Youtubeur Et Youtubeuse Scientifique
Youtubeur Et Youtubeuse Scientifique
Youtubeur Et Youtubeuse Scientifique
YOUTUBEUSE SCIENTIFIQUE.
ANALYSE
COMMUNICATIONNELLE
D’UN NOUVEL ÉCOSYSTÈME
DE VULGARISATION DES
SCIENCES
Sciences de l’information et de la communication
Jordan Casaccio| Sous la direction de Marie-Joseph Bertini (LIRCES) et Marc Trestini (LISEC)
PROGRAMME DE LA
PRÉSENTATION
• Préambule et préventions précautionneuses
• Présentation du sujet
• Problématique
• Hypothèses
• Méthodologie et premiers résultats
• Les réflexions du jour
PRÉAMBULE ET PRÉVENTIONS
PRÉCAUTIONNEUSES
• Si la structure de la recherche semble plutôt stable, les
termes et expressions employés ne sont pas toujours les bons
et mériteraient potentiellement reformulation (mais n’est-ce
pas pour cela que nous sommes là ?)
• Pour des questions de lisibilité, le terme « youtubeur » ne
sera pas systématiquement suivi de « youtubeuse ».
Conscient du procès d’intention qui pourrait lui être fait,
c’est avec la célérité du galopède que l’auteur de ces lignes
s’empresse de préciser que la dénomination « youtubeur » se
veut ici a-genrée au possible.
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE
MA THÈSE
• Le but de ma thèse est de m’intéresser aux youtubeurs et
youtubeuses scientifiques. Le simple fait qu’ils soient qualifiés de
« youtubeurs » et « youtubeuses » dans le langage populaire (Frau-
Meigs, 2017) en fait déjà une population qu’il faut étudier en tant
que telle. L’adjectif « scientifique » renvoie aux youtubeurs et
youtubeuses dont la production de contenus audiovisuels, sur
YouTube, est focalisée sur la vulgarisation scientifique (désormais
VS).
• Si la VS renvoie à la fois au concept de transmission et à celui de
communication, je souhaite observer la VS en tant que fait
communicationnel (Raichvarg, 1991). Ainsi, il s’agit d’analyser et
comprendre la place qu’occupe le ou la youtubeur/euse scientifique
dans son « activité de diffusion, vers l’extérieur, de connaissances
scientifiques déjà produites » (Authier-Revuz, 1982).
• Précision : il a été sciemment décidé de ne pas étudier cet objet sous
les prismes pourtant actuels et pertinents de genre et d’ethnie.
PROBLÉMATIQUE
Si « avec Internet, l’idée (utopique) d’un espace public ouvert à tous et
abolissant tout intermédiaire prend corps » (Cartellier, 2010), on assiste à
l’émergence de nouvelles figures de la vulgarisation des sciences. Des
youtubeurs et youtubeuses font ainsi montre d’un bagage scientifique et
d’une maitrise audiovisuelle qu’ils et elles mettent à profit pour
communiquer en direction de publics de plus en plus nombreux. Cela étant,
comme le souligne Peraya, un acte de communication « constitue
fondamentalement un acte social » (2008, p.1) et s’inscrit dans un « plus
vaste système de rapports sociaux » (ibid.).
De fait, la vulgarisation scientifique en tant que fait communicationnel place
ses acteurs au cœur d’un ensemble de relations et de procédés
communicationnels qui doivent être interrogés. La question est ainsi posée :
dans l’opération de communication qu’est la vulgarisation des sciences, qui
est le youtubeur ou la youtubeuse et quelle place occupe-t-il/elle ?
HYPOTHÈSES DE
RECHERCHE
SYNTHÈSE
La place du
Les Une
Youtubeurs réception
Youtubeur
sci. créent des
dans
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effets en leurs publics Ytbeur
réception) (scientifique ou
non)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse principale : La place du Youtubeur dans l’écosystème VS
Sous-hypothèse 1) La mise en scène comme laboratoire de
l’identité
Le Youtubeur scientifique se met en scène au cœur de la mise
en scène des connaissances scientifiques qu’il propose. La mise
en place d’un décor, d’une « façon d’être » et d’une « façon de
raconter » seraient ainsi autant de moyens mis en œuvre par les
Youtubeurs-euses pour créer une identité, devenant par là même
des personnages plus que de simples pourvoyeurs de savoir. Ce
faisant, le youtubeur ou la youtubeuse scientifique propose de
« raconter » la science de façon unique et de faire du produit
scientifique un outil de lien social.
HYPOTHÈSES
• Hypothèse principale : La place du Youtubeur dans l’écosystème VS
Sous-hypothèse 2/ Le Youtubeur scientifique veut montrer qu’il est un
amateur
Par nature, la vulgarisation scientifique porte un paradoxe : en voulant
réduire l’écart entre les savants et les ignorants, elle met en jeu des acteurs
qui, par leur présence, renforce cet écart (Jurdant, 1973).
Or, à l’heure de la professionnalisation des contenus produits par des
amateurs (Leadbeater & Miller, 2003) et de la diversification des profils de
ceux-ci (Flichy, 2010), il nous semble que le youtubeur scientifique tend à
garder une image d’amateur, de passionné, de bricoleur. L’objectif, selon
nous, serait social : il tendrait à réduire cette barrière entre le vulgarisateur
(ici, le savant) et son public (ici, l’ignorant).
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeur et spectateur
Sous-hypothèse 1) Les publics désireux d’une relation de proximité avec le
youtubeur
Nous émettons ici l’hypothèse que le spectateur privilégie un rapport de
proximité avec le youtubeur, selon un registre familier, ainsi que le laissent
penser la multitude de commentaires des internautes inscrits dans ce registre, à
l’image du suivant (publié à l’occasion de la publication d’une nouvelle vidéo
après un temps d’absence du youtubeur sur la plateforme) :
« YES !! T'es revenu en force! On sent que tu travailles beaucoup plus la mise en
scène, et c'est génial. Tu réussi a créer deux caractères différents pour tes
"parenthèses" c'est vraiment bien fait. Continue, moi je suis fan! »
Un tel commentaire est révélateur d’une relation particulière entre un spectateur
et le Youtubeur qu’il suit.
(1/2)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeurs et spectateurs
Sous-hypothèse 1) Les publics désireux d’une relation de proximité avec le youtubeur
(2/2)
Un autre commentaire s’inscrit dans cette démarche, tout en révélant la force de
la fidélisation que suscite un Youtubeur auprès des internautes abonnés à la
chaîne :
« bon ben je like/commente pour le referencement parce que je t'aime d'amour et
que c'est toi qui m'a fait aimer la science, je lis les cours de Feynman grace a
toi, mais clairement beaucoup trop de blague/cut/digression, je ne me souviens
pas si c'etait deja autant le cas avant mais la c'est dur, impossible de finir la
video...ou je vieillis... Des bisous quand même et encore merci ! »
Cette relation de proximité avec le youtubeur semble prendre le dessus sur la
transmission de connaissances, pourtant objet principal affiché de la vidéo. C’est
le point de vue du récepteur qui nous intéresse ici : la relation « ressentie » avec
le Youtubeur joue-t-elle un rôle dans l’appropriation des connaissances
transmises et du sujet traité ?
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 2 : des liens sociaux entre Youtubeurs et spectateurs
Sous-hypothèse 2 : La fidélisation et la communication entre Ytbeurs et
spectateurs se fait essentiellement hors de YT
La dimension communautaire « est une logique culturelle constitutive de
[YouTube] » (Burgess & Green, 2015). Cela explique l’importance de la place
qu’occupe la question des liens sociaux dans notre recherche, pourtant nous pensons
que la communication et la mise en place d’une communauté se fait en-dehors de
YouTube. Par un usage des réseaux socio-numériques propre à chacun d’entre eux,
les spectateurs et spectatrices peuvent entrer en contact avec les vidéastes qu’ils et
elles suivent.
La fidélisation et l’instauration d’un lien social entre un youtubeur et son audience se
ferait donc en deux étapes : d’abord sur YouTube via l’action « s’abonner », puis la
communication aurait des ramifications sur d’autres plateformes, chacune ayant ses
propres outils de communication (Verdina, 2013, Amancio, 2013).
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 3 : la légitimité savante est fonction du statut social du Youtubeur
Sous-hypothèse 1) La mise en scène a une influence sur la réception des
connaissances
Chaque support de vulgarisation scientifique ayant ses spécificités (Jacobi,
1985), il nous semble naturel que sur une plateforme désormais leader de son
marché et « parangon du web collaboratif » (Bullich, 2015), la spécificité
audiovisuelle des contenus de vulgarisation joue un rôle dans la transmission
des connaissances.
(désolé, ce paragraphe est à réécrire complètement, je n’ai pas encore assez lu
sur le sujet et suis donc incapable d’utiliser les bons termes et développer avec
des formules adaptées une idée qui est pourtant claire dans ma tête et simple à
comprendre, et qui est la suivante : si un spectateur n’est pas emballé par
l’aspect visuel de ce qu’il regarde, il va moins s’y intéresser et moins retenir son
contenu.)
HYPOTHÈSES
• Hypothèse 3 : la légitimité savante est fonction du statut social du
Youtubeur
Sous-hypothèse 2) La légitimité accordée au Youtubeur scientifique est
dépendante de son statut social
Bourdieu (1976) explique que tout jugement sur la production d’un discours
scientifique est « contaminé » par la connaissance de la position de son auteur. Ce
constat, selon nous, s’applique également ici. Le spectateur n’accorderait pas la
même légitimité aux informations transmises selon la position du youtubeur ou de la
youtubeuse qui les énonce.
RÉCAPITULATIF La réception est
Les Youtubeurs dépendante de
La place du
sci. créent des facteurs autres
Youtubeur dans
liens avec leurs que la qualité
l’écosystème VS
publics des informations
Le Ytbeur
Les spectateurs
transmises
La mise en
utilise la mise scène a une
en quête d’une
en scène pour influence sur la
relation de
construire son réception des
proximité
identité connaissances
La légitimité
Le Ytbeur veut accordée au
garder une Les Ytbeurs ont Ytbeur est
image un objectif de dépendante du
d’amateur (+ fidélisation de statut social du
effets en leurs publics Ytbeur
réception) (scientifique ou
non)
MÉTHODOLOGIE
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu (hypothèse 1) : choix de la méthode
Si le montage et la scénographie peuvent avoir une fonction rhétorique
et argumentative (Barthes, 1964; Soulez, 2013), une analyse
sémiotique de l’image permet d’analyser l’image, de « lire
l’audiovisuel » (Leconte, 2001) et ainsi trouver du sens dans l’image.
L’approche socio-sémiotique (Davallon, 1984) met en lumière les
fonctions sociales des données fournies par l’analyse de contenu.
Concernant notre objet d’étude, l’approche socio-sémiotique permettra
donc d’interroger les fonctions sociales assurées par de multiples
éléments des vidéos de vulgarisation scientifique, que nous
développerons ci-après.
L’analyse de contenu a également une visée exploratoire, permettant de
mettre en avant des éléments à interroger dans les prochaines enquêtes.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu : le corpus
100 vidéos YouTube de VS ont été analysées. Afin de construire un
corpus conséquent et représentatif, ces vidéos n’ont pas été
sélectionnées aléatoirement : il s’agit de 10 vidéos de 10 chaines
YouTube différentes.
Le choix de ces youtubeurs et youtubeuses fut délicat étant donné qu’il
n’y a aucune métrique qualitative sur YouTube (la seule métrique étant
celle des abonné.e.s) et que je voulais éviter à tout prix une sélection
aléatoire. J’ai donc décidé de sélectionner les chaines qui avaient déjà
été approchées par Arte et le Musée du Louvre pour collaborer sur
YouTube, deux institutions majeures de la médiation scientifique et
culturelle, ici des institutions légitimantes qui m’ont donc permis de
sélectionner des chaines dont le travail de vulgarisation avait déjà été
jugé pertinent par ces acteurs.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu (hypothèse 1) : le corpus
Les dix chaines rassemblées dans le corpus sont donc DirtyBiology, Scilabus, Passé
sauvage, Pause process, Hygiène mentale, Zeste de science, C’est une autre histoire,
Les revues du monde, Cyrus North, Nota Bene.
Le travail d’élaboration du corpus ne s’arrête pas là puisqu’il a ensuite fallu choisir les
dix vidéos de chaque chaine. Là encore, une sélection aléatoire me semble peu
représentative. Plutôt que 10 vidéos, j’ai donc choisi 2x5 vidéos :
- les cinq premières vidéos (d’un pdv chronologique) de chaque chaine : très utile,
d’un point de vue exploratoire, pour relever les premières intentions et choix de
mise en scène et de traitement du sujet.
- Les cinq vidéos les plus populaires de chaque chaine : permet de voir quels
contenus attire le plus les publics et de formuler (pour des recherches futures) des
hypothèses concernant le succès de ces contenus populaires.
En somme, 5x2x10 = 100 vidéos. Voici comment fut élaboré le corpus à analyser.
Cette sélection nous semble méthodologiquement pertinente pour répondre à notre
hypothèse principale : en étant séparé en deux parties (popularité et chronologie), le
corpus permet de multiplier les éléments d’analyse à l’appui d’une grille d’observation
minutieuse et catégorisée.
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1 Critères à observer Observations
d’observation
Nombre de commentaires au moment de
l'observation
Titre
systématisation de l’analyse
Vidéo "À suivre" (proposée par l'algorithme de
YouTube)
Lieu de tournage
Thème de la vidéo
Interpellation du spectateur
Contenu Personnes
par partie.
Annonces (prochains épisodes, rencontres,
Suivi du vidéaste
apparitions publiques…)
MÉTHODOLOGIE : ENQUÊTE #1
• Analyse de contenu : Critères à observer Observations
Lieu de tournage
Partie 2 : le noyau Noyau diégétique Décor (si lieu de tournage habituel)
diégétique Découpage séquentiel
grilles d’observation
Nombre de commentaires au moment de
l'observation
Titre
Métadonnées
Adresse URL
Durée
Présence du vidéaste
Lieu de tournage
la grille sur chacune des Noyau diégétique Décor (si lieu de tournage habituel)
Découpage séquentiel
vidéos du corpus.
Thème de la vidéo
Interpellation du spectateur
Contenu Personnes
Références culturelles