id=Orose}}, tandis que la ''[[Chronique (Jérôme)|Chronique]]'' de [[Jérôme de Stridon]] date la défaite de Carin de la {{266e|[[olympiade]]}} (soit 285){{sfn|texte=Jérôme de Stridon, ''Chronicon'' |id=Jérôme}}. Enfin, l’''Histoire nouvelle'' de [[Zosime (historien)|Zosime]], écrite au début du {{s-|VI}}, est lacunaire sur les règnes de Carus et de ses fils{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148}}, mais la ''Chronographia'' de [[Jean Malalas]] ({{s-|VI}}) précise que Carin est mort à trente-deux ans<ref name=Malalas>[[Jean Malalas]], ''Chronographia'', {{XII}}, 306 et suiv.</ref>. L’''[[Histoire Auguste]]'' est la seule à produire une biographie plus étoffée de Carus et de ses fils Carin et Numérien ; son auteur déclaré, Flavius Vopiscus, se dit contemporain de {{souverain2|Constantin Ier (empereur romain)}} (306-337){{sfn|Chastagnol|1994|p=CV et {{CXVII}}|id=HA}} et se pose en continuateur de l'historien [[Suétone]] et de sa ''[[Vie des douze Césars]]''{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Probus'', {{II}}, 7|id=HA}}.


[[Histoire Auguste|Flavius Vopiscus]] est considéré comme une source documentaire fiable par les premiers historiens modernes. Mais la lecture littérale évolue à partir de 1889, avec la démonstration de [[Hermann Dessau]] de l'inexistence de cet auteur et de ses co-auteurs de l’''Histoire Auguste'', en réalité pseudonymes d'un seul écrivain, plus tardif mais au nom inconnu. Cette thèse a emporté peu à peu l'adhésion des historiens du {{s-|XX}}. Ils reconnaissent que cette œuvre n'est pas entièrement historique et contient une part de fiction{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XXXIV}}|id=HA}}. Le récit historique sert alors de support à la fantaisie, au canular et au burlesque, et multiplie les allusions à l'attention du lecteur cultivé. Les biographies de Carus et de ses fils sont les dernières de l’''Histoire Auguste'', et le pseudo-Flavius Vopiscus complète le peu d'informations fournies par les abréviateurs par un remplissage de son invention{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XLVI}}|id=HA}}.
[[Histoire Auguste|Flavius Vopiscus]] est considéré comme une source documentaire fiable par les premiers historiens modernes. Mais la lecture littérale évolue à partir de 1889, avec la démonstration de [[Hermann Dessau]] de l'inexistence de cet auteur et de ses co-auteurs de l’''Histoire Auguste'', en réalité pseudonymes d'un seul écrivain, plus tardif mais au nom inconnu. Cette thèse a emporté peu à peu l'adhésion des historiens du {{s-|XX}}. Ils reconnaissent que cette œuvre n'est pas entièrement historique et contient une part de fiction{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XXXIV}}|id=HA}}. Le récit historique sert alors de support à la fantaisie, au canular et au burlesque, et multiplie les allusions à l'attention du lecteur cultivé. Les biographies de Carus et de ses fils sont les dernières de l’''Histoire Auguste'', et le pseudo-Flavius Vopiscus complète le peu d'informations fournies par les abréviateurs par un remplissage de son invention{{sfn|Chastagnol|1994|p={{XLVI}}|id=HA}}.
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[[Fichier:Alexandria 113.5.JPG|vignette|redresse|alt=monnaie de cuivre corrodée, buste de profil|Tétradrachme de [[billon (alliage)|billon]] à l'effigie de Carus, émis à Alexandrie.]]
[[Fichier:Alexandria 113.5.JPG|vignette|redresse|alt=monnaie de cuivre corrodée, buste de profil|Tétradrachme de [[billon (alliage)|billon]] à l'effigie de Carus, émis à Alexandrie.]]


Palliant l'insuffisance des textes antiques, l'[[épigraphie latine]] fournit quelques éléments supplémentaires, et la [[numismatique]] est une source majeure, particulièrement importante pour les trois années durant lesquelles Carin règne seul en Occident{{sfn|Estiot|2017|p=76}}. Les études des émissions monétaires de Carus et ses fils dans les collections des musées, et celle du [[trésor de La Venèra]], riche de {{unité|4425|[[aurelianus (monnaie)|''{{lang|la|aurelianus}}'']]}} pour ces règnes, dont {{nb|1361 exemplaires}} pour l'[[Atelier monétaire romain|atelier monétaire]] de [[Ticinum]] (actuellement [[Pavie]] en Italie du Nord), fournissent une chronologie des événements et des campagnes militaires entre 282 et 285{{sfn|Estiot|2017|p=75-76}}. Pour les règnes de Carus et de ses fils, les événements sont encore plus précisément fixés grâce aux émissions de [[tétradrachme]]s d'[[Alexandrie]] d'[[Province romaine de l'Égypte|Égypte]]{{sfn|Estiot|2017|p=80}}, qui sont datées des années de règnes impériaux, comptés avec un début d'année alexandrine calé sur le {{date-|29 août}}{{sfn|Lafaurie|1966|p=141}}.
Palliant l'insuffisance des textes antiques, l'[[épigraphie latine]] fournit quelques éléments supplémentaires, et la [[numismatique]] est une source majeure, particulièrement importante pour les trois années durant lesquelles Carin règne seul en Occident{{sfn|Estiot|2017|p=76}}. Les études des émissions monétaires de Carus et ses fils dans les collections des musées, et celle du [[trésor de La Venèra]], riche de {{unité|4425|[[aurelianus (monnaie)|''{{langue|la|aurelianus}}'']]}} pour ces règnes, dont {{nb|1361 exemplaires}} pour l'[[Atelier monétaire romain|atelier monétaire]] de [[Ticinum]] (actuellement [[Pavie]] en Italie du Nord), fournissent une chronologie des événements et des campagnes militaires entre 282 et 285{{sfn|Estiot|2017|p=75-76}}. Pour les règnes de Carus et de ses fils, les événements sont encore plus précisément fixés grâce aux émissions de [[tétradrachme]]s d'[[Alexandrie]] d'[[Province romaine de l'Égypte|Égypte]]{{sfn|Estiot|2017|p=80}}, qui sont datées des années de règnes impériaux, comptés avec un début d'année alexandrine calé sur le {{date-|29 août}}{{sfn|Lafaurie|1966|p=141}}.


== Origines ==
== Origines ==
''Marcus Aurelius Carinus'' est le fils aîné de l'empereur [[Carus]]. Si l'on ajoute foi à son âge au décès, trente-deux ans selon [[Jean Malalas]]<ref name=Malalas/>, il serait né vers 252/253 (ou vers 249 d'après François Zosso et Christian Zingg<ref name=":0" />). Le nom de sa mère est inconnu. Il a un frère cadet, [[Numérien]]<ref name=":0">{{harvsp|Zosso|Zingg|1995|p=112-113}}.</ref>. L'origine géographique de cette famille a posé problème aux historiens modernes qui doivent arbitrer entre des sources antiques contradictoires, car l’''Histoire Auguste'' se démarque des autres historiens qui précisent [[Narbonne]] comme origine. La tradition qui range Carus dans la continuité historique des [[empereurs illyriens]] allant de [[Claude II le Gothique]] à [[Dioclétien]] et aux [[tétrarchie|tétrarques]] est imposée au début du {{s-|XVII}} dans la [[chronologie]] historique établie par l'érudit français [[Joseph Juste Scaliger]] (1540-1609). Celui-ci retient sans critique les indications de l’''Histoire Auguste'' et considère les autres sources antiques comme erronées. Il affirme qu'[[Eutrope (historien)|Eutrope]] a confondu Narbonne en Gaule avec une ville d'Illyrie au nom similaire, [[Narona]]. Latiniste de haute réputation, Scaliger est suivi à la fin du {{s-|XVIII}} par l'historien britannique [[Edward Gibbon]] dans son ''[[Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain]]''<ref>{{harvsp|Gibbon|1819|p=283 et note 2|texte=Gibbon, 1819, t. 2, chap. XII}} {{lire en ligne|url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AGibbon_-_Histoire_de_la_décadence_et_de_la_chute_de_l'Empire_romain,_traduction_Guizot,_tome_2.djvu/291}}</ref>, qui fait longtemps autorité<ref>{{article|langue=en|auteur=Tom B. Jones|titre=A Note on Marcus Aurelius Carus|périodique=Classical Philology|numéro=37.2|date=avril 1942|passage=193–194|doi=10.1086/362599}}.</ref>. Situer la naissance de Carus et de ses fils en [[Illyrie]] à Narona devient la thèse admise. La réfutation vient en 1948, quand l'Italien Piero Meloni réexamine les éléments historiques disponibles et conclut que Carus vient de Narbonne en Gaule{{sfn|Wuilleumier|1951|p=169}}, avis partagé ensuite par les historiens modernes{{sfn|Petit|1974|p=456}}{{,}}{{sfn|Chastagnol|1994|p={{CXXI}} et 1137|id=HA}}{{,}}{{sfn|Loriot|1999, 2002|=148-149}}.
''Marcus Aurelius Carinus'' est le fils aîné de l'empereur [[Carus]]. Si l'on ajoute foi à son âge au décès, trente-deux ans selon [[Jean Malalas]]<ref name=Malalas/>, il serait né vers 252/253 (ou vers 249 d'après François Zosso et Christian Zingg<ref name=":0" />). Le nom de sa mère est inconnu. Il a un frère cadet, [[Numérien]]<ref name=":0">{{harvsp|Zosso|Zingg|1995|p=112-113}}.</ref>. L'origine géographique de cette famille a posé un problème aux historiens modernes qui doivent arbitrer entre des sources antiques contradictoires, car l’''Histoire Auguste'' se démarque des autres historiens qui précisent [[Narbonne]] comme origine. La tradition qui range Carus dans la continuité historique des [[empereurs illyriens]] allant de [[Claude II le Gothique]] à [[Dioclétien]] et aux [[tétrarchie|tétrarques]] est imposée au début du {{s-|XVII}} dans la [[chronologie]] historique établie par l'érudit français [[Joseph Juste Scaliger]] (1540-1609). Celui-ci retient sans critique les indications de l’''Histoire Auguste'' et considère les autres sources antiques comme erronées. Il affirme qu'[[Eutrope (historien)|Eutrope]] a confondu Narbonne en Gaule avec une ville d'Illyrie au nom similaire, [[Narona]]. Latiniste de haute réputation, Scaliger est suivi à la fin du {{s-|XVIII}} par l'historien britannique [[Edward Gibbon]] dans son ''[[Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain]]''<ref>{{harvsp|Gibbon|1819|p=283 et note 2|texte=Gibbon, 1819, t. 2, chap. XII}} {{lire en ligne|url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AGibbon_-_Histoire_de_la_décadence_et_de_la_chute_de_l'Empire_romain,_traduction_Guizot,_tome_2.djvu/291}}</ref>, qui fait longtemps autorité<ref>{{article|langue=en|auteur=Tom B. Jones|titre=A Note on Marcus Aurelius Carus|périodique=Classical Philology|numéro=37.2|date=avril 1942|passage=193–194|doi=10.1086/362599}}.</ref>. Situer la naissance de Carus et de ses fils en [[Illyrie]] à Narona devient la thèse admise. La réfutation vient en 1948, quand l'Italien Piero Meloni réexamine les éléments historiques disponibles et conclut que Carus vient de Narbonne en Gaule{{sfn|Wuilleumier|1951|p=169}}, avis partagé ensuite par les historiens modernes{{sfn|Petit|1974|p=456}}{{,}}{{sfn|Chastagnol|1994|p={{CXXI}} et 1137|id=HA}}{{,}}{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=148-149}}.


== Accès au pouvoir ==
== Accès au pouvoir ==
Son père, le [[préfet du prétoire]] [[Carus]], est proclamé [[empereur romain|empereur]] par ses troupes durant l'automne 282, tandis que l'empereur légitime [[Probus (empereur)|Probus]] est tué lors d'une mutinerie de ses soldats{{sfn|Christol|1997|p=185|id=Christol1}}. Comme l'avaient fait plusieurs de ses prédécesseurs, Carus instaure un embryon de dynastie avec un pouvoir collégial associant ses enfants. Toutefois, les fils de Carus sont adultes et peuvent prendre part aux responsabilités, comme cela avait été le cas sous les règnes de [[Valérien]] et de [[Gallien]]{{sfn|Christol|1997|p=187|id=Christol1}}{{,}}{{sfn|Destephen|2021|p=33 et 37}}. D'après [[Aurelius Victor]]{{sfn|texte=Aurelius Victor, Césars, 39 |id=AVictor}}, le [[Épitomé de Caesaribus|pseudo Aurelius]]{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38-39 |id=PsAVictor}} et [[Eutrope (historien)|Eutrope]]{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}, Carus accorde le titre de [[César (titre)|César]] à ses deux fils Carin et [[Numérien]] simultanément{{sfn|Christol|1997|p=63|id=Christol1}}. Les sources numismatiques et épigraphiques corrigent cette vision et prouvent que l'association de ses enfants au pouvoir n'a pas été simultanée : Carus entame son règne seul comme le montrent les émissions monétaires de [[Ticinum]]{{sfn|Estiot|2017|p=82}} et de [[Cyzique]]{{sfn|Estiot|Dopierala|Gysen|2007|p=199}}, puis accorde à son fils ainé Carin, qui se trouvait probablement à Rome, les titres de César<ref>Inscriptions sur des [[borne milliaire|bornes miliaires]] de [[Norique]] {{AE|1962|308}}, du [[Pont (région)|Pont]] {{AE|1977|789}}, des [[Alpes pennines]] {{AE|1985|644}} et d'[[Afrique proconsulaire]] {{AE|1923|16}}.</ref> et de [[Prince de la jeunesse]], titres dévolus au successeur désigné{{sfn|Estiot|2017|p=83}}, à l'automne 282 selon la chronologie numismatique de Sylviane Estiot{{sfn|Estiot|Dopierala|Gysen|2007|p=200 et 202}}{{,}}{{sfn|Estiot|2017|p=80}}.
Son père, le [[préfet du prétoire]] [[Carus]], est proclamé [[empereur romain|empereur]] par ses troupes durant l'automne 282, tandis que l'empereur légitime [[Probus (empereur)|Probus]] est tué lors d'une mutinerie de ses soldats{{sfn|Christol|1997|p=185|id=Christol1}}. Comme l'avaient fait plusieurs de ses prédécesseurs, Carus instaure un embryon de dynastie avec un pouvoir collégial associant ses enfants. Toutefois, les fils de Carus sont adultes et peuvent prendre part aux responsabilités, comme cela avait été le cas sous les règnes de [[Valérien]] et de [[Gallien]]{{sfn|Christol|1997|p=187|id=Christol1}}{{,}}{{sfn|Destephen|2021|p=33 et 37}}. D'après [[Aurelius Victor]]{{sfn|texte=Aurelius Victor, Césars, 39 |id=AVictor}}, le [[Épitomé de Caesaribus|pseudo Aurelius]]{{sfn|texte=Pseudo-Aurelius Victor, ''Épitomé de Caesaribus'', 38-39 |id=PsAVictor}} et [[Eutrope (historien)|Eutrope]]{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}, Carus accorde le titre de [[César (titre)|César]] à ses deux fils Carin et [[Numérien]] simultanément{{sfn|Christol|1997|p=63|id=Christol1}}. Les sources numismatiques et épigraphiques corrigent cette vision et prouvent que l'association de ses enfants au pouvoir n'a pas été simultanée : Carus entame son règne seul comme le montrent les émissions monétaires de [[Ticinum]]{{sfn|Estiot|2017|p=82}} et de [[Cyzique]]{{sfn|Estiot|Dopierala|Gysen|2007|p=199}}, puis accorde à son fils ainé Carin, qui se trouvait probablement à Rome, les titres de César<ref>Inscriptions sur des [[borne milliaire|bornes miliaires]] de [[Norique]] {{AE|1962|308}}, du [[Pont (région)|Pont]] {{AE|1977|789}}, des [[Alpes pennines]] {{AE|1985|644}} et d'[[Afrique proconsulaire]] {{AE|1923|16}}.</ref> et de [[Prince de la jeunesse]], titres dévolus au successeur désigné{{sfn|Estiot|2017|p=83}}, à l'automne 282 selon la chronologie numismatique de Sylviane Estiot{{sfn|Estiot|Dopierala|Gysen|2007|p=200 et 202}}{{,}}{{sfn|Estiot|2017|p=80}}.


le {{date-|1 janvier 283}}, Carus revêt son second [[consul (Rome antique)|consulat]]{{sfn|Christol|1997|p=185|id=Christol1}}, en prenant Carin comme collègue. Au début de l'année 283 selon Sylviane Estiot{{sfn|Estiot|2017|p=80 et 84}}, Carus promeut son fils cadet [[Numérien]] au rang de Prince de la jeunesse et de César, comme l'illustre une inscription où le nom de Numérien a été ajouté après ceux de Carus et Carin<ref>Inscription sur des miliaires de [[Numidie (province romaine)|Numidie]] {{AE|1967|585}} et de [[Patras]] en [[Achaïe (province romaine)|Achaïe]] {{CIL|03|07307|R=}}.</ref>{{,}}{{sfn|Christol|1997|p=63-64|id=Christol1}}. Les deux fils de l'Empereur reçoivent le titre d'{{latin|[[imperator (titre)|imperator]]}}, ce qui les associe au pouvoir de leur père{{sfn|Christol|1997|p=187-188|id=Christol1}}.
le {{date-|1 janvier 283}}, Carus revêt son second [[consul (Rome antique)|consulat]]{{sfn|Christol|1997|p=185|id=Christol1}}, en prenant Carin comme collègue. Au début de l'année 283 selon Sylviane Estiot{{sfn|Estiot|2017|p=80 et 84}}, Carus promeut son fils cadet [[Numérien]] au rang de Prince de la jeunesse et de César, comme l'illustre une inscription où le nom de Numérien a été ajouté après ceux de Carus et Carin<ref>Inscription sur des miliaires de [[Numidie (province romaine)|Numidie]] {{AE|1967|585}} et de [[Patras]] en [[Achaïe (province romaine)|Achaïe]] {{CIL|03|07307|R=}}.</ref>{{,}}{{sfn|Christol|1997|p=63-64|id=Christol1}}. Les deux fils de l'Empereur reçoivent le titre d'{{latin|[[imperator (titre)|imperator]]}}, ce qui les associe au pouvoir de leur père{{sfn|Christol|1997|p=187-188|id=Christol1}}.
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En {{date-|décembre 282}} (ou {{date-|janvier 283}}), Carus part en Orient combattre les [[Perses]] [[Sassanides]], accompagné de Numérien. Il nomme Carin [[Auguste (titre)|auguste]] et lui confie la responsabilité de l'Occident. Des émissions monétaires commémorent cette délégation de pouvoir ; elles montrent Carus qui tient le sceptre long, emblème de sa puissance suprême, et transmet à son fils la [[Victoire (allégorie)|Victoire]], debout sur un globe, symbole du charisme impérial{{sfn|Christol|1997|p=61, 65 et 67|id=Christol2}}.<br>
En {{date-|décembre 282}} (ou {{date-|janvier 283}}), Carus part en Orient combattre les [[Perses]] [[Sassanides]], accompagné de Numérien. Il nomme Carin [[Auguste (titre)|auguste]] et lui confie la responsabilité de l'Occident. Des émissions monétaires commémorent cette délégation de pouvoir ; elles montrent Carus qui tient le sceptre long, emblème de sa puissance suprême, et transmet à son fils la [[Victoire (allégorie)|Victoire]], debout sur un globe, symbole du charisme impérial{{sfn|Christol|1997|p=61, 65 et 67|id=Christol2}}.<br>
Avant la mort de son père, Numérien est associé au pouvoir aux côtés de ce dernier et de son frère, peut-être à l'occasion d'une victoire contre les Perses, et à ce stade du règne {{citation|l'Empire fut tenu par un collège de trois princes aux titres égaux}}{{sfn|Christol|1997|p=188|id=Christol1}}. Carus meurt dans des circonstances indéterminées, vers {{nobr|novembre 283}}, après s'être emparé de la capitale perse [[Ctésiphon]]. Son fils Numérien ramène l'armée romaine, mais disparaît en {{date-|novembre 284}}, probablement assassiné en [[Bithynie]] par son beau-père [[Arrius Aper]]{{sfn|Petit|1974|p=457}}.
Avant la mort de son père, Numérien est associé au pouvoir aux côtés de ce dernier et de son frère, peut-être à l'occasion d'une victoire contre les Perses, et à ce stade du règne {{citation|l'Empire fut tenu par un collège de trois princes aux titres égaux}}{{sfn|Christol|1997|p=188|id=Christol1}}. Carus meurt dans des circonstances indéterminées, vers {{date-|novembre 283}}, après s'être emparé de la capitale perse [[Ctésiphon]]. Son fils Numérien ramène l'armée romaine, mais disparaît en {{date-|novembre 284}}, probablement assassiné en [[Bithynie]] par son beau-père [[Arrius Aper]]{{sfn|Petit|1974|p=457}}.


== Carin auguste ==
== Carin auguste ==
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Les historiens antiques brossent un portrait très négatif de Carin et de son règne personnel. La propagande menée par [[Dioclétien]] pour le discréditer avant de l'affronter semble avoir laissé des traces{{sfn|Petit|1974|p=456}}{{,}}{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141-1142|id=HA}}. Les auteurs antiques accumulent les [[topos (littérature)|topos]] caractéristiques du tyran, avec ses excès de tout ordre, sa sexualité monstrueuse, sa cruauté, ses extravagances, tares auxquelles s'ajoute la laideur physique<ref>{{chapitre |nom1=Scheid |prénom1=John |lien auteur1=John Scheid |titre= La mort du tyran. Chronique de quelques morts programmées |titre ouvrage= Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982) |lieu= Rome |éditeur= Publications de l'École française de Rome |année= 1984 |pages= 166 |url texte=https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_79_1_2533}}.</ref>. [[Jean Malalas]], seul historien qui fournisse un portrait physique, le décrit comme petit, gros, le visage aplati au teint laiteux, les cheveux gris et frisés<ref name=Malalas/>. [[Eutrope (historien)|Eutrope]] affirme qu'il {{citation|se souilla de tous les crimes, fit périr, sur de fausses accusations, plus d’un innocent, déshonora les femmes des plus illustres personnages, et se vengea même de ceux de ses condisciples qui, à l’école, lui avaient adressé la plus légère plaisanterie}}{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}. Un fragment de l’''Histoire des Césars'' d'[[Eunape]] regroupe les griefs contre Carin{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. L'''[[Histoire Auguste]]'' développe ces critiques en grossissant le trait et le présente comme le pire des débauchés, reprenant des extravagances prêtées à l'empereur [[Héliogabale]]{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. Elle prétend qu'il aurait épousé successivement neuf femmes, dont il se débarrassait lorsqu'elles étaient enceintes. De surcroît, elle le présente comme corrupteur de jeunes garçons{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Carus, Carin et Numérien'', {{XVI}}|id=HA}}, accusation que l'on ne retrouve pas chez les autres auteurs antiques{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}.
Les historiens antiques brossent un portrait très négatif de Carin et de son règne personnel. La propagande menée par [[Dioclétien]] pour le discréditer avant de l'affronter semble avoir laissé des traces{{sfn|Petit|1974|p=456}}{{,}}{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141-1142|id=HA}}. Les auteurs antiques accumulent les [[topos (littérature)|topos]] caractéristiques du tyran, avec ses excès de tout ordre, sa sexualité monstrueuse, sa cruauté, ses extravagances, tares auxquelles s'ajoute la laideur physique<ref>{{chapitre |nom1=Scheid |prénom1=John |lien auteur1=John Scheid |titre= La mort du tyran. Chronique de quelques morts programmées |titre ouvrage= Du châtiment dans la cité. Supplices corporels et peine de mort dans le monde antique. Table ronde de Rome (9-11 novembre 1982) |lieu= Rome |éditeur= Publications de l'École française de Rome |année= 1984 |pages= 166 |url texte=https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1984_act_79_1_2533}}.</ref>. [[Jean Malalas]], seul historien qui fournisse un portrait physique, le décrit comme petit, gros, le visage aplati au teint laiteux, les cheveux gris et frisés<ref name=Malalas/>. [[Eutrope (historien)|Eutrope]] affirme qu'il {{citation|se souilla de tous les crimes, fit périr, sur de fausses accusations, plus d’un innocent, déshonora les femmes des plus illustres personnages, et se vengea même de ceux de ses condisciples qui, à l’école, lui avaient adressé la plus légère plaisanterie}}{{sfn|texte=Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, {{IX}}, 18-20|id=Eutrope}}. Un fragment de l’''Histoire des Césars'' d'[[Eunape]] regroupe les griefs contre Carin{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. L'''[[Histoire Auguste]]'' développe ces critiques en grossissant le trait et le présente comme le pire des débauchés, reprenant des extravagances prêtées à l'empereur [[Héliogabale]]{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. Elle prétend qu'il aurait épousé successivement neuf femmes, dont il se débarrassait lorsqu'elles étaient enceintes. De surcroît, elle le présente comme corrupteur de jeunes garçons{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Carus, Carin et Numérien'', {{XVI}}|id=HA}}, accusation que l'on ne retrouve pas chez les autres auteurs antiques{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}.


Toujours selon l’''Histoire Auguste'', le gouvernement de Carin à Rome est scandaleux : il remplace les hommes de valeur par des gredins, il fait exécuter le [[préfet du prétoire]] dont il confie la charge à un ancien proxénète, Matronianus, il nomme [[préfet de Rome]] un greffier subalterne (un {{latin|cancellarius}}), il se décharge de la tâche de signature officielle sur un garçon habile à imiter son écriture, il traite les sénateurs avec arrogance, promettant de distribuer leurs biens à la populace de Rome{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Carus, Carin et Numérien'', {{XVI}}|id=HA}}.
Toujours selon l’''Histoire Auguste'', le gouvernement de Carin à Rome est scandaleux : il remplace les hommes de valeur par des gredins, il fait exécuter le [[préfet du prétoire]] dont il confie la charge à un ancien proxénète, Matronianus, il nomme [[préfet de Rome]] un greffier subalterne (un {{latin|cancellarius}}), il se décharge de la tâche de signature officielle sur un garçon habile à imiter son écriture, il traite les sénateurs avec arrogance, promettant de distribuer leurs biens à la populace de Rome{{sfn|''Histoire Auguste''|loc= ''Vie de Carus, Carin et Numérien'', {{XVI}}|id=HA}}.


Considérant l’''Histoire Auguste'' comme une source fiable, [[Edward Gibbon]] en reprend les détails et conclut : {{citation|[...] dès que Carin se trouva débarrassé par la mort de son père, du frein de la crainte ou de la décence, Rome gémit sous la tyrannie d’un monarque qui joignait à la folie d’[[Héliogabale]], la cruauté de [[Domitien]]<ref>{{harvsp|Gibbon|1819|p=293|texte=Gibbon, 1819, t. 2, chap. XII}} {{lire en ligne|url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AGibbon_-_Histoire_de_la_décadence_et_de_la_chute_de_l'Empire_romain,_traduction_Guizot,_tome_2.djvu/301}}</ref>}}. Pour [[André Chastagnol]], il est difficile de savoir si Carin est réellement le dépravé ainsi décrit. La biographie de l'''Histoire Auguste'' est trop noircie et trop exagérée pour être crédible{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. De surcroit, certains détails sont historiquement douteux : l'existence du poste de {{latin|cancellarius}} n'est attestée qu'à partir du {{s-|IV}} et Matronianus est un personnage inconnu{{sfn|Chastagnol|1994|p=1162, notes 2 et 3|id=HA}}.
Considérant l’''Histoire Auguste'' comme une source fiable, [[Edward Gibbon]] en reprend les détails et conclut : {{citation|[...] dès que Carin se trouva débarrassé par la mort de son père, du frein de la crainte ou de la décence, Rome gémit sous la tyrannie d’un monarque qui joignait à la folie d’[[Héliogabale]], la cruauté de [[Domitien]]<ref>{{harvsp|Gibbon|1819|p=293|texte=Gibbon, 1819, t. 2, chap. XII}} {{lire en ligne|url=https://fr.wikisource.org/wiki/Page%3AGibbon_-_Histoire_de_la_décadence_et_de_la_chute_de_l'Empire_romain,_traduction_Guizot,_tome_2.djvu/301}}</ref>}}. Pour [[André Chastagnol]], il est difficile de savoir si Carin est réellement le dépravé ainsi décrit. La biographie de l'''Histoire Auguste'' est trop noircie et trop exagérée pour être crédible{{sfn|Chastagnol|1994|p=1141|id=HA}}. De surcroit, certains détails sont historiquement douteux : l'existence du poste de {{latin|cancellarius}} n'est attestée qu'à partir du {{s-|IV}} et Matronianus est un personnage inconnu{{sfn|Chastagnol|1994|p=1162, notes 2 et 3|id=HA}}.


=== Selon l'épigraphie et les études numismatiques ===
=== Selon l'épigraphie et les études numismatiques ===
De façon plus certaine, les études épigraphiques et numismatiques tracent plusieurs événements du règne de Carin. Un {{latin|[[aureus]]}} émis en 283 avec le revers VICTORIA GERMANICA commémore une campagne contre les [[Germains]]{{sfn|Hiérnard|1997|p=106}}{{,}}<ref>Aureus référencé Carin C158, Cohen {{p.|399-400}}.</ref>. Cette action militaire et d'autres menées en [[Bretagne (province romaine)|Bretagne]] en 284 par les officiers de Carin se marquent par l'attribution à Carin et [[Numérien]] des surnoms honorifiques de GERMANICVS MAXIMVS et BRITANNICVS MAXIMVS sur les inscriptions<ref>{{CIL|14|00126|R=}}.</ref>{{,}}{{sfn|Altmayer|2014|p=300}}{{,}}{{sfn|Estiot|2017|p=81 et note 12}}.
De façon plus certaine, les études épigraphiques et numismatiques tracent plusieurs événements du règne de Carin. Un {{latin|[[aureus]]}} émis en 283 avec le revers VICTORIA GERMANICA commémore une campagne contre les [[Germains]]{{sfn|Hiérnard|1997|p=106}}{{,}}<ref>Aureus référencé Carin C158, Cohen {{p.|399-400}}.</ref>. Cette action militaire et d'autres menées en [[Bretagne (province romaine)|Bretagne]] en 284 par les officiers de Carin se marquent par l'attribution à Carin et [[Numérien]] des surnoms honorifiques de GERMANICVS MAXIMVS et BRITANNICVS MAXIMVS sur les inscriptions<ref>{{CIL|14|00126|R=}}.</ref>{{,}}{{sfn|Altmayer|2014|p=300}}{{,}}{{sfn|Estiot|2017|p=81 et note 12}}.


Les monnaies émises durant {{nobr|l'été 283}} par les ateliers de [[Ticinum]] et de [[Rome]] ainsi que des inscriptions honorifiques<ref>Inscription de [[Timgad]] {{CIL|08|02384|R=}} ; inscription fragmentaire de Rome {{CIL|06|40708|R=}}</ref> nomment la seule épouse certaine de Carin, [[Magnia Urbica]]{{sfn|Hiérnard|1997|p=101}}, avec les titres d'[[Augusta (titre honorifique)|Augusta]] et de {{latin|Mater castrorum}} (« Mère des camps ») conférés par son mari, et un seul fils, Nigrinianus{{sfn|Hiérnard|1997|p=102}}, mort en bas âge et divinisé{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=149}}{{,}}{{sfn|Gricourt|1995|p=104-105}}. Si les numismates [[Karl Pink]] et Daniel Gricourt s'accordent pour dater le mariage de Carin et de [[Magnia Urbica]] en {{nobr|juillet 283}} au retour d'une campagne de Carin en Germanie, ils divergent sur le lieu, à Rome selon Pink après le passage de Carin à Ticinum{{sfn|Gricourt|1995|p=99-100, 103}}, tandis que Gricourt le place à Ticinum même, au vu des émissions monétaires commémoratives de cette cité associant le portrait de Magnia Urbica en tenue d'apparat à [[Junon|Junon Reine]], déesse matrimoniale, et à [[Pudicitia]], personnification de la vertu conjugale{{sfn|Gricourt|1995|p=103-104}}. Sylviane Estiot préfère placer le mariage plus tard, au cours de l'année 284. Constatant que les monnaies de divinisation de Nigrinianus émises à Rome fin 284, donc après son décès, figurent un garçonnet de quelques années, elle mentionne l'hypothèse qu'il serait né d'une précédente union de Carin avec une épouse inconnue, décédée avant 283{{sfn|Estiot|2017|p=102-103}}.
Les monnaies émises durant {{nobr|l'été 283}} par les ateliers de [[Ticinum]] et de [[Rome]] ainsi que des inscriptions honorifiques<ref>Inscription de [[Timgad]] {{CIL|08|02384|R=}} ; inscription fragmentaire de Rome {{CIL|06|40708|R=}}</ref> nomment la seule épouse certaine de Carin, [[Magnia Urbica]]{{sfn|Hiérnard|1997|p=101}}, avec les titres d'[[Augusta (titre honorifique)|Augusta]] et de {{latin|Mater castrorum}} (« Mère des camps ») conférés par son mari, et un seul fils, Nigrinianus{{sfn|Hiérnard|1997|p=102}}, mort en bas âge et divinisé{{sfn|Loriot|1999, 2002|p=149}}{{,}}{{sfn|Gricourt|1995|p=104-105}}. Si les numismates [[Karl Pink]] et Daniel Gricourt s'accordent pour dater le mariage de Carin et de [[Magnia Urbica]] en {{date-|juillet 283}} au retour d'une campagne de Carin en Germanie, ils divergent sur le lieu, à Rome selon Pink après le passage de Carin à Ticinum{{sfn|Gricourt|1995|p=99-100, 103}}, tandis que Gricourt le place à Ticinum même, au vu des émissions monétaires commémoratives de cette cité associant le portrait de Magnia Urbica en tenue d'apparat à [[Junon|Junon Reine]], déesse matrimoniale, et à [[Pudicitia]], personnification de la vertu conjugale{{sfn|Gricourt|1995|p=103-104}}. Sylviane Estiot préfère placer le mariage plus tard, au cours de l'année 284. Constatant que les monnaies de divinisation de Nigrinianus émises à Rome fin 284, donc après son décès, figurent un garçonnet de quelques années, elle mentionne l'hypothèse qu'il serait né d'une précédente union de Carin avec une épouse inconnue, décédée avant 283{{sfn|Estiot|2017|p=102-103}}.


<gallery mode="packed" caption="Monnaies de Magnia Urbica, épouse de Carin, et de leur fils">
<gallery mode="packed" caption="Monnaies de Magnia Urbica, épouse de Carin, et de leur fils">
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== Titulature ==
== Titulature ==
* En 282, Carin est {{latin|nobilissimus Caesar princeps iuventutis}}<ref>Inscription de Markouna {{CIL|08|10219|R=}}.</ref>.
* En 282, Carin est {{latin|nobilissimus Caesar princeps iuventutis}}<ref>Inscription de Markouna {{CIL|08|10219|R=}}.</ref>.
* En 285, à sa mort, il est {{latin|Imperator Caesar Marcus Aurelius Carinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae {{nobr rom|Potestatis II}}, {{nobr rom|Imperator I}}, {{nobr rom|Consul III}}}}<ref>Inscription de Lambèse {{CIL|08|02717|R=}}.</ref>.
* En 285, à sa mort, il est {{latin|Imperator Caesar Marcus Aurelius Carinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae {{nobr romains|Potestatis II}}, {{nobr romains|Imperator I}}, {{nobr romains|Consul III}}}}<ref>Inscription de Lambèse {{CIL|08|02717|R=}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* {{ouvrage |prénom= Michel |nom=Christol |lien auteur=Michel Christol |titre=L'empire romain du {{s-|III}}|sous-titre=Histoire politique 192-325 après J.-C.|année= 1997| isbn=2-87772-145-0|id=Christol1| plume=oui}}.
* {{ouvrage |prénom= Michel |nom=Christol |lien auteur=Michel Christol |titre=L'empire romain du {{s-|III}}|sous-titre=Histoire politique 192-325 après J.-C.|année= 1997| isbn=2-87772-145-0|id=Christol1| plume=oui}}.
* {{article|nom=Christol|prénom=Michel|lien auteur=Michel Christol|titre= Dieux et princes sous Carus, Carin et Numérien|périodique=Revue numismatique, {{6e|série}}|tome =152|année= 1997|pages= 61-71|url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1997_num_6_152_2723|id=Christol2|plume=oui}}.
* {{article|nom=Christol|prénom=Michel|lien auteur=Michel Christol|titre= Dieux et princes sous Carus, Carin et Numérien|périodique=Revue numismatique, {{6e|série}}|tome =152|année= 1997|pages= 61-71|url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1997_num_6_152_2723|id=Christol2|plume=oui}}.
* {{ouvrage |auteur1=[[Michel Christol]] |auteur2=[[Pierre Cosme]] |auteur3=[[Frédéric Hurlet]] |auteur4=[[Jean-Michel Roddaz]] | titre=Histoire romaine |sous-titre=D'Auguste à Constantin |tome=II |année=2021 |éditeur=Fayard |pages totales=1054 |isbn=978-2-213-71208-6}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Sylvain | nom1=Destephen | titre=L'Empire romain tardif - 235-641 apr. J.-C. | lieu=Malakoff/58-Clamecy | éditeur=[[Armand Colin]] | collection=Cursus | année=2021 | pages totales=336 | isbn=978-2-200-62873-4}}.
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Sylvain | nom1=Destephen | titre=L'Empire romain tardif - 235-641 apr. J.-C. | lieu=Malakoff/58-Clamecy | éditeur=[[Armand Colin]] | collection=Cursus | année=2021 | pages totales=336 | isbn=978-2-200-62873-4}}.
* {{article |nom1=Estiot |prénom1=Sylviane |nom2=Dopierala |prénom2=Ed |nom3= Gysen |prénom3=Philippe |titre= Une « émission fantôme » de l'atelier de Cyzique au début du règne de Carus|périodique= Revue numismatique, 6e série |tome= 163 | année= 2007 |pages= 197-211 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2007_num_6_163_2829|plume=oui}}
* {{article |nom1=Estiot |prénom1=Sylviane |nom2=Dopierala |prénom2=Ed |nom3= Gysen |prénom3=Philippe |titre= Une « émission fantôme » de l'atelier de Cyzique au début du règne de Carus|périodique= Revue numismatique, {{6e}} série |tome= 163 | année= 2007 |pages= 197-211 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2007_num_6_163_2829|plume=oui}}
* {{article|nom=Estiot|prénom=Sylviane|titre= À propos d’un médaillon inédit de l’usurpateur Julien (284- 285 AD) : son règne et son monnayage|périodique= Revue numismatique, 6e série |tome =166 |année= 2010 |pages= 397-418 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2010_num_6_166_2943|plume=oui}}.
* {{article|nom=Estiot|prénom=Sylviane|titre= À propos d’un médaillon inédit de l’usurpateur Julien (284- 285 AD) : son règne et son monnayage|périodique= Revue numismatique, {{6e}} série |tome =166 |année= 2010 |pages= 397-418 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2010_num_6_166_2943|plume=oui}}.
* {{article|nom=Estiot|prénom=Sylviane|titre=L'Atelier de Ticinum sous le règne de Carus et ses fils|périodique=Revue numismatique, {{6e|série}}|tome=174|année= 2017|pages=75-118|url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2017_num_6_174_3350|plume=oui}}.
* {{article|nom=Estiot|prénom=Sylviane|titre=L'Atelier de Ticinum sous le règne de Carus et ses fils|périodique=Revue numismatique, {{6e|série}}|tome=174|année= 2017|pages=75-118|url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_2017_num_6_174_3350|plume=oui}}.
* {{article |nom=Gricourt |prénom=Daniel |titre= L'adventus de Carin à Ticinum et son mariage avec Magnia Urbica |périodique= Revue numismatique, 6e série |tome= 150 | année= 1995 |pages= 95-112 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1995_num_6_150_2045|plume=oui}}.
* {{article |nom=Gricourt |prénom=Daniel |titre= L'adventus de Carin à Ticinum et son mariage avec Magnia Urbica |périodique= Revue numismatique, {{6e}} série |tome= 150 | année= 1995 |pages= 95-112 |url texte=https://www.persee.fr/doc/numi_0484-8942_1995_num_6_150_2045|plume=oui}}.
* {{article |nom1=Hiérnard |prénom1=Jean |titre= Une source de l'histoire romaine : la monnaie impériale de Septime Sévère à Constantin |sous-titre=L’empire Romain de 192 à 325 | périodique= Pallas, Hors-série |année=1997 |pages= 79-125 |url texte=https://www.persee.fr/doc/palla_0031-0387_1997_hos_1_1_1421|plume=oui}}.
* {{article |nom1=Hiérnard |prénom1=Jean |titre= Une source de l'histoire romaine : la monnaie impériale de Septime Sévère à Constantin |sous-titre=L’empire Romain de 192 à 325 | périodique= Pallas, Hors-série |année=1997 |pages= 79-125 |url texte=https://www.persee.fr/doc/palla_0031-0387_1997_hos_1_1_1421|plume=oui}}.
* {{article | nom1=Hostein |prénom1= Antony |lien auteur1=Antony Hostein |titre= Le consulat ordinaire à l’époque tétrarchique |périodique= Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |année= 2015 |pages= 209-224 |url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2015_num_2008_1_12014|plume=oui}}.
* {{article | nom1=Hostein |prénom1= Antony |lien auteur1=Antony Hostein |titre= Le consulat ordinaire à l’époque tétrarchique |périodique= Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |année= 2015 |pages= 209-224 |url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2015_num_2008_1_12014|plume=oui}}.
* {{article|nom1=Lafaurie |prénom1=Jean |titre= Chronologie impériale de 249 à 285 |périodique= Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |année= 1966 |pages= 139-154 |url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1966_num_1965_1_7353|plume=oui}}.
* {{article|nom1=Lafaurie |prénom1=Jean |titre= Chronologie impériale de 249 à 285 |périodique= Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France |année= 1966 |pages= 139-154 |url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1966_num_1965_1_7353|plume=oui}}.
* {{article|nom=Loriot|prénom=Xavier|titre=Problèmes d'historiographie impériale à la fin du IIIe siècle|périodique=Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France|année=1999, 2002|pages=147-154|url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2002_num_1999_1_10365|plume=oui}}.
* {{article|nom=Loriot|prénom=Xavier|titre=Problèmes d'historiographie impériale à la fin du {{s-|III}}|périodique=Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France|année=1999, 2002|pages=147-154|url texte=https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_2002_num_1999_1_10365|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|langue=it|prénom1=Piero|nom1=Meloni|titre=Il regno di Caro, Numeriano e Carino|éditeur=Université de Cagliari|année=1948}}.
* {{Ouvrage|langue=it|prénom1=Piero|nom1=Meloni|titre=Il regno di Caro, Numeriano e Carino|éditeur=Université de Cagliari|année=1948}}.
: {{article|nom=Wuilleumier|prénom=Pierre|lien auteur=Pierre Wuilleumier|titre=notes de lecture de l'ouvrage de Piero Meloni|périodique=Revue des Études Anciennes|tome=53|année=1951|numéro=1-2|pages=169-170|url texte=https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1951_num_53_1_3450_t1_0169_0000_4|plume=oui}}.
: {{article|nom=Wuilleumier|prénom=Pierre|lien auteur=Pierre Wuilleumier|titre=notes de lecture de l'ouvrage de Piero Meloni|périodique=Revue des Études Anciennes|tome=53|année=1951|numéro=1-2|pages=169-170|url texte=https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1951_num_53_1_3450_t1_0169_0000_4|plume=oui}}.
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| Liste = Liste des empereurs romains
| Liste = Liste des empereurs romains
| Avant1 = [[Carus]] ([[282]] - [[283]])
| Avant1 = [[Carus]] ([[282]] - [[283]])
| Actuel1 = '''Carin''' ([[283]] - [[285]]) <br /> avec [[Numérien]] ([[283]] - [[284]])
| Actuel1 = '''Carin''' ([[283]] - [[285]]) <br> avec [[Numérien]] ([[283]] - [[284]])
| Après1 = [[Dioclétien]] ([[285]] - [[305]])
| Après1 = [[Dioclétien]] ([[285]] - [[305]])
|Empereurs romains
|Empereurs romains
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[[Catégorie:Empereur romain du IIIe siècle]]
[[Catégorie:Empereur romain du IIIe siècle]]
[[Catégorie:Empereur romain assassiné]]
[[Catégorie:Mononyme d'empereur romain assassiné]]
[[Catégorie:Consul de l'Empire romain]]
[[Catégorie:Consul de l'Empire romain]]
[[Catégorie:Date de naissance incertaine (IIIe siècle)]]
[[Catégorie:Date de naissance incertaine (IIIe siècle)]]
[[Catégorie:Décès en 285]]
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Carin
Empereur romain
Image illustrative de l’article Carin
Monnaie représentant Carin.
Règne
déc. 282 ou janv. 283 à août ou sept. 285
Précédé par Carus
Co-empereur Carus (son père) (déc. 282 ou janv. 283)
Carus, Numérien (son frère) (mai 283)
Numérien (juill. 283 à nov. 284)
Usurpé par Julianus (284–285)
Dioclétien (284–285)
Suivi de Dioclétien
Biographie
Nom de naissance Marcus Aurelius Carinus
Naissance vers 249
Décès août ou septembre 285
bataille du Margus (Mésie)
Père Carus
Mère (Inconnue)
Fratrie Numérien
Épouse Magnia Urbica
Descendance Nigrinianus

Carin (Marcus Aurelius Carinus) est un empereur romain, co-empereur avec son père Carus à partir de (ou ), seul empereur après la mort de ce dernier et de son frère Numérien en . En 285, il s'oppose à un compétiteur, Julianus, qu'il élimine en Italie, puis à Dioclétien, qu'il affronte en Mésie. Quoique vainqueur, il disparaît lors de la bataille. Sa personnalité et le déroulement de son règne sont mal connus ; les auteurs antiques n'ont transmis que des résumés de sa vie, à l'exception de l’Histoire Auguste, qui donne en détail une image tyrannique de son gouvernement. Tous lui font une réputation exécrable, reprise textuellement par les historiens des temps modernes. Toutefois, à la fin du XIXe siècle, l'étude critique de l'Histoire Auguste en fait une source douteuse et fallacieuse, frappant d'incertitude la biographie de Carin. Les disciplines annexes comme l'épigraphie latine et particulièrement l'étude numismatique apportent des informations complémentaires sur la chronologie de son règne, et sur quelques événements, dont son mariage avec Magnia Urbica.

Le règne de Carin est mal documenté par les sources classiques[1]. Les textes antiques relatifs aux empereurs romains de la fin du IIIe siècle ne sont que des abrégés et diverses Histoires du IVe siècle ne donnent que quelques lignes sur Carin : Eutrope[2], Aurelius Victor[3], ainsi que l'Épitomé de Caesaribus qu'on attribue à tort à ce dernier auteur[4]. Festus passe de Carus à Dioclétien en ignorant Carin et Numérien[5]. Le Chronographe de 354 donne une durée de règne identique pour Carin et Numérien, soit deux ans, onze mois et deux jours[6], et précise le lieu de son assassinat, au Campus Margensis[7]. Au Ve siècle, Paul Orose date la prise de pouvoir de Dioclétien et sa victoire contre Carin en 1051 Ab Urbe condita (soit 298, ce qui est excessif)[8], tandis que la Chronique de Jérôme de Stridon date la défaite de Carin de la 266e olympiade (soit 285)[9]. Enfin, l’Histoire nouvelle de Zosime, écrite au début du VIe siècle, est lacunaire sur les règnes de Carus et de ses fils[1], mais la Chronographia de Jean Malalas (VIe siècle) précise que Carin est mort à trente-deux ans[10]. L’Histoire Auguste est la seule à produire une biographie plus étoffée de Carus et de ses fils Carin et Numérien ; son auteur déclaré, Flavius Vopiscus, se dit contemporain de Constantin Ier (306-337)[11] et se pose en continuateur de l'historien Suétone et de sa Vie des douze Césars[12].

Flavius Vopiscus est considéré comme une source documentaire fiable par les premiers historiens modernes. Mais la lecture littérale évolue à partir de 1889, avec la démonstration de Hermann Dessau de l'inexistence de cet auteur et de ses co-auteurs de l’Histoire Auguste, en réalité pseudonymes d'un seul écrivain, plus tardif mais au nom inconnu. Cette thèse a emporté peu à peu l'adhésion des historiens du XXe siècle. Ils reconnaissent que cette œuvre n'est pas entièrement historique et contient une part de fiction[13]. Le récit historique sert alors de support à la fantaisie, au canular et au burlesque, et multiplie les allusions à l'attention du lecteur cultivé. Les biographies de Carus et de ses fils sont les dernières de l’Histoire Auguste, et le pseudo-Flavius Vopiscus complète le peu d'informations fournies par les abréviateurs par un remplissage de son invention[14].

monnaie de cuivre corrodée, buste de profil
Tétradrachme de billon à l'effigie de Carus, émis à Alexandrie.

Palliant l'insuffisance des textes antiques, l'épigraphie latine fournit quelques éléments supplémentaires, et la numismatique est une source majeure, particulièrement importante pour les trois années durant lesquelles Carin règne seul en Occident[15]. Les études des émissions monétaires de Carus et ses fils dans les collections des musées, et celle du trésor de La Venèra, riche de 4 425 aurelianus pour ces règnes, dont 1 361 exemplaires pour l'atelier monétaire de Ticinum (actuellement Pavie en Italie du Nord), fournissent une chronologie des événements et des campagnes militaires entre 282 et 285[16]. Pour les règnes de Carus et de ses fils, les événements sont encore plus précisément fixés grâce aux émissions de tétradrachmes d'Alexandrie d'Égypte[17], qui sont datées des années de règnes impériaux, comptés avec un début d'année alexandrine calé sur le [18].

Marcus Aurelius Carinus est le fils aîné de l'empereur Carus. Si l'on ajoute foi à son âge au décès, trente-deux ans selon Jean Malalas[10], il serait né vers 252/253 (ou vers 249 d'après François Zosso et Christian Zingg[19]). Le nom de sa mère est inconnu. Il a un frère cadet, Numérien[19]. L'origine géographique de cette famille a posé un problème aux historiens modernes qui doivent arbitrer entre des sources antiques contradictoires, car l’Histoire Auguste se démarque des autres historiens qui précisent Narbonne comme origine. La tradition qui range Carus dans la continuité historique des empereurs illyriens allant de Claude II le Gothique à Dioclétien et aux tétrarques est imposée au début du XVIIe siècle dans la chronologie historique établie par l'érudit français Joseph Juste Scaliger (1540-1609). Celui-ci retient sans critique les indications de l’Histoire Auguste et considère les autres sources antiques comme erronées. Il affirme qu'Eutrope a confondu Narbonne en Gaule avec une ville d'Illyrie au nom similaire, Narona. Latiniste de haute réputation, Scaliger est suivi à la fin du XVIIIe siècle par l'historien britannique Edward Gibbon dans son Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain[20], qui fait longtemps autorité[21]. Situer la naissance de Carus et de ses fils en Illyrie à Narona devient la thèse admise. La réfutation vient en 1948, quand l'Italien Piero Meloni réexamine les éléments historiques disponibles et conclut que Carus vient de Narbonne en Gaule[22], avis partagé ensuite par les historiens modernes[23],[24],[25].

Accès au pouvoir

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Son père, le préfet du prétoire Carus, est proclamé empereur par ses troupes durant l'automne 282, tandis que l'empereur légitime Probus est tué lors d'une mutinerie de ses soldats[26]. Comme l'avaient fait plusieurs de ses prédécesseurs, Carus instaure un embryon de dynastie avec un pouvoir collégial associant ses enfants. Toutefois, les fils de Carus sont adultes et peuvent prendre part aux responsabilités, comme cela avait été le cas sous les règnes de Valérien et de Gallien[27],[28]. D'après Aurelius Victor[3], le pseudo Aurelius[4] et Eutrope[2], Carus accorde le titre de César à ses deux fils Carin et Numérien simultanément[29]. Les sources numismatiques et épigraphiques corrigent cette vision et prouvent que l'association de ses enfants au pouvoir n'a pas été simultanée : Carus entame son règne seul comme le montrent les émissions monétaires de Ticinum[30] et de Cyzique[31], puis accorde à son fils ainé Carin, qui se trouvait probablement à Rome, les titres de César[32] et de Prince de la jeunesse, titres dévolus au successeur désigné[33], à l'automne 282 selon la chronologie numismatique de Sylviane Estiot[34],[17].

le , Carus revêt son second consulat[26], en prenant Carin comme collègue. Au début de l'année 283 selon Sylviane Estiot[35], Carus promeut son fils cadet Numérien au rang de Prince de la jeunesse et de César, comme l'illustre une inscription où le nom de Numérien a été ajouté après ceux de Carus et Carin[36],[37]. Les deux fils de l'Empereur reçoivent le titre d'imperator, ce qui les associe au pouvoir de leur père[38].

monnaie, deux hommes face à face entourant une petite Victoire
Aurelianus de Carin : Carin reçoit de la part de Carus un globe surmonté d'une Victoire. Légende VIRTVS AVGG pour Virtus Augustorum, le courage des deux Augustes.

En (ou ), Carus part en Orient combattre les Perses Sassanides, accompagné de Numérien. Il nomme Carin auguste et lui confie la responsabilité de l'Occident. Des émissions monétaires commémorent cette délégation de pouvoir ; elles montrent Carus qui tient le sceptre long, emblème de sa puissance suprême, et transmet à son fils la Victoire, debout sur un globe, symbole du charisme impérial[39].
Avant la mort de son père, Numérien est associé au pouvoir aux côtés de ce dernier et de son frère, peut-être à l'occasion d'une victoire contre les Perses, et à ce stade du règne « l'Empire fut tenu par un collège de trois princes aux titres égaux »[40]. Carus meurt dans des circonstances indéterminées, vers , après s'être emparé de la capitale perse Ctésiphon. Son fils Numérien ramène l'armée romaine, mais disparaît en , probablement assassiné en Bithynie par son beau-père Arrius Aper[41].

Carin auguste

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Selon les historiens antiques

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buste d'homme barbu
Buste de Carin, 41 cm. Centrale Montemartini, Rome[42].

Les historiens antiques brossent un portrait très négatif de Carin et de son règne personnel. La propagande menée par Dioclétien pour le discréditer avant de l'affronter semble avoir laissé des traces[23],[43]. Les auteurs antiques accumulent les topos caractéristiques du tyran, avec ses excès de tout ordre, sa sexualité monstrueuse, sa cruauté, ses extravagances, tares auxquelles s'ajoute la laideur physique[44]. Jean Malalas, seul historien qui fournisse un portrait physique, le décrit comme petit, gros, le visage aplati au teint laiteux, les cheveux gris et frisés[10]. Eutrope affirme qu'il « se souilla de tous les crimes, fit périr, sur de fausses accusations, plus d’un innocent, déshonora les femmes des plus illustres personnages, et se vengea même de ceux de ses condisciples qui, à l’école, lui avaient adressé la plus légère plaisanterie »[2]. Un fragment de l’Histoire des Césars d'Eunape regroupe les griefs contre Carin[45]. L'Histoire Auguste développe ces critiques en grossissant le trait et le présente comme le pire des débauchés, reprenant des extravagances prêtées à l'empereur Héliogabale[45]. Elle prétend qu'il aurait épousé successivement neuf femmes, dont il se débarrassait lorsqu'elles étaient enceintes. De surcroît, elle le présente comme corrupteur de jeunes garçons[46], accusation que l'on ne retrouve pas chez les autres auteurs antiques[45].

Toujours selon l’Histoire Auguste, le gouvernement de Carin à Rome est scandaleux : il remplace les hommes de valeur par des gredins, il fait exécuter le préfet du prétoire dont il confie la charge à un ancien proxénète, Matronianus, il nomme préfet de Rome un greffier subalterne (un cancellarius), il se décharge de la tâche de signature officielle sur un garçon habile à imiter son écriture, il traite les sénateurs avec arrogance, promettant de distribuer leurs biens à la populace de Rome[46].

Considérant l’Histoire Auguste comme une source fiable, Edward Gibbon en reprend les détails et conclut : « [...] dès que Carin se trouva débarrassé par la mort de son père, du frein de la crainte ou de la décence, Rome gémit sous la tyrannie d’un monarque qui joignait à la folie d’Héliogabale, la cruauté de Domitien[47] ». Pour André Chastagnol, il est difficile de savoir si Carin est réellement le dépravé ainsi décrit. La biographie de l'Histoire Auguste est trop noircie et trop exagérée pour être crédible[45]. De surcroit, certains détails sont historiquement douteux : l'existence du poste de cancellarius n'est attestée qu'à partir du IVe siècle et Matronianus est un personnage inconnu[48].

Selon l'épigraphie et les études numismatiques

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De façon plus certaine, les études épigraphiques et numismatiques tracent plusieurs événements du règne de Carin. Un aureus émis en 283 avec le revers VICTORIA GERMANICA commémore une campagne contre les Germains[49],[50]. Cette action militaire et d'autres menées en Bretagne en 284 par les officiers de Carin se marquent par l'attribution à Carin et Numérien des surnoms honorifiques de GERMANICVS MAXIMVS et BRITANNICVS MAXIMVS sur les inscriptions[51],[52],[53].

Les monnaies émises durant l'été 283 par les ateliers de Ticinum et de Rome ainsi que des inscriptions honorifiques[54] nomment la seule épouse certaine de Carin, Magnia Urbica[55], avec les titres d'Augusta et de Mater castrorum (« Mère des camps ») conférés par son mari, et un seul fils, Nigrinianus[56], mort en bas âge et divinisé[57],[58]. Si les numismates Karl Pink et Daniel Gricourt s'accordent pour dater le mariage de Carin et de Magnia Urbica en au retour d'une campagne de Carin en Germanie, ils divergent sur le lieu, à Rome selon Pink après le passage de Carin à Ticinum[59], tandis que Gricourt le place à Ticinum même, au vu des émissions monétaires commémoratives de cette cité associant le portrait de Magnia Urbica en tenue d'apparat à Junon Reine, déesse matrimoniale, et à Pudicitia, personnification de la vertu conjugale[60]. Sylviane Estiot préfère placer le mariage plus tard, au cours de l'année 284. Constatant que les monnaies de divinisation de Nigrinianus émises à Rome fin 284, donc après son décès, figurent un garçonnet de quelques années, elle mentionne l'hypothèse qu'il serait né d'une précédente union de Carin avec une épouse inconnue, décédée avant 283[61].

Usurpations de Julianus et de Dioclétien

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carte des provinces danubiennes
Zones du conflit pour le pouvoir impérial : les Pannonies, Mésie, Italie.

Au , Carin est consul pour la seconde fois, avec son frère Numérien[62]. Au cours de cette année, il remporte sur le limes danubien une victoire sur les Quades, célébrée par l'émission à Ticinum d'aurei à l'effigie des deux empereurs Carin et Numérien, avec des revers VICTORIA AVGG (abréviation pour les deux Augustes) et un médaillon marqué TRIUNFU QVADOR[63].

En Orient à Héraclée du Pont (Bithynie), dans la première quinzaine de novembre de l'année 284, Numérien est retrouvé mort dans sa tente, dans des conditions qui font soupçonner son beau-père Arrius Aper, lequel a fait transporter le corps du défunt à Nicomédie. Ce dernier est mis en accusation et publiquement tué par un officier nommé Dioclès. Dioclès est aussitôt acclamé empereur par l'armée le , seule date certaine de la chronologie des événements de cette période, dies imperii attesté par Lactance et confirmé par des papyrus égyptiens[18]. Il change son nom pour Marcus Aurelius Valerius Diocletianus, pour se rattacher à la prestigieuse lignée des Aurelii, illustrée par l'empereur Marc Aurèle, appellation portée aussi par Carus, Numérien et Carin. Pour Xavier Loriot, l'adoption de ce nom est peut-être une tentative d'ouverture de Dioclétien à l'adresse de Carin. La rupture est manifeste au , lorsque Carin revêt son troisième consulat associé à son préfet du prétoire Aristobulus, tandis que Dioclétien qui a abandonné le nom de Marcus Aurelius se nomme consul en Orient avec un collègue dont le nom est inconnu[64],[62]. Les légendes des revers des monnaies émises au nom de Carin depuis la mort de Numérien indiquent son titre d'Auguste au singulier, le déniant ainsi pour Dioclétien[65].

À l'annonce de l'usurpation de Dioclétien, Marcus Aurelius Julianus, chargé de l'administration civile et judiciaire de la Vénétie avec le titre de corrector Venetiae, tente de s'emparer du pouvoir[N 1]. Il prend le contrôle de l'atelier monétaire de Siscia en Pannonie supérieure et émet des monnaies à son effigie pour marquer son avènement[66]. Carin ne réagit pas immédiatement, et attend plusieurs mois et le retour du printemps avant d'aller affronter Dioclétien en Illyrie. Il se détourne vers l'Italie pour combattre Julien [3], et l'élimine dans la plaine de Vérone vers mai ou [67]. Ayant repris le contrôle de l'atelier de Siscia, Carin fait frapper une série de monnaies d'or en tant que seul empereur légitime[68].

En 285, les deux armées se rencontrent en Mésie sur les rives du Margus (un affluent du Danube, probablement l'actuelle Morava)[67]. Sylviane Estiot situe la bataille vers le mois d'août ou de septembre d'après sa chronologie des frappes monétaire de Ticinum[69], tandis qu'Alexandra Stefan la date en juin-juillet selon les déductions établies à partir du papyrus égyptien Oxy. L 3569[70]. Carin est sur le point de remporter la bataille lorsque, selon le pseudo-Aurelius Victor, il est poignardé par ses soldats, des tribuns dont il aurait séduit les épouses [71]. L’Histoire Auguste ne reprend pas cette accusation et rapporte qu'il aurait été tué au cours de la bataille[72]. Son armée se rallie à Dioclétien, qui devient le seul empereur[73]. Le destin d'Aristobulus, préfet du prétoire de Carin, inspire à Antony Hostein le soupçon d'une trahison, car non seulement Dioclétien l'épargne « par clémence » d'après le pseudo-Aurélius Victor[71], mais encore il le conserve comme consul associé et lui fait une brillante carrière de sénateur, couronnée par la préfecture de la Ville[74]. Ironie du sort, Carin qui a divinisé son père, son frère et son fils, a son nom martelé sur ses inscriptions honorifiques[75],[N 2].

Le principe d'un régime dynastique tenté par Carus et ses fils n'a pas tenu face au réalisme des armées, privilégiant la compétence de leurs dirigeants[76]. En revanche, le principe d'un partage du pouvoir entre plusieurs empereurs instauré par Carus, Carin et Numérien est immédiatement repris par Dioclétien, qui s'adjoint comme César Maximien peu après sa victoire et stabilise enfin le gouvernement impérial pour vingt ans[77].

  • En 282, Carin est nobilissimus Caesar princeps iuventutis[78].
  • En 285, à sa mort, il est Imperator Caesar Marcus Aurelius Carinus Pius Felix Invictus Augustus Germanicus Maximus Britannicus Maximus Persicus Maximus, Pontifex Maximus, Tribuniciae Potestatis II, Imperator I, Consul III[79].

Notes et références

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  1. Nouvelle lacune de l'Histoire Auguste qui ignore Julianus.
  2. Aucun historien antique ne nomme ni Magnia Urbica ni son fils. On ignore donc son sort après l'élimination de Carin.

Références

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  1. a et b Loriot 1999, 2002, p. 148.
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  3. a b et c Aurelius Victor, Césars, 39.
  4. a et b Pseudo-Aurelius Victor, Épitomé de Caesaribus, 38-39.
  5. Festus, Abrégé des hauts faits du peuple romain, 24-25.
  6. Lafaurie 1966, p. 143.
  7. Chronographe de 354.
  8. Paul Orose, Histoires contre les païens, VII, 25.
  9. Jérôme de Stridon, Chronicon.
  10. a b et c Jean Malalas, Chronographia, XII, 306 et suiv.
  11. Chastagnol 1994, p. CV et CXVII.
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  13. Chastagnol 1994, p. XXXIV.
  14. Chastagnol 1994, p. XLVI.
  15. Estiot 2017, p. 76.
  16. Estiot 2017, p. 75-76.
  17. a et b Estiot 2017, p. 80.
  18. a et b Lafaurie 1966, p. 141.
  19. a et b Zosso et Zingg 1995, p. 112-113.
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  22. Wuilleumier 1951, p. 169.
  23. a et b Petit 1974, p. 456.
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  26. a et b Christol 1997, p. 185.
  27. Christol 1997, p. 187.
  28. Destephen 2021, p. 33 et 37.
  29. Christol 1997, p. 63.
  30. Estiot 2017, p. 82.
  31. Estiot, Dopierala et Gysen 2007, p. 199.
  32. Inscriptions sur des bornes miliaires de Norique AE 1962, 308, du Pont AE 1977, 789, des Alpes pennines AE 1985, 644 et d'Afrique proconsulaire AE 1923, 16.
  33. Estiot 2017, p. 83.
  34. Estiot, Dopierala et Gysen 2007, p. 200 et 202.
  35. Estiot 2017, p. 80 et 84.
  36. Inscription sur des miliaires de Numidie AE 1967, 585 et de Patras en Achaïe CIL III, 07307.
  37. Christol 1997, p. 63-64.
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  48. Chastagnol 1994, p. 1162, notes 2 et 3.
  49. Hiérnard 1997, p. 106.
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  52. Altmayer 2014, p. 300.
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  79. Inscription de Lambèse CIL VIII, 02717.

Bibliographie

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Auteurs antiques

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Auteurs modernes (avant XXe siècle)

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Auteurs modernes (XXe siècle et XXIe siècle)

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  • (de) Klaus Altmayer, Die Herrschaft des Carus, Carinus und Numerianus als Vorläufer der Tetrarchie, Stuttgart, Steiner, coll. « Historia, Einzelschriften, Bd. 230 », , 506 p. (ISBN 978-3-515-10621-4).
  • Michel Christol, L'empire romain du IIIe siècle : Histoire politique 192-325 après J.-C., (ISBN 2-87772-145-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
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  • Sylvain Destephen, L'Empire romain tardif - 235-641 apr. J.-C., Malakoff/58-Clamecy, Armand Colin, coll. « Cursus », , 336 p. (ISBN 978-2-200-62873-4).
  • Sylviane Estiot, Ed Dopierala et Philippe Gysen, « Une « émission fantôme » de l'atelier de Cyzique au début du règne de Carus », Revue numismatique, 6e série, t. 163,‎ , p. 197-211 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Sylviane Estiot, « À propos d’un médaillon inédit de l’usurpateur Julien (284- 285 AD) : son règne et son monnayage », Revue numismatique, 6e série, t. 166,‎ , p. 397-418 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Sylviane Estiot, « L'Atelier de Ticinum sous le règne de Carus et ses fils », Revue numismatique, 6e série, t. 174,‎ , p. 75-118 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
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  • Xavier Loriot, « Problèmes d'historiographie impériale à la fin du IIIe siècle », Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France,‎ 1999, 2002, p. 147-154 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
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Pierre Wuilleumier, « notes de lecture de l'ouvrage de Piero Meloni », Revue des Études Anciennes, t. 53, nos 1-2,‎ , p. 169-170 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Paul Petit, Histoire générale de l'Empire romain, Seuil, , 800 p. (ISBN 2-02-002677-5). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
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  • Pierre Wuilleumier, « Carus et Numérien », Revue des Études Anciennes, t. 47, nos 1-2,‎ , p. 116-121 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • François Zosso et Christian Zingg, Les Empereurs romains : 27 av. J.-C. - 476 ap. J.-C., Paris, édition Errance, , 256 p. (ISBN 2-87772-226-0). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

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