Chapitre 4-Dualité et analyse de sensibilité
Chapitre 4-Dualité et analyse de sensibilité
Chapitre 4-Dualité et analyse de sensibilité
I. Introduction
Nous allons commencer ce chapitre par donner quelques termes clés du jargon utilisé pour
interpréter économiquement les différents résultats du programme linéaire.
MaxZ = ∑C i Xi
SC ∑a ij X i ≤ bi
Xi ≥ o
tout i = 1; : : : ; n. En effet, pour tout i, cela garantit que E a intérêt à vendre les ressources
nécessaires pour produire une unité de i plutôt que de la produire.
Quand une variable d’écart est nulle, on dit que la contrainte correspondante est
saturée .Toute contrainte non saturée à l’optimum n’est pas restrictive pour le problème, c’est
à dire qu’elle n’a aucune influence sur la solution considérée.
Par contre, si une variable d’écart est nulle dans la solution optimale, c’est que le bien
correspondant est totalement utilisé. Par la suite une variation de la disponibilité aura
généralement une influence sur le revenu. C’est pourquoi cette variable d’écart nulle dans la
solution optimale à une valeur marginale non nulle, et cette valeur marginale précise la
variation de la fonction économique résultant de l’utilisation d’une unité supplémentaire du
bien associé.
Dualité et analyse de sensibilité
II. Dualité
a. Définition
La forme d’un programme linéaire de type maximisation est
Max z = c x
t
S.C Ax ≤ b (PL1)
x≥0
avec x, b , c des vecteurs de dimensions respectives n, m et n , et A une matrice de
dimension (m, n )
On appelle programme dual de ( PL1) , le programme linéaire suivant :
Min w = bt y
S.C
t
A.Y ≥ c
y≥0
avec y un vecteur de dimension m et t A la transposée de la matrice A .
Le programme ( PL1) est appelé programme Primal.
Pour passer du primal au dual, on remarque que :
a ) Les termes du second membre deviennent les coefficients de la fonction objectif et
réciproquement.
b ) Le problème de maximisation devient un problème de minimisation.
c ) Les inégalités " ≤ " deviennent des inégalités " ≥ "
d ) La matrice A se transforme en sa transposée.
Exemple : Un agriculteur veut allouer 150 hectares de surface irrigable entre culture de
tomates et celles de piments. Il dispose de 480 heures de main d’œuvre et de 440 m3 d’eau.
Un hectare de tomates demande 1 heure de main d’œuvre, 4 m3 d’eau et donne un bénéfice
net de 100 dinars. Un hectare de piments demande 4 heures de main d’œuvre, 2 m3 d’eau et
donne un bénéfice net de 200 dinars.
Le bureau du périmètre irrigué veut protéger le prix des tomates et ne lui permet pas de
cultiver plus de 90 hectares de tomates. Quelle est la meilleure allocation de ses ressources ?
Primal Dual
Max ½ x1 + x2 Min 3y1 + y2 + 2y3
S.c x1 + x2 ≤ 3 S.c y1 - y2 + y3 ≥ ½
- x1 + x2 ≤ 1 y1 + y2 ≥ 1
x1 ≤ 2 y1 ≥ 0, y2 ≥ 0, y3 ≥ 0
x1 ≥ 0, x2 ≥ 0
Min - x1 + x2 Max 2y1 - 2y2 + 5y3
S.c 2x1 - x2 ≥ 2 S.c 2y1 - y2 + y3 ≤ -1
- x1 + 2x2 ≥ -2 - y1 + 2y2 + y3 ≤ 1
x1 + x2 ≤ 5 y1 ≥ 0, y2 ≥ 0, y3 ≤ 0
x1 ≥ 0, x2 ≥ 0
Max 2x1 - x2 Min 3 y1+ 4 y2
S.c x1 - x2 = 3 S.c y1+ 2 y2 ≥ 2
x1 ≤ 4 - y1 ≥ -1
x1 ≥ 0, x2 ≥ 0 y1∈IR, y2 ≥ 0
Max 2x1 - x2 Min - 2y1 + 6y2 - 5y3
S.c y1 + y2 = 2
Dualité et analyse de sensibilité
Définition: Une solution de base optimale est dite stable si l’ensemble des variables de base à
l’optimum ne changent pas, même si les valeurs de ces variables de base sont modifiées.
Dans cette section on examinera la stabilité de la solution optimale d’un programme linéaire
suite à la variation de l’un des paramètres de ce programme.
On utilisera pour présenter l’analyse de sensibilité sur ces différents paramètres du
programme linéaire l’exemple de l’agriculteur.
On cherche à déterminer un intervalle dans lequel peut varier Cj sans que la solution optimale
ne change.Considérons une variation du coefficient Cj de 100 à 100 + ∆
En remplaçant dans le tableau optimal 100 par 100 + ∆ , on obtient le tableau suivant :
100+∆ 200 0 0 0 0
x1 x2 S1 S2 S3 S4
100+∆ x1 40 1 0 4/3 0 -1/3 0
0 S2 60 0 0 -14/3 1 2/3 0
200 x2 110 0 1 -1/3 0 1/3 0
0 S4 50 0 0 -4/3 0 1/3 1
100+∆ 200 (200+4∆)/3 0 (100-∆)/3 0
0 0 -(200+4∆)/3 0 ∆-100/3 0
Exercice : Supposons que le coefficient Cj d'une variable hors base dans la solution optimale,
est modifié. Dans quel intervalle, Cj peut-il varier sans que la base optimale soit modifiée ?
(Aide : différencier le cas d’un programme de maximisation et le cas d’un programme de
minimisation).
Dualité et analyse de sensibilité
Solution :
- ∞ < C j ≤ zj cas d’un programme de maximisation
zj ≤ Cj < - ∞ cas d’un programme de minimisation
Déterminer l’intervalle pour lequel, la solution optimale reste stable, pour une variation du
second membre de la ième contrainte bi.
Considérons une variation de b1 de 150 à 150+∆. Sachant que dans le premier tableau de
simplexe b1 n’est présent que dans la première contrainte. On obtient ainsi une
correspondance entre la colonne des quantités Qi et la colonne de S1.
100 200 0 0 0 0
x1 x2 S1 S2 S3 S4
0 S1 150+1× ∆ 1 1 1 0 0 0
0 S2 440+0× ∆ 4 2 0 1 0 0
0 S2 480+0× ∆ 1 4 0 0 1 0
0 S4 90+0× ∆ 1 0 0 0 0 1
0+1× ∆ 0 0 0 0 0 0
100 100 0 0 0 0
Dans le tableau optimal, la colonne correspondant à S1 nous donne les coefficients de ∆ dans
la colonne des quantités.
100 200 0 0 0 0
x1 x2 S1 S2 S3 S4
100 x1 40+4/3∆ 1 0 4/3 0 -1/3 0
0 S2 60-14/3∆ 0 0 -14/3 1 2/3 0
200 x2 110-1/3∆ 0 1 -1/3 0 1/3 0
0 S4 50-4/3∆ 0 0 -4/3 0 1/3 1
26000+200∆/3 100 200 200/3 0 100/3 0
0 0 -200/3 0 -100/3 0
La base reste optimale tant que :
40 + 4 / 3∆ ≥ 0 ∆1 ≥ −30
60 − 14 / 3∆ ≥ 0 ∆ ≤ 90 / 7
⇔ 1 ⇔ - 30 ≤ ∆ ≤ 90/7
110 − 1 / 3∆ ≥ 0 ∆ 1 ≤ 330
50 − 4 / 3∆ ≥ 0 ∆1 ≤ 75 / 2
Donc tant que 120 ≤ b1 ≤ 160,85 la base demeure la même et la solution optimale est stable
mais elle change en valeur (exemple: pour ∆= 3 le vecteur de solutions optimale est
(x1,x2,S1,S2,S3,S4)=(44,109,0,46,0,46))
Remarque : D’après le résultat ci-dessus on peut conclure que le coût marginal de 200/3 par
hectare de la première ressource n’est valide que si la solution de base demeure stable. Donc
si et seulement si 120 ≤ b1 ≤ 160,85. Ceci est appelé le domaine de validité du coût marginal.
Dualité et analyse de sensibilité
Exercice 1: Sans faire de calcul, de combien peut-on modifier la quantité de m3 d’eau sans
nuire à la solution optimale ? Confirmez votre résultat à l'aide de la méthode d'analyse de
sensibilité exposé ci-dessus ?
Exercice 2 : Déterminer l’intervalle dans lequel peut varier b1 et b3 (les ressources en surface
et en main d’œuvre) sans que la base optimale change.
Réponse 2 :
40 + 4 / 3∆1 − 1 / 3∆ 2 ≥ 0 4∆1 − ∆ 2 ≥ −120
60 + 14 / 3∆ + 2 / 3∆ ≥ 0 7 ∆ + ∆ ≤ 90
1 2 1 2
⇔
110 + 1 / 3∆1 + 1 / 3∆ 2 ≥ 0 ∆1 − ∆ 2 ≤ 330
50 + 4 / 3∆1 − 1 / 3∆ 2 ≥ 0 4∆1 − ∆ 2 ≤ 150
Pour ∆1 = 0 (variation nulle de la surface en hectare), la solution optimale est stable pour une
variation ∆2 des ressources en main d’œuvre entre 570 et 730 heures (-150 ≤ ∆2 ≤ 90).
Le coût marginal de 100/3 par heure de main d’œuvre de la 3ème ressource n’est valide que
dans l’intervalle [570, 730].
Conclusion: Dans le cas où xj est une variable de base optimale et la ième ressource est
totalement utilisée, il est impossible de modifier le coefficient aij sans que la base dans la
solution optimale ne change pas (la solution optimale n'est pas stable).
ii) xj est une variable de base et la ième ressource n’est pas totalement utilisée.
Par exemple : (4 +δ) x1 + 2x2 ≤ 440
⇒ (4 + δ )x1 +2x2 + S2 = 440
Conclusion: Dans le cas où xj serait une variable de base optimale et où la ième ressource n’est
pas totalement utilisée, il est possible de modifier le coefficient aij d’une valeur δij égale à
S
− ∞ ≤ δ ij ≤ i et la solution optimale demeure stable.
x *j
iii) Si xj est une variable hors base (xj = 0). Ceci implique qu’on ne va pas produire le produit
j
• Si δij ≥ 0, alors il est encore moins économique de fabriquer ce produit si le coefficient
technologique aij augmenterait de δij
• Si δij ≤ 0 , alors la fabrication du produit j peut devenir économique si on utilise moins de
ressources.