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^-^

i7

-/.

it^i^l^f-.

^^l

QUESTIONS
SUR

UENCFCLOPDIE.
PREMIERE PARTIE.

r^

.a\.v\c

QUESTIONS
sus.

VENCYCLOPDIE,
PAR
DES AMATEURS.
PREMIERE
PARTIE.

M.

DCC

LXX.

,H

-f

-f
NaswAWSBMiir

NT R
,

D UC T I O

N.

Quelques
quettions

gens de lettres qui ont tudi l'Encyclopdie, ne propofent ici que des

mens

ne demandent que des cclairciiredouteurs & non docteurs. Ils doutent furtout de ce qu'ils avancent ; ils refpeclent ce qu'ils doivent refpeder ; ils foumettent leur raif'on dans toutes les chofes qui fonc au-deiTus de leur raifon , & il y en a beaucoup.
>

&

ils

fe dclarent

L'Encyclopdie eft un monument qui honore la France , auii fut-elle perfcute ds


qu'elle fut entreprife.

Le

difcours prliminaire

prcda tait un veftibule d'une ordonnance magnifique & fage qui annonait le palais des fciences ; mais il avertilait la jaUnifie & l'ignorance de s'armer. On dcria l'ouvrage avant qu'il part i la balfe littrature

qui

la

'

fe dchana

on

crivit

des libelles diffamale travail

toires contre

ceux dont

n'avait pas

encor paru.

Mais peine l'Encyclopdie a-t-ellc t acheve que l'Europe en a reconnu l'utilit ; il a flu rimprimer en France & augmenter cet ouvrage immenfe qui eft de vingt- deux
volumes
in-folio
j

on

l'a

contrefait

en

Italie

premire partie,

Introduct*ion.
fortifi
:

& des thologiens mme ont embelli &


les articles

de thologie la manire de leur pays ; on le contrefait chez les Suilfes & les additions dont on le charge font faiis doute entirement oppofcs la mthode italienne afin que le ledeur impartial foit en tat de juger.
,

Cependant
qu'
la

cette
i

entreprife

France

des

n'appartenait Franais feuls l'avaient

conque & excute. On en tira quatre mille deux cent cinquante exemplaires , dont il ne
refte pas un feul chez les libraires. Ceux qu'on peut trouver par un hazard heureux fe vendent aujourd'hui dix-huit cent francs i ainfi tout l'ouvrage pourait avoir opr une circulation de fept millions (x cent cinquante mille livres. Ceux qui ne confidreront que l'avantage du ngoce , verront que celui des deux Indes n'en a jamais approch. Les libraires y ont gagn environ cinq cent pour cent ce qui n'eft jamais arriv depuis prs de deux ficels dans aucun commerce. Si on envifage l'conomie politique on verra que plus de mille ouvriers depuis ceux qui recherchent la premire matire du papier , jufqu' ceux qui fe chargent des plus belles gravures , ont t employs & ont nourri leurs familles. Il y. a un autre prix pour les auteurs , le
, ,

plaifir d'expliquer le vrai

l'avantage d'enfei-

gnejT le
feible

genre-humain la gloire j car pour le honoraire qui en revint deux ou trois


,

Introduction.
&

auteurs principaux , & qui fut (1 difproportionn leurs travaux immenfes , il ne doit pas tre compt. Jamais on ne travailla avec avec un plus noble dfinttant d'ardeur
relTement.

On vit bientt des perfonnages recommandables dans tous les rangs, officiers gnraux , magiftrats , ingnieurs vritables gens de lettres s'empreifer dcorer cet ouvrage de leurs recherches foufcrire Se travailler la fois : ils ne voulaient que la fatisfadion d'tre utiles ; ils ne voulaient point tre connus i & c'eft malgr eux qu'on a imprim le
, , ,

nom
Le

de plulieurs. philofophe
;

s'oublia
,

pour

fervir

les

hommes
en

l'intrt

l'envie

&

le

fanatifme ne

s'oublirent pas. Quelques jfuites qui taient


pofleilon d'crire fur la thologie
,

&

fur

les belles-lettres

penfaient qu'il n'appartenait

terre

qu'aux journaliftes de Trvoux d'enfeigner la ils voulurent au moins avoir part ; l'Encyclopdie pour de l'argent car il eft remarquer qu'aucun jfuite n'a donn au public fes ouvrages fans les vendre.
:

Dieu
trois

permit en

mme

tems que deux ou

convulfionnaires fe prfentaffent pour cooprer l'Encyclopdie ; on avait choi-

fir entre ces deux extrmes i on les rejetta tous deux galement comme de raifon , parce ^u'on n'tait d'aucun parti & qu'on fe bornait

ij

Introduction.
,

chercher la vrit. Qiielques gens de lettres

furent exclus aulfi


prifes.

parce que

les

places taient

Ce

turent autant d'ennemis qui tous

fe runirent contre TEncyclopdie des que le premier corne parut. Les auteurs furent traits comme l'avaient t Paris les inventeurs de l'art admirable de l'imprimerie , lors qu'ils vinrent y dbiter quelques-uns de leurs eais : on les prit pour des Ibrciers , on faidt juridiquement leurs livres ; on commenta contre eux un procs criminel. Les encyclopdiftes furent accueillis prcifcment avec la mme

juftice

&

la

mme

fagelfe.

Un
au
la

matre d'cole connu alors dans Paris


Paris
,

ou du moins dans la canaille de un trs ardent convulfonnaire


pdie

fe

, pour chargea

nom de fes confrres de dfrer l'Encyclocomme un ouvrage contre les murs religion & l'tat. Cet homme avait jou
,

quelque tems fur le thtre des marionnettes de St. Mdard , & avait poufi la friponnerie du fanatifme jufqu' fe faire fufpendre en croix & paratre rellement crucifi avec une couronne d'pines fur la tte le 2 I\Iars 1749 , dans la rue St. Denis , vis - vis St. Leu
,

&

St.

Giles
;

en prfence de cent convulfion-

naires

ce fut cet
;

homme

qui

fe

porta pour

dlateur
liftes

il

fut la fois l'organe des journa-

&

de Trvoux, des bateleurs de St. Mdard d'un certain nombre d'hommes ennemis de

toute nouveaut,

&

encor plus, de tout mrite.

Introduction:
Il

procs.

n'y avait point eu d'exemple d'un pareil On accufait les auteurs non pas de ce qu'ils avaient dit , mais de ce qu'ils diraient
, ,

un jour. Voyez difait-on la malice i le premier tome eji plein des renvois aux derniers , donc c'eji dans les derniers que fera tout le ve^ fiin. Nous n'exagrons point cela fut dit mot mot.
:

L'Encyclopdie fut fupprime fur cette dil'emporte. Le i mais enfin la raifon deftin de cet ouvrage a t celui de toutes les entreprifes utiles , de prefque tous les bons livres , comme celui de la Sagejfe de Charon , de la favante hilloire compole par le fage de Thou , de prefque toutes les vrits neuves , des expriences contre l'horreur du vuide , de la rotation de la terre , de l'ufage de l'mtique , de la gravitation , de l'inoculaTout cela fut condamn d'abord , & tion. reu enfuite avec la reconnaiffance tardive
vination

du

public.

dlateur couvert de honte eft all MoC cou exercer fon mtier de matre d'cole , & l il peut fe faire crucifier , s'il lui en prend envie j mais il ne peut ni nuire l'Encyclo-

Le

pdie

ni fduire des magiftrats.

ferpens qui

dents

&

Les autres mordaient la lime ont uf leurs cefT de mordre.


la

Comme
mes de

plupart des favans

&

des

hom-

gnie qui ont contribu avec tant de

iij

'6,

INTRODUCTION.
du

important ouvrage s'occupent a foin de le pert'edionner & d'y ajouter mme plufieurs volumes j & comme dans plus d'un pays on a dj commenc des ditions , nous avons cru devoir prfenter aux amateurs de la littrature un eflai de quelques articles omis dans le grand ou qui peuvent fouffrir queldidionnaire ques additions ou qui ayant t infrs par des mains trangres , n'ont pas t traits flon les vues des diredteurs de cette entreprife immenfe.
ale cet

prfent

dont

eux que nous ddions notre efli, pouront prendre & corriger ou leur gr dans la granlailfer les articles de dition que les libraires de Paris prparent. Ce font des plantes exotiques que nous mriteront d'entrer elles ne leur offrons dans leur vafte coUedion qu'autant qu'elles feront cultives par de telles mains ; & c'eit alors qu'elles pouront recevoir la vie.
C'efl
ils
, , ;

QUESTIONS
SUR

L'ENCYCLOPEDIE.
A,
aurons peu de queftions premire lettre de Cet article tous les alphabets. de rEncyclopdie, plus iicefFaire qu'on ne croirait , eft de Cfar Du Marfais , qui n'tait bon grammairien que parce qu'il avait dans l'efprit une dialectique trs profonde & trs nette. La vraie
faire fur cette

OuS

philofophie tient tout

except
,

la

fortune.
fe

Ce

fage

qili tait

pauvre

&

dont l'loge

trouve la tte du troifime volume de l'Encyclopdie , fut perfcut par l'auteur de

iiij

A.
;

Miiyie la Coque qui tait riche


gnrofits

&
,

fans le*
il

du comte de Lauraguas
la

ferait

mort dans
cette

plus extrme

mifere.

SaifilTons

occafioii de dire que jamais la nation Franqaife ne s'eft plus honore que de nos jours par ces adions de vritable grandeur

oftentation. Nous avons vu plus d'un miniftre d'tat encourager les talens dans l'indigence & demander le fecret. Colbert les rcompenfait , mais avec l'argent de l'tat j Foiiqnet avec celui de la dprdation. Ceux dont je parle ont donn de leur propre bien ; & par-l ils font au-deifus de Fouqaet 2iUtit que par leur naifance , leurs dignits & leur gnie. Comme nous ne les nommons point ils ne doivent point fe fcher. Que le ledeur
faites fans

pardonne cette digrefion qui commence notre Elle vaut mieux que ce que nous ouvrage. dirons fur la lettre /^ qui a t 11 bien traite par feu Mr. Du Marfais , & par ceux qui ont joint leur travail au ficn. Nous ne parlerons point des autres lettres , & nous ren-

voyons

l'Encyclopdie qui dit tout ce qu'il

faut fur cette matire.


fubftituer la lettre la dans franais , franaife , angls a;/comme glaife , & dans tous les imparfaits il employait , il o&royait , /'/ ployerait , &c. % la raifon n'en elt-elle pas vidente ? ne fautil pas crire comme on parle autant qu'on
lettre o
, ,

On

commence

A.
e peut ? n'efl-ce pas
oi,

une contradidion d'crire de prononcer ai ? nous dilions autre, fois , je croyois , fo&royois , j'employois , je Lors qu'enfin on adoucit ces fons ployois. barbares , on ne fongea point rformer les caradres : & le langage dmentit continuel-

&

lement rcriture.
il falut faire rimer en vers qu'on prononait ais , avec les ois qu'on prononait ois , les auteurs furent bien embarrafles. Tout le monde , par exemple , difait franais dans la convsr{\tion & dans les diC

Mais quand

les ois

cieufe

cours publics. Mais comme la coutume vide rimer pour les yeux & non pas
les
,

pour nous

oreilles

s'tait

introduite

parmi

les

potes fe crurent obligs de faire


,

rimer franais loix , rois exploits : & alors les mmes acadmiciens qui venaient de prononcer franais dans un difcours oratoire , prononaient franois dans les vers. On trouve dans une pice de vers de Pierre Corneille j fur le paflage du Rhin , aflez peu connue.

Quel

fpeftacle d'effroi

grand Dieu

fi

toutefois

Quelque chofc pouvoit

effrayer les Franois.

Le ledeur peut remarquer quel


raient aujourd'hui ces vers
ait
,

effet

produi-

li

l'on

pronontonts-

comme

fous Franois premier pouvoit par


ejfroi
^

un
fois

oi quelle cacophonie feraient , pouvoit , franois.

10
Dans
le

A.

tems que notre langue


,

fe perfw*

tionnait le plus

Boileau difait

Qu'il s'en prenne fa mufe allemande en franais

Mais

laiflons Chapelain pour

la d.'rnire fois.

Aujourd'hui que tout

le

monde

dit

franais

ce vers de Boileau lui -

mme

paratrait

un

peu allemand.

Nous nous fommes enfin mauvaife habitude d'crire

dfaits
le

de cette
franais
faut

mot
Il

eomme on

crit Saint

Franois.

du

tems pour rformer la m.anire d'crire tous ces autres mots dans lefquels les yeux trompent toujours les oreilles. Vous crivez encor , je croyais & li vous prononciez je croyais en failant fentir les deux o , perfonne ne pourait vous lupporter. Pourquoi donc en mnageant nos oreilles, ne mnagez. vous pas aulfi nos yeux ? pourquoi n'crivez-vous
,

pas je croyais

puifque je o'oyois

eft

abfolu-

ment barbare ? Vous enfeignez


tranger
;

il

elt

la langue franaife un dabord furpris que vous pro-

nonciez je croyais , focir oyais , f employais i vous demande pourquoi vous adoucilez la prononciation de la dernire fillabe , & pourquoi vous n'adouciflez pas la prcdente ; pourquoi dans la converfation vous ne dites pas je crayais , j'emplayais , &c. Vous lui rpondez , & vous devez lui ril

A.
f

IT

pondre

faire

qu'il

a plus de grce
lui
,

&

de varit

fuccder une diphtongue une autre.


,

La
ble

dernire fillabe

dites

vous

dont

le

fon refte dans

l'oreille

doit tre plus agra-

mclodieufe que les autres ; 8c dans la prononciation de ces fillabes qui fait le charme de la profodie. L'tranger vous rpliquera , vous deviez m'en avertir par l'criture comme vous m'en avertilTez dans la converfation. Ne voyezvous pas que vous m'embarralFez beaucoup lorfque vous ortographiez d'une faqon & que
plus
c'eft
la

&

varit

vous prononcez d'une autre


Les plus
jours
belles
les

langues

fans

contredit,

font celles o
anglais

mmes
,

fillabes

portent toui

une prononciation uniforme


,

vous

dites

portugais
j

danois

Judois
,

franais j mais vous dites comment devinerai - je cette

n'apprends votre langue que Et pourquoi en prononant anglais & portugais , mettez -vous un o l'un & un l'autre ? Pourquoi n'avezvous pas la mauvaife habitude d'crire portugais comme vous avez la mauvaife habitude
ditfrence
Ci

je

dans vos livres

d'crire anglais

En un mot ne

parait- il pas

vident que

la

meilleure

toujours par ce

mthode eft d'crire qu'on prononce par a.


A.

troifme perfonne au prfent de fin-

12
dicatif

A.

du veibe avoir. Ceft un dfaut fan^ doute qu'un verbe ne foit qu'une feule lettre & qu'on exprime il a raifon , il a de lefprit , comme on exprime // eji Paris il eji Lyon,
,

Hodiique marient
Il

veftl^iu ruris.

a eu choquerait horriblement
cair
<Xdi>

l'oreille

on

ny
fe

accoutum
de

>

pluficurs cricette

vains

fervent fou vent

phrafe

la diffrence qu'il

y a
?

la dijlance qu'il

a en-

tre eux
fois

elt-il

rien de plbs

languiiant la

&

de plus rude

N'eit-

il

pas aif d'viter

imptrfedion du langage en difant fimplement , la dijiaiice la diffrence entre eux. A quoi bon ce qutl Si cet y a qui rendent
cette
, ,

le difcours fec

& diffus & qui


,

runilfent ainf

les

plus grands dfauts ?

Ne

faut -il pas


Il

furtout viter
,

le

concours

de deux a ?
averjion
bles
;

va Paris
,

/'/

? trois & va Amiens

a Antoine en quatre a font infuporta//

ff

de l Arques.

La

pofie franaife profcrit ce heurtement-

de voyelles.
Gardez qu'une voyelle
,

courir trop hte

Ne

foit

d'une voyelle en fon chemin heurte.

cet

Les Italiens ont t obligs de fe permettre achopement de fons qui dtruifent Tharnaturelle
,

monie
que
les

ces hiatus

ces billemens

Latins taient foigneux d'viter.

A.
Ttrnrqtie ne fait nulle difficult de dire
Aluove fi
il

13

vecchiarel canuto e blanco

Dal

dolce luogo ove ha

fua

eta fornila.

VArioJe a dit

Non fa
Doveva

quel che fia

Amor

fijrtuna alla

chrijfiana fede.

Tanto giro che venne a une riviera


Altra aventura al buon Rinaldo accade^

Cette malheureufe cacophonie

eft nceflaire

en

italien

parce que

la

plus grande partie

i, Oi u.

des mots de cette langue fe termine en a, e, Le latin qui poflede une infinit de
,

terminaifons
pareil

ne pouvait gure admettre un heurtement de voyelles ; & la langue francaife cft encor en cela plus circonfpecle & plus fvre que le latin. Vous voyez trs rarement dans Virgile une voyelle fuivie d'un mot commenant par une voyelle ce n'eft que dans un petit nombre d'occafions o il feut exprimer quelque defordre de l'efprit,
:

Arma amens
yafte

capio

OU lorfque deux fpondes peignent un

lieu

&

defert
In Neptuno JEgeo,

, ^

14
Homre
,

A.
il

eft

vrai

ne

s'affujettit

pas
les fi-

cette rgle de l'harmonie qui rejette le con-

cours des voyelles

&

furtout des

neires de l'art n'taient pas encor

connues de

Homre tait au-delTus de ces , & mais Tes vers les plus harmonieux font ceux qui font compofs d'un airemblage heureux de voyelles & de confonnes. C'eft ce que Boilean recommande , ds le premier chant de Y Art potique.
fon tems
finelTes
:

\al lettre

chez prefque toutes

les

nations

devint une lettre facre , parce quelle tait la premire : les Egyptiens joignirent cette fuperftition tant d'autres de l vient que
:

Grecs d'Alexandrie l'appellaient hier' alpha & comme omga tait la dernire lettre , ces mots alpha Se omga fignifirent le complment de toutes chofes. Ce fut l'origine de la cabale & de plus d'une myftrieufe dmence.
les

Les lettres fervaient de chiffres & de notes de mufique ; jugez quelle foule de connaiffances fecrettes
^

cela

produilt

a^

h->

c,

d,

^> f> S taient les fept cieux. L'harmonie des fphres clelfes tait compofe des fept premires lettres j un acroftiche rendait

&

raifon de tout dans la vnrable antiquit.

A B C

Oi

L P

H A

B E T.

5^

ABC, ou ALPHABET.
Mr. Du Marfais vivait encor nous lui SIdemanderions nom de l'alphabet. Prions
,

le

les

Tavans

hommes

qui travaillent l'Ency-

clopdie de nous dire pourquoi l'alphabet n'a

point de nom dans aucune langue de l'Europe i alphabeth ne fignifie autre chofe que ne fignifie rien , ou tout au plus AB. &L il indique deux fons ; & ces deux fons n'ont aucun raport l'un avec l'autre. Beth n'eft point form ' alpha l'un cft le premier , l'autre le fcond , & on ne fait pas pourquoi. Or comment s'eft-il pu faire qu'on manque de termes , pour exprimer la porte de

AB

toutes les fciences ?

bres

l'art

de compter

La connaiifance des nomne s'appelle point un


,

deuxi

&
,

le

rudiment de
le dfigne.

l'art

d'exprimer fes

penfes

n'a dans l'Europe aucune expreffion

propre qui

L'alphabet
>

eft

la

premire

partie

de

la

grammaire ceux qui polTdent la langue arabe , dont je n'ai pas la plus lgre notion, pouront dire l cette langue qui a, dit -on, quatre- vingt mots pour fignifier un cheval en aurait un pour fignifier l'alphabet.
Je protefte que je ne fais pas plus nois que l'arabe ; cependant j'ai lu dans
tit

le chi-

un

pe-

vocabulaire chinois

que

cette nation s'eft

6
1er.

A B C
catalogue

O/f

L P H A B E T.

Vol. toujours
l'hif-

donne deux mots pour exprimer


:

de

toire

de
'

de Du tiaUe.
Ept.

, la lille des caractres de fa laiig^g. p^j^ ^^ botou, l'autre haipien nous n'a"^'^"5 ^^^ hoton ni haipien dans nos langues occidentales. Les Grecs n'avaient pas t plus

]q

adroits que nous

ils

difaient alphabet.

Sn-

que
fait

le

philofophe fe fert de la phrale grecque


vieillard
la

W>'

5*

pour exprimer un
pelle
les

comme moi
i

qui
l'ap-

des queftions fur

grammaire

il

Skedon analphabetos. Or cet alphabet Grecs le tenaient des Phniciens , de cette nation nomme le peuple lettr par les Hbreux mmes , lorfque ces Hbreux vinrent s'ctablir auprs de leur pays.

muniquant

en comaux Grecs , leur rendirent un grand fcrvice en les dlivrant de l'embarras de l'criture gyptiaquc que
Il
cfl:

croire

que

les

Phniciens

leurs caraderes

Ccrops

leur

avait

apporte

d'Egypte

*,

les

Pht^iic'ens en qualit de ngocians rendaient

tout aif

&

les

Egyptiens en qualit d'interdifficile.

prtes des

Dieux rendaient tout

Je m'imagine entendre

nicien abord dans l'Achaie

Ion correfpondant , raderes font aifs crire , fe ainfi que les Tons de

un marchand Phdire un Grec non -feulement mes ca,

&
la

rendent la penvoix ; mais ils

expriment nos dettes adives & pafTives. Mon p.leph que vous voulez prononcer alpha , vaut une once d'argent i i'f//ifl' en vaut deuxjro en vaut

A B C
:

OM

A
:

L P

A B E T.

T7

vaut cent Jgmci en vaut deux cent. Je vous deux cent onces je vous paye un ro : relte un ro que je vous dois encore i nous aurons bientt fait nos comptes.
dois

Les marchands furent probablement ceux


qui tablirent
la

focit

entre les
j

hommes,
pour n-

en fournilfant
gocier tard
,

leurs befoins

&

il

faut s'entendre.

Les Egyptiens ne commercrent que trs avaient la mer en horreur c'tait i ils leur Typhon. Les Tyriens furent navigateurs de tems immmorial j ils lirent enfemble les peuples que la nature avait fpars , & ils rparrent les malheurs o les rvolutions de ce globe avaient plong fouvent une grande partie du genre - humain. Les Grecs leur tour allrent porter leur commerce & leur alphabet commode chez d'autres peuples qui les Grecs le changrent un peu , comme avaient chang celui des Tyriens. Lorfqu leurs marchands , dont on fit depuis des demi-dieux , allrent tablir Colchos un commerce de pelleteries qu'on appella la toifon d'or , ils donnrent leurs lettres aux peuples de ces contres , qui les ont conferves altres. Ils n'ont point pris l'alphabet des Turcs auxquels ils font foumis , & dont j'eC pre qu'ils fecoueront le joug , grce l'impratrice de Rulie.
:

&

eft trs vraifemblable premire partie.

( je

ne

dis pas

18

A B C
,

O/r

L ? H

A B E

T.

trs vrai

Dieu m'en
,

ni l'Egypte
la

ni

garde ) que ni Tyr aucun Afiatique habitant vers


,

Mditerrane

ne communiqua fon alphade


TAfie
les
,

bet aux peuples

orientale.

Si

les

Tyriens

ou

mme
leur

Caldens qui habi-

taient vers l'Euphratc

communiqu
relierait

avaient, par exemple, mthode aux Chinois il en


,

quelques traces j ils auraient les lignes des vingt-deux , vingt -trois ou vingt -quatre lettres. Ils ont tout au contraire des fignes de tous les mots qui compofent leur langue j &

nous dit-on quatre-vingt mille : mthode n'a rien de commun avec celle de Tyr. Elle ert foixante & dix - neuf mille neuf cent foixante & feize fois plus favante
ils

en ont

cette

&

plus embarralfe que

la

ntre.
,

Joignez
crivent
les les

cette

prodigieufc diffrence

qu'ils

de haut en bas , & que les Tyriens & Caldens crivaient de droite gauche i Grecs & nous de gauche droite.

Examinez
fiamois
,

japonois

moindre
phnicien.

caradres tartares , indiens vous n'y voyez pas la , analogie avec l'alphabet grec
les

&

Cependant tous

ces peuples

mme

les

Hottentots
les

&

les

Cafres

cent -peu-prs

voyelles

&

en y joignant pronon, les confonnes


le

comme nous de mme pour


Grifon a
le

parce qu'ils ont


l'elTentiel
,

larinx fait

ainf

qu'un payfan
la

gozier fait

comme

prejnirc

AB C
qui
fait

0/<

L P

H A

p.

E T.

clianteufc de l'opra de Naples.

La

ditfrence

de ce manant une bafle- taille rude, "difcordante , iniuportable , & de cette chanteufe un deiius de rolignol , eft f imperceptible
,

qu'aucun

anatomifte ne peut l'apla cer-

percevoir. C'clt la cervelle d'un fot qui veC-

femble comme deux gotes d'eau velle d'un grand gnie.

Qliand nous avons dit que les marchands aux Grecs , de Tyr enfeignrent leur nous n'avons pas prtendu qu'ils eulFent Les Athniens appris aux Grecs parler. probablement s'exprimaient dj mieux que

ABC
;

les

peuples de

la balFe
5

Syrie

ils

avaient

gozier plus flexible

leurs paroles taient

un un

plus heureux aicmblage de voyelles , de coribnnes , & de diphtongues. Le langage des

peuples de
groilier
,

la

c'tait des

Phnicic au contraire tait rude Shafiroth , des Ajiaroth

des Shabaoth , des Chamuiaim , des Chotibet , des Thnphetb j il y aurait l dequoi faire enfuir notre chanteufe de l'opra de Naples.

Figurez-vous les Romains d'aujourd'hui qui auraient retenu l'ancien alphabet trurien ,

&

qui des marchands Hollandais viendraient aporter celui dont ils fe fervent prfent.

Tous

les

Romains
la

feraient
j

fort
ils fe

cevoir leurs caractres

mais

bien de regarderaient

bien de parler

ment

ainfi

que

le

langue batave. C'eft prcifpeuple d'Athnes en uf4

ij

iO
avec

A B C
les

OH A L P

A B E T.

veiinns de , Grecs prirent leur alphabet qui valait mieUx que celui du Mifraim qui elt l'Egypte : &. rebutrent leur patois.

matelots de Caphthor
:

Tyr ou

de Brith

les

Philofophiquemcnt parlant , Se abftradioii rcrpedueufe faite de toutes les indudlions qu'on pourait tirer des livres facrs dont il ne s'agit certainement pas ici , la langue primitive n'eft-elle pas une plaifante chimre ?

Que diriez-vous d'un homme qui voudrait rechercher quel a t le cri primitif de tous
les

animaux

&

comment

il

eft

arriv

que

multitude de ficles les moutons fe foicnt mis bler , les chats miauler , les pigeons roucouler , les linotes fifler ? Ils s'entendent tous parfaitement dans leurs idiomes , & beaucoup mieux que nous. Le chat ne manque pas d'accourir aux miaule-

dans une

mens
c'eft

trs articuls

&

trs varis de la chatte

une merveilleufe chofe de voir dans le Mirebalais une cavale drelfer Tes oreilles frapper du pied , s'agiter aux braiemens intelligibles d'un ne. Chaque efpce a fa langue. Celle des Efquimaux & des Algonquins ne fut point celle du Prou. Il n'y a pas eu plus de
,

langue primitive , & d'alphabet primitif que de chnes primitifs & que d'herbe primitive. Plufieurs rabins prtendent que la langue mre tait le famaritain ; quelques autres ont
,

alTur

que

c'tait le bas

breton

dans cette

A B C
Incertitude
,

L P H A B E T.
,

%X

habitans
tre

on peut fort bien fans ofFenfer les de Kimper & de Samarie n'admet,

aucune langue mre.

Ne peut - on pas , fans ofenfer perfonne fuppofer que l'alphabet a commenc par des
cris

&

des exclamations

Les petits enfans

difent

d'eux-mmes
hii bii
,

un
aie

objet qui les


,

ah eh quand ils voyent frappe ; hi hi quand ils pleu,

rent

hoii
les

hou quand

ils
il

fe

moquent

quand on

frappe ? Et
petits

ne faut pas
le

les frapper.

A
nom
tait

l'gard des

deux
fit

garqons que

roi d'Egypte Ffamnieticus ( qui n'eft pas gj'ptien )


la

un

lever

pour favoir quelle


,

langue

primitive

il

n'eft

gures
crier

poiible qu'ils fe foient tous

deux mis

hec bec

pour avoir

djeuner.

Des exclamations formes par des voyelles, auffi naturelles aux enfans que le croaflment il n'y a pas Ci loin qu'on l'eft aux grenouilles
,

croirait

alphabet complet. Il faut bien qu'une mre dife a fon enfant l'quivalent

un

de vien
ces

tien

pren

tai-toi

approche
fe font

va-t-en:
,

mots ne font
i

reprlntatifs

de rien

ils

ne peignent rien
avec un
gefte.

mais

ils

entendre

De ces rudimens informes , il y a un chemin immenfe pour arriver la lintaxe. Je fuis effray quand je fonge que de ce
feul

mot

vien

il

faut

parvenir

un

jour

iij

es
dire
,

A B C
je ferais
i

L p

II

A B E
,

t;

venu
//

ma

mre

avec grand

plaijr

^ f aurais

obi
,

vos ordres qui me


en accourant vers vous
j

feront toujours chers


pine

je n tais pas tomb la reuverfe

fi

une

de votre jardin ne m'tait

pas

entre

dans la jambe gauche. _ Il femble mon imagination tonne qu'il a falu des ficles pour ajuitcr cette phrafe i bien d'autres licles pour la peindre. Ce !?: ferait ici le lieu de dire , ou de tcher d dire , comment on exprime & comment ou prononce dans toutes les langues du monde pre , 7n}'e , jour , nuit , terre , eau boire , ilianger i &c. j mais il faut viter le ridicule autant qu'il eft poliblc.
>

Les caractres alphabtiques prfentant


fois
les

la

dates
,

mes yeux mme de ceux qui avaient invent ces les Egyples Syriens lignes. Les Caldens
, ,

nombre les des homdes vnemens les ides devinrent bientt des myltres aux

noms

des

chofes
,

leur

tiens

attriburent quelque chofe de divin

la

les

combinaifon des lettres , la manire de prononcer i ils crurent que les noms figni-

eux-mmes, & qu'ils avaient en eux une force, une vertu fecrctte.' Ils allaient jufqu' prtendre que le nom qui flgnifaifc puijfance tait puitTant de fa nature j que celui qui exprimait ange tait angelique que celui
fiaient par
-,

qui donnait

l'ide

de

Dieu

tait

divin.

AB C
ment dans

fl

L P H A B E T.

aj

Cette fcience des caradres entra nceflirela magie : point d'opration males lettres

gique, fans
Cette

de l'alphabet.

de toutes les fciences , dede toutes les erreurs j les mages de tous les pays s'en Tervirent pour fe conduire dans le labyrinthe qu'ils s'taient conftruit & o il n'tait pas permis aux autres hommes d'entrer. La manire de prononcer des confonnes & des voyelles , devint le plus profond des myftres , & fouvent le plus terrible. Il y eut une manire de' prononcer Jovn , nom de Dieu chez les Syriens & les Egyptiens ; par laquelle on faiporte
vint celle
,

fait

Si.
fit

homme roide mort. Clment d'Alexandrie rapporte que Mo'ife Stroraa^ mourir fur le champ le roi d'Egypte tes ou
tomber un
,

Nechephre

dans l'oreille j & qu'enfuite il le reflufcita en prononant le mme mot. St. Clment d'Alexandrie eft exad , il cite fon auteur , c'eft le favant Artapan j & qui poura recufer le tmoignage 'Artapan ? Rien ne retarda plus les progrs de l'efprit humain , que cette profonde fcience de Terreur, ne chez les Afiatiques avec l'origine des vrits. L'univers fut abruti par l'art mme qui devait l'clairer. Vous en voyez un grand exemple dans Origne , dans Clment d'Alexandrie , dans Terlui fouflant

en

ce

nom

P'.

"1

"^*'

'^' *

iiij

, ,

124

A B C
,

L P

H A

B E

T.'

Org.

tullien

^^^^
n". 202.

ment,

&c. &c. Origne dit furtout expreffe\ en invoquant Dieu , ou en jurant

par lui , on le nomme le Dieu ' Abraham Clfauc & de Jacob on fera par ces noms des chofes dont h nature & la force font telles , que les dmons fe fou mettent ceux 5, qui les prononcent i mais fi on le nomme
,

d'un autre
bruante
,

nom
Dieu

comme Dieu
, ,

de
ces

la

mer
tra-

;',

fiipplantateur
le

noms
:

'
3,

feront fans

vertu

nom

dilfra'l

duit en grec ne poura rien oprer

35

53

juration.

prononcez -le en hbreu , avec tres mots requis , vous oprerez "

les
la

mais aucon-

Le mme Origne
quables
,

dit

ces paroles remar-

,5

II

a des

noms
,

qui

ont natu-

Tellement de la vertu tels que font ceux dont fe fervent les fages parmi les Egyp5j les bracmanes 55 tiens , les mages en Perfe dans l'Inde. Ce qu'on nomme magie , n'eft pas un art vain & chimrique ainfi que
, ,

53

le

prtendent
le

les ftoiciens

& les

picuriens

de Sabaotb , ni celui d'Ado nai , n'ont pas t faits pour des tres crs i mais ils appartiennent une tho,j logie myltrieufe qui fe rapporte au Crani

nom

teur i de quand on j,
.j

vient

la

vertu

de ces

noms

qu'on les pronon" ce flon les rgies , &c. C'tait en prononant des lettres flon
les

arrange

&

A B C
!a

0?f

L P

A B E

T.

2%
de

mthode magique qu'on


la

forait la lune

defcendre fur

terre.

Il

faut pardonner
,

Virgile d'avoir cru ces inepties

&

d'en avoir

parl ferieufenient dans fi huitime glogue.


Carmina de
celo pojfunt

deducere unam.
la

On fait
Enfin
fotifes.
,

avec des mots tomber

lune en terre.

l'alphabet fut l'origine de toutes les

connaiflances

de l'homme

&

de toutes

fes

ABB, ABBAYE.
CEux qui fuient ceux qui
pedables. Peut-tre
le

fe confacrent
le

monde font fages : Dilu font rf.


a-t-il

tems

corrompu

une
\

fi

fainte inftitution.

Aux
en

thrapeutes

juifs

nes

lignifiait

Egypte , alors que


;

iAiotoi

fuccdrent les moimonoi. Idiot ne ,


:

folitaire

ils

furent bien-

tt corps

ce qui eft le contraire de folitaire

qui n'elt pas idiot

dans

l'acception ordifocit de

naire de ce terme.
clut
:

Chaque

moines

fon fuprieur car tout fe fefait la pluralit des voix dans les premiers tems de l'glife. On cherchait rentrer dans la libert
primitive de
la

nature humaine

en chapant
focit de

par pit au tumulte

&

l'efclavage infpa-

rables des grands empires.

Chaque

S5
moines

B B

B B A Y
,

E.
j

choilit fon pre

fou abba, fon abb


l'cvangile
,

quoiqu'il foit dit dans

ii

appeliez

ferjonne votre pre.


les abbs , ni les moines ne furent prdans les premiers licles. Us allaient par troupes entendre la mcife au prochain village. Ces troupes devinrent conlldcrables ; plus de cinquante mille moines il y eut dit - on , dans l'Egypte. St. Bafile d'abord moine, puis vquc de Cfare en Cappadoce , fit un code pour tous les moines au quatrime ficle. Cette rgie de St. Bafile fut reue en Orient & en Occident. On ne connut plus que les moins de St. Bafile , ils fui ent partout riches ils fe mlrent de toutes les atfaircs ; ils contriburent aux rvolutions de l'empire.

Ni

tres

ne connaifTait gures que cet ordre, lorfqu'au fixime ficle St. Benoit tablit une
puilfance nouvelle au

On

mont

Calfin.
fes

St.

Gr-

Xv.

II.

goire

le

grand
lui

alfiire

dans

dialogue?

ch. 8.

que

DiEU

par lequel tous

les

accorda un privilge fpcial, bndidins qui mourraient

au mont Calfin feraient fauves. En confquence le pape Urbain II par une bulle de 1092 , dclara l'abb du mont Cafln chef de tous les monaftres du monde. Pafcal Il lui donna le titre ai abb des abbs. Il s'in,

titufe patriarche de la fnine religion


lier collatral

chame-

du royaume de

Sicile

comte

B B E

B B A Y
,

^7
,

^iiveyneur de la Campante &c. &c. ikc. &c. &c.

prince de la paix

Tous

ces titres feraient

peu de chofe

s'ils

n'taient foutenus par des richeils immenfes.

Je requs , il n'y a pas longtems une lettre d'un de mes correfpondans d'Allemagne la lettre commence par ces mots Les abbs princes de Kemprem , Elvangen , Eudertl lierglefgaden , Viffembourg , 5, Murbach , Prum , Stablo Corvey , & les autres abbs qui ne font pas princes , jouflent enfem ble d'environ neuf cent mille florins de revenu , qui font deux millions cinquante 3, mille livres de votre France au cours de ce ., jour. De l je conclus que Jsus Christ " : n'tait pas fi fon aife qu'eux. m'a,, Monfieur , vous Je lui rpondis font plus pieux j, vouerez que les Franais que les Allemans dans la proportion de quatre & un vingtime l'unit ; car nos feuls- bnfices conGlloriaux de moines, c'eft--dire ceux qui payent des annates jj au pape , fe montent neuf millions de ,j rente , quarante - neuf livres dix fols le marc avec le remde ; ik neuf millions jj font deux millions cinquante mille livres
-,

comme un eft De l je conclus


,

quatre
qu'il

&

un vingtime.

ne font pas alfez riches & qu'il faudrait qu'ils en eulfent dix " fois davantage.
J'ai

l'honneur d'trs &c.

28
Il
,5

A
me

B B

B n A

E.

rpliqua par cette courte lettre:


,

Mon

ne vous entends point; vous trouvez fans doute avec moi , que neuF millions de votre monnoie font un 55 pour ceux qui font vu de pau55 peu trop vret i & vous fouhaitez qu'ils en ayent 55 je vous fupplie de vouquatre -vingt dix 55 " loir bien m'expliqucr cette nigme. 55 J'eus rhonneur de lui rpondre fur le champ. ,5 Mon cher monfieur , il y avait auun jeune homme qui on propo55 trefois
je
!

cher moniieur

55 55

55
55

fait d'poufer une Femme de foixante ans, qui lui donnerait tout fon bien par teftament: il rpondit, qu'elle n'tait pas aflez vieille. " L'Allemand entendit mon nigme.

Chopin,
ie facra

po
*

</i^
*

^*

Il faut favoir qu'en 1^7^ on propola dans le confeil de Henri III roi de France de faire riger en commandes feculires toutes les abbayes de moines, & de donner les commandes aux officiers de ia cour & de fon arme mais comme il fut depuis excommu:

ni

Se

alfln

ce projet n'eut pas lieu.

Le comte d'rgeiifon miniftre de la guerre, voulut en 17^0 tablir des pendons fur les
bnfices en faveur des chevaliers de l'ordre

mihtaire de
ple
,

St.
,

Louis

rien n'tait plus fini:

plus jufte

plus utile

il

bout.
celfe

Cependant fous

Lotis

de

Conti avait polled

n'en put venir XIV, laprinl'abbaye de St.


fculiers pofT-

Denis.

Avant fon rgne

les

, ,

A E B A Y
,

E.

29

le duc de Sulli hugueJaent des bnfices not avait une abbaye. Le pre de Hugues Cap et n'tait riche que par fes abbayes , & on Tappellait Hugues tabb. On donnait des abbayes aux reines pour leurs menus plailirs. Ogine mre de
,

Lou

d'out7'ei;ier

quitta fon

fils

parce qu'il lui

Marie de Laon , pour la donner fa femme Gerberge. Il y a des exemples de tout. Chacun tche de faire feravait t l'abbaye de Ste.
vir les ufages
,

les

innovations
,

les loix
,

an-

ciennes
les

abroges

renouvelles

mitiges
,

chartes
le

ou
,

vraies
l'avenir
,

ou fuppofes

le paf-

prfent

de ce monde ; mais c'eft grande gloire de Dieu. Confultez VApocalypfe de Mliton par l'vque du Bellai.

s'emparer des biens toujours la plus

ABEILLES.
LEs
&
une
le

peuvent paratre fuprieures , en ce qu'elles produifent de leur fub (lance une fubftance utile que de toutes nos fecrtions il n'y en a pas
abeilles
la race

humaine

feule qui foit

bonne

rien

pas une feu-

mme
Ce

qui ne rende

le

genre humain d-

fagrable.

qui m'a charm


,

dans

les

effains

qui

fortenc de la ruche

c'eft qu'ils

font beaucoup

go
plus

Abeilles.
doux que nos
,

cnCtits qui furtent dil Les jeunes abeilles alors ne piquent perfonne du moins rarement & dans des cas extraordinaires. Elles fe laiifent prendre on les porte la main nue paifiblement dans la ruche qui leur eil deltine ; mais ds qu'elles ont appris dans leur nouvelle mailbn connatre leurs intrts , elles deviennent

collge.

femblables nous

elles

font la guerre.

J'ai

vu
fix

des abeilles trs tranquilles aller pendant

dans un pr voifin couvert qui leur convenaient. On vint faucher le pr , elles fortirent en fureur de fondirent fur les faucheurs qui leur la ruche volaient leur bien , & les mirent en fuite.

mois

travailler

de

fleurs

Je ne

fais

pas qui

a dit le
roi.

premier

que

les abeilles

avaient

un

Ce

n'ell pas pro-

bablement un rpublicain qui cette ide vint dans la tte. Je ne fiis pas qui leur donna ni qui cnfuite une reine au lieu d'un roi fuppofa le premier que cette reine tait une
,

Meffixline qui avait


palit

ferrail prodigieux qui l'amour & faire fes couches , qui pondait & logeait environ quarante mille ufs par an. On a t plus loin; on a prtendu qu'elle pondait trois efpces
,

un

fa vie

jfire

diifrentes, des
hoiirtlo)is
,

reines

des efclavcs

nomms
ouvri-

(Se

des fervantes

nommes

res

ce qui

n'elt

pas trop d'accord avec les

lix ordinaires de la nature.

Abeilles.
On
a cru qu'un phyficien
, ,

31

d'ailleurs

grand

obCervateur

inventa
,

il

y a quelques annes
Epyptiens
,

les fours poulets

invents depuis environ


les

quatre mille ans par

ne concli-

fidcrant pas l'extrme diffrence de notre

mat

&

de celui d'Egypte
,

on a

dit encor
le

que ce

phyficien

inventa de

mme
,

royaume des
trois efpces.

abeilles fous

une reine
;

mre de

Plufieurs
cette

naturaliftes

avaient dj rpt

il eft venu un homme qui de fix cent ruches a cru mieux examiner fon bien que ceux qui n'ayant point d'abeilles ont copi des volumes fur cette rpublique indiiftrieufe qu'on ne con-

invention

tant

polTeifeur

nait

gures

Cet

homme

eft

mieux que celles des fourmis. Mr. Simon qui ne fe pique


-,

de rien , qui crit trs fimplement mais qui recueille comme moi du miel & de la cire. Il a de meilleurs yeux que moi il en fait plus que Mr. le prieur de Jonval , que Mr. le comte du Spe&acle de la tmture j il a examin fes abeilles pendant vingt annes j il nous affure qu'on s'eft moqu de nous , & qu'il n'y a pas un mot de vrai dans tout ce qu'on a rpt dans tant de
,

&

livres.
Il prtend qu'en effet il y a dans chaque ruche une eipece de roi & de reine qui perptuent cette race royale & qui prfident aux ouvrages ; il les a vus , il les a dciins , & il renvoy aux niilk une nuits , & Vhif-

ja

Abeilles.
prtendue reine
Il

toire de la reine d'Achera la

abeille avec fou ferrail.

y a enfuite la race des bourdons qui aucune relation avec la premire & enfin la grande famille des abeilles ouvrires qui font mles & femelles & qui forment le corps de la rpublique. Les abeilles femelles dpofent leurs ufs dans les cellules qu'elles ont formes. Comment en effet la reine feule pouraitelle pondre & loger quarante mille ufs l'un
n'a
, ,

Le fyltme le plus (impie eft prefque toujours le vritable. Cependant , j'ai fouvent cherch ce roi ik cette reine & je n'ai jamais eu le bonheur de les voir. Quelaprs l'autre ?
,

la reine entoure de

ques obiervateurs m'ont alfur qu'ils ont vu fa cour i l'un d'eux Ta


porte
,

elle

&

fes

fuivantes
fait

fur

fon

bras
;

nud. mais d'un

Je
j'ai

n'ai

point

cette

exprience
les

port

dans

ma main
la
Il

abeilles

eflain

qui forraient de
foi
la

fans qu'elles nie piqualfent.

mre ruche y a des gens


qui en por-

qui n'ont pas de


les abeilles d'tre

rputation qu'ont
,

mchantes
entiers

<Sc

tent des

eflains

lur leur poitrine

&
j

fur leur vifage.


Virgile

n'a chant fur les abeilles que les


Il

erreurs de fon tems.


ce roi

fe

pourait bien que


autre

&

cette reine

ne

fuifent

choie

qu'une ou deux

abeilles

qui volent^ par hazard

Abeilles;

la

'^^

des autres. Il faut bien que lorC vont butiner les fleurs, il y en aie quelques-unes de plus diligentes; mais qu'il y ait une vraie royaut , une cour , une police , c'eft ce qui me parait plus que douteux. Plufieurs efpces d'animaux s'attroupent & vivent enfemble. On a compar les bliers les taureaux , des rois , parce qu'il y a fouvent un de ces animaux qui marche le premier : cette prminence a frapp les yeux. On a oubli que trs fou vent aull le blier '& les taureaux marchent les derniers.
tte

qu'elles

quelque apparence d'une royaut cour , c'&ft dans un coq ; il appelle fes poules , il lailfe tomber pour elles le grain qu'il a dans fon bec , il les dfend , il les conduit ; il ne fouifre pas qu'un autre roi partage fdn petit tat ; il ne s'loigne jamais de fon ferrail. Voil une image de la vrai royaut ; elle eft plus vidente dans une baffecour que dans une ruche.
S'il eft

&

d'une

On

trouve dans
,

Salomon

qu'i/

plus petites de la

les Proverbes attribus a a quatre chofes qui font les terre , qui font plus f ges

que les figes j les fourmis , petit peuple qui fs prpare une nourriture pendant la moijfon i le
livre
,

la fauterelle

peuple faible qui couche fur des pierres $ qui n'ayant pas des rois , voyage ,
i

par troupes

le

lzard

qui

travaille
les

de fes

'

qui demeure dans mains Premire partie,

palais des rqisn

J4
les

Abeille
des livres
-,

s.

J'ignore pourquoi Salomon a oubli les abeilqui paraiient avoir un inlHncl bien fup,

rieur celui

qui ne couchent
,

point fur
re
le

la

pierre

&

des lzards

dont j'igno-

gnie.

Au

furplus je prfrerai toujours

une

abeille

On
clore

une fauterelle. nous mande qu'une focit de phyfid'abeilles

, vient de faire dans une ruche o il eft tranfport lorfqu'il eft en forme de vermiiTeau. Il crot , il fe dvclope dans ce nouveau berceau qui devient fa patrie ; il n'en

ciens pratiques dans la Luface

un couvain

fort

que pour
craint

aller

fuccer des fleurs


le

on

ne

point

de

perdre

comme on

perd fouvent des eifains lorfqu'ils font chaffs de la mre ruche. Si cette mthode peut devenir d'une excution aife, elle fera trs Mais dans le gouvernement des aniutile. niaux domeftiques comme dans la culture des fruits , il y a mille inventions plus ingnieufes que profitables.
tre facile

Toute mthode doit

pour

tre d'un ufage

commun.

De
ries

defcriptions

tout tems les abeilles ont fourni des comparaifons , des allgo, des

fables la pofie. La fameufe fable , des des abeilles de Mandeville fit un grand bruit en Angleterre j en voici un petit prcis.

Les

abeilles

autrefois
;

Parurent bien gouvernes

Et

leurs

travaux &: leurs rois

Abeilles.
Les rendirent fortunes.

Quelques avides bourdons,'

Dans
Mais
Ils

les

ruches fe gliffrent.
travaillrent
;

Ces bourdons ne
ils

firent des

fermons.

dirent dans leur langage.


le ciel
:

Nous vous promettons


Accordez
-

nous en partage

Votre
Les

cire

&

votre miel.

abeilles

qui les crurent,'


la

Sentirent

bientt
fortes

faim;

Les plus

en moururent*
effain

Le

roi d'un

nouvel
la

Les fecourut a

fin.

Tous
ils

les

efprits s'clairrent ;
;

font tous dfabufs

Les bourdons font crafs

Et

les

abeilles profprent.

Maneville va bien plus loin ; il prtend que les abeilles ne peuvent vivre l'aife dans une grande & puiffante ruche fans beaucoup de vices. Nul royaume, nul tat, dit-il, ne peuvent fleurir fans vices. Otez la vanit aux grandes dames plus de belles manufac:

tures de foye

plus d'ouvriers ni d'ouvrires


j

en mille genres
tion
eft

une grande
la
;

partie de la na-

rduite

mendicit. Otez aux n-

gocions l'avarice

les flottes

Anglaifes feront

ij

, , ,

i
ananties.

Abeilles,
Dpouillez
;

les arti'les

de l'envie

l'mulation celle

on retombe dans l'ignorance

&

dans
Il

la groliret.

s'emporte jufqu' dire , que les crimes font utiles en ce qu'ils lervent taUn voleur de blir une bonne lgiflation. grand -chemin fait gagner beaucoup d'argent celui qui le dnonce , ceux qui l'arrtent au gelier qui le garde , au juge qui le condamne , & au bourreau qui l'excute. Enfin

mmes

s'il

n'y avait pas de voleurs

les

feriuriers

mouraient de faim.
Il eft

trs vrai

que

la focict
les vices
j

bien gouver-

ne

mais il n'ell pas vrai que ces vices ibient ncellaires au


tire parti

de tous

bonheur du monde. On fait de trs bons remdes avec des poifons , mais ce ne font pas lespoifons qui nous font vivre. En rduifant
ainl la fable des
elle

abeilles

fa jufte valeur

pourait

devenir

un ouvrage de morale

utile.

ABRAHAM.
NOus ne devons rien divin dans
dire de ce qui eft
,

Abraham puifque l'Ecriture a tout dit. Nous ne devons mme toucher que d'une main refpedlueufe ce qui appar-

Abraham.
tient

5^
la

au prophane
,

ce

qui tient
,

go,

graphie

'Vordre
;

des

tems
,

aux murs

aux

ufiiges

car ces ufages


facre
,

ces

murs

tant
la

3is l'hiftoire

ce ibnt des

ruilTeaux

qui feniblent conferver


divinit de leur fource.

quelque chofe de

fait

quoique n vers l'Euphrate, Abraham une grande poque pour les Occiden,
,

taux taux

&

n'en fait point une pour les Orienchez lefquels il ett pourtant aul reC-

ped que parmi nous. Les mahomtans n'ont


de cronologie certaine que depuis leur hgire, La fcience des tems abfolument perdue dans les lieux o les grands vnemens font
arrivs
,

eft

venue enfin dans nos cUmats


s'eft

ces faits taient ignors..

Nous difputons
,

furtout ce qui

palT vers l'Euphrate

le

Jourdain,
d'hui
les

ceux qui font aujouri matres du Nil , du Jourdain & de


le

&
,

Nil

&

l'Euphrate

joulfent fans difputer.

ham
fa

55

Notre grande poque tant celle d'Ahradiffrons de foixante annes fur , nous naiffance. Voici le compte : Thar vcut foixante & dix 'ans , & Genfe engendra Abram Nacor & Aran. v'* ^^^ Thar ayant vcu deux cent cinq Y' 5, Et
,

ans

mourut Haran. Le Seigneur dit Abram


,

^^'
:

^^*

3,

tre pays

de votre famille
,

de votre pre

&

Sortez de vo- Gen. ch, de la maifon xii.^. i, venez dans la terre que
,

iij

9g

Abraham.
;

& je vous montrerai " d'un grand peuple.

je

vous rendrai pre

II parait d'abord vident par le texte , que Thar ayant eu Abraham foixante & dix ans , tant mort deux cent cinq j (Se Abraham tant forti de la Calde immdiatement il aprs la mort de fon pre avait jurte cent trente -cinq ans , lorfqu'il quitta fon Et c'elT; -peu -prs le fentiment de Aft. des pays. Apt. ch. St. Etienne dans fon difcours aux Juifs j mais vn. la Genfe dit : Gen. ch. Abram avait foixante & quinze ans , ^"'^4 lorfqu'il fortit de Haran.
,
'

C'eit
l'ge
di'

le

fujet de
j

la

principale difpute fur


il

Abraham

car

y en

a beaucoup

d'autres.

Comment Abraham
i*

tait-il la fois

g de cent trente-cinq annes , & feulement St. Jrme Se St. Aude foixante & quinze
giiftin

difent

que

cette

difficult

.efl:

inexpli-

cable.

Calmet , qui avoue que ces deux faints n'ont pu rfoudre ce problme , croit dnouer aifment le nud . en difant qu'^braham tait le cadet des enfans de Thar ^ quoique la Genfe le nomme le premier par confquent l'an.

Dom

&

La Genfe
foixante

&
le

Calmet

fait natre Abraham dans Isi dixime anne de fon pre ; 6c fait natre dans la cent trentime.

Une

telle conciliation

a t

un nouveau
texte

fujet

de querelle.

Dans

l'incertitude

le

&

le

corn-

Abraham.
njciitaire

391

nous

lailTent, le meilleur

parti eft

d'adorer fans
Il

difputer.

tems qui
rri
,

n'y a point d'poques dans ces anciens n'ait produit une multitude d'opi-

nions diirentes.
fbixante

Nous avions

luivant o^

&

dix fvftemes de cronologie

DicU mme. Depuis Morri il s'elt 'ev cinq nouvelles manires de concilier les textes de l'Ecriture i ainl voil autant de difputes fur Abraham , qu'on lui attribue d'annes dans le texte quand il fortit de Hjran. Et de ces foixante & quinze fyllmes il n'y en a pas un qui nous apprenne au jufte ce que c'eit que cette ville , ou ce village de Haran ni en quel endroit elle tait. Qiiel eft le fil qui nous conduira dans ce labyrinthe de querelles depuis le premier verfet julqu'au dernier La rilgnation. L'Efprit Paint n'a voulu nous apprendre ni k cronologie , ni la phyfique , ni la logique j il a voulu taire de nous des hommes craignant Dieu. Ne pouvant rien comprendre , nous ne pouvons tre que fournis.
fur rhiftoire dicte par
,
';'

Il ell

galement
,

difficile

de bien expliquer
,

comment Sara femme '/lhraljam tait aull fa fur. Abraham dit pofitivement au roi de
fa

Grar par qui Sara avait t enleve pour grande beaut l'ge de quatre-vingt-dix
,

ans

tant grolfe d'Ifaac

Elle

eft

vritable9

snent

ma [mir

tant

fille

de

mon pre
iiij

vaii

q.0

Abraham.
ma
vire
,

fWHpas e

^ j'en

ai fait

ma femme.

L'ancien Teftament ne nous apprend point

fur de fon mari. Dom jugement & la fagacir font connus de tout le monde , dit qu'elle pou-

comment Sara
Calmet
,

tait

dont

le

vait bien tre fa nice.

probablement un incefte non plus que chez les Perfes leurs voifins. Les murs changent flon les tems , & flon les lieux. On peut fuppofer {\}x' Abraham fils de Tl^' idoltre , tait encor idoltre quand il cpoufi Sara , foit
n'tait point

Ce

chez

les

Caldcns

qu'elle ft fa

fur

foit qu'elle fut fa nice.

Plufieurs pres de l'cglife excufent

moins
Sara
:

Abraham
Aijfi'tot

d'avoir

dit

en

Egypte

vue , vous prendront : dites donc , ils me tueront , je vous prie , que vous tes ma fur , aji}t que mon ame vive par votre grce. Elle n'avajc alors que foixante & cinq ans. Ainfi puifque vingt- cinq ans aprs elle eut un roi de Grar pour amant , elle pouvait bien avec vingt- cinq ans de moins infpirer quelque paffion au pharaon d'Egypte. En etFct ce pharaon l'enleva , de mme qu'elle fut enleve depuis par Abimelec roi de Grar , dans
que
les

Egyptiens loiis auront

le dfert.

Abraham
Pharaon
nes
,

reut en prcfent
,

la

cour de
,

beaucoup de bufs d'neffes , de chameaux

de

brebis

d',

de chvaux d

A
fei'viteurs

R A H A

M.

41

de fervcintes. Ces pr feus , qui font confidrables , prouvent que les Fh:u raons taient dj d'aiez grands rois. Le pays

de l'Egypte tait donc dj trs peupl. Mais


btir

pour y travaux immenfes , faire couler dans une multitude de canaux les eaux du Nil , qui inondaient l'Egypte tous les ans , pendant' quatre ou cinq mois & qui croupilfaient enfuite fur la

pour rendre
des

la

contre habitable
il

villes

avait

falu

des

terre

il

avait falu lever ces villes vingt pieds

au moins au-deffus de ces canaux. Des tra* vaux f confidrables femblaient demander
quelques
Il

lcles.

le

n'y a gures que quatre cent ans entro dluge le tems o nous plaons le

&

Ce les Egyptiens. peuple devait tre bien ingnieux & d'un travail bien infatigable pour avoir , en l peu de tenis , invent les arts & toutes les fciences j dompt le Nil , & chang toute la
voyage d'Abraham chez
face

du pays. Probablement mme

plulieurs

grandes pyramides taient dj bties , puifqu'on voit , quelque tems aprs , que l'art d'embaumer les morts tait perfedionn j les pyramides n'taient que les tombeaux o l'on dpofait les corps des princes avec les

&

plus augultes crmonies.

L'opinion de cette grande anciennet des pyramides eft d'autant plus vraifemblable

42
que
trois

Abraham.
cent ans auparavant
aprs
bti
,

c'eft--dire,

cent annes

l'poque du

dluge

les

Aliatiques avaient
cieux.

dans

les

plaines de

Sennaar une tour , qui devait aller jufqu'aux St. Jrme , dans l'on commentaire fur Ifae , dit que cette tour avait dj quatre mille pas de hauteur , lorfque Dieu deC cendit pour dtruire cet ouvrage. Suppofons que ces pas foyent feulement de deux pieds & demi de roi , cela fuit dix mille pieds ; par confquent la tour de Babel tait vingt fois plus haute que les pyramides d'Egypte, qui n'ont qu'environ cinq cent pieds. Oi" quelle prodigieufe quantit d'inftrumens n'avait pas t nceffaire pour lever un tel dince Tous les arts devaient y avoir concouru en foule. Les commentateurs en concluent que les hommes de ce tems - l taient incomparablement plus grands, plus forts, plus indurtrieux que nos nations modernes. C'eft-l ce que l'on peut remarquer propos Ci Abraham , touchant les arts & les fciences.
!

l'gard de

fa

perfonne
le

il

eft

vraifem-

blable qu'il fut

un homme

confidcrable.

Les

Perfms

les

Caldens

revendiquaient. L'an

cienne religion des mages l'appellait de tems immmorial, Kish-Ibralwi , Milat- Ibrahim, Et l'on convient que le mot Ibrahim eft pr-

cifment celui '/ibraham


ordinaire aux Afiatiques
,

rien n'tant plus qui crivaient ra-

Abraham.
cment les voyelles que de changer &; Va en i dans la prononciation.
,

4.5
l'i

en a ,

On
Brama

a prtendu

mme
,

qu' Ahrabam tait le


la

des Indiens

dont

notion tait par-

venue aux peuples de l'Euplirate qui commeraient de tems immmorial dans l'Inde.
teur de

Les Arabes le regardaient comme le fondala Mecque. Mahomet dans fon Koraii voit toujours en lui le plus rerpedable de fes prdcefleurs. Voici comme il en parle au
troifime fura
ni juif
i

ou

chapitre.
j //

Abraham

iCta

un miifulman or^ thodoxe i il 11 tait point du nombre de ceux qui donnent des conitpagnons Dieu.
ni chrtien
tait

La

tmrit de refprit
' Abraham,
,

humain

a t poulTe

jufqu' imaginer que les Juifs ne fe dirent;

defcendans
poftrieurs

que dans des tems trs

eurent enfin un tablilTement fixe dans la Palertine. Ils taient


lorfqu'ils

trangers
Ils

has & mprifs de leurs voifins. , voulurent, dit on , fe donner quelque relief en fe faifant pafler pour les defcendans i Abraham rvr dans une grande partie de 'Afe. La fol que nous devons aux livres facrs des Juifs
,

tranche toutes ces difficults.

Des

critiques

objedions fur
fes vidoircs.

le

non moins hardis font d'autres commerce immdiat qu'/^,

braham eut avec DiEU

fur Tes combats

& fur

44
gypte
lon
, ,

E
lui
:

R A

H A
les

M.
fa fortie d'E-^

Le Seigneur

apparut aprs
Jettez

&

lui dit
,

yeux vers P aqui-

l'orient

le

midi '^

l'occidtiit

Gen.

cil.

dojine

pour toujours vous

xuu
^

^
ejl

je vous

votre poJi~

* 5

^. rite jiifqn la fin des Jtcles , in fempiternum, /7 tout jamais , tout le pays que vous voyez. Le Seigneur , par un fcond ferment , lui

Ib.ch.xv.
ir. i8.

promit enfuite tout


jufqu' l'Euphrate.

ce

qui

depuis

le

Nil

Ces critiques demandent comment Dieu"


i E u a donner tout jamais la petite parti de la PaletHne dont ils font chaflcs depuis l longtems ?

a pu promettre ce pays immenfe que n'ont jamais poffd j & comment

les Juifs

pu

leur

que
Ibid.

Le Seigneur ajoute cncor la pollcrit ^ Abraham


la

ces promefles>

fera auf

nompeut

breufe que
co-mpter
la

poufre de la terre.
,

Si on

de la terre compter aujji vos defcendans.


poujfire

on poura

Nos

critiques inllftent
la

&

difent qu'il n'y

a pas aujourd'hui fur


jours regard
facr
,

furfoce de la terre

quatre cent mille Juifs , quoiqu'ils ayent toule mariage comme un devoir

&

que leur plus grand objet

ait t la

population.

fubditue^
breufe.
Il

rpond ces difficults , que l'glife, la fynagogue, eft la vritable race ' Abraham i & qu'en effet elle eft trs nomeft

On

vrai

qu'elle

ne poflede pas

ia

Pa-

A
leftine
;

B
elle

R A H A H.
peut
dj

45"

la polTder un jour conquiie du tems du pape Urbain II-, dans la premire croifade. En un mot , quand on regarde avec les yeux

mais

comme

elle

l'a

de

la foi l'ancien
,

Teftament
eft

comme une
,

figure
,

du nouveau

tout

accompli

ou

le fera

&

la faible

raifon doit fc taire.

On fait encor des difficults fur la vidoire ^idhraham on dit qu'il n'eft pas concevable qu'un tranger qui venait faire patre fes troupeaux vers Sodome , ait battu avec trois cent dix-huit gardeurs de bufs & de moutons jin roi de Perfe , im roi de Poyit , le roi
,

ait

le roi des nations , & qu'il les de Babilone , pourfuivis jufqu' Damas , qui eft plus

de cent milles de Sodome.


poiible

Cependant une telle victoire n'eft point imen voit des exemples dans ces j on tems hroques le bras de Dieu n'tait poinc
i

raccourci.
trois cent

Voyez Gdon
lampes
,

hommes arms
Voyez

, qui avec trois cent de trois cent cruches & de

dfait

une arme

entire.

Sanifon qui tue feul mille Philiftins

coups de mchoire d'ne.

Les hiftoires prophanes fournilTent mme de pareils exemples. Trois cent Spartiates arrtrent l'arme de Xerxs au pas des Termopiles.
Il eft
,

vrai qu' l'exception d'un feul

qui s'enfuit

ils

roi Lionidas

y furent tous tus avec leur que Xr^ evic h lhec de

4^
faire

Abraham.
pendre
,

au-lieu de lui riger


Il

une ftatuc

encor que ces trois Lacdcmonicns qui gardaient un paflage cent efcarp o deux hommes pouv-aicnt peine
qu'il

mcriniit.

cil vrui

gravir

la fois

taient foutrnus par

une

ar-

nite de dix mille Grecs dilhibus dans des poftes avantageux , au milieu des rochers

d'Olfa

&

de Plion
qu'il

&

il

faut encor bien re-

y en Termopiles mmes.
marquer

avait quatre mille

aux

Ces quatre mille prirent aprs avoir longtems combattu. On peut dire qu'tant dans un endroit moins inexpugnable que celui des
cent Spartiates , ils y acquirent encor plus de gloire , en fe dfendant plus dcouvert contre l'arme Perfannc qui les tailla tous en pices. Aulli dans le monument rig detrois

puis fur

le

champ de

bataille
-,

on

fit

mention

de ces quatre mille victimes & l'on ne parle aujourd hui que des trois cent.

Une

action plus

mmorable encor

moins clbre,

eft celle

, Se bien de cinquante Suiifes,

en 13 15. qui mirent en droute Morgate toute l'arme de l'archiduc Lopold d' Autriche , com-

pofe de vingt mille hommes. Ils renveifcrent feuls la cavalerie coups de pierres du haut donnrent le tems quatorze d'un rocher ; cent Helvtiens de trois petits cantons de

&

venir achever

la

Cette journe de Morgate

dcfte de l'arme. eft plus belle

Abraham.
,

47

que celle des Termopilcs puifqu'il cfi; plus beau de vaincre que d'tre vaincu. Les Grecs taient au nombre de dix mille bien arms ;
impoinble qu'ils euflent affaire un pays montagneux. Il eft plus que probable qu'il n'y eut pas trente mille Ferfes qui combattirent. Mais ici quatorze cent Suiies dfont une arme de vingt mille hommes. La proportion du petit: nombre au grand augmente encor la proportion de la gloire. O nous a conduits
il

&

tait

cent mille Perfcs dans

Abraham ?
Ces digreions amufent
Se quelquefois celui

celui qui les fait.

qui

les

lit.

Tout
les

le

monde

d'ailleurs cft

charm de voir que

gros ba-

taillons foient battus par les petits:

ABUS.
Vice
les

attach tous les ufages


loix
;
,

toutes

toutes les

inftitutions des

hommes

le dtail

n'en pourait tre contenu

dans aucune bibliothque. Les abus gouvernent les tats. Maximus ile rft qui minhnis urgetiir. On. peut dire aux Chinois , aux Japonois , aux Anglais , Votre gouvernement fourmille d'abus que vous ne corrigez point. Les Chinois rpondront , nouy fubfiftons en corps de peuple depuis cinq mille

4S

Appel
la

d'

a b u

s.

ans, & nous femmes aujourd'hui peut-tre la nation de la terre la moins iiitbrtiince , parce

que nous fommes


dira
,

plus tranquille.

Le

]d~

ponois en dira -peu-pres autant.

L'Anglais

nous fommes puiians fur mer ,

&

aHez

notre aife fur ten-e. Peut-tre dans dix raille

ans perfectionnerons - nous nos ufages. Le grand fecret cd d'tre cncor mieux que les autres avec des abus normes. Nous ne parlerons icn que de Vtj>pel corn-

me

d'abus.

C'eft

une

erreur

de

penfer

qiie
,

matre

pierre e Qugnires

chevalier es loix
,

avocat

du

roi

au parlement de Paris

ait appelle

com-

me
La

d'abus en 1330, fous Philippe de Valois. formule d'appel comme d'abus ne fut inla fin
fit

troduitc que lur

Pierre Cuguires

ce qu'il put

du rgne de Lous XII. pour refor-

mer
dont

l'abus
les

des

parlemeiis
les
j

ufurpations ecclllaltiques tous les juges fcculiers ,

&

tous

feigneurs haut-jufticiers fe plaiil

gnaient

mais

n'y ruiit pas.

Le
des

clerg n'avait pas

moins

fe plaindre

feigneurs qui n'taient aprs tout que

des tyrans
toute juftice
tiques

ignorans
\

qui avaient corrompu


les

&

ils

regardaient

ecclfiaf*
lire

comme
le

des tyrans qui favaient

&

crire.

Enfin

roi
,

dans, fon palais

convoqua les deux parties & non pas dans fa cour du


par^

Appel

d'

a b u

45

parlement , comme le dit Pafquier i le roi s'afdes pairs , des fit fur fon trne , entour hauts - barons , & des grands - officiers qui compofaient ion confeil. Vingt vques comparurent ; les feigneurs complaignans apportrent leurs mmoires. L'archevque de Sens & l'vque d'Autun Il n'eil point dit parlrent pour le clerg. quel fut l'orateur du parlement & des feigneurs. Il parat vraifemblable que le diC cours de l'avocat du roi fut un rfum des
allgations des
qu'il et parl

feigneurs

&

deux parties. Il fe peut aul pour le parlement & pour les que ce ft le chancelier qui

rfuma

les

raifons allgues de part

& d'autre.

Quoi

&

en foit, voici les plaintes des barons du parlement rdiges par Pierre Cugnires.
qu'il

I^. Lorfqu'un laque ajournait devant le juge royal ou feigneurial un clerc qui n'tait pas mme tonfur , mais feulement gradu , l'official figninait aux juges de ne point patfer outre , fous peine d'excommunication

&
les

d'amende.
II"^.

La

iurifdiclion

ecclfiaftique forait

comparatre devant elle dans toutes leurs conteltations avec les clercs pour
laques de
fuccelion
,

prt d'argent

&

en toute ma

,tiere civile.

IIP. Les vques


Premire partie*

8c

notaires dans les terres

mmes

abbs tabliffaient des des laques,

p r E L

d'

A B u

s.

IV. Ils excommuniaient ceux qui ne ( le payaient pas leurs dettes aux clercs juge laque ne les contraignait pas de payer ?
-,

&

excommuniaient le juge. V. Lorfque le juge fculier avait faifi un voleur il falait qu'il remit au juge ecclfiaitique les effets vols , finon il tait cxcomils
,

niuni.

VI^.
nir fon

Un excommuni

ne

pouvait obte-

abfolution fans payer

une amende

arbitraire.

&

VIP. Les officiaux dnonaient tout laboureur & manuvre , qu'il ferait damn priv de la fpulture , s'il travaillait pour
un excommuni. VIII^. Les mmes officiaux
s'arrogeaient de

faire les inventaires

dans

les

domaines

mme

du

roi

fous prtexte qu'ils favaient crire.


Ils fe feifaient

IX".
fa

un nouveau mari
femme.

la libert

payer pour accorder de coucher avec

X. Ils s'emparaient de tous les teftamens. XI. Ils dclaraient damn tout mort qui
""avait

point
il

fait

de teftament
laiif

parce qu'eiv
i

ce cas

n'avait rien

l'glifc

&

pour

lui lailfer

du moins
fefaient

les

honneurs de

l'enterre-

ment

ils

en fon
-

nom un

teftament

plein de legs pieux. Il y avait foixante femblables.

fx griefs

peu - pri

Fime

Roger

archevque

de Sens, prit

Appel
,

d'

a b u

s.

yi

ilivammdnt la parole c'tait un homme qui paiFait pour un vafte gnie , & qui fut depuis pape fous le nom de Clment VI. Il protefta d'abord qu'il ne parlait point pour tre jug , mais pour juger fes adverfaires , & pour inllruire le roi de fon devoir. Il dit que JSUS -Christ tant Dieu & homme avait eu le pouvoir temporel & fpirituel ; & que par confquent les miniftres
de rglife qui
Voici
lui avaient
les

fuccd taient les


fans exception.

juges ns de tous

hommes

comme

il

s'exprima.

Sers Dieu dvotement


I3aille

- lui largement
fa

Rvre

gent duement
le fien

Rends-lui

entirement.

Ces rimes
berts

firent

un

Libellas Bertrandi Cardimilis.

trs bel effet. ( Voyei tome I-r des li-

de

l'glife

Gallicane. )

Pierye Bertrandi vque d'Autun entra dans de plus grands dtails. Il aifura que l'excommunication n'tant jamais lance que pour un pch mortel , le coupable devait faire pnitence , & que la meilleure pnitence
tait de

donner de l'argent
les les

l'glife.

Il

re-

prfenta que

juges ecclfiaftiques taient


juges
,

plus capables que

royaux ou feigneu-

ridux de rendre juftice

parce qu'ils avaient

tudi les dcrtales que les autres ignoraient.

Dij

*^^

i'

I)'

A B U

S.

Mais on pouvait
oViliger les baillifs

lire les

repondre , qu'il Eilait prvts du royaun'ic dcrctalcs pour ne jamais les iliivre.
lui

&

les

Cette grande aflemblc ne fer vit


le roi croyait avoir befoin alors de
le

rien

mnager

pape n dans fon royaume , figeant dans ennemi mortel de l'empereur , & La politique dans tous Loiis de Bavire. les tcms conferva les abus dont fe plaignait la jultice. Il refta feulement dans le parlement une mmoire ineffaable du difcours de Pierre Cugnires. Ce tribunal s'affermit dans l'ufige o il tait dj de s'oppofer aux pr-

Avignon

clricales j on appella toujours des fentences des officiaux au parlement , peu-

tentions

&

-peu

cette

procdure

tut

appelle

Appel

comme cVahm.
Enfin tous les parlemens du royaume fc font accords laiffer l'glife fa difcipline, juger tous les hommes indiftindemen&

&

fuivant

les loix

de

l'tat

en confervant

les

formalits prefcrites par les ordonnances.

ABUS DES MOTS.


LEs livres donnent
Rien
n'eft
i
,

comme

les

converfations
des
ides
lire

nous

rarement

prcifes.

commun que

de

&

de cou-

jrerfcr inutilement.

^
Il

D E
ici

O T

sr

f^
re-

faut rcpctcr
,

ce

que Loche a tant


n'a

om mand djinijjez les termes. Une dame a trop mang &


fait d'exercice
,

point

malade ; Ton mdecin apprend qu'il y a dans elle une humeur? lui peccante , des impurets , des obftrudions des vapeurs & lui prefcrit une drogue qui purifiera Ton fang. Qiielle ide nette peuvent donner tous ces mots La malade & les parens qui coutent ne les comprennent pas plus que le mdecin. Autrefois on ordonnait une dcoclion .de plantes chaudes ou froides au fcond au troilime degr.
elle eft
,
'^

Un
nel
,

jurifconfulte

dans fon

iiiftitut

crimi-

annonce que l'inobfcrvation des ftes dimanches eft un crime de lze - majeft divine au fcond chef. Majej divine donne d'abord l'ide du plus norme des crimes , & du chtiment le plus affreux j de quoi
s'agit -

&

manqu vpres , ce qui il ? D'avoir peut arriver au plus honnte homme du


monde.

Dans

toutes les difputes fur

la

libert

un

argumentant entend prefque toujours une chofe , & fon adversaire une autre. Un
troilime furvient qui n'entend
ni
le

pre-

mier

ni

le

fcond

&

qui

n'en

eft

pas

entendu.

Dans
la
t.te

les difputes

fur la libert
,

l'un a dans

la puiffauce d'agir

l'autre la puiffaiice

iij

, ,

f4
ils

D E

O T

de vouloir , le dernier le defir d'excuter i courent tous trois cliacun dans fon cercle , & ne fe rencontrent jamais. Il en eft de mme dans les querelles fur Qui peut comprendre fa nature , la grce. oprations , & la fulfifante qui ne fuffit fes pas , & l'efficace laquelle on rlilte ? On a prononc deux mille ans les mots de forme fubftantielle fans en avoir la moindre notion. On y a fubftitu les natures
plaftiques

fans

rien gagner.

il

voyageur eft arrt par un torrent ; demande le gu un villageois qu'il voit


;

Un

crie le

de loin vis--vis de lui payfan ; il prend


j

prenez droite

lui

la droite 8i fc
!

l'autre court lui

Eh malheureux

noy i je ne

vous avais pas


mais
la

dit d'avancer votre droite

mienne.
eft

Le monde mule
,

plein de ces mal-entendus.

Comment un Norvgien
couvrira-t-il

en

lifant cette for-

fervitetir des fervteurs

que

c'elt

<^<? Dieu , dl'vque des vques ,


j*

&

le roi

des rois qui parle


le

tems que les fragmens de Ttrone grand bruit dans la littrature , Meihom'ms grand lavant de Lubec lit dans luic lettre imprime d'un autre favant de Bologne i Nous avons ici un Ptrone entier
fefaient
,

Dans

ie

l'ai

vu de mes yeux
hic
,

&

avec admiration
,

itiabemiis

Fetroniiim integriira
tion fine i^dminuions.

quem
.

vidi

nieis ociilis

Auii-tt

Abus DES MOTS,


il

^^
,

part pour
le

l'Italie

court Bologne
,

va

trouver

bibliothcaire Capponi

lui

deman-

qu'on ait Bologne le P^ Capponi lui rpond que c'e(t une cliofe ds longtems publique. Puis-j voir ce Ftrone ? Ayez la bont de me le montrer. Rien n'eft plus aif , dit Capponi, Il le mne l'glife o repofe le corps de
de
s'il

eft vrai

troue entier.

5"/.

Vtrone.

Meibomius prend

la

pofte

&

s'enfuit.

un abb guerrier, pour Vdihh, Martial^ cent hiiloriens Ibnt tombs dans de plus grandes mprifes. Le jfuite d'Orlans dans fes Rvo~ huions d'Angleterre , mettait indiifremment Northtantpton & Southampton , ne fe trompant que du nord au fud.
Si le jfuite Daniel a pris
,

viartialem abbatem

Des termes mtaphoriques pris au fens propre , ont dcid quelquefois de l'opinion de vingt nations. On connat la mtaphore d'faie comment es - /// tombe du ciel toile de lumire qui te levais le matin ? On s'imagina
,

que

me

au diable. Et commot hbreu qui rpond l'toile de Vnus a t traduit par le mot Lucifer en
ce difcours s'adreflait
le
,

latin

le

diable depuis ce tems

l s'eil

tou-

jours appelle Lucifer.

On s'effc fort moqu de la carte du tendre de madlle Scudri. Les amans s'embarquent fur le fleuve de tendre , on dne ten-

iiij

^6"

A
,

ir

s
,

D E

O T

s.'

nation

on foupc tendre fur inclion couche tendre fur dfir le lendemain on fe trouve tendre fur paillon Se
dre fur ellinie
; ,

enfin tendre fur tendre.


tre ridicules
lies
,
,

Ces ides peuvent

furtout quand ce font des Cl-

des

Horatins

Cods

&

des

Romains

voyagent j mais cette carte gographique montre au moins que l'amour a beaucoup de logcmcns diifrens. Cette ide fait voir que le mme mot ne Cgnifie pas la mme chofe , que la diirence cft prodigieufe entre l'amour de Tarquin & celui de Cladon.
auftres
agreftes qui

&

Le
mots
,

plus fingulier exemple

de cet al^us des de ces quivoques volontaires , de ces


caiif tant

de querelles, Chine. Des millionnaires d'Europe difputent entr'cux violemment fur la fignification de ce mot. La cour de Rome envoy un Franqais nomm Maigrot , qu'elle fait cvque imaginaire d'une province
eft le Kinj-tien

mal-entendus qui ont


de
la

de

la Chine pour juger de ce diffrend. Ce Maigrot ne fait pas un mot de chinois j l'em-

pereur daigne lui faire dire ce qu'il entend par King-tien i Maigrot ne veut pas l'en
croire
,

&
la

fait

condamnex

Rome

l'empe-

eur de

Chine.
point fur cet abus des mots.
,

On
En

ne

tarit
,

hiftoire

en morale

en juiifprudencc

A
Cil

B U

1)

E s

O T

s.

^7
,

mdecine , mais furtout en thologie dez - vous des quivoques.


Boileaii n'avait

gar-

pas tort quand

il fit

la fa-

tyre qui porte ce


iaire
,

nom

il

mais

il

a des vers

mieux dignes de lui que


et

pu

la

l'on cite tous les jours

Lorfque chez

tes fujets l'un contre l'autre


fait

arms
,

Et

fur
fis

un Dieu

homme au combat

anims
fi

Tu

dans une guerre

&

fi

vive &.

longue

Prir tant de chrtiens martyrs d'une diphtongue.

ACADMIE.
LEs acadmies l'ge mr
bien parler
liteife eft

font aux univerilts ce que


i

ett l'enfance

ce
;

eft la

grammaire

ce

que l'art de que la po-

aux premires leons de la civilit. acadmies n'tant point mercenaires , doivent tre abfolument libres. Telles ont t les acadmies d'Italie , telle eft l'acadmie
Les
Franaife
,

&

furtout

la

focit

royale

de
elle-

Londres. L'acadmie Franqaife qui

s'eft

forme
-

mme

re(;ut la vrit

des lettres

patentes
,

de Louis XIII , mais fans aucun falaire par confquent flms aucune fujtion. C'eft ce qui engagea les premiers hommes du royau-

&

me &
,

jufqu' des princes,

demander

d'tre

^8'

Acadmie.
illuftre

admis dans cet Londres a eu le

corps.

La

focict

mme
,

avantage.

Le

clbre Colhert tant

membre

de
-

l'aca-

tlmie Fiancaife
fcs confrres
les devifes

employa quelques uns de compofcr les infcriptions &

les btimens publics. Cette dont furent enfuite Racine & Boilean devint bientt une acadmie part. On peut dater mme de l'anne 1663 l'tablilfement de cette acadmie des infcriptions

pour

petite aflemble
,

nomme

aujourd'hui ^ks belles-lettres , & celle de l'acadmie des fciences de 1667. Ce font deux tabliifcmens qu'on doit au mme miniltre qui conribua en tant de genres h fplendeur du ficcle de Loi's XIV.
Lorfqu'aprs
hert
la mort de Jean - Butijle Coldu marquis de Louvois le comte
,

&

celle

de Fontchartrain fecrtaire d'tat eut le dpartement de Paris , il chargea l'abb Bignon fon neveu de gouverner les nouvelles acadmies.

On

imagina des places d'honoraires qui n'exi,

geaient nulle fcience

&
,

qui taient fans r-

tribution

des places de penfionnaires qui detravail

mandaient du

dfagrablement
,

tingues de celles des honoraires


d'aflbcis fans penfion,
titre

des places

&

des places d'lves,

encor plus dfagrable & fup prim depuis. L'acadmie des belles - lettres fut mife fur

le mme pi. Toutes deux fe foumirent la dpendance immdiate du fecrtaire d'tat.

Acadmie.
Se la

5-9

diftinction

rvoltante des honors


des lves.

des penlionncs

&

L'abb Bignon ofa proporer le mme rglement l'acadmie Franaife dont il tait membre. Il fut reu avec une indignation unanime. Les moins opulens de racadmie
premiers rejetter fes offres l'honneur des penfions. L'abb Bignon , qui avec Tintention louable de faire du bien , n'avait pas alTez mnag la nobleife des fentimens de fes confrres , ne remit plus le pied l'acadmie Fran(:aife ; il rgna dans les autres tant que le comte de Fontchartrain fut en place. Il rfurent
les
,

&

prfrer la libert

&

fumait mme les mmoires lus aux fances publiques , quoi qu'il faille l'rudition la plus profonde ik la plus tendue pour rendre compte fur le champ d'une diifertation fur de mathdes points pineux de ghyfique

&

matique
la

&

il

paifa
les

pour un Mcne.
difcours a
ceif
j

ufage de rfumer

Cet mais

dpendance

eft

demeure.

devint fi clbre , que qui tait une efpce de favori, eut obtenu l'tabhflemcnt de fon opra en
lorfque
Ltilli
,

Ce mot

^ acadmie

le crdit de faire infrer dans que c'tait une acadmie royale de miiftqiie '^ que les gentihhommes les de noif elles pour aient y chanter fans droger. H ne fit pas le mme honneur aux danfeurs
,

1672
les

il

eut

patentes

^o

A
;

I
le

t.

& aux
On
t,

daiifcules

ccpeiiJniu

public a

toi,

jours coiifervc Thabitude d'allef Topera


Jiimais l'acddcnuc de
fait
,

&

mulique.

des Grecs

figuifiait

que ce mot acadmie emprunte originairement une foci-

de philofophie d'Athnes qui dans un jardin lgu par Acadmiis. Les Italiens furent les premiers qui inftiturent de telles focits aprs la renailTance des lettres. L'acadmie de la Crnfca eft du feizime ficle. Il y en eut enfuite dans toucole
s'airciiiblait

une

tes les villes

les fciences taient cultives.

Ce
ce
,

titre a t
l'a

tellement prodigu en Fran-

qu'on

donn pendant quelques annes


,

des alfcmbles de joueurs


trefois des tripots.

qu'on appellait auacadmies de jeu.

On

difait

On
ti

appella les

rquitation
lies

&

jeunes gens qui apprenaient l'efcrime dans des coles def,

ces

arts

acadmijes

& non

pas

acad'cinicieus.
'

Le

Vitre d'acadmicien n'a t attach par

'ufa^^e

qu'aux gens de
,

lettres des

trois aca,

dmies

la

Franqaile

celle des fciences

cell

des inlcriptions.

L'acadmie Francaife a rendu de grands


fervices
la

langue.

Celle des fciences a t trs utile en ce qu'elle

n'adopte aucun fyftme

&

qu'elle public les

dcouvertes

&

les tentatives
s'eft

nouvelles.

Celle des infcriptions

occupe des

re.-

B B

s,

^r

herches fur les monumens de l'antiquit , 8c depuis quelques annes il en eft forti des

mmoires
C'eft

trs inllrudifs.

un

devoir tabli par rhonntet pules

blique que

membres de
les

ces trois

acad-

mies
les bli

uns les autres dans recueils que ces focits impriment. L'oufe

refpedent

de cette politefTe
groflirete

ncefliiire eft trs rare.

gures t reproche de nos jours qu' l'abb Foucher de l'acad- Voyez le mie des infcriptions qui s'tant tromp dans Mercure un mmoire fur Zorocijtre , \ oulut appuyer fa de France mprife par des expreiions qui autrefois '"'" P^S' taient trop en ufage dans les coles, & que l^^'^^
n'a
,

Cette

le

favolr vivre a profcrites

mais

le

corps lumepag.
144.

n'eft pas refponfable des fautes des

membres.

&

La

focit

de Londres n'a jamais pris


les

le Aotpag,'

titre A'acarlmie.

Les acadmies dans


natre l'mulation

duit des avantages fignals.

provinces ont proElles ont fait

^"~ *f^"^^ ^7^9*

tum
dilfip

le"^

forc au travail , accou, jeunes gens de bonnes ledures

l'ignorance
,

&
le

les

prjugs de quel-

ques

villes

infpir la politeife

&

chaif au-

tant qu'on

le

peut

pdantifme.

62

M."

ADAM.
a tant parl , tant crit A'Adtvn , de fu feinme, des pr-adamites &c....lcs rabiiis ont dbit llir Adam tant de rveries , il elt i\ plat de lpter ce que les autres ont

ON
,

&

qu'on hazardc ici fur Adam une id neuve du moins elle ne fe trouve dans allez aucun ancien auteur , dans aucun pre de l'glife ni dans aucun prdicateur ou thologien ou critique ou fcholiafte de ma condit
, , ,

nalifancc.

C'etl:

gard fur
livres

Adam

except en
juifs

profond fecret qui a t dans toute la terre habitable, Palelline jufqu'au tems o les
le
,

commencrent
,

tre

dans Alexandrie
grec fous
trs

lorfqu'ils furent traduits

connus en

un

des Ftolomes,
i

Encor

furent-ils

peu connus

les
;

rares

&

trs

chers
11

gros livres taient trs & de plus les Juifs de

Jrufalem furent

en colre contre ceux d'Alexandrie , leur firent tant de reproches d'avoir traduit leur Bib'e en langue prophane

leur diient tant d'injures


,

& crirent i haut au Seigneur que les Juifs Alexandrins cachrent leur tradudion autant qu'ils le purent. Elle fut (i fecrette qu'aucun auteur Grec ou Romain n'en parle jufqu'au tems de l'empereur Anrdisn,

Adam.

^3

Or rhiftoiien Jofephe avoue dans fa rponfe Appion , que les Juifs n'avaient eu fongtems aucun commerce avec les autres nations. Nous habitons (dit -il) un pays loign de lu mer j nous ne nous appliquons point au commerce , nous ne communiquons point avec les autres peuples T a-t-il fujet de s'tonner que notre nation habitant (i loin de la
mer
,

affectant de ne rien crire

ait t fi

peu coiniue f" a^ On den]andera ici comment Jofephe pouvait dii'e que fa nation affelait de ne rien
crire lorfqu'elle avait vingt-

deux

livres cano-

niques

fans compter le
petits

Targum

d'Onkelos,

Mais

il

faut confidrer

mes

trs

que vingt-deux volutaient fort peu de chofe en

comparaifon de la multitude des livres con fervs dans la bibliothque d'Alexandrie , dont la moiti fut brle dans la guerre de
Cfar.
Il eft

conftant que les Juifs avaient trs peu

crit

trs

peu

lu

qu'ils taient
,

ignorans en aftronomie

profondment en gomtrie , en
,

a) Les Juifs taient trs connus des Perfes


qu'ils furent

puif-

empire; des Egyptiens , puifquils firent tout le commerce d'Alexandrie des Romains , puifqu'ils avaient des fynagogues
difpsrfs dans leur
;

Rome

mais

tu.nr

au milieu des nations

, ils

furent toujours fpars par leur inftitution.

Ils

en ne

mangeaient point avec les trangers , niqurent Isurs livres que trs tard.

& ne

commu-

64-

A
,

A
i

M.'

gographie

en phyliqiie

qu'iis

ne
,

lavaieiiu

rien de rhilloue des autres peuples

&

qu'ils

ne commencrent endn s'inlhuire que dans Alexandrie. Leur langue tait un mlange barbare d'ancien phnicien

rompu.

de caldcn cor, & pauvre qu'il leur manquait pluficurs modes dans la conjugaifon de
Elle tait
fi

leurs verbes.

De

plus, ne

commujiiquant aucun trantitres


,

ger leurs livres ni leurs


la terre
,

pcrfonne fur
ni 'Abel

except eux
,

n'avait jamais entendu


' Eve
, ,

parler ni ' Adam

ni

ni

de

Ccini

connu

de No. Le feul Ah-nham fut des peuples orientaux dans la fuite


,

ni

des tenis.

Tels font les fecrets de la Providence que pre & la mre du genre -humain furent toujours entirement ignors du genre- humain , au point que les noms d'Adiun Se
le

d'Eve ne
teur
,

ni de la
,

Perfe

mmes Dieu daigna

trouvent dans aucun anci.en auGrce ni de Rome , ni de l* ni de la Syrie , ni chez les Arabes jufques vers le tcms de Mahomet.
fe

permettre que les titres de la grande famille du monde ne fulfent confervs; que chez la plus petite & la plus malheureuic

partie de la famille.

Comment fe peut -il faire qu'Adam 8c Eve ayent t inconnus tous leurs entans ? Comment ne fe trouvu-t.il ai en Egypte, ni

A
Babiloiie

A
,

Jt.

^f

aucune trace

nos premiers pres ? Linus j ni Tbamiris n'en parlrent ils Car s'ils en avaient dit un mot , ce point mot aurait t relev fans doute par HcJiode , & furtout par Homre , qui parlent de tout , except des auteurs de la race humaine.
ni
i*

aucune tradition de Pourquoi ni Orphe

Clment d'x\lexandrie qui rapporte tant de tmoignages de l'antiquit , n'aurait pas manqu de citer un paliige dans lequel il aurait t fait mention d'Adam & A'' Eve. Ettfbe , dans fon hijioire imiverfelle , a recherch jufqu'aux tmoignages les plus fuC
pedts
trait
,

il

le

aurait bien fait valoir le moindre moindre rapport en faveur de nos

premiers parens. Il eft donc avr qu'ils furent toujours entirement ignors des nations.
chez les bracmanes , Ezonrveidam , le nom iAdimo & celui de Procriti fa femme. Si Adi^ mo reifemble un peu notre Adam , les Indiens rpondent : Nous fommes un grand peuple

On

trouve

la vrit
l'

dans

le

livre intitul

5,

tabli vers l'Indus fleurs ficles avant

&
que

vers
la

le

Gange

plu-

3)

horde Hbraque 3, fe ft porte vers le Jourdain. Les EgypPerfans , les Arabes venaient 5, tiens , les chercher dans notre pays la fagefl & les 5, piceries , quand les Juifs taient inconnus au refte des hommes. Nous ne pouvons Fremire partie. E

avoi*
5,

Adam.

pris notre Adimo de leur Adam. Notre Procriti ne reflemble point du tout 3, Eve , & d'ailleurs leur hiiloire eft entirement diffrente. 5, ,, De plus le Veidaui , owtV Ezoirveidam eft le commentaire , pafTe chez nous pour
5, 3, j,

tre d'une antiquit plus recule

des livres juifs

5,

5,

nouvelle loi 2e cent ans aprs leur premire loi appel" le Shajla ou Shajla-bad. Telles font -peu prs les rponfes que les
faites
,

que celle Veidam eft encor une donne aux bracmanes quin>

&. ce

brames d'aujourd'hui ont fouvent aumniers des vailFeaux marchands


des jfuites Portugais.

aux

de l'aveu

Le Phnicien Sanchoniaton , qui vivait certainement avant le tems o nous plaons


, & qui eft cit par Eufehe comme un auteur autentique , donne dix gnrations la race humaine comme fait Mofe jufqu'au tems de No j & il ne parle dans ces dix

Mo'ife b)

gnrations ni

d'Adam
,

ni ' Eve

ni d'aucun

de leurs defcendans

ni de

No mme.

b) Ce qui fnit penfer plufieurs favans que Sanchoniaton eft antrieur au tems o l'on p'ace Mo/e c'eft qu'il n'en parle point. Il crivait dans Erithe <!ette ville tait voifinc du pays o les
,

Juifs

s'tablirent.

Si

Sanchoniaton avait t poft,

fieur

ou contemporain il n'aurait pas omis les prodiges pouvantables dont Moife inonda l'Egypte;

Adam;
,

sf

Voici les noms des premiers hommes , fui, vant la tradiiclion grecque faite par Fhilon de Biblos. jEon Genos , Phox , Liban , Vfou , Hait eus , Cbrifor , Tecnitei , Agrove , Amin, Ce font -l les dix premires gnrations. Vous ne voyez le nom de No , ni ^Adam

dans aucune des antiques dynafties d'Egypte; ils ne fe trouvent point chez les Caldens en un mot la terre entire a gard fur eux le
(lien ce.

Il faut avouer qu'une telle rticence eft fans exemple. Tous les peuples fe font attribus des origines imaginaires j & aucun n'a touch la vritable. 0\\ ne peut comprendre comment le pre de toutes les nations a t ignor longtems ; fon nom devait avoir vol de bouche en bouche d'un bout du monde

l'autre

flon le

cours naturel des chofes

humaines. Humilion-s-nous fous les dcrets de la Providence qui a permis cet oubli ( tonnant. Teut a t niyftrieux & cach dans la nation conduite par Dieu mme qui a prpar la
11

aurait

frement
fa patrie

fait

mention du peuple Juif qui

mettait
cain
,

feu
,

&

fang. Eufbe
les

JuU

Afri-

5;.

Ephrem

tous

pres Grecs

&

Syria-

ques auraient cit un auteur prophane qui rendait tmoignage au lgislateur Hbreu. Eujbe furtout qui reconnat l'auteniicit de Sanchoniaion , qui en a traduit des fragmens , aurait traduit tout ce qui

&

et regard Mofe,

ii

^8
fauvage fur

Adam.
,

voie au chriftianinne
lequel
efl;

&

qui a ct l'olivier
l'olivier

ent

franc.

Les noms des auteurs du genre - humain , ignors du genre -humain, font au rang des
plus grands myllres.

ADORER.
N'Eft-ce
pas

un grand

dfaut
,

dans quel-

ques langues modernes qu'on fe fervc du mme mot envers l'Etre fuprme & une fille ? On fort quelquefois d'un ferrson o le
prdicateur n'a parl que d'adorer
efprit

Dieu en
l'opra
objet

&
,

en

vrit.

De

on court

il

n'eft queftion

que du charmant

j^adore

&

que

des

aimables traits dont ce hros

adore

les

attraits.

les Grecs & les Romains ne tombrent point dans cette prophanation extravagante. Horace ne dit point qu'il adore LaTibiille n'adore point Dlie. Ce terme lag.

Du

moins

mme
Si

d'adoration n'eft pas dans Ptrone. quelque chofe peut excufer notre indcence , c'eil que dans nos opra & dans nos chanfons il eft fouvent parl des Dieux de la fable. Les potes ont dit que leurs Philis
adorables que ces fauifes divinits

taient plus
,

&

perfoiuie ne pouvait les en blmer.

Adorer.
FiT--peii
ilon

i^9
cette exfref.

on

s'eft

accoutum

, au point qu'on a trait de mme le Diku de tout l'univers & une chanteufe de l'opra

comique , fans qu'on s'apperqt de ce ridicule. Dtournons-en les yeux , & ne les arrtons que fur l'importance de notre fujct.
II n'y a point de nation civilife qui ne rende un culte public d'adoration Ditu. Il eft vrai qu'on ne force perfonne ni en Afie , ni en Afrique d'aller la mofque , ou au temple du lieu ; on y va de fon bon gr. Cette

affluence aurait
efprits des

pu mme
,

fervir runir les

hommes &

les rendre plus

doux

Cependant on les a vus quelquefois s'acharner les uns contre les autres dans l'afyle mme confacr la paix. Les
dans
la focit.

zls

falem

Nous

inondrent de fang le temple de Jru, dans lequel ils gorgrent leurs frres avons quelquefois fouill nos gUfes

de carnage.
de la Chine on verra que l'empremier pontife , & combien le culte eft augufte & iimple. Ailleurs il eft fimple ians avoir rien de majeftueux 3 comme chez les rforms de notre Europe , & dans l'Amrique Anglaife. Dans d'autres pays il faut midi des flambeaux de cire qu'on avait en abomination dans les premiers tems. Un couvent de religieufes , qui on voudrait retrancher les
l'article

pereur

eft le

ii]

70
cierges
teinte
,

Adorer.
crierait
Se

que

la

lumire de
finir.

la

foi eft

que

le

monde va

L'cglife Anglicane tient le milieu entre les

pompeufes crmonies romaines


refle des calvinilles.

&

la

fche*

Les chants

la

danfe

& les flambeaux taient


,

des crmonies elTentielles aux ftes f'acres de tout rOricnt. Quiconque a lu fait que les anciens Egyptiens faifaient le tour de leurs en danfant. Poinc temples en chantant d'inftitution facerdotale chez les Grecs fans

&

des chants & des danfes. Les Hbreux prirent cette coutume de leurs voilins i David chantait & danfait devant l'arche. St. Matthieu parle d'un cantique chant par Jsus -Christ mme & par les aptres Hmno aprs leurs pques. Ce cantique qui ell parvedifo. St. 11U jufqu' nous , n'eft point mis dans le canon Matth. (jgg livres facrs on en retrouve les , mais ^' Jv' fragmens dans la 237^ lettre de St. Aiigujlin

dit pas
il

Ceretius St. Aiigujiin ne que cette hymne ne fut point chante j il ne n'en rprouve pas les paroles con-

l'vque

damne

les prifcillianiftes

qui admettaient cette

hymne

dans leur vangile , que fur l'intererrone qu'ils en donnaient , & qu'il trouve impie. Voici le cantique tel qu'on le trouve par parcelles dans Angitjiin mme.
prtation
Je veux dlier, Je veux fiuver
,

& je veux tre dli. & je veux tre fauve

Adorer.
Je veux engendrtr Je veux chanter
Je veux pleurer
;

^j

&

je

veux fre engendr.

danfei tous de joye.

frappez-vous tous de douleur.


je

Je veux orner

,&

veux tre orn.

le

fuis la latnpe

pour vous qui

me voyez.
y
,

Je

fuis la

porte pour vous qui


fais

frappez.

Vous

qui voyez ce que je

ne dites point ce que

je fais.

J'ai

jou tout cela dans ce difcours


tout t jou.

& je n'ai point du


au

Mais quelque difpute qui


fujet de ce cantique
tait
,

fe foit leve

il

eft

certain que le chant


les

employ dans

toutes

crmonies

religieufes.

Mahomet
,

avait trouv ce culte

Il

Arabes il Teft dans les Indes. ne parait pas qu'il foit en ulage chez les lettrs de la Chine. Les crmonies ont partout quelque relTemblance & quelque diffrentabli chez les

ce

mais on adore Dieu par toute la terre. fans doute ceux qui ne l'adorent pas comme nous , & qui font dans l'erreur foit
;

Malheur
par
als
le

dogme
eft

foit
la
,

l'ombre de

pour les rites ; ils font mort mais plus leur


:

malheur

grand

plus

il

faut les plaindre

&

les

fup porter.

C'eft

mme une
tous
les

grande confolation pour

nous
diens
,

que

les

mahomtans
Tartares
ils

les

In.'

un Dieu

Chinois , les unique i en cela

adorent

font nos frres,

iiij

-y

Adorer.

Leur fatale ignorance de nos myflres fiicrcs ne peut que nous inipircr une tendre compalon pour nos frres qui s'garent. Loin de nous tout efprit de perlecution qui ne
fervirait qu'a
les

rendre

irrconciliables.

Un Ditu unique tant ador fur toute la terre connue , faut -il que ceux qui le reconnaiffent pour leur pre lui donnent toujours le fpedacle de fes enfans qui fe dtellent qui
, ,

s'anathmatifent
nialacrent
j-^ Il n'eft

qui

fe

pourfuivent

qui fe

pour des argumens ?


pas aif d'expliquer au jufte ce que

les

Grecs
i

&

les

Romains entendaient par ado,

rer

fi

l'on adorait les faunes


,

les

fylvains

les

driades

les

naades

comme on

adorait les dou-

ze grands Dieux. Il n'eit pas vraifcmbjable qu' AnthioUs le mignon ' Adrien ft ador par les nouveaux Egyptiens du mme culte que Srnpis i 8c il eft alTez prouv que les anciens Egyptiens n'adoraient pas les oignons & les
,

crocodiles de

la

mme

faon qn'ljs
,
,

&

Ofiris.

On trouve
tout.
Il

l'quivoque partout

elle

confond

faut chaque
il

mot

dire

qu'entendez,

Vous

faut toujours rpter

djiwjfez les

termes. (

Voyez

rurticle Alexandre. )

Eft -il bien vrai que Simon qu'on appelle

magicien., ft ador chez les

Romains

il

eft

bien plus vrai qu'il y fut abfolument ignor. St. Jijiin dans fon apologie auli inconnue

Rome que

ce

Simon

dit

que

ce

Dieu

avait

Adorer.
\ine ftatue leve fur le

75
(

Tibre

ou plutt
,

prs du Tibre ) entre les deux ponts


cette infcription
,

avec
^

Sintoni deofan&o. St. Irue

Tertidlisn

attellent la

mme

chofe.

Mais

qui l'atteftent-ils ? des gens qui n'avaient jamais vu Rome , des Africains , des A.II0broges , des Syriens , quelques habitans de Sichem. Ils n'avaient certainement pas vu
cette ftatue
, dont l'infcription eft Semo fanco deo fidio , non pas Simoni fau&o deo. Ils devaient au moins confuker Deiiys d'IIa-

&

, dans fon quatrime livre , rapporte cette infcription. Sernafauco tait un ancien mot fabin qui fignifie demi-homme & de-

licarnaie qui

mi-dieu.
Seniojii

V^ous trouvez dans Tite-Live

Boiia

fanco cenfiiermit coufeo'ajida. Ce Dieu tait un des plus anciens qui fullent rvrs Rome j il fut confacr par Tnrqum le fuperbe
,

&

regard

comme

le

Dieu des

alliances

& &

de

la

bonne
les

foi.

On

lui facrifiait

un buf,
trait

on

crivait fur la

peau de ce
Il

buf le
avait

fait

avec

peuples voiilns.
ojffrandes
le

ple auprs de celui de Qiiirinus.


lui prfentait des

fou?

un temTantt on le nom du

pre Semo
dius.

tantt fous

nom
dit

C'eft

pourquoi Ovide
nonas fanco
tibi
,

de Sancus ji^ dans fes faites :

Quenbam

fidio ve referrem

An
Voil
la

Semo

patcr.

divinit

pendant tant de

ficles

romaine qu'on a prife pour Simon le magi^

74
cieii.

A D O R
Sl

T^.

Cyrille de Jcrufalcai n'en doutait pas

&

St.

AugiijUn dans Ion premier livre des hr-

fies dit,

que Siuion

le

magicien lui-mme

Te fit

lever cette ftatue avec celle de Ton Hlne par

ordre de l'empereur
Cette
aife
c'-ran:^e fable

&

du

fnat.

dont

la fauflet

tait

recon

laicre

fut continuellement lie


St.

avec cet.e aucre fable, que

Pin-re ik ce

5"/'-

mo7i av.iienr tous deux comparu devant N~ rofZjqnils s'taient dfis qui reirufciterait

un mort proche parent de Ntrun mme , & qui s'lverait le plus haur dans les airs ; que Simon fe fit enlever par H es diables dans un chariot de feu ; que St. Fiare tk St. Paul le firent tomber des airs par leurs prires , qu'il fe calfa les jambes , qu'il en mourut , & que N}-on irrit ht moule plus .:)rornpLement
rir St.

Paul

&

St. Pierre.

Abdias , Marcel , Hgefype , ont rapport ce conte avec des dtails un peu ditFcrens, Arjiohe , St. Cyrille de Jrufalem , Svre SiiU Philajlre , St. Epiphane pice Ifidore de Damiette , Maxime de Turin , plufieurs autres auteurs ont donn cours fuccefvement cette erreur. Elle a t gnralement adopte jufqu'-ce qu'enfin on ait retrouv dans Rome une ftatue de Semo fancus deiis jidius , & que le favant pre Mabillon ait dterr un de
, ,

ces anciens

monumens

avec

cette

infcrip-

tien

Semoni fancQ deo

fidio.

Adorer,
, ,

*r^

Cependant il cft certain qu'il y eut un Shnon que les Juifs crurent mai^icien comme il elt certain qu'il y a eu un Apolkmios de Thyane. Il eft vrai encore que ce Simon n dans le petit pays de Samarie ramaiFa quelques gueux auxquels il perfuada qu'il tait envoy de Dieu , & la vertu de Dieu mme. Il batifdit ainli que les aptres batiiuient
,

&

il

levait autel contre

autel.

Les Juifs de Samarie toujours ennemis des Juifs de Jrufalem , oferent oppofer ce Simon Jsus -Christ reconnu par les aptres, par les difciples qui tous taient de la tribu de Benjamin ou de celle de Juda. Il barifaic comme eux 5 mais il ajoutait le feu au batme d'eau , & fe difait prdit par St. Jean- Batijle
,

flon ces paroles

celui

qui doit venir aprs


,

jvjtth,

moi
dmis

eji

plus piiijfant que moi

il

vous batijera

^. dans le feu. le St. Efp-it SiiuQH allumait par delus le bain baptifmal

ch. 3.
1 1.

une flamme lgre avec du naphte du lac AC phaltide. Son parti fut alfez grand j mais il
eft fort
r.

douteux que

fes difciples l'ayent

ado-

St Jujlin cft le feul qui le croye. Mnandre fe difait-comme Simon , envoy de

meles

fauveur des hommes. Tous les faux furtout Barcochehas , prenaient le titre d'envoy de Dieu \ mais Barcochehas luimme n'exigea point d'adoration. On ne divinife gures les hommes de leur vivant ,
,

Dieu &

&

moins que

ces

hommes ne

foienc

des

Aie-

7^

A D O

K;

xandres ou des empereurs P>.omaiiis qui l'ordonnent expreilmenc des cfclaves. Encor n'ell ce pas une adoration proprement dite 5 c'elt une vnration extraordinaire , une apothole anticipe une flatterie auifi ridicule que celles qui font prodigues Ociave par
,

Virgile

&

par Horace.

ADULTRE.

N
latin
,

Ous ne devons

point cette exprefion

aux Grecs. Ils appellaient l'adultre mikeia dont les Latins ont fait leur tncechus ^ que nous n'avons point francif. Nous ne ni la langue fyriaque ni le devons jargon du fyriaque , qui noml'hbraque mait l'adultre iiiuph. Adultre lignifiait en
,

altration
loie

adultration
lui
,

mie chofe mife


,

four
clefs
,

autre

aime de faux
,

faujfes

faux contrats faux feiug De-la celui qui fc met dans le


tre
fut

adulteratio.
lit

d'un aufaul

nomm

adulter
la

comme une

clef qui fouille dans

ferrure d'autrui.

C'elt ainfi qu'ils


fe coccix
,

nommrent
,

par antiphra-

coucou

le

pauvre mari chez qui


Pline
le

L. 10.
ch. 9.

un

tranger venait pondre.


,

naturaj

li^e dit

coccix

ovu fuhdit in nidis

alienis

ita

plerique alinas uxores faciunt matres.

Le cou-

Adultre;
cou dpofe
oileaux
les
j

77

Tes

ufs dans

le

nid des autres

Romains rendent mres femmes de leurs amis. La comparaifon


ainl force

n'eft pas trop jufte.

Coxis figniBant

un cou-

nous en avons fait cocu. Que de chofes on doit aux Romains mais comme on le cocu , fuialtre le fens de tous les mots vant la bonne grammaire , devrait tre le galant j & c'eft le mari. Voyez la chanfon de
cou
,
!

Sciiron.

a)

Qiielques dodcs ont prtendu que c'eft aux Grecs que nous fommes redevables de

l'emblme des cornes ; & qu'ils dfignaient par le titre de bouc , aix , l'poux d'une fem-

me

lafcive

comme une
fils

chvre.

En

effet ils rarticle

appellaient

de cljvre les btards que notre Bouc,

canaille appelle fils de piitam. Mais ceux qui veulent s'inftruire fonds doivent favoir que

Un

nos cornes viennent des cornettes des dames. mari qui fe laiflait tromper & gouverner par fon infolente femme , tait rput porteur de cornes , cornu , cornard , par les bons bourgeois. C'eft par cette raifon que
a) Tous
les jours

une chafe

Me

cote un cu
i'aife
,

Pour porter

Votre chien de eu

moi pauvre cocu,

78
cocu
,

Adultre.
corucird
,

Sifot

taient fynonimes.
ce vers.

Dans

une de nos comtdies on trouve


Elle
i

elle

n'en fera qu'un fot


elle

je

vous

aflure.

Cela veut dire

n'en fera qu'un cocu.


,

Et dans V Ecole
Epoufer une
Biiutrii
les

des

femmes

fotte eft

pour n'tre point

for.

qui avait beaucoup d'efprit difait Bautrus font cocus , mais ils ne font

pas des fots.

La bonne compagnie ne
ces
vilains
le

fe fert

plus de tous

jamais
lleur
le

ne prononce mme mot ' adultre. On ne dit point.


termes
,

&

Madame

la

ducheife

elt

chevalier.

Madame

en adultre avec monla marquife a un


nioiirlieur l'abb.

mauvais commerce avec dit , Monlieur l'abb clt


de

On
elles
lui.

cette femaine l'amant

madame
,

la

marquife.

Quand

les

dames
,

parlent leurs amies de leurs adultres


difcnt
Elles

j'avoue que

j'ai

du got pour

avouaient autrefois qu'elles len talent quelque eftime j mais depuis qu'une bourgeoife s'accufa fon confeiur d'avoir de l'ertime pour un confeiller , & que le confeffeur lui dit , Madame , combien de fois vous a-t-il ellime ? les dames de qualit n'ont plus eftim perfomie , & ne vont plus gures confeife.

,, ,

Adultre.
Un
c'eft

^9

des grands dfagrniens de l'adultre

que la dame fe moque quelquefois de mari avec fon amant ; le mari s'en doute & on n'aime point tre tourn en ridiIl eft arriv dans la bourgeoifie que cule. fouvent la f^mme a vol Ton mari pour donner (on amant j les querelles de mnage font poulFes des excs cruels elles font heureufement peu connues dans la bonne comIbii
: :

pagnie.

Le plus grand tort , le plus grand mal eft de donner un homme des enfans qui ne font pas lui , & de le charger d'un fardeau On a vu par-l des qu'il ne doit pas porter. races de hros entirement abtardies. Les
femmes
des AJlolpbes

&

des Jocondes

par

un

got dprav , par la faiblelfe du moment ont feit des enfans avec un nain contrefait avec un petit valet fans cur & fans efprit. Les corps & les mes s'en font relfenties. De petits finges ont t les hritiers des plus grands noms dans quelques pays de l'Europe. dans leur premire falle les porIls ont traits de leurs prtendus ayeux , hauts de ix pieds , beaux , bitn faits , arms d'un ef. tramaqon que la race d'aujourdhui pourait peine foulever. Un emploi important eft polld par un homme qui n'y a nul droit & dont le cur , la tte & le bras n'en peuvent foutenir le faix.

$0
Il

Adultre.
y
a quelques provinces

Biles font volontiers

Tamour

en Europe o les , & deviennent


C'ell tout le

cnfuite des cpoufcs allez lages.

contraire en

France j on enferme les Elles dans des couvens , o jufqu' prfent on leur a donn une ducation ridicule. Leurs mres , pour les confoler , leur font efprer qu'elles
feront libres quand elles feront maries. A peine ont-elles vcu un an avec leur poux, qu'on s'emprefle de favoir tout le fecret de leurs appas. Une jeune femme ne vit , ne fou-

pe , ne fe promne , ne va aux fpedacles qu'avec des femmes qui ont ehacune leur affaire rgle ; elle n'a point fon amant comme les autres , elle ell ce qu'on appelle dpareille i elle en eft honteufe , clic n'ofe fe montrer.

Les Orientaux s'y prennent au rebours de nous. On leur amen des biles qu'on leur garantit pucelles fur la foi d'un Circaffien. On les poufc , & on les enferme par prcaution , comme nous enfermons nos filles. Point de plaifanteries dans ces pays-l fur les dames & fur les maris ; point de chanfons ; rien qui relfcmble nos froids quolibets de cornes & de cocuage. Nous plaignons les grandes dames de Turquie, de Ferl , des Indes ; mais elles font cent fois plus hcureufcs dans leurs ferrails que nos filles dans leurs couvens.
Il

arrive quelquefois chez


,

mcontent

nous qu'un mari ne voulant point faire m\ procs


crimi-

Adultre*
le faire fparer

gt

criminel fa femme pour caufe d'adultre (c qui ferait crier la barbarie.) , fe contente de

de corps
lieu

&

de biens.
le

C'eft

ici

le

d'infrer

prcis d'un

mmoire compof par un honnte


qui fe trouve dans cette fituation
plaintes
,

homme
voici fes

font

elles juftes ?

MMOIRE
crii

d'un magistrat,
vers l'an iy6^.

ce

principal magiftrat d'une ville de Frana le malheur d'avoir une femme qui a t dbauche par un prtre avant fon mariaqui depuis s'eft couverte d'opprobres ge ,
,

Un

&

il a eu la modrapar des fcandales publics tion de fe fparer d'elle fans clat. Cet homme g de quarante ans vigoureux & d'une figure agrable a befoin d'une femme 5 il eft trop fcrupuleux pour chercher fduire l'poufe
:

d'un autre

il

craint

mme

le

commerce

d'une fille , ou d'une veuve qui lui fervirait de concubine. Dans cet tat inquitant & dou-

loureux

voici le

prcis

des plaintes

qu'il

adrelfe fon glife.

Mon

la

poufe

ert

criminelle

&

c'eft

moi

qu'on punit.

Une

autre

femme
,

eft nceflaire

confolation de

&

la fecle

dont

je fuis

ma vie ma vertu mme; me la refufe elle me


;

dfend de

me

marier avec une

fille

honnte,

Frcmire partie,

il
Les loix

Adultre.
civiles

d'aujourd'hui
le

ment Fondes

fur

droit

canon

malheureurfme privent ,

des droits de l'humanit.

L'glife

me

rduit

chercher ou des

plaifirs qu'elle

rprouve

ou des ddommagemens honteux damne i elle veut me forcer d'tre

qu'elle con--

criminel.

Je jette les yeux fur tous les peuples de la terre , il n'y en a pas un feul , except le peuple catholique romain , chez qui le divorce

&

un nouveau mariage ne

foient de droit

naturel.

Qiiel renverfcment de l'ordre a donc fait

chez
tre

les

catholiques une vertu de fouffrir Tiidul-

de ni:inqur de femme quand indignement outrag par la fienne ? Pourquoi un lien pourri eft-il indiffoluble malgr la grande loi adopte par le code qtiidqidd ligatiir dijfohihile ej ? On me per-

& tin devoir

on

a t

met la fparation de corps & de biens & on ne me permet pas le divorce. La loi peut m'ter ma femme & elle me laiffe un
, ,

qu'on appelle facremen ? je ne jouis & je fuis mari. Qiielle plus du mariage contradidion quel efclavage & fous quelles loix avons -nous requ la nailfance! Ce qui eft bien plus trange c'eft que cette
,
!

nom

loi

de

mon

glife eft

directement contraire aux


Qtii'
adul^-

paroles que cette glife elle-mme croit avoir


Matth. t
h. 19' colique a

prononces par Jtsus- Christ renvoy fa femme ( except pour


:

tn ) pske

fil n

prend

um

antre.

Adultre.

g^

Je n'examine point ( les pontifes de Rome ont t en droit de violer leur plaifir la loi

de celui qu'ils regardent comme leur matre. d'un hritier , il Cl lors qu'un tat a befoin eft permis de rpudier celle qui ne peut en donner. Je ne recherche point fi une femme
turbulente attaque de dmence
cide
,
,

ou homi-

ou empoifonneufe

ne doit pas tre

rpudie aulfi- bien qu'une adultre j je m'en tiens au trilte tat qui me concerne , Ditu rne permet de me remarier , & l'vque de Rome ne me le permet pas Le divorce a c en ufage chez les catholiques fous tous les empereurs i il l'a t dans tous les tats dmembrs de l'empire Romain,
!

Les

mire race

de France , qu'on appelle de la pre~ , ont prefque tous rpudi leurs temmes pour en prendre de nouvelles. Enfin il vint un Grgoire IX ennemi des empereurs & des rois , qui par un dcret fit du mariage un joug infecouabie j fa dcretale devine Sa
rois
loi

de

l'Europe.
fe

Qiiand

les

rois

voulurent

rpudier une

la loi de jEbUs- Christ , ils ne purent en venir bout i il falut chercher des prtextes ridicules. Louis le jeune fut oblig, pour faiie fon malheureux divorce avec Elouor de Guienne , d'allguer une parent qui n'exiftait pas. Le roi Hewi IV pour rpudier Marguerite de Valois prtexta une caufe en,

imie adultre flon

cor plus faulle

un

dfaut de confenteraent.

ij

^4
Il fiilut

Adultre".
mentir pour
faire

un divorce

lgiti-

mement.
Qiioi
,
!

& fans romie poura abdiquer


des
fi

un fouverain peut abdiquer fa coula permilon du pape il ne Eli- il polfible que fa femme
*

ayent croupi hommes longtcms dans cette abfurde fcrvitude Qiie nos prtres , que nos moines renoncent aux femmes , 'fy confens j c'eit un attentat contre la population , c'eft un malheur pour eux , mais ils mritent ce malheur quils le font fait eux-mmes. Ils ont t les vidimes des papes qui ont voulu avoir en eux
d'ailleurs clairs

des efclaves , des foldats fans familles & fans vivans uniquement pour l'glife : , mais moi magiltrat qui fers l'tat toute la journe , j'ai befoin le foir d'une femme ;
patrie

&

l'glife

de me priver d'un bien que Dieu m'accorde. Les aptres taient maris , Jofepb tait mari , & je veux l'tre. Si moi Alzacien je dpends d'un prtre qui demeure Rome , fi ce prtre a la barbare
n'a pas le droit

puilfance de
faife

me

priver d'une

femme

qu'il

me

eunuque pour chanter des miferere dans

fa chapelle.

MMOIRE POUR
L'quit
ce

LES

FEMMES.

demande qu'aprs avoir rapport mmoire en faveur des maris , nous mettions auHi fous les yeux du public le plaidoicr

A D U

L T

E,

^-"

en faveur des maries , prfent la Junte du Portugal par une comtelTe d'Arcira. En voici
la

fub (tance

il

L'vangile a dfendu l'adultre mon matout comme moi j il fera damn com-

, rien n'eft plus avr. Lorfqu'il m'a vingt infidlits , qu'il a donn mon colier une de mes rivales , mes boucles d'oreilles

me moi
lait

&

une autre

je n'ai

point

demand aux

juges

qu'on le fit rafer , qu'on l'enfermt chez des moines , & qu'on me donnt fon bien. Et moi pour l'avoir imit une feule fois , pour avoir fait avec le plus beau jeune homme de Lisbonne ce qu'il fait tous les jours impun-

ment avec

les
,

plus fbttes guenons de


il

&

de

la ville

faut

que

je
,

felette

devant des licentis

la cour rponde fur la dont chacun fe-

rait

nous tions tte tte dans mon cabinet i il faut que l'huilier me coupe Faudience mes cheveux qui font les plus beaux du monde j qu'on m'enferme chez des rehgieufes qui n'ont pas le fens commun ; qu'on me prive de ma dot & de mes matrimoniales , qu'on donne conventions tout mon bien mon fat de mari pour l'aider fduire d'autres femmes , & commettre de nouveaux adultres. Je demande fi la chofe eit jufte , & s'il n'eft pas vident que ce font les cocus qui ont fait
pieds
i
,

mes

les loix.

iij

, ,

%6

Adultre."

On rpond mes plaintes que je fuis trop heureufe de iVtrc pas lapide la porte de la ville par les chanoines , les habitus de
paroilfe

&

tout

le

peuple.

C'efl;

ainll

qu'on
feule

en

ufait chez la premire nation de la terre,


,

la nation choifie

la

nation chrie

la

qui et railbn quand toutes


tort.

les autres

avaient

Je rponds ces barbares que lorfque la pauvre femme adultre fut prlente par fes accufateurs au matre de rancienne & de la nouvelle loi, il ne la fit point lapider qu'au
,
;

reprocha leur injultice qu'il fe moqua d'eux en crivant fur la terre avec le doigt , qu'il leur cita l'ancien proverbe hbraque , que celui de vous qui eji fans
contraire
,

il

leur

pch jette la premire pierre i qu'alors ils fc retirrent tous , les plus vieux fuyant les pre-

miers
ils

parce que plus

ils

avaient d'ge

plus,

avaient

commis

d'adultres.

Les dodeurs en droit canon me rpliquent que cette hilloire de la femme adultre n'eft raconte que dans l'vangile de St. Jean qu'elle n'y a t infre qu'aprs coup par Lontius. Maldonat alfure qu'elle ne fe trouva que dans un feul ancien exemplaire gicc^ qu'aucun des vingt trois premiers commentateurs n'en a parl. Origne , St. Jrme , St. Jean Chryfojiome Nonnus , Thophila^e ne la connailfent point. Elle ne fc trouva
, ,

Adultre.
point dans la Bible fyriaque dans la veriion d' Ulphilas.
,

%y
point

elle ii'eft

Voil ce que diint les avocats de mari , qui voudraient non-feulement me rafer , mais me faire lapider.

mon
fair

Mais
cle
,

les

avocats qui ont plaid pour


,

moi
f,

difent qu'Anmionius

auteur du troifime
hiftoire
la rejette

dans quelques endroits , il f adopte dnns d'autres i qu'en un mot elle eft autentique aujourd'hui. Je pars de l , je dis mon mari , Ci vous tes fans pch , rafez- moi , enfermez-moi , prenez mon bien j mais (i vous avez fait plus de pchs que moi , c'eft moi de vous rafer , de vous faire enfermer , & de m'emparer de votre fortune. En fait de juftice les chofes doivent tre gales.

&

reconnu cette que fi St. Jrme


a

pour vritable

&

&

qu'il eft mon fuprieur chef , qu il eft plus haut que moi de plus d'un pouce , qu'il eft velu comme un ours ; que par confquent je lui dois tout,

Mon

mari rephque

mon

&

qu'il

ne
je

me

doit rien.
\

Mais

demande

la

reine

Anne d'An-

gleterre n'eft pas le chef de fon mari ?

fi fou mari le prince de Dannemarck qui eft fon grand-amiral, ne lui doit pas une obiiTnce entire j & fi elle ne le ferait pas condamner la cour des pairs en cas d'infidht de

iiij

,,

^8
la part
fi les

Adultre.
du petit homme ? Il eft donc clair que femmes ne Font pas punir les hommes quand elles ne font pas les plus fortes.

c'eft

Suite du chapitre sur l'adultre.


Pour juger valablement un procs
tre
,

d'adul-

il

faudrait que douze


fuITent
les la

hommes & douze

femmes

juges

phrodite qui et cas de partage.

avec un herma, voix prpondrante en

Mais

il

eft

des cas fingulicrs fur lefquels

ne peut avoir de prife , & dont il ne nous appartient pas de juger. Telle eft l'avanture que rapporte St. Aiigujlin dans fon fermon de la prdication de Jlsus-Christ fur la montagne.
la raillerie

Septhnius Acyndintts proconful de Syrie,

cmprifonncr dans Antioche un chrtien qui n'avait pu payer au fifc une livre d'or
fait

laquelle

il

tait tax

&

le

menace de

la

ne paye. Un homme riche promet les deux marcs la femme de ce malheureux fi elle veut confentir fcs dcliis. La femme court en inftruire fon mari \ il la fupplie de lui fauver la vie aux dpends des droits qu'il a fur elle & qu'il lui abandonneElle obit , mais l'homme qui lui doit deux marcs d'or la trompe en lui donnant un fac plein de terre. Le mari qui ne peut payer le fc va tre conduit la mort. Le proconful

mort

s'il

, ,

Adultre.
livre d'or

89
-

apprend cette infamie ; au 6fc de

il

paye

lui

mme

la

fes

propres

deniers

&: il donne aux deux poux chrtiens le domaine dont a t tire la terre qui a rempli le fac de la Femme. Il eft certain que loin d'outrager fon mari elle a t docile fes volonts ; non- lule-

ment
ble

elle a

obi

mais
il

elle lui a (Iiuv la vie.


(i

St. Augiiftin

n'ofe
,

dcider

elle

eft

coupa-

ou vertueufe
qui
eft,

craint de la
,

condamner.
,

Ce

mon avis

aflez fingulier

c'eft

que Bayle prtend


Aiigujiin.
Il

tre plus fvre

condamne hardiment

St. Diftioncette pau- "aire de


^r-

que

vre femme. Cela ferait inconcevable f on ne B/^y^^ ^^^^, fvait quel point prefque tous les crivains ont permis leur plume de dmentir leur cur , avec quelle facilit on facrifie fon propre fentiment la crainte d'effaroucher quelque pdant qui peut nuire , combien on ell peu d'accord avec foi -mme.

Le matin

rigorifte

&

le

foir libertin
la

L'crivain qui d'Ephefe excufa

matrone.

Renchrit tantt fur Ptrone,

"

Et tantt

fur St. Auguftin,

RFLEXION d'un PRE DE FAMILLE.


N'ajoutons qu'un
filles.

petit

mot
dans

fur

l'duca

tion contradictoire que nous

donnons
le

Nous

les

levons

delir

nos im-

90
leqons
la

Adultre.'
,

plaire nous leur en didons des nature y travaillait bien lans nous ; mais on y ajoute tous les rafinemcns de l'art.
j

immodr de

Qiiand
les

elles lb:it
fi

parfaitement (Hles

nous

mettent en pratique l'art que nous avons cru Icu* cnfeigner. Qiie diriez -vous d'un matre danfer qui aurait appris Ton mtier un colier pendant dix ans S: qui voudrait lui catler les jambes parce
puniiiims
elles
,

qu

il l'a

trouv danfant avec un autre

Ne

pourait

on p

is

ajouter cet

article

celui dCvS contradidions ?

AFFIRMATION PAR SERMENT.

NOus ne dirons rienfavans avec


ici

fur l'affirmation

fouvent.

s'expriment i permis d'affirmer , de dcide qu'en gomtrie. Partout ailleurs imitons le docteur Mtaphrafe de Molire. Il Te poucela n'eft pas la chofe eft faidible rait
laquelle
n'eit
les
Il

impoflible

il

faut voir
.,

adoptons
o.
,

le

peuU

tre de Rabelais
le

le

que fais -je


le

Montagne y
prophaIkic

non liqnet des


:

Romams
,

doute de l'aca-

dmie d'Athnes
nes s'entend
car
qu'il n'eft pas

dans
le

les

chofes
,

pour

facr

on

bien

permis de douter.

Affirmation fah serment.


Il eft

5)1

dit

cet

article
,

dans

le

diction,

siaire

encyclopdique
quakers

que

les piimitiFs
,

nomen

ms

en

Angleterre
ferment.

font
,

foi

judice fur leur feule alfirmation


obligs de prter

fans cie

Mais
privilge

les
,

pairs

du royaume ont

le

mme

les pairs fculiers

affirment fur leur


les

en metquakers obtinrent la mme prrogative fous le rgne de Charles 11 c'eft la feule fecte qui ait cet honneur en Europe.
,

tant

honneur & la main

les pairs ecclfialliques

fur leur

cur

Le
rer

chancelier Cowper voulut les obliger jules

comme
,

autres citoyens j celui qui tait

leur tte lui dit


35

gravement

L'ami chance-

lier

5j
55
5,

tu dois lavoir que notre Seigneur Jesus-Christ notre lauveur nous a dfendu

d'affirmer autrement que par


Il

ya ya
le

no no.

a dit exprelfment

je vous dfends de jn-

j,

rer ni

par
;

le ciel

5,
3,

Dieu

ni

par

la terre
i

parce que c'e^t , parce que


ni

troue de
lefca-

c'eji

par Jerujaleui , parce i par la tte qite c'eji la ville du grand roi 35 parce que tu n'en peux rendre un feiil che
beau de Jes pieds
, ,

3,

veu ni blanc ni

noir.

Cela

eft pofitif

notre

3, ami , & nous n'irons pas dcfobir Dieu pour complaire toi &: ton parlement. rpondit le On ne peut mieux parler , chancelier : mais il faut que vous fchiez 5, qu'un jour Jupiter ordonna quo toutes les
,

92
j,

Affirmation par serment.'


btes de

fomme
, ,

fe
les

fiflent ferrer

les

ch-

5,
jj

vaux,
ils

mulets rent incontinent


les

chameaux mme obcnes feuls rcfiltrent


i

les

55

reprfenterent tant de raifons


fi

rent braire
tait

milongtems que Jupiter qui


ils

fe

5j 5,

voire prire voks ne ferez mais le premier faux -pas que vous aurez cent coups de bton. 5, vous ferez Il faut avouer que les quakers n'ont jamais jufqu'ici fait de faux -pas.
je
,

bon leur me re)ids


,

dit enfin

Mejjlenrs

les

nes,

point ferrs

AGE.
NOus n'avons nulle ges du monde
;

envie de parler des


font
fi

ils

connus

&

uniformes Gardons - nous auf de parle de l'ge des premiers rois ou dieux d'Egypte Ils vivaient des douze c'eft la mme chofe. cent annes j cela ne nous regarde pas. Mais ce qui nous intrefle fort , c'eft la dure orIl
!

dinaire de la vie humaine. Cette thorie eft parfaitement bien traite dans le didionnaire encyclopdique l'article Vie , d'aprs les Hai"
ley
,

les

Kerfehoum
,

&
fur

les Defparcieiix.

En 1741
niqua

Mr. de Kerfehoum
la

me commu-

fes calculs

ville

d'Anifterdani

en

voici le rfiiltat.

A
avait de maries

E.
,

95
il

Sur cent mille perfonnes

-----

y en
-

34^00.
1

d'hommes veufs

-de veuves les femCela ne prouverait pas que mes vivent plus que les hommes dans
proportion de quarante - cinq quinze & qu'il y et trois fois plus de femmes que d'hommes ; mais cela prouverait qu'il y avait trois fois plus de Hollandais qui taient alls mourir Batavia , ou la pche de la baleine
la
,

----

feulement

500.

4500,

que de femmes

lefquelles

reftent

d'ordinaire chez elles.

Et ce

calcul eft

encor prodigieux.
Clibataires
,

jeunefle
-

&

enfance

des

deux fexes

domeftiques voyageurs --

---fomme
totale ,

4^000. lo^oo. 4000.


1 00000.

Par fon calcul

il

devait fe trouver fur


,

un

million d'habitans des deux fexes

depuis feize ans jufqu' cinquante, environ vingt mille hommes pour (crvir de foldats , fans dranger
les autres

profelfions.

Mais voyez

les calculs

de Mrs. Defparcieux , de St. Maiir & Buffbn , ils font encor plus prcis & plus inftrudifs quelques gards Cette arithmtique n'eft pas favorable la
jnaiiie

de lever de grandes armes, Tout princ

94

Age.
Ce

qui lve trop de foldats peut ruiner fes voiiins , m.iis il ruine irement fon tat.
calcul dment encor beaucoup le compou plutt le conte 'Hrodote qui fait arriver Xcrxs en Europe fuivi d'environ deux millions d'hommes. Car li un million d'habitans donne vingt mille foldars il en rfulte que Xerxs avait cent millions de fujets ;
te
, ,

On le dit pourmais elle n'a pas un million de foldats. Ainfi l'empereur de la Chine ell du double plus fage que Xerxs.
ce qui n'elt gures croyable.

tant de

la

Chine

La Thbe aux cent


tir

portes

qui

lailfait for-

rait

, aufupputation hollandaife, cinq millions tant de citoyens que de citoyen-

dix mille

foldats
la

par chaque porte

eu, fuivant

nes.

Nous

fefons

un

calcul plus

modeite

l'article

Dnombrement.
tant
il

L'ge du fervice de guerre vingt ans jufqu' cinquante ,

depuis

faut mettre

une prodigieufe
fa

diiirence entre
,

porter les

armes hors de fon pays

&

refter foldat

dms

Xerxs dur perdre les deux tiers patrie. de fon arme dans (on voyage en Grce. Cfar dit que les Suifles tant fortis de leur pays au nombre de trois cent quatre- vingt huit; mille individus , pour aller dans quelque provii-ice des Gaules , tuer ou dpouiller les habicans
,

il

les

mena

il

bon

train qu'il n'eu

Age.
refta

^^
a falu dix ficles

que cent dix

mille.

Il

pour repeupler la Suiife. Car on fait prfent que les entans ne fe font ni coups de conime du tems de Deucalion & de pierre Pirra ni coups de plume , comme le j, ,

fuite
liards

Ptaii

qui

fait

natre fept cent mil-

No

d'hommes d'un feul des enfans du pre en moins de trois cent ans.

Charles

XII

leva

le

Sude pour
ger
,

aller faire la

cinquime homme en guerre eu pays tran-

&

il

a dpeupl fa patrie.

Continuons parcourir les ides & les du calculateur Hollandais fans rpondre de rien parce qu'il eft dangereux
chiiFres
,
,

d'tre comptable.

Calcul
fix

de la vie.

Selon lui , dans une grande ville , de vingtmariages il ne refte environ que huit enSur mille lgitimes il compte foixante fens.

&

il en refte au bout d'un an environ 5'<^0* au bout de dix ans -44f, au bout de vingt ans 40 5'. quarante ans 500. foixante ans 190. au bout de quatre -vingt ans ^o. quatre -vingt dix ans y. cent ans perfonne. -

De fept cent

cinq btards. enfans

---------__--_ ..>->_

-,-----

9^

Age.

Par -l on voit que de fcpt cent cnfans ns dans la mme anne , il n'y a que cinq chances pour arriv^er quatre -vingt dix ans. Sur cent quarante il n'y a qu'une feule chance , & lur un moindre nombre il n'y en a
point.

Ce n'eft donc que fur un trs grand nombre d'exiftences qu'on peut efprer de poulfer
la llcnne jufqu' quatre- vingt dix

ans

& fur

un bien

plus grand

peut efprer gros lots la loterie fur lefquels il ne faut pas compter & mme qui ne font pas dlirer autant qu'on les dlire i ce n'eft qu'une longue mort. Combien trouve- 1 -on de ces vieillards qu'on appelle heureux dont le bonheur cond'aucun piailir de lfte ne pouvoir jouir la vie , n'en faire qu'avec peine deux ou trois fondions dgotantes , ne diftinguer ni les fons . ni les couleurs , ne conn;ritre ni jouifance ni efprance , & dont toute la flicit eft de fivoir confufment qu'ils font un fardeau de la terre batifs ou circoncis de,

nombre encor que l'on de vivre un ficle. Ce font de

puis cent annes.


Il y en a un fur cent mille tout au plus dans nos climats.

Voyez
Paris
dit
,

des morts de chaque anne Londres ces villes , ce qu'on ont environ fept cent mille habitans. Il
les liftes

&

eft

A
cft trs rare

E.

9^

tenaires

&
ei\

d'y trouver la fois fept cen* fouvent il n'y en a pas un ieul.


l'ge

En
eft

gnral

commun

humaine
plus
,

rendue

la terre

de vingt- deux

auquel refpce dont elle fort vingt -trois ans tout au


,

flon les meilleurs obfervateurs.


mille enfans

ns dans une mme anne , les uns meurent fix mois , les autres quinze; celui-ci dix -huit ans , cet autre trente - Cix , quelques-uns foixante ; trois ou quatre odogenaires lns dents & fans

De

yeux meurent aprs avoir fouiert quatrevingt ans. Prenez un nombre moyen , chacun a port fou fardeau vingt, deux ou vingttrois annes.

il eft

Sur ce principe qui n'eft que trop vrai avantageux un tat bien adminiftr

&

qui a des fonds en rferve , de conftituer beaucoup de rentes viagres. Des princes conomes qui veulent enrichir leur famille , y gagnent confidrablement ; chaque anne la fomme qu'ils ont payer diminue. Il n'en eft pas de mme dans un tat obr. Comme il paye un intrt plus fort que
l'intrt ordinaire
il eft
,

il

fe

trouve bientt court

>

oblig de faire de

nouveaux emprunts
de
dettes

c'eft

un

cercle perptuel

&

d'in-

quitudes.

Les tontines , invention d'un ufurier jn Tontmo, font bien plus ruineufes. premire partie.

nom-

Nuj

58

Age.
A
la

foulagemcnt pendant quatre -vingt ans au moins. Vous payez toutes les rentes au dernier lurvivant.

dernire tontine qu'on


,

fit

en France

en 1759

une

focit de calculateurs prit

une

dafle elle feule ; elle choifit celle de quarante ans , parce qu'on donnait un denier plus
fort

pour cet ge que pour


jufqu' quarante
;

les

ges depuis

un an

&

qu'il

a pref-

que autant de chances pour parvenir de quarante quatre -vingt ans, que du berceau
quarante.

donnait dix pour cent aux pontes gs de quarante annes , & le dernier vivant hritait de tous les morts. C'eft un
des plus
iire.

On

mauvais marchs que

l'tat puilfe

On
autres

croit avoir

remarqu que
les

les

rentiers

viagers vivent

un peu
j

plus longtems que les

fez fchs.

payeurs font afpeut-tre, que ces rentiers font pour la plupart des gens de bon fens , qui fe fentent bien conrtitus des bnficiers , des cUbataires uniquement occups d'eux-mmes , vivant en gens qui veude quoi

hommes
La

raifon en e(t

lent vivre longtems.

Ils difent
,

je

mange

trop

fi
:

je

fais

un excs

le roi

fera

mon me^

hritier

viagre

l'emprunteur qui me paye ma rente & qui fe dit mon ami , rira en me
:

voyant

enterrei:

cela les arrte

ils fe

Age,
tent au rgime
tes de plus
j

-99
hommes.

ils

vgtent quelques miilu*


autres

que

les

Pour conloler
dire
,

faut leur , il qu' quelque ge qu'on leur donne un


les

dbiteurs

capital
la tte

pour des rentes viagres


d'un
enfant

ftit -

ce fur

qu'on batife , ils font toujours un trs bon march. Il n'y a qu'une tontine qui foit onreufe i auffi les moines n'en ont jamais fait. Mais pour de l'argent en rentes viagres ils en preiiaient toute main jufqu'au tems o ce jeu leur fut dfendu. En effet , on eft dcbarrafT du fardeau de payer au bout de trente ou quarante ans ; on paye une rente foncire pendant touIl leur a t auli dfendu de te l'ternit. prendre des capitaux en rentes perptuelles ; & la raifon c'eft qu'on n'a pas voulu les trop dtourner de leurs occupations fpirituelles.
,

&

AGRICULTURE.
comment anIL n'eft pas concevableterre aufl bien que ciens qui cultivaient
les
la

pouvaient imaginer que tous les grains en terre devaient nceiFairement mourir pourir avant de lever produire. Il ne tenait qu' eux de tirer un grain de la terre au bout de deux ou trois

nous

qu'ils femaient

&

&

ij

'Oo

Agriculture.
i

fl

un peu en, en haut. Ils auraient diftingu au bout de quelque tems le


jours
,

ils

l'auraient

vu

trs faiii

la

racine en bas

la tte

germe

les petits filets

blancs des racines

la

matire laiteufe dont fe formera la farine fes deux envelopcs , fes feuilles. Cependant, c'tait aifcz que quelque philofophe Grec ou barbare et enfeign que toute gcncratioii vient de corruption , pour que perfonne n'en doutt. Et cette erreur , la plus grande de
toutes les
livres

erreurs

parce qu'elle
,

elt

la

plus

contraire la iiature
crits

fe trouvait

dans des
genre-

pour

l'inltrudion

du

humain.
Les trois quarts de la terre fe paffcnt de notre froment , fans lequel nous prtendons qu'on ne peut vivre. Si les habicans voluptueux des villes favaient ce qu'il en cote de travaux pour leur procurer du pain , ils en
feraient efrays.

Des livres pseudoni mes sur l' CONOMIE GNRALE.


d'ajouter ce qui efl; dit dans l'Encyclopdie aux articles agriculture , grain , ferme , &c. Je remarquerai feulement qu' l'article grain , on fuppofe toujours que le marchal de Vatiban eft fauteur de la Diavie royale, C'eft une erreur
Il

ferait difficile

d'utile

Agriculture.

ioi

dans laquelle font tombs prefque tous ceux qui ont crit fur Tconomie. Nous Ibmmes donc forcs de remettre ici fous les yeux ce que nous avons dj dit ailleurs.

33

BoiS'Giiilhert s'avifa d'abord

d'imprimer

la

Dixme
,

royale fous le

nom

de Tejamen

,5

politique

du

rnarchnl

Vaubayi.

Ce

Bois-

auteur du Dtail de la France ,3 en deux volumes, n'tait pas fans mrite, il avait une grande connailance des finanroyaume ; mais la palion de crij, ces du tiquer toutes les oprations du grand Col bert y l'emporta trop loin j on jugea que c'Guilberi
j,

un homme fort inftruit qui s'garait un faifeur de projets qui exag& qui propo3, rait les maux du royaume 5, fait de mauvais remdes. Le peu de fuccs de ce livre auprs du miniftre, lui fit pren,3 dre le parti de mettre fa Dixme royale ,3 l'abri d'un nom refpel. Il prit celui du marchal de Vauban & ne pouvait mieux choifir. Prefque toute la France croit encor que le projet de la Dixme royale eft
tait
j,

toujours

,3-

33 ,3

53 3,

de ce marchal fi zl pour le bien public ; mais la tromperie eft aife connatre. Les louanges que Bois - Guilbert fe don3, ne lui - mme dans la prface , le trahiffent
la
le
-,

il

y
,

loue trop fon livre du Dtail de


il

j5

France

n'tait pas

vraifemblable que
^tant d'loges

marchal et donn

un

iij

102
5,

Agriculture.

rempli de tant d'erreurs i on voit dans cette prface un pre qui loue fou 3j " ^ fils , pour faire recevoir' un de les btards.
livre

Le nombre de ceux qui ont mis fous des


refpcds leurs ides de gouvernement, d'conomie , de finance , de tadique , &c. L'abb de St. n'eit que trop confidrable. Pierre qui pouvait n'avoir pas befoin de cette fupercherie , ne laifla pas d'attribuer la chimre de fa Vix pei-ptiielle au duc de Bourgogne.

noms

L'auteur du Financier citoyen cite toujours prtendu Tejiament politique de Colben ,; ouvrage de tout point impertinent , fabriqu par Gratien de Courtils. Qiielques ignorans
.

le

Voyez
l'article

citent encor

les

tejlamens politiques

du

roi

d'Efpagne Philippe II , du cardinal de Riche^"^ > ^' lieu , de Colbert , de Lnu-oois y du duc de Lornecdotes. j.^jj^g ^ ^^^ cardinal Albroni , du marchal de Belle -Ifle. On a fabriqu jufqu' celui de Miindrin.

Grain rapporte , Avantages dfavantages de la Grande- Eretagne i ouvrage bien fuprieur tous ceux que nous venons de citer. Si l'on parcourt quelques-unes des pro5, vinces de la France , on trouve que non- feulement plufieurs de fes terres reftcnn,
L'Encyclopdie
l'article
,

ces paroles d'un livre intitul

,}

Agriculture.
^ en
35
3,

j^,

friche

qui

pouraieiit

bleds

&

nourrir des beltiaux

produire des mais que les

ne rendent pas beaucoup de leur bont , parce que le laboureur manque de moyens pour les mettre en valeur.
terres cultives
55

prs proportion

Ce n'eft pas fans une joie fenfble que j'ai remarqu dans le Gouvernement de France un vice dont les confcquences font
3,

35 55

fi tendues , & j'en ai flicit ma patrie mais je n'ai pu m'empcher de fentr en mme tems combien formidable ferait de-

55 ,5

venue

cette

puiiance

fi

elle

et profit

des avantages que fes poifelfions

&

fes

hom-

hona norint ! " J'ignore l ce livre n'ett pas d'un Franais qui , en faifant parler un Anglais , a cru lui devoir faire bnir Dieu de ce que les Franais lui paraiflent pauvres ; mais qui en mme tems fe trahit lui-mme en fouhaitant qu'ils foient riches i & en s'criant avec Vir55

mes

lui offraient.

fiici

fi

gile
foit

s'ils

connaijjliient
,

leurs
,

biens !
eft

Mais

faux que les terres en France ne rendent pas proportion de leur bont. On s'accoutume trop conclure du particulier au gnral. Si. on en croyait beaucoup de nos livres nouveaux
Franais
foit
il

Anglais

France ne ferait pas plus fertile que daigne & les petits cantons Suiffes.

la Sar-

mj

YA#
De.

A G

TI

T.

T U R

E.

l'exportation des grains.

flexion

article Grain porte encor cette r Les Anglais ciruiaicnt fouvcnt de grandes chens dont nous profitions par la du commerce de nos grains , fous le 3, libert rgne de Hemi 7F & de Louis XIII ^ & dans " les premiers tems du rgne de Lons XIV. j,
:

Le mme

fut. dfendue en

Mais malheureufement la fortie des grains fous Henri IV. La 1598 dfenfe continua fous Loii's XIII & pendant tout le tems du rgne de Louis XIV. On ne put vendre fon bled hors du royaume que fur une requte prfente au confeil , qui jugeait de l'utilit ou du danger de la vente

la province.

ou plutt qui s'en rapportait l'intendant de Ce n'eft qu'en 1764 que le cona rendu le comfeil de Louis XV plus clair
,

merce des bleds libre avec les reftridions convenables dans les mauvaifes annes.
,

De la grande et petite culture. A


l'article

Ferme

qui

eft

un

des meilleurs

de ce grand ouvrage , on dillingue la grande & la petite culture. La grande fe fait par les chevaux , la petite par les bufs ; ik, cette
petite
,

qui s'tend fur


,

la

plus grande partie

des terres de Fiance


travail
eifort

elt
,

regarde

comme un
un
vain

prefque

Itrile

& comme

de findigence.

Agriculture.
vraie.

io>>

Cette ide en gnral ne me parait pas La culture par les chevaux n eft girmeilleure que celle par les bufs. Il y res
a des compenfations entre ces deux mthodes

qui les rendent parfaitement gales, il me femble que les anciens n'employrent jamais du moins il les chevaux labourer la terre n'ell queition que de bufs dans Hfiode , dans Xenophoii , dans Virgile , dans Colwnelle. La culture avec des bufs n'eft chtive & pauvre que lorfque des propritaires mal-aifs fourniient de mauvais bufs , mal nourris , des mtayers fans reTource qui cultivent mal. Ce mtayer ne rifquant rien , parce qu'il n'a rien fourni , ne donne jamais la terre ni les engrais , ni les faons dont elle a befoin y il ne s'enrichit point, & il appauvrit fon matre i & c'eft malhenreufement le cas o fe trouvent plufieurs pres de famille.
,

bufs eft aui profitable que chevaux parce que s'ils labourent moins vite on les fait travailler plus de journes fan<; les excder ; ils cotent beaucoup moins nourrir on ne les ferre point , leurs on les reharnois font moins difpendieux vend ou bien on les engrailfe pour la boucherie j ainl leur vie & leur mort procurent de l'avantage i ce qu'on ne peut pas dire des chevaux. Enfin on ne peut employer les chevaux que dans les pays o l'avoine eft trs bon fliarch , & c'eft pourquoi il y a^^tojours

Le

fervice des

celui des

, ,

jo6

Agriculture.
les

quatre cinq fois moins de culture par les

chevaux que par

bufs.

Des DFRICHEMENS.
A rarticle Dfrichement , on ne compte pour dfrichement que les herbes inutiles & vor:!ces que l'on arrache d'un champ , pour le mettre en tat d'tre enfemenc.
L'art de dfricher ne fe borne pas cette

mthode
lifte

ufite &. toujours nccflaire.

Il

con-

rendre fertiles des terres ingrates qui

n'ont jamais rien port. Il y en a beaucoup de cette nature , comme des terrains marcageux ou de pure terre brique , foulon fur laquelle il ell auli inutile de femer que
fur des rochers. Pour
qu'il faut accufer
les terres

marcageufes

ce n'ell que la parefle &; rcxtrme pauvret


,

fi

on ne

les fertilife pas.

Les fols purement glaifeux ou de craie, ou fimplement de fable font rebelles toute
,

culture.

n'y a qu'un feul fecret c'eft celui d'y porter de la bonne terre pendant des an* nes entires. C'eft une entreprife qui ne convient qu' des hommes trs riches le proEt n'en peut galer la dpenfe qu'aprs un trs long tcms , fi mme elle peut jamais en
Il
,
-,

approcher.
terre

Il faut quand on y a port de la meuble la mler avec la mauvaife , la fumer beaucoup , y reporter encor de la terre
,

Agriculture,
Se

107

furtout
le

y femer
foi

des graines qui loin de

dvorer

lui

communiquent une nou-

velle vie.

Quelques particuliers ont fait de tels elTais ; mais il n'appartiendrait qu' un fouverain de changer aini la nature d'un vafte terrain en
faifant camper de la cavalerie , laquelle y confommerait les fourages tirs des environs. Il y faudrait des rgimens entiers. Cette d-

rait pas

penfe fe faifant dans le royaume , il n'y auun denier de perdu , & on aurait la longue un grand terrain de plus qu'on aurait conquis fur la nature. L'auteur de cet

article a fait cet elTai


Il

en

petit

&

a rul.

en

eft

d'une

telle entreprife

celle des

canaux

&

des mines.

comme de Quand la d-

penfe d'un canal ne ferait pas compenfe par les droits qu'il rapporterait , ce ferait toujours pour l'tat un prodigieux avantage.
.

Que

la

dp^nfe de l'exploitation d'une mine

d'argent , de cuivre , de plomb ou d'tain , mme de charbon de terre excde le produit l'exploitation eft toujours crs utile : car l'ar-

&

gent dpenf fait vivre les ouvriers , circule dans le royaume , Se le mtal ou minral qu'on en a tir , e(t une richeife nouvelle Se perma-

Quoiqu'on talfe il faudra toujours redu bon vieillard qui fit accroire fes enfans qu'il y avait un tribr dans leur champ i ils remurent tout leur hritage pour
nente.

venir

la Fable

o8
le

Agriculture.
,

chercher
eji

&

ils

s'apperqurent que

le

tra'

vail

un

rfor.

pierre philofophale de l'agriculture fe de femer peu & de recueillir beaucoup. Le grand Albert , le petit ^Ibert , la MaU fon riijiiqne enfeignent douze fccrcts d'oprer la multiplication du bled , qu'il faut tous mettre avec la mthode de faire naitre des abeilles du cuir d'un taureau , & avec les ufs de coq dont il vient des bafilics. La chimre de
rait

La

l'agriculture eft
faire plus

de croire obliger

la

nature

Autant vaudrait donne le iccret de faire porter une femme dix enfans , quand elle ne peut en donner que deux. Tout ce qu'on doit faire eft d'avoir bien foin d'elle dans fa grofTefTe. La mthode la plus fCirc pour recueillir un peu plus de grain qu' l'ordinaire eft de fe
qu'elle

ne peut.

fervir

du femoir. Cette manuvre par laquelon herfe & on recoule on fme la fois vre prvient le ravage du vent qui quelque, ,

fois dilipe le grain


le

&

celui des oifeaux qui

dvorent.

C'eft

un avantage qui
eft

certaine-

ment

n'eft pas ngliger.

De
verfe

plus

la

femence
;

plus rgulirement
; elle a plus de peut produire des

&

efpace dans la terre


elle

libert

de s'tendre

tiges plus fortes


le

&

un peu

plus d'pics. Mais

femoir ne convient ni toutes fortes de terrains , ni tous les laboureurs. Il faut que

Agriculture.
le fol (bit
le
il il

109
faut

uni

&

fans cailloux

&

il

que
j

laboureur foit aif. en cote encor pour


eft

Un
le

femoir cote

&

dtraqu.

11

quand exige deux hommes & un


r'habillement

que des i bufs. Cette machine utile doit tre employe par les riches cultivateurs prte aux pauvres.
cheval
plufieurs laboureurs n'ont

&

De la grande protection due


A
l'

AGRICULTURE,
fatalit l'agriculture

Par quelle

n'eft-elle

vritablement honore qu' la Chine ? Tout miniftre d'tat en Europe doit lire avec attention le mmoire fuivant , quoiqu'il foit d'un jfuite. Il n'a jamais t contredit par aucun autre milonnaire , malgr la jaloufie de mtier qui a toujours

clat entre

eux.

Il

eft

entirement conforme toutes les relations que nous avons de ce vafte empire.
5,

Au commencement du printems
dans
le

chinois,

mois de Fvrier , le tribunal des mathmatiques ayant eu ordre 3, d'examiner quel tait le jour convenable dtermina le 3, la crmonie du labourage 5, 24 de la onzime lune , & ce fut par le triannonc j, bunal des rites que ce jour fut l'empereur dans un mmorial o le m3, me tribunal des rites marquait ce que (a

c'eft - - dire

ITO
5,

Agriculture.
faire

majefl devait
cette fte.

pour
,

fe

prparer

3,

nommer
5,

i. L'empereur doit Selon ce mmorial les douze perfonncs illuilres qui

doivent l'accompagner
lui
;

Se

labourer aprs

j,
5,

favoir

trois princes

&

neuf prfidens

3,

des cours fouveraines. Si quelques-uns des prfidens taient trop vieux ou infir-

mes

l'empereur

nomme

ces afleffeurs

pour

3,

tenir leur place.

2^. Cette crmonie ne


j,
3,

confifte pas feu-

lement

labourer

la

terre, pour exciter


,

l'mulation par fon exemple mais elle renferme encore un facrifice que l'empe reur comme grand pontife olFre au Chang // pour lui demander l'abondance en fa veur de fon peuple. Or pour fe prparer
j,
,

a,
5, 5, 3, 3, 5,

ce facrifice , il doit jener & garder la continence les trois jours prccdens. ) La mme prcaution doit tre obferve par tous ceux qui font nomms pour accom-

pagner
trs
,

fa

majeft

foit princes lettres


,

foit au-

foit

mandarins de
veille

foit

man-

3,

darins de guerre.

de cette crmonie , fa maquelques feigneurs de la pre mire qualit , & les envoy la falle de

3.

La

jeftc choifit

a ) Cela feul ne fuffir-il pas pour dtruire la folle calomnie tablie dans notre Occident, que le gouvernement Chinois efl athe ?

A G
fes

II

U L T U

E.
la

iri
ta-

anctres
,

fe

profterner devant
,

blette
s'ils

&
il

les avertir

comme
,

ils

feraient
le

taient encor en vie


oifrira le

que

jour

fuivant
,5

grand

lacrifice.
le

Voil en peu de mots ce que

m-

morial du tribunal des rites marquait pour la perfonne de Tempereur. Il dclarait aul
les

prparatifs

que
aux

les diifrens

taient chargs de faire.


rer ce qui fert

tribunaux L'un doit prpa-

facrifices.

Un

autre doit
doit

compofer en faifant
quelles

les

paroles que l'empereur rcite

le facrifice.

Un
les
,

troifime
a

taire porter

&
un

dreler

tentes fous lefs'il

l'empereur dnera
repas.

ordonn

d'y porter
vieillards

Un. quatrime doit

aflmbler quarante ou cinquante vnrables


,

foient prfens
re
la

laboureurs de profefon , qui l'empereur labou, lorfque

terre.

On

fait

venir aui une quaatteler les

rantaine de laboureurs plus jeunes


difpofer la charrue
,

pour bufs , &

prparer

les

grains qui doivent tre fems.

L'empereur fme cinq fortes

de grains, qui font cenfs les plus ncelfaires la Chine , & fous lefquels font compris tous
les autres-i
le

froment

le ris

le

millet
,

la

fve

&

une autre efpce de

mil!

qu'on

appelle cac-leang.

^) morts

Le proverbe dit Comportei-vous comme s'ils taient encore en vie.


:

l'gard des

I2

Agriculture.
les

Ce furent -l
,,
5,

prparatifs: le vingt-

5,
5,
5,

quatrime jour de la lune , fa majeltc fe rendit avec toute la cour en habit de c6rmonie au lieu deftin otfrir au Chang-ti le facrifice du printems , par lequel on le pi ie de faire crotre & de conferver les biens de la terre. C'ell pour cela qu'il l'offre avant que de mettre la main la charrue L'empereur lacrifia , 8c aprs le facrifice ,, avec les trois princes & les il defcendit neuf prfidens qui devaient labourer avec Pluiieurs grands feigncurs portaient lui.
-

eux

mmes
les

les

coffres

prcieux qui ren-

fermaient

grains qu'on devait femer.

Toute la cour y allirta eu grand llence. L'empereur prit la charrue & fit en laboulorfqu'il rant plufieurs alles & venues quitta la charrue , un prince du fang la
,
;

conduilit
reite.

&

laboura Ion tour. Ainli du


diffrens
les

Aprs avoir labour en l'empereur fema droits ,


grains.

en-

diffrens

On

champ

entier

laboureurs
labourer.

ne laboure pas alors tout le jours fuivans les , mais les de profelion achvent de le

Il

avait cette anne- l quarante -qua-

& quarante- deux La crmonie fe termina par une rcompenfe que l'empereur leur fit
tre anciens laboureurs,

plus jeunes.

donner.

O R

U L T

T;

B.

E.

II 3'
elt

cette

relation d'une

crmonie qui
,

a plus

belle
,

de toutes
Il

puis qu'elle

eft la

plus utile

il

uit joindre

un

dit

du

mme

empereur
fes

Tojitchin.

accorde des rcompen-

&

des honneurs quiconque dfrichera des

terrains incultes depuis quinze arpens jufqu'

quatre- vingt , vers la Tartarie j car il n'y en a point d'incultes dans la Chine proprement dite& celui qui en dfriche quatre -vingt devient mandarin du huitime ordre. Qiie doivent faire nos fouverains d'Europe en apprenant de tels exemples ? ADMIRER

ET ROUGLR MAIS SURTOUT IMITER.

Tojcript,

J'ai lu depuis

peu un

petit livre fur les arts


j'ai

&

mtiers

dans lequel

remarqu autant
,

de chofes
dit de

utiles

qu'agrables

mais ce qu'il

l'agriculture

relfemble alfez la

ma-

nire dont en parlent plulieurs Pariliens qui

n'ont jamais vu de charrue. L'auteur parle d'un heureux agriculteur qui , dans la con^ tre la plus dlicieufe & la plus fertile de la
terre
,

cultivait
cent.

une campagne qin

lui

rendait

cent
Il

four

drait

ne favait pas qu'un terrain qui ne renque cent pour cent , non- feulement ne

payerait pas

un feul des fraix de la culture, mais ruinerait pour jamais le laboureur. Il faut pour qu'un domaine puille donner un Premire partie,

tI4

A G
,

?.

U L T U R

E.

lger profit

qu'il

rapporte au moins cinq


Parifiens
,

cent pour cent.

Heureux

jouiirez
l

c nos travaux
(

&

jugez de l'opra comique


Bled ou
Bl. )

Voyez

l'article

R.
,

ON

compte quatre clniens

quatre ef-

pces de matire fans avoir

complette de la matire. lmens de ces lmens ? L'air fe change t-il a-t-il de Tair ? en feu , en eau , en terre ?

une notion Mais que font les

Quelques philofophes en doutent encore peut-on raifonnablement en douter avec eux

;
i*

fur

fi on marche on boit de l'eau fi le feu nous claire, nous chauife nous brle. Nos fens nous en avertilfent alfez ; mais ils ne nous difent rien fur l'air. Nous ne favons point par eux Ci nous refpirons les vapeurs du globe ou une fubftance diffrente de ces

On

n'a jamais
,

t incertain

la terre

Ci

vapeurs. Les Grecs appellrent l'enveiope qui

nous environne atmojphre la fphre des ex& nous avons adopt ce mot. Y a-t-il parmi ces exhalaifons continuelles une
,

halaifons

-,

autre efpce de matire qui ait des proprits


diffrentes ?

Air.
Tair
tre
,

tf

Les philofophes qui ont nie rexiftence de


difent qu'il
eft

inutile d'admettre

un

qu'on ne voit jamais & dont tous les ejfets s'expliquent Ci aifment par les vapeurs
qui fortent du fein de
la terre.

Newton a dmontr que

le

corps

le

plus

dur a moins de matire que de pores. Des exhalaifons continuelles s'chapent en foule
de toutes les parties de notre globe. Un cheval jeune & vigoureux ramen tout en Tueur dans fon curie en tems d'hyver , ell entour d'un
,

atmofphre mille

fois

moins confidrable que

notre globe ne Tell de la matire de fa pro pre tranfpiration. Cette tranfpiration , ces exhalaifons , ces vapeurs innombrables s'chapent fans cetre par des pores innombrables , & ont elles-

mmes
fans

des pores. tinu en tout fens


ceife

C'eft ce
,

mouvement con-

qui forme
,

&

qui dtruit
,

vgtaux

minraux

mtaux

animaux.
C'eft ce qui a fait penfer plufieurs
e

que
puif-

mouvement
a pas

eft eifentiel la

matire

dans laquelle Et Ci la puilfance formatrice temelle qui prfide tous les globes , eft l'auteur de tout mouvement, elle a voulu du moins que ce mouvement ne prit jamais. Or ce qui eft toujours indeC. trudible a pu paratre eiientiel comme l'ten
qu'il n'y
il

une

particule

n'y

ait

un mouvement continu.

ij

^i5
due
ide

Air.
&
la folidit

ont paru
,

eicntielles.

Si cette
;

parJonnable car il n'y a que Terreur malicieufe & de mauvaife foi qui ne mrite pas d'indulgence. Mais qu'on regarde le mouvement comme eflentiel ou non , il eft indubitable que les cxhalaifons de notre globe s'lvent (S: recil:

une erreur

elle cil

tombent ians aucun relche un niiHe , deux milles trois milles au dciilis de nos ttes. Du mont Atlas l'extrmit du Taurus,
,

tout homme peut voir tous les jours les nuages fe former fous fes pieds. Il eft arriv mille fois des voyageurs d'tre au delfus de
l'arc-en-ciel
,

des clairs

& du

tonnerre.

Le

feu

rpandu dans

l'intrieur

du globe,

ce feu cach dans l'eau 8c dans la glace mme, eft probablement la fource imprilfable de ces

de ces vapeurs , dont nous fom, continuellement environns. Elles fornies ment un ciel bleu dans un tems ferein quand
cxhalaifons
elles

font alfez hautes

&

aifez

attnues pour
;

ne nous envoyer que des rayons bleus

com-

me

les feuilles

de

l'or

amincies

expofes aux

rayons du foleil dans la chambre obfcure. Ces vapeurs imprgnes de fouphre forment les
tonnerres
fuite

&

les

dilates

clairs. Comprimes & enpar cette comprelion dans les

entrailles de la terre , elles s'chapent en volcans , forment & dtruifent de petites montagnes , renverfent des villes , branlent quel-

quefois une grande partie

du

globe.

Air.
Cette

117

nageons
fans

mer de vapeurs dans laquelle nous qui nous menace fans cclfe & laquelle nous ne pourions vivre com, ,

prime de tous cts notre globe &; Tes habitans avec la mme force que Ci nous avions fur notre tte un ocan de trente - deux pieds de hauteur & chaque homme en porte environ vingt mille livres.
:

Raisons de ceux qui nient l'air. Tout


l'air

ceci pof

les

philofophes qui nient

pourquoi attribuerons - nous , un lment inconnu & invilible , des elfets que l'on voit continuellement produits par
difenc

ces cxhalaifons vilibles

&

palpables ?

Je vois au coucher du foleil s'lever du pied des montagnes , & du fond des prairies , un nuage blanc qui couvre toute l'tendue du terrain , autant que ma vue peut
porter.

Ce nuage

s'paillit

peu- -peu, ca-

che infenfiblement les montagnes , & s'lv au-deiTus d'elles. Comment , Ci l'air exiftait , cet air dont chaque colonne quivaut trente - deux pieds d'eau , ne ferait - il pas rentrer ce nuage dans le fein de la terre donfe
il

eft prelf
il

Chaque pied cube de ce nuage - deux pieds cubes i donc ne pourait jamais fortir de terre que par
eft forti ?

par trente

un

etforc prodigieux

&

que

celui des vents qui foulventpes

beaucoup plus grand mersj

iij

us
la plus

Air.
granck eiFervefcence des temptes.

puifque ces mers ne montent Jamais la trentime partie de la hauteur de ces nuages dans

L'air eft laftique , nous dit- on : mais les vapeurs de Teau feule le font fou vent bien davantage. Ce que vous appeliez Vlvient de l'air prefle dans une canne vent , ne porte une balle qu' une trs petite dillance mais dans la pompe feu des biitimens d'Yorck Londres , les vapeurs font un
;

eifet cent fois

plus violent.
,

ne dit rien de l'air continuent - ils , qu'on ne puifTe dire de mme des vapeurs du
globe
j

On

elles pfent

comme

lui

s'infinuenc

allument le feu par leur foufle , fe dilatent , fe condenfent de mme. Ce fyftme femble avoir un rand avantage fur celui de l'air , en ce qu'il rend parfaitement raifon de ce que l'atmofphre ne s'tend qu'environ trois ou quatre milles tout au plus 3 au lieu que Ci on admet l'air , on ne trouve nulle raifon pour laquelle il ne s'tendrait pas beaucoup plus loin , & n'cmlui
,

comme

jbraiTerait

pas l'orbite de la lune.


objec1:ion

La
contre
eft
,

plus grande
les

que

l'on

fale

fyltmes des exhalaifons du globe, qu'elles perdent leur lalticit dans la


feu
l'air

pompe
lieu

quand
eft
,

elles

font refroidies
,

au

que
,

dit

on
il

toujours

lafti-

que

mais premirement

ii'eft

pas vrai que

Air.
f laftcitc
de
l'air

119

; Ton laffuppofe en quilibre , & fans cela il n'y a point de vgtaux d'animaux qui ne crevairent n'datafient en cent morceaux , fi cet air qu'on fuppofe tre dans eux , confervait fon lafticit. Les vapeurs n'agilfent point quand elles font en quilibre ; c'eft leur dilatation qui fait leurs grands elfcts. En un mot , tout ce qu'on attribue l'air femble appartenir fenfiblement , flon ces philofophes , aux exha. laifons de notre globe.

agifle

toujours
le

ticit elt nulle

quand on

&

&

Si

on
il

leur

fait

voir

que

le

feu

s'teint
,

quand

n'elt pas entretenu par l'air


fe

ils

r-

pondent qu'on

mprend,

qu'il

faut

un

flambeau des vapeurs fches & laftiques pour nourrir fa flamme , qu'elle s'teint fans leur fecours , ou quand ces vapeurs font trop graifes
trop fulphureufes
fort. Si
,

trop groffires

&

on

leur objeie
,

que

l'air eft

fans rf. quelquefois

peftilenciel

c'eft

bien plutt des exhalaifons


Elle
,

qu'on doit
de toutes

le dire.

des parties de fouphre

portent avec elles de vitriol , d'arfenic

&

Pair eji pur dans ce canton , cela fignifie : ce canton ifeji point marcageux j il n'a ni plantes ni
dit
:

les plantes nuifibles.

On

minires pernicieufes dont

les parties

s'exha-

lent continuellement dans les corps des ani-

maux.
l'air

Ce

n'eft point l'lment


la

prtendu de
fi

qui rend

campagne de

Rome
,

mal

(aine 3 ce font les eaux croupilfantes

ce font

iiii

120
les

A
, ,

R.

anciens canaux
btes

qui creufcs fous terre de


le

tous cots
tes les

Ibnt devenus

rceptacle de touC'eft

vnimeulbs.

de

que
ter-

s'exhale continuellement

un poifon mortcl.
le

Allez Frefcad

ce n'eit plus

mme

rain

ne font plus les mmes exhalailons. Mais pourquoi Tlcment fuppof de l'air
,

ce

changerait-il de nature Frefcati ?

Il fe

char-

gera

dit

-on

dans

la

campagne de P.ome

de ces exhale ifons funeftes , 8c n'en trouvant pas Frefcati il deviendra plus falutaire. IMais encore une fois , puifque ces exhalaifons exillent , puifqu'on les voit vidblement s'lever le foir en nuages , quelle ncclfit de les attribuer une autre caufe ? Elles montent dans l'atmofphre , elles s'y dililpcnt , elles changent de forme j le vent dont elles font la premire caufe , les emporte , les fpare ; elles s'attnuent , elles deviennent falutaires , de mortelles qu'elles taient. Une autre objection , c'elt que ces vapeurs , ces exhalaifons renfermes dans un vaf de
verre s'attachent aux parois ik. tombent , ce qui n'arrive jamais l'air. Mais qui vous a dit que Ci les exhalaifons humides tombent au

fond de ce cryllal , il n'y a pas incomparablement plus de vapeurs fches & lalliques qui fe fouticnnent dans l'nitrieur de ce vafe if L'air , dites-vous , elt purifi aprs une pluye. Mais nous fommes en droit de vous foutenir

que

ce font les exhalaifons terrellrcs qui

fc

AIR.
font purifies , que les plus aqueufes rendues
plus fches
ttes
,

'

121
,

plus

groflires
,

les

la terre

laiiieiit les

&

les

plus fines au deifus de nos


cette

&

que
la

c'elt

afcenlion
le

&

cette

defcente alternative qui entretient


tinuel de

jeu con-

nature.

Voil une partie des raifons qu'on peuc Uguer en feveur de l'opinion que Tlment e l'air n'exille pas. Il y en a de trs fpcieufes & qui peuvent au moins iaire natre des doutes ; mais ces doutes cderont toujours l'opinion

commune.
Si

On

n'a dj pas

trop de
rait

quatre lmens.
,

on nous rdui-

trois

vres.

On

dira toujours Vl.neut de l\m:

nous nous croirions trop pauLes


les airs
,

oifeaux voleront toiours dans


jamais dans les vapeurs.

&
,

On

dira toujours
,

rarr

eji

doux

tair
,

eji

fei-ein

&

jamais

les

vapeurs [ont douces

font fersines.

ALCHIMISTE.
CEt
que
tant au deilus
l'or

Al emphatique met Talchimifte audu chimilte ordinaire qu il compofe eft au deiFus des autres
eit

mtaux. L'Allemagne
qui cherchent
la

cncor pleine de gens


philofopiule
,

pierre

coni-

122

Alchimiste.
&
le

me on
ne
,

a cherche l'eau d'immortalit la Chila fontaine de Jouvence en Europe.

On
qui

a connu quelques pcrfonnes en France font ruines dans cette pourfuitc.

Le nombre de ceux qui ont cru aux tranfmutations eil prodigieux j celui des fripons fut proportionn celui des crdules. Nous avons vu Paris le feigneur Damuii , marquis de Convcntiglio , qui tira quelques centaines de louis de pluiieurs grands feigncurs pour leur faire la valeur de deux ou trois cus en or.

Le meilleur tour qu'on ait jamais fait en alchimie fut celui d'un Rofe-o-oix qui alla trouver Henri I, duc de Bouillon , de la maifon de Titrenne , prince fouverain de Sedan vers l'an 1620. Vous n'avez pas , lui dit il , une fouverainet proportionne votre grand cou5, Je veux vous rendre plus riche que ,, rage. l'empereur. Je ne puis refter que deux jours dans vos tats ; il faut que j'aille tenir Venife la grande affemble des frc5, Gardez feulement le fecret ; envoyez 5, res. chercher de la litharge chez le premier de votre ville. Jettez-y un 5, apoticaire grain feul de la poudre rouge que je vous 5, donne ; mettez le tout dans un creufet , & d'un quart d'heure vous aurez 5, en moins " de l'or.
,

Le prince
fois

fit

l'opration

Se la ritra trois

en

prfence

du

virtuofc.

Cet

homme

Alchimiste,
avait
fait

125
litharge
,

acheter auparavant toute

la

qui

tait

chez

les apoticaires

de

Sedan

*&

revendre charge de quelques onces d'ar. L'adepte en partant fit prfent de toute fa poudre tranfmutantc au duc de Bouillon. Le prince ne douta point qu'ayant fait trois onces d'or avec trois grains , il ne fit trois cent mille onces avec trois cent mille grains; que par confquent il ne ft bientt polfef. feur dans la femaine , de trente- iept mille cinq cent marcs , fans compter ce qu'il ferait dans la fuite. Il filait trois mois au moins pour faire cette poudre. Le philofophe tait prelf de partir j il ne lui reftait plus rien , il avait tout donn au prince ; il lui falait de la monnoie courante pour tenir Venife les tats de la philofophie hermtique. C'tait un homme trs modr dans fes delirs <Sc dans fi dpenfei il ne demanda que vingt mille cus pour fou voyage. Le duc de Bouillon honteux du peu , lui en donna quarante mille. Qiiand il eut puif toute la litharge de Sedan , il ne fit plus d'or; il ne revit plus fon philofophe en fut pour fes quarante mille cus.
l'avait Fait enfuite

&

&

Toutes les prtendues tranfmutations alchimiques ont t fiites -peu -prs de cette manire. Changer une production de la nature en une autre eif une opration un peu diificile , conim, par exemple , du i^r en ar,

124
gent
le
;

Alchimiste.
car clic

demande deux chnfes qui ne


,

font gure en notre pouvoir


fer
Il
,

c'cll

d'anantir

(Se

de crer l'argent.
qni croyent

a encor des philofophcs


,

aux tranfinurations

parce qu'ils ont vu de l'eau devenir pierre. Ils n'ont pas voulu voir qu l'eau s'tant vapore a dpof le iabla
d(nit el'e
cait

c'narge

6^

que- ce fable rap-

prochant

pares eft devenu une petite p'eire fr'able qui n'cfl prcifment que le able qui tait dans l'eau.
fes

On doit fe dfier de l'exprience mme. Nous ne pouvons en donner un exemple plus


rcent

&

plus frappant que l'avanture qui s'eft

paie de

nos jours

<Sc

qui

cil

raconte par

un tmoin
qu'il

occulaire. Voici l'extrait

du compte

en a rendu.

Il faudrait avoir toujours devant les yeux ce proverbe efpagnol : De las cofas 5, vias fe^urcis la mas fegiira es iular. Qiiand 011 a fait une exprience le meilleur parti 5, 5, efl: de douter loiigtems de ce qu'on a vu & de ce qu'on a fiit. En 1753 un cliimifte Allemand d'une
5,
,

,,
5,

petite province voilne de l'Alzace crut avec apparence de raifon avoir trouv le fecret de fdre aifment du falptrc , avec le,

quel on compoferait la poudre canon vingt fois meilleur march & beaucoup plus
j,

promptenient qu'a

l'ordinaire.

Ilfitcucjfet

Alchimiste.
fut

la"

de cette poudre , il en donna au prince fou fouverain qui en fit ufage la chafTc. Elle
juge plus fine
autre.

&

plus agiilnte
,

que

dans un voyage V^ criailles , la mme poudre au roi , qui l'prouva fouvent & en fut toujours galement fatisfait. Le chimifte tait fi fur de fon fccret qu'il ne voulut pas le donner moins de dix.fept cent mille francs pays comptant , & le quart du profit pendant vingt annes. Le march fut fign le chef de la compagnie des poudres, depuis garde du trfor- royal, vint en Alzace de la part du roi accompagn d'un des plus favans chimiftes de France. L'Allemand opra devant eux auprs de Colmar , & il opra fes propres dpens. C'tait une nouvelle preuve de fa bonne -foi. Je ne vis point les travaux; mais le garde du trfor -royal tant venu chez moi avec le chimifte , je lui dis que s'il ne payait les dix-fept cent milles livres
toute

Le prince donna de

qu'aprs avoir
rait

fait

du

falptre

il

garde-

toujours fon argent.


pas.
les

Le chimifte m'af.
Je
lui rptai

fura que le falptre fe que je ne le croyais pourquoi ? C'eft que


rien
,

trait.
Il

me demanda hommes ne font

lui dis
;

- je.
il

Ils

unilfent

&

ils

dfU-

nilfent

mais

n'appartient qu'

la

nature

de
jj

faire.

L'Allemand

travailla trois

mois entiers

12^

Alchimiste.

au bout tlefque^s il avoua fon impuif fance. Je ne peux changer la terre en lal ptre , dit -il j je m'en retourne chez moi changer du cuivre en or. Il partit & fit de l'or comme il avait tait du falp:re. Quelle faulTe exprience avait tromp ce
,

pauvre Allemand &


,

le

duc fon matre


,

&

les

gardes du trfor-royal
'<

&

le

chimiile

de Paris & le roi La voici. Le tranfmutateur x-Vllemand avait vu j, un morceau de terre imprgne de falp,

en avait extrait d'excellent avec lecompor la meilleure poudre ,, a tirer i mais il n'appercut pas que ce pe tit terrain tait ml des dbris d'ancien,,

tre

&

il

quel

il

a%'it

j,

,,

tes

ns caves , d'anciennes curies , & des reCdu mortier des murs. 11 ne conlldra que la terre , & il crut qu'il ruffifait de
terre pareille

cuire une
5,

ptre

le

meilleur.

"

pour

faire le fal-

On
les

ne doit cependant pas rebuter tous


fecrets
Il

hommes

nouvelles.

en

eft

& toutes les inventions de ces virtuofes comme


,

des pices de thtre

fur mille

il

peut s'en

trouver une de bonne.

AlcoraNjOUleKoran.

127

A L C O R A N,

LE

OUPLUTOT K O R A
,

N.

gouverne defpotiquement toute feptentrionale du mont Atlas au dcfert de Barca , toute FEgypte les ctes
livre

CE
,

l'Afrique

de l'ocan Ethiopien dans l'elpace de fix cent la Syrie, l'Aile mineure, tous les pays lieues qui entourent la mer Noire & la mer Cafpien11e , except le royaume d'Aftracan tout l'em,

pire de rindouilan

une grandans notre Europe la Thiace la Macdoine , la Bulgarie, la Servie , la Bofnie , toute la Grce , l'Epi,

toute la Perfe
,

de partie de

la

Tartarie
,

&

re

&

prefqiie toutes les ides jufqu 'au petit

dtroit

d'Oriante o
pollellions.

finiiient toutes ces

im-

menfes

Dans cette prodigieufe tendue de pays n'y a prs un feul mahomtan qui ait le bonheur de lire nos hvres lacrs ; & trs peu de littrateurs parmi nous connailTent le io7'an, Nous nous en fefons prefqut toujours
il

une ide

ridicule

malgr

les

recherches ds

jios vritables favans.

128

AlC ORAN, ou LE KOR AK.


les

premires lignes de ce livre. Dieu , le fouverain de toiif les mondes i au Dieu de mifcricorde , au c'ell toi ,, fouverain du jour de la jultice

Voici

5,

Louanges

-,

que nous adorons c'eft de toi leul qne attendons la protection. Conduis,^ nous dans les voies 8, nous dans les voies droites de ceux que tu as combls de tes grces , non dans les voies des objets de ta colre, & de ceux qui fe font gars. " j, Telle elt l'introduclion j aprs quoi l'on
, ,
j,,

voit trois

lettres , A, L , qui flon le , favant Salles ne s'entendent point , puifque chaque commentateur les explique {a manire i mais flon la plus commune opinion

elles fignifient.

la

Alla , Latif , Magid , Dieu, Grce , la Gloire. Mabouiet continue , & c'efl Dieu lui-mme qui lui parle. Voci fes propres mots. Ce livre n'admet point le doute , il eft la direction des juftes qui croyentaux pro fondeurs de la foi , qui obfervent les tcms en aumnes 5, de la prire , qui rpandent ce que nous avons daign leur donner, qui font convaincus de la rvlation def5,

ccndiie jufqu'
toi.

toi

&
la

phtes avant
3, 5,
3,

Que

les fidles

envoye aux proayent une


j

ferme

alfui

ance dans

vie venir

qu'ils
ils fe-

foient dirigs par leur

feigneur

&

ront heureux.

A l'gard des incrdules il eft gal pour eux


que

AlCORAN ou LE KORAN.
,
;

129

que tu les avertiires ou non ils ne croyenfe pas i le fceau de rinfidolit e(t fur leur & fur leurs oreilles ; les tnbres cur couvrent leurs yeux i la punition terrible
,

5,

les attend.
,

j,

Qiielques -uns difent nous croyons en Dieu , & au dernier jour ; mais au fond ils ne font pas croyans. Ils imaginent trompent eux,, tromper l'Eternel j ils fe l'infirmit elt dans j, mmes fans le favoir 5, leur cur, & Dieu mme augmente cette " &c. infirmit
;

On
paife

prtend que ces paroles ont cent fois

plus d'nergie en arabe. Et en eifet, l'Alcoran


lgant
crit

encor aujourd'hui pour le livre le plus & le plus fublime qui ait encor t

dans cette langue.


l'Alcoran

Nous avons imput


l'article

une
(

infi-

nit de lotifes qui n'y furent jamais.

Voyez

Aroi

&

Marot.

les Turcs que nos moines crivirent tant de livres lorfqu'on ne pouvait gures rpondre autrement aux conqurans de Conftantinople. Nos auteurs qui font en beaucoup plus grand nombre que les janilFaires n'eurent pas beaucoup de peine mettre nos femmes dans leur parti > ils leur perfuadrent que Mahomet ne les regardait pas comme des animaux intelligens qu'elles taient

Ce

fut

principalement contre
,

devenus mahomtans

Fremiye partis,

130

AlcoraNjOUleKoraT.
;

toutes efclaves par les loix de l'Alcoran


les

qu'el-

ne poiredaient aucun bien dans ce monde & que dans l'autre elles n'avaient aucune part au paradis. Tout cela eft d'une fauliet vidente ; ik tout cela a t cru fermement. pourtant de lire le fcond Si le Il fuffifait quatrime fura n) ou chapitre de l'Alcoran

pour

tre

dtromp
j

on y trouverait

les loix

fuivantes

elles

font traduites galement par

Du Kier qui demeura longtems a Conlfantinople par Maracci qui n'y alla jamais, & par Siilles qui vcut vingt - cinq ans parmi les Arabes.
,

RGLEMENS

Ma HO M ET SUR LES FEMMES.


DE
I.

N'poufez de femmes
5,
5,

idoltres

elles

feront croyantes.

Une
la

mane vaut mieux que


idoltre.

que quand mufulplus grande dame


fer vante

II.
,,

,,
3,

des
fe

Ceux qui font vu de chaftet ayant femmes attendront quatre mois pour
,

dterminer.
fe

Les femmes
J5

comporteront envers leurs

maris
a)

comme

leurs maris envers elles.

En comptant

l'introdutSlion

pour un chapitre.

Alcoran,ou le Koran.
III.

ijx

Vous pouvez faire un divorce deux fois mais la troiilme l avec votre femme
; ,

vous j, vous
3,

,,
5

pour jamais ; ou ou vous la retiendrez avec humanit la renverrez avec bont. Il ne vous eft pas permis de rien retenir de ce que vous lui avez donn.
la

renvoyez

c'eft

IV.

Les honntes femmes font oblifantes attentives, mme pendant l'abfence de leurs maris. Si elles font fages , gardez-vous 5, de leur faire la moindre querelle j s'il en une , prenez un arbitre de votre 5, arrive fomille & un de la fienne.
:,

&

V.

Prenez une femme


ou quatre
,,
,

ou deux

ou

trois

& jamais

davantage. Mais dans

la

crainte de

ne pouvoir agir quitable,

ment envers plulieurs n'en prenez qu'une. Donnez-leur un douaire convenable i ayez
foin
d'elles
,

ne leur parlez jamais qu'avec

amiti.

VI.
Il ne vous eft pas permis d'hriter de vos femmes contre leur gr ni de les em,

,>

pcher de fe marier d'autres aprs

le di-

31
j,

Al

RAN, ou LE KORAN.

vorce pour vous emparer de leur douaire, moins qu'elles n'ayent tc dchires cou pables de quelque crime.

Si vous voulez quitter votre femme pour en prendre une autre , quand vous lui au riez donn la valeur d'un talent en maria ge , ne prenez rien d'elle.
j,

VIL

Il

vous
il

efl:

permis d'poufer des cfclaves,


abftenir.

mais

eft

mieux de vous en

VIII.
Une femme renvoye
5,

eft

oblige d'al-

fon enfant pendant deux ans , & le 5, pre eft oblig pendant ce tcms-l de don ner un entretien honnte flon fa condi tion. Si on fvre l'enfant avant deux ans , il faut le confentement du pre & de la Si vous tes oblig de }e confier 5, mre. 5, une nourice trangre , vous la payerez rai" 5, fonnablement.
laiter

En
tes
(i

voil fuffifamment
,

pour rconcilier
qui ne
les

les

femmes avec Mahomet


durement qu'on

a pas

trai-

le dit. Nous ne prtendons point le juftifier ni fur fon ignorance ni fur fon impofture j mais nous ne pouvons le condamner fur fa dodrine d'un feulDiEU. Ces feules paroles du fura I22 , Dieu eji

Wiiqiie

terntl

il

ti'eHgourc foint

il n'ejl

AlCORAN, ou
point engendr
paroles
, ,

LE KORN.

133

7'ien y{ejl

dis- je

lui

femblahle lui. Ces ont fournis l'Orient encor

plus que fon pe.

dont nous parlons & de prdications vagues & incohrentes , mais de loix trs bonnes pour le pays o il vivait qui font toutes encor fuivies fins avoir t jamais atfaiblies ou changes par des interprtes mahometans , ni par des dcrets nourefte
,

Au

cet Alcoran

cft

un

recueil de rvlations ridicules

&

veaux.

Mahomet
les potes

eut pour ennemis non-feulement

la Mecque , mais furtout les dodeurs. Ceux-ci foulevrent contre lui les magiftrats qui donnrent dcret de prife de

de

corps contre lui

comme duement
dit
,

atteint

<Sc

convaincu

d'avoir

qu'il

falait

adorer
,

Dieu

&

non pas
,

les toiles.

Ce

fut

com-

me on

fource de fa grandeur. Quand on vit qu'on ne pouvait le perdre , que fes crits prenaient faveur , on dbita dans la vilfait

la

&

le qu'il

moins

n'en tait pas l'auteur , ou que du fe fefait aider dans la compofition de fes feuilles , tantt par un fa vaut juif, tantt par un favant chrtien j fuppof qu'il y et
il

alors des favans.

C'eft aini

plus d'un prlat d'avoir

que parmi nous on a reproche fait compofer leurs


des

fermons moines.

&

leurs oraifons funbres par

Hy

avait

un

pre Hercule qui


I
iij

fefait

34

les

Axe ORAN, ou LE KoRAN. fermons d'un certain vque & quand


;

fermons , on difit allons eru teyidre ks travaux ri' Hercule. Mahomet rpond cette imputation dans fon chapitre i6, roccadon d'une grolfe fo& qu'on avait tife qu'il avait dite en chaire vivement releve. Voici comme il fe tire
allait Tes
, ,

on

d'affaire.

Qiiand
,,

tulis
te

leKoran adrefletoiDiEU,
il

afin qu'il

prferve de Satan
fur ceux qui l'ont pris

n'a

de pouvoir que
5,

pour

matre

5,

&
un

qui
je

donnent des compagnons


dans
le

5,

Dieu.

Quand

fubftitue

Koran un

de ces changemens ) fent tii as forg ces verfets mais ils ne vent dilHnguer le vrai d'avec le faux
verfet

autre (

& Djlu
, ,

fut la raifon quelques infidles difa-

di-

3,

tes plutt

que
la

l'efprir

fnt m'a apport ces

verfets.

de

part

de

Dieu

avec

la

v-

D'autres difent plus maligne rite.. ment il y a un certain homme qui tra vaille avec lui compofer le Koran mais
, ;

5,

comment

cet

homme

qui

ils

attribuent
,

mes ouvrages pourait-il m'enfeigner puif& que ,, qu'il parle une langue trangre eft celle dans laquelle le Koran elt crit 5, " l'arabe le plus pur ?
, ,

Cehii qu'on prtendait travailler avec Mal'Akm-an Benfalen , ou dz nMUsJ^O'^^i tait un Juif nomm pag. 123. henfalon. ,11 n'eft gures vraifemblabie qu'un

Algoran,ou leKoran.
Nous avons
uns
latin
le

13'-

Juif et aid Mahomet crire contre les Juifs j mais la chofe n'eft pas impolible.
dit depuis

que
,

c'tait

un moine

qui travaillait i'Alcoran avec Mabomst. Les

nommaient
plaifant

Bolkiira

les

autres Sergius.

Il eft

que ce moine
arabe.

ait

eu un

nom

&

un nom
leves
,

Quant aux belles


fe font

difputes thologiques qui

entre les
c'eft

mufulmans

je

ne

m'en mle pas


C'eft

au muphti

dcider.

ternel

une grande queftion fi l'Alcoran eft ou s'il a t cr les mufulmans rigi,

des

le

croycnt ternel.
a

On

imprim
le

la fuite
la

de

l'hiftoire

de

Croix i & dans ce triomphe il eft dit que l'Alcoran eft arien fabellien , carpocratien , cerdonicien , manichen , donatifte , orignien , macdonien ,
Calcondile

triomphe de

bionite. Mahomet n'tait pourtant rien de tout cela ; il tait plutt janfnifte ; car le fonds de fa dodrine eft le dcret abfolu de
la prdeftination gratuite.

ALEXANDRE.
Alexandre de parler IL n'eft plus permis chofes neuves & pour que pour dire des
^

dtruire les fables hiftoriques


I

phyfiques
iiij

&

^36

Alexandre.

morales , dont on a dfigur rhifloire du fcul ^rand homme qu'on aie jamais vu parmi les conqurans de l'Aiie.

Qpand on a un peu rflchi fur Alexandre , qui dans l'ge fougueux des plaillrs & dans l'yvreiie des conqutes , a b;iti plus de villes que tous les autres vainqueurs de l'Alie n'en ont dtruit j quand on longe que c'elt un
jeune
le

homme
,

qui a chang
allez

le

commerce du

monde
min
,

on trouve
de
qu'il

trange que Boileaii

fou , de voleur de grand chepropofe au lieutenant de police la Ri'ime tantt de le faire enfermer tantt de le faire pendre :
traite

&

&

Heureux

fi

de fcn tems pour de bonnes raifons


et eu des petites maifons.

La Macdoine

Qu'on
Dans

livre fon pareil

en France
le

la

Relnie

trois jours

nous verrons

phnix des guerriers


fes lauriers.

Laifler fur l'chafaut fa tte

&

palais

Cette requte prfente dans la cour du au lieutenant de police , ne devait tre admife ni flon la coutume de Paris , ni flon
le droit des gens. Alexandre aurait excip qu'ayant t lu Corinthe capitaine-gnral de la Grce , & tant charg en cette qualit de venger la patrie de toutes les invafions des Perfes il n'avait fait que fon devoir en

dtruifant leur empire

&

qu'ayant toujours

Alexandre.
oint la

137
de Da^

magnanimit au plus grand courage


la

ayant refpccl
riiis les

femme
,

&

les

filles

prifonnires

faon ni d'tre qu'en tout cas il appellait z la fentcnce du iieur de la lieinie au tribunal du monde

ne mritait en aucune interdit , ni d'tre pendu , &


il

en lier.
Rollin prtend (qu'Alexandre

ne

prit la fa-

meufe

ville

de

Tyr qu'en faveur


les

des Juifs qui


eit

n'aimaient pas
vraifeniblable

Tyriens.

Il

pourtant

raifons

&

eut encor d'autres qu'il tait d'un trs lage capitaine


lailr

c^u' Alexandre

de ne point

Tyr

matrelfe de

la

mer

lorfqu'il allait attaquer l'Egypte.

femble qu'il ne falait pas dire que les Juifs donnrent un rare digne de Punique peuple exemple de fidlit qui connt punr lors le vrai Dieu , en refufant des vivres Alexandre , parce qu'ils avaient prt ferment de fidlit Darius. On
;

Alexandre aimait Jrufalem fans doute

&

refpedait

beaucoup

mais

il

fait aifez

que
:

les

Juifs s'taient

toujours rfervir fous

volts contre leurs fouverains dans toutes les

occafions

car

un Juif ne devait

aucun
S'ils

roi

prophane.

refuferent

imprudemment
,

des contrileur
leurs

butions au vainqueur

ce n'tait pas pour fe

montrer efclaves
tait

fidles

de Darius

il

exprefTment ordonn par leur


les

loi

d'avoir
j

en horreur toutes

nations idoltres

, , }

138
livres

Alexandre.
ne font remplis que d'excrations con, &de tentatives ritres de fecouer
refufrent d'abord les contributions

tre elles

le joug.
S'ils

les Samaritains leurs rivaux les avaient payes fans difficult, & qu'ils crurent que quoique vaincu , tait encor alFcz puiCrius iant pour ioutenir JruPa'em contre Samarie. Il ell trs faux que les Juifs fulfent alors le feiil peuple qui connut le vrai Dieu , comme le dit Rollni. Les Samaritains adoraient le mme DiEU , mais dans un autre temple ils avaient le mme Pentateuque que les Juifs & mme en caradres hbraques , c'eft--dire

c'ell

que
,

An

tyriens, que les Juifs avaient perdus.

Le

shif-

Jrufalem tait en petit ce que le shifme entre les Grecs & les Latins La haine tait gale des deux ell en grand. cts en ayant le mme fond de religion.
entre Samarie

me

&

le

Alexandre aprs s'tre empar de Tyr par moyen de cette fameufe digue qui fait enles

cor l'admiration de tous

guerriers

alla

punir Jrufalem qui n'tait pas loin de fa route. Les Juifs conduits par leur grand-prtre, vinrent s'humilier devant lui & donner de
l'argent
les
ils
i

car

on n'appaife qu'avec de

l'argent

conqurans irrits. demeurrent fujets


fes

Alexandre s'appaifa j ' Alexandre ainfi que


l'hilloire

de

luccelfeurs,

\^oil

vraie

&

vraifemblablc.

Alexandre.

139

Ixollht rpte un trange conte rapport environ quatre cent ans aprs l'expdition d'Alexandre par l'hiliorien romancier , exagrateur , Flavien Jofepb , qui l'on peut pardonner de faire valoir dans toutes les occafions fa malheureufe patrie. Rollni dit donc aprs Jofepb, que le grand- prtre Jaddiis s'taiit prollern devant Alexandre , ce prince ayant vu le nom de Jehova grav fur une lame d'or attache au bonnet de Jaddus , & entendant parfaitement Thcbreu fe profterne fon tour & adore Jaddus. Cet excs de civilit ayant tonn Parmuion , Al^ xandre lui dit qu'il connailfait Jaddus depuis longtems , qu'il lui tait apparu il y avait dix annes avec le mme habit & le mme bonnet , pendant qu'il rvait la conqute de l'Afie , conqute laquelle il ne penfait point alors. Que ce mme Jaddus l'avait exhort paiFer l'Hellefpont , l'avait alTur que fon Dieu marcherait la tte des Grecs, que ce ferait le Ditu des Juifs qui le ren,

&

drait vidlorieux. des Perfes.

Ce conte de
toire

vieille
fils

ferait

bon dans

l'hif.

des quatre
,

Diable

mais

il

de Robert le figure mal dans celle ^A~


trs
utile la jeu;

Aymon

&

lexaiidre.

C'tait
nefl
il

une

entreprife
hijloire

qu'une

ancienne bien rdige

et

t fouhaiter

qu'on ne

l'et

point

140

Alexandre.
Le

gte quelquefois par de telles abfurdits.

conte de Jaddus ferait refpedable , il ferait hors de toute atteinte , s'il s'en trouvait au moins quelque ombre dans les livres facrsj mais comme ils n'en font pas la plus lgre mention , il eft trs permis d'en faire fentir
le ridicule.

ne peut douter qu'Alexandre n'ait foudes Indes qui eft en de du mis Gange & qui tait tributaire des Perfes, Monfieur Holrvell qui a demeure trente ans chez les brames de Bnars & des pays voi& qui avait appris non - feulement leur fins langue moderne mais leur ancienne langue facre , nous aflure que leurs annales attcfla partie
, , ,

On

tent

rinvafion

' Alexandre
,

qu'ils

appellent
,

grand brigand grand Mahadukoit Kounba meurtrier. Ces peuples pacifiques ne pouvaient l'appeller autrement & il eft croire qu'ils ne donnrent pas d'autres furnoms aux rois de Perfe. Ces mmes annales difent qu'Alexandre entra chez eux par la province qui & il eft proeft aujourd'hui le Candahar
,

bable qu'il y eut toujours quelques fortereffes fur cette frontire.

Enfuite Alexandre defcendit le fleuve Zombodipo que les Grecs appellrent Sind. On ne trouve pas dans l'hiftoire ' Alexatndre un feul nom indien. Les Grecs n'ont jamais appelle de leur propre nom une feule ville
,

Alexandre.
un
feul prince Afiatiqiie.

141

Ils ent ont uf de Egyptiens. Ils auraient cru deshonorer la langue grecque s'ils l'avaient alTujettie une prononciation qui leur feniblait barbare , ik s'ils n'avaient pas nomm

mme

avec

les

!Memphis

la ville

de Moph.
les
,

Monfieur Hohvell dit que jamais connu ni de Porus

ni

Indiens n'ont de Taxile i

en eiet ce ne font pas l des noms indiens. Cependant, fi nous en croyons nos miiionnaiencor des feigneurs patanes qui defcendre de Poriis. Il fe peut que ces milonnaires les ayent flatts de cette
res
,

il

prtendent

, & que ces feigneurs l'ayent adopte. n'y a point de pays en Europe o la baf. felTe n'ait invent & la vanit n'ait reu des gnalogies plus chimriques. Si Flavien Jofeph a racont une fable ridicule concernant Alexandre & un pontife Juif , Plutarqiie' qui crivit longtems aprs Jofeph parat ne pas avoir pargn les fables iiir ce hros. Il a renchri encor fur Qiiinte-

origine

Il

& l'autre prtendent qii'Aiexaju i l'un en marchant vers l'Inde voulut fe faire adorer , non - feulement par les Perfes mais auf par les Grecs. Il ne s'agit que de favoir ce qu'Alexandre les Perfes, les Grecs , Quinte-Curce Plutarque entendaient par adorer.
Ctirce
,

ih-e

Ne

perdons jamais de vue


les

la

grande rgle

de dfjiir

termes.

142
Si

Alexandre.
vous entendez par adorer invoquer un
divinit
, ,

homme comme une


l'encens

lui

offrir

de
au-

&

des facrifices
,

lui lever des

tels Si, des temples il efl; clair qu Alexandre ne demanda rien de tout cela. S'il voulait qu'tant le vainqueur & le matre des Perfes on le falut la perfanne qu'on fe proiternt devant lui dans certaines occafions ; qu'on
,

le

traitt

enfin
,

comme un
n'y a rien
l

roi

de Perfe

tel

qu'il rtait

il

que de

trs rai-

& de trs commun. membres des parlemens de France Les parlent genoux au roi dans leurs lits de juftice y le tiers - tat parle genoux dans les tats - gnraux. On fert genoux un verre
Ibnnable
de vin au roi d'Angleterre. Plufieurs rois de l'Europe font fervis genoux leur lacre. On ne parle qu' genoux au grand- mogol, l'empereur de la Chine , l'empereur du japon. Les colaos de la Chine d'un ordre infrieur flchilfent les genoux devant les colaos d'un ordre fuprieur

on

lui baife le pied droit.

rmonies n'a jamais t adoration dans le feus rigoureux , comme un culte de latrie. Ainli tout ce qu'on a dit de la prtendue adoration qu'exigeait Alexandre , n'efl: fonde que fur un quivoque. Voyez Abus des
(^

on adore le pape Aucune de ces cregarde comme une


i
,

mots. ) C'eft

O^ave

furnomm

dtigufe

qui

fe

Alexandre.
ft

143

rellement

adorer

troit.
tels
i il

On

lui leva des

dans le feus le plus temples & des au-

y eut

des prtres 'uguJie.


:

Horace

lui dit

podtivement

Jurandajque tiium per nornen ponimus

arcis

VoiU un
il

vritable facrilge d'adoration

&

n'efl:

point dit qu'on en murmurt.

Les
Il

contradidions

fur le

caractre

d'/f-

lexanre paratraient plus

difficiles concilier.
,

on ne favait que les hommes & furtout ceux qu'on appelle hros font fouvent trs & que la vie & la ditirens d'eux-mmes mort des meilleurs citoyens le fort d'une province , ont dpendu plus d'une fois de la bonne ou de la mauvaile digeftion d'un fouverain bien ou mal confeill.
,
,

Mais comment

concilier des faits

improba-

bles rapports d'une manire contradidoire ?

mort

Les uns difent que CalUjibne fut excut & mis en croix par ordre ^ Alexandre pour n'avoir pas voulu le reconnatre en qualit de fils de Jupite)'. Mais la croix n'tait point un fupplice en ufage chez les Grecs, D'autres difent qu'il mourut longtems aprs de trop d'embonpoint. Athne prtend qu'on le portait dans une cage de fer comme un
oifeau
,

&

qu'il

fut

mang de vermine.
rcits
la

Dmlez dans tous vous pouvez.

ces

vrit

(1

144

Alexandre.

Il y a des avantures que Qniiie ~ Cnrce fuppole tre arrives dans une ville, & Plutarqiie dans une autre j & ces deux villes fe trouvent loignes de cinq cent lieues. Alexandre faute tout arm & tour feul du haut d'une muraille dans une ville qu'il aigeait j elle tait auprs du Candahar flon QuinteCurce , & prs de l'embouchure de l'Indus fuivant Pliitarqiie.

Quand il efl arriv fur les ctes du Malabar , ou vers le Gange ( il n'importe ) il n'y a qu'environ neuf cent milles d'un endroit
,

l'autre

il

que

les

fait faifir dix philofophes Indiens Grecs appellaienc Gyvinnfophites , &

qui taient nuds comme des linges. Il leur propofe des queftions dignes du Afercure galant de Vif leur promettant bien fcrieufement que celui qui aurait le plus mal rpondu , ferait pendu le premier , aprs quoi les autres fuivraient en leur rang. Cela reifemble Nabucodojiofor qui voulait
,

abfolumcnt tuer

fes

mages

s'ils

ne devi-

naient pas un de fes fonges qu'il avait oubli; ou bien au calife des Mille une nuits qui

devait trangler fa

femme
c'eft
il
,

des qu'elle aurait

6ni fon conte. Mais


porte
tait

Vlutarque qui rapla

cette

fotife

faut

refpccler

il

Grec.

On

peut placer ce conte avec celui de lem' Alexandre

poifonnenient

par Arijiote car PUitar^


,

Alexandre.

dire au roi Ajitigone qu'riJiote avait

145-

Tutarque nous dit qu'on avait entendu dire un certain Agnotmis ^ qu'il avait entendu

envoy
d'Arca-

une
die
;

bouteille d'eau de

Nonacris

ville

eau tait fi froide qu'elle tuait fur le champ ceux qui en buvaient qu'Art^ tipdtre envoya cette eau dans une corne d'un pied de mulet ; qu'elle arriva toute frache Babilone ; qu'Alcxmidre en but , & qu'il en mourut au bout de fix jours d'une fivre
cette
:

que

continue.
anecdote.

que Tutarque doute de cette ce qu'on peut recueillir de c'efl; qvi' Alexandre l'ge de bien certain
Il

eft

vrai

Tout
,

vingt -quatre ans avait conquis la Perfe par trois batailles i qu'il eut autant de gnie que de valeur j qu'il changea la face de l'Afie , de
la

Grce

de l'Egypte
i

&
,

celle

du commerce

du monde & qu'enfin tant fe moquer de lui


j

Boileau ne devait pas

pas d'apparence qu'il en et

attendu qu'il n'y a feit autant en

peu d'annes. Voyez

l'article H/Jioire.

ALEXANDRIE.
PLus
par
fes

>

de vingt
,

villes

portent

le

nom

d'A,

lexandrie

toutes bties par Alexandre

&

capitaines qui devinrent

autant de

premire partie,

14^
rois.

Alexandrie.
Ces
,

villes font

autant de nionumens es

gloire

bien iupcricurs aux ftatues


j

iervitude rigea depuis au pouvoir


feule de ces
villes

que mais

la
la

qui ait attir l'attention de tout l'hmirphre par fa grandeur &. Tes richciies , ell celle qui devint la canitale de l'Egypte.
nes.

Ce

n'eft plus

On

fait aflez

qu'un monceau de que la moiti de cette

ruiville

cft dans un autre endroit vers la mer. La tour du phare , qui tait une des merveilles

du monde

n'exitte plus.

La
les

ville

fut toujours
ik

trs floriiTante

fous-

fous les Romains. Elle ne dgnra point fous les Arabes : les Mamme-i les Turcs , qui la conquirent tour lues Ftoomes

&

tour avec le relte de l'Egypte , ne la laiffrent point dprir. Les Turcs mme lui confcrvrent un refte de grandeur ; elle ne tomba que lorfque le paifige du cap de BonneEfprance ouvrit l'Europe le chemin de Tlnde , & changea une fconde fois le commerce

du monde qu'Alexandre Ce qui


eft

avait chang.
les
,

remarquer dans

Alexanleur

drins fous toutes les dominations


induftrie jointe la lgret
i

c'elt

leur

nouveauts avec l'application

amour des au commerce


-,

&

tous les travaux qui le font fleurir

leur

cfprit contentieux ik querelleur avec

courage

leur

fuperftition

peu de leur dbauche

tout cela n'a jamais chang.

Alexandrie.
La
Se
ville fut
,

14^

peuple d'Egyptiens

de Grecs

de Juifs

qui tous de pauvres qu'ils taient

auparavant devinrent riches par le commerL'opulence y introduifit les beaux - arts , le got de la littrature , & par confquent celui de la difpute. Les Juifs y btirent un temple niagniiique , ainfi qu'ils en avaient un autre Bubafte ; ils y traduifirent leurs livres en grec qui tait devenu la langue du pays. Les chrtiens y eurent de grandes coles ; les animofits furent fi vives entre les Egyptiens naturels , les Grecs , les Juifs & les chrtiens , qu'ils s'accufaient continuellement les uns les autres auprs du gouverneur, & ces querelles n'taient pas fon moindre revenu. Les fdice.

lions
Il

mmes furent frquentes & fanglantes. en eut une fous l'empire de Caligula , dans y laquelle les Juifs , qui exagrent tout , prtendent que la jaloufie de religion & de commerce leur cota cinquante mille hommes que
les

Alexandrins gorgrent.

Le
gnes
,

chriftianifme que les Panthres, les


les

OrU

Clments

avaient tabli

&
,

qu'ils

avaient fait admirer par leurs murs y dgnra au point qu'il ne fut plus qu'un efprit de parti. Les chrtiens prirent les murs des Egyptiens. L'avidit du gain l'emporta fur la
religion
,

& tous les

habitans divifs entre eux

n'taient d'accord que dans l'amour de l'argent'.

Kij

^48

ALEXA!sDrvl.

C'eft le fujet de cette famcufe lettre de l'empereur Aihien au confui Serviamis , rap-

,Tom.

1.

porte par Vopifcus.

P'S- 40<>
5>
J

J'ai

vu
,

cette

Egypte que vous me van,

p>
5>

cher Scrvien je la fais toute entire par cur cette nation clt lgre incertaine , elle vole au changement. Les
tiez tant
;

mon

adorateurs

de Srapis

fe

font chrtiens
la

ceux qui font

la tte

de

religion

du

M Christ
>

5> 9>

fe font dvots Srapis. Il n'y a point d'archi-rabin Juif, point de Samaritains , point de prtre chrtien qui ne foit aftrologue ou devin , ou baigneur ( c'eft -

p*
Si
3

dire entremetteur

).

Quand
,

le

patriarche

9>

33 )

en Egypte les uns s'emprelTent auprs de lui pour lui faire adorer Srapis , les autres le Christ. Ils font tous trs fditieux trs vains trs querelleurs. La ville eft commerante opulente , peuple j perfonne n'y eft oifif ^ les uns y

Grec a

) vient

fouflent le verre
papier.
Ils

les

autres fabriquent Id

femblent tre de tout mtier , )) & en font en effet. La goutte aux pieds & 3> M aux mains mme ne les peut rduire roifivetc. Les aveugles y travaillent i l'ar, terme grec , par ces parce qu'il ne peut convenir qu' l'hirophante des principaux myAcres grecs. Les chrtiens ne commencrent connatre le mot e patriarche qu'au cinquime ficle Les Romains, J^i Egyptiens , les Juifs ne connalifaieot point ce titr^

On

traduit

ici

patriarcha
;

mots

patriarche grec

, ,

Alexandrie.
V,
0,

14^
,

gent
Juifs

eft

un

dieu que les

chrtiens

les

&
"

tous les

hommes

fervent gale*

B,

ment.
Voici

le

texte latin de cette lettre.

FLAVn VOPISCl SYRACUSn SATURNlNUSi


Tomi
fecundi pag. 406.

AdRIANI EPISTOLA

EX LIBRIS PhLEGON*
PRODITA.

TIS LIIiERTI EJUS

Arianiis

Aitgiijiiis

Servano Cos. V^.


,

jEgyptum quam mihi laudabas


cariliime
,

Serviane

totam

didici

levem

pendulam
volitantem.
;

&
Illi

ad omnia fanix

monumenta
,

qui Serapiii colunt


,

chriftiani funt

&

de-

voti funt Serapi


dicunt.
,

qui fe

Christi epifcopos

arohifynagogus Judaeonemo chrillianorum , presbyter , non mathematicus , non arufpex non aliptes. Ipfe ille patriarcha qum jEgyptum. venerit , ab aliis Serapidem adorare , ab Genus hominis fealiis cogicur Christum. ditiofilmum , vanillimum , injuriofifmum. dives , fcunda , in qu Civitas opulenta nemo vivat otiofus. Alii vitrum confiant ab aliis charta concitur ; omnes cert lymphiones cujufcumque artis & videntur & haentur. Podagroii quod agant habent j cci
illic

Nemo

rum nemo

Samarites

iij

j')Q

Alexandrie.
,

quod agant habent , cci quod iciant ; ne chiiagri quidcin apud cos otiofi vivunt. Unus illis deus cfl: hune chrifliam , hune Judxi , hune omnes venerantur & gentes.
Cette lettre d'un empereur auf connu par efprit que par fa valeur , fait voir en eiet que les chrtiens , ainli que les autres , s'-

fon

taient

corrompus dans
difpute
:

cette ville

de

la

mais

les

murs

du luxe des premiers


;

& &

chrtiens n'avaient pas dgnr partout

quoiqu'ils culTent le malheur d'tre ds long-

tems partags en diffrentes fecles qui fe d& s'accufaient mutuellement les plus violens ennemis du chriftianifme taient: forcs d'avouer qu'on trouvait dans fon fcin les mes les plus pures & les plus grandes i
teftaient
,

il

en

eft

mme

villes

plus

effrnes

encor aujourd'hui dans des & plus folles qu'A-

lexandrie.

ALGER.
objet de ce en gographes que nous parlerons d'Alger mais pour faire remarquer que le premier deffein de Io///> XIV-, lorfqu'il prit les rnes de l'tat , fut de
eft le principal

LA

philofophie

didionnaire.

Ce

n'elt pas
,

dlivrer l'Europe chrtienne des courfes

cmu

Alger.

i^i

tinuelles des corHiires de Barbarie. Ce projet Voyez annonqait une grande ame. Il voulait aller l'expdU la gloire par toutes les routes. 0\\ peut m- ''^" ^^ me s'tonner qu'avec l'efprit d'ordre qu'il mit J^^p ii^ dans fa cour , dans les finances & dans lesy^^ affaires , il eut je ne fais quel got d'ancienne chevalerie qui le portait des adions gnreufes & clatantes , qui tenaient mme un peu du romanefque.

L'ide d'avoir

brider fes
genre.
fa
Il

pirateries

port auprs d'Alger pour tait peut-tre de ce , tait encor excit par le pape
,

un

Alexandre Vil

&

le cardinal

Mazarm
Il

avant
avait

mort

lui

avait infpir

ce delfein.

longtems balanc s'il irait cette expdition en perfonne l'exemple de Charles^ Qiibit j mais il n'avait pas alfez de vaiifeaux pour excuter une fi grande entreprife , foit par lui - mme , foit par fes gnraux. Elle fut infrudueufe & devait l'tre. Du moins elle aguerrit fa marine , & fit attendre de lui quelques-unes de ces adions nobles & hroques auxquelles la politique ordinaire n'tait point accoutume , telles que les fecours dfintreifs donns aux Vnitiens aiigs dans Candie, & aux Allemands preifs par les armes Ottomanes St. Godhart. Les dtails de cette expdition d'Afrique fe perdent dans la foule des guerres heureufes ou malheureufes faites avec politique ou

mme

iiij

, ,

i^a

Alger.
,

avec imprudence avec quit ou avec m]uC. tice. Rapportons feulement cette lettre crite il y a quelques annes l'occafion des pirateries

d'Alger.
trille
,

Il ell

Monfieur
,

qu'on

n'ait point

cout les propofiiions de l'ordre de Mal the qui offrait moiennant un fiibfKe m,

5,

diocre de chaque tat chrtien


les

5, 5,

mers des pirates d'Alger

dlivrer , de de Maroc & de

Les chevaliers de Malthe feraient vritablement les dfenfcurs de la chrtient. Les Algriens n'ont adluellement 5, que deux vailfeaux de cinquante canons , j, cinq d'environ quarante j quatre de trente. 9, Le refte ne doit pas tre compt. Il ed honteux qu'on voye tous les jours 5, leurs petites barques enlever nos vailfeaux
Tunis.
alors

&

3, 5,

marchands dans toute


croiint

la

Mditerrane.

Ils

mme

jufqu'aux Canaries

&

juf-

,,

qu'aux Acores.

nations

ramas de Mauritaniens , anciens Numi les , Arabes , Turcs , Ngres mme 3, prefque fans quipage fur 5, s'embirquent des chobeks de d'x-huit vingt pices de ils iiiFellcnt toutes nos mers com5, canon me des vautours qui attendent une proie. j5 S'ils voyent un vaiifeau de guerre ils s'enfuyent ; s'ils voyent un vaiifeau marchand ils s'en emparent j nos amis , nos parens

Leurs

milices compofes d'un

anciens

honunes

&

femmes deviennent

efclavesi

A
8c
il

H.

1^5
les

faut

aller

fupplier hiimblemenc

barbares de daigner recevoir notre argent pour nous rendre leurs captifs.
,,

Quelques

tats

chrtiens

ont

la
,

hon-

teule prudence de traiter avec


leur fournir des

eux

&

de

armes avec

lefquelles ils

nous dpouillent. On ngocie avec eux en marchands , & ils ngocient en guerriers. Rien ne ferait plus aif que de rprimer leur^ brigandages on ne le fidt pas. i\ais que de chofes feraient utiles & aifes qui font ngliges abfolument La nceffit de rduire ces pirates elt reconnue dans
;
!

les confei.'s de tous les princes, t^ perfonne ne l'entreprend, QiianJ les miniftres de plufieurs cours en parlent par hazard enfemble , c'elt le confeil tenu con-

tre les chats.

Les religieux de
tifs

font
-,

'a

la rdemption des capphis belle inlHtution monaf.


elle

tique

mais

elt

bien
,

honteufe pour,

nous.

Le royaume de Fez Alger Tunis , n'ont point de Maraboas de Li rdemption


,

des captifs. C'eft qu'ils

nous prennent beaucoup de chrtiens & nous ne leur prenons gueres de muTulmans.
Ils

,,

font cependant plus attachs leur

religion

que nous la ntre. Car jamais aucun Turc aucun Arabe ne fe fait chrtien & ils ont chez eux mille rengats
, ;

qui

mme

les

fervent dans leurs expdi-

1^4

Alger.
Un
,

s,

tions.

Italien

nomm, ?%/;//
galres d'Alger.
,

ctnit

1712 gnral des


ramolin
le

en Le mi-

bey

le

5,

tieniics d.ns leurs l'errails


filles

eu que deux des amans


,,

dey, ont des chr& nous n'avons i Turques qui ayent eu

Paris.

La

milice

dWli^cr

5,

dou7-e

niiUe

hommes

ne confiftc qu'en de troupes rgles


,

mais tout le relte eft foldat & c'cd ce qui la conqate de ce payb fi difficile. Vandales les iubjuguerent ,, Cependant ics aifment, & nous n'ofons les attaquer. &c,

rend

ALMANACH.
important de IL peu anciens Saxons voir qui vient des
eft

ahnanach ne favaient ou des Arabes qui taient en effet pas lire aftronomcF , & qui connaiifaient un peu le cours des aftres , tandis que les peuples d'Occident taient plongs dans une ignorance gale leur barbarie. Je me borne ici una
fa
Ci
,

petite obfcrvation.

Qvi'un philofoplie Indien embarqu Mepour vienne Bayonne ; je fuppofe que ce philoiophc a du bon fens , ce qui cft rare,
lia

dit-

on

chez

les

favans de l'Inde

je fup-

A
foCe qu'il
ce qui
eft

L
rare

A N A C
partout

H.

i^
de Tcoie quelques

dfait des prjugs


il

tait
,

annes
fot

&

qu'il
,

ne croit point aux influen-

ces des attres

ic fuppofe qu'il rencontre un dans nos climats , ce qui ne ferait pas l

rare.

arts

fot pour le mettre au fait de nos de nos fciences , lui fait prfent d'un almanach de Lige compof par Matthieu

Notre

&

La)isberge

&

du

Afejjager boiteux C Antoine

hilioricn , imprim tous ans Baie , & dont il l dbite vingt mille Vous y voyez exemplaires en huit jours. une bel'e figure d'homme entoure des lignes du zodiaque avec des indicarions certaines qui

Souci aitrologue

&

les

vous dmontrent que


feffes
,

la

balance prfide aux


,

le blier

la

tte

les

poilibns

aux

pieds

ainfi

du

refte.

il

Chaque jour de la lune vous enfeignc quand faut prendre du beaume de vie du Sr. Le Livre ou des pilules du Sr. Keyfer, ou vous pendre au col un fachet de l'apoticaire Aynou vous faire faigner vous fiire couper
<>

planter , femer, en voyage , ou chauler desfouliers neufs. L'Indien en coutant ces leons fera bien de dire fon conduc'leur qu'il ne prendra pas de fes almanachs.
les
,
,

ongles

fevrer vos enfans

aller

Pour peu que


Indien lui
fil

l'imbcille qui dirige notre

voir quelques-unes de nos

I^^
tolres eu

N A

C H.

crmonies rprouves de tous les {ngcs , ^ Faveur de la populace par mle voyageur pris pour elle qui verra ces momeries fliivies d'une danfe de tambourin , ne manquera pas d'avoir piti de nous: il nous prendra pour des fous qui font aller plailans , & qui ne l'ont pas ablblument cruels. Il mandera au prfident du grand collge de Bnares que nous n'avons pas le lens commun, mais que (1 fa paternit veut envoyer chez nous des perlonnes claires & difcretes , on poura taire quelque chofe de nous moiennant la grce de Dilu.
-,

niilionnaircs

prcifment que nos premiers furtout 5"/. Franois Xavier en nirent avec les peuples de la prefqu'iQe de rinde. Ils fe tromprent encor plus lourdement fur les ufages des Indiens , fur leurs fcienccs , leurs opinions leurs murs & leuc culte. C'eft une chofe trs curieufe de lire les
C'eft
ainfi
,
lv:

relations

qu'ils
le

crivirent.
;

Toute

ftatue eft
eft

pour eux
Tabbat
j

diable

toute aflemble
eil

ua
l-

toute figure iimbolique eft

un
;

taliC-

man

tout bt:acm.me
ils

un

forcier

&

delfus

font des lamentations qui ne finif.


Ils

fent point.

efprent que la 7HoiJfon fera

abondante.

mtaphore peu congrue quils travailleront efficacement la vigne du Seigneur dans un pays o Toa
Ils
,

ajoutent par une

ii'a

jamais connu

le

vin.

C'eft ainli -pcu-

Almanach.
prs

1^7

ment

que chcique nation a jug non- feuledes peuples loigns , mais de fes

voifns.

Les Chinois paflent pour


feifeurs

les

plus

anciens

d'almanachs. Le plus beau droit de l'empereur de la Chine eft d'envoyer fon


calendrier fes vaflaux

&

fes voifins.

S'ils

ne l'acceptaient pas, ce ferait une bravade pour laquelle on ne manquerait pas de leur faire la guerre comme on la fefait en Europe ftux feigneurs qui refufaient l'hommage.
nous n'avons que dou2e conftellations Chinois en ont vingt-huit , & leurs noms n'ont pas le moindre rapport aux ntres i preuve vidente qu'ils n'ont rien pris du zodiaque calden que nous avons adopt mais
Si
les
:

ont une aftronomie toute entire depuis plus de quatre mille ans , ils reflemblent Matthieu Layisberge & Antoine Souci par les belles prdidions , & par les fecrets pour la fant dont ils farciffent leur almanach imprial. Ils divifent le jour en dix mille miiiutes , & favent point nomm quelle minute eft favorable ou funefte. Lorfque.l'empereur Cam-bi voulut charger les miffionmiis'ils

res jfuites

de faire l'almanach
,

ils

s'en ex-

cufrent d'abord
tions

dit -

on

fur les fuperfti-

Je

crois
,

extravagantes dont il faut le remplir. Y^^Y^z beaucoup moins que vous aux fiiperfp^

citions

leur dit l'empereur

faites

moi

feule- /

,, ,

^8

N A
,

II.

ment un bi.n vans y mettre

calenilriey

laijjcz

mes fa-

tuiites leurs fadaifes.

L'ingnieux auteur de la pluralit des mom moque des Chinois , qui voyent , dit- il des mille toiles tomber a la i'ois dans la iner. 11 efl: trs vraifemblable que Tempereur Catn-bi s'en moquait tout autant que FouteQuelque melTager boiteux de la Chine jielle. s'ctait gay apparemment parler de ces feux folets comme le peuple , & les prendre pour des toiles. Chaque pays a fes fotifes. Toute l'antiquit a fait coucher le foleil dans la mer i nous y avons envoy les toiNous avons cru que les les fort longtems. nues touchaient au firmament , que le firmament tait fort dur , & qu'il portait un refervoir d'eau. Il n'y a pas bien longtems qu'on fait dans les villes que le fil de la vierge , qu'on trouve fouvenr dans la campagne eft un fil de toi!e d'araigne. Ne nous moquons de perfonne. Songeons que les Chinois avaient des aftrolabes & des fphres avant que nous fullons lire i & que s'ils n'ont pas pouif fort loin leur aftronomie , c'cll par
Je/, Te
le

mme
11 ell
,

refpel

pour

les

anciens que nous

avons eu pour

Arijiote.

confolant de favoir que le peuple Ropopulus late rex , fut en ce point fort au-dcffous de Matthieu Lansbergc] & du Mef[ager boiteux, , des allroiogues de la Chine

main

&

Almanach.
jufqu'au tems o Jules Cfar rforma romaine que nous tenons de lui
,

1^9
l'aniie

&

que

iious appelions encor de fon

nom

Kalendrier

Julien

quoique nous n'ayons pas de kaleaquoi qu'il


ait t oblig

des

&

de

le

rfor-

mer lui-mme.
Les premiers Romains avaient d'abord une anne de dix mois fefant trois cent quatre
jours
i

cela

n'tait

ni folaire

ni lunaire

que barbare. On fit enfuite l'anne romaine de trois cent cinquante- cinq jours", autre mcompte que l'on corrigea comme on put & qu'on corrigea fi mal , que du tems de Cfnr les ftes d't fe clbraient en hyver. Les gnraux Romains triomphaient toujours i mais ils ne favaient pas quel jour
cela n'tait
,

ils

triomphaient.
Cfar rforma tout
,

il

fembla gouverner

le ciel

&

la terre.

fais par quelle condefcendance pour coutumes romaines il commena l'anne au tems o elle ne commence point huit jours aprs le follHce d'hyver. Toutes les na-

Je ne

les

tions de l'empire

Romain

fe

foumirent cette

innovation.
poifellion

qui taient en de donner la loi en fait d'almanachs, la reurent j mais tous ces difFrens peuples ne changrent rien la diftribution de leurs ftes. Les Juifs, comme les autres,
,

Les Egyptiens

clbrrent leurs nouvelles lunes

leur FhaJ'

1^0
OU

A
,

A N A C

ir.~

quatorzime jour de la lune qu'on appelle la lime roujfe i & cette poque arrivait fouvcnt en Avril ^ leur Pei> tecte cinquaute jours aprs le Fhafe-y la fte des cornets ou trompettes le premier jour de Juillet ; celle des tabernacles au quinze du menie mois , <Sc celle du grand fabath fept
Pafchii le
JVlars

jours aprs. Les premiers chrtiens fuivirent

le

comput
,

de Tempire
,

ils

comptrent par kalendcs


j

rones &: ides avec leurs matres ils requrent Tanne billxtile que nous avons encore
(& qu'il a falu corriger dans le feizime (icle de notre re vulgaire , & qu'il faudra corriger un jour , mais ils fe conformrent aux Juifs pour la clbration de leurs grandes ftes.
Ils dterminrent d'abord leur Pque au quatorze de la lune roulFe , jufqu'au tems o le concile de Nice la fixa au dimanche qui fuivait. Ceux qui la clbraient le quatorze

lurent dclars hrtiques


le

tV

les

deux

partis

tromprent dans leur

calcul.

Les

ftes

de

la

Ste.
le
j

tues autant qu'on

Vierge furent fubftiput aux nouvelles lu-

nes ou neomnies

l'auteur

du Calendrier

ro-

Voyez
Calendrier

main
|,^

dit

que

la

raifon en ell prife


iit

du

verfet

^q^ cantiques pillera


\yj^^^
.

lima
.,

belle

comme
le

romainji. lOi. oc
fjjjy^

jyj,,jg pjj^ ^^^.^^p


,

raifon ls feres devaient


il

arriver le

dimanche
,

,.

car

dans

Il

mme
Les

Vcifet tlecla ut fol

choilie

comme

le ibleil.

A
Elle fut fixe

A N A C K;

Les chrtiens gardrent

auifi la Pentecte.

comme

celle

des Juifs prcif-

ment cinquante

jours aprs Pques.


les ftes

Le

mme

auteur prtend que


Il

de patron rem-

placrent celles des tabernacles.

ajoute que la St. Jean n'a t porte nu de Juin que parce que les jours commen24 cent alors diminuer , & que St. Jean avait dit en parlant de J s us-Christ , il fiut qu'il croile & que je diminue. Oportet illiim cref.
t.

cere

me

aiitem miniii.
eft trs

Ce

qui

fnguUer
,

&

ce

qui a t

c'eft cette ancienne cremarqu ailleurs rmonie d'allumer un grand feu le jour de la St. Jean, qui elt le tems le plus chaud de l'anne. On a prtendu que c'tait une trs vieille coutume pour faire fou venir de l'ancien embrafement de la terre qui en atten-

dait

un

fcond.
calendrier
eft

Le mme auteur du
la fte

afure

qus

de l'AiTomprioa

place au 15
,

dn

mois d'Augude nomm par nous Aoiifi parce que le foleil ell alors dans le figne de
la vierge.
Il certifie auf que St. Mathias n'eft ft au mois de Fvrier que parce qu'il fut intercal parmi les douze aptres , comme on intercale un jour en Fvrier dans les annes

biiTextiles.
Il

aurait peut-tre daiis ces imaginations

Premire partie.

l6Z

A N A C H.
faire rire l'Indien

aftronomiques de quoi

dont

nous venons de parler i cependant l'auteur tait le matre de mathmatiques du dauphin


fils

de Louis XIV-,

Se d'ailleurs

un ingnieur

&

un
Le

ofTicier trs

cftimablc.

pis

de nos calendriers

efl:

de placer tou-

jours les quinoxes

&
le

les folllices foleil

ils

ne
le

font point
blier

de dire
il

entre dans

n'y entre point, de fuivre l'ancienne routine errone. Un almanach de l'anne paiTe nous trompe l'anne prfente , & tous nos calendriers font
des almanachs des licles pafls.

quand

Pourquoi dire que le foleil eft dans le bquand il ell dans le taureau ? pourquoi ne pas faire au moins comme on fait dans
lier

les

fphres clelfes

l'on diftingue les

li-

gnes vritables faux?

des

anciens fignes devenus

Il et t trs convenable non -feulement de commencer l'anne au point prcis du folftice d'hyver ou de l'quinoxe du printems , mais encor de mettre tous les lignes

leur vritable place.

que

Car tant dmesur rpond la conftellation du taureau quand on le dit dans le blier & qu'il
le

foleil

fera

enfuite dans les

gmeaux

&

fuccelivc-

ment dans

toutes les conftellations fuivaines

au tems de l'quinoxe du printems, il faudrait taire des -prfent ce qu'on fera oblig

A L M N A
^e
faire

C H.

1(^3

lorfque l'erreur devenu* , plus grande fera plus ridicule. Il en eft ainQ

un

jour

de cent

erreurs
,

fenfibles.

Nos

enfans les

mais vos pres en difaient autant de vous. Pourquoi donc ne vous corrigez-vous pas Voyez dans la grande Encyclopdie Anne, Kalendrier , Prcejfion
corrigeront
ditj
'<

on

des qiiinoxes

&

tous

les

articles

concernant

ces calculs.

Ils

font de main de matre.

ALOUETTE.
CE mot
'a

peut tre de quelque


les

utilit
,

dans
fai-

connailfance des tymologies

&

re voir
plus

que

peuples

les

plus

barbares

peuvent Fournir des exprellions aux peuples


les

polis

quand

ces nations font voi-

fines.

Alouette, anciennement alou

tait

un

ter-

Voyez
di<^ion-

le

me

dont les Latins firent alauda. Sntone 6c Plme en conviennent. Cfar cornpofa une lgion de Gaulois , laquelle il
gaulois
,

"^""^

^^'^"'^^'

donna
gallico

le

nom

d'alouette

vocabnlo quoqiie ^lauda


Llle le fervit trs

alciiidii

appellahainr.

bien dans

les guerres civiicii ; & Cfar pour rcompcnfe donna le droit de citoyen Romain chaque lgionaire. Ou peut feulement demander comment les

ij

l6^
Romains
galerita.
Jblier

L O U E T T

appellacnt

une

alouette avairt de lui


;

avoir donn
ce

un nom

gaulois

ils

l'appellaient

Une
nom.

lgion de Cfar

ft

bientt ou-

De

telles

tymologics ainfi avres doivent

Mais quand un profeircur Arabe veut abfolument c^n'aloyan vienne de l'arabe, il eft difficile de le croire. C'cft une maladie chez pluieurs tymologiftes , de vouloir perfuader que la plupart des mots gaulois font pris de Thbreu il n'y a gures d'apparence que les voifins de la Loire & de la Seine voyagealTent beaucoup dans les anciens tems chez les habitans de Sichem & de Galgala qui n'aimaient pas les trangers i ni que les Juifs fe fulTent habitus dans l'Auvergne & dans le Limoufin , moins qu'on ne prtende que les dix tribus difperfes & perdues ne foient venues nous cnfeigncr leur langue. Qiieile norme perte de tems , & quel excs de ridicule de trouver l'origine de nos
tre admifes.
>

termes
faires
,

les

plus
le

communs
phnicien
^o;;/a

&
&

les
le

plus ncef!

dans

calilen

Un
on
,

homme
meilleur.

s'imagine que notre


,

mot dume
,

vient

du famaritain

qui

fi^^nifie

dit le

Un
i

autre rveur

aiiiire

que

mot

badin

eft pris
&.

ajirologne

manque

d'un terme hbreu qui ilgiifie le dictionnaire de Trvoux ne pas de faire honneur de cette dde prtendre que
le

couverte a fon auttur.


\'eft*ii pas plaifant

Alouette;
mot
que
hahitpition

i^^
hbreu?

vient

du mot

beth

en bas - breton figniriait autrefois ville ? que le mme kir en hbreu voulait dire un mur i & que par coniequent les Hbreux ont donn le nom de ville aux premiers hameaux des Bas-Bretons Ce ferait un plailir de voir les tymologiites aller fouiller dans les ruines de la Tour de Babel , pour y troukir
'<

ver l'ancien langage celtique , gaulois & tofcan , fi la perte d'un tems confum fi mif-

rablement n'infpirait pas

la piti.

A Z G N, E
des

S.

ON
mes
;

vu fouvent
en

femmes vigoureu-

fes

& hardies combattre comme les homfait

l'hiltoire

compter une
il

SiJiirauiis

mention ; car fans une Toniiris , une


fdbuleufes,

Pantzil*^ qui font peut-tre


eft certain
les

qu'il

avait

beaucoup de fem-

armes des premiers califes. C'tait fiirtout dans la tribu des Homrites une efpce de loi dicle par l'amour & par le courage , que les poufcs fecouruC fent '& vengealfent leurs maris , & les mres leurs enftms dans les batailles.

mes dans

feattuit

Lorfque le clbre capitaine Drar cornen Syrie contre les gnraux de l'cm.-

iij

i^
iiccelur

Amazones.
calife

pereur Hraclhis du tems du

Abnho'e

de Mahomet

Pierre qui

comman-

dans Damas avnit pris dans Tes courfes nnifulmanes avec quelque butin , il les conduilait Damas j parmi ces captives tait la fur de Drar lui-mme. L'hUtoire arabe ''Al-onkeAi traduite par Ohley , dit qu'elle tait pari^uitcment belle , & que Pierre en devint pris ; il la mnageait dans la route, & pargnait de trop longues traittes fes prifonnieres. Elles campaient dans une vafle
dait

plulieurs

plaine (eus des rentes gardes par des troupes un peu loignes. Caiilah c'tait le nom <3e cette fccur de Drar , propofe une de ft^s compagnes nogimce Oferra , de fe foullraire la captivit j elle lui p'^-rfuade de mnurir plutt que d'tre les vic1!mes de la lubricit
,

cntoufiame muful; elles s'arment des piquets ferrs de leurs tentes , de leurs couteaux cfpeces de poignards qu'clr.'s portent & forment un cercle comme la ceinture les vaches fe ferrent en rond les unes condes chrtiens
;

le

mme

man

faiht toutes ces

femmes

tte les autres

prfentent leurs cornes aux , loups qui les attaquent. Pierre ne fit d'abord qu'en rire \ il avance vers ces femmes i il eft requ grands coups de btons ferrs j il balance longtems ufer de la force ; enfin il
s'y rfour
,

&

ik

les

fabres taient dj tirs,


,

lorfque Drar arrive


dlivre fa

met

les

Grecs en

fuite

fur

&

toutes les captives.

Amazones.
nomme
font
les

1^7
ce

BSen ne reflemble plus ces tems qu'on


hroques
,

chants par Homre

mmes combats

finguliers la tte

des armes , les combattans fe parlent fouvent allez longtems avant que d'en venir aux mains i & c'ell ce qui juilifie Homre fans
doute.

Thomas gouverneur de Syrie


raclhis
,

gendre CH-

Damas Christ

,5

attaque Sergiabil dans une fortie de lait d'abord une prire Jesus; il
i

Sergiabil

DiLU
de

Injuite agreifeur , dit-il enfuitc , tu ne refteras pas Je su mon qui combattra pour les vengeurs

35

fa religion.

u protres un menfonge impie , lui rpond Sergiabil i Jesu n'eft pas plus grand devant Dieu qu'Adam : DiEU l'a tir de la pouiire il lui a donn la vie com:

me

un

autre

homme

&

aprs l'avoir
il l'a

laiif

quelque tems fur

la terre

enlev

au ciel, "a) Aprs de tels difcours le combat commence j Thomas tire une flche qui va blelier le
jeune Abaii
Sergiabil
j

6! s

Aban tombe

de Satb ct du vaillant & expire , la nou,

velle

en vole

fa jeuile

poufe qui n'tait

C'eft la croyance des

mahomtans.

trine des chrtiens bazilidlens avait depuis

cours en Arabie.

Les bazilidiens

La doclongtems difaient que Jiiij

sus-Christ

n'avait pas t crucifi.

68

Amazones.
,

unie lui que depuis quelques jours. Elle elle ne jette point de cris ; ne pleure poinr mais elle court fur le champ de batnille, le carquois fur l'paule & deux flches dans les mains de la premire qu'elle tire elle je^te
i

par terre le porte- tendart des chrtiens les Arabes s'en laifiJbnt en criant allab nchar ; de la leconde elle perce un il de Thomas qui fe retire tout fauglant dans la ville,
,

L'hiftoire arabe eft pleine de ces exemples

ne du point que ces femmes guerrires l brulafient le teton droit pour mieux tirer de l'jrc , encor moins qu'elles vcuflent au contraire elles s'expofaient fans hommes dans les combats pour leurs maris ou pour & de cela mme on doit conleurs ^amans clure que loin de faire des reproches VArioJle & au Tajfe d'avoir introduit tant d'amantes guerrires dans leurs pomes, on doit les

mais

e'ie

louer d'avoir peint des


treflantes.
Il

murs

vraies

&

in-

eut en effet, du tems de


,

la folie

des

croifades

des

femmes chrtiennes qui

parta-

grent avec leurs maris les fatigues ik les dangers : cet entoufiafme fut port au point que les Cnoifes entreprirent defecroifer, 8c d'aller former en Paleftine des bataillons
<ie

juppes

&

de cornettes

elles

vu

dont

elles

furent releves par

en tirent un un pape

plus fage qu'elles.

Amazones.
Marguerite d'Anjou , Henri FI roi d'Angleterre
guerre plus jufte

155

femme de
,

l'infortun

donna dans une des marques d'une valeur

hroque
batailles

elle

combattit elle-mme dans dix

pour dlivrer fon mari, L'hiltoire n'a point d'exemple avr d'un courage plus grand ni plus conftanc dans une femme.
Elle avait t prcde par la clbre
tefle
5,

com-

;j

.5

j,

.3

;,

de Montfort en Bretagne. Cette priiiceire(dit \irgentr) tait vertueufe outre tout naturel de fon fexe ; vaillante de elle fa perfonne autant que nul homme montait cheval , elle le maniait mieux que nul cuyer ; elle combattait la main ; une troupe elle courait , donnait parmi
:

,5

d'hommes d'armes comme


capitaine
elle

le

plus vaillant

combattait par mer & par ; 53 " terre tout de mme aiTurance , &c. On la voyait parcourir l'pe la main fes tats envahis par fon comptiteur Charles de Blois. Non- feulement elle foutint deux
,

alTauts fur la

brche cTHenncbon arme de pied mais elle fondit fur le camp des ennemis fuivie de cinq cent hommes y mit le feu & le rduilit en cendre.

en cap

Les exploits de Jeanne d'Arc


fous
le

connue
,

nom

de

la

Pucelle

d'Orlans

font

moins

tonnans que ceux de Marguerite d'Anjou 8c de la comteife de Montfort. Ces deux princefles ayant t leves dans U

I70

Amazones.
,

Jeanne d'Arc dans le travaux de la campagne , il tait plus fingulier & plus beau de quitter l cour que la chaumire pour les combats.
molleTe des cours

&

rude exercice

des

L'hrone qui dfendit Beau vais


tre fupcrieurc celle qui
fit

eft

peutfigc

lever le

d'Orlans ; elle combattit tout aul bien , & ne fe vanta ni d'tre piicelle ni d'tre infpirc.

Ce

afficgcait Beauvais.

en 1472 quand l'arme Bourguignonne Jeanne Hachette la tte de pluficurs femmes foutint longtems un afarracha l'ctcndart qu'un officier des faut ennemis allait arborer fur la brche j jetta le porte - ctendart dans le folT , & donna le tems aux troupes du roi d'arriver pour fccourir la ville. Ses defcendans ont t exempts de la taille ; faible & honteufe rcompenfe. Les femmes & les filles de Beauvais font plus
Fut
,

flattes d'avoir

le

pas fur

les

hommes

la

procefion

Toute marque publique d'honneur encourage le mle

jour de l'anniverfaire.

rite

&

l'exemption de

la

taille n'elt

qu'une

preuve qu'on doit tre tude par le malheur de

alfujetti cette fervi-

fi naiffancc.

Mlle, de la Charfe de la maifon de la Tour du Pin- Goiroernet , fe mit en 1693 la tte des communes en Dauphin , repouifa les

&

Le roi lui donna une penfion comme un brave oflfefiiient

Barbets qui

une

irruption.

Amazones.
eer.

17^

L'ordre militaire de

St.

Louis n'tait

pas encor inftitu.


Il ii'eft

prefque point de nation qui ne fe


,

glorihe d'avoir de pareilles hrones

le

nom-

bre n'en
a

ell

pas grand

h.

nature femble avoir

donn aux femmes une autre deftination. On vu mais rarement , des femmes s'enrler parmi les foldats. En un mot chaque peuple mais le royaume des a eu des guerrires Amazones fur les bords du Thermodon.n'eft
, ,
:

qu'une Eclion potique , comme prefque tout ce que l'antiquit raconte.

A M F. Section premire.
L'Article Ame
nent
la
,

&.

tous

les articles
,

qui tien-

mtaphyfique
l'glife.

doivent com-

mencer par une foumilfion


indubitables de

fincre

aux dogmes
philofophie.
la foi l'-

La

rvlation vaut
la
j

mieux fans doute que toute Les lyllmes exercent l'efprit


claire

mais

&

le

guide.

Ne prononce - 1 - oh pas fouvenc des mots dont nous n'avons qu'une ide trs confufe ^u mjjie dont nous ji'en avons aucune i

172
que
eft
la

Ame.
n'eft-il
,

Se&ion

I.

Le mot 'ame
drange
,

pas dans ce cas ? Lorfla

foupape d'un fouflet qui cil entr dans la capacit du fouflet en lort par quelque ouverture furvenue cette foupape , qu'il
languette
Se

ou que

l'air

n'elt plus

comprim contre
,

les

deux

palettes
le

&

qu'il n'cft; pas poulf

avec violence vers

foyer qu'il doit allumer

les fervantes difent:

Pme du foujet efi cms. Elles n'en favent cette queftion ne trouble pas davantage i point leur tranquillit.

&

Le
plantes

jardinier
,

prononce

le

mot 'ame

des

tk

les

cultive trs bien fans fdvoir

ce qu'il entend par ce terme.

Le luthier pofe , avance ou recule Vam d'un violon fous le chevalet , dans l'intrieur des deux tables de l'inllrument j un chtif morceau de bois de plus ou de moins lui donne ou lui t.e une ame harmonieufe.

Nous avons plulieurs manufadures


quelles
les

danslef.

ouvriers donnent

la qualification

d'me leurs machines. Jamais on entend difputer fur ce mot i il n'en


ainli des philofophes.

ne
eft

les

pas

Le mot

d'aine

parmi nous

fignific

en gn-

ral ce qui anime.

Nos devanciers les Celtes donnaient leur ame le nom de Seel dont les Anglais ont fait le mot foui les Allemans feel i & probablement les anciens Teu,

ons

&

les

anciens Bretons n'eurent point

Ame.
le

Se^hn

1.

t7J
pour
cette

querelles dans les univerlts

exprelon.

Les Grecs diflinguaient


feus
;

trois fortes
,

d'ames

>

fjch qui figiiifiait rcime fenftive

fam

des

&

voil
,

pourquoi V Amour
11

enKint ^A,

pbrodite

eut tant de palHoii pour Pjicl^

&
,

que

Pjch l'aima

tendrement
la

pieiima

le foufle

qui donnait
la

vie

Sc

le

mouvement

toute

machine
,

&

duit par fpiriius

efprit

que nous avons tramot vague auquel


j

on

donn
,

mille

acceptions dilfrentes

&

enfin Noits

r intelligence.
d'aucune.

Nous
la plus

poildions donc trois


lgre notion
trois

(VAquin admet ces


pripatticien
trois
;

mes fans avoir St. Thomas Sommt mes en qualit de de St.

&

diftingue chacune de ces

Yf-"^
de'L"a

mes en

trois parties.

Tjich tait dans la poitrine. Pneuma fe r1733, pandait dans tout le corps & Nons tait dans Il n'y a point eu d'autre philofophie la tte.
;'

dans nos cofes jufqu' nos jours j & malheur tout homme qui aurait pris une de ces mes pour l'autre.

s'taient bien apperqus que dans leurs paiions d'amour, de colre , de crainte , il s'excitait des mouvemens dans leurs entraules. Le foie -S: le

Dans ce cahos d'ides il y un fondement. Les hommes

avait pourtant

cur

furent

le

fige des paiions.


,

Lorfqu'cn

penfe proFondmeut

on

fent

une concen-

1^4

Ame.
dans

SeUhn

t.

tion dans les organes de


ir.tcilcduelle ell
le

la tte.

Donc Vzm^
Sans
ref;

cerveau.
,

piration point de vgtation

point de vie
la

donc l'ame vgtative


rcijOit
le

cft

dans

poitrine qui

foufle

de

i'air.

LorCque les hommes virent en fonge leurt parens ou leurs amis morts , il iulut bien chercher ce qui leur tait apparu. Ce n'tait pe;S le corps qui avait t confum fur un bcher , ou englouti dans la mer , & mang des poiiTons. C'tait pourtant quelque chofe , ce qu'ils prtendaient ; car ils l'avaient vu y le mort avait parl j le iongeur

fmuma

Etait - ce pftch ? tait ce ? tait - ce nous avec qui on avait On imagina un phanconveri en fonge tme , une figure lgre j c'tait ikia , c'tait daimojws , une ombre , des mnes , une petite ame d'air & de feu extrmement dhe qui errait je ne fais o.
l'avait interrog.
-

'<

Dans

la

fuite drs
la

approfondir

choie

tcms , quand on voulut il demeura pour conf,


;

tant que cette

ame

tait corporel'e

&

toute

l'antiquit n'en eut point d'autre ide. Enfin

Platon vint qui

fubtilifa tellement cette

ame

qu'on douta

s'il

ne

la

lparait

pas entire-

ment de

la matire j mais ce fut un problme qui ne fut jamais rcfolu , jufqu' ce que la foi

vint nous clairer.

En

vain

les matrialiftes

allguent quelques

Ame.
pres

SeSlion

^^'

de l'glile , qui ne s'exprimaient point avec exaditude. St. Irene dit , que l'ame n'ell Livre vj ^ue le foufle de la vie j qu'elle n'elt incorporelle ch. vii.^ que par comparaifon avec le corps mortel qu'elle conlerve la figure de l'homme , afin
-,

&

qu'on

la reconnaifle.
:

vain TertiiUien s'exprime ainfi La corporalit de l'ame clate dans l'Evangilf j -^^'^"^ *'^^* ^" " ipjo Evangelio relnce/JJL corporalitas anim

En

Car

fi

l'ame n'avaic pas


vain

un corps

l'image de

l'ame n'aurait pas l'image du corps.

En
fainte

mme
la

rapporte-t-il la vifion d'une

femme qui
,

avait

vu une ame

trs bril-

couleur de l'air. En vain Tatien dit expreflement , pfeukai Oralfon men oun ei ton antropon polumres ejii l'ame contreles de l'homme eft compofe de plufieurs parties. Grecs.
lante

&

de

En

vain allgue

- 1

on

St. Hilaire
:

qui dit
rien de St.
,

dans des tems poftrieurs


cr qui ne [oit corporel
?ii

il

n'efl

HlL
5ir.

'

dans
,

le ciel

jii

fur

fur

lu terre
:

invifthles

mes

parmi les vifibles ?ii parmi les ^^^^th. /ejP^S'^33' form d'lmens j foitqu elles habitent nn corps ,foit qu^ elles
,

ni

tout

en fortent , oiit toujours une fuhjiance corporelk. En vain 5"^. Amhroife, au fixime iicle, Svr^r^J dit Nous ne connaiffons rien que de matriel, hamViv.n ch. viiu except la feule vnrable Trinit.
:

Le corps de
l'ame
eft

l'glife entire

a dcid

immatrielle. Ces lints taient

que tom,

bs dans une
taient

erreur alors univerfdle


i

ils

hommes

mais

ils

ne

fe

tromprent

37^

t.
,

SeBion

1.

pas fur l'immortalit

parce qu'elle

cfl

cru

demment annonce dans

les vangiles.
fi

Nous avons un
dcifion de
,

befoin

vident de la
fur ces points

l'cglife infaillible

que nr^us n'pvons en etfet de philofopliie par nous-mmes aucune notion fuffilante de ce qu'on appelle efprit pur , & de ce qu'on nonime matire. L'efpric pur eft un mot qii

ne nous donne aucune 'dce j & nous ne conniUiibns la matire que par quelques phnomnes. Nous la connaijbns li peu que nous
rappelions
fithjance
ce
;

or

le
;

mot

Jubjtance

veut dire
io^s fera
eft
le

qui

ejl

dejjous

mais ce delfous

ternellement

cach.
;

Ce

dejj^nis

fecret
eft

du Crateur
nartout.
,

(Se

ce fecret

du

Crateur
la

Nous ne

favons ni com-

ment nous recevons la vie ni comment nous donnons ni comment nous croiifons ni comment nous digrons, ni comment nous oi comment nous penfons dormons ni comment nous fentons. La grande difficult eft de comprendre comment un tre quel qu'il foit a des penfes.
, , , ,
, ,

Section seconde.
Des doutes de hokc fur
L'auteur de rarticle
Pariije.

Ame

pdie a fuivi fcrupulcufement Jaquelot

dans l'Encyclo; mais


11

Jaquelot ne nous appiend rien.

s'lve aulfi

con-

K M
jcontre Lo/ic

Se&iU

II.

I7*j^

; parce que le modefte Lo/ie a dit : nous ne ferons peut-tre jamais capabtes Traduc^

^j

de connatre l un tre matriel penfe ou ^^^} ^^ ^''^' 3, nori , par la raifon qu'il nous eft impoll ble de dcouvrir par la contemplation de ,/nos propres ides fans rvlation , il Dieu n'a point donn quelque amas de ma. difpofe comme il le trouve pro3, tire pos 5 la puiilnce d'apperccvoir & de pen3j fer; ou s'il a joint & uni la matire difpofe une fubllance inimatrisllc 3, ainfi qui' penfe. Car par rapport nos notions , eft pas plus mal aif de concejj il ne nous voir que Dieu peut , s'il lui plait , ajounotre ide de la matire la facult ,j ter de penfer , que de comprendre qu'il y
'

joigne une autre fubftance avec la facult de penfer j puifque nous ignorons en quoi quelle efpce de ,j coniifte la penfe , & liibftance cet Etre tout-puilfant a trouv propos d'accorder cette puilfance qui ne faurait tre cre qu'en vertu du bon plai (Ir & de la bont du Crateur. Je ne vois pas quelle contradiction il y a que Dieu, cet tre penfant , ternel & tout-puilfant donne , s'il veut quelques degrs de feu,

timent de perception & de penfe cer tains amas de matire cre & infenfible qu'il joint enfemble comme il le trouvs " propos.
,

3,

Premire partis,

M.

C'tait

parler en

homme

profond

reli-'

gieux

&

modclle. a)
quelles querelles
il

On
qui en

fait

eut a efluie*
,

fur cette opinion qui parut hazarde


effet n'tait

mais
de
la

en

lui

qu'une

fuite

convidion o il tait de la toute - puilfance & de la faibleflc de l'homme. Il de Dieu ne difait pas que la matire penft : mais il difait que nous n'en favons pas aifez pour dmontrer qu'il eft impoflible Dieu d')OUter le don de la penfe l'tre inconnu
,

nomm
don de

matire
la

aprs

lui avoir

accord

le

gravitation

& celui

du mouvement

qui font galement incomprhenfibles.

Loke n'tait pas aflurment le feul qui et avanc cette opinion i c'tait .celle de toute l'antiquit , qui en regardant l'ame comnc

une matire
quent que
le

trs dlie

affurait par

conf-

la

matire pouvait fentir

& penfer.
comme on

C'tait le fentiment de Gajfmdi,

voit dans fes objedions Defcartes.


eft

5,

vrai

dit Gajfendi

fez

que vous penfez


le

Il que vous connaifmais vous ignorez


de Mr.

a) Voyez
lembert.

difcours prliminaire
dire qu'il

Da*

On

peut

cra

la

mtaphyfique -

peu-prs comme Neuton avait cr la phyfique. ... fes ides & fes afFec,, pour connatre notre ame
,

,,

tiens

, il

n'tudia point les livres


inftruit
;

raient

mal

il

fe

parce qu'ils l'au, contenta de defcendre

;;

quelle efpce de fubftaiice vous tes

vous

;,

qui peiifez. Ainf quoique l'opration de la penfe vous foit connue , le principal

de votre eflence vous efl; cach i & vous ne favez point quelle eft la nature de cette fubftance dont l'une des oprations eft de a, penfer. Vous reflemblez un aveugle qui
5,
3,
5, j,

Tentant
qu'elle

la

chaleur du

foleil
le

&

tant averti
,

eft

caufe par

foleil

croirait

avoir une ide claire & diftmde de cet aftre j parce que 11 on lui demandait ce qus c'eft que le foleil , il pourait rpondre que &c. " s, c'eft une chofe qui chauffe
,

Le mme
pi cure
,

Gcijfendi

dans

fa philofophie

d'Efpi^

rpte

plufieurs fois qu'il n'y a aula

cune vidence mathmatique de


ritualit

pure

de l'ame.

celfe

Defcartes , dans une de feg lettres la prinPalatine Elizabeth , lui dit : Je con-

feffe que par la feule raifon naturelle nous pouvons faire beaucoup de conjedures
5,
j,

fur l'ame
ces
,

& avoir de flatteufes efpran, mais non pas aucune ailiranoe. " Et &

profondment
,,
,,

en. lui-mme ; aprs s'tre, ain dire contempl longtems , il ne fit dans fon trait de l'Entendement humain que prfenter aux hommes le miroir dans lequel il s'tait vu. En un mot , il rduifit la mtaphyfique ce qu'elle doit tre f>n* effet , la phyfique exprimentale de l'ame. **

pour

ii

k%a
11

Ame.
avance dans
fes

Sf^icn T.
fes lettres

cela Defcartes

combat dans
livres
;

qu'il

contra dic'tioi

trop ordinaire.

Enfin nous avons vu que tous les preft des premiers ficles de rcglife , en croyant l'ame immortelle, la croyaient en mme tcms matrielle. Ils penfaient qu'il cft aulU aif

Dieu Dieu
fante.

de conferverque de crer.
la fit

Ils

difaient:

penlante

il

la

confervera pen-

Malkhranche a prouv trs bien que nous n'avons aucune ide par nous-mmes , & qu les objets font incapables de nous en donner. De -l il conclud que nous voyons tout en Dieu. C'ell au fond la mme chofe que de faire Dieu l'auteur de toutes nos ides j car avec quoi verrions - nous dans lui , fi nous n'avions pas des inftrumens pour voir ? Et ces inftrumens , c'eft lui feul qui les tient & qui les dirige. Ce fyftme eft un labyrinthe dont une alle vous mnerait aux fpinofif. me , une autre au ftoicifme , & une autre
au chaos. Qiiand on a bien difput fur l'efpi it fur la matire , on finit toujours par ne fe point entendre. Aucun philofophe n'a pu lever par fes propres forces ce voile que la nature a
,

tendu fur tous


chofes
i

les

premiers principes des


,

ils

difputent

&^

la

nature

agit.

E.

Se&ion lit

\%f

Section troisime.
De tame

des htes

^ de quelques
n'avaient

ides creufes.

Avant l'trange {yftme qui fuppofe les animaux de pures machines fans aucune fenfation
,

les

hommes
btes

jamais ima;

gin dans

les

une ame immatrielle

perionne n'avait pouif la tmrit jufqu' dire qu'une hutre polfcde une ame fpirituelle. Tout le m.onde s'accordait paifiblement convenir que les btes avaient reu de Dieu tlu fentiment, de la mmoire, des ides , non pas un efprit pur. Perfonne n'avait abuf du don de railonner au point de dire , que la nature a donn aux btes tous les organes du fentiment pour qu'elles n'eulTent point de fentiment. Perfonne n'avait dit qu'elles

&

&

crient

quand on les blelT & qu'elles fuient quand on les pourfuit , fans prouver ni
,

douleur

li

crainte.

On
de
leur

ne

niait point alors la toute-puiflance


j il

Dieu
i

avait

tire organife des


le

pu communiquer la maanimaux le plaifir , la dou,

reifouvenir
i
,

la

combinaifon de quel plufieurs


,

ques ides
d'entre eux

il

avait

pu donner
au finge

comme

l'lphant

au chien de chafle , le talent de fe perfedionner dans les arts qu'on leur apprend < noniulement il avait pu douer prefque tous les

iij

1%Z
animaux
la

Ame.
carnairicrs

SeSiion

IIL
mieux
fiire

du

talent de

guerre

dans leur

vieilleflc

exprimente

que dans leur jeunefTc trop confiante j nonfeulcment , dis -je , il Tavait pu, mais il l'avait fait
; l'univers en tait tmoin. Pereira & Defcaries foutinrent l'univers que Dieu avait jou des qu'il fe trompait gobelets , qu'il avait donn tous les inftru,

mens de

la vie

&

de

la

fenfation

aux ani,

maux

afin qu'ils n'eufTent ni fenfation

ni

vie proprement dite. Mais je ne fais quels prtendus philofophess pour rpondre la chimre de Defcartes , fc jettrent dans la chimre oppofe ; ils donnrent libralement

un
in

efprit

pur aux crapaux


ciilp.t fngci.

&

aux infedcs

vitiiim ducit

Entre ces deux

folies

l'une qui te
,

le fenti-

ment aux organes du fentiment l'autre qui loge un pur efprit dans une punaife on imagina un milieu c'eft l'inltincT: & qu'eft-ce que l'infc'eft une forme fubftantielle,ttncl ? Oh oh c'eft une forme plaftique c'eft un je ne fais
-,

de Tinftind. Je ferai de votre avis , t^nt que vous appellerez la plupart des chofes /f ne fais quoi tant que votre philofophie commencera & finira par je ne fais ; mais quand
i

quoi

c'eft

vous affirmerez

je

vous
les

dirai

avec Prior

dans fon pome fur


Ofez-vous

vanits

du monde

affigner, pdans infuportables

|LJdc caufe diverfe des effets fcmblables ?

A
Avez - vous

M
liefurc

St^iH ni.
mince clofon
la

i%%
raifon

cette

Qui femble fparcr l'inftinft de Vous tes mal pourvus & de l'un
Aveugles
infeiifs
,

&

de

l'autre.
?

quelle audace eft la vtre

L'orgueil eft vot^re

inftinfl:.

Conduirez- vous nos pas


?

Dans ces chemins


L'auteur de
des btes
rielle

gliffans

que vous ne voyez pas

l'article

die s'explique ainl.


j,

Ame dans l'Encyclop Je me reprfente l'ame


fubftance inimat,

comme une

5,

A
j,

mais de quelle efpce ? Ce doit tre , ce me femble , un principe adif qui a des fenfations , & qui n'a que cela Si nous reflchilTons fur la nature de l'ame des btes , elle ne nous fournit rien de fon fonds qui nous porte croire que fa fpiritualit la fauvera de l'anan" tiflement.
Je n'entends pas

& intelligente

comment on

une fubftance immatrielle.


quelque chofe
,

fe reprfente Se reprfenter

c'eft

s'en faire

&

jufqu'

prfent perfonne n'a

une image; pu peindre

l'efprit.

Je veux que par le mot reprfente entende , je conois pour moi j'avoue que je ne le conois pas. Je conois encor moins qu'une ame fpirituelle foit anantie , parce que je ne conois ni la cration , ni le nant ; parce que je n'ai jamais alil au confeil de Dieu j parce que je ne fais rien du tout du principe des chofes. $i je veux prouver que l'ame eft un tr*
l'auteur
,

iiij

It4rel
,

E.

Se^ion III.
difant

on m'arrte en me
Si j'affirme
celle
;

facult.

que

c'ell
,

que
je

)'ai

de neiiler

que c'efl: une une facult , & on me rpond que


,

que Dieu le matre ternel de toute la nature fait tout en moi & dirige tou8c tout&s m? penfcs que ( tes mes actions *]e produirais mes penfes, je faurais celles que j'aurai dans une minute j que je ne le fais jamais ; que je ne fuis .qu'un automate fenfations & ides nceffairement dpendant , & entre les mains de l'Etre fuprme infiniment plus foumis lui que l'argile ne l'eft au potier. J'avoue donc mon ignorance j j'avoue que quatre mille tomes de mtaphyflque ne nous enfcigncront pas ce. que c'eft que notre ame.
,

me trompe

tJn phiofoplie orthodoxe difait un philofophe htrodoxe , comment avez- vous pu I^arvenir imaginer que l'amc eft mortelle de fa nature , Se qu'elle n'eft ternelle que par la pure volont de Dieu ? Par mon exprience, dit l'autre

vous

Je tombais en pilepfie dans ma jeuneifc , & je vous alfure que j'tais parfaitement mort pendant plulicurs heures. Nulle fenfation , nul fouvenir mme du moment o j'tais tomb.
?
j

tes

mort

Comment
Oui
tort

eil-ce que
fouvent.

11

m'arrive prfent
le

la

mme

chofe prefquc
prcif-

toutes les nuits.

Je ne fens jamais
je

ment
meil

cft

fomm'endors abfolument fans rves. Je ne peux

moment o

mon

E.

SeSlion

IIL

i8^

imaginer que par conjedurcs combien de tems l'ai dormi. Je fuis mort rgulirement C'cfi; le quart fix heures en vingt - quatre. de ma vie. L'orthodoxe alors lui foutint qu'il penfait toujours pendant fou fonimeil fans. qu'il en iit rien. L'htrodoxe lui rpondit Je crois par la rvlation que je penferai toujours dans Fautre vie ; mais je vous alfure que je peiife rarement dans celle - ci. L'orthodoxe ne fe trompait pas en afliirant l'immortalit de l'ame ; puifque la foi la raifon dmontrent cette vrit ; mais il
:

&

fe tromper en alfurant qu'un homme endormi penfe toujours. Loke avouait franchement qu'il ne peniait pas toujours quand il dormait. Un autre

pouvait

philofophe a dit

/e

f enfer

mais

ce iiej

propre de rhoinme pas fort ejfence.

eji

de

LaiiTons chaque homme la libert Gonfolation de fe chercher foi - mme ,


fe

& la & de

perdre dans fes ides.

Cependant

il

eftbon de fivoir qu'en 173


, ,

un

forte

une porfcution aifcz pour avoir avou avec Loke que fon entendement n'tait pas exerc tous les momens du jour & de la nuit , de mme qu'il ne fe fervait pas tout moment de fes bras
philofophe elTuia

&

de

fes

jambes.
le

Non- feulement
,

l'ignorance

de cour

perfcuta

n^is l'ignorance ma-

Jt6
ligne de

Se!fhn HT.

quelques prtendus littrateurs fe dchana contre le perfcut. Ce qui n'avait produit en Angleterre que quelques difputes
philofophiques
lches atrocits
,

produilit en France les plus


,

un Franais

fut la

vidime

de Loke.
11

a eu toujours

littrature

plus

dans la fange de notr d'un de ces mifrables qui


,

ont vendu leur plume & cabale contre leurs bienfaidcurs mmes. Cette remarque eft bien
trangre
l'article

Ame

mais faudrait -il

perdre une

occafion

d'effrayer ceux qui f

rendent indigres du nom d'homme de lettres; qui proltitucnt le peu d'efprit & de confcience qu'ils ont un vil intrt , une politique chimrique , qui trahiflent leurs amis pour flatter des fots , qui broyenc en fecret la cigiie dont l'ignorant puifTant & mchant veut abreuver des citoyens utiles ? Arriva-t il jamais dans la vritable Rome qu'on dnonqt aux confuls un Lucrce pour avoir mis en vers le fyftme d' Epicure ? un Cicron pour avoir crit plufieurs fois , qu'aprs la mort on ne rcirent aucune douleur ? qu'on accuft un Vline , un Varron d'avoir eu des
,

ides particulires fur la Divinit ?

La

libert

de penfer fut illimite chez les Romains. Les cfprits durs jaloux & rtrcis , qui fe font efforcs d'crafer parmi nous cette libert mre de nos connaiffances , & premier reffort de rentendemeiit humain , ont prtexte des
,

Ami.
les

Se^hn lL

>g7
que

langers chimriques. Ils n'ont pas fong

Romains qui

pouffaient cette libert beau,

coup plus loin que nous n'en ont p.s moins & que t nos vainqueurs , nos lgislateurs
,

n'ont pas plus de rapport au gouvernement que le tonneau de Diogne n'en eut avec les vidoires d'/4les difputes

de

l'cole

kxandre. Cette Icqon vaut bien une leon fur l'ame ; nous aurons peut-tre plus d'une occafion d'y revenir.

Enfin

en adorant

Dieu

de toute notre

ame

confeifons toujours notre profonde igno-

rance fur cette ame , fur cette facult de fentir de penfer que nous tenons de fa bont infinie. Avouons que nos faibles raifonnemens

&

ne peuvent rien ter , rien ajouter la rvlation & la foi. Cancluons enfin que nous devons employer cette intelligence , dont la nature eft inconnue perfedionner les fcien,

ces qui font l'objet de l'Encyclopdie


les

comme

horlogers employent desreflbrts dans leurs montres , fans fa voir ce que c'eft que le reifort.

Section cluatrimi. Sur Pme ^ fur nos


ignorances.
Il

eft

dit

dans

la

Genfe

Dieu foufa
,

lu

vifage

de l'homme un foufle de vie

devint

am

vivckjtt

^ Nm

des

em-

88

A w
le

E.

SeSlIoH If.
i

maitx cfl dans awe. &LC.


Ainli

fang

^ ne tuez point m9ji


en gnral pour pour la vie mvie

l'ame

ctait

prife

la caufe de la , pourquoi certaines nations croyaient fans raifonner que quand la vie le dilUpait l'ame fe diilipait de mme. Si Ton peut dmler quelque chofe dans le chaos des hiltoires anciennes , il lemble qir'^ii moins les Egyptiens furent les premiers qui eurent la igacit de diftingner l'intelligence & l'ame ; & les Grecs apprirent d'eux diftinguer auffi leur 7iorfS , leur pneunia ,

Toriginc &:
C'efl:

me.

leur

s/iia.

Les Latins leur exemple


anivuts

diftingurcnt

&

anhna
notre
efl:

&
le

nous enfin nous avons

eu
qui

auffi

ame

&

notre entendement.
,

Mais ce qui
cft le

principe de notre vie


,

ce

principe de nos penfes

font -ce

deux chofes diffrentes ? eft-ce le mme tre? nous fait digrer & ce qui nous donne des Icnfatiorts & de la mmoire, rcifemble-t-il ce qui cft dans les animaux la caufe de leurs fenfations & de leur mmoire ?
ce qui
C'eft
i
l

l'ternel

qbjct

des

difputes

des

Ce

n'ialt
,

'Av^vftin qui

pas fans doiits l'opinion de St. dans le livre liuit de la. Cilydt Dieu ,
:

s'exprime ainfi
ofi
^iii

Que ceux-l
dire que

ft taijent qui
efl

nontpas
,

s la

vrit

DiEU
font

un corps

mais
dt^

ont cru que nos mes


Ils n'ont

de

mime nature que

t ui.

pas

frapps de rextrme mutabliti

Ame.

SeSfhit V-

\%g

hommes ; je dis l'ternel objet 5 car n'ayant point de notions primitives don nous puiC Jons defcendre dans cet examen , nous na pouvons que nnger & nous dbattre dans une mer de doutes. Faibles & malheureufes machines qui Dieu daigne communiquer le mouvement pendant les deux momens de notre exiftence , qui.de nous a pu appercevoir
la

main qui nous

foutient fur

ces

abmes

Sur la foi de nos connailTances acquifes nous avons of mettre en queilion (1 l'ame cft cre avant nous , ( elle arrive du nant dans notre corps ? quel ge elle eft venue fe placer entre une velie & les inteftins Cciim & reBiim r* i elle y a reu ou apport
ides ?

quelques
Il

ides

&

quelles

font ces

nous avoir anims quelques momens fon elfence elt de vivre aprs nous
aprs

dans
ils

l'ternit

fans

l'intervention de

Dieu

mme?
font
,

Si tant efprit,

&DiEU

tant efprit^i

lun
ces

ble b)

& l'autre d'une nature femblaquelHons parailfent fublimes ; que

font-elles ? des queftions d'aveugles ns fur la

lumire.
notre
,,

ame

cjuil nefl

Cedajit

&

iill

pas permis d'attribuer quos quldem puduit

U.

dicere

Deum corpus efle , verupitamen ejusdem na turse ciijus ille eft aniinos noftros eiTe puta verunt jra non eos movet tanta mutabUitas ani'^ j, mje , quam Dei nntur tribucre nefas eft.
, ,
,

^d

/me.

Sa^OH IV.
connatre grofre^
,

Quand nous voulons


\

ment un morceau de mtal nous le mettons au feu dans un creufet mais avons-nous un ereufet pour y mettre l'ame ?

Que nous
anciens

ont appris tous


'i

les

philofophes
elt

&

modernes

un enfanc

plus

fage qu'eux j il ne penfe pas ce peut concevoir.

qu'il

ne

Qu'il eft
ble

trifte

nfatiable curiofit

^u

bien tre

- vous pour notre pour notre fif intariiFade nous ignorer ainfi j'en
,

direz

conviens , & il y a des chofes encor plus triftes i mais je vous rpondrai
Sors tua mortalis
,

non

ejl

mortale
,

qmi

optas.

Tes

doftlns font d'un

homme

5c tes

vux

font

d'un Dieu.

parait eiicor

une

fois

que

la

principe des choies eft

le fecret

nature de tout du Crateur.


fons
?

Comment
ment
fe

les airs portent-ils des

com-

forment les animaux ? comment quelques-uns de nos membres obilTent- ils conftamment nos volonts ? quelle main place des ides dans notre mmoire , les y garde comme dans un rcgiftre & les en tire tantt notre gr & tantt malgr nous ? Notre nature , celle de l'uiiivers celle de la moindre plante tout eft plong pour nous dans un gouifre de tnbres.
, ,

A H
L'homme
jpenfant
;

f.

SeSfion IV,

151
fentant

eft

un

tre agiifant

que nous en favons j ne nous eft donn de connatre ni ce qui il nous rend fentans & penfans , ni ce qui nous fait agir , ni ce qui nous fait tre. La
voil tout ce
facult
agiflante
eft

aulfi

incomprhenfibl

pour nous que la facult penfante. La difficult eft moins de concevoir comment ce
corps de fange a des fentimens & des ides que de concevoir comment un tre , quel qu'il des fentimens. foit , a des ides

&

Voil d'un ct l'ame i'Archimds , de l'au, font - elles de mme nature ? Si leur eifence eft de penfer elles penfent toujours , & indpendamment du corps qui ne peut agir fans elles. Si elles penfent par leur propre nature , l'efpce d'une ame qui ne peut faire une rgle d'arithmtique, fera- 1- elle la mme que celle qui a mefur les cieux ? Si ce font les organes du corps qui ont lait penfer Archimde , pourquoi mon
tre celle d'un irnbcille

mieux conftitu qa^ Archimde , plus vigoureux digrant mieux fefimt mieux toutes fes fondions , ne penfe-t-il point C'eft dites- vous que fa cervelle n'eft pas i bonne. Mais vous le fuppofcz ; vous n'en favez rien.
idiot
,

On
me

n'a jamais trouv de diffrences entre les


i il eft

cervelles faines qu'on a diflques


trs

m-

vraifemblable que

le

cervelet d'un

Tt fera

en meilleur

tat

que

celui ^ Archimde

5)3

ii

M
&

e:

M'ion IV.
,

qti a fatigue prodigieufement


rait tre ul

Se

qui pouv

raccourci.

Concluons donc ce que nous avons dcja conclu , que nous ibmmes des ignorans fur tous les premiers principes. A l'gard des jgnorans qui font les fufifans , ils font fort

au dellbus des

finges.

Difputez maintenant, colriques argumentans i prcfentez des requtes les uns contre
les autres
;
,

fentences

dites des injures prononcez vos vous qui ne favez pas un mot de
,

la queltioii.

Section cincluime.
Du
pisradojce de

Warburton fur Pimmorta*


de fume.

lit

Warhurton
Shakefpear
,

diteur
an^laiie

&

& commentateur de vque de Glocefter , ufant


,

de

la

libert

&

abultUit de la cou-

tume de

dire

des injures fcs adverfaires

quatre volumes pour prouver que l'immortalit de l'ame n'a jamais t annonce dans le Pentateuquej & pour conclure de cette preuve mme que la milfion

a compof

de Mofe , qu'il appelle Lgation, eft divine. Voici le prcis de fbn livre quil donne luimme pages 7 & 8 du premier tome.
1.

La

A
y>

s.

SeSlioii

T.

193

1*.

La doftrine d'une

des rcompenfes

&

vie venir, des chtimens

aprs la mort eft nceffaire toute

focit civile.
>

2*.

Tout
il

le

V en quoi

fe

genre humain trompe ) ,

&

& c'efl

ipciale-

ment

les plus

fages &: les plus favan-

tes nations de l'antiquit ie font acM cordes croire doirine.


3
.

&

enfeigner cette

Elle ne peut fe trouver en au-

Gun endroit de la loi de Alofe ; donc la loi de Mofe eft d'un original di>>

vin

ce que je vais prouver par les


fillogirmes fuivans.

i*

deux

Premier sillogisme.

^y

Toute religion

toute focit qui

fon principe

de l'ame pour ne peut tre foutenue , que par une providence extraordi-x naire ; la religion juive n'avait pas l'immortalit de l'ame pour principe, donc la religion juive tait foutenue par une providence extraordinaire.
n'a pas l'immortalit
Premire partie.

154

E.

Se&ion V.

Second sillogisme.

vi

Les anciens lgiilateurs ont tous qu'une religion qui n'enfeignerait pas l'immortalit de l'ame ne pouvait tre foutenue que par une providence extraordinaire. Mofe a inftitu une religion qui n'eft pas fonde fur l'imdonc Moljc mortalit de l'ame religion maintenue par croyait fa une providence extraordinaire.
dit
-,

Ce qui
gros

eft

bien plus extraordinaire,


,

c'eft

cette albrtion de IVarburiou

qu'il a

mife en

la tte de ion livre. On fouvent l'extrme tmrit & la mauvaife foi avec laquelle il ofe dire, que tous les anciens lgiflateurs ont cru qu'une religion qui n'eft pas fonde fur les peines &:les rconipenfes aprs la mort, ne peut tre foutenue que par une providence extraordinaire ; il n'y en a pas un feul qui l'ait jamais dit. Il n'entreprend pas mme d'en apporter aucun exemple dans fou norme livre farci

caractres

lui a reproch

c) On les a tires en effet ces dangereufes confquences. On lui a dit , la crance de lame immortelle eft nceffaire ou non. Si elle n'eft pas npourquoi Jsus - Christ l'a - 1 - il annonceflfaire
,

ce

Si elle eft nccffai/e

pourquoi Mofe n'en

A M
tes font

E.

Se&iOH

19

o'une iiiimenfe quantit de citations , qui tou, trangres fon fujet. Il s'eft en-

& Latins de peur qu'on ne pntrt jufqu' lui travers une multitude horrible d'envelopes. Lorfqu'enfin la critique a fouill jufqu'au fond , il eil refTufcit d'entre tous ces morts pour charger d'outrages tous fes adverfaires.
terr fous

un amas

d'auteurs Grecs
,

anciens

&

modernes

Il eft

vrai
,

que vers

la fin

de fon quatrime

volume
rinthes

aprs avoir march par cent laby-

&

s'tre battu

a rencontrs

avec tous ceux qu'il en chemin , il vient enfin fa

grande queition qu'il avait lailfe l. Il s'en prend au livre de Job qui paife chez Is fvans pour l'ouvrage d'un Arabe , & il veut prouver que Job ne croyait point l'immortalit

tous

Enfuite il explique fa faqon de l'Fxriture par lefquels on a voulu combattre fon fentiment.

de l'ame.

les textes

Tout

ce qu'on en doit dire


,

c'eft

que

s'il

avait raifon

ce n'tait pas

un vque

d'a-

voir ainil raifon.

pouvait
fes c)
i

tirer des

mais

il

Il devait fentir qu'on en confquences trop dangereun'y a qu'heur & malheur dans

vait
lui

&

la
l

cachait

donne

De

quel nom voulez- vous qu'on , quelque ct que vous vous tourniez

ij

19^
ce

E.

SecHoii
,

monde. Cet

homme
,

qui
t

teur
a

&

perfccuteur

n'a

protedion d'un niinillre diatement aprs avoir fait fon

devcKU dlavque par d'tat qu'immelt


f.iit

livre.

Salamanque

Coimbre

Rome,

il

au-

rait t oblig

de fe rtrader & de demander pardon. En Angleterre il efl: devenu pair du royaume avec cent mille livres de rente
',

c'tait

dequoi adoucir

fes

murs.

Section sixime.
Du befohi
Le
de la rvlation.
plus grand bienfait dont nous foyons
,

c'eit da redevables au nouveau Tertament nous avoir rvl l'immortalit de l'ame. C'eft donc bien vainement que ce Warburton a voulu jetter des nuages fur cette importante vrit en reprfentant coiuinuellement
,

dans

de Mofe, que les anciens Juifs n'avaient aucune connaijjance de ce do^me nfa lgation

cejjaire

^ que

les

faducens ne f admettaient

pas du
Il

tenis

de notre Seigneur Je s US.

fait

tous fes efforts pour corrompre


les

&

pour

tordre

propres

mots prononcs

vous tombez dans un abme qu'un voque ne devait pas ouvrir. Votre ddicace aux francs penfans , vos fades plaifanteries avec eux , & vos baf(effes auprs de mylord Hurdwicke ne vous fauve-

A U
par Jsus
ces
li

E.

Se&oH

VL

197

-Christ mme. N'^avez-voiis pas St. MatDi2U vous a dites: je fuis tliieu ch; le^^-f'iU /eDiEU ^'Abraham, /e Dieu .^'Ifaac Dieu de Jacob. Or Dieu iiefl pas le Dieu ^ ^^'
paroles qiie

mais des vivatis. Il s'emporte jufl la parabole du mauvais riche un fens contraire celui de toutes les glifes* Sherlok vque de Londres , & vingt autres favans , l'ont rfut & confondu. Les philolophes Anglais mme lui ont reproch combien il eft fcandaleux dans un vque de manifefter une opinion H contraire au bien
des morts
,

qu' donner

public.

Il

faut d'autant plus bnir la rvlation de

l'immortalit de l'ame

&

des peines

&

des

lcompenfes aprs

vaine phimort , ofophie des hommes en a toujours dout. Le grand Cfar n'en croyait rien j il s'en expliqua clairement en plein fnat lorfque,
la

que

la

pour empcher qu'on ft mourir Catilina , il reprfenta que la mort ne laiirait l'homme aucun fentiment que tout mourait avec lui ; & perfonne ne rfuta cette opinion.
,

Cicron qui doute en tant d'endroits

s'ex-

plique dans fes lettres

auifi

clairement que

ront pas de l'opprobre dont vos contradiflions convous apprendrez tinuelles vous ont couvert ; que quand on dit des chofes hardies , il faut les

&

lire

modeftement,

iij

58
Cfar.

A
Il fait

I.

Se&ion
;

VL
'

bien plus

il

dit

devant

le

pctN

pie

ces propres paroles

Romain, dans Tonoraifon pour Cliientinsi Quel mal lui a fait ht


,

mort ?
hcilles

moins que
ej

7ious

ne [oyons ajfez im,

pour

croire Aes fables i>ieptes

imaginer qiCil
cimns.

pour condamn an Jupplice des m'


font
l

Mais
tout

fi

ce

de pures chimres

comme
la

monde en ejl convaincu , de quoi mort Va-t- elle priv finon du fentiment
le
,

de la douleur ?

3,

Nani nunc quidam quid tandem illi mali mors attulit ? Jiil forte ineptiis ac fabulis ducimur ut exiftimemus illum apud in.j feros impiorum fupplicia perferre &c. ? Que f falfa funt id quod omnes intelligunt quid ei tandem aliud mors cripuic 3j prseter lenfum dolor^is 3j
,5
,

'{

L'empire Romain tait partag entre deux grandes fedies principales ; celle 'Epicure qui affirmait que la Divinit tait inutile au monde , & que l'ame prit avec le corps , & celle des ftoiciens qui regardaient l'ame comme une portion de la Divinit , laquelle aprs la mort fe runiifait fon origine , au grand tout dont elle tait mane. Ainfi , foit que l'on crt l'ame mortelle , foit qu'on la crt immortelle , toutes les fedles le runiflaient fe moquer des peines & des rcompenfes aprs la mort. Cette opinion tait f univerfclle que dans
,

A M
le tenis
<;ait

E.
le

Se&ion

VL

199

mme
,

que
,

chriftianifme

commenfur
le

s'tablir

on chantait

Rome

par l'autorit des magiftrats devant vingt mille citoyens ,


Poft mortem nihl
eji ,

thtre public

ipfaque mors nihil


,

efl.

Rien

n'eft aprs la

mort

la

-mort

mme

n'eft rien.

cent monumens de Romains. C'eft en vertu de ce fentiment profondment grav dans tous que tant de hros & tant de fimles curs ples citoyens Romains fe donnrent la mort ils n'attendaient fans le moindre fcrupule point qu'un tyran les livrt des bourreaux.
Il

nous

refte

encor

cette croyance des

Les

hommes

les

plus vertueux

mme & les


Dieu, n'eC
,

plus perfuads de l'exiftence d'un


praient alors aucune rcompenfe

& ne crai l'ar-

gnaient aucune peine.


ticle

Nous verrons

Clment qui fut depuis pape & faint , commenqa par douter luimme de ce que les premiers chrtiens difaient d'une autre vie ; & qu'il confulta St. Pierre
Apoa-iphe
,

que

Nous fommes bien loin de croire Clment ait crit cette hiftoire qu'on lui attribue ; mais elle fait voir quel befoin avait le genre-humain d'une rvlation prcife. Tout ce qui peut nous furprendre , c'eft
Cfare.

que

St.

qu'un dogme 11 rprimant & fi falutaire ait lilT en proie tant d'horribles crimes des

iiij

200
hommes
qui
fe

A
voyent

E.
fi

Se&iii

VL
cternits.

qui ont

peu de tcms vivre, &,

prells entre

deux

Section septime.
Ame
des fois

des moujres.

Un
&.

imbccille
dfinira
dit

enfant mal conforme nat abfolument vit fans ides ; n'a point d'ides ,
,

on en
que

- t -

vu de cette on cet animal


quelque

efpce.
?

Comment

des dodeurs ont

l'homme une ame fenfitive mais non pas une ame intelleduelle. Il mange il boit il dort il veille,
c'eft
;

cliofe

entre

&

la

bte

d'autres ont dit qu'il avait


,

il.

a des fenfations

mais

il

ne pcnfe

pas.

a- 1- il pour lui une autre vie , n'y en le cas a t propofc ik n'a a-t^il point pas t encor entirement rfolu. Qiiclques-uns ont dit que cette crature devait avoir une ame , parce que fon pre & fa mre en avaient une. Mais par ce raifonncment on prouverait que fi elle tait venue iu monde fans nez , elle ferait rpute en avoir un , parce que fou pre-& fa mre en
'<

avaient.

Une femme accouche , fon enfant n'a point de menton , fon front eft ccraf & un peu noir i fon nez eft fil & pointu , fes yeux font ronds , fii mine ne reifcmble pas mal k

A
celle

E.
;

Ss&ion

VIT.
,

20 r

d'une hirondelle
fait

^u corps
cid
telle.

comme
la

cependant il a le refte nous. Les parens le


Il

font batifer

pluralit les voix.


polleiFeur d'une

eft

d-

homme &
Mais
11
,

ame immoren bec


,

cette petite figure ridicule a des


la

ongles pointus
ell

bouche
,

faite

il

dclar monftre
le batife pas.

il

n'a point

d'ame

on

ne

Or.

fait qu'il

y eut

femme

qui accouchait tous

Londres en 172^ une les huit jours d'un


,

On ne flait nulle difficult de rebatme cet enfant malgr la folie pidmique qu'on eut pendant trois femaines Londres de croire qu'en erfet cette pauvre
Japreau.
fufer le

friponne fefaic des lapins de garenne. chirurgien qui l'accouchait , nomm St.
dr
,

Le An-

que rien n'tait phis vrai , & Mais quelle raifon avaient les crdules pour refufer une ame aux enfans de cette femme ? elle avait une ame , fes enfans devaient en tre pourvus auffi j foit qu'ils euflent des mains foit qu'ils eulTent
jurait

on

le

croyait.

des pattes
tit

foit qu'ils fulfent

ns avec
:

un

pe-

mufeau ou avec \x\\ petit vifage l'Etre fuprme ne peut -il pas accorder le don de la penfe & de la fenfation un petit je ne fliis quoi, n d'une temme, figur en lapin,
aui bien qu'

un

petit je

ne

lais

quoi figus'en re-

r en

homme

L'ame qui
'^

tait prte fe lo,

ger dans le ftus de cette femme taurnera- 1- elle vide

202

E.

Sc^ion

VIL

Loke obfervc trs bien l'gard des monC? qu'il ne iut pas attribuer Timmorta, lit l'extrieur d'un corps ; que la figure n'y lait rien. Cette immortalit , dit - il , n'cft pas plus attache la forme de fon vifage ou de fa poitrine qu' la manire dont fii ba: be efl: faire , ou dont fon habit ell taill. Il demande quelle eft la julte mefure do difformit laquelle vous pouvez reconnatre qu'un enfani a une ame ou n'en a point ? que! elt le degr prcis auquel il doit tre dclar monftre & priv d'ame ?
trs

On demande encor ce que ferait une ame qui n'aurait jamais que des ides chimriques ? Il y en a quelques - unes qui ne s'en
dmritentMritent - elles de leur efprit pur ? Que penfer d'un enfant deux ttes , d'ailleurs trs bien conform ? les uns difent qu'il a deux mes puifqu'il eft muni de deux: glandes' pinales , de deux corps calleux, de deux fenforiwn commune. Les autres rpondent , qu'on ne peut avoir deux mes quand on n'a qu'une poitrine & un nombril.
loignent pas.
elles
* '{

que

faire

Enfin , on a fait tant de queftions fur cette pauvre ame humaine , que s'il falait les dduire toutes
,

cet

examen de

fa

propre per-

fonnc
nui.
Il

lui

cauferait le plus infuportable en-

lui arriverait ce

qui arriva au cardiconclave.

nal de Polignac dans

un

Son

iiiten-

Ame.
^ant
laiTc

SeEion

VU.

203

rter fes

&

de n'avoir jamais pu lui faire arcomptes fit le voyage de Rome , vint la petite fentre de { cellule charg
,

d'une immenfe

liaffe

de papiers.
,

Il

lut prcs

voyant qu'on ne lui rpondait rien , il avana la rte. Il y avait prs de deux heures que le cardinal taic parti. Nos mes partiront avant que leurs intendans les ayent mifes au fait. Mais foyons quelqu'ignorans que juftes devant Dieu nous foyons , nous & nos intendans.
de deux heures. Enfin
;

AMRIQUE.
PUifqu'on ne
mes
fur

point de faire des {yftmanire dont l'Amrique a pu fe peupler , ne nous lalbns poinc de dire que celui qui fit naitre des mouches dans ces
fc lafTe
la

climats

fit

natre des

envie qu'on

ait

de difputer

hommes. Quelque on ne peut nier


,

que

dans toute la nature , n'ait fait naitre , vers le quarante-huitime degr , des animaux deux pieds fans plumes , dont la peau eit mle de blanc d'incarnat avec de longues barbes tirant fur e roux ; des ngres fans barbe vers la ligne : en Afrique & dans les ifles d'autres ngres avec barbe fous la mme latitude ; les uns'
l'Etre
vit

fuprme qui

&

204
portant de
crins
:

A M

Q.

E.

&
,

b'ancs
,

la laine Cuc la tte , les antres e9 au milieu d'eux des animaux tout mais porn'ayant ni crin ni laine
:

tant de

la

foye blanche.

ne voit pas trop ce qui pourait avoitf Dieu de placer dans un autre continent una elpce d'an* maux du mme genre, laquj' e eit cou'eur de cu'vre dans la mme latitude , o c.s aninuux font noirs en Afrique <Sc en A(ie ik qui eit abfolument imbeibe & fans poil dan^ cette mme latitude

On

em

)ch

les

autres font barbus.

Jufqu'o nous emporte la fureur des fyf^ tmes jointe la tyrannie du prjug On voit ces animaux on convicnc que OiLU a pu les mettre o ils font i <Sc on ne veut pas convenir qu'il les y ait mis Les mmes gens qui ne font nulle difficult d'avouer que
!

les caltors font originaires

du Canada

prtre

tendent que

les

hommes ne peuvent y
,

& que le Mexique venus que par bateau n'a pu tre peupl que par quelques defcendans de Mitgog. Autant vaudrait- il dire que hommes dans la lune ils ne s'il y a des peuvent y avoir t mens que par Ajwlphc qui les y porta fur fon hipogriphe , lorlqu'il alla chercher le bon feus de Roland renferm dans une bouteille. Si de fon tems l'Amrique et t dcouverte , & que dans notr Europe il y et eu
,

AMRIQ.UE.
des

ao*

hommes
le

alfez

Tyrtmatiques pour avaii,

que les Carabes defcenJent des habitaiis de Carie , & que les Hiirons vienneut des Juifs , il aurait bien de leur rapporter la bouteille de leur fliic bon- feus, qui faus doute tait dans la lune avec celle de l'amant dC Anglique.
cer avec
jfuice Lajiteaii

La premire chofe qu'on fait quand on dcouvre une le peuple dans l'ocan Indien, ou dans la mer du Sud \ c'eft de dire d'o ces gens - l font ils venus ? mais pour les arbres & les tortues du pays , on ne balance pas les croire originaires ; comme s'il tait
:

plus

difficile la

nature de

faire des

hommes

que des
d'ile

tortues.
,

Ce qui peut

fervir d'excufe

ce fylteme

c'efl qu'il

n'y a prefque point

dans

les

mers d'Amrique
,

&

d'Afie

l'on n'ait trouv des jongleurs

des joueurs

de gibecire , des charlatans , des fripons , des imbcilles. C'eft probablement ce qui a fait penfer que ces animaux taient de la mme race que nous.

&

AMITI.

ON

a parl depuis
,

longtems du temple
fait qu'il

^e i'amiti

&

on

a t

peu

frquent.

2o6
En

Amiti.
vieux langige on voit fur
la

faade
,

Les noms facrs d'Orefte

&

de Filade
,

Le mdaillon du bon

Pirritos

Du

fage Acathe

&
,

du tendre Nifus
:

Tous prands hros tous amis vritables Ces noms font beaux-, mais ils font dans les

fables.

On
chain
,

fait

que Famiti ne

fe

commande
Aime
}

pas

plus que l'amour


fignite
,

&

l'eftime.

ton pro-

fcoure
conje
-

ton prochain

mais

non
s'a

pas jons avec plaijir de fa converfation


eji

oinuieux
,

lui

tes fecrets s'il eji

un

babillard

prte

lui ton

argent

s'il eji

un

dijjlpatenr.

& ce Uamiti eft le mariage de l'ame mariage elt fujet au divorce. C'eft un contracft tacite entre deux perfonnes fenfibles &
,

vertueufes.
Iblitaire

Je dis fenfibles , car un moine , un peut n'tre point mchant , & vivre
l'amiti.
'Je dis

fans connatre
car les
les

vertueufes

mdians n'ont que des complices ; voluptueux ont des compagnons de di

bauche
des

les

intreils

ont des

alfocis
j

les

politiques alfemblent des f adieux

le

commun
ont

hommes

oififs a
^

des liaifons" les princes


les

ont des couitifans


feuls des amis.

hommes vertueux

Cthgus tait

le

complice de Catilin

&

Mcne le courtiian 'Odavc', mais Cicron tait fami d'Attiats.

^Amiti.
Que
tenJres

207

porte ce contrad

entre deux mes


obligations en font
,

honntes

'i

les

plus fortes

&
,

plus faibles

flon

les

degrs

de

fenfibilit

&

le

nombre

des fervices ren-

dus. &c.

L'entoufiafme de l'amiti a t plus fort chez les Arabes , que chez Voyez chez les Grecs nous. Les contes que ces peuples ont ima- l'afticl^ ^'^*^' gins fur l'amiti font admirables j nous n'eu avons point de pareils. Nous forames un peu fecs en tout. Je ne vois nul grand trait d'amiti dans nos romans , dans nos hiftoires,

&

fur notre thtre.

L'amiti
lgiflation

tait

un point de
les

religion

&

de

Thbains avaient le rgiment des amans beau i'giment quelques - uns l'ont' pris pour un tgiment de non-conformiftes , ils fe trompent ; c'elt prendre un acceifoire honteux pour le principal honnte. L'amiti chez les Grecs
chez
Grecs.

Les
:

tait

prefcrite par

la loi

&

la religion.

La

pdraftie tait malheureuferiient tolre par


les

murs

des

il ne faut pas imputer la loi abus indignes. ( Voyez Amour focra^


,

tique. )

208

MO

R.

AMOUR.
tant IL y a s'ad relier qui

de fortes d'amour qu'on ne

fait

pour

le dfinir.

On
,

nom-

me

jours

hardiment amour un caprice de quelques une liaifon fans attachement un Ibntiment fans edime, des limagrcs de Sigisbs y une froide habitude , une fancaille romanefque un got fuivi d'un prompt dgot on
, ,
:

donne

ce

nom

mille chimres.

Si quelques philofophes veulent examiner fond cette matire peu philofophique , qu'ils mditent le banquet de Platon , dans lequel 5*0craie amant honnte iVAl'cihiade & A'gatlion converfe avec eux fur la mtaphyfique de

l'amour.
gile fuit les pas de

Lucrce en parle plus en pliyficien: VirLucrce, amor ouinihiis idem,

C'eit l'totfe de la nature

que l'imagination

brode.
?

Veux
,

mour

voi les
gcnilfe

tu avoir une ide de l'amoineaux de ton jardin , voi


-

tes pigeons

contemple
,

le

taureau qu'on amfier la

ne la deux de
fible

regarde ce

cheval que
cavale pai-

fcs valets

conduifent

qui l'attend
le
,

&
;

pour

recevoir

qui dtourne fa queue voi comme fes yeux tin-

cellent

entends
,

fes

henniifmens
courbettes
,

contemoreilles

ple CCS fuuts

ces

ces

dre-

Amour!
drefTcs, cette
petites convuliions
,

205

bouche qui s'ouvre avec de


ces narines qui s'enflenc fort
, ,

ce (buffle
fe

enflamm qui en

ces crins qui

relvent

&

qui flottent
il

ce

mouvement
que
la

imptueux dont

s'lance fur l'objet

nature lui a deftin ; mais ne fois point jaloux , & fonge aux avantages de l'efpce humaine i ils compenfent en amour tous ceux que la nature a donns aux animaux , force,

beaut

lgret

rapidit..

ll-y a

mme

des

animaux qui ne connaif-

fent point la jouiflancc. Les poilfons caills

font privs de cette douceur , la femelle jette fur la vafe des millions d'ufs ; le mle qui
les

rencontre
fa

pafle fur
,

eux

&

les

fconde

par

femence

fans fe mettre en peine

quelle fem-eile

ils

appartiennent.

La plupart

des

animaux qui s'accouplent


,

ne gotent de plaifr que par un feul fens , & ds que cet apptit cft fatisfait tout eft hors toi teint. Aucun animal ne connat tout ton corps eft fenfiles embraflemens lvres furtout jouiflcnt d'une votes ble lupt que rien ne laife & ce plaifir n'ap, , ; i ,

partient

qu' ton efpece


les

ennn

tu

peux

dans tous

tems xe livrer l'amour , & les animaux n'ont qu'un tems marqu. Si tu rflchis fur ces prminences , tu diras avec
le

comte de

Kochsjter

L'amour
la

dans

un

pays d'athes Ferait adorer Premire partie.

Divinit.

iSib

'

A M O V

R.

Comme les hommes ont reu le don de perfedionner tout ce que la nature leur accorde, ils ont perfedionn l'amour. La propret le foin de foi-mme , en rendant la peau plus dlicate , augmente le plaifir du tad , & l'attention fur fa fant rend les organes de la volupt plus fenfibles. Tous les autres fentimens entrent enfuite dans celui de l'amour comme des mtaux qui s'amalgament avec l'amiti , l'eftime viennent au fecours; l'or les talens du corps & de l'efprit font encor de nouvelles chanes.
:

Nam
Ut

facit ipfa fuis interdm

fmna faflls ,
corpore cultu
dtgtrt vilam,

Morigcrifqut modis
facilt
infuejcat

&

mundo

fecum

vir

LvcRXCS.

Liv.

On peut , (ans tre belle


L'attention
,

tre longtems ainuble.


,

le

got
,

les foins
air

la

propret

, ,

Un

efprlt naturel

un

toujours affable

Donnent

la laideur les traits de la beaut.

L'amour- propre furtout


liens.

relTerre tous ces


,

On
,

s'applaudit de fon choix

&

les illu-

fions en foule font les

ornemens de
les

cet ou-

vrage

dont

la

nature a pof

fondemens.

^"oil ce

que tu

as au-deffus des

animaux

,;

mais
rent
,

fi

tu goures tant de plaifirs qu'ils ignoque de chagrins aulfi , dont les btes

n'ont point d'ide

Ce

qu'il

a d'aifreux

A M O
,

tJ

R.

2I

pdi toi c'eft que la nature a empoifonnc dans les trois quarts de la terre les plailirs de l'amour, & les fources de la vie, par une maladie pouvantable , laquelle l'homnie
feul
les

elt fujet

&
la

qui n'infede que chez lui


gnration.

organes de

cette perte comme Il n'en elt point de de tant d'autres maladies qui font la fuite de nos excs. Ce n'elt point la dbauche qui l'a

introduite dans

le
,

monde.
eft

Les Phrin

les

Las

les

Flora
;

les
elle

Mejfalines

pomt
o

attaques
elle

ne

n'en furent dans des ifles


l'innocence;
l'ancieu

les

hommes
l

vivaient dans

&

de

s'eft

rpandue

dans

monde.
on a pu accufer la nature de fon ouvrage , de contredire fon plan , d'agir contre fes vues , c'elt dans ce flau dtelbble qui a fouill la terre d'horreur & de turpitude. Elt-ce l le meilleur des mondes polfibies? Eh quoi, fi Cfar, Antoine, OSave, n'ont point eu cette maladie , n'tait -il pas
Si

jamais

mprifer

polfible qu'elle ne

fit point mourir Franois I ? -on les chofes taient ainfi ordonje le veux croire ; mais nes pour le mieux cela ert trifte pour ceux qui Rabelais a ddi

Non

dit

fon

livre.

Les philofophes erotiques ont fouvent agit (i Hiofe put encor aimer vritablement Ablard quand il fut moine & chtr ?
la

quertion

\]

212
Tautre.

Amour
fefait trs

L'une de ces qualits

grand torf

Mais confolez-vous , Ablard vous ftes aim i la racine de l'arbre coup conferve en,

cor un refte de fve ; l'imagination aide le cur. On fe plait cncor table quoiqu'on n'y mange plus, Eft-ce de l'amour ? elt-cc un fimple fouvenir ? eft-ce de l'amiti ? C'eft un ie ne fais quoi compof de tout cela. C'eft un fentiment confus qui relfemble aux paffons fintaftiqucs que les morts confer valent dans les champs EUfccs, Les hros qui pendant leur vie avaient brilconduifaient aprs l dans la courfe des chars Orphe leur mort des chars imaginaires. croyait chanter encore. Hlofe vivait avec vous d'illulions & de fupplmens. Elle vous careifait quelquefois , & avec d'autant plus de plailir qu'ayant fait vu au paraclet de ne vous plus aimer , fes careffes en devenaient
.

plus prcieufes

comme
,

plus coupables.

Une

femme ne peut gures fe prendre de paillon pour un eunuque mais elle peut conferver fa paillon pour fon amant devenu eunuque
pourvu
Il

qu'il foit

encor aimable.

n'en

eft

pas de

mme mfimes
,

pour
;

un amant

qui a

vieilli
;

dans

le

fervice

l'extles

rieur ne fubfifte plus

les rides
;

effrayent

fourcils blanchis rebutent

le:

dents perdues

dgotent

les infirmits loignent.

Tout

ce

A M o u
qu'on peut
faire
, ,

E.

213

c'eflr

d'avoir la vertu d'tre


ai-

garde -malade

& de

fupporter ce qu'on a

m. C'eft enfevelir un mort.

AMOUR-PROPRE.
TV T/co/e, dans
JL
les
Ejjliis

de morale

faits

aprs deux ou trois mille volumes de


,

fon Trait de la charit , que par le moyen des gibets des roues qu'on a tablis en commun , on rprime les penfes bs dejjlins tyraiDiiques de
(

morale

dans
,

chap. 2.

dit

ramour-pj'opre de chaque particulier.

Je n'examinerai point
,

li

on

a des gibets

en

commun comme on a des prs & des bois en commun & une bourfe commune & (
,
,

on rprime des penfes avec des roues


il

me

le

mais femble fort trange que Nicole i.'c pris vol de grand chemin & l'ailiiiiinat pour
;

de l'amour-propre.

Il

faut diftiiiguer

un peu

mieux

les

nuances.

ron a fait pre , que Cartouche avait beaucoup d'amourpropre , ne s'exprimerait pas fort correctement. L'amour-propre n'eft point une fcleratefle , c'eft un fentiment naturel ton? les

Celui qiu dirait qu:; Naflirmer fa mre par amour-pra-

hommes
nit

; il eft beaucoup plus voifin de que du crime.

la

va-

iij

214

Amour-propre.

gueux des environs de Madrid demannoblement l'aumne ; un pallant lui dit tes -vous pas honteux de faire ce mtier intame quand vous pouvez travailler ? Moniieur rpondit le mendiant je vous demande
dait

Un

de l'argent lui tourna

ik
le

non

pas

des conleils

puis

il

dos en confervant toute la dignit cartillanne. Ccait un Ber gueux que ce Jeigiieur , fa vanit tait ble*!. : pour peu

de choie. Il demandait l'aumr.e par amour de loi -mme , & ne foutiiait pas la rprimande par un autre amour de foi- mme.

Un mifionnaire voyageant dans Tlnde r.ud rencontra un faquir charg de chanes comme un linge , couch fur le ventre , & fe fefant fouetter pour les pchs de fes com.

patriotes les Indiens

ques

liards
!

du pays

mme
ment

difait

un
!

qui lui donnaient quelquel renoncen-.ent foides fpedareurs renonce,


; :

moi-mme

reprit

le

faquir

apprenez

que je ne me fais felfer dans ce monde que quand pour vous le rendre dans l'autre T0U3 ferez chevaux & moi cavalier.
,

Ceux qui ont mmes elt la hafe

dit que l'amour de nousde tous nos fentimcns & de toutes nos adions , ont donc eu grande raifou dans l'Inde , en Efpagne Se dans toute la terre habitable : Si comme on n'crit poinc pour prouver aux hommes qu'ils ont un vi,

Cige

n'eft pas befoin de leur

prouver qu'ils

AMOVR-PROPHE.
nt
ce

2I
eft

l'amour-propre.

Cet amour-propre
;

riiiftrument de notre confervation ce


eft nceilire
,

il

refletn-

ble rinftrurnent de la perptuit de l'efp; il


,

il

nous

eft

cher

, il

nous

fcit plaifir

&

il

faut

le

cacher.

AMOUR SOCRATIQUE.
l'amour nomm focratque & SIplatonique qu'on aqu'un fentiment honnn'tait
te
,

il
,

y
il

faut applaudir.

Si c'tait
la

une dbau.

che

faut en rougir

pour

Grce.

Comment s'eft-il pu faire qu'un vice , defl trudeur du genre - humain , s'il tait gnral ; qu'un attent.it infme contre la nature , foit
pourtant degr de
Il parait tre le dernier corruption rflchie & cependant il eft le partage ordmaire de ceux qui n'ont pas eu encor le tcms d'tre corrompus. Il eft entr dans des coeurs tout neufs , qui n'ont connu encor ni l'ambition ni la fraude , ni
(1

naturel ?

la

-,

la foif des richefTes

c'eft la jeunefle

aveugle,

qui par

un

inftind mal dml fe prcipite

dans ce defordre au fortir de l'enfance, ainl que dans l'onanifme. ( Voyez Onanifme.) Le penchant des deux fexes l'un pour l'autre fe dclare de bonne heure ; mais quoiqu'on
ait

dit des Africaines

& des femmes

de

i'

Aile

iiij

zi6

Amour socratiq.ue.
, ,

ce penchant e{\ gcncralemcnfc beaucoup plus fort dans l'homme que dans la femme c'ell une loi que la nature a tablie pour tous les animaux c'elt toujours le mle

mridionale

qui attaque

la femelle.

Les ieunes mles de notre efpce , levs enfemble lentant cette force que la nature commence dployer en eux , & ne trouvcint
,

point l'objet naturel de leur inftincl fe rejettent fur ce qui lui reflemble. Souvent un jeune garqon par la fracheur de fon teint , par
,

rclat de fes couleurs


fes
,

&

par la douceur de

yeux relFemble pendant deux ou trois ans une belle fille on l'aime c'cd parce que la niiture fe mprend ; on rend hommage au fexe en s'attachant ce qui en a les beauts j & quand l'ge a fait vanouir cette refi ,

femblance

la

mprife

ceife.

Citrque juventatn
JEtats brve
ver

&

pritnos carpere flores.

On
nature

n'ignore pas que cette mprife de


eft

la

beaucoup plus commune dans les cUmats doux que dans les glaces du Septentrion ; parce que le fangyeli plus allum, & l'occalion plus frquente aui ce qui ne parat qu'une faibleil dans le jeune Alcibiade t cft une abomination dgotante dans un matelot Hollandais & dans un vivandier Mpf:

coyitc.

Amour socRATiauE.

217

Je ne peux fouifrir qu'on prtende que les Grecs ont autorif cette licence. On cite le lgiHateur Solon , parce qifil a dit en deux mauvais vers :

Tu

chriras

un beau garon
barbe au menton.

Tant

qu'il n'aura

Mais en bonne foi , Solon tait - il lgifla- Traduc-' quand il fit ces deux vers ridicules ? Il f'on & quand le dbauch fut ^ '^'"'^^ tait jeune alors -1 erand au11 r il ne mit ponit une telle in- ^^^jg^ devenu lage
teiir
,
-,

famie parmi

les loix

de fa rpublique

accu- jg France.

fera-t-on Thnrlore de Bze d'avoir prch la parce que dans fa pdraftie dans fon gliic jeuneffe il fit des vers pour le jeune Candide ?
,

&

qu'il dit

Amphclor hune
Je fuis pour lui
,

&

illam.

je

fuis

pour

elle.

Il

faudra dire qu'ayant chant des amours


,

honteux dans fon jeune ge

il

eut dans l'ge


,

mr
cher

l'ambition
la

d'tre chef de parti


,

de prvir

rforme
puer.

de

fe faire

un nom. Hic

ille

On
fes

abufe du texte de Flutarque


,

qui dans
l'
,

amour femmes Vovez ne font pas dignes du vritable amour i mais l'article un autre interlocuteur foutient le parti des Femme
bavardcries

au

dialogue de

fait dire

un

interlocuteur que les

2i8

Amour soeRATiauB.
il

femmes comme
tion pour
Il e(t

le doit.

On

a pris

l'objec-'

la dcifion.
,

tiquit peut

autant que la fcience de l'anque l'amour focratique , n'tait point un amour infme. C'ell ce nom 'amour qui a tromp. Ce qu'on appellait les amans d'un jeune homme , taient prcifment ce que font parmi nous les menins de
certain
l'tre

nos princes ; ce qu'taient les enfans d'honneur des jeunes gens attachs l'ducation d'un enfant diftingu , partageant les mmes tudes , les mmes travaux militaires i inftitution guerrire & fainte dont on abufa com,

me

des ftes

nodurnes

& des orgies.

tait

des amans inftitus par Laiiu une troupe invincible de jeunes guerriers engags par ferment donner leur vie les uns pour les autres , & c'eft ce que la

La troupe

difcipline antique a jamais


Sextiis Empiriciis

eu de plus beau.
,

&

d'autres

que

ce vice tait

recommand par
de
;

ont beau dire les loix de


la loi
fi
;

la Perfe. Qu'ils citent le texte

qu'ils

montrent mination
a.

le

code des Perfans

&

cette abo;

s'y trouvait je

ne
ft

la

croirais pas

Cet

crivain

moderne
,

cher rptiteur de collge


pli d'erreurs

qui dans

un nomm Lat" un libelle rem-

{)lus groflire

equel

on

tout genre , de la critique la ofe citer ]e ne fais quel bouquin dans appelle Socratc San&us Pederaflts , Socra
,

&

Amour socratiq.ub
je dirais

219
,

que

la

chofe n'eft pas vraie

par

la

raifon qu'elle eft irapoffible.

Non

, il

n'eft pas

nature humaine de faire une loi qui qui outrage la nature , une loi , qui anantirait le genre-humaiii f elle tait obferve la lettre. Mais moi , je vous mon-

dans

la

contredit

&

trerai l'ancienne loi des Perfans rdige


le Saddei'.
qii^il
Il

dans

eft dit

l'article

ou porte 9

n'y a point de plus grand pch. C'eft envain qu'un crivain moderne a) a voulu jultifier Sexus Empiricus & la pdraftie ; les loix de Zoroajire , qu'il ne connaiiTait pas font un tmoignage irrprochable que ce vice ne fut jamais recommand par les Perfes. C'eft comme l on difait qu'il eft recommand par les Turcs. Ils le commettent hardiment i mais les loix le punifTent. Que de gens ont pris des ufages honteux & tolrs dans un pays pour les loix du pays ! Sextiis Empiricus qui doutait de tout , devait bien douter de cette jurifprudence. S'il et vcu de nos jours, & qu'il et vu deux ou trois jeunes jfuites abul'er de quelques coliers , aurait -il eu droit de dire que ce jeu leur eft permis par les conftitutions d'Ignace de Loyola i*

par Vzhhb Faucher

dans ces horreurs mais cet abb, non moins groffier , s'eft tromp encor lourdement fur Zoroaflre fur les anciens Perfans. 11 en a t vivement repris par un homme iavant dans les langues orientales.
tes faint
.

II

n'a pas t fuivi


;

&

220

Amour socRAXiauE.
,

Rome

garqons tait fi commun qu'on ne s'avifait pas de punir cette turpitude dans laquelle prefque tout le monde donnait tte baiire. O^iXve - Augttjie , CQ meurtrier dbauch & poltron qui oa exiler Ovide , trouva trs bon que Virgile chantt Alexis i Horace lo.n autre favori fefait de petites odes pour Ligurimis. Horace qui loliait; Aiignjle d'avoir rforme les murs , propolait galement dans fes fatyres un garqon 6^ une fille b ) i mais l'ancienne loi Scantiuia qui dfend la pdraitie, fubfifta toujours l'empereur Philippe la remit en vigueur , & chalTa de Rome les petits garons qui fefient le mtier.

L'amour des

S'il

eut des coliers fpirituels

&

licentieux

comme
tels
il

Ptrone

Rome
XoyQz

que

Qtiiutilien.

eut des proleifeurs quelles prcautions

apporte dans le chapitre du prcepteur pour confcrver la puret de la premire jeuneire,


careiitwn non folinit criinine tnrpitndinis fed einm fufpicione. Enfin, je ne crois pas qu'il y ait jamais eu aucune nation police qui ait
fait

des loix contre les murs, c)


b ) Prefto puer impctus in quem

Continua

fiai,

e) On devrait condamner meflieurs les nonconformiftes prfenter tous les ans la police un enfant de leur faon. L'cx-](u'\te des fontaines fut
fur le point d'tre brl en place de

Grve

pour

ayoir abuf de quelques petits Savoyards qui ramon-

Amplification,

521

AMPLIFICATION.

ON
raifoii

rhtorique
fi

prtend que c'efl: une belle figure ce peut-tre aurait -ou plus ;
ol l'appellait

un dfaut. Quand on on n'amplifie qu'on doit dire pas ; & quand on l'a dit , fi on amplifie on dit trop. Prfenter aux juges une bonne ou mauvaife adion fous toutes fes faces, ce n'eft point amplifier ; mais ajouter c'eit exagrer
dit tout

ce

&

ennuier.
J'ai

vu

autrefois dans les

collges

donner

des prix d'amplification.

C'tait
Il

rellement

cnfeigner
lu

l'art d'tre dilfus.

et mieux va-

peut-tre

uraic relferr fes penfes,

appris

celui qui qui par-l aurait parler avec plus d'nergie & de force.

donner des prix

&

Ma's en vitant
fcherelfe.

l'amplification

craignez la

Il

chemine ; des proteiSeurs le fauvrent. une viftime ; on brla des Chujcurs fa plsce. Cela eft bien fort ; efl modus in rbus : ort doit proportionner les peines aux dlits Qu'aunaient
fa
falait
!

raient dit Cfar

Alcibiade

le roi

de Bythinie A7-

eomde

, ?

le roi

tres rois

Quand on

da fur

les

de France Henri III , tant d'aubrla des Chaufours , on fe fontabliffemens de St. Louis , mis en nou-

&

2Z

AMPLIFICAtlOX;;

J'ai entendu des profefleurs enfeigner que ccrtams vers de Virgile font une amplification , par exemple ceux - ci :

Nox

erat

placidum carpebant fejja foportm


,

Corpora per terras

Jylvaque

d* fceva quierant

jEquora

cm mtdio volvtmtur
Ut liquidas

fidcra lapfu

Cum tacet omnls ager ,pecudes , piflaque


Q^uceque lacus
,

volucres ;

quaque afpera dumis

Rura

tenent

fomno
,

pojta fub noEle filen

Lenibant curas

* corda oblita Itborum,

At non

infelix

animi

Phanijja,

Voici une tradulion libre de ces vers de Viront tous t fi difficiles traduire par Tes potes Fran(;ais , except par Mr. de Lijle,
gile qui

Les aAres de

la nuit

roulaient dans le filence


haleines des vents
,

Eole a fiifpendu

les

Tout fe Le

tait fur les

eaux, dans les bois, dans

les

champs;

Fatigue des travaux qui vont bientt renatre


tranquile

taureau s'endort avec Ton matre.


leurs

Les malheureux humains ont oubli

maux
du repos ,

Tout dort

tout s'abandonne aux charmes

Phniffe veille 6c pleure.


franais au quinzime ficle ; Si aucun ejfi^up' doit tre men Vvqut ; & fe Jl onn de b en tait prouv , l'en le doit ardoir 6 tuit U mueblc St. Louis ne dit pas ce qu'il Jont au baron , &c.

veau

faut faire
{q
il

en

eft

au baron prouv.

, fi

le

baron

eft

11

faut obferver

fouponn , que par le mot

&

AMFL

O K;

42|

Si la longue dcfcription

du rgne du fom*

meil dans toute la nature , ne fefait pas un contrafte admirable avec la cruelle inqui-

tude de Didon
felix

ce

morceau ne
j

ferait
,

amplification purile

c'eft le

mot

at

qu'une non iru-

animi Phanijfa qui en fait le charme. La belle ode de Sapho qui peint tous les fymptomes de l'amour, & qui a t traduite heureufement dans toutes les langues culti,

ferait pas fans doute Ci touchante ; , ne Sapho avait parl d'une autre que d'ellemme , cette ode pou fait tre alors regarde

ves
fi

comme une
La
livre

amplification.
la

defcription de

de VEnde
,

n'eft point

tempte au premier une amplifica-

tion

c'eft

rive dans

une image vraie de tout ce qui arune tempte il n'y a aucune ide
5

rpte,

&

la

rptition eft le vice de tout ce

qui n'eft qu'amplification.

Le

plus beau rle qu'on ait jamais mis fuc

le thtre

dans aucune langue


fi

eft celui
fei aie

de

Thre. Prefque tout ce qu'elle dit

uue

amplincarion fatiguante
qui parlt de
de b
St.

c'tait

une autre

la

paifion de Phlre.

.,

n'appellait point alors

Louis enten ' Ws Vicrtques , qu'on d'\ w autre nom. Une quivoChaufours

que

fit

brler Paris des

gentilhomme

Lorrain. De/praux eut bien raifon de faire une fatyre

contre rquivoque qu'on n croit.

elle a cauf

bien plus de mal

'%2JJ^:

Amplification.
mon
,

Atlihcs*me montra Je
le

fuperbe ennemi.
vue.

vis

je

rougis

je plis fa

Un
le

trouble s'leva dans

mon ame
,

perdue.
i

Mes yeux
("enils

ne voyaient plus
tout

je

ne pouvais parler

mon

corps 6c tranfir

&

brler.

Je reconnus

Vnus

&

fs traits redoutables
,

D'un
Il

fang qu'elle pourfuit


eft

tourmens

invitables,'

bien

clair

que

pui'qu' /Athnes lui


,

montra fon fuperbe ennemi Hippolite


vit Hippolite.
elle

elle

Si elle

rougit

&

plit fa

vue,

fut fans doute trouble.


,

Ce

ferait

un

plonafme

dans une trangre , qui raconterait les amours de Phdre ; mais c'elt Phdre amoureuie v*^ honteufe de fa palion j Ion cur eil plein , tout
oifeufe
lui chape.

une

redondance

Ut

viJi

ut pril
je

u:

me malus
,

abjlulh crror.
fa vue.

Je le vis

rougis

je plis

Peut

on mieux
mcn

imiter Virgile ?
corps

Je fentis tout

&
,

tranfir
je

&

brler.

Mes yeux ne

voyalent^plus

ne pouvais parler

Peut - on mieux imiter ^apho ? ces vers quoiqu'imits coulent de fource ; chaque mot trouble les mes fenfibles h les pntre ; ce n'eft point une amplification c'eft le chef,

d'uvre de

la

nature

&

de

l'art.

Voici

AmPLIFISATION.
Voici
,

avis , un exemple d'une dans une tragdie nioderne, qui d'ailleurs a de grandes beauts. Tide eft h cour d' Argos j il ell amoureux d'une fur d'EleBre} il regrette Ton ami Orejie & fon pre ; il elt partag entre fa palfion pour Ele&re & le delTein de punir le tyran. Au milieu de tant de foins & d'inquitudes , il fait fon confident une longue defcription d'une tempte qu'il a eifuie il y a longtenis.

mon

amplification

Tu fais ce qu'en ces lieux nous venions entreprendre Tu fais que Palamde, avant que de s'y rendre. Ne voulut point tenter fon retour dans Argos
Qu'il
n'eit
fi

interrog l'oracle de Dlos.

A de
Nous

juftes foins

on

foufcrivit fans peine


bienfaits

partiales

combls des
;

de Thyrrne;

Tout nous

favorifait

nous vogumes longtems


i

Au

gr de nos deflrs bien plus qu'au gr des vents


,

Mais fignalant bientt toute fon incon fiance

La mer en un moment
L'air mugit
,

fe
,

mutine

& s'lance
vapeur

le

jour

fuit

une

paiffe

Couvre d'un

voile affreux les vagues en fureur

La foudre

clairant feule

une

nuit

fi

profonde ,
;

filions

redoubls ouvre
,

le ciel

8c l'onde

Et comme un tourbillon
Semble en fources de

embraflant nos vaiffeaux

feu bouillonner fur les eaux.


fur leurs
,

Les vagues quelquefois, nous portant

cmes

Nous

font rouler aprs fous de vaftes abmes

Premire partie.

226

Amplification.
clairs
preffs
,

O
Le

les

pntrant avec nous,

Dans

des gouffres de feu femblaient nous plonger tou5.


,

pilote effray

que

la

flamme environne

Aux

rochers qu'il fuiait

lui -

mme

s'abandonne

travers les cueils, notre vaiffeau pouff.


,

Se brife

&

nage enfin fur

les

eaux difperf.

On
le

voit peut-tre dans cette defcription

les auditeurs d'un naufrage , & non le perfonnage qui veut venger fon pre & fon ami , tuer le tyran d'Argos , & qui eft partag entre l'amour & la vengeance.

pote
le

qui veut furprendre

par

rcit

Lorfqu'un pcrfonnage s'oublie & qu'il veut abfolument tre pote il doit alors em, ,

bellir ce dfaut
6c les

par plus lgans.

les

vers les plus corrects

Ne

voulut foint tenter fon retour dans Argos


Coracle

Qtiil Tient interrog

de

Vlos.

Ce

tour familier fcmble ne devoir entrer


la

que rarement dans

pofie noble.

Je ne

louhis point aller Orlans que je n\nje vu ce me femVaris. Cette phrafe n'eft admife
,

ble

que dans

la libert

de

la

converfation.
fans peine.
,

A de fi jujles joins on foufcrivit On foufcrit des volonts


des defirs
j

des

ordres

je

ne

crois pas qu'on foufcrivc

des

fojis.

'

Amplification.
Nous vogumes
longtsms

Z2f
des vents.

Au

gr de nos dcfirs bien plus

quau gr

Outre l'affedation & une forte de jeu de du gr des dejirs & du gr des vents , une coiitradidion vidente. Tout il y a l Yqinp-ge foiifcrivit fans peine aux ju/ies foins
iuots
'

Les delrs des navigateurs taient donc d'aller Dlos j ils ne voguaient donc pas au gr de leurs delrs
,

d'interroger l'oracle de Dlos.

puifque
,

le

gr des vents
dit

les cartait

de

Dlos

ce

que

Tide.

&

Si l'auteur a voulu dire au contraire que Tide voguait au gr de fes delrs aulfi bien encor plus qu'au gr des vents, il s'elt mal

exprim. Bien plus qu'an gr des vents , fignifi que les vents ne fcondaient pas fes delrs ,

&

l'cartaient de fa route. J\ii t favorif


cette affaire

dam

par la moiti du confeil bien plus que par Vautre , (gnifie par tout pays , la moiti du confeil a t pour moi , & l'autre
contre. Mais
fi

je dis

la moiti
,

du

confeil

opin au gr de mes dejirs


,

Vautre encor davaiitage cela veut dire que j'ai t fcond par tout le confeil, & qu'une partie m'a encor
plus favorife que l'autre.
J\xi rnjj auprs

du parterre bien plus qu'an


les

gr des connaijfeurs , veut dire ,

connaiifeurs

foit pure & fans quivoque. Le confident de Tide pouvait lui dire

m'ont condamn. Il faut que la diction

ij

22
je

A M

P L

C AT
:

K-

men

ne vous entends pas fi le vent vous a Dclos & Epidaure qui cil dans
,

l'Argolide

c'tait

prcifment votre route

vous n'avez pas d voguer longtems. 0\\ va de Samos Epidaure en moins de trois jours avec un bon vent d'crt. Si vous avez cfTui une tempte , vous n'avez pas vogu au gr de vos defirs d'ailleurs, vous deviez inftruire plutt le public que vous veniez de Samos. Les fpedateurs veulent favoir d'o vous venez & ce que vous voulez. La longue
;

&

defcription recherche d'une tempte me dtourne de ces objets. C'ell une amplification qui parait oifeufe , quoiquellc prfente de grandes images.

La mer

fgnala bientt toute [on nconflance.

Toute l'inconltance que la mer fignale , ne femble pas une exprelfion convenable un hros , qui doit peu s'amuier ces recherches. Cette mer qui fe mutine ^jj qui s'lance en un inoment , aprs avoir iignal toute fou inconfttwce
,

intrelTe

- 1

elle
,

alFez

la

fituation

prfente de

Tie

occup de

la
la

guerre ?

Eft-ce lui de s'amufer dire que

mer

ett
i*

inconftante
L'air mugit

dbiter des lieux


,

communs
vapeur

le

jour fuit

une

paiffe

Couvre d'un voile affreux

les

vagues en fureur.

Les vents difhpent


cpaifliircnt pas.
IVIais

les

vapeurs

&
il

ne

les

quand mme

ferait

Amplification.

229

vrai qu'une pallFe vapeur et ouvert les vagues en fureur d'un voile atreux , cj hros plein de fes malheurs pri'ens , ne doi: pas s'appefantir fur ce prlude de tempeie
,

llr ces

circonftances qui n'appartiennent qu'au pu>;ie.

Non
La foudre

erat his locus.

clairant feule une nuit

profonde

A filions

redoubls ouvre
tourbillon
,

le ciel

&

l'onde ;
,"

Et comme un

embrajfant nos vaijfeaux


les

Semble en fource de feu bouillonner fur

eaux.

N'eft- ce pas

une vritable amplification


'i

tonnerre qui en i qui mme tems eft un tourbillon de feu lequel embraife un vaiifeau & qui bouillonne n'a-t-il pas quelque chofe de trop peu natude trop peu vrai , furtout dans la bourel che d'un homme qui doit s'exprimer avec touchante , furtout une fimplicit noble

un peu
ouvre

trop ampoule

Un

l'eau

&

le ciel

par des iillons

&

aprs plufieurs mois que

le pril eft palf

Des cimes de vagues qui font rouler fous


des abmes
,

des clairs preis des

& des

gouffres

de feu

femblcnt

exprefions

un peu
une
tant de

bourfoufles qui feraient fouffertes dans

ode

&

qu'//on<:e rprouvait avec

raifon dans la tragdie.


Projicit ampullas

&

ferquipedalia verba.
,

Le

pilote effray

que la flamme environne


fuyait lui
-

Aux

'ochers pu

il

mme

s^

abandonne

iij

230

Amplification.

On peut s'abandonner aux vents j mais il me femble qu'on ne s'abandonne pas aux rochers.
Notre vaijfeau poujfe
,

nage

difperf.

Un
a
dit
,

vaifleau ne

non en
,

parlant

nage point difperri d'un vaiileau


fait

Virgile
,

mais

des

hommes
Apparent

qui ont

naufrage

rari

nantes in gurgite vafto.


yiager eft fa place.

Voil o

dbris d'un vaifleau flottent

Des

Les ne nagent pas. Fontaines a traduit ninli ce beau vers


le

mot

&

de V Enide

A peine un petit nombre de ceux qui montaient


purerit je fauver la nage.

le vaijjeatiy

C'eft traduire

Virgile

O
tes

eft ce

vafte goulfre

en ftile de gazette. que peint le pote,

gurgite vajo ?

? Ce

n'eft pas

eft V apparent rari nanavec cette fcherfle qu'on

doit traduire V Enide. Il faut rendre image pour image beaut pour beaut. Nous fefons cette remarque en faveur des commenqans. On doit les avertir que Des Fontaines n'a fait que le fquelette informe de Virgile comme il faut leur dire que la defcription de l.t
,
,

tempte
fur
la

par Tie eft fautive dplace. Tide devait s'tendre avec attendrillemcnt

&

mort de fon ami

& non

fur la vaine

defcription d'une tempte.

On ne prfente ces

rflexions que

pour

l'in-,

Amplification.
trt (e l'art
I7i
,

231,
l'artifte.

&

non pour
,

attaquer

plura nitent in carmin


maculis.

non ego paucis offinder

En

faveur des beauts

on pardonne aux

dfauts,

Plufieurs
l'auteur

hommes
le

du Tkmaque

une amplification
lite

entre autres de got , ont regard comme , rcit de la mort CHippO'

&

dans Racine. Les longs rcits taient a la mode alors; La vanit d'un adeur veut fe
faire

couter.
;

On

avait pour
fort

eux

cette

com-

plaifance

elle

a t

blme.

L'arche-

vque de Cambray prtend que Thramne aprs la cataftrophe d'Hipne devait pas avoir la force de parler ( longtems ; polite qu'il fe plait trop dcrire les cornes menaantes du monftre & fes cailles jaimijjantes ,
, , ,

& fa

fe recourbe j qu'il devait dire d'une voix entrecoupe : Hippolite eji mort :

croupe

qtii

un monfire

l'a

fait prir

je l'ai vu.

Je ne prtends point dfendre les cailles jaunilfantes , & la croupe qui fe recourbe ;

mais en gnral cette critique fouvent rpOn veut que Tbra~ te me parat injufte. mne dife feulement : Hippolite eji mort. Je
rai

vu

c'en

eji

fait.

C'eft prcifement ce qu'il dit

&

en moins
n'eji pins.

de mots encore

Hippolite

Le

pre s'crie

i
:

Thramne ne reprend
-P
iiij

fes fens

que pour dire

233
J'ai

Amplification.
vu des mortels
ajoute ce vers
prir le plus aimable
fi
;

&
f

il

iicefTaire
;

touchant

dfefprant pour Thfe

Et

j'ofe dire

encor

feigncur

le

moins coupable,
,

La gradation
nuances
fe

cft pleinement obrcrve font fentir l'une aprs l'autre.

les

Le pre
$L

attendri
fils
le
,

demande

ravi fon
n'a pas

quelle

: Quel Dieu lui foudre foudaine. ? Et


.
,

courage d'achever ; il refte muet dans fa douleur ; il attend ce rcit fatal j le public l'attend de mme. Thrani)ie doit ril

pondre ; on en donner.

lui

demande des

dtails

il

doit

& tous

Etait-ce celui qui fes perfonnages


la fatitc

fait
fi
,

difcourir
,

Mentoy
ik

longtems
de
fei

quel-

bouche Thramne ? Quel eft le fpeclateur qui voune pas jour du drait ne le pas entendre plaifir douloureux d'couter les circonftances de la mort 'Hippolite ? qui voudrait mme qu'on en retrancht quatre vers ? Ce n'eft pas l une vaine defcription d'une tempte inutile la pice ; ce n'eft pas l une amplification mal crite ; c'eft la didion la plus pure
quefois jufqu'
la
,

mer

&

la

plus touchante
lui

enfin c'eft Racine.


hros expir.

On

reproche
de

le

mifrable vtille

grammaire
,

ne^pas dire,

ce hros expir

Quelle Pourquoi comme on dit

Amplification.
// ej

233

expir

il

a expir ?
enrichi
la

Il

uic

renT^rcier

Racine d'avoir
il

langue laquelle a donn tant de charmes , en ne dilant


,

jamais que ce qu'il doit

lorfque les autres

difent tout ce quils peuvent.


Boileaii fut le

premier qui
la

fit

remarquer

l'amplincation vicieufe de

premire fcno

de FoiHpe.

Quand

les

Dieux tonns femblaient

(z partager

Pharfale a dcid ce qu'ils n'ofaient juger.

Ces fleuves
Par
le

teints

de fang

& rendus plus rapides!


de parricides
,
;

dbordement de

tant

Cet horrible dbris d'aigles

d'armes

de chars
;

Sur ces champs empefts confufment pars

Ces montagnes de morts

privs d'honneurs fuprmes,

Que

la

nature force fe venger euxles

mmes

Et dont

troncs pourris exhalent dans les vents

De

qaoi

faire la

guerre au refte des vivans

&c.
:

Ces vers bourfoufls font fonores


prirent longtems
la

ils

fur-

multitude
,

peine de
fccles

la

grolFiret

&

qui fortant qui plus eft de


,

i'iniipidit
,

elle avait t

plonge tant de

tait

tonne

&

ravie d'entendre des

vers harmonieux orns de grandes images.

On
un

n'en favait pas afz pour lentir l'extrme


,

ridicule d'un roi d'Egypte

qui parle

comme

colier de rhtorique, d'une bataille livre


la

au;-deh de

mer

iViditerrane

dans un

234

Amplification.

province qu'il ne connait pas , entre des trangers qu'il doit galement hair. Que veulent dire des dieux qui n'ont of juger entre 1 gendre & le beau - pre , ik qui cependant ont jug par l'vnement , feule manire dont ils taient cenfs juger? Ptolome parle de fleuves prs d'un champ de bataille o il n'y avait
point de fleuves. Il peint ces prtendus fleuves rendus rapides par des dbordemens de parricides i un horrible dbris de perches qui portaient des figures d'aigles , des char tres caffes ( car

on ne

connaiflait

point alors les

chars de guerre ) Enfin des troncs pourris qui font la guerre aux qui fe vengent , vivans. Voil le galimathias le plus complet

&

qu'on pt jamais taler fur un thtre. Il falait cependant plufieurs annes pour dqiU & pour lui faire fen1er les yeux du public tir qu'il n'y a qu' retrancher ces vers pour faire une ouverture de fcne parfaite.
,

L'amplification
ration

la

dclamation

l'exag-

furent de tout tems les dfauts des


,

Grecs

except de Dmojibne
le

&

'AriJlote.

Le tems mme a mis


pofie abfurdes

fceau de l'appro^

bation prefque univerfelle des morceaux de qu'ils taient mls , parce des traits blouiiTans qui rpandaient leur clat fur eux j parce que les potes qui vinrent aprs ne firent pas mieux
les

commenccmens

parce que informes de tout art ont


j

Amplification.
tionn
,"

23^

toujours plus de rputation que l'art perfecparce que celui qui joua le premier

du violon fut regard comme un demi -dieu, & que Raiiieait n'a eu que des .ennemis ;
parce qu'en gnral
rent
les

hommes
,

jugent rare-

ment par eux-mmes


,

qu'ils fuivent le torcil

&

que
les

le

got pur

prefque aul

rare que

talens.
,

Parmi nous aujourd'hui la plupart des fermons des oraifons funbres des difcours d'appareil des harangues dans de certaines crmonies , font des amplifications ennuieu, , ,

fes

des lieux
Il

communs

cent

&

cent fois r-

pts.

faudrait

que tous

ces difcours fuflent

trs rares pour tre un peu fupportables. Pourquoi parler quand on n'a rien dire de nouveau ? Il elt tems de mettre un frein cette extrme intemprance j & par confquent de finir cet article.

ANA, ANECDOTES.
on SIvalets pouvait confronter Sutone avecpende chambre des douze Cfars
,

les

fe-t-on qu'ils feraient toujours d'accord avec lui ? en cas de difpute quel eft l'homme

&

qui ne parierait pas pour bre contre l'hiftorien 'i

les valets

de cham-

235

Ana, Anecdotes.

Parmi nous combien de livres ne font fondes que fur des bruits de ville , ainfi que la
phylique ne fut fonde que fur des chimres rptes de ficle en flcle jufques notre tems
,

Ceux qui
le

fe

plaifent tranfcrire
qu'ils

le

foir

dans leur cabinet ce


jour
,

ont entendu dans


5";.

devraient

comme

dugujliyt

faire

\m

livre de rtradations

au bout de Tanne.

Quelqu'un raconte au grand audiencier V Etoile , que Henri /F chalfant vers Creteil,

un cabaret o quelques gens de Paris dnaient dans une chambre haute. Le roi qui ne fc fait pas connatre
entra feul dans
loi

de

tre trs connu , demander par l'hted s'ils veulent l'admettre leur table , ou lui cder une par-

&

qui

cependant devait

leur

fait

1 rpondent

de leur rti pour fon argent. Les Parifiens qu'ils ont des aliaires particulires traiter enfemb^e , que leur dner eif court
tie
,

ik qu'ils prient

l'inconnu de

les

excufer.

Henri IV appelle fes gaides, & fait fouetter outragcufement les convives pour leur apprendre dit l'Etoile , une autre fois tre
, ,

plus courtois f endroit des gentilshommes.

Quelques auteurs
mls d'crire
toile
la

qui de nos jours

fe

font

vie de Henri IV-, copient


,

VE-

fans

&

ce qu'il

examen rapportent cette anecdote ; y a de pis ils ne manquent pas do


,

la louer

comme une

belle

adion de Henri IV.

A N A,
Cependant
.femblable
;
,

Anecdotes.
n'eft

257

le fait

ni vrai

ni vrai,

&
,

loin

c'et t la fois

de mriter des loges dans Henri IV l'adion


,

la

plus ridicule

la

plus lche

la

plus tyranni-

que & la plus imprudente. Premirement , il n'eft pas vraifemblabJe qu'en 1602 Henri IV dont la phylionomie tait (1 remarquable , & qui fe montrait tout le monde avec tant d'affabilit , ft inconnu dans Creteil auprs de Paris.

Secondement

V Etoile loin de conftater ce

conte impertinent , dit qu'il le tient d'un homme qui le tenait de Mr. de Vitry. Ce n'ell donc qu'un bruit de ville.

Troilimement , il ferait bien lche & bien odieux de punir d'une manire infamante des citoyens alfembls pour traiter d'aifaires , qui certainement n'avaient commis aucune faute en refufant de partager leur dner avec un inconnu trs indifcret qui pouvait fort aifment trouver manger dans le mme cabaret.
,

Quatrimement
fi

cette
,

adion

fi

indigne d'un roi

& mme
elle

tyrannique de tout hon-

nte

homme
,

il

punilfable par les loix dans

tout pays
ridicule

aurait t aul
;

imprudente que

& criminelle

et rendu Henri

IV

excrable

bourgeoilie de Paris, qu'il avait tant d'intrt de mnager.


la
11

toute

ne
Cl

falait

conte

plat

Henri

IV

donc pas fouiller l'hiftoire d'un il ne falait pas deshonorer , par une il impertinente miecdou.

238

Ana, anecdotes.

Dans un livre mtkuU Amentes Littraires^ imprim chez Diiniu en 17^2 avec privi-^ lege voici ce qu'on trouve tome 3 page 18 3. Les amours de Louis XIV ayant t joues j5 en Angleterre, ce prince voulut aufi faire jouer celles du roi Guillawne. L'abb Briieys fut charg par Mr. de Torcy de faire la pice. Mais quoi qu'applaudie elle ne fut pas joue , parce que celui qui en tait " l'objet mourut iur ces entrefaites. 55 Il y a autant de menfonges abfurdes que de mots dans ce peu de lignes. Jamais on ne joua les amours de Louis XIV i^ur le thtre
, ,

de Londres.
petit

Jamais Louis XIV ne fut allez pour ordonner qu'on fit une comdie fur les amours du rci Guillaume. Jamais le
i

roi Guillauuie n'eut de maitrell

ce

n'tait

pas d'une

qu'on Taccufait. Jamais le marquis de Torcy ne parla l'abb Erueys. Jamais il ne put faire ni lui, ni perlonne une propofition II indifcrte ik ( purile. Jamais l'abb Erueys ne fit la comdie dont il eft queifion. Fiez-vous aprs cela
telle

faiblefle

aux anecdotes.
dans le mme livre , que Louis fut J content de P opra dlih qu'il fit rendre un arrt du confeil , par lequel il ejl permis un homyne de condition de chanter /'oIl

eft dit

XIV

fra

'^ d'en

retirer des ga^es fans droge}'.

Cet arrt a t enregijir

an parlement de

Faris.

ANA
Jamais
regiftre

ANE

C D O T E

s.

235F

vrai

il n'y eut une telle dclaration enau parlement de Paris. Ce qui eft c'eft que Liilli obtint longtems avant l'o,

pra 'Ifis
tablir
fes lettres

des lettres portant permilion d',

fon opra en 1672

& fit

infrer dans

que
il

les

geutilibotiimes

les

de-

moifelles poiraietit chanter fur ce thtre

fans

droger.

Mais

vCy eut point de dclaration

enregiftre.

Voyez Opra.
les

De
d'tre

tous

Ana

celui qui mrite le plus

mis au rang des menfonges imprims , & lurtouc des menfonges iniipitles , eft le Sgraifiana. Il fut compil par un cooille de fon domeftique & imprim longSgrais tems anrs la m^rt du matre. Le Mnnp;iana evu par La ^'fowinye , eft le feul dans lequel on trouve des chofes inf,
, 1

trudives.

Rien n'eft plus commun dans la plupart de nos petits livres nouveaux , que de voir de vicuK bons mots attribus nos contempodes infcripdons , des pigrammes faites ra'U'?
,

pour certains princes

appliques d'autres.

&

Dans un livre qui a fait beaucoup de bruit, o l'on trouve des rcHex^ons aul vraies
,

que Drofonlcs

il

eft dit

que

le

pre Malle-

iranche eft l'auteur de la Prmntion phyfique. Cette inadvertence embarrafle plus d'un lecteur qui voudrait avoir
la

prmotion phyfique

du pre Mallranche ,

&

qui ne peut la trouver.

i84<3
Il
efl:

Ana, Anecdotes?
dit
,

dans ce livre que Galile trouva pour laquelle les pompes ne pouvaient lever les eaux au deus de trentedeux pieds. C'eft prcifment ce que Galile ne trouva pas. Il vit bien que la pefanteur mais il ne pub de l'air fefait lever l'eau favoir pourquoi cet air n'agiiTait plus au deffus de trente - deux pieds. Ce fut Toricelli qui devina qu'une colonne d'air quivalait trente-deux pieds d'eau & vingt-fept pouces de mercure ou environ.
la raifon
,

Le mme auteur
,

plus

occup de penfcr
fit

que de citer jufte prtend qu'on Cronmell cette pitaphe.


Ci
git le

pour

deftrufteur d'un pouvoir lgitime

Jufqu' fon dernier jour favorif des cieux.

Dont

les vertus mritaient

mieux

Que

le

fceptre acquis par


,

un crime.

Par quel deflin faut -il

par quelle trange loi

Qu' tous ceux qui

font ns pour porter la couronne;

Ce

foit l'ufiirpateur

qui

donne
roi
?

L'exemple des vertus que doit avoir un

Ces vers ne furent jamais fiits pour Crompour le roi Guillaume. Ce n'eft , mais point une pitaphe , ce font des vers pour mettre au bas du portrait de ce monarque
"well

Il

n'y a point

Ci git

il

Tel fut

le def-

truBeur d'un pouvoir

lgitime.

Jamais perfonnc

A N A

AN

E C

D O T E
,

s.

34^

pour dire onne en France ne fut aflez fot que Cronmell avait donn l'exemple de toutes
les vertus.

On

leur

&

'du gnie

pouvait ; mais
lui.

lui
le

accorder de la va-

nom

de verfueux

n'tait pas fit

pour

Dans un mercure de France du mois de Septembre 1769 , on attribue Pope une pigramme faite en inpromptu fur la mort d'un fameux uilirier. Cette pigramme ell reconnue depuis deux cent ans en Angleterre pour tre de Shakefpear. Elle fut faite en effet fur le champ par ce clbre pote. Un agent de ciiange nomm Jean Dacombe , qu'on appellait vulgairement dix pour cent lui demandait en plaifantant quelle pitaphe il lui ferait s'il venait mourir i Shakefpear
lui rpondit

Ci

git

un

financier pulflant

Que

nous appelions dix pour cent

Je gagerais cent contre dix

Qu'il n'eil pas dans le paradis.

Lorfque Beizbut arriva

Pour s'emparer de cette tombe

On
Eh
!

lui dit

qu'emportez vous

l ?

c'eft

notre ami Jean

Dacombe-

On
cienne

vient- de renouveller
plfnterie,

encor

cette"] aii^

Freum partk,

Q_

24^

A N
Qu'on
Mais
je

Anecdotes,
homme
tl'glife.
,
;

Je fais bien qu'un

redoutait fort en ce lieu

Vient de rendre fon ame Dieu


ne
fais
fi

Dieu

l'a

prife.

y a cent facties , cent contes qui font tour du monde depuis trente ficels. On farcit les livres de maximes qu'on donne
Il

comme

neuves , & qui fe retrouvent dans Plutarque , dans Athne , dans Snque , dans Flaute , dans toute l'antiquit. Ce ne font l que des mprifes aul innocentes que communes mais pour les fauC
:

fts volontaires

pour
la

les

menfonges
la

hilto-

riques qui portent des atteintes

gloire

des princes
liers
,

&

rputation des particu-

ce font des dlits lrieux.

De
dotes
,

tous

les livres

grofTis de faufles anecles

celui

dans lequel
la

menfonges
le

les

plus abfurdes font enralles avec

plus d'im-

pudence
en

c'eft

ccmpilation des prtendus

de Maintenon. Le fond fauteur avait eu quelques lettres de cette dame qu'une perfonne leve Ce peu de St. Cyr lui avait communiques. vrits a t noy dans un roman de fept tomes. C'eft l que l'auteur peint Loias XIV fupplnnt par un de fes valets de chambre ; qu'il fuppofc des lettres de MUf c'eft l

nUmoires de

madame
i
,

tait vrai

A N
Mimcni
,

A i

E C D O T E

s.

243
Louis

depuis conntable Colonne ,


lettre
n^tes

XIV.

C'eft l qu'il fait dire cette nice


,

cardinal

Mazarin dans une Vous objjez un prtre vous


,

du au roi

pas digne

de moi fi vous aimez fervir. Je vous aime comme nies yeux , mais faime encor mieux, votre gloire.

Certainen^ent l'auteur n'avait pas

l'original de cette lettre.

Mlle de

tre eiidroit

la
")

Vallire ( dit
s'tait

- il

dans un au-

jette

fur

un

fauteuil

dans un deshabill lger ; l elle penfaic loilir fon amant. Souvent le jour la dans une chaifc , accou,, retrouvait alife de fur une table l'il fixe l'ame atta,

5,
,, 5, 3, j,

che au

mme

objet dans l'extafe de


roi
,

l'a-

mour. Uniquement occupe du


tre fe plaignait
-

elle

en ce

moment

vigilance

des efpions ^'Henriette

&

peutde la de la

fvritc de la reine -mre.


la

Un

3,

retire de fa rverie

elle

bruit lger recule de fur fes

,,

prife

&

d'eifi^oi.

Loiis
,

tombe

genoux.
:

Elle veut s'enfuir

il

l'arrte. Elle
:

menace

il

l'appaile. Elle pleure

il

elfuie fes larmes.

"

Une telle defctiption ne ferait pas mme reue aujourd'hui dans le plus fade de ces romans qui font faits peine pour les fem,

mes de chambre.
Aprs la rvocation de l'dit de Nantes on trouve un chapitre intitul Etat du cur. Mais ces ridicules fuccdent les caloronie.s
,

344
fils
,

Ana, Anecdotes.
contre
, ,

les plus grolres

contre fon le roi duc d' Orlans {"on neveu , tous les princes du Ihng , les miniftres & les gnraux. C'efl; ainfi que la liardiefTe , anime par la faim produit des monftres.

fon petit -fils

le

( \''oyez

Hijoire. )

On ne peut trop prcautionner les ledeurs contre cette foule de libelles atroces qui ont
inond
li

longtems l'Europe.

Anecdote hazarde de Du Haillan.

Du
cules
Loiis
,

Haillan prtend

dans un de fes opuC que Charles VIII n'tait pas fils de


,

XL

C'cft peut-tre

la

raifon fecrette

pour
tion
les
,

laquelle Louis
ik le tint

XI

ngligea fon ducalui.

toujours loign de

Char-

VIII ne rclTemblait Louis XI ni par l'efprit , ni par le corps. Enfin la tradition pouvait fervir d'excufe Du Haillan ; mais
cette

tradition tait fort incertaine

comme

prefque toutes le font. La dilfemblance entre les pres & les enfans ell encor moins une preuve d'illgitimit , que la relTemblance n'eft cne preuve

du contraire. Que Louis XI ait hai Charles VIII , cela ne conclud rien. Un fi mauvais fils pouvait aifmcnt tre un mauvais pre.

Quand mme douze Du


afllir

Haillan m'auraient

que Charles VIII tait n d'un autre que de Louis XI , je ne devrais pas les en

Ana, Anecdotes.
pater
is

24^
,

Un ledcui; fage doit croire aveuglement. ce me femble , prononcer comme les juges
efi

qiiem

jntpticc

demonjrant.

Anecdote sur Charles -Quint.


Charles- Qii'm avait-il couch avec fa fur Margnerke gouvernante des Pays - Bas ? en avait - il eu Don Juan ' Autriche frre intrpide du prudent Philippe II? nous n'avons pas plus de preuve que nous n'en avons des fecrets du lit de Charlemagne qui coucha , diton avec toutes fcs filles. Pourquoi donc
,

Si la fainte Ecriture ne m'affurait pas que les filles de Loth eurent des enfans de leur propre pre , & Thcwicir de fon beaupre , j'hliterais beaucoup les en accufer.

l'aflirmer

'

Il

faut tre difcret.

Autre anecdote plus hazarde.

On

a crit

que

la

duchefle de Montpenjier

au moine Jacques pour l'encourager aiTalner fon roi. 11 et t plus habile de les promettre que de les donner. Mais ce n'eft pas ainl qu'on excite un prtre Fanatique au parricide i on lui montre le ciel & non une femme. Son prieur Bourgoin tait bien plus capable de le dterminer que la plus grande beaut de la terre. Il n'avait point de lettres d'amour dans fa poche quand il tua le roi , mais bien
avait accord les faveurs

Clment

, ,

246
chiies

An A, Anecdotes.
de Judith

les hiftoircs
,

&

^Aod

toute

dc-

t^ute gralls force d'avoir ct lues.

Anecdote sur Henri


Jean Chiel
complices le cri de
i

IV.

Ravaillac n'eurent aucuns

leur crime avait t celui du tems ; la religion fit leur feul complice.

fouvent imprim que Ravaillac avait voyage de Naples ; & que le jcfuite Alagona avait prdit dans Naples la mort du roi , comme le rpte encor je ne fais quel Chiniac. Les jfuites n'ont jamais t prophtes ; s'ils l'avaient t , ils auraient prdit leur deftrudion i mais au contraire ces pauvres gens ont toujours aiur qu'ils dureraient jufqu' la fin des ficles. 11 ne fiiut jamais jurer de rien.
a
fait
le

On

DE

l''a

bjuration de Henri
beau

IV.

Le

jfuite DcDiiel a

me

dire

dans fa

trs fche

&

trs
,

fautive hilfoire de France


,

que Henri IV avant d'abjurer tait depuis longtems catholique. J'en croirai plus Henri 7r lui- mme que le jfuite Daniel. Sa lettre la belle Gabriclle , ceji denuVni que je fais prouve au moins qu'il avait le faut prilleux encor dans le cur autre chofe que le catholicifme. Si fon grand cur avait t depuis longtems (i pntr d la grce efficace
,

Ana, Anecdotes.
il

247
ces v^

aurait peut-tre dit fa matrefle


ni' difient
j

qnes

mais

il

lui dit

ces

gens -l

niennuyeut. Ces paroles font - elles d'un

bon

cathcumne

Ce
les

n'eft pas

un

fujet de

pyrrhonifmc que
Corifande
elles exif;

lettres

de ce grand

'Andouiii comteife de tent encore en original.

-homme Grammont
,

fur

l'ejprit

^
En

L'auteur de VEJJai

les

mxiirs

&

fur P Hijioir

gnrale, rapporte pUifieui-s de ces lettres intrefliinres.

voici des

morceaux curieux.

empoijhmieitrs font tous papifies. Les pr~ J^ai dcouvert lui tueur pour moi. cheiirs Roinaiis prchent tout haut qu^il tiy a
ces

Tous

quwie mort voir ils admonefient tout bon catholique de prendre exemple ( fur l'empoifonnemcnt du prince de Cond ) ff vous tes de cette religion ! Si je n'tais huguenot , je r,ie ferais Turc. aprs ces tmoignages de la Il ell difficile main de Hinri IV, d'tre fermement perfuad qu'il ft catholique dans le cur.
plus
,

Autre bvue sur Henri


Un
accule

IV.

autre hiftori^n

moderne de Henri IV,


ce hros le

duc de Lermieux tablie. Il eft vident que c'eit l'opinion la plus mai tablie. Jamais on n'en a parl en Efpagne ; &. il n'y eut en France que le continuateur

du meurtre de
,

me

c'eji

dit

- il

l'opinion la

CLiiij

548
du
dit

Ana, Anecdotes.
prclideiit de
ces

Thon qui donna quelque

cr-

foupqons vagues & ridicules. Si le duc de Lerme , premier minillrc , employa Ravaillac , il le paya bien mal. Ce malheureux tait prefque fans argent quand il fut Si le duc de Lerme l'avait fcduit , ou faifi. fut fduire fous la promcffe d'une rcompenfe proportionne fon attentat alTur,

nient Ravaillac l'aurait nomm lui & fes miffaires , quand ce n'et t que pour fe veneer.
Il
il

nomma

bien

le

]c[une d Aiibi^Tii

au-

que montrer un couteauquel Pourquoi aurait- il pargn le duc de Lerme ? C'cfl; une obftination bien trange que celle
n'avait fait

rogatoire

de n'en pas croire Ravaillac dans fon inter& dans les tortures Faut -il infulter une grande maifon Efpagnole fans la moindre apparence de preuves ?

Et voil juArtnent

comme on

crit Tiiiftoire.

La nation Efpagnole n
ces crimes

a gures recours

grands d'Efpagne ont eu dans tous les tcms une fiert gnqui ne leur a p^is permis de s'avilir reufe
;

honteux

&

les

jufqucs

- l.

Si Philippe II mit prix la tte


""

du prince

Orange

il

eut du moins
,

le

prtexte de pule

nir

un

fujet rebelle

comme
depuis
,

parlement de
tte de
cardintl

Paris mit cinquante


l'amiral CoUgni
,

mille cus la
celle

du

A NA,

Anecdote
fe ferait- il
tel

s.

249
comr*

Mazarin. Ces profcripdons publiques tenaient


de l'horreur des guerres civiles. Mais

ment

le

duc de Leruie

adrel fe-

crettement

un

mifrable

que Ravaillac

BVUE

SUR LE

MARCHAL d'AnCRE.
,

Le mme auteur dit qite le-ium-chcd (PMi. ctQ^ fa femme furent crafs pour ahifi dire
, ,

par

fondre. L'un ne fut la vrit craf l'autre fut brle qu' coups de piftolet ,
la

&

en qualit de
arrt de
,

forcire.

Un

aifallinat

&
,

un

mort rendu contre une marchale de France dame d'atour de la reine rpune font honneur ni la chc, te magicienne
, ,

Valrie

ni

la jurifprudence

de ce tems-l.

Mais je ne fais pourquoi l'hiftorien s'exprime rables li taient en ces mots Si ces deux viif pas coDiplices de la mort du roi ils mritaient
:

du

moi)is les plus

rigoureux chiitimens.
roi
,

Il ejl

certain que

du vivant mme du
defjeins

Concini

^ fa feunne avaient avec fFfpagne


contraires

des liaifons

aux

du

roi.
;

C'ell ce

qui n'elt point du tout certain

cela n'ed pas

mme

vraifemblable.

Ils

taient

Florentins

reconnu

le grand -duc de Florence avait premier Henri IV. Il ne craignait rien tant que le pouvoir de l'Efpagne en Italie. Concini & fa femme n'avaient point de crdit du tems de Henri IV. S'ils avaient ourdi
i

le

quelque trame avec

le

confeil de

Madrid

ce

2fo

An
la

A,

Anecdote
la

s-

ne pouvait
accufer

tre

que par

reine.

C'efl;

reine d'avoir trahi fon mari.

done Et en!

cor une fois

de

il n'efl: point permis d'inventer un accunuions fans preuve. Quoi crivain dans Ton grenier poura prononcer une diffamation que les juges les plus clairs

telles

du royaume trembleraient d'couter


tribunal
!

fur leur

Pourquoi appellcr un marchal de France

&

fa

femme

dame d ntour de

la

reine

ces

deux mifrahles f Le marchal ^ Ancre , qui avait lev une arme fes fraix contre les rebelles , mrite -t- il une pithte qui n'efl convenable qu' Ravaillac , Cartouche , aux voleurs publi,cs , aux calomniateurs publics?
Il
n'efl;

que trop vrai

qu'il

fuffit

d'un

fa-

natique pour commettre un parricide fans aucun complice. Damien n'en avait point. Il a rpt quatre fois dans fon interrogatoire , qu'il n'a commis fon crime que par principe de re.
ligion. Je puis dire qu'ayant t autrefois porte de connatre les convulfioiuiaires ,

j'en
reille

ai

vus plus de vingt capables d'une pahorreur, tant lem* dmence tait atroce.

La
la

religion mal entendue eil une fivre que moindre occalton fait tourner en rage. Le propre du fanatifme eft d'chauffer les ttes.

Quand

le

feu qui
,

fait

bouillir ces

ttes fu-

tomber quelques flammches dans une ame iiifeiife & atroce quand
perfi:itieufes

a fait

-,

A N A,
phine
, ,

Anecdotes.
&
leurs fembables
,

25^1

un ignorant furieux Aod Judith

croit imiter niintement

cet

ignorant a plus de complices qu'il ne penfe.

le

Bien des gens l'ont excit au parricide fans favoir. Qiielques perfonnes profrent des

paroles indifcrtes
.que les rpte
,

&
les

violentes

un domeftiles enfnnejle
;

il

amplifie

il

encor

comme
,

difent les Italiens

un

Chtel^
j

un
qui

Ravnillic
les

un Damien

les recueille

ceux

ont prononces ne fe doutent pas du mal qu'ils ont fait. Ils font complices invomais il n'y a eu ni complot , ni lontaires inftigation. En un mot , on connat bien mal fefprit humain , fi l'on ignore que le fmatifme rend la populace capable de tout.
,

Anecdote

11

l'

n o

i\ :siy.

au

MAS Q.U E DE

FER.

L'auteur du Sicle de Louis XIV, efi: le premier qui ait parl de l'homme au mafque de fer dans une hiitoire avre. Cefl: qu'il tait trs inffcruit de cette anecdote , qui tonne le ficlc prfent , qui tonnera la pot trit , & qui n'ell que trop vritable. On l'avait tromp fur la date de la mort de cet

inconnu
en 1704.
Il

fi

fingulirement
le

infortun.
,

Il

fut

enterr St. Paul


avait

Mars 1703

&

non

t d'abord

avant d

l'trs

aux

ifles

enferm Pignerol de Ste. Marguerite

12^2

An

A,

Anecdotes.
;

& enfuite

la Baftille
,

toiours fous

la

garde

du mme homme de ce St. Mars qui le vit mourir. Le pre Ch'ifet jfu'itc a communiqu au public le journal de la Baftille qui
,

fait foi

nal , feur des prifonnicrs renferms

des dates. Il a eu aifment ce jourpuilqu'il avait l'emploi dlicat de confefla Baftille.

L'homme au mafque de fer cft une nigme dont chacun veut deviner le mot. Les uns ont dit que c'tait le duc de Beaiifort. Mais le duc de Beanfori fut tu par les Turcs la dfenfe de Can.iie en 16(^9 i & l'homme au
marque de
leurs
fer tait

Pignerol en 662. D'ail'<

on arrt le duc de Comment Beaufort au milieu de fou arme l'aurait -on transfr en France fans que peraurait-

comment

fonne en ft rien ? Et pourquoi l'et -on mis en prifon & pourquoi ce mafque ? Les autres ont rv le comte de Verni mi,

Aois

fils

naturel de Louis
la

XIV

mort

publi l'ar-

quement de

petite vrole

en 1683

me & non dans


,

enterr dans la petite ville d'Aire,

Arras

en quoi
il

le

pre Grifet

s'eft

tromp

&

en quoi

iiy a pas grand mal.


le

On
Quouth

a enfuite imagin que


,

duc de Mont-

qui

le roi

Jacques

fit

publiquement dans Londres l'homme au mafque de fer. Il aurait


et reflufcit
,

couper la tte en 1(585 ptait


falu qu'il
il

&
j

qu'cnfuite
qu'il et

et

chang

l'ordre des tems

nus rannc 1C6Z

ai

N A

AN

B C

ei

T E

s:

2,^^

i la place de i^8T que le roi Jacques qui ne pardonna jamais perfonne, & qui paret pardonn au l mrita tous fes malheurs duc de Mont; nonth , & et fait mourir au lieu
,

de

lui

un homme qui
Il

lui

reflemblait parfai-

trouver ce Sojie qui aurait eu la bont de f faire couper le cou en public pour fauver le duc de Montnwiith.
aurait falu
Il aurait

tement.

falu

que toute l'Angleterre


le

s'y ft

mprife

qu'enfuite

roi Jacques et pri


-,

de vouloir bien lu Enfuite Louis X/F ayant fait ce petit plaifir au roi Jacques, n'aurait pas manqu d'avoir les mmes gards
fervir de fergent

inftamment Louis

XIV

&

de gelier.

pour

le roi

Guillaiane

&

pour

la

reine

Anne ,

avec lefquels il fur en guerre ; & il aurait foigneufement conferv auprs de ces deux monarques fa dignit de gelier dont le roi

Jacques

l'avait

honor.
il

Toutes

ces illufions tant dilpes

refte

favoir qui tait ce prifonnier toujours maf-

qu

il

quel

ge

il

mourut
Il

&

fous quel
fi

nom

fut enterr ?

eft

clair

que

on ne

dans la cour de la Baflille , (i on ne lui permettait de parler fon mdecin , que couvert d'un mafque c'tait de peur qu'on ne reconnt dans fes traits quelque reireniblance trop frapante. Il pouvait montrer fa langue & jamais fon vifage. Pour fon ge, ii
le laiiit pafler
;

dit

lui-mme

l'apoticaire de la Bailiiie

peu

i2r|4

An

A,

Anecdotes.
-,

de jours avant fa mort , qu'il croyait avoir environ (oixante ans & le Sr. Marfobm: chirurgien du marchal de Richelieu , & enfuite (iu duc ^Orliim r^ent , gendre de cet apoticaire , me l'a redit plus d'une fois. Enfin , pourquoi lui donner un nom italien ? On le nomma toujours Marchiali f Celui qui crit cet article, en fait peut-tre plus que le pre Grifet i & n'en dira pas davantage.

Anecdote sur Nicolas Fouquet surintendant DES FINANCES.


Il

eft vrai

que ce

nViniftre
,

eut
qu'il

beaucoup
pcrfcvcr-

d'amis dans

l dil'grace

&

rent jufqu' fon jugement. Il e(l vrai que le chancelier qui prlidait ce jugement , traita cet ijlultre captif avec trop de duret. Mais
ce n'tait pas Michel
le

Tellier,

comme on
ditions

l'a

imprim dans quelques-unes des


Sicle

du

de Louis

XIV

c'tait

Pierre

Segnier.

Cette inadvertence d'avoir pris l'un pour Tautre, elt une faute qu'il faut corriger. Ce qui eft trs remarquable , c'eft qu'on ne
fait

o mourut

ce clbre furintendant.
le

Non
n'a-

qu'il

importe de

elle yant pas cauf le eft au rang de toutes les chofes indiffrentes. Mais elle prouve quel point il tait oubli fur la fin de fa vie , combien la confidration

mort moindre vnement ,


favoir
j

car fa

A N A
,'

Anecdotes:

2^

qu'on recherche avec tant des foins eft peu qu'heureux font ceux qui veulent de hofe & mourir inconnus. Cette fciencs vivre ferait plus utile que celles des dates.

Petite anecdote.
Il importe fort peu que le Pierre Broujfel, pour lequel on fit les barricades , ait t con-

feiller

clerc.

Le
,

fait

eft

qu'il
,

avait

achet

une charge moins que


n'tait

de confeiller-derc

parce qu'il

n'tait pas riche


les

&

que
Il

ces offices cotaient

de

il

avait des enfins, en aucun fens. Je ne fais rien inutile que de (avoir ces minuties.
autres.
clerc

&

Anecdote sur le testament attribu AU C. DE Richelieu.


Le pre
la
Grif^t veut

fait

toute force que le

un mauvais livre : bonne heure. Tant d'hommes d'tat en mais c'eft une belle palTion de comont fiit battre fi longtems pour tcher de prouver que fe'on le cardinal de Riclyelieti les Efpc.^
cardinal de Richelieu ait

guols nos allis

gouverns

Ci

heureufement

par un Bourbon ,font tfibutaires de Penfei' rendent les Indes tributaires de f enfer i

^
Le

tertament du cardinal de Richelieu n'tait pas d'un homme poli.


Qiie la France avait plus de bons porisfiir

30
la
g)ile

Ana, Anecdotes.

Mditen-ane que tonte la vionm'chie EfpaCe teftamcnt tait exagrateur. Qjie pour avoir chiquante mille foldats il en

faut lever cent

viille

pur rnnuge
fentres.

Ce

tefta-

mcnt

jette

l'argent par les

tablit un nouvel iinpbt on paye des foldats ce qui n'eft jamais arriv ni en France , ni ailleurs. Qii'il faut faire payer la taille aux parlemens '^ aux autres cours fuprieures. Moyen infaillible pour gagner leurs curs , & de rendre la magiftrature rcfpeclable. ^u'il faut force)- la nobleffe de fervir , f? Pour mieux conV enrler dans la cavalerie.

Qiie

lorfquon

augiiiente la

ferver tous fes privilges.


Qiie de trente millions fupprimer il y eu a prs de fept dont le rembource;nent ne de^ vant tre fait qu'au denier cinq , la fupprejjhn

demi de jouifance. fe fe7'a en fept aimes De faon que , fuivant ce calcul , cinq pour

au

& demi . feraient cent francs ne font que trente- fept & demi & on entend par le denier cinq' h cinquime partie du capital, les cent francs feront rembourfs en cinq annes jufte. Le compte n'y ell pas le teltatcur calcule aflez
cent en fept ans
lieu qu'ils
:

mal.
Qie Gnes tait la plus riche ville d^ Italie.

Ce que

je lui

fouhaite.

QCil faut tre bien chafle


reflemblait

Le

teftatcur

certains

prdicateurs.

Faites

A
ce
qu'ils

NA,
difent

Anecdote
,

s.

2^7
font.

&

non

ce

qu'ils

donner une abbaye la Ste. Cha^ Chofe importante dans la pelle de Paris. crife o l'Europe tait alors , & dont il ne
(^iCil faut

parle pas.
Qiie
les

le

cordeliers
,

pape Benoit XI enibarrajfa beaucoup piqus fur le fujet de la pau^


,

favoir des revenus de St. Franois , qui s''animrent tel point quils lui firent la Chofe plus importante guerre par livres. encore , & plus favante , furtout quand on
vret

prend Jean XXII pour Benoit XI & quand dans un teftament politique on ne parle ni de la manire dont il faut conduire la guerre contre l'Empire & TEfpagne , ni des moyens e faire la paix , ni des dangers prfens , ni
,

des reifources , ni des alliances , ni des gnraux, ni des miniftres qu'il faut employer, ni mme du dauphin , dont l'ducation importait tant l'tat ; enfin d'aucun objet du
minittre.

qu'on Je confens de tout mon cur charge ( puis qu'on le veut ) la mmoire du cardinal 9e Richelieu de ce malheureux ouvrage rempli d'anacronifmes d'ignoran, ,

ces

de calculs ridicules
,

de fauits recon-

dont tout commis un peu intelligent qu'on s'eiforce de per; fuader que le plus grand miniffcre a t le plus ignorant & le plus eunuieux , comme

nues

aurait t incapable

Fremire partie.

2^8
le

An

A,

Anecdotes.

plus

Cela peut

extravagant de tous les crivain?. faire quelque plailir tous ceux

qui dtellent fa tyrannie.

pour l'hiftoire de refprit: Il ell bon mme humain qu'on fche que ce dctcllable ouvra,

ge fut lou pendant plus de trente ans , tandis qu'on le croyait d'un grand minillre.

ne faut pas trahir la vrit pour que le livre ell du cardinal de lUchelieii. Il ne faut pas dire qiCon a trouv une fuite du premier chapitre du tejameut politique corrige en plufieurs endroits de la main du cardinal de Richelieu parce que cela n'el pas vrai. On a trouve au bout de cent ans un manufcrit intitul Narration fuccinte cette narration fuccinte n'a -aucun rapport au teftament politique. Cependant an a eu l'artifice de la laire imprimer comme un premier

Mais

il

iire croire

du teftament avec des notes. A l'gard des notes on ne fait de mains elles font.
chapitre
,

quelles

Ce qui

eft trs
fit

prtendu ne
qu'il

vrai c'eft que le teftament du bruit dans le monde que


,

trente- huit ans aprs la

mort du cardinal,

ne fut imprim que quarante deux ans aprs cette mort i qu'on n'en a jamais vu l'original

fign de
,

lui

mauvais
en parle.

&

qu'il

que le livre eft trs , ne mrite gures qu'on

A N A,

Anecdotes.

25-9

Autres anecdotes.
Charles I
cft-il
,

cet infortun roi d'Angleterre

l'auteur

ce roi aurait-il

du fameux livre Eikn bafilik'i mis un titre grec fon livre?


fils

Le comte de Moret,
cut-il

de Henri

IV

blefle

la petite efcarmouche de Caftelnaudari

v, jufqu'en 1693 fous le nom de l'hermite frre Jean-Eatijie ? quelle preuve a-t-on que cet hermite tait fils de Henri IV?

Aucune.
Jeanne
iV Alhret

de Navarre

JV

poufa-t-eJle aprs la

gentilhomme
thelemi
i

nomm
fe

mre de Heriri mort ' Antoine un Goyon tu la St. Bar^ ,

en eut-elle

un

fils

prdicant Bordtaill

deaux
les

'i

ce fait

trouve trs

dans

remarques fur les rponfes Ae Bayle aux qiiejiions d'un provincial, in- tolio , page 589.

Marguerite de Valois poufe de Henri IV y accoucha- t-elle de deux enfans fecrtement pendant fon mariage ? on remplirait des volumes de ces fingularits.

Ceft bien
genre
pierre
-

la

peine de faire tant de recherf

ches pour dcouvrir des chofes

inutiles

au
,

humain
,

cherchons
les

comment nous
,

pourons gurir
la

crouelles

la

goutte

la

gravelle

&

mille maladies croni-

ques ou aigus. Cherchons des remdes con^

ij

,,

26o

An

A,

Anecdote:?.
non moins
;

tre les maladies de l'ame

funeftcs

&

non moins mortelles

travaillons perles
l

fedionncr les arts , de l'erpce humaine


les anecdotes
,

diminuer

malheurs
les

&

laillons

Aua

les

hijloires

ciirieufes

de notre
choifis

tems

le

noiivenn choix de

vos
le

fi

mal

didionnaire de Trvoux , & les recueils des prtendus bons iuots &:c. , & les lettres d'un ami un ami , ik les lettres anonimes , & les rjlexions fur lu
&c. &c. &c. dans un livre nouveau, que Louis XIV exempta de tailles, pendant cinq ans , tous les nouveaux maris. Je n'ai trouv ce fait dans aucun recueil d'dits , dans aucun
fi'agdie nouvelle.

cit tout

moment dans

Je

lis

mmoire du tems.
lis dans le mme livre, que le roi dcPruflc donner cinquante cus toutes les filles groffes. On ne pourait la vrit mieux placer Ton argent & mieux encourager la propagation i mais je ne crois pas que cette profufion royale foit vraie du moins je ne l'ai

Je

fait

pas vu.

Anecdote ridicule sur Thodoric.


Voici une anecdote plus ancienne qui me tombe fous la main , & qui me femble fort trange. Il eft dit dans une hiftoire chronologique d'Italie, que
cet

homme

le grand Thodoric ^r'icn qu'on nous peint f ige , avai^

Ana",
beaucoup
,

Anecdote
un

s.

26t

parmi [es miniflres

catholique qiCil aimait

^ quil trouvait
j

di^ie de toute fa

confiance. Ce minijlre croit s'ajjurer Je plus en plus la faveur de fon matre en embraffant-

i'arianifne

Ef?
,

couper

la

tte

Thodoric eu difant ,

lui fait

anjfi-tbt

Si cet

homme

n'a

pas

ferait- il cnvei'S moi qui ne fuis quun homme ? Le compilateur ne manque pas de dire,
t fidle

DlEU

co'imneiit

le

que

ce trait fait

beaucoup d'honneur la ma~

7iire

de penfer de Thodoric l'gard de la rf-

ligion.

Je
ligion

me

pique de penfer l'gard de

la re-

mieux que l'Oftrogoth Thodoric aC puifque je faiin de Simmaque & de Boece & que Thodoric tait fuis bon catholique
, ,

arien.
li

i\ais je

dclarerais ce roi digne d'tre


,

comme
le

enrag
loue.

s'il

avait eu la btife atroce

dont on

la tte fur le

Quoi il aurait fait couper champ fon miniftre favori ,


la

parce que ce miniilre aurait t fon avis comment un adorateur de


!

fin

de

qui paife de l'opinion d'Athanafe l'opinion d'Arius

Dieu

d'Eufbe , eft-il infidle ^i Dieu ? il tait ceux de tout au plus infidle Athanafe

&

&

fon parti , dans un tems o le monde tait partag entre les athanafiens & les eufbiens. Mais Thodoric ne devait pas le regarder

comme un homme
avoir admis
le

infidle

Dieu

pour

l'avoir rejette.

terme de confubjiantiel aprs Faire couper la tte fon

iij

2S2
ment

An

a,

Anecdotes.
,

fevori fur

une

pareille raifon

c'eft certaine-

l'adion du plus mchant fou


ait

&

du plus

barbare fot qui

jamais exilli.

Que diriez -vous de Lois XIVs'W et fait couper fur le champ la tte au duc de Ai Force^ parce que le duc de la Force avait quitt le calvinifme pour la religion de Louis XIV i*

Anecdote sur
Hollande

le imarchal DE Luxembourg.

J'ouvre dans ce moment une hiftoire de que le marchal do , & je trouve


,

Luxembourg en 1672
fes troupes
;

fit

cette
,

harangue a
,

Allez

s'il y a quelque cbofe de plus tuez , violez , abominable ne manquez pas de le faire ajln que je voye que je ne me fuis pas tromp en
,

&

mes oifans

pillez

volez

vous choiflJant comme les plus braves des hommes. Voil certainement une jolie harangue: elle n'eft pas plus vraie que celles de Tite^ Live i mais elle n'eft pas dans fon got. Pour achever de deshonorer la typographie , cette belle pice fe retrouve dans des dictionnaires nouveaux , qui ne font que des impoftures par ordre alphabtique.

Anecdote sur Louis XW.


C'eft

une

petite erreur dans \\ibr{f chro,

nologique de Vhijloire de Francs

de fuppofcr

A N A,

Anecdotes.

263

aprs la paix d'Utrecht dont que Loiis taic redevable l'Angleterre , aprs neuf il

XIV

annes de malheurs aprs les grandes vidoique les Anglais avaient remportes ait dit l'ambafladeur d'Angleterre , fai toujours
,

res

t le

matre chez moi


7ie

quelquefois chez

les

au-

tres

m'en faites pas fouvenir.


l'gard

J'ai dit ail-

leurs

que ce difcours aurait


des
le roi

t trs dplac
,

trs faux

Anglais

&

aurait

une rponfe accablante. L'auteur mme m'avoua que le marquis de Torcy ,


cxpof
qui toujours prfent toutes les audiences Stairs ambafladeur d'Angleterre avait toujours dmenti cette anecdote. Elle n'eft airurment ni vraie , ni vraifemblable n'eft refte dans les dernires ditions de ce livre que parce qu'elle avait t mife dans Cette erreur ne dpare point du ia premire.

du comte de

&

les

tout un ouvrage d'ailleurs trs utile , o tous grands vnemens rangs dans l'ordre le plus commode , font d'une vrit reconnue.

Tous ces petits contes dont on a voulu orner l'hiftoire la deshonorent ; & malheureufement prefque toutes les anciennes hiCtoires ne font gures que des contes. Mallehranche cet gard avait raifon de dire , qu'il ne fefait pas plus de cas de l'hiftoire que des
,

nouvelles de fon quartier.

iiij

C54

A N A,

Anecdotes.
Mr.

Lettre de
Nous croyons

d e V.

sur

PLUSIEURS ANECDOTES.
devoir terminer cet article
des anecdotes par une lettre de Mr. de V. ii Mr. Damila-dille philofophc intrpide , &, qui fconda plus que perfonne Ton ami Mr. de
V.

dans

la

cataftrophe

mmorable des Cales


cette

&

des Sirven.

Nous prenons

occafion

de clbrer autant qu'il eft en nous , la mmoire de ce citoyen , qui dans une vie obfcure a montr des vertus qu'on ne rencontre gures dans le grand
le

&

monde. Il fefait le bien pour bien mme , fuyant les hommes brillans , fervant les malheureux avec le zle de l'entoufiafme. Jamais homme n'eut plus de cou-

rage dans l'advcrft

&

la

mort.

Il tait

Ta-

) Le

mme

folliculaire dont on parle , eft celui-l qui ayant t chaff des jfuites , a compof

qui a rempli fes libelles <Jes libelles pour vivre , d'anecdotes prtendues littraires. En voici une fur

&

fon compte.
Lettre

du

Sr.

heau-frre

Royou avocat au parlement de Bretas;ne , du nomm Frron. Mardi matin 6 Mars 1770.

Frron poufa ma fur il y a trois ans , ( en Bretagne) mon pre donna vingt mille livres de donna du dot. il les diflipa avec des filles , mal ma fur. Aptes quoi il la fit partir pour Paris , dans le panier du coche , la fit coucher en chemin fur la paille. Je courus demander rai-

&

&

A N A, Anecdotes.
ini intime de

2dT>

Mr. de

V.

&

de Mr. Diderot

Voici

la lettre

en queftion.
Ferney

Au
cher ami

chteau de

y'Afay iy62.
,

mon Par quel hazard s'eft-il pu faire que vous ayez lu quelques feuilles de V Anne littraire de matre Aliboron ? chez qui avez -vous trouv ces rapfodies ? il me femble que vous ne voyez pas d'ordinaire mauvaife compagnie. Le monde elt inond des fotifes de ces folliculaires & qui qui mordent parce qu'ils ont faim gagnent leur pain dire de plattes injures. Ce pauvre Frron a) h ce que j'ai ou dire eft comme les gueufes des rues de Paris , qu'on tolre quelque tems pour le fervice des jeunes gens dfuvrs , qu'on
,
,

,,

fon ce malheureux.

Il

feignit

de fe repentir.

Mais comme il fefait le mtier d'efpion , & qu'il fut qu'en qualit d'avocat j'avais pris parti dans
f, ,,

Mr.


,,

m'accufa auprs de de cachet pour me faire enfermer. 11 vint lui-mme avec des archers dans la rue des noyers un lundi dix heures de matin , me fit charger de chanes , fe mit ct de moi dans un fiacre , tenait ini^ mme le bout de la chane. , . &c.
les troubles

de.

&

de Bretagne obtint une

il

lettre

&

On dit que ce Frron n'a pas laiff de parler de religion de vertu dans fes feuilles. Adrefez - vous fon marchand
frres.
la lettre originale.

Nous ne jugeons Nous avons

point

ici

entre les deux beaux-

&

Is vin.

266
,5

A N A, Anecdotes-.
BilTetre

renferme
par an
^

trois

ou quatre

fois

3,

Se

qui en Portent pour

reprendre

55

leur premier mtier.

5,

J'ai

lu les feuilles

que vous m'avez en-

3,

voyes. Je ne fuis pas tonn que matre Aliboron cri un peu fous les coups de fouet que je lui ai donns. Depuis que je


55 55 55

me

fuis

amuf

immoler ce

polilbn la

rife

publique fur tous


,

les thtres

rope

il

eli jufte qu'il


,

le plaigne

Je ne
crivit

l'ai

Dieu jamais vu une grande lettre il

de l'Euun peu. merci. Il m'y a environ


fes
fis

vingt ans. J'avais entendu parler de murs , & par confquent je ne lui 55
55

point de rponfc.
les

55
55
55 55

Voil l'origine de toutes calo;nnics qu'on dit qu'il dbita contre


fes feuilles.
11

moi dans
les

faut

le laiifer faire,

gens condamns par leurs juges onc permilfion de leur dire 'des injures. Je ne fais ce que c'eft qu'une comdie
italienne qu'il

,5
5,

m'impute

intitule
la

Quand
fois

me mariera- 1 -0)1
que
j'en ai

? voil

premire
C'eft

35

entendu

parler.

un menfait
;

5,
55
55 55

fonge abfurde.
des pices de

Dieu

a voulu que j'aye

thtre
fait

pour mes pchs

mais

je n'ai

jamais

de farce italienne.

Rayez
55

cela de vos anecdotes.

fais comment une lettre que j'mylord Littleton & fa rponfe , 55 font tombes entre les mains de ce Frron 3, mais je puis vous affurer qu'elles font tou

Je ne

crivis

A N A,

jj

Anecdotes.

zCi

deux entirement falfifiss. Jugez-en ; vous en envoy les originaux. ^ Ces melfieurs les folliculaires rclTemblent aifez aux chitfonniers , qui vont ramaiiant des ordures pour faire du papier. 3,
tes
je

Ne
,

voila-t-il

pas encore une belle anec-

dote & bien digne du public, qu'une lettre de moi au profeireur Ualler , & une lettre du proFcdeur Haller moi & de quoi s'a vifa Mr. Haller de faire courir mes lettres
!

&

les

fiennes ?
les

&

culaire de

imprimer

de quoi s'avife & de les


,

un

foUi-

faller

pour gagner cinq fous ? Il me la fait ligner de Tournex o je n'ai jamais 53 du chteau demeur. ,j Ces impertinences amufent un moment gens oilfs & tombent le mo,j des jeunes ment d'aprs dans rternel oubli o tous les riens de ce tems-ci tombent en foule.
,

L'anecdote du cardinal de Fleuri fur le Qiiemadmodiim que Louis XIV n'enten,5 dait pas elt trs vraie. Je ne l'ai rappor,

te dans le Sicle de Louis X/Fque parce que j'en tais fur & je n'ai point rapport celle du Niticorax parce que je n'en tais pas fur. C'eft un vieux conte qu'on me ,j
,

3)
j5

fefait

dans
,

fuites

pour

mon enfance au collge des jme faire fentir la fupriorit


la

5, ,5 55

du pre de

Chaife fur le

grand -aumle

nier de France.

On

prtendait que
la

grand-

aumiiier interrog fur

lgniikation de

258
roi

A N A,
,

Anecdotes

que c'tait un capitaine du que le rvrend pre la Cbaife c'tait un hibou ; peu m'impoite. Et trs peu m'importe encor qu'on fredonne pendant un quart d'heure dans
Niticorax
dit

David aliura que

ik

un

latin ridicule

un

niticorax grolfirement

mis en mufique. Je n'ai point prtendu blmer Louis XIV d'ignorer le latin ; il favait gouverner , il fivait faire fleurir tous les arts , cela vaut mieux que d'entendre Cicron. D'ailleurs cette ignorance du latin ne venait pas de fa faute , puifq.ie dans fa jeunefle il apprit de lui-mme l'italien & l'elpagnol. Je ne ftis pas pourquoi l'homme que le folliculaire fait parler me reproche de citer
le cardinal de Fleuri , & s'gaie dire qtit j'aime citej- de grands noms. Vous favez , mon cher ami , que mes grands noms font ceux de Neivton , de Loke, de Corneillcy de Racine , de La Fonta'ne , de Boileaii. Si

le

nom

de

Fleuri

tait

grand pour moi


ff

ce ferait le

nom

de l'abb Fleuri auteur


,

des difcours patriotiques


tique
Si

favans

qui

ont lauv de l'oubli fon


i

hijioire ecclfiaf-

non

pas

le

cardinal de

Fleuri

que
tre
,

j'ai

&

connu avant qu'il ft minifqui, quand il le fut, fit exiler un des


fort

plus refpedables
Pucelle
,

hommes

de France, l'abb
foutint
les

&

empcha bnignement pendant

tout fon

minillere qu'on ne

An
e(l

A,

Anecdotes.

iCi

quatre fameufes propofidons fur lefquelles

fonde

la libert

franaife dans les cho-

fes ecclliaftiques.

Je ne connais de grands - hommes que ceux qui ont rendu de grands fervices au genre - humain. 5, Quand j'amaifai des matriaux pour crire le Sicle de Loi'is XIV-, il faluc bien
confulter des gnraux
, ,

des miniltres

des

aumniers des dames & des valets de chambre. Le cardinal de Fleuri avait t aumnier & il m'apprit fort peu de chofe. Mr. le marchal de Villars m'apprit beaucoup pendant quatre ou cinq annes de tems comme vous le favez i & je n'ai pas dit tout ce qu'il voulut bien m'ap,
,

prendre.
,,

Mr.

le

donn que pour ce qu'elles valaient. Mr. de Torcy fut le premier qui m'apprit par une feule ligne en marge de mes quefque Louis XIV n'eut jamais de part tions ce fameux tellament du roi d'Efpagne Charles II qui changea la face de l'Eulieurs

anecdotes

duc ^Antin me que je


,

fit

part de plu-

n'ai

rope.
Il n'eft pas permis d'crire une hiftoire contemporaine autrement, qu'en confultant avec alFiduit , & en confrontant tous les tmoignagf's. Il y a des faits que j'ai vus

par

mes yeux

&

d'autres par

des

yeux

="

"*' Anecdotes

tromp fur
>,

]Jn..T
^

"' ^^'^

^"res
"^^'^'^

vain

amurement

in(trui/bnc.

", L ec Tr ^"'^^ >}

evnemens

Le - rendu

roi Sfanislas
le

duc

r?P r

tmoignage

^"^ l'a" vais parl de toutes^ es - arrives ious le reL. w V'^^^^^^'^^^s ''dent, comme/ In, v.nr''"r^"P^""""^'''^ ^^^ ^e tmoin ^ oculaire.

amn,

'''"'' "^^^
'

S^"^

>.

fils
>'

A>;/o.

niltoire

des quatre

J'e(tinie

bien

ant-^.-...

"
"

fait.
;.

pas une anecdotcTnn ^' '"""''=

"'

^"'

"'

^^'"^

que
ir-^

celui qui la

Puirque vous voulpr

bagatelles
q>'= votre
,

&

des

ZiclT
1'^""

n """"'
.

''^'

" Pe
'c

malheur uxfo', 'T' claire fe tromquand il prtenj^ 'l


' ^'^ J"^ fur

'*'"'

thtre de Lo,

" La traduaion ou plZrVi-^ *'" ^''"^' comdie de l'oto '& i r^'^ "'"'"'^ faite par Mr. Gemv, l " le thtre de Londres '."''' "^ ^"^^ ^"^ "e qu'en 1766, & '
,

'.^ernfurcelu'Xt-rrfT^'^

T"""

Ltd"

An

A,

Anecdotes.

271

t imprime qu'en 1767 chez Beket & de Hondt. Elle a eu autant de fuccs Lon dres qu' Paris , parce que par tout pays

on aime la vertu des Lindanes & des Tri port & qu'on dtefte les folliculaires qui & mentent pour j, barbouillent du papier Ce fut l'illuftre Garrick qui ,, de l'argent. compola l'pilogue. Mr. George Kohnan m'a 5, fait l'honneur de n>'envoyer fa pice j elle eft intitule The English Merchant. j, C'eft une chofe alfez plaifante qu' Londres Petershourg , Vienne , Gnes 5,
, , ,

Parme & jufqu'en Suilfe , on fe galement moqu de ce Frron. Ce


,

foit

n'eft
;

j,

pas

perfonne

qu'on en voulait

il

5, prtend que VEcoJJhife ne rufit Paris, que parce qu'il y efl: deteft. Mais la pice

a ruf Londres Vienne o il eft in connu. Perfonne n'en voulait Pourceauquand Fourceaugnac fit rire l'Eu5, gtiac ,
, ,

,,

Ce font,

,,

fez

l des anecdotes littraires afbien conftates. Mais ce font, fur ma

;j,

parole les vrits les plus inutiles qu'on ait jamais dites. Mon ami un chapitre de Cicron de officiis & de nntura deo~ rum un chapitre de Loke une lettre pro vinciale une bonne fable de La Fontaine , des vers de Boileau & de Racine voil ce qui doit occuper un vrai littrateur.
,
, ,

,)

Je voudrais bien favoir quelle utilit

Is

72

A N A
,

A N E

D O T E

s.

public retirera de l'examen que


liculaire
11

fait

le fol-

demeure dans un chteau ou dans une maifon de campagne. J'ai lu dans une des quatre cent brochures laites contre moi par mes confrres de la plume , que madame la duchelTe de Ricbelleii m'aje
joli

un jour d'un carrolfe fort de deux chevaux gris pommels , que cela dplut fort Mr. le duc de Richevait fait prfcnt
,

&

l - defTus on btit une longue Le bon de l'affaire c'eft que dans ce tems-la Mr. le duc de Richelieu n'avait point de femme. D'autres impriment mon porte-feuille retrouv d'autres mes lettres Mr. B.

lien.

Et

hilloire.

jamais crit i dans ces lettres toujours des anecdotes. Ne vient-on pas d'imprimer les lettres pr,

madame D.

qui je n'ai

&

tendues de la reine Chrijline


clos

&.C. &.C.

de Ninon P EnDes curieux mettent ces fo,

dans leurs bibliothques , & un jour quelque rudit aux gages d'un Ubraire les
tifes

fera valoir

comme

des

monumens
!

prcieux

de

l'hiftoire.

Quel
!

fatras

quelle piti

opprobre de la littrature quelle perte de tems Je lis aduellement des articles de l'Encyclopdie , qui doivent fervir d'inftruction au genre- humain > mais tout n'ed
quel
pas gal. &c. &c.

ANA.

A N A T O M

275

A N A T O
L'Anatomie
flres

E.
moderne
ce

ancienne
ficle

eft

la

qu'taient les cartes gcof^raphiques grof^

du feizime
tracs
,

qui ne reprfentaient

encor infidle, & en cdmparaifon des cartes topographiques de nos jours , o Ton trouve jufqu'au moindre buiilbn mis Pa place. Depuis Vfale julqu' Le Cat on a fait de nouvelles dcouvertes dans le corps humain ;

que

les

lieux principaux

ment

on peut

fe flatter

d'avoir pntr jurqu' la

ligne qui (pare

jamais

hommes &
nature.

les

feciets

les tentatives des impntrable de la

le
il

Interrogez BorelH fur la force exerce par cur dans fa dilatation , dans fa diallole ;

un poids de dont il rabat enluite quelques milliers. Ad-dlez-vous Kei/, vous certifie que cette force n'elt que de il cinq onces. Jurin vient qui dcide qu'ils fe font tromps ; Sz il fait un nouveau calcul ; mais un quatrime furvenant prtend que Jnrid s'elt tromp auf. La nature fe moque d'eux tous i &. pendant qu'ils difputent , elle
vous allure qu'elle
e(t

gale
.

cent quatre -vingt mi'le livres

a foin de notre vie

elle

fait

contracter

&

Premire partie.

47-4-

A N A T o

t.:

dilater le cur par des voies que humain ne peut dcouvrir.

l'efpri

On difpute depuis Hippoa-ate fur la manire dont le fait la digclHon i les uns accordent Teltomac des fucs digeftifs s d'autres les lui retufent. Les chimilles font de l'eftomac un laboratoire. Hequet en fait un moulin. Heureufement la nature nous fait digrer fans qu'il foit nceflaire que nous fchions fon fecret. Elle nous donne des apptits, des gots, & des averfions pour certains alimens dont nous ne pourons jamais favoir la caufe.
On
dit

que notre
les

chile fe trouve dj tout

form dans
drix rtie.

alimens

mme

dans une perchimiftes en-

Mais que tous

les

fenible mettent des perdrix dans une cornue, retireront rien qui reifcmbie ni ils n'en

une perdrix

ni au chile. Il faut avouer que nous digrons amfi que nous recevons la vie, que nous la donnons que nous dormojis , que nous fentons , que nous penfons ; fans favoir comment.
,

Nous avons
la

des bibliothques entires fur

gnration
la partie

feulement quel

mais perfonne ne fait encor rcllbrt produit fintumefcence


mafculine.

dans

On

parle d'un fuc


,

fenfhilit nos nerfs

nerveux qui donne la mais ce fuc n'a pu tre

dcouvert par aucun anatomifte.

Anatomie.
Les
efprits
,

a'7^
f

animaux qui ont une

grande

rputation

font encor a dcouvrir.

decine

Votre mdecin vous fera prendre une m& ne fait pas comment elle vous ,

purge.
fe forment nos cheveux nos ongles , nous eft aul inconnue que la manire dont nous avons des ides. Le plus vil excrment confond tous les philofophes.

La manire dont

&

Lmeri entaflent mmoire fur la gnration des mulets ; les favans fe partagent : l'ne tier & tranquille fans fe m!er de la difpute , fubjugue cependant fa cavale qui lui donne un beau mulet , fans que Lmeri & Vinslou fe doutent par quel ait ce mulet nat avec des oreilles d'ne & un corps de cheval.
Vinslou 8i

mmoire concernant

Borelli

dit

que
le

l'il

gauche

eft

beaucoup

plus foit que l'il droit. D'habiles phyficiens

ont foutenu

parti de l'il droit contre lui.

Voljins attribuait la

couleur des ngres

une maladie.
diilquanc
,

Riiifch a
&.

mieux rencontr en les en enlevant avec une adrefl

fngulire le corps

muqueux
fe
les

malgr cela il phyficiens qui croyent


noir
-,

c'y

rticulaire qui eft trouve encor des

noirs originaire-

meiu
que
la

blancs.

Mais

qu'eft ce
'i

qu'un fyftme

nature dlvoue

ij

S>y^

A N A T
poumons

O
le

E.'

Boerhnve aflure que


cules des
brif
,

fang dans
,

les vl^
,

eft prejje

chajf

foul

att)m.

vrai.

Le Cat prtend que rien de tout cela n'eft Il attribue la couleur rouge du fang
fluide

un

cauftique

&

on

lui

nie

fon

caullique.

Les uns font des nerfs un canal par lequel


pafle

un un

un fluide invifiblc ; les autres en t'ont violon dont les cordes font pinces par archet qu'on ne voit pas davantage.
plupart des mdecins attribuent les rfemmes la plthore du fang. Te-

La

gles des

renzoni Se Viejijfans croycnt que la caufe de ces vacuations e(t dans un efprit vital , dans le froiffement des nerfs , enfin dans le befoin d'aimer.

On a
fbilit

la

recherch jufqu' la caufe de la fen& on a t jufqu' la trouver dans trpidation des membres demi anims.
,

On

a cru les

membranes du ftus

irritables j

&; cette ide a t

fortement combattue.

Celui-ci dit que la palpitation d'un membre coup eft le ton que le membre conferve
encore.

Cet autre

dit

que

c'eii

Vhtjiicif p

un troifime l'appelle irritabilit. La caufe ; tous rt;norent ; tous font la porte du dernier afyle

la

nature

fe

renferme

>

elle

ne

A N A T O M
Te montre jamais eux, fon antichambre.

I
ils

E.

277

&

devinent dans

Heureiifement ces queftions font trangmdecine utile , qui n'eft fonde que fur l'exprience , fur la connaiifance du tempramment d'un malade , fur des remdes trs fimples donns propos i le refte eft pure curiofit i Se fouvent charlacanerie.
res la Si

un homme

qui

on

fert

un

plat d'-

qui taient toutes grifes avant la qui font devenues toutes rouges cuilfon , dans la chaudire , croyait n'en devoir manger que lorfqu'il fiuraic bien prcifment
crevilfes

&

comment elles font devenues rouges mangerait d'creviifes de fa yie..

il

ne

ANCIENS ET MODERNES.

LE
le

grand procs des anciens dernes n'eft pas encor vid

&
;

des
eft

mofur

il

bureau depuis l'Age d'argent qui fuccda fge d'or. Les hommes ont toujours prtendu que le bon vieux tems valait beaucoup mieux que le tems prfent. Nejor, dans Vlliade , en voulant s'infinuer comme un fage conciliateur dans l'efprit ' Achille & 'A-

^ammnon

dbute par leur dire


S
jij

j'ai

vcu

278

Anciens et modernes.
mieux

autrefois avec des houpnes qui valaient

je ne que vous i jion je liai jamais vu , verrai jamais de fi grands perjonnages que Diias , Cne , Exadius , Poliphnie gal aux

Dieux &c. La poltiir a bien veng Achille du mauvais compliment de Nejior , vainement lou par ceux qui ne louent que l'antique. Pcrfonne n connait plus Drias j on n a guros entendu parler d'E^a.iius , ni de Cene:^ ik pour Foliphme gal aux Dieux il n'a pas une trop bonne rputation , moins que ce ne foit tenir de la Divinit que d'.ivoir un grand il au front & de manger des hom, \ , ,

mes

tout cruds.
pas dire que
la

Lucrce ne balance
ture a dgnr.
Jpfa ddit dulceis ftus
Qiia:,

na

&

pabula la ta

mine vix

noflro grandefcunt autla labore /


,

Contenmujque bovcs

&

vires

agncolarum, &c,
;

La nature

languit

la

terre eft puife


la

L'homme dgnr dont

force eft ufe


aftaiblls.

Fatigue un fol ingrat par fes bufs

L'antiquit eft pleine des loges d'une au


tre antiquit plus recule.

Les

hommes

en tout tcms
lait

ont penf qu'autrefois


;

De

longs ruiffeaux de

ferpemaient dans nos bois

Anciens et modernes.
La lune
L'hyver
tait plus

279
;

grande

&
,

la

nuit

moins obfcure
de verdure;
,

fe
,

couronnait de fleurs
ce roi du

&

L'homme

monde

&

roi trs fainant

Se contemplait Et form pour

l'aife ,

admirait fon nant


rien faire.

agir fe plaifait

&c.

Horace combat ce prjug avec autant de que de force dans fa belle ptre h Audit- il que nos pogtijie. Faut - il donc mes ibient comme nos vins , dont les plus ^ vieux Ibnt toujours prfrs ? " Il dit enfineire
, ,

Epift, I,
lib.

z.

fuite

Indisnor quldquam reprehendi

non quia

crajje

Ibid.

Compo/tum

illepidve putetur ;

jed quia nuper ;

J^ec veniarn antiquis fed honorem

& prcemia

pofd.\

Jngeniis non

ille

favct
:

plauditque fepulds ;

Nojlrafed impugnat

nos nojlraque lividus odit.

&c

J'ai

vu

ce paiTage

imit

aini

en vers

familiers.

Rendons
Et -il

toujours juftice au beau.

laid

pour tre nouveau?


la

Pourquoi donner

prfrence
?

Aux mchans
Ils

vers du tems jadis

C'eft en vain qu'ils font applaudis

n'ont droit qu' notre indulgence.


livres font

Les vieux
Dit
la fotte

des trfors.

&

maligne envie.

iiij

28o

Anciens ET modernes;
Ce
n'eft

pas qu'elle aime les morts

Elle hait ceux qui font en vie.

Le

(avant

&
la

ingciiieux Fontenelle s'exprifu")et.

me
j,,

ainli fur ce

J"oute
entre
fois
les
les
3,

quellioii
Se

de

la

prcmincnce
,

anciens

les tnoilcrncs
,

tant

une
.

bien entendue
arbres

fe

rduit iav(;ir

5,
5,

qui taient autrefois dans' nos camp.ignes taient plus grands que ceux
'<

,,

d'aujourd'hui

En
,

cas qu'ils lavent t


,

,.

5,
3,

Homre
fi

Vlaton

Dinojihhie

ne peuvent
;

a,

dans ces derniers licles ma^^s nos arbres font aiUn granJs que ceux d'autrefois , iifus pouvons galer Hor/ure,
tre gals

Flaton
,,

&

DmoJ.'heue.
Si les anciens
,

Eclaircilfons ce paradoxe.

,,
5,

C'A\ lUmc que les cerveaux de ce tenis - l taient mieux difpofs forms de bres plus ferremplis de plus mes ou plus dlicates
, ,

avaient plus d'efprit que nous

5,

mais en vertu de quoi les cerveaux de ce tems - l auraient - ils , mieux difpofs ? Les arbres auraient j, t donc t aul plus grands & plus beaux; nature tait alors plus jeune 5, car fi la vigoureufe , les arbres , aul bien ,, plus que les cerveaux des hommes , auraient fe fentir de cette vigueur & de cette 5, d jeunelfe. " ( Digreiion fur les Anciens 8
d'efprirs
j

animaux

&

les

Modernes.

Tom. IV.

dition de 1743. )

Anciens et modernes.
Avec
micien
ture a
,

28

la

ce n'eft point l
Il

permilon de cet illuftrc acaddu tout l'tat de la

queftion.

ne

s'agit pas

de favoir

li

la

na-

pu produire de nos
,

jours d'aulFi grands

bons ouvrages que ceux de & latine ; mais de favoir fi nous en avons en effet. Il n'efl; pas impolfible fans doute qu'il y ait d'auii grands chnes dans la fort de Chantilli que dans celle de Dodone mais , fuppof que les chnes de Dodone euifent parl il Icrait trs clair qu'ils auraient un grand avantage fur les ntres qui probablement ne parleront
gnies
d'aulii

&

l'antiquit grecque

jamais.

La Motte

homme

d'efprit

&

de talens

qui a mrit des applaudilfemens dans plus d'un genre , a foutenu , dans une ode remplie de vers heureux , le parti des modernes. Voici une de fes ftances.
Et pourquoi veut -on que j'encenfe

Ces prtendus Dieux dont

je

fors

En moi
Fait

la

tnipe intelligence
les

mouvoir
la

mmes

reflbrts.

Croit -on

nature bizare.

Pour nous aujourd'hui plus avare

Que pour les Grecs & les Romains ? De nos ans mre idoltre ,
N'eft -elle plus que
la

martre

Durefte

grofFier des

humains?

282

Anciens IT MODERNES.'
pouvait
(iins

On
aints

lui

repondre

Eftimez vos
intel-

les

adorer.

Vous avxz une

ligence

&

des relforts
i

comme

Virgile

&
-

f/o-

race en avaient

mais ce
talent

n'eft pas

peut

tre

abrolumcnt
avaientils

la

mme

intelligence.

Peut-tre

un

luprieur

au vtre,

& &

ils l'exercjaicnt dans une langue plus riche plus harmcnieufe que les langues moder,

nes

des Celtes

l'horrible jargon d'un latin corrompu. La nature n'cll point bizarre ; mais il fc pourait qu'elle et donn aux Athniens un terrain ^' un ciel plus propre que la Veftphalie & que le Limolin former certains gnies. Il le pcurait bien cncor que le gouvernement d'Athnes , en fcondant le climat , et mis dans la tte de DioJfh}ie quelque chofe que l'air de Clamar & de la Grenouil-

qui font

un mlange de

&

lire

&

le

gouvernement du

cardinal de Rila tte

^chelieit

ne mirent point dans Talon & de Jrme Bignon.

d'Orner

Quelqu'un repondit
le petit

alors
:

La Motte

par

couplet fuivant
,

Cher La Motte

imite 8c rvre
tu

Ces Dieux dont


Si tu crois
Il

ne defcends pas.
eft

qu'Horace

ton pre,

a fait

des enfans ingrats.


point bizare
elle eft fort

La

nature n'eft

Pour Danchet

avare

>

Anciens et modernes.
Mais Racine en
Tibulle
tait

25$

fut bien trait


;

guid par elle

Mais pour notre ami La Chapelle


Hlas
,

a.

qu'elle a

peu de bont

Cette
fait.

difpute

eft

at elle grands mon u mens de


L'antiquit

donc une qucftion de t plus fconde en


tout genre jufqu'au
les ficles

tems de Plntarqne
lie l'ont

que

modeines
juC-

t depuis le licle

des

Mdias

iju'a

Louis

KIV

inclufivenient ?

Les Chinois , plus de deux cent ans avant notre re vu'giire, conftruiirent cette grande muraille qui n'a pu les fauver de l'invafion
des Tartarcs. Les Egyptiens , trois mille ans auparavant , avaient furcharg la terre de leurs tonnantes pyramides , qui avaient environ quatre- vingt- dix mille pies quarrcs de baze. Perfonne ne doute que fi on voulait entreprendre aujourd'hui ces inutiles ouvrages , on n'en vint aifment bout en prodiguant beaucoup d'argent. La grande muraille de la Chine eft un monument de la crainte j les pyramides iont des monumens de la vanit & de la fuperftition. Les unes & les autres atteftent uns grande patience
<2

Ce La
,

Chapelle

tait

un recovur gnral
Iv

des finances
iprt bons.

qui traduifit trs platen^enr TkulU ;

mais ceux qu dnaient chez

trouvaient fe^ vefs

284
dans

Anciens et modernes:
les

peuples , mais aucun gnie fupcrieur. Chinois , ni les Egyptiens n'auraient faire feulement une Ilatue telle que nos fculpteurs en forment aujourd'hui.

Ni pu

les

Du CHEVALIER TeMPLE.
Le
chevalier Temple^ qui a pris tche de

tous les modernes , prtend qu'ils n'ont rien en achitedure de comparable aux templas de la Grce & de Rome : mais tout il devait convenir que Anglais qu'il tait l'glife de St. Pierre e(l incomparablement plus belle que n'tait le capitole. G'eft une chofe curieufc que l'aflurance avec laquelle il prtend qu'il n'y a rien de neuf dans notre alfronomie , rien dans la connailfance du corps humain , Il ce n'eft
rabailfer
,

peut-tre,

la circulation du fang. dit -il L'amour de fon opinion fond fur fon extrme amour - propre lui fait oublier la d,

couverte des fatellitcs de Jupiter , des cinq lunes (k de l'anneau de Saturne , de la rotation du foleil fur fon axe , de la pofition calde trois mille toiles, des-loix donnes par Kepler & par Newton aux orbes ciedes i des caufes de la prcelfion des quinoxes , & de cent autres connaiilnces dont les anciens ne foupconnaient pas mme la
cule
polbilit.

Les dcouvertes dans

ranatomic font en

Awc TT-srs ET mobermVsT


auili

gf

grand nombre. Un nouvel univers en petit , dcouvert avec le microrcope , taic compt pour rien par le chevalier Temple ; il fermait les yeux aux merveilles de les contemporains , & ne les ouvrait que pour admirer l'ancienne ignorance.
Il va jufqu' nous plaindre de n'avoir plus aucun rette de la magie des Indiens , des Caldens , des Egyptiens & par cette ma,

entend une profonde connaiirance de la nature, par laquelle ils pro.iui (aient des miracles fans qu'il eu cire aucun , parce qu'en eHt il n'y en a jamais eu. Qiie font demufi5, venus, dit il, les charmes de cette 5, que qui enchantait l fouvent les hommes
gie
il

s, 5,

&

les

btes
,

ferpens

&.

les poiifons , les oifeaux changeait leur nature ? "

les

Cet ennemi de fon

la fable
''

ficle croit boitiiemenfi

Orphe
la

&
,
,

n'avait

entendu ni

belle

muHque
qui

d'Italie

apparemment , ni m-

me

celle

de France

ment

pas les ferpens

la vrit ne charmais qui charment les

oreilles des connaiifeurs.

Ce qui eft encor plus trange c'eft qu'ayant toute fi vie cultiv les belles -lettres il ne raifonne pas mieux fur nos bons auteurs que fur nos philofophes. Il regarde Rabelais
,
,

des Gaules

comme un grand-homme comme un de

il

cite les

Amours

nos meilleurs ou-

48<

Anciens Et MODERNEf.

un homme favaiu i un homme de cour, un homme de beaucoup d'efprit un ambairadeur qui avait fait de
vrages. C'tait pourtant
,
,

profondes rflexions fur tout ce qu'il avait vu. Il polfdait de grandes connailfances : un prjug fufit pour gter tout ce mrite.

De Boileau et
Boileau
Si

de Racine.

anciens contre Perrault

Racine^ en crivant en faveur des furent plus adroits ,

que
leaii

le

chevalier Temple.

de parler d'aftronomie
raitlt

&

s'en tient juftifer


,

mais en

glilTant
,

gardrent bien de phyOque. Boi" Homre contre Per^ adroitement fur les
Ils fc

dfauts

lui reproche Horace.

& fur le fommcil que ne s'tudie qu' touren ridiner Peiranlt , l'ennemi ' Homre cule. Perrault entend- il mal un paifage , ou traduit-il mal un paifage qu'il entend i voil Boileau qui failit ce petit avantage, qui tombe fur lui en ennemi redoutable qui le de plat crivain traite d'ignorant mais il fe pouvait trs bien faire que Perrault fe ft iouvent tromp & que pourtant il et fouvent raifon lUr les contradictions les rptitions l'uniformit des combats les longues harangues dans la mle les indcendu pote Grec
Il
, ,
,
:

inconfquences de la conduite des Dieux dans le pome , enfin fur toutes les foutes o il prtendait que ce grand pote
ces
,

les

AnctEHS IT MODIKKES.
ctait

2S7

tomb.

En un mot,
plus

Boilean fe
qu'il

moqua
juftitia

de Perrault beaucoup

ne

Homre.

De

l'injustice et de la mauvaise foi DE Racine dans la dispute contre Perrault au sujet d'Euripidc tx DES INFIDLITS DE BrUMOY.
,

Racine ufa du

mme

artifice

car

il

tait

tout aulli malin que Boilean pour le moins. Quoiqu'il n'et pas fait comme lui fon caoital

de

la

fatyre

il

jouit

du

plailr

de confon-

ennemis fur une petite mprife trs pardonnable o ils taient tombs au fujet d'Euripide & en mme tems de fe fentic
dre
fes
,

trs fuprieur Euripide

mme.

Il

raille

aufes

tant qu'il

le

peut ce

mme
meilleurs

Perrault

&

parti fans fur leur critique de VAlcefie ^Enri^

pide

parce que ces

malheureufe-

ment

avaient t tromps par une dition fautive "" Euripide & qu'ils avaient pris quel.y

ques rpliques ^Admte pour celles ^AlceJh: mais cela n'empche pas qu'Euripide n'ec grand tort en tout pays , dans la manire dont il fait parler Adinte fon pre. Il lui reproche violemment de n'tre pas mort pour lui.

Qiioi donc
9,

lui

rpond
s'il

le

roi fon pre

qui adrefle-vous,

vous plat, n

s.%%
j,'

Anciens et modernes:
fi

quelque e{l Phrygie i Ignorezde Lidie ou de j, clave " vous que je fuis ne libre 6c Ihclialicn' ( Beau diicoiirs pour un roi ^ pour un pre !) \'ous m'outragez comme le dernier dcj hommes. O cft la loi qui dit que les pleurs enfans ? if- doivent mouiir pour Chacun eft ici -bas pour foi. J'ai rempli mes obligations envers vous. Quel tort demandai- je que vous mouvous fais je pour moi? La lumire vous ell prcliez

dUcouis

hautain

ElKce

cieuie

me

l'eft

elle

moins

Vous

jj

jj
jj

Lche vous-mm'acculez de lchet me i vous n'avez pas rougi de preflr votre femme de vous faire vivre en mourant Ne vous lied - il pas bien pour vous aprs cela de traiter de lches , ceux qui refufent de faire pour vous , ce que vous n'avez pas le courage de faire vous-m-

me

Croyez- moi
la vie
i

taifez-

vous

Vous aimez
pas moins
juriez cntor

les

autres ne l'aiment

3, " duret^ qui ne feront pas des menfonges. Le chur prend alors la parole. 'eft

Soyez fur que fi vous m'invous entendrez de moi des

a,

affez

&

dj trop des
,

deux cts

ceffez,

5,

vieillard

celiez

de maltraiter de paroles

votre

fils.

"

Ce chur aurait d plutt ce femble faire une forte rprimande au fils d'avoir trs brutalement parl ion propre pre,

&

de lui avoir

Anciens et
avoir

ri

derne

s.

a89
pas

reproche
le refte

(i

aigrement de n'tre
la

mort.

Tout

de

fcne eft dans ce got.


s

P H R

fou

fils.

Tu

parles

contre ton pre fans en avoir

requ d'outrage.

E.

Oh

j'ai

bien

vu que vous aimez


s.

vivr

longtems.

P H R
Et
qui
toi
,

eft

ne portes - tu pas au tombeau morte pour toi ?

celle

A D M
Ah
!

E.

le

plus infme des


lchet.

hommes
s.

c'eft

preuve de ta

P H R

Tu
eft

ne pouras pas au moins dire qu'elle morte pour moi.

A D M
!

E.

Plt au ciel que tu fuffes dans un tat o tu eufles befoin de moi.

Le Pre.
Fais
qu'elles

mieux poufe plufieurs femmes afin meurent pour te faire vivre plus
, ,

iongtems. ^ Premire partie,

^90

Anciens e modernes.

ler

.
3,
j,

5,

,3

Aprs cette fcne un domeftique vient partout feul de l'arrive d'Hercule. ,, C'eil un tranger , dit -il , qui a ouvert la porte lui-mme , s'cll d'abord mis table il fe fche de ce qu'on ne lui fert pas aflez vite manger , il remplit de vin tout moment fa coupe , boit longs traits du rouge & du pailet , & ne celle de boire , Se de chanter de mauvaifes chanfons qui reC femblent des hurlemens , fans fe mettre en peine du roi & de fa femme que nous pleurons. C'efl: fans doute quelque fripon
,

,j

adroit
Il

un vagabond
alfez

un

alllfin.

peut tre

cule

pour un

trange qu'on prenne Herfripon adroit ; il ne l'eft pas


foit

moins qu'Hercule ami \idmte

inconnu

dans la maifon. Il l'efl: encor plus qu'Hercule ignore la mort d'AlceJie , dans le tems mme qu'on la porte au tombeau. Il ne faut pas diiputer des gots ; mais il ft ftir que de telles fcnes ne feraient pas fouffertes chez nous la foire.
Brunioy qui nous a donn le Thire Jes qui n'a pas traduit Euripide avec , & une fidlit fcrupuleufe , foit ce qu'il peut pour juftifier la fcne d'Admte & de fon pre > on
Grecs

ne devinerait pas le tour qu'il prend. Il dit d'abord que les Grecs nont pas trouv i redire ces mmes chofes qui font notre
gard des indcsncs
,

des

horreurs

qiiainj

Anciens et modernes.
if fiuf

291

telles

que nous

convenir qiC elles ne font pas tout--fait les imaginons i en un mot que

les ides

On
tions
refpecl
Q^iii

ont chang. peut rpondre , que les ides des napolices n'ont jamais chang fur le

que les enfans doivent leurs pres. , peut douter , ajoute t-il , que les ides fCayent chang en dijfrens ficles fur des poitits de morale plus importans ? On rpond qu'il n'y en a gures de plus
importans.

Un

Franais

continue- t-il

ejl

infult

prtendu bon Ihts franais veut qu'il courre les qu'il tue ou meure pour rifques du duel ,

recouvrer fou honneur.

On rpond que ce n'eft pas le feul prtendu bon-fens franais, mais celui droutes les nations de l'Europe fans exception.

On ne fent pas ajfez combien cette maxime paratra ridicule dans deux mille ans j de quel air on l'aurait fje du tems ^^' Euripide.

Cette

maxime
;

ei cruelle

&

fatale

non
air

pas ridicule

&

on ne

l'et fifle

, mais d'aucun

du tems d'Euripide. Il y avait beaucoup d'exemples de duels chez les Grecs & chez les

Aliatiques.

On

voit

ds

le
,

commencement
/ichille

du premier

livre de
\

l'Iliade
il

tirant
fe

moiti fon pe

&

tait prt

battre

contre Agameynnon , G Minerve n'tait venue le prendre par les cheveux, & lui faire re-

mettre fon pe dans

le

foureau.

ij

C92
fe

Anciens et modernes." Tlutarqiie rapporte qu'EpheJion & Cratre

battirent en diid
Il

&

qu' Alexandre les f^

para.
'Quinte-

elt

d'accord avec Quinte - Curce

qui

dit

Curce

que deux autres officiers d' Alexandre fe imparibiis armis diiello battirent eu duel
:

tW. IX

certant.

Et puis
prie
,

quel rapport

y a - 1 - il
les

je

vous

reproches que ic font Admte ik fon pre Fhrs tour--tour d'tre des lches 'i d'aimer trop la vie , Je ne donnerai que cet exemple de l'aveuentre
,

un duel

&

&

glement des tradudeurs


teurs
;

&
le

des

commenta(\o

puifque Briimoy

plus impartial

tous, s'ell gar ce point, que ne doit-oi'^ pas attendre des autres ? Mais i les Brumoyi
Si
les

Daciers taient
,

je

leur

demande-

rais volontiers
fel

dans le Euripide : Je ne crains point le foudre de Jupiter. Je ne fais fi ce Jupiter efl un Dieu plus plus fort que moi. Je vie fonde trs jier , peu de lui. S'il fait tomber de la pluie je me

trouvent beaucoup de difcours que Foliphme tient dans


s'ils

renferme dans ma caverne j fy mange un veau rti , ou quelque bte fanvage j aprs quoi je nC tends tout de mon long j f avale un grand

pot de

lait

je dfais

mon

faion

je faif fw-

tendre un certain bruit qui vaut bien celui


tomierre.
Il

du

faut
fin
fait
,

bien

que

n'ayent pas le nez ne font pas dgotes de ce bruit Foliphme quand il a bien mang.

que

les fcholiaftes

s'ils

Anciens et modernes.
Ils

29

riait de que jaumii les Athniens toute la popunont ri d'une fotife. Quoi lace d'Athnes avait pUis d'efprit que la cour de Louis XIV ? Et la populace n'e(t pas la

difent

que

le
,

parterre d'Athnes

cette plaifanterie

&

mme
Ce

partout

i
,

n'eft pas c^^ Euripide ^l'ait des beauts


j

&

Sophocle encor davantage

mais

ils

ont de

grands dfauts. On ofe dire que les de Corneille & les touchantes tragdies de Racine , l'emportent autant fur les tragdies de Sophocle 8c ' Euripide , que ces deux Grecs l'emportent fur Thefpis. Racine fentait bien fon extrme fupriorit fur Eutrs plus
belles' fcnes
,

ripide

mais

il

louait ce pote

Grec pour huell

milier Perrault.

Molire

dans

fes

bonnes pices,

auffi

fuprieur au pur , mais froid Tcrence , au farceur Arijlophane , qu'au baladin Dancoiirt.
Il y a donc des genres dans lefquels les modernes font de beaucoup fuprieurs aux

&

anciens
lefquels

& d'autres en trs petit nombre dans nous leur fommes infrieurs. C'eft
la difpute.

quoi fe rduit toute

De quelques comparaisons entre


des ouvrages clbres.
raifon & le got veulent ce me femqu'on diftingue dans un ancien comme dans un moderne le bon & le mauvais,

La
,

ble

iij

294

Anciens et modernes.

qui font trs fouvent ct l'un de l'autre. On doit fentir avec tranfport ce vers de Corneille , ce vers tel qu'on n'en trouve pas

un

feul

ni

dans Homre

ni dans Sophocle,
:

ni dans Euripide qui en approche

Que voulez-vous qu'il fit contre trois

? -

Qu'il mourt.

&

l'on doit avec la

mme

fagacit

&

la

mme

juftice

rprouver les vers fuivans. En admirant le fublime tableau de la dernire fcne de Rodogiine , les contraftes frapans des perfonnages & la force du coloris, l'homme de got verra par combien de fautes
cette

fituation

terrible

eft

amene
,

quelles

invrailemblances l'ont prpare


il

quel point

que Koogune ait dmenti fon capar quels chemins raboteux il a falu palfer pour arriver cette grande & traa f\lu
,

racflre

&

gique cataltrophe. Ce mme juge quitable ne

fe lafera

point
feules

de rendre
texture

jultice

fartificieufe

&
,

fine conles

des

tragdies

de Racine

peut-tre qui ayent t bien ourdies d'un bout l'autre depuis jTifchile jufqu'au grand licle de Loi's XIV. Il fera touch de cette lgance continue , de cette puret de langage , de cette vrit dans les caraclrcs qui ne fe trouvait que chez lui ; de cette grandeur fans enflure qui feule eft grandeur j de ce naturel qui ne s'gare jamais dans de vaines dclamations , dans des difputes de fophille

Anciens ET MODERNES.

29^

dans des penfes auf faufles que recherches , fouvent exprimes en folcifmes i dans des plaidoyers de rhtorique plus faits pour les coles de province que pour la tragdie. Le mme homme verra dans Racine de la faiblefle & de l'uniformit dans quelques caradres ; de la galanterie , & quelquefois de

mme ; des dclarations d'aqui tiennent de l'idillc & de l'lgie plutt que d'une grande paffion thtrale. Il fe plaindra de ne trouver dans plus d'un morceau trs bien crit , qu'une lgance qui lui
la

coquetterie

mour

plait,

&

non
;

pas

un

torrent d'loquence qui

faible

n'prouver qu'une motion & de fe contenter d'approuver quand il voudrait , que fou efprit ft tonn & fon cur dchir.
l'entrane
il

fera fich de
,

C'eft ainfi qu'il jugera les anciens

non pas

fur leur

tems o ils vivaient , mais fur leurs ouvrages mme ; ce ji'eft pas trois mille ans qui doivent plaire
,

nom non

pas fur

le

c'ed

frape

mme. Si une darique a t mal que m'importe qu'elle reprfente le fils 'HyJiafpes ? la monnoie de Varin eft plus rcente mais elle eft infiniment plus belle. Si le peintre Thnante venait aujourd'hui prfenter ct des tableaux du palais-royal fon tableau du facrifice 'Iphignie, peint de des gens quatre couleurs i s'il nous diluait d'efprit m'ont aifur en Grce que c'eft un
la

chofe

artifice

admirable d'avoir voil

le

vifage d'^-

iiij

fl9^

Anciens et modernes.
la crainte

gamenwon dans

que

fa
,

douleur n'-

galt pas celle de Cliteninejlre

&

que

les lar-

mes du pre ne deshonoralfent la majeft du monarque il fe trouverait des connailleurs qui lui rpondraient C'ed un trait d'efprid & non pas un trait de peintre. Un voile fut
5 ,

la tte
effet

de votre principal perfonnage

tait

un

dans un tableau. Vous avez manqu votre art i voyez le chef-d'uvre de Kubens , qui a fu exprimer fur le vifage de Marie de Mdicis la douleur de l'enfantement
affreux

l'abattement
drelfc
,

la

joie

le

fourire

&

la
,

ten-

non

pas avec quatre

couleurs

mais

avec toutes les teintes de la nature. Si vous vouliez {\i^ Agiimemnon cacht un peu fou vifage , il falait qu'il en cacht une partie avec fes mains pofes fur fon front & fur fes yeux i & non pas avec un voile que les hommes n'ont jamais port , & qui ell; aulfl
dfagrable la vue
qu'il
eft
,

auii

peu pittorcfque

oppof au coftume j vous deviez alors lailfer voir des pleurs qui coulent , que le hros veut cacher ; vous deviez exprimer dans fes mufcles les convulfions d'une douleur qu'il veut furmontcr. Vous deviez peindre dans cette attitude la majelfc & le
dcfelpoir.

&

V'ous
le

tes

Grec

&

Riibens elt

Belge

mais

Belge l'emporte.

, ,

Anciens et modernes.
D'un passage d'Homre.

297

homme de lettres d'un efd'un got cultiv , fe trouva un jour dans la bibliothque de mylord Chejf.r& un Ecofjield avec un protelfeur d'Oxford lais qui vantait le pome de Fingal > compof, diiait-il dans la langue du pays de Galles
Florentin
,

Un

pric julle

&

laquelle eft encor en partie celle des Bas-Bre-

tons.
le

Que

l'antiquit cil belle, s'criait

- il

pome de Fingal
,

a palT

che jufqu' nous depuis ans fiins avoir t jamais altr j tant les beauts vritables ont de force fur l'efprit des hommes alors il lut ralTembe ce

de bouche en bouprs de deux mille

commencement de
Cnchidhi
j,

Fingal.

tait aiis prs

de

la

muraille de
agite
;

Tura

fous l'arbre de

la feuille

fa

pique repofait contre un rocher couvert de moufle , fon bouclier tait fes pieds fur 55 l'herbe. Il occupait 1 mmoire du fouvenir du grand Carbart hros tu par lui la 5,

guerre. Monvi n de
33

Fitilh

Moran

fentilui.

nelle de l'Ocan

fe

prfenta devant
,

Lve-toi,

lui

dit-il

lev -toi Cucbidini


,

je vois les vailfeaux de Siiaran les enne mis font nombreux plus d'un hros s'a,

5,

vance fur

les

vagues noires de
,

la

mer.
,

53

Cuchiilhi
fils

aux yeux bleus


de
Fitilh
,

lui rpliqua

Moran

tu trembles toujours

298
,5

Anciens et modernes.
non^bre des enle

tes craintes multiplient le

nemis. Peut-tre
5,

ell-ce

roi des

mon-

tagnes defertes

qui vient

mon
dit
eft

fecours

s,
5,

dans

les plaines d'Ullin.

Non,
,

Moran,

haut qu'un rocher de glace ; j'ai vu fa lance elle elt comme un haut fapm branch par les vents i Ton bouclier eft comme la 5, lune qui fe lve ; il tait aiis au rivage fur un rocher , il reflmblait un nuage qui couvre une montagne , &c, " 5,
c'ed Sunran
il

lui-mme

aulfi

5,

Ah
alors

voil

le

vritable

ftile '

Homre

dit

le

profelfcur

m'en

plait

d'Oxford ; mais ce qui davantage c'ell que j'y vois la


,

fublime loquence hbraque. Je crois lire les palfages de ces beaux cantiques. Pfau Tu gouverneras toutes les nations que me 7, tu nous Ibumettras , .avec une verge de
,, 5,

fer

tu

les

briferas

comme

le

potier fait

un

5,

vafe.

Pf.3.
Pf. 17.
5,

Tu

briferas les dents des pcheurs.

La terre montagnes

a trembl
fe

Pf.

Seigneur s'ert & il a lanc la grle & des charbons. 19. I! a log dans le foleil & il en eft forti
,

fondemens des parce que le fch contre les montagnes;


,

les

font branls

Pf. 57.

comme un mari fort Dieu brifera leurs


,

de fon

lit

dents dans leur bouleurs

il mettra en poudre che mchelires ils deviendront de l'eau y car il a tendu fon
i

dents

rien

comme

arc pour les

Anciens et moderne s.
abattre

299
les

ils

feront engloutis tout vivans


,

dans fa colre

avant d'attendre que

pines foient auii hautes qu'un prunier.

Les nations
affames

comme
tu
te

viendront vers le foir , des chiens ; & toi , Seid'elles


,

Pf. 58.

gneur

moqueras

&

tu les

rduiras rien.

La montagne du Seigneur

eft

une mon-

Pf. d-j^

tagne coagule ; pourquoi regardez - vous les monts coaguls ? Le Seigneur a dit , je jetterai Bafan j je le jetterai dans la mer afin que ton pied foie teint de fang , que la langue de tes chiens lche leur fang. Ouvre la bouche bien grande ^ & je la ,.
remplirai.
,,

&
Pf. 80.

Rends les nations comme une roue qui tourne toujours , comme la paille devant la face du vent , comme un feu qui brle
fort
,

Pf. 82.

une

comme une flamme


\

des montagnes

tu

les

qui brle pourfuis dans ta

tempte , & ta colre les troublera. les nations \ il les rem- Pf. ,, Il jugera dans plira de ruines , il caira les ttes dans la terre de plufieurs. Bienheureux celui qui prendra tes petits Pf. 136. enfans & qui les crafera contre la pierre

m,

&.C.

&c.

<S:c.

Le Florentin ayant cout avec une grande attention les verfets des cantiques rcits par le dodcur, & les premiers vers de Ymgal beugles par l'Ecolis , avoua qu'il n'tait

300
tiques
ftic

Anciens et modernes.
ces

pas fort touche de toutes


,

figures

afia*
le

S:

qu'il

aimait beaucoup mieux

noble de Virgile. 1 L'Ecoliais p.^lic de colre ce difcours dodeur d'Oxford leva les paules de piti ; mais mylord Chejierfield encouragea le Florentin par un fourire d'approbation. Le Florentin chauti , Se fe Tentant appuie, leur dit ; Meilleurs , rien n'eft plus aif que d'outrer la nature rien de plus difficile que de rimiter. Je luis un peu de ceux qu'on appelle
(impie
, ,

&

en

Italie

huprovifatori

&

je

vous

parlerais

huit jours de luite en vers dans ce llile oriental fans me donner la moindre peine, parce qu'il

n'en faut auciuie pour tre ampoul en vers ngligs, chargs d'pithetes, qui font prefque
toujours
les

fur combats

Qui
feriez

pour entafler combats ; pour peindre des chimres. lui dit le profeifeur vous vous
.

mmes

&

un pome pique fur le champ ? Non pas un pome pique raifonnable & en
,

vers corrects
lien
;

comme

Virgile

rpliqua

l'Ita-

mais un pome dans lequel je m'abandonnerais toutes mes ides , fans me piquer d'y mettre de la rgularit. Je vous en dfie , dirent l'Ecoffais & l'Oxfordien.

Eh

bien

donnez -moi un fujet,


,

rpliqua

donna
la la

Mylord Chejlh-fidd lui du Prince noir vainqueur journe de Crecy, & donnant la paix aprs
le

Florentin.

le

fujet

vidoirc.

, ,

ANCI ENs
:

ET

IVI

DE R NE

s.

301

L'improvifateur fe recueillit , & commena ainfi Mufe d'Albion gnie qui prficez aux hros chantez avec moi non la colre oifive d'un homme implacable envers fes amis & fes ennemis non des hros que 5,
, ,
, 5

Dieux favorifent tour - tour fans avoir aucune raifon de les favorifer i non le fige non les qui n'efl; point prife 5, d'une ville exploits extravagans du fabuleux Fin^ai 53 mais les victoires vritables d'un hros que brave qui mit des rois ,5 auli modefte dan>; fes fers , & qui refpeda fes ennemis 35
5,

les

jj

vaincus.
,

Dj George tait defcendu


55

le

Mars de

l'Angleterre

35

haut de l'empire mont fur le courfier immortel devant qui les plus fiers chevaux du Limoufin fuient

du

35 ,5
j3

comme
agneaux
les

les
fe

brebis blantes

&

les

tendres

prpicitent en foule les

uns fur

rie

3,
3,

5,
j,

pour fe cacher dans la bergevue d'un loup terrible , qui fort du fond des forts les yeux tincelans le la gueule cumanre , menapoil hriif ant les troupeaux & le berger de la fureur
autres
la
, ,

de fes dents avides de carnage. Murtin , le clefte protecteur des habltans

JJ
5,

,,
3,

de la fertile Touraine ; Genevive , douce divinit des peuples qui boivent les eaux de la Seine & de la Marne Denis qui
-,

porta fa

tte

eutre fes bras l'afped des

302
j,
,5

Anciens et modernes.
Se

hommes
voyant
cafque
le

des immortels

tremblaient en

l'uperbe George traverfer le valle


airs.

fein des
j,

d'or

Sa orn

tte

des

vaient autrefois les Jruialem clelte quand


5,

couverte d'un qui paplaces publiques de la


ell

diamans

elle apparut aux , mortels pendant quarante rvolutions jour nalires de l'allre de la lumire , & de fa fur inconltante , qui prte une douce

clart aux fombres nuits. Sa main porte la lance pouvantable & ex5, facre , dont le demi -Dieu Michasl cuteur des vengeances du Trs -Haut , tcrrafla dans les premiers jours du monde l'ternel ennemi du monde & du crateur. 5, Les plus belles plumes des anges qui airillent 5, autour du trne, dtaches de leurs dos im,

mortels flottaient fur Ion cafque autour duquel volent la terreur la guerre homila vengeance impitoyable & la mort 5, cide
, ,
,

5,

qui termine toutes

les

calamits des mal-

,, ,,

heureux mortels. Il relTemblait une comte qui dans fa courfe rapide franchit
les orbites des aftres

5,
j,

tonns

lailfant loin

derrire elle des

traits

d'une lumire ple

&

terrible
la

qui annoncent aux faibles hu-

3,

mains
Il

chute des rois

&

des nations.

s'arrte fur les rives de la

Charente,


s,

&
tit

le

bruit de les armes immortelles retenjufqu'a la fphre de Jupiter de Scr-

&

tume.

Il

fit

deux pas

&

il

arriva juf-

Anciens en modernes.
l,

303

3,

qu'aux lieux o le fils du magnanime Edouard attendait le fils de l'intrpide " rhilippe de
Valois.

Le Florentin continua fur


plus d'un quart heure.

ce ton pendant Les paroles fortaient

bouche (comme dit Homre ) plus ferres abondantes que les neiges qui tombent pendant l'hyver ; cependant fes paroles
de
fa

&

plus

n'taient pas froides

elles
,

relfemblaient plu-

qui s'chappent d'une forge enflamme , quand les cyclopes frappent les foudres de Jupiter fur l'enclume
retentilfante.

tt aux rapides tincelles

Ses deux antagoniftes furent enfin obligs

de

le faire taire

en

lui

avouant
, ,

qu'il

tait

plus aif qu'ils ne l'avaient cru

de prodi-

guer
ciel
,

les

images gigantefques
terre

&
le

d'appeller le
;

la
ils
,

&
le

les

enfers fon fecours


c'tait le

mais
l'art

foutinrent que

de mler

tendre

&

comble de touchant au

fublime.

Y a-t-il
dien
,

rien, par exemple, dit l'Oxfor-

de plus moral
,

plus voluptueux

en mme tems de , & que de voir Jupiter qui


fur le

couche avec

fa

femme

mont

Ida ?

Mylord
iieurs
,

Chefierfeld prit alors la parole,,

Mef.

vous demande pardon de me mler de la querelle, peut-tre chez les Grecs c'tait une chofe trs intreflante , qu'un Dieu qui couche avec fon poufe fur une montagne. Mais je ne vois pas ce qu'on peut troudit-il
je

304.

Anciens et modernes.

ver l de bien fin ik de bien attacliant. Je conviendrai avec vous que le fichu , qu'il a plu aux commentateurs & aux imitateurs d'appeller la ceinture de Vnus , eft une image charmante j mais je n'ai jamais compris

que ce

ft

un

Ibporatif , ni
les
le faire

comment
du

Jinion
niaitre

imaginait de recevoir
des Dieux pour
plaifiuit

carelfes

dormir.

Voil

un

chofe
je

Dieu de s'endormir pour fi peu de je vous jure que quand j'tais jeune

ne m'alfoupilTais pas fi aifment. J'ignore s'il e(t noble, agrable, intrellant , fpiritucl

&

dcent de

faire dire

par Jiaion Jupiter

Si vous voulez ablblument me carellr , al Ions -nous- en au ciel, dans votre apparte. ment, qui clt l'ouvrage de Vnlcain , ik donc 33 la porte ferme i bien qu'aucun des Dieux 3, n'y peut entrer. 3j
Je n'entends pas non plus

comment

le

fommeil, que Jiinon prie icnornm Jupiter , peut-tre un Dieu \ veill. Il arrive en un moment des ifles de Lemnos & d'Imbros au mont Ida \ il eil beau de partir de deux ifles
la foisjde-l
anlfi-tt
il monte fur un fapin, il court aux vailfeaux des Grecs i il cherche

i il le trouve, il le conjure de donvidoire ce jour-l l'arme des Grecs; il retourne Lemnos d'un vol rapide. Je n'ai rien vu de i\ frtillant que ce fommeil. Enfin , s'il faut abfolument coucher avec

Neptune
ner
la

&

quelqu'un dans

un pome pique

j'avoue

que

Anciens ET MODERNES.
'Alcine
jjaud.

30^

que j'aime cent fois mieux les rendez - vous avec Roger , & \drniide avec Re^
V^enez
,

mon

cher Florentin

me

lire

ces

deux chants admirables


Tajfe.

de

VArioJle

&

du

Le Florentin ne
Chejieyfiel

fe

fit

pas prier.
le

Mylord
d'Oxtait

fut enchant.
i

L'Ecoflais pendant
profelfeur
le

ce tems. l relifait Fiiigal

ford relifait

Homre

&

tout

monde

content.

On conclut enfin , qu'heureux eft celui qui dgag de tous les prjugs , eft fenlible au mrite des anciens & des modernes , apprcie leurs
les

beauts

connait leurs fautes

&

pardonne.

ANE.
Ajoutons
d'or

quelque chofe l'article Ane, concernant l'ne de Liicie}i , qui devint


^ Apule.

entre les mains


plaifant eft

Le plus

plai^

fant de l'avanture eft pourtant dans Lucien

& ce

qu'une dame devint amoureufe de ce monleur , lorfqu'il tait ne , & n'en voulut plus lorfqu'il ne fut qu'homme.
,

Ces mtamorphofes taient

fort

communes

dans toute l'antiquit. L'ne de Silne avait Premire partie.

3o5
parl
,

A N

e;

pliqu

les fa vans ont cru qu'il s'tait exen arabe : c'tait probablement un homme change en ne par le pouvoir de fatfchus. Car on fait que Baccbus tait Arabe.

&

Virgile parle

en loup
Sapt

comme

de la mtamorphofe de Afrit d'une cliofe trs ordinaire.

luputn fieri

Marin
Ce

6^ fc condere fylvis,
les bols.

Mris devenu loup

cacha dans

Cette dodrine des mtamorphofes tait-elle


drive des vieilles fables d'Egypte
bitrent que
les la
,

qui d-

Dieux

s'taient

changs en
les

animaux dans
Les Grecs
,

guerre contre

gants ?

grands imitateurs
les

enchri lieu rs fur

fables orientales

mes

morphoferent prefque tous les ou en btes , pour les faire rulir dans, leurs delfeins amoureux.
,

grands mtaDieux en hom,


,

&

mieux

Si les Dieux fe changeaient en taureaux, en chevaux , en cygnes en colombes pour,

quoi n'aurait - on pas trouv le fecret de la mme opration fur les hommes ?
Plufieurs commentateurs
refpecl qu'ils devaient
,

faire

en oubliant

le

aux iamtes critures, ont cit l'exemple de Nabiicodonofor chang en buf mais c'tait un miracle une vengeance divine une chofe entirement hors de la fphre de la nature , qu'on ne devait
; , ,

A H
pas examiner

E,

307
prophanes
,

avec

des

yeux

&

qui ne peut tre

l'objet

de nos recher-

ches.

D'autres

favans

non moins

indifcrets

peut-tre, fe font prvalus de ce qui eft rapport dans VEvangile de l'enfance. Une jeune fille en Egypte , tant entre dans la

chambre de quelques femmes


let

vit

un mu-

couvert d'une houlfe de foye , ayant fon cou un pendant d'bne. Ces femmes lui donnaient des baifers , & lui prfentaient manger , en rpandant des larmes. Ce mulet tait le propre frre de ces femmes. Des magiciennes lui avaient

t
la

la

figure
la lui

humairendit

ne

&

le

Matre de

nature

bientt.

Quoique
empche de
fervir

cet vangile foit


le feul

apocryphe
,

la

vnration pour

nom

qu'il porte

nous

dtailler cette avanture.

Elle doit

feulement faire voir combien les m= tamorphofes taient la mode dans prefque toute la terre. Les chrtiens qui compofrent cet vangile , taient fans doute de bonne foi. Ils ne voulaient point compofer un roman. Ils rapportaient avec fimplicit ce qu'ils avaient entendu dire. L'glife qui rejetta dans la fuite cet vangile avec quarante neuf autres , n'accula

pas les
;

auteurs d'impit
les

rication

ces auteurs

ik de prvaobfcurs parlaient la

populace

flon

prjugs de leur tems,

i)

308

Ane.
tait peut-tre le feul

La Chine

pays exempt

de ces luperlUtions. L'avanturc des compagnons


gs en btes par Circ
,

d' Ulyjje,

chan-

beaucoup plus ancienne que le dogme de la mtempfycofe annonc en Grce & en Italie par Fytait
,

thagore.

Sur quoi fe fondrent les gens , qui prtendent qu'il n'y a point d'erreur univeifclle, qui ne Toit l'abus de quelque vrit ? ils difent qu'on n'a vu des charlatans , que p;irce qu'on avait vu de vrais mdecins , (Se qu'on n'a cru aux faux prodiges , qu'a caufe des
vritables.

Mais avait-on des tmoignages certains que hommes taient devenus loups b(Euts , ou chevaux , ou nes i cette ei reur univerque l'amour felle n'avait donc pour principe du merveilleux , & l'inclination naturelle pour la fu perdition.
des
, ,

d'une opinion errone pour remde fables. Un docteur Indien voit que les btes ont du fentiment , & de la mmoire. Il conclut qu'elles ont une ame. Les hommes en ont une auli. Que devient l'ame de l'homme aprs fa mort i Que devient l'ame de la bte ? Il faut bien qu'elles logent quelque parc. Elles s'en vont dans le
Il

fuffit

plir l'univers

premier corps venu

qui

commence

fe for-

Ane.
mer. L'amc d'un bracmane loge dans
d'un lphant
le
,

309
le

corps l'ame d'un ne fe loge dans corps d'un petit bracmane. Voil le dog-

me

de

la

mtenipficofe

qui s'tablit fur

un

limple raifonnement.

Mais il y a loin de l au dogme de la mramorphofe. Ce n'eft plus une ame fans


logis
,

qui cherche

un

gite.

C'elt

un corps
,

chang en un au:re corps fon ame demeurant toujours la mme. Or , certainement nous n'avons dans la nature aucun exemple d'un pareil tour de gobelets.
qui
elt

Cherchons donc quelle peut tre l'origine d'une opinion Ci extravagante & fi gnrale. Sera- t- il arriv qu'un pre ayant dit Ton fils plong dans de laies dbauches , & dans
l'ignorance
,

Tu

es

un cochon
,

nu cheval un
,

ne

enfuite

l'ayant mis

en pnitence avec

un bonnet

d'ne fur la tte

une fervante du

voifinage aura dit que ce jeune

homme

a t

chang en ne en punition de
voilnies

Tes fautes ? Tes


,

l'auront

redit d'autres voifines

de bouche en bouche ces hilloires , accompagnes de mille circonftances, auront fait le

&

tour du monde.
toute
la

Une quivoque

aura tromp

terre.

l'quivoque a t
ios fotifes.

Avouons donc encor ici avec Boileau , que la mre de la plupart de


le

Joignez cela

pouvoir de

la

magie
iij

re-

310

B.

les nations; vous ne ferez plus tonn de rien. (Voyez Majie. )

connu incontertable chez toutes

&

Encore un mot fur


,

les nes.

On

dit qu'ils

font guerriers en Mfopotamie j & que Merle vingt & unime calife , fut furnomvan

Vane pour

fa valeur.

Le
trait

patriarche

Phoiius rapporte
,

dans Vex-

de la vie d'Ifidore
,

qu' Ammoiiius avait

un ne
fie

qui

fe connailfait trs

bien en po-

qui abandonnait fon rateUer pour al, ler entendre des vers. La fable de Midas vaut mieux que le conte

&

de

Photitis.

DE L'ANE D'OR de MACHIAVEL.


connat peu VAne de Machiavel. Il ne fut point achev, & c'eft dommage; tous les didionnaircs qui en parlent , difent que c'eft un ouvrnge de fa jeunelfe j il parait pourtant qu'il tait dans l'ge mr , puifqu'ii parle des malheurs qu'il a efluis autrefois & trs longtems. L'ouvrage efl: une fityre de fes contemporains. L'auteur voit beaucoup de Florentins dont l'un elt chang en chat , l'autre en dragon , celui-ci en chien qui aboie la lune , cet autre en renard qui no s'eft pas

ON

De l'ane d'or de Machiatel,


Jaiile

311

prendre.

Chaque caradre
,

eft

peint fous

le

nom
;

d'un animal. Les fadions des Mdicis

&
te

de leurs ennemis

font figures fans dou-

&

qui aurait

la

clef de cette apocalypfe

comique , lurait Vhijioire fecrette du pape Lon X & des troubles de Florence. Ce pome cft plein de morale & de philofophie. Il fibonnes rflexions d'un nit par de trs gros cochon qui parle - peu - prs ainfi l'homme.
,

Animaux

deux pieds
,

fans

vtemens
,

fans armev
,

Point d'ongle

un mauvais cuir
,

ni

plume

ni toifon
;

Vous Vous prvoyez vos maux


pleurez en naiffanr

&
ils

vous avez raifon

mritent vos larmes.

Les perroquets

&
fit

vous ont

le

don de

parler,
;

La nature vous
Mais vous
Et quel

des mains induftrieufes


,

fit-elle

hlas

des mes vertueufes

homme
:

en ce point nous pourait galer

L'homme

eft plus vil

que nous

plus mchant

plus

fauvage

Poltrons ou furieux

dans

le

crime plongs

Vous prouvez

toujours ou
,

la crainte

ou

la rage.

Vous tremblez de mourir

&. vous

vous gorgez.

Jamais de porc porc on ne

vit

d'injuftices.
la yz'iXm

Notre bauge

eft

pour nous

le

tempie de

Ami que
,

le

bon Dieu

mi^ prferve jamais


I

De

redevenir

homme

& d'avoir tous tes vices

iiij

312
que

De
ft

L'aNE d'or de MACHIAVFtr


roriginal de la fatyre de l'homme
,

Ceci

cft

Eoilenii

&

de la fable dss compagnons

d' Ulyjfe crite par

La

Fontaine.

Mais

il

ei trs

vraifemblable que ni
n'avaient
cbiavel.

La Fontaine

ni

Boileati

entendu parler de Whie de

yV/a-

DE L'ANE DE VRONE.

I ledeur.
l'ne de

faut tre vrai

&

ne point tromper fon


Ci

Je ne

ais

pas bien pofitivement

dans toute fa fplendeur, parce que je ne l'ai pas vu mais les voyageurs qui l'ont vu , il y a quarante ou cinquante ans s'accordent dire que fes reliques taient renfermes dans le ventre d'un ne artificiel fait exprs ; qu'il tait fous la garde de quarante moines du couvent de Notre-Dame des Orgues Vrone , & qu'on le portait en procelion deux fois l'an. C'tait une des plus anciennes reliques de la ville. La tradition difait que cet ne , ayant port Voyez notre Seigneur dans fon entre Jrufalem , Mijjon. n'avait plus voulu vivre en cette ville ; qu'il Tome I. avait march fur la mer aul endurcie que fa
:

Vrone

fubfifte encor

pnges lor
^^^y^Q
j

qu'il
,

j^^ait pris

fon chemin par Chy-

pre

Rhode
il

Candie

que de l

tait

Malthe & la Sicile ; venu fejourner Aquile j &


,

De l'ANE DE VRONE.
<^u'enfiii
il

313

s'tablit

Vrone

il

vcut trs

longtems.

Ce qui donna
la

lieu cette fable

c'eft

que

plupart des nes ont une efpce de croix noire fur le dos. Il y eut apparemment quel-

que
la

vieil ne aux environs de Vrone, chez qui populace remarqua une plus belle croix qu'
:

fes confrres

une bonne femme ne manqua


c'tait

pas de dire que

celui qui avait fervi

de monture l'entre dans Jrufalem ; on fit de magnifiques funrailles l'ne, La fte de Vrone s'tablit i elle pafla de Vrone dans les autres pays j elle fut furtout clbre en France i on chanta la profe de l'ne la
meiTe.
Orientis partibus

Adventavit afinus
Pulcher &, fortijjmus.

Une fille rprefentant la Ste. Vierge allant en Egypte, montait fur un ne & tenant un enfant entre fes bras , conduifait une longue procelion. Le prtre la fin de la mefle. Voyez au lieu de dire Ite , Mijfa eji fe mettait Du Carv
,
,

braire trois fois de toute fa force


pie rpondait en chur.

&

le

peu-

&.

Nous avons
Se fur celle

Jw
la fte
ils

des livres fur


;

de fane i^/murs
des na~
tions.

des fous

rhilloire univerfelle de l'efprit

peuvent fervir humain.

314

I.

ANGE.
L*Auteur
pdie
,

de
dit

l'article

An^e dans l'Encycloles

que

toutes
,

religions ont adraifort

mis

l'exilience des

anges

quoique la

na-

dmontre pas. Nous n'avons point d'autre raifon que la naturelle. Ce qui ell furnaturel ell au delTus de la raifon. Il fal-ait dire ( fi je ne me trompe ) que plusieurs religions , & non pas toutes ont reconnu des anges. Celle de Niima, celle du fdbifme , celle des druides celle de la Chine , celle des Scythes , celle des anciens Phniciens & des anciens Egyptiens , n'admirent point les anges. Nous entendons par ce mot , des miniftres de Dieu , des dputs , des tres mitoyens entre Dieu & les hommes , envoys pour
turelle ne la
,

nous

fignifier fes ordres.

Il y a aujourd'hui quatre mille huit cent quatre -vingt ans que les bracmanes le vantent d'avoir par crit leur premire loi facre, intitule Le Shajia , quinze cent ans avant

leur fconde loi


fie la

nomme
Le

Veidani

qui (ignifes at-

parole de Drtu.

Shajia contient cinq

chapitres.
tributs
le
:

Le premier, de Dieu
fcond
,
,

^ de

le

troilme

de la cration des anges : de la chute des an^es : le qua-

A N
trinie
,

E,

31^
,

de leur punition
,

le

cinquime
de l'homme.

pardon
Il

^ de
utile

Je leur
la

la cration

e(l

de remarquer d'abord

ma-

nire dont ce livr parle de

Dieu.

Premier chapitre du Shasta.


Dieu
eft

un

il

a cr tout

c'eft

une

fphre parfaite fans commencement ni fin. DihU conduit toute la cration par une providence gnrale rfultante d'un prin cipe dtermin. Tu ne rechercheras point dcouvrir l'elfence & la nature de l'E ternel , ni par quelles loix il gouverne :
j,

une

telle entreprife eft

vaine

&

criminelle;

que jour & nuit tu contemples dans fes ouvrages fa fageffe , fon pouvoir " & fa bont. Aprs avoir pay ce dbut du Shaja le tribut d'admiration que nous lui devons j voyons la cration des anges.
35

c'eft aflez

Second chapitre du Shasta.


L'Eternel abforb dans
,

la

contemplation

de fa propre exiftence rfolut dans la pl nitude des tems de communiquer fa gloire


jj 3,

&

fon elfence

des tres capables de fentir


fa

&

de partager

batitude

comme
,

de
ils

fervir fa gloire. L'Eternel voulut furent. 11 les forma en partie de fon

&

eflen-

3i<;

An
y

t.

ce , capables de perfedlioii tioii flon leur volont.


,5

&

d'imperfec-

L'Eternel cra d'abord Birnia


cnluite Afozazor
,

Vitfiiou
la

,5

ik Sib

&

toute

mul-

titude des anges. L'Eternel donna la pr mincnce Birinu ,k Vitfuoii & Sib. Bir via Fut le prince de l'aime anglique i Vitfunn & Sib furent fcs coadjutcurs. L'E^ ternel divifa l'arme anglique en plufieurs ^ bandes, & leur donna chacune un chef.
2.

adorrent l'Eternel , rangs autour de fon trne chacun dans le degr alfign. L'harmonie fut dans les cieux. Aozazoy 5, 5, chef de la premire bande, entonna le cand'adoration au Cra5, tique de louange & ,, teur , & la chanfon d'obiifance Birnui
3,

Ils

5,
5,

fa

premire crature

ik

l'Eternel fe

r-

jouit dans fa nouvelle cration^

"

Chapitre

IIL

De

la.

chute d'une par-

tie DES ANGES.


la cration de l'arme clefte , l'harmonie environnrent le trne de l'Eternel dans l'efpace de mille ans multiplis par mille ans ; & auraient dure

Depuis
la

joie

&

jufqu' ce que
n'avait pas
,

le

tems ne

fut plus

fi

l'envie

des

Mozazor & d'autres princes bandes angliques. Parmi eux tait 2viM^\\
,

bon

le

premier en dignit aprs Mozazor.


leur cration

Immmorans du bonheur de

Ange.

317

Se de leur devoir , ils rejettrent le pouvoir de perfedion, & exercrent le pouvoir d'im perfedion. Ils firent le mal rafped de TE ternel ; ils lui dfobeirent & refuferent de fe

foumettre au lieutenant de
aifocis Vitftiou.

Dieu
dirent

&.
,

fes

&

Sib
;

&

ils

Nous
ils

voulons gouverner
fance

& fans craindre la puif,

&

la

colre de leur Crateur

r-

,
,

pandirent leurs principes fditieux dans l'arme clefte. Ils lduilirent les anges , & entranrent une grande multitude dans
la rbellion
j

&

elle

s'loigna

du trne

de l'Eternel i & la triftelle lai lit les efprits angliques fidles , & la douleur fut connue pour la premire fois dans le ciel.

Chapitre

IV.

Chtiment des anges

COUPABLES.
5,
,

L'Eternel

dont

la

toute

fcience

la

prefcience

&

l'influence s'tend fur toutes

chofes

a cr libres
la

except fur l'adion des tres qu'il vit avec douleur & colre ,

dfedion

de Mozazor

de Rnabon
il

&
en-

des autres chefs des anges.


,,

Mifricordieux dans Ion couroux


,

voya Birma

Vitjiinu
,

8c Sib

pour

leur

reprocher leur crime & pour les porter rentrer dans leur devoir mais confirn:s
:

dans leur efprit d indpendance , ils perill(^rent dans la rvolte. L'Eternel alors

318

A K

K.

comman(a 5"/^ de marcher contre eux arm de la toute-puiflance & de les prcipiter du lieu mirient dans le lieu de tnbres dans Vonder , pour y tre punis pendant mille ans multiplies par mille " ans.
,
,

Prcis du ciKauiME chapitre.

Au bout

de mille ans

Birma

Vitfnou

&

Sib follicitrent la clmence de l'Eternel en

faveur des dlinquans. L'Eternel daigna les dlivrer de la prifon de VOnder , & les mettre dans un tat de probation pendant un grand

nombre de rvolutions du
cor des rbellions contre

foleil.

Il

y eut ence tems

Ditu dans

de pnitence.

Ce

fut dans

un de
les

ces priodes

que Dieu

cra la terre

anges pnitens y fubirent i plulieurs mtempficofes j une des dernires fut leur changement en vaches. C'ert de -l que les vaches devinrent facres dans l'Inde >

&

enfin

ils

furent mtamorphofs en

hom-

mes. De forte que le fyitme des Indiens fur les anges , eft prcifment celui du jfuite Botigeaut , qui prtend que le corps des btes font habits par des anges pcheurs. Ce que les bracmanes avaient invent frieufement Bougeant Timagina plus de quatre mille ans aprs par plaifanterie : li pourtant ce badinage n'tait pas en lui un refte de fuperfti-

K G
<ft arriv

E.
,

319
ce quj

ton ml avec l'efprit fyftmatique aflez fouvent.

Telle eft l'hiftoire des anges chez les anqu'ils enfeignent eiicor deenviron cinquante ficles. Nos marchands , qui ont trafiqu dans l'Inde , n'en ont jamais t inftruits i nos milfionnaires ne l'ont pas t davantage i & les brames qui n'ont jamais t difis ni de leur fcience ni de leurs murs , ne leur ont point communiqu leurs fecrets. Il a falu qu'un Anglais, nomm Mr. Holwell , ait habit trente ans Bnars fur le Gange , ancienne cole des bracmanes ; qu'il ait appris l'ancienne langue facre du Hanfcrit , & qu'il ait lu les anciens livres de la religion indienne , pour enrichir enfin notre Europe de ces connaiifances fin-

ciens

bracmanes

puis

gulires j comme Mr. Sale avait demeur longtems en Arabie pour nous donner une tradudion fidelle de l'Alcoran , & des lumires fur l'ancien fabifme
,

religion

mufulmane

de

mme

auquel a fuccd la encor que Mr.


la

Hide a recherch pendant vingt annes en


Perfe

tout ce qui

concerne

religion des

mages.

Des anges des Perses.


Les Perfes avaient trente & un anges. Le premier de tous , & qui eft fervi par quatre autres

anges

s'appelle

Bahaman

jil

a Tint

320
pedion de tous

Ange.
les
,

me

fur qui

DiEU

animaux exxept de l'homs'ell rfervc une juriidic-

tion

immdiate.

prfide au jour o le foleil entre dans le blier , & ce jour eft un jour de fabat ce qui prouve que la fte du fabat tait cbferve chez les Perfes dans les tems les
-,

Dieu

plus anciens.

Le fcond ange

prfide

au huitime jour
dont on a
j

&

s'appelle Dbadiir.

Le troifime
foleil.

eft

Kur

fait

de-

puis probablement Cyrus

ik

c'eft l'ange

du

Le quatrime
la

s'appelle

Ma &
,

il

prfide

lune.

Ainfi chaque ange a fon


les Perfes

diftricT:.

C'eft chez

que la dodrine de l'ange - gardien & du mauvais ange fut d'abord reconnue. On croit que Raphal tait l'ange - gardien
de l'empire Perfan.

Des anges chez les Hbreux.


Les Hbreux ne connurent jamais la chute anges jufqu'aux premiers tems de l're chrtienne. Il faut qu'alors cette dodrine fecrette des anciens bracmanes ft parvenue jufqu' eux. Car ce fut dans ce tems qu'on fabriqua le livre , attribu Enoch , touchant les anges pcK:heurs chalfs du ciel. Mnoch devait tre un auteur fort ancien , puiC
des

Ange.
puifqu'il vivait
,

321
,

flon les Juifs

dans

la fcp-

timc gnration avanc le dluge : mais puifque Setb , plus ancien encou que lui , avait lailf
des livres
ter d'en

aux Hbreux
,

ils

pouvaient

fe

van-

avoir auii iVEnoch. Voici donc ce

qu'Enoch crivit flon eux. Le nombre des hommes s'tant prodigieufement accru ils eurent de trs bel5, anges , les brilans , Egre35 les filles ; les en devinrent amoureux , & furent 35 gori , entrans dans beaucoup d'erreurs. Ils s'aChoi nimrent entre eux , ils fe dirent des femmes parmi les filles 5, lilfons-nous des hommes de la terre. Semiaxas leur prin, :

ce,

dit

Je crains que vous n'ofiez pas actel dellcin


,

complir un
meure dirent
5,

&

que

je

ne de-

feiil
:

delfein
fi

charge du crime. Tous rpnFaifons ferment d'excuter notre & dvouons - nous l'anathme
Ils

,,

nous y manquons.

s'unirent

donc

par ferment,
taient
tirent

&

firent des imprcations. Ils

au nombre de deux cent. Ils parenfemble du tems de Jared & allHerraonim ,, rent fur la montagne appelle 3, caufe de leur ferment. Voici le nom des principaux j Seniiaxxis , Atarculph , Araciel , 5, Chobihiel i Hofauipjich , Zaciel , Farniar Thaiifal ^ Samiel ^ Tiriel ^ SwiiieL 5, Eux & les autres prirent des femmes 5, l'an onze cent foixante & dix de la cra5,
,

tion

du monde.

De

ee

commerce nqui-

Frmiire partie.

g2i

A
trois
,

N
"

.
j

5,

rent

genres
ikc.

d'hommes

les

g^np

Nephtlim

L'auteur de ce fragment crit de ce flile, qui iemble appartenir aux premiers tems ;
c'eft
la mme navet. Il nommer les perfonnages

ne manque pas de
il
,

n'oublie pas les

dates

point de rflexions

mes i

c'eft l'ancienne

point de maximanire orientale.


eft
:

On
,,

voit que cette hiftoire


la

fxime chapitre de

Genfe

fonde fur le Or en c
la

tems
avec rent

il

avait

des

gans fur

terre

3,

car les cnfans de


les filles

5, 3,

Dieu ayant eu commerce des hommes elles enfant,

les puiians

du

licle.

"
,

Le livre d'E)ioch & la Genfe font entirement d'accord fur l'accouplement des anges avec les race des gans
filles

des

hommes

&

fur la

qui en naquit.
livre

Enoch

ni

aucun

Mais ni cet de l'ancien Teftament

ne

parle de la guerre des anges contre


,

Dieu

ni de leur dfaite
l'enfer
,

de leur chute dans ni de leur haine contre le genreni

humain.
Prefque tous
les

commentateurs de l'ancien
,

Teftament
captivit

dil'cnn

unanimement
les Juifs

nom

de Babilone d'aucun ange.


,

qu'avant ne furent

la

le

Celui
,

qui

apparut

Manii

pre

de S'amfon

ne voulut point

dire le fien.

Ange:
Lorfque
les trois

323

hmn

&

qu'il fit cuire


ils ne L'un d'eux
,

anges apparurent Abra^ un veau entier pour


point leurs
l^

les rgaler

lui apprirent
lui dit
:

noms.
voir
1

je viendrai vous
,

fi
,

Dieu me donne
un
la

vie

chaine

^ Sara votre femme aura un


Calmet trouve
trs

anne profis.

entre cette hiftoire


,

grand rapport qu'Ovide raconte dans Tes Fajes , de Jupiter , de Neptune & de Mercure , qui ayant Ibup chez le vieillard Iri , & le voyant afflig de ne pou-

Dom

&

fable

voir faire des eiifans

pilTrent fur le cuir

du

veau qu' Iri leur avait

fervi

&

Iri d'enfouir fous terre , dant neuf mois ce cuir arrof de l'urine clefte.

&

ordonnrent d'y laiifer pendcouvrit fon


appella

Au
cuir

bout de neuf mois


i

Iri

il
,

y trouva un enfant qu'on

aduellement dans le ciel. Calmet dit mme que les termes dont fe fervirent les anges avec Abraham , peuvent fe traduire ainG // natra un fis de votre veau.
Orioji

&

qui

eft

Quoiqu'il en
leur

nom Abraham mme Moife , & nous


Raphal
vit.
(\\xt

anges ne dirent point ils ne le dirent pas ne voyons le nom de ws Tobie, du tems de la captifoit
,

les
,

Tous les autres noms d'anges font pris videmment des Caldens & des Perfes. Ra^

phal

Gabriel^ Vriel &c. font perfans


Il

&

bale

biloniens.

n'y a pas jufqu'au

nom
i}

d'Ifral

qui ne foit caldcen.

Le favant Juif Philoi

, ,

324

Ange.
dans
le

dit exprcflement

rcit

de fa dputaici

tion vers Cdlignla.

Nous ne

rpterons point

ce qu'on a

dit ailleurs des anges.

Savoir

Grecs et les RoiMains admirent des anges i


si

les

Ils

avaient aflez de Dieux

& de demi-Dieux
Mer,

pour
celles

fe pafler d'autres tres fubal ternes.

his admirent encor des gnies , des dmons. La dodrine des angesgardiens fut mife en vers par Hfioe contemporain ce Homre. Voici comme il s'explique dans le pome des iravaux & des jours.
cure ferait les commiiions de Jupiter

de Jiuioiii cependant

ils

Dans

les

tems bienheureux de Saturne


inconnu
,

& de Rhe
;

Le mal

fut

la fatigue

ignore

Les Dieux prodiguaient

tout.

Les humains

fatisfats
,_

Ne

fe difputant rien

forcs de

vivre en paix

N'avaient point corrompu leurs

murs

inahrabies.

La mort

l'affreufe

mort

fi

terrible

aux coupables.

N'tait qu'un

doux

paffage en ce fjour mortel

Des

plalfirs

de

la terre

aux dlices du

ciel.
;

Les hommes de ces tems font nos heureux gnies

Nos dmons
Ecarter

fortuns

les foutiens
ils

de nos vies

Ils veillent prs


, s'il

de nous;
peut
,

voudraient de nos curs

fe

le

crime

& les douleurs, &c.

Ange.
Plus on
fouille dans Tantiquit
les

32^

Voit combien tour, - tour

ou , plus nations modernes ont puif

dans ces mines aujourd'hui prefqu'abandonnes. Les Grecs , qui ont ( ongtems paie pour inventeurs , avaient imit

l'Egypte , qui avait copi les Caldcens , qui devaient prefque tout aux Indiens. La doctrine des anges - gardiens , qii'HJwde avait l

bien chante
les coles
;

fut cnfuite bphiltique dans

c'eft

tout ce qu'elles purent

faire.

Chaque homme eut Ton bon


gnie
,

&

Ton mauvais

comme chacun

eut Ton toile.

Jl ^en'ius natale cornes qui temprt afrum.

Socrate

comme on
faut

fait

avait

un bon

an-

que ce foit le mauvais qui l'ait conduit. Ce ne peut tre qu'un trs mauvais ange qui engage un philofophe courir de maifon en maifon , pour dire aux gens , par demande <Sc par rponfe que le le prcepteur & le petit pre & la mre ga'con font des ignorans & des imbcilles. L'ange - gardien a bien de la peine alors gage
:

mais

il

rantir fon protg de la cigu.

On ne connait de Marais Bnitv.s que fon mauvais ange qui lui apparut avant la ba,

taille

de Philippe.

iij

325

Anguilles.

ANGUILLES.
Race
d'avguille<

formes de farine tT DE JUS DE MOUTON.


,

CElui

qui a
tait
,

dit le

premier

qu'il

n'y a
je-

point de fotife don":


foit capable
,

refprit

humain ne

un grand prophte.
Nedhani
, ,
,

Un
fit

juite Irlandais

nomm

qui voya,

geait dans

rturope

en habit fculiiC,

il

a quelques annes

des expriences l'aide

de plufieurs microfcopcs. Il crut appercevoir dans de la farine de b^ed ergot mife au four, & lailfce dans un vafe purg d'air & bien bouch 5 il crut appercevoir , dis - je , des anguilles qui accouchaient bientt d'autres anguilles. Il s'imagina voir le mme phnomne dans du jus de mouton bouilli.
Aufi-tt plufieurs philofophes de crier
veilles
,

mer-

&

de dire

Il

tout fe fait , tout fe vive de la nature. C'eif l'attraclion , difaitl'un; c'eftla matire organife, diiait l'autre j ce font
des molcules organiques

n'y a point de germe rgnre par une force

vivantes qui ont trouve leurs moules. De bons phyficiens furent tromps par un jfuite. C'ell ainfi ( com-

me

nous

ra\'X)ns dit

ailleurs )
,

qu'un commis
fit

des fermes en BafTe- Bretagne

accroire

Anguilles.
ik)us les
jolie

327
une
des

beaux
,

efprits de Paris

qu'il tait

femme

laquelle fefaic

trs

bien

vers.

Il

faut

de

l'efprit

avouer que ce fut la honte ternelle humain , que ce malheureux em-

preflement de plufieurs philofophes btir un lylfme univerfel fur un tait particulier , qui

qu'une mprife ridicule , indigne d'On ne douta pas que la farine de mauvais bl formant des anguilles , celle de bon froment ne produist des hommes. L'erreur accrdite jette quelquefois de l profondes racines , que bien des gens la foutiennent encor , lorfqu'elle eft reconnue & tombe dans le mpris , comme quelques journaux hiftoriques rptent des faufles nouvelles infres dans les gazettes , lors mme qu'elles ont t retraces. Un nouvel auteur d'une tradudion lgante & exade de Lucrce , enrichie de notes favantes , s'eiforce , dans les notes du troiflme livre , de combattre Lucrce mme l'appui des malheureufes expriences de NedharUy bien convaincues de fauffet par Mr. Spa^ hvizan , & rejettes de quiconque a un peu tudi la nature. L'ancienne erreur , que la corruption eil mre de la gnration , allait reirufciter il n'y avait plus de germe : plusieurs perfonnes mandaient que , dans la meiagerie du palais de Bruxelles , un lapin avait
n'tait

tre releve.

iiij

328

Anguilles.
s'accomplir.
fix omnibus rchus

fait des laprcaux une poule. Ce que Lucrce l avec route J'antiquitc , jugeait impolible ,

allait

Omne

enus

nafci poffet
,

nil

femine egeret,

'"Ex undis homines


'.

ex
,

terra pojfet oriri

Squamrniferum genus

&
.

volucres ; crumpere coelo

Armenta

&

pecudes.

ferre oinnes

omnia

pojfenc.

Le hazard
L'animal

incertain
eft fans

de tout alors difpofe.


,

germe

&

l'effet

e(l

fans caufe.
,

On

verra les humains

foi'tir

du fond des mers

Les troupeaux bondiffans tomber du haut des Les poiflbns dans


les bois
;

airs ,
j

naifTant fur
il

la

vcdure

Tout poura
'

tout produire

n'eft plus

de nature.

iiyn'it afTurcmcnt raifon en ce point phylique, quelque ignorant qu'il ft d'aile & il elt dmontr aujourd'hui aux leurs yeux & a la raifon , qu'il n'elt ni de vgtal ni d'animal qui n'ait ion germe. On le trouve dans l'uf d'une poule comme dans le gland d'un chne. Une puiflance formatrice priide tous ces dvelopcmens , d'un bout de l'univers l'autre.

_,icrce

-y

Il

faut bien reconnatre des germes puifles


eft

qu'on chne
iait

voit

F>:

qu'on

les

fcme
le

&

que

le

en petit contenu dans

gland.

On
mais

bien que ce n'eft pas

un chne de foixanj

tc pieds de haut qui eft dans ce fruit

Anguilles.
c'eft

329
entant

un cmbrion qui
terre

crotra par Je fecoius


,

de

Ja

&

de l'eau

comme un

croit par

une autre nourriture. Nier l'exittence de cet embrion parce qu'on


il

ne conoit pas comment


tres tire parce qu'elle
cft
,

en contient d'aude
la

l'infini, c'eft nier Texiftence

maJe

divifible l'infini.

comprends pas donc cela n'eli; pas ? ce raifonnement ne peut tre admis contre les chofes que nous voyons & que nous toule

ne

chons.
tions
,

Il

ell

excellent

contre

des fuppofi-

mais non pas contre les faits. Qiielque fyflme qu'on fubditue , il fera tout aulii inconcevable, & il aura par-dcfllis celui des germes le malheur d'tre fond fur un principe qu'on ne connat pas , la place d'un principe palpable dont tout le monde eft tmoin. Tous les fyftmes far la caufe de la gnration , de la vgtation , de la nutrition , de la fenfibilit , de la penfe, font galement inexplicables.

Monades
l'univers
,

qui tiez

le

miroir concentr de

harmonie prtablie entre l'horloge de l'ame & l'horloge du corps , ides

innes tantt conc'aranes, tantt adoptes par une Sorbonne , JeuJ'oriwn coriimime , qui n'-

dtermination du moment la matire ; retournez au pays des chimres avec le ar^uni , le


tes

nulle

part

l'efprit

vient animer

Jahnud

la

misbm

la cabale

la

chiromancie

330
les

Anguilles.
lmens de Defcartes
,

& les

contes notf-

veanx.

Sommes - nous
ignorer ? Oui. (

)amais

condamns

nous

Voyez

Gnration. )

ANNALES.
QUe de
dans
la

fubliltent encor fans annales

peuples ont fubfift longtems , SeIl n'y en !


,

avait dans l'Amrique entire

c'eft--dire

moiti de notre globe, qu'au

Mexipas

que

&

au Prou

encor n'taient

- elles

fort anciennes.

Et des cordelettes noues ne font pas des livres qui puiiient entrer dans de grands dtails.

Les trois quarts de l'Afrique n'eurent mais d'annales & encor aujourd'hui chez
:

jales

nations

les

plus favantes

qui ont le plus uf & on peut compter toujours


prfent
,

chez celles mmes abuf de l'art d'crire


, ,

du moins
-

jufqu'-

neuf parties du genre - humain fur cent qui ne favent pas ce qui s'eft palf chez elles au de - l de quatre
quatre- vingt
-

dix

gnrations

&

qui peine connaitTcnt

le

nom

d'un
trs

bifavcul.

Prefque

tous

les

habitans

des bourgs

&

des villages font dans ce cas;

peu de

familles

ont des

titres

de leurs

A N N A
poflffions.

i E

s.

33

Lorfqu'il s'lve des procs fur les

limites

d'un

champ ou d'un pr
le

le

juge
:

dcide fuivant

rapport des vieillards

le

titre eft la poiTelon.

Qvielques grands v-

inens

fe

&

s'altrent entirement
j

tranfmettent des pres aux enfans ; en palfant de bouche


ils

en bouche

n'ont point d'autres annales.


de notre Europe ( remplie de bibliothqui femble gmir aujour,

Voyez tous
police
,

les villages
(

Il

claire
,

ques immenfes
d'hui fous

&

l'amas
lire

norme

des livres.
,

Deux

hommes
l'autre
,

tout au plus par village

l'un portant

crire. La focit n'y travaux s'excutent , on btit, on plante, on fme, on recueille comme on flait dans les tems les plus reculs. Le laboureur n'a pas feulement le loifir de regretter qu'on ne lui ait pas appris confumer quelques heures de la journe dans la ledure. Cela prouve que le genre- humain n'avait pas befoin de monumens hiftoriques pour cultiver les arts vritablement nceC

favent

&

perd

rien.

Tous

les

faites la vie.

plades

ne faut pas s'tonner que tant de peumanquent d'annales , mais que trois ou quatre nations en ayent conferves qui remontent cinq mille ans , ou environ , aprs tant de rvolutions qui ont bouleverf la terre. Il ne refte pas une hgne des ancienIl

iies

annales gyptiennes

caldennes

perfan-

B3*
Les
(
feules
,

Annales.
&
,

ncs, ni de celles des Latins


annales
les

des EtrufqucsJ
,

un peu antiques
les

font

les

indiennes

chinoifes

hbraques.

Voyez

Hijioire. )

Nous ne pouvons appeller mmales des morceaux d'hiftoire vagues , & dccoufus , fans
aucune date
ordre
;

fans fuite

fans

liaifon

fins

nigmes propofes par l'antiquit la poltiit qui n'y entend rien. Nous n'ofons affurcr que Saiichoniaon qui vivait, dit -on, avant le tems o l'on place Moife , a ) ait compof des annales. Il aura probablement born fes recherches fi cofmogonie, comme fit depuis Hfiodc- en Grce. Nous ne propofons cette opinion que comme un doute car nous n'crivons que pour nous inihuire & non pour cnfeigner. Mais ce qui mrite la plus grande attention, c'eft que Snuchonaton cite les livres de l'Egyptien Thot ^ qui vivait, dit -il, huit cent ans avant lui. Or Smiclmnaton crivait probablement dans le (cle o l'on place l'avanture de Jofeph en Egypte.
ce font

des

a^ On a dit que fi Sanchoniaton avait vcu du tems de Moife , on sprs lui , rvque de Cfare Euflbe qui cite plufieurs de fes fragmens , aurait indubirallprncnt cit ceux o il et t fait mention de Moife des prodiges pouvantables qui avaient ctonn la nature. Sanc/:oniaton n'aurait pas manqu

&
:

d'en parler
il

Eufcbe aurait

fait

valoir fon tmoignage;

aurait

prouv

l'exiftence

de Mofe par l'aveu

Annale
la
niftre
'

s.

335

Nous mettons communmnt

l'poque de promotion du Juif Jofeph au premier mi-

Si les livres de

d'Egypte, l'an 2300 de la cration. Tboi Furent crits huit cent


,

ans auparavant
1

ils

500

de la cration.

furent donc crits l'an Leur date tait donc de cent


le

cinquante-fix ans avant

dluge.

Ils

auraient

donc

t gravs fur la pierre,

& fe

leraieat con-

fervs dans l'inondation univerfelle. Une autre difficult , c'eit que Saiichoniniou

du dluge, & qu'on n a jamais aucun auteur Egyptien qui en et parl. Mais ces difficults s'vanouifTent devant la Genfe infpire par FEfpric finr. ne
parle point
cit

point nous enfoncer dans le chaos , que quatre - vingt auteurs ici ont voulu dbrouiller , en inventant des chronous nous en tenons nologies diffrentes toujours l'ancien Teftament. Nous demandons feulement li du tems de Thot on crivait en hiroglyphes ou en caradres alpha; ,

Nous ne prtendons

btiques

'{

autentique d'un favant contemporain , d'im homme qui crivait dans un pays o les Juifs fe fignalaient tous les jours par des miracles. /^e ne cite jamais Sanchoniaion fur les aflions de Moife. Donc Sanchoniaton avait crit auparavant. On le prfume, mais avec la dfiance que tout homme doit avoir
nieux

de fon opinion , except quand deux font quatre.

il

ofe affarer que

&

334

Annales.
i'

Si on avait dj quitt la pierre & la brique pour du vlin ou quelque autre matire ou feulement Si Thot crivit des annales une coimogonie ? S'il y avait dia quelques pyramides btiea du tems de Thot r* Si la balFe Egypte tait dj habite ? Si on avait pratiqu des canaux pour recevoir les eaux du Nil ?
,

Si les

Caldens avaient dj enfeign


,

les

arts

aux Egyptiens & f les Caldens avaient requs des bracmanes ?


Il

les

a des gens qui ont rfolu toutes ces

queftions. Surquoi

bon

fens difait

Il faut que cet

un homme d'efprit & d un jour d'un grave dodeur. homme - l foii un gnvid igno~
ce

rant , car mande.

il

rpond tout

qu'on lui de^

A N N A T E

S.

A
tous

Cet

article du didionnaire encyclopdique, favamment trait, comme le font

les objets de jurifprudcnce dans ce grand important ouvrage , on peut ajouter que l'poque de rtablillment des annatcs tant incertaine , c'eft une preuve que l'exadion des annates u'eft qu'une ufurpation , une cou-

&

A N K
tume
torfionnaire.

A T E

S.

35

Tout

ce qui n'eft pas fon,

d fur une loi autentique eft un abus. Tout abus doit tre rform , moins que la rforme ne foit plus dangereufe que l'abus mme. L'ufurpation commence par fe mettre peu-peu en poflelion l'quit , l'intrt public
:

jettent des cris

&

rclament.
elle

Lu

politique

vient

qui ajufte

comme

peut l'ufurpa-

tion avec l'quit. Et l'abus refte.

A
efes

l'exemple des papes


,

dans plufieurs dio,

les

vques

les

chapitres

&

les ar-

chidiacres tablirent des annates fur les cures. Cette exadion fe nomme droit dport en Normandie. La politique n'ayant aucun intrt maintenir ce pillage , il fut aboli en

plufieurs endroits
le culte

j il

fublifte
eft le

de l'argent

en d'autres, tant premier culte.

En 1409
are
Charles

au concile de Pife ,
les

V renona

VU

le pape Alexar exprelfment aux annates ; condamna par un dit du


J
j

mois d'Avril 141 8


dclara fimoniaques

le

concile de Ble les


la

pragmatique fanction les abolit de nouveau. Franois /, fui vaut un trait particulier qu'il avait fait avec Lon X, qui ne fut point infr dans le concordat , permit au pape de lever ce tribut , qui lui produifit chaque anne {bus le rgne de ce prince , cent mille
eus de ce tems-l
,

&

fuivawt

le

calcul qu'en

33^
fit

A N N A T
Paiis.

s."

alors Jacques

Capelle avocat -gnral

au

parleivient de

la

Les parlemcns , les univerfitcs , le clerg, nation entire rclamaient contre cette exadion ; & Henri II cdant en^n aux cris de Ton peuple, renouvella la loi de Charles VII
,

par un dit du 3 Septembre l^^i. La dcFenfe de payer l'annatc fut encor ritre par Charles IX aux tats d'Orlans en 1560. Far avis Je noire confeil ^ fui-

vaut
5, 5,

les

dcrets des faints conciles

ancieiines

5,
5, 5,

ordonnances de rws prdecejfeiirs rois , ordouarrts de nos cours de 'parlement 7io}is que tous tranfport d'or d'argent
,

hors de notre
niers
,

royaume

^ ^ payement de

de-

5,

fous couleur <:/'annates , vacquant autrement , cejferont , peine de quadruple


contre
les

5,

contrevenans.

Cette loi promulj^uedans l'aflemble gnlmblait devoir tre irrrale de la nation deux ans aprs , le mme prince vocable. Mais
,

fubjugu par
fante
,

la

rtablit ce

que

cour de Rome alors la nation entire

puif-

&

lui-

mme

avaient abrog.

Henri /F qui ne craignait aucun danger, mais qui craignait Rome, confirma les annates
par un dit du 22 Janvier 1596. Trois clbres jurifconfultes , Dumoulin ^ Lannoy & Duaren , ont fortement crit contre les annales , qu'ils appellent wie vritable Jimonie. Si a dfaut de les payer , le pape refufe des

A N N A T E
canne

s.

337
l'glife
,

qui dans le douzime concile de Tolde, chargea l'archevque de cette ville de donner, fur le refus du pape , des provilions aux prlats nomm
, ,

des bulles , celle d'Efpagne , d'imiter

Diiaven confeille

galli-

par

le roi.

Ceft une maxime des plus certaines du


droit franais
,

confacre

par

l'article

14 de
n'a au,

Voyez nos liberts & Liberts'^ droit fur le temporel des bnfices cun "^' ^'^^^ Qu'il ne iout des annates que par la permifimpropre -^ ^ j --r mais cette permiHion ne doitlion du roi ^ ||_ elle pas avoir un terme ? quoi nous fer- gnifier vent" nos lumires fi nous confervons to- des droits

que l'vque de

Rome

'

jours nos abus Le calcul des

naturels

fommes qu'on
,

a payes

&

^ ''"r
jjjfig"'^"^

au pape eft eJfrayant. Le procureur- gnral Jean Ae Saint Romain a remarqu que du tems de Pie II, vingtdeux vechs ayant vacqu en France penil falut porter dant trois annes Rome que foixante & une cent vingt mille cus abbayes ayant auli vacqu on avait pay pareille fomme la cour de Rome que vers le mme tems on avait encor pay cette cour, pour les provifions des prieurs doyenns ,

que

l'on paye encor

&

des autres dignits fans crolfe


;

cent mille

cus

que pour chaque cur il y avait eu au moins une grce expe<flative qui tait vendue vingt-cinq cus i outre une infinit des
Fremire partie,

538
dirpenfes dont
d'ais.

A N N

A T E

s.

vivait
ces

le calcul montait deux millions Le procureur-gnral de Snhii Romain du tems de Louis XL Jugez combien

fommes monteraient
les

aujourd'hui.

Jugez
i
,

combien
la

autres tats ont donn. Jugez

rpublique Romaine , au tems de Luculltis a plus tir d'or & d'argent des nations vaincues par fon pe , que les papes , les pres de ces mmes nations , n'en ont tir par leur plume. Suppofons que le procureur - gnral Saint
cft

tromp de moiti ce qui ne refte - 1 - il pas encor une fomme afTez confidrable pour qu'on Toit en droit de compter avec la chambre apoltolique & de lui demander une reftitution attendu que tant d'argent n'a rien d'apodolique ?

Romain

fe

foit

bien

difficile

ANNEAU

DE SATURNE.

phnomne tonnant , mais pas plus tonnant que les autres , ce corps folide & lumineux qui entoure la plante de Saturne ,
qui
l'clair

CE

&

qui en

eft clair

foit
,

par la

faible rflexion

des rayons folaires

foit

par

quelque caufe inconnue , tait autrefois une mer, ce que prtend un rveur qui fe difait philofophe.

Cette mer

flon lui

s'eft
j

enelle

durcie

elle eft

devenue terre ou rocher

Anneau
gravitait jadis vers

de Saturne.

39

dux centres, & ne gravite plus aujourd'hui que vers un feul. Comme vous y allez, mon rveur comme vous mtamorphofez l'eau en rocher Ovide n'tait rien auprs de vous. Quel merveilleux pouvoir vous avez fur la nature cette imagination ne dment pas vos autres ides. dmangeai Ton de dire des chofes nouvel Fureur des fyrtmes folies de l'efl les ii on a parl dans prit humain le grand

didionnaire encyclopdique de cette rverie , doute pour en faire fentir l'norme ridicule ; fans quoi les autres nations feraient en droit de dire , Voil l'ufage que font les
c'ell fans

Franais des dcouvertes des autres peuples. Htiygens dcouvrit l'anneau de Saturne , il
les

en calcula les apparences. Hook & Flamjead ont calcules comme lui. Un Franais a dcouvert que ce corps folide avait t un & ce Franais n'eft pas ocan circulaire
,

Cirano de Bergerac.

ANTIQUIT.
Section premire.
AVez
ge
-

Pierre

vous quelquefois vu dans un villaAoudri & fa femme Perola

mile

vouloir prcder leurs voifins

pro-

34^

AN T
Nos

Q.U

SecJicH
,

L
- ils
,

ceflon ?

g7-ajidS' pres

difent

/(;-

liaient les cloches

avant que ceux qui nous cou-

doient aujourd'hui fujfent feulement propritaires d'uni table.

La

vanit de Pierre Aoudri


fes voifins,

de

fa

femme
impor-

&

de

n'en

fait

pas davantage. Les


eft

cfprits s'chauffent.

La

querelle
11

tante

il

s'agit

de l'honneur.

faut des preu-

ves. Un favant qui chante au lutrin . dcouvre un vieux pot de fer rouill , marqu d'un A^ premire lettre du nom du chaudronnier qui fit ce pot. Pierre Aoudri fe perfuade que c'tait un cafque de fes anctres. Ainli Cfar defcendait d'un hros & de la delfe Vnus^

Telle

eft

l'hiftoire

des nations
la

telle

eft

peu de chofe prs mire antiquit.


Paradis
terreftre.

connailfance de la pre-

Les favans d'Armnie dmontrent


paradis terreftre tait chez eux.

que

le

De

profonds

Sudois dmontrent qu'il tait vers le lac \''ener , qui en eil vifiblement un refte. Des Efpagnols dtnontrent aufl qu'il tait en Caftrille ; tandis que les Japonois , les Chinois les Tartares , les Lidiens , les Africains , les Amri, cains , font alfez malheureux pour ne favoir pas feulement qu'il y eut jadis un paradis terreftre la fource du Phifon , du Gehon du Tigre ik de l'Euphrate , ou bien la fourca du Guadalquivir de la Guadiana , du Duero
, , ,

&

de l'Ebre

car de Fhifon

on

fait

aifment

ANTIQ.UITi.
Phsetis
i

Se&ion

I.

341

qui eft PbcCtts on fait le Boctis ; & de Guadalquivir. Le Gehon cft vifiblemeiit la Ebre , Guadiana , qui commence par un G. qui e(t en Catalogne elt inconreftablemend
,

PEuphrate dont un E ett la lettre initiale. Mais un Ecofais furvient, qui dmontre fou tour que le jardin d'Eden tait Edimbourg, qui en a retenu le nom & il eft croire que
, ,
;

dans quelques ficles cette opinion fera fortune.


globe a t brl autrefois , dit Ancien un homme verf dans Thilfoire ancienne & '"^"ae moderne i car j ai lu dans un journal , qu on p^^i^f^.^ a trouv en Allemagne des charbons tout noirs , cent pieds de profondeur , entre des montagnes couvertes de bois. Et on foup-

Tout

le

qonne mme qu'il y avait des charbonniers en cet endroit. L'avanture de Fha'ton fait aiTez voir que tout a bouilli jufqu'au fond de la mer. Le fouphre du mont Vfuve prouve invinciblement que les bords du Rhin du Danube du Gange du Nil & du grand fleuve Jaune ne font que du fouphre du nitre & de l'huile de gaiac qui n'attendent que le moment de l'explofion , pour rduire la terre en cendres comme elle l'a dj t. Le fable fur lequel nous marchons eft une preuve vidente que l'univers a t vitrifi & que notre globe n'eft rellement qu'une boule de verre ain que nos ides.
, , , , ,

iij

342
Mais

ANTKiUiT.
fi

Se&ion.

I.

le

feu a chang

notre globe
les

l'eau

a produit de plus belles rvolutions. Car vous

voyez bien que


oyez es
pj-Q^^jj. j^g

la

mer

dont

mares mon,

tent jufqu' huit

pieds dans nos climats

montagnes qui ont


Cela

feize dixeft
fi

Mer
gne.

&

^^P^ mille pieds de hauteur.

vrai.

Monta-

que des favans qui n'ont jamais

en

Suille

y ont trouv un gros


agrts ptrifis
fi.ir

vailfeau avec tous fes

Voyez
Tiliamed

& tous
"
y."^'

St. Godart ou au fond d'un prcipice on ne fait pas bien o; mais il eft certain qu'il tait l. Donc
le
, ,

mont

originairement
(?^<o^

les

hommes

taient poiflbns

gs fur
cette belle

erat der/ioujrcindwn.

Pour dcfcendre un antiquit moins antique parlons des tems o la plupart des naAncienne tions barbares quittrent leurs pays pour en cmigraqui ne valaient gualler chercher d'autres tipn, j.gg mieux. s'il eft quelque chofe Il eft vrai qu'il y eut de vrai dans l'hiftoire ancienne
dcouverte,
,
,

des brigands Gaulois qui allrent piller Rome du tems de Camille. D'autres brigands des

Gaules avaient

pafle

dit

on

par

i'IIlirie,

pour

aller

louer leurs fcrvices de miCurtriers

d'autres meurtriers vers la Thracc ; ils changrent leur fang contre du pain , & s'tabli-

rent enfuite en Galatie. Mais quels taient ces Gaulois ? tait - ce des Brichons , & des An-

gevins ? Ce furent fans doute des Gaulois que


les

Romains

appellaient Cifalp'ms
,

&

que nous

nommons Tranfalpns

des montagnards af-

A N T 1 au I T
fams , voilins des Alpes Gaulois de la Seine & de
pas alors
fi

E.
Si
(a

Se&iou

I.

343
favaient

de l'Apennin. Les

Marne ne
j

Rome
,

exiftait

s'avifer de pafler le

ne pouvaient mont Cenis , comme 6t


aller voler les garde,

&

depuis Annibal

pour

qui avaient Romains alors pour tous meubles une robe d'un mauvais drap gris orne d'une bande couleur de fang de buf deux petits pommeaux d'yvore ou plutt d'os de chien aux bras d'une chaife de bois j & dans leurs cuifine un morrobes des fcnateurs
,
5

ceau de lard rance. Les Gaulois , qui mouraient de faim , ne trouvant pas dequoi manger Rome , s'en allrent donc chercher fortune plus loin , ain( que les Romains en ufrent depuis , quand ils ravagrent tant de pays l'un aprs l'autre; ainfi que firent enfuite les peuples du Noi'd,

quand ils dtruifirent l'empire Romain. Et par qui encore eft - on trs faiblement inftruit de ces migrations ? C'eft par queU ques lignes que les Romains ont crites au hazard ; car pour les Celtes , Velches , ou
Gaulois , ces hommes qu'on veut faire pafler pour loquens , ne favaient alors eux & leurs
bardes a) ni
lire
,

ni crire.

Mais
tes
,

infrer de l que les Gaulois ou Celconquis depuis par quelques lgions de


Bardes
bardi
,

talent les potes

les

rcitantes carmina bardi ; c'* philofophes des Velches.

iiij

344

ANT

Q.U

Se&ion

L
,

enfuite par une horde de Goths Cfar , puis par une horde de Bourguignons ,
ln par

&

&

&

ei\-

une horde de Sicanibres fous un


avaient auparavant
,

Clo-

divic

fubjuguc

la

terre

entire

&
,

donn

leurs

noms

&

leurs

loix

l'Afie

bien fort i la chofe n'eft pas mathmatiquement impolfible j & l elle ell dmontre , je me rends il ferait fore
cela

me

parait

incivil de refufer

aux Velches

ce qu'on accorde

aux Tartares.

Section seconde.
De
,

VantiqiiH

des iifages.

Qui taient les plus fous & les plus anciennement fous de nous ou des Egyptiens ou
,

des Syriens
ignifiait

ou des autres peuples


?

Que

notre gui de chne


? c'eft

qui

le

premier

a confacr un chat
le

qui tait le nation a danf la premire fous des rameaux d'arbres , l'honneur des Dieux ? Qiii la premire a fait des procdions & mis des fous avec des grelots la tte de ces pro,

apparemment celui plus incommod des fouris. Qiiel-

ceffions ?

Qui promena un

Priape par
le

les

rues

& en

plaa

aux portes en guife de marteaux ?


caleon de fa
fes
,

Quel Arabe imagina de pendre

femme

la fentre
les
:

le

lendemain de

noces ?

Toutes

nations ont danf autrefois la


s'ctaient-elles

nouvelle lune

donnes

le

mot ?

Non

pas plus que pour fe rjouir

la naif*

,,

Antiquit.
homme

Se&ion

II.

345"

fance de Ton nls , & de pleurer , ou faire fembianc de pleurer la mort de Ton pare. Cha-

que

elt

Fort

aife

de revoir

la

lune

aprs l'avoir perdue pendp.nt quelqu-.!s nuits.


II eft

cent uPages qui font


,

les les

hommes qu'on ne

11 naturels tous peut dire que ce font

giens

Bafques qui les ont enfeigns aux Phryni les Phrygiens aux Bafques. ,
s'eft fervi
i

On
mme.
les

de l'eau

&

du feu dans

les

temples

cette

coutume

s'introduit

d'elle-

Un

prtre ne veut pas toujours avoir

mains fales. II faut du feu pour cuire les viandes immoles , & pour brler quelques brins de bois rfineux , quelques aromates qui combattent l'odeur de la boucherie facerdotale.

Mais
fi

les

crmonies myftrieufes dont


d'avoir l'intelligence
,

il

eft

difficile

les

ufages

que la nature n'enfeigne point en quel lieu quand , o, pourquoi les a-t-on invents? qui les a communiqus aux autres peuples ? II n'eft pas vraifemblable qu'il foit tomb en mme tems dans la tte d'un Arabe & d'un Egyptien de couper fon fils un bout de prpuce > ni qu'un Chinois & un Perfan , ayent imagin la fois de chtrer des pe,

tits

garqons.

Deux pres n'auront pas eu en mme tems dans diffrentes contres , l'ide d'gorger leur
fils

pour

plaire

Dieu.

II

faut certainemenc

, ,

34^
tres

ANT
leurs

Q.

uIT

Se&ioH

IL
ou

que des nations ayenc communiqu d'aufolies

{erieufcs

ou

ridicules

barbares.

fouiller

dans cette antiquit qu'on aime pour dcouvrir , li on peut le pre* mier infenf & le premier Iclerat qui ont perverti le genre - humain.
C'eft
,
,

Mais comment favoir


en immolant fon
fils
i*
,

Ci

Jhiid en Phnicie

fut rinventeuL* des facrifices de fang

humain

Comment s'alfurer que Lycaon mangea le premier de la chair humaine , quand on ne fait pas qui s'avifa le premier de manger
des poules
Ancienns ftes.
'i

On recherche
La
plus antique

l'origine des anciennes ftes.

&

la

plus belle ell celle des


,

empereurs de la Chine qui labourent & qui fcment avec les premiers mandarins. ( Voyez
Agriculture. ) La fconde eft celle des TheC mophories d'Athnes. Clbrer la fois l'agriculture & la juftice ; montrer aux hommes combien l'une & l'autre font nceffaires ;

joindre le frein des loix l'art qui eft la fource de toutes les richelfes , rien n'eft plus fage plus pieux & plus utile.
Il y a de vieilles ftes allgoriques qu'on retrouve partout , comme celles du renouvellement des faifons. Il n'eft pas ncelfaire qu'une nation foit venue de loin enfeigner

A N T I au

Se&iOH IL

34.7

une autre , qu'on peut donner des marques de joie & d'amiti fes voiins le jour de l'an.

Cette coutume tait celle de tous les peuples. Les faturnales des Romains font plus connues que celles des Allobroges & des Picles ,

beaucoup d'crits & que nous n'en av^ns aucun des autres peuples de l'Europe
parce qu'il
eil;

nous

reli

& ne

monumens romains

occidentale.

La

fte

de Saturne
:

tait celle

avait quatre ailes

le

tems va

vite.

du tems ; il Ses deux


finie

vlages figuraient videmment

l'anne

t
is

l'anne

commence.
j

Les Grecs difaient

qu'il dvorait , & n'y a point d'allgorie plus fenfble ; le tems dvoie le palT & le prfent S: dvorera l'avenir. Pourquoi chercher de vaines & triftes expUcations d'une fte (1 univerfelle , fi gaie , & Il connue A bien examiner l'antiquit je
<;u'il

avait dvor fon pre


il

enfans

113

vois pas
,

noins
tions
S,

Ci

une fte annuelle trille ou du elles commencent par des lamenta;

elles finiifent

par danfer
,

rire
,

&
,

boire.

on pleure Adoni iommons Adonis il


,

ou Adomit

que nous

relTufcite bientt

&

011

rjouit.

Il

en

eft

de

mme aux

ltes d'I/is,

iOjiris

& &

d'Horiis. Les Grecs en font autant

p)ur Crs
a-'ec

&

gayet

la

pour Proferpine. mort du ferpent

On

clbrait

Fyihoji.

Jour
ehofc.

de fte

jour de joie tait la

mme

348

ANT

Q.U

Se&ioH IL

Cette joie n'tait que trop emporte aux fte* de Bacchns.


Je ne vois pas une feule commmoration gnrale d'un vnement malheureux. Les
initituteurs des ttes n'auraient pas eu le fens

commun,

s'ils

avaient tabli dans Athnes la


la

clbrarion de

bataille

perdue

Cheronee

&

Rome

celle

de
le

la

bataille de Cannes.

On

perptuait

vait encourager les

fou venir de ce qui pouhommes , Se non de ce

qui pouvait leur infpircr la lchet du dcfd'poir. Cela cft fi vrai , qu'on imaginait des tu
bls
tes.
,

pour avoir

le plaifir

d'inftituer

des

f^i

Cajior
les

pour

Pollux n'avaient pas combatte Romains auprs du lac Regilc ; mai


le

&

au bout de trois ou le peuple danfait. , Hercule n'avait point dlivr la Grce d'uni hydre fept ttes , mais on chantait Hercuk fon hydre.
des prtres
difaient

quatre cent ans

&

tout

&

Section troisime.
Ftes mjlitues fur des chimres.
I

'.

Ftes folemnelles

ne prouyeninen. cules

Je ne fais s'il y eut dans toute l'antiquitf une feule fte fonde fur un fait avr. Ol a remarqu ailleurs quel point font ridi
les fcoliaftes qui vous difent magillralement , Voil une ancienne hymne l'honneur ' Apollon qui viilca Claros i donc Api-

AN
or

Q.U

1^.

Secion

III.

34.9

eft
s

venu
Pe}-fe

Claros.
,

On

a bti

une cha-

pelle

donc

il

a dlivr Aii(b-omdc.

dites plutt , donc il n y a Pauvres gens ' Andromde. Eh que deviendra donc la favante antiquit qui a prcd les olimpiades ? Elle de

point eu
!

viendra ce qu'elle

eft

un tems inconnu
d'allgories

un

tems perdu
fonges
,

un tems

&

de men-,
,

un tems mprif par les fages & profondment difcut par les fots qui fe plaifent nager dans le vide comme les atomes d'Epicure.
Il

des jours d'expiation dans


ces jours ne

y avait partout des jours de pnitence , les temples. Mais


s'appellrent jamais d'un
ftes.
;

mot

qui rpondit celui de


confiicre

Toute

fte tait

au divertilTement

& cela eikCi vrai,

que les prtres Egyptiens jenaient la veille pour manger mieux le lendemain. Coutume que nos moines ont conferve. Il y eut fans doute des crmonies lugubres ; on ne danou fait pas le h'anle des Grecs en enterrant en portant au bcher fon fils & fa fille c'tait une crmonie publique , mais certainement ce n'tait pas une fte.
,
,

Section Q.uATRiME.
De
r antiquit des ftes quon prtend avoir toutes t lugubres.

Des gens ingnieux


feurs d'antiquits
,

&

profonds

des creula

qui fauraient

comment

3^0

ANT

Q.U
il

i.

StLlioJt

IV.
,

terre tait faite

a cent mille ans


,

le

ont prtendu que les hommes rduits un trs petit nombre dans notre contment & dans l'autre , encor eiVaycs des rvolutions innombrables que ce trille globe avait elTuies , perpturent le fouvenir de leurs malheurs par des commmorations funcltes & lugubres. Tonte fte difent-ils , fut un jour d'horreur , wjiitu pour faire fouvejiir les lwir,nes que leurs pres avaient t d^
gnie pouvait
le

favoir

tJiiits

par
,

les

rochers tombes des riionta^nes

des me^-s
Fte
efl

feux chnps des volcans , par des par l'irruption par les dents '^ les griffes des btes
,

rjouif-

lance.

fauvages , par lafa:nine , la pejre les guerres. Nous ne fommes donc pas faits comme les hommes l'taient alors. On ne s'ell jamais j.^j^j. j-joui Londres qu'aprs la pefte ik l'incendie de
la ville

entire fous Charles

IL Nous

fimes des chanfons lorfque les malacres de la St. Barthclemi duraient encore. On a conferv des pafquinades faites

raiTairmat de Coligni
ris
,

le lendemain de on imprima dans Pa-

Pajjlo

domini

nojlri

Gafpardi Colignii

fecunduni Bartholonhmm.
Il

eft

arriv

mille fois

que

le

fultan qui

rgne
trs

Con{fantinople,a
fes

fait

danfer fes ch-

&

odaliques
fes frres

du fang de
Qiie
fait
-

dans des fallons temts & de fes viiirs.


le

on dans Paris

prend

la

perte d'une bataille

&

jour qu'on apla mort ds

A N T I aU I T K

cent braves officiers la comdie.


'<

Session

IV.

3^1

on court

l'opra

&

fefait- on quand la marchale d'Ancre immole dans la Grve la barbarie de fes perfcuteurs , quand le marchal de Marillac tait train au liipplice dans une charette en vertu d'un papier , fign par des valets en robe dans Tantichambre du cardinal de Richelieu j quand un lieutenant - gnral
tait

Que

des armes

un

tranger qui avait verf fon


,

fang pour
fes

l'tat

condamn par
,

les

cris

de

ennemis acharns allait fur i'chaiaut dans un tombereau d'ordures avec un billon la bouche j quand un jeune homme de dixneuf ans , plein de candeur de courage & de modelHe mais trs imprudent tait conduit aux plus affi-eux des fupplices ? On chan, , ,

tait des

vaudevilles.
,

Tel eft l'homme ou du moins l'homme (les bords de la Seine. Tel il fut dans tous les tems , par la feule raifon que les lapins ont toujours eu du poil , & les alouettes des plumes.

Section cinq.uime.
Tie

r origine des

arts.

Quoi! nous voudrions favoir quelle


prccifment
la

tait

thologie de Thot
,

de Zerdiiji^
:

de Sanclmiiaton

des premiers bracmanes

&

352
le

ANTiauiT.

Se&ion V.

nous ignorons qui

a invente la navette premier tllfcr^n , le premier maqon , le: premier forgeron , ont t fans doute des grands gnies mais on n'en a tenu aucun compte. Pourquoi ? c'eft qu'aucun d'eux n'inventa un art perfedionn. Celui qui creufa un chne pour traverler un fleuve , ne fie point de galres ceux qui arrangrent des pierres brutes avec des traverfes de bois , n'imaginrent point les pyramides : tout fc fait par degrs la gloire n'eit perfonne.
;
:

&

Tout fe fit ttons jufqu' ce que des philofophes, l'aide de la gomtrie apnri,

icnt aux
furet.

hommes

procder avec jultelfe

&

Voyez
J'itruve.

Il filut que Tythitgore , au retour de fes voyages , montrt aux ouvriers la manire de faire une querre qui ft parf jitement julle.
,

\\ prit;

trois rgles
,

Liv. IX.

jjg

quatre

une de une de cinq &


, ,

trois pieds
il

une

en

fit

un

trian-

gle redanglc.

De

plus

il

fe

trouvait que le

ct 5 fourniflait un quarr qui tait jufte le double des quarrs produits par les cts 4

&

jr,fio'ire

3J mthode importante pour tous les ouvrages rguliers. C'ell ce fameux thorme qu'il
avait rapport de l'Inde

friraU..
i!c l'efprit

^^
,,
1

ailleurs avoir t
;

& que nous avons connu longtems aupa,


i

6- des

iranrs des
,

la Chine , fuivant le rapport de -^ ,, . empereur Cam-ht. n v avait lon^tems quail rations. Tome L "Viint rlaton les Grecs avaient lu douj-fivant
'

-ri

>

bler

An
bler le

aui T

Secion

V.

3T3
go-

quanc par

cctt^

ieule

figure

mtrique.

/^.
O

-rr

limple.

Arcbytas & Eratofibnes inventrent une mthode pour doubler un cube , ce qui tait impraticable la gomtrie ordinaire , & ce qui* aurait honoi Archnnde. Cet Archimde trouva la manire de fupputer au julte combien on avait ml d'alliage a de Tor j & on travaillait en or depuis des licles avant qu'on pt dcouvrir la fraude des ouvriers. La friponnerie exifta long, tems avant les mathmatiques. Les pyramides conitruites d'querre , & correfpondant jufteaux quatre points cardinaux , font voir aff^^z que la gomirie tait connue en Egypte de tems immmorial & cependant il elt prouv que r Egypte tait un pays tout nouveau, '
,

Freaiiere partie,

3S4

ANTiauiT.

Se&ion V.

Sans la philolophie , nous ne ferions gures au delfus des animaux qui fe creufcnt des habitations ,>^ni en lvent qui s'y prparent leur nourriture qui prennent foin de leurs petits dans leurs demeures , & qui ont par defl fus nous le bonheur de natre vcus.
, ,

Efpagne

Vitruve qui avait voyag en Gaule & en dit qu'encor de fon tems les mai, fons taient bties d'une efpce de torchis

couvertes de

chaume ou de bardau de chue;


n'avaient pas l'ufage des
tait le

&

que

les

peuples

tuiles.

Quel

d'Au^nJie.

chez

les

tems de Viti-iive t* Celui Les arts avaient pntr peine Efpagnols qui avaient des mines d'or

&

les Gaulois qui avaient combattu dix ans contre Cjar. Le mme Vitruve nous apprend que dans

d'argent, &, chez

& ingnieufe Marfeille , qui commerait avec tant de nations , les toits n'l'opulente
taient
paille.
11

que de

terre gralfe

paitrie

avec de

la

nous

inftruit

que

les

Phrygiens
la

fe creuIls
,

faient

des habitations dans

terre.
la
ils

fi-

chaient des perches autour de


a(femblaient en pointes
la
-,

folfc

&

les

puis

levaient de

terre tout autour.

Les Hurons
logs.

&

les

Al-

gonquins font mieux


pas

Cela ne donne

par

les

une graUvle ide de cette Troye btie Dieux & du magninque palais de
,

Priam,

A N T I au I T
j4pparet

Ss^on V.

3^5

domus

intus

ctque ctnj. longa patefcunt.

j4pparent Priami

&

re'erum penetratia regum.

Mais
les rois

aul le peuple n'eft pas log


:

comme

on
,

voit des huties prs

du Vatican
chez

&
les

de Verfailles.

De

plus

rindaftrie

tombe

&

fe relve

peuples par mille rvolutions. Et campoi


ubi

Troja fuit.

fiens.

Nous avons nos arts Tantiquic eut les Nous ne faurions faire aujourd'hui une
;

trirme ; mais nous conftruifons des vaiireaux de cent pices de canon. Nous ne pouvons lever des oblifques de
cent pieds de haut d'une feule pice ; mais nos mridiennes font plus juftes. Le biiliis nous eft inconnu i les toffes de

Lyon
Le

valent bien

le biifus.
-,

capitole tait admirable

l'glife

de

St.

Pierre eft beaucoup plus grande

&

plus belle.

paraifon

Le louvre eft un chef-d'uvre en comdu palais de Perfoolis dont la ficuation & les ruines n'at'eftent qu'un vafte monument d'une riche barbarie. La mufique de Rcuneau vaut probablement
,

de Tiiuothe \ 8c il n'eft point de tableau prfent dans Paris au fallon d'Apollon, qui ne l'emporte fur les peintures qu'on a dtercelle

res dans

Herculaneum.
)

Voyez Anciens

MocUrnes.

ij

3T^

Antrotophages,

ANTROPOPHAGES.

ON ^
5,

lit

dans

l'

Hijioire gnrale des

moeurs
palFage

de fefprit

des nations

ce

fiiigulier.
ailire, que les Mexicains ,, Herrera nous mangeaient les vic1:imes humaines immo les. La plupart des premiers voyageurs & des millionnaires difcnt tous, que les

Brafiliens

les

Carabes

les

Iroquois

les

,,

Hurons

&

quelques autres peuplades, nian-

les captifs faits la guerre j & ils ne regardent pas ce fait comme un ufage de quelques particuliers, mais comme un ufige de nation. Tant d'auteurs anciens j, & modernes ont parle d'antropophages , ,, qu'il eft difficile de les nier. Je vis en 172^

geaicnt

quatre
5,

fauvages

amens

du

Miiilipi

Fontainebleau j il y femme de couleur cendre


,

avait parmi

eux une
fes

comme

com-

pagnons i je lui demandai par l'interprte qui les conduifait li elle avait mang quel quefois de la chair humaine ? Elle me r5,

pondit, qu'oui trs froidement

& comme

a) Voici les raifons de, ceux qui ont foutenu ^w'EicchuL en cet endroit , s'adreiTe aux Hbreux de fon teins, aufTi bien qu'aux autres animaux carne nafliers (car affurment les Juifs d'aujourd'hui
,

le

font pas

&

c'eft

plutt l'inquifition qui a t

Antropophages.
tant bien

3^7

une queftion ordinaire. Cette atrocit Ci rvoltante pour notre nature , cil pourvritable barbarie eil de

que le meurtre. La donner la mort , & non de difputcr un mort aux corbeaux ou aux vers. Des peuples chalfeurs tels quctaient les Braliliens & les Canadiens,
cruelle
,

moins

n'ayant ont pu devenir quelquefois antropophages. La famine & la vengeance les ont accoutums cette nourriture : & quand nous voyons dans les ficlcs les plus civilifs , le peuple de Paris dvorer les refies fanglans du marchal d'Ancre & le peuple de la
des infulaires
les
,

comme

Carabes

pas toujours

une

fubfiftance aiure

Haye manger
naire de JViti

le
,

cur du grand

peu (lon-

nous ne devons pas tre furpris qu'une horreur chez nous paflagre
,

ait

dur chez

les

fauvages.

Les plus anciens livres que nous ayons , ne nous permettent pas de douter que la faim n'ait pouir les hommes cet excs. Le prophte Ezchiel fuivant quelques commenta- Erchlel promet aux Hbreux de la parc de c.xxxix. teurs Dieu ^r) que s'ils fe dfendent bien contre le
,
,

carnaflire envers eux

).

Ils

difent

qu'une partie de

cette apoftrophe regarde les btes fauvages,


l'autre eft

&

que

pour

les hixis,

La premire partie
,

eft ainfi

conue.
3

Dis

tout ce qui court

tous

les
iij

oifeaux

358

Antropophages.
,

roi de Pcrfe

ils

auront

manger de

la chair

de cheval

^
,

de la chair de cavalia:
,

fon tems

Marco Paolo ou Afarc Paul dit que de dans une partie de la Tartarie les maj^iciens ou Its prtres ( c'tait la mine chofe ) avaient !e droit de manger la chair des criminels condamns mort. Tout cela ioulve le cur mais le tableau du genrehumain doit ibuvent produire cet elFet.
,
;

Comment

des peuples toujours fpars


,

les

uns des autres


:>

ont-ils

pu
^

fe

runir dans une

toutes les bctes des cki:mps

>
>>

vous

coure^ la viEime

Afjcmble^-- vous . hte^que je vous immole ,

afin que vous


Z*^"^le
i^<^us

mangie^ la chair
la
,

&

que vous huv'u:^


.

le

"
5 j>
3)

mcngerc:^ la chair des forts

vous boire^
bliers
,

jang des princes de


,

tr'e

&

des

des agneaux
volailles
,

&

des bon es

6* des taure/Jux

& O des
,

& de

tous les gras.

Ceci ne peut regarder que les oifi-aux de proie , Mais ia fconde partie a pnru les btes froces adreffe aux Hbreux mmes. ?> Vous vous rafjafiere^ fur ma table du cheval & du fort cavalier , 6

&
il

j 3

de tous les guerrisrs

dit le
,

Seigneur

&

je mettrai

ma

g/i ire

dans

les

nations

&c.

Il eft trs certain , que les rois de Babilone avaient des Scy:hes dans leurs armes. Ces Scythes buvaient du fanp dans les crnes de leurs ennemis vnincus, mangeaient leurs chevai'X , iSc quelquefois de la chiir humaine. Il fe peut trs bien que le prophre ait r<iir allufion h cette coutume barbare , qu'il ait menac les Scythes , d'tre traites comme ils trai-

&

&

taient leurs

ennemis.

Antropophages.
Il

3^9
qu'elle

horrible

coutume
parait
'i

? faut
la

il

croire

n'eft pas

auli

oppole
II

nature humaine
rare

qu'elle le

ell fur qu'elle eft

ne voit pas que ni les Tartares ni les Juifs ayent mang fouvent leurs femblables. La faim & le defefpoir contraignirent aux figes de Sancerre & de Paris , pendant nos guerres de religion , des mres fe nourrir de la chair de leurs enfans. Le charitable Las Qa^as vque de Chiapa , dit , que cette horreur n'a t commife en Amrique que par quelques peu-

mais

il

eft

fur qu'elle a exift.

On

ples chez lefquels

il

n'a pas voj^ag.

Dampier

le

Ce qui rend cette conjedure vraifemblabla , c'eft mot de Tble. Vous mangere:^ ma table le che-

val

&

le

cavalier.

Il

n'y a pas d'apparence qu'on

ait

adreiT ce

difcours aux

animaux

;&

qu'on leur
figure

ait

parl de fe mettre table.

Ce

ferait le feul

endroit
fi

de

l'Ecriture

l'on aurait

employ une

tonnante. Le fens commun nous apprend qu'on ne doit point donner un mot une acception qui ne lui a jamais t donne dans aucun livre C'eft une raifon trs puilTante pour jufiifier les crivains qui ont 18 ; cru les animaux dh^ns par les verlets 17

&

&

les
,

Jaifs dfigns par les

verlets 19
(gloire

&

20.

De
,

plus

mots je mettrai ma ne peuvent s'adreiTer qu'aux


ces
.

dans
,

les

nations

juifs

&

non pas aux

oif^aux

cela parat dcifif.

Nous ne portons point


;

notre jugement fur cette difpute

mais nous remarplus


la

quons avec douleur,


h
^rrib'es atrocits
,

qu'il
la

n'y a jamais eu de
terre

fur

rie

pendant

douze

cent

que dans annes prefque


,

Sy-

conf-

cutives.

iiij

3^0

Antropopiiages.
il

afTure qu'il n'a jamais

phaj^es, S:

rencontr d'antropon'y a peut - tre ras aujourd'hui deux peuplades o cette horrible coutume foit

en ufage.
Amric Vefpiice dit, dans une de fes lettres, que les Uraliliens tuvent fort tonnes quand leur fit e.. tendre que les Europeans ne il mangeaient point leurs piiionnieis de gurie
depuis longtcms.

Les Gafcons & les Efpagnols avaient coma ce que rapmis autrefois cette barbarie porte Jiivenal dans fa quinzime fatyue. uimme fut tmoin en Egypte d'une pareille abomination Tous le conl'ulat de Jiiuiiis i une
,
1

querelle furvint entre

les Habitant,

de linrire
\\\\

ceux d'Unibo on fe bien tant tomb entre


j

&

battit
les

&

Om-

mains des Tintiricns , ils le firent cuire & le mangrent jud qu'aux osi mais il ne dit pas que ce ft un ufage reu. Au contraire il en parle comme d'une fureur peu commune.
, ,

Le

jfuite Clhirlevoix

que
trs

i'ai

fort

connu
,

&

qui tait

un homme
,

vridique

fait

dans Ion Hijloire du Canada , pays o il a vcu trente annes , que tous les peuples de l'Amrique feptenn-ionale taient antropophnges ; puis qu'il remarque,
allez

entendre

comme une
les Acadiejs

que choie fort extraordinaire ne mangeaient point d'hommes


,

en 171

1.

Antropophages.
,

361

Le ifuite Byeheuf raconte qu'en 16^0 As premier (roquois qui hit converti tant malheureufement yvre d'eau-de-vie , fut pris par
les

Hurons ennemis
,

alors des
le

Iroquois.

Le
le

prifonnier batif par

pre Breheuf fous


a la
,

110m de Joj'eph
lui
fit

fut

condamn
toucmens

mort.

On

fourtiir mille

qu'il

foutint

toujours en chantant , flon la coutume du pays. On finit par lui couper un pied , une inain & la tte , aprs quoi les Hurons mi.
rent tous
fes

membres dans

la

chaudire

chacun en mangea, & on en ceau au pre Breheuf.


Charlevoix parle, dans

oiirit

un morVoyez
lettre
la

un autre endroit, de vingt deux Hurons mangs par les Iroquois.


1

de

^j^'bsuf

0\\ ne peut donc douter que la nature hu- j , oe Lnarj> r ] mame ne loit parvenue dans plus d un pays /^.^^/^ ce dernier degr d'horreur ; & il faut bien Tome'L que cette excrable coutume foit de la plus pag. 327. haute antiquit , puifque nous voyons dans &luvanla fainte

Ecriture
eft

que
dit

les Juifs
s'ils

font menacs

^^^'

de manger leurs enfans


leurs loix.
,,
5, 5,

n'obilfent pas
,

Il

aux

Juifs

que non- Deutgro,

feulement ils auront la galle que leurs nome, femmes s'abandonneront d'autres , mais c. xxviii
qu'ils

mangeront

leurs
la

filles

&
;

leurs
qu'ils

fils '^' 5 3'

dans

l'angoilfe

&

dvaltation

fe

difputeront leurs enfans pour s'en nourrir s que le mari ne voudra pas donner fa fem me un morceau de fon fils parce qu'il dira
,

,5

qu'il

n'en a pas trop pour

lui.

'

3^2

Antropofhages.
que de
le

Il eft vr;ii

trs hardis critiques pr-

tendent, que
qu'aprs
le

Deuteronome ne

fut

compof

mis devant Samarie par Be. nadad i lcge pendant lequel il eit dit au quatrime livre des Rois , que les mres mangrent leurs cnPans. Mais ces critiques, en ne regardant le Deuteronome que comme un livre crit aprs ce fige de Samarie , ne font que confirmer cette pouvantable avanture. D'autres prtendent, qu'elle ne peut tre arrive comme elle cft rapporte dans le quaCh. VI. trime livre des Rois. Il y eft dit , que le roi j^. 16. & d'Ifrael , en pallant par le mur ou fur le luivans. ^^^,^ jg Samarie , une femme lui dit San^^ feigneitr roi; il lui rpondit: 5, vez-rnoi To^DiU ne tefauvn-apns , cowment pou5, rais -je te fauver ? Jerait-ce de l'aire ou du le roi ajouta : qiie veux-tu f ,, prejfnir ^ t roi i voici mie femme & elle rpondit : qui nia dit , doimez-moi votre fils nous le demain nous aujoowVhui , 5, mangerons mangerons le mien. Nous avons donc fait nous lavons maig je lui cuire mon fils , domiez-moi votre fils afm j, ai dit aujourahui elle a cach fon que nous le tnangions ,
llcgc
:
-,

<

Ces cenfeurs prtendent qu il n'eft pas le roi Eenadad^ en aii, que geant Samarie ait plie tranquillement par le mur ou fur le mur, pour y juger des caufes entre des Samaritains. H eft encor moins
vraifemblable
,

b-.

Antropophages.
Il

3<>3

vraifemblable que deux femmes ne fe foient pas contentes d'un enfant pour deux jours.

au moins

dequoi les nourrir quatre jours mais de quelque manire qu'ils raifonnent , on doit croire que les pres les mres mangrent leurs enians au fge de Samarie , comme il elt prdit expreifment dans le Deuteronome.

avait

l
:

&

,'

t,

'

La mme rhofe
dite par Ezcbid.

arriva
i

au

ficge de Jrufa-

^*
c.
v.-jr. lo.

]em par Nabucodouofor

elle eft

encore pr- Ezech.

Jrmie s'crie dans Tes lamentations ; quoi Lament. donc , les fei)imes nangerout - elles leurs petits ch. ii. -j^r. "enfans qui ne font pas pins grands que la main ? Et dans un autre enckoit les mres Ch. iv.
:

compatijfantes ont cuit

mains

leurs enfaiis

les

ont mangs.

On
;

de leurs peut encor tia nang

-^.

lo.

rer ces paroles de


la chair

Baruch

de [on

fils

rhomme
fille.

de fa

Cette horreur

eft

rpte

fi
;

fouvent
enfin

qu'il

faut bien qu'elle foit vraie

\\y ^^n nait l'hiftoirc rapporte dans .Jofepb de cette ch vm.^ femime , qui fe nourrit de la chair de fon
fils

on con-

lorfque Titus affigeait Jrufulem.


livre attribu Eyioch
les
St. Jude^ , cit par gans ns du commerce des an-

Le
dit
,

que

ges

&

des

filles

des

hommes

furent

les

pre-

miers antropophages.

364
Dans
Clment

Antropothages.
la
,

huitime homlie attribue St. parler , dit , St. Vierre , qu'on fait

s'abreueiiFuns de ces mmes gcaiis vrent de lang humain, & mangrent la chair de leurs Icmblables. 11 en relulta, ajoute Tau-

que

les

teur

des

maladies

julqu'alors

incomiues
fe

des moaltrcs de toute cipece naquirent fur


la terre
i

&
le

ce fut alors

que Dieu

rfulut

noyer

genre-humain. Tout cela fait voir l'opinion rgnante de Texiltence des combien antropophages tait univerfclle. Ce qu'on fait dire St. Fierre, dans l'homlie de
St.

Clment, a
,

un rapport

fenlblc

la fable de

Lycaon qui eft une des plus anciennes de la Grce , & qu'on retrouve dans le premier livre des Mtamorphofes di^ Ovide.

La

Relation des hules


(lcle
,

^ de
,

la Chine
,

faite

au huitime

par deux Arabes


n'cll pas

&
un

trali-

duite par l'abb Renniidot

vre qu'on doive croire fans examen , il s'en uit beaucoup j mais il ne faut pas rejetter tout ce que ces deux voyageurs difent , furtout lorfque leur rapport ell confirm par d'autres auteurs , qui ont mrit quelque

aance.
des
,

Ils

alfurent

que dans

la

mer

des In-

il

a des ifles peuples de ngres qui


cesiiles,

mangeaient des hommes. Ils appellent Jxmmii. Le gographe de Nubie les liammi , ainl que la Bibliothque
^Ho-belot.

nomme
orientale

Intropophages.

3(?f

Marc Paul qui n'avait point lu la relation de ces deux Arabes , dit la mme chofe quaL'archevque Niroa^ tre cent ans aprs eux.
voyag depuis dans ces mers , confirme ce tmoignage los europeos que co^ gen , es coiijhvite que vivos fe los van coniiendo
rette ,'qui a'
:

Texeini
rilHiient

prtend que les favans fe nourde chair hu-n.ine,& qu'ils n'avaient

quitt

cette

abominable coutume que deux


lui. Il

cent ans avant

ajoute, qu'ils n'avaient

connu des murs plus douces qu'en embraie faut le mahomiirme.

On
Pgu
citer
,
,

a dit

la

mme
,

des Cafres
dit

&

chofe de Ja nation du de plufieurs peuples de

l'Afrique.

Marc Paul, que nous venons dj ds


que chez quelques hordes Tartares
,

quand un criminel avait t condamn mort on en fefait un repas Hauno cojloro mi bejiale
e orribile
ei

cofimne

che qiiarido alaino jiidicato

morte

lo

tolgono e cuocouo e numgian'felo.


eft

deux Arabes attribuent aux Chinois mmes ce que Marc Paul avan,

Ce qui croyable

plus extraordinaire

&

plus in-

c'efl:

que

les

quelques Tartares : qu^en gnral les mangent tous ceux qui ont t tus. Cette horreur ei li loigne des murs chinoifes qu'on ne peut la croire. Le pre Pace de
Chinois
,

rennin

l'a

rfute en dilnt

qu'elle

ne m-

rite pas

de rfutation.

^66

Antropophages.
,

faut bien obfcrver que le tems auquel ces Arabes crivirent leur voyage tait un des ficels les pour les Chinois. Deux cent plus Rincitcs mille Tartares pafll-rent la grande muraille pillrent Pkin & rpandirent partout la

Cependant

il

huicimc

licle

dlolation

la

plus horrible.

Il

ell

trs vrai-

fcmblable qu'il y eut alors une grande famine. La Chine tait aulfi peuple qu'aujourd'hui. Il fe peut que dans le petit peuple,

quelques miirables ayent mang des corps morts. Quel intrt auraient eu ces Arabes inventer une fable fi dgotante ? Ils auront pris peut-tre , comme prefqiie tous les voyageurs , un exemple particulier pour une cou-

tume du

p^iys.

Sans aller chercher des exemples fi loin , dans la proen voici un dans notre patrie
,

vince
Bell.Gall. tre

mme o
,

j'cris.

Il ell

attelle

par no-

Liv.

vu.

Il

par notre maitrc Jiiks Cfar. alTlgeait Alexie dans l'Auxois ; les aili,

vainqueur
rfolus

gs

de

fe

dfendre jufqu'

la der,

manquant de vivres af, femblrent un grand confeil o l'un des chefs notnm CritoguLit propoi'a de mannire extrmit
, , ,

&

ger tous
palfa

les

enf.ins l'un aprs

l'autre

pour
pas

foutenir les forces des combattans. Son avis

-,

la

pluralit des
,

voix.

Ce
,

n'eft
,

harangue dit leurs anctres avaient dj eu recours


fa

tout

Critognat

dans

que

une

Antropophages.
telle

357
les

nourriture

Teutons

&

les

dans la guerre contre Cimbres.

FinilTons par le tmoignage de Afo}ita^n:.


Il

parle de ce que lui ont die les


,

compagnons

de Villegagnon

&

qui revenaient du Brefil , de ce qu'il a vu en France. Il certifie que

mangeaient leurs ennemis tus la guerre ; mais lifez ce qu'il ajoute. OUv.i.c\u ej plus de barbarie manger tin homme mort xxx. qii le faire rtir par le menu , le faire pourceaux , comme meurtrir aux chiens nous avons vu de frache mmoire , non entre conciennemis aucie)is , mais entre vnifns
les Braliliens

^
,

toyens

^ qui
tel

pis

eJ

fous prtexte de pit

C^ de

religion.

Q^iellcs

crmonies
!
,

philofophe

que Montagne
?
.

Si
ils

pour un Anacron
auraient

&

Tibulle taient ns Iroquois


. .
.

donc mang des hommes

Hlas

APOCALYPSE.
Ajoutons
grands
fort V'xdc Apocalyffe
,

-hommes
,

diifrente
le

ont

que deux mais d'une grandeur comment TApocalypTe


.,

dans

dix-feptime

ficle.

L'un

eft

Newton^
;

qui une pareille tude ne convenait gures


,

l'autre eft Bojfuet

qui cette enireprife

cii-

, ,

358

p o .c A L y p

E.

venait davantage.

L'un

&

beaucoup de

prife leurs

commeiiraires ; & , comme preinicr confola la race humaine de


rioritc
fes

l'autre donnrent ennemis par leurs on l'a dj dit le


,

la

fupe-

qu

il

avait fur elle

&

l'autre rjouit

ennemis.

Les carholiques & les proteftans ont tous expliqu TApocalypTe en leur faveur 8i chacun y a trouv tout julle ce qui convenait fes intrts. Ils ont furtout fait des merveilleux commentaiics fur la grande bte fept ayant le poil d'un lottes c^ dix cornes pard , les pieJs d'un ours la gueule du lion la force du dragon j & il falait, pour vendre
-,

&

acheter, avoir
-,

le

caradere
tait

&

le

nombre de

la bce

ik

ce

nombre

666.

demment
c'tait

BoiTuet trouve que cette bte , tait vil'empereur Diocltien, enfaifmt un

acroftiche de fon

Traian.

nom Un cur
;
.

Grotius croyait que


de
St.

Sulpice,

nomJn-

m La

Chtar'He

connu par d'tranges avanla

tures, prouve que


rien prouve que

bte, tait Julien.


bte
,

la

clt

le

pape.

Un

prcdicant a dcmontt que

c'eft

Louis XIV.

Un
de

bon catholique
les

roi d'Angleterre

a dmontr que c'efl le Guillaume i il n'eft pas aif

accorder tous.
,

Il

les toiles

concernant y a eu des vives difputes qui tombrent du ciel fur la terre

&

APOCALYPSIf.
mes
Il

3^9

6c touchant le foleil & la lune qui furent frapps la fois de tnbres dans leurs troifiparties.

y
,

a eu plufieurs {entimens fur


fit

le livre

que

TApocalypfe lequel livre fut doux la bouche & amer dans le ven'-re. Jurieti prtendait que
l'ange

manger

l'auteur de

les livres

de

fes adverfaires taient dfigns par-

la

& on rtorquait fon argument contre lui. On s'eft querell fur ce verfet Xentenis
,

55

j,
55

55

Il

une voix dans le ciel , comme la voix Jesgrandes eaux , ^5* comme la voix d'un grand tonnerre j ^* cette voix que f entendis tait cornme des harpeurs harpans fur leurs harpes. " etl clair qu'il valait mieux refpeder l'Apo-

calypfe que la commenter.

Le Camus vque du
(lcle

Belley

ft

prcdent

un

gros livre contre


;

imprimer au les moiil

nes

qu'un moine dfroqu abrgea


-,

fut inti-

tul Apocalypfe^ parce qu'il

y rvlait les dfauts

les dangers de la vie monacale Mliton , parce que Mliton vque de Sardes au fcond ficle avait pafle pour prophte. L'ouvrage de

&

cet vque n'a rien des obfcurits de l'Apoca-

lypfe de St. .Jean

j jamais on ne parla plus clairement. L'vque reifemble ce magili:rat qui difait un procureur ; Vous tes un faujjaire un fripon. Je ne fais fi je m"* explique. L'vque du Belley fuppute dans fon aoocalypfe ou rvlati,on , qu'il y avait de fon

Freraire partie.

37^

Apocalypse.
moines
,

tenis quatre vingt-dix-huit ordres de

rentes ou mendians

qui vivaient aux dpends


le

des peuples fins rendre

moind.e lervice,

fans s'occuper du plus lger travail. 11 comptait fix cent mille moines dans l'Europe. Le
calcul
eft

que
11

le

un peu enfl. Mais il eft certain nombre des moines tait un peu trop
que
,

grand.
alTurc
les

moines font

les

ennemis

des vques

des curs

&

des magiftrats.

Que
deliers
,

parmi
le

les privilges

accords aux coreft la furet d'tre

fixime privilge

Page 89.

fauve, quelque crime horrible qu'on ait comj^^jg^ pourvu qu'on aime l'ordre St. Franois.
plus
les moines relfcmblent aux (inges : montent haut plus on voit leur eu, Qiie le nom de moiiie eft devenu fi infme
ils
,

Pag 105.
Pag. loi.

Que

&

fi

excrable

qu'il elt

regard par

les

moi-

nes

mme conmie une

fale injure

& comme le
faire.

plus violent outrage qu'on leur puiiTe

Mon
Pag. 160
oc 161.

cher ledeur

qui que vous foyez


,

un

miniftre ou magiltrat
tion ce petit
1

confidrez avec atten-

morceau du livre de notre vque. - vous un couvent de i'EC3 r^ ir cunal ou du mont Laliui , ou les ccno biftes ont toutes fortes de commodits ndledabics fuperflues utiles ceffaires furabondantes , puifiju'ils ont les cent ciu quante mille , les quatre cent mille , les
Reprfentez
,
1

'

j,

cinq

cent

mille

cus de rente

&

jugez

Apocalypse.
j5 ,3

371

3, 53 55
3, 55

3,
5, 3j

monfieur l'abb a de quoi lailer dormir meridiane ceux qui voudront. D'un autre ct reprflntez- vous un artilan un laboureur , qui n'a pour tout v.ii'Ianc que Tes bras , charge d'une grofTe famille travaillant tous les jours en toute faifon , comme un elclave pour la nourrir du pain de douleur , & de l'eau des larmes ; &. puis , faites comparaifon de la prminence de l'une ou de l'autre condition en tait de pauvret. "
f

la

Voil un palTage de VApocalypfe pifcopal, qui n'a pas befoiu de commentaires : il n'y

manque qu'un ange qui vienne


pe du vin
agriculteurs

remplir fa coules

des
,

moines pour dfalcrer qui labourent , fment &


fit

r-

cueillent pour les monaftres.

Mais
de
faire

ce prlat ne

un

livre

utile.

qu'une fatyre au- lieu Sa dignit lui ordonle

nait de dire le bien

comme

mal.

Il falait

avouer que les bndic'lins ont donn beaucoup de bons ouvrages , que les jfuites ont

rendu de grands
Il falait

fervices

aux

belles -lettres.

bnir

les

frres de la charit
captifs.

& ceux

de

la

rdemption des

voir eft d'tre juite. fon imaginationu Sf, Franois de Sales lui confeilla de faire des romans de morale , mais il abufa de ce conlil.

Le premier deLe Camus fe livrait trop

Fin de
f-.

la

premire Partie*

Aa

ij

DES ARTICLES
contenus dans cette premire
partie.

TABLE

Ta CLE CE
tSuite

Articles.
pag.
.

575
gj^*

du

chapitre fur Fadulth-e.

Uflexion

d'un pre de famille.

g 9.

Affirmation par serment. Age.


.

90.

^2

Calcul de la

vie.

95'.
.

Agriculture.
gnrale.
.

99.

Des ivres pfeudoninies fur

...
.
.
.

l'conomie

loo.
104.
.

T)e P exportation des grains.

De la
Des

grayide

petite culture.
.

ibid.

dfrichsmens,

io6.

De la grande
ture.
Voficript.

....
.

prote&ion due Pagricul.

109.
.

113. 114.

Air
Raifons de ceux qui
Client Pair.
.
.

117.

ALCHIMISTb. Al CORAN ou plutt


,

121.

LE KORAN.
y?' les

I27.

Kgleinens de

Mahomet

fem130.

mes

Alexandre. Alexandrie. Alger.


.

,
. .

13^,

i4'
.

1^0. 1^4*

Almanac'h.

Alouette.

16^

574

Table
.
.

Amazones.
Ame.

pag. i6f J
.

(Sedion premire.)

171.

Sedion fconde. Des doutes de Loke


fur rame.
Sedioii troifime.
.
.

176'.
,

De Pme des
Sur Pme
.

btes
.

de quelques ides creufes.

igi,

Sedion quatrime.
nos ignorances.

^ fur
.

187.

Sedion cinquime.

Du

paradoxe de

"Warburton
Vame.

.....
,

fur l'immortalit de
193,

Sedion fixime.
lation

Du

befoin de la rv-

15^.

Sedion feptime. Ame


monftres.

^ ....
des fats

des

200.

AMRiaUE

203.
205^-

Amiti

Amour
Amour-propre.
AMOUR
s
. .

208.
313.
.

O C RAT

I Q.

E.
.

21 f.
.

Amplification. Ana, Anecdotes.


Anecdote bazarde de
-^ffc^o/f/fr

221.

23^.

Du Haillan. Charles -Qy INT.


.

244.
24^.
ibid.

Aittrs anecdote ^Ihs bazarde,

DE Articles.
Anecdote fur Hejuri

375'

IV

pag. 246.
.

De
.

Cabjuration de

HENRI IV.

ibid.

Autre bvue fur

Vi.t'i^Ki

\Y

247.
.

Bvue fur

le

marchal

^' Ancre.

249-

Anecdote fur l'homme an mafqiie de fer. 251. Anecdote


fiir

Nicolas Fouquet furin.

tendtint des finances.

25'4*
.

Fetite anecdote.

.'

255'.

Anecdote fur

le

tefiameyit
.

attribu
.

au
.

C. de Richelieu.
Autres anecdotes.
.

ibid.

.2^9.
2<5o-

Anecdote ridicule fur Anecdote fur


bourg.
le

....
XIV.
de
.

Thodoric. marchal de Luxem-

262.
ibid.

Anecdote fur Louis


Lettre
de

Mr.

V. fur plufieurs
,
,

anecdotes.

2^4 273.
.

'Anatomie. Anciens et modernes. Du chevalier Temple.


. .

277.
284.
28^.

De De

Boileau
rinjujiice

^ ^ de

de Racine.

la tnauvaife foi de

Racine dans
rault

la difpute

contre Per,

au

fujet ^'Euripide

^
.

des

infidlits

de

Bmmoy.

287-

Aa

iiij

37^

T
quelques

B
entre i4
.

De

comparaifons
clbres.
.

ouvrages

pag. 295*
,

D'un

fctjftige

^i'Homre.

297.
30.

Ane
AN
b
(

^e

/'

d'

de Machiavel.
.

310.

ANE(^f/')DE VRONE. Ange.


'l^]^remhr
chapitre

312.
314.
.

du du

Shafta.
Shafta.
.

315".

Second
'

chapitre

ibid,

Troifime chapitre.
''

De
.

la chUte d'une
. .

^
'-

'-^

partie des auges.


chapitre.

315.
des

i^atrime
anges

Chtiment
.

coupables.

31^,

' '

"^Prcis

du cinquime-

chapitre.
.

313,

-Des

anges des Ferfes.

310,
320.

Des anges chez hs Hbreux.


Savoir
fi
les

Grecs

les
.

Kotnaifts
.

admirent des anges ?

324,

Anguilles.
ines'

Race d'anguilles

for-

de farine E
s. S.
.

& de jus demmton.


.

32^.

AW

N A L

330.

AN N

A T E

334.
338.
339.

Anneau de Saturne.

Anticluit. (Sedion premire.)

DE9 Articles.
Seftion
ufages.

577

fconde.
.

De
.

l'antiquit des
.

pag. 344.

Sedioii troifime.
les

Ftes injlitiies fur

chimres

348-

Sedion quatrime.
ftes

Ds

l'antiquit des

qu'on prtend avoir toutes t


.

lugubres.

349.
des

Sedlion cinquime.
arts.

....
De
. .

l'origine

3^v.
.

Antropophages. ArocALYPsE.

3^0.

307

ERRATA
du premier .volume.
Pa^e 13.
ligne
'^.

une riviera

zoxngct

jmx

rhiera.

page 16.

lig.
lig.

4.

hoton-, corr.

ho-tou,
,'

page 120.

13.

On

Jes voit vifiblement

btez vifiblement.

page 344,

lig.

pnult.

donnes

corr.

donn.

',>'.

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