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Barthélemy Boganda

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Barthélémy Boganda, né le 4 avril 1910 à Bobangui, mort le 29 mars 1959, était un homme politique centrafricain de l'époque précédant l'indépendance proprement dite de la République centrafricaine, en 1960.

Ordonné prêtre le 27 mars 1938[1] (après des études aux séminaires de Bangui, Brazzaville, Kisanru, au Congo belge, et Yaoundé), Boganda (d'origine Bwaka) est élu député de l'Oubangui-Chari sous l'étiquette MRP aux élections de 1946. Il sera d'ailleurs constamment réélu depuis cette date. Nommé missionnaire en 1948, il décide peu après de quitter les ordres pour se consacrer totalement à la politique, il devient par ailleurs propriétaire-planteur.

En 1949, il fonde le Mouvement pour l'Évolution Sociale de l'Afrique Noire (MESAN), parti pronant d'une part, l'émancipation de la Centrafrique (nourrir, vêtir, soigner, loger et instruire) et, d'autre part, une certaine idée de pan-africanisme tendant à regrouper, au delà d'un premier noyau constitué des quatre anciennes colonies françaises de l'Afrique-Équatoriale française, les pays africains issus de la colonisation « latine » (France, Belgique, Portugal) de l'Afrique équatoriale en général. En ce sens, ses idées se rapprochent de celles de Kwame Nkrumah, premier président ghanéen et l'un des pères fondateurs de l'OUA. Vigoureux partisan de l'émancipation, il défend en effet des thèses fédéralistes audacieuses en lançant l'idée d'Etats Unis de l'Afrique latine, au delà de l'AEF, vers l'Angola ou le Congo Belge.

Conseiller territorial de l'Oubangui-Chari, grand conseiller de l'AEF en 1952, puis président de cette instance en 1957, c'est tout naturellement que Boganda devient en décembre 1958 président de la République centrafricaine.

Son gouvernement est particulièrement court car il périt le 29 mars 1959, en avion, dans un accident dont les circonstances n'ont toujours pas été véritablement élucidées. Cette disparition met fin à une carrière politique qui paraissait prometteuse. Abel Goumba prend alors sa succession en qualité de Premier ministre.

Drapeau de la République centrafricaine

La RCA proclame son indépendance le 13 août 1960 avec, comme premier président de la République, David Dacko, cousin de Boganda.

Boganda est cependant considéré comme étant le premier chef d'état centrafricain. C'est lui qui créa le drapeau de son pays, symbolisant l'union des quatre pays de l'ancienne AEF (Congo, Tchad, Gabon et Centrafrique). Il est l'auteur du « Zo kwe zo » (un homme en vaut un autre, en langage sango), inscrit dans la constitution du pays.

De l’orphelinat au sacerdoce

Une jeunesse tragique

Barthélemy Boganda naît selon sa biographie officielle le à Bobangui[2], un village de la Lobaye rattachée au Moyen-Congo[3]. L’état civil n’existant pas chez les Mbaka, son ethnie d’appartenance[3], cette date lui a été fixée arbitrairement au début de sa scolarité[4] ; mais il est fort probable qu’il soit né en fait en 1912[5]. Le , la Lobaye est donnée à l’empire colonial allemand à la suite de la crise d'Agadir[4]. Elle le reste jusqu’à sa réoccupation au mois d’août 1914 par les Français[4]. Il se peut qu’il soit né sujet allemand[4].

À l’origine, Barthélemy Boganda se nomme tout simplement Gboganda[6], ce qui signifie « Je suis ailleurs, je ne suis nulle part »[2]. Il est issu de la famille Bonzo-Mongo du clan Mombangui[5]. Il est l’avant-dernier des douze enfants de Swalakpé[7], un sorcier[8] pratiquant des rites anthropomorphiques[9], propriétaire de vastes palmeraies[6], et époux de cinq femmes[6] si ce n’est sept[7]. Sa naissance intervient à une époque où les sociétés concessionnaires françaises sont maîtres de la région[10]. Avec la complaisance de l’administration, elles recourent au travail forcé des autochtones pour la collecte du caoutchouc[10]. C’est dans ce contexte que Gboganda devient orphelin. Son père disparaît au cours d’une opération militaire menée contre son village[6]. Sa mère, Siribé, est battue à mort par un milicien de la Compagnie forestière Sangha-Oubangui (CFSO) pour n’avoir pas apporté assez de caoutchouc[6]. Le clan de Gboganda continue d’être décimé les années suivantes. Confié à un proche, son tuteur meurt à la bataille de Verdun[6]. En 1927, son oncle le chef local Mindogon N'gboundoulou, père de Jean-Bédel Bokassa, est exécuté devant la préfecture de la Lobaye pour avoir libéré des habitants de son village jetés en prison[11].

Selon le témoignage du général Sylvestre Xavier Yangongo, son père le demi-frère aîné de Gboganda, Norbert Yangongo, aurait été en train de le transporter chez un de ses oncles lorsque sur le chemin, il aurait rencontré une patrouille[7]. Pris de panique, il se serait enfui, laissant sur la route son jeune frère[7] atteint de la variole[3]. Ce serait ainsi que le lieutenant Meyer le recueillit en 1920 et le confie à l’orphelinat de Mbaïki[3].

L’autochtone le plus instruit de la colonie

Quelques mois plus tard, le père spiritain Gabriel Herriau décide de le prendre avec lui à l’internat de la mission Saint-Jean-Baptiste de Bétou[3]. Il se révèle être doté de grandes capacités ; en quelques semaines seulement, il est alphabétisé en lingala[12]. En décembre 1921, la mission de Bétou ferme[13]. Le jeune Boganda est transféré à Saint-Paul-des-Rapides de Bangui[13]. Dans cette institution, MModèle:Gr Jean-René Calloc’h le prend sous sa protection[13]. Il lui apprend à lire le français deux heures par jour et l’initie le reste du temps au travail manuel[2]. Le , Boganda est baptisé ; il reçoit le prénom de Barthélemy en mémoire de l’apôtre du Christ qui fut le premier à prêcher l’Évangile sur le continent africain[14].

À douze ans, il se destine au sacerdoce, seule voie selon lui qui lui permettrait de sortir son pays et ses frères de la situation où ils se trouvent[2]. Les missionnaires vont tout faire pour l’y aider. Son certificat d'études primaires en poche en 1924, il est envoyé en novembre au Petit séminaire de Kisantu tenu par les jésuites belges[14]. Mais le jeune séminariste supporte mal l’ambiance régnante[14]. Faute de pouvoir l’envoyer en France, les missionnaires le placent en 1927 dans le Petit séminaire de Brazzaville[15] où il y fait sa troisième et sa seconde en compagnie de Auguste Roch Nkounkou et de Eugène Nkakou, les deux premiers prêtres indigènes du vicariat apostolique de Brazzaville[16]. C’est à cette époque qu’éclate au pays, la guerre du Kongo-wara (1928-1931) menée par Karnou[17]. Ce dernier se déclarait investi d’une mission divine pour libérer son peuple de la servitude et de la misère dans lesquelles l’avaient placé les hommes blancs[17]. Boganda reste profondément marqué par cette personnalité[17].

En 1929, le nouveau vicaire apostolique de Bangui MModèle:Gr Marcel Grandin, séduit par le tempérament de Boganda, décide de le retenir à Saint-Paul pour s’occuper personnellement de lui enseigner le programme de classe de première et de terminale. Premier oubanguien à avoir eu accès aux études secondaires, il devient également le premier à atteindre l’enseignement supérieur[18] avec son admission en octobre 1931 au Grand séminaire de Yaoundé[19]. Il y reçoit les différentes étapes de l’ordination : tonsure le , premiers ordres mineurs à Pâques 1935, derniers ordres mineurs à Pâques 1936, sous-diaconat le et diaconat le 10 août 1937[19]. Il rencontre par ailleurs dans cette institution, le futur Premier ministre camerounais André-Marie Mbida[19] et le Congolais Fulbert Youlou[20], élèves comme lui. En octobre 1937, MModèle:Gr Grandin lui confie l’encadrement du nouveau Petit séminaire Saint-Marcel à Bangui[19].

Le premier prêtre du clergé indigène d’Oubangui-Chari

Le , trois milles fidèles viennent assister en la cathédrale Notre-Dame de Bangui à l’ordination du premier prêtre du clergé indigène d’Oubangui-Chari, Barthélemy Boganda[19]. Le lendemain Boganda dit sa première messe à Saint-Paul-des-Rapides où est fixé son sacerdoce[20]. En plus d’assurer les messes, les prédications, les confessions, il est nommé directeur du Petit séminaire Saint-Marcel[20]. Il reçoit par ailleurs la mission d’évangéliser Zongo, une localité située en face de Bangui sur la rive belge[20]. De sa propre initiative, il y bâtie une chapelle mais ce sans en référer à ses supérieurs, ce qui n’est pas appréciée[20]. En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Il songe à s'engager dans l'armée française[2] ; cela aurait signifié pour lui, un premier pas dans la reconnaissance de l’égalité des droits[21]. Mais son évêque l’en dissuade, le nombre de missionnaires ayant été fortement réduit par les effets de la mobilisation[2].

En 1941[22] ou 1942[20], il est affecté à la mission Saint-Joseph de Bambari avec la charge de christianiser la population banda[22]. Il se voit pour cela confier la jeunesse des écoles et l’action pastorale dans la subdivision[22]. Mais contrairement à ses supérieurs pour qui la priorité est le catéchisme, Boganda conçoit son action religieuse comme inséparable de son action sociale[22] : « l’Évangile pour l’école, l’Évangile par l’école »[23]. Il est vrai qu’à cette époque, le taux de scolarisation en Oubangui-Chari est de 1,5%[24]. C’est à Grimari, poste secondaire où toute mission spiritaine avait jusque là échoué[25], qu’il prend toute la mesure du rôle départi à l’œuvre éducative[23]. Avec la faiblesse de ses moyens, il met en pratique ses préceptes[23]. Les résultats sont plutôt concluants : l'église est pleine les dimanches et jours de fête, une économie embryonnaire se développe avec les plantations de manioc et de bananes, et des ateliers de fabrication de meubles en rotin produisent régulièrement[25]. L’argent dégagé par cet artisanat vendu sur les marchés, est reversé à la procure de Saint-Paul à Bangui pour le compte de la mission de Grimari[25].

Mais son action ne plaît pas à tout le monde. Il se heurte à la résistance des familles restées attachées à l’initiation traditionnelle ainsi qu'à celle de l’administration[23] qui par le biais du chef de subdivision M. Dieu soutient au nom de la tradition banda, la pratique du mariage forcé et de la polygamie[26]. M. Dieu n'apprécie guère ce prêtre noir qui inculque aux indigènes des idées qu'il juge trop autonomes[25]. Boganda s’aliène par ailleurs le père procureur des Spiritains en exigeant la restitution de son argent, gagné grâce aux entreprises autonomes de Grimari, après que ce dernier lui ait adressé une fin de non-recevoir à sa liste de besoins[25]. En 1944[25] ou 1946[26], il est muté à la mission Saint-Pierre-Claver de Bangassou. Cette sanction disciplinaire a été prise par les pères Hemme et Morandeau, proches des milieux coloniaux, qui abusivement lui télégraphient au nom de Mgr Grandin son affectation[25]. Cette affaire marque le début de la rupture entre Boganda et les Spiritains installés en Oubangui[25].

Un parlementaire et leader local dérangeant

Un ecclésiastique noir luttant pour l’émancipation des Africains

Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français décide de faire participer ses colonies à l’Assemblée constituante. Il est organisé au sein d’une circonscription rassemblant l’Oubangui-Chari et le Tchad, l’élection de deux députés : l’un représentant les colons, l’autre les autochtones. Aux deux Assemblées constituantes successives, les Européens élisent le vétérinaire René Malbrant[27] tandis que les indigènes plébiscitent le commandant français Guy Baucheron de Boissoudy[28]. Cette situation n’est pas sans indigner quelques Oubanguiens qui, menés par Abel Goumba, sollicitent Boganda[29]. Mgr Grandin lui paye alors sa caution afin qu'il puisse se présenter aux élections législatives du collège des autochtones du [30] au cours desquelles l’Oubangui-Chari devient une circonscription à part entière.

Le député non-conformiste du MRP (1946-1950)

Lors de ces élections, sur les 22 444 suffrages exprimés, Boganda est élu député par 10 846 voix soit à 47,26%[2], contre 5 190[31] (22,61%) pour le candidat de l’administration le Martiniquais Gérard Tarquin[29], 4 801 (20,92%) pour Jean-Baptiste Songomali[31], et 1 607 (7%) pour l’ancien gouverneur-général de l’A-EF le Français François-Joseph Reste de Roca[32]. Arrivé en France, il s’inscrit au groupe parlementaire du Mouvement républicain populaire (MRP) au sein duquel il est accueilli par l’Abbé Pierre[33]. Siégeant dans son habit ecclésiastique, il se présente non sans une certaine forme d’humour, à ses collègues parlementaires comme étant le fils d'un cannibale polygame[34].

Nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer et de la Commission du ravitaillement, il consacre l'essentiel de son action à l'Afrique noire[2]. Il dénonce avec virulence le travail forcé qui, malgré son interdiction en 1947, continue d’être pratiqué à grande échelle[35]. Il dénonce également la culture imposée du coton dont le prix, fixé par le gouvernement, ne rapporte aux producteurs d'A-EF que 2,50 F le kilo contre 7 F à ceux d'AOF[36]. Le , il fonde le journal Pour sauver un peuple tiré entre 2 000 et 3 000 exemplaires par le secrétariat de l’Assemblée nationale à Paris, dont il est le seul rédacteur[37]. Si les premiers numéros sont relativement modérés, en revanche le numéro groupé 5 et 6 se montrent particulièrement critiques à l’égard des abus du système colonial, à tel point que L’Humanité, organe du Parti communiste français (PCF), le reproduit en intégralité en août 1949[37].

Pourtant Boganda est loin d’être communiste ; il reproche d’ailleurs à ses collègues du Rassemblement démocratique africain (RDA) leur apparentement au PCF[38]. Suite à cette publication, une lettre du procureur général près de la cour d’appel de Brazzaville du 22 octobre 1949, demande la levée de son immunité parlementaire afin de le poursuivre pour diffamation[37]. Par ailleurs, ses remarques alors que d’octobre 1947 à 1949 le ministère de la France d'Outre-mer est occupé par le MRP Paul Coste-Floret, crée une gène non dissimulée au sein de son parti[38]. Aussi décide-t-il en juin 1950 de quitter le MRP[39]. Il rejoint le groupe du Centre national des indépendants et paysans (CNI)[40].

L’action coopérative et la fondation du MESAN

En 1946 est mis en place dans chaque colonie un Conseil représentatif. Celui d’Oubangui-Chari est composé de vingt-cinq conseillers territoriaux dont dix représentent les Européens et quinze les autochtones[35]. Boganda ne se présente pas mais parraine toutefois les listes d’Action économique et sociale menés par Georges Darlan[41] qui remportent le tous les sièges du second collège[42]. Le Conseil représentatif choisit à son tour ses représentants au Conseil de la République, à l’Assemblée de l’Union française et au Grand Conseil fédéral. Boganda parvient à faire élire aux deux postes métropolitains du second collège, ses amis métis[43] la sénatrice Jane Vialle le [44], et le conseiller de l’Union française Antoine Darlan, frère de Georges Darlan, le 19 octobre 1947[31].

En août 1947, Boganda crée une formation politique nommée Union oubanguienne dont il confie la direction à Georges Darlan[38]. Le député préfère en effet se mobiliser pour un autre projet, plus concret, visant à mobiliser les villageois pour la défense de leurs propres intérêts économiques : l’action coopérative[45]. Il fait activement campagne pour la création de coopératives de production et de commercialisation indépendantes des structures équivalentes contrôlées par l’administration coloniales[45]. Montrant lui-même l’exemple, il crée le , la Société coopérative de l’Oubangui-Lobaye-Lessé (SOCOULOLÉ)[46]. Celle-ci vise à obtenir une meilleur rémunération des productions villageoises en les regroupant en quatre sections : produits vivriers, section artisanale, section forestière pour l’exploitation du bois, et section minière essentiellement pour le ravitaillement des chantiers de prospection diamantifère[47]. Pour lancer la SOCOULOLÉ, il formule auprès du Conseil représentatif une demande de subvention[46]. Mais elle lui est refusée, ses collègues du second collège ayant été manœuvrés par les élus européens avec qui il n’est pas en bon terme[46]. Cette décision provoque une rupture entre Boganda et le leader des autochtones au Conseil, Georges Darlan, à qui il donne sa démission en août 1948 de l’Union oubanguienne[48].

Le , il fonde le Mouvement d'évolution sociale de l'Afrique noire (MESAN) dont les statuts sont déposés en avril 1950[39]. Il assure seul la direction[49] de ce parti à consonance messianique. Son ambition est d’émanciper les autochtones en inculquant les valeurs occidentales dans un langage compréhensible[50]. Son slogan, simple mais efficace, est « Nourrir, vêtir, guérir, instruire, loger »[50]. Toutefois, bien qu’ayant une vocation inter-africaine, le MESAN ne s’implante qu’en Oubangui-Chari[39].

La « bête noire » des milieux coloniaux

Les déboires administratifs du « prêtre défroqué »

Après la mort accidentelle de Mgr Grandin en 1947, les relations entre Boganda et l’Église d’Oubangui-Chari se dégradent[51]. Le nouvel évêque Mgr Cucherousset n’est pas tendre avec lui[51], qui vit déjà durement et régulièrement le racisme[52]. Mais c’est la question du célibat qui provoque la rupture ; Boganda y est opposé, il adresse d’ailleurs au Vatican un long mémoire où il expose, selon lui, toute l’absurdité et les dangers du maintien de cette règle dans les Églises africaines[48]. Fin 1949, il avertit ses supérieurs de son intention de se marier avec sa secrétaire parlementaire, la Française Michelle Jourdain[48]. La réaction est immédiate, le 25 novembre 1949, Mgr Cucherousset le suspend ; il ne peut dès lors plus exercer ses fonctions sacerdotales en public ni porter la soutane[53]. C’est donc désormais habillé en civil qu’il se rend aux séances de l’Assemblée nationale[48]. Le , il se marie à Montmorency avec Michelle Jourdain, déjà enceinte[52].

Le clan des adversaires de Boganda voit ainsi rejoindre en son sein les missionnaires. Il était déjà composé du lobby colonial mené entre autre par René Malbrant[33] et des partisans du président du Conseil représentatif Georges Darlan. Sa détermination à lutter contre les injustices de la colonisation l'amène également à se heurter à l'administration coloniale[2]. Le chef de la région de la Lobaye, l’administrateur René Bouscayrol, accuse notamment la SOCOULOLÉ de « concurrencer de façon illégale et intolérable » la coopérative officielle que constitue la Société indigène de prévoyance (SIP) présidée et gérée par le chef de district[54]. Outre les tracasseries administratives[55], il le fait interpeller à son domicile en avril 1950 par une escorte de gardes armés[56]. Il procède également à l’incarcération de son secrétaire et d’un certain nombre d’employés de la coopérative, sous des motifs d’infractions mineures telles que la vente de quelques morceaux de viande de chasse fumée[57].

En novembre 1950, le procureur général près de la cour d’appel de Brazzaville formule une nouvelle demande de levée d'immunité parlementaire afin de le poursuivre pour un procès verbal de gendarmerie dressé à la suite à une réunion publique non autorisée[37]. Cette même année, le lobby colonial organise contre le député, une grande campagne de diffamation[58].

L’affaire Barthélemy Boganda

Le , son ami le chef coutumier Nzilakéma décède dans des conditions étranges après avoir été interrogé à Mbaïki par le juge Renaud[57]. Ému, Boganda se rend le 10 janvier sur les marchés afin de demander à la population de ne pas y participer en signe de deuil[37]. Prenant prétexte d’un attroupement, l’administration l’arrête pour « flagrant délit » avec sa femme, sa fille de six mois et les deux secrétaires de la SOCOULOLÉ ; ils sont maintenus en détention jusqu’au 12 janvier[37]. Malgré son immunité, un procès est programmé pour le 15 janvier[37]. Son avocat parvient à le faire reporter[37], ce qui permet à Boganda de rentrer à Paris le 20 janvier et de rédiger un long mémorandum sur les circonstances de cette arrestation[59]. Mais les autorités métropolitaines ne réagissent pas[59].

Le 29 mars 1951, le tribunal de paix à compétence limitée de Mbaïki le condamne à trente jours d’emprisonnement ferme, deux mois avec sursis et 2000 francs d’amende[37]. Son épouse et ses secrétaires sont quant à eux condamnés à des peines de prison avec sursis[37]. Sa condamnation n’est notifiée que le 26 mai, soit une vingtaine jours avant les élections législatives, afin sans doute de l’empêcher de s’y présenter[37]. Toutefois, faisant appel de son jugement le 2 juin, il participe aux élections du 17 juin[37]. Sur les 65 641 suffrages exprimés, Boganda est réélu député par 31 631 voix soit à 48,18%, contre 21 637[2] (32,9%) pour le candidat RPF soutenu par l’administration et les missions catholiques[60] Marcel Bella, 8 288[2] (12,6%) pour le président du Conseil représentatif Georges Darlan[2], 2 877 (4,38%)[31] pour le chef du service de l’enseignement[61] Eugène Friedrich, et 1 208 (1,84%)[31] pour le commis SFIO[61] Joseph Galingui. Cette victoire est d’autant plus stupéfiante que le scrutin est entaché d’irrégularités commises par l’administration que Boganda dénonce dans le n°3[37] de son nouveau journal imprimé à Bangui, Terre africaine[47]. L’administration hésite à l’attaquer pour diffamation, mais une telle plainte risquerait d’amener à une enquête sur le déroulement de l’élection[37]. Aussi, le procureur général près de la cour d’appel de Brazzaville y renonce, prétextant que la procédure ferait de Boganda un martyr[37].

Néanmoins ses ennuis judiciaires se poursuivent le 27 novembre 1951 à la cour d’appel de Brazzaville[37]. Si sa femme et ses secrétaires sont relaxés, en revanche son jugement est aggravé à 45 jours de prison ferme[37]. Encore une fois, sa notification officielle intervient le 1er février 1952, soit peu de temps avant des élections, en l’occurrence les territoriales de 1952 auxquels il est candidat[37]. Le 4 février, il se pourvoit en cassation[37]. Finalement la cour annule le l’arrêt rendu par Brazzaville, et le relaxe entièrement le 1er décembre 1953[37]. Au cours de cette affaire, seul le journal L’Observateur dénonce dans un article paru en décembre 1951, ce « cas inouï d’illégalité »[37].

Une popularité en constante croissance

Le repli africain et l’essor du MESAN

Après sa réélection à l’Assemblée nationale, Barthélemy Boganda se détache de la vie parlementaire parisienne[2]. Nommé membre de la Commission de la marine marchande et des pêches le , de la justice et de la législation le , du travail et de la sécurité sociale le , il ne dépose au total que trois propositions de loi, toutes en faveur des Africains, et n'intervient plus dans les débats[2]. Désormais, il passe la plus grande partie de son temps en Oubangui-Chari où il œuvre pour l'émancipation des autochtones, est élu dans de nouvelles fonctions politiques, et exerce le métier de planteur de café[2].

Depuis 1950, Boganda exhorte les villageois des régions forestières à entreprendre des plantations de café de façon à se procurer des ressources plus substantielles[62]. Cette nouvelle lubie fait suite à sa grande déception du modèle coopératif. En effet, il avait engagé dans la SOCOULOLÉ la quasi-totalité de ses indemnités parlementaires ; or les acheteurs qui opéraient pour lui, s’empressaient de dilapider les fonds[63]. Finalement, en avril 1952, la SOCOULOLÉ est dissoute[40]. Cela se produit alors que Boganda a de nouveau des démêlés avec la justice. Le 4 février 1952, il avait acheté 25 000 briques à une société agricole avec un chèque non approvisionné de 55 000 francs[37]. La société porte plainte le 29 mars devant le tribunal de première instance de Bangui contre le député[37]. Pour la première fois, la procédure de levée de son immunité est réellement enclenchée[37]. La commission chargée d'examiner son dossier le convoque le 30 octobre, mais le député ne se présente pas[37]. Le 5 novembre 1952, Boganda surprend la commission en remboursant la société agricole[37]. La faute ayant été réparé, l’Assemblée décide après quelques hésitations, de rejeter la demande de levée de son immunité[37].

Boganda utilise une grande partie de son salaire de député pour financer le MESAN[49]. Au départ, son parti ne regroupe qu’une poignée d’instituteurs et de commis urbains[45]. Mais avec le ralliement de chefs de villages et de travailleurs ruraux, il acquiert une audience territoriale[45]. Boganda dirige seul le MESAN ; les membres du bureau désignés par lui, ne s’occupent de rien[49]. Lors des élections territoriales du 30 mars 1952, établissant lui-même les listes du MESAN, il prend soin d’y écarter tous les anciens conseillers qui avaient été élus précédemment grâce à son concours[64]. Seule exception, le conseiller de l’Union française Antoine Darlan qui, malgré son appartenance au RDA, reste proche de Boganda[65]. Lors de ces élections, le MESAN remporte 17 des 26 sièges à pouvoir pour le second collège[49]. Il est lui-même élu conseiller territorial de la Lobaye[41]. Fort de son succès, il se fait élire le 27 avril, grand conseiller de l’A-EF avec deux compères, Antoine Darlan et Etienne Kabylo[66]. Le 18 mai 1952, il fait élire au poste de sénateur du second collège, le Guyanais Hector Riviérez[67]. Rencontré à Paris, ce dernier l’avait introduit à la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme dont Boganda devient le vice-président[67].

Une influence quasi mystique

L’essor du MESAN doit beaucoup à sa triple réputation. Prêtre, il est censé être en rapport avec le monde transcendant[68]. Fils de sorcier, il est craint[68]. Marié à une Blanche, il est l’égal des Blancs[68]. Par ailleurs, lors de ses tournées dans le pays, il invoque les ancêtres[69], si bien que ses compatriotes voient en lui l’incarnation de Karnou, voire même du Christ noir[70]. Boganda s’en défend[70]. Toutefois, il croie bel et bien être investi d'une mission particulière vis-à-vis de tous les Noirs :

« Libérer l'Afrique et les Africains de la servitude et de la misère, telle est ma raison d'être et le sens de mon existence »[71]

En 1954, Barthélemy Boganda a l’occasion de montrer toute l’influence qu’il exerce sur la population lors de l'émeute de Berbérati. Le 29 avril dans cette ville, est découvert chez un Européen raciste notoire, les cadavres de son cuisinier et de l’épouse de celui-ci, tués par balles[72]. Cette nouvelle provoque immédiatement un soulèvement ; le chef de région, le chef de district, le juge et deux autres Européens sont blessés par des jets de pierre tandis qu’un transporteur blanc de passage est mortellement touché[72]. Le mouvement menace de s’étendre à tout le pays à l’image de la guerre du Kongo-wara[72]. L’administrateur en chef Louis Sanmarco mobilise alors toutes les unités militaires disponibles mais, souhaitant éviter un bain de sang, sollicite avec insistance la médiation de Boganda[73]. Le député hésite dans un premier temps à l’aider, d'autant que son audience à Berbérati est relativement faible[72] ; il se laisse toutefois convaincre[73]. Le 1er mai, il se rend donc sur place et parvient grâce à un discours, à mettre fin au soulèvement populaire[73]. Se portant garant de la justice française dans cette affaire, il déclare notamment :

« Votre père Kongo-wara[74] a voulu vous libérer par la lance et la flèche, moi, je vous promets de vous libérer par la seule force de la loi française. »[73]

La troupe entre sans coup férir dans la ville[73]. À la suite de ces événements, les autorités coloniales incarcèrent le 8 mai, 158 personnes accusés de violence, de voies de fait et de rébellion[75]. Quant à l’enquête menée sur la mort du cuisinier et de son épouse, elle conclut sur la thèse du suicide[75]. Les colons de l’Oubangui se voient aussi être quelque peu malmenés par Sanmarco. Suite à une longue campagne menée par le député[76], l’administrateur interdit l’envoi de gardes territoriaux sur les champs de coton où ces derniers commettent des exactions[77]. Par ailleurs, Sanmarco supprime la pratique du laisser-aller pour tout autochtone souhaitant se déplacer hors de son district[77]. Sur ce sujet, Boganda avait déjà déposé une proposition de loi en 1949 au Palais Bourbon qui fut jugée « farfelue »[77].

Les prémices de l’indépendance

L’alliance avec les colons de la Chambre de commerce

La création de l’Intergroupe libéral oubanguien

Le , une loi supprime le double collège pour les élections municipales[78]. La Chambre de commerce de Bangui jusque là fermement hostile à Boganda, opère un revirement spectaculaire. Un de ses membres, Roger Guérillot qui quelques mois auparavant proposé à Sanmarco de constituer des milices anti-bogandistes[79], convainc le député d’associer les Européens à la gestion de la mairie[80]. L’accord se concrétise en 1955 au cours d’une réunion confidentielle organisée dans un hangar où Boganda est représenté par son cousin David Dacko[80]. Il y est décidé de créer l’Intergroupe libéral oubanguien (ILO) avec comme présidents Barthélemy Boganda et le leader de la Chambre de commerce René Naud, et pour vice-présidents Antoine Darlan et Roger Guérillot[80]. Ainsi, aux élections municipales du , les Européens obtiennent 12 des 36 sièges du conseil municipal de Bangui[81]. Boganda est élu maire de Bangui à l’unanimité[81], Naud devient le premier adjoint[80].

Le 2 janvier 1956, le député est triomphalement réélu par 155 952 voix sur les 176 182 suffrages exprimés, soit à 88,51 %, contre son seul adversaire Jean-Baptiste Songomali[2]. Au cours de cette troisième législature, à quelques exceptions près, il ne se rend jamais au Palais Bourbon[2]. Son combat est en Oubangui-Chari où il œuvre pour l’avènement d’une bourgeoisie africaine[2]. Pour y parvenir, il préconise une « déprolétarisation » par un retour à la terre[2]. Le député continue également à dénoncer les abus perpétrés par la colonisation. Mais désormais allié aux colons, il s’en prend à l’administration dirigé par le progressiste Sanmarco[82].

En 1956 est adoptée la loi-cadre Defferre qui abolit le double collège et prévoit l’instauration d’un gouvernement local après les élections territoriales du . Lors de ces dernières, le MESAN remporte la totalité des 50 sièges à pourvoir[41]. Huit d’entre eux reviennent à des Européens[83]. Boganda offre la présidence de l’Assemblée territoriale au sénateur Hector Riviérez[84]. Le Conseil du gouvernement, conformément aux dispositions de la loi-cadre, est présidé par le haut-commissaire de la France, Louis Sanmarco[85]. En signe de protestation, Boganda refuse d’entrer au Conseil[85]. Il confie la vice-présidence à son ami Abel Goumba[83].

De la démesure au discrédit

Bien que vice-président du Conseil du gouvernement, Abel Goumba ne sert que de coordinateur à l’équipe ministérielle[86]. Barthélemy Boganda reste le véritable chef. Le député-maire choisit personnellement les six ministres du Conseil[87]. Il presse Roger Guérillot, chargé du ministère des Affaires administratives et économiques, de mettre en œuvre un ambitieux plan de développement économique[86]. Guérillot imagine la mise en culture de 100 000 hectares en café, 70 000 d’excelsa et 30 000 de robusta, par 133 000 plantations familiales, pour un coût évalué à 4 milliards de francs CFA[88]. Sa réalisation doit être supervisée par un Comité de salut économique dont Boganda prend la tête[89].

Par un appel à une « union du capital et du travail », Guérillot et Boganda espèrent financer leur projet grâce aux capitaux des colons[89]. Mais ces derniers restent sceptiques face à une telle entreprise purement théorique qui ne semble pas tenir compte des conditions agrologiques, sociologiques et économiques du pays[88]. Les techniciens font d’ailleurs observer qu’il ne serait pas possible de fournir avant longtemps le matériel végétal nécessaire[90]. Dans ces conditions, Guérillot remanie ses plans ; désormais, il est question de doubler les superficies plantées en coton[90]. Les colons refusent toujours de participer[90]. Le Comité de salut économique se contente du concours limité accordé par les fonds publics[90].

Pour réaliser ces desseins, des chômeurs de Bangui sont recrutés afin de « stimuler » les paysans[88]. Des exactions sont commises[88], le projet doit faire face à l’hostilité des villageois, des chefs de village et des élus[91]. Quelque peu discrédité, Boganda se voit accusé par L’Émancipation oubanguienne d’Antoine Darlan d’être devenu le « jouet de Guérillot et des autres Blancs de l’ILO »[92]. En métropole, le grand reporter Max-Olivier Lacamp dénonce quant à lui, dans deux articles parus dans Le Figaro le 31 janvier et 3 février 1958, la « dictature de facto » exercée par le député-maire, conseillé désastreusement par un « colon touché par la grâce du MESAN »[92]. Face à cette situation délicate, Abel Goumba recommande à Boganda la révocation de Guérillot[90]. Mais le leader oubanguien reste attaché aux idées de son ministre qu’il défend avec virulence dans un article de mars 1958[93]. Pour lui, le principale problème du plan du Comité de salut économique est les « politiciens agitateurs » qui empêchent la population de travailler[93]. Il prône donc la répression de toute campagne politique hors des périodes électorales[93].

Le président du Grand Conseil de l’AEF

Le premier personnage politique de l’AEF

Reconduit dans ses fonctions de grand conseiller de l’AEF après les élections territoriales du 31 mars 1957, Boganda est élu à l’unanimité président du Grand Conseil le 17 juin[84]. La vice-présidence revient au Tchadien François Tombalbaye, dont le parti RDA est majoritaire à l’assemblée. En concédant la présidence à Boganda, le RDA espère obtenir l’affiliation du MESAN à leur organisation[94]. Dans ce même but, le leader tchadien membre du RDA, Gabriel Lisette, autorise la création d’une section locale du MESAN sur son territoire[94].

Boganda est le premier Africain à se hisser au poste de président du Grand Conseil de l'AEF[95]. Il entend désormais être mieux considéré par Paris[95]. Il souffre en effet d’être écarté de la préparation des réformes sur les colonies, alors que le leader du RDA Félix Houphouët-Boigny y est associé[95]. Les autorités françaises jugent le député-maire de Bangui peu représentatif du fait de son isolement avec les autres parlementaires africains. Boganda leur reproche leur inféodation à des partis politiques métropolitains[84]. Pour lui, seul le MESAN est véritablement « indépendant »[95]. Au Grand Conseil, le président de l'Assemblée est en revanche estimé par ses pairs qui apprécient ses virulents discours contre l’administration coloniale[96]. Il accuse cette dernière de ne pas les avoir suffisamment préparés aux nouvelles prérogatives octroyées par la loi-cadre[97]. Il condamne également le caractère bicéphale des Conseils de gouvernement territoriaux qui ne peut pour lui, qu’augmenter les charges financières des contribuables[97]. Toutefois cet état de grace est de courte durée car les membres du RDA finissent par comprendre que Boganda n’a aucunement l’intention de s'affilier à eux[96]. Ils décident donc lors de la nouvelle élection du président de l’Assemblée le 25 mars 1958, de présenter leur propre candidat. C’est l’Oubanguien Antoine Darlan, membre du RDA mais élu MESAN au Grand Conseil, qui est désigné[98]. Darlan refuse de se présenter contre Boganda, aussi c’est le Tchadien Ahmed Kotoko qui est candidat[98]. Contre toute attente, Boganda est réélu président du Grand Conseil par 10 voix contre 9 grâce à un dissident tchadien, Mahamat Hassan[98], qui aurait été recruté par le grand conseiller MESAN Etienne Ngounio[99]. Réélu, Boganda élimine Tombalbaye de la vice-présidence[100], tandis qu’Antoine Darlan est exclu du MESAN sous la pression de Roger Guérillot (selon Pierre Kalck)[93].

En mai 1958, le général de Gaulle revient au pouvoir en métropole. Un Comité consultatif chargé des questions relatives aux territoires d’outre-mer est formé par les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Lamine Gueye, l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Malgache Philibert Tsiranana, et le Tchadien Gabriel Lisette[101]. Bien que première personnalité politique de l’AEF, Boganda n’est pas associé au groupe. Il semble qu’à Paris, le président du Grand Conseil de l’AEF ait été discrédité par ses attaques contre l’administration coloniale et son Comité de salut économique[101]. Frustré, Boganda qui jusque là affirmait que « l’indépendance était une dangereuse illusion », réclame désormais la reconnaissance du droit à l’autodétermination[102]. Mais à l’instar de Léopold Sédar Senghor, il se soucie de préserver les grands ensembles fédéraux[102]. Aussi en juillet 1958, une délégation du MESAN menée par Abel Goumba participe au congrès de Cotonou où est créé sous l'impulsion de Senghor, le Parti du regroupement africain (PRA), un nouveau rassemblement inter-africain clairement fédéraliste et opposé au RDA[96].

Annexes

Sources et bibliographie

  • Philippe Decraene, L'Afrique centrale, C.H.E.A.M.,

Thèses universitaires

  • Jean-Dominique Pénel, Barthélemy Boganda, Antoine Darlan, Jane Vialle, trois représentants Oubanguiens du deuxième collège 1946-1952, Université de Bangui, 1985
  • A. C. Mazangue, Les trois campagnes législatives de B. Boganda à l’assemblée nationale française, 1946, 1951, 1956., Mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Bangui, 1987
  • O. T. Ngapeoko, Boganda et le Mesan face aux autres partis politiques en Oubangui-Chari (1946-1959), Mémoire de maîtrise d’histoire, Université de Bangui, 2002
  • Mireille Guimali Nsakala, Barthélemy Boganda, l'homme de l'Union aéfienne, Thèse de doctorat, Université de Paris VIII, 2002
  • B. Simiti, La décolonisation de l’Afrique noire francophone, suivie du cas de l’Oubangui–Chari avec B. Boganda, CURDHACA, Université de Bangui, 2005

Notes et références

  1. Decraene 1989, p. 60
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Biographies des députés de la IVe République : Barthélemy Boganda
  3. a b c d et e Pierre Kalck, Barthélemy Boganda, Saint-Maur-des-Fossés, Éditions Sépia, 1995, p.18
  4. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.20
  5. a et b Jacques Serre, Biographie de David Dacko: premier président de la République centrafricaine, 1930-2003, Paris, Éditions L'Harmattan, 2007, p.281
  6. a b c d e et f Pierre Kalck, op. cit., p.19
  7. a b c et d David Gbanga, « L'Interview du général Sylvestre Xavier Yangongo » In Grands événements radiophoniques (Programme de Radio Centrafrique), 28 mars 2008
  8. Côme Kinata, « Barthélémy Boganda et l’Église catholique en Oubangui-Chari » In Cahiers d’études africaines, n°191, 2008, p.562
  9. « Death of a Strongman », Time Magazine du 13 avril 1959
  10. a et b Philippe Moukoko, Dictionnaire général du Congo-Brazzaville, « Compagnies concessionnaires », Éditions L'Harmattan, 1999, p.88-89
  11. Géraldine Faes et Stephen Smith, « République centrafricaine : la solitude et le chaos » In Politique internationale, n°88, été 2000
  12. Pierre Kalck, op. cit., p.40
  13. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.41
  14. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.43
  15. Pierre Kalck, op. cit., p.44
  16. Côme Kinata, op. cit., p.552
  17. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.50
  18. Pierre Kalck, op. cit., p.46
  19. a b c d et e Pierre Kalck, op. cit., p.45
  20. a b c d e et f Côme Kinata, op. cit., p.555
  21. Pierre Kalck, op. cit., p.55
  22. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.56
  23. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.57
  24. Pierre Biarnes, Si tu vois le margouillat : souvenirs d'Afrique, Paris, Éditions L’Harmattan, 2007, p.82
  25. a b c d e f g et h Côme Kinata, op. cit., p.559
  26. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.59
  27. Biographies des députés de la IVe République : René Malbrant
  28. Biographies des députés de la IVe République : Guy Baucheron de Boissoudy
  29. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.69
  30. Côme Kinata, op. cit., p.550
  31. a b c d et e Juan Fandos-Rius, « Oubangui-Chari representatives to France and Brazzaville (1946-1961) » In Colonial Rulers of Oubangui-Chari, 2 juillet 2008
  32. Biographies des députés de la IVe République : François-Joseph Reste de Roca
  33. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.72
  34. Brian Titley, Dark Age: The Political Odyssey of Emperor Bokassa, Montréal, McGill-Queen's University Press, 2002, p.12
  35. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.73
  36. Pierre Kalck, op. cit., p.75
  37. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Richard Bagouma « Les six tentatives pour la levée de l'immunité parlementaire de Barthélemy Boganda par Jean-Dominique Pénel » In Émission culturelle spéciale (Programme de Radio Centrafrique), 30 mars 2008
  38. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.81
  39. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.90
  40. a et b Jacques Serre, op. cit., p.285
  41. a b et c Juan Fandos-Rius, « Conseil Représentatif de l'Oubangui-Chari » In Parliament of the Central African Republic, 14 novembre 2007
  42. Daniel Boisdon, Les institutions de l'Union française, Paris, Éditions Berger-Levrault, 1949, p.278
  43. Pierre Kalck, op. cit., p.74
  44. Anciens sénateurs de la IVe République : Jane Vialle
  45. a b c et d Max Wallot, « Boganda et l'unité africaine », Agence Centrafrique Presse, 29 mars 2006
  46. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.83
  47. a et b Jacques Serre, op. cit., p.284
  48. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.89
  49. a b c et d Jacques Serre, op. cit., p.54
  50. a et b Didier Bigo, Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Paris, Éditions L'Harmattan, 1988, p.39
  51. a et b Côme Kinata, op. cit., p.556
  52. a et b Côme Kinata, op. cit., p.561
  53. Côme Kinata, op. cit., p.560
  54. Pierre Kalck, op. cit., p.91
  55. Pierre Kalck, op. cit., p.87
  56. Pierre Kalck, op. cit., p.95
  57. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.96
  58. Pierre Kalck, op. cit., p.92
  59. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.98
  60. Jacques Serre, op. cit., p.282
  61. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.100
  62. Pierre Kalck, Histoire centrafricaine des origines à 1966, 2e édition, Paris, Éditions L'Harmattan, 1992, p.277
  63. Pierre Kalck, op. cit., 2e édition, p.276
  64. Pierre Kalck, op. cit., p.106
  65. Jacques Serre, op. cit., p.296
  66. Pierre Kalck, op. cit., p.107
  67. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.108
  68. a b et c Côme Kinata, op. cit., p.564
  69. Pierre Kalck, op. cit., 2e édition, p.278
  70. a et b Didier Bigo, op. cit., p.40
  71. Pierre Kalck, op. cit., 2e édition, p.316
  72. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.113
  73. a b c d et e Pierre Kalck, op. cit., p.114
  74. Il désigne Karnou
  75. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.115
  76. Pierre Kalck, op. cit., p.112
  77. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.119
  78. Jacques Serre, op. cit., p.55
  79. Pierre Kalck, op. cit., p.122
  80. a b c et d Jacques Serre, op. cit., p.309
  81. a et b Jacques Serre, op. cit., p.56
  82. Pierre Kalck, op. cit., p.129
  83. a et b Jacques Serre, op. cit., p.59
  84. a b et c Pierre Kalck, op. cit., p.136
  85. a et b Jacques Serre, op. cit., p.60
  86. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.144
  87. Pierre Kalck, op. cit., 2e édition, p.289
  88. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., 2e édition, p.295
  89. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.145
  90. a b c d et e Pierre Kalck, op. cit., p.146
  91. Jacques Serre, op. cit., p.310
  92. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.147
  93. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.151
  94. a et b Virginia McLean Thompson, et Richard Adloff, The emerging states of French Equatorial Africa, Stanford University Press, 1960, p.48
  95. a b c et d Pierre Kalck, op. cit., p.137
  96. a b et c Virginia McLean Thompson, et Richard Adloff, op. cit., p.49
  97. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.141
  98. a b et c Ahmed Kotoko, Tchad-Cameroun, le destin de Hamaï, ou, Le long chemin vers l'indépendance du Tchad, Paris, Éditions L'Harmattan, 1989, p.146
  99. Jacques Serre, op. cit., p.297
  100. Bernard Lanne, Histoire politique du Tchad de 1945 à 1958, Paris, Éditions Karthala, 1998, p.301
  101. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.155
  102. a et b Pierre Kalck, op. cit., p.156

Voir aussi

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