Vol 1
Vol 1
Vol 1
i7
-/.
it^i^l^f-.
^^l
QUESTIONS
SUR
UENCFCLOPDIE.
PREMIERE PARTIE.
r^
.a\.v\c
QUESTIONS
sus.
VENCYCLOPDIE,
PAR
DES AMATEURS.
PREMIERE
PARTIE.
M.
DCC
LXX.
,H
-f
-f
NaswAWSBMiir
NT R
,
D UC T I O
N.
Quelques
quettions
gens de lettres qui ont tudi l'Encyclopdie, ne propofent ici que des
mens
ne demandent que des cclairciiredouteurs & non docteurs. Ils doutent furtout de ce qu'ils avancent ; ils refpeclent ce qu'ils doivent refpeder ; ils foumettent leur raif'on dans toutes les chofes qui fonc au-deiTus de leur raifon , & il y en a beaucoup.
>
&
ils
fe dclarent
Le
difcours prliminaire
prcda tait un veftibule d'une ordonnance magnifique & fage qui annonait le palais des fciences ; mais il avertilait la jaUnifie & l'ignorance de s'armer. On dcria l'ouvrage avant qu'il part i la balfe littrature
qui
la
'
fe dchana
on
crivit
toires contre
ceux dont
n'avait pas
encor paru.
Mais peine l'Encyclopdie a-t-ellc t acheve que l'Europe en a reconnu l'utilit ; il a flu rimprimer en France & augmenter cet ouvrage immenfe qui eft de vingt- deux
volumes
in-folio
j
on
l'a
contrefait
en
Italie
premire partie,
Introduct*ion.
fortifi
:
de thologie la manire de leur pays ; on le contrefait chez les Suilfes & les additions dont on le charge font faiis doute entirement oppofcs la mthode italienne afin que le ledeur impartial foit en tat de juger.
,
Cependant
qu'
la
cette
i
entreprife
France
des
conque & excute. On en tira quatre mille deux cent cinquante exemplaires , dont il ne
refte pas un feul chez les libraires. Ceux qu'on peut trouver par un hazard heureux fe vendent aujourd'hui dix-huit cent francs i ainfi tout l'ouvrage pourait avoir opr une circulation de fept millions (x cent cinquante mille livres. Ceux qui ne confidreront que l'avantage du ngoce , verront que celui des deux Indes n'en a jamais approch. Les libraires y ont gagn environ cinq cent pour cent ce qui n'eft jamais arriv depuis prs de deux ficels dans aucun commerce. Si on envifage l'conomie politique on verra que plus de mille ouvriers depuis ceux qui recherchent la premire matire du papier , jufqu' ceux qui fe chargent des plus belles gravures , ont t employs & ont nourri leurs familles. Il y. a un autre prix pour les auteurs , le
, ,
l'avantage d'enfei-
gnejT le
feible
Introduction.
&
auteurs principaux , & qui fut (1 difproportionn leurs travaux immenfes , il ne doit pas tre compt. Jamais on ne travailla avec avec un plus noble dfinttant d'ardeur
relTement.
On vit bientt des perfonnages recommandables dans tous les rangs, officiers gnraux , magiftrats , ingnieurs vritables gens de lettres s'empreifer dcorer cet ouvrage de leurs recherches foufcrire Se travailler la fois : ils ne voulaient que la fatisfadion d'tre utiles ; ils ne voulaient point tre connus i & c'eft malgr eux qu'on a imprim le
, , ,
nom
Le
de plulieurs. philofophe
;
s'oublia
,
pour
fervir
les
hommes
en
l'intrt
l'envie
&
le
fanatifme ne
&
fur
les belles-lettres
terre
qu'aux journaliftes de Trvoux d'enfeigner la ils voulurent au moins avoir part ; l'Encyclopdie pour de l'argent car il eft remarquer qu'aucun jfuite n'a donn au public fes ouvrages fans les vendre.
:
Dieu
trois
permit en
mme
fir entre ces deux extrmes i on les rejetta tous deux galement comme de raifon , parce ^u'on n'tait d'aucun parti & qu'on fe bornait
ij
Introduction.
,
parce que
les
places taient
Ce
fe runirent contre TEncyclopdie des que le premier corne parut. Les auteurs furent traits comme l'avaient t Paris les inventeurs de l'art admirable de l'imprimerie , lors qu'ils vinrent y dbiter quelques-uns de leurs eais : on les prit pour des Ibrciers , on faidt juridiquement leurs livres ; on commenta contre eux un procs criminel. Les encyclopdiftes furent accueillis prcifcment avec la mme
juftice
&
la
mme
fagelfe.
Un
au
la
fe
, pour chargea
nom de fes confrres de dfrer l'Encyclocomme un ouvrage contre les murs religion & l'tat. Cet homme avait jou
,
quelque tems fur le thtre des marionnettes de St. Mdard , & avait poufi la friponnerie du fanatifme jufqu' fe faire fufpendre en croix & paratre rellement crucifi avec une couronne d'pines fur la tte le 2 I\Iars 1749 , dans la rue St. Denis , vis - vis St. Leu
,
&
St.
Giles
;
naires
ce fut cet
;
homme
qui
fe
porta pour
dlateur
liftes
il
&
de Trvoux, des bateleurs de St. Mdard d'un certain nombre d'hommes ennemis de
toute nouveaut,
&
Introduction:
Il
procs.
n'y avait point eu d'exemple d'un pareil On accufait les auteurs non pas de ce qu'ils avaient dit , mais de ce qu'ils diraient
, ,
un jour. Voyez difait-on la malice i le premier tome eji plein des renvois aux derniers , donc c'eji dans les derniers que fera tout le ve^ fiin. Nous n'exagrons point cela fut dit mot mot.
:
L'Encyclopdie fut fupprime fur cette dil'emporte. Le i mais enfin la raifon deftin de cet ouvrage a t celui de toutes les entreprifes utiles , de prefque tous les bons livres , comme celui de la Sagejfe de Charon , de la favante hilloire compole par le fage de Thou , de prefque toutes les vrits neuves , des expriences contre l'horreur du vuide , de la rotation de la terre , de l'ufage de l'mtique , de la gravitation , de l'inoculaTout cela fut condamn d'abord , & tion. reu enfuite avec la reconnaiffance tardive
vination
du
public.
dlateur couvert de honte eft all MoC cou exercer fon mtier de matre d'cole , & l il peut fe faire crucifier , s'il lui en prend envie j mais il ne peut ni nuire l'Encyclo-
Le
pdie
ferpens qui
dents
&
Comme
mes de
&
des
hom-
iij
'6,
INTRODUCTION.
du
important ouvrage s'occupent a foin de le pert'edionner & d'y ajouter mme plufieurs volumes j & comme dans plus d'un pays on a dj commenc des ditions , nous avons cru devoir prfenter aux amateurs de la littrature un eflai de quelques articles omis dans le grand ou qui peuvent fouffrir queldidionnaire ques additions ou qui ayant t infrs par des mains trangres , n'ont pas t traits flon les vues des diredteurs de cette entreprife immenfe.
ale cet
prfent
dont
eux que nous ddions notre efli, pouront prendre & corriger ou leur gr dans la granlailfer les articles de dition que les libraires de Paris prparent. Ce font des plantes exotiques que nous mriteront d'entrer elles ne leur offrons dans leur vafte coUedion qu'autant qu'elles feront cultives par de telles mains ; & c'eit alors qu'elles pouront recevoir la vie.
C'efl
ils
, , ;
QUESTIONS
SUR
L'ENCYCLOPEDIE.
A,
aurons peu de queftions premire lettre de Cet article tous les alphabets. de rEncyclopdie, plus iicefFaire qu'on ne croirait , eft de Cfar Du Marfais , qui n'tait bon grammairien que parce qu'il avait dans l'efprit une dialectique trs profonde & trs nette. La vraie
faire fur cette
OuS
except
,
la
fortune.
fe
Ce
fage
qili tait
pauvre
&
dont l'loge
iiij
A.
;
&
,
fans le*
il
du comte de Lauraguas
la
ferait
mort dans
cette
plus extrme
mifere.
SaifilTons
occafioii de dire que jamais la nation Franqaife ne s'eft plus honore que de nos jours par ces adions de vritable grandeur
oftentation. Nous avons vu plus d'un miniftre d'tat encourager les talens dans l'indigence & demander le fecret. Colbert les rcompenfait , mais avec l'argent de l'tat j Foiiqnet avec celui de la dprdation. Ceux dont je parle ont donn de leur propre bien ; & par-l ils font au-deifus de Fouqaet 2iUtit que par leur naifance , leurs dignits & leur gnie. Comme nous ne les nommons point ils ne doivent point fe fcher. Que le ledeur
faites fans
pardonne cette digrefion qui commence notre Elle vaut mieux que ce que nous ouvrage. dirons fur la lettre /^ qui a t 11 bien traite par feu Mr. Du Marfais , & par ceux qui ont joint leur travail au ficn. Nous ne parlerons point des autres lettres , & nous ren-
voyons
On
commence
A.
e peut ? n'efl-ce pas
oi,
une contradidion d'crire de prononcer ai ? nous dilions autre, fois , je croyois , fo&royois , j'employois , je Lors qu'enfin on adoucit ces fons ployois. barbares , on ne fongea point rformer les caradres : & le langage dmentit continuel-
&
lement rcriture.
il falut faire rimer en vers qu'on prononait ais , avec les ois qu'on prononait ois , les auteurs furent bien embarrafles. Tout le monde , par exemple , difait franais dans la convsr{\tion & dans les diC
Mais quand
les ois
cieufe
cours publics. Mais comme la coutume vide rimer pour les yeux & non pas
les
,
pour nous
oreilles
s'tait
introduite
parmi
les
rimer franais loix , rois exploits : & alors les mmes acadmiciens qui venaient de prononcer franais dans un difcours oratoire , prononaient franois dans les vers. On trouve dans une pice de vers de Pierre Corneille j fur le paflage du Rhin , aflez peu connue.
Quel
fpeftacle d'effroi
grand Dieu
fi
toutefois
effet
produi-
li
l'on
pronontonts-
comme
un
fois
10
Dans
le
A.
fe perfw*
tionnait le plus
Boileau difait
Mais
la d.'rnire fois.
le
monde
dit
franais
mme
paratrait
un
peu allemand.
dfaits
le
de cette
franais
faut
mot
Il
eomme on
crit Saint
Franois.
du
tems pour rformer la m.anire d'crire tous ces autres mots dans lefquels les yeux trompent toujours les oreilles. Vous crivez encor , je croyais & li vous prononciez je croyais en failant fentir les deux o , perfonne ne pourait vous lupporter. Pourquoi donc en mnageant nos oreilles, ne mnagez. vous pas aulfi nos yeux ? pourquoi n'crivez-vous
,
pas je croyais
puifque je o'oyois
eft
abfolu-
il
elt
nonciez je croyais , focir oyais , f employais i vous demande pourquoi vous adoucilez la prononciation de la dernire fillabe , & pourquoi vous n'adouciflez pas la prcdente ; pourquoi dans la converfation vous ne dites pas je crayais , j'emplayais , &c. Vous lui rpondez , & vous devez lui ril
A.
f
IT
pondre
faire
qu'il
a plus de grce
lui
,
&
de varit
La
ble
dernire fillabe
dites
vous
dont
le
l'oreille
mclodieufe que les autres ; 8c dans la prononciation de ces fillabes qui fait le charme de la profodie. L'tranger vous rpliquera , vous deviez m'en avertir par l'criture comme vous m'en avertilTez dans la converfation. Ne voyezvous pas que vous m'embarralFez beaucoup lorfque vous ortographiez d'une faqon & que
plus
c'eft
la
&
varit
langues
fans
contredit,
font celles o
anglais
mmes
,
fillabes
portent toui
vous
dites
portugais
j
danois
Judois
,
n'apprends votre langue que Et pourquoi en prononant anglais & portugais , mettez -vous un o l'un & un l'autre ? Pourquoi n'avezvous pas la mauvaife habitude d'crire portugais comme vous avez la mauvaife habitude
ditfrence
Ci
je
d'crire anglais
En un mot ne
parait- il pas
vident que
la
meilleure
toujours par ce
12
dicatif
A.
du veibe avoir. Ceft un dfaut fan^ doute qu'un verbe ne foit qu'une feule lettre & qu'on exprime il a raifon , il a de lefprit , comme on exprime // eji Paris il eji Lyon,
,
Hodiique marient
Il
veftl^iu ruris.
a eu choquerait horriblement
cair
<Xdi>
l'oreille
on
ny
fe
accoutum
de
>
pluficurs cricette
vains
phrafe
la diffrence qu'il
y a
?
la dijlance qu'il
a en-
tre eux
fois
elt-il
rien de plbs
languiiant la
&
de plus rude
N'eit-
il
imptrfedion du langage en difant fimplement , la dijiaiice la diffrence entre eux. A quoi bon ce qutl Si cet y a qui rendent
cette
, ,
le difcours fec
runilfent ainf
les
Ne
furtout viter
,
le
concours
de deux a ?
averjion
bles
;
va Paris
,
/'/
ff
de l Arques.
La
de voyelles.
Gardez qu'une voyelle
,
Ne
foit
cet
Les Italiens ont t obligs de fe permettre achopement de fons qui dtruifent Tharnaturelle
,
monie
que
les
ces hiatus
ces billemens
A.
Ttrnrqtie ne fait nulle difficult de dire
Aluove fi
il
13
Dal
fua
eta fornila.
VArioJe a dit
Non fa
Doveva
Amor
fijrtuna alla
chrijfiana fede.
eft nceflaire
en
italien
parce que
la
i, Oi u.
des mots de cette langue fe termine en a, e, Le latin qui poflede une infinit de
,
terminaifons
pareil
ne pouvait gure admettre un heurtement de voyelles ; & la langue francaife cft encor en cela plus circonfpecle & plus fvre que le latin. Vous voyez trs rarement dans Virgile une voyelle fuivie d'un mot commenant par une voyelle ce n'eft que dans un petit nombre d'occafions o il feut exprimer quelque defordre de l'efprit,
:
Arma amens
yafte
capio
lieu
&
defert
In Neptuno JEgeo,
, ^
14
Homre
,
A.
il
eft
vrai
ne
s'affujettit
pas
les fi-
&
furtout des
connues de
Homre tait au-delTus de ces , & mais Tes vers les plus harmonieux font ceux qui font compofs d'un airemblage heureux de voyelles & de confonnes. C'eft ce que Boilean recommande , ds le premier chant de Y Art potique.
fon tems
finelTes
:
\al lettre
les
nations
devint une lettre facre , parce quelle tait la premire : les Egyptiens joignirent cette fuperftition tant d'autres de l vient que
:
Grecs d'Alexandrie l'appellaient hier' alpha & comme omga tait la dernire lettre , ces mots alpha Se omga fignifirent le complment de toutes chofes. Ce fut l'origine de la cabale & de plus d'une myftrieufe dmence.
les
Les lettres fervaient de chiffres & de notes de mufique ; jugez quelle foule de connaiffances fecrettes
^
cela
produilt
a^
h->
c,
d,
^> f> S taient les fept cieux. L'harmonie des fphres clelfes tait compofe des fept premires lettres j un acroftiche rendait
&
A B C
Oi
L P
H A
B E T.
5^
ABC, ou ALPHABET.
Mr. Du Marfais vivait encor nous lui SIdemanderions nom de l'alphabet. Prions
,
le
les
Tavans
hommes
point de nom dans aucune langue de l'Europe i alphabeth ne fignifie autre chofe que ne fignifie rien , ou tout au plus AB. &L il indique deux fons ; & ces deux fons n'ont aucun raport l'un avec l'autre. Beth n'eft point form ' alpha l'un cft le premier , l'autre le fcond , & on ne fait pas pourquoi. Or comment s'eft-il pu faire qu'on manque de termes , pour exprimer la porte de
AB
bres
l'art
de compter
deuxi
&
,
le
rudiment de
le dfigne.
l'art
d'exprimer fes
penfes
propre qui
L'alphabet
>
eft
la
premire
partie
de
la
grammaire ceux qui polTdent la langue arabe , dont je n'ai pas la plus lgre notion, pouront dire l cette langue qui a, dit -on, quatre- vingt mots pour fignifier un cheval en aurait un pour fignifier l'alphabet.
Je protefte que je ne fais pas plus nois que l'arabe ; cependant j'ai lu dans
tit
le chi-
un
pe-
vocabulaire chinois
que
6
1er.
A B C
catalogue
O/f
L P H A B E T.
Vol. toujours
l'hif-
de
toire
de
'
de Du tiaUe.
Ept.
, la lille des caractres de fa laiig^g. p^j^ ^^ botou, l'autre haipien nous n'a"^'^"5 ^^^ hoton ni haipien dans nos langues occidentales. Les Grecs n'avaient pas t plus
]q
ils
difaient alphabet.
Sn-
que
fait
le
W>'
5*
pour exprimer un
pelle
les
comme moi
i
qui
l'ap-
grammaire
il
Skedon analphabetos. Or cet alphabet Grecs le tenaient des Phniciens , de cette nation nomme le peuple lettr par les Hbreux mmes , lorfque ces Hbreux vinrent s'ctablir auprs de leur pays.
muniquant
en comaux Grecs , leur rendirent un grand fcrvice en les dlivrant de l'embarras de l'criture gyptiaquc que
Il
cfl:
croire
que
les
Phniciens
leurs caraderes
Ccrops
leur
avait
apporte
d'Egypte
*,
les
tout aif
&
les
prtes des
Je m'imagine entendre
Ion correfpondant , raderes font aifs crire , fe ainfi que les Tons de
&
la
expriment nos dettes adives & pafTives. Mon p.leph que vous voulez prononcer alpha , vaut une once d'argent i i'f//ifl' en vaut deuxjro en vaut
A B C
:
OM
A
:
L P
A B E T.
T7
vaut cent Jgmci en vaut deux cent. Je vous deux cent onces je vous paye un ro : relte un ro que je vous dois encore i nous aurons bientt fait nos comptes.
dois
focit
entre les
j
hommes,
pour n-
en fournilfant
gocier tard
,
leurs befoins
&
il
faut s'entendre.
Les Egyptiens ne commercrent que trs avaient la mer en horreur c'tait i ils leur Typhon. Les Tyriens furent navigateurs de tems immmorial j ils lirent enfemble les peuples que la nature avait fpars , & ils rparrent les malheurs o les rvolutions de ce globe avaient plong fouvent une grande partie du genre - humain. Les Grecs leur tour allrent porter leur commerce & leur alphabet commode chez d'autres peuples qui les Grecs le changrent un peu , comme avaient chang celui des Tyriens. Lorfqu leurs marchands , dont on fit depuis des demi-dieux , allrent tablir Colchos un commerce de pelleteries qu'on appella la toifon d'or , ils donnrent leurs lettres aux peuples de ces contres , qui les ont conferves altres. Ils n'ont point pris l'alphabet des Turcs auxquels ils font foumis , & dont j'eC pre qu'ils fecoueront le joug , grce l'impratrice de Rulie.
:
&
( je
ne
dis pas
18
A B C
,
O/r
L ? H
A B E
T.
trs vrai
Dieu m'en
,
ni l'Egypte
la
ni
Mditerrane
orientale.
Si
les
Tyriens
ou
mme
leur
communiqu
relierait
quelques traces j ils auraient les lignes des vingt-deux , vingt -trois ou vingt -quatre lettres. Ils ont tout au contraire des fignes de tous les mots qui compofent leur langue j &
nous dit-on quatre-vingt mille : mthode n'a rien de commun avec celle de Tyr. Elle ert foixante & dix - neuf mille neuf cent foixante & feize fois plus favante
ils
en ont
cette
&
la
ntre.
,
Joignez
crivent
les les
cette
prodigieufc diffrence
qu'ils
de haut en bas , & que les Tyriens & Caldens crivaient de droite gauche i Grecs & nous de gauche droite.
Examinez
fiamois
,
japonois
moindre
phnicien.
caradres tartares , indiens vous n'y voyez pas la , analogie avec l'alphabet grec
les
&
Cependant tous
ces peuples
mme
les
Hottentots
les
&
les
Cafres
cent -peu-prs
voyelles
&
larinx fait
ainf
qu'un payfan
la
gozier fait
comme
prejnirc
AB C
qui
fait
0/<
L P
H A
p.
E T.
La
ditfrence
de ce manant une bafle- taille rude, "difcordante , iniuportable , & de cette chanteufe un deiius de rolignol , eft f imperceptible
,
qu'aucun
Qliand nous avons dit que les marchands aux Grecs , de Tyr enfeignrent leur nous n'avons pas prtendu qu'ils eulFent Les Athniens appris aux Grecs parler. probablement s'exprimaient dj mieux que
ABC
;
les
peuples de
la balFe
5
Syrie
ils
avaient
un un
peuples de
groilier
,
la
c'tait des
des Shabaoth , des Chamuiaim , des Chotibet , des Thnphetb j il y aurait l dequoi faire enfuir notre chanteufe de l'opra de Naples.
Figurez-vous les Romains d'aujourd'hui qui auraient retenu l'ancien alphabet trurien ,
&
qui des marchands Hollandais viendraient aporter celui dont ils fe fervent prfent.
Tous
les
Romains
la
feraient
j
fort
ils fe
mais
bien de regarderaient
bien de parler
ment
ainfi
que
le
ij
iO
avec
A B C
les
OH A L P
A B E T.
veiinns de , Grecs prirent leur alphabet qui valait mieUx que celui du Mifraim qui elt l'Egypte : &. rebutrent leur patois.
matelots de Caphthor
:
Tyr ou
de Brith
les
Philofophiquemcnt parlant , Se abftradioii rcrpedueufe faite de toutes les indudlions qu'on pourait tirer des livres facrs dont il ne s'agit certainement pas ici , la langue primitive n'eft-elle pas une plaifante chimre ?
Que diriez-vous d'un homme qui voudrait rechercher quel a t le cri primitif de tous
les
animaux
&
comment
il
eft
arriv
que
multitude de ficles les moutons fe foicnt mis bler , les chats miauler , les pigeons roucouler , les linotes fifler ? Ils s'entendent tous parfaitement dans leurs idiomes , & beaucoup mieux que nous. Le chat ne manque pas d'accourir aux miaule-
dans une
mens
c'eft
trs articuls
&
une merveilleufe chofe de voir dans le Mirebalais une cavale drelfer Tes oreilles frapper du pied , s'agiter aux braiemens intelligibles d'un ne. Chaque efpce a fa langue. Celle des Efquimaux & des Algonquins ne fut point celle du Prou. Il n'y a pas eu plus de
,
langue primitive , & d'alphabet primitif que de chnes primitifs & que d'herbe primitive. Plufieurs rabins prtendent que la langue mre tait le famaritain ; quelques autres ont
,
alTur
que
c'tait le bas
breton
dans cette
A B C
Incertitude
,
L P H A B E T.
,
%X
habitans
tre
on peut fort bien fans ofFenfer les de Kimper & de Samarie n'admet,
Ne peut - on pas , fans ofenfer perfonne fuppofer que l'alphabet a commenc par des
cris
&
des exclamations
difent
d'eux-mmes
hii bii
,
un
aie
rent
hoii
les
hou quand
ils
il
fe
moquent
quand on
frappe ? Et
petits
ne faut pas
le
les frapper.
A
nom
tait
l'gard des
deux
fit
garqons que
un
lever
langue
primitive
il
n'eft
gures
crier
deux mis
hec bec
pour avoir
djeuner.
Des exclamations formes par des voyelles, auffi naturelles aux enfans que le croaflment il n'y a pas Ci loin qu'on l'eft aux grenouilles
,
croirait
alphabet complet. Il faut bien qu'une mre dife a fon enfant l'quivalent
un
de vien
ces
tien
pren
tai-toi
approche
fe font
va-t-en:
,
mots ne font
i
reprlntatifs
de rien
ils
ne peignent rien
avec un
gefte.
mais
ils
entendre
De ces rudimens informes , il y a un chemin immenfe pour arriver la lintaxe. Je fuis effray quand je fonge que de ce
feul
mot
vien
il
faut
parvenir
un
jour
iij
es
dire
,
A B C
je ferais
i
L p
II
A B E
,
t;
venu
//
ma
mre
avec grand
plaijr
^ f aurais
obi
,
fi
une
pas
entre
dans la jambe gauche. _ Il femble mon imagination tonne qu'il a falu des ficles pour ajuitcr cette phrafe i bien d'autres licles pour la peindre. Ce !?: ferait ici le lieu de dire , ou de tcher d dire , comment on exprime & comment ou prononce dans toutes les langues du monde pre , 7n}'e , jour , nuit , terre , eau boire , ilianger i &c. j mais il faut viter le ridicule autant qu'il eft poliblc.
>
la
dates
,
mes yeux mme de ceux qui avaient invent ces les Egyples Syriens lignes. Les Caldens
, ,
nombre les des homdes vnemens les ides devinrent bientt des myltres aux
noms
des
chofes
,
leur
tiens
la
les
combinaifon des lettres , la manire de prononcer i ils crurent que les noms figni-
eux-mmes, & qu'ils avaient en eux une force, une vertu fecrctte.' Ils allaient jufqu' prtendre que le nom qui flgnifaifc puijfance tait puitTant de fa nature j que celui qui exprimait ange tait angelique que celui
fiaient par
-,
qui donnait
l'ide
de
Dieu
tait
divin.
AB C
ment dans
fl
L P H A B E T.
aj
Cette fcience des caradres entra nceflirela magie : point d'opration males lettres
gique, fans
Cette
de l'alphabet.
de toutes les fciences , dede toutes les erreurs j les mages de tous les pays s'en Tervirent pour fe conduire dans le labyrinthe qu'ils s'taient conftruit & o il n'tait pas permis aux autres hommes d'entrer. La manire de prononcer des confonnes & des voyelles , devint le plus profond des myftres , & fouvent le plus terrible. Il y eut une manire de' prononcer Jovn , nom de Dieu chez les Syriens & les Egyptiens ; par laquelle on faiporte
vint celle
,
fait
Si.
fit
homme roide mort. Clment d'Alexandrie rapporte que Mo'ife Stroraa^ mourir fur le champ le roi d'Egypte tes ou
tomber un
,
Nechephre
dans l'oreille j & qu'enfuite il le reflufcita en prononant le mme mot. St. Clment d'Alexandrie eft exad , il cite fon auteur , c'eft le favant Artapan j & qui poura recufer le tmoignage 'Artapan ? Rien ne retarda plus les progrs de l'efprit humain , que cette profonde fcience de Terreur, ne chez les Afiatiques avec l'origine des vrits. L'univers fut abruti par l'art mme qui devait l'clairer. Vous en voyez un grand exemple dans Origne , dans Clment d'Alexandrie , dans Terlui fouflant
en
ce
nom
P'.
"1
"^*'
'^' *
iiij
, ,
124
A B C
,
L P
H A
B E
T.'
Org.
tullien
^^^^
n". 202.
ment,
par lui , on le nomme le Dieu ' Abraham Clfauc & de Jacob on fera par ces noms des chofes dont h nature & la force font telles , que les dmons fe fou mettent ceux 5, qui les prononcent i mais fi on le nomme
,
d'un autre
bruante
,
nom
Dieu
comme Dieu
, ,
de
ces
la
mer
tra-
;',
fiipplantateur
le
noms
:
'
3,
feront fans
vertu
nom
dilfra'l
35
53
juration.
prononcez -le en hbreu , avec tres mots requis , vous oprerez "
les
la
mais aucon-
Le mme Origne
quables
,
dit
,5
II
a des
noms
,
qui
ont natu-
Tellement de la vertu tels que font ceux dont fe fervent les fages parmi les Egyp5j les bracmanes 55 tiens , les mages en Perfe dans l'Inde. Ce qu'on nomme magie , n'eft pas un art vain & chimrique ainfi que
, ,
53
le
prtendent
le
les ftoiciens
& les
picuriens
de Sabaotb , ni celui d'Ado nai , n'ont pas t faits pour des tres crs i mais ils appartiennent une tho,j logie myltrieufe qui fe rapporte au Crani
nom
teur i de quand on j,
.j
vient
la
vertu
de ces
noms
qu'on les pronon" ce flon les rgies , &c. C'tait en prononant des lettres flon
les
arrange
&
A B C
!a
0?f
L P
A B E
T.
2%
de
forait la lune
defcendre fur
terre.
Il
faut pardonner
,
&
d'en avoir
deducere unam.
la
On fait
Enfin
fotifes.
,
lune en terre.
connaiflances
de l'homme
&
de toutes
fes
ABB, ABBAYE.
CEux qui fuient ceux qui
pedables. Peut-tre
le
fe confacrent
le
tems
corrompu
une
\
fi
fainte inftitution.
Aux
en
thrapeutes
juifs
nes
lignifiait
iAiotoi
folitaire
ils
furent bien-
tt corps
dans
l'acception ordifocit de
naire de ce terme.
clut
:
Chaque
moines
fon fuprieur car tout fe fefait la pluralit des voix dans les premiers tems de l'glife. On cherchait rentrer dans la libert
primitive de
la
nature humaine
en chapant
focit de
&
l'efclavage infpa-
Chaque
S5
moines
B B
B B A Y
,
E.
j
ii
appeliez
Ni
tres
ne connaifTait gures que cet ordre, lorfqu'au fixime ficle St. Benoit tablit une
puilfance nouvelle au
On
mont
Calfin.
fes
St.
Gr-
Xv.
II.
goire
le
grand
lui
alfiire
dans
dialogue?
ch. 8.
que
DiEU
les
au mont Calfin feraient fauves. En confquence le pape Urbain II par une bulle de 1092 , dclara l'abb du mont Cafln chef de tous les monaftres du monde. Pafcal Il lui donna le titre ai abb des abbs. Il s'in,
chame-
du royaume de
Sicile
comte
B B E
B B A Y
,
^7
,
prince de la paix
Tous
peu de chofe
s'ils
Je requs , il n'y a pas longtems une lettre d'un de mes correfpondans d'Allemagne la lettre commence par ces mots Les abbs princes de Kemprem , Elvangen , Eudertl lierglefgaden , Viffembourg , 5, Murbach , Prum , Stablo Corvey , & les autres abbs qui ne font pas princes , jouflent enfem ble d'environ neuf cent mille florins de revenu , qui font deux millions cinquante 3, mille livres de votre France au cours de ce ., jour. De l je conclus que Jsus Christ " : n'tait pas fi fon aife qu'eux. m'a,, Monfieur , vous Je lui rpondis font plus pieux j, vouerez que les Franais que les Allemans dans la proportion de quatre & un vingtime l'unit ; car nos feuls- bnfices conGlloriaux de moines, c'eft--dire ceux qui payent des annates jj au pape , fe montent neuf millions de ,j rente , quarante - neuf livres dix fols le marc avec le remde ; ik neuf millions jj font deux millions cinquante mille livres
-,
quatre
qu'il
&
un vingtime.
ne font pas alfez riches & qu'il faudrait qu'ils en eulfent dix " fois davantage.
J'ai
28
Il
,5
A
me
B B
B n A
E.
Mon
ne vous entends point; vous trouvez fans doute avec moi , que neuF millions de votre monnoie font un 55 pour ceux qui font vu de pau55 peu trop vret i & vous fouhaitez qu'ils en ayent 55 je vous fupplie de vouquatre -vingt dix 55 " loir bien m'expliqucr cette nigme. 55 J'eus rhonneur de lui rpondre fur le champ. ,5 Mon cher monfieur , il y avait auun jeune homme qui on propo55 trefois
je
!
cher moniieur
55 55
55
55
fait d'poufer une Femme de foixante ans, qui lui donnerait tout fon bien par teftament: il rpondit, qu'elle n'tait pas aflez vieille. " L'Allemand entendit mon nigme.
Chopin,
ie facra
po
*
</i^
*
^*
Il faut favoir qu'en 1^7^ on propola dans le confeil de Henri III roi de France de faire riger en commandes feculires toutes les abbayes de moines, & de donner les commandes aux officiers de ia cour & de fon arme mais comme il fut depuis excommu:
ni
Se
alfln
Le comte d'rgeiifon miniftre de la guerre, voulut en 17^0 tablir des pendons fur les
bnfices en faveur des chevaliers de l'ordre
mihtaire de
ple
,
St.
,
Louis
plus jufte
plus utile
il
bout.
celfe
Cependant fous
Lotis
de
Denis.
les
, ,
A E B A Y
,
E.
29
le duc de Sulli hugueJaent des bnfices not avait une abbaye. Le pre de Hugues Cap et n'tait riche que par fes abbayes , & on Tappellait Hugues tabb. On donnait des abbayes aux reines pour leurs menus plailirs. Ogine mre de
,
Lou
d'out7'ei;ier
quitta fon
fils
Marie de Laon , pour la donner fa femme Gerberge. Il y a des exemples de tout. Chacun tche de faire feravait t l'abbaye de Ste.
vir les ufages
,
les
innovations
,
les loix
,
an-
ciennes
les
abroges
renouvelles
mitiges
,
chartes
le
ou
,
vraies
l'avenir
,
ou fuppofes
le paf-
prfent
de ce monde ; mais c'eft grande gloire de Dieu. Confultez VApocalypfe de Mliton par l'vque du Bellai.
ABEILLES.
LEs
&
une
le
peuvent paratre fuprieures , en ce qu'elles produifent de leur fub (lance une fubftance utile que de toutes nos fecrtions il n'y en a pas
abeilles
la race
humaine
bonne
rien
mme
Ce
qui ne rende
le
genre humain d-
fagrable.
dans
les
effains
qui
fortenc de la ruche
c'eft qu'ils
font beaucoup
go
plus
Abeilles.
doux que nos
,
cnCtits qui furtent dil Les jeunes abeilles alors ne piquent perfonne du moins rarement & dans des cas extraordinaires. Elles fe laiifent prendre on les porte la main nue paifiblement dans la ruche qui leur eil deltine ; mais ds qu'elles ont appris dans leur nouvelle mailbn connatre leurs intrts , elles deviennent
collge.
femblables nous
elles
font la guerre.
J'ai
vu
fix
dans un pr voifin couvert qui leur convenaient. On vint faucher le pr , elles fortirent en fureur de fondirent fur les faucheurs qui leur la ruche volaient leur bien , & les mirent en fuite.
mois
travailler
de
fleurs
Je ne
fais
pas qui
a dit le
roi.
premier
que
les abeilles
avaient
un
Ce
bablement un rpublicain qui cette ide vint dans la tte. Je ne fiis pas qui leur donna ni qui cnfuite une reine au lieu d'un roi fuppofa le premier que cette reine tait une
,
ferrail prodigieux qui l'amour & faire fes couches , qui pondait & logeait environ quarante mille ufs par an. On a t plus loin; on a prtendu qu'elle pondait trois efpces
,
un
fa vie
jfire
diifrentes, des
hoiirtlo)is
,
reines
des efclavcs
nomms
ouvri-
(Se
des fervantes
nommes
res
ce qui
n'elt
Abeilles.
On
a cru qu'un phyficien
, ,
31
d'ailleurs
grand
obCervateur
inventa
,
il
y a quelques annes
Epyptiens
,
ne concli-
mat
&
de celui d'Egypte
,
on a
dit encor
le
que ce
phyficien
inventa de
mme
,
royaume des
trois efpces.
abeilles fous
une reine
;
mre de
Plufieurs
cette
naturaliftes
avaient dj rpt
il eft venu un homme qui de fix cent ruches a cru mieux examiner fon bien que ceux qui n'ayant point d'abeilles ont copi des volumes fur cette rpublique indiiftrieufe qu'on ne con-
invention
tant
polTeifeur
nait
gures
Cet
homme
eft
de rien , qui crit trs fimplement mais qui recueille comme moi du miel & de la cire. Il a de meilleurs yeux que moi il en fait plus que Mr. le prieur de Jonval , que Mr. le comte du Spe&acle de la tmture j il a examin fes abeilles pendant vingt annes j il nous affure qu'on s'eft moqu de nous , & qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce qu'on a rpt dans tant de
,
&
livres.
Il prtend qu'en effet il y a dans chaque ruche une eipece de roi & de reine qui perptuent cette race royale & qui prfident aux ouvrages ; il les a vus , il les a dciins , & il renvoy aux niilk une nuits , & Vhif-
ja
Abeilles.
prtendue reine
Il
y a enfuite la race des bourdons qui aucune relation avec la premire & enfin la grande famille des abeilles ouvrires qui font mles & femelles & qui forment le corps de la rpublique. Les abeilles femelles dpofent leurs ufs dans les cellules qu'elles ont formes. Comment en effet la reine feule pouraitelle pondre & loger quarante mille ufs l'un
n'a
, ,
Le fyltme le plus (impie eft prefque toujours le vritable. Cependant , j'ai fouvent cherch ce roi ik cette reine & je n'ai jamais eu le bonheur de les voir. Quelaprs l'autre ?
,
la reine entoure de
elle
&
fes
fuivantes
fait
fur
fon
bras
;
Je
j'ai
n'ai
point
cette
exprience
les
port
dans
ma main
la
Il
abeilles
eflain
qui forraient de
foi
la
rputation qu'ont
,
mchantes
entiers
<Sc
tent des
eflains
&
j
fe
&
cette reine
ne
fuifent
choie
qu'une ou deux
abeilles
Abeilles;
la
'^^
des autres. Il faut bien que lorC vont butiner les fleurs, il y en aie quelques-unes de plus diligentes; mais qu'il y ait une vraie royaut , une cour , une police , c'eft ce qui me parait plus que douteux. Plufieurs efpces d'animaux s'attroupent & vivent enfemble. On a compar les bliers les taureaux , des rois , parce qu'il y a fouvent un de ces animaux qui marche le premier : cette prminence a frapp les yeux. On a oubli que trs fou vent aull le blier '& les taureaux marchent les derniers.
tte
qu'elles
quelque apparence d'une royaut cour , c'&ft dans un coq ; il appelle fes poules , il lailfe tomber pour elles le grain qu'il a dans fon bec , il les dfend , il les conduit ; il ne fouifre pas qu'un autre roi partage fdn petit tat ; il ne s'loigne jamais de fon ferrail. Voil une image de la vrai royaut ; elle eft plus vidente dans une baffecour que dans une ruche.
S'il eft
&
d'une
On
trouve dans
,
Salomon
qu'i/
plus petites de la
les Proverbes attribus a a quatre chofes qui font les terre , qui font plus f ges
que les figes j les fourmis , petit peuple qui fs prpare une nourriture pendant la moijfon i le
livre
,
la fauterelle
peuple faible qui couche fur des pierres $ qui n'ayant pas des rois , voyage ,
i
par troupes
le
lzard
qui
travaille
les
de fes
'
J4
les
Abeille
des livres
-,
s.
J'ignore pourquoi Salomon a oubli les abeilqui paraiient avoir un inlHncl bien fup,
rieur celui
qui ne couchent
,
point fur
re
le
la
pierre
&
des lzards
dont j'igno-
gnie.
Au
une
abeille
On
clore
, vient de faire dans une ruche o il eft tranfport lorfqu'il eft en forme de vermiiTeau. Il crot , il fe dvclope dans ce nouveau berceau qui devient fa patrie ; il n'en
un couvain
fort
que pour
craint
aller
on
ne
point
de
perdre
comme on
perd fouvent des eifains lorfqu'ils font chaffs de la mre ruche. Si cette mthode peut devenir d'une excution aife, elle fera trs Mais dans le gouvernement des aniutile. niaux domeftiques comme dans la culture des fruits , il y a mille inventions plus ingnieufes que profitables.
tre facile
pour
commun.
De
ries
defcriptions
tout tems les abeilles ont fourni des comparaifons , des allgo, des
fables la pofie. La fameufe fable , des des abeilles de Mandeville fit un grand bruit en Angleterre j en voici un petit prcis.
Les
abeilles
autrefois
;
Et
leurs
Abeilles.
Les rendirent fortunes.
Dans
Mais
Ils
les
ruches fe gliffrent.
travaillrent
;
Ces bourdons ne
ils
firent des
fermons.
nous en partage
Votre
Les
cire
&
votre miel.
abeilles
Sentirent
bientt
fortes
faim;
Les plus
en moururent*
effain
Le
roi d'un
nouvel
la
Les fecourut a
fin.
Tous
ils
les
efprits s'clairrent ;
;
Et
les
abeilles profprent.
Maneville va bien plus loin ; il prtend que les abeilles ne peuvent vivre l'aife dans une grande & puiffante ruche fans beaucoup de vices. Nul royaume, nul tat, dit-il, ne peuvent fleurir fans vices. Otez la vanit aux grandes dames plus de belles manufac:
tures de foye
en mille genres
tion
eft
une grande
la
;
partie de la na-
rduite
gocions l'avarice
les flottes
Anglaifes feront
ij
, , ,
i
ananties.
Abeilles,
Dpouillez
;
les arti'les
de l'envie
l'mulation celle
&
dans
Il
la groliret.
s'emporte jufqu' dire , que les crimes font utiles en ce qu'ils lervent taUn voleur de blir une bonne lgiflation. grand -chemin fait gagner beaucoup d'argent celui qui le dnonce , ceux qui l'arrtent au gelier qui le garde , au juge qui le condamne , & au bourreau qui l'excute. Enfin
mmes
s'il
les
feriuriers
mouraient de faim.
Il eft
trs vrai
que
la focict
les vices
j
bien gouver-
ne
de tous
bonheur du monde. On fait de trs bons remdes avec des poifons , mais ce ne font pas lespoifons qui nous font vivre. En rduifant
ainl la fable des
elle
abeilles
fa jufte valeur
pourait
devenir
un ouvrage de morale
utile.
ABRAHAM.
NOus ne devons rien divin dans
dire de ce qui eft
,
Abraham puifque l'Ecriture a tout dit. Nous ne devons mme toucher que d'une main refpedlueufe ce qui appar-
Abraham.
tient
5^
la
au prophane
,
ce
qui tient
,
go,
graphie
'Vordre
;
des
tems
,
aux murs
aux
ufiiges
ces
murs
tant
la
3is l'hiftoire
ce ibnt des
ruilTeaux
quelque chofe de
fait
quoique n vers l'Euphrate, Abraham une grande poque pour les Occiden,
,
taux taux
&
n'en fait point une pour les Orienchez lefquels il ett pourtant aul reC-
eft
Nous difputons
,
furtout ce qui
le
Jourdain,
d'hui
les
&
,
Nil
&
l'Euphrate
ham
fa
55
Notre grande poque tant celle d'Ahradiffrons de foixante annes fur , nous naiffance. Voici le compte : Thar vcut foixante & dix 'ans , & Genfe engendra Abram Nacor & Aran. v'* ^^^ Thar ayant vcu deux cent cinq Y' 5, Et
,
ans
^^'
:
^^*
3,
tre pays
de votre famille
,
de votre pre
&
Sortez de vo- Gen. ch, de la maifon xii.^. i, venez dans la terre que
,
iij
9g
Abraham.
;
je
II parait d'abord vident par le texte , que Thar ayant eu Abraham foixante & dix ans , tant mort deux cent cinq j (Se Abraham tant forti de la Calde immdiatement il aprs la mort de fon pre avait jurte cent trente -cinq ans , lorfqu'il quitta fon Et c'elT; -peu -prs le fentiment de Aft. des pays. Apt. ch. St. Etienne dans fon difcours aux Juifs j mais vn. la Genfe dit : Gen. ch. Abram avait foixante & quinze ans , ^"'^4 lorfqu'il fortit de Haran.
,
'
C'eit
l'ge
di'
le
fujet de
j
la
Abraham
car
y en
a beaucoup
d'autres.
Comment Abraham
i*
tait-il la fois
g de cent trente-cinq annes , & feulement St. Jrme Se St. Aude foixante & quinze
giiftin
difent
que
cette
difficult
.efl:
inexpli-
cable.
Calmet , qui avoue que ces deux faints n'ont pu rfoudre ce problme , croit dnouer aifment le nud . en difant qu'^braham tait le cadet des enfans de Thar ^ quoique la Genfe le nomme le premier par confquent l'an.
Dom
&
La Genfe
foixante
&
le
Calmet
fait natre Abraham dans Isi dixime anne de fon pre ; 6c fait natre dans la cent trentime.
Une
telle conciliation
a t
un nouveau
texte
fujet
de querelle.
Dans
l'incertitude
le
&
le
corn-
Abraham.
njciitaire
391
nous
lailTent, le meilleur
parti eft
d'adorer fans
Il
difputer.
tems qui
rri
,
n'y a point d'poques dans ces anciens n'ait produit une multitude d'opi-
nions diirentes.
fbixante
Nous avions
luivant o^
&
DicU mme. Depuis Morri il s'elt 'ev cinq nouvelles manires de concilier les textes de l'Ecriture i ainl voil autant de difputes fur Abraham , qu'on lui attribue d'annes dans le texte quand il fortit de Hjran. Et de ces foixante & quinze fyllmes il n'y en a pas un qui nous apprenne au jufte ce que c'eit que cette ville , ou ce village de Haran ni en quel endroit elle tait. Qiiel eft le fil qui nous conduira dans ce labyrinthe de querelles depuis le premier verfet julqu'au dernier La rilgnation. L'Efprit Paint n'a voulu nous apprendre ni k cronologie , ni la phyfique , ni la logique j il a voulu taire de nous des hommes craignant Dieu. Ne pouvant rien comprendre , nous ne pouvons tre que fournis.
fur rhiftoire dicte par
,
';'
Il ell
galement
,
difficile
de bien expliquer
,
comment Sara femme '/lhraljam tait aull fa fur. Abraham dit pofitivement au roi de
fa
Grar par qui Sara avait t enleve pour grande beaut l'ge de quatre-vingt-dix
,
ans
Elle
eft
vritable9
snent
ma [mir
tant
fille
de
mon pre
iiij
vaii
q.0
Abraham.
ma
vire
,
fWHpas e
^ j'en
ai fait
ma femme.
fur de fon mari. Dom jugement & la fagacir font connus de tout le monde , dit qu'elle pou-
comment Sara
Calmet
,
tait
dont
le
probablement un incefte non plus que chez les Perfes leurs voifins. Les murs changent flon les tems , & flon les lieux. On peut fuppofer {\}x' Abraham fils de Tl^' idoltre , tait encor idoltre quand il cpoufi Sara , foit
n'tait point
Ce
chez
les
Caldcns
qu'elle ft fa
fur
moins
Sara
:
Abraham
Aijfi'tot
d'avoir
dit
en
Egypte
vue , vous prendront : dites donc , ils me tueront , je vous prie , que vous tes ma fur , aji}t que mon ame vive par votre grce. Elle n'avajc alors que foixante & cinq ans. Ainfi puifque vingt- cinq ans aprs elle eut un roi de Grar pour amant , elle pouvait bien avec vingt- cinq ans de moins infpirer quelque paffion au pharaon d'Egypte. En etFct ce pharaon l'enleva , de mme qu'elle fut enleve depuis par Abimelec roi de Grar , dans
que
les
le dfert.
Abraham
Pharaon
nes
,
reut en prcfent
,
la
cour de
,
de
brebis
d',
de chvaux d
A
fei'viteurs
R A H A
M.
41
de fervcintes. Ces pr feus , qui font confidrables , prouvent que les Fh:u raons taient dj d'aiez grands rois. Le pays
pour y travaux immenfes , faire couler dans une multitude de canaux les eaux du Nil , qui inondaient l'Egypte tous les ans , pendant' quatre ou cinq mois & qui croupilfaient enfuite fur la
pour rendre
des
la
contre habitable
il
villes
avait
falu
des
terre
il
au moins au-deffus de ces canaux. Des tra* vaux f confidrables femblaient demander
quelques
Il
lcles.
le
n'y a gures que quatre cent ans entro dluge le tems o nous plaons le
&
Ce les Egyptiens. peuple devait tre bien ingnieux & d'un travail bien infatigable pour avoir , en l peu de tenis , invent les arts & toutes les fciences j dompt le Nil , & chang toute la
voyage d'Abraham chez
face
plulieurs
grandes pyramides taient dj bties , puifqu'on voit , quelque tems aprs , que l'art d'embaumer les morts tait perfedionn j les pyramides n'taient que les tombeaux o l'on dpofait les corps des princes avec les
&
L'opinion de cette grande anciennet des pyramides eft d'autant plus vraifemblable
42
que
trois
Abraham.
cent ans auparavant
aprs
bti
,
c'eft--dire,
cent annes
l'poque du
dluge
les
Aliatiques avaient
cieux.
dans
les
plaines de
Sennaar une tour , qui devait aller jufqu'aux St. Jrme , dans l'on commentaire fur Ifae , dit que cette tour avait dj quatre mille pas de hauteur , lorfque Dieu deC cendit pour dtruire cet ouvrage. Suppofons que ces pas foyent feulement de deux pieds & demi de roi , cela fuit dix mille pieds ; par confquent la tour de Babel tait vingt fois plus haute que les pyramides d'Egypte, qui n'ont qu'environ cinq cent pieds. Oi" quelle prodigieufe quantit d'inftrumens n'avait pas t nceffaire pour lever un tel dince Tous les arts devaient y avoir concouru en foule. Les commentateurs en concluent que les hommes de ce tems - l taient incomparablement plus grands, plus forts, plus indurtrieux que nos nations modernes. C'eft-l ce que l'on peut remarquer propos Ci Abraham , touchant les arts & les fciences.
!
l'gard de
fa
perfonne
le
il
eft
vraifem-
un homme
confidcrable.
Les
Perfms
les
Caldens
revendiquaient. L'an
cienne religion des mages l'appellait de tems immmorial, Kish-Ibralwi , Milat- Ibrahim, Et l'on convient que le mot Ibrahim eft pr-
Abraham.
cment les voyelles que de changer &; Va en i dans la prononciation.
,
4.5
l'i
en a ,
On
Brama
a prtendu
mme
,
des Indiens
dont
venue aux peuples de l'Euplirate qui commeraient de tems immmorial dans l'Inde.
teur de
Les Arabes le regardaient comme le fondala Mecque. Mahomet dans fon Koraii voit toujours en lui le plus rerpedable de fes prdcefleurs. Voici comme il en parle au
troifime fura
ni juif
i
ou
chapitre.
j //
Abraham
iCta
un miifulman or^ thodoxe i il 11 tait point du nombre de ceux qui donnent des conitpagnons Dieu.
ni chrtien
tait
La
tmrit de refprit
' Abraham,
,
humain
a t poulTe
defcendans
poftrieurs
trangers
Ils
has & mprifs de leurs voifins. , voulurent, dit on , fe donner quelque relief en fe faifant pafler pour les defcendans i Abraham rvr dans une grande partie de 'Afe. La fol que nous devons aux livres facrs des Juifs
,
Des
critiques
objedions fur
fes vidoircs.
le
& fur
44
gypte
lon
, ,
E
lui
:
R A
H A
les
M.
fa fortie d'E-^
Le Seigneur
apparut aprs
Jettez
&
lui dit
,
l'orient
le
midi '^
l'occidtiit
Gen.
cil.
dojine
xuu
^
^
ejl
je vous
votre poJi~
* 5
^. rite jiifqn la fin des Jtcles , in fempiternum, /7 tout jamais , tout le pays que vous voyez. Le Seigneur , par un fcond ferment , lui
Ib.ch.xv.
ir. i8.
ce
qui
depuis
le
Nil
les Juifs
pu
leur
que
Ibid.
ces promefles>
fera auf
nompeut
breufe que
co-mpter
la
poufre de la terre.
,
Si on
on poura
Nos
critiques inllftent
la
&
furfoce de la terre
quatre cent mille Juifs , quoiqu'ils ayent toule mariage comme un devoir
&
ait t la
population.
fubditue^
breufe.
Il
rpond ces difficults , que l'glife, la fynagogue, eft la vritable race ' Abraham i & qu'en effet elle eft trs nomeft
On
vrai
qu'elle
ne poflede pas
ia
Pa-
A
leftine
;
B
elle
R A H A H.
peut
dj
45"
la polTder un jour conquiie du tems du pape Urbain II-, dans la premire croifade. En un mot , quand on regarde avec les yeux
mais
comme
elle
l'a
de
la foi l'ancien
,
Teftament
eft
comme une
,
figure
,
du nouveau
tout
accompli
ou
le fera
&
la faible
On fait encor des difficults fur la vidoire ^idhraham on dit qu'il n'eft pas concevable qu'un tranger qui venait faire patre fes troupeaux vers Sodome , ait battu avec trois cent dix-huit gardeurs de bufs & de moutons jin roi de Perfe , im roi de Poyit , le roi
,
ait
le roi des nations , & qu'il les de Babilone , pourfuivis jufqu' Damas , qui eft plus
Cependant une telle victoire n'eft point imen voit des exemples dans ces j on tems hroques le bras de Dieu n'tait poinc
i
raccourci.
trois cent
Voyez Gdon
lampes
,
hommes arms
Voyez
dfait
une arme
entire.
Les hiftoires prophanes fournilTent mme de pareils exemples. Trois cent Spartiates arrtrent l'arme de Xerxs au pas des Termopiles.
Il eft
,
qui s'enfuit
ils
roi Lionidas
4^
faire
Abraham.
pendre
,
une ftatuc
encor que ces trois Lacdcmonicns qui gardaient un paflage cent efcarp o deux hommes pouv-aicnt peine
qu'il
mcriniit.
cil vrui
gravir
la fois
une
ar-
nite de dix mille Grecs dilhibus dans des poftes avantageux , au milieu des rochers
d'Olfa
&
de Plion
qu'il
&
il
y en Termopiles mmes.
marquer
aux
Ces quatre mille prirent aprs avoir longtems combattu. On peut dire qu'tant dans un endroit moins inexpugnable que celui des
cent Spartiates , ils y acquirent encor plus de gloire , en fe dfendant plus dcouvert contre l'arme Perfannc qui les tailla tous en pices. Aulli dans le monument rig detrois
puis fur
le
champ de
bataille
-,
on
fit
mention
de ces quatre mille victimes & l'on ne parle aujourd hui que des trois cent.
Une
action plus
mmorable encor
moins clbre,
eft celle
en 13 15. qui mirent en droute Morgate toute l'arme de l'archiduc Lopold d' Autriche , com-
pofe de vingt mille hommes. Ils renveifcrent feuls la cavalerie coups de pierres du haut donnrent le tems quatorze d'un rocher ; cent Helvtiens de trois petits cantons de
&
venir achever
la
Abraham.
,
47
que celle des Termopilcs puifqu'il cfi; plus beau de vaincre que d'tre vaincu. Les Grecs taient au nombre de dix mille bien arms ;
impoinble qu'ils euflent affaire un pays montagneux. Il eft plus que probable qu'il n'y eut pas trente mille Ferfes qui combattirent. Mais ici quatorze cent Suiies dfont une arme de vingt mille hommes. La proportion du petit: nombre au grand augmente encor la proportion de la gloire. O nous a conduits
il
&
tait
Abraham ?
Ces digreions amufent
Se quelquefois celui
qui
les
lit.
Tout
les
le
monde
d'ailleurs cft
gros ba-
ABUS.
Vice
les
toutes
toutes les
inftitutions des
hommes
le dtail
dans aucune bibliothque. Les abus gouvernent les tats. Maximus ile rft qui minhnis urgetiir. On. peut dire aux Chinois , aux Japonois , aux Anglais , Votre gouvernement fourmille d'abus que vous ne corrigez point. Les Chinois rpondront , nouy fubfiftons en corps de peuple depuis cinq mille
4S
Appel
la
d'
a b u
s.
ans, & nous femmes aujourd'hui peut-tre la nation de la terre la moins iiitbrtiince , parce
plus tranquille.
Le
]d~
L'Anglais
&
aHez
ans perfectionnerons - nous nos ufages. Le grand fecret cd d'tre cncor mieux que les autres avec des abus normes. Nous ne parlerons icn que de Vtj>pel corn-
me
d'abus.
C'eft
une
erreur
de
penfer
qiie
,
matre
pierre e Qugnires
chevalier es loix
,
avocat
du
roi
au parlement de Paris
ait appelle
com-
me
La
d'abus en 1330, fous Philippe de Valois. formule d'appel comme d'abus ne fut inla fin
fit
Pierre Cuguires
ce qu'il put
mer
dont
l'abus
les
des
parlemeiis
les
j
&
tous
gnaient
mais
Le
des
moins
fe plaindre
des tyrans
toute juftice
tiques
ignorans
\
&
ils
regardaient
ecclfiaf*
lire
comme
le
&
crire.
Enfin
roi
,
Appel
d'
a b u
45
parlement , comme le dit Pafquier i le roi s'afdes pairs , des fit fur fon trne , entour hauts - barons , & des grands - officiers qui compofaient ion confeil. Vingt vques comparurent ; les feigneurs complaignans apportrent leurs mmoires. L'archevque de Sens & l'vque d'Autun Il n'eil point dit parlrent pour le clerg. quel fut l'orateur du parlement & des feigneurs. Il parat vraifemblable que le diC cours de l'avocat du roi fut un rfum des
allgations des
qu'il et parl
feigneurs
&
deux parties. Il fe peut aul pour le parlement & pour les que ce ft le chancelier qui
rfuma
les
& d'autre.
Quoi
&
en foit, voici les plaintes des barons du parlement rdiges par Pierre Cugnires.
qu'il
I^. Lorfqu'un laque ajournait devant le juge royal ou feigneurial un clerc qui n'tait pas mme tonfur , mais feulement gradu , l'official figninait aux juges de ne point patfer outre , fous peine d'excommunication
&
les
d'amende.
II"^.
La
iurifdiclion
ecclfiaftique forait
comparatre devant elle dans toutes leurs conteltations avec les clercs pour
laques de
fuccelion
,
prt d'argent
&
en toute ma
,tiere civile.
8c
mmes
p r E L
d'
A B u
s.
IV. Ils excommuniaient ceux qui ne ( le payaient pas leurs dettes aux clercs juge laque ne les contraignait pas de payer ?
-,
&
excommuniaient le juge. V. Lorfque le juge fculier avait faifi un voleur il falait qu'il remit au juge ecclfiaitique les effets vols , finon il tait cxcomils
,
niuni.
VI^.
nir fon
Un excommuni
ne
pouvait obte-
une amende
arbitraire.
&
VIP. Les officiaux dnonaient tout laboureur & manuvre , qu'il ferait damn priv de la fpulture , s'il travaillait pour
un excommuni. VIII^. Les mmes officiaux
s'arrogeaient de
dans
les
domaines
mme
du
roi
IX".
fa
un nouveau mari
femme.
la libert
X. Ils s'emparaient de tous les teftamens. XI. Ils dclaraient damn tout mort qui
""avait
point
il
fait
de teftament
laiif
parce qu'eiv
i
ce cas
n'avait rien
l'glifc
&
pour
lui lailfer
du moins
fefaient
les
honneurs de
l'enterre-
ment
ils
en fon
-
nom un
teftament
fx griefs
peu - pri
Fime
Roger
archevque
de Sens, prit
Appel
,
d'
a b u
s.
yi
ilivammdnt la parole c'tait un homme qui paiFait pour un vafte gnie , & qui fut depuis pape fous le nom de Clment VI. Il protefta d'abord qu'il ne parlait point pour tre jug , mais pour juger fes adverfaires , & pour inllruire le roi de fon devoir. Il dit que JSUS -Christ tant Dieu & homme avait eu le pouvoir temporel & fpirituel ; & que par confquent les miniftres
de rglife qui
Voici
lui avaient
les
juges ns de tous
hommes
comme
il
s'exprima.
- lui largement
fa
Rvre
gent duement
le fien
Rends-lui
entirement.
Ces rimes
berts
firent
un
de
l'glife
Gallicane. )
Pierye Bertrandi vque d'Autun entra dans de plus grands dtails. Il aifura que l'excommunication n'tant jamais lance que pour un pch mortel , le coupable devait faire pnitence , & que la meilleure pnitence
tait de
donner de l'argent
les les
l'glife.
Il
re-
prfenta que
royaux ou feigneu-
Dij
*^^
i'
I)'
A B U
S.
Mais on pouvait
oViliger les baillifs
lire les
repondre , qu'il Eilait prvts du royaun'ic dcrctalcs pour ne jamais les iliivre.
lui
&
les
rien
mnager
pape n dans fon royaume , figeant dans ennemi mortel de l'empereur , & La politique dans tous Loiis de Bavire. les tcms conferva les abus dont fe plaignait la jultice. Il refta feulement dans le parlement une mmoire ineffaable du difcours de Pierre Cugnires. Ce tribunal s'affermit dans l'ufige o il tait dj de s'oppofer aux pr-
Avignon
tentions
&
-peu
cette
procdure
tut
appelle
Appel
comme cVahm.
Enfin tous les parlemens du royaume fc font accords laiffer l'glife fa difcipline, juger tous les hommes indiftindemen&
&
fuivant
les loix
de
l'tat
en confervant
les
comme
les
converfations
des
ides
lire
nous
rarement
prcifes.
commun que
de
&
de cou-
jrerfcr inutilement.
^
Il
D E
ici
O T
sr
f^
re-
faut rcpctcr
,
ce
point
malade ; Ton mdecin apprend qu'il y a dans elle une humeur? lui peccante , des impurets , des obftrudions des vapeurs & lui prefcrit une drogue qui purifiera Ton fang. Qiielle ide nette peuvent donner tous ces mots La malade & les parens qui coutent ne les comprennent pas plus que le mdecin. Autrefois on ordonnait une dcoclion .de plantes chaudes ou froides au fcond au troilime degr.
elle eft
,
'^
Un
nel
,
jurifconfulte
dans fon
iiiftitut
crimi-
annonce que l'inobfcrvation des ftes dimanches eft un crime de lze - majeft divine au fcond chef. Majej divine donne d'abord l'ide du plus norme des crimes , & du chtiment le plus affreux j de quoi
s'agit -
&
Dans
la
libert
un
argumentant entend prefque toujours une chofe , & fon adversaire une autre. Un
troilime furvient qui n'entend
ni
le
pre-
mier
ni
le
fcond
&
qui
n'en
eft
pas
entendu.
Dans
la
t.te
les difputes
fur la libert
,
l'un a dans
la puiffauce d'agir
l'autre la puiffaiice
iij
, ,
f4
ils
D E
O T
de vouloir , le dernier le defir d'excuter i courent tous trois cliacun dans fon cercle , & ne fe rencontrent jamais. Il en eft de mme dans les querelles fur Qui peut comprendre fa nature , la grce. oprations , & la fulfifante qui ne fuffit fes pas , & l'efficace laquelle on rlilte ? On a prononc deux mille ans les mots de forme fubftantielle fans en avoir la moindre notion. On y a fubftitu les natures
plaftiques
fans
rien gagner.
il
Un
crie le
prenez droite
lui
la droite 8i fc
!
Eh malheureux
noy i je ne
mienne.
eft
Le monde mule
,
Comment un Norvgien
couvrira-t-il
en
que
c'elt
&
le roi
tems que les fragmens de Ttrone grand bruit dans la littrature , Meihom'ms grand lavant de Lubec lit dans luic lettre imprime d'un autre favant de Bologne i Nous avons ici un Ptrone entier
fefaient
,
Dans
ie
l'ai
vu de mes yeux
hic
,
&
avec admiration
,
itiabemiis
Fetroniiim integriira
tion fine i^dminuions.
quem
.
vidi
nieis ociilis
Auii-tt
^^
,
part pour
le
l'Italie
court Bologne
,
va
trouver
bibliothcaire Capponi
lui
deman-
qu'on ait Bologne le P^ Capponi lui rpond que c'e(t une cliofe ds longtems publique. Puis-j voir ce Ftrone ? Ayez la bont de me le montrer. Rien n'eft plus aif , dit Capponi, Il le mne l'glife o repofe le corps de
de
s'il
eft vrai
troue entier.
5"/.
Vtrone.
Meibomius prend
la
pofte
&
s'enfuit.
un abb guerrier, pour Vdihh, Martial^ cent hiiloriens Ibnt tombs dans de plus grandes mprifes. Le jfuite d'Orlans dans fes Rvo~ huions d'Angleterre , mettait indiifremment Northtantpton & Southampton , ne fe trompant que du nord au fud.
Si le jfuite Daniel a pris
,
viartialem abbatem
Des termes mtaphoriques pris au fens propre , ont dcid quelquefois de l'opinion de vingt nations. On connat la mtaphore d'faie comment es - /// tombe du ciel toile de lumire qui te levais le matin ? On s'imagina
,
que
me
au diable. Et commot hbreu qui rpond l'toile de Vnus a t traduit par le mot Lucifer en
ce difcours s'adreflait
le
,
latin
le
l s'eil
tou-
On s'effc fort moqu de la carte du tendre de madlle Scudri. Les amans s'embarquent fur le fleuve de tendre , on dne ten-
iiij
^6"
A
,
ir
s
,
D E
O T
s.'
nation
on foupc tendre fur inclion couche tendre fur dfir le lendemain on fe trouve tendre fur paillon Se
dre fur ellinie
; ,
des
Horatins
Cods
&
des
Romains
voyagent j mais cette carte gographique montre au moins que l'amour a beaucoup de logcmcns diifrens. Cette ide fait voir que le mme mot ne Cgnifie pas la mme chofe , que la diirence cft prodigieufe entre l'amour de Tarquin & celui de Cladon.
auftres
agreftes qui
&
Le
mots
,
de querelles, Chine. Des millionnaires d'Europe difputent entr'cux violemment fur la fignification de ce mot. La cour de Rome envoy un Franqais nomm Maigrot , qu'elle fait cvque imaginaire d'une province
eft le Kinj-tien
de
la Chine pour juger de ce diffrend. Ce Maigrot ne fait pas un mot de chinois j l'em-
pereur daigne lui faire dire ce qu'il entend par King-tien i Maigrot ne veut pas l'en
croire
,
&
la
fait
condamnex
Rome
l'empe-
eur de
Chine.
point fur cet abus des mots.
,
On
En
ne
tarit
,
hiftoire
en morale
en juiifprudencc
A
Cil
B U
1)
E s
O T
s.
^7
,
gar-
il fit
la fa-
nom
il
mais
il
a des vers
pu
la
Lorfque chez
arms
,
Et
fur
fis
un Dieu
homme au combat
anims
fi
Tu
&
fi
vive &.
longue
ACADMIE.
LEs acadmies l'ge mr
bien parler
liteife eft
ett l'enfance
ce
;
eft la
grammaire
ce
aux premires leons de la civilit. acadmies n'tant point mercenaires , doivent tre abfolument libres. Telles ont t les acadmies d'Italie , telle eft l'acadmie
Les
Franaife
,
&
furtout
la
focit
royale
de
elle-
s'eft
forme
-
mme
re(;ut la vrit
des lettres
patentes
,
de Louis XIII , mais fans aucun falaire par confquent flms aucune fujtion. C'eft ce qui engagea les premiers hommes du royau-
&
me &
,
demander
d'tre
^8'
Acadmie.
illuftre
corps.
La
focict
mme
,
avantage.
Le
membre
de
-
l'aca-
tlmie Fiancaife
fcs confrres
les devifes
les btimens publics. Cette dont furent enfuite Racine & Boilean devint bientt une acadmie part. On peut dater mme de l'anne 1663 l'tablilfement de cette acadmie des infcriptions
pour
petite aflemble
,
nomme
aujourd'hui ^ks belles-lettres , & celle de l'acadmie des fciences de 1667. Ce font deux tabliifcmens qu'on doit au mme miniltre qui conribua en tant de genres h fplendeur du ficcle de Loi's XIV.
Lorfqu'aprs
hert
la mort de Jean - Butijle Coldu marquis de Louvois le comte
,
&
celle
de Fontchartrain fecrtaire d'tat eut le dpartement de Paris , il chargea l'abb Bignon fon neveu de gouverner les nouvelles acadmies.
On
&
,
tribution
mandaient du
dfagrablement
,
des places
&
encor plus dfagrable & fup prim depuis. L'acadmie des belles - lettres fut mife fur
Acadmie.
Se la
5-9
diftinction
des penlionncs
&
L'abb Bignon ofa proporer le mme rglement l'acadmie Franaife dont il tait membre. Il fut reu avec une indignation unanime. Les moins opulens de racadmie
premiers rejetter fes offres l'honneur des penfions. L'abb Bignon , qui avec Tintention louable de faire du bien , n'avait pas alTez mnag la nobleife des fentimens de fes confrres , ne remit plus le pied l'acadmie Fran(:aife ; il rgna dans les autres tant que le comte de Fontchartrain fut en place. Il rfurent
les
,
&
prfrer la libert
&
fumait mme les mmoires lus aux fances publiques , quoi qu'il faille l'rudition la plus profonde ik la plus tendue pour rendre compte fur le champ d'une diifertation fur de mathdes points pineux de ghyfique
&
matique
la
&
il
paifa
les
pour un Mcne.
difcours a
ceif
j
ufage de rfumer
Cet mais
dpendance
eft
demeure.
devint fi clbre , que qui tait une efpce de favori, eut obtenu l'tabhflemcnt de fon opra en
lorfque
Ltilli
,
Ce mot
^ acadmie
le crdit de faire infrer dans que c'tait une acadmie royale de miiftqiie '^ que les gentihhommes les de noif elles pour aient y chanter fans droger. H ne fit pas le mme honneur aux danfeurs
,
1672
les
il
eut
patentes
^o
A
;
I
le
t.
& aux
On
t,
daiifcules
ccpeiiJniu
public a
toi,
&
mulique.
des Grecs
figuifiait
de philofophie d'Athnes qui dans un jardin lgu par Acadmiis. Les Italiens furent les premiers qui inftiturent de telles focits aprs la renailTance des lettres. L'acadmie de la Crnfca eft du feizime ficle. Il y en eut enfuite dans toucole
s'airciiiblait
une
Ce
ce
,
titre a t
l'a
qu'on
On
difait
On
ti
appella les
rquitation
lies
&
ces
arts
acadmijes
& non
pas
acad'cinicieus.
'
Le
'ufa^^e
qu'aux gens de
,
lettres des
trois aca,
dmies
la
Franqaile
cell
des inlcriptions.
langue.
&
dcouvertes
&
les tentatives
s'eft
nouvelles.
occupe des
re.-
B B
s,
^r
herches fur les monumens de l'antiquit , 8c depuis quelques annes il en eft forti des
mmoires
C'eft
trs inllrudifs.
un
blique que
membres de
les
ces trois
acad-
mies
les bli
uns les autres dans recueils que ces focits impriment. L'oufe
refpedent
de cette politefTe
groflirete
gures t reproche de nos jours qu' l'abb Foucher de l'acad- Voyez le mie des infcriptions qui s'tant tromp dans Mercure un mmoire fur Zorocijtre , \ oulut appuyer fa de France mprife par des expreiions qui autrefois '"'" P^S' taient trop en ufage dans les coles, & que l^^'^^
n'a
,
Cette
le
mais
le
corps lumepag.
144.
membres.
&
La
focit
le Aotpag,'
titre A'acarlmie.
tum
dilfip
le"^
l'ignorance
,
&
le
les
prjugs de quel-
ques
villes
infpir la politeife
&
chaif au-
tant qu'on
le
peut
pdantifme.
62
M."
ADAM.
a tant parl , tant crit A'Adtvn , de fu feinme, des pr-adamites &c....lcs rabiiis ont dbit llir Adam tant de rveries , il elt i\ plat de lpter ce que les autres ont
ON
,
&
qu'on hazardc ici fur Adam une id neuve du moins elle ne fe trouve dans allez aucun ancien auteur , dans aucun pre de l'glife ni dans aucun prdicateur ou thologien ou critique ou fcholiafte de ma condit
, , ,
nalifancc.
C'etl:
gard fur
livres
Adam
except en
juifs
profond fecret qui a t dans toute la terre habitable, Palelline jufqu'au tems o les
le
,
commencrent
,
tre
dans Alexandrie
grec fous
trs
connus en
un
des Ftolomes,
i
Encor
furent-ils
peu connus
les
;
rares
&
trs
chers
11
Jrufalem furent
en colre contre ceux d'Alexandrie , leur firent tant de reproches d'avoir traduit leur Bib'e en langue prophane
& crirent i haut au Seigneur que les Juifs Alexandrins cachrent leur tradudion autant qu'ils le purent. Elle fut (i fecrette qu'aucun auteur Grec ou Romain n'en parle jufqu'au tems de l'empereur Anrdisn,
Adam.
^3
Or rhiftoiien Jofephe avoue dans fa rponfe Appion , que les Juifs n'avaient eu fongtems aucun commerce avec les autres nations. Nous habitons (dit -il) un pays loign de lu mer j nous ne nous appliquons point au commerce , nous ne communiquons point avec les autres peuples T a-t-il fujet de s'tonner que notre nation habitant (i loin de la
mer
,
ait t fi
peu coiniue f" a^ On den]andera ici comment Jofephe pouvait dii'e que fa nation affelait de ne rien
crire lorfqu'elle avait vingt-
deux
livres cano-
niques
fans compter le
petits
Targum
d'Onkelos,
Mais
il
faut confidrer
mes
trs
comparaifon de la multitude des livres con fervs dans la bibliothque d'Alexandrie , dont la moiti fut brle dans la guerre de
Cfar.
Il eft
crit
trs
peu
lu
qu'ils taient
,
ignorans en aftronomie
profondment en gomtrie , en
,
puif-
empire; des Egyptiens , puifquils firent tout le commerce d'Alexandrie des Romains , puifqu'ils avaient des fynagogues
difpsrfs dans leur
;
Rome
mais
tu.nr
, ils
Ils
en ne
mangeaient point avec les trangers , niqurent Isurs livres que trs tard.
& ne
commu-
64-
A
,
A
i
M.'
gographie
en phyliqiie
qu'iis
ne
,
lavaieiiu
&
qu'ils
ne commencrent endn s'inlhuire que dans Alexandrie. Leur langue tait un mlange barbare d'ancien phnicien
rompu.
de caldcn cor, & pauvre qu'il leur manquait pluficurs modes dans la conjugaifon de
Elle tait
fi
leurs verbes.
De
plus, ne
pcrfonne fur
ni 'Abel
except eux
,
ni
ni
de
Ccini
connu
ni
des tenis.
Tels font les fecrets de la Providence que pre & la mre du genre -humain furent toujours entirement ignors du genre- humain , au point que les noms d'Adiun Se
le
d'Eve ne
teur
,
ni de la
,
Perfe
trouvent dans aucun anci.en auGrce ni de Rome , ni de l* ni de la Syrie , ni chez les Arabes jufques vers le tcms de Mahomet.
fe
permettre que les titres de la grande famille du monde ne fulfent confervs; que chez la plus petite & la plus malheureuic
partie de la famille.
Comment fe peut -il faire qu'Adam 8c Eve ayent t inconnus tous leurs entans ? Comment ne fe trouvu-t.il ai en Egypte, ni
A
Babiloiie
A
,
Jt.
^f
aucune trace
nos premiers pres ? Linus j ni Tbamiris n'en parlrent ils Car s'ils en avaient dit un mot , ce point mot aurait t relev fans doute par HcJiode , & furtout par Homre , qui parlent de tout , except des auteurs de la race humaine.
ni
i*
Clment d'x\lexandrie qui rapporte tant de tmoignages de l'antiquit , n'aurait pas manqu de citer un paliige dans lequel il aurait t fait mention d'Adam & A'' Eve. Ettfbe , dans fon hijioire imiverfelle , a recherch jufqu'aux tmoignages les plus fuC
pedts
trait
,
il
le
premiers parens. Il eft donc avr qu'ils furent toujours entirement ignors des nations.
chez les bracmanes , Ezonrveidam , le nom iAdimo & celui de Procriti fa femme. Si Adi^ mo reifemble un peu notre Adam , les Indiens rpondent : Nous fommes un grand peuple
On
trouve
la vrit
l'
dans
le
livre intitul
5,
&
que
vers
la
le
Gange
plu-
3)
horde Hbraque 3, fe ft porte vers le Jourdain. Les EgypPerfans , les Arabes venaient 5, tiens , les chercher dans notre pays la fagefl & les 5, piceries , quand les Juifs taient inconnus au refte des hommes. Nous ne pouvons Fremire partie. E
avoi*
5,
Adam.
pris notre Adimo de leur Adam. Notre Procriti ne reflemble point du tout 3, Eve , & d'ailleurs leur hiiloire eft entirement diffrente. 5, ,, De plus le Veidaui , owtV Ezoirveidam eft le commentaire , pafTe chez nous pour
5, 3, j,
5,
5,
nouvelle loi 2e cent ans aprs leur premire loi appel" le Shajla ou Shajla-bad. Telles font -peu prs les rponfes que les
faites
,
que celle Veidam eft encor une donne aux bracmanes quin>
&. ce
aux
de l'aveu
Mo'ife b)
gnrations ni
d'Adam
,
ni ' Eve
ni d'aucun
de leurs defcendans
ni de
No mme.
b) Ce qui fnit penfer plufieurs favans que Sanchoniaton eft antrieur au tems o l'on p'ace Mo/e c'eft qu'il n'en parle point. Il crivait dans Erithe <!ette ville tait voifinc du pays o les
,
Juifs
s'tablirent.
Si
fieur
ou contemporain il n'aurait pas omis les prodiges pouvantables dont Moife inonda l'Egypte;
Adam;
,
sf
Voici les noms des premiers hommes , fui, vant la tradiiclion grecque faite par Fhilon de Biblos. jEon Genos , Phox , Liban , Vfou , Hait eus , Cbrifor , Tecnitei , Agrove , Amin, Ce font -l les dix premires gnrations. Vous ne voyez le nom de No , ni ^Adam
dans aucune des antiques dynafties d'Egypte; ils ne fe trouvent point chez les Caldens en un mot la terre entire a gard fur eux le
(lien ce.
Il faut avouer qu'une telle rticence eft fans exemple. Tous les peuples fe font attribus des origines imaginaires j & aucun n'a touch la vritable. 0\\ ne peut comprendre comment le pre de toutes les nations a t ignor longtems ; fon nom devait avoir vol de bouche en bouche d'un bout du monde
l'autre
flon le
humaines. Humilion-s-nous fous les dcrets de la Providence qui a permis cet oubli ( tonnant. Teut a t niyftrieux & cach dans la nation conduite par Dieu mme qui a prpar la
11
aurait
frement
fa patrie
fait
mettait
cain
,
feu
,
&
fang. Eufbe
les
JuU
Afri-
5;.
Ephrem
tous
pres Grecs
&
Syria-
ques auraient cit un auteur prophane qui rendait tmoignage au lgislateur Hbreu. Eujbe furtout qui reconnat l'auteniicit de Sanchoniaion , qui en a traduit des fragmens , aurait traduit tout ce qui
&
et regard Mofe,
ii
^8
fauvage fur
Adam.
,
voie au chriftianinne
lequel
efl;
&
qui a ct l'olivier
l'olivier
ent
franc.
Les noms des auteurs du genre - humain , ignors du genre -humain, font au rang des
plus grands myllres.
ADORER.
N'Eft-ce
pas
un grand
dfaut
,
dans quel-
ques langues modernes qu'on fe fervc du mme mot envers l'Etre fuprme & une fille ? On fort quelquefois d'un ferrson o le
prdicateur n'a parl que d'adorer
efprit
Dieu en
l'opra
objet
&
,
en
vrit.
De
on court
il
n'eft queftion
que du charmant
j^adore
&
que
des
adore
les
attraits.
les Grecs & les Romains ne tombrent point dans cette prophanation extravagante. Horace ne dit point qu'il adore LaTibiille n'adore point Dlie. Ce terme lag.
Du
moins
mme
Si
d'adoration n'eft pas dans Ptrone. quelque chofe peut excufer notre indcence , c'eil que dans nos opra & dans nos chanfons il eft fouvent parl des Dieux de la fable. Les potes ont dit que leurs Philis
adorables que ces fauifes divinits
taient plus
,
&
Adorer.
FiT--peii
ilon
i^9
cette exfref.
on
s'eft
accoutum
, au point qu'on a trait de mme le Diku de tout l'univers & une chanteufe de l'opra
comique , fans qu'on s'apperqt de ce ridicule. Dtournons-en les yeux , & ne les arrtons que fur l'importance de notre fujct.
II n'y a point de nation civilife qui ne rende un culte public d'adoration Ditu. Il eft vrai qu'on ne force perfonne ni en Afie , ni en Afrique d'aller la mofque , ou au temple du lieu ; on y va de fon bon gr. Cette
affluence aurait
efprits des
pu mme
,
hommes &
doux
Cependant on les a vus quelquefois s'acharner les uns contre les autres dans l'afyle mme confacr la paix. Les
dans
la focit.
zls
falem
Nous
inondrent de fang le temple de Jru, dans lequel ils gorgrent leurs frres avons quelquefois fouill nos gUfes
de carnage.
de la Chine on verra que l'empremier pontife , & combien le culte eft augufte & iimple. Ailleurs il eft fimple ians avoir rien de majeftueux 3 comme chez les rforms de notre Europe , & dans l'Amrique Anglaife. Dans d'autres pays il faut midi des flambeaux de cire qu'on avait en abomination dans les premiers tems. Un couvent de religieufes , qui on voudrait retrancher les
l'article
pereur
eft le
ii]
70
cierges
teinte
,
Adorer.
crierait
Se
que
la
lumire de
finir.
la
foi eft
que
le
monde va
&
la
fche*
Les chants
la
danfe
des crmonies elTentielles aux ftes f'acres de tout rOricnt. Quiconque a lu fait que les anciens Egyptiens faifaient le tour de leurs en danfant. Poinc temples en chantant d'inftitution facerdotale chez les Grecs fans
&
des chants & des danfes. Les Hbreux prirent cette coutume de leurs voilins i David chantait & danfait devant l'arche. St. Matthieu parle d'un cantique chant par Jsus -Christ mme & par les aptres Hmno aprs leurs pques. Ce cantique qui ell parvedifo. St. 11U jufqu' nous , n'eft point mis dans le canon Matth. (jgg livres facrs on en retrouve les , mais ^' Jv' fragmens dans la 237^ lettre de St. Aiigujlin
dit pas
il
Ceretius St. Aiigujiin ne que cette hymne ne fut point chante j il ne n'en rprouve pas les paroles con-
l'vque
damne
les prifcillianiftes
hymne
dans leur vangile , que fur l'intererrone qu'ils en donnaient , & qu'il trouve impie. Voici le cantique tel qu'on le trouve par parcelles dans Angitjiin mme.
prtation
Je veux dlier, Je veux fiuver
,
Adorer.
Je veux engendrtr Je veux chanter
Je veux pleurer
;
^j
&
je
Je veux orner
,&
le
fuis la latnpe
me voyez.
y
,
Je
fuis la
frappez.
Vous
je fais.
J'ai
fe foit leve
il
eft
employ dans
toutes
crmonies
religieufes.
Mahomet
,
Il
Arabes il Teft dans les Indes. ne parait pas qu'il foit en ulage chez les lettrs de la Chine. Les crmonies ont partout quelque relTemblance & quelque diffrentabli chez les
ce
mais on adore Dieu par toute la terre. fans doute ceux qui ne l'adorent pas comme nous , & qui font dans l'erreur foit
;
Malheur
par
als
le
dogme
eft
foit
la
,
l'ombre de
malheur
grand
plus
il
&
les
fup porter.
C'eft
mme une
tous
les
nous
diens
,
que
les
mahomtans
Tartares
ils
les
In.'
un Dieu
adorent
iiij
-y
Adorer.
Leur fatale ignorance de nos myflres fiicrcs ne peut que nous inipircr une tendre compalon pour nos frres qui s'garent. Loin de nous tout efprit de perlecution qui ne
fervirait qu'a
les
rendre
irrconciliables.
Un Ditu unique tant ador fur toute la terre connue , faut -il que ceux qui le reconnaiffent pour leur pre lui donnent toujours le fpedacle de fes enfans qui fe dtellent qui
, ,
s'anathmatifent
nialacrent
j-^ Il n'eft
qui
fe
pourfuivent
qui fe
les
Grecs
i
&
les
rer
fi
les
fylvains
les
driades
les
naades
comme on
ze grands Dieux. Il n'eit pas vraifcmbjable qu' AnthioUs le mignon ' Adrien ft ador par les nouveaux Egyptiens du mme culte que Srnpis i 8c il eft alTez prouv que les anciens Egyptiens n'adoraient pas les oignons & les
,
crocodiles de
la
mme
faon qn'ljs
,
,
&
Ofiris.
On trouve
tout.
Il
l'quivoque partout
elle
confond
faut chaque
il
mot
dire
qu'entendez,
Vous
djiwjfez les
termes. (
Voyez
rurticle Alexandre. )
Romains
il
eft
bien plus vrai qu'il y fut abfolument ignor. St. Jijiin dans fon apologie auli inconnue
Rome que
ce
Simon
dit
que
ce
Dieu
avait
Adorer.
\ine ftatue leve fur le
75
(
Tibre
ou plutt
,
avec
^
Tertidlisn
attellent la
mme
chofe.
Mais
qui l'atteftent-ils ? des gens qui n'avaient jamais vu Rome , des Africains , des A.II0broges , des Syriens , quelques habitans de Sichem. Ils n'avaient certainement pas vu
cette ftatue
, dont l'infcription eft Semo fanco deo fidio , non pas Simoni fau&o deo. Ils devaient au moins confuker Deiiys d'IIa-
&
, dans fon quatrime livre , rapporte cette infcription. Sernafauco tait un ancien mot fabin qui fignifie demi-homme & de-
licarnaie qui
mi-dieu.
Seniojii
Boiia
fanco cenfiiermit coufeo'ajida. Ce Dieu tait un des plus anciens qui fullent rvrs Rome j il fut confacr par Tnrqum le fuperbe
,
&
regard
comme
le
Dieu des
alliances
& &
de
la
bonne
les
foi.
On
lui facrifiait
un buf,
trait
on
crivait fur la
peau de ce
Il
buf le
avait
fait
avec
peuples voiilns.
ojffrandes
le
fou?
un temTantt on le nom du
pre Semo
dius.
tantt fous
nom
dit
C'eft
pourquoi Ovide
nonas fanco
tibi
,
Quenbam
fidio ve referrem
An
Voil
la
Semo
patcr.
divinit
pendant tant de
ficles
74
cieii.
A D O R
Sl
T^.
&
St.
fies dit,
que Siuion
le
magicien lui-mme
Te fit
ordre de l'empereur
Cette
aife
c'-ran:^e fable
&
du
fnat.
dont
la fauflet
tait
recon
laicre
Pin-re ik ce
5"/'-
mo7i av.iienr tous deux comparu devant N~ rofZjqnils s'taient dfis qui reirufciterait
un mort proche parent de Ntrun mme , & qui s'lverait le plus haur dans les airs ; que Simon fe fit enlever par H es diables dans un chariot de feu ; que St. Fiare tk St. Paul le firent tomber des airs par leurs prires , qu'il fe calfa les jambes , qu'il en mourut , & que N}-on irrit ht moule plus .:)rornpLement
rir St.
Paul
&
St. Pierre.
Abdias , Marcel , Hgefype , ont rapport ce conte avec des dtails un peu ditFcrens, Arjiohe , St. Cyrille de Jrufalem , Svre SiiU Philajlre , St. Epiphane pice Ifidore de Damiette , Maxime de Turin , plufieurs autres auteurs ont donn cours fuccefvement cette erreur. Elle a t gnralement adopte jufqu'-ce qu'enfin on ait retrouv dans Rome une ftatue de Semo fancus deiis jidius , & que le favant pre Mabillon ait dterr un de
, ,
ces anciens
monumens
avec
cette
infcrip-
tien
fidio.
Adorer,
, ,
*r^
Cependant il cft certain qu'il y eut un Shnon que les Juifs crurent mai^icien comme il elt certain qu'il y a eu un Apolkmios de Thyane. Il eft vrai encore que ce Simon n dans le petit pays de Samarie ramaiFa quelques gueux auxquels il perfuada qu'il tait envoy de Dieu , & la vertu de Dieu mme. Il batifdit ainli que les aptres batiiuient
,
&
il
autel.
Les Juifs de Samarie toujours ennemis des Juifs de Jrufalem , oferent oppofer ce Simon Jsus -Christ reconnu par les aptres, par les difciples qui tous taient de la tribu de Benjamin ou de celle de Juda. Il barifaic comme eux 5 mais il ajoutait le feu au batme d'eau , & fe difait prdit par St. Jean- Batijle
,
celui
jvjtth,
moi
dmis
eji
il
vous batijera
^. dans le feu. le St. Efp-it SiiuQH allumait par delus le bain baptifmal
ch. 3.
1 1.
une flamme lgre avec du naphte du lac AC phaltide. Son parti fut alfez grand j mais il
eft fort
r.
douteux que
ado-
meles
fauveur des hommes. Tous les faux furtout Barcochehas , prenaient le titre d'envoy de Dieu \ mais Barcochehas luimme n'exigea point d'adoration. On ne divinife gures les hommes de leur vivant ,
,
Dieu &
&
moins que
ces
hommes ne
foienc
des
Aie-
7^
A D O
K;
xandres ou des empereurs P>.omaiiis qui l'ordonnent expreilmenc des cfclaves. Encor n'ell ce pas une adoration proprement dite 5 c'elt une vnration extraordinaire , une apothole anticipe une flatterie auifi ridicule que celles qui font prodigues Ociave par
,
Virgile
&
par Horace.
ADULTRE.
N
latin
,
Ous ne devons
aux Grecs. Ils appellaient l'adultre mikeia dont les Latins ont fait leur tncechus ^ que nous n'avons point francif. Nous ne ni la langue fyriaque ni le devons jargon du fyriaque , qui noml'hbraque mait l'adultre iiiuph. Adultre lignifiait en
,
altration
loie
adultration
lui
,
four
clefs
,
autre
aime de faux
,
faujfes
adulteratio.
lit
d'un aufaul
nomm
adulter
la
comme une
ferrure d'autrui.
nommrent
,
par antiphra-
coucou
le
L. 10.
ch. 9.
un
naturaj
li^e dit
coccix
alienis
ita
Le cou-
Adultre;
cou dpofe
oileaux
les
j
77
Tes
ufs dans
le
Coxis figniBant
un cou-
nous en avons fait cocu. Que de chofes on doit aux Romains mais comme on le cocu , fuialtre le fens de tous les mots vant la bonne grammaire , devrait tre le galant j & c'eft le mari. Voyez la chanfon de
cou
,
!
Sciiron.
a)
Qiielques dodcs ont prtendu que c'eft aux Grecs que nous fommes redevables de
l'emblme des cornes ; & qu'ils dfignaient par le titre de bouc , aix , l'poux d'une fem-
me
lafcive
comme une
fils
chvre.
En
appellaient
canaille appelle fils de piitam. Mais ceux qui veulent s'inftruire fonds doivent favoir que
Un
nos cornes viennent des cornettes des dames. mari qui fe laiflait tromper & gouverner par fon infolente femme , tait rput porteur de cornes , cornu , cornard , par les bons bourgeois. C'eft par cette raifon que
a) Tous
les jours
une chafe
Me
cote un cu
i'aife
,
Pour porter
Votre chien de eu
78
cocu
,
Adultre.
corucird
,
Sifot
taient fynonimes.
ce vers.
Dans
elle
je
vous
aflure.
Et dans V Ecole
Epoufer une
Biiutrii
les
des
femmes
fotte eft
for.
qui avait beaucoup d'efprit difait Bautrus font cocus , mais ils ne font
La bonne compagnie ne
ces
vilains
le
fe fert
plus de tous
jamais
lleur
le
&
Madame
la
ducheife
elt
chevalier.
Madame
On
elles
lui.
madame
,
la
marquife.
Quand
les
dames
,
j'avoue que
j'ai
du got pour
avouaient autrefois qu'elles len talent quelque eftime j mais depuis qu'une bourgeoife s'accufa fon confeiur d'avoir de l'ertime pour un confeiller , & que le confeffeur lui dit , Madame , combien de fois vous a-t-il ellime ? les dames de qualit n'ont plus eftim perfomie , & ne vont plus gures confeife.
,, ,
Adultre.
Un
c'eft
^9
que la dame fe moque quelquefois de mari avec fon amant ; le mari s'en doute & on n'aime point tre tourn en ridiIl eft arriv dans la bourgeoifie que cule. fouvent la f^mme a vol Ton mari pour donner (on amant j les querelles de mnage font poulFes des excs cruels elles font heureufement peu connues dans la bonne comIbii
: :
pagnie.
Le plus grand tort , le plus grand mal eft de donner un homme des enfans qui ne font pas lui , & de le charger d'un fardeau On a vu par-l des qu'il ne doit pas porter. races de hros entirement abtardies. Les
femmes
des AJlolpbes
&
des Jocondes
par
un
got dprav , par la faiblelfe du moment ont feit des enfans avec un nain contrefait avec un petit valet fans cur & fans efprit. Les corps & les mes s'en font relfenties. De petits finges ont t les hritiers des plus grands noms dans quelques pays de l'Europe. dans leur premire falle les porIls ont traits de leurs prtendus ayeux , hauts de ix pieds , beaux , bitn faits , arms d'un ef. tramaqon que la race d'aujourdhui pourait peine foulever. Un emploi important eft polld par un homme qui n'y a nul droit & dont le cur , la tte & le bras n'en peuvent foutenir le faix.
$0
Il
Adultre.
y
a quelques provinces
Tamour
contraire en
France j on enferme les Elles dans des couvens , o jufqu' prfent on leur a donn une ducation ridicule. Leurs mres , pour les confoler , leur font efprer qu'elles
feront libres quand elles feront maries. A peine ont-elles vcu un an avec leur poux, qu'on s'emprefle de favoir tout le fecret de leurs appas. Une jeune femme ne vit , ne fou-
pe , ne fe promne , ne va aux fpedacles qu'avec des femmes qui ont ehacune leur affaire rgle ; elle n'a point fon amant comme les autres , elle ell ce qu'on appelle dpareille i elle en eft honteufe , clic n'ofe fe montrer.
Les Orientaux s'y prennent au rebours de nous. On leur amen des biles qu'on leur garantit pucelles fur la foi d'un Circaffien. On les poufc , & on les enferme par prcaution , comme nous enfermons nos filles. Point de plaifanteries dans ces pays-l fur les dames & fur les maris ; point de chanfons ; rien qui relfcmble nos froids quolibets de cornes & de cocuage. Nous plaignons les grandes dames de Turquie, de Ferl , des Indes ; mais elles font cent fois plus hcureufcs dans leurs ferrails que nos filles dans leurs couvens.
Il
mcontent
Adultre*
le faire fparer
gt
criminel fa femme pour caufe d'adultre (c qui ferait crier la barbarie.) , fe contente de
de corps
lieu
&
de biens.
le
C'eft
ici
le
d'infrer
prcis d'un
homme
voici fes
font
elles juftes ?
MMOIRE
crii
d'un magistrat,
vers l'an iy6^.
ce
principal magiftrat d'une ville de Frana le malheur d'avoir une femme qui a t dbauche par un prtre avant fon mariaqui depuis s'eft couverte d'opprobres ge ,
,
Un
&
il a eu la modrapar des fcandales publics tion de fe fparer d'elle fans clat. Cet homme g de quarante ans vigoureux & d'une figure agrable a befoin d'une femme 5 il eft trop fcrupuleux pour chercher fduire l'poufe
:
d'un autre
il
craint
mme
le
commerce
d'une fille , ou d'une veuve qui lui fervirait de concubine. Dans cet tat inquitant & dou-
loureux
voici le
prcis
des plaintes
qu'il
Mon
la
poufe
ert
criminelle
&
c'eft
moi
qu'on punit.
Une
autre
femme
,
eft nceflaire
confolation de
&
la fecle
dont
je fuis
dfend de
me
fille
honnte,
Frcmire partie,
il
Les loix
Adultre.
civiles
d'aujourd'hui
le
ment Fondes
fur
droit
canon
malheureurfme privent ,
L'glife
me
rduit
chercher ou des
plaifirs qu'elle
rprouve
qu'elle con--
criminel.
Je jette les yeux fur tous les peuples de la terre , il n'y en a pas un feul , except le peuple catholique romain , chez qui le divorce
&
un nouveau mariage ne
foient de droit
naturel.
chez
tre
les
de ni:inqur de femme quand indignement outrag par la fienne ? Pourquoi un lien pourri eft-il indiffoluble malgr la grande loi adopte par le code qtiidqidd ligatiir dijfohihile ej ? On me per-
on
a t
met la fparation de corps & de biens & on ne me permet pas le divorce. La loi peut m'ter ma femme & elle me laiffe un
, ,
qu'on appelle facremen ? je ne jouis & je fuis mari. Qiielle plus du mariage contradidion quel efclavage & fous quelles loix avons -nous requ la nailfance! Ce qui eft bien plus trange c'eft que cette
,
!
nom
loi
de
mon
glife eft
tn ) pske
fil n
prend
um
antre.
Adultre.
g^
Je n'examine point ( les pontifes de Rome ont t en droit de violer leur plaifir la loi
de celui qu'ils regardent comme leur matre. d'un hritier , il Cl lors qu'un tat a befoin eft permis de rpudier celle qui ne peut en donner. Je ne recherche point fi une femme
turbulente attaque de dmence
cide
,
,
ou homi-
ou empoifonneufe
rpudie aulfi- bien qu'une adultre j je m'en tiens au trilte tat qui me concerne , Ditu rne permet de me remarier , & l'vque de Rome ne me le permet pas Le divorce a c en ufage chez les catholiques fous tous les empereurs i il l'a t dans tous les tats dmembrs de l'empire Romain,
!
Les
mire race
de France , qu'on appelle de la pre~ , ont prefque tous rpudi leurs temmes pour en prendre de nouvelles. Enfin il vint un Grgoire IX ennemi des empereurs & des rois , qui par un dcret fit du mariage un joug infecouabie j fa dcretale devine Sa
rois
loi
de
l'Europe.
fe
Qiiand
les
rois
voulurent
rpudier une
la loi de jEbUs- Christ , ils ne purent en venir bout i il falut chercher des prtextes ridicules. Louis le jeune fut oblig, pour faiie fon malheureux divorce avec Elouor de Guienne , d'allguer une parent qui n'exiftait pas. Le roi Hewi IV pour rpudier Marguerite de Valois prtexta une caufe en,
un
dfaut de confenteraent.
ij
^4
Il fiilut
Adultre".
mentir pour
faire
un divorce
lgiti-
mement.
Qiioi
,
!
un fouverain peut abdiquer fa coula permilon du pape il ne Eli- il polfible que fa femme
*
ayent croupi hommes longtcms dans cette abfurde fcrvitude Qiie nos prtres , que nos moines renoncent aux femmes , 'fy confens j c'eit un attentat contre la population , c'eft un malheur pour eux , mais ils mritent ce malheur quils le font fait eux-mmes. Ils ont t les vidimes des papes qui ont voulu avoir en eux
d'ailleurs clairs
des efclaves , des foldats fans familles & fans vivans uniquement pour l'glife : , mais moi magiltrat qui fers l'tat toute la journe , j'ai befoin le foir d'une femme ;
patrie
&
l'glife
de me priver d'un bien que Dieu m'accorde. Les aptres taient maris , Jofepb tait mari , & je veux l'tre. Si moi Alzacien je dpends d'un prtre qui demeure Rome , fi ce prtre a la barbare
n'a pas le droit
puilfance de
faife
me
priver d'une
femme
qu'il
me
fa chapelle.
MMOIRE POUR
L'quit
ce
LES
FEMMES.
demande qu'aprs avoir rapport mmoire en faveur des maris , nous mettions auHi fous les yeux du public le plaidoicr
A D U
L T
E,
^-"
en faveur des maries , prfent la Junte du Portugal par une comtelTe d'Arcira. En voici
la
fub (tance
il
L'vangile a dfendu l'adultre mon matout comme moi j il fera damn com-
, rien n'eft plus avr. Lorfqu'il m'a vingt infidlits , qu'il a donn mon colier une de mes rivales , mes boucles d'oreilles
me moi
lait
&
une autre
je n'ai
point
demand aux
juges
qu'on le fit rafer , qu'on l'enfermt chez des moines , & qu'on me donnt fon bien. Et moi pour l'avoir imit une feule fois , pour avoir fait avec le plus beau jeune homme de Lisbonne ce qu'il fait tous les jours impun-
ment avec
les
,
&
de
la ville
faut
que
je
,
felette
rait
nous tions tte tte dans mon cabinet i il faut que l'huilier me coupe Faudience mes cheveux qui font les plus beaux du monde j qu'on m'enferme chez des rehgieufes qui n'ont pas le fens commun ; qu'on me prive de ma dot & de mes matrimoniales , qu'on donne conventions tout mon bien mon fat de mari pour l'aider fduire d'autres femmes , & commettre de nouveaux adultres. Je demande fi la chofe eit jufte , & s'il n'eft pas vident que ce font les cocus qui ont fait
pieds
i
,
mes
les loix.
iij
, ,
%6
Adultre."
On rpond mes plaintes que je fuis trop heureufe de iVtrc pas lapide la porte de la ville par les chanoines , les habitus de
paroilfe
&
tout
le
peuple.
C'efl;
ainll
qu'on
feule
en
la nation choifie
la
nation chrie
la
les autres
avaient
Je rponds ces barbares que lorfque la pauvre femme adultre fut prlente par fes accufateurs au matre de rancienne & de la nouvelle loi, il ne la fit point lapider qu'au
,
;
reprocha leur injultice qu'il fe moqua d'eux en crivant fur la terre avec le doigt , qu'il leur cita l'ancien proverbe hbraque , que celui de vous qui eji fans
contraire
,
il
leur
pch jette la premire pierre i qu'alors ils fc retirrent tous , les plus vieux fuyant les pre-
miers
ils
ils
avaient d'ge
plus,
avaient
commis
d'adultres.
Les dodeurs en droit canon me rpliquent que cette hilloire de la femme adultre n'eft raconte que dans l'vangile de St. Jean qu'elle n'y a t infre qu'aprs coup par Lontius. Maldonat alfure qu'elle ne fe trouva que dans un feul ancien exemplaire gicc^ qu'aucun des vingt trois premiers commentateurs n'en a parl. Origne , St. Jrme , St. Jean Chryfojiome Nonnus , Thophila^e ne la connailfent point. Elle ne fc trouva
, ,
Adultre.
point dans la Bible fyriaque dans la veriion d' Ulphilas.
,
%y
point
elle ii'eft
Voil ce que diint les avocats de mari , qui voudraient non-feulement me rafer , mais me faire lapider.
mon
fair
Mais
cle
,
les
moi
f,
difent qu'Anmionius
auteur du troifime
hiftoire
la rejette
dans quelques endroits , il f adopte dnns d'autres i qu'en un mot elle eft autentique aujourd'hui. Je pars de l , je dis mon mari , Ci vous tes fans pch , rafez- moi , enfermez-moi , prenez mon bien j mais (i vous avez fait plus de pchs que moi , c'eft moi de vous rafer , de vous faire enfermer , & de m'emparer de votre fortune. En fait de juftice les chofes doivent tre gales.
&
pour vritable
&
&
qu'il eft mon fuprieur chef , qu il eft plus haut que moi de plus d'un pouce , qu'il eft velu comme un ours ; que par confquent je lui dois tout,
Mon
mari rephque
mon
&
qu'il
ne
je
me
doit rien.
\
Mais
demande
la
reine
Anne d'An-
fi fou mari le prince de Dannemarck qui eft fon grand-amiral, ne lui doit pas une obiiTnce entire j & fi elle ne le ferait pas condamner la cour des pairs en cas d'infidht de
iiij
,,
^8
la part
fi les
Adultre.
du petit homme ? Il eft donc clair que femmes ne Font pas punir les hommes quand elles ne font pas les plus fortes.
c'eft
d'adul-
il
femmes
juges
Mais
il
eft
ne peut avoir de prife , & dont il ne nous appartient pas de juger. Telle eft l'avanture que rapporte St. Aiigujlin dans fon fermon de la prdication de Jlsus-Christ fur la montagne.
la raillerie
cmprifonncr dans Antioche un chrtien qui n'avait pu payer au fifc une livre d'or
fait
laquelle
il
tait tax
&
le
menace de
la
ne paye. Un homme riche promet les deux marcs la femme de ce malheureux fi elle veut confentir fcs dcliis. La femme court en inftruire fon mari \ il la fupplie de lui fauver la vie aux dpends des droits qu'il a fur elle & qu'il lui abandonneElle obit , mais l'homme qui lui doit deux marcs d'or la trompe en lui donnant un fac plein de terre. Le mari qui ne peut payer le fc va tre conduit la mort. Le proconful
mort
s'il
, ,
Adultre.
livre d'or
89
-
il
paye
lui
mme
la
fes
propres
deniers
&: il donne aux deux poux chrtiens le domaine dont a t tire la terre qui a rempli le fac de la Femme. Il eft certain que loin d'outrager fon mari elle a t docile fes volonts ; non- lule-
ment
ble
elle a
obi
mais
il
St. Augiiftin
n'ofe
,
dcider
elle
eft
coupa-
ou vertueufe
qui
eft,
craint de la
,
condamner.
,
Ce
mon avis
aflez fingulier
c'eft
condamne hardiment
que
vre femme. Cela ferait inconcevable f on ne B/^y^^ ^^^^, fvait quel point prefque tous les crivains ont permis leur plume de dmentir leur cur , avec quelle facilit on facrifie fon propre fentiment la crainte d'effaroucher quelque pdant qui peut nuire , combien on ell peu d'accord avec foi -mme.
Le matin
rigorifte
&
le
foir libertin
la
matrone.
"
Et tantt
petit
mot
dans
fur
l'duca
donnons
le
Nous
les
levons
delir
nos im-
90
leqons
la
Adultre.'
,
plaire nous leur en didons des nature y travaillait bien lans nous ; mais on y ajoute tous les rafinemcns de l'art.
j
immodr de
Qiiand
les
elles lb:it
fi
parfaitement (Hles
nous
mettent en pratique l'art que nous avons cru Icu* cnfeigner. Qiie diriez -vous d'un matre danfer qui aurait appris Ton mtier un colier pendant dix ans S: qui voudrait lui catler les jambes parce
puniiiims
elles
,
qu
il l'a
Ne
pourait
on p
is
ajouter cet
article
fur l'affirmation
fouvent.
s'expriment i permis d'affirmer , de dcide qu'en gomtrie. Partout ailleurs imitons le docteur Mtaphrafe de Molire. Il Te poucela n'eft pas la chofe eft faidible rait
laquelle
n'eit
les
Il
impoflible
il
faut voir
.,
adoptons
o.
,
le
peuU
tre de Rabelais
le
le
Montagne y
prophaIkic
Romams
,
doute de l'aca-
dmie d'Athnes
nes s'entend
car
qu'il n'eft pas
dans
le
les
chofes
,
pour
facr
on
bien
permis de douter.
5)1
dit
cet
article
,
dans
le
diction,
siaire
encyclopdique
quakers
que
les piimitiFs
,
nomen
ms
en
Angleterre
ferment.
font
,
foi
fans cie
Mais
privilge
les
,
pairs
du royaume ont
le
mme
en metquakers obtinrent la mme prrogative fous le rgne de Charles 11 c'eft la feule fecte qui ait cet honneur en Europe.
,
tant
fur leur
cur
Le
rer
comme
,
gravement
L'ami chance-
lier
5j
55
5,
tu dois lavoir que notre Seigneur Jesus-Christ notre lauveur nous a dfendu
ya ya
le
no no.
a dit exprelfment
j,
rer ni
par
;
le ciel
5,
3,
Dieu
ni
par
la terre
i
troue de
lefca-
c'eji
par Jerujaleui , parce i par la tte qite c'eji la ville du grand roi 35 parce que tu n'en peux rendre un feiil che
beau de Jes pieds
, ,
3,
veu ni blanc ni
noir.
Cela
eft pofitif
notre
3, ami , & nous n'irons pas dcfobir Dieu pour complaire toi &: ton parlement. rpondit le On ne peut mieux parler , chancelier : mais il faut que vous fchiez 5, qu'un jour Jupiter ordonna quo toutes les
,
92
j,
fomme
, ,
fe
les
fiflent ferrer
les
ch-
5,
jj
vaux,
ils
les
55
rent braire
tait
fe
5j 5,
voire prire voks ne ferez mais le premier faux -pas que vous aurez cent coups de bton. 5, vous ferez Il faut avouer que les quakers n'ont jamais jufqu'ici fait de faux -pas.
je
,
dit enfin
Mejjlenrs
les
nes,
point ferrs
AGE.
NOus n'avons nulle ges du monde
;
ils
connus
&
uniformes Gardons - nous auf de parle de l'ge des premiers rois ou dieux d'Egypte Ils vivaient des douze c'eft la mme chofe. cent annes j cela ne nous regarde pas. Mais ce qui nous intrefle fort , c'eft la dure orIl
!
dinaire de la vie humaine. Cette thorie eft parfaitement bien traite dans le didionnaire encyclopdique l'article Vie , d'aprs les Hai"
ley
,
les
Kerfehoum
,
&
fur
les Defparcieiix.
En 1741
niqua
Mr. de Kerfehoum
la
me commu-
fes calculs
ville
d'Anifterdani
en
voici le rfiiltat.
A
avait de maries
E.
,
95
il
-----
y en
-
34^00.
1
d'hommes veufs
-de veuves les femCela ne prouverait pas que mes vivent plus que les hommes dans
proportion de quarante - cinq quinze & qu'il y et trois fois plus de femmes que d'hommes ; mais cela prouverait qu'il y avait trois fois plus de Hollandais qui taient alls mourir Batavia , ou la pche de la baleine
la
,
----
feulement
500.
4500,
que de femmes
lefquelles
reftent
Et ce
calcul eft
encor prodigieux.
Clibataires
,
jeunefle
-
&
enfance
des
deux fexes
domeftiques voyageurs --
---fomme
totale ,
il
un
depuis feize ans jufqu' cinquante, environ vingt mille hommes pour (crvir de foldats , fans dranger
les autres
profelfions.
Mais voyez
les calculs
de Mrs. Defparcieux , de St. Maiir & Buffbn , ils font encor plus prcis & plus inftrudifs quelques gards Cette arithmtique n'eft pas favorable la
jnaiiie
94
Age.
Ce
qui lve trop de foldats peut ruiner fes voiiins , m.iis il ruine irement fon tat.
calcul dment encor beaucoup le compou plutt le conte 'Hrodote qui fait arriver Xcrxs en Europe fuivi d'environ deux millions d'hommes. Car li un million d'habitans donne vingt mille foldars il en rfulte que Xerxs avait cent millions de fujets ;
te
, ,
On le dit pourmais elle n'a pas un million de foldats. Ainfi l'empereur de la Chine ell du double plus fage que Xerxs.
ce qui n'elt gures croyable.
tant de
la
Chine
portes
qui
lailfait for-
rait
dix mille
foldats
la
eu, fuivant
nes.
Nous
fefons
un
calcul plus
modeite
l'article
Dnombrement.
tant
il
depuis
faut mettre
une prodigieufe
fa
diiirence entre
,
porter les
&
refter foldat
dms
Xerxs dur perdre les deux tiers patrie. de fon arme dans (on voyage en Grce. Cfar dit que les Suifles tant fortis de leur pays au nombre de trois cent quatre- vingt huit; mille individus , pour aller dans quelque provii-ice des Gaules , tuer ou dpouiller les habicans
,
il
les
mena
il
bon
Age.
refta
^^
a falu dix ficles
mille.
Il
pour repeupler la Suiife. Car on fait prfent que les entans ne fe font ni coups de conime du tems de Deucalion & de pierre Pirra ni coups de plume , comme le j, ,
fuite
liards
Ptaii
qui
fait
No
d'hommes d'un feul des enfans du pre en moins de trois cent ans.
Charles
XII
leva
le
Sude pour
ger
,
aller faire la
&
il
a dpeupl fa patrie.
Continuons parcourir les ides & les du calculateur Hollandais fans rpondre de rien parce qu'il eft dangereux
chiiFres
,
,
d'tre comptable.
Calcul
fix
de la vie.
Selon lui , dans une grande ville , de vingtmariages il ne refte environ que huit enSur mille lgitimes il compte foixante fens.
&
il en refte au bout d'un an environ 5'<^0* au bout de dix ans -44f, au bout de vingt ans 40 5'. quarante ans 500. foixante ans 190. au bout de quatre -vingt ans ^o. quatre -vingt dix ans y. cent ans perfonne. -
De fept cent
---------__--_ ..>->_
-,-----
9^
Age.
Par -l on voit que de fcpt cent cnfans ns dans la mme anne , il n'y a que cinq chances pour arriv^er quatre -vingt dix ans. Sur cent quarante il n'y a qu'une feule chance , & lur un moindre nombre il n'y en a
point.
Ce n'eft donc que fur un trs grand nombre d'exiftences qu'on peut efprer de poulfer
la llcnne jufqu' quatre- vingt dix
ans
& fur
un bien
plus grand
peut efprer gros lots la loterie fur lefquels il ne faut pas compter & mme qui ne font pas dlirer autant qu'on les dlire i ce n'eft qu'une longue mort. Combien trouve- 1 -on de ces vieillards qu'on appelle heureux dont le bonheur cond'aucun piailir de lfte ne pouvoir jouir la vie , n'en faire qu'avec peine deux ou trois fondions dgotantes , ne diftinguer ni les fons . ni les couleurs , ne conn;ritre ni jouifance ni efprance , & dont toute la flicit eft de fivoir confufment qu'ils font un fardeau de la terre batifs ou circoncis de,
Voyez
Paris
dit
,
des morts de chaque anne Londres ces villes , ce qu'on ont environ fept cent mille habitans. Il
les liftes
&
eft
A
cft trs rare
E.
9^
tenaires
&
ei\
En
eft
gnral
commun
humaine
plus
,
rendue
la terre
de vingt- deux
ns dans une mme anne , les uns meurent fix mois , les autres quinze; celui-ci dix -huit ans , cet autre trente - Cix , quelques-uns foixante ; trois ou quatre odogenaires lns dents & fans
De
yeux meurent aprs avoir fouiert quatrevingt ans. Prenez un nombre moyen , chacun a port fou fardeau vingt, deux ou vingttrois annes.
il eft
Sur ce principe qui n'eft que trop vrai avantageux un tat bien adminiftr
&
qui a des fonds en rferve , de conftituer beaucoup de rentes viagres. Des princes conomes qui veulent enrichir leur famille , y gagnent confidrablement ; chaque anne la fomme qu'ils ont payer diminue. Il n'en eft pas de mme dans un tat obr. Comme il paye un intrt plus fort que
l'intrt ordinaire
il eft
,
il
fe
>
oblig de faire de
nouveaux emprunts
de
dettes
c'eft
un
cercle perptuel
&
d'in-
quitudes.
Les tontines , invention d'un ufurier jn Tontmo, font bien plus ruineufes. premire partie.
nom-
Nuj
58
Age.
A
la
foulagemcnt pendant quatre -vingt ans au moins. Vous payez toutes les rentes au dernier lurvivant.
fit
en France
en 1759
une
une
dafle elle feule ; elle choifit celle de quarante ans , parce qu'on donnait un denier plus
fort
les
ges depuis
un an
&
qu'il
a pref-
que autant de chances pour parvenir de quarante quatre -vingt ans, que du berceau
quarante.
donnait dix pour cent aux pontes gs de quarante annes , & le dernier vivant hritait de tous les morts. C'eft un
des plus
iire.
On
l'tat puilfe
On
autres
croit avoir
remarqu que
les
les
rentiers
viagers vivent
un peu
j
fez fchs.
payeurs font afpeut-tre, que ces rentiers font pour la plupart des gens de bon fens , qui fe fentent bien conrtitus des bnficiers , des cUbataires uniquement occups d'eux-mmes , vivant en gens qui veude quoi
hommes
La
raifon en e(t
Ils difent
,
je
mange
trop
fi
:
je
fais
un excs
le roi
fera
mon me^
hritier
viagre
l'emprunteur qui me paye ma rente & qui fe dit mon ami , rira en me
:
voyant
enterrei:
ils fe
Age,
tent au rgime
tes de plus
j
-99
hommes.
ils
que
les
Pour conloler
dire
,
dbiteurs
capital
la tte
ftit -
ce fur
qu'on batife , ils font toujours un trs bon march. Il n'y a qu'une tontine qui foit onreufe i auffi les moines n'en ont jamais fait. Mais pour de l'argent en rentes viagres ils en preiiaient toute main jufqu'au tems o ce jeu leur fut dfendu. En effet , on eft dcbarrafT du fardeau de payer au bout de trente ou quarante ans ; on paye une rente foncire pendant touIl leur a t auli dfendu de te l'ternit. prendre des capitaux en rentes perptuelles ; & la raifon c'eft qu'on n'a pas voulu les trop dtourner de leurs occupations fpirituelles.
,
&
AGRICULTURE.
comment anIL n'eft pas concevableterre aufl bien que ciens qui cultivaient
les
la
pouvaient imaginer que tous les grains en terre devaient nceiFairement mourir pourir avant de lever produire. Il ne tenait qu' eux de tirer un grain de la terre au bout de deux ou trois
nous
qu'ils femaient
&
&
ij
'Oo
Agriculture.
i
fl
ils
l'auraient
vu
trs faiii
la
racine en bas
la tte
germe
la
matire laiteufe dont fe formera la farine fes deux envelopcs , fes feuilles. Cependant, c'tait aifcz que quelque philofophe Grec ou barbare et enfeign que toute gcncratioii vient de corruption , pour que perfonne n'en doutt. Et cette erreur , la plus grande de
toutes les
livres
erreurs
parce qu'elle
,
elt
la
plus
contraire la iiature
crits
fe trouvait
dans des
genre-
pour
l'inltrudion
du
humain.
Les trois quarts de la terre fe paffcnt de notre froment , fans lequel nous prtendons qu'on ne peut vivre. Si les habicans voluptueux des villes favaient ce qu'il en cote de travaux pour leur procurer du pain , ils en
feraient efrays.
ferait difficile
d'utile
Agriculture.
ioi
dans laquelle font tombs prefque tous ceux qui ont crit fur Tconomie. Nous Ibmmes donc forcs de remettre ici fous les yeux ce que nous avons dj dit ailleurs.
33
d'imprimer
la
Dixme
,
royale fous le
nom
de Tejamen
,5
politique
du
rnarchnl
Vaubayi.
Ce
Bois-
auteur du Dtail de la France ,3 en deux volumes, n'tait pas fans mrite, il avait une grande connailance des finanroyaume ; mais la palion de crij, ces du tiquer toutes les oprations du grand Col bert y l'emporta trop loin j on jugea que c'Guilberi
j,
un homme fort inftruit qui s'garait un faifeur de projets qui exag& qui propo3, rait les maux du royaume 5, fait de mauvais remdes. Le peu de fuccs de ce livre auprs du miniftre, lui fit pren,3 dre le parti de mettre fa Dixme royale ,3 l'abri d'un nom refpel. Il prit celui du marchal de Vauban & ne pouvait mieux choifir. Prefque toute la France croit encor que le projet de la Dixme royale eft
tait
j,
toujours
,3-
33 ,3
53 3,
de ce marchal fi zl pour le bien public ; mais la tromperie eft aife connatre. Les louanges que Bois - Guilbert fe don3, ne lui - mme dans la prface , le trahiffent
la
le
-,
il
y
,
j5
France
n'tait pas
vraifemblable que
^tant d'loges
marchal et donn
un
iij
102
5,
Agriculture.
rempli de tant d'erreurs i on voit dans cette prface un pre qui loue fou 3j " ^ fils , pour faire recevoir' un de les btards.
livre
noms
L'auteur du Financier citoyen cite toujours prtendu Tejiament politique de Colben ,; ouvrage de tout point impertinent , fabriqu par Gratien de Courtils. Qiielques ignorans
.
le
Voyez
l'article
citent encor
les
tejlamens politiques
du
roi
d'Efpagne Philippe II , du cardinal de Riche^"^ > ^' lieu , de Colbert , de Lnu-oois y du duc de Lornecdotes. j.^jj^g ^ ^^^ cardinal Albroni , du marchal de Belle -Ifle. On a fabriqu jufqu' celui de Miindrin.
Grain rapporte , Avantages dfavantages de la Grande- Eretagne i ouvrage bien fuprieur tous ceux que nous venons de citer. Si l'on parcourt quelques-unes des pro5, vinces de la France , on trouve que non- feulement plufieurs de fes terres reftcnn,
L'Encyclopdie
l'article
,
,}
Agriculture.
^ en
35
3,
j^,
friche
qui
pouraieiit
bleds
&
ne rendent pas beaucoup de leur bont , parce que le laboureur manque de moyens pour les mettre en valeur.
terres cultives
55
prs proportion
Ce n'eft pas fans une joie fenfble que j'ai remarqu dans le Gouvernement de France un vice dont les confcquences font
3,
35 55
fi tendues , & j'en ai flicit ma patrie mais je n'ai pu m'empcher de fentr en mme tems combien formidable ferait de-
55 ,5
venue
cette
puiiance
fi
elle
et profit
&
fes
hom-
hona norint ! " J'ignore l ce livre n'ett pas d'un Franais qui , en faifant parler un Anglais , a cru lui devoir faire bnir Dieu de ce que les Franais lui paraiflent pauvres ; mais qui en mme tems fe trahit lui-mme en fouhaitant qu'ils foient riches i & en s'criant avec Vir55
mes
lui offraient.
fiici
fi
gile
foit
s'ils
connaijjliient
,
leurs
,
biens !
eft
Mais
faux que les terres en France ne rendent pas proportion de leur bont. On s'accoutume trop conclure du particulier au gnral. Si. on en croyait beaucoup de nos livres nouveaux
Franais
foit
il
Anglais
France ne ferait pas plus fertile que daigne & les petits cantons Suiffes.
la Sar-
mj
YA#
De.
A G
TI
T.
T U R
E.
flexion
article Grain porte encor cette r Les Anglais ciruiaicnt fouvcnt de grandes chens dont nous profitions par la du commerce de nos grains , fous le 3, libert rgne de Hemi 7F & de Louis XIII ^ & dans " les premiers tems du rgne de Lons XIV. j,
:
Le mme
fut. dfendue en
Mais malheureufement la fortie des grains fous Henri IV. La 1598 dfenfe continua fous Loii's XIII & pendant tout le tems du rgne de Louis XIV. On ne put vendre fon bled hors du royaume que fur une requte prfente au confeil , qui jugeait de l'utilit ou du danger de la vente
la province.
ou plutt qui s'en rapportait l'intendant de Ce n'eft qu'en 1764 que le cona rendu le comfeil de Louis XV plus clair
,
merce des bleds libre avec les reftridions convenables dans les mauvaifes annes.
,
Ferme
qui
eft
un
des meilleurs
de ce grand ouvrage , on dillingue la grande & la petite culture. La grande fe fait par les chevaux , la petite par les bufs ; ik, cette
petite
,
la
elt
,
regarde
comme un
un
vain
prefque
Itrile
& comme
de findigence.
Agriculture.
vraie.
io>>
Cette ide en gnral ne me parait pas La culture par les chevaux n eft girmeilleure que celle par les bufs. Il y res
a des compenfations entre ces deux mthodes
qui les rendent parfaitement gales, il me femble que les anciens n'employrent jamais du moins il les chevaux labourer la terre n'ell queition que de bufs dans Hfiode , dans Xenophoii , dans Virgile , dans Colwnelle. La culture avec des bufs n'eft chtive & pauvre que lorfque des propritaires mal-aifs fourniient de mauvais bufs , mal nourris , des mtayers fans reTource qui cultivent mal. Ce mtayer ne rifquant rien , parce qu'il n'a rien fourni , ne donne jamais la terre ni les engrais , ni les faons dont elle a befoin y il ne s'enrichit point, & il appauvrit fon matre i & c'eft malhenreufement le cas o fe trouvent plufieurs pres de famille.
,
bufs eft aui profitable que chevaux parce que s'ils labourent moins vite on les fait travailler plus de journes fan<; les excder ; ils cotent beaucoup moins nourrir on ne les ferre point , leurs on les reharnois font moins difpendieux vend ou bien on les engrailfe pour la boucherie j ainl leur vie & leur mort procurent de l'avantage i ce qu'on ne peut pas dire des chevaux. Enfin on ne peut employer les chevaux que dans les pays o l'avoine eft trs bon fliarch , & c'eft pourquoi il y a^^tojours
Le
fervice des
celui des
, ,
jo6
Agriculture.
les
bufs.
Des DFRICHEMENS.
A rarticle Dfrichement , on ne compte pour dfrichement que les herbes inutiles & vor:!ces que l'on arrache d'un champ , pour le mettre en tat d'tre enfemenc.
L'art de dfricher ne fe borne pas cette
mthode
lifte
Il
con-
n'ont jamais rien port. Il y en a beaucoup de cette nature , comme des terrains marcageux ou de pure terre brique , foulon fur laquelle il ell auli inutile de femer que
fur des rochers. Pour
qu'il faut accufer
les terres
marcageufes
fi
on ne
Les fols purement glaifeux ou de craie, ou fimplement de fable font rebelles toute
,
culture.
n'y a qu'un feul fecret c'eft celui d'y porter de la bonne terre pendant des an* nes entires. C'eft une entreprife qui ne convient qu' des hommes trs riches le proEt n'en peut galer la dpenfe qu'aprs un trs long tcms , fi mme elle peut jamais en
Il
,
-,
approcher.
terre
Il faut quand on y a port de la meuble la mler avec la mauvaife , la fumer beaucoup , y reporter encor de la terre
,
Agriculture,
Se
107
furtout
le
y femer
foi
dvorer
lui
velle vie.
Quelques particuliers ont fait de tels elTais ; mais il n'appartiendrait qu' un fouverain de changer aini la nature d'un vafte terrain en
faifant camper de la cavalerie , laquelle y confommerait les fourages tirs des environs. Il y faudrait des rgimens entiers. Cette d-
rait pas
penfe fe faifant dans le royaume , il n'y auun denier de perdu , & on aurait la longue un grand terrain de plus qu'on aurait conquis fur la nature. L'auteur de cet
en
petit
&
a rul.
en
eft
d'une
telle entreprife
celle des
canaux
&
des mines.
comme de Quand la d-
penfe d'un canal ne ferait pas compenfe par les droits qu'il rapporterait , ce ferait toujours pour l'tat un prodigieux avantage.
.
Que
la
d'argent , de cuivre , de plomb ou d'tain , mme de charbon de terre excde le produit l'exploitation eft toujours crs utile : car l'ar-
&
gent dpenf fait vivre les ouvriers , circule dans le royaume , Se le mtal ou minral qu'on en a tir , e(t une richeife nouvelle Se perma-
Quoiqu'on talfe il faudra toujours redu bon vieillard qui fit accroire fes enfans qu'il y avait un tribr dans leur champ i ils remurent tout leur hritage pour
nente.
venir
la Fable
o8
le
Agriculture.
,
chercher
eji
&
ils
s'apperqurent que
le
tra'
vail
un
rfor.
pierre philofophale de l'agriculture fe de femer peu & de recueillir beaucoup. Le grand Albert , le petit ^Ibert , la MaU fon riijiiqne enfeignent douze fccrcts d'oprer la multiplication du bled , qu'il faut tous mettre avec la mthode de faire naitre des abeilles du cuir d'un taureau , & avec les ufs de coq dont il vient des bafilics. La chimre de
rait
La
l'agriculture eft
faire plus
de croire obliger
la
nature
Autant vaudrait donne le iccret de faire porter une femme dix enfans , quand elle ne peut en donner que deux. Tout ce qu'on doit faire eft d'avoir bien foin d'elle dans fa grofTefTe. La mthode la plus fCirc pour recueillir un peu plus de grain qu' l'ordinaire eft de fe
qu'elle
ne peut.
fervir
du femoir. Cette manuvre par laquelon herfe & on recoule on fme la fois vre prvient le ravage du vent qui quelque, ,
&
dvorent.
C'eft
un avantage qui
eft
certaine-
ment
De
verfe
plus
la
femence
;
plus rgulirement
; elle a plus de peut produire des
&
libert
de s'tendre
&
un peu
femoir ne convient ni toutes fortes de terrains , ni tous les laboureurs. Il faut que
Agriculture.
le fol (bit
le
il il
109
faut
uni
&
fans cailloux
&
il
que
j
Un
le
femoir cote
&
dtraqu.
11
que des i bufs. Cette machine utile doit tre employe par les riches cultivateurs prte aux pauvres.
cheval
plufieurs laboureurs n'ont
&
AGRICULTURE,
fatalit l'agriculture
Par quelle
n'eft-elle
vritablement honore qu' la Chine ? Tout miniftre d'tat en Europe doit lire avec attention le mmoire fuivant , quoiqu'il foit d'un jfuite. Il n'a jamais t contredit par aucun autre milonnaire , malgr la jaloufie de mtier qui a toujours
clat entre
eux.
Il
eft
entirement conforme toutes les relations que nous avons de ce vafte empire.
5,
Au commencement du printems
dans
le
chinois,
mois de Fvrier , le tribunal des mathmatiques ayant eu ordre 3, d'examiner quel tait le jour convenable dtermina le 3, la crmonie du labourage 5, 24 de la onzime lune , & ce fut par le triannonc j, bunal des rites que ce jour fut l'empereur dans un mmorial o le m3, me tribunal des rites marquait ce que (a
c'eft - - dire
ITO
5,
Agriculture.
faire
majefl devait
cette fte.
pour
,
fe
prparer
3,
nommer
5,
doivent l'accompagner
lui
;
Se
labourer aprs
j,
5,
favoir
trois princes
&
neuf prfidens
3,
des cours fouveraines. Si quelques-uns des prfidens taient trop vieux ou infir-
mes
l'empereur
nomme
ces afleffeurs
pour
3,
lement
labourer
la
l'mulation par fon exemple mais elle renferme encore un facrifice que l'empe reur comme grand pontife olFre au Chang // pour lui demander l'abondance en fa veur de fon peuple. Or pour fe prparer
j,
,
a,
5, 5, 3, 3, 5,
ce facrifice , il doit jener & garder la continence les trois jours prccdens. ) La mme prcaution doit tre obferve par tous ceux qui font nomms pour accom-
pagner
trs
,
fa
majeft
foit au-
foit
mandarins de
veille
foit
man-
3,
darins de guerre.
de cette crmonie , fa maquelques feigneurs de la pre mire qualit , & les envoy la falle de
3.
La
jeftc choifit
a ) Cela feul ne fuffir-il pas pour dtruire la folle calomnie tablie dans notre Occident, que le gouvernement Chinois efl athe ?
A G
fes
II
U L T U
E.
la
iri
ta-
anctres
,
fe
profterner devant
,
blette
s'ils
&
il
les avertir
comme
,
ils
feraient
le
que
jour
fuivant
,5
grand
lacrifice.
le
m-
morial du tribunal des rites marquait pour la perfonne de Tempereur. Il dclarait aul
les
prparatifs
que
aux
les diifrens
facrifices.
Un
autre doit
doit
compofer en faifant
quelles
les
le facrifice.
Un
les
,
troifime
a
taire porter
&
un
dreler
l'empereur dnera
repas.
ordonn
d'y porter
vieillards
foient prfens
re
la
terre.
On
fait
prparer
les
de grains, qui font cenfs les plus ncelfaires la Chine , & fous lefquels font compris tous
les autres-i
le
froment
le ris
le
millet
,
la
fve
&
mil!
qu'on
appelle cac-leang.
^) morts
l'gard des
I2
Agriculture.
les
Ce furent -l
,,
5,
prparatifs: le vingt-
5,
5,
5,
quatrime jour de la lune , fa majeltc fe rendit avec toute la cour en habit de c6rmonie au lieu deftin otfrir au Chang-ti le facrifice du printems , par lequel on le pi ie de faire crotre & de conferver les biens de la terre. C'ell pour cela qu'il l'offre avant que de mettre la main la charrue L'empereur lacrifia , 8c aprs le facrifice ,, avec les trois princes & les il defcendit neuf prfidens qui devaient labourer avec Pluiieurs grands feigncurs portaient lui.
-
eux
mmes
les
les
coffres
fermaient
Toute la cour y allirta eu grand llence. L'empereur prit la charrue & fit en laboulorfqu'il rant plufieurs alles & venues quitta la charrue , un prince du fang la
,
;
conduilit
reite.
&
en-
diffrens
On
champ
entier
laboureurs
labourer.
ne laboure pas alors tout le jours fuivans les , mais les de profelion achvent de le
Il
& quarante- deux La crmonie fe termina par une rcompenfe que l'empereur leur fit
tre anciens laboureurs,
plus jeunes.
donner.
O R
U L T
T;
B.
E.
II 3'
elt
cette
relation d'une
crmonie qui
,
a plus
belle
,
de toutes
Il
puis qu'elle
eft la
plus utile
il
uit joindre
un
dit
du
mme
empereur
fes
Tojitchin.
&
quatre- vingt , vers la Tartarie j car il n'y en a point d'incultes dans la Chine proprement dite& celui qui en dfriche quatre -vingt devient mandarin du huitime ordre. Qiie doivent faire nos fouverains d'Europe en apprenant de tels exemples ? ADMIRER
Tojcript,
J'ai lu depuis
peu un
&
mtiers
dans lequel
remarqu autant
,
de chofes
dit de
utiles
qu'agrables
mais ce qu'il
l'agriculture
relfemble alfez la
ma-
n'ont jamais vu de charrue. L'auteur parle d'un heureux agriculteur qui , dans la con^ tre la plus dlicieufe & la plus fertile de la
terre
,
cultivait
cent.
lui
rendait
cent
Il
four
drait
ne favait pas qu'un terrain qui ne renque cent pour cent , non- feulement ne
payerait pas
un feul des fraix de la culture, mais ruinerait pour jamais le laboureur. Il faut pour qu'un domaine puille donner un Premire partie,
tI4
A G
,
?.
U L T U R
E.
lger profit
qu'il
Heureux
jouiirez
l
c nos travaux
(
&
Voyez
l'article
R.
,
ON
quatre ef-
complette de la matire. lmens de ces lmens ? L'air fe change t-il a-t-il de Tair ? en feu , en eau , en terre ?
;
i*
fur
fi on marche on boit de l'eau fi le feu nous claire, nous chauife nous brle. Nos fens nous en avertilfent alfez ; mais ils ne nous difent rien fur l'air. Nous ne favons point par eux Ci nous refpirons les vapeurs du globe ou une fubftance diffrente de ces
On
n'a jamais
,
t incertain
la terre
Ci
nous environne atmojphre la fphre des ex& nous avons adopt ce mot. Y a-t-il parmi ces exhalaifons continuelles une
,
halaifons
-,
Air.
Tair
tre
,
tf
inutile d'admettre
un
qu'on ne voit jamais & dont tous les ejfets s'expliquent Ci aifment par les vapeurs
qui fortent du fein de
la terre.
le
corps
le
plus
dur a moins de matire que de pores. Des exhalaifons continuelles s'chapent en foule
de toutes les parties de notre globe. Un cheval jeune & vigoureux ramen tout en Tueur dans fon curie en tems d'hyver , ell entour d'un
,
atmofphre mille
fois
notre globe ne Tell de la matire de fa pro pre tranfpiration. Cette tranfpiration , ces exhalaifons , ces vapeurs innombrables s'chapent fans cetre par des pores innombrables , & ont elles-
mmes
fans
C'eft ce
,
mouvement con-
qui forme
,
&
qui dtruit
,
vgtaux
minraux
mtaux
animaux.
C'eft ce qui a fait penfer plufieurs
e
que
puif-
mouvement
a pas
eft eifentiel la
matire
dans laquelle Et Ci la puilfance formatrice temelle qui prfide tous les globes , eft l'auteur de tout mouvement, elle a voulu du moins que ce mouvement ne prit jamais. Or ce qui eft toujours indeC. trudible a pu paratre eiientiel comme l'ten
qu'il n'y
il
une
particule
n'y
ait
un mouvement continu.
ij
^i5
due
ide
Air.
&
la folidit
ont paru
,
eicntielles.
Si cette
;
parJonnable car il n'y a que Terreur malicieufe & de mauvaife foi qui ne mrite pas d'indulgence. Mais qu'on regarde le mouvement comme eflentiel ou non , il eft indubitable que les cxhalaifons de notre globe s'lvent (S: recil:
une erreur
elle cil
tombent ians aucun relche un niiHe , deux milles trois milles au dciilis de nos ttes. Du mont Atlas l'extrmit du Taurus,
,
tout homme peut voir tous les jours les nuages fe former fous fes pieds. Il eft arriv mille fois des voyageurs d'tre au delfus de
l'arc-en-ciel
,
des clairs
& du
tonnerre.
Le
feu
rpandu dans
l'intrieur
du globe,
ce feu cach dans l'eau 8c dans la glace mme, eft probablement la fource imprilfable de ces
de ces vapeurs , dont nous fom, continuellement environns. Elles fornies ment un ciel bleu dans un tems ferein quand
cxhalaifons
elles
&
aifez
attnues pour
;
com-
me
les feuilles
de
l'or
amincies
expofes aux
rayons du foleil dans la chambre obfcure. Ces vapeurs imprgnes de fouphre forment les
tonnerres
fuite
&
les
dilates
entrailles de la terre , elles s'chapent en volcans , forment & dtruifent de petites montagnes , renverfent des villes , branlent quel-
du
globe.
Air.
Cette
117
nageons
fans
mer de vapeurs dans laquelle nous qui nous menace fans cclfe & laquelle nous ne pourions vivre com, ,
prime de tous cts notre globe &; Tes habitans avec la mme force que Ci nous avions fur notre tte un ocan de trente - deux pieds de hauteur & chaque homme en porte environ vingt mille livres.
:
ceci pof
les
pourquoi attribuerons - nous , un lment inconnu & invilible , des elfets que l'on voit continuellement produits par
difenc
&
palpables ?
Je vois au coucher du foleil s'lever du pied des montagnes , & du fond des prairies , un nuage blanc qui couvre toute l'tendue du terrain , autant que ma vue peut
porter.
Ce nuage
s'paillit
che infenfiblement les montagnes , & s'lv au-deiTus d'elles. Comment , Ci l'air exiftait , cet air dont chaque colonne quivaut trente - deux pieds d'eau , ne ferait - il pas rentrer ce nuage dans le fein de la terre donfe
il
eft prelf
il
Chaque pied cube de ce nuage - deux pieds cubes i donc ne pourait jamais fortir de terre que par
eft forti ?
par trente
un
etforc prodigieux
&
que
iij
us
la plus
Air.
granck eiFervefcence des temptes.
puifque ces mers ne montent Jamais la trentime partie de la hauteur de ces nuages dans
L'air eft laftique , nous dit- on : mais les vapeurs de Teau feule le font fou vent bien davantage. Ce que vous appeliez Vlvient de l'air prefle dans une canne vent , ne porte une balle qu' une trs petite dillance mais dans la pompe feu des biitimens d'Yorck Londres , les vapeurs font un
;
plus violent.
,
ne dit rien de l'air continuent - ils , qu'on ne puifTe dire de mme des vapeurs du
globe
j
On
elles pfent
comme
lui
s'infinuenc
allument le feu par leur foufle , fe dilatent , fe condenfent de mme. Ce fyftme femble avoir un rand avantage fur celui de l'air , en ce qu'il rend parfaitement raifon de ce que l'atmofphre ne s'tend qu'environ trois ou quatre milles tout au plus 3 au lieu que Ci on admet l'air , on ne trouve nulle raifon pour laquelle il ne s'tendrait pas beaucoup plus loin , & n'cmlui
,
comme
jbraiTerait
La
contre
eft
,
plus grande
les
que
l'on
fale
pompe
lieu
quand
eft
,
elles
font refroidies
,
au
que
,
dit
on
il
toujours
lafti-
que
mais premirement
ii'eft
Air.
f laftcitc
de
l'air
119
; Ton laffuppofe en quilibre , & fans cela il n'y a point de vgtaux d'animaux qui ne crevairent n'datafient en cent morceaux , fi cet air qu'on fuppofe tre dans eux , confervait fon lafticit. Les vapeurs n'agilfent point quand elles font en quilibre ; c'eft leur dilatation qui fait leurs grands elfcts. En un mot , tout ce qu'on attribue l'air femble appartenir fenfiblement , flon ces philofophes , aux exha. laifons de notre globe.
agifle
toujours
le
quand on
&
&
Si
on
il
leur
fait
voir
que
le
feu
s'teint
,
quand
ils
r-
pondent qu'on
mprend,
qu'il
faut
un
flambeau des vapeurs fches & laftiques pour nourrir fa flamme , qu'elle s'teint fans leur fecours , ou quand ces vapeurs font trop graifes
trop fulphureufes
fort. Si
,
trop groffires
&
on
leur objeie
,
que
l'air eft
peftilenciel
c'eft
qu'on doit
de toutes
le dire.
&
Pair eji pur dans ce canton , cela fignifie : ce canton ifeji point marcageux j il n'a ni plantes ni
dit
:
On
les parties
s'exha-
maux.
l'air
Ce
prtendu de
fi
qui rend
campagne de
Rome
,
mal
ce font
iiii
120
les
A
, ,
R.
anciens canaux
btes
tous cots
tes les
Ibnt devenus
rceptacle de touC'eft
vnimeulbs.
de
que
ter-
s'exhale continuellement
un poifon mortcl.
le
Allez Frefcad
ce n'eit plus
mme
rain
ne font plus les mmes exhalailons. Mais pourquoi Tlcment fuppof de l'air
,
ce
Il fe
char-
gera
dit
-on
dans
la
campagne de P.ome
de ces exhale ifons funeftes , 8c n'en trouvant pas Frefcati il deviendra plus falutaire. IMais encore une fois , puifque ces exhalaifons exillent , puifqu'on les voit vidblement s'lever le foir en nuages , quelle ncclfit de les attribuer une autre caufe ? Elles montent dans l'atmofphre , elles s'y dililpcnt , elles changent de forme j le vent dont elles font la premire caufe , les emporte , les fpare ; elles s'attnuent , elles deviennent falutaires , de mortelles qu'elles taient. Une autre objection , c'elt que ces vapeurs , ces exhalaifons renfermes dans un vaf de
verre s'attachent aux parois ik. tombent , ce qui n'arrive jamais l'air. Mais qui vous a dit que Ci les exhalaifons humides tombent au
fond de ce cryllal , il n'y a pas incomparablement plus de vapeurs fches & lalliques qui fe fouticnnent dans l'nitrieur de ce vafe if L'air , dites-vous , elt purifi aprs une pluye. Mais nous fommes en droit de vous foutenir
que
fc
AIR.
font purifies , que les plus aqueufes rendues
plus fches
ttes
,
'
121
,
plus
groflires
,
les
la terre
laiiieiit les
&
les
&
que
la
c'elt
afcenlion
le
&
cette
jeu con-
nature.
Voil une partie des raifons qu'on peuc Uguer en feveur de l'opinion que Tlment e l'air n'exille pas. Il y en a de trs fpcieufes & qui peuvent au moins iaire natre des doutes ; mais ces doutes cderont toujours l'opinion
commune.
Si
On
n'a dj pas
trop de
rait
quatre lmens.
,
on nous rdui-
trois
vres.
On
&
,
On
dira toujours
,
rarr
eji
doux
tair
,
eji
fei-ein
&
jamais
les
font fersines.
ALCHIMISTE.
CEt
que
tant au deilus
l'or
Al emphatique met Talchimifte audu chimilte ordinaire qu il compofe eft au deiFus des autres
eit
mtaux. L'Allemagne
qui cherchent
la
pierre
coni-
122
Alchimiste.
&
le
me on
ne
,
On
qui
Le nombre de ceux qui ont cru aux tranfmutations eil prodigieux j celui des fripons fut proportionn celui des crdules. Nous avons vu Paris le feigneur Damuii , marquis de Convcntiglio , qui tira quelques centaines de louis de pluiieurs grands feigncurs pour leur faire la valeur de deux ou trois cus en or.
Le meilleur tour qu'on ait jamais fait en alchimie fut celui d'un Rofe-o-oix qui alla trouver Henri I, duc de Bouillon , de la maifon de Titrenne , prince fouverain de Sedan vers l'an 1620. Vous n'avez pas , lui dit il , une fouverainet proportionne votre grand cou5, Je veux vous rendre plus riche que ,, rage. l'empereur. Je ne puis refter que deux jours dans vos tats ; il faut que j'aille tenir Venife la grande affemble des frc5, Gardez feulement le fecret ; envoyez 5, res. chercher de la litharge chez le premier de votre ville. Jettez-y un 5, apoticaire grain feul de la poudre rouge que je vous 5, donne ; mettez le tout dans un creufet , & d'un quart d'heure vous aurez 5, en moins " de l'or.
,
Le prince
fois
fit
l'opration
Se la ritra trois
en
prfence
du
virtuofc.
Cet
homme
Alchimiste,
avait
fait
125
litharge
,
la
qui
tait
chez
les apoticaires
de
Sedan
*&
revendre charge de quelques onces d'ar. L'adepte en partant fit prfent de toute fa poudre tranfmutantc au duc de Bouillon. Le prince ne douta point qu'ayant fait trois onces d'or avec trois grains , il ne fit trois cent mille onces avec trois cent mille grains; que par confquent il ne ft bientt polfef. feur dans la femaine , de trente- iept mille cinq cent marcs , fans compter ce qu'il ferait dans la fuite. Il filait trois mois au moins pour faire cette poudre. Le philofophe tait prelf de partir j il ne lui reftait plus rien , il avait tout donn au prince ; il lui falait de la monnoie courante pour tenir Venife les tats de la philofophie hermtique. C'tait un homme trs modr dans fes delirs <Sc dans fi dpenfei il ne demanda que vingt mille cus pour fou voyage. Le duc de Bouillon honteux du peu , lui en donna quarante mille. Qiiand il eut puif toute la litharge de Sedan , il ne fit plus d'or; il ne revit plus fon philofophe en fut pour fes quarante mille cus.
l'avait Fait enfuite
&
&
Toutes les prtendues tranfmutations alchimiques ont t fiites -peu -prs de cette manire. Changer une production de la nature en une autre eif une opration un peu diificile , conim, par exemple , du i^r en ar,
124
gent
le
;
Alchimiste.
car clic
c'cll
d'anantir
(Se
de crer l'argent.
qni croyent
aux tranfinurations
parce qu'ils ont vu de l'eau devenir pierre. Ils n'ont pas voulu voir qu l'eau s'tant vapore a dpof le iabla
d(nit el'e
cait
c'narge
6^
prochant
pares eft devenu une petite p'eire fr'able qui n'cfl prcifment que le able qui tait dans l'eau.
fes
&
paie de
nos jours
<Sc
qui
cil
raconte par
un tmoin
qu'il
du compte
en a rendu.
Il faudrait avoir toujours devant les yeux ce proverbe efpagnol : De las cofas 5, vias fe^urcis la mas fegiira es iular. Qiiand 011 a fait une exprience le meilleur parti 5, 5, efl: de douter loiigtems de ce qu'on a vu & de ce qu'on a fiit. En 1753 un cliimifte Allemand d'une
5,
,
,,
5,
petite province voilne de l'Alzace crut avec apparence de raifon avoir trouv le fecret de fdre aifment du falptrc , avec le,
quel on compoferait la poudre canon vingt fois meilleur march & beaucoup plus
j,
promptenient qu'a
l'ordinaire.
Ilfitcucjfet
Alchimiste.
fut
la"
de cette poudre , il en donna au prince fou fouverain qui en fit ufage la chafTc. Elle
juge plus fine
autre.
&
plus agiilnte
,
que
dans un voyage V^ criailles , la mme poudre au roi , qui l'prouva fouvent & en fut toujours galement fatisfait. Le chimifte tait fi fur de fon fccret qu'il ne voulut pas le donner moins de dix.fept cent mille francs pays comptant , & le quart du profit pendant vingt annes. Le march fut fign le chef de la compagnie des poudres, depuis garde du trfor- royal, vint en Alzace de la part du roi accompagn d'un des plus favans chimiftes de France. L'Allemand opra devant eux auprs de Colmar , & il opra fes propres dpens. C'tait une nouvelle preuve de fa bonne -foi. Je ne vis point les travaux; mais le garde du trfor -royal tant venu chez moi avec le chimifte , je lui dis que s'il ne payait les dix-fept cent milles livres
toute
Le prince donna de
qu'aprs avoir
rait
fait
du
falptre
il
garde-
Le chimifte m'af.
Je
lui rptai
trait.
Il
lui dis
;
- je.
il
Ils
unilfent
&
ils
dfU-
nilfent
mais
n'appartient qu'
la
nature
de
jj
faire.
L'Allemand
travailla trois
mois entiers
12^
Alchimiste.
au bout tlefque^s il avoua fon impuif fance. Je ne peux changer la terre en lal ptre , dit -il j je m'en retourne chez moi changer du cuivre en or. Il partit & fit de l'or comme il avait tait du falp:re. Quelle faulTe exprience avait tromp ce
,
le
&
les
gardes du trfor-royal
'<
&
le
chimiile
de Paris & le roi La voici. Le tranfmutateur x-Vllemand avait vu j, un morceau de terre imprgne de falp,
en avait extrait d'excellent avec lecompor la meilleure poudre ,, a tirer i mais il n'appercut pas que ce pe tit terrain tait ml des dbris d'ancien,,
tre
&
il
quel
il
a%'it
j,
,,
tes
ns caves , d'anciennes curies , & des reCdu mortier des murs. 11 ne conlldra que la terre , & il crut qu'il ruffifait de
terre pareille
cuire une
5,
ptre
le
meilleur.
"
pour
faire le fal-
On
les
hommes
nouvelles.
en
eft
fur mille
il
peut s'en
AlcoraNjOUleKoran.
127
A L C O R A N,
LE
OUPLUTOT K O R A
,
N.
gouverne defpotiquement toute feptentrionale du mont Atlas au dcfert de Barca , toute FEgypte les ctes
livre
CE
,
l'Afrique
de l'ocan Ethiopien dans l'elpace de fix cent la Syrie, l'Aile mineure, tous les pays lieues qui entourent la mer Noire & la mer Cafpien11e , except le royaume d'Aftracan tout l'em,
pire de rindouilan
une grandans notre Europe la Thiace la Macdoine , la Bulgarie, la Servie , la Bofnie , toute la Grce , l'Epi,
toute la Perfe
,
de partie de
la
Tartarie
,
&
re
&
dtroit
d'Oriante o
pollellions.
im-
menfes
Dans cette prodigieufe tendue de pays n'y a prs un feul mahomtan qui ait le bonheur de lire nos hvres lacrs ; & trs peu de littrateurs parmi nous connailTent le io7'an, Nous nous en fefons prefqut toujours
il
une ide
ridicule
malgr
les
recherches ds
128
premires lignes de ce livre. Dieu , le fouverain de toiif les mondes i au Dieu de mifcricorde , au c'ell toi ,, fouverain du jour de la jultice
Voici
5,
Louanges
-,
que nous adorons c'eft de toi leul qne attendons la protection. Conduis,^ nous dans les voies 8, nous dans les voies droites de ceux que tu as combls de tes grces , non dans les voies des objets de ta colre, & de ceux qui fe font gars. " j, Telle elt l'introduclion j aprs quoi l'on
, ,
j,,
voit trois
lettres , A, L , qui flon le , favant Salles ne s'entendent point , puifque chaque commentateur les explique {a manire i mais flon la plus commune opinion
elles fignifient.
la
Alla , Latif , Magid , Dieu, Grce , la Gloire. Mabouiet continue , & c'efl Dieu lui-mme qui lui parle. Voci fes propres mots. Ce livre n'admet point le doute , il eft la direction des juftes qui croyentaux pro fondeurs de la foi , qui obfervent les tcms en aumnes 5, de la prire , qui rpandent ce que nous avons daign leur donner, qui font convaincus de la rvlation def5,
ccndiie jufqu'
toi.
toi
&
la
phtes avant
3, 5,
3,
Que
les fidles
ferme
alfui
ance dans
vie venir
qu'ils
ils fe-
feigneur
&
ront heureux.
AlCORAN ou LE KORAN.
,
;
129
que tu les avertiires ou non ils ne croyenfe pas i le fceau de rinfidolit e(t fur leur & fur leurs oreilles ; les tnbres cur couvrent leurs yeux i la punition terrible
,
5,
les attend.
,
j,
Qiielques -uns difent nous croyons en Dieu , & au dernier jour ; mais au fond ils ne font pas croyans. Ils imaginent trompent eux,, tromper l'Eternel j ils fe l'infirmit elt dans j, mmes fans le favoir 5, leur cur, & Dieu mme augmente cette " &c. infirmit
;
On
paife
encor aujourd'hui pour le livre le plus & le plus fublime qui ait encor t
une
(
infi-
Voyez
Aroi
&
Marot.
les Turcs que nos moines crivirent tant de livres lorfqu'on ne pouvait gures rpondre autrement aux conqurans de Conftantinople. Nos auteurs qui font en beaucoup plus grand nombre que les janilFaires n'eurent pas beaucoup de peine mettre nos femmes dans leur parti > ils leur perfuadrent que Mahomet ne les regardait pas comme des animaux intelligens qu'elles taient
Ce
fut
principalement contre
,
devenus mahomtans
Fremiye partis,
130
AlcoraNjOUleKoraT.
;
qu'el-
ne poiredaient aucun bien dans ce monde & que dans l'autre elles n'avaient aucune part au paradis. Tout cela eft d'une fauliet vidente ; ik tout cela a t cru fermement. pourtant de lire le fcond Si le Il fuffifait quatrime fura n) ou chapitre de l'Alcoran
pour
tre
dtromp
j
on y trouverait
les loix
fuivantes
elles
Du Kier qui demeura longtems a Conlfantinople par Maracci qui n'y alla jamais, & par Siilles qui vcut vingt - cinq ans parmi les Arabes.
,
RGLEMENS
N'poufez de femmes
5,
5,
idoltres
elles
feront croyantes.
Une
la
II.
,,
,,
3,
des
fe
Ceux qui font vu de chaftet ayant femmes attendront quatre mois pour
,
dterminer.
fe
Les femmes
J5
maris
a)
comme
En comptant
l'introdutSlion
pour un chapitre.
Alcoran,ou le Koran.
III.
ijx
Vous pouvez faire un divorce deux fois mais la troiilme l avec votre femme
; ,
vous j, vous
3,
,,
5
pour jamais ; ou ou vous la retiendrez avec humanit la renverrez avec bont. Il ne vous eft pas permis de rien retenir de ce que vous lui avez donn.
la
renvoyez
c'eft
IV.
Les honntes femmes font oblifantes attentives, mme pendant l'abfence de leurs maris. Si elles font fages , gardez-vous 5, de leur faire la moindre querelle j s'il en une , prenez un arbitre de votre 5, arrive fomille & un de la fienne.
:,
&
V.
ou deux
ou
trois
& jamais
la
crainte de
ment envers plulieurs n'en prenez qu'une. Donnez-leur un douaire convenable i ayez
foin
d'elles
,
amiti.
VI.
Il ne vous eft pas permis d'hriter de vos femmes contre leur gr ni de les em,
,>
le di-
31
j,
Al
RAN, ou LE KORAN.
vorce pour vous emparer de leur douaire, moins qu'elles n'ayent tc dchires cou pables de quelque crime.
Si vous voulez quitter votre femme pour en prendre une autre , quand vous lui au riez donn la valeur d'un talent en maria ge , ne prenez rien d'elle.
j,
VIL
Il
vous
il
efl:
mais
eft
mieux de vous en
VIII.
Une femme renvoye
5,
eft
oblige d'al-
fon enfant pendant deux ans , & le 5, pre eft oblig pendant ce tcms-l de don ner un entretien honnte flon fa condi tion. Si on fvre l'enfant avant deux ans , il faut le confentement du pre & de la Si vous tes oblig de }e confier 5, mre. 5, une nourice trangre , vous la payerez rai" 5, fonnablement.
laiter
En
tes
(i
voil fuffifamment
,
pour rconcilier
qui ne
les
les
a pas
trai-
le dit. Nous ne prtendons point le juftifier ni fur fon ignorance ni fur fon impofture j mais nous ne pouvons le condamner fur fa dodrine d'un feulDiEU. Ces feules paroles du fura I22 , Dieu eji
Wiiqiie
terntl
il
ti'eHgourc foint
il n'ejl
AlCORAN, ou
point engendr
paroles
, ,
LE KORN.
133
7'ien y{ejl
dis- je
lui
dont nous parlons & de prdications vagues & incohrentes , mais de loix trs bonnes pour le pays o il vivait qui font toutes encor fuivies fins avoir t jamais atfaiblies ou changes par des interprtes mahometans , ni par des dcrets nourefte
,
Au
cet Alcoran
cft
un
&
veaux.
Mahomet
les potes
la Mecque , mais furtout les dodeurs. Ceux-ci foulevrent contre lui les magiftrats qui donnrent dcret de prife de
de
comme duement
dit
,
atteint
<Sc
convaincu
d'avoir
qu'il
falait
adorer
,
Dieu
&
non pas
,
les toiles.
Ce
fut
com-
me on
fource de fa grandeur. Quand on vit qu'on ne pouvait le perdre , que fes crits prenaient faveur , on dbita dans la vilfait
la
&
le qu'il
moins
n'en tait pas l'auteur , ou que du fe fefait aider dans la compofition de fes feuilles , tantt par un fa vaut juif, tantt par un favant chrtien j fuppof qu'il y et
il
C'eft aini
fermons moines.
&
Hy
avait
un
fefait
34
les
fermons , on difit allons eru teyidre ks travaux ri' Hercule. Mahomet rpond cette imputation dans fon chapitre i6, roccadon d'une grolfe fo& qu'on avait tife qu'il avait dite en chaire vivement releve. Voici comme il fe tire
allait Tes
, ,
on
d'affaire.
Qiiand
,,
tulis
te
leKoran adrefletoiDiEU,
il
afin qu'il
prferve de Satan
fur ceux qui l'ont pris
n'a
de pouvoir que
5,
pour
matre
5,
&
un
qui
je
5,
Dieu.
Quand
fubftitue
Koran un
de ces changemens ) fent tii as forg ces verfets mais ils ne vent dilHnguer le vrai d'avec le faux
verfet
autre (
& Djlu
, ,
di-
3,
tes plutt
que
la
l'efprir
verfets.
de
part
de
Dieu
avec
la
v-
D'autres difent plus maligne rite.. ment il y a un certain homme qui tra vaille avec lui compofer le Koran mais
, ;
5,
comment
cet
homme
qui
ils
attribuent
,
mes ouvrages pourait-il m'enfeigner puif& que ,, qu'il parle une langue trangre eft celle dans laquelle le Koran elt crit 5, " l'arabe le plus pur ?
, ,
Cehii qu'on prtendait travailler avec Mal'Akm-an Benfalen , ou dz nMUsJ^O'^^i tait un Juif nomm pag. 123. henfalon. ,11 n'eft gures vraifemblabie qu'un
Algoran,ou leKoran.
Nous avons
uns
latin
le
13'-
Juif et aid Mahomet crire contre les Juifs j mais la chofe n'eft pas impolible.
dit depuis
que
,
c'tait
un moine
nommaient
plaifant
Bolkiira
les
autres Sergius.
Il eft
que ce moine
arabe.
ait
eu un
nom
&
un nom
leves
,
entre les
c'eft
mufulmans
je
ne
au muphti
dcider.
ternel
des
le
croycnt ternel.
a
On
imprim
le
la fuite
la
de
l'hiftoire
de
Croix i & dans ce triomphe il eft dit que l'Alcoran eft arien fabellien , carpocratien , cerdonicien , manichen , donatifte , orignien , macdonien ,
Calcondile
triomphe de
bionite. Mahomet n'tait pourtant rien de tout cela ; il tait plutt janfnifte ; car le fonds de fa dodrine eft le dcret abfolu de
la prdeftination gratuite.
ALEXANDRE.
Alexandre de parler IL n'eft plus permis chofes neuves & pour que pour dire des
^
phyfiques
iiij
&
^36
Alexandre.
morales , dont on a dfigur rhifloire du fcul ^rand homme qu'on aie jamais vu parmi les conqurans de l'Aiie.
Qpand on a un peu rflchi fur Alexandre , qui dans l'ge fougueux des plaillrs & dans l'yvreiie des conqutes , a b;iti plus de villes que tous les autres vainqueurs de l'Alie n'en ont dtruit j quand on longe que c'elt un
jeune
le
homme
,
qui a chang
allez
le
commerce du
monde
min
,
on trouve
de
qu'il
fou , de voleur de grand chepropofe au lieutenant de police la Ri'ime tantt de le faire enfermer tantt de le faire pendre :
traite
&
&
Heureux
fi
La Macdoine
Qu'on
Dans
en France
le
la
Relnie
trois jours
nous verrons
&
palais
Cette requte prfente dans la cour du au lieutenant de police , ne devait tre admife ni flon la coutume de Paris , ni flon
le droit des gens. Alexandre aurait excip qu'ayant t lu Corinthe capitaine-gnral de la Grce , & tant charg en cette qualit de venger la patrie de toutes les invafions des Perfes il n'avait fait que fon devoir en
&
qu'ayant toujours
Alexandre.
oint la
137
de Da^
ayant refpccl
riiis les
femme
,
&
les
filles
prifonnires
faon ni d'tre qu'en tout cas il appellait z la fentcnce du iieur de la lieinie au tribunal du monde
en lier.
Rollin prtend (qu'Alexandre
ne
prit la fa-
meufe
ville
de
n'aimaient pas
vraifeniblable
Tyriens.
Il
pourtant
raifons
&
c^u' Alexandre
de ne point
Tyr
matrelfe de
la
mer
femble qu'il ne falait pas dire que les Juifs donnrent un rare digne de Punique peuple exemple de fidlit qui connt punr lors le vrai Dieu , en refufant des vivres Alexandre , parce qu'ils avaient prt ferment de fidlit Darius. On
;
&
refpedait
beaucoup
mais
il
fait aifez
que
:
les
Juifs s'taient
occafions
car
un Juif ne devait
aucun
S'ils
roi
prophane.
refuferent
imprudemment
,
des contrileur
leurs
butions au vainqueur
montrer efclaves
tait
fidles
de Darius
il
loi
d'avoir
j
en horreur toutes
nations idoltres
, , }
138
livres
Alexandre.
ne font remplis que d'excrations con, &de tentatives ritres de fecouer
refufrent d'abord les contributions
tre elles
le joug.
S'ils
les Samaritains leurs rivaux les avaient payes fans difficult, & qu'ils crurent que quoique vaincu , tait encor alFcz puiCrius iant pour ioutenir JruPa'em contre Samarie. Il ell trs faux que les Juifs fulfent alors le feiil peuple qui connut le vrai Dieu , comme le dit Rollni. Les Samaritains adoraient le mme DiEU , mais dans un autre temple ils avaient le mme Pentateuque que les Juifs & mme en caradres hbraques , c'eft--dire
c'ell
que
,
An
Le
shif-
Jrufalem tait en petit ce que le shifme entre les Grecs & les Latins La haine tait gale des deux ell en grand. cts en ayant le mme fond de religion.
entre Samarie
me
&
le
Alexandre aprs s'tre empar de Tyr par moyen de cette fameufe digue qui fait enles
guerriers
alla
punir Jrufalem qui n'tait pas loin de fa route. Les Juifs conduits par leur grand-prtre, vinrent s'humilier devant lui & donner de
l'argent
les
ils
i
car
on n'appaife qu'avec de
l'argent
de
luccelfeurs,
\^oil
vraie
&
vraifemblablc.
Alexandre.
139
Ixollht rpte un trange conte rapport environ quatre cent ans aprs l'expdition d'Alexandre par l'hiliorien romancier , exagrateur , Flavien Jofepb , qui l'on peut pardonner de faire valoir dans toutes les occafions fa malheureufe patrie. Rollni dit donc aprs Jofepb, que le grand- prtre Jaddiis s'taiit prollern devant Alexandre , ce prince ayant vu le nom de Jehova grav fur une lame d'or attache au bonnet de Jaddus , & entendant parfaitement Thcbreu fe profterne fon tour & adore Jaddus. Cet excs de civilit ayant tonn Parmuion , Al^ xandre lui dit qu'il connailfait Jaddus depuis longtems , qu'il lui tait apparu il y avait dix annes avec le mme habit & le mme bonnet , pendant qu'il rvait la conqute de l'Afie , conqute laquelle il ne penfait point alors. Que ce mme Jaddus l'avait exhort paiFer l'Hellefpont , l'avait alTur que fon Dieu marcherait la tte des Grecs, que ce ferait le Ditu des Juifs qui le ren,
&
Ce conte de
toire
vieille
fils
ferait
bon dans
l'hif.
des quatre
,
Diable
mais
il
Aymon
&
lexaiidre.
C'tait
nefl
il
une
entreprife
hijloire
qu'une
et
t fouhaiter
qu'on ne
l'et
point
140
Alexandre.
Le
conte de Jaddus ferait refpedable , il ferait hors de toute atteinte , s'il s'en trouvait au moins quelque ombre dans les livres facrsj mais comme ils n'en font pas la plus lgre mention , il eft trs permis d'en faire fentir
le ridicule.
ne peut douter qu'Alexandre n'ait foudes Indes qui eft en de du mis Gange & qui tait tributaire des Perfes, Monfieur Holrvell qui a demeure trente ans chez les brames de Bnars & des pays voi& qui avait appris non - feulement leur fins langue moderne mais leur ancienne langue facre , nous aflure que leurs annales attcfla partie
, , ,
On
tent
rinvafion
' Alexandre
,
qu'ils
appellent
,
grand brigand grand Mahadukoit Kounba meurtrier. Ces peuples pacifiques ne pouvaient l'appeller autrement & il eft croire qu'ils ne donnrent pas d'autres furnoms aux rois de Perfe. Ces mmes annales difent qu'Alexandre entra chez eux par la province qui & il eft proeft aujourd'hui le Candahar
,
Enfuite Alexandre defcendit le fleuve Zombodipo que les Grecs appellrent Sind. On ne trouve pas dans l'hiftoire ' Alexatndre un feul nom indien. Les Grecs n'ont jamais appelle de leur propre nom une feule ville
,
Alexandre.
un
feul prince Afiatiqiie.
141
Ils ent ont uf de Egyptiens. Ils auraient cru deshonorer la langue grecque s'ils l'avaient alTujettie une prononciation qui leur feniblait barbare , ik s'ils n'avaient pas nomm
mme
avec
les
!Memphis
la ville
de Moph.
les
,
ni
en eiet ce ne font pas l des noms indiens. Cependant, fi nous en croyons nos miiionnaiencor des feigneurs patanes qui defcendre de Poriis. Il fe peut que ces milonnaires les ayent flatts de cette
res
,
il
prtendent
, & que ces feigneurs l'ayent adopte. n'y a point de pays en Europe o la baf. felTe n'ait invent & la vanit n'ait reu des gnalogies plus chimriques. Si Flavien Jofeph a racont une fable ridicule concernant Alexandre & un pontife Juif , Plutarqiie' qui crivit longtems aprs Jofeph parat ne pas avoir pargn les fables iiir ce hros. Il a renchri encor fur Qiiinte-
origine
Il
& l'autre prtendent qii'Aiexaju i l'un en marchant vers l'Inde voulut fe faire adorer , non - feulement par les Perfes mais auf par les Grecs. Il ne s'agit que de favoir ce qu'Alexandre les Perfes, les Grecs , Quinte-Curce Plutarque entendaient par adorer.
Ctirce
,
ih-e
Ne
la
grande rgle
de dfjiir
termes.
142
Si
Alexandre.
vous entendez par adorer invoquer un
divinit
, ,
lui
offrir
de
au-
&
des facrifices
,
tels Si, des temples il efl; clair qu Alexandre ne demanda rien de tout cela. S'il voulait qu'tant le vainqueur & le matre des Perfes on le falut la perfanne qu'on fe proiternt devant lui dans certaines occafions ; qu'on
,
le
traitt
enfin
,
comme un
n'y a rien
l
roi
de Perfe
tel
qu'il rtait
il
que de
trs rai-
& de trs commun. membres des parlemens de France Les parlent genoux au roi dans leurs lits de juftice y le tiers - tat parle genoux dans les tats - gnraux. On fert genoux un verre
Ibnnable
de vin au roi d'Angleterre. Plufieurs rois de l'Europe font fervis genoux leur lacre. On ne parle qu' genoux au grand- mogol, l'empereur de la Chine , l'empereur du japon. Les colaos de la Chine d'un ordre infrieur flchilfent les genoux devant les colaos d'un ordre fuprieur
on
rmonies n'a jamais t adoration dans le feus rigoureux , comme un culte de latrie. Ainli tout ce qu'on a dit de la prtendue adoration qu'exigeait Alexandre , n'efl: fonde que fur un quivoque. Voyez Abus des
(^
mots. ) C'eft
O^ave
furnomm
dtigufe
qui
fe
Alexandre.
ft
143
rellement
adorer
troit.
tels
i il
On
y eut
Horace
lui dit
podtivement
arcis
VoiU un
il
&
n'efl:
Les
Il
contradidions
fur le
caractre
d'/f-
difficiles concilier.
,
on ne favait que les hommes & furtout ceux qu'on appelle hros font fouvent trs & que la vie & la ditirens d'eux-mmes mort des meilleurs citoyens le fort d'une province , ont dpendu plus d'une fois de la bonne ou de la mauvaile digeftion d'un fouverain bien ou mal confeill.
,
,
Mais comment
improba-
mort
Les uns difent que CalUjibne fut excut & mis en croix par ordre ^ Alexandre pour n'avoir pas voulu le reconnatre en qualit de fils de Jupite)'. Mais la croix n'tait point un fupplice en ufage chez les Grecs, D'autres difent qu'il mourut longtems aprs de trop d'embonpoint. Athne prtend qu'on le portait dans une cage de fer comme un
oifeau
,
&
qu'il
fut
mang de vermine.
rcits
la
ces
vrit
(1
144
Alexandre.
Il y a des avantures que Qniiie ~ Cnrce fuppole tre arrives dans une ville, & Plutarqiie dans une autre j & ces deux villes fe trouvent loignes de cinq cent lieues. Alexandre faute tout arm & tour feul du haut d'une muraille dans une ville qu'il aigeait j elle tait auprs du Candahar flon QuinteCurce , & prs de l'embouchure de l'Indus fuivant Pliitarqiie.
Quand il efl arriv fur les ctes du Malabar , ou vers le Gange ( il n'importe ) il n'y a qu'environ neuf cent milles d'un endroit
,
l'autre
il
que
les
qui taient nuds comme des linges. Il leur propofe des queftions dignes du Afercure galant de Vif leur promettant bien fcrieufement que celui qui aurait le plus mal rpondu , ferait pendu le premier , aprs quoi les autres fuivraient en leur rang. Cela reifemble Nabucodojiofor qui voulait
,
abfolumcnt tuer
fes
mages
s'ils
ne devi-
naient pas un de fes fonges qu'il avait oubli; ou bien au calife des Mille une nuits qui
devait trangler fa
femme
c'eft
il
,
cette
fotife
faut
refpccler
il
Grec.
On
poifonnenient
Alexandre.
145-
Tutarque nous dit qu'on avait entendu dire un certain Agnotmis ^ qu'il avait entendu
envoy
d'Arca-
une
die
;
bouteille d'eau de
Nonacris
ville
eau tait fi froide qu'elle tuait fur le champ ceux qui en buvaient qu'Art^ tipdtre envoya cette eau dans une corne d'un pied de mulet ; qu'elle arriva toute frache Babilone ; qu'Alcxmidre en but , & qu'il en mourut au bout de fix jours d'une fivre
cette
:
que
continue.
anecdote.
que Tutarque doute de cette ce qu'on peut recueillir de c'efl; qvi' Alexandre l'ge de bien certain
Il
eft
vrai
Tout
,
vingt -quatre ans avait conquis la Perfe par trois batailles i qu'il eut autant de gnie que de valeur j qu'il changea la face de l'Afie , de
la
Grce
de l'Egypte
i
&
,
celle
du commerce
l'article H/Jioire.
ALEXANDRIE.
PLus
par
fes
>
de vingt
,
villes
portent
le
nom
d'A,
lexandrie
&
autant de
premire partie,
14^
rois.
Alexandrie.
Ces
,
villes font
autant de nionumens es
gloire
que mais
la
la
qui ait attir l'attention de tout l'hmirphre par fa grandeur &. Tes richciies , ell celle qui devint la canitale de l'Egypte.
nes.
Ce
n'eft plus
On
fait aflez
ruiville
cft dans un autre endroit vers la mer. La tour du phare , qui tait une des merveilles
du monde
n'exitte plus.
La
les
ville
fut toujours
ik
trs floriiTante
fous-
fous les Romains. Elle ne dgnra point fous les Arabes : les Mamme-i les Turcs , qui la conquirent tour lues Ftoomes
&
tour avec le relte de l'Egypte , ne la laiffrent point dprir. Les Turcs mme lui confcrvrent un refte de grandeur ; elle ne tomba que lorfque le paifige du cap de BonneEfprance ouvrit l'Europe le chemin de Tlnde , & changea une fconde fois le commerce
avait chang.
les
,
remarquer dans
Alexanleur
c'elt
leur
&
leur
courage
leur
fuperftition
Alexandrie.
La
Se
ville fut
,
14^
peuple d'Egyptiens
de Grecs
de Juifs
auparavant devinrent riches par le commerL'opulence y introduifit les beaux - arts , le got de la littrature , & par confquent celui de la difpute. Les Juifs y btirent un temple niagniiique , ainfi qu'ils en avaient un autre Bubafte ; ils y traduifirent leurs livres en grec qui tait devenu la langue du pays. Les chrtiens y eurent de grandes coles ; les animofits furent fi vives entre les Egyptiens naturels , les Grecs , les Juifs & les chrtiens , qu'ils s'accufaient continuellement les uns les autres auprs du gouverneur, & ces querelles n'taient pas fon moindre revenu. Les fdice.
lions
Il
mmes furent frquentes & fanglantes. en eut une fous l'empire de Caligula , dans y laquelle les Juifs , qui exagrent tout , prtendent que la jaloufie de religion & de commerce leur cota cinquante mille hommes que
les
Alexandrins gorgrent.
Le
gnes
,
OrU
Clments
avaient tabli
&
,
qu'ils
avaient fait admirer par leurs murs y dgnra au point qu'il ne fut plus qu'un efprit de parti. Les chrtiens prirent les murs des Egyptiens. L'avidit du gain l'emporta fur la
religion
,
Kij
^48
ALEXA!sDrvl.
C'eft le fujet de cette famcufe lettre de l'empereur Aihien au confui Serviamis , rap-
,Tom.
1.
P'S- 40<>
5>
J
J'ai
vu
,
cette
p>
5>
cher Scrvien je la fais toute entire par cur cette nation clt lgre incertaine , elle vole au changement. Les
tiez tant
;
mon
adorateurs
de Srapis
fe
font chrtiens
la
la tte
de
religion
du
M Christ
>
5> 9>
fe font dvots Srapis. Il n'y a point d'archi-rabin Juif, point de Samaritains , point de prtre chrtien qui ne foit aftrologue ou devin , ou baigneur ( c'eft -
p*
Si
3
dire entremetteur
).
Quand
,
le
patriarche
9>
33 )
en Egypte les uns s'emprelTent auprs de lui pour lui faire adorer Srapis , les autres le Christ. Ils font tous trs fditieux trs vains trs querelleurs. La ville eft commerante opulente , peuple j perfonne n'y eft oifif ^ les uns y
Grec a
) vient
fouflent le verre
papier.
Ils
les
autres fabriquent Id
femblent tre de tout mtier , )) & en font en effet. La goutte aux pieds & 3> M aux mains mme ne les peut rduire roifivetc. Les aveugles y travaillent i l'ar, terme grec , par ces parce qu'il ne peut convenir qu' l'hirophante des principaux myAcres grecs. Les chrtiens ne commencrent connatre le mot e patriarche qu'au cinquime ficle Les Romains, J^i Egyptiens , les Juifs ne connalifaieot point ce titr^
On
traduit
ici
patriarcha
;
mots
patriarche grec
, ,
Alexandrie.
V,
0,
14^
,
gent
Juifs
eft
un
chrtiens
les
&
"
tous les
hommes
fervent gale*
B,
ment.
Voici
le
AdRIANI EPISTOLA
EX LIBRIS PhLEGON*
PRODITA.
Arianiis
Aitgiijiiis
Serviane
totam
didici
levem
pendulam
volitantem.
;
&
Illi
ad omnia fanix
monumenta
,
chriftiani funt
&
de-
qui fe
Christi epifcopos
arohifynagogus Judaeonemo chrillianorum , presbyter , non mathematicus , non arufpex non aliptes. Ipfe ille patriarcha qum jEgyptum. venerit , ab aliis Serapidem adorare , ab Genus hominis fealiis cogicur Christum. ditiofilmum , vanillimum , injuriofifmum. dives , fcunda , in qu Civitas opulenta nemo vivat otiofus. Alii vitrum confiant ab aliis charta concitur ; omnes cert lymphiones cujufcumque artis & videntur & haentur. Podagroii quod agant habent j cci
illic
Nemo
rum nemo
Samarites
iij
j')Q
Alexandrie.
,
quod agant habent , cci quod iciant ; ne chiiagri quidcin apud cos otiofi vivunt. Unus illis deus cfl: hune chrifliam , hune Judxi , hune omnes venerantur & gentes.
Cette lettre d'un empereur auf connu par efprit que par fa valeur , fait voir en eiet que les chrtiens , ainli que les autres , s'-
fon
taient
corrompus dans
difpute
:
cette ville
de
la
mais
les
murs
& &
tems partags en diffrentes fecles qui fe d& s'accufaient mutuellement les plus violens ennemis du chriftianifme taient: forcs d'avouer qu'on trouvait dans fon fcin les mes les plus pures & les plus grandes i
teftaient
,
il
en
eft
mme
villes
plus
effrnes
lexandrie.
ALGER.
objet de ce en gographes que nous parlerons d'Alger mais pour faire remarquer que le premier deffein de Io///> XIV-, lorfqu'il prit les rnes de l'tat , fut de
eft le principal
LA
philofophie
didionnaire.
Ce
n'elt pas
,
cmu
Alger.
i^i
tinuelles des corHiires de Barbarie. Ce projet Voyez annonqait une grande ame. Il voulait aller l'expdU la gloire par toutes les routes. 0\\ peut m- ''^" ^^ me s'tonner qu'avec l'efprit d'ordre qu'il mit J^^p ii^ dans fa cour , dans les finances & dans lesy^^ affaires , il eut je ne fais quel got d'ancienne chevalerie qui le portait des adions gnreufes & clatantes , qui tenaient mme un peu du romanefque.
L'ide d'avoir
brider fes
genre.
fa
Il
pirateries
port auprs d'Alger pour tait peut-tre de ce , tait encor excit par le pape
,
un
Alexandre Vil
&
le cardinal
Mazarm
Il
avant
avait
mort
lui
avait infpir
ce delfein.
longtems balanc s'il irait cette expdition en perfonne l'exemple de Charles^ Qiibit j mais il n'avait pas alfez de vaiifeaux pour excuter une fi grande entreprife , foit par lui - mme , foit par fes gnraux. Elle fut infrudueufe & devait l'tre. Du moins elle aguerrit fa marine , & fit attendre de lui quelques-unes de ces adions nobles & hroques auxquelles la politique ordinaire n'tait point accoutume , telles que les fecours dfintreifs donns aux Vnitiens aiigs dans Candie, & aux Allemands preifs par les armes Ottomanes St. Godhart. Les dtails de cette expdition d'Afrique fe perdent dans la foule des guerres heureufes ou malheureufes faites avec politique ou
mme
iiij
, ,
i^a
Alger.
,
avec imprudence avec quit ou avec m]uC. tice. Rapportons feulement cette lettre crite il y a quelques annes l'occafion des pirateries
d'Alger.
trille
,
Il ell
Monfieur
,
qu'on
n'ait point
cout les propofiiions de l'ordre de Mal the qui offrait moiennant un fiibfKe m,
5,
5, 5,
Les chevaliers de Malthe feraient vritablement les dfenfcurs de la chrtient. Les Algriens n'ont adluellement 5, que deux vailfeaux de cinquante canons , j, cinq d'environ quarante j quatre de trente. 9, Le refte ne doit pas tre compt. Il ed honteux qu'on voye tous les jours 5, leurs petites barques enlever nos vailfeaux
Tunis.
alors
&
3, 5,
la
Mditerrane.
Ils
mme
jufqu'aux Canaries
&
juf-
,,
qu'aux Acores.
nations
ramas de Mauritaniens , anciens Numi les , Arabes , Turcs , Ngres mme 3, prefque fans quipage fur 5, s'embirquent des chobeks de d'x-huit vingt pices de ils iiiFellcnt toutes nos mers com5, canon me des vautours qui attendent une proie. j5 S'ils voyent un vaiifeau de guerre ils s'enfuyent ; s'ils voyent un vaiifeau marchand ils s'en emparent j nos amis , nos parens
Leurs
anciens
honunes
&
femmes deviennent
efclavesi
A
8c
il
H.
1^5
les
faut
aller
fupplier hiimblemenc
barbares de daigner recevoir notre argent pour nous rendre leurs captifs.
,,
Quelques
tats
chrtiens
ont
la
,
hon-
eux
&
de
armes avec
lefquelles ils
nous dpouillent. On ngocie avec eux en marchands , & ils ngocient en guerriers. Rien ne ferait plus aif que de rprimer leur^ brigandages on ne le fidt pas. i\ais que de chofes feraient utiles & aifes qui font ngliges abfolument La nceffit de rduire ces pirates elt reconnue dans
;
!
les confei.'s de tous les princes, t^ perfonne ne l'entreprend, QiianJ les miniftres de plufieurs cours en parlent par hazard enfemble , c'elt le confeil tenu con-
Les religieux de
tifs
font
-,
'a
tique
mais
elt
bien
,
honteufe pour,
nous.
nous prennent beaucoup de chrtiens & nous ne leur prenons gueres de muTulmans.
Ils
,,
religion
que nous la ntre. Car jamais aucun Turc aucun Arabe ne fe fait chrtien & ils ont chez eux mille rengats
, ;
qui
mme
les
1^4
Alger.
Un
,
s,
tions.
Italien
nomm, ?%/;//
galres d'Alger.
,
ctnit
en Le mi-
bey
le
5,
Paris.
La
milice
dWli^cr
5,
dou7-e
niiUe
hommes
mais tout le relte eft foldat & c'cd ce qui la conqate de ce payb fi difficile. Vandales les iubjuguerent ,, Cependant ics aifment, & nous n'ofons les attaquer. &c,
rend
ALMANACH.
important de IL peu anciens Saxons voir qui vient des
eft
ahnanach ne favaient ou des Arabes qui taient en effet pas lire aftronomcF , & qui connaiifaient un peu le cours des aftres , tandis que les peuples d'Occident taient plongs dans une ignorance gale leur barbarie. Je me borne ici una
fa
Ci
,
petite obfcrvation.
Qvi'un philofoplie Indien embarqu Mepour vienne Bayonne ; je fuppofe que ce philoiophc a du bon fens , ce qui cft rare,
lia
dit-
on
chez
les
favans de l'Inde
je fup-
A
foCe qu'il
ce qui
eft
L
rare
A N A C
partout
H.
i^
de Tcoie quelques
tait
,
annes
fot
&
qu'il
,
rare.
arts
fot pour le mettre au fait de nos de nos fciences , lui fait prfent d'un almanach de Lige compof par Matthieu
Notre
&
La)isberge
&
du
hilioricn , imprim tous ans Baie , & dont il l dbite vingt mille Vous y voyez exemplaires en huit jours. une bel'e figure d'homme entoure des lignes du zodiaque avec des indicarions certaines qui
Souci aitrologue
&
les
la
le blier
la
tte
les
poilibns
aux
pieds
ainfi
du
refte.
il
Chaque jour de la lune vous enfeignc quand faut prendre du beaume de vie du Sr. Le Livre ou des pilules du Sr. Keyfer, ou vous pendre au col un fachet de l'apoticaire Aynou vous faire faigner vous fiire couper
<>
planter , femer, en voyage , ou chauler desfouliers neufs. L'Indien en coutant ces leons fera bien de dire fon conduc'leur qu'il ne prendra pas de fes almanachs.
les
,
,
ongles
aller
I^^
tolres eu
N A
C H.
crmonies rprouves de tous les {ngcs , ^ Faveur de la populace par mle voyageur pris pour elle qui verra ces momeries fliivies d'une danfe de tambourin , ne manquera pas d'avoir piti de nous: il nous prendra pour des fous qui font aller plailans , & qui ne l'ont pas ablblument cruels. Il mandera au prfident du grand collge de Bnares que nous n'avons pas le lens commun, mais que (1 fa paternit veut envoyer chez nous des perlonnes claires & difcretes , on poura taire quelque chofe de nous moiennant la grce de Dilu.
-,
niilionnaircs
prcifment que nos premiers furtout 5"/. Franois Xavier en nirent avec les peuples de la prefqu'iQe de rinde. Ils fe tromprent encor plus lourdement fur les ufages des Indiens , fur leurs fcienccs , leurs opinions leurs murs & leuc culte. C'eft une chofe trs curieufe de lire les
C'eft
ainfi
,
lv:
relations
qu'ils
le
crivirent.
;
Toute
ftatue eft
eft
pour eux
Tabbat
j
diable
toute aflemble
eil
ua
l-
un
;
taliC-
man
tout bt:acm.me
ils
un
forcier
&
delfus
fent point.
abondante.
mtaphore peu congrue quils travailleront efficacement la vigne du Seigneur dans un pays o Toa
Ils
,
ii'a
jamais connu
le
vin.
Almanach.
prs
1^7
ment
que chcique nation a jug non- feuledes peuples loigns , mais de fes
voifns.
les
plus
anciens
&
fes voifins.
S'ils
ne l'acceptaient pas, ce ferait une bravade pour laquelle on ne manquerait pas de leur faire la guerre comme on la fefait en Europe ftux feigneurs qui refufaient l'hommage.
nous n'avons que dou2e conftellations Chinois en ont vingt-huit , & leurs noms n'ont pas le moindre rapport aux ntres i preuve vidente qu'ils n'ont rien pris du zodiaque calden que nous avons adopt mais
Si
les
:
ont une aftronomie toute entire depuis plus de quatre mille ans , ils reflemblent Matthieu Layisberge & Antoine Souci par les belles prdidions , & par les fecrets pour la fant dont ils farciffent leur almanach imprial. Ils divifent le jour en dix mille miiiutes , & favent point nomm quelle minute eft favorable ou funefte. Lorfque.l'empereur Cam-bi voulut charger les miffionmiis'ils
res jfuites
de faire l'almanach
,
ils
s'en ex-
cufrent d'abord
tions
dit -
on
Je
crois
,
extravagantes dont il faut le remplir. Y^^Y^z beaucoup moins que vous aux fiiperfp^
citions
faites
moi
feule- /
,, ,
^8
N A
,
II.
calenilriey
laijjcz
mes fa-
L'ingnieux auteur de la pluralit des mom moque des Chinois , qui voyent , dit- il des mille toiles tomber a la i'ois dans la iner. 11 efl: trs vraifemblable que Tempereur Catn-bi s'en moquait tout autant que FouteQuelque melTager boiteux de la Chine jielle. s'ctait gay apparemment parler de ces feux folets comme le peuple , & les prendre pour des toiles. Chaque pays a fes fotifes. Toute l'antiquit a fait coucher le foleil dans la mer i nous y avons envoy les toiNous avons cru que les les fort longtems. nues touchaient au firmament , que le firmament tait fort dur , & qu'il portait un refervoir d'eau. Il n'y a pas bien longtems qu'on fait dans les villes que le fil de la vierge , qu'on trouve fouvenr dans la campagne eft un fil de toi!e d'araigne. Ne nous moquons de perfonne. Songeons que les Chinois avaient des aftrolabes & des fphres avant que nous fullons lire i & que s'ils n'ont pas pouif fort loin leur aftronomie , c'cll par
Je/, Te
le
mme
11 ell
,
refpel
pour
les
avons eu pour
Arijiote.
confolant de favoir que le peuple Ropopulus late rex , fut en ce point fort au-dcffous de Matthieu Lansbergc] & du Mef[ager boiteux, , des allroiogues de la Chine
main
&
Almanach.
jufqu'au tems o Jules Cfar rforma romaine que nous tenons de lui
,
1^9
l'aniie
&
que
nom
Kalendrier
Julien
des
&
de
le
rfor-
mer lui-mme.
Les premiers Romains avaient d'abord une anne de dix mois fefant trois cent quatre
jours
i
cela
n'tait
ni folaire
ni lunaire
que barbare. On fit enfuite l'anne romaine de trois cent cinquante- cinq jours", autre mcompte que l'on corrigea comme on put & qu'on corrigea fi mal , que du tems de Cfnr les ftes d't fe clbraient en hyver. Les gnraux Romains triomphaient toujours i mais ils ne favaient pas quel jour
cela n'tait
,
ils
triomphaient.
Cfar rforma tout
,
il
fembla gouverner
le ciel
&
la terre.
fais par quelle condefcendance pour coutumes romaines il commena l'anne au tems o elle ne commence point huit jours aprs le follHce d'hyver. Toutes les na-
Je ne
les
tions de l'empire
Romain
fe
foumirent cette
innovation.
poifellion
qui taient en de donner la loi en fait d'almanachs, la reurent j mais tous ces difFrens peuples ne changrent rien la diftribution de leurs ftes. Les Juifs, comme les autres,
,
Les Egyptiens
leur FhaJ'
1^0
OU
A
,
A N A C
ir.~
quatorzime jour de la lune qu'on appelle la lime roujfe i & cette poque arrivait fouvcnt en Avril ^ leur Pei> tecte cinquaute jours aprs le Fhafe-y la fte des cornets ou trompettes le premier jour de Juillet ; celle des tabernacles au quinze du menie mois , <Sc celle du grand fabath fept
Pafchii le
JVlars
le
comput
,
de Tempire
,
ils
rones &: ides avec leurs matres ils requrent Tanne billxtile que nous avons encore
(& qu'il a falu corriger dans le feizime (icle de notre re vulgaire , & qu'il faudra corriger un jour , mais ils fe conformrent aux Juifs pour la clbration de leurs grandes ftes.
Ils dterminrent d'abord leur Pque au quatorze de la lune roulFe , jufqu'au tems o le concile de Nice la fixa au dimanche qui fuivait. Ceux qui la clbraient le quatorze
tV
les
deux
partis
calcul.
Les
ftes
de
la
Ste.
le
j
nes ou neomnies
l'auteur
du Calendrier
ro-
Voyez
Calendrier
main
|,^
dit
que
la
du
verfet
lima
.,
belle
comme
le
romainji. lOi. oc
fjjjy^
arriver le
dimanche
,
,.
car
dans
Il
mme
Les
choilie
comme
le ibleil.
A
Elle fut fixe
A N A C K;
auifi la Pentecte.
comme
celle
ment cinquante
Le
mme
de patron rem-
ajoute que la St. Jean n'a t porte nu de Juin que parce que les jours commen24 cent alors diminuer , & que St. Jean avait dit en parlant de J s us-Christ , il fiut qu'il croile & que je diminue. Oportet illiim cref.
t.
cere
me
aiitem miniii.
eft trs
Ce
qui
fnguUer
,
&
ce
qui a t
c'eft cette ancienne cremarqu ailleurs rmonie d'allumer un grand feu le jour de la St. Jean, qui elt le tems le plus chaud de l'anne. On a prtendu que c'tait une trs vieille coutume pour faire fou venir de l'ancien embrafement de la terre qui en atten-
dait
un
fcond.
calendrier
eft
Le mme auteur du
la fte
afure
qus
de l'AiTomprioa
place au 15
,
dn
mois d'Augude nomm par nous Aoiifi parce que le foleil ell alors dans le figne de
la vierge.
Il certifie auf que St. Mathias n'eft ft au mois de Fvrier que parce qu'il fut intercal parmi les douze aptres , comme on intercale un jour en Fvrier dans les annes
biiTextiles.
Il
Premire partie.
l6Z
A N A C H.
faire rire l'Indien
aftronomiques de quoi
dont
de Louis XIV-,
Se d'ailleurs
un ingnieur
&
un
Le
ofTicier trs
cftimablc.
pis
de nos calendriers
efl:
de placer tou-
&
le
ils
ne
le
font point
blier
de dire
il
entre dans
n'y entre point, de fuivre l'ancienne routine errone. Un almanach de l'anne paiTe nous trompe l'anne prfente , & tous nos calendriers font
des almanachs des licles pafls.
quand
Pourquoi dire que le foleil eft dans le bquand il ell dans le taureau ? pourquoi ne pas faire au moins comme on fait dans
lier
les
fphres clelfes
li-
des
Il et t trs convenable non -feulement de commencer l'anne au point prcis du folftice d'hyver ou de l'quinoxe du printems , mais encor de mettre tous les lignes
que
Car tant dmesur rpond la conftellation du taureau quand on le dit dans le blier & qu'il
le
foleil
fera
gmeaux
&
fuccelivc-
ment dans
au tems de l'quinoxe du printems, il faudrait taire des -prfent ce qu'on fera oblig
A L M N A
^e
faire
C H.
1(^3
lorfque l'erreur devenu* , plus grande fera plus ridicule. Il en eft ainQ
un
jour
de cent
erreurs
,
fenfibles.
Nos
enfans les
mais vos pres en difaient autant de vous. Pourquoi donc ne vous corrigez-vous pas Voyez dans la grande Encyclopdie Anne, Kalendrier , Prcejfion
corrigeront
ditj
'<
on
des qiiinoxes
&
tous
les
articles
concernant
ces calculs.
Ils
ALOUETTE.
CE mot
'a
utilit
,
dans
fai-
&
re voir
plus
que
peuples
les
plus
barbares
polis
quand
fines.
tait
un
ter-
Voyez
di<^ion-
le
me
dont les Latins firent alauda. Sntone 6c Plme en conviennent. Cfar cornpofa une lgion de Gaulois , laquelle il
gaulois
,
"^""^
^^'^"'^^'
donna
gallico
le
nom
d'alouette
alciiidii
appellahainr.
bien dans
les guerres civiicii ; & Cfar pour rcompcnfe donna le droit de citoyen Romain chaque lgionaire. Ou peut feulement demander comment les
ij
l6^
Romains
galerita.
Jblier
L O U E T T
appellacnt
une
avoir donn
ce
un nom
gaulois
ils
l'appellaient
Une
nom.
lgion de Cfar
ft
bientt ou-
De
telles
Mais quand un profeircur Arabe veut abfolument c^n'aloyan vienne de l'arabe, il eft difficile de le croire. C'cft une maladie chez pluieurs tymologiftes , de vouloir perfuader que la plupart des mots gaulois font pris de Thbreu il n'y a gures d'apparence que les voifins de la Loire & de la Seine voyagealTent beaucoup dans les anciens tems chez les habitans de Sichem & de Galgala qui n'aimaient pas les trangers i ni que les Juifs fe fulTent habitus dans l'Auvergne & dans le Limoufin , moins qu'on ne prtende que les dix tribus difperfes & perdues ne foient venues nous cnfeigncr leur langue. Qiieile norme perte de tems , & quel excs de ridicule de trouver l'origine de nos
tre admifes.
>
termes
faires
,
les
plus
le
communs
phnicien
^o;;/a
&
&
les
le
plus ncef!
dans
calilen
Un
on
,
homme
meilleur.
mot dume
,
vient
du famaritain
qui
fi^^nifie
dit le
Un
i
autre rveur
aiiiire
que
mot
badin
eft pris
&.
ajirologne
manque
d'un terme hbreu qui ilgiifie le dictionnaire de Trvoux ne pas de faire honneur de cette dde prtendre que
le
Alouette;
mot
que
hahitpition
i^^
hbreu?
vient
du mot
beth
en bas - breton figniriait autrefois ville ? que le mme kir en hbreu voulait dire un mur i & que par coniequent les Hbreux ont donn le nom de ville aux premiers hameaux des Bas-Bretons Ce ferait un plailir de voir les tymologiites aller fouiller dans les ruines de la Tour de Babel , pour y troukir
'<
ver l'ancien langage celtique , gaulois & tofcan , fi la perte d'un tems confum fi mif-
la piti.
A Z G N, E
des
S.
ON
mes
;
vu fouvent
en
femmes vigoureu-
fes
l'hiltoire
compter une
il
SiJiirauiis
qu'il
avait
beaucoup de fem-
armes des premiers califes. C'tait fiirtout dans la tribu des Homrites une efpce de loi dicle par l'amour & par le courage , que les poufcs fecouruC fent '& vengealfent leurs maris , & les mres leurs enftms dans les batailles.
mes dans
feattuit
Lorfque le clbre capitaine Drar cornen Syrie contre les gnraux de l'cm.-
iij
i^
iiccelur
Amazones.
calife
Abnho'e
de Mahomet
Pierre qui
comman-
dans Damas avnit pris dans Tes courfes nnifulmanes avec quelque butin , il les conduilait Damas j parmi ces captives tait la fur de Drar lui-mme. L'hUtoire arabe ''Al-onkeAi traduite par Ohley , dit qu'elle tait pari^uitcment belle , & que Pierre en devint pris ; il la mnageait dans la route, & pargnait de trop longues traittes fes prifonnieres. Elles campaient dans une vafle
dait
plulieurs
plaine (eus des rentes gardes par des troupes un peu loignes. Caiilah c'tait le nom <3e cette fccur de Drar , propofe une de ft^s compagnes nogimce Oferra , de fe foullraire la captivit j elle lui p'^-rfuade de mnurir plutt que d'tre les vic1!mes de la lubricit
,
cntoufiame muful; elles s'arment des piquets ferrs de leurs tentes , de leurs couteaux cfpeces de poignards qu'clr.'s portent & forment un cercle comme la ceinture les vaches fe ferrent en rond les unes condes chrtiens
;
le
mme
man
femmes
prfentent leurs cornes aux , loups qui les attaquent. Pierre ne fit d'abord qu'en rire \ il avance vers ces femmes i il eft requ grands coups de btons ferrs j il balance longtems ufer de la force ; enfin il
s'y rfour
,
&
ik
les
met
les
Grecs en
fuite
fur
&
Amazones.
nomme
font
les
1^7
ce
mmes combats
finguliers la tte
des armes , les combattans fe parlent fouvent allez longtems avant que d'en venir aux mains i & c'ell ce qui juilifie Homre fans
doute.
gendre CH-
Damas Christ
,5
attaque Sergiabil dans une fortie de lait d'abord une prire Jesus; il
i
Sergiabil
DiLU
de
Injuite agreifeur , dit-il enfuitc , tu ne refteras pas Je su mon qui combattra pour les vengeurs
35
fa religion.
u protres un menfonge impie , lui rpond Sergiabil i Jesu n'eft pas plus grand devant Dieu qu'Adam : DiEU l'a tir de la pouiire il lui a donn la vie com:
me
un
autre
homme
&
aprs l'avoir
il l'a
laiif
la terre
enlev
au ciel, "a) Aprs de tels difcours le combat commence j Thomas tire une flche qui va blelier le
jeune Abaii
Sergiabil
j
6! s
Aban tombe
velle
en vole
fa jeuile
mahomtans.
cours en Arabie.
Les bazilidiens
sus-Christ
68
Amazones.
,
unie lui que depuis quelques jours. Elle elle ne jette point de cris ; ne pleure poinr mais elle court fur le champ de batnille, le carquois fur l'paule & deux flches dans les mains de la premire qu'elle tire elle je^te
i
par terre le porte- tendart des chrtiens les Arabes s'en laifiJbnt en criant allab nchar ; de la leconde elle perce un il de Thomas qui fe retire tout fauglant dans la ville,
,
ne du point que ces femmes guerrires l brulafient le teton droit pour mieux tirer de l'jrc , encor moins qu'elles vcuflent au contraire elles s'expofaient fans hommes dans les combats pour leurs maris ou pour & de cela mme on doit conleurs ^amans clure que loin de faire des reproches VArioJle & au Tajfe d'avoir introduit tant d'amantes guerrires dans leurs pomes, on doit les
mais
e'ie
murs
vraies
&
in-
la folie
des
croifades
des
parta-
grent avec leurs maris les fatigues ik les dangers : cet entoufiafme fut port au point que les Cnoifes entreprirent defecroifer, 8c d'aller former en Paleftine des bataillons
<ie
juppes
&
de cornettes
elles
vu
dont
elles
en tirent un un pape
Amazones.
Marguerite d'Anjou , Henri FI roi d'Angleterre
guerre plus jufte
155
femme de
,
l'infortun
hroque
batailles
elle
pour dlivrer fon mari, L'hiltoire n'a point d'exemple avr d'un courage plus grand ni plus conftanc dans une femme.
Elle avait t prcde par la clbre
tefle
5,
com-
;j
.5
j,
.3
;,
de Montfort en Bretagne. Cette priiiceire(dit \irgentr) tait vertueufe outre tout naturel de fon fexe ; vaillante de elle fa perfonne autant que nul homme montait cheval , elle le maniait mieux que nul cuyer ; elle combattait la main ; une troupe elle courait , donnait parmi
:
,5
le
plus vaillant
combattait par mer & par ; 53 " terre tout de mme aiTurance , &c. On la voyait parcourir l'pe la main fes tats envahis par fon comptiteur Charles de Blois. Non- feulement elle foutint deux
,
alTauts fur la
brche cTHenncbon arme de pied mais elle fondit fur le camp des ennemis fuivie de cinq cent hommes y mit le feu & le rduilit en cendre.
en cap
connue
,
nom
de
la
Pucelle
d'Orlans
font
moins
tonnans que ceux de Marguerite d'Anjou 8c de la comteife de Montfort. Ces deux princefles ayant t leves dans U
I70
Amazones.
,
Jeanne d'Arc dans le travaux de la campagne , il tait plus fingulier & plus beau de quitter l cour que la chaumire pour les combats.
molleTe des cours
&
rude exercice
des
eft
peutfigc
lever le
d'Orlans ; elle combattit tout aul bien , & ne fe vanta ni d'tre piicelle ni d'tre infpirc.
Ce
afficgcait Beauvais.
en 1472 quand l'arme Bourguignonne Jeanne Hachette la tte de pluficurs femmes foutint longtems un afarracha l'ctcndart qu'un officier des faut ennemis allait arborer fur la brche j jetta le porte - ctendart dans le folT , & donna le tems aux troupes du roi d'arriver pour fccourir la ville. Ses defcendans ont t exempts de la taille ; faible & honteufe rcompenfe. Les femmes & les filles de Beauvais font plus
Fut
,
flattes d'avoir
le
pas fur
les
hommes
la
procefion
jour de l'anniverfaire.
rite
&
l'exemption de
la
taille n'elt
qu'une
fi naiffancc.
Mlle, de la Charfe de la maifon de la Tour du Pin- Goiroernet , fe mit en 1693 la tte des communes en Dauphin , repouifa les
&
Barbets qui
une
irruption.
Amazones.
eer.
17^
L'ordre militaire de
St.
Louis n'tait
le
nom-
bre n'en
a
ell
pas grand
h.
donn aux femmes une autre deftination. On vu mais rarement , des femmes s'enrler parmi les foldats. En un mot chaque peuple mais le royaume des a eu des guerrires Amazones fur les bords du Thermodon.n'eft
, ,
:
A M F. Section premire.
L'Article Ame
nent
la
,
&.
tous
les articles
,
qui tien-
mtaphyfique
l'glife.
doivent com-
fincre
aux dogmes
philofophie.
la foi l'-
La
rvlation vaut
la
j
mais
&
le
guide.
Ne prononce - 1 - oh pas fouvenc des mots dont nous n'avons qu'une ide trs confufe ^u mjjie dont nous ji'en avons aucune i
172
que
eft
la
Ame.
n'eft-il
,
Se&ion
I.
Le mot 'ame
drange
,
foupape d'un fouflet qui cil entr dans la capacit du fouflet en lort par quelque ouverture furvenue cette foupape , qu'il
languette
Se
ou que
l'air
n'elt plus
comprim contre
,
les
deux
palettes
le
&
Pme du foujet efi cms. Elles n'en favent cette queftion ne trouble pas davantage i point leur tranquillit.
&
Le
plantes
jardinier
,
prononce
le
mot 'ame
des
tk
les
Le luthier pofe , avance ou recule Vam d'un violon fous le chevalet , dans l'intrieur des deux tables de l'inllrument j un chtif morceau de bois de plus ou de moins lui donne ou lui t.e une ame harmonieufe.
danslef.
ouvriers donnent
la qualification
ne
eft
les
pas
Le mot
d'aine
parmi nous
fignific
en gn-
Nos devanciers les Celtes donnaient leur ame le nom de Seel dont les Anglais ont fait le mot foui les Allemans feel i & probablement les anciens Teu,
ons
&
les
Ame.
le
Se^hn
1.
t7J
pour
cette
exprelon.
trois fortes
,
d'ames
>
fam
des
&
voil
,
pourquoi V Amour
11
enKint ^A,
pbrodite
&
,
que
Pjch l'aima
tendrement
la
pieiima
le foufle
qui donnait
la
vie
Sc
le
mouvement
toute
machine
,
&
efprit
on
donn
,
mille
acceptions dilfrentes
&
enfin Noits
r intelligence.
d'aucune.
Nous
la plus
&
Yf-"^
de'L"a
mes en
trois parties.
Tjich tait dans la poitrine. Pneuma fe r1733, pandait dans tout le corps & Nons tait dans Il n'y a point eu d'autre philofophie la tte.
;'
dans nos cofes jufqu' nos jours j & malheur tout homme qui aurait pris une de ces mes pour l'autre.
s'taient bien apperqus que dans leurs paiions d'amour, de colre , de crainte , il s'excitait des mouvemens dans leurs entraules. Le foie -S: le
avait pourtant
cur
furent
le
Lorfqu'cn
penfe proFondmeut
on
fent
une concen-
1^4
Ame.
dans
SeUhn
t.
la tte.
Donc Vzm^
Sans
ref;
cerveau.
,
point de vie
la
cft
dans
poitrine qui
foufle
de
i'air.
LorCque les hommes virent en fonge leurt parens ou leurs amis morts , il iulut bien chercher ce qui leur tait apparu. Ce n'tait pe;S le corps qui avait t confum fur un bcher , ou englouti dans la mer , & mang des poiiTons. C'tait pourtant quelque chofe , ce qu'ils prtendaient ; car ils l'avaient vu y le mort avait parl j le iongeur
fmuma
Etait - ce pftch ? tait ce ? tait - ce nous avec qui on avait On imagina un phanconveri en fonge tme , une figure lgre j c'tait ikia , c'tait daimojws , une ombre , des mnes , une petite ame d'air & de feu extrmement dhe qui errait je ne fais o.
l'avait interrog.
-
'<
Dans
la
fuite drs
la
approfondir
choie
ame
tait corporel'e
&
toute
ame
qu'on douta
s'il
ne
la
lparait
pas entire-
ment de
la matire j mais ce fut un problme qui ne fut jamais rcfolu , jufqu' ce que la foi
En
vain
les matrialiftes
allguent quelques
Ame.
pres
SeSlion
^^'
de l'glile , qui ne s'exprimaient point avec exaditude. St. Irene dit , que l'ame n'ell Livre vj ^ue le foufle de la vie j qu'elle n'elt incorporelle ch. vii.^ que par comparaifon avec le corps mortel qu'elle conlerve la figure de l'homme , afin
-,
&
qu'on
la reconnaifle.
:
vain TertiiUien s'exprime ainfi La corporalit de l'ame clate dans l'Evangilf j -^^'^"^ *'^^* ^" " ipjo Evangelio relnce/JJL corporalitas anim
En
Car
fi
un corps
l'image de
En
fainte
mme
la
femme qui
,
avait
vu une ame
trs bril-
couleur de l'air. En vain Tatien dit expreflement , pfeukai Oralfon men oun ei ton antropon polumres ejii l'ame contreles de l'homme eft compofe de plufieurs parties. Grecs.
lante
&
de
En
vain allgue
- 1
on
St. Hilaire
:
qui dit
rien de St.
,
il
n'efl
HlL
5ir.
'
dans
,
le ciel
jii
fur
fur
lu terre
:
invifthles
mes
parmi les vifibles ?ii parmi les ^^^^th. /ejP^S'^33' form d'lmens j foitqu elles habitent nn corps ,foit qu^ elles
,
ni
tout
en fortent , oiit toujours une fuhjiance corporelk. En vain 5"^. Amhroife, au fixime iicle, Svr^r^J dit Nous ne connaiffons rien que de matriel, hamViv.n ch. viiu except la feule vnrable Trinit.
:
Le corps de
l'ame
eft
l'glife entire
a dcid
que tom,
bs dans une
taient
ils
hommes
mais
ils
ne
fe
tromprent
37^
t.
,
SeBion
1.
parce qu'elle
cfl
cru
les vangiles.
fi
Nous avons un
dcifion de
,
befoin
vident de la
fur ces points
l'cglife infaillible
que nr^us n'pvons en etfet de philofopliie par nous-mmes aucune notion fuffilante de ce qu'on appelle efprit pur , & de ce qu'on nonime matire. L'efpric pur eft un mot qii
ne nous donne aucune 'dce j & nous ne conniUiibns la matire que par quelques phnomnes. Nous la connaijbns li peu que nous
rappelions
fithjance
ce
;
or
le
;
mot
Jubjtance
veut dire
io^s fera
eft
le
qui
ejl
dejjous
mais ce delfous
ternellement
cach.
;
Ce
dejj^nis
fecret
eft
du Crateur
nartout.
,
(Se
ce fecret
du
Crateur
la
Nous ne
favons ni com-
ment nous recevons la vie ni comment nous donnons ni comment nous croiifons ni comment nous digrons, ni comment nous oi comment nous penfons dormons ni comment nous fentons. La grande difficult eft de comprendre comment un tre quel qu'il foit a des penfes.
, , , ,
, ,
Section seconde.
Des doutes de hokc fur
L'auteur de rarticle
Pariije.
Ame
s'lve aulfi
con-
K M
jcontre Lo/ic
Se&iU
II.
I7*j^
; parce que le modefte Lo/ie a dit : nous ne ferons peut-tre jamais capabtes Traduc^
^j
de connatre l un tre matriel penfe ou ^^^} ^^ ^''^' 3, nori , par la raifon qu'il nous eft impoll ble de dcouvrir par la contemplation de ,/nos propres ides fans rvlation , il Dieu n'a point donn quelque amas de ma. difpofe comme il le trouve pro3, tire pos 5 la puiilnce d'apperccvoir & de pen3j fer; ou s'il a joint & uni la matire difpofe une fubllance inimatrisllc 3, ainfi qui' penfe. Car par rapport nos notions , eft pas plus mal aif de concejj il ne nous voir que Dieu peut , s'il lui plait , ajounotre ide de la matire la facult ,j ter de penfer , que de comprendre qu'il y
'
joigne une autre fubftance avec la facult de penfer j puifque nous ignorons en quoi quelle efpce de ,j coniifte la penfe , & liibftance cet Etre tout-puilfant a trouv propos d'accorder cette puilfance qui ne faurait tre cre qu'en vertu du bon plai (Ir & de la bont du Crateur. Je ne vois pas quelle contradiction il y a que Dieu, cet tre penfant , ternel & tout-puilfant donne , s'il veut quelques degrs de feu,
timent de perception & de penfe cer tains amas de matire cre & infenfible qu'il joint enfemble comme il le trouvs " propos.
,
3,
Premire partis,
M.
C'tait
parler en
homme
profond
reli-'
gieux
&
modclle. a)
quelles querelles
il
On
qui en
fait
eut a efluie*
,
mais
de
la
en
lui
qu'une
fuite
convidion o il tait de la toute - puilfance & de la faibleflc de l'homme. Il de Dieu ne difait pas que la matire penft : mais il difait que nous n'en favons pas aifez pour dmontrer qu'il eft impoflible Dieu d')OUter le don de la penfe l'tre inconnu
,
nomm
don de
matire
la
aprs
lui avoir
accord
le
gravitation
& celui
du mouvement
Loke n'tait pas aflurment le feul qui et avanc cette opinion i c'tait .celle de toute l'antiquit , qui en regardant l'ame comnc
une matire
quent que
le
trs dlie
affurait par
conf-
la
& penfer.
comme on
5,
vrai
dit Gajfendi
fez
a) Voyez
lembert.
difcours prliminaire
dire qu'il
Da*
On
peut
cra
la
mtaphyfique -
peu-prs comme Neuton avait cr la phyfique. ... fes ides & fes afFec,, pour connatre notre ame
,
,,
tiens
, il
raient
mal
il
fe
;;
vous
;,
qui peiifez. Ainf quoique l'opration de la penfe vous foit connue , le principal
de votre eflence vous efl; cach i & vous ne favez point quelle eft la nature de cette fubftance dont l'une des oprations eft de a, penfer. Vous reflemblez un aveugle qui
5,
3,
5, j,
Tentant
qu'elle
la
chaleur du
foleil
le
&
tant averti
,
eft
caufe par
foleil
croirait
avoir une ide claire & diftmde de cet aftre j parce que 11 on lui demandait ce qus c'eft que le foleil , il pourait rpondre que &c. " s, c'eft une chofe qui chauffe
,
Le mme
pi cure
,
Gcijfendi
dans
fa philofophie
d'Efpi^
rpte
pure
de l'ame.
celfe
Defcartes , dans une de feg lettres la prinPalatine Elizabeth , lui dit : Je con-
feffe que par la feule raifon naturelle nous pouvons faire beaucoup de conjedures
5,
j,
fur l'ame
ces
,
& avoir de flatteufes efpran, mais non pas aucune ailiranoe. " Et &
profondment
,,
,,
en. lui-mme ; aprs s'tre, ain dire contempl longtems , il ne fit dans fon trait de l'Entendement humain que prfenter aux hommes le miroir dans lequel il s'tait vu. En un mot , il rduifit la mtaphyfique ce qu'elle doit tre f>n* effet , la phyfique exprimentale de l'ame. **
pour
ii
k%a
11
Ame.
avance dans
fes
Sf^icn T.
fes lettres
cela Defcartes
combat dans
livres
;
qu'il
contra dic'tioi
trop ordinaire.
Enfin nous avons vu que tous les preft des premiers ficles de rcglife , en croyant l'ame immortelle, la croyaient en mme tcms matrielle. Ils penfaient qu'il cft aulU aif
Dieu Dieu
fante.
de conferverque de crer.
la fit
Ils
difaient:
penlante
il
la
confervera pen-
Malkhranche a prouv trs bien que nous n'avons aucune ide par nous-mmes , & qu les objets font incapables de nous en donner. De -l il conclud que nous voyons tout en Dieu. C'ell au fond la mme chofe que de faire Dieu l'auteur de toutes nos ides j car avec quoi verrions - nous dans lui , fi nous n'avions pas des inftrumens pour voir ? Et ces inftrumens , c'eft lui feul qui les tient & qui les dirige. Ce fyftme eft un labyrinthe dont une alle vous mnerait aux fpinofif. me , une autre au ftoicifme , & une autre
au chaos. Qiiand on a bien difput fur l'efpi it fur la matire , on finit toujours par ne fe point entendre. Aucun philofophe n'a pu lever par fes propres forces ce voile que la nature a
,
les
ils
difputent
&^
la
nature
agit.
E.
Se&ion lit
\%f
Section troisime.
De tame
des htes
^ de quelques
n'avaient
ides creufes.
Avant l'trange {yftme qui fuppofe les animaux de pures machines fans aucune fenfation
,
les
hommes
btes
jamais ima;
gin dans
les
perionne n'avait pouif la tmrit jufqu' dire qu'une hutre polfcde une ame fpirituelle. Tout le m.onde s'accordait paifiblement convenir que les btes avaient reu de Dieu tlu fentiment, de la mmoire, des ides , non pas un efprit pur. Perfonne n'avait abuf du don de railonner au point de dire , que la nature a donn aux btes tous les organes du fentiment pour qu'elles n'eulTent point de fentiment. Perfonne n'avait dit qu'elles
&
&
crient
quand on les blelT & qu'elles fuient quand on les pourfuit , fans prouver ni
,
douleur
li
crainte.
On
de
leur
ne
Dieu
i
avait
reifouvenir
i
,
la
ques ides
d'entre eux
il
avait
pu donner
au finge
comme
l'lphant
au chien de chafle , le talent de fe perfedionner dans les arts qu'on leur apprend < noniulement il avait pu douer prefque tous les
iij
1%Z
animaux
la
Ame.
carnairicrs
SeSiion
IIL
mieux
fiire
du
talent de
guerre
dans leur
vieilleflc
exprimente
que dans leur jeunefTc trop confiante j nonfeulcment , dis -je , il Tavait pu, mais il l'avait fait
; l'univers en tait tmoin. Pereira & Defcaries foutinrent l'univers que Dieu avait jou des qu'il fe trompait gobelets , qu'il avait donn tous les inftru,
mens de
la vie
&
de
la
fenfation
aux ani,
maux
ni
vie proprement dite. Mais je ne fais quels prtendus philofophess pour rpondre la chimre de Defcartes , fc jettrent dans la chimre oppofe ; ils donnrent libralement
un
in
efprit
&
aux infedcs
vitiiim ducit
folies
l'une qui te
,
le fenti-
ment aux organes du fentiment l'autre qui loge un pur efprit dans une punaife on imagina un milieu c'eft l'inltincT: & qu'eft-ce que l'infc'eft une forme fubftantielle,ttncl ? Oh oh c'eft une forme plaftique c'eft un je ne fais
-,
de Tinftind. Je ferai de votre avis , t^nt que vous appellerez la plupart des chofes /f ne fais quoi tant que votre philofophie commencera & finira par je ne fais ; mais quand
i
quoi
c'eft
vous affirmerez
je
vous
les
dirai
avec Prior
vanits
du monde
A
Avez - vous
M
liefurc
St^iH ni.
mince clofon
la
i%%
raifon
cette
Qui femble fparcr l'inftinft de Vous tes mal pourvus & de l'un
Aveugles
infeiifs
,
&
de
l'autre.
?
inftinfl:.
gliffans
l'article
comme une
5,
A
j,
mais de quelle efpce ? Ce doit tre , ce me femble , un principe adif qui a des fenfations , & qui n'a que cela Si nous reflchilTons fur la nature de l'ame des btes , elle ne nous fournit rien de fon fonds qui nous porte croire que fa fpiritualit la fauvera de l'anan" tiflement.
Je n'entends pas
& intelligente
comment on
fe reprfente Se reprfenter
c'eft
s'en faire
&
jufqu'
l'efprit.
Je veux que par le mot reprfente entende , je conois pour moi j'avoue que je ne le conois pas. Je conois encor moins qu'une ame fpirituelle foit anantie , parce que je ne conois ni la cration , ni le nant ; parce que je n'ai jamais alil au confeil de Dieu j parce que je ne fais rien du tout du principe des chofes. $i je veux prouver que l'ame eft un tr*
l'auteur
,
iiij
It4rel
,
E.
Se^ion III.
difant
on m'arrte en me
Si j'affirme
celle
;
facult.
que
c'ell
,
que
je
)'ai
de neiiler
que Dieu le matre ternel de toute la nature fait tout en moi & dirige tou8c tout&s m? penfcs que ( tes mes actions *]e produirais mes penfes, je faurais celles que j'aurai dans une minute j que je ne le fais jamais ; que je ne fuis .qu'un automate fenfations & ides nceffairement dpendant , & entre les mains de l'Etre fuprme infiniment plus foumis lui que l'argile ne l'eft au potier. J'avoue donc mon ignorance j j'avoue que quatre mille tomes de mtaphyflque ne nous enfcigncront pas ce. que c'eft que notre ame.
,
me trompe
tJn phiofoplie orthodoxe difait un philofophe htrodoxe , comment avez- vous pu I^arvenir imaginer que l'amc eft mortelle de fa nature , Se qu'elle n'eft ternelle que par la pure volont de Dieu ? Par mon exprience, dit l'autre
vous
Je tombais en pilepfie dans ma jeuneifc , & je vous alfure que j'tais parfaitement mort pendant plulicurs heures. Nulle fenfation , nul fouvenir mme du moment o j'tais tomb.
?
j
tes
mort
Comment
Oui
tort
eil-ce que
fouvent.
11
m'arrive prfent
le
la
mme
chofe prefquc
prcif-
Je ne fens jamais
je
ment
meil
cft
moment o
mon
E.
SeSlion
IIL
i8^
imaginer que par conjedurcs combien de tems l'ai dormi. Je fuis mort rgulirement C'cfi; le quart fix heures en vingt - quatre. de ma vie. L'orthodoxe alors lui foutint qu'il penfait toujours pendant fou fonimeil fans. qu'il en iit rien. L'htrodoxe lui rpondit Je crois par la rvlation que je penferai toujours dans Fautre vie ; mais je vous alfure que je peiife rarement dans celle - ci. L'orthodoxe ne fe trompait pas en afliirant l'immortalit de l'ame ; puifque la foi la raifon dmontrent cette vrit ; mais il
:
&
fe tromper en alfurant qu'un homme endormi penfe toujours. Loke avouait franchement qu'il ne peniait pas toujours quand il dormait. Un autre
pouvait
philofophe a dit
/e
f enfer
mais
ce iiej
eji
de
& la & de
Cependant
il
un
forte
une porfcution aifcz pour avoir avou avec Loke que fon entendement n'tait pas exerc tous les momens du jour & de la nuit , de mme qu'il ne fe fervait pas tout moment de fes bras
philofophe elTuia
&
de
fes
jambes.
le
Non- feulement
,
l'ignorance
de cour
perfcuta
Jt6
ligne de
Se!fhn HT.
quelques prtendus littrateurs fe dchana contre le perfcut. Ce qui n'avait produit en Angleterre que quelques difputes
philofophiques
lches atrocits
,
un Franais
fut la
vidime
de Loke.
11
a eu toujours
littrature
plus
ont vendu leur plume & cabale contre leurs bienfaidcurs mmes. Cette remarque eft bien
trangre
l'article
Ame
perdre une
occafion
rendent indigres du nom d'homme de lettres; qui proltitucnt le peu d'efprit & de confcience qu'ils ont un vil intrt , une politique chimrique , qui trahiflent leurs amis pour flatter des fots , qui broyenc en fecret la cigiie dont l'ignorant puifTant & mchant veut abreuver des citoyens utiles ? Arriva-t il jamais dans la vritable Rome qu'on dnonqt aux confuls un Lucrce pour avoir mis en vers le fyftme d' Epicure ? un Cicron pour avoir crit plufieurs fois , qu'aprs la mort on ne rcirent aucune douleur ? qu'on accuft un Vline , un Varron d'avoir eu des
,
La
libert
de penfer fut illimite chez les Romains. Les cfprits durs jaloux & rtrcis , qui fe font efforcs d'crafer parmi nous cette libert mre de nos connaiffances , & premier reffort de rentendemeiit humain , ont prtexte des
,
Ami.
les
Se^hn lL
>g7
que
Romains qui
coup plus loin que nous n'en ont p.s moins & que t nos vainqueurs , nos lgislateurs
,
n'ont pas plus de rapport au gouvernement que le tonneau de Diogne n'en eut avec les vidoires d'/4les difputes
de
l'cole
kxandre. Cette Icqon vaut bien une leon fur l'ame ; nous aurons peut-tre plus d'une occafion d'y revenir.
Enfin
en adorant
Dieu
de toute notre
ame
rance fur cette ame , fur cette facult de fentir de penfer que nous tenons de fa bont infinie. Avouons que nos faibles raifonnemens
&
ne peuvent rien ter , rien ajouter la rvlation & la foi. Cancluons enfin que nous devons employer cette intelligence , dont la nature eft inconnue perfedionner les fcien,
comme
horlogers employent desreflbrts dans leurs montres , fans fa voir ce que c'eft que le reifort.
eft
dit
dans
la
Genfe
Dieu foufa
,
lu
vifage
devint
am
vivckjtt
^ Nm
des
em-
88
A w
le
E.
SeSlIoH If.
i
fang
l'ame
ctait
prife
la caufe de la , pourquoi certaines nations croyaient fans raifonner que quand la vie le dilUpait l'ame fe diilipait de mme. Si Ton peut dmler quelque chofe dans le chaos des hiltoires anciennes , il lemble qir'^ii moins les Egyptiens furent les premiers qui eurent la igacit de diftingner l'intelligence & l'ame ; & les Grecs apprirent d'eux diftinguer auffi leur 7iorfS , leur pneunia ,
Toriginc &:
C'efl:
me.
leur
s/iia.
diftingurcnt
&
anhna
notre
efl:
&
le
eu
qui
auffi
ame
&
notre entendement.
,
Mais ce qui
cft le
ce
font -ce
deux chofes diffrentes ? eft-ce le mme tre? nous fait digrer & ce qui nous donne des Icnfatiorts & de la mmoire, rcifemble-t-il ce qui cft dans les animaux la caufe de leurs fenfations & de leur mmoire ?
ce qui
C'eft
i
l
l'ternel
qbjct
des
difputes
des
Ce
n'ialt
,
'Av^vftin qui
pas fans doiits l'opinion de St. dans le livre liuit de la. Cilydt Dieu ,
:
s'exprime ainfi
ofi
^iii
Que ceux-l
dire que
ft taijent qui
efl
nontpas
,
s la
vrit
DiEU
font
un corps
mais
dt^
de
t ui.
pas
Ame.
SeSfhit V-
\%g
hommes ; je dis l'ternel objet 5 car n'ayant point de notions primitives don nous puiC Jons defcendre dans cet examen , nous na pouvons que nnger & nous dbattre dans une mer de doutes. Faibles & malheureufes machines qui Dieu daigne communiquer le mouvement pendant les deux momens de notre exiftence , qui.de nous a pu appercevoir
la
foutient fur
ces
abmes
Sur la foi de nos connailTances acquifes nous avons of mettre en queilion (1 l'ame cft cre avant nous , ( elle arrive du nant dans notre corps ? quel ge elle eft venue fe placer entre une velie & les inteftins Cciim & reBiim r* i elle y a reu ou apport
ides ?
quelques
Il
ides
&
quelles
font ces
nous avoir anims quelques momens fon elfence elt de vivre aprs nous
aprs
dans
ils
l'ternit
fans
l'intervention de
Dieu
mme?
font
,
Si tant efprit,
&DiEU
tant efprit^i
lun
ces
ble b)
lumire.
notre
,,
ame
cjuil nefl
Cedajit
&
iill
U.
dicere
Deum corpus efle , verupitamen ejusdem na turse ciijus ille eft aniinos noftros eiTe puta verunt jra non eos movet tanta mutabUitas ani'^ j, mje , quam Dei nntur tribucre nefas eft.
, ,
,
^d
/me.
Sa^OH IV.
connatre grofre^
,
ment un morceau de mtal nous le mettons au feu dans un creufet mais avons-nous un ereufet pour y mettre l'ame ?
Que nous
anciens
les
philofophes
elt
&
modernes
un enfanc
plus
qu'il
ne
Qu'il eft
ble
trifte
nfatiable curiofit
^u
bien tre
- vous pour notre pour notre fif intariiFade nous ignorer ainfi j'en
,
direz
conviens , & il y a des chofes encor plus triftes i mais je vous rpondrai
Sors tua mortalis
,
non
ejl
mortale
,
qmi
optas.
Tes
homme
5c tes
vux
font
d'un Dieu.
parait eiicor
une
fois
que
la
le fecret
Comment
ment
fe
com-
forment les animaux ? comment quelques-uns de nos membres obilTent- ils conftamment nos volonts ? quelle main place des ides dans notre mmoire , les y garde comme dans un rcgiftre & les en tire tantt notre gr & tantt malgr nous ? Notre nature , celle de l'uiiivers celle de la moindre plante tout eft plong pour nous dans un gouifre de tnbres.
, ,
A H
L'homme
jpenfant
;
f.
SeSfion IV,
151
fentant
eft
un
tre agiifant
que nous en favons j ne nous eft donn de connatre ni ce qui il nous rend fentans & penfans , ni ce qui nous fait agir , ni ce qui nous fait tre. La
voil tout ce
facult
agiflante
eft
aulfi
incomprhenfibl
pour nous que la facult penfante. La difficult eft moins de concevoir comment ce
corps de fange a des fentimens & des ides que de concevoir comment un tre , quel qu'il des fentimens. foit , a des ides
&
Voil d'un ct l'ame i'Archimds , de l'au, font - elles de mme nature ? Si leur eifence eft de penfer elles penfent toujours , & indpendamment du corps qui ne peut agir fans elles. Si elles penfent par leur propre nature , l'efpce d'une ame qui ne peut faire une rgle d'arithmtique, fera- 1- elle la mme que celle qui a mefur les cieux ? Si ce font les organes du corps qui ont lait penfer Archimde , pourquoi mon
tre celle d'un irnbcille
mieux conftitu qa^ Archimde , plus vigoureux digrant mieux fefimt mieux toutes fes fondions , ne penfe-t-il point C'eft dites- vous que fa cervelle n'eft pas i bonne. Mais vous le fuppofcz ; vous n'en favez rien.
idiot
,
On
me
m-
vraifemblable que
le
cervelet d'un
Tt fera
en meilleur
tat
que
celui ^ Archimde
5)3
ii
M
&
e:
M'ion IV.
,
Se
qui pouv
raccourci.
Concluons donc ce que nous avons dcja conclu , que nous ibmmes des ignorans fur tous les premiers principes. A l'gard des jgnorans qui font les fufifans , ils font fort
au dellbus des
finges.
Difputez maintenant, colriques argumentans i prcfentez des requtes les uns contre
les autres
;
,
fentences
dites des injures prononcez vos vous qui ne favez pas un mot de
,
la queltioii.
Section cincluime.
Du
pisradojce de
lit
Warhurton
Shakefpear
,
diteur
an^laiie
&
de
la
libert
&
abultUit de la cou-
tume de
dire
quatre volumes pour prouver que l'immortalit de l'ame n'a jamais t annonce dans le Pentateuquej & pour conclure de cette preuve mme que la milfion
a compof
de Mofe , qu'il appelle Lgation, eft divine. Voici le prcis de fbn livre quil donne luimme pages 7 & 8 du premier tome.
1.
La
A
y>
s.
SeSlioii
T.
193
1*.
La doftrine d'une
des rcompenfes
&
focit civile.
>
2*.
Tout
il
le
V en quoi
fe
&
& c'efl
ipciale-
ment
les plus
&
enfeigner cette
Gun endroit de la loi de Alofe ; donc la loi de Mofe eft d'un original di>>
vin
i*
deux
Premier sillogisme.
^y
Toute religion
fon principe
de l'ame pour ne peut tre foutenue , que par une providence extraordi-x naire ; la religion juive n'avait pas l'immortalit de l'ame pour principe, donc la religion juive tait foutenue par une providence extraordinaire.
n'a pas l'immortalit
Premire partie.
154
E.
Se&ion V.
Second sillogisme.
vi
Les anciens lgiilateurs ont tous qu'une religion qui n'enfeignerait pas l'immortalit de l'ame ne pouvait tre foutenue que par une providence extraordinaire. Mofe a inftitu une religion qui n'eft pas fonde fur l'imdonc Moljc mortalit de l'ame religion maintenue par croyait fa une providence extraordinaire.
dit
-,
Ce qui
gros
eft
c'eft
qu'il a
mife en
la tte de ion livre. On fouvent l'extrme tmrit & la mauvaife foi avec laquelle il ofe dire, que tous les anciens lgiflateurs ont cru qu'une religion qui n'eft pas fonde fur les peines &:les rconipenfes aprs la mort, ne peut tre foutenue que par une providence extraordinaire ; il n'y en a pas un feul qui l'ait jamais dit. Il n'entreprend pas mme d'en apporter aucun exemple dans fou norme livre farci
caractres
lui a reproch
c) On les a tires en effet ces dangereufes confquences. On lui a dit , la crance de lame immortelle eft nceffaire ou non. Si elle n'eft pas npourquoi Jsus - Christ l'a - 1 - il annonceflfaire
,
ce
A M
tes font
E.
Se&iOH
19
o'une iiiimenfe quantit de citations , qui tou, trangres fon fujet. Il s'eft en-
& Latins de peur qu'on ne pntrt jufqu' lui travers une multitude horrible d'envelopes. Lorfqu'enfin la critique a fouill jufqu'au fond , il eil refTufcit d'entre tous ces morts pour charger d'outrages tous fes adverfaires.
terr fous
un amas
d'auteurs Grecs
,
anciens
&
modernes
Il eft
vrai
,
que vers
la fin
de fon quatrime
volume
rinthes
&
s'tre battu
a rencontrs
grande queition qu'il avait lailfe l. Il s'en prend au livre de Job qui paife chez Is fvans pour l'ouvrage d'un Arabe , & il veut prouver que Job ne croyait point l'immortalit
tous
Enfuite il explique fa faqon de l'Fxriture par lefquels on a voulu combattre fon fentiment.
de l'ame.
les textes
Tout
c'eft
que
s'il
avait raifon
ce n'tait pas
un vque
d'a-
pouvait
fes c)
i
tirer des
mais
il
Il devait fentir qu'on en confquences trop dangereun'y a qu'heur & malheur dans
vait
lui
&
la
l
cachait
donne
De
quel nom voulez- vous qu'on , quelque ct que vous vous tourniez
ij
19^
ce
E.
SecHoii
,
monde. Cet
homme
,
qui
t
teur
a
&
perfccuteur
n'a
livre.
Salamanque
Coimbre
Rome,
il
au-
rait t oblig
de fe rtrader & de demander pardon. En Angleterre il efl: devenu pair du royaume avec cent mille livres de rente
',
c'tait
dequoi adoucir
fes
murs.
Section sixime.
Du befohi
Le
de la rvlation.
plus grand bienfait dont nous foyons
,
c'eit da redevables au nouveau Tertament nous avoir rvl l'immortalit de l'ame. C'eft donc bien vainement que ce Warburton a voulu jetter des nuages fur cette importante vrit en reprfentant coiuinuellement
,
dans
de Mofe, que les anciens Juifs n'avaient aucune connaijjance de ce do^me nfa lgation
cejjaire
^ que
les
faducens ne f admettaient
pas du
Il
tenis
fait
&
pour
tordre
propres
mots prononcs
vous tombez dans un abme qu'un voque ne devait pas ouvrir. Votre ddicace aux francs penfans , vos fades plaifanteries avec eux , & vos baf(effes auprs de mylord Hurdwicke ne vous fauve-
A U
par Jsus
ces
li
E.
Se&oH
VL
197
-Christ mme. N'^avez-voiis pas St. MatDi2U vous a dites: je fuis tliieu ch; le^^-f'iU /eDiEU ^'Abraham, /e Dieu .^'Ifaac Dieu de Jacob. Or Dieu iiefl pas le Dieu ^ ^^'
paroles qiie
mais des vivatis. Il s'emporte jufl la parabole du mauvais riche un fens contraire celui de toutes les glifes* Sherlok vque de Londres , & vingt autres favans , l'ont rfut & confondu. Les philolophes Anglais mme lui ont reproch combien il eft fcandaleux dans un vque de manifefter une opinion H contraire au bien
des morts
,
qu' donner
public.
Il
l'immortalit de l'ame
&
des peines
&
des
lcompenfes aprs
vaine phimort , ofophie des hommes en a toujours dout. Le grand Cfar n'en croyait rien j il s'en expliqua clairement en plein fnat lorfque,
la
que
la
pour empcher qu'on ft mourir Catilina , il reprfenta que la mort ne laiirait l'homme aucun fentiment que tout mourait avec lui ; & perfonne ne rfuta cette opinion.
,
s'ex-
auifi
clairement que
ront pas de l'opprobre dont vos contradiflions convous apprendrez tinuelles vous ont couvert ; que quand on dit des chofes hardies , il faut les
&
lire
modeftement,
iij
58
Cfar.
A
Il fait
I.
Se&ion
;
VL
'
bien plus
il
dit
devant
le
pctN
pie
mort ?
hcilles
moins que
ej
7ious
pour
imaginer qiCil
cimns.
Mais
tout
fi
ce
de pures chimres
comme
la
monde en ejl convaincu , de quoi mort Va-t- elle priv finon du fentiment
le
,
de la douleur ?
3,
Nani nunc quidam quid tandem illi mali mors attulit ? Jiil forte ineptiis ac fabulis ducimur ut exiftimemus illum apud in.j feros impiorum fupplicia perferre &c. ? Que f falfa funt id quod omnes intelligunt quid ei tandem aliud mors cripuic 3j prseter lenfum dolor^is 3j
,5
,
'{
L'empire Romain tait partag entre deux grandes fedies principales ; celle 'Epicure qui affirmait que la Divinit tait inutile au monde , & que l'ame prit avec le corps , & celle des ftoiciens qui regardaient l'ame comme une portion de la Divinit , laquelle aprs la mort fe runiifait fon origine , au grand tout dont elle tait mane. Ainfi , foit que l'on crt l'ame mortelle , foit qu'on la crt immortelle , toutes les fedles le runiflaient fe moquer des peines & des rcompenfes aprs la mort. Cette opinion tait f univerfclle que dans
,
A M
le tenis
<;ait
E.
le
Se&ion
VL
199
mme
,
que
,
chriftianifme
commenfur
le
s'tablir
on chantait
Rome
thtre public
efl.
Rien
n'eft aprs la
mort
la
-mort
mme
n'eft rien.
cent monumens de Romains. C'eft en vertu de ce fentiment profondment grav dans tous que tant de hros & tant de fimles curs ples citoyens Romains fe donnrent la mort ils n'attendaient fans le moindre fcrupule point qu'un tyran les livrt des bourreaux.
Il
nous
refte
encor
Les
hommes
les
plus vertueux
Nous verrons
Clment qui fut depuis pape & faint , commenqa par douter luimme de ce que les premiers chrtiens difaient d'une autre vie ; & qu'il confulta St. Pierre
Apoa-iphe
,
que
Nous fommes bien loin de croire Clment ait crit cette hiftoire qu'on lui attribue ; mais elle fait voir quel befoin avait le genre-humain d'une rvlation prcife. Tout ce qui peut nous furprendre , c'eft
Cfare.
que
St.
qu'un dogme 11 rprimant & fi falutaire ait lilT en proie tant d'horribles crimes des
iiij
200
hommes
qui
fe
A
voyent
E.
fi
Se&iii
VL
cternits.
qui ont
prells entre
deux
Section septime.
Ame
des fois
des moujres.
Un
&.
imbccille
dfinira
dit
enfant mal conforme nat abfolument vit fans ides ; n'a point d'ides ,
,
on en
que
- t -
efpce.
?
Comment
l'homme une ame fenfitive mais non pas une ame intelleduelle. Il mange il boit il dort il veille,
c'eft
;
cliofe
entre
&
la
bte
il.
a des fenfations
mais
il
ne pcnfe
pas.
a- 1- il pour lui une autre vie , n'y en le cas a t propofc ik n'a a-t^il point pas t encor entirement rfolu. Qiiclques-uns ont dit que cette crature devait avoir une ame , parce que fon pre & fa mre en avaient une. Mais par ce raifonncment on prouverait que fi elle tait venue iu monde fans nez , elle ferait rpute en avoir un , parce que fou pre-& fa mre en
'<
avaient.
Une femme accouche , fon enfant n'a point de menton , fon front eft ccraf & un peu noir i fon nez eft fil & pointu , fes yeux font ronds , fii mine ne reifcmble pas mal k
A
celle
E.
;
Ss&ion
VIT.
,
20 r
d'une hirondelle
fait
^u corps
cid
telle.
comme
la
font batifer
eft
d-
homme &
Mais
11
,
ongles pointus
ell
bouche
,
faite
il
dclar monftre
le batife pas.
il
n'a point
d'ame
on
ne
Or.
fait qu'il
y eut
femme
On ne flait nulle difficult de rebatme cet enfant malgr la folie pidmique qu'on eut pendant trois femaines Londres de croire qu'en erfet cette pauvre
Japreau.
fufer le
friponne fefaic des lapins de garenne. chirurgien qui l'accouchait , nomm St.
dr
,
Le An-
que rien n'tait phis vrai , & Mais quelle raifon avaient les crdules pour refufer une ame aux enfans de cette femme ? elle avait une ame , fes enfans devaient en tre pourvus auffi j foit qu'ils euflent des mains foit qu'ils eulTent
jurait
on
le
croyait.
des pattes
tit
ns avec
:
un
pe-
mufeau ou avec \x\\ petit vifage l'Etre fuprme ne peut -il pas accorder le don de la penfe & de la fenfation un petit je ne fliis quoi, n d'une temme, figur en lapin,
aui bien qu'
un
petit je
ne
lais
r en
homme
L'ame qui
'^
202
E.
Sc^ion
VIL
Loke obfervc trs bien l'gard des monC? qu'il ne iut pas attribuer Timmorta, lit l'extrieur d'un corps ; que la figure n'y lait rien. Cette immortalit , dit - il , n'cft pas plus attache la forme de fon vifage ou de fa poitrine qu' la manire dont fii ba: be efl: faire , ou dont fon habit ell taill. Il demande quelle eft la julte mefure do difformit laquelle vous pouvez reconnatre qu'un enfani a une ame ou n'en a point ? que! elt le degr prcis auquel il doit tre dclar monftre & priv d'ame ?
trs
On demande encor ce que ferait une ame qui n'aurait jamais que des ides chimriques ? Il y en a quelques - unes qui ne s'en
dmritentMritent - elles de leur efprit pur ? Que penfer d'un enfant deux ttes , d'ailleurs trs bien conform ? les uns difent qu'il a deux mes puifqu'il eft muni de deux: glandes' pinales , de deux corps calleux, de deux fenforiwn commune. Les autres rpondent , qu'on ne peut avoir deux mes quand on n'a qu'une poitrine & un nombril.
loignent pas.
elles
* '{
que
faire
Enfin , on a fait tant de queftions fur cette pauvre ame humaine , que s'il falait les dduire toutes
,
cet
examen de
fa
propre per-
fonnc
nui.
Il
lui
lui arriverait ce
un
Son
iiiten-
Ame.
^ant
laiTc
SeEion
VU.
203
rter fes
&
de n'avoir jamais pu lui faire arcomptes fit le voyage de Rome , vint la petite fentre de { cellule charg
,
d'une immenfe
liaffe
de papiers.
,
Il
lut prcs
voyant qu'on ne lui rpondait rien , il avana la rte. Il y avait prs de deux heures que le cardinal taic parti. Nos mes partiront avant que leurs intendans les ayent mifes au fait. Mais foyons quelqu'ignorans que juftes devant Dieu nous foyons , nous & nos intendans.
de deux heures. Enfin
;
AMRIQUE.
PUifqu'on ne
mes
fur
point de faire des {yftmanire dont l'Amrique a pu fe peupler , ne nous lalbns poinc de dire que celui qui fit naitre des mouches dans ces
fc lafTe
la
climats
fit
natre des
envie qu'on
ait
de difputer
que
dans toute la nature , n'ait fait naitre , vers le quarante-huitime degr , des animaux deux pieds fans plumes , dont la peau eit mle de blanc d'incarnat avec de longues barbes tirant fur e roux ; des ngres fans barbe vers la ligne : en Afrique & dans les ifles d'autres ngres avec barbe fous la mme latitude ; les uns'
l'Etre
vit
fuprme qui
&
204
portant de
crins
:
A M
Q.
E.
&
,
b'ancs
,
la laine Cuc la tte , les antres e9 au milieu d'eux des animaux tout mais porn'ayant ni crin ni laine
:
tant de
la
foye blanche.
ne voit pas trop ce qui pourait avoitf Dieu de placer dans un autre continent una elpce d'an* maux du mme genre, laquj' e eit cou'eur de cu'vre dans la mme latitude , o c.s aninuux font noirs en Afrique <Sc en A(ie ik qui eit abfolument imbeibe & fans poil dan^ cette mme latitude
On
em
)ch
les
Jufqu'o nous emporte la fureur des fyf^ tmes jointe la tyrannie du prjug On voit ces animaux on convicnc que OiLU a pu les mettre o ils font i <Sc on ne veut pas convenir qu'il les y ait mis Les mmes gens qui ne font nulle difficult d'avouer que
!
du Canada
prtre
tendent que
les
hommes ne peuvent y
,
& que le Mexique venus que par bateau n'a pu tre peupl que par quelques defcendans de Mitgog. Autant vaudrait- il dire que hommes dans la lune ils ne s'il y a des peuvent y avoir t mens que par Ajwlphc qui les y porta fur fon hipogriphe , lorlqu'il alla chercher le bon feus de Roland renferm dans une bouteille. Si de fon tems l'Amrique et t dcouverte , & que dans notr Europe il y et eu
,
AMRIQ.UE.
des
ao*
hommes
le
alfez
que les Carabes defcenJent des habitaiis de Carie , & que les Hiirons vienneut des Juifs , il aurait bien de leur rapporter la bouteille de leur fliic bon- feus, qui faus doute tait dans la lune avec celle de l'amant dC Anglique.
cer avec
jfuice Lajiteaii
La premire chofe qu'on fait quand on dcouvre une le peuple dans l'ocan Indien, ou dans la mer du Sud \ c'eft de dire d'o ces gens - l font ils venus ? mais pour les arbres & les tortues du pays , on ne balance pas les croire originaires ; comme s'il tait
:
plus
difficile la
nature de
faire des
hommes
que des
d'ile
tortues.
,
Ce qui peut
fervir d'excufe
ce fylteme
c'efl qu'il
dans
les
mers d'Amrique
,
&
d'Afie
des joueurs
de gibecire , des charlatans , des fripons , des imbcilles. C'eft probablement ce qui a fait penfer que ces animaux taient de la mme race que nous.
&
AMITI.
ON
a parl depuis
,
longtems du temple
fait qu'il
^e i'amiti
&
on
a t
peu
frquent.
2o6
En
Amiti.
vieux langige on voit fur
la
faade
,
&
de Filade
,
Le mdaillon du bon
Pirritos
Du
fage Acathe
&
,
du tendre Nifus
:
Tous prands hros tous amis vritables Ces noms font beaux-, mais ils font dans les
fables.
On
chain
,
fait
que Famiti ne
fe
commande
Aime
}
pas
&
l'eftime.
ton pro-
fcoure
conje
-
ton prochain
mais
non
s'a
oinuieux
,
lui
un
babillard
prte
lui ton
argent
s'il eji
un
dijjlpatenr.
& ce Uamiti eft le mariage de l'ame mariage elt fujet au divorce. C'eft un contracft tacite entre deux perfonnes fenfibles &
,
vertueufes.
Iblitaire
Je dis fenfibles , car un moine , un peut n'tre point mchant , & vivre
l'amiti.
'Je dis
fans connatre
car les
les
vertueufes
bauche
des
les
intreils
ont des
alfocis
j
les
le
commun
ont
hommes
oififs a
^
hommes vertueux
Cthgus tait
le
complice de Catilin
&
^Amiti.
Que
tenJres
207
porte ce contrad
honntes
'i
les
plus fortes
&
,
plus faibles
flon
les
degrs
de
fenfibilit
&
le
nombre
dus. &c.
L'entoufiafme de l'amiti a t plus fort chez les Arabes , que chez Voyez chez les Grecs nous. Les contes que ces peuples ont ima- l'afticl^ ^'^*^' gins fur l'amiti font admirables j nous n'eu avons point de pareils. Nous forames un peu fecs en tout. Je ne vois nul grand trait d'amiti dans nos romans , dans nos hiftoires,
&
L'amiti
lgiflation
tait
un point de
les
religion
&
de
Thbains avaient le rgiment des amans beau i'giment quelques - uns l'ont' pris pour un tgiment de non-conformiftes , ils fe trompent ; c'elt prendre un acceifoire honteux pour le principal honnte. L'amiti chez les Grecs
chez
Grecs.
Les
:
tait
prefcrite par
la loi
&
la religion.
La
murs
des
tique. )
208
MO
R.
AMOUR.
tant IL y a s'ad relier qui
fait
pour
le dfinir.
On
,
nom-
me
jours
hardiment amour un caprice de quelques une liaifon fans attachement un Ibntiment fans edime, des limagrcs de Sigisbs y une froide habitude , une fancaille romanefque un got fuivi d'un prompt dgot on
, ,
:
donne
ce
nom
mille chimres.
Si quelques philofophes veulent examiner fond cette matire peu philofophique , qu'ils mditent le banquet de Platon , dans lequel 5*0craie amant honnte iVAl'cihiade & A'gatlion converfe avec eux fur la mtaphyfique de
l'amour.
gile fuit les pas de
que l'imagination
brode.
?
Veux
,
mour
voi les
gcnilfe
tes pigeons
contemple
,
le
ne la deux de
fible
regarde ce
cheval que
cavale pai-
fcs valets
conduifent
qui l'attend
le
,
&
;
pour
recevoir
cellent
entends
,
fes
henniifmens
courbettes
,
contemoreilles
ces
ces
dre-
Amour!
drefTcs, cette
petites convuliions
,
205
ce (buffle
fe
enflamm qui en
relvent
&
qui flottent
il
ce
mouvement
que
la
imptueux dont
nature lui a deftin ; mais ne fois point jaloux , & fonge aux avantages de l'efpce humaine i ils compenfent en amour tous ceux que la nature a donns aux animaux , force,
beaut
lgret
rapidit..
ll-y a
mme
des
font privs de cette douceur , la femelle jette fur la vafe des millions d'ufs ; le mle qui
les
rencontre
fa
pafle fur
,
eux
&
les
fconde
par
femence
quelle fem-eile
ils
appartiennent.
La plupart
des
ne gotent de plaifr que par un feul fens , & ds que cet apptit cft fatisfait tout eft hors toi teint. Aucun animal ne connat tout ton corps eft fenfiles embraflemens lvres furtout jouiflcnt d'une votes ble lupt que rien ne laife & ce plaifir n'ap, , ; i ,
partient
ennn
tu
peux
dans tous
tems xe livrer l'amour , & les animaux n'ont qu'un tems marqu. Si tu rflchis fur ces prminences , tu diras avec
le
comte de
Kochsjter
L'amour
la
dans
un
Divinit.
iSib
'
A M O V
R.
Comme les hommes ont reu le don de perfedionner tout ce que la nature leur accorde, ils ont perfedionn l'amour. La propret le foin de foi-mme , en rendant la peau plus dlicate , augmente le plaifir du tad , & l'attention fur fa fant rend les organes de la volupt plus fenfibles. Tous les autres fentimens entrent enfuite dans celui de l'amour comme des mtaux qui s'amalgament avec l'amiti , l'eftime viennent au fecours; l'or les talens du corps & de l'efprit font encor de nouvelles chanes.
:
Nam
Ut
fmna faflls ,
corpore cultu
dtgtrt vilam,
Morigcrifqut modis
facilt
infuejcat
&
mundo
fecum
vir
LvcRXCS.
Liv.
le
got
,
les foins
air
la
propret
, ,
Un
efprlt naturel
un
toujours affable
Donnent
On
,
&
les illu-
ornemens de
les
cet ou-
vrage
dont
la
nature a pof
fondemens.
^"oil ce
que tu
as au-deffus des
animaux
,;
mais
rent
,
fi
tu goures tant de plaifirs qu'ils ignoque de chagrins aulfi , dont les btes
Ce
qu'il
a d'aifreux
A M O
,
tJ
R.
2I
pdi toi c'eft que la nature a empoifonnc dans les trois quarts de la terre les plailirs de l'amour, & les fources de la vie, par une maladie pouvantable , laquelle l'homnie
feul
les
elt fujet
&
la
organes de
cette perte comme Il n'en elt point de de tant d'autres maladies qui font la fuite de nos excs. Ce n'elt point la dbauche qui l'a
introduite dans
le
,
monde.
eft
Les Phrin
les
Las
les
Flora
;
les
elle
Mejfalines
pomt
o
attaques
elle
ne
les
hommes
l
vivaient dans
&
de
s'eft
rpandue
dans
monde.
on a pu accufer la nature de fon ouvrage , de contredire fon plan , d'agir contre fes vues , c'elt dans ce flau dtelbble qui a fouill la terre d'horreur & de turpitude. Elt-ce l le meilleur des mondes polfibies? Eh quoi, fi Cfar, Antoine, OSave, n'ont point eu cette maladie , n'tait -il pas
Si
jamais
mprifer
polfible qu'elle ne
fit point mourir Franois I ? -on les chofes taient ainfi ordonje le veux croire ; mais nes pour le mieux cela ert trifte pour ceux qui Rabelais a ddi
Non
dit
fon
livre.
Les philofophes erotiques ont fouvent agit (i Hiofe put encor aimer vritablement Ablard quand il fut moine & chtr ?
la
quertion
\]
212
Tautre.
Amour
fefait trs
grand torf
Mais confolez-vous , Ablard vous ftes aim i la racine de l'arbre coup conferve en,
cor un refte de fve ; l'imagination aide le cur. On fe plait cncor table quoiqu'on n'y mange plus, Eft-ce de l'amour ? elt-cc un fimple fouvenir ? eft-ce de l'amiti ? C'eft un ie ne fais quoi compof de tout cela. C'eft un fentiment confus qui relfemble aux paffons fintaftiqucs que les morts confer valent dans les champs EUfccs, Les hros qui pendant leur vie avaient brilconduifaient aprs l dans la courfe des chars Orphe leur mort des chars imaginaires. croyait chanter encore. Hlofe vivait avec vous d'illulions & de fupplmens. Elle vous careifait quelquefois , & avec d'autant plus de plailir qu'ayant fait vu au paraclet de ne vous plus aimer , fes careffes en devenaient
.
plus prcieufes
comme
,
plus coupables.
Une
femme ne peut gures fe prendre de paillon pour un eunuque mais elle peut conferver fa paillon pour fon amant devenu eunuque
pourvu
Il
qu'il foit
encor aimable.
n'en
eft
pas de
mme mfimes
,
pour
;
un amant
qui a
vieilli
;
dans
le
fervice
l'extles
les rides
;
effrayent
le:
dents perdues
dgotent
Tout
ce
A M o u
qu'on peut
faire
, ,
E.
213
c'eflr
garde -malade
& de
fupporter ce qu'on a
AMOUR-PROPRE.
TV T/co/e, dans
JL
les
Ejjliis
de morale
faits
fon Trait de la charit , que par le moyen des gibets des roues qu'on a tablis en commun , on rprime les penfes bs dejjlins tyraiDiiques de
(
morale
dans
,
chap. 2.
dit
Je n'examinerai point
,
li
on
a des gibets
en
commun comme on a des prs & des bois en commun & une bourfe commune & (
,
,
me
le
mais femble fort trange que Nicole i.'c pris vol de grand chemin & l'ailiiiiinat pour
;
de l'amour-propre.
Il
faut diftiiiguer
un peu
mieux
les
nuances.
ron a fait pre , que Cartouche avait beaucoup d'amourpropre , ne s'exprimerait pas fort correctement. L'amour-propre n'eft point une fcleratefle , c'eft un fentiment naturel ton? les
hommes
nit
la
va-
iij
214
Amour-propre.
gueux des environs de Madrid demannoblement l'aumne ; un pallant lui dit tes -vous pas honteux de faire ce mtier intame quand vous pouvez travailler ? Moniieur rpondit le mendiant je vous demande
dait
Un
ik
le
non
pas
des conleils
puis
il
dos en confervant toute la dignit cartillanne. Ccait un Ber gueux que ce Jeigiieur , fa vanit tait ble*!. : pour peu
de choie. Il demandait l'aumr.e par amour de loi -mme , & ne foutiiait pas la rprimande par un autre amour de foi- mme.
Un mifionnaire voyageant dans Tlnde r.ud rencontra un faquir charg de chanes comme un linge , couch fur le ventre , & fe fefant fouetter pour les pchs de fes com.
ques
liards
!
du pays
mme
ment
difait
un
!
moi-mme
reprit
le
faquir
apprenez
que je ne me fais felfer dans ce monde que quand pour vous le rendre dans l'autre T0U3 ferez chevaux & moi cavalier.
,
dit que l'amour de nousde tous nos fentimcns & de toutes nos adions , ont donc eu grande raifou dans l'Inde , en Efpagne Se dans toute la terre habitable : Si comme on n'crit poinc pour prouver aux hommes qu'ils ont un vi,
Cige
prouver qu'ils
AMOVR-PROPHE.
nt
ce
2I
eft
l'amour-propre.
Cet amour-propre
;
il
refletn-
il
nous
eft
cher
, il
nous
fcit plaifir
&
il
faut
le
cacher.
AMOUR SOCRATIQUE.
l'amour nomm focratque & SIplatonique qu'on aqu'un fentiment honnn'tait
te
,
il
,
y
il
faut applaudir.
Si c'tait
la
une dbau.
che
faut en rougir
pour
Grce.
Comment s'eft-il pu faire qu'un vice , defl trudeur du genre - humain , s'il tait gnral ; qu'un attent.it infme contre la nature , foit
pourtant degr de
Il parait tre le dernier corruption rflchie & cependant il eft le partage ordmaire de ceux qui n'ont pas eu encor le tcms d'tre corrompus. Il eft entr dans des coeurs tout neufs , qui n'ont connu encor ni l'ambition ni la fraude , ni
(1
naturel ?
la
-,
c'eft la jeunefle
aveugle,
qui par
un
dans ce defordre au fortir de l'enfance, ainl que dans l'onanifme. ( Voyez Onanifme.) Le penchant des deux fexes l'un pour l'autre fe dclare de bonne heure ; mais quoiqu'on
ait
de
i'
Aile
iiij
zi6
Amour socratiq.ue.
, ,
ce penchant e{\ gcncralemcnfc beaucoup plus fort dans l'homme que dans la femme c'ell une loi que la nature a tablie pour tous les animaux c'elt toujours le mle
mridionale
qui attaque
la femelle.
Les ieunes mles de notre efpce , levs enfemble lentant cette force que la nature commence dployer en eux , & ne trouvcint
,
point l'objet naturel de leur inftincl fe rejettent fur ce qui lui reflemble. Souvent un jeune garqon par la fracheur de fon teint , par
,
&
par la douceur de
yeux relFemble pendant deux ou trois ans une belle fille on l'aime c'cd parce que la niiture fe mprend ; on rend hommage au fexe en s'attachant ce qui en a les beauts j & quand l'ge a fait vanouir cette refi ,
femblance
la
mprife
ceife.
Citrque juventatn
JEtats brve
ver
&
On
nature
la
beaucoup plus commune dans les cUmats doux que dans les glaces du Septentrion ; parce que le fangyeli plus allum, & l'occalion plus frquente aui ce qui ne parat qu'une faibleil dans le jeune Alcibiade t cft une abomination dgotante dans un matelot Hollandais & dans un vivandier Mpf:
coyitc.
Amour socRATiauE.
217
Je ne peux fouifrir qu'on prtende que les Grecs ont autorif cette licence. On cite le lgiHateur Solon , parce qifil a dit en deux mauvais vers :
Tu
chriras
un beau garon
barbe au menton.
Tant
qu'il n'aura
Mais en bonne foi , Solon tait - il lgifla- Traduc-' quand il fit ces deux vers ridicules ? Il f'on & quand le dbauch fut ^ '^'"'^^ tait jeune alors -1 erand au11 r il ne mit ponit une telle in- ^^^jg^ devenu lage
teiir
,
-,
famie parmi
les loix
de fa rpublique
accu- jg France.
fera-t-on Thnrlore de Bze d'avoir prch la parce que dans fa pdraftie dans fon gliic jeuneffe il fit des vers pour le jeune Candide ?
,
&
qu'il dit
Amphclor hune
Je fuis pour lui
,
&
illam.
je
fuis
pour
elle.
Il
il
mr
cher
l'ambition
la
de prvir
rforme
puer.
de
fe faire
un nom. Hic
ille
On
fes
qui dans
l'
,
amour femmes Vovez ne font pas dignes du vritable amour i mais l'article un autre interlocuteur foutient le parti des Femme
bavardcries
au
dialogue de
fait dire
un
2i8
Amour soeRATiauB.
il
femmes comme
tion pour
Il e(t
le doit.
On
a pris
l'objec-'
la dcifion.
,
tiquit peut
autant que la fcience de l'anque l'amour focratique , n'tait point un amour infme. C'ell ce nom 'amour qui a tromp. Ce qu'on appellait les amans d'un jeune homme , taient prcifment ce que font parmi nous les menins de
certain
l'tre
nos princes ; ce qu'taient les enfans d'honneur des jeunes gens attachs l'ducation d'un enfant diftingu , partageant les mmes tudes , les mmes travaux militaires i inftitution guerrire & fainte dont on abufa com,
me
des ftes
nodurnes
tait
des amans inftitus par Laiiu une troupe invincible de jeunes guerriers engags par ferment donner leur vie les uns pour les autres , & c'eft ce que la
La troupe
eu de plus beau.
,
&
d'autres
que
ce vice tait
recommand par
de
;
qu'ils
montrent mination
a.
le
&
cette abo;
s'y trouvait je
ne
ft
la
croirais pas
Cet
crivain
moderne
,
qui dans
{)lus groflire
equel
on
tout genre , de la critique la ofe citer ]e ne fais quel bouquin dans appelle Socratc San&us Pederaflts , Socra
,
&
Amour socratiq.ub
je dirais
219
,
que
la
par
la
Non
, il
n'eft pas
nature humaine de faire une loi qui qui outrage la nature , une loi , qui anantirait le genre-humaiii f elle tait obferve la lettre. Mais moi , je vous mon-
dans
la
contredit
&
dans
eft dit
l'article
ou porte 9
n'y a point de plus grand pch. C'eft envain qu'un crivain moderne a) a voulu jultifier Sexus Empiricus & la pdraftie ; les loix de Zoroajire , qu'il ne connaiiTait pas font un tmoignage irrprochable que ce vice ne fut jamais recommand par les Perfes. C'eft comme l on difait qu'il eft recommand par les Turcs. Ils le commettent hardiment i mais les loix le punifTent. Que de gens ont pris des ufages honteux & tolrs dans un pays pour les loix du pays ! Sextiis Empiricus qui doutait de tout , devait bien douter de cette jurifprudence. S'il et vcu de nos jours, & qu'il et vu deux ou trois jeunes jfuites abul'er de quelques coliers , aurait -il eu droit de dire que ce jeu leur eft permis par les conftitutions d'Ignace de Loyola i*
dans ces horreurs mais cet abb, non moins groffier , s'eft tromp encor lourdement fur Zoroaflre fur les anciens Perfans. 11 en a t vivement repris par un homme iavant dans les langues orientales.
tes faint
.
II
&
220
Amour socRAXiauE.
,
Rome
garqons tait fi commun qu'on ne s'avifait pas de punir cette turpitude dans laquelle prefque tout le monde donnait tte baiire. O^iXve - Augttjie , CQ meurtrier dbauch & poltron qui oa exiler Ovide , trouva trs bon que Virgile chantt Alexis i Horace lo.n autre favori fefait de petites odes pour Ligurimis. Horace qui loliait; Aiignjle d'avoir rforme les murs , propolait galement dans fes fatyres un garqon 6^ une fille b ) i mais l'ancienne loi Scantiuia qui dfend la pdraitie, fubfifta toujours l'empereur Philippe la remit en vigueur , & chalTa de Rome les petits garons qui fefient le mtier.
L'amour des
S'il
&
licentieux
comme
tels
il
Ptrone
Rome
XoyQz
que
Qtiiutilien.
Continua
fiai,
e) On devrait condamner meflieurs les nonconformiftes prfenter tous les ans la police un enfant de leur faon. L'cx-](u'\te des fontaines fut
fur le point d'tre brl en place de
Grve
pour
Amplification,
521
AMPLIFICATION.
ON
raifoii
rhtorique
fi
prtend que c'efl: une belle figure ce peut-tre aurait -ou plus ;
ol l'appellait
un dfaut. Quand on on n'amplifie qu'on doit dire pas ; & quand on l'a dit , fi on amplifie on dit trop. Prfenter aux juges une bonne ou mauvaife adion fous toutes fes faces, ce n'eft point amplifier ; mais ajouter c'eit exagrer
dit tout
ce
&
ennuier.
J'ai
vu
collges
donner
C'tait
Il
rellement
cnfeigner
lu
et mieux va-
peut-tre
appris
celui qui qui par-l aurait parler avec plus d'nergie & de force.
&
Ma's en vitant
fcherelfe.
l'amplification
craignez la
Il
chemine ; des proteiSeurs le fauvrent. une viftime ; on brla des Chujcurs fa plsce. Cela eft bien fort ; efl modus in rbus : ort doit proportionner les peines aux dlits Qu'aunaient
fa
falait
!
Alcibiade
le roi
de Bythinie A7-
eomde
, ?
le roi
tres rois
Quand on
da fur
les
de France Henri III , tant d'aubrla des Chaufours , on fe fontabliffemens de St. Louis , mis en nou-
&
2Z
AMPLIFICAtlOX;;
J'ai entendu des profefleurs enfeigner que ccrtams vers de Virgile font une amplification , par exemple ceux - ci :
Nox
erat
Jylvaque
d* fceva quierant
jEquora
cm mtdio volvtmtur
Ut liquidas
fidcra lapfu
volucres ;
Rura
tenent
fomno
,
Lenibant curas
At non
infelix
animi
Phanijja,
Voici une tradulion libre de ces vers de Viront tous t fi difficiles traduire par Tes potes Fran(;ais , except par Mr. de Lijle,
gile qui
Les aAres de
la nuit
Eole a fiifpendu
les
Tout fe Le
les
champs;
maux
du repos ,
Tout dort
veau
faut faire
{q
il
en
eft
au baron prouv.
, fi
le
baron
eft
11
faut obferver
&
AMFL
O K;
42|
Si la longue dcfcription
du rgne du fom*
meil dans toute la nature , ne fefait pas un contrafte admirable avec la cruelle inqui-
tude de Didon
felix
ce
morceau ne
j
ferait
,
amplification purile
c'eft le
mot
at
animi Phanijfa qui en fait le charme. La belle ode de Sapho qui peint tous les fymptomes de l'amour, & qui a t traduite heureufement dans toutes les langues culti,
ferait pas fans doute Ci touchante ; , ne Sapho avait parl d'une autre que d'ellemme , cette ode pou fait tre alors regarde
ves
fi
comme une
La
livre
amplification.
la
defcription de
de VEnde
,
n'eft point
tion
c'eft
rive dans
une image vraie de tout ce qui arune tempte il n'y a aucune ide
5
rpte,
&
la
Le
le thtre
eft celui
fei aie
de
uue
amplincarion fatiguante
qui parlt de
de b
St.
c'tait
une autre
la
paifion de Phlre.
.,
Louis enten ' Ws Vicrtques , qu'on d'\ w autre nom. Une quivoChaufours
que
fit
gentilhomme
elle a cauf
'%2JJ^:
Amplification.
mon
,
Atlihcs*me montra Je
le
fuperbe ennemi.
vue.
vis
je
rougis
je plis fa
Un
le
mon ame
,
perdue.
i
Mes yeux
("enils
ne voyaient plus
tout
je
ne pouvais parler
mon
corps 6c tranfir
&
brler.
Je reconnus
Vnus
&
fs traits redoutables
,
D'un
Il
tourmens
invitables,'
bien
clair
que
elle
Si elle
rougit
&
plit fa
vue,
Ce
ferait
un
plonafme
dans une trangre , qui raconterait les amours de Phdre ; mais c'elt Phdre amoureuie v*^ honteufe de fa palion j Ion cur eil plein , tout
oifeufe
lui chape.
une
redondance
Ut
viJi
ut pril
je
u:
me malus
,
abjlulh crror.
fa vue.
Je le vis
rougis
je plis
Peut
on mieux
mcn
imiter Virgile ?
corps
Je fentis tout
&
,
tranfir
je
&
brler.
Mes yeux ne
voyalent^plus
ne pouvais parler
Peut - on mieux imiter ^apho ? ces vers quoiqu'imits coulent de fource ; chaque mot trouble les mes fenfibles h les pntre ; ce n'eft point une amplification c'eft le chef,
d'uvre de
la
nature
&
de
l'art.
Voici
AmPLIFISATION.
Voici
,
avis , un exemple d'une dans une tragdie nioderne, qui d'ailleurs a de grandes beauts. Tide eft h cour d' Argos j il ell amoureux d'une fur d'EleBre} il regrette Ton ami Orejie & fon pre ; il elt partag entre fa palfion pour Ele&re & le delTein de punir le tyran. Au milieu de tant de foins & d'inquitudes , il fait fon confident une longue defcription d'une tempte qu'il a eifuie il y a longtenis.
mon
amplification
Tu fais ce qu'en ces lieux nous venions entreprendre Tu fais que Palamde, avant que de s'y rendre. Ne voulut point tenter fon retour dans Argos
Qu'il
n'eit
fi
A de
Nous
juftes foins
on
partiales
combls des
;
de Thyrrne;
Tout nous
favorifait
Au
La mer en un moment
L'air mugit
,
fe
,
mutine
& s'lance
vapeur
le
jour
fuit
une
paiffe
Couvre d'un
La foudre
clairant feule
une
nuit
fi
profonde ,
;
filions
redoubls ouvre
,
le ciel
8c l'onde
Et comme un tourbillon
Semble en fources de
cmes
Nous
Premire partie.
226
Amplification.
clairs
preffs
,
O
Le
les
Dans
pilote effray
que
la
flamme environne
Aux
lui -
mme
s'abandonne
Se brife
&
les
eaux difperf.
On
le
les auditeurs d'un naufrage , & non le perfonnage qui veut venger fon pre & fon ami , tuer le tyran d'Argos , & qui eft partag entre l'amour & la vengeance.
pote
le
par
rcit
Lorfqu'un pcrfonnage s'oublie & qu'il veut abfolument tre pote il doit alors em, ,
bellir ce dfaut
6c les
les
Ne
de
Vlos.
Ce
pofie noble.
Je ne
louhis point aller Orlans que je n\nje vu ce me femVaris. Cette phrafe n'eft admife
,
ble
que dans
la libert
de
la
converfation.
fans peine.
,
des
ordres
je
ne
des
fojis.
'
Amplification.
Nous vogumes
longtsms
Z2f
des vents.
Au
quau gr
Outre l'affedation & une forte de jeu de du gr des dejirs & du gr des vents , une coiitradidion vidente. Tout il y a l Yqinp-ge foiifcrivit fans peine aux ju/ies foins
iuots
'
Les delrs des navigateurs taient donc d'aller Dlos j ils ne voguaient donc pas au gr de leurs delrs
,
puifque
,
le
gr des vents
dit
les cartait
de
Dlos
ce
que
Tide.
&
Si l'auteur a voulu dire au contraire que Tide voguait au gr de fes delrs aulfi bien encor plus qu'au gr des vents, il s'elt mal
exprim. Bien plus qu'an gr des vents , fignifi que les vents ne fcondaient pas fes delrs ,
&
dam
par la moiti du confeil bien plus que par Vautre , (gnifie par tout pays , la moiti du confeil a t pour moi , & l'autre
contre. Mais
fi
je dis
la moiti
,
du
confeil
Vautre encor davaiitage cela veut dire que j'ai t fcond par tout le confeil, & qu'une partie m'a encor
plus favorife que l'autre.
J\xi rnjj auprs
connaiifeurs
foit pure & fans quivoque. Le confident de Tide pouvait lui dire
ij
22
je
A M
P L
C AT
:
K-
men
ne vous entends pas fi le vent vous a Dclos & Epidaure qui cil dans
,
l'Argolide
c'tait
vous n'avez pas d voguer longtems. 0\\ va de Samos Epidaure en moins de trois jours avec un bon vent d'crt. Si vous avez cfTui une tempte , vous n'avez pas vogu au gr de vos defirs d'ailleurs, vous deviez inftruire plutt le public que vous veniez de Samos. Les fpedateurs veulent favoir d'o vous venez & ce que vous voulez. La longue
;
&
defcription recherche d'une tempte me dtourne de ces objets. C'ell une amplification qui parait oifeufe , quoiquellc prfente de grandes images.
La mer
Toute l'inconltance que la mer fignale , ne femble pas une exprelfion convenable un hros , qui doit peu s'amuier ces recherches. Cette mer qui fe mutine ^jj qui s'lance en un inoment , aprs avoir iignal toute fou inconfttwce
,
intrelTe
- 1
elle
,
alFez
la
fituation
prfente de
Tie
occup de
la
la
guerre ?
mer
ett
i*
inconftante
L'air mugit
communs
vapeur
le
jour fuit
une
paiffe
les
vagues en fureur.
les
vapeurs
&
il
ne
les
quand mme
ferait
Amplification.
229
vrai qu'une pallFe vapeur et ouvert les vagues en fureur d'un voile atreux , cj hros plein de fes malheurs pri'ens , ne doi: pas s'appefantir fur ce prlude de tempeie
,
llr ces
Non
La foudre
profonde
A filions
redoubls ouvre
tourbillon
,
le ciel
&
l'onde ;
,"
Et comme un
eaux.
N'eft- ce pas
tonnerre qui en i qui mme tems eft un tourbillon de feu lequel embraife un vaiifeau & qui bouillonne n'a-t-il pas quelque chofe de trop peu natude trop peu vrai , furtout dans la bourel che d'un homme qui doit s'exprimer avec touchante , furtout une fimplicit noble
un peu
ouvre
trop ampoule
Un
l'eau
&
le ciel
&
& des
gouffres
de feu
femblcnt
exprefions
un peu
une
tant de
ode
&
&
ferquipedalia verba.
,
Le
pilote effray
Aux
'ochers pu
il
mme
s^
abandonne
iij
230
Amplification.
On peut s'abandonner aux vents j mais il me femble qu'on ne s'abandonne pas aux rochers.
Notre vaijfeau poujfe
,
nage
difperf.
Un
a
dit
,
vaifleau ne
non en
,
parlant
Virgile
,
mais
des
hommes
Apparent
qui ont
naufrage
rari
Voil o
Des
mot
&
de V Enide
le vaijjeatiy
C'eft traduire
Virgile
O
tes
eft ce
vafte goulfre
gurgite vajo ?
? Ce
n'eft pas
doit traduire V Enide. Il faut rendre image pour image beaut pour beaut. Nous fefons cette remarque en faveur des commenqans. On doit les avertir que Des Fontaines n'a fait que le fquelette informe de Virgile comme il faut leur dire que la defcription de l.t
,
,
tempte
fur
la
par Tie eft fautive dplace. Tide devait s'tendre avec attendrillemcnt
&
& non
fur la vaine
On ne prfente ces
rflexions que
pour
l'in-,
Amplification.
trt (e l'art
I7i
,
231,
l'artifte.
&
non pour
,
attaquer
En
on pardonne aux
dfauts,
Plufieurs
l'auteur
hommes
le
du Tkmaque
une amplification
lite
&
dans Racine. Les longs rcits taient a la mode alors; La vanit d'un adeur veut fe
faire
couter.
;
On
avait pour
fort
eux
cette
com-
plaifance
elle
a t
blme.
L'arche-
vque de Cambray prtend que Thramne aprs la cataftrophe d'Hipne devait pas avoir la force de parler ( longtems ; polite qu'il fe plait trop dcrire les cornes menaantes du monftre & fes cailles jaimijjantes ,
, , ,
& fa
fe recourbe j qu'il devait dire d'une voix entrecoupe : Hippolite eji mort :
croupe
qtii
un monfire
l'a
fait prir
je l'ai vu.
Je ne prtends point dfendre les cailles jaunilfantes , & la croupe qui fe recourbe ;
mais en gnral cette critique fouvent rpOn veut que Tbra~ te me parat injufte. mne dife feulement : Hippolite eji mort. Je
rai
vu
c'en
eji
fait.
&
en moins
n'eji pins.
de mots encore
Hippolite
Le
pre s'crie
i
:
Thramne ne reprend
-P
iiij
fes fens
233
J'ai
Amplification.
vu des mortels
ajoute ce vers
prir le plus aimable
fi
;
&
f
il
iicefTaire
;
touchant
Et
j'ofe dire
encor
feigncur
le
moins coupable,
,
La gradation
nuances
fe
les
Le pre
$L
attendri
fils
le
,
demande
ravi fon
n'a pas
quelle
courage d'achever ; il refte muet dans fa douleur ; il attend ce rcit fatal j le public l'attend de mme. Thrani)ie doit ril
pondre ; on en donner.
lui
demande des
dtails
il
doit
& tous
fait
fi
,
difcourir
,
Mentoy
ik
longtems
de
fei
quel-
bouche Thramne ? Quel eft le fpeclateur qui voune pas jour du drait ne le pas entendre plaifir douloureux d'couter les circonftances de la mort 'Hippolite ? qui voudrait mme qu'on en retrancht quatre vers ? Ce n'eft pas l une vaine defcription d'une tempte inutile la pice ; ce n'eft pas l une amplification mal crite ; c'eft la didion la plus pure
quefois jufqu'
la
,
mer
&
la
plus touchante
lui
On
reproche
de
le
mifrable vtille
grammaire
,
ne^pas dire,
ce hros expir
Amplification.
// ej
233
expir
il
a expir ?
enrichi
la
Il
uic
renT^rcier
Racine d'avoir
il
premier qui
la
fit
remarquer
l'amplincation vicieufe de
premire fcno
de FoiHpe.
Quand
les
(z partager
Ces fleuves
Par
le
teints
de fang
dbordement de
tant
d'armes
de chars
;
Que
la
mmes
Et dont
De
qaoi
faire la
&c.
:
ils
fur-
multitude
,
peine de
fccles
la
grolFiret
&
i'iniipidit
,
elle avait t
plonge tant de
tait
tonne
&
On
un
qui parle
comme
au;-deh de
mer
iViditerrane
dans un
234
Amplification.
province qu'il ne connait pas , entre des trangers qu'il doit galement hair. Que veulent dire des dieux qui n'ont of juger entre 1 gendre & le beau - pre , ik qui cependant ont jug par l'vnement , feule manire dont ils taient cenfs juger? Ptolome parle de fleuves prs d'un champ de bataille o il n'y avait
point de fleuves. Il peint ces prtendus fleuves rendus rapides par des dbordemens de parricides i un horrible dbris de perches qui portaient des figures d'aigles , des char tres caffes ( car
on ne
connaiflait
chars de guerre ) Enfin des troncs pourris qui font la guerre aux qui fe vengent , vivans. Voil le galimathias le plus complet
&
qu'on pt jamais taler fur un thtre. Il falait cependant plufieurs annes pour dqiU & pour lui faire fen1er les yeux du public tir qu'il n'y a qu' retrancher ces vers pour faire une ouverture de fcne parfaite.
,
L'amplification
ration
la
dclamation
l'exag-
Grecs
except de Dmojibne
le
&
'AriJlote.
fceau de l'appro^
bation prefque univerfelle des morceaux de qu'ils taient mls , parce des traits blouiiTans qui rpandaient leur clat fur eux j parce que les potes qui vinrent aprs ne firent pas mieux
les
commenccmens
Amplification.
tionn
,"
23^
toujours plus de rputation que l'art perfecparce que celui qui joua le premier
du violon fut regard comme un demi -dieu, & que Raiiieait n'a eu que des .ennemis ;
parce qu'en gnral
rent
les
hommes
,
jugent rare-
&
que
les
le
got pur
prefque aul
rare que
talens.
,
Parmi nous aujourd'hui la plupart des fermons des oraifons funbres des difcours d'appareil des harangues dans de certaines crmonies , font des amplifications ennuieu, , ,
fes
des lieux
Il
communs
cent
&
cent fois r-
pts.
faudrait
que tous
trs rares pour tre un peu fupportables. Pourquoi parler quand on n'a rien dire de nouveau ? Il elt tems de mettre un frein cette extrme intemprance j & par confquent de finir cet article.
ANA, ANECDOTES.
on SIvalets pouvait confronter Sutone avecpende chambre des douze Cfars
,
les
fe-t-on qu'ils feraient toujours d'accord avec lui ? en cas de difpute quel eft l'homme
&
les valets
de cham-
235
Ana, Anecdotes.
Parmi nous combien de livres ne font fondes que fur des bruits de ville , ainfi que la
phylique ne fut fonde que fur des chimres rptes de ficle en flcle jufques notre tems
,
Ceux qui
le
fe
plaifent tranfcrire
qu'ils
le
foir
devraient
comme
dugujliyt
faire
\m
livre de rtradations
au bout de Tanne.
Quelqu'un raconte au grand audiencier V Etoile , que Henri /F chalfant vers Creteil,
un cabaret o quelques gens de Paris dnaient dans une chambre haute. Le roi qui ne fc fait pas connatre
entra feul dans
loi
de
tre trs connu , demander par l'hted s'ils veulent l'admettre leur table , ou lui cder une par-
&
qui
cependant devait
leur
fait
1 rpondent
de leur rti pour fon argent. Les Parifiens qu'ils ont des aliaires particulires traiter enfemb^e , que leur dner eif court
tie
,
ik qu'ils prient
l'inconnu de
les
excufer.
Henri IV appelle fes gaides, & fait fouetter outragcufement les convives pour leur apprendre dit l'Etoile , une autre fois tre
, ,
Quelques auteurs
mls d'crire
toile
la
fe
font
VE-
fans
&
ce qu'il
la louer
comme une
belle
A N A,
Cependant
.femblable
;
,
Anecdotes.
n'eft
257
le fait
ni vrai
ni vrai,
&
,
loin
c'et t la fois
la
plus ridicule
la
plus lche
la
plus tyranni-
que & la plus imprudente. Premirement , il n'eft pas vraifemblabJe qu'en 1602 Henri IV dont la phylionomie tait (1 remarquable , & qui fe montrait tout le monde avec tant d'affabilit , ft inconnu dans Creteil auprs de Paris.
Secondement
conte impertinent , dit qu'il le tient d'un homme qui le tenait de Mr. de Vitry. Ce n'ell donc qu'un bruit de ville.
Troilimement , il ferait bien lche & bien odieux de punir d'une manire infamante des citoyens alfembls pour traiter d'aifaires , qui certainement n'avaient commis aucune faute en refufant de partager leur dner avec un inconnu trs indifcret qui pouvait fort aifment trouver manger dans le mme cabaret.
,
Quatrimement
fi
cette
,
adion
fi
& mme
elle
nte
homme
,
il
tout pays
ridicule
aurait t aul
;
imprudente que
& criminelle
et rendu Henri
IV
excrable
toute
ne
Cl
falait
conte
plat
Henri
IV
donc pas fouiller l'hiftoire d'un il ne falait pas deshonorer , par une il impertinente miecdou.
238
Ana, anecdotes.
Dans un livre mtkuU Amentes Littraires^ imprim chez Diiniu en 17^2 avec privi-^ lege voici ce qu'on trouve tome 3 page 18 3. Les amours de Louis XIV ayant t joues j5 en Angleterre, ce prince voulut aufi faire jouer celles du roi Guillawne. L'abb Briieys fut charg par Mr. de Torcy de faire la pice. Mais quoi qu'applaudie elle ne fut pas joue , parce que celui qui en tait " l'objet mourut iur ces entrefaites. 55 Il y a autant de menfonges abfurdes que de mots dans ce peu de lignes. Jamais on ne joua les amours de Louis XIV i^ur le thtre
, ,
de Londres.
petit
Jamais Louis XIV ne fut allez pour ordonner qu'on fit une comdie fur les amours du rci Guillaume. Jamais le
i
ce
n'tait
pas d'une
qu'on Taccufait. Jamais le marquis de Torcy ne parla l'abb Erueys. Jamais il ne put faire ni lui, ni perlonne une propofition II indifcrte ik ( purile. Jamais l'abb Erueys ne fit la comdie dont il eft queifion. Fiez-vous aprs cela
telle
faiblefle
aux anecdotes.
dans le mme livre , que Louis fut J content de P opra dlih qu'il fit rendre un arrt du confeil , par lequel il ejl permis un homyne de condition de chanter /'oIl
eft dit
XIV
fra
'^ d'en
an parlement de
Faris.
ANA
Jamais
regiftre
ANE
C D O T E
s.
235F
vrai
il n'y eut une telle dclaration enau parlement de Paris. Ce qui eft c'eft que Liilli obtint longtems avant l'o,
pra 'Ifis
tablir
fes lettres
& fit
infrer dans
que
il
les
geutilibotiimes
les
de-
fans
droger.
Mais
enregiftre.
Voyez Opra.
les
De
d'tre
tous
Ana
mis au rang des menfonges imprims , & lurtouc des menfonges iniipitles , eft le Sgraifiana. Il fut compil par un cooille de fon domeftique & imprim longSgrais tems anrs la m^rt du matre. Le Mnnp;iana evu par La ^'fowinye , eft le feul dans lequel on trouve des chofes inf,
, 1
trudives.
Rien n'eft plus commun dans la plupart de nos petits livres nouveaux , que de voir de vicuK bons mots attribus nos contempodes infcripdons , des pigrammes faites ra'U'?
,
appliques d'autres.
&
Dans un livre qui a fait beaucoup de bruit, o l'on trouve des rcHex^ons aul vraies
,
que Drofonlcs
il
eft dit
que
le
pre Malle-
iranche eft l'auteur de la Prmntion phyfique. Cette inadvertence embarrafle plus d'un lecteur qui voudrait avoir
la
prmotion phyfique
du pre Mallranche ,
&
i84<3
Il
efl:
Ana, Anecdotes?
dit
,
dans ce livre que Galile trouva pour laquelle les pompes ne pouvaient lever les eaux au deus de trentedeux pieds. C'eft prcifment ce que Galile ne trouva pas. Il vit bien que la pefanteur mais il ne pub de l'air fefait lever l'eau favoir pourquoi cet air n'agiiTait plus au deffus de trente - deux pieds. Ce fut Toricelli qui devina qu'une colonne d'air quivalait trente-deux pieds d'eau & vingt-fept pouces de mercure ou environ.
la raifon
,
Le mme auteur
,
plus
occup de penfcr
fit
pour
Dont
mieux
Que
le
un crime.
Ce
foit l'ufiirpateur
qui
donne
roi
?
Ces vers ne furent jamais fiits pour Crompour le roi Guillaume. Ce n'eft , mais point une pitaphe , ce font des vers pour mettre au bas du portrait de ce monarque
"well
Il
n'y a point
Ci git
il
Tel fut
le def-
lgitime.
Jamais perfonnc
A N A
AN
E C
D O T E
,
s.
34^
pour dire onne en France ne fut aflez fot que Cronmell avait donn l'exemple de toutes
les vertus.
On
leur
&
'du gnie
pouvait ; mais
lui.
lui
le
accorder de la va-
nom
de verfueux
pour
Dans un mercure de France du mois de Septembre 1769 , on attribue Pope une pigramme faite en inpromptu fur la mort d'un fameux uilirier. Cette pigramme ell reconnue depuis deux cent ans en Angleterre pour tre de Shakefpear. Elle fut faite en effet fur le champ par ce clbre pote. Un agent de ciiange nomm Jean Dacombe , qu'on appellait vulgairement dix pour cent lui demandait en plaifantant quelle pitaphe il lui ferait s'il venait mourir i Shakefpear
lui rpondit
Ci
git
un
financier pulflant
Que
On
Eh
!
lui dit
qu'emportez vous
l ?
c'eft
Dacombe-
On
cienne
vient- de renouveller
plfnterie,
encor
cette"] aii^
Freum partk,
Q_
24^
A N
Qu'on
Mais
je
Anecdotes,
homme
tl'glife.
,
;
Dieu
l'a
prife.
y a cent facties , cent contes qui font tour du monde depuis trente ficels. On farcit les livres de maximes qu'on donne
Il
comme
neuves , & qui fe retrouvent dans Plutarque , dans Athne , dans Snque , dans Flaute , dans toute l'antiquit. Ce ne font l que des mprifes aul innocentes que communes mais pour les fauC
:
fts volontaires
pour
la
les
menfonges
la
hilto-
gloire
des princes
liers
,
&
De
dotes
,
tous
les livres
celui
dans lequel
la
menfonges
le
les
plus d'im-
pudence
en
c'eft
de Maintenon. Le fond fauteur avait eu quelques lettres de cette dame qu'une perfonne leve Ce peu de St. Cyr lui avait communiques. vrits a t noy dans un roman de fept tomes. C'eft l que l'auteur peint Loias XIV fupplnnt par un de fes valets de chambre ; qu'il fuppofc des lettres de MUf c'eft l
nUmoires de
madame
i
,
tait vrai
A N
Mimcni
,
A i
E C D O T E
s.
243
Louis
XIV.
cardinal
du au roi
pas digne
de moi fi vous aimez fervir. Je vous aime comme nies yeux , mais faime encor mieux, votre gloire.
Mlle de
tre eiidroit
la
")
Vallire ( dit
s'tait
- il
dans un au-
jette
fur
un
fauteuil
dans un deshabill lger ; l elle penfaic loilir fon amant. Souvent le jour la dans une chaifc , accou,, retrouvait alife de fur une table l'il fixe l'ame atta,
5,
,, 5, 3, j,
che au
mme
l'a-
elle
en ce
moment
vigilance
&
peutde la de la
Un
3,
retire de fa rverie
elle
,,
prife
&
d'eifi^oi.
Loiis
,
tombe
genoux.
:
il
l'arrte. Elle
:
menace
il
il
"
Une telle defctiption ne ferait pas mme reue aujourd'hui dans le plus fade de ces romans qui font faits peine pour les fem,
mes de chambre.
Aprs la rvocation de l'dit de Nantes on trouve un chapitre intitul Etat du cur. Mais ces ridicules fuccdent les caloronie.s
,
344
fils
,
Ana, Anecdotes.
contre
, ,
contre fon le roi duc d' Orlans {"on neveu , tous les princes du Ihng , les miniftres & les gnraux. C'efl; ainfi que la liardiefTe , anime par la faim produit des monftres.
le
( \''oyez
Hijoire. )
On ne peut trop prcautionner les ledeurs contre cette foule de libelles atroces qui ont
inond
li
longtems l'Europe.
Du
cules
Loiis
,
Haillan prtend
XL
C'cft peut-tre
la
raifon fecrette
pour
tion
les
,
laquelle Louis
ik le tint
XI
toujours loign de
Char-
VIII ne rclTemblait Louis XI ni par l'efprit , ni par le corps. Enfin la tradition pouvait fervir d'excufe Du Haillan ; mais
cette
comme
prefque toutes le font. La dilfemblance entre les pres & les enfans ell encor moins une preuve d'illgitimit , que la relTemblance n'eft cne preuve
du contraire. Que Louis XI ait hai Charles VIII , cela ne conclud rien. Un fi mauvais fils pouvait aifmcnt tre un mauvais pre.
Haillan m'auraient
que Charles VIII tait n d'un autre que de Louis XI , je ne devrais pas les en
Ana, Anecdotes.
pater
is
24^
,
Un ledcui; fage doit croire aveuglement. ce me femble , prononcer comme les juges
efi
qiiem
jntpticc
demonjrant.
Si la fainte Ecriture ne m'affurait pas que les filles de Loth eurent des enfans de leur propre pre , & Thcwicir de fon beaupre , j'hliterais beaucoup les en accufer.
l'aflirmer
'
Il
On
a crit
que
la
duchefle de Montpenjier
au moine Jacques pour l'encourager aiTalner fon roi. 11 et t plus habile de les promettre que de les donner. Mais ce n'eft pas ainl qu'on excite un prtre Fanatique au parricide i on lui montre le ciel & non une femme. Son prieur Bourgoin tait bien plus capable de le dterminer que la plus grande beaut de la terre. Il n'avait point de lettres d'amour dans fa poche quand il tua le roi , mais bien
avait accord les faveurs
Clment
, ,
246
chiies
An A, Anecdotes.
de Judith
les hiftoircs
,
&
^Aod
toute
dc-
IV.
leur crime avait t celui du tems ; la religion fit leur feul complice.
fouvent imprim que Ravaillac avait voyage de Naples ; & que le jcfuite Alagona avait prdit dans Naples la mort du roi , comme le rpte encor je ne fais quel Chiniac. Les jfuites n'ont jamais t prophtes ; s'ils l'avaient t , ils auraient prdit leur deftrudion i mais au contraire ces pauvres gens ont toujours aiur qu'ils dureraient jufqu' la fin des ficles. 11 ne fiiut jamais jurer de rien.
a
fait
le
On
DE
l''a
bjuration de Henri
beau
IV.
Le
jfuite DcDiiel a
me
dire
dans fa
trs fche
&
trs
,
que Henri IV avant d'abjurer tait depuis longtems catholique. J'en croirai plus Henri 7r lui- mme que le jfuite Daniel. Sa lettre la belle Gabriclle , ceji denuVni que je fais prouve au moins qu'il avait le faut prilleux encor dans le cur autre chofe que le catholicifme. Si fon grand cur avait t depuis longtems (i pntr d la grce efficace
,
Ana, Anecdotes.
il
247
ces v^
qnes
mais
il
lui dit
ces
gens -l
bon
cathcumne
Ce
les
n'eft pas
un
fujet de
pyrrhonifmc que
Corifande
elles exif;
lettres
de ce grand
-homme Grammont
,
fur
l'ejprit
^
En
L'auteur de VEJJai
les
mxiirs
&
fur P Hijioir
voici des
morceaux curieux.
empoijhmieitrs font tous papifies. Les pr~ J^ai dcouvert lui tueur pour moi. cheiirs Roinaiis prchent tout haut qu^il tiy a
ces
Tous
quwie mort voir ils admonefient tout bon catholique de prendre exemple ( fur l'empoifonnemcnt du prince de Cond ) ff vous tes de cette religion ! Si je n'tais huguenot , je r,ie ferais Turc. aprs ces tmoignages de la Il ell difficile main de Hinri IV, d'tre fermement perfuad qu'il ft catholique dans le cur.
plus
,
IV.
autre hiftori^n
duc de Lermieux tablie. Il eft vident que c'eit l'opinion la plus mai tablie. Jamais on n'en a parl en Efpagne ; &. il n'y eut en France que le continuateur
du meurtre de
,
me
c'eji
dit
- il
l'opinion la
CLiiij
548
du
dit
Ana, Anecdotes.
prclideiit de
ces
cr-
foupqons vagues & ridicules. Si le duc de Lerme , premier minillrc , employa Ravaillac , il le paya bien mal. Ce malheureux tait prefque fans argent quand il fut Si le duc de Lerme l'avait fcduit , ou faifi. fut fduire fous la promcffe d'une rcompenfe proportionne fon attentat alTur,
nient Ravaillac l'aurait nomm lui & fes miffaires , quand ce n'et t que pour fe veneer.
Il
il
nomma
bien
le
]c[une d Aiibi^Tii
au-
que montrer un couteauquel Pourquoi aurait- il pargn le duc de Lerme ? C'cfl; une obftination bien trange que celle
n'avait fait
rogatoire
de n'en pas croire Ravaillac dans fon inter& dans les tortures Faut -il infulter une grande maifon Efpagnole fans la moindre apparence de preuves ?
Et voil juArtnent
comme on
crit Tiiiftoire.
La nation Efpagnole n
ces crimes
a gures recours
grands d'Efpagne ont eu dans tous les tcms une fiert gnqui ne leur a p^is permis de s'avilir reufe
;
honteux
&
les
jufqucs
- l.
du prince
Orange
il
eut du moins
,
le
prtexte de pule
nir
un
fujet rebelle
comme
depuis
,
parlement de
tte de
cardintl
mille cus la
celle
du
A NA,
Anecdote
fe ferait- il
tel
s.
249
comr*
ment
le
duc de Leruie
adrel fe-
crettement
un
mifrable
que Ravaillac
BVUE
SUR LE
MARCHAL d'AnCRE.
,
Le mme auteur dit qite le-ium-chcd (PMi. ctQ^ fa femme furent crafs pour ahifi dire
, ,
par
fondre. L'un ne fut la vrit craf l'autre fut brle qu' coups de piftolet ,
la
&
en qualit de
arrt de
,
forcire.
Un
aifallinat
&
,
un
mort rendu contre une marchale de France dame d'atour de la reine rpune font honneur ni la chc, te magicienne
, ,
Valrie
ni
la jurifprudence
de ce tems-l.
Mais je ne fais pourquoi l'hiftorien s'exprime rables li taient en ces mots Si ces deux viif pas coDiplices de la mort du roi ils mritaient
:
du
rigoureux chiitimens.
roi
,
Il ejl
certain que
du vivant mme du
defjeins
Concini
des liaifons
aux
du
roi.
;
C'ell ce
mme
vraifemblable.
Ils
taient
Florentins
reconnu
le grand -duc de Florence avait premier Henri IV. Il ne craignait rien tant que le pouvoir de l'Efpagne en Italie. Concini & fa femme n'avaient point de crdit du tems de Henri IV. S'ils avaient ourdi
i
le
le
confeil de
Madrid
ce
2fo
An
la
A,
Anecdote
la
s-
ne pouvait
accufer
tre
que par
reine.
C'efl;
done Et en!
de
il n'efl: point permis d'inventer un accunuions fans preuve. Quoi crivain dans Ton grenier poura prononcer une diffamation que les juges les plus clairs
telles
fur leur
&
fa
femme
dame d ntour de
la
reine
ces
deux mifrahles f Le marchal ^ Ancre , qui avait lev une arme fes fraix contre les rebelles , mrite -t- il une pithte qui n'efl convenable qu' Ravaillac , Cartouche , aux voleurs publi,cs , aux calomniateurs publics?
Il
n'efl;
qu'il
fuffit
d'un
fa-
natique pour commettre un parricide fans aucun complice. Damien n'en avait point. Il a rpt quatre fois dans fon interrogatoire , qu'il n'a commis fon crime que par principe de re.
ligion. Je puis dire qu'ayant t autrefois porte de connatre les convulfioiuiaires ,
j'en
reille
ai
vus plus de vingt capables d'une pahorreur, tant lem* dmence tait atroce.
La
la
religion mal entendue eil une fivre que moindre occalton fait tourner en rage. Le propre du fanatifme eft d'chauffer les ttes.
Quand
le
feu qui
,
fait
bouillir ces
ttes fu-
tomber quelques flammches dans une ame iiifeiife & atroce quand
perfi:itieufes
a fait
-,
A N A,
phine
, ,
Anecdotes.
&
leurs fembables
,
25^1
cet
le
Bien des gens l'ont excit au parricide fans favoir. Qiielques perfonnes profrent des
paroles indifcrtes
.que les rpte
,
&
les
violentes
un domeftiles enfnnejle
;
il
amplifie
il
encor
comme
,
un
Chtel^
j
un
qui
Ravnillic
les
un Damien
les recueille
ceux
ont prononces ne fe doutent pas du mal qu'ils ont fait. Ils font complices invomais il n'y a eu ni complot , ni lontaires inftigation. En un mot , on connat bien mal fefprit humain , fi l'on ignore que le fmatifme rend la populace capable de tout.
,
Anecdote
11
l'
n o
i\ :siy.
au
MAS Q.U E DE
FER.
L'auteur du Sicle de Louis XIV, efi: le premier qui ait parl de l'homme au mafque de fer dans une hiitoire avre. Cefl: qu'il tait trs inffcruit de cette anecdote , qui tonne le ficlc prfent , qui tonnera la pot trit , & qui n'ell que trop vritable. On l'avait tromp fur la date de la mort de cet
inconnu
en 1704.
Il
fi
fingulirement
le
infortun.
,
Il
fut
Mars 1703
&
non
t d'abord
avant d
l'trs
aux
ifles
12^2
An
A,
Anecdotes.
;
& enfuite
la Baftille
,
toiours fous
la
garde
du mme homme de ce St. Mars qui le vit mourir. Le pre Ch'ifet jfu'itc a communiqu au public le journal de la Baftille qui
,
fait foi
L'homme au mafque de fer cft une nigme dont chacun veut deviner le mot. Les uns ont dit que c'tait le duc de Beaiifort. Mais le duc de Beanfori fut tu par les Turcs la dfenfe de Can.iie en 16(^9 i & l'homme au
marque de
leurs
fer tait
on arrt le duc de Comment Beaufort au milieu de fou arme l'aurait -on transfr en France fans que peraurait-
comment
fonne en ft rien ? Et pourquoi l'et -on mis en prifon & pourquoi ce mafque ? Les autres ont rv le comte de Verni mi,
Aois
fils
naturel de Louis
la
XIV
mort
publi l'ar-
quement de
petite vrole
en 1683
Arras
en quoi
il
le
pre Grifet
s'eft
tromp
&
en quoi
On
Quouth
duc de Mont-
qui
le roi
Jacques
fit
&
j
qu'cnfuite
qu'il et
et
chang
ai
N A
AN
B C
ei
T E
s:
2,^^
i la place de i^8T que le roi Jacques qui ne pardonna jamais perfonne, & qui paret pardonn au l mrita tous fes malheurs duc de Mont; nonth , & et fait mourir au lieu
,
de
lui
un homme qui
Il
lui
reflemblait parfai-
trouver ce Sojie qui aurait eu la bont de f faire couper le cou en public pour fauver le duc de Montnwiith.
aurait falu
Il aurait
tement.
falu
s'y ft
mprife
qu'enfuite
de vouloir bien lu Enfuite Louis X/F ayant fait ce petit plaifir au roi Jacques, n'aurait pas manqu d'avoir les mmes gards
fervir de fergent
inftamment Louis
XIV
&
de gelier.
pour
le roi
Guillaiane
&
pour
la
reine
Anne ,
avec lefquels il fur en guerre ; & il aurait foigneufement conferv auprs de ces deux monarques fa dignit de gelier dont le roi
Jacques
l'avait
honor.
il
Toutes
refte
qu
il
quel
ge
il
mourut
Il
&
fous quel
fi
nom
fut enterr ?
eft
clair
que
on ne
dans la cour de la Baflille , (i on ne lui permettait de parler fon mdecin , que couvert d'un mafque c'tait de peur qu'on ne reconnt dans fes traits quelque reireniblance trop frapante. Il pouvait montrer fa langue & jamais fon vifage. Pour fon ge, ii
le laiiit pafler
;
dit
lui-mme
l'apoticaire de la Bailiiie
peu
i2r|4
An
A,
Anecdotes.
-,
de jours avant fa mort , qu'il croyait avoir environ (oixante ans & le Sr. Marfobm: chirurgien du marchal de Richelieu , & enfuite (iu duc ^Orliim r^ent , gendre de cet apoticaire , me l'a redit plus d'une fois. Enfin , pourquoi lui donner un nom italien ? On le nomma toujours Marchiali f Celui qui crit cet article, en fait peut-tre plus que le pre Grifet i & n'en dira pas davantage.
eft vrai
que ce
nViniftre
,
eut
qu'il
beaucoup
pcrfcvcr-
d'amis dans
l dil'grace
&
rent jufqu' fon jugement. Il e(l vrai que le chancelier qui prlidait ce jugement , traita cet ijlultre captif avec trop de duret. Mais
ce n'tait pas Michel
le
Tellier,
comme on
ditions
l'a
du
de Louis
XIV
c'tait
Pierre
Segnier.
Cette inadvertence d'avoir pris l'un pour Tautre, elt une faute qu'il faut corriger. Ce qui eft trs remarquable , c'eft qu'on ne
fait
o mourut
ce clbre furintendant.
le
Non
n'a-
qu'il
importe de
elle yant pas cauf le eft au rang de toutes les chofes indiffrentes. Mais elle prouve quel point il tait oubli fur la fin de fa vie , combien la confidration
car fa
A N A
,'
Anecdotes:
2^
qu'on recherche avec tant des foins eft peu qu'heureux font ceux qui veulent de hofe & mourir inconnus. Cette fciencs vivre ferait plus utile que celles des dates.
Petite anecdote.
Il importe fort peu que le Pierre Broujfel, pour lequel on fit les barricades , ait t con-
feiller
clerc.
Le
,
fait
eft
qu'il
,
avait
achet
de confeiller-derc
parce qu'il
&
que
Il
de
il
avait des enfins, en aucun fens. Je ne fais rien inutile que de (avoir ces minuties.
autres.
clerc
&
fait
un mauvais livre : bonne heure. Tant d'hommes d'tat en mais c'eft une belle palTion de comont fiit battre fi longtems pour tcher de prouver que fe'on le cardinal de Riclyelieti les Efpc.^
cardinal de Richelieu ait
gouverns
Ci
heureufement
par un Bourbon ,font tfibutaires de Penfei' rendent les Indes tributaires de f enfer i
^
Le
30
la
g)ile
Ana, Anecdotes.
Mditen-ane que tonte la vionm'chie EfpaCe teftamcnt tait exagrateur. Qjie pour avoir chiquante mille foldats il en
viille
pur rnnuge
fentres.
Ce
tefta-
mcnt
jette
tablit un nouvel iinpbt on paye des foldats ce qui n'eft jamais arriv ni en France , ni ailleurs. Qii'il faut faire payer la taille aux parlemens '^ aux autres cours fuprieures. Moyen infaillible pour gagner leurs curs , & de rendre la magiftrature rcfpeclable. ^u'il faut force)- la nobleffe de fervir , f? Pour mieux conV enrler dans la cavalerie.
Qiie
lorfquon
augiiiente la
demi de jouifance. fe fe7'a en fept aimes De faon que , fuivant ce calcul , cinq pour
au
& demi . feraient cent francs ne font que trente- fept & demi & on entend par le denier cinq' h cinquime partie du capital, les cent francs feront rembourfs en cinq annes jufte. Le compte n'y ell pas le teltatcur calcule aflez
cent en fept ans
lieu qu'ils
:
mal.
Qie Gnes tait la plus riche ville d^ Italie.
Ce que
je lui
fouhaite.
Le
teftatcur
certains
prdicateurs.
Faites
A
ce
qu'ils
NA,
difent
Anecdote
,
s.
2^7
font.
&
non
ce
qu'ils
donner une abbaye la Ste. Cha^ Chofe importante dans la pelle de Paris. crife o l'Europe tait alors , & dont il ne
(^iCil faut
parle pas.
Qiie
les
le
cordeliers
,
favoir des revenus de St. Franois , qui s''animrent tel point quils lui firent la Chofe plus importante guerre par livres. encore , & plus favante , furtout quand on
vret
prend Jean XXII pour Benoit XI & quand dans un teftament politique on ne parle ni de la manire dont il faut conduire la guerre contre l'Empire & TEfpagne , ni des moyens e faire la paix , ni des dangers prfens , ni
,
des reifources , ni des alliances , ni des gnraux, ni des miniftres qu'il faut employer, ni mme du dauphin , dont l'ducation importait tant l'tat ; enfin d'aucun objet du
minittre.
qu'on Je confens de tout mon cur charge ( puis qu'on le veut ) la mmoire du cardinal 9e Richelieu de ce malheureux ouvrage rempli d'anacronifmes d'ignoran, ,
ces
de calculs ridicules
,
de fauits recon-
dont tout commis un peu intelligent qu'on s'eiforce de per; fuader que le plus grand miniffcre a t le plus ignorant & le plus eunuieux , comme
nues
aurait t incapable
Fremire partie.
2^8
le
An
A,
Anecdotes.
plus
Cela peut
pour l'hiftoire de refprit: Il ell bon mme humain qu'on fche que ce dctcllable ouvra,
ge fut lou pendant plus de trente ans , tandis qu'on le croyait d'un grand minillre.
ne faut pas trahir la vrit pour que le livre ell du cardinal de lUchelieii. Il ne faut pas dire qiCon a trouv une fuite du premier chapitre du tejameut politique corrige en plufieurs endroits de la main du cardinal de Richelieu parce que cela n'el pas vrai. On a trouve au bout de cent ans un manufcrit intitul Narration fuccinte cette narration fuccinte n'a -aucun rapport au teftament politique. Cependant an a eu l'artifice de la laire imprimer comme un premier
Mais
il
iire croire
du teftament avec des notes. A l'gard des notes on ne fait de mains elles font.
chapitre
,
quelles
Ce qui
eft trs
fit
prtendu ne
qu'il
mort du cardinal,
ne fut imprim que quarante deux ans aprs cette mort i qu'on n'en a jamais vu l'original
fign de
,
lui
mauvais
en parle.
&
qu'il
A N A,
Anecdotes.
25-9
Autres anecdotes.
Charles I
cft-il
,
l'auteur
ce roi aurait-il
Le comte de Moret,
cut-il
de Henri
IV
blefle
v, jufqu'en 1693 fous le nom de l'hermite frre Jean-Eatijie ? quelle preuve a-t-on que cet hermite tait fils de Henri IV?
Aucune.
Jeanne
iV Alhret
de Navarre
JV
poufa-t-eJle aprs la
gentilhomme
thelemi
i
nomm
fe
en eut-elle
un
fils
prdicant Bordtaill
deaux
les
'i
ce fait
trouve trs
dans
remarques fur les rponfes Ae Bayle aux qiiejiions d'un provincial, in- tolio , page 589.
Marguerite de Valois poufe de Henri IV y accoucha- t-elle de deux enfans fecrtement pendant fon mariage ? on remplirait des volumes de ces fingularits.
Ceft bien
genre
pierre
-
la
inutiles
au
,
humain
,
cherchons
les
comment nous
,
pourons gurir
la
crouelles
la
goutte
la
gravelle
&
ij
,,
26o
An
A,
Anecdote:?.
non moins
;
funeftcs
&
travaillons perles
l
diminuer
malheurs
les
&
laillons
Aua
les
hijloires
ciirieufes
de notre
choifis
tems
le
noiivenn choix de
vos
le
fi
mal
didionnaire de Trvoux , & les recueils des prtendus bons iuots &:c. , & les lettres d'un ami un ami , ik les lettres anonimes , & les rjlexions fur lu
&c. &c. &c. dans un livre nouveau, que Louis XIV exempta de tailles, pendant cinq ans , tous les nouveaux maris. Je n'ai trouv ce fait dans aucun recueil d'dits , dans aucun
fi'agdie nouvelle.
cit tout
moment dans
Je
lis
mmoire du tems.
lis dans le mme livre, que le roi dcPruflc donner cinquante cus toutes les filles groffes. On ne pourait la vrit mieux placer Ton argent & mieux encourager la propagation i mais je ne crois pas que cette profufion royale foit vraie du moins je ne l'ai
Je
fait
pas vu.
homme
Ana",
beaucoup
,
Anecdote
un
s.
26t
^ quil trouvait
j
di^ie de toute fa
confiance. Ce minijlre croit s'ajjurer Je plus en plus la faveur de fon matre en embraffant-
i'arianifne
Ef?
,
couper
la
tte
Thodoric eu difant ,
lui fait
anjfi-tbt
Si cet
homme
n'a
pas
ferait- il cnvei'S moi qui ne fuis quun homme ? Le compilateur ne manque pas de dire,
t fidle
DlEU
co'imneiit
le
que
ce trait fait
7iire
ligion.
Je
ligion
me
la re-
mieux que l'Oftrogoth Thodoric aC puifque je faiin de Simmaque & de Boece & que Thodoric tait fuis bon catholique
, ,
arien.
li
i\ais je
comme
le
enrag
loue.
s'il
dont on
la tte fur le
fin
de
Dieu
d'Eufbe , eft-il infidle ^i Dieu ? il tait ceux de tout au plus infidle Athanafe
&
&
fon parti , dans un tems o le monde tait partag entre les athanafiens & les eufbiens. Mais Thodoric ne devait pas le regarder
comme un homme
avoir admis
le
infidle
Dieu
pour
l'avoir rejette.
iij
2S2
ment
An
a,
Anecdotes.
,
fevori fur
une
pareille raifon
c'eft certaine-
&
du plus
jamais exilli.
Que diriez -vous de Lois XIVs'W et fait couper fur le champ la tte au duc de Ai Force^ parce que le duc de la Force avait quitt le calvinifme pour la religion de Louis XIV i*
Anecdote sur
Hollande
le imarchal DE Luxembourg.
Luxembourg en 1672
fes troupes
;
fit
cette
,
harangue a
,
Allez
s'il y a quelque cbofe de plus tuez , violez , abominable ne manquez pas de le faire ajln que je voye que je ne me fuis pas tromp en
,
&
mes oifans
pillez
volez
vous choiflJant comme les plus braves des hommes. Voil certainement une jolie harangue: elle n'eft pas plus vraie que celles de Tite^ Live i mais elle n'eft pas dans fon got. Pour achever de deshonorer la typographie , cette belle pice fe retrouve dans des dictionnaires nouveaux , qui ne font que des impoftures par ordre alphabtique.
une
de fuppofcr
A N A,
Anecdotes.
263
aprs la paix d'Utrecht dont que Loiis taic redevable l'Angleterre , aprs neuf il
XIV
annes de malheurs aprs les grandes vidoique les Anglais avaient remportes ait dit l'ambafladeur d'Angleterre , fai toujours
,
res
t le
quelquefois chez
les
au-
tres
leurs
t trs dplac
,
trs faux
Anglais
&
aurait
du comte de
&
les
tout un ouvrage d'ailleurs trs utile , o tous grands vnemens rangs dans l'ordre le plus commode , font d'une vrit reconnue.
Tous ces petits contes dont on a voulu orner l'hiftoire la deshonorent ; & malheureufement prefque toutes les anciennes hiCtoires ne font gures que des contes. Mallehranche cet gard avait raifon de dire , qu'il ne fefait pas plus de cas de l'hiftoire que des
,
iiij
C54
A N A,
Anecdotes.
Mr.
Lettre de
Nous croyons
d e V.
sur
PLUSIEURS ANECDOTES.
devoir terminer cet article
des anecdotes par une lettre de Mr. de V. ii Mr. Damila-dille philofophc intrpide , &, qui fconda plus que perfonne Ton ami Mr. de
V.
dans
la
cataftrophe
&
des Sirven.
Nous prenons
occafion
de clbrer autant qu'il eft en nous , la mmoire de ce citoyen , qui dans une vie obfcure a montr des vertus qu'on ne rencontre gures dans le grand
le
&
monde. Il fefait le bien pour bien mme , fuyant les hommes brillans , fervant les malheureux avec le zle de l'entoufiafme. Jamais homme n'eut plus de cou-
&
la
mort.
Il tait
Ta-
) Le
mme
folliculaire dont on parle , eft celui-l qui ayant t chaff des jfuites , a compof
qui a rempli fes libelles <Jes libelles pour vivre , d'anecdotes prtendues littraires. En voici une fur
&
fon compte.
Lettre
du
Sr.
heau-frre
Royou avocat au parlement de Bretas;ne , du nomm Frron. Mardi matin 6 Mars 1770.
Frron poufa ma fur il y a trois ans , ( en Bretagne) mon pre donna vingt mille livres de donna du dot. il les diflipa avec des filles , mal ma fur. Aptes quoi il la fit partir pour Paris , dans le panier du coche , la fit coucher en chemin fur la paille. Je courus demander rai-
&
&
A N A, Anecdotes.
ini intime de
2dT>
Mr. de
V.
&
de Mr. Diderot
Voici
la lettre
en queftion.
Ferney
Au
cher ami
chteau de
y'Afay iy62.
,
mon Par quel hazard s'eft-il pu faire que vous ayez lu quelques feuilles de V Anne littraire de matre Aliboron ? chez qui avez -vous trouv ces rapfodies ? il me femble que vous ne voyez pas d'ordinaire mauvaife compagnie. Le monde elt inond des fotifes de ces folliculaires & qui qui mordent parce qu'ils ont faim gagnent leur pain dire de plattes injures. Ce pauvre Frron a) h ce que j'ai ou dire eft comme les gueufes des rues de Paris , qu'on tolre quelque tems pour le fervice des jeunes gens dfuvrs , qu'on
,
,
,,
fon ce malheureux.
Il
feignit
de fe repentir.
Mais comme il fefait le mtier d'efpion , & qu'il fut qu'en qualit d'avocat j'avais pris parti dans
f, ,,
Mr.
,,
m'accufa auprs de de cachet pour me faire enfermer. 11 vint lui-mme avec des archers dans la rue des noyers un lundi dix heures de matin , me fit charger de chanes , fe mit ct de moi dans un fiacre , tenait ini^ mme le bout de la chane. , . &c.
les troubles
de.
&
il
lettre
&
On dit que ce Frron n'a pas laiff de parler de religion de vertu dans fes feuilles. Adrefez - vous fon marchand
frres.
la lettre originale.
point
ici
&
Is vin.
266
,5
A N A, Anecdotes-.
BilTetre
renferme
par an
^
trois
ou quatre
fois
3,
Se
reprendre
55
5,
J'ai
lu les feuilles
3,
voyes. Je ne fuis pas tonn que matre Aliboron cri un peu fous les coups de fouet que je lui ai donns. Depuis que je
55 55 55
me
fuis
amuf
immoler ce
polilbn la
rife
les thtres
rope
il
le plaigne
Je ne
crivit
l'ai
vingt ans. J'avais entendu parler de murs , & par confquent je ne lui 55
55
point de rponfc.
les
55
55
55 55
moi dans
les
faut
le laiifer faire,
gens condamns par leurs juges onc permilfion de leur dire 'des injures. Je ne fais ce que c'eft qu'une comdie
italienne qu'il
,5
5,
m'impute
intitule
la
Quand
fois
me mariera- 1 -0)1
que
j'en ai
? voil
premire
C'eft
35
entendu
parler.
un menfait
;
5,
55
55 55
fonge abfurde.
des pices de
Dieu
thtre
fait
mais
je n'ai
jamais
de farce italienne.
Rayez
55
fais comment une lettre que j'mylord Littleton & fa rponfe , 55 font tombes entre les mains de ce Frron 3, mais je puis vous affurer qu'elles font tou
Je ne
crivis
A N A,
jj
Anecdotes.
zCi
deux entirement falfifiss. Jugez-en ; vous en envoy les originaux. ^ Ces melfieurs les folliculaires rclTemblent aifez aux chitfonniers , qui vont ramaiiant des ordures pour faire du papier. 3,
tes
je
Ne
,
voila-t-il
dote & bien digne du public, qu'une lettre de moi au profeireur Ualler , & une lettre du proFcdeur Haller moi & de quoi s'a vifa Mr. Haller de faire courir mes lettres
!
&
les
fiennes ?
les
&
culaire de
imprimer
un
foUi-
faller
pour gagner cinq fous ? Il me la fait ligner de Tournex o je n'ai jamais 53 du chteau demeur. ,j Ces impertinences amufent un moment gens oilfs & tombent le mo,j des jeunes ment d'aprs dans rternel oubli o tous les riens de ce tems-ci tombent en foule.
,
L'anecdote du cardinal de Fleuri fur le Qiiemadmodiim que Louis XIV n'enten,5 dait pas elt trs vraie. Je ne l'ai rappor,
te dans le Sicle de Louis X/Fque parce que j'en tais fur & je n'ai point rapport celle du Niticorax parce que je n'en tais pas fur. C'eft un vieux conte qu'on me ,j
,
3)
j5
fefait
dans
,
fuites
pour
5, ,5 55
du pre de
Chaife fur le
grand -aumle
nier de France.
On
prtendait que
la
grand-
lgniikation de
258
roi
A N A,
,
Anecdotes
que c'tait un capitaine du que le rvrend pre la Cbaife c'tait un hibou ; peu m'impoite. Et trs peu m'importe encor qu'on fredonne pendant un quart d'heure dans
Niticorax
dit
ik
un
latin ridicule
un
niticorax grolfirement
mis en mufique. Je n'ai point prtendu blmer Louis XIV d'ignorer le latin ; il favait gouverner , il fivait faire fleurir tous les arts , cela vaut mieux que d'entendre Cicron. D'ailleurs cette ignorance du latin ne venait pas de fa faute , puifq.ie dans fa jeunefle il apprit de lui-mme l'italien & l'elpagnol. Je ne ftis pas pourquoi l'homme que le folliculaire fait parler me reproche de citer
le cardinal de Fleuri , & s'gaie dire qtit j'aime citej- de grands noms. Vous favez , mon cher ami , que mes grands noms font ceux de Neivton , de Loke, de Corneillcy de Racine , de La Fonta'ne , de Boileaii. Si
le
nom
de
Fleuri
tait
ce ferait le
nom
favans
qui
hijioire ecclfiaf-
non
pas
le
cardinal de
Fleuri
que
tre
,
j'ai
&
plus refpedables
Pucelle
,
hommes
de France, l'abb
foutint
les
&
tout fon
minillere qu'on ne
An
e(l
A,
Anecdotes.
iCi
fonde
la libert
fes ecclliaftiques.
Je ne connais de grands - hommes que ceux qui ont rendu de grands fervices au genre - humain. 5, Quand j'amaifai des matriaux pour crire le Sicle de Loi'is XIV-, il faluc bien
confulter des gnraux
, ,
des miniltres
des
aumniers des dames & des valets de chambre. Le cardinal de Fleuri avait t aumnier & il m'apprit fort peu de chofe. Mr. le marchal de Villars m'apprit beaucoup pendant quatre ou cinq annes de tems comme vous le favez i & je n'ai pas dit tout ce qu'il voulut bien m'ap,
,
prendre.
,,
Mr.
le
donn que pour ce qu'elles valaient. Mr. de Torcy fut le premier qui m'apprit par une feule ligne en marge de mes quefque Louis XIV n'eut jamais de part tions ce fameux tellament du roi d'Efpagne Charles II qui changea la face de l'Eulieurs
anecdotes
fit
part de plu-
n'ai
rope.
Il n'eft pas permis d'crire une hiftoire contemporaine autrement, qu'en confultant avec alFiduit , & en confrontant tous les tmoignagf's. Il y a des faits que j'ai vus
par
mes yeux
&
d'autres par
des
yeux
="
"*' Anecdotes
tromp fur
>,
]Jn..T
^
"' ^^'^
^"res
"^^'^'^
vain
amurement
in(trui/bnc.
evnemens
Le - rendu
roi Sfanislas
le
duc
r?P r
tmoignage
^"^ l'a" vais parl de toutes^ es - arrives ious le reL. w V'^^^^^^'^^^s ''dent, comme/ In, v.nr''"r^"P^""""^'''^ ^^^ ^e tmoin ^ oculaire.
amn,
'''"'' "^^^
'
S^"^
>.
fils
>'
A>;/o.
niltoire
des quatre
J'e(tinie
bien
ant-^.-...
"
"
fait.
;.
"'
^"'
"'
^^'"^
que
ir-^
celui qui la
bagatelles
q>'= votre
,
&
des
ZiclT
1'^""
n """"'
.
''^'
" Pe
'c
'*'"'
thtre de Lo,
" La traduaion ou plZrVi-^ *'" ^''"^' comdie de l'oto '& i r^'^ "'"'"'^ faite par Mr. Gemv, l " le thtre de Londres '."''' "^ ^"^^ ^"^ "e qu'en 1766, & '
,
'.^ernfurcelu'Xt-rrfT^'^
T"""
Ltd"
An
A,
Anecdotes.
271
t imprime qu'en 1767 chez Beket & de Hondt. Elle a eu autant de fuccs Lon dres qu' Paris , parce que par tout pays
on aime la vertu des Lindanes & des Tri port & qu'on dtefte les folliculaires qui & mentent pour j, barbouillent du papier Ce fut l'illuftre Garrick qui ,, de l'argent. compola l'pilogue. Mr. George Kohnan m'a 5, fait l'honneur de n>'envoyer fa pice j elle eft intitule The English Merchant. j, C'eft une chofe alfez plaifante qu' Londres Petershourg , Vienne , Gnes 5,
, , ,
foit
n'eft
;
j,
pas
perfonne
qu'on en voulait
il
5, prtend que VEcoJJhife ne rufit Paris, que parce qu'il y efl: deteft. Mais la pice
a ruf Londres Vienne o il eft in connu. Perfonne n'en voulait Pourceauquand Fourceaugnac fit rire l'Eu5, gtiac ,
, ,
,,
Ce font,
,,
fez
;j,
parole les vrits les plus inutiles qu'on ait jamais dites. Mon ami un chapitre de Cicron de officiis & de nntura deo~ rum un chapitre de Loke une lettre pro vinciale une bonne fable de La Fontaine , des vers de Boileau & de Racine voil ce qui doit occuper un vrai littrateur.
,
, ,
,)
Is
72
A N A
,
A N E
D O T E
s.
fait
le fol-
demeure dans un chteau ou dans une maifon de campagne. J'ai lu dans une des quatre cent brochures laites contre moi par mes confrres de la plume , que madame la duchelTe de Ricbelleii m'aje
joli
un jour d'un carrolfe fort de deux chevaux gris pommels , que cela dplut fort Mr. le duc de Richevait fait prfcnt
,
&
l - defTus on btit une longue Le bon de l'affaire c'eft que dans ce tems-la Mr. le duc de Richelieu n'avait point de femme. D'autres impriment mon porte-feuille retrouv d'autres mes lettres Mr. B.
lien.
Et
hilloire.
jamais crit i dans ces lettres toujours des anecdotes. Ne vient-on pas d'imprimer les lettres pr,
madame D.
qui je n'ai
&
&.C. &.C.
dans leurs bibliothques , & un jour quelque rudit aux gages d'un Ubraire les
tifes
fera valoir
comme
des
monumens
!
prcieux
de
l'hiftoire.
Quel
!
fatras
quelle piti
opprobre de la littrature quelle perte de tems Je lis aduellement des articles de l'Encyclopdie , qui doivent fervir d'inftruction au genre- humain > mais tout n'ed
quel
pas gal. &c. &c.
ANA.
A N A T O M
275
A N A T O
L'Anatomie
flres
E.
moderne
ce
ancienne
ficle
eft
la
du feizime
tracs
,
qui ne reprfentaient
encor infidle, & en cdmparaifon des cartes topographiques de nos jours , o Ton trouve jufqu'au moindre buiilbn mis Pa place. Depuis Vfale julqu' Le Cat on a fait de nouvelles dcouvertes dans le corps humain ;
que
les
lieux principaux
ment
on peut
fe flatter
jamais
hommes &
nature.
les
feciets
le
il
Interrogez BorelH fur la force exerce par cur dans fa dilatation , dans fa diallole ;
un poids de dont il rabat enluite quelques milliers. Ad-dlez-vous Kei/, vous certifie que cette force n'elt que de il cinq onces. Jurin vient qui dcide qu'ils fe font tromps ; Sz il fait un nouveau calcul ; mais un quatrime furvenant prtend que Jnrid s'elt tromp auf. La nature fe moque d'eux tous i &. pendant qu'ils difputent , elle
vous allure qu'elle
e(t
gale
.
elle
fait
contracter
&
Premire partie.
47-4-
A N A T o
t.:
l'efpri
On difpute depuis Hippoa-ate fur la manire dont le fait la digclHon i les uns accordent Teltomac des fucs digeftifs s d'autres les lui retufent. Les chimilles font de l'eftomac un laboratoire. Hequet en fait un moulin. Heureufement la nature nous fait digrer fans qu'il foit nceflaire que nous fchions fon fecret. Elle nous donne des apptits, des gots, & des averfions pour certains alimens dont nous ne pourons jamais favoir la caufe.
On
dit
que notre
les
form dans
drix rtie.
alimens
mme
les
fenible mettent des perdrix dans une cornue, retireront rien qui reifcmbie ni ils n'en
une perdrix
ni au chile. Il faut avouer que nous digrons amfi que nous recevons la vie, que nous la donnons que nous dormojis , que nous fentons , que nous penfons ; fans favoir comment.
,
Nous avons
la
gnration
la partie
feulement quel
dans
On
Anatomie.
Les
efprits
,
a'7^
f
grande
rputation
decine
Votre mdecin vous fera prendre une m& ne fait pas comment elle vous ,
purge.
fe forment nos cheveux nos ongles , nous eft aul inconnue que la manire dont nous avons des ides. Le plus vil excrment confond tous les philofophes.
La manire dont
&
Lmeri entaflent mmoire fur la gnration des mulets ; les favans fe partagent : l'ne tier & tranquille fans fe m!er de la difpute , fubjugue cependant fa cavale qui lui donne un beau mulet , fans que Lmeri & Vinslou fe doutent par quel ait ce mulet nat avec des oreilles d'ne & un corps de cheval.
Vinslou 8i
mmoire concernant
Borelli
dit
que
le
l'il
gauche
eft
beaucoup
ont foutenu
Voljins attribuait la
une maladie.
diilquanc
,
Riiifch a
&.
fngulire le corps
muqueux
fe
les
c'y
noirs originaire-
meiu
que
la
blancs.
Mais
qu'eft ce
'i
qu'un fyftme
nature dlvoue
ij
S>y^
A N A T
poumons
O
le
E.'
fang dans
,
les vl^
,
eft prejje
chajf
foul
att)m.
vrai.
Le Cat prtend que rien de tout cela n'eft Il attribue la couleur rouge du fang
fluide
un
cauftique
&
on
lui
nie
fon
caullique.
un un
un fluide invifiblc ; les autres en t'ont violon dont les cordes font pinces par archet qu'on ne voit pas davantage.
plupart des mdecins attribuent les rfemmes la plthore du fang. Te-
La
gles des
renzoni Se Viejijfans croycnt que la caufe de ces vacuations e(t dans un efprit vital , dans le froiffement des nerfs , enfin dans le befoin d'aimer.
On a
fbilit
la
recherch jufqu' la caufe de la fen& on a t jufqu' la trouver dans trpidation des membres demi anims.
,
On
a cru les
membranes du ftus
irritables j
fortement combattue.
Celui-ci dit que la palpitation d'un membre coup eft le ton que le membre conferve
encore.
Cet autre
dit
que
c'eii
Vhtjiicif p
un troifime l'appelle irritabilit. La caufe ; tous rt;norent ; tous font la porte du dernier afyle
la
nature
fe
renferme
>
elle
ne
A N A T O M
Te montre jamais eux, fon antichambre.
I
ils
E.
277
&
devinent dans
Heureiifement ces queftions font trangmdecine utile , qui n'eft fonde que fur l'exprience , fur la connaiifance du tempramment d'un malade , fur des remdes trs fimples donns propos i le refte eft pure curiofit i Se fouvent charlacanerie.
res la Si
un homme
qui
on
fert
un
plat d'-
qui taient toutes grifes avant la qui font devenues toutes rouges cuilfon , dans la chaudire , croyait n'en devoir manger que lorfqu'il fiuraic bien prcifment
crevilfes
&
il
ne
ANCIENS ET MODERNES.
LE
le
&
;
des
eft
mofur
il
bureau depuis l'Age d'argent qui fuccda fge d'or. Les hommes ont toujours prtendu que le bon vieux tems valait beaucoup mieux que le tems prfent. Nejor, dans Vlliade , en voulant s'infinuer comme un fage conciliateur dans l'efprit ' Achille & 'A-
^ammnon
j'ai
vcu
278
Anciens et modernes.
mieux
je ne que vous i jion je liai jamais vu , verrai jamais de fi grands perjonnages que Diias , Cne , Exadius , Poliphnie gal aux
Dieux &c. La poltiir a bien veng Achille du mauvais compliment de Nejior , vainement lou par ceux qui ne louent que l'antique. Pcrfonne n connait plus Drias j on n a guros entendu parler d'E^a.iius , ni de Cene:^ ik pour Foliphme gal aux Dieux il n'a pas une trop bonne rputation , moins que ce ne foit tenir de la Divinit que d'.ivoir un grand il au front & de manger des hom, \ , ,
mes
tout cruds.
pas dire que
la
Lucrce ne balance
ture a dgnr.
Jpfa ddit dulceis ftus
Qiia:,
na
&
pabula la ta
mine vix
Contenmujque bovcs
&
vires
agncolarum, &c,
;
La nature
languit
la
Les
hommes
en tout tcms
lait
De
longs ruiffeaux de
Anciens et modernes.
La lune
L'hyver
tait plus
279
;
grande
&
,
la
nuit
moins obfcure
de verdure;
,
fe
,
couronnait de fleurs
ce roi du
&
L'homme
monde
&
l'aife ,
agir fe plaifait
&c.
Horace combat ce prjug avec autant de que de force dans fa belle ptre h Audit- il que nos pogtijie. Faut - il donc mes ibient comme nos vins , dont les plus ^ vieux Ibnt toujours prfrs ? " Il dit enfineire
, ,
Epift, I,
lib.
z.
fuite
non quia
crajje
Ibid.
Compo/tum
illepidve putetur ;
& prcemia
pofd.\
Jngeniis non
ille
favct
:
plauditque fepulds ;
Nojlrafed impugnat
&c
J'ai
vu
ce paiTage
imit
aini
en vers
familiers.
Rendons
Et -il
laid
Pourquoi donner
prfrence
?
Aux mchans
Ils
Les vieux
Dit
la fotte
des trfors.
&
maligne envie.
iiij
28o
Anciens ET modernes;
Ce
n'eft
Le
(avant
&
la
me
j,,
ainli fur ce
J"oute
entre
fois
les
les
3,
quellioii
Se
de
la
prcmincnce
,
anciens
les tnoilcrncs
,
tant
une
.
bien entendue
arbres
fe
rduit iav(;ir
5,
5,
qui taient autrefois dans' nos camp.ignes taient plus grands que ceux
'<
,,
d'aujourd'hui
En
,
,.
5,
3,
Homre
fi
Vlaton
Dinojihhie
ne peuvent
;
a,
dans ces derniers licles ma^^s nos arbres font aiUn granJs que ceux d'autrefois , iifus pouvons galer Hor/ure,
tre gals
Flaton
,,
&
DmoJ.'heue.
Si les anciens
,
Eclaircilfons ce paradoxe.
,,
5,
C'A\ lUmc que les cerveaux de ce tenis - l taient mieux difpofs forms de bres plus ferremplis de plus mes ou plus dlicates
, ,
5,
mais en vertu de quoi les cerveaux de ce tems - l auraient - ils , mieux difpofs ? Les arbres auraient j, t donc t aul plus grands & plus beaux; nature tait alors plus jeune 5, car fi la vigoureufe , les arbres , aul bien ,, plus que les cerveaux des hommes , auraient fe fentir de cette vigueur & de cette 5, d jeunelfe. " ( Digreiion fur les Anciens 8
d'efprirs
j
animaux
&
les
Modernes.
Tom. IV.
dition de 1743. )
Anciens et modernes.
Avec
micien
ture a
,
28
la
ce n'eft point l
Il
queftion.
ne
s'agit pas
de favoir
li
la
na-
pu produire de nos
,
bons ouvrages que ceux de & latine ; mais de favoir fi nous en avons en effet. Il n'efl; pas impolfible fans doute qu'il y ait d'auii grands chnes dans la fort de Chantilli que dans celle de Dodone mais , fuppof que les chnes de Dodone euifent parl il Icrait trs clair qu'ils auraient un grand avantage fur les ntres qui probablement ne parleront
gnies
d'aulii
&
l'antiquit grecque
jamais.
La Motte
homme
d'efprit
&
de talens
qui a mrit des applaudilfemens dans plus d'un genre , a foutenu , dans une ode remplie de vers heureux , le parti des modernes. Voici une de fes ftances.
Et pourquoi veut -on que j'encenfe
je
fors
En moi
Fait
la
tnipe intelligence
les
mouvoir
la
mmes
reflbrts.
Croit -on
nature bizare.
Que pour les Grecs & les Romains ? De nos ans mre idoltre ,
N'eft -elle plus que
la
martre
Durefte
grofFier des
humains?
282
Anciens IT MODERNES.'
pouvait
(iins
On
aints
lui
repondre
Eftimez vos
intel-
les
adorer.
ligence
&
des relforts
i
comme
Virgile
&
-
f/o-
race en avaient
mais ce
talent
n'eft pas
peut
tre
abrolumcnt
avaientils
la
mme
intelligence.
Peut-tre
un
luprieur
au vtre,
& &
ils l'exercjaicnt dans une langue plus riche plus harmcnieufe que les langues moder,
nes
des Celtes
l'horrible jargon d'un latin corrompu. La nature n'cll point bizarre ; mais il fc pourait qu'elle et donn aux Athniens un terrain ^' un ciel plus propre que la Veftphalie & que le Limolin former certains gnies. Il le pcurait bien cncor que le gouvernement d'Athnes , en fcondant le climat , et mis dans la tte de DioJfh}ie quelque chofe que l'air de Clamar & de la Grenouil-
qui font
un mlange de
&
lire
&
le
gouvernement du
^chelieit
d'Orner
Quelqu'un repondit
le petit
alors
:
La Motte
par
couplet fuivant
,
Cher La Motte
imite 8c rvre
tu
ne defcends pas.
eft
qu'Horace
ton pre,
a fait
La
nature n'eft
Pour Danchet
avare
>
Anciens et modernes.
Mais Racine en
Tibulle
tait
25$
a.
qu'elle a
peu de bont
Cette
fait.
difpute
eft
tems de Plntarqne
lie l'ont
que
modeines
juC-
t depuis le licle
des
Mdias
iju'a
Louis
KIV
inclufivenient ?
Les Chinois , plus de deux cent ans avant notre re vu'giire, conftruiirent cette grande muraille qui n'a pu les fauver de l'invafion
des Tartarcs. Les Egyptiens , trois mille ans auparavant , avaient furcharg la terre de leurs tonnantes pyramides , qui avaient environ quatre- vingt- dix mille pies quarrcs de baze. Perfonne ne doute que fi on voulait entreprendre aujourd'hui ces inutiles ouvrages , on n'en vint aifment bout en prodiguant beaucoup d'argent. La grande muraille de la Chine eft un monument de la crainte j les pyramides iont des monumens de la vanit & de la fuperftition. Les unes & les autres atteftent uns grande patience
<2
Ce La
,
Chapelle
tait
un recovur gnral
Iv
des finances
iprt bons.
284
dans
Anciens et modernes:
les
peuples , mais aucun gnie fupcrieur. Chinois , ni les Egyptiens n'auraient faire feulement une Ilatue telle que nos fculpteurs en forment aujourd'hui.
Ni pu
les
Du CHEVALIER TeMPLE.
Le
chevalier Temple^ qui a pris tche de
tous les modernes , prtend qu'ils n'ont rien en achitedure de comparable aux templas de la Grce & de Rome : mais tout il devait convenir que Anglais qu'il tait l'glife de St. Pierre e(l incomparablement plus belle que n'tait le capitole. G'eft une chofe curieufc que l'aflurance avec laquelle il prtend qu'il n'y a rien de neuf dans notre alfronomie , rien dans la connailfance du corps humain , Il ce n'eft
rabailfer
,
peut-tre,
la circulation du fang. dit -il L'amour de fon opinion fond fur fon extrme amour - propre lui fait oublier la d,
couverte des fatellitcs de Jupiter , des cinq lunes (k de l'anneau de Saturne , de la rotation du foleil fur fon axe , de la pofition calde trois mille toiles, des-loix donnes par Kepler & par Newton aux orbes ciedes i des caufes de la prcelfion des quinoxes , & de cent autres connaiilnces dont les anciens ne foupconnaient pas mme la
cule
polbilit.
ranatomic font en
gf
grand nombre. Un nouvel univers en petit , dcouvert avec le microrcope , taic compt pour rien par le chevalier Temple ; il fermait les yeux aux merveilles de les contemporains , & ne les ouvrait que pour admirer l'ancienne ignorance.
Il va jufqu' nous plaindre de n'avoir plus aucun rette de la magie des Indiens , des Caldens , des Egyptiens & par cette ma,
entend une profonde connaiirance de la nature, par laquelle ils pro.iui (aient des miracles fans qu'il eu cire aucun , parce qu'en eHt il n'y en a jamais eu. Qiie font demufi5, venus, dit il, les charmes de cette 5, que qui enchantait l fouvent les hommes
gie
il
s, 5,
&
les
btes
,
ferpens
&.
les
la fable
''
Orphe
la
&
,
,
n'avait
entendu ni
belle
muHque
qui
d'Italie
apparemment , ni m-
me
celle
de France
ment
Ce qui eft encor plus trange c'eft qu'ayant toute fi vie cultiv les belles -lettres il ne raifonne pas mieux fur nos bons auteurs que fur nos philofophes. Il regarde Rabelais
,
,
des Gaules
il
cite les
Amours
48<
Anciens Et MODERNEf.
un homme favaiu i un homme de cour, un homme de beaucoup d'efprit un ambairadeur qui avait fait de
vrages. C'tait pourtant
,
,
profondes rflexions fur tout ce qu'il avait vu. Il polfdait de grandes connailfances : un prjug fufit pour gter tout ce mrite.
De Boileau et
Boileau
Si
de Racine.
que
leaii
le
chevalier Temple.
de parler d'aftronomie
raitlt
&
mais en
glilTant
,
gardrent bien de phyOque. Boi" Homre contre Per^ adroitement fur les
Ils fc
dfauts
& fur le fommcil que ne s'tudie qu' touren ridiner Peiranlt , l'ennemi ' Homre cule. Perrault entend- il mal un paifage , ou traduit-il mal un paifage qu'il entend i voil Boileau qui failit ce petit avantage, qui tombe fur lui en ennemi redoutable qui le de plat crivain traite d'ignorant mais il fe pouvait trs bien faire que Perrault fe ft iouvent tromp & que pourtant il et fouvent raifon lUr les contradictions les rptitions l'uniformit des combats les longues harangues dans la mle les indcendu pote Grec
Il
, ,
,
:
inconfquences de la conduite des Dieux dans le pome , enfin fur toutes les foutes o il prtendait que ce grand pote
ces
,
les
AnctEHS IT MODIKKES.
ctait
2S7
tomb.
En un mot,
plus
Boilean fe
qu'il
moqua
juftitia
de Perrault beaucoup
ne
Homre.
De
l'injustice et de la mauvaise foi DE Racine dans la dispute contre Perrault au sujet d'Euripidc tx DES INFIDLITS DE BrUMOY.
,
Racine ufa du
mme
artifice
car
il
tait
tout aulli malin que Boilean pour le moins. Quoiqu'il n'et pas fait comme lui fon caoital
de
la
fatyre
il
jouit
du
plailr
de confon-
ennemis fur une petite mprife trs pardonnable o ils taient tombs au fujet d'Euripide & en mme tems de fe fentic
dre
fes
,
mme.
Il
raille
aufes
tant qu'il
le
peut ce
mme
meilleurs
Perrault
&
pide
malheureufe-
ment
avaient t tromps par une dition fautive "" Euripide & qu'ils avaient pris quel.y
ques rpliques ^Admte pour celles ^AlceJh: mais cela n'empche pas qu'Euripide n'ec grand tort en tout pays , dans la manire dont il fait parler Adinte fon pre. Il lui reproche violemment de n'tre pas mort pour lui.
Qiioi donc
9,
lui
rpond
s'il
le
qui adrefle-vous,
vous plat, n
s.%%
j,'
Anciens et modernes:
fi
quelque e{l Phrygie i Ignorezde Lidie ou de j, clave " vous que je fuis ne libre 6c Ihclialicn' ( Beau diicoiirs pour un roi ^ pour un pre !) \'ous m'outragez comme le dernier dcj hommes. O cft la loi qui dit que les pleurs enfans ? if- doivent mouiir pour Chacun eft ici -bas pour foi. J'ai rempli mes obligations envers vous. Quel tort demandai- je que vous mouvous fais je pour moi? La lumire vous ell prcliez
dUcouis
hautain
ElKce
cieuie
me
l'eft
elle
moins
Vous
jj
jj
jj
Lche vous-mm'acculez de lchet me i vous n'avez pas rougi de preflr votre femme de vous faire vivre en mourant Ne vous lied - il pas bien pour vous aprs cela de traiter de lches , ceux qui refufent de faire pour vous , ce que vous n'avez pas le courage de faire vous-m-
me
Croyez- moi
la vie
i
taifez-
vous
Vous aimez
pas moins
juriez cntor
les
autres ne l'aiment
3, " duret^ qui ne feront pas des menfonges. Le chur prend alors la parole. 'eft
a,
affez
&
dj trop des
,
deux cts
ceffez,
5,
vieillard
celiez
de maltraiter de paroles
votre
fils.
"
Ce chur aurait d plutt ce femble faire une forte rprimande au fils d'avoir trs brutalement parl ion propre pre,
&
de lui avoir
Anciens et
avoir
ri
derne
s.
a89
pas
reproche
le refte
(i
aigrement de n'tre
la
mort.
Tout
de
P H R
fou
fils.
Tu
parles
requ d'outrage.
E.
Oh
j'ai
bien
vivr
longtems.
P H R
Et
qui
toi
,
eft
celle
A D M
Ah
!
E.
le
hommes
s.
c'eft
preuve de ta
P H R
Tu
eft
A D M
!
E.
Le Pre.
Fais
qu'elles
mieux poufe plufieurs femmes afin meurent pour te faire vivre plus
, ,
^90
Anciens e modernes.
ler
.
3,
j,
5,
,3
Aprs cette fcne un domeftique vient partout feul de l'arrive d'Hercule. ,, C'eil un tranger , dit -il , qui a ouvert la porte lui-mme , s'cll d'abord mis table il fe fche de ce qu'on ne lui fert pas aflez vite manger , il remplit de vin tout moment fa coupe , boit longs traits du rouge & du pailet , & ne celle de boire , Se de chanter de mauvaifes chanfons qui reC femblent des hurlemens , fans fe mettre en peine du roi & de fa femme que nous pleurons. C'efl: fans doute quelque fripon
,
,j
adroit
Il
un vagabond
alfez
un
alllfin.
peut tre
cule
pour un
inconnu
dans la maifon. Il l'efl: encor plus qu'Hercule ignore la mort d'AlceJie , dans le tems mme qu'on la porte au tombeau. Il ne faut pas diiputer des gots ; mais il ft ftir que de telles fcnes ne feraient pas fouffertes chez nous la foire.
Brunioy qui nous a donn le Thire Jes qui n'a pas traduit Euripide avec , & une fidlit fcrupuleufe , foit ce qu'il peut pour juftifier la fcne d'Admte & de fon pre > on
Grecs
ne devinerait pas le tour qu'il prend. Il dit d'abord que les Grecs nont pas trouv i redire ces mmes chofes qui font notre
gard des indcsncs
,
des
horreurs
qiiainj
Anciens et modernes.
if fiuf
291
telles
que nous
convenir qiC elles ne font pas tout--fait les imaginons i en un mot que
les ides
On
tions
refpecl
Q^iii
ont chang. peut rpondre , que les ides des napolices n'ont jamais chang fur le
que les enfans doivent leurs pres. , peut douter , ajoute t-il , que les ides fCayent chang en dijfrens ficles fur des poitits de morale plus importans ? On rpond qu'il n'y en a gures de plus
importans.
Un
Franais
continue- t-il
ejl
infult
prtendu bon Ihts franais veut qu'il courre les qu'il tue ou meure pour rifques du duel ,
On rpond que ce n'eft pas le feul prtendu bon-fens franais, mais celui droutes les nations de l'Europe fans exception.
On ne fent pas ajfez combien cette maxime paratra ridicule dans deux mille ans j de quel air on l'aurait fje du tems ^^' Euripide.
Cette
maxime
;
ei cruelle
&
fatale
non
air
pas ridicule
&
on ne
l'et fifle
, mais d'aucun
du tems d'Euripide. Il y avait beaucoup d'exemples de duels chez les Grecs & chez les
Aliatiques.
On
voit
ds
le
,
commencement
/ichille
du premier
livre de
\
l'Iliade
il
tirant
fe
moiti fon pe
&
tait prt
battre
contre Agameynnon , G Minerve n'tait venue le prendre par les cheveux, & lui faire re-
le
foureau.
ij
C92
fe
battirent en diid
Il
&
para.
'Quinte-
elt
qui
dit
Curce
que deux autres officiers d' Alexandre fe imparibiis armis diiello battirent eu duel
:
tW. IX
certant.
Et puis
prie
,
quel rapport
y a - 1 - il
les
je
vous
reproches que ic font Admte ik fon pre Fhrs tour--tour d'tre des lches 'i d'aimer trop la vie , Je ne donnerai que cet exemple de l'aveuentre
,
un duel
&
&
&
le
des
commenta(\o
puifque Briimoy
plus impartial
tous, s'ell gar ce point, que ne doit-oi'^ pas attendre des autres ? Mais i les Brumoyi
Si
les
Daciers taient
,
je
leur
demande-
rais volontiers
fel
dans le Euripide : Je ne crains point le foudre de Jupiter. Je ne fais fi ce Jupiter efl un Dieu plus plus fort que moi. Je vie fonde trs jier , peu de lui. S'il fait tomber de la pluie je me
renferme dans ma caverne j fy mange un veau rti , ou quelque bte fanvage j aprs quoi je nC tends tout de mon long j f avale un grand
pot de
lait
je dfais
mon
faion
je faif fw-
du
faut
fin
fait
,
bien
que
n'ayent pas le nez ne font pas dgotes de ce bruit Foliphme quand il a bien mang.
que
les fcholiaftes
s'ils
Anciens et modernes.
Ils
29
riait de que jaumii les Athniens toute la popunont ri d'une fotife. Quoi lace d'Athnes avait pUis d'efprit que la cour de Louis XIV ? Et la populace n'e(t pas la
difent
que
le
,
parterre d'Athnes
cette plaifanterie
&
mme
Ce
partout
i
,
&
mais
ils
ont de
grands dfauts. On ofe dire que les de Corneille & les touchantes tragdies de Racine , l'emportent autant fur les tragdies de Sophocle 8c ' Euripide , que ces deux Grecs l'emportent fur Thefpis. Racine fentait bien fon extrme fupriorit fur Eutrs plus
belles' fcnes
,
ripide
mais
il
louait ce pote
milier Perrault.
Molire
dans
fes
bonnes pices,
auffi
fuprieur au pur , mais froid Tcrence , au farceur Arijlophane , qu'au baladin Dancoiirt.
Il y a donc des genres dans lefquels les modernes font de beaucoup fuprieurs aux
&
anciens
lefquels
& d'autres en trs petit nombre dans nous leur fommes infrieurs. C'eft
la difpute.
La
,
ble
iij
294
Anciens et modernes.
qui font trs fouvent ct l'un de l'autre. On doit fentir avec tranfport ce vers de Corneille , ce vers tel qu'on n'en trouve pas
un
feul
ni
dans Homre
ni dans Sophocle,
:
? -
Qu'il mourt.
&
mme
fagacit
&
la
mme
juftice
rprouver les vers fuivans. En admirant le fublime tableau de la dernire fcne de Rodogiine , les contraftes frapans des perfonnages & la force du coloris, l'homme de got verra par combien de fautes
cette
fituation
terrible
eft
amene
,
quelles
quel point
que Koogune ait dmenti fon capar quels chemins raboteux il a falu palfer pour arriver cette grande & traa f\lu
,
racflre
&
fe lafera
point
feules
de rendre
texture
jultice
fartificieufe
&
,
fine conles
des
tragdies
de Racine
peut-tre qui ayent t bien ourdies d'un bout l'autre depuis jTifchile jufqu'au grand licle de Loi's XIV. Il fera touch de cette lgance continue , de cette puret de langage , de cette vrit dans les caraclrcs qui ne fe trouvait que chez lui ; de cette grandeur fans enflure qui feule eft grandeur j de ce naturel qui ne s'gare jamais dans de vaines dclamations , dans des difputes de fophille
Anciens ET MODERNES.
29^
dans des penfes auf faufles que recherches , fouvent exprimes en folcifmes i dans des plaidoyers de rhtorique plus faits pour les coles de province que pour la tragdie. Le mme homme verra dans Racine de la faiblefle & de l'uniformit dans quelques caradres ; de la galanterie , & quelquefois de
mme ; des dclarations d'aqui tiennent de l'idillc & de l'lgie plutt que d'une grande paffion thtrale. Il fe plaindra de ne trouver dans plus d'un morceau trs bien crit , qu'une lgance qui lui
la
coquetterie
mour
plait,
&
non
;
pas
un
faible
n'prouver qu'une motion & de fe contenter d'approuver quand il voudrait , que fou efprit ft tonn & fon cur dchir.
l'entrane
il
fera fich de
,
non pas
fur leur
tems o ils vivaient , mais fur leurs ouvrages mme ; ce ji'eft pas trois mille ans qui doivent plaire
,
nom non
pas fur
le
c'ed
frape
mme. Si une darique a t mal que m'importe qu'elle reprfente le fils 'HyJiafpes ? la monnoie de Varin eft plus rcente mais elle eft infiniment plus belle. Si le peintre Thnante venait aujourd'hui prfenter ct des tableaux du palais-royal fon tableau du facrifice 'Iphignie, peint de des gens quatre couleurs i s'il nous diluait d'efprit m'ont aifur en Grce que c'eft un
la
chofe
artifice
le
vifage d'^-
iiij
fl9^
Anciens et modernes.
la crainte
gamenwon dans
que
fa
,
douleur n'-
&
que
les lar-
mes du pre ne deshonoralfent la majeft du monarque il fe trouverait des connailleurs qui lui rpondraient C'ed un trait d'efprid & non pas un trait de peintre. Un voile fut
5 ,
la tte
effet
tait
un
dans un tableau. Vous avez manqu votre art i voyez le chef-d'uvre de Kubens , qui a fu exprimer fur le vifage de Marie de Mdicis la douleur de l'enfantement
affreux
l'abattement
drelfc
,
la
joie
le
fourire
&
la
,
ten-
non
couleurs
mais
avec toutes les teintes de la nature. Si vous vouliez {\i^ Agiimemnon cacht un peu fou vifage , il falait qu'il en cacht une partie avec fes mains pofes fur fon front & fur fes yeux i & non pas avec un voile que les hommes n'ont jamais port , & qui ell; aulfl
dfagrable la vue
qu'il
eft
,
auii
peu pittorcfque
oppof au coftume j vous deviez alors lailfer voir des pleurs qui coulent , que le hros veut cacher ; vous deviez exprimer dans fes mufcles les convulfions d'une douleur qu'il veut furmontcr. Vous deviez peindre dans cette attitude la majelfc & le
dcfelpoir.
&
V'ous
le
tes
Grec
&
Riibens elt
Belge
mais
Belge l'emporte.
, ,
Anciens et modernes.
D'un passage d'Homre.
297
homme de lettres d'un efd'un got cultiv , fe trouva un jour dans la bibliothque de mylord Chejf.r& un Ecofjield avec un protelfeur d'Oxford lais qui vantait le pome de Fingal > compof, diiait-il dans la langue du pays de Galles
Florentin
,
Un
pric julle
&
tons.
le
Que
- il
pome de Fingal
,
a palT
che jufqu' nous depuis ans fiins avoir t jamais altr j tant les beauts vritables ont de force fur l'efprit des hommes alors il lut ralTembe ce
commencement de
Cnchidhi
j,
Fingal.
de
la
muraille de
agite
;
Tura
fous l'arbre de
la feuille
fa
pique repofait contre un rocher couvert de moufle , fon bouclier tait fes pieds fur 55 l'herbe. Il occupait 1 mmoire du fouvenir du grand Carbart hros tu par lui la 5,
guerre. Monvi n de
33
Fitilh
Moran
fentilui.
nelle de l'Ocan
fe
prfenta devant
,
Lve-toi,
lui
dit-il
je vois les vailfeaux de Siiaran les enne mis font nombreux plus d'un hros s'a,
5,
vance fur
les
vagues noires de
,
la
mer.
,
53
Cuchiilhi
fils
lui rpliqua
Moran
tu trembles toujours
298
,5
Anciens et modernes.
non^bre des enle
nemis. Peut-tre
5,
ell-ce
roi des
mon-
tagnes defertes
qui vient
mon
dit
eft
fecours
s,
5,
dans
Non,
,
Moran,
haut qu'un rocher de glace ; j'ai vu fa lance elle elt comme un haut fapm branch par les vents i Ton bouclier eft comme la 5, lune qui fe lve ; il tait aiis au rivage fur un rocher , il reflmblait un nuage qui couvre une montagne , &c, " 5,
c'ed Sunran
il
lui-mme
aulfi
5,
Ah
alors
voil
le
vritable
ftile '
Homre
dit
le
profelfcur
m'en
plait
fublime loquence hbraque. Je crois lire les palfages de ces beaux cantiques. Pfau Tu gouverneras toutes les nations que me 7, tu nous Ibumettras , .avec une verge de
,, 5,
fer
tu
les
briferas
comme
le
potier fait
un
5,
vafe.
Pf.3.
Pf. 17.
5,
Tu
La terre montagnes
a trembl
fe
Pf.
Seigneur s'ert & il a lanc la grle & des charbons. 19. I! a log dans le foleil & il en eft forti
,
les
font branls
Pf. 57.
de fon
lit
il mettra en poudre che mchelires ils deviendront de l'eau y car il a tendu fon
i
dents
rien
comme
Anciens et moderne s.
abattre
299
les
ils
dans fa colre
Les nations
affames
comme
tu
te
Pf. 58.
gneur
moqueras
&
tu les
rduiras rien.
La montagne du Seigneur
eft
une mon-
Pf. d-j^
tagne coagule ; pourquoi regardez - vous les monts coaguls ? Le Seigneur a dit , je jetterai Bafan j je le jetterai dans la mer afin que ton pied foie teint de fang , que la langue de tes chiens lche leur fang. Ouvre la bouche bien grande ^ & je la ,.
remplirai.
,,
&
Pf. 80.
Rends les nations comme une roue qui tourne toujours , comme la paille devant la face du vent , comme un feu qui brle
fort
,
Pf. 82.
une
des montagnes
tu
les
tempte , & ta colre les troublera. les nations \ il les rem- Pf. ,, Il jugera dans plira de ruines , il caira les ttes dans la terre de plufieurs. Bienheureux celui qui prendra tes petits Pf. 136. enfans & qui les crafera contre la pierre
m,
&.C.
&c.
<S:c.
Le Florentin ayant cout avec une grande attention les verfets des cantiques rcits par le dodcur, & les premiers vers de Ymgal beugles par l'Ecolis , avoua qu'il n'tait
300
tiques
ftic
Anciens et modernes.
ces
figures
afia*
le
S:
qu'il
noble de Virgile. 1 L'Ecoliais p.^lic de colre ce difcours dodeur d'Oxford leva les paules de piti ; mais mylord Chejierfield encouragea le Florentin par un fourire d'approbation. Le Florentin chauti , Se fe Tentant appuie, leur dit ; Meilleurs , rien n'eft plus aif que d'outrer la nature rien de plus difficile que de rimiter. Je luis un peu de ceux qu'on appelle
(impie
, ,
&
en
Italie
huprovifatori
&
je
vous
parlerais
huit jours de luite en vers dans ce llile oriental fans me donner la moindre peine, parce qu'il
n'en faut auciuie pour tre ampoul en vers ngligs, chargs d'pithetes, qui font prefque
toujours
les
fur combats
Qui
feriez
pour entafler combats ; pour peindre des chimres. lui dit le profeifeur vous vous
.
mmes
&
un pome pique fur le champ ? Non pas un pome pique raifonnable & en
,
vers corrects
lien
;
comme
Virgile
rpliqua
l'Ita-
mais un pome dans lequel je m'abandonnerais toutes mes ides , fans me piquer d'y mettre de la rgularit. Je vous en dfie , dirent l'Ecoffais & l'Oxfordien.
Eh
bien
rpliqua
donna
la la
Mylord Chejlh-fidd lui du Prince noir vainqueur journe de Crecy, & donnant la paix aprs
le
Florentin.
le
fujet
vidoirc.
, ,
ANCI ENs
:
ET
IVI
DE R NE
s.
301
L'improvifateur fe recueillit , & commena ainfi Mufe d'Albion gnie qui prficez aux hros chantez avec moi non la colre oifive d'un homme implacable envers fes amis & fes ennemis non des hros que 5,
, ,
, 5
Dieux favorifent tour - tour fans avoir aucune raifon de les favorifer i non le fige non les qui n'efl; point prife 5, d'une ville exploits extravagans du fabuleux Fin^ai 53 mais les victoires vritables d'un hros que brave qui mit des rois ,5 auli modefte dan>; fes fers , & qui refpeda fes ennemis 35
5,
les
jj
vaincus.
,
le
Mars de
l'Angleterre
35
haut de l'empire mont fur le courfier immortel devant qui les plus fiers chevaux du Limoufin fuient
du
35 ,5
j3
comme
agneaux
les
les
fe
brebis blantes
&
les
tendres
uns fur
rie
3,
3,
5,
j,
pour fe cacher dans la bergevue d'un loup terrible , qui fort du fond des forts les yeux tincelans le la gueule cumanre , menapoil hriif ant les troupeaux & le berger de la fureur
autres
la
, ,
JJ
5,
,,
3,
de la fertile Touraine ; Genevive , douce divinit des peuples qui boivent les eaux de la Seine & de la Marne Denis qui
-,
porta fa
tte
302
j,
,5
Anciens et modernes.
Se
hommes
voyant
cafque
le
des immortels
tremblaient en
fein des
j,
d'or
Sa orn
tte
des
diamans
elle apparut aux , mortels pendant quarante rvolutions jour nalires de l'allre de la lumire , & de fa fur inconltante , qui prte une douce
clart aux fombres nuits. Sa main porte la lance pouvantable & ex5, facre , dont le demi -Dieu Michasl cuteur des vengeances du Trs -Haut , tcrrafla dans les premiers jours du monde l'ternel ennemi du monde & du crateur. 5, Les plus belles plumes des anges qui airillent 5, autour du trne, dtaches de leurs dos im,
mortels flottaient fur Ion cafque autour duquel volent la terreur la guerre homila vengeance impitoyable & la mort 5, cide
, ,
,
5,
les
,, ,,
heureux mortels. Il relTemblait une comte qui dans fa courfe rapide franchit
les orbites des aftres
5,
j,
tonns
lailfant loin
traits
&
terrible
la
3,
mains
Il
&
des nations.
Charente,
s,
&
tit
le
&
tume.
Il
fit
deux pas
&
il
arriva juf-
Anciens en modernes.
l,
303
3,
qu'aux lieux o le fils du magnanime Edouard attendait le fils de l'intrpide " rhilippe de
Valois.
bouche (comme dit Homre ) plus ferres abondantes que les neiges qui tombent pendant l'hyver ; cependant fes paroles
de
fa
&
plus
elles
,
relfemblaient plu-
qui s'chappent d'une forge enflamme , quand les cyclopes frappent les foudres de Jupiter fur l'enclume
retentilfante.
de
le faire taire
en
lui
avouant
, ,
qu'il
tait
de prodi-
guer
ciel
,
les
images gigantefques
terre
&
le
d'appeller le
;
la
ils
,
&
le
les
mais
l'art
foutinrent que
de mler
tendre
&
comble de touchant au
fublime.
Y a-t-il
dien
,
de plus moral
,
plus voluptueux
couche avec
fa
femme
mont
Ida ?
Mylord
iieurs
,
Mef.
vous demande pardon de me mler de la querelle, peut-tre chez les Grecs c'tait une chofe trs intreflante , qu'un Dieu qui couche avec fon poufe fur une montagne. Mais je ne vois pas ce qu'on peut troudit-il
je
304.
Anciens et modernes.
ver l de bien fin ik de bien attacliant. Je conviendrai avec vous que le fichu , qu'il a plu aux commentateurs & aux imitateurs d'appeller la ceinture de Vnus , eft une image charmante j mais je n'ai jamais compris
que ce
ft
un
Ibporatif , ni
les
le faire
comment
du
Jinion
niaitre
imaginait de recevoir
des Dieux pour
plaifiuit
carelfes
dormir.
Voil
un
chofe
je
Dieu de s'endormir pour fi peu de je vous jure que quand j'tais jeune
ne m'alfoupilTais pas fi aifment. J'ignore s'il e(t noble, agrable, intrellant , fpiritucl
&
dcent de
faire dire
Si vous voulez ablblument me carellr , al Ions -nous- en au ciel, dans votre apparte. ment, qui clt l'ouvrage de Vnlcain , ik donc 33 la porte ferme i bien qu'aucun des Dieux 3, n'y peut entrer. 3j
Je n'entends pas non plus
comment
le
fommeil, que Jiinon prie icnornm Jupiter , peut-tre un Dieu \ veill. Il arrive en un moment des ifles de Lemnos & d'Imbros au mont Ida \ il eil beau de partir de deux ifles
la foisjde-l
anlfi-tt
il monte fur un fapin, il court aux vailfeaux des Grecs i il cherche
i il le trouve, il le conjure de donvidoire ce jour-l l'arme des Grecs; il retourne Lemnos d'un vol rapide. Je n'ai rien vu de i\ frtillant que ce fommeil. Enfin , s'il faut abfolument coucher avec
Neptune
ner
la
&
quelqu'un dans
un pome pique
j'avoue
que
Anciens ET MODERNES.
'Alcine
jjaud.
30^
que j'aime cent fois mieux les rendez - vous avec Roger , & \drniide avec Re^
V^enez
,
mon
cher Florentin
me
lire
ces
de
VArioJle
&
du
Le Florentin ne
Chejieyfiel
fe
fit
pas prier.
le
Mylord
d'Oxtait
fut enchant.
i
L'Ecoflais pendant
profelfeur
le
ford relifait
Homre
&
tout
monde
content.
On conclut enfin , qu'heureux eft celui qui dgag de tous les prjugs , eft fenlible au mrite des anciens & des modernes , apprcie leurs
les
beauts
&
pardonne.
ANE.
Ajoutons
d'or
Le plus
plai^
& ce
qu'une dame devint amoureufe de ce monleur , lorfqu'il tait ne , & n'en voulut plus lorfqu'il ne fut qu'homme.
,
fort
communes
3o5
parl
,
A N
e;
pliqu
les fa vans ont cru qu'il s'tait exen arabe : c'tait probablement un homme change en ne par le pouvoir de fatfchus. Car on fait que Baccbus tait Arabe.
&
Virgile parle
en loup
Sapt
comme
luputn fieri
Marin
Ce
6^ fc condere fylvis,
les bols.
cacha dans
qui d-
Dieux
s'taient
changs en
les
animaux dans
Les Grecs
,
guerre contre
gants ?
grands imitateurs
les
fables orientales
mes
morphoferent prefque tous les ou en btes , pour les faire rulir dans, leurs delfeins amoureux.
,
&
mieux
quoi n'aurait - on pas trouv le fecret de la mme opration fur les hommes ?
Plufieurs commentateurs
refpecl qu'ils devaient
,
faire
en oubliant
le
aux iamtes critures, ont cit l'exemple de Nabiicodonofor chang en buf mais c'tait un miracle une vengeance divine une chofe entirement hors de la fphre de la nature , qu'on ne devait
; , ,
A H
pas examiner
E,
307
prophanes
,
avec
des
yeux
&
l'objet
de nos recher-
ches.
D'autres
favans
non moins
indifcrets
peut-tre, fe font prvalus de ce qui eft rapport dans VEvangile de l'enfance. Une jeune fille en Egypte , tant entre dans la
vit
un mu-
couvert d'une houlfe de foye , ayant fon cou un pendant d'bne. Ces femmes lui donnaient des baifers , & lui prfentaient manger , en rpandant des larmes. Ce mulet tait le propre frre de ces femmes. Des magiciennes lui avaient
t
la
la
figure
la lui
humairendit
ne
&
le
Matre de
nature
bientt.
Quoique
empche de
fervir
apocryphe
,
la
vnration pour
nom
qu'il porte
nous
Elle doit
feulement faire voir combien les m= tamorphofes taient la mode dans prefque toute la terre. Les chrtiens qui compofrent cet vangile , taient fans doute de bonne foi. Ils ne voulaient point compofer un roman. Ils rapportaient avec fimplicit ce qu'ils avaient entendu dire. L'glife qui rejetta dans la fuite cet vangile avec quarante neuf autres , n'accula
pas les
;
auteurs d'impit
les
rication
ces auteurs
ik de prvaobfcurs parlaient la
populace
flon
i)
308
Ane.
tait peut-tre le feul
La Chine
pays exempt
d' Ulyjje,
chan-
beaucoup plus ancienne que le dogme de la mtempfycofe annonc en Grce & en Italie par Fytait
,
thagore.
Sur quoi fe fondrent les gens , qui prtendent qu'il n'y a point d'erreur univeifclle, qui ne Toit l'abus de quelque vrit ? ils difent qu'on n'a vu des charlatans , que p;irce qu'on avait vu de vrais mdecins , (Se qu'on n'a cru aux faux prodiges , qu'a caufe des
vritables.
Mais avait-on des tmoignages certains que hommes taient devenus loups b(Euts , ou chevaux , ou nes i cette ei reur univerque l'amour felle n'avait donc pour principe du merveilleux , & l'inclination naturelle pour la fu perdition.
des
, ,
d'une opinion errone pour remde fables. Un docteur Indien voit que les btes ont du fentiment , & de la mmoire. Il conclut qu'elles ont une ame. Les hommes en ont une auli. Que devient l'ame de l'homme aprs fa mort i Que devient l'ame de la bte ? Il faut bien qu'elles logent quelque parc. Elles s'en vont dans le
Il
fuffit
plir l'univers
qui
commence
fe for-
Ane.
mer. L'amc d'un bracmane loge dans
d'un lphant
le
,
309
le
corps l'ame d'un ne fe loge dans corps d'un petit bracmane. Voil le dog-
me
de
la
mtenipficofe
un
limple raifonnement.
qui cherche
un
gite.
C'elt
un corps
,
chang en un au:re corps fon ame demeurant toujours la mme. Or , certainement nous n'avons dans la nature aucun exemple d'un pareil tour de gobelets.
qui
elt
Cherchons donc quelle peut tre l'origine d'une opinion Ci extravagante & fi gnrale. Sera- t- il arriv qu'un pre ayant dit Ton fils plong dans de laies dbauches , & dans
l'ignorance
,
Tu
es
un cochon
,
nu cheval un
,
ne
enfuite
l'ayant mis
en pnitence avec
un bonnet
une fervante du
homme
a t
chang en ne en punition de
voilnies
l'auront
&
tour du monde.
toute
la
Une quivoque
aura tromp
terre.
l'quivoque a t
ios fotifes.
Joignez cela
pouvoir de
la
magie
iij
re-
310
B.
&
les nes.
On
dit qu'ils
font guerriers en Mfopotamie j & que Merle vingt & unime calife , fut furnomvan
Vane pour
fa valeur.
Le
trait
patriarche
Phoiius rapporte
,
dans Vex-
de la vie d'Ifidore
,
un ne
fie
qui
fe connailfait trs
bien en po-
qui abandonnait fon rateUer pour al, ler entendre des vers. La fable de Midas vaut mieux que le conte
&
de
Photitis.
ON
311
prendre.
Chaque caradre
,
eft
peint fous
le
nom
;
&
te
de leurs ennemis
&
qui aurait
la
comique , lurait Vhijioire fecrette du pape Lon X & des troubles de Florence. Ce pome cft plein de morale & de philofophie. Il fibonnes rflexions d'un nit par de trs gros cochon qui parle - peu - prs ainfi l'homme.
,
Animaux
deux pieds
,
fans
vtemens
,
fans armev
,
Point d'ongle
un mauvais cuir
,
ni
plume
ni toifon
;
&
ils
Les perroquets
&
fit
vous ont
le
don de
parler,
;
La nature vous
Mais vous
Et quel
fit-elle
hlas
homme
:
L'homme
que nous
plus mchant
plus
fauvage
Poltrons ou furieux
dans
le
crime plongs
Vous prouvez
toujours ou
,
la crainte
ou
la rage.
&. vous
vous gorgez.
vit
d'injuftices.
la yz'iXm
Notre bauge
eft
pour nous
le
tempie de
Ami que
,
le
bon Dieu
De
redevenir
homme
iiij
312
que
De
ft
Ceci
cft
Eoilenii
&
La
Fontaine.
Mais
il
ei trs
vraifemblable que ni
n'avaient
cbiavel.
La Fontaine
ni
Boileati
yV/a-
DE L'ANE DE VRONE.
I ledeur.
l'ne de
&
Je ne
ais
dans toute fa fplendeur, parce que je ne l'ai pas vu mais les voyageurs qui l'ont vu , il y a quarante ou cinquante ans s'accordent dire que fes reliques taient renfermes dans le ventre d'un ne artificiel fait exprs ; qu'il tait fous la garde de quarante moines du couvent de Notre-Dame des Orgues Vrone , & qu'on le portait en procelion deux fois l'an. C'tait une des plus anciennes reliques de la ville. La tradition difait que cet ne , ayant port Voyez notre Seigneur dans fon entre Jrufalem , Mijjon. n'avait plus voulu vivre en cette ville ; qu'il Tome I. avait march fur la mer aul endurcie que fa
:
Vrone
fubfifte encor
pnges lor
^^^y^Q
j
qu'il
,
j^^ait pris
pre
Rhode
il
Candie
que de l
tait
De l'ANE DE VRONE.
<^u'enfiii
il
313
s'tablit
Vrone
il
vcut trs
longtems.
Ce qui donna
la
c'eft
que
plupart des nes ont une efpce de croix noire fur le dos. Il y eut apparemment quel-
que
la
vieil ne aux environs de Vrone, chez qui populace remarqua une plus belle croix qu'
:
fes confrres
de monture l'entre dans Jrufalem ; on fit de magnifiques funrailles l'ne, La fte de Vrone s'tablit i elle pafla de Vrone dans les autres pays j elle fut furtout clbre en France i on chanta la profe de l'ne la
meiTe.
Orientis partibus
Adventavit afinus
Pulcher &, fortijjmus.
Une fille rprefentant la Ste. Vierge allant en Egypte, montait fur un ne & tenant un enfant entre fes bras , conduifait une longue procelion. Le prtre la fin de la mefle. Voyez au lieu de dire Ite , Mijfa eji fe mettait Du Carv
,
,
&
le
peu-
&.
Nous avons
Se fur celle
Jw
la fte
ils
de fane i^/murs
des na~
tions.
des fous
314
I.
ANGE.
L*Auteur
pdie
,
de
dit
l'article
que
toutes
,
mis
l'exilience des
anges
quoique la
na-
dmontre pas. Nous n'avons point d'autre raifon que la naturelle. Ce qui ell furnaturel ell au delTus de la raifon. Il fal-ait dire ( fi je ne me trompe ) que plusieurs religions , & non pas toutes ont reconnu des anges. Celle de Niima, celle du fdbifme , celle des druides celle de la Chine , celle des Scythes , celle des anciens Phniciens & des anciens Egyptiens , n'admirent point les anges. Nous entendons par ce mot , des miniftres de Dieu , des dputs , des tres mitoyens entre Dieu & les hommes , envoys pour
turelle ne la
,
nous
Il y a aujourd'hui quatre mille huit cent quatre -vingt ans que les bracmanes le vantent d'avoir par crit leur premire loi facre, intitule Le Shajia , quinze cent ans avant
nomme
Le
Veidani
parole de Drtu.
chapitres.
tributs
le
:
Le premier, de Dieu
fcond
,
,
^ de
le
troilme
A N
trinie
,
E,
31^
,
de leur punition
,
le
cinquime
de l'homme.
pardon
Il
^ de
utile
Je leur
la
la cration
e(l
de remarquer d'abord
ma-
Dieu.
un
il
a cr tout
c'eft
une
fphre parfaite fans commencement ni fin. DihU conduit toute la cration par une providence gnrale rfultante d'un prin cipe dtermin. Tu ne rechercheras point dcouvrir l'elfence & la nature de l'E ternel , ni par quelles loix il gouverne :
j,
une
vaine
&
criminelle;
que jour & nuit tu contemples dans fes ouvrages fa fageffe , fon pouvoir " & fa bont. Aprs avoir pay ce dbut du Shaja le tribut d'admiration que nous lui devons j voyons la cration des anges.
35
c'eft aflez
la
contemplation
&
fon elfence
&
de partager
batitude
comme
,
de
ils
&
eflen-
3i<;
An
y
t.
&
d'imperfec-
Vitfiiou
la
,5
ik Sib
&
toute
mul-
titude des anges. L'Eternel donna la pr mincnce Birinu ,k Vitfuoii & Sib. Bir via Fut le prince de l'aime anglique i Vitfunn & Sib furent fcs coadjutcurs. L'E^ ternel divifa l'arme anglique en plufieurs ^ bandes, & leur donna chacune un chef.
2.
adorrent l'Eternel , rangs autour de fon trne chacun dans le degr alfign. L'harmonie fut dans les cieux. Aozazoy 5, 5, chef de la premire bande, entonna le cand'adoration au Cra5, tique de louange & ,, teur , & la chanfon d'obiifance Birnui
3,
Ils
5,
5,
fa
premire crature
ik
l'Eternel fe
r-
"
Chapitre
IIL
De
la.
Depuis
la
joie
&
jufqu' ce que
n'avait pas
,
le
tems ne
fut plus
fi
l'envie
des
Mozazor & d'autres princes bandes angliques. Parmi eux tait 2viM^\\
,
bon
le
Immmorans du bonheur de
Ange.
317
Se de leur devoir , ils rejettrent le pouvoir de perfedion, & exercrent le pouvoir d'im perfedion. Ils firent le mal rafped de TE ternel ; ils lui dfobeirent & refuferent de fe
foumettre au lieutenant de
aifocis Vitftiou.
Dieu
dirent
&.
,
fes
&
Sib
;
&
ils
Nous
ils
voulons gouverner
fance
&
la
r-
,
,
pandirent leurs principes fditieux dans l'arme clefte. Ils lduilirent les anges , & entranrent une grande multitude dans
la rbellion
j
&
elle
s'loigna
du trne
de l'Eternel i & la triftelle lai lit les efprits angliques fidles , & la douleur fut connue pour la premire fois dans le ciel.
Chapitre
IV.
COUPABLES.
5,
,
L'Eternel
dont
la
toute
fcience
la
prefcience
&
chofes
a cr libres
la
except fur l'adion des tres qu'il vit avec douleur & colre ,
dfedion
de Mozazor
de Rnabon
il
&
en-
voya Birma
Vitjiinu
,
8c Sib
pour
leur
reprocher leur crime & pour les porter rentrer dans leur devoir mais confirn:s
:
dans leur efprit d indpendance , ils perill(^rent dans la rvolte. L'Eternel alors
318
A K
K.
comman(a 5"/^ de marcher contre eux arm de la toute-puiflance & de les prcipiter du lieu mirient dans le lieu de tnbres dans Vonder , pour y tre punis pendant mille ans multiplies par mille " ans.
,
,
Au bout
de mille ans
Birma
Vitfnou
&
faveur des dlinquans. L'Eternel daigna les dlivrer de la prifon de VOnder , & les mettre dans un tat de probation pendant un grand
nombre de rvolutions du
cor des rbellions contre
foleil.
Il
Ditu dans
de pnitence.
Ce
fut dans
un de
les
ces priodes
que Dieu
cra la terre
anges pnitens y fubirent i plulieurs mtempficofes j une des dernires fut leur changement en vaches. C'ert de -l que les vaches devinrent facres dans l'Inde >
&
enfin
ils
furent mtamorphofs en
hom-
mes. De forte que le fyitme des Indiens fur les anges , eft prcifment celui du jfuite Botigeaut , qui prtend que le corps des btes font habits par des anges pcheurs. Ce que les bracmanes avaient invent frieufement Bougeant Timagina plus de quatre mille ans aprs par plaifanterie : li pourtant ce badinage n'tait pas en lui un refte de fuperfti-
K G
<ft arriv
E.
,
319
ce quj
Telle eft l'hiftoire des anges chez les anqu'ils enfeignent eiicor deenviron cinquante ficles. Nos marchands , qui ont trafiqu dans l'Inde , n'en ont jamais t inftruits i nos milfionnaires ne l'ont pas t davantage i & les brames qui n'ont jamais t difis ni de leur fcience ni de leurs murs , ne leur ont point communiqu leurs fecrets. Il a falu qu'un Anglais, nomm Mr. Holwell , ait habit trente ans Bnars fur le Gange , ancienne cole des bracmanes ; qu'il ait appris l'ancienne langue facre du Hanfcrit , & qu'il ait lu les anciens livres de la religion indienne , pour enrichir enfin notre Europe de ces connaiifances fin-
ciens
bracmanes
puis
gulires j comme Mr. Sale avait demeur longtems en Arabie pour nous donner une tradudion fidelle de l'Alcoran , & des lumires fur l'ancien fabifme
,
religion
mufulmane
de
mme
tout ce qui
concerne
religion des
mages.
anges
s'appelle
Bahaman
jil
a Tint
320
pedion de tous
Ange.
les
,
me
fur qui
DiEU
tion
immdiate.
prfide au jour o le foleil entre dans le blier , & ce jour eft un jour de fabat ce qui prouve que la fte du fabat tait cbferve chez les Perfes dans les tems les
-,
Dieu
plus anciens.
Le fcond ange
prfide
au huitime jour
dont on a
j
&
s'appelle Dbadiir.
Le troifime
foleil.
eft
Kur
fait
de-
ik
c'eft l'ange
du
Le quatrime
la
s'appelle
Ma &
,
il
prfide
lune.
diftricT:.
C'eft chez
que la dodrine de l'ange - gardien & du mauvais ange fut d'abord reconnue. On croit que Raphal tait l'ange - gardien
de l'empire Perfan.
Ange.
puifqu'il vivait
,
321
,
dans
la fcp-
timc gnration avanc le dluge : mais puifque Setb , plus ancien encou que lui , avait lailf
des livres
ter d'en
aux Hbreux
,
ils
pouvaient
fe
van-
qu'Enoch crivit flon eux. Le nombre des hommes s'tant prodigieufement accru ils eurent de trs bel5, anges , les brilans , Egre35 les filles ; les en devinrent amoureux , & furent 35 gori , entrans dans beaucoup d'erreurs. Ils s'aChoi nimrent entre eux , ils fe dirent des femmes parmi les filles 5, lilfons-nous des hommes de la terre. Semiaxas leur prin, :
ce,
dit
complir un
meure dirent
5,
&
que
je
ne de-
feiil
:
delfein
fi
charge du crime. Tous rpnFaifons ferment d'excuter notre & dvouons - nous l'anathme
Ils
,,
nous y manquons.
s'unirent
donc
par ferment,
taient
tirent
&
au nombre de deux cent. Ils parenfemble du tems de Jared & allHerraonim ,, rent fur la montagne appelle 3, caufe de leur ferment. Voici le nom des principaux j Seniiaxxis , Atarculph , Araciel , 5, Chobihiel i Hofauipjich , Zaciel , Farniar Thaiifal ^ Samiel ^ Tiriel ^ SwiiieL 5, Eux & les autres prirent des femmes 5, l'an onze cent foixante & dix de la cra5,
,
tion
du monde.
De
ee
commerce nqui-
Frmiire partie.
g2i
A
trois
,
N
"
.
j
5,
rent
genres
ikc.
d'hommes
les
g^np
Nephtlim
L'auteur de ce fragment crit de ce flile, qui iemble appartenir aux premiers tems ;
c'eft
la mme navet. Il nommer les perfonnages
ne manque pas de
il
,
dates
point de rflexions
mes i
c'eft l'ancienne
On
,,
fxime chapitre de
Genfe
fonde fur le Or en c
la
tems
avec rent
il
avait
des
gans fur
terre
3,
5, 3,
les puiians
du
licle.
"
,
Le livre d'E)ioch & la Genfe font entirement d'accord fur l'accouplement des anges avec les race des gans
filles
des
hommes
&
fur la
qui en naquit.
livre
Enoch
ni
aucun
ne
Dieu
ni de leur dfaite
l'enfer
,
humain.
Prefque tous
les
commentateurs de l'ancien
,
Teftament
captivit
dil'cnn
unanimement
les Juifs
nom
qu'avant ne furent
la
le
Celui
,
qui
apparut
Manii
pre
de S'amfon
ne voulut point
dire le fien.
Ange:
Lorfque
les trois
323
hmn
&
les rgaler
lui apprirent
lui dit
:
noms.
voir
1
je viendrai vous
,
fi
,
Dieu me donne
un
la
vie
chaine
anne profis.
grand rapport qu'Ovide raconte dans Tes Fajes , de Jupiter , de Neptune & de Mercure , qui ayant Ibup chez le vieillard Iri , & le voyant afflig de ne pou-
Dom
&
fable
du
fervi
&
Iri d'enfouir fous terre , dant neuf mois ce cuir arrof de l'urine clefte.
&
Au
cuir
Iri
il
,
aduellement dans le ciel. Calmet dit mme que les termes dont fe fervirent les anges avec Abraham , peuvent fe traduire ainG // natra un fis de votre veau.
Orioji
&
qui
eft
Quoiqu'il en
leur
anges ne dirent point ils ne le dirent pas ne voyons le nom de ws Tobie, du tems de la captifoit
,
les
,
Tous les autres noms d'anges font pris videmment des Caldens & des Perfes. Ra^
phal
&
bale
biloniens.
nom
i}
d'Ifral
, ,
324
Ange.
dans
le
dit exprcflement
rcit
de fa dputaici
Nous ne
rpterons point
ce qu'on a
Savoir
les
Ils
& de demi-Dieux
Mer,
pour
celles
his admirent encor des gnies , des dmons. La dodrine des angesgardiens fut mife en vers par Hfioe contemporain ce Homre. Voici comme il s'explique dans le pome des iravaux & des jours.
cure ferait les commiiions de Jupiter
de Jiuioiii cependant
ils
Dans
les
& de Rhe
;
Le mal
fut
la fatigue
ignore
tout.
Les humains
fatisfats
,_
Ne
fe difputant rien
forcs de
vivre en paix
murs
inahrabies.
La mort
l'affreufe
mort
fi
terrible
aux coupables.
N'tait qu'un
doux
Des
plalfirs
de
la terre
aux dlices du
ciel.
;
Nos dmons
Ecarter
fortuns
les foutiens
ils
de nos vies
de nous;
peut
,
fe
le
crime
Ange.
Plus on
fouille dans Tantiquit
les
32^
dans ces mines aujourd'hui prefqu'abandonnes. Les Grecs , qui ont ( ongtems paie pour inventeurs , avaient imit
l'Egypte , qui avait copi les Caldcens , qui devaient prefque tout aux Indiens. La doctrine des anges - gardiens , qii'HJwde avait l
bien chante
les coles
;
c'eft
faire.
&
Ton mauvais
comme chacun
Socrate
comme on
faut
fait
avait
un bon
an-
que ce foit le mauvais qui l'ait conduit. Ce ne peut tre qu'un trs mauvais ange qui engage un philofophe courir de maifon en maifon , pour dire aux gens , par demande <Sc par rponfe que le le prcepteur & le petit pre & la mre ga'con font des ignorans & des imbcilles. L'ange - gardien a bien de la peine alors gage
:
mais
il
On ne connait de Marais Bnitv.s que fon mauvais ange qui lui apparut avant la ba,
taille
de Philippe.
iij
325
Anguilles.
ANGUILLES.
Race
d'avguille<
CElui
qui a
tait
,
dit le
premier
qu'il
n'y a
je-
refprit
humain ne
un grand prophte.
Nedhani
, ,
,
Un
fit
juite Irlandais
nomm
qui voya,
geait dans
rturope
en habit fculiiC,
il
a quelques annes
de plufieurs microfcopcs. Il crut appercevoir dans de la farine de b^ed ergot mife au four, & lailfce dans un vafe purg d'air & bien bouch 5 il crut appercevoir , dis - je , des anguilles qui accouchaient bientt d'autres anguilles. Il s'imagina voir le mme phnomne dans du jus de mouton bouilli.
Aufi-tt plufieurs philofophes de crier
veilles
,
mer-
&
de dire
Il
tout fe fait , tout fe vive de la nature. C'eif l'attraclion , difaitl'un; c'eftla matire organife, diiait l'autre j ce font
des molcules organiques
vivantes qui ont trouve leurs moules. De bons phyficiens furent tromps par un jfuite. C'ell ainfi ( com-
me
nous
ra\'X)ns dit
ailleurs )
,
qu'un commis
fit
accroire
Anguilles.
ik)us les
jolie
327
une
des
beaux
,
efprits de Paris
qu'il tait
femme
laquelle fefaic
trs
bien
vers.
Il
faut
de
l'efprit
preflement de plufieurs philofophes btir un lylfme univerfel fur un tait particulier , qui
qu'une mprife ridicule , indigne d'On ne douta pas que la farine de mauvais bl formant des anguilles , celle de bon froment ne produist des hommes. L'erreur accrdite jette quelquefois de l profondes racines , que bien des gens la foutiennent encor , lorfqu'elle eft reconnue & tombe dans le mpris , comme quelques journaux hiftoriques rptent des faufles nouvelles infres dans les gazettes , lors mme qu'elles ont t retraces. Un nouvel auteur d'une tradudion lgante & exade de Lucrce , enrichie de notes favantes , s'eiforce , dans les notes du troiflme livre , de combattre Lucrce mme l'appui des malheureufes expriences de NedharUy bien convaincues de fauffet par Mr. Spa^ hvizan , & rejettes de quiconque a un peu tudi la nature. L'ancienne erreur , que la corruption eil mre de la gnration , allait reirufciter il n'y avait plus de germe : plusieurs perfonnes mandaient que , dans la meiagerie du palais de Bruxelles , un lapin avait
n'tait
tre releve.
iiij
328
Anguilles.
s'accomplir.
fix omnibus rchus
fait des laprcaux une poule. Ce que Lucrce l avec route J'antiquitc , jugeait impolible ,
allait
Omne
enus
nafci poffet
,
nil
femine egeret,
ex
,
Squamrniferum genus
&
.
Armenta
&
pecudes.
ferre oinnes
omnia
pojfenc.
Le hazard
L'animal
incertain
eft fans
germe
&
l'effet
e(l
fans caufe.
,
On
foi'tir
airs ,
j
naifTant fur
il
la
vcdure
Tout poura
'
tout produire
n'eft plus
de nature.
iiyn'it afTurcmcnt raifon en ce point phylique, quelque ignorant qu'il ft d'aile & il elt dmontr aujourd'hui aux leurs yeux & a la raifon , qu'il n'elt ni de vgtal ni d'animal qui n'ait ion germe. On le trouve dans l'uf d'une poule comme dans le gland d'un chne. Une puiflance formatrice priide tous ces dvelopcmens , d'un bout de l'univers l'autre.
_,icrce
-y
Il
qu'on chne
iait
voit
F>:
qu'on
les
fcme
le
&
que
le
gland.
On
mais
un chne de foixanj
Anguilles.
c'eft
329
entant
un cmbrion qui
terre
de
Ja
&
de l'eau
comme un
croit par
en contient d'aude
la
maJe
divifible l'infini.
comprends pas donc cela n'eli; pas ? ce raifonnement ne peut tre admis contre les chofes que nous voyons & que nous toule
ne
chons.
tions
,
Il
ell
excellent
contre
des fuppofi-
mais non pas contre les faits. Qiielque fyflme qu'on fubditue , il fera tout aulii inconcevable, & il aura par-dcfllis celui des germes le malheur d'tre fond fur un principe qu'on ne connat pas , la place d'un principe palpable dont tout le monde eft tmoin. Tous les fyftmes far la caufe de la gnration , de la vgtation , de la nutrition , de la fenfibilit , de la penfe, font galement inexplicables.
Monades
l'univers
,
qui tiez
le
miroir concentr de
innes tantt conc'aranes, tantt adoptes par une Sorbonne , JeuJ'oriwn coriimime , qui n'-
nulle
part
l'efprit
vient animer
Jahnud
la
misbm
la cabale
la
chiromancie
330
les
Anguilles.
lmens de Defcartes
,
& les
contes notf-
veanx.
Sommes - nous
ignorer ? Oui. (
)amais
condamns
nous
Voyez
Gnration. )
ANNALES.
QUe de
dans
la
c'eft--dire
Mexipas
que
&
au Prou
encor n'taient
- elles
fort anciennes.
Et des cordelettes noues ne font pas des livres qui puiiient entrer dans de grands dtails.
Les trois quarts de l'Afrique n'eurent mais d'annales & encor aujourd'hui chez
:
jales
nations
les
plus favantes
du moins
-
jufqu'-
neuf parties du genre - humain fur cent qui ne favent pas ce qui s'eft palf chez elles au de - l de quatre
quatre- vingt
-
dix
gnrations
&
le
nom
d'un
trs
bifavcul.
Prefque
tous
les
habitans
des bourgs
&
peu de
familles
ont des
titres
de leurs
A N N A
poflffions.
i E
s.
33
limites
d'un
champ ou d'un pr
le
le
juge
:
dcide fuivant
le
Qvielques grands v-
inens
fe
&
s'altrent entirement
j
en bouche
Voyez tous
police
,
les villages
(
Il
claire
,
ques immenfes
d'hui fous
&
l'amas
lire
norme
des livres.
,
Deux
hommes
l'autre
,
l'un portant
crire. La focit n'y travaux s'excutent , on btit, on plante, on fme, on recueille comme on flait dans les tems les plus reculs. Le laboureur n'a pas feulement le loifir de regretter qu'on ne lui ait pas appris confumer quelques heures de la journe dans la ledure. Cela prouve que le genre- humain n'avait pas befoin de monumens hiftoriques pour cultiver les arts vritablement nceC
favent
&
perd
rien.
Tous
les
faites la vie.
plades
ne faut pas s'tonner que tant de peumanquent d'annales , mais que trois ou quatre nations en ayent conferves qui remontent cinq mille ans , ou environ , aprs tant de rvolutions qui ont bouleverf la terre. Il ne refte pas une hgne des ancienIl
iies
annales gyptiennes
caldennes
perfan-
B3*
Les
(
feules
,
Annales.
&
,
des EtrufqucsJ
,
un peu antiques
les
font
les
indiennes
chinoifes
hbraques.
Voyez
Hijioire. )
Nous ne pouvons appeller mmales des morceaux d'hiftoire vagues , & dccoufus , fans
aucune date
ordre
;
fans fuite
fans
liaifon
fins
nigmes propofes par l'antiquit la poltiit qui n'y entend rien. Nous n'ofons affurcr que Saiichoniaon qui vivait, dit -on, avant le tems o l'on place Moife , a ) ait compof des annales. Il aura probablement born fes recherches fi cofmogonie, comme fit depuis Hfiodc- en Grce. Nous ne propofons cette opinion que comme un doute car nous n'crivons que pour nous inihuire & non pour cnfeigner. Mais ce qui mrite la plus grande attention, c'eft que Snuchonaton cite les livres de l'Egyptien Thot ^ qui vivait, dit -il, huit cent ans avant lui. Or Smiclmnaton crivait probablement dans le (cle o l'on place l'avanture de Jofeph en Egypte.
ce font
des
a^ On a dit que fi Sanchoniaton avait vcu du tems de Moife , on sprs lui , rvque de Cfare Euflbe qui cite plufieurs de fes fragmens , aurait indubirallprncnt cit ceux o il et t fait mention de Moife des prodiges pouvantables qui avaient ctonn la nature. Sanc/:oniaton n'aurait pas manqu
&
:
d'en parler
il
Eufcbe aurait
fait
aurait
prouv
l'exiftence
Annale
la
niftre
'
s.
335
Si les livres de
ans auparavant
1
ils
500
de la cration.
dluge.
Ils
auraient
donc
& fe
leraieat con-
fervs dans l'inondation univerfelle. Une autre difficult , c'eit que Saiichoniniou
du dluge, & qu'on n a jamais aucun auteur Egyptien qui en et parl. Mais ces difficults s'vanouifTent devant la Genfe infpire par FEfpric finr. ne
parle point
cit
point nous enfoncer dans le chaos , que quatre - vingt auteurs ici ont voulu dbrouiller , en inventant des chronous nous en tenons nologies diffrentes toujours l'ancien Teftament. Nous demandons feulement li du tems de Thot on crivait en hiroglyphes ou en caradres alpha; ,
Nous ne prtendons
btiques
'{
autentique d'un favant contemporain , d'im homme qui crivait dans un pays o les Juifs fe fignalaient tous les jours par des miracles. /^e ne cite jamais Sanchoniaion fur les aflions de Moife. Donc Sanchoniaton avait crit auparavant. On le prfume, mais avec la dfiance que tout homme doit avoir
nieux
il
&
334
Annales.
i'
Si on avait dj quitt la pierre & la brique pour du vlin ou quelque autre matire ou feulement Si Thot crivit des annales une coimogonie ? S'il y avait dia quelques pyramides btiea du tems de Thot r* Si la balFe Egypte tait dj habite ? Si on avait pratiqu des canaux pour recevoir les eaux du Nil ?
,
Si les
les
arts
les
queftions. Surquoi
bon
fens difait
un homme d'efprit & d un jour d'un grave dodeur. homme - l foii un gnvid igno~
ce
il
rpond tout
A N N A T E
S.
A
tous
Cet
les objets de jurifprudcnce dans ce grand important ouvrage , on peut ajouter que l'poque de rtablillment des annatcs tant incertaine , c'eft une preuve que l'exadion des annates u'eft qu'une ufurpation , une cou-
&
A N K
tume
torfionnaire.
A T E
S.
35
Tout
d fur une loi autentique eft un abus. Tout abus doit tre rform , moins que la rforme ne foit plus dangereufe que l'abus mme. L'ufurpation commence par fe mettre peu-peu en poflelion l'quit , l'intrt public
:
&
rclament.
elle
Lu
politique
vient
qui ajufte
comme
peut l'ufurpa-
A
efes
les
vques
les
chapitres
&
les ar-
chidiacres tablirent des annates fur les cures. Cette exadion fe nomme droit dport en Normandie. La politique n'ayant aucun intrt maintenir ce pillage , il fut aboli en
plufieurs endroits
le culte
j il
fublifte
eft le
de l'argent
En 1409
are
Charles
au concile de Pife ,
les
V renona
VU
le
pragmatique fanction les abolit de nouveau. Franois /, fui vaut un trait particulier qu'il avait fait avec Lon X, qui ne fut point infr dans le concordat , permit au pape de lever ce tribut , qui lui produifit chaque anne {bus le rgne de ce prince , cent mille
eus de ce tems-l
,
&
fuivawt
le
calcul qu'en
33^
fit
A N N A T
Paiis.
s."
alors Jacques
au
parleivient de
la
Les parlemcns , les univerfitcs , le clerg, nation entire rclamaient contre cette exadion ; & Henri II cdant en^n aux cris de Ton peuple, renouvella la loi de Charles VII
,
par un dit du 3 Septembre l^^i. La dcFenfe de payer l'annatc fut encor ritre par Charles IX aux tats d'Orlans en 1560. Far avis Je noire confeil ^ fui-
vaut
5, 5,
les
ancieiines
5,
5, 5,
ordonnances de rws prdecejfeiirs rois , ordouarrts de nos cours de 'parlement 7io}is que tous tranfport d'or d'argent
,
hors de notre
niers
,
royaume
^ ^ payement de
de-
5,
5,
contrevenans.
Cette loi promulj^uedans l'aflemble gnlmblait devoir tre irrrale de la nation deux ans aprs , le mme prince vocable. Mais
,
fubjugu par
fante
,
la
rtablit ce
que
puif-
&
lui-
mme
avaient abrog.
Henri /F qui ne craignait aucun danger, mais qui craignait Rome, confirma les annates
par un dit du 22 Janvier 1596. Trois clbres jurifconfultes , Dumoulin ^ Lannoy & Duaren , ont fortement crit contre les annales , qu'ils appellent wie vritable Jimonie. Si a dfaut de les payer , le pape refufe des
A N N A T E
canne
s.
337
l'glife
,
qui dans le douzime concile de Tolde, chargea l'archevque de cette ville de donner, fur le refus du pape , des provilions aux prlats nomm
, ,
Diiaven confeille
galli-
par
le roi.
confacre
par
l'article
14 de
n'a au,
Voyez nos liberts & Liberts'^ droit fur le temporel des bnfices cun "^' ^'^^^ Qu'il ne iout des annates que par la permifimpropre -^ ^ j --r mais cette permiHion ne doitlion du roi ^ ||_ elle pas avoir un terme ? quoi nous fer- gnifier vent" nos lumires fi nous confervons to- des droits
que l'vque de
Rome
'
naturels
fommes qu'on
,
a payes
&
^ ''"r
jjjfig"'^"^
au pape eft eJfrayant. Le procureur- gnral Jean Ae Saint Romain a remarqu que du tems de Pie II, vingtdeux vechs ayant vacqu en France penil falut porter dant trois annes Rome que foixante & une cent vingt mille cus abbayes ayant auli vacqu on avait pay pareille fomme la cour de Rome que vers le mme tems on avait encor pay cette cour, pour les provifions des prieurs doyenns ,
que
&
cent mille
cus
que pour chaque cur il y avait eu au moins une grce expe<flative qui tait vendue vingt-cinq cus i outre une infinit des
Fremire partie,
538
dirpenfes dont
d'ais.
A N N
A T E
s.
vivait
ces
le calcul montait deux millions Le procureur-gnral de Snhii Romain du tems de Louis XL Jugez combien
fommes monteraient
les
aujourd'hui.
Jugez
i
,
combien
la
rpublique Romaine , au tems de Luculltis a plus tir d'or & d'argent des nations vaincues par fon pe , que les papes , les pres de ces mmes nations , n'en ont tir par leur plume. Suppofons que le procureur - gnral Saint
cft
tromp de moiti ce qui ne refte - 1 - il pas encor une fomme afTez confidrable pour qu'on Toit en droit de compter avec la chambre apoltolique & de lui demander une reftitution attendu que tant d'argent n'a rien d'apodolique ?
Romain
fe
foit
bien
difficile
ANNEAU
DE SATURNE.
phnomne tonnant , mais pas plus tonnant que les autres , ce corps folide & lumineux qui entoure la plante de Saturne ,
qui
l'clair
CE
&
qui en
eft clair
foit
,
par la
faible rflexion
foit
par
quelque caufe inconnue , tait autrefois une mer, ce que prtend un rveur qui fe difait philofophe.
Cette mer
flon lui
s'eft
j
enelle
durcie
elle eft
Anneau
gravitait jadis vers
de Saturne.
39
dux centres, & ne gravite plus aujourd'hui que vers un feul. Comme vous y allez, mon rveur comme vous mtamorphofez l'eau en rocher Ovide n'tait rien auprs de vous. Quel merveilleux pouvoir vous avez fur la nature cette imagination ne dment pas vos autres ides. dmangeai Ton de dire des chofes nouvel Fureur des fyrtmes folies de l'efl les ii on a parl dans prit humain le grand
didionnaire encyclopdique de cette rverie , doute pour en faire fentir l'norme ridicule ; fans quoi les autres nations feraient en droit de dire , Voil l'ufage que font les
c'ell fans
Franais des dcouvertes des autres peuples. Htiygens dcouvrit l'anneau de Saturne , il
les
en calcula les apparences. Hook & Flamjead ont calcules comme lui. Un Franais a dcouvert que ce corps folide avait t un & ce Franais n'eft pas ocan circulaire
,
Cirano de Bergerac.
ANTIQUIT.
Section premire.
AVez
ge
-
Pierre
mile
pro-
34^
AN T
Nos
Q.U
SecJicH
,
L
- ils
,
ceflon ?
g7-ajidS' pres
difent
/(;-
La
de
fa
femme
impor-
&
de
n'en
fait
cfprits s'chauffent.
La
querelle
11
tante
il
s'agit
de l'honneur.
ves. Un favant qui chante au lutrin . dcouvre un vieux pot de fer rouill , marqu d'un A^ premire lettre du nom du chaudronnier qui fit ce pot. Pierre Aoudri fe perfuade que c'tait un cafque de fes anctres. Ainli Cfar defcendait d'un hros & de la delfe Vnus^
Telle
eft
l'hiftoire
des nations
la
telle
eft
connailfance de la pre-
que
le
De
profonds
Sudois dmontrent qu'il tait vers le lac \''ener , qui en eil vifiblement un refte. Des Efpagnols dtnontrent aufl qu'il tait en Caftrille ; tandis que les Japonois , les Chinois les Tartares , les Lidiens , les Africains , les Amri, cains , font alfez malheureux pour ne favoir pas feulement qu'il y eut jadis un paradis terreftre la fource du Phifon , du Gehon du Tigre ik de l'Euphrate , ou bien la fourca du Guadalquivir de la Guadiana , du Duero
, , ,
&
de l'Ebre
car de Fhifon
on
fait
aifment
ANTIQ.UITi.
Phsetis
i
Se&ion
I.
341
qui eft PbcCtts on fait le Boctis ; & de Guadalquivir. Le Gehon cft vifiblemeiit la Ebre , Guadiana , qui commence par un G. qui e(t en Catalogne elt inconreftablemend
,
PEuphrate dont un E ett la lettre initiale. Mais un Ecofais furvient, qui dmontre fou tour que le jardin d'Eden tait Edimbourg, qui en a retenu le nom & il eft croire que
, ,
;
Tout
le
qonne mme qu'il y avait des charbonniers en cet endroit. L'avanture de Fha'ton fait aiTez voir que tout a bouilli jufqu'au fond de la mer. Le fouphre du mont Vfuve prouve invinciblement que les bords du Rhin du Danube du Gange du Nil & du grand fleuve Jaune ne font que du fouphre du nitre & de l'huile de gaiac qui n'attendent que le moment de l'explofion , pour rduire la terre en cendres comme elle l'a dj t. Le fable fur lequel nous marchons eft une preuve vidente que l'univers a t vitrifi & que notre globe n'eft rellement qu'une boule de verre ain que nos ides.
, , , , ,
iij
342
Mais
ANTKiUiT.
fi
Se&ion.
I.
le
feu a chang
notre globe
les
l'eau
la
mer
dont
mares mon,
feize dixeft
fi
Mer
gne.
&
vrai.
Monta-
en
Suille
Voyez
Tiliamed
& tous
"
y."^'
St. Godart ou au fond d'un prcipice on ne fait pas bien o; mais il eft certain qu'il tait l. Donc
le
, ,
mont
originairement
(?^<o^
les
hommes
taient poiflbns
gs fur
cette belle
erat der/ioujrcindwn.
Pour dcfcendre un antiquit moins antique parlons des tems o la plupart des naAncienne tions barbares quittrent leurs pays pour en cmigraqui ne valaient gualler chercher d'autres tipn, j.gg mieux. s'il eft quelque chofe Il eft vrai qu'il y eut de vrai dans l'hiftoire ancienne
dcouverte,
,
,
des brigands Gaulois qui allrent piller Rome du tems de Camille. D'autres brigands des
Gaules avaient
pafle
dit
on
par
i'IIlirie,
pour
aller
d'autres meurtriers vers la Thracc ; ils changrent leur fang contre du pain , & s'tabli-
rent enfuite en Galatie. Mais quels taient ces Gaulois ? tait - ce des Brichons , & des An-
Romains
appellaient Cifalp'ms
,
&
que nous
nommons Tranfalpns
A N T 1 au I T
fams , voilins des Alpes Gaulois de la Seine & de
pas alors
fi
E.
Si
(a
Se&iou
I.
343
favaient
de l'Apennin. Les
Marne ne
j
Rome
,
exiftait
s'avifer de pafler le
&
depuis Annibal
pour
qui avaient Romains alors pour tous meubles une robe d'un mauvais drap gris orne d'une bande couleur de fang de buf deux petits pommeaux d'yvore ou plutt d'os de chien aux bras d'une chaife de bois j & dans leurs cuifine un morrobes des fcnateurs
,
5
ceau de lard rance. Les Gaulois , qui mouraient de faim , ne trouvant pas dequoi manger Rome , s'en allrent donc chercher fortune plus loin , ain( que les Romains en ufrent depuis , quand ils ravagrent tant de pays l'un aprs l'autre; ainfi que firent enfuite les peuples du Noi'd,
quand ils dtruifirent l'empire Romain. Et par qui encore eft - on trs faiblement inftruit de ces migrations ? C'eft par queU ques lignes que les Romains ont crites au hazard ; car pour les Celtes , Velches , ou
Gaulois , ces hommes qu'on veut faire pafler pour loquens , ne favaient alors eux & leurs
bardes a) ni
lire
,
ni crire.
Mais
tes
,
les
iiij
344
ANT
Q.U
Se&ion
L
,
enfuite par une horde de Goths Cfar , puis par une horde de Bourguignons ,
ln par
&
&
&
ei\-
Clo-
divic
fubjuguc
la
terre
entire
&
,
donn
leurs
noms
&
leurs
loix
l'Afie
bien fort i la chofe n'eft pas mathmatiquement impolfible j & l elle ell dmontre , je me rends il ferait fore
cela
me
parait
incivil de refufer
aux Velches
ce qu'on accorde
aux Tartares.
Section seconde.
De
,
VantiqiiH
des iifages.
Qui taient les plus fous & les plus anciennement fous de nous ou des Egyptiens ou
,
des Syriens
ignifiait
Que
qui
le
premier
a confacr un chat
le
qui tait le nation a danf la premire fous des rameaux d'arbres , l'honneur des Dieux ? Qiii la premire a fait des procdions & mis des fous avec des grelots la tte de ces pro,
ceffions ?
Qui promena un
Priape par
le
les
rues
& en
plaa
femme
la fentre
les
:
le
lendemain de
noces ?
Toutes
nouvelle lune
donnes
le
mot ?
Non
la naif*
,,
Antiquit.
homme
Se&ion
II.
345"
fance de Ton nls , & de pleurer , ou faire fembianc de pleurer la mort de Ton pare. Cha-
que
elt
Fort
aife
de revoir
la
lune
les les
hommes qu'on ne
giens
Bafques qui les ont enfeigns aux Phryni les Phrygiens aux Bafques. ,
s'eft fervi
i
On
mme.
les
de l'eau
&
du feu dans
les
temples
cette
coutume
s'introduit
d'elle-
Un
mains fales. II faut du feu pour cuire les viandes immoles , & pour brler quelques brins de bois rfineux , quelques aromates qui combattent l'odeur de la boucherie facerdotale.
Mais
fi
les
il
eft
difficile
les
ufages
que la nature n'enfeigne point en quel lieu quand , o, pourquoi les a-t-on invents? qui les a communiqus aux autres peuples ? II n'eft pas vraifemblable qu'il foit tomb en mme tems dans la tte d'un Arabe & d'un Egyptien de couper fon fils un bout de prpuce > ni qu'un Chinois & un Perfan , ayent imagin la fois de chtrer des pe,
tits
garqons.
Deux pres n'auront pas eu en mme tems dans diffrentes contres , l'ide d'gorger leur
fils
pour
plaire
Dieu.
II
faut certainemenc
, ,
34^
tres
ANT
leurs
Q.
uIT
Se&ioH
IL
ou
{erieufcs
ou
ridicules
barbares.
fouiller
dans cette antiquit qu'on aime pour dcouvrir , li on peut le pre* mier infenf & le premier Iclerat qui ont perverti le genre - humain.
C'eft
,
,
Ci
Jhiid en Phnicie
humain
Comment s'alfurer que Lycaon mangea le premier de la chair humaine , quand on ne fait pas qui s'avifa le premier de manger
des poules
Ancienns ftes.
'i
On recherche
La
plus antique
&
la
empereurs de la Chine qui labourent & qui fcment avec les premiers mandarins. ( Voyez
Agriculture. ) La fconde eft celle des TheC mophories d'Athnes. Clbrer la fois l'agriculture & la juftice ; montrer aux hommes combien l'une & l'autre font nceffaires ;
joindre le frein des loix l'art qui eft la fource de toutes les richelfes , rien n'eft plus fage plus pieux & plus utile.
Il y a de vieilles ftes allgoriques qu'on retrouve partout , comme celles du renouvellement des faifons. Il n'eft pas ncelfaire qu'une nation foit venue de loin enfeigner
A N T I au
Se&iOH IL
34.7
une autre , qu'on peut donner des marques de joie & d'amiti fes voiins le jour de l'an.
Cette coutume tait celle de tous les peuples. Les faturnales des Romains font plus connues que celles des Allobroges & des Picles ,
beaucoup d'crits & que nous n'en av^ns aucun des autres peuples de l'Europe
parce qu'il
eil;
nous
reli
& ne
monumens romains
occidentale.
La
fte
de Saturne
:
tait celle
le
tems va
vite.
l'anne
t
is
l'anne
commence.
j
qu'il dvorait , & n'y a point d'allgorie plus fenfble ; le tems dvoie le palT & le prfent S: dvorera l'avenir. Pourquoi chercher de vaines & triftes expUcations d'une fte (1 univerfelle , fi gaie , & Il connue A bien examiner l'antiquit je
<;u'il
enfans
113
vois pas
,
noins
tions
S,
Ci
elles finiifent
par danfer
,
rire
,
&
,
boire.
ou Adomit
que nous
relTufcite bientt
&
011
rjouit.
Il
en
eft
de
mme aux
ltes d'I/is,
iOjiris
& &
p)ur Crs
a-'ec
&
gayet
la
On
clbrait
Fyihoji.
Jour
ehofc.
de fte
mme
348
ANT
Q.U
Se&ioH IL
commun,
s'ils
clbrarion de
bataille
perdue
Cheronee
&
Rome
celle
de
le
la
bataille de Cannes.
On
perptuait
qui pouvait leur infpircr la lchet du dcfd'poir. Cela cft fi vrai , qu'on imaginait des tu
bls
tes.
,
pour avoir
le plaifir
d'inftituer
des
f^i
Cajior
les
pour
&
au bout de trois ou le peuple danfait. , Hercule n'avait point dlivr la Grce d'uni hydre fept ttes , mais on chantait Hercuk fon hydre.
des prtres
difaient
&
tout
&
Section troisime.
Ftes mjlitues fur des chimres.
I
'.
Ftes folemnelles
ne prouyeninen. cules
Je ne fais s'il y eut dans toute l'antiquitf une feule fte fonde fur un fait avr. Ol a remarqu ailleurs quel point font ridi
les fcoliaftes qui vous difent magillralement , Voil une ancienne hymne l'honneur ' Apollon qui viilca Claros i donc Api-
AN
or
Q.U
1^.
Secion
III.
34.9
eft
s
venu
Pe}-fe
Claros.
,
On
a bti
une cha-
pelle
donc
il
a dlivr Aii(b-omdc.
dites plutt , donc il n y a Pauvres gens ' Andromde. Eh que deviendra donc la favante antiquit qui a prcd les olimpiades ? Elle de
point eu
!
viendra ce qu'elle
eft
un tems inconnu
d'allgories
un
tems perdu
fonges
,
un tems
&
de men-,
,
un tems mprif par les fages & profondment difcut par les fots qui fe plaifent nager dans le vide comme les atomes d'Epicure.
Il
mot
Toute
fte tait
au divertilTement
que les prtres Egyptiens jenaient la veille pour manger mieux le lendemain. Coutume que nos moines ont conferve. Il y eut fans doute des crmonies lugubres ; on ne danou fait pas le h'anle des Grecs en enterrant en portant au bcher fon fils & fa fille c'tait une crmonie publique , mais certainement ce n'tait pas une fte.
,
,
Section Q.uATRiME.
De
r antiquit des ftes quon prtend avoir toutes t lugubres.
&
profonds
des creula
qui fauraient
comment
3^0
ANT
Q.U
il
i.
StLlioJt
IV.
,
le
ont prtendu que les hommes rduits un trs petit nombre dans notre contment & dans l'autre , encor eiVaycs des rvolutions innombrables que ce trille globe avait elTuies , perpturent le fouvenir de leurs malheurs par des commmorations funcltes & lugubres. Tonte fte difent-ils , fut un jour d'horreur , wjiitu pour faire fouvejiir les lwir,nes que leurs pres avaient t d^
gnie pouvait
le
favoir
tJiiits
par
,
les
des me^-s
Fte
efl
feux chnps des volcans , par des par l'irruption par les dents '^ les griffes des btes
,
rjouif-
lance.
fauvages , par lafa:nine , la pejre les guerres. Nous ne fommes donc pas faits comme les hommes l'taient alors. On ne s'ell jamais j.^j^j. j-joui Londres qu'aprs la pefte ik l'incendie de
la ville
IL Nous
fimes des chanfons lorfque les malacres de la St. Barthclemi duraient encore. On a conferv des pafquinades faites
raiTairmat de Coligni
ris
,
Pajjlo
domini
nojlri
Gafpardi Colignii
fecunduni Bartholonhmm.
Il
eft
arriv
mille fois
que
le
fultan qui
rgne
trs
Con{fantinople,a
fes
fait
&
odaliques
fes frres
du fang de
Qiie
fait
-
on dans Paris
prend
la
&
A N T I aU I T K
Session
IV.
3^1
on court
l'opra
&
fefait- on quand la marchale d'Ancre immole dans la Grve la barbarie de fes perfcuteurs , quand le marchal de Marillac tait train au liipplice dans une charette en vertu d'un papier , fign par des valets en robe dans Tantichambre du cardinal de Richelieu j quand un lieutenant - gnral
tait
Que
des armes
un
fang pour
fes
l'tat
condamn par
,
les
cris
de
ennemis acharns allait fur i'chaiaut dans un tombereau d'ordures avec un billon la bouche j quand un jeune homme de dixneuf ans , plein de candeur de courage & de modelHe mais trs imprudent tait conduit aux plus affi-eux des fupplices ? On chan, , ,
tait des
vaudevilles.
,
Tel eft l'homme ou du moins l'homme (les bords de la Seine. Tel il fut dans tous les tems , par la feule raifon que les lapins ont toujours eu du poil , & les alouettes des plumes.
Section cinq.uime.
Tie
r origine des
arts.
tait
thologie de Thot
,
de Zerdiiji^
:
de Sanclmiiaton
&
352
le
ANTiauiT.
Se&ion V.
a invente la navette premier tllfcr^n , le premier maqon , le: premier forgeron , ont t fans doute des grands gnies mais on n'en a tenu aucun compte. Pourquoi ? c'eft qu'aucun d'eux n'inventa un art perfedionn. Celui qui creufa un chne pour traverler un fleuve , ne fie point de galres ceux qui arrangrent des pierres brutes avec des traverfes de bois , n'imaginrent point les pyramides : tout fc fait par degrs la gloire n'eit perfonne.
;
:
&
Tout fe fit ttons jufqu' ce que des philofophes, l'aide de la gomtrie apnri,
icnt aux
furet.
hommes
&
Voyez
J'itruve.
Il filut que Tythitgore , au retour de fes voyages , montrt aux ouvriers la manire de faire une querre qui ft parf jitement julle.
,
\\ prit;
trois rgles
,
Liv. IX.
jjg
quatre
trois pieds
il
une
en
fit
un
trian-
gle redanglc.
De
plus
il
fe
trouvait que le
ct 5 fourniflait un quarr qui tait jufte le double des quarrs produits par les cts 4
&
jr,fio'ire
3J mthode importante pour tous les ouvrages rguliers. C'ell ce fameux thorme qu'il
avait rapport de l'Inde
friraU..
i!c l'efprit
^^
,,
1
ailleurs avoir t
;
6- des
iranrs des
,
la Chine , fuivant le rapport de -^ ,, . empereur Cam-ht. n v avait lon^tems quail rations. Tome L "Viint rlaton les Grecs avaient lu douj-fivant
'
-ri
>
bler
An
bler le
aui T
Secion
V.
3T3
go-
quanc par
cctt^
ieule
figure
mtrique.
/^.
O
-rr
limple.
Arcbytas & Eratofibnes inventrent une mthode pour doubler un cube , ce qui tait impraticable la gomtrie ordinaire , & ce qui* aurait honoi Archnnde. Cet Archimde trouva la manire de fupputer au julte combien on avait ml d'alliage a de Tor j & on travaillait en or depuis des licles avant qu'on pt dcouvrir la fraude des ouvriers. La friponnerie exifta long, tems avant les mathmatiques. Les pyramides conitruites d'querre , & correfpondant jufteaux quatre points cardinaux , font voir aff^^z que la gomirie tait connue en Egypte de tems immmorial & cependant il elt prouv que r Egypte tait un pays tout nouveau, '
,
Freaiiere partie,
3S4
ANTiauiT.
Se&ion V.
Sans la philolophie , nous ne ferions gures au delfus des animaux qui fe creufcnt des habitations ,>^ni en lvent qui s'y prparent leur nourriture qui prennent foin de leurs petits dans leurs demeures , & qui ont par defl fus nous le bonheur de natre vcus.
, ,
Efpagne
Vitruve qui avait voyag en Gaule & en dit qu'encor de fon tems les mai, fons taient bties d'une efpce de torchis
couvertes de
&
que
les
peuples
tuiles.
Quel
d'Au^nJie.
chez
les
tems de Viti-iive t* Celui Les arts avaient pntr peine Efpagnols qui avaient des mines d'or
&
les Gaulois qui avaient combattu dix ans contre Cjar. Le mme Vitruve nous apprend que dans
& ingnieufe Marfeille , qui commerait avec tant de nations , les toits n'l'opulente
taient
paille.
11
que de
terre gralfe
paitrie
avec de
la
nous
inftruit
que
les
Phrygiens
la
fe creuIls
,
faient
terre.
la
ils
fi-
folfc
&
les
puis
levaient de
Les Hurons
logs.
&
les
Al-
Cela ne donne
par
les
une graUvle ide de cette Troye btie Dieux & du magninque palais de
,
Priam,
A N T I au I T
j4pparet
Ss^on V.
3^5
domus
intus
j4pparent Priami
&
Mais
les rois
comme
on
,
du Vatican
chez
&
les
de Verfailles.
De
plus
rindaftrie
tombe
&
fe relve
Troja fuit.
fiens.
Nous avons nos arts Tantiquic eut les Nous ne faurions faire aujourd'hui une
;
trirme ; mais nous conftruifons des vaiireaux de cent pices de canon. Nous ne pouvons lever des oblifques de
cent pieds de haut d'une feule pice ; mais nos mridiennes font plus juftes. Le biiliis nous eft inconnu i les toffes de
Lyon
Le
valent bien
le biifus.
-,
l'glife
de
St.
&
plus belle.
paraifon
Le louvre eft un chef-d'uvre en comdu palais de Perfoolis dont la ficuation & les ruines n'at'eftent qu'un vafte monument d'une riche barbarie. La mufique de Rcuneau vaut probablement
,
de Tiiuothe \ 8c il n'eft point de tableau prfent dans Paris au fallon d'Apollon, qui ne l'emporte fur les peintures qu'on a dtercelle
res dans
Herculaneum.
)
Voyez Anciens
MocUrnes.
ij
3T^
Antrotophages,
ANTROPOPHAGES.
ON ^
5,
lit
dans
l'
moeurs
palFage
de fefprit
des nations
ce
fiiigulier.
ailire, que les Mexicains ,, Herrera nous mangeaient les vic1:imes humaines immo les. La plupart des premiers voyageurs & des millionnaires difcnt tous, que les
Brafiliens
les
Carabes
les
Iroquois
les
,,
Hurons
&
les captifs faits la guerre j & ils ne regardent pas ce fait comme un ufage de quelques particuliers, mais comme un ufige de nation. Tant d'auteurs anciens j, & modernes ont parle d'antropophages , ,, qu'il eft difficile de les nier. Je vis en 172^
geaicnt
quatre
5,
fauvages
amens
du
Miiilipi
avait parmi
eux une
fes
comme
com-
pagnons i je lui demandai par l'interprte qui les conduifait li elle avait mang quel quefois de la chair humaine ? Elle me r5,
& comme
a) Voici les raifons de, ceux qui ont foutenu ^w'EicchuL en cet endroit , s'adreiTe aux Hbreux de fon teins, aufTi bien qu'aux autres animaux carne nafliers (car affurment les Juifs d'aujourd'hui
,
le
font pas
&
c'eft
Antropophages.
tant bien
3^7
une queftion ordinaire. Cette atrocit Ci rvoltante pour notre nature , cil pourvritable barbarie eil de
que le meurtre. La donner la mort , & non de difputcr un mort aux corbeaux ou aux vers. Des peuples chalfeurs tels quctaient les Braliliens & les Canadiens,
cruelle
,
moins
n'ayant ont pu devenir quelquefois antropophages. La famine & la vengeance les ont accoutums cette nourriture : & quand nous voyons dans les ficlcs les plus civilifs , le peuple de Paris dvorer les refies fanglans du marchal d'Ancre & le peuple de la
des infulaires
les
,
comme
Carabes
pas toujours
une
fubfiftance aiure
Haye manger
naire de JViti
le
,
cur du grand
peu (lon-
nous ne devons pas tre furpris qu'une horreur chez nous paflagre
,
ait
dur chez
les
fauvages.
Les plus anciens livres que nous ayons , ne nous permettent pas de douter que la faim n'ait pouir les hommes cet excs. Le prophte Ezchiel fuivant quelques commenta- Erchlel promet aux Hbreux de la parc de c.xxxix. teurs Dieu ^r) que s'ils fe dfendent bien contre le
,
,
).
Ils
difent
qu'une partie de
&
que
pour
les hixis,
La premire partie
,
eft ainfi
conue.
3
Dis
tous
les
iij
oifeaux
358
Antropophages.
,
roi de Pcrfe
ils
auront
manger de
la chair
de cheval
^
,
de la chair de cavalia:
,
fon tems
Marco Paolo ou Afarc Paul dit que de dans une partie de la Tartarie les maj^iciens ou Its prtres ( c'tait la mine chofe ) avaient !e droit de manger la chair des criminels condamns mort. Tout cela ioulve le cur mais le tableau du genrehumain doit ibuvent produire cet elFet.
,
;
Comment
les
ont-ils
pu
^
fe
>
>>
vous
coure^ la viEime
mangie^ la chair
la
,
&
le
"
5 j>
3)
vous boire^
bliers
,
tr'e
&
des
des agneaux
volailles
,
&
des bon es
6* des taure/Jux
& O des
,
& de
Ceci ne peut regarder que les oifi-aux de proie , Mais ia fconde partie a pnru les btes froces adreffe aux Hbreux mmes. ?> Vous vous rafjafiere^ fur ma table du cheval & du fort cavalier , 6
&
il
j 3
dit le
,
Seigneur
&
je mettrai
ma
g/i ire
dans
les
nations
&c.
Il eft trs certain , que les rois de Babilone avaient des Scy:hes dans leurs armes. Ces Scythes buvaient du fanp dans les crnes de leurs ennemis vnincus, mangeaient leurs chevai'X , iSc quelquefois de la chiir humaine. Il fe peut trs bien que le prophre ait r<iir allufion h cette coutume barbare , qu'il ait menac les Scythes , d'tre traites comme ils trai-
&
&
taient leurs
ennemis.
Antropophages.
Il
3^9
qu'elle
horrible
coutume
parait
'i
? faut
la
il
croire
n'eft pas
auli
oppole
II
nature humaine
rare
qu'elle le
ne voit pas que ni les Tartares ni les Juifs ayent mang fouvent leurs femblables. La faim & le defefpoir contraignirent aux figes de Sancerre & de Paris , pendant nos guerres de religion , des mres fe nourrir de la chair de leurs enfans. Le charitable Las Qa^as vque de Chiapa , dit , que cette horreur n'a t commife en Amrique que par quelques peu-
mais
il
eft
On
il
Dampier
le
Ce qui rend cette conjedure vraifemblabla , c'eft mot de Tble. Vous mangere:^ ma table le che-
val
&
le
cavalier.
Il
ait
adreiT ce
difcours aux
animaux
;&
qu'on leur
figure
ait
Ce
ferait le feul
endroit
fi
de
l'Ecriture
l'on aurait
employ une
tonnante. Le fens commun nous apprend qu'on ne doit point donner un mot une acception qui ne lui a jamais t donne dans aucun livre C'eft une raifon trs puilTante pour jufiifier les crivains qui ont 18 ; cru les animaux dh^ns par les verlets 17
&
&
les
,
verlets 19
(gloire
&
20.
De
,
plus
dans
,
les
nations
juifs
&
oif^aux
qu'il
la
n'y a jamais eu de
terre
fur
rie
pendant
douze
cent
Sy-
conf-
cutives.
iiij
3^0
Antropopiiages.
il
phaj^es, S:
rencontr d'antropon'y a peut - tre ras aujourd'hui deux peuplades o cette horrible coutume foit
en ufage.
Amric Vefpiice dit, dans une de fes lettres, que les Uraliliens tuvent fort tonnes quand leur fit e.. tendre que les Europeans ne il mangeaient point leurs piiionnieis de gurie
depuis longtcms.
Les Gafcons & les Efpagnols avaient coma ce que rapmis autrefois cette barbarie porte Jiivenal dans fa quinzime fatyue. uimme fut tmoin en Egypte d'une pareille abomination Tous le conl'ulat de Jiiuiiis i une
,
1
les Habitant,
de linrire
\\\\
&
battit
les
&
Om-
mains des Tintiricns , ils le firent cuire & le mangrent jud qu'aux osi mais il ne dit pas que ce ft un ufage reu. Au contraire il en parle comme d'une fureur peu commune.
, ,
Le
jfuite Clhirlevoix
que
trs
i'ai
fort
connu
,
&
qui tait
un homme
,
vridique
fait
dans Ion Hijloire du Canada , pays o il a vcu trente annes , que tous les peuples de l'Amrique feptenn-ionale taient antropophnges ; puis qu'il remarque,
allez
entendre
comme une
les Acadiejs
en 171
1.
Antropophages.
,
361
Le ifuite Byeheuf raconte qu'en 16^0 As premier (roquois qui hit converti tant malheureufement yvre d'eau-de-vie , fut pris par
les
Hurons ennemis
,
alors des
le
Iroquois.
Le
le
110m de Joj'eph
lui
fit
fut
condamn
toucmens
mort.
On
fourtiir mille
qu'il
foutint
toujours en chantant , flon la coutume du pays. On finit par lui couper un pied , une inain & la tte , aprs quoi les Hurons mi.
rent tous
fes
membres dans
la
chaudire
oiirit
un morVoyez
lettre
la
de
^j^'bsuf
0\\ ne peut donc douter que la nature hu- j , oe Lnarj> r ] mame ne loit parvenue dans plus d un pays /^.^^/^ ce dernier degr d'horreur ; & il faut bien Tome'L que cette excrable coutume foit de la plus pag. 327. haute antiquit , puifque nous voyons dans &luvanla fainte
Ecriture
eft
que
dit
les Juifs
s'ils
font menacs
^^^'
n'obilfent pas
,
Il
aux
Juifs
feulement ils auront la galle que leurs nome, femmes s'abandonneront d'autres , mais c. xxviii
qu'ils
mangeront
leurs
la
filles
&
;
leurs
qu'ils
dans
l'angoilfe
&
dvaltation
fe
difputeront leurs enfans pour s'en nourrir s que le mari ne voudra pas donner fa fem me un morceau de fon fils parce qu'il dira
,
,5
qu'il
lui.
'
3^2
Antropofhages.
que de
le
Il eft vr;ii
tendent, que
qu'aprs
le
Deuteronome ne
fut
compof
mis devant Samarie par Be. nadad i lcge pendant lequel il eit dit au quatrime livre des Rois , que les mres mangrent leurs cnPans. Mais ces critiques, en ne regardant le Deuteronome que comme un livre crit aprs ce fige de Samarie , ne font que confirmer cette pouvantable avanture. D'autres prtendent, qu'elle ne peut tre arrive comme elle cft rapporte dans le quaCh. VI. trime livre des Rois. Il y eft dit , que le roi j^. 16. & d'Ifrael , en pallant par le mur ou fur le luivans. ^^^,^ jg Samarie , une femme lui dit San^^ feigneitr roi; il lui rpondit: 5, vez-rnoi To^DiU ne tefauvn-apns , cowment pou5, rais -je te fauver ? Jerait-ce de l'aire ou du le roi ajouta : qiie veux-tu f ,, prejfnir ^ t roi i voici mie femme & elle rpondit : qui nia dit , doimez-moi votre fils nous le demain nous aujoowVhui , 5, mangerons mangerons le mien. Nous avons donc fait nous lavons maig je lui cuire mon fils , domiez-moi votre fils afm j, ai dit aujourahui elle a cach fon que nous le tnangions ,
llcgc
:
-,
<
Ces cenfeurs prtendent qu il n'eft pas le roi Eenadad^ en aii, que geant Samarie ait plie tranquillement par le mur ou fur le mur, pour y juger des caufes entre des Samaritains. H eft encor moins
vraifemblable
,
b-.
Antropophages.
Il
3<>3
vraifemblable que deux femmes ne fe foient pas contentes d'un enfant pour deux jours.
au moins
dequoi les nourrir quatre jours mais de quelque manire qu'ils raifonnent , on doit croire que les pres les mres mangrent leurs enians au fge de Samarie , comme il elt prdit expreifment dans le Deuteronome.
avait
l
:
&
,'
t,
'
La mme rhofe
dite par Ezcbid.
arriva
i
au
ficge de Jrufa-
^*
c.
v.-jr. lo.
elle eft
Jrmie s'crie dans Tes lamentations ; quoi Lament. donc , les fei)imes nangerout - elles leurs petits ch. ii. -j^r. "enfans qui ne font pas pins grands que la main ? Et dans un autre enckoit les mres Ch. iv.
:
mains
leurs enfaiis
les
ont mangs.
On
;
-^.
lo.
Baruch
de [on
fils
rhomme
fille.
de fa
Cette horreur
eft
rpte
fi
;
fouvent
enfin
qu'il
\\y ^^n nait l'hiftoirc rapporte dans .Jofepb de cette ch vm.^ femime , qui fe nourrit de la chair de fon
fils
on con-
Le
dit
,
que
ges
&
des
filles
des
hommes
furent
les
pre-
miers antropophages.
364
Dans
Clment
Antropothages.
la
,
huitime homlie attribue St. parler , dit , St. Vierre , qu'on fait
s'abreueiiFuns de ces mmes gcaiis vrent de lang humain, & mangrent la chair de leurs Icmblables. 11 en relulta, ajoute Tau-
que
les
teur
des
maladies
julqu'alors
incomiues
fe
&
le
ce fut alors
que Dieu
rfulut
noyer
genre-humain. Tout cela fait voir l'opinion rgnante de Texiltence des combien antropophages tait univerfclle. Ce qu'on fait dire St. Fierre, dans l'homlie de
St.
Clment, a
,
un rapport
fenlblc
la fable de
Lycaon qui eft une des plus anciennes de la Grce , & qu'on retrouve dans le premier livre des Mtamorphofes di^ Ovide.
La
^ de
,
la Chine
,
faite
au huitime
&
un
trali-
vre qu'on doive croire fans examen , il s'en uit beaucoup j mais il ne faut pas rejetter tout ce que ces deux voyageurs difent , furtout lorfque leur rapport ell confirm par d'autres auteurs , qui ont mrit quelque
aance.
des
,
Ils
alfurent
que dans
la
mer
des In-
il
mangeaient des hommes. Ils appellent Jxmmii. Le gographe de Nubie les liammi , ainl que la Bibliothque
^Ho-belot.
nomme
orientale
Intropophages.
3(?f
Marc Paul qui n'avait point lu la relation de ces deux Arabes , dit la mme chofe quaL'archevque Niroa^ tre cent ans aprs eux.
voyag depuis dans ces mers , confirme ce tmoignage los europeos que co^ gen , es coiijhvite que vivos fe los van coniiendo
rette ,'qui a'
:
Texeini
rilHiient
quitt
cette
On
Pgu
citer
,
,
a dit
la
mme
,
des Cafres
dit
&
l'Afrique.
quand un criminel avait t condamn mort on en fefait un repas Hauno cojloro mi bejiale
e orribile
ei
cofimne
morte
lo
deux Arabes attribuent aux Chinois mmes ce que Marc Paul avan,
Ce qui croyable
plus extraordinaire
&
plus in-
c'efl:
que
les
quelques Tartares : qu^en gnral les mangent tous ceux qui ont t tus. Cette horreur ei li loigne des murs chinoifes qu'on ne peut la croire. Le pre Pace de
Chinois
,
rennin
l'a
rfute en dilnt
qu'elle
ne m-
rite pas
de rfutation.
^66
Antropophages.
,
faut bien obfcrver que le tems auquel ces Arabes crivirent leur voyage tait un des ficels les pour les Chinois. Deux cent plus Rincitcs mille Tartares pafll-rent la grande muraille pillrent Pkin & rpandirent partout la
Cependant
il
huicimc
licle
dlolation
la
plus horrible.
Il
ell
trs vrai-
fcmblable qu'il y eut alors une grande famine. La Chine tait aulfi peuple qu'aujourd'hui. Il fe peut que dans le petit peuple,
quelques miirables ayent mang des corps morts. Quel intrt auraient eu ces Arabes inventer une fable fi dgotante ? Ils auront pris peut-tre , comme prefqiie tous les voyageurs , un exemple particulier pour une cou-
tume du
p^iys.
Sans aller chercher des exemples fi loin , dans la proen voici un dans notre patrie
,
vince
Bell.Gall. tre
mme o
,
j'cris.
Il ell
attelle
par no-
Liv.
vu.
Il
par notre maitrc Jiiks Cfar. alTlgeait Alexie dans l'Auxois ; les aili,
vainqueur
rfolus
gs
de
fe
dfendre jufqu'
la der,
manquant de vivres af, femblrent un grand confeil o l'un des chefs notnm CritoguLit propoi'a de mannire extrmit
, , ,
&
ger tous
palfa
les
l'autre
pour
pas
-,
la
pluralit des
,
voix.
Ce
,
n'eft
,
tout
Critognat
dans
que
une
Antropophages.
telle
357
les
nourriture
Teutons
&
les
compagnons
de Villegagnon
&
mangeaient leurs ennemis tus la guerre ; mais lifez ce qu'il ajoute. OUv.i.c\u ej plus de barbarie manger tin homme mort xxx. qii le faire rtir par le menu , le faire pourceaux , comme meurtrir aux chiens nous avons vu de frache mmoire , non entre conciennemis aucie)is , mais entre vnifns
les Braliliens
^
,
toyens
^ qui
tel
pis
eJ
C^ de
religion.
Q^iellcs
crmonies
!
,
philofophe
que Montagne
?
.
Si
ils
pour un Anacron
auraient
&
Hlas
APOCALYPSE.
Ajoutons
grands
fort V'xdc Apocalyffe
,
-hommes
,
diifrente
le
ont
dans
dix-feptime
ficle.
L'un
eft
Newton^
;
cii-
, ,
358
p o .c A L y p
E.
venait davantage.
L'un
&
beaucoup de
prife leurs
la
fupe-
qu
il
&
l'autre rjouit
ennemis.
Les carholiques & les proteftans ont tous expliqu TApocalypTe en leur faveur 8i chacun y a trouv tout julle ce qui convenait fes intrts. Ils ont furtout fait des merveilleux commentaiics fur la grande bte fept ayant le poil d'un lottes c^ dix cornes pard , les pieJs d'un ours la gueule du lion la force du dragon j & il falait, pour vendre
-,
&
acheter, avoir
-,
le
caradere
tait
&
le
nombre de
la bce
ik
ce
nombre
666.
demment
c'tait
acroftiche de fon
Traian.
nom Un cur
;
.
Sulpice,
nomJn-
m La
Chtar'He
la
clt
le
pape.
Un
c'eft
Louis XIV.
Un
de
bon catholique
les
roi d'Angleterre
accorder tous.
,
Il
les toiles
&
APOCALYPSIf.
mes
Il
3^9
6c touchant le foleil & la lune qui furent frapps la fois de tnbres dans leurs troifiparties.
y
,
le livre
que
TApocalypfe lequel livre fut doux la bouche & amer dans le ven'-re. Jurieti prtendait que
l'ange
manger
l'auteur de
les livres
de
la
& on rtorquait fon argument contre lui. On s'eft querell fur ce verfet Xentenis
,
55
j,
55
55
Il
une voix dans le ciel , comme la voix Jesgrandes eaux , ^5* comme la voix d'un grand tonnerre j ^* cette voix que f entendis tait cornme des harpeurs harpans fur leurs harpes. " etl clair qu'il valait mieux refpeder l'Apo-
Le Camus vque du
(lcle
Belley
ft
prcdent
un
nes
fut inti-
les dangers de la vie monacale Mliton , parce que Mliton vque de Sardes au fcond ficle avait pafle pour prophte. L'ouvrage de
&
j jamais on ne parla plus clairement. L'vque reifemble ce magili:rat qui difait un procureur ; Vous tes un faujjaire un fripon. Je ne fais fi je m"* explique. L'vque du Belley fuppute dans fon aoocalypfe ou rvlati,on , qu'il y avait de fon
Freraire partie.
37^
Apocalypse.
moines
,
rentes ou mendians
moind.e lervice,
fans s'occuper du plus lger travail. 11 comptait fix cent mille moines dans l'Europe. Le
calcul
eft
que
11
le
un peu enfl. Mais il eft certain nombre des moines tait un peu trop
que
,
grand.
alTurc
les
moines font
les
ennemis
des vques
des curs
&
des magiftrats.
Que
deliers
,
parmi
le
les privilges
fixime privilge
Page 89.
fauve, quelque crime horrible qu'on ait comj^^jg^ pourvu qu'on aime l'ordre St. Franois.
plus
les moines relfcmblent aux (inges : montent haut plus on voit leur eu, Qiie le nom de moiiie eft devenu fi infme
ils
,
Pag 105.
Pag. loi.
Que
&
fi
excrable
qu'il elt
regard par
les
moi-
nes
fale injure
& comme le
faire.
Mon
Pag. 160
oc 161.
cher ledeur
un
miniftre ou magiltrat
tion ce petit
1
morceau du livre de notre vque. - vous un couvent de i'EC3 r^ ir cunal ou du mont Laliui , ou les ccno biftes ont toutes fortes de commodits ndledabics fuperflues utiles ceffaires furabondantes , puifiju'ils ont les cent ciu quante mille , les quatre cent mille , les
Reprfentez
,
1
'
j,
cinq
cent
mille
cus de rente
&
jugez
Apocalypse.
j5 ,3
371
3, 53 55
3, 55
3,
5, 3j
monfieur l'abb a de quoi lailer dormir meridiane ceux qui voudront. D'un autre ct reprflntez- vous un artilan un laboureur , qui n'a pour tout v.ii'Ianc que Tes bras , charge d'une grofTe famille travaillant tous les jours en toute faifon , comme un elclave pour la nourrir du pain de douleur , & de l'eau des larmes ; &. puis , faites comparaifon de la prminence de l'une ou de l'autre condition en tait de pauvret. "
f
la
Voil un palTage de VApocalypfe pifcopal, qui n'a pas befoiu de commentaires : il n'y
remplir fa coules
des
,
r-
Mais
de
faire
ce prlat ne
un
livre
utile.
comme
mal.
Il falait
avouer que les bndic'lins ont donn beaucoup de bons ouvrages , que les jfuites ont
rendu de grands
Il falait
fervices
aux
belles -lettres.
bnir
les
frres de la charit
captifs.
& ceux
de
la
rdemption des
voir eft d'tre juite. fon imaginationu Sf, Franois de Sales lui confeilla de faire des romans de morale , mais il abufa de ce conlil.
Fin de
f-.
la
premire Partie*
Aa
ij
DES ARTICLES
contenus dans cette premire
partie.
TABLE
Ta CLE CE
tSuite
Articles.
pag.
.
575
gj^*
du
Uflexion
g 9.
90.
^2
Calcul de la
vie.
95'.
.
Agriculture.
gnrale.
.
99.
...
.
.
.
l'conomie
loo.
104.
.
De la
Des
grayide
petite culture.
.
ibid.
dfrichsmens,
io6.
De la grande
ture.
Voficript.
....
.
109.
.
113. 114.
Air
Raifons de ceux qui
Client Pair.
.
.
117.
121.
LE KORAN.
y?' les
I27.
Kgleinens de
Mahomet
fem130.
mes
,
. .
13^,
i4'
.
1^0. 1^4*
Almanac'h.
Alouette.
16^
574
Table
.
.
Amazones.
Ame.
pag. i6f J
.
(Sedion premire.)
171.
176'.
,
De Pme des
Sur Pme
.
btes
.
igi,
Sedion quatrime.
nos ignorances.
^ fur
.
187.
Sedion cinquime.
Du
paradoxe de
"Warburton
Vame.
.....
,
fur l'immortalit de
193,
Sedion fixime.
lation
Du
befoin de la rv-
15^.
^ ....
des fats
des
200.
AMRiaUE
203.
205^-
Amiti
Amour
Amour-propre.
AMOUR
s
. .
208.
313.
.
O C RAT
I Q.
E.
.
21 f.
.
221.
23^.
244.
24^.
ibid.
DE Articles.
Anecdote fur Hejuri
375'
IV
pag. 246.
.
De
.
Cabjuration de
HENRI IV.
ibid.
Vi.t'i^Ki
\Y
247.
.
Bvue fur
le
marchal
^' Ancre.
249-
25'4*
.
Fetite anecdote.
.'
255'.
Anecdote fur
le
tefiameyit
.
attribu
.
au
.
C. de Richelieu.
Autres anecdotes.
.
ibid.
.2^9.
2<5o-
....
XIV.
de
.
262.
ibid.
Mr.
V. fur plufieurs
,
,
anecdotes.
2^4 273.
.
277.
284.
28^.
De De
Boileau
rinjujiice
^ ^ de
de Racine.
la tnauvaife foi de
Racine dans
rault
la difpute
contre Per,
au
fujet ^'Euripide
^
.
des
infidlits
de
Bmmoy.
287-
Aa
iiij
37^
T
quelques
B
entre i4
.
De
comparaifons
clbres.
.
ouvrages
pag. 295*
,
D'un
fctjftige
^i'Homre.
297.
30.
Ane
AN
b
(
^e
/'
d'
de Machiavel.
.
310.
312.
314.
.
du du
Shafta.
Shafta.
.
315".
Second
'
chapitre
ibid,
Troifime chapitre.
''
De
.
la chUte d'une
. .
^
'-
'-^
315.
des
i^atrime
anges
Chtiment
.
coupables.
31^,
' '
"^Prcis
du cinquime-
chapitre.
.
313,
-Des
310,
320.
Grecs
les
.
Kotnaifts
.
324,
Anguilles.
ines'
Race d'anguilles
for-
de farine E
s. S.
.
32^.
AW
N A L
330.
AN N
A T E
334.
338.
339.
Anneau de Saturne.
DE9 Articles.
Seftion
ufages.
577
fconde.
.
De
.
l'antiquit des
.
pag. 344.
Sedioii troifime.
les
chimres
348-
Sedion quatrime.
ftes
Ds
l'antiquit des
lugubres.
349.
des
Sedlion cinquime.
arts.
....
De
. .
l'origine
3^v.
.
Antropophages. ArocALYPsE.
3^0.
307
ERRATA
du premier .volume.
Pa^e 13.
ligne
'^.
une riviera
zoxngct
jmx
rhiera.
page 16.
lig.
lig.
4.
hoton-, corr.
ho-tou,
,'
page 120.
13.
On
btez vifiblement.
page 344,
lig.
pnult.
donnes
corr.
donn.
',>'.