Pratiques_Biosecuritaires_Appliquees_En
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Laboratoire de Biologie et de Cytologie Animales, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02, Côte d’Ivoire.
E-mail : [email protected]
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Laboratoire d’Environnement et de Biologie Aquatique, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02,
Côte d’Ivoire. E-mail :[email protected]
RESUME
Une enquête a été réalisée sur les pratiques biosécuritaires dans des fermes piscicoles de 3 régions de
la Côte d'Ivoire (Régions des lagunes, Agneby et Sud comoé). Le but est de décrire les pratiques réelles
des pisciculteurs en matière de biosécurité et de donner une typologie des fermes piscicoles de ces régions.
Vingt quatre variables biosécuritaires ont été retenues et la méthode de "boule de neige" a été utilisée. Les
travaux ont été réalisés de mars à août 2011. Les mesures de la biosécurité ont été appliquées dans les
fermes piscicoles, enquêtées de différentes manières avec de fortes proportions de pratiques non
recommandées. Les analyses multivariées (Analyses Factorielles des Correspondances Multiples et la
Classification Ascendante Hiérarchique) réalisées ont indiqué deux grandes catégories de ferme piscicole
dont chacune se subdivise en deux sous-groupes, avec des groupes composés d'au moins une ferme issue
de chacune des 3 régions.
Mots clés : Pisciculture, pratiques de biosécurité, Côte d'Ivoire.
ABSTRACT
An study was carried out on biosecurity practices in fish farming in the regions of Côte d'Ivoire (Regions of
Lagoon, Agneby and Sud comoé). The study aims to describe practices of biosecurity measures and to give
a typology of fish farming of these regions according to biosecurity practices applied. Inquiries were carried
out in three regions according to the "snowball" method from March to August 2011. Practices of biosecurity
measures in fish farming varied from one fish farm to another with a high frequency of bad practices.
Multivariate analysis classified shown two great groups of fish farming with two subgroups each. Group was
composed of at least one fish farm from each of the 3 regions.
Keywords : Fish farming, biosecurity practices, Côte d'Ivoire.
Or, dans la majorité des fermes piscicoles de ci. Pour ce fait, l’étude portera sur les pratiques
Côte d’Ivoire, les principales espèces de de gestion liées aux personnel et visiteurs, aux
poissons élevées sont du groupe des tilapias, structures et matériel d’élevage et aux stocks
dont la résistance vis-à-vis de certaines de poissons, en fonction de ces mesures.
infections est aujourd’hui mise en cause
(Oreochromis niloticus et Sarotherodon
melanotheron) (Legendre and Leveque, 2002).
MATERIEL ET METHODES
Ces maladies peuvent être propagées
naturellement par l’eau, les poissons d’élevage
ECHANTILLONNAGE ET TRAITEMENT DES
infectés par des poissons sauvages, vecteurs
DONNEES
d’un gène infectieux, et vis-versa. Des animaux
autres que le poisson (mollusques, sangsues,
Les régions des Lagunes (- 4.20'.00'’ W et
crustacés, etc.) et même l’Homme peuvent être
5.25'.00'’ N), de l’Agnéby (6.00'.00'’ N et
porteurs de gène tel que Mycobacterium
- 4.00' .00'’ W) et du Sud-Comoé (5° 30' N et
marinum, responsable de la tuberculose du
3° 15' W) ont été prospectées (Figure 1). Ces
poisson et également observée chez les ouvriers
régions ont été choisies à cause d’une activité
des sites piscicoles. Etant donné qu’il est difficile
piscicole plus importante.
d’éviter complètement les maladies du poisson,
il est préférable de chercher à prévenir leur La méthode de «boule de neige» a été utilisée
apparition, à travers la pratique de mesures pour cette étude (Subedi et al., 2003 ; Delaunay
biosécuritaires. C’est le cas, par exemple, de et al., 2008 ). Elle consiste à observer ou à noter
la bactérie Flavobacterium psychrophilum les pratiques dans une première ferme choisie
capable de décimer 30 à 45 % des poissons au hasard dans une localité et auprès de qui les
Salmonidés si aucune mesure de prévention autres fermes sont découvertes par indication.
n’est mise en place sur la ferme (Ryce et Zale, Le cycle se boucle, pour la localité choisie,
2004). Il est beaucoup plus difficile de traiter une lorsque la première ferme est indiquée par une
maladie et cela exige généralement le concours autre (Thierry, 2009). L’étude a été réalisée entre
d’un spécialiste. Dans certains cas, les Mars et Août 2011, sur la base de la biosécurité
poissons qui survivent sont tellement affaiblis en aquaculture proposés par Arthur et al. (2008).
qu’il est difficile d’appliquer un traitement
Ces aspects ont été décomposés en 24
véritablement efficace. Ainsi, la biosécurité,
variables, à savoir : Localisation des fermes
définit comme l’ensemble des mesures mises
piscicoles (FRM), Disposition des structures
en place sur une ferme pour diminuer ou éviter
d’élevage (DES), Analyses parasitologiques des
le risque d’introduction de maladies ou d’agents
poisons (APP), Aire pour visiteurs (ARV),
pathogènes (Lotz, 1997 ; Dvorak, 2009), s’avère
Rotoluve (MLU), Tenu de travail pour le personnel
être une des méthodes de prévention.
(TPE), Protection des structures d’élevage
A l’instar des fermes subtropicales et tropicales, (PST), Connaissance des mesures de
celles de la Côte d’Ivoire sont privées d’une biosécurité (CMB), Isolement des fermes (FCL),
véritable politique de mesures biosécuritaires à Mise en quarantaine des nouveaux poissons
l’opposé de celles des pays européens et (MQ), Traitement des poissons (TP), Fréquence
asiatiques (Bebak, 2002). Aussi aucune étude de traitement des poissons (FRT), Connais-
sur les pratiques réelles des pisciculteurs, en sance des pathologies de poissons (CMP), Vide
matière de mesure d’hygiène, ne semble être sanitaire (VSA), Désinfection du matériel
disponible en Côte d’Ivoire. Celles qui existent d’élevage avant usage (DMA), Devenir des
sont d’ordre général et ne sont que des
poissons morts (PM), Désinfection du matériel
documents ou guides qui indiquent les
d’élevage après usage (DMAP), Echange de
différentes mesures à adopter sur une ferme
matériel d’élevage entre fermes (EM), Nombre
comme ceux de Arthur et al. (2008), Broes
de visiteurs par mois (VIS), Contact entre
(2002), Sadler and Goodwin (2007), etc. Ce
visiteurs et l’eau (CVE), Analyses parasi-
travail est le premier d’une série de recherche à
tologiques de l’eau (APE), Visite vétérinaire
mener qui aboutira à la proposition d’un guide
(VVT), Produit de traitement des poissons (PTR)
de bonnes pratiques biosécuritaires dans les
et Présence d’autres animaux sur la ferme
fermes piscicoles de Côte d’Ivoire. L’objectif
(PAA).
général est de décrire les différentes pratiques
piscicoles en matière de mesures biosécuritaires Les 48 fermes retenues pour l’étude ont été
dans les fermes piscicoles de 3 régions de la codifiées à l’aide des lettres d’identification de
Côte d’Ivoire en donnant une typologie de celles- la localité, suivi d’un numéro d’ordre de
recensement de la ferme piscicole. Les variables premier temps le test du tri à plat a été appliqué
ont été codifiées à partir des lettres en majuscule pour déterminer les différents pourcentages de
et ou des caractères tirés de celles-ci. Quant modalités liées aux variables afin de connaître
aux modalités, elles ont été codifiées selon une les différentes tendances en matière de pratique
échelle allant de 1 à n. Par exemple, la première de prévention en pisciculture. Puis l’analyse des
ferme étudiée à Anyama on a (Any1), pour la correspondances multiples a été appliquée
variable «Désinfection de matériel après usage» après transformation des données brutes en
on a (DMP) et pour les modalités possibles on tableau de contingence pour permettre le
a (Oui = 1 et Non = 2). Après le codage des positionnement de l’ensemble des cas sur un
variables et des modalités, le tri à plat, l’analyse plan à deux dimensions en fonction de la
factorielle des correspondances multiples similitude (correspondance) de leurs réponses
(AFCM) et la classification ascendante (modalités) aux variables. En fin l’analyse de
hiérarchique (CAH) ont été appliquées aux classification a été appliquée pour regrouper les
données grâce aux logiciels Trideux 5.0 proposé fermes piscicoles en fonction des valeurs propres
par Cibois (1997) et Statistica 7.1. Dans un ou des scores obtenus lors de l’AFC.
: Cours d’eau
: Lagune
d’élevage, contre 42 % qui ne l’ont pas fait. Alors matériel d’élevage. Aucune des fermes étudiées
que seulement 25 % de ces exploitants ont (100 %) n’a effectué d’analyses parasitologiques
effectué des opérations de désinfection du sur l’eau.
Tableau 2 : Pratiques biosécuritaires liées à la gestion des équipements d’élevage dans les
fermes piscicoles.
Biosecurity practices and management of equipments in fish farming.
Tableau 3 : Pratiques biosécuritaires liées à la gestion des poissons dans les fermes piscicoles.
Biosecurity practices related to fish management in fish farming.
TYPOLOGIE DES FERMES PISCICOLES série (DES : 1), la destruction des poissons
morts (PM : 3), la désinfection du matériel de
L’Analyse Factorielle des Correspondances pêche après usage (DMP : 1) et l’utilisation de
Multiples (AFCM) a été réalisée dans le plan produits anonymes pour les traitements
formé par les dimensions 1 (40,423 %) et 2 antiparasitaires (PTR : 6).
(21,152 %) qui cumulent à eux seuls, 61, 57 %
- Les fermes Any.1, Any.2, Any.3, Dab.10,
des informations interprétables. La figure 2
Sik.6, Maf.39, Sik.5, Bia.37, Dia.23, Any.4,
présente des résultats de cette analyse qui a
Agb.47, Any.5, Eli.14 et Eli.15 ont des
montré que :
correspondances à travers les pratiques
- Les fermes piscicoles Dab.8, Sik.7, Maf.38, suivantes : le rejet de poissons morts dans la
Dab.9, Adz.24, Aza.22 et Aza.21 ont une affinité nature (PM : 2) et l’utilisation de la potasse
pour les pratiques telles que l’absence de clôture comme produit antiparasitaire (PTR : 4) ; la
autour des fermes (FCL : 2), la présence d’autres réception de 5 visiteurs au plus par mois (VIS :
animaux sur la ferme (PAA : 2) et le manque 6 et VIS : 1) ; le port de tenu de travail par les
d’espace réservé aux personnes étrangères à ouvriers (TP : 1) et la désinfection du matériel
la ferme (AVI : 2) ; la disposition des étangs en de pêche avant usage (DMA : 1) ; le non respect
(eau des étangs) et la désinfection des visiteurs ou physico-chimiques, de l’eau (milieu de vie
sont entre autres des mesures nécessaires des poissons) et les interdictions ou restrictions
visant à protéger les personnes et les animaux d’animaux sont autant de mesures que devraient
élevés contre les pathologies de types entreprendre tout pisciculteur afin de prévenir
épizootiques et zoonotiques. l’apparition d’éventuels agents pathogènes.
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