OSY_Initiation à l'audit_Support de cours_1ere partie
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Ce cours vous présente tout ce que vous devez savoir en matière d’audit, pour les aspects
techniques et réglementaires. Les exemples sont présentés pour illustrer une règle et
également pour vous permettre de vous familiariser à l’analyse et à la réflexion en vue
d’une prise de position dans ce domaine.
Le programme traite de l’audit d’une façon générale, ce qui recouvre plusieurs situations
dont celle du commissariat aux comptes. Les missions du commissaire aux comptes étant
très réglementées, les modalités d’exercice étant normées, il est plus facile de s’appuyer
sur cette réglementation pour aborder les missions d’audit. Les règles qui s’imposent au
commissaire aux comptes pour la conduite de l’audit des comptes annuels s’appliquent
également aux autres missions d’audit avec un formalisme moins important ou un
vocabulaire moins normé.
C’est pourquoi, il est souvent fait référence à l’audit réalisé dans le cadre d’un
commissariat aux comptes.
Aspects juridiques
Le commissariat aux comptes renvoie au droit des sociétés : la réglementation applicable
au commissariat aux comptes est définie dans l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et GIE (AUDSCGIE).
Les obligations des sociétés en matière de certification des comptes sont également
inscrites dans l’AUDSCGIE :
Aspects comptables
La mission d’audit porte sur l’information financière élaborée en application d’une
réglementation comptable que vous devez connaître. Les aspects comptables ne sont
vraiment utiles que si vous connaissez déjà les règles de comptabilisation.
Aspects techniques
La mise en œuvre d’une mission d’audit ne s’improvise pas, elle doit respecter une
méthodologie, faire appel à des techniques d’audit, respecter des règles de déontologie,
etc.
Les aspects techniques d’une mission d’audit ne peuvent pas se comparer aux aspects de
la technique comptable.
En comptabilité, une écriture est juste ou fausse, un calcul est correct ou erroné. Il y a peu
de choix possibles.
En audit, les étapes d’une mission doivent se dérouler suivant un ordre précis, la méthode
employée peut-être bonne ou mauvaise : il vous faut l’apprendre.
Mais il y a des éléments importants et d’autres non, plusieurs façons d’arriver au résultat
souhaité : il vous faut analyser, raisonner, trancher et donner votre propre appréciation. Il
n’y a pas qu’une seule bonne réponse. Le cours comporte de nombreux exemples et les
devoirs sont là pour exercer votre esprit critique.
IX
SOMMAIRE
XI
INTRODUCTION
Enfin, la crise de la Covid‑19 a aussi un impact sur les méthodes de travail de l’auditeur.
XII
Chapitre 1 :
Présentation de l’Audit
Compétences attendues :
XIII
L’audit comptable et financier est une mission d’opinion qui porte sur les informations
financières (audit de conformité) et les modalités d’élaboration de ces informations (audit
opérationnel).
A. DEFINITION GENERALE
I. Qu’est-ce que l’audit ?
Le terme « audit » est d’origine latine et étroitement lié à la notion de « rendre compte ».
L’utilisation du verbe latin audire (écouter) remonterait au iiie siècle av. J.‑C., où les
questeurs romains rendaient compte verbalement de leur mission de contrôle des
comptabilités des provinces devant une assemblée d’« auditeurs ».
L’utilisation du terme « audit » nous vient des pays anglo‑saxons. L’équivalent en français
est « contrôle » dans le sens de vérification. Mais ces deux notions ne se recouvrent pas
totalement, car la notion de contrôle ou de vérification n’inclut pas celle d’exprimer une
opinion.
C’est pourquoi le terme d’audit a été retenu en français.
Aujourd’hui, l’audit est une mission d’opinion. Ce qui rend si spécifique l’audit est qu’il
vise à produire une opinion de façon objective et indépendante. L’objectivité repose
notamment mais pas exclusivement sur la compétence et la méthodologie alors que
l’indépendance requiert de pouvoir émettre une opinion sans être à la fois « juge » et «
partie ».
XIV
Exemple
Le contrôle de sécurité qui autorise l’accès du public à un bâtiment est un audit.
Ce contrôle porte sur un certain nombre de points (présence d’extincteurs, blocs « sortie »,
plan d’évacuation), sur la vérification du bon fonctionnement de certains appareils
(extincteurs, détecteurs de fumée, sirène d’alarme). Ce n’est qu’après avoir effectué
l’ensemble de ces vérifications, qu’une conclusion pourra être formulée.
La conclusion d’une mission d’audit est l’opinion émise. Dans le cas du contrôle de
sécurité, ce sera :
∙ l’autorisation d’accès pure et simple ;
∙ l’obligation d’effectuer des travaux complémentaires avant l’ouverture au public ;
∙ ou l’interdiction de recevoir du public.
XV
IV. Référentiel
L’audit s’intéresse à la qualité des informations ou des éléments, objet de l’audit, ainsi qu’à
leur traitement et à l’organisation du travail. L’audit passe, en général, par une analyse du
fonctionnement d’une entité, analyse des processus et procédures, deux notions à bien
distinguer.
Un processus est un ensemble d’opérations qui, à partir d’éléments d’entrée, consomme
des informations, matières et services pour obtenir des éléments de sortie. Un processus
est identifié par les réponses aux questions « Qui fait quoi ? » et « Comment ? ». En
général, un processus s’achève avec l’étape du contrôle des produits obtenus. Le processus
d’une activité complexe se décline en « sous‑processus ».
On distingue, en général, trois sortes de processus :
∙ les processus métiers, processus de production, processus opérationnels ;
∙ les processus de management ou de pilotage qui assurent la cohérence de l’organisation ;
∙ les processus « supports », processus ressources qui sont liés à la mise en œuvre des
moyens de production (matériels, etc.).
Une procédure est la description écrite du mode de fonctionnement d’un processus. Elle
répond aux questions « Quel est l’objectif ? », « Qui fait quoi ? », « Comment ? » et « Qui
contrôle ? ». Une procédure est une règle, une méthode de travail qui doit être appliquée
pour obtenir les produits attendus. Une procédure est un moyen qui contribue à la
maîtrise d’un processus, mais il n’est qu’un élément parmi d’autres, car une procédure
aussi bien pensée et appliquée soit-elle ne peut pas garantir de tout maîtriser, loin de là.
L’ensemble des procédures mises en place constitue l’un des outils du contrôle interne,
mais il ne faut surtout pas penser que le contrôle interne se limite à des procédures écrites.
Le mode opératoire décrit concrètement comment effectuer une opération ou une série
d’opérations. Il peut indiquer, par exemple, le logiciel utilisé, le module à sélectionner, le
mode de classement des documents, s’ils doivent être scannés ou non, etc.
XVI
L’audit opérationnel porte sur les opérations d’un établissement, d’une structure, d’une
grande fonction, dans la perspective de réduire les risques d’une entreprise ou d’une
organisation. C’est‑à‑dire qu’il a pour objectif d’évaluer l’efficacité et l’efficience des
procédures mises en place par rapport aux processus. Il tient compte des priorités et du
système de valeur de la structure auditée, de la culture d’entreprise.
Exemple
Un audit opérationnel pourra porter sur les modalités de prise en charge d’un malade à
l’hôpital, depuis son admission jusqu’à sa sortie. Il sera tenu compte des procédures
administratives, du suivi médical (nombre de visites du médecin, fréquence des
interventions des infirmières, tenue du dossier médical et transmission des informations
entre les différents intervenants), des horaires des repas, etc.
Cet audit permettra de déterminer la qualité de la prise en charge et la sécurité médicale.
Les conclusions de cet audit mettront en évidence les améliorations à apporter à cette
organisation.
Le référentiel retenu pour un audit opérationnel comporte l’ensemble des règles qu’un
organisme s’impose ainsi que la réglementation qui doit être respectée.
L’audit de conformité est aussi appelé audit de régularité. La régularité signifie le respect
de la règle.
L’objectif de l’audit de conformité est de vérifier la bonne application des instructions et
règles en vigueur et la conformité des directives données et des actions entreprises avec les
dispositions légales et réglementaires.
Cet audit porte sur le respect d’une réglementation et/ou des règles définies par une
entité.
Exemple
Le contrôle de sécurité d’un bâtiment, le contrôle technique d’un véhicule de tourisme
sont des audits de conformité.
XVII
Dans une entreprise, un audit de conformité pourra porter, par exemple, sur le respect de
consignes de sécurité dans un atelier de fabrication : port de vêtements spéciaux, règles
d’hygiène avant et après le travail, respect de la sécurité électrique, etc.
L’audit interne est un audit effectué pour les besoins internes d’une entreprise, d’un
organisme. Il est donc réalisé à la demande de la direction de l’entreprise et de ses
instances de gouvernance (comités d’audit, etc.) qui doit s’assurer de son bon
fonctionnement et de la mise en œuvre des mesures correctives si des risques ou des
défaillances sont identifiés.
L’audit interne a pour objet d’apprécier la pertinence et l’efficacité du processus de gestion
des risques et du dispositif de contrôle interne en s’assurant de la fiabilité et de l’intégrité
des informations financières et opérationnelles, de l’efficience et de l’efficacité des
opérations, de la protection du patrimoine social et du respect des instructions, des lois,
règlements et contrats.
La pratique de l’audit interne est encadrée par des normes professionnelles internationales
établies par l’Institute of Internal Auditors (IIA). Ces mêmes normes précisent que l’audit
interne est une fonction indépendante et objective dont le rôle est d’évaluer par une
approche méthodique et systématique les processus de gestion des risques et de contrôle
au sein des organisations. L’auditeur interne, contrairement à certains préjugés, n’est pas
moins indépendant que l’auditeur externe. Le scandale Enron qui a amené à la faillite de
cabinet
Arthur Andersen en est d’ailleurs certainement un bon contre‑exemple. La question qu’il
faut se poser lorsqu’il est question d’indépendance est de savoir par rapport à qui
l’auditeur doit‑il être indépendant.
Exemple
Un auditeur interne est chargé de vérifier toutes les procédures liées à la fonction achat de
l’entreprise. Parmi l’ensemble des opérations qui sont effectuées,
Il vérifiera en particulier :
➢ le respect de la procédure de choix des fournisseurs : recours aux appels d’offres
au‑delà d’un certain montant, mise en concurrence de plusieurs fournisseurs, etc. ;
➢ le respect des délégations de pouvoir : les décisions sont prises par les personnes
dûment habilitées. Il vérifiera les signatures apposées sur les bons de commande ;
➢ les circuits de transmission des informations entre les différents services : il
s’assurera qu’un exemplaire des bons de commande est bien adressé au service
XVIII
L’audit interne peut être effectué par le personnel salarié de l’entreprise sous l’autorité de
la direction générale ou être confié à des prestataires [cabinets d’audit, sociétés de conseil
en stratégie, en organisation, en management, etc., ESN (entreprise de services du
numérique), sociétés d’ingénierie, etc.] dont le regard, le style d’intervention, le recul et les
facultés de perception sont différents de ceux d’un service interne. Ces prestataires seront
choisis en fonction de la nature de l’audit. L’accent sera mis sur l’organisation de
l’entreprise ou sur la tenue de la comptabilité. Dans tous les cas, les rapports, les comptes
rendus des travaux d’audit sont adressés à la direction de l’entreprise.
Les auditeurs internes mettent en œuvre, le plus souvent, les normes professionnelles de
l’IIA et se soumettent à son code de déontologie.
Exemples
1. Une société à succursales multiples pourra, par exemple, demander un audit pour
s’assurer que le suivi et l’évaluation des stocks sont conformes aux procédures établies par
le siège. Dans ce cas, le champ d’investigation ne concernera pas seulement le service
comptable. La succursale n’a pas la personnalité morale, c’est une partie de l’entité
juridique qui sera auditée.
Cette situation correspond bien à l’audit interne. Il pourra être réalisé par le personnel du
siège ou par un prestataire.
2. Un hôpital privé doit appliquer en matière de tarification les mêmes règles que les
hôpitaux publics (tarification à l’activité), car il est, comme eux, financé par la Sécurité
sociale. Cette réglementation étant très spécifique, la direction pourra demander un audit
pour s’assurer que les règles qui lui sont applicables sont correctement mises en œuvre. Il
s’agit d’un audit interne qui ne concerne qu’une partie des procédures en vigueur dans
l’hôpital.
3. Une société étrangère qui a une filiale au Sénégal pourra, par exemple, faire un audit
pour s’assurer que les normes comptables du groupe sont bien appliquées pour
l’établissement des états qui lui sont envoyés. Les conclusions de cet audit seront adressées
au directeur financier de cette société ou au responsable de la consolidation. Dans ce cas, le
champ d’investigation ne concerne pas l’application du SYSCOHADA.
Ainsi que le souligne Jacques Renard, la « preuve en audit interne » est acquise lorsque les
informations réunies sont :
➢ indispensables (sans lesquelles aucune conclusion valable ne peut être formulée) ;
XIX
L’audit externe est réalisé pour répondre aux besoins des personnes extérieures à l’entité
auditée. Il est réalisé soit à la demande de tiers (banquiers ou autres apporteurs de fonds,
par exemple), soit en application d’une loi ou d’un règlement. Dans le premier cas, il
s’agira d’une mission contractuelle, dans le second d’une mission légale.
Le champ d’investigation et l’objectif de l’audit seront librement définis (mission
contractuelle) ou s’imposeront à toutes les parties prenantes (mission légale).
Exemples
1. Le conseil d’administration d’une grande entreprise a mis en place un comité des
rémunérations chargé de fixer les rémunérations des dirigeants et des principaux cadres
de cette entreprise. Pour s’assurer que les salaires versés sont conformes aux décisions
prises, qu’il n’y a pas de dérives sur les éléments accessoires du salaire (couverture sociale
surcomplémentaire, frais de déplacements, etc.) et que, d’une manière générale, la
convention collective est correctement appliquée, le conseil d’administration peut faire
faire un audit de la fonction paie. Cet audit, réalisé à la demande du conseil
d’administration, est bien un audit externe, mission contractuelle.
Les actionnaires étant les premiers tiers de l’entité auditée, ils sont également les premiers
destinataires des conclusions de l’audit. Concrètement, ce sera, le plus souvent, soit le
conseil d’administration, soit l’assemblée générale. C’est la mission principale des CAC
qui interviennent dans un cadre légal.
L’audit externe sera toujours confié à des professionnels indépendants, extérieurs à l’entité
auditée. La qualification de ces prestataires va dépendre de la nature de l’audit, légal ou
contractuel.
XX
L’audit comptable et financier porte sur l’information comptable et financière. C’est l’audit
des comptes annuels, comptes sociaux ou comptes consolidés. L’information financière ne
se limite pas aux documents prévus par les réglementations comptables ; aussi, l’audit
comptable et financier prend en compte tout document émis par une entreprise pour
communiquer des informations à caractère financier.
L’audit comptable et financier est un audit de conformité qui s’appuie sur un audit
opérationnel.
En effet, il n’est pas possible de vérifier la totalité des opérations comptabilisées. La
première étape d’un audit comptable et financier sera d’évaluer dans quelles conditions et
suivant quelles procédures sont collectées les données enregistrées et comment sont prises
les principales décisions relatives à la clôture des comptes (provisions, dépréciations, etc.).
L’objectif de la mission d’audit comptable et financier est de formuler une opinion sur les
comptes sociaux ou consolidés contrôlés en fonction de la réglementation comptable qui
leur est applicable. L’opinion a pour finalité d’informer le lecteur des comptes sur leur
fiabilité. Seuls les éléments ayant une incidence sur la lecture des comptes sont retenus
pour évaluer cette fiabilité. L’opinion se fonde sur :
▪ la qualité des enregistrements comptables en termes d’analyse des opérations
devant être traduites dans les comptes et de respect de la réglementation comptable
(contrôle des comptes) ;
▪ les modalités de transmission des informations aux services comptables
L’audit des comptes peut être motivé par de nombreuses circonstances et porter sur tout
ou partie de la comptabilité. C’est, par exemple, la vérification qu’un établissement
respecte les règles de la société dans tel ou tel domaine, la vérification des informations
financières émises par une société en prévision d’une prise de participation ou de son
rachat. Dans ce cas, l’audit des comptes a un caractère contractuel. Tout professionnel
compétent pouvant conduire ces missions. L’étendue des investigations, les destinataires
du rapport sont librement définis.
XXI
Pour que les actionnaires réunis en assemblée générale puissent approuver les comptes
annuels en toute connaissance de cause, ils nomment un CAC dont la mission sera de leur
donner l’assurance raisonnable que les comptes qui leur sont présentés ont été
correctement préparés.
Pour protéger les épargnants, la mission du CAC est définie par la loi, c’est une mission
d’intérêt général à caractère légal. Seuls les CAC, organisés en profession réglementée,
sont habilités à mener cette mission.
La mission des CAC ne se limite pas à la certification des comptes. Le législateur leur a
confié d’autres missions du fait de leur connaissance des entités qu’ils contrôlent et de leur
indépendance.
La certification des comptes est ainsi complétée par des travaux dont l’objectif est toujours
la protection et l’information des actionnaires sur d’éventuelles anomalies ou irrégularités
: information sur les conventions réglementées, contrôle de tous les documents présentés
en assemblée générale, respect de l’égalité entre les actionnaires, révélation des faits
délictueux, procédure d’alerte, etc.
Le CAC intervient également dans des circonstances particulières de la vie des entreprises,
prévues par la loi (distribution d’acomptes sur dividendes, augmentation de capital avec
suppression du droit préférentiel de souscription, etc.).
3. Certification volontaire
XXII
Dans le langage courant, un risque est un « danger éventuel plus ou moins prévisible »,
mais c’est aussi l’« éventualité d’un événement ne dépendant pas exclusivement de la
volonté des parties et pouvant causer la perte d’un objet ou tout autre dommage » (Le
Petit Robert).
Dans le cadre de l’audit comptable et financier, la finalité de la mission est de donner une
certaine garantie de la qualité de l’information publiée à partir de laquelle les utilisateurs
des comptes prendront des décisions. Le risque pour ces utilisateurs est la présence
d’anomalies dans les comptes telles qu’elles pourraient fausser leur jugement et les
conduire à prendre des décisions inappropriées. La qualité de l’information financière
s’apprécie par rapport à l’objectif assigné à la comptabilité, c’est‑à‑dire que les comptes
annuels donnent « une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et des
résultats de l’entité ».
L’enjeu de la mission d’audit des comptes est la sécurité du lecteur des comptes.
La fiabilité des comptes dépend de :
∙ l’organisation de l’entreprise, la répartition des responsabilités ;
∙ la complexité, la maîtrise des activités et des transactions traduites dans les comptes ;
∙ la qualité des informations transmises aux services comptables ;
∙ la qualité des travaux des services comptables et financiers.
Pour que l’auditeur arrive à une conclusion appropriée, il va concentrer ses efforts sur les
zones où les risques d’anomalies sont les plus élevés et où ces anomalies sont elles‑mêmes
les plus importantes, les anomalies significatives, celles qui sont au‑delà d’un certain
montant, le seuil de signification (déterminé avec des critères quantitatifs et qualitatifs).
De plus, les missions sont toujours limitées dans le temps, ne serait‑ce qu’en raison du
montant des honoraires demandés. Quel que soit le cadre dans lequel la mission est
réalisée, l’auditeur doit donc préparer et exécuter sa mission avec un maximum
d’efficacité, sans en faire trop, ni trop peu.
La connaissance de l’entité auditée – de ses activités, de son environnement économique,
juridique, de son organisation interne – permet à l’auditeur d’évaluer les forces et les
faiblesses de cette entité et d’apprécier les zones de risque, les opérations ou les postes qui
peuvent contenir des anomalies.
Cette démarche suppose que l’auditeur fasse preuve de discernement tout au long de la
mission, il doit exercer son jugement professionnel.
XXIII
Exemple
Dans le cadre d’une entreprise, cette analyse peut s’appliquer ainsi : le stockage de
produits chimiques est le facteur de risque (possibilité d’une pollution des eaux).
L’absence de contrôle de l’étanchéité des cuves sera le catalyseur (une fuite ne sera pas
détectée et les eaux seront polluées).
Pour s’assurer que les comptes sont « dans tous leurs aspects significatifs » conformes au
référentiel comptable applicable, l’auditeur recherche les éventuelles anomalies
significatives dont la présence ou l’absence lui permettra de fonder son opinion. Les
définitions sont présentées dans la NEP (norme d’exercice professionnelle) 320 :
XXIV
1. aux informations qui doivent être mentionnées dans l’annexe des comptes annuels
suivant leur nature et leur montant :
Exemple
Communiquer des informations sur des pertes sur exercices antérieurs qui représentent
0,6 % du résultat de l’exercice et 0,3 % du résultat d’exploitation sera sans incidence sur
l’appréciation des résultats de cette entreprise. Il n’est pas nécessaire de fournir ces
informations.
En revanche, dans l’hypothèse où les pertes sur exercices antérieurs représentent 20 % du
résultat de l’exercice et 22 % du résultat d’exploitation, il sera indispensable de fournir des
informations sur ces pertes.
XXV
Ne pas comptabiliser des intérêts courus pour F CFA 225 000 sera sans incidence sur le
résultat car ce montant n’est pas significatif. En revanche, il faudra comptabiliser les F
CFA 27 000 000, car ils sont significatifs. Et ne pas les comptabiliser sera considéré comme
une anomalie significative.
Pour fonder son opinion, le CAC ne relève donc pas les anomalies manifestement
insignifiantes.
L’auditeur doit apprécier, évaluer si les anomalies qu’il a identifiées sont significatives ou
pas. Pour cela, il doit déterminer un seuil chiffré qui lui sert de référence, de point de
repère : le seuil de signification.
Il est à noter que toute anomalie est qualifiée de significative chaque fois qu’elle est
volontaire, même si le montant est inférieur au seuil de signification.
L’appréciation d’une anomalie ne se limite pas à son montant. Les aspects qualitatifs
doivent être également pris en compte.
Exemple
Une présentation inadéquate du contrôle interne d’une entreprise et de ses procédures
comptables dans le rapport du président du conseil d’administration ou du conseil de
surveillance d’une société anonyme risque d’induire en erreur le lecteur des comptes.
Cette anomalie qualitative est une anomalie significative.
XXVI
Les anomalies dans les comptes sont de source et de nature diverses. Il est nécessaire de
savoir les identifier afin d’y apporter une réponse appropriée. Elles peuvent être
ponctuelles ou récurrentes, volontaires ou involontaires.
∙ une erreur est une inexactitude involontaire contenue dans les comptes ;
. une inexactitude est une traduction comptable ou présentation d’un fait non conforme à
la réalité. Une inexactitude peut résulter d’un acte volontaire ou involontaire et avoir, ou
non, une incidence sur les comptes ;
∙ une irrégularité est la non‑conformité aux textes légaux ou réglementaires, aux principes
édictés par le référentiel comptable applicable, aux dispositions des statuts ou aux
décisions de l’assemblée générale. Une irrégularité peut résulter d’une omission, d’un acte
volontaire ou involontaire et avoir, ou non, une incidence sur les comptes.
Exemple
Une entreprise clôt ses comptes le 31/12. Une démarche commerciale commencée en
septembre s’est conclue fin décembre N par un accord oral du client. Le bon de commande
signé n’est arrivé que le 04/01 de l’année suivante. Il est daté du 02/01/N+1. La vente est
comptabilisée dans les comptes de l’exercice N. Cette comptabilisation n’est pas conforme
au principe de séparation des exercices et à la règle de comptabilisation des produits (le
XXVII
Exemple
Une marque commerciale a été acquise au cours de l’exercice N. La fiche de cette
immobilisation a été classée avec celle des logiciels. La marque a donc été amortie sur 3
ans, sans que cet amortissement soit économiquement justifié.
Globalement, l’ensemble des immobilisations (comptes 20 et 21) est identique au total du
fichier des immobilisations qui sert à calculer les amortissements.
Les immobilisations au bilan ne sont pas correctement évaluées.
Exemple
Une grande entreprise a plusieurs sites d’exploitation répartis dans différentes régions du
Sénégal. Pour des raisons pratiques, la comptabilité est partiellement décentralisée et un
ou plusieurs comptes bancaires ont été ouverts dans chaque établissement. Pour établir les
comptes annuels, le service comptable du siège reprend les balances des différents
établissements. Les comptes de banque, dont certains sont créditeurs, sont tous regroupés
sur la ligne « disponibilités » du bilan. Le principe de non‑compensation n’est pas
respecté, les soldes créditeurs de banque doivent être présentés au passif du bilan et pas à
l’actif.
Identifier des erreurs liées au non‑respect d’une règle comptable peut être relativement
aisé, car le champ d’investigation est clairement défini : l’ensemble des écritures
comptables. Il n’en est pas de même pour les omissions.
2. Omission
L’auditeur ne doit pas seulement s’assurer que les opérations enregistrées l’ont été
correctement, il doit aussi vérifier que toutes les opérations et tous les engagements pris
par l’entité auditée sont bien constatés dans les comptes.
Le champ d’investigation de l’auditeur dans ce cas est beaucoup plus large et bien moins
défini. C’est la connaissance de l’entreprise auditée et de son mode de fonctionnement qui
l’aidera à orienter ses investigations.
XXVIII
Exemple
Un client d’une société conteste une livraison. Il refuse de payer la facture correspondante
qui est arrivée à échéance un mois avant la clôture des comptes.
Ce client demande en plus une indemnité, car il estime que cette livraison litigieuse lui a
fait perdre un marché. Un avocat a été contacté. Aucune facture au nom de cet avocat n’est
dans les comptes. Il est probable qu’une provision doive être comptabilisée, alors qu’à la
lecture des comptes rien ne le laisse supposer.
Si aucune provision n’est comptabilisée, l’auditeur ne pourra identifier cette omission
qu’après avoir entrepris d’autres investigations et collecté suffisamment d’informations.
3. Autres erreurs
Le non‑respect d’une règle comptable n’est pas la seule source d’erreur. D’autres
réglementations peuvent devoir être appliquées par l’entité auditée, des informations de
sources diverses peuvent devoir être traduites dans les comptes.
Il va s’agir en particulier :
∙ du respect des règles fiscales (correcte comptabilisation des amortissements dérogatoires)
;
∙ du respect des statuts, en matière d’affectation du résultat, par exemple (réserves
statutaires) ;
∙ du respect des décisions de l’assemblée générale (augmentation de capital, distribution
de dividendes) ;
∙ du respect des dispositions du droit des sociétés (réserve légale) ;
∙ du respect d’une réglementation particulière liée à la nature de l’activité (réserves,
techniques, provisions réglementées) ;
∙ interprétation erronée des termes d’un contrat complexe.
Suivant le statut juridique et la nature de l’activité, les textes à appliquer seront plus ou
moins complexes. L’auditeur devra donc prendre connaissance de l’ensemble de ces
réglementations pour pouvoir effectuer sa mission.
V. La fraude
Les anomalies que l’auditeur recherche sont soit fortuite, involontaire (erreur), soit
intentionnelle (fraude).
La NEP 240 précise ce qu’il faut entendre par fraude :
« [Sont à prendre en compte les] fraudes susceptibles d’entraîner des anomalies
significatives dans les comptes, à savoir :
• les actes intentionnels portant atteinte à l’image fidèle des comptes et de nature à induire
en erreur l’utilisateur de ces comptes ;
XXIX
Exemple
Un éditeur de logiciel allemand a créé une filiale de commercialisation au Sénégal.
La rémunération du dirigeant est déterminée en fonction de la progression du chiffre
d’affaires et du pourcentage de résultat net par rapport au chiffre d’affaires. Début
décembre, il semble peu probable que les objectifs soient atteints. Plusieurs contrats en
cours n’ont été signés et livrés qu’au début de l’exercice suivant. Pour ces contrats, afin de
présenter des comptes conformes aux objectifs, en toute fin d’exercice, les livraisons de
licences d’essai ont été comptabilisées comme des ventes fermes. La volonté de présenter
des comptes irréguliers et non sincères est mise en évidence : la fraude est caractérisée.
VI. L’assurance
XXX
3. La forme de l’opinion
L’opinion est exprimée dans un rapport dont la formulation dépend du niveau
d’assurance.
À une assurance raisonnable correspond une formulation positive. Une opinion favorable
sera présentée ainsi :
∙ CAC : « Nous certifions… » ;
∙ autre auditeur : « Nous attestons… ».
Les expressions « … donne une image fidèle » ou « … présente sincèrement, dans tous
leurs aspects significatifs » peuvent être utilisées indifféremment.
À une assurance modérée correspond une formulation négative. Une opinion favorable
sera présentée ainsi : « Nous n’avons pas relevé d’éléments de nature à remettre en
cause… ».
XXXI
E. LE CONTRÔLE INTERNE
I. Définition
∙ également, celle de maîtrise que l’on retrouve dans « contrôler son véhicule », « contrôler
la situation », contrôle des coûts, contrôle de gestion, par exemple.
La réflexion théorique et la modélisation ont été très développées dans les pays
anglosaxons. Il existe donc une littérature très abondante en anglais sur le contrôle interne.
Le mot anglais control a également deux significations, dont l’importance est à l’inverse
du français. Control veut d’abord dire « maîtrise » avant de vouloir dire « vérification ».
Ceci rend délicat les traductions et interprétations des textes anglais.
XXXII
A retenir
• L’audit est une mission d’opinion.
• L’opinion est fondée sur une assurance raisonnable de l’absence d’anomalie significative
et sur le jugement professionnel.
• La démarche d’audit est basée sur une analyse des risques d’anomalies significatives.
• Les anomalies significatives sont soit des erreurs (inexactitude, irrégularité, omission)
soit des fraudes.
• Une mission d’audit comptable et financier peut être interne (les conclusions sont
adressées à la direction) ou externe (les conclusions sont adressées aux actionnaires ou à
des tiers).
XXXIII
XXXIV