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Responsabilité Médicale et

Psychiatrie

Pr Jamal MEHSSANI
 La pratique médicale : la moindre erreur ou
faute, aussi minime soit-t-elle, peut engager
la responsabilité du médecin.
 Le concept de responsabilité est intimement
lié à la notion de faute.
 L’accident médical : parfois inéluctable
quelque soit la compétence ou la prudence
du médecin .
 Quatre formes qui sont parfois confluentes , la
responsabilité disciplinaire, administrative, civile, et pénale.
 La faute : fondement juridique,
 La faute seule ne suffit pas, il faut qu’il y ait un dommage, et
que ce dernier soit imputé à la dite faute, c’est-à-dire un lien
de causalité entre les deux.
 La preuve reste l’élément le plus adéquat pour l’imputabilité
de la faute : le juge peut avoir recours l’expertise médicale,
afin de le guider et de l’orienter dans sa décision.
La notion de responsabilité́ médicale :

 La responsabilité médicale est la responsabilité encourue


par un médecin ou un établissement de soins de santé, en
raison des dommages causés par des actes de prévention,
de diagnostic ou de traitement .
 Responsabilité implique deux conséquences : la
réparation du dommage, lorsqu’il s’agit de dédommager
un préjudice déterminé par la faute, et la sanction du
coupable d’une autre part, qui répond à des objectifs qui
diffèrent selon qu’il s’agit d’une infraction dont la peine est
déterminée par les dispositions du code pénal, ou d’une
faute civile donnant droit à réparation.
Les différents types de responsabilité médicale :
 Responsabilité source d’indemnisation (responsabilité
civile (a) et la responsabilité administrative (b),
 Responsabilité source de sanction (la responsabilité
pénale (c) ou disciplinaire (d)).
 Responsabilité indemnitaire est une responsabilité
civile lorsque l'exercice médical se fait en milieu privé
(activité libérale, clinique).
 Responsabilité administrative lorsque l’activité est
exercée en milieu hospitalier [10].
La responsabilité civile du médecin

 La responsabilité civile, est un ensemble de règles et de


mécanismes qui obligent l’auteur du dommage causé à autrui à
réparer ce dommage en procurant à la victime une compensation
.
 L’ obligation de verser à la victime des dommages et intérêts en
vue de réparation, sans se préoccuper d’infliger au médecin une
sanction de quelque nature que ce soit.
 L’indemnisation de la victime sera intimement liée à cette
qualification du médecin en tant qu’auteur du dommage .
 L’existence d’un préjudice constitue la première condition à
l’engagement de la responsabilité civile.
La responsabilité administrative

 La responsabilité administrative est engagée lorsque le


médecin exerce dans un service public,
 La responsabilité est donc supportée par l’administration
qui l’emploie.
 En cas de faute médicale, la victime s’adresse à
l’administration pour obtenir une indemnisation.
 L’article 79 du dahir des obligations et des contrats (DOC):
« l’état et municipalités sont responsables des dommages
causés directement par le fonctionnement de leur
administration et par les fautes de service de leurs agents
».
 La responsabilité administrative n’exclut pas la responsabilité
pénale du médecin, elle n’exclut pas non plus sa responsabilité
civile personnelle en cas de faute lourde détachable du service,
selon l’article 80 du D.O.C, qui met en jeu la responsabilité
personnelle des agents des administrations quand ceux-ci
commettent une faute lourde, détachable du service.
 Les juridictions compétentes sont le tribunal Administratif et la
Cour d’Appel Administrative.
 Ne s’applique pas au secteur privé hospitalier, car celui-ci relève
de la responsabilité résultant d’une faute liée à l’inexécution
d’un contrat entre le médecin et son patient
La responsabilité pénale

 La responsabilité pénale consiste pour la personne qui a


commis une infraction dans les termes définis par la loi, à
supporter les peines prévues pour cette infraction à savoir
une amende ou un emprisonnement.
 Contrairement au droit civil, le droit pénal ne cherche pas
à indemniser la victime, mais à punir et sanctionner
l’auteur du délit, il se préoccupe d’assurer la défense de la
société contre les agissements qui troublent l’ordre social.
 La sanction pénale est proportionnée à la gravité de la
faute et non à celle du préjudice.
 La qualification d’un médecin auteur de
dommage par les juridictions pénales,
entraine des conséquences plus graves que
sa qualification comme tel par les juridictions
civiles, car en plus de l’indemnisation de la
victime, le médecin sera condamné à des
peines de nature pénale (prison, amende).
 La gravité des sanctions en matière de
responsabilité pénale, fait que celle-ci soit
prévue par des règles juridiques précises, et
rigoureusement délimitées par la loi.
 La violation de ces dispositions pénales, peut
être volontaire, ou involontaire mais relevant
d’un comportement négligeant.
La responsabilité pénale :
Les infractions volontaires

commises consciemment par leur auteur et sont:


1)L’exercice illégal de la médecine. Ceci concerne
l’exercice de la médecine sans autorisation d’exercer
ainsi que l’usurpation de titres, Ce délit est prévu par
l’article 381 du code pénal.
2)La dichotomie : c’est le fait de recevoir un paiement
pour des services non effectués et qui s’ajoute aux
honoraires normalement prévus, elle est réprimée par
l’article 540 du code pénal caractérisant le délit
d’escroquerie qui envisage une amende de 500 à 5000
Dirhams et de l’emprisonnement d’un à cinq ans.
3)La violation du secret médical : prévu par
l’article 446 du code pénal : « les médecins,
chirurgiens... qui, hors le cas où la loi les oblige
ou les autorise à se porter dénonciateurs, ont
révélé ces secrets, sont punis
del’emprisonnement d’un à six mois et une
amende de 1200 à 20000 dirhams... ».
4)La non-assistance à personne en péril : prévu par l’article 431
du code pénal : « Quiconque s’abstient volontairement de porter
secours à une personne en péril l’assistance que sans risque pour
lui, ni pour les tiers, il pouvait lui prêter, soit par son action
personnelle, soit en provoquant un secours, est puni de
l’emprisonnement de trois mois à cinq ans et d’une amende de 200
à 1000 Dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement ».
5)Les faux certificats et certificats de complaisance : un
certificat médical ne doit contenir que des faits réellement constatés
par le médecin, et loin de toute complaisance. Ils sont sanctionnés
par l’article 364 du code pénal qui prévoit pour tout praticien
coupable une peine privative de liberté d’un à trois ans.
6)L’avortement illégal: punissable par les articles de 449 à 458 du code
pénal. L’article 449 stipule : « Quiconque, par aliments, breuvages,
médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, a procuré
ou tenté de procurer l’avortement d’une femme enceinte ou supposée
enceinte, qu’elle y ait consenti ou non, est puni de l’emprisonnement d’un
à cinq ans et d’une amende de 120 à 500 dirhams. Si la mort en résulte, la
peine est la réclusion de dix à vingt ans ».
7) L’euthanasie passive ou active: elle est punissable selon les
articles392 et 393 du code pénal.
8)La castration: est prévue par l’article 412 du code pénal, qui stipule que
« quiconque se rend coupable du crime de castration est puni de réclusion
perpétuelle. Si la mort en résulte, le coupable est puni de mort.»
La responsabilité pénale :
Les infractions involontaires

 Le préjudice est causé à la victime à l’occasion de l’exercice de


l’acte médical. Il s’agit de l’homicide, coups et blessures
involontaires qui sont prévus par les articles 432 et 433 du code
pénal. Ces deux articles ne sont pas limités à la profession
médicale et constituent le fondement juridique de la
responsabilité pénale.
 L’article 432 du C.P marocain prévoit que : « Quiconque par
maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation
des règlements, commet involontairement un homicide ou en est
involontairement la cause est puni de l’emprisonnement de trois
mois à cinq ans et une amende de 250 à 1000 Dirhams » .
 Par ailleurs, l’article 433 du C.P précise que : «
Quiconque par maladresse, imprudence,
inattention, négligence ou inobservation des
règlements, cause involontairement des
blessures, coups ou maladies entraînant une
incapacité de travail personnel de plus de six
jours, est puni de l’emprisonnement d’un mois à
deux ans et d’une amende de 120 500 Dirhams,
ou de l’une de ces deux peines seulement ».
La responsabilité́ disciplinaire :

 La responsabilité disciplinaire est tout


manquement aux règles de la déontologie
médicale .
 c’est la violation d’une règle morale qu’elle soit
inscrite dans le code de déontologie médical ou
non.
 L’ordre des médecins a pour mission la défense
de la moralité, l’honneur et l’indépendance de la
profession médicale.
 Les faits punissables étant :
- la violation des règles professionnelles, le
manquement aux règles de l’honneur, de la
probité et de la dignité de la profession.
-l’irrespect des lois et des règlements applicables
aux médecins dans l’exercice de sa profession.
-L’atteinte aux règles ou règlements édictés par
l’ordre à la considération ou au respect dus aux
institutions ordinales.
La responsabilité́ disciplinaire :
 Les peines principales :
Elles sont de deux catégories : la peine morale telle que
l’avertissement ou le blâme avec inscription au dossier
administratif et professionnel, et la peine matérielle, qui
consiste en la suspension pour une durée maximale d’un an,
ou la radiation du tableau de l’ordre. Ces peines de
suspension sont publiées dans le bulletin officiel.
 La peine complémentaire :
C’est l’interdiction de faire partie des Conseils de l’Ordre
pendant une durée n’excédant pas 10 ans.
La radiation du tableau ne nécessite pas de peine
complémentaire puisqu’elle équivaut à la mort professionnelle.
Les fondements juridiques de la
responsabilité médicale :
 Il n’existe pas de textes spécifiques qui la régissent, ni
dans le dahir des obligations et contrats (DOC), ni dans
les textes réglementant l’exercice de la profession
médicale,
 faute de régime particulier. Ce sont donc les règles
générales du droit commun qui s’appliquent au médecin,
malgré le caractère particulier de l’acte médical.
 Ceci étant, par manque de spécificité juridique, la
responsabilité médicale relève simplement des articles
77, 78 et 85 du dahir des obligations et contrats [6].
 Ainsi, il a été nécessaire de réaliser une transposition
des règles générales à la profession médicale, ceci ne
peut se faire qu’au moyen d’un effort d’adaptation qui
incombe au juge [3].
 La jurisprudence marocaine est restée fidèle à la
jurisprudence française, cette dernière a réussi à
forger un droit de la responsabilité civile du médecin,
qui ne cesse de s’améliorer afin de s’adapter à
l’évolution socio-culturelle, ainsi qu’au changement
des mentalités et au progrès de la médecine.
 La faute pénale, est assimilée à une faute lourde,
dont la base juridique se trouve dans les articles
432 et 433 du code pénal relatifs à l’homicide et aux
blessures involontaires.
 S’agissant de la faute civile, le malade peut
s’adresser directement au juge civil, celui-ci engage
la responsabilité du médecin sur la base des
articles 77, 78, 85 et 88 du DOC, la requête civile
n’ouvre la voie qu’à des dommages et intérêts.
 Article 77 du D.O.C : « Tout fait quelconque de l’homme qui, sans autorité
de la loi, cause sciemment et volontairement à autrui un dommage
matériel ou moral, oblige son auteur à réparer le dit dommage, lorsqu’il
est établi que ce fait en est la cause directe. Toute stipulation contraire
est sans effet. » .
 Article 78 du D.O.C : « Chacun est responsable du dommage moral ou
matériel qu’il a causé, non seulement par son fait, mais par sa faute,
lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe. Toute stipulation
contraire est sans effet. La faute consiste, soit à omettre ce qu’on était
tenu de faire, soit à faire ce dont on était tenu de s’abstenir, sans intention
de causer un dommage. » .
 Article 85 du D.O.C : « On est responsable non seulement du dommage
que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par
le fait des personnes dont on doit répondre... » .
 Article 88 du D.O.C : « Chacun doit répondre du
dommage causé par les choses qu’il a sous sa
garde lorsqu’il est justifié que ces choses sont la
cause directe du dommage s’il ne démontre pas :
- Qu’il a fait tout ce qui était nécessaire afin
d’empêcher le dommage.
- Et que le dommage dépend, soit d’un cas fortuit,
soit d’une force majeure,
soit de la faute de celui qui en est victime. » .
La responsabilité du fait des actes
des patients :
 Situations spécifiques à la psychiatrie.
 Les actes hétéroagressifs mais surtout les gestes
suicidaires.
 Les risques d'engagement de responsabilité sont plus
importants lorsque le patient est pris en charge dans un
établissement que lorsqu'il est suivi en ambulatoire
puisque la possibilité de contrôler son comportement est
évidemment meilleure.
 Il semble également qu'une sévérité plus importante soit
appliquée aux établissements spécialisés par rapport à
ceux qui reçoivent tous types de patients.
 les critères retenus par la jurisprudence sont d'abord la prévisibilité du
comportement du patient qui repose sur les antécédents connus de celui-
ci, les informations apportées par la famille et la qualité du diagnostic que
l'expertise pourra ou non confirmer.
 Les recommandations en matière de et en matière de dangerosité existent
et doivent être bien connues des professionnels,
 car c'est sur elles que s'appuieront les magistrats pour vérifier la qualité de
la prise en charge.
 Le deuxième critère important concerne la nature de la surveillance
exercée.
 Seront prises en compte la fréquence et la précision des observations
médicales, le type et le nombre de personnels présents, l'adéquation de la
mise en œuvre des consignes médicales à l'état du patient ou encore
l'organisation du service.
 Il est donc impératif que les consignes médicales à ce propos soient
claires, précises, écrites et renouve- lées en fonction de l'évolution de
l'état du patient.

 La jurisprudence différencie les obligations qui incombent au médecin


de celles qui incombent à l'établissement.
 En pratique hospitalière, cela n'a pas une importance considérable
puisque c'est l'assurance de l'hôpital qui absorbe la quasi-intégralité de
la responsabilité.
 En pratique libérale en clinique, les assureurs sont différents et la
connaissance du rôle et des obligations de chacun est plus importante.
Responsabilité et suicide
 La cause la plus importante d’engagement de
responsabilité pour le psychiatre, en fréquence et en
gravité, d’où un traitement particulier de cette question.
 Jonas l’écrivait en 1997, « c’est en matière de
surveillance que la négligence est le plus souvent mise
en cause », ajoutant que doctrine et jurisprudence
distinguent les actes auto agressifs, en général
suicidaires, où les exemples sont nombreux et les actes
hétéroagressifs, moins nombreux mais fort redoutés.
 En 2008, Smith et al. rappellent que le suicide
constitue le motif de plainte le plus fréquent
envers un psychiatre, ainsi que l’ont montré
Simon et al. en 2002; une plainte survient en
général lorsque l’entourage estime que quelque
chose aurait pu être fait pour le prévenir
 Smith AR, Witte TK, Teale NE, King SL, Bender TW, Joiner TE.
Revisiting Impulsivity in Suicide. Behav Sci Law. 2008;26(6):779–97.
 Simon RI. Suicide risk assessment: what is the standard of care? J Am
Acad Psychiatry Law. 2002;30(3):340–4.
 D’après Lake et Tribbensee, les tribunaux ont commencé à
reconnaitre qu’un tiers (donc autre que les impulsions du défunt)
pouvait être tenu responsable en cas de suicide dans les cas
suivants :
- Le suicide résulte d’actes de torture.
- Le suicide résulte de blessures physiques antérieures.
- Le suicide résulte de l’utilisation de substances intoxicantes.
- Le suicide a été rendu possible par la négligence d’un gardien.
Lake P, Tribbensee N. The emerging crisis of college student suicide: Law and
policy responses to serious forms of self-inflicted injury. Stetson Law Review.
2002;32:125–157.
 Prévisibilité
ou non?
 S’interroger sur la responsabilité du
psychiatre dans le suicide revient à poser la
question de sa prédictibilité et de la faillite de
cette prévision.
 En 2012, Ronquillo et al., effectuent une revue de la
littérature concernant l’évaluation du risque
suicidaire, et réaffirment que l’objectif de l’évaluation
aux urgences vise à être sensible (et non
spécifique), c'est-à-dire caractériser les situations à
faible risque suicidaire, qui ne nécessiteront pas
une intervention psychiatrique immédiate.
Ronquillo L, Minassian A, Vilke GM, Wilson MP. Literature-based
recommendations for suicide assessment in the emergency department:
a review. J Emerg Med. 2012 Nov;43(5):836–42.
 Smith et al. ont entrepris une démonstration
statistique de l’impossible prédictibilité du suicide :
ils partent du constat que le nombre de décès
annuel par suicide étant d’environ 11 pour 100 000
(Association Américaine de Suicidologie en 2004),
le suicide entre dans la catégorie des
phénomènes à faible taux de survenue .
Smith AR, Witte TK, Teale NE, King SL, Bender TW, Joiner TE. Revisiting
Impulsivity in Suicide. Behav Sci Law. 2008;26(6):779–97.
 Suicide et responsabilité institutionnelle
versus responsabilité du psychiatre :
 Les rôles respectifs du psychiatre et de
l’établissement ont été détaillés dans la
jurisprudence.
 Jonas propose un récapitulatif ; il appartient au
psychiatre de :
- Faire une analyse sérieuse et approfondie des
risques suicidaires
- Prescrire des mesures de soins et de surveillance
appropriées à la situation du patient, ses antécédents et
les renseignements fournis par l’entourage
- Donner les consignes adéquates au personnel et
vérifier que l’hospitalisation a lieu dans des locaux
adaptés
L’établissement :
- Doit disposer de locaux adaptés (respectant
les obligations de sécurité)
- D’un personnel compétent
- Qui doit prendre en compte les prescriptions
du médecin.

Jonas C. Responsabilité du psychiatre et des établissements d’ acceuil du


fait des actes des malades mentaux. Médecine Droit ,1997(23):12-6.
L’Hospitalisation sans
consentement
 La responsabilité incombe pratiquement uni-
quement à l'établissement ou à l'État.
 Cependant, le médecin qui rédige les certificats
d'admission engage sa responsabilité propre.
 Il doit donc suivre les règles de rédaction
habituelles des certificats.
 La responsabilité découle d'une privation de
liberté jugée illégale (ce qui ne signifie pas
illégitime ni arbitraire).
 Il suffit qu'un des éléments prescrits par la loi
n'ait pas été respecté pour que la décision du
directeur ou celle du préfet soit annulée, ce
qui donne un droit à réparation pour le
patient.
 Il est également nécessaire que les
décisions soient motivées. Ceci se fait par le
biais du certificat médical. Elles doivent
également être notifiées dans les délais
prescrits au patient.
 On aura l'occasion de voir au fur et à mesure
des années que l'intervention systématique
du JLD conduira à de nouveaux risques
d'engagement de responsabilité,
nombreuses étant les main levées liées au
défaut d'information du patient, au non-
recueil de son avis ou à l'oubli d'une formalité
dans le parcours procédural.
 Lorsque le patient est à l'hôpital, les dommages qu'il subit ou qu'il crée
peuvent être imputés à la négligence ou au mauvais fonctionnement de
l'établissement à tout moment, y compris pendant les permissions.
 Des jurisprudences déjà anciennes, aussi bien du Conseil d'État que de
la Cour de cassation conduisent même parfois à engager la
responsabilité d'un établissement sans faute démontrée lorsque cet
établissement contrôle habituellement le comportement d'un patient
vulnérable et ayant perdu son autonomie à titre permanent (Conseil
d'État, 19 octobre 1990, Cour de cassation, 29 mars 1991).
 Cette situation est rare mais peut être imputée par exemple à des
cliniques institutionnelles. Il incombe en fait à l'établissement qu'il soit
public ou privé une obligation de surveillance sur laquelle nous
reviendrons ci-après.
 La responsabilité peut également être engagée après la
sortie du patient lorsque celle-ci a été décidée sans
précaution suffisante. On en trouve des exemples pour
des sorties de patients hospitalisés d'office qui ont commis
ensuite des actes graves.
 En ce cas, la responsabilité est en général partagée entre
l'État et l'hôpital. Mais on a pu reprocher à un médecin de
ne pas avoir donné suffisamment d'informations à la
femme d'un patient, au moment de sa sortie, ce qui aurait
permis d'éviter qu'il s'empare d'une arme et tue une tierce
personne (CA Aix-en-Provence, 18 janvier 1962).
La prescription médicamenteuse :

 Lepsychiatre n'est pas particulièrement


exposé à engager sa responsabilité dans
cette situation mais il doit respecter toutes
les règles de prescription, connaître les
associations dangereuses ou interdites et les
modalités de rédaction de certaines
ordonnances pour des produits particuliers.
Responsabilité́ et inconduite sexuelle

 Dans une étude nationale, Gartrell et al. ont rapporté que parmi les psychiatres
américains, 7,1% des hommes (n= 1057) et 3,1% des femmes psychiatres (n=
257) reconnaissaient avoir eu un contact sexuel avec un(e) de leur patient(e).
 88% des contacts sexuels concernaient des psychiatres masculins en relation
des patientes femmes, 7,6% concernaient des psychiatres de sexe masculin et
des patients de sexe masculin, 3,5% des psychiatres femmes et des patients
hommes, enfin 1,4% des femmes psychiatres et des patientes femmes.
 Parmi les 38,4% qui étaient récidivants, on ne comptait aucun psychiatre femme .

 Gartrell N, Herman J, Olarte S, Feldstein M, Localio R. Psychiatrist-patient sexual


contact: results of a national survey. I: Prevalence. Am J Psychiatry. 1986
Sep;143(9):1126–31.

 « Relations sexuelles entre psychiatres et patient : les résultats d’une étude nationale », 1986) (174).
 Pope et Al. ont interrogé 575 psychothérapeutes
et constaté que 87% d’entre eux (95%
d’hommes, 76% de femmes) se sont sentis
attirés sexuellement par leur patients, mais
seulement 9,4% des hommes et 2,5% des
femmes sont passés à l’acte.

 Pope KS, Keith-Spiegel P, Tabachnick BG. Sexual attraction to clients. The


human therapist and the (sometimes) inhuman training system. Am Psychol.
1986 Feb;41(2):147–58.
 63% des thérapeutes ont éprouvé de la
culpabilité, de l’anxiété, ou de la culpabilité au
sujet de leur attraction sexuelle. Toutefois, la
grande majorité des thérapeutes qui ont des
sentiments érotiques envers leurs patients n’ont
pas agi .

 Simon RI. Bad Men Do What Good Men Dream: A Forensic


Psychiatrist Illuminates the Darker Side of Human Behavior.
American Psychiatric Pub; 2009. 340 p.
 responsabilité sanction
 responsabilité indemnisation
 responsabilité indemnisation
civile (juridictions judiciaires)
 Administrative (juridictions administratives)
responsabilité sanction
pénale (juridictions judiciaires)
disciplinaire (juridictions disciplinaires)
 La spécificité du traitement des maladies mentales
a des conséquences directes sur la responsabilité
professionnelle du psychiatre. Ainsi et
contrairement à celle d'autres médecins, elle ne
peut qu'exceptionnellement être invoquée pour des
atteintes directes à l'intégrité du corps humain. En
revanche, sa mise en cause est plus fréquente sur
des questions relatives au respect des libertés
indivi­duelles ou au secret professionnel.
 Quid, par exemple, de la responsabilité du praticien
dont le patient refuse tout traitement, alors même qu'il
manifeste des intentions suicidaires ? Que faire
lorsqu'un patient victime d'agressions sexuelles,
refuse obstinément toute révélation ?
 Nombreux sont les cas où le psychiatre se retrouve
confronté à une situation qui l'amène à faire un choix
mettant en jeu sa responsabilité et qui l'oblige donc à
avoir pleinement conscience des risques juridiques
liés à son activité.
 Nous verrons donc dans une première partie
que la pratique de la psychiatrie ne justifie
pas à elle seule d'éventuelles atteintes aux
libertés des patients (I) avant d'aborder
l'importance du secret professionnel pour les
médecins psy­chiatres et la notion de "non-
assistance à personne en danger" (II).
Le psychiatre et les libertés
individuelles du patient :

 Le respect des libertés individuelles est un


des principes majeurs de notre Droit qui se
manifeste notamment par l'inviolabilité du
corps humain et le droit pour chacun de
disposer librement de son corps établi par le
Code civil .
 Le psychiatre y est fréquemment confronté :
atteinte à la liberté corporelle du patient (en
cas de traitement imposé par exemple) ou à
sa liberté d'aller et venir (hospitalisation sans
le consentement du patient).
La nécessité du consentement du
patient :
 Par principe, tout acte médical ne peut être pratiqué qu'avec
l'accord du patient. Le Code de déontologie médicale précise
d'ailleurs que :
 "Le consentement de la personne examinée ou soignée doit être
recherché dans tous les cas.
 Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les
investigations ou le traitement proposés, le médecin doit
respecter ce refus après avoir informé le malade de ses
conséquences.
 Si le malade est hors d'état d'exprimer sa volonté, le médecin ne
peut intervenir sans que ses proches aient été prévenus et
informés, sauf urgence ou impossibilité."
L'hospitalisation en l'absence de
consentement du patient :

 Décision justifiée par des troubles mentaux empêchant le


consentement ou par l'existence d'un risque pour les personnes
ou pour l'ordre public.
 Les hospitalisations d'office doivent donc être impérativement
motivées.
 A défaut et en cas d'hospitalisation arbitraire, le psychiatre peut
non seulement être sanctionné civilement (paiement de
dommages et intérêts) mais aussi pénalement pour séquestration
arbitraire.
 Il peut bien entendu faire également l'objet d'une procédure
disciplinaire devant l'Ordre des médecins.
La réalisation d'un traitement malgré
le refus du patient :

 Le psychiatre se trouve parfois en présence de patients


qui refusent les soins qui leur sont proposés.
 La réalisation d'un acte médical sur un patient n'y ayant
pas consenti constitue une atteinte volontaire à
l'intégrité corporelle .
 Elle est sanctionnée pénalement.
 Si les tribunaux préfèrent la qualifier de blessures
involontaires, la condamnation peut être prononcée
pour blessures volontaires.
 Le Psychiatre a l'obligation d’ établir un
diagnostic correct, de proposer un traitement
adapté, de rédiger clairement des consignes
de surveillance et de les renouveler et de
gérer les rapports avec les proches mais
aussi lorsque cela est justifié de prendre
toutes les mesures qui permettent d'aboutir à
des soins sans consentement.
 L'établissement quant à lui doit fournir un personnel
en nombre suffisant et de qualité adaptée à la prise
en charge. Il doit prévoir une organisation
matérielle de bonne qualité, notamment en ce qui
concerne la prévention du risque suicidaire (cage
d'escalier et fenêtres défendues, prévention des
risques d'incendies, limitation des moyens de
pendaison). Il doit enfin faire en sorte que les
consignes rédigées par le médecin soient
respectées à la lettre par le personnel.
 En définitive, la connaissance des règles de
responsabilités ne doit pas aboutir à des
craintes permanentes et à l'exercice d'une
médecine défensive mais au contraire montrer
au médecin quelles sont ses obligations
sociales et comment il peut s'appuyer sur des
règles de bonne pratique pour éviter le procès
mais surtout pour donner à son patient les
soins de la meilleure qualité possible.
La responsabilité disciplinaire :
 C'est la responsabilité du médecin devant ses pairs (Conseil de l'Ordre), pour
des manquements au Code de Déontologie. Tous les médecins sont concernés
quelque soit leur type d’exercice (libéral, hospitalier).
 La recherche de la responsabilité disciplinaire (ou ordinale) vise à sanctionner
les infractions au Code de déontologie relatives :
- aux devoirs généraux des médecins,
- aux devoirs envers les patients,
- aux apports des médecins entre eux et avec les membres des autres
professions de santé, - et à l'exercice de la profession.
 Les sanctions : l’avertissement, le blâme, l’interdiction provisoire ou
définitive d’exercer (radiation).
 Il doit être précisé si l’infraction est constitutive d’une violation des
principes de moralité et de probité de la profession (dans ce cas il ne
peut y avoir d’amnistie).
 La juridiction disciplinaire de l'Ordre rend des décisions condamnant
des médecins à des suspensions du droit d'exercer pour des fautes ou
des négligences graves.
 Cette recherche de responsabilité peut-être cumulée à la recherche de
responsabilité autres (civiles, administrative ou pénale).
 La faute disciplinaire n’impose pas la faute civile.
 La faute pénale sanctionnée impose la mise en œuvre d’une instance
disciplinaire.

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