Cours Agropédologie TSA 2022
Cours Agropédologie TSA 2022
Cours Agropédologie TSA 2022
Unité-Progrès-Justice
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ECOLE NTIONALE DE FORMATION
AGRICOLE DE MATOURKOU
COURS D’AGRO-PEDOLOGIE
CYCLE : Techniciens supérieurs d’agriculture
Volume horaire : 30 h
Formateur : Bouraïma
OUEDRAOGO
Master en science du
sol/GIFS
Année 2022
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Objectifs du cours :
▪ Définir les concepts d’agro-pédologie
▪ Décrire la pédogénèse
▪ Décrire les profils pédologiques et faire une classification des sols
▪ Etablir les relations sol-environnement
Organisation du travail :
✓ Cours théoriques: présentation en classe
✓ Travaux pratiques: sortie sur terrain pour visiter des profils ou des types de sol
✓ Projection de vidéo
Introduction
La pédologie (pedon=sol + logos=étude) se définit comme la partie de la science du sol qui
étudie les caractères, l’évolution, la répartition et la classification des sols. Elle étudie les
interactions entre les différentes phases (solide, liquide, gazeux) du sol et embrasse plusieurs
disciplines à la fois (physique, chimie, minéralogie, biologie etc.). Issue des travaux du
géologue russe Vassili Dokouchaev en 1877, cette science est caractérisée par des concepts et
méthodes assez méconnus qu’il convient de préciser au préalable.
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Sol zonal : sol dont la formation est due principalement à l’action du climat
Sol intrazonal : sol dont les caractères dépendent de l’action d’un facteur autre que le climat
ou la végétation
Le profil pédologique : tranchée ou fossé ouverte depuis la surface du sol jusqu’à la roche-
mère pour l’étude pédologique ;
La matière organique : toute matière carbonée provenant de la décomposition des êtres-
vivants animaux et végétaux ;
Fumier : Mélange de litière et de déjection animale
L’humus : c’est une matière terreuse provenant de l’évolution de la matière organique.
Mor ou humus brut : matière organique grossière peu décomposée, fortement acide
La granulométrie est la répartition en plusieurs fractions des différents minéraux des sols en
fonction de leur taille
Pédogénèse : elle désigne la formation et l’évolution du sol..
La texture du sol : La texture du sol représente la proportion relative des fractions sableuse,
limoneuse et argileuse constituant la partie minérale du sol et les propriétés découlant de cette
répartition.
La structure du sol : La structure est l’expression du mode d’agrégation des constituants
solides (organiques et minéraux) du sol sous l’effet de processus naturels de nature biologique
(microorganismes, faune) et physico-chimique (gel, alternance humidité/sécheresse, complexe
argilo-humique).
Les horizons : L’observation du profil pédologique montre que celui-ci est constitué d’un
ensemble de couches plus ou moins parallèles à la surface. Ce sont les horizons. Les principaux
horizons minéraux majeurs sont :
➢ Horizon A : il occupe la partie supérieure ou l’ensemble du profil de sol (dans
certains cas). Il présente l’un et/ou l’autre des caractères suivants :
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• -présence de matière organique
• -appauvrissement en constituants tels que l’argile, fer, aluminium
➢ Horizon B : c’est l’horizon intermédiaire, le plus souvent caractérisé par une
accumulation de substances provenant de l’horizon A.
➢ Horizon C : il correspond à la roche en voie d’altération.
➢ Horizon R : c’est la roche non altérée.
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Le symbole de ces horizons comporte bien souvent une lettre en suffixe désignant leurs
caractères principaux.
Outre ces horizons minéraux, certains sols comportent en surface des horizons organiques : O
(matière végétale non ou peu décomposée) et/ou H (matière végétale décomposée).
La matière organique : Elle désigne l’ensemble des produits d’origine biologique du sol. Elle
subit dans le sol une évolution chimique qui la transforme en humus.
L’argile et l’humus sont des colloïdes électronégatifs. Leur union constitue le complexe argilo-
humique qui peut fixer des ions (cations) et surtout les éléments nutritifs nécessaires à la
croissance des plantes ; d’où leur importance dans les sols.
Le pédon : Le volume élémentaire de sol nécessaire et suffisant pour définir à un instant donné
l’ensemble de ses caractères structuraux et de ses constituants matériels.
1.2-Les principaux facteurs de pédogenèse
La pédogénèse est la formation et l’évolution du sol. Le sol est un milieu complexe, un lieu de
rencontre du monde abiotique et du monde biotique et plusieurs facteurs interviennent dans sa
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formation: Le sol est le résultat de l’action du climat (T° + pluie) sur les roches ; la topographie,
la biologie du sol et temps modifient les conditions et le degré d’altération. Les facteurs
pédogénétiques sont donc la roche - mère, le climat, la topographie, les agents biologiques
(êtres-vivants) et le temps.
✓ la roche‐mère (le matériau) : Les propriétés physiques et chimiques de la roche sous-
jacente déterminent un bon nombre de caractères des sols. Ainsi, les sols formés sur roches
riches en bases (basalt, gabbros) ont souvent des argiles de type illite ou montmorillonite
(argiles gonflantes) et à Capacité d’Echange Cationique (CEC) élevée. En revanche, les roches
acides (granites, quartzites, grès siliceux) donnent plutôt des sols avec une argile de type
kaolinite des CEC plus faibles. Ce qui importe dans le matériau d’un sol, c’est la nature des
minéraux.
✓ le climat : Deux principaux paramètres sont impliqués : la pluviométrie et la
température. Elles sont les causes premières de l’altération des roches à tel enseigne que lorsque
leurs valeurs sont minimales (déserts froids ou déserts chauds et secs), le sol n’évolue pas (sols
minéraux bruts). Seuls des processus mécaniques de fragmentation de la roche se produisent.
Inversement dans les zones à pluviométrie et à température élevées, les réactions chimiques
(hydrolyse, oxydation, etc) deviennent plus importantes conduisant à une altération complète
des minéraux altérables (mica, feldspath) et à la formation de sols très épais.
Le climat joue un rôle primordiale dans la pédogénèse au point que la carte mondiale des sols
recouvre presqu’exactement la carte des climats.
✓ la topographie : Elle intervient à travers les phénomènes d’érosion et la sédimentation.
Les caractères morphologiques et physico-chimiques des sols varient en fonction de la
topographie :
- sur les versants : on a des sols moins épais, à texture plus grossière, à CEC et MO plus
faibles, à pH plus acide, à argile de type 1/1 et à pédoclimat sec.
- en bas de pente/plaine alluviale : des sols plus épais, à texture plus fine, à CEC, S et
MO, plus élevées, à pH moins élevé, à argile de type 2/1 de néoformation et à pédoclimat plus
humide.
✓ Les facteurs biologiques
-animaux : les termites, les vers de terre, Les lombrics, les Iules, les collemboles, les termites,
les mycorhizes, les champignons, les rats etc. participent à mélanger la terre et à créer des
galeries améliorant la porosité du sol.
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-microorganismes : interviennent dans la décomposition de la MO et la fixation symbiotique de
L’azote.
-homme : perturbe le sol par ses différents travaux, apporte des fertilisants.
✓ le temps : Les propriétés et l’évolution du sol varient en fonction du temps. Certaines
propriétés varient en fonction de l’heure : température, teneur en CO2…; d’autres en fonction
de la saison telles que les teneurs en azote, en eau et le pH…..Enfin un sol passe par des phases
de jeunesse (profil de type AC), de maturité (profil de type ABC), de vieillesse (profil de type
ABC avec lixiviation des bases). Néanmoins dans les conditions naturelles, l’évolution des sols
en fonction du temps est généralement assez lente et peut prendre des centaines ou milliers
d’années.
1-3- les processus physico-chimiques de la pédogenèse
1.4-Les différentes fonctions d’un sol et caractéristiques d’un bon sol agricole
Tout sol qu’il soit agricole ou non doit pouvoir assumer plusieurs fonctions. Au plan agricole,
il faut des caractéristiques particulières au sol pour qu’il puisse assumer sa fonction de
production de récoltes.
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• Economique : le sol a une valeur patrimoniale qu’il faut considérer dans la
gestion des terroirs
➢ Fonction écologique : milieu de vie des animaux, détermination de la qualité de
l’environnement (qualité de l’eau, de l’air, transformation et stockage des substances)
et intervient dans les cycles bio-géo-chimiques.
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Chapitre 2- LES ROCHES ET LES CONSTITUANTS DU SOL
La nature des minéraux influence directement sur les propriétés du sol et donc sur sa fertilité.
Les argiles
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Ce sont des minéraux issus de roche ; ce sont des phyllosilicates, c’est-à-dire des silicates en
forme de feuillet. Les argiles forment avec la matière organique (MO) le complexe-argilo-
humique (C.A.H). Elles sont importantes car confèrent au sol des propriétés particulières :
• Rétention des éléments nutritifs (cations) grâce à sa charge négative
• rétention de l’eau entre les feuillets
• elle forme avec l’eau une solution colloïdale et joue un important rôle dans
la formation des agrégats (rôle de ciment).
Les différents types d’argiles
On distingue sept grands groupes d'argiles et 50 espèces. Les six premiers groupes sont
constitués par des minéraux en feuillets (ce sont les phyllosilicates du grec
phyllon, "feuille") (Kmiecick, 1979).
Le groupe des kaolinites (du nom d'une colline chinoise d'où le kaolin était extrait) est
composé d'argiles exclusivement silicoalumineuses. Elles servent à blanchir le papier et à la
fabrication de la porcelaine. Elles sont pauvres en éléments basiques associés et donc de peu
de valeur agricole. Les feuillets d'association du silicium et de l'alumine sont espacés de 7 Å
(l'angström = 10-10millimètre).
Les illites (de l'état américain de l'Illinois où elles abondent), sont des micas microscopiques:
les feuilles sont espacées de 10Å. On note la présence de potassium.
Les montmorillionites (de Montmorillon, dans la Vienne) sont actuellement appelées
smectites (du grec smectos"je nettoie"), à cause de leurs propriétés dégraissantes. Dans ce
groupe, les feuillets sont minces et peu reliés entre eux, d'où la possibilité d'association avec
l'eau et les matières organiques dans l'espace interfoliaire, dont la profondeur se situe entre 10
et 17,5 Å. Elles ont déjà un intérêt agricole de par leurs liaisons aux substances organiques.
Le groupe des chlorites (du grec chloros "vert-jaune pâle ou jaune clair', couleur du chlore à
l'état gazeux). Ce sont les argiles vertes d'emploi médical divers. Les feuillets sont étroitement
reliés les uns aux autres par des groupements hydratés du magnésium, de l'aluminium et du
fer. La distance interfeuillet atteint 14 Å.
Les vermiculites tirent leur nom de leur aspect de petits vers, après chauffage (vermiculus,
"petit vers" en latin). L'eau, qu'elles contiennent entre leurs feuillets, peut être éliminée par
chauffage à plus de 300 °C. La distance interfoliaire se réduit alors de 14 à 10 Å. Ce sont les
argiles utilisées dans le bâtiment comme isolants minéraux. Ce sont aussi d'excellents
substrats de germination en association avec le compost. Je les utilise dans les mélanges de
compost et de terre pour aérer le sol dans lequel s'enracinent les plantules préparées en serre
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avant d'être repiquées en pleine terre. On observe la formation d'un abondant chevelu
racinaire qui facilite la reprise.
Les sépiolites et attapulgites sont utilisées pour la fabrication des pipes en écume de mer. Ce
sont des argiles riches en magnésium.
Toutes ces argiles abondent dans les sédiments et les sols. Elles prennent naissance par
altération des roches. L'altération de ces roches se produit selon deux mécanismes: la
fragmentation, par cristallisation de sels et alternance humidité-dessication, gel-dégel; et
l'hydrolyse (ou coupure par l'eau) qui joue un rôle important lorsque l'argile est associée aux
acides humiques du compost.
Tableau I: caractéristiques (surface spécifique et C.E.C) de quelques minéraux argileux:
Minéral Surface interne Surface externe Surface totale C.E.C.
(m2/g) (m2/g) (m2/g) (milliéquivalent/100g)
Kaolinite 0 10-30 10-30 5-15
Illite 20-55 80-120 100-175 10-40
Smectite 600-700 80 700-800 80-150
Vermiculite 700 40-70 760 100-150
Chlorite - 100-175 100-175 10-40
Source: Morel (1996)
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donnée, pour extraire cette eau. Dans la pratique on mesure cette pression par le
potentiel hydrique noté pH = logP.
- Capacité maximale (ou capacité totale) : Elle correspond à la terre gorgée d’eau. Tous
les vides sont remplis d’eau. On dit que le sol est à son point de saturation.
• -Capacité de rétention, ou capacité au champ (CC) ou limite de saturation capillaire :
C’est le pourcentage d’eau qu’un sol peut contenir dans ses vides de petite taille après
ressuyage. Les forces de pesanteur l’emportent sur les forces moléculaires. Le pF à
capacité au champ varie en fonction de la texture des sols de 1,8 (sableux) à 3,1
(argileux). Mais on prend généralement une valeur moyenne de 2,5 pour tous les types
de sol. Dans la pratique on utilise l’humidité équivalente (He) qui est une
approximation plus facile à mesurer. He correspond à une humidité à pF 3.
-Le point de flétrissement (Hf) : C’est le taux d’humidité du sol à partir duquel la
plante ne peut plus puiser l’eau du sol (eau très liée au sol). Le pF au point de
flétrissement permanent correspond à un pF constant qui est de 4,2 quel que soit le type
sol.
-La réserve utile (RU): c’est la différence entre l’humidité à la capacité au champ et l’humidité
au point de flétrissement. RU=HCC - Hf.
La plante n’utilise pas toute l’eau de la RU pour des raisons diverses (conditions climatiques
défavorables). On définit la réserve facilement utilisable (RFU) comme la quantité d’eau de RU
que les plantes peuvent absorber sans effort particulier.
RFU = 2/3xRU
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Les constituants du sol
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Chapitre 3- LES PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES DES SOLS
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3.1.2 La texture
La texture du sol représente la proportion relative des fractions sableuse, limoneuse et argileuse
constituant la partie minérale du sol et les propriétés découlant de cette répartition.
• texture sableuse, pour un sol bien aéré, riche en sables, mais pauvre en réserves d'eau et
en éléments nutritifs ;
• texture limoneuse, pour un sol assez massif, riche en limons, aux mauvaises propriétés
physiques ;
• texture argileuse, pour un sol riche en argiles, mal aéré, imperméable, difficile à
travailler, mais assez riche en éléments nutritifs;
• texture équilibrée, correspondant à la texture optimale, présentant toutes les qualités des
précédentes. Les proportions granulométriques idéales pour un sol seraient : 40 % de
sables, 35 % de limons et 25 % d'argile.
Elle est caractérisée par une classification triangulaire ou « diagrammes des textures »
où l'on retrouve les principales classes : sables, limons, argiles ( Duchaufour, 1984).
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3.1.3- La porosité
La porosité représente l’espace vides dans le sol; à peu près équivalent au terme pore mais ce
dernier est souvent utilisé dans un sens restrictif et ne comprend pas, par exemple les fissures
et les plans.
C’est le volume total des pores de toutes dimensions mesurées par zone rapportée au
pourcentage de la surface occupée par des pores. Porosité totale= (V1/V2)*100
La porosité est constituée par les vides laissés par la texture et surtout la structure du sol. Ces
vides jouent un rôle essentiel dans le stockage et la circulation de l'air et de l'eau. On distingue :
✓ la macroporosité représentant les pores les plus gros résultant de l'activité biologique et
de la fragmentation mécanique du sol. L'eau circule librement dans la macroporosité sous l'effet
de la gravité.
✓ la microporosité correspond aux pores les plus fins où capillaires dont le diamètre est
< 10 microns. Dans ces pores l'eau est retenue par des forces de tension superficielles
3.1.4- La perméabilité
Elle représente la facilité avec laquelle un fluide peut traverser un milieu poreux.
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3.2.1-Le complexe argilo-humique
Le sol est un milieu complexe composé d’éléments gazeux (air), liquides (eau), minéraux et
organiques. Les argiles sont des minéraux qui s’associent à la matière organique et au calcium
pour former le Complexe-Argilo-Humique (C.A.H). Le calcium sert de liant d’où le nom pont
calcique.
Complexe argilo-humique
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kaolinite : 3 à 15 mé/100 g ; chlorite : 10 à 40 mé/100 g ; smectite : 80 à 150 mé/100 g ;
vermiculite : 100 à 150 mé/100 g ; matière organique : 150 à 300 (174) mé/100 g.
1cmol/kg=1Méq/100
Equivalent=masse molaire ou atomique / valence ou charge
Exemple : M(CaCO3)=40+12+48=100 ; charges cationiques=2 (Ca2+) ;
Masse éq=100/2=50
Le taux de saturation en cation exprime le rapport entre cation échangeable (en cmol/kg) sur
la CEC du sol.
Exemple : si la CEC d’un sol est 20cmol/kg et les cations échangeables (en cmol/kg) sont
Ca2+=10, Mg2+ =3, H+=1, K+=1, Na+=1, Al3+ =4, alors on a :
% saturation en Ca2+=10/20=50%
% saturation en Mg2+=3/20=15%
% saturation en acide= 1+4/20=25%
3.2.4- Le pH du sol :
Pour les chimistes du sol, le pH est la « variable maître » qui affecte une large partie des
propriétés chimiques, biologique et même physiques des sols. Les sols peuvent être acides,
basiques ou neutres. Cependant, au Burkina Faso, la majeure partie des sols sont acides et cette
acidification des sols est surtout aggravée par les mauvaises pratiques agricoles. Pour corriger
l’acidité du sol, il est conseillé de faire des amendements calco-magnésiens.
Tableau III- Les classes des pH du sol
Classification Intervalle de pH du sol
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Pour corriger l’acidité des sols, il faut faire des amendements calcaires (phosphates naturels,
chaux). Au Burkina Faso, les phosphates naturels sont utilisés pour corriger les carences
phosphatées et l’acidité. Découvert en 1972 dans le sud-Est du pays , le Burkina dispose de
trois grandes mines de Phosphate ( Kodjari, Arli, Arloubdjouma) mise en évidence suite aux
études menées par la BUMIGEB (Bureau des mines et Géologie du Burkina) entre 1973 à 1979
avec un potentiel de réserve confirmé de 100 millions de tonnes. Le BP est un produit issu du
broyage des roches phosphatées de Kodjari d'où son nom de phosphate de Kodjari. C'est un
produit brut qui n'a reçu comme traitement que le broyage. Il est peu soluble dans l'eau (taux
de dissolution 0,03%) selon (LOMPO et al., 1994). Par ailleurs sa teneur en CaO est élevée
(34,5%) mais la proportion en calcium ne semble pas active (GUIRA, 1988). En plus il contient
des taux élevés en Fe203 et les A1203 reconnus pénalisant pour son utilisation directe en
production agricole. Le tableau ci-dessous présent les caractéristiques chimiques moyennes du
Burkina phosphate.
Humidité 0,89%
Analyse des matières sèches Teneur en %
Anhydride phosphorique 25,38
Penta oxyde de phosphore P2O5 25
Oxyde de fer (Fe2O3) soluble dans HCI 3,42
Aluminium (Al2O3) soluble dans HCI 3,08
Chaux (CaO) 34,45
Anhydride carbonique (CO2) 1,00
Matière organique (C) 0,09
Fluor (F) 2,54
Oxyde de potassium (K2O) 0,23
Matière siliceuse (SiO2) 26,24
Oxyde de sodium (Na2O) 0,11
Soufre total (S) 0,04
Source : IFDC (1984)
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3.3- Exemple de quelques paramètres de sol du CAP/M )
Paramètres Valeur
Argile 7,8 %
Limon 11,8%
Sable 80,4%
Matière organique 0,8%
carbone 0,5%
Azote 0,03
Phosphore total 91ppm
Phosphore assimilable 2,6ppm
CEC 2,8 Meq/100
3.4- Résultats d’étude de l’effet des amendements sur le pH et la CEC du sol de ENAFA
de Matourkou)
T0 4.91 2,05
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Source : Gérard SAMPEBEGO et Bouraïma OUEDRAOGO (2017)
Les plantes se nourrissent des éléments nutritifs qu’elles puisent dans deux milieux différents :
l’air et le sol.
Une des fonctions essentielles du sol est de fournir aux plantes les nutriments qui leur sont
nécessaires et qui sont absorbés par les racines sous la forme ionique.
4.1 Les sources des éléments nutritifs de la plantes
Les plantes puisent tous les nutriments dont elles ont besoin principalement dans six sources :
• les réserves naturelles du sol ;
• les engrais minéraux fabriqués sous forme liquide ou solide ;
• les engrais organiques ;
• les fixations biologiques (symbiotiques) ;
• les dépôts de particules aériennes ;
• les eaux d’irrigation. Par les organes aériens (feuilles, tiges vertes), les plantes absorbent
le gaz carbonique (CO2) de l’air à partir duquel, elles photosynthétisent les substances
de réserve. Elles absorbent aussi de l’oxygène nécessaire à la respiration, de l’eau et
mêmes des éléments minéraux.
A travers les racines, la plante absorbe de l’eau, des substances minérales dissoutes sous forme
ionique, de l’oxygène et d’autres gaz contenus dans le sol (azote, CO2, etc.)
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Dans le monde végétal, on distingue 9 éléments principaux indispensables à la plante. Ce sont
le carbone (C), l’hydrogène (H), l’oxygène (O), l’azote (N), le phosphore (P), le potassium (K)
mais également le calcium (Ca), le magnésium (Mg), et le soufre (S) qui sont souvent classés
comme éléments secondaires bien qu’ils soient aussi importants que les macroéléments.
Les trois premiers (C, H, O) sont apportés directement par le dioxyde de carbone et l’eau, on
ne doit dès lors pas se préoccuper de leur apport excepté dans les serres où on peut augmenter
la concentration en CO2 jusqu’a 3%.
La composition minérale de la matière sèche des plantes comporte de 40 à 50% de carbone,
42 à 45% d’oxygène et de 6 à 7% d’hydrogène.
L’azote
L’azote représente entre 1 à 3% de la matière sèche (M.S.) des plantes et jusqu’à 4-6% dans les
plantes en pleine croissance.
C’est le constituant principal des protéines (chaines d’acides aminés). Il est indispensable à la
plante à tous les stades de végétation (jeunesse, croissance, reproduction, mise en réserve). Il
provient essentiellement de trois sources distinctes : l’atmosphère (dont il occupe les 4/5), les
sources organiques (99% des réserves du sol) et l’azote sous forme d’engrais chimiques. Le N
favorise la croissance des plantes, la multiplication des chloroplastes, synthèse des sucres et
des réserves azotées. Une plante carencée pâlit ou jaunit. L’excès favorise certaines maladies
et la verse des céréales.
Carence en N
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Le phosphore
Présent entre 0,2 à 1,5% de la matière sèche (exprimé en P2O5), il assure plusieurs fonctions :
-Fonction plastique : c’est un constituant des acides nucléiques et un constituant des
phospholipides des membranes végétales ;
- Fonction énergétique : L’ATP (adénosine triphosphate) est la source principale d’énergie du
métabolisme ;
- Fonction métabolique : participe aux réactions biochimiques.
Le phosphore difficilement échangeable est insolubilise dans les sols calcaires ou acides, c’est
l’effet de rétrogradation des phosphates.
- en sol acide, les ions phosphates se lient à l’aluminium et au fer sous forme de FePO4 et
AlPO4. Tant que le pH est trop bas, les phosphates resteront non utilisables.
Le P intervient dans la floraison, formation des graines ou fruit des plantes.
La carence entraine un retard de croissance, un feuillage foncé, une mauvaise fécondation et un
retard de maturité.
La capacité du phosphore à être complexé sous des formes insolubles permet aux substrats
d’avoir d’une part une bonne réserve phosphatée et d’autre part, cela permet d’éviter les excès
phosphoriques.
Carence en P
Le potassium
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Il est présent à raison de 2 à 4% de la matière sèche et est exprimé sous forme de K2O dans les
engrais.
Le potassium est présent en forte concentration dans les tissus jeunes en pleine croissance et en
moindre quantité dans les organes âgés. C’est un élément à fonction électrochimique et
catalytique. Le K lié aux minéraux silicatés (mica, feldspath) ainsi qu’aux argiles, vont être
libérés progressivement par l’altération des minéraux.
Le K échangeable et facilement utilisable se trouve dans la solution du sol ou adsorbé au
complexe adsorbant.
Le K dissout dans les liquides cellulaires va jouer un rôle important dans :
- la maintenance et la régulation de la pression osmotique.
- l’équilibre acido-basique dans la cellule en évitant son acidification
- la régulation de l’ouverture et la fermeture des stomates participant ainsi à une augmentation
de la résistance à la sécheresse.
- fabrication des enzymes entrant dans la catalyse de la synthèse des protéines, de l’ATP et dans
la photosynthèse.
- la facilitation du transport des glucides dans la plante, leur transformation en lipides et leur
mise en réserve.
- l’augmentation de la résistance au froid et aux maladies cryptogamiques.
- le développement du système racinaire et la flexibilité des tissus.
La carence en K se manifeste par :
- retard de croissance surtout dans la fructification.
- diminution de la résistance a la sécheresse par perte de la turgescence et aux maladies
cryptogamiques.
- coloration bronze du feuillage suivit de nécroses. Une ondulation du bord foliaire peut
apparaitre selon l’intensité du manque.
- une tendance au flétrissement.
Les plantes sont très friandes du K et en font une consommation de luxe. L’excès de K bloque
l’assimilation du Mg et du Ca faisant apparaitre des signes de carences magnésiennes et
calciques même si ces éléments sont présents en quantité suffisante.
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Carence en K
Les oligo-éléments
Les oligo-éléments sont des éléments indispensables au bon fonctionnement du métabolisme
de la plante mais dans des proportions relativement faibles.
Ils ont des rôles essentiellement catalytiques et métaboliques.
Leurs points communs, c’est leur possibilité d’être chelaté c’est- à- dire d’être lié à des
molécules organiques stables facilement assimilable pour la plante et également la possibilité
de changer de valence.
Les différents oligo-éléments sont le fer, le manganèse, le cuivre, le zinc, le bore, le molybdène
(Mo).
Tous les oligo-éléments sont assimilables par les plantes à des pH légèrement acides à neutres
sauf le Mo qui est assimilable à pH neutre à légèrement basique.
Les valeurs de pH les plus favorables à l’assimilation des éléments nutritifs sont les
suivantes :
• Azote………………………………………6 à 8
• Phosphore………………………………..6,5 à 7
• Potassium, Soufre……………………….6 à 8,5
• Calcium, Magnésium……………………7 à 8,5
• Fer, Manganèse…………………………4,5 à 6
27
• Bore, Cuivre et Zinc …………………….5 à 7
• Molybdène………………………………. 7 à 8,5
28
Chapitre 5- DESCRIPTION DES PROFILS DE SOL
29
5.1.2-Date de description :
Elle est donnée en 6 chiffres (jj/mm/aa) ;
5.1.3-Auteurs :
Le(s) nom(s) ou initiale(s) du ou des auteurs sont donnés.
5.1.4- Unité de sol :
Se rapporte à un système local de classification ou à l’unité de la légende dont
le profil est représentatif.
5.1.5-Localisation :
-Elle doit être telle que même les lecteurs non familiarisés avec la région soient capables de
situer approximativement le site ;
- il est recommandé de mentionner les unités administratives telles que région, province,
district, chef-lieu ou localité.
5-1-6-Localisation :
-doit être telle que les lecteurs non familiarisés avec la région soient capables de situer
approximativement le site ;
- Recommandé de mentionner les unités administratives telles que région, province, district,
chef-lieu ou localité.
5-1-7- Coordonnées :
Donner la latitude et la longitude du site
5-1-8 Forme du paysage et topographie
5-1-8-1-Topographie
-Elle se rapporte aux différences de hauteurs à grande échelle, de la surface de la
terre.
-est définie comme suit : plane, ondulée, montagneuse
5-1-8-2-Forme du paysage
Exemple des principales formes de paysage : montagne, colline, plaine, vallée.
5-1-8-3-Elément du relief
Exemple de quelques éléments de relief : interfluve (entre 2 vallées) ; vallée ; fond de vallée ;
terrasse ; dune.
5-1-8-4-Position
Affecte les conditions hydrologiques du site (drainage externe) qui peuvent être interprétées
comme étant principalement récepteur d’eau, évacuateur d’eau ou aucun d’entre eux.
30
5-1-8-5-Pente
plat (0-0,2%), horizontal (0,2- 0,5%), presque horizontal (0,5- 1%), très doucement pentu
(1,0- 2% ), doucement pentu ( 2- 5%), pentu (5- 10%), fortement pentu (10- 15%),
modérément escarpé (15- 30%), escarpé (30- 60%), fortement escarpé (≥60%)
5-1-9-Utilisation des terres et végétation
5-1-9-1- Utilisation des terres
-installations, industries, cultures, élevage, foresterie et toute activité semblant avoir affecté le
paysage ou les propriétés physiques et chimiques des sols
5-1-9-2-Végétation
-le type de végétation peut être décrit en utilisant un système local, régional ou international.
Exemples : prairie, herbage, forêt, maquis.
-répertorier les espèces d’arbres, d’arbustes, de graminées si elles sont connues en indiquant
leur dominance.
5-1-10-Matériau originel
-Matériau originel non consolidé : dépôts éoliens, dépôts marins, dépôts alluviaux
- Matériau originel consolidé : granites, gneiss, grès, dolomie, schiste.
5-1-11-Profondeur effective du sol
Classification recommandée : très superficielle (≤30cm) ; superficielle (30-50cm) ;
modérément profonde (50-100cm) ; profonde (100-150cm) ; très profonde (≥150cm)
5-1-12- Caractéristiques de la surface
5-1-12-1-Affleurements rocheux
-sont décrits en pourcentage de couverture en surface
5-1-12-2- Eléments grossiers en surface
Gravier fin (0,2- 0,6cm) ; gravier moyen (0,6-2,0cm) ; gravier grossier (2-6cm) ; pierres
(6cm-20cm) ; blocs (20cm-60cm) ; blocs volumineux (60cm-200cm)
5-1-12-3- Erosion
-Catégories d’érosion : pas d’évidence d’érosion ; Erosion ou dépôt par l’eau ; Erosion ou
dépôt éolien (par le vent) ; mouvement de masse (glissements de terrain et phénomènes
semblables).
-Types : érosion en nappe, érosion en rigoles, érosion en ravins, érosion souterraine, érosion
par l’eau et le vent, dépôt éolien, sables mouvants.
5-1-12-4-Fissures en surface
31
5-1-12-5-Autres caractéristiques de surface
-Exemples : présence de sable délavé, de sels de litière, de fumier, de déjections de vers de
terre, de passage de fourmis, de mottes de terre, de flaques d’eau.
5-1-12-6-Classes de drainage
Les classes de drainage sont : excessivement drainé ; quelque peu excessivement drainé ; bien
drainé ; modérément bien drainé ; assez médiocrement (imparfaitement) drainé ; médiocrement
drainé ; très médiocrement drainé.
5-1-12-7-Nappe phréatique
-profondeur : non observée, Très superficielle (0- 25cm), superficielle (25- 50cm) ;
modérément profonde (50-100cm) ; profonde (100-150cm), très profonde (≥150cm)
5-1-12-8-Conditions d’humidité : sec, légèrement humide, humide, trempé.
32
• Consistance
-Consistance à l’état sec, humide et trempé (adhésivité et plasticité)
• Consistance à l’état sec
-déterminée en brisant une masse de sol séchée, entre le pouce et l’index ou dans la
main.
*meuble : non cohérent
*tendre : se brise en poudre ou en grains individuels sous une légère pression
*légèrement dure : facilement brisée entre le pouce et l’index
*dure : ne peut être brisée entre le pouce et l’index ; peut être brisée dans la main
*très dure : ne peut être brisée qu’avec difficulté dans les mains
*extrêmement dure : ne peut être brisée dans la main.
• Consistance à l’état humide
*meuble : non cohérent
*très friable : les matériaux s’écrasent sous une pression très douce, mais adhèrent quand on
les presse ensemble.
*friable : les matériaux s’écrasent facilement sous une pression douce à modérée entre le pouce
et l’index et adhèrent quand on les presse ensemble.
*ferme : les matériaux s’écrasent sous une pression modérée entre le pouce et l’index mais
leur résistance est nettement perceptible.
*très ferme : les matériaux s’écrasent sous une pression élevée ; ils s’écrasent à peine entre le
pouce et l’index.
*extrêmement ferme : les matériaux ne s’écrasent que sous une pression très élevée ; ils ne
peuvent s’écraser entre le pouce et l’index.
• Consistance à l’état trempé : adhésivité et plasticité
5-2-5-Cimentation et compaction
-la présence d’une cimentation ou d’une compaction, en pans ou sous une autre forme, est
décrite suivant sa continuité, sa structure, la nature de l’agent et le degré.
*non cimentée et non compactée : aucune cimentation ou compaction n’est observée (se délite
dans l’eau).
*compactée mais non cimentée : la mase compactée est sensiblement plus dure et plus
cassante qu’une autre masse de sol comparable (se délite dans l’eau)
*faiblement cimentée : la masse cimentée est cassante et dure mais peut être brisée à la main.
33
*modérément cimentée : ne peut être brisée à la main mais est discontinue (moins de 90 % de
la masse du sol).
*cimentée : ne peut être brisée à la main et est continue (plus de 90% de la masse du sol).
5-2-6-Nodules minéraux
-couvrent une grande variété de concentrations de substances non organiques amorphes,
cristallines et microcristallines.
-des transitions graduelles existent avec les taches dont certaines peuvent être considérées
comme des formes tendres de nodules.
-sont décrits suivants leur abondance, leur type, leur dimension, leur forme, leur dureté, leur
nature et leur couleur.
Les types de nodules sont :
*cristal
*concrétion : amas isolé à structure interne concentrique généralement cimenté.
*ségrégation tendre (ou accumulation tendre) : pas facilement séparable comme masse isolée.
*Nodules : amas isolé sans organisation interne.
*fragment rocheux résiduel : amas imprégné isolé montrant encore la structure de la roche.
5-2-7-Activité biologique
-Racines (taille et abondance)
-Caractères biologiques (abondance et type)
5-2-8-Réaction du sol
- Carbonates
La teneur en carbonate de calcium du matériau est testée par HCl 10%
Les classes de réaction sont :
*non calcaire : aucune effervescence visible ou audible
*légèrement calcaire : effervescence audible mais non visible
*modérément calcaire : effervescence visible
*fortement calcaire : effervescence nettement visible. Des bulles forment une légère mousse.
*extrêmement calcaire : réaction extrêmement vive. Une mousse épaisse se forme rapidement.
-pH de terrain : acide ou basique (au labo)
5-2-9-Echantillons
-les échantillons ne sont jamais prélevés près des limites des horizons.
-le poids du matériau prélevé pour chaque échantillon est généralement d’un kilogramme.
-deux méthodes de base pour prélever des échantillons :
34
• prélever l’échantillon en proportions égales dans tout l’horizon. Méthode recommandée
et qui doit être utilisée pour des descriptions de référence.
• prendre l’échantillon en proportions égales sur une profondeur de 20cm, soit au centre
(zone d’expression maximale) de l’horizon, soit, si plus d’un échantillon doit être
prélevé dans le même horizon, à intervalles réguliers.
-le sol superficiel doit être échantillonné dans ses 20 premiers cm à partir de la surface ou moins
profondément si l’horizon est moins épais.
-tenir compte du critère de profondeur des horizons et des propriétés diagnostiques pour
déterminer la profondeur d’échantillonnage.
35
I- INTRODUCTION
La classification des sols est une des phases incontournables de la pédologie qui se
définit comme étant la partie de la science des sols qui étudie les caractères,
l’évolution et la répartition des sols, outre leur classification. Il s’agit en effet de
désigner avec un minimum de mots les sols qui ont fait l’objet de descriptions
ou d’analyses suffisantes.
Cependant, à bien des égards, la classification des sols présente des caractères bien
particuliers par rapport à celle d’autres objets naturels ou êtres vivants. Ainsi si en
botanique par exemple, la nature a créé des espèces permettant de choisir des
échantillons caractéristiques, de les définir, de les classer, en matière de sols,
l’individu limité n’existe pas. Le sol est en effet un phénomène continu et la
séparation entre les unités reste très progressive la plus part du temps.
La diversité des classifications des sols à travers le monde (par exemple tous les
pays européens ont la leur) traduit bien la difficulté de cette phase de l’étude des
sols. Elle indique bien que c’est à cette étape que le pédologue exprime le mieux par
delà le langage utilisé, sa conception profonde voire intime de ce que c’est un
« sol », ce corps naturel complexe issu du jeu subtil des facteurs de différenciation
que sont le climat, le matériau, le temps, la topographie et les facteurs biologiques
(animaux, végétaux, microorganismes et homme).
Les travaux de la CPCS se sont déroulés de 1963 à 1967. Elle a regroupé une trentaine de
pédologues Français. Deux idées maîtresses ont guidé ces travaux :
. Créer une classification qui intègre l’ensemble des facteurs de formation des sols et qui se
rapproche le plus possible des êtres vivants.
. La classification ainsi créée doit être utilisable sur le terrain et applicable à la solution de
problèmes pratiques tels que ceux posés par l’agronomie.
En outre elle doit être en même temps logique et satisfaire au principe d’homologie et de
subordination des critères de définition des différentes unités.
Cependant, elle n’a pas l’ambition de prévoir tous les cas possibles et d’englober tous les sols
existant à la surface du globe.
Elle a ainsi été conçue comme un système de référence permettant d’ordonner les sols décrits
dans une étude et les unités d’une carte suivant un plan commun. C’est en même temps un
ensemble définissant un langage.
Aux regards de ces principes généraux, la CPCS a fini par opter non pas pour la création d’une
classification originale (type soil taxonomy des américains) mais pour la conservation du cadre
déjà élaboré par Aubert et Duchaufour et présenté lors du 5è congrès de l’Association
Internationale de la Science du Sol (AISS) en 1956. Les auteurs ont justifié ce choix par le fait
36
qu’il permettait d’exprimer les conceptions fondamentales de la pédologie française qui est
à la fois morphologique et génétique.
Elles se subdivisent en :
* 4 unités majeures : sont utilisées dans les travaux généraux et pour les cartes à petites
échelles. Il s’agit des Classes : 12, des Sous-classes :33, des Groupes :101 et des Sous-
groupes : 267.
37
1-Un certain degré de Basée sur des .basé sur les .basé sur la
développement du profil ou critères résultant caractères variation de
d’évolution du sol des conditions de morphologiques du l’intensité du
2- Un mode de d’altération des pédoclimat profil processus
minéraux se traduisant par : lesquelles influent correspondant à fondamental
-L’importance relative des sur l’ambiance des processus d’évolution
sesquioxydes libérés physico-chimique : d’évolution de ces caractéristique du
-La dominance de certains -température sols groupe
types d’argiles -humidité -différenciation de .manifestation
Elles s’expriment dans le profil -état oxydé ou réduit certains horizons, d’un processus
soit par : (rôle de H+) lessivage du secondaire indiqué
-des couleurs -concentration des calcaire des par certains
-la structure solutions en tel ou éléments éléments nouveaux
-la saturation du complexe tel cation comme le colloïdaux etc.. du profil
absorbant calcium, le .basé sur une (concrétionnement,
3-Une composition et une sodium….. variation de induration, taches
répartition typique de la M.O : l’intensité du d’hydromorphie,
Par exemple concentration de processus élargissement de la
MO dans l’horizon de surface pédologique structure)
ou répartition dans tout le profil général
4-Prédominance de certains
facteurs fondamentaux
d’évolution des sols :
-hydromorphie
-salinisation
-sols du désert (erg, reg) et n’ayant pas ou ne peuvent pas subir d’évolution (par manque d’eau),
présence de cuirasse ou carapace
-Pour le pâturage
38
Sols non évolués sur matériel minéral récemment érodé ou mis en place
►sols minéraux bruts d’apport colluvial (gravité et/ou eau de ruissellement) (2)
5.1.3. SOUS-CLASSE DES SOLS MINERAUX BRUTS DES DESERTS CHAUDS (ou
Xériques)
-Sols de profil AC
-dans les régions à forte érosion, ou dépôt fréquent des cours d’eau, volcans
5.2.2. SOUS-CLASSE DES SOLS PEU EVOLUES HUMIFERES (climat humide et frais)
39
5.2.1. SOUS-CLASSE DES SOLS PEU EVOLUES NON CLIMATIQUES
→modal
→ humifère
A cause des conditions climatiques qui prévalent au Burkina, les sous-classes 5.2.1, 5.2.2 et
5.2.3 n’existent pas.
*Caractères communs
40
+Teneur en MO plus importante dans la classe II
Ces sols occupent environ 5% du territoire burkinabé et sont adaptés à plusieurs cultures: coton,
canne à sucre, céréales
►Groupe des vertisols à drainage externe nul ou réduit à structure arrondie (sur au moins 15
cm) : structure de surface grenue, grumeleuse, nuciforme.
4 Sous-groupes :
→modal
41
→hydromorphes : caractères d’hydromorphie accusés (taches et concrétions)
► Groupe des vertisols à drainage externe nul ou réduit à structure (polyédrique) anguleuse
(sur au moins 15 cm).
Correspondent aux vertisols lithomorphes c-à-d sur matériaux originels déjà riches en Ca++ et
Mg++ (roches basiques et ultrabasiques) ;
Remarque : Pour cette classe III, on se réfère essentiellement au point 3 des critères définissant
la classe. Il est à noter également que les horizons B des vertisols sont peu différenciés : (B).
Ils sont généralement considérés comme des sols jeunes.
Cette classe n’existe pas au Burkina Faso car les facteurs qui président à sa formation n’y
existent pas.
Ce sont des sols noirs fertiles, sur des roches volcaniques rencontrés dans les régions humides.
Ils sont riches en M.O et en constituants amorphes. Ce sont des sols observés en zone
volcanique au Japon et dérivés d’une roche-mère particulière, les cendres. Ils sont très riches
en M.O et en éléments minéraux de type allophane (produit amorphe hydraté silico-alumineux
dont le rapport silice/alumine est compris entre 1et 3).
Les andosols ont un pH généralement acide, sont très poreux avec une densité faible et une
forte teneur d’humidité.
Cette classe n’existe pas au Burkina Faso car les facteurs qui président à sa formation n’y
existent pas.
Ce sont des sols fortement influencés par la présence de carbonates de calcium et/ou de
magnésium, fournis par la roche-mère tel le calcaire dur, la craie ou mame et dont 7,5<
42
pH<8. Ces sols se caractérisent par un blocage de l’humification à un stade précoce par
CaCO3, une forte incorporation d'humus peu évolué dans le profil, une altération peu poussée.
MO≥ 0,5 % sur les 15 premiers cm pour les sols sableux (A+Lf≤15%)
MO≥ 1 % sur les 15 premiers cm pour les sols argileux (A≥ 40%)
Acides Humiques ≥ Acides Fulviques avec une proportion élevée d’acides humiques gris
Ces sols occupent 2,1% du territoire burkinabé et ne sont pas favorable à l’agriculture
5.6.1, 5.6.2 et 5.6.3 n’existent pas au Burkina Faso, aucun de ces pédoclimats spécifiques ne
prévalant dans ce pays.
43
. Complexe saturé principalement en Ca++
.Altération minérale assez poussée→ teneur en fer libre relativement élevée→ couleur souvent
plus rouge du sol
5 Sous-groupes
.B ou (B) : pauvre en MO
WRB: Cambisols
44
5.7.4. SOUS-CLASSE DES SOLS BRUNIFIES DES PAYS TROPICAUX
*horizon A :
*horizon (B) :
4 Sous-groupes
Commentaires :
-un sous-groupe vertique, sans que des caractères hydromorphie (sensu stricto) ne s’y
manifestent
- un sous-groupe qui ne prend n’en compte que la présence de nodules calcaires (accumulation
de calcaire secondaire) alors que de nombreux profils en renferment tant en surface que dans
l’horizon B.
Comparaison Classe VI et Classe VII au niveau des groupes respectifs observés au Burkina.
. Classe VI est observée dans la partie septentrionale du pays, en zone sahélienne sous une
pluviométrie moyenne annuelle inférieure à 400 mm.
La végétation est de type steppe à épineux avec un tapis herbacé relativement rare à clairsemé.
45
La végétation est de type savane arbustive à arborée avec un tapis herbacé plus dense
Le mot « podzol » est d'origine russe et signifie « sous les cendres » (pod = sous, zola =
cendres) et se réfère probablement à l'expérience des paysans russes qui avaient l'impression
de trouver une sous-couche de cendres (couche lessivée ou horizon E) lors du premier
labourage d'un sol vierge. C’est un sol acide, très délavé qui caractérise les climats humides et
froids. Sur les podzosols poussent des conifères, mais aussi des fougères et bruyères. Le
podzosol se forme sur une roche-mère grossière non calcaire comme des sables, des grès ou
des quartzites. L'humus qui caractérise le podzosol est de type mor.
.Individualisation des sesquioxydes de fer (ou Mn)→ couleur rouge, ocre, rouille en A et B ou
B seulement
.SiO2/AL2O3≥2
.S/T≥ 50%
Ces occupent 39,8% du Burkina Faso sols sont adaptés aux céréales, légumineuses, cultures
de rente.
46
. Couleur de B ou (B) dans les jaunes (10YR ; 7,5YR) avec des éclats (value) ≥5 et des chroma
(intensité) ≥4.
. Structure massive en A et B moins nette lorsque le matériau est constitué de sables grossiers
dominant.
.S/T≥65%
. Dominance de l’illite
. S/T≥65%
3 Groupes
4 Sous-groupes
→modal
→à pseudogley
47
. présence d’un horizon lessivé et d’un horizon d’accumulation de sesquioydes de fer et
d’argiles
. indice d’entrainement≤1/1,4
. A massif ou compact à l’état sec et cohésion forte si texture finement sableuse ou plus fine.
5 Sous-groupes
→modal
→concrétions
→induré
→hydromorphe à pseudogley
2 Sous-groupes
→modal
→hydromorphe à pseudogley
.A(B)C
.indice de lessivage≥1/1,4
48
5 Sous-groupes
→modal
→brun
→ à caractères d’hydromorphie
→vertique
→recalcifié
.ABC
. indice de lessivage≤1/1,4
5 Sous-groupes
→modal
→légèrement hydromorphes
→à caractères vertiques
→ très lessivés
Remarques :
La classe IX est la plus répandue au Burkina. Les critères généraux de classification se réfèrent
essentiellement au point 2 définissant la classe.
.élimination de la majeure partie des bases alcalines et alcalino-terreuses et d’une grande partie
de la silice
49
.profil ABC
*A : MO bien évoluée
*B : - souvent épais et quartz plus ou moins seul minéral primaire et abondance de produits de
synthèse
Ces sols occupent 1,92% du territoire burkinabé et conviennent mieux au mil, légumineuses et
arboriculture.
Conditions climatiques : climat tropical (3 à 6 mois secs) ; entre 1200 et 1600 mm d’eau
4 Groupes
50
►en (B) typique : texture relativement constante sur toute l’épaisseur du profil ; assez
faible teneur en MO
5 Sous-groupes
→modal
→induré
→hydromorphe
→Faiblement rajeuni (relativement riche en minéraux altérables)
→humique (MO≥3%)
►appauvris : A plus pauvre en argile mais pas d’accumulation en (B)
4 Sous-groupes
→modal
→induré
→hydromorphe
→Faiblement remanié (remaniement de la partie supérieure)
►remaniés : texture de A peu différente de B. ; présence fréquente d’un lit de cailloux
et graviers non roulés.
5 Sous-groupes
→modal
→induré
→hydromorphe
→Faiblement rajeuni
→éluvié (présence d’un horizon très riche en éléments grossiers : sable grossier
graviers, concrétions. Fonte de l’horizon B du sol initial)
►rajeunis ou penévolués : relativement plus riches en minéraux altérables en particulier
après érosion et re-évolution du sol ainsi tronqué
3 Sous-groupes
→avec apport éolien
→hydromorphe
→avec érosion et remaniement
5.11. CLASSE DES SOLS HYDROMORPHES (Classe XI)
. Sols dont les caractères sont dûs à une évolution dominée par l’excès d’eau en raison
d’un engorgement temporaire ou permanent d'une partie ou de la totalité du profil.
.hydromorphie se traduit par :
51
-accumulation de MO
-présence de gley ou pseudogley
-redistribution de calcaire, de gypse et parfois induration de ces éléments
.doit affecter la majorité du profil pour être prise en compte au niveau de la classe.
Ces sols occupent 12,7% du territoire burkinabé et conviennent au sorgho dans les zones à
faible pluviométrie ; dans les plaine, ils convient à la riziculture pluviale/irriguée.
52
►à pseudogley
.Hydromorphie temporaire et partielle
.Alternance réduction, oxydation→ redistribution du fer
.Alternance de taches ou de bandes grisâtres et ocres ou rouilles et/ou
.Concrétions dès la base de A1 ou sommet de E
2 sous-groupes
→à pseudogley de surface
→ à nappe perchée
Remarque : pas de sous-groupe à pseudogley d’ensemble.
►à stagnogley
.Hydromorphie quasi permanente
.Imbibition du sol à partir de la surface par les précipitations abondantes sous climat humide
.MO concentrée en surface
.Réduction du fer dominante
Pas de sous-groupe
►à amphigley
.pseudogley reposant sur un horizon de gley profond
2 Sous-groupes
→ à nappe perchée et à nappe phréatique profonde
→ à battement de nappe phréatique de forte amplitude
► à accumulation de fer en carapace ou cuirasse
Pas de sous-groupe
► à redistribution de calcaire ou du gypse
2 Sous-groupes
→ à encroutement
→ à nodules
5.12. CLASSE DES SOLS SODIQUES (Classe XII)
. Soit présence de sels solubles (chlorures, sulfates, carbonates….de Na et/ou de Mg)
→Conductivité électrique sur pâte saturée≥ 7 mmhos/cm à 25 ° sur l’ensemble du profil pendant
une partie de l’année
.Soit présence de Na+ (et/ou Mg++) → structure massive, diffuse et compacité élevée
→ Na/T≥10%
.Lorsque les sels solubles ou Na+ sont en quantité suffisante pour être notés mais inférieurs aux
chiffres indiqués → classification dans les unités inférieures d’autres classes.
53
• Ces sols occupent 4,97% du territoire burkinabé et conviennent aux céréales et cultures de rente
si les propriétés physiques sont améliorées. La salinité se corrige par un labour profond et
amendement en gypse.
• WRB: solonetz, planosols
54
► Groupe des sols sodiques à horizon blanchi ( solodisés)
.Acidification accentuée en surface
.Horizon B très compact, neutre à alcalin
2 Sous-groupes
→Solonetz solodisés
→Solods
VI- CONCLUSIONS
Cette présentation succincte des travaux de la CPCS ne vise pas à se substituer au document
initial édité en 1967. Elle offre néanmoins l’occasion de préciser ce qui suit :
Les sols du Burkina Faso se rangent dans 9 des 12 classes prévues par la CPCS. Ceci traduit
la grande hétérogénéité pédologique de notre pays. La classe des sols à sesquioxydes de fer
et/ou de manganèse (classe IX) est cependant la plus répandue à cause des facteurs
pédogénétiques dominants.
Une caractérisation suffisante tant sur le plan morphologique que du point de vue
physico-chimique est nécessaire pour qu’un sol puisse être rangé définitivement dans une
quelconque unité (majeure ou mineure) de classification telle que définie par la CPCS.
La CPCS ne fait pas intervenir les notions d’horizons et/ou de propriétés diagnostiques
« sensu stricto » pour l’appartenance d’un sol à une quelconque unité de classification même
si pour certaines unités majeures, référence est faite à des valeurs chiffrées de quelques
paramètres physico-chimiques. C’est en cela que réside la difficulté d’établir des
correspondances strictes et systématiques entre les unités de la CPCS et celle des autres
systèmes de référence tels que la « Soil Taxonomy » américaine ou la WRB, lesquels
fonctionnent un peu comme un trousseau de clé.
Pour utiliser la CPCS, la caractérisation des profils de sols doit permettre de mettre en
évidence, des horizons pédologiques (AB et/ou C) tels que définis dans les documents de base
de pédologie (cf. Directives FAO pour la description des sols). Pour les systèmes de référence
cités plus haut, l’accent est mis sur la présence (ou absence) d’horizons diagnostiques (ex :
molliques, ochriques, cambiques, etc), lesquels peuvent correspondre ou non à des horizons
pédologiques. Il s’agit de systèmes dits morphométriques pour lesquels bien souvent l’intensité
prend le pas sur la manifestation en tant que telle du processus pédogénétique. Ce sont des
55
systèmes apparemment rigides se prêtant aisément à la confection d’un programme
informatique. La CPCS, par contre, offre une plus grande flexibilité avec un risque plus accru
de confusion.
On retiendra ainsi que la CPCS est avant tout un langage qui vise à désigner les sols à travers
un minimum de mots. C’est un système de référence basé sur une approche écologique intégrée.
Sa difficulté d’application réside dans la nécessité d’appréhender les effets de chacun des cinq
facteurs pédogénétiques. Son application est donc subordonnée à une connaissance approfondie
de ces facteurs et accorde une large place à l’interprétation des différents processus
pédogénétiques tant passés qu’en cours. La classification des sols selon la CPCS ne peut pas,
par conséquent, relever d’une simple routine bien que nécessitant une large expérience de
travaux de terrain et des connaissances théoriques approfondies sur la manière dont les
processus pédogénétiques se manifestent dans le profil de sol.
Enfin depuis son apparition en 1967, cette classification n’a pas connu de changement malgré
les progrès réalisés dans le domaine de la science du sol. En outre, les nombreuses études
pédologiques effectuées à travers le monde et plus particulièrement en Afrique depuis une
trentaine d’année aurait pu permettre d’affiner la définition de certaines unités de classification
ou d’en favoriser la création d’autres unités. Cette absence de réactualisation confère ainsi à la
CPCS son caractère dessuet malgré sa large utilisation en Afrique francophone.
56