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Pisciculture et pratiques biosécuritaires en Côte d’Ivoire 59

PRATIQUES BIOSECURITAIRES APPLIQUEES EN


PISCICULTURE DANS TROIS REGIONS DE LA CÔTE D’IVOIRE

M. KONE1,M. CISSE2,M. OUATTARA2,Y. KARAMOKO1 et A. FANTODJI1

1
Laboratoire de Biologie et de Cytologie Animales, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02, Côte d’Ivoire.
E-mail : [email protected]
2
Laboratoire d’Environnement et de Biologie Aquatique, Université d’Abobo-Adjamé, 02 BP 801 Abidjan 02,
Côte d’Ivoire. E-mail :[email protected]

RESUME

Une enquête a été réalisée sur les pratiques biosécuritaires dans des fermes piscicoles de 3 régions de
la Côte d'Ivoire (Régions des lagunes, Agneby et Sud comoé). Le but est de décrire les pratiques réelles
des pisciculteurs en matière de biosécurité et de donner une typologie des fermes piscicoles de ces régions.
Vingt quatre variables biosécuritaires ont été retenues et la méthode de "boule de neige" a été utilisée. Les
travaux ont été réalisés de mars à août 2011. Les mesures de la biosécurité ont été appliquées dans les
fermes piscicoles, enquêtées de différentes manières avec de fortes proportions de pratiques non
recommandées. Les analyses multivariées (Analyses Factorielles des Correspondances Multiples et la
Classification Ascendante Hiérarchique) réalisées ont indiqué deux grandes catégories de ferme piscicole
dont chacune se subdivise en deux sous-groupes, avec des groupes composés d'au moins une ferme issue
de chacune des 3 régions.
Mots clés : Pisciculture, pratiques de biosécurité, Côte d'Ivoire.

ABSTRACT

BIOSECURITY PRACTICES APPLIED IN FISH FARMING IN THREE REGIONS OF CÔTE D’IVOIRE

An study was carried out on biosecurity practices in fish farming in the regions of Côte d'Ivoire (Regions of
Lagoon, Agneby and Sud comoé). The study aims to describe practices of biosecurity measures and to give
a typology of fish farming of these regions according to biosecurity practices applied. Inquiries were carried
out in three regions according to the "snowball" method from March to August 2011. Practices of biosecurity
measures in fish farming varied from one fish farm to another with a high frequency of bad practices.
Multivariate analysis classified shown two great groups of fish farming with two subgroups each. Group was
composed of at least one fish farm from each of the 3 regions.
Keywords : Fish farming, biosecurity practices, Côte d'Ivoire.

INTRODUCTION - la sensibilité accrue à toute dégradation de la


qualité de l’eau ;
Les maladies ou infections de poissons peuvent - la mortalité élevée des poissons.
apparaître à n’importe quel moment au sein C’est le cas chez les poissons appartenant au
d’une structure d’élevage occasionnant souvent groupe des tilapias qui, initialement reconnus
de graves pertes liées à (Ryce and Zale, 2004 ; pour leur plus grande résistance aux infections
Sadler and Goodwin, 2007) : (virales, bactériennes, fongiques et parasitaires)
- le ralentissement de la croissance et de la par rapport aux autres espèces de poissons en
production des poissons ; élevage, sont devenus sensibles aux infections
bactériennes et parasitaires (Amal and Zamri-
- l’accroissement des coûts d’alimentation, du
Saad, 2011) comme celles causées par les
fait du gaspillage d’aliments non consommés
agents Streptococcus sp., Flavobacterium
occasionné par un manque d’appétit des
columnare, Aeromonas hydrophila, Edwarsiella
poissons ;
tarda, Ichthyophitirius multifillis, Tricodhina sp.
- la vulnérabilité accrue aux prédateurs ; et Gyrodactylus niloticus (Klesius et al., 2008).

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Or, dans la majorité des fermes piscicoles de ci. Pour ce fait, l’étude portera sur les pratiques
Côte d’Ivoire, les principales espèces de de gestion liées aux personnel et visiteurs, aux
poissons élevées sont du groupe des tilapias, structures et matériel d’élevage et aux stocks
dont la résistance vis-à-vis de certaines de poissons, en fonction de ces mesures.
infections est aujourd’hui mise en cause
(Oreochromis niloticus et Sarotherodon
melanotheron) (Legendre and Leveque, 2002).
MATERIEL ET METHODES
Ces maladies peuvent être propagées
naturellement par l’eau, les poissons d’élevage
ECHANTILLONNAGE ET TRAITEMENT DES
infectés par des poissons sauvages, vecteurs
DONNEES
d’un gène infectieux, et vis-versa. Des animaux
autres que le poisson (mollusques, sangsues,
Les régions des Lagunes (- 4.20'.00'’ W et
crustacés, etc.) et même l’Homme peuvent être
5.25'.00'’ N), de l’Agnéby (6.00'.00'’ N et
porteurs de gène tel que Mycobacterium
- 4.00' .00'’ W) et du Sud-Comoé (5° 30' N et
marinum, responsable de la tuberculose du
3° 15' W) ont été prospectées (Figure 1). Ces
poisson et également observée chez les ouvriers
régions ont été choisies à cause d’une activité
des sites piscicoles. Etant donné qu’il est difficile
piscicole plus importante.
d’éviter complètement les maladies du poisson,
il est préférable de chercher à prévenir leur La méthode de «boule de neige» a été utilisée
apparition, à travers la pratique de mesures pour cette étude (Subedi et al., 2003 ; Delaunay
biosécuritaires. C’est le cas, par exemple, de et al., 2008 ). Elle consiste à observer ou à noter
la bactérie Flavobacterium psychrophilum les pratiques dans une première ferme choisie
capable de décimer 30 à 45 % des poissons au hasard dans une localité et auprès de qui les
Salmonidés si aucune mesure de prévention autres fermes sont découvertes par indication.
n’est mise en place sur la ferme (Ryce et Zale, Le cycle se boucle, pour la localité choisie,
2004). Il est beaucoup plus difficile de traiter une lorsque la première ferme est indiquée par une
maladie et cela exige généralement le concours autre (Thierry, 2009). L’étude a été réalisée entre
d’un spécialiste. Dans certains cas, les Mars et Août 2011, sur la base de la biosécurité
poissons qui survivent sont tellement affaiblis en aquaculture proposés par Arthur et al. (2008).
qu’il est difficile d’appliquer un traitement
Ces aspects ont été décomposés en 24
véritablement efficace. Ainsi, la biosécurité,
variables, à savoir : Localisation des fermes
définit comme l’ensemble des mesures mises
piscicoles (FRM), Disposition des structures
en place sur une ferme pour diminuer ou éviter
d’élevage (DES), Analyses parasitologiques des
le risque d’introduction de maladies ou d’agents
poisons (APP), Aire pour visiteurs (ARV),
pathogènes (Lotz, 1997 ; Dvorak, 2009), s’avère
Rotoluve (MLU), Tenu de travail pour le personnel
être une des méthodes de prévention.
(TPE), Protection des structures d’élevage
A l’instar des fermes subtropicales et tropicales, (PST), Connaissance des mesures de
celles de la Côte d’Ivoire sont privées d’une biosécurité (CMB), Isolement des fermes (FCL),
véritable politique de mesures biosécuritaires à Mise en quarantaine des nouveaux poissons
l’opposé de celles des pays européens et (MQ), Traitement des poissons (TP), Fréquence
asiatiques (Bebak, 2002). Aussi aucune étude de traitement des poissons (FRT), Connais-
sur les pratiques réelles des pisciculteurs, en sance des pathologies de poissons (CMP), Vide
matière de mesure d’hygiène, ne semble être sanitaire (VSA), Désinfection du matériel
disponible en Côte d’Ivoire. Celles qui existent d’élevage avant usage (DMA), Devenir des
sont d’ordre général et ne sont que des
poissons morts (PM), Désinfection du matériel
documents ou guides qui indiquent les
d’élevage après usage (DMAP), Echange de
différentes mesures à adopter sur une ferme
matériel d’élevage entre fermes (EM), Nombre
comme ceux de Arthur et al. (2008), Broes
de visiteurs par mois (VIS), Contact entre
(2002), Sadler and Goodwin (2007), etc. Ce
visiteurs et l’eau (CVE), Analyses parasi-
travail est le premier d’une série de recherche à
tologiques de l’eau (APE), Visite vétérinaire
mener qui aboutira à la proposition d’un guide
(VVT), Produit de traitement des poissons (PTR)
de bonnes pratiques biosécuritaires dans les
et Présence d’autres animaux sur la ferme
fermes piscicoles de Côte d’Ivoire. L’objectif
(PAA).
général est de décrire les différentes pratiques
piscicoles en matière de mesures biosécuritaires Les 48 fermes retenues pour l’étude ont été
dans les fermes piscicoles de 3 régions de la codifiées à l’aide des lettres d’identification de
Côte d’Ivoire en donnant une typologie de celles- la localité, suivi d’un numéro d’ordre de

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recensement de la ferme piscicole. Les variables premier temps le test du tri à plat a été appliqué
ont été codifiées à partir des lettres en majuscule pour déterminer les différents pourcentages de
et ou des caractères tirés de celles-ci. Quant modalités liées aux variables afin de connaître
aux modalités, elles ont été codifiées selon une les différentes tendances en matière de pratique
échelle allant de 1 à n. Par exemple, la première de prévention en pisciculture. Puis l’analyse des
ferme étudiée à Anyama on a (Any1), pour la correspondances multiples a été appliquée
variable «Désinfection de matériel après usage» après transformation des données brutes en
on a (DMP) et pour les modalités possibles on tableau de contingence pour permettre le
a (Oui = 1 et Non = 2). Après le codage des positionnement de l’ensemble des cas sur un
variables et des modalités, le tri à plat, l’analyse plan à deux dimensions en fonction de la
factorielle des correspondances multiples similitude (correspondance) de leurs réponses
(AFCM) et la classification ascendante (modalités) aux variables. En fin l’analyse de
hiérarchique (CAH) ont été appliquées aux classification a été appliquée pour regrouper les
données grâce aux logiciels Trideux 5.0 proposé fermes piscicoles en fonction des valeurs propres
par Cibois (1997) et Statistica 7.1. Dans un ou des scores obtenus lors de l’AFC.

: Limite des régions

: Cours d’eau

: Villes d’implantation des fermes

: Lagune

Figure 1 : Présentation des zones d’étude


Presentation of survey zones

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RESULTATS personnel et aux visiteurs diffèrent d’une ferme


à une autre. Dans les 3 régions d’implantation
des fermes, 42 % des exploitations piscicoles
PRATIQUES BIOSECURITAIRES ont des espaces spécialement réservés pour
APPLIQUEES DANS LES FERMES recevoir les visiteurs, contre 58 % qui n’en ont
PISCICOLES pas. Par contre, les autoluves, rotoluves, ou
encore pédiluves n’ont été observés sur aucune
Pratiques de gestion liées au des fermes étudiées. Parmi ces fermes, 44 %
personnel et aux visiteurs ont instauré le port de tenues de travail à leurs
ouvriers, contre 56 % qui n’en ont pas exigé.
Le tableau 1 indique les fréquences de mesures Concernant le nombre moyen de visites reçu
de biosécurité liées aux pratiques de gestion par mois, 1 à 30 personnes ont visité 96 % des
du personnel et des visiteurs (vendeuses de fermes, contre seulement 4 % qui n’ont pas reçu
poissons en gros, visiteurs touristes) dans les de visites. De plus, 69 % de ces exploitations
différentes fermes piscicoles étudiées. Les ont autorisé les visiteurs à entrer en contact direct
mesures de sécurité biologique appliquées au avec l’eau.

Tableau 1 : Pratiques biosécuritaires liées à la gestion du personnel et des visiteurs dans


les fermes piscicoles
Biosecurity practices and management of employees and visitors at fish farming
sites.

Pratiques de gestion biosécuritaires présence d’animaux domestiques et sauvages


liées aux structures et équipements a été observée dans 50 % des sites piscicoles.
piscicoles Quant aux structures d’élevages, elles ont été
disposées, dans 71 % des cas, en série.
Le tableau 2 montre les différentes proportions Seulement 29 % des fermes piscicoles à étangs
des fermes piscicoles en matière de mesures les ont disposées en parallèle. Dans 54 % des
de biosécurité liées aux équipements d’élevage. fermes, il a été observé, au sein de leurs
l’on a observé que 58 % des fermes ont été structures, des espèces de poissons non ciblées
clôturées par des systèmes d’isolement, contre par l’éleveur. L’étude a montré que 58 % des
42 % qui n’ont érigé aucune protection. La pisciculteurs ont échangé entre eux le matériel

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d’élevage, contre 42 % qui ne l’ont pas fait. Alors matériel d’élevage. Aucune des fermes étudiées
que seulement 25 % de ces exploitants ont (100 %) n’a effectué d’analyses parasitologiques
effectué des opérations de désinfection du sur l’eau.

Tableau 2 : Pratiques biosécuritaires liées à la gestion des équipements d’élevage dans les
fermes piscicoles.
Biosecurity practices and management of equipments in fish farming.

Pratiques de gestion biosécuritaire 65 %, ont respectivement été notés dans 37 et


liées aux poissons 13 % des piscicultures enquêtées. La présence
de parasites externes a été observée sur 96 %
Le tableau 3 les pourcentages de fermes des fermes. Dans les différentes fermes
utilisant les mesures de biosécurité liées aux piscicoles, 50 % d’entre elles ont traité les
stocks de poissons. Sur l’ensemble des poissons parasités avec des produits non
exploitations enquêtées, 81 % n’ont pas mis en conventionnels tels que : du citron, de la cendre
de bois, de la poudre de tabac et de la potasse
quarantaine les poissons qu’elles ont reçus
dans 16 et 15 % des cas respectivement.
d’autres fermes. Seul 6 % des élevages ont reçu Seulement 6 % des pisciculteurs ont utilisé le
des visites vétérinaires. Une tranche importante slice qui est un produit vétérinaire. Trente trois
des exploitants (65 et 75 %) a été informée de pourcent des exploitants piscicoles ont utilisé
l’existence des mesures de biosécurité et des des produits regroupés sous le term e
pathologies des poissons. L’étude a révélé d’«anonyme». De même, 46 % des fermes ont
qu’aucune analyse parasi-tologique n’a été fourni des poissons morts à la consommation,
effectuée sur les poissons élevés. Des taux de 29 % les ont disposés dans la nature et 25 %
mortalité élevés de poissons, 36 - 50 % et 51 - les ont enfouis dans le sol.

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Tableau 3 : Pratiques biosécuritaires liées à la gestion des poissons dans les fermes piscicoles.
Biosecurity practices related to fish management in fish farming.

TYPOLOGIE DES FERMES PISCICOLES série (DES : 1), la destruction des poissons
morts (PM : 3), la désinfection du matériel de
L’Analyse Factorielle des Correspondances pêche après usage (DMP : 1) et l’utilisation de
Multiples (AFCM) a été réalisée dans le plan produits anonymes pour les traitements
formé par les dimensions 1 (40,423 %) et 2 antiparasitaires (PTR : 6).
(21,152 %) qui cumulent à eux seuls, 61, 57 %
- Les fermes Any.1, Any.2, Any.3, Dab.10,
des informations interprétables. La figure 2
Sik.6, Maf.39, Sik.5, Bia.37, Dia.23, Any.4,
présente des résultats de cette analyse qui a
Agb.47, Any.5, Eli.14 et Eli.15 ont des
montré que :
correspondances à travers les pratiques
- Les fermes piscicoles Dab.8, Sik.7, Maf.38, suivantes : le rejet de poissons morts dans la
Dab.9, Adz.24, Aza.22 et Aza.21 ont une affinité nature (PM : 2) et l’utilisation de la potasse
pour les pratiques telles que l’absence de clôture comme produit antiparasitaire (PTR : 4) ; la
autour des fermes (FCL : 2), la présence d’autres réception de 5 visiteurs au plus par mois (VIS :
animaux sur la ferme (PAA : 2) et le manque 6 et VIS : 1) ; le port de tenu de travail par les
d’espace réservé aux personnes étrangères à ouvriers (TP : 1) et la désinfection du matériel
la ferme (AVI : 2) ; la disposition des étangs en de pêche avant usage (DMA : 1) ; le non respect

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de la mise en quarantaine des nouveaux (TP : 2) et la réception de 21 à 30 visiteurs


poissons venant d’autres fermes piscicoles par mois (VIS : 5) ; l’absence de vide sanitaire
(MQ : 2), la connaissance des pathologies des (VSA : 2) et échange de matériel de pêche entre
poissons (CMP : 1) et des mesures de fermes (EM : 1) ; la disposition des étangs en
biosécurité (CMB : 1) ; l’application du vide parallèle (DES : 2) et la désinfection du matériel
sanitaire (VSA : 1), interdiction d’échange de d’élevage avant usage (DMA : 1) ; l’absence de
matériel d’élevage entre fermes (EM : 2) et clôture (FCL : 2) et la présence d’autres animaux
l’application de 2 traitements antiparasitaires par sur la ferme (PAA : 2) et la méconnaissance
cycle (FTR : 2) et l’interdiction faite aux visiteurs des mesures de biosécurité (CMB : 2).
de ne pas toucher l’eau des étangs (CVE : 2).
La Classification Ascendante Hiérarchique
- Les fermes Agb.46, Agb.45, Agb.44, Blo.42, (Figure 3) appliquée aux fermes piscicoles en
Blo.28, Blo.24, Adz.26 et Blo.30 peuvent être fonction des scores liant les variables, donne
reconnaissables à travers : la consommation deux grands groupes G1 et G2, dont chacun
des poissons morts (PM : 1) et la non est subdivisé en deux sous groupes entre les
désinfection du matériel de pêche avant usage indices 10 et 20. Les différents groupes sont
(DMA : 2) ; la méconnaissance des pathologies composés d’au moins une ferme provenant de
de poissons (CMP : 2) et autorisation 2 ou 3 régions étudiées. Ainsi, nous avons :
faite aux visiteurs de toucher l’eau des étangs
(CVE : 1) ; la réception de 11 à 20 visiteurs par - Le sous groupe S-G 1 constitué des fermes
mois (VIS : 4) et l’utilisation du citron comme Dab.8, Sik.7, Maf.38, Dab.9, Adz.24 Aza.22 et
produit antiparasitaire (PTR : 5) avec une Aza.21 ;
fréquence aléatoire (FTR : 3) et la mise en
- Le sous groupe S-G 2 composé des fermes
quarantaine des nouveaux poissons venant des
Any.1, Any.2, Any.3, Dab.10, Sik.6, Maf.39,
autres fermes (MQ : 1).
Sik.5, Bia.37, Dia.23, Any.4, Agb.47, Any.5,
- Quant aux autres fermes piscicoles Tiap.35, Eli.14 et Eli.15;
Tiap.36, Abo.31, Abo.32, Abo.33, Abo.34,
- Le sous groupe S-G 3 constitué des fermes
Sah.19, Eli.16, Adk.41, Tiad.17, Tiad.18,
Agb.46, Agb.45, Agb.44, Blo.42, Blo.28, Blo.24,
Adk.40, Tiap.19, Mon.11 et Mon.12, elles sont
Adz.26 et Blo.30 ;
similaires à travers les pratiques à savoir
l’absence de traitement antiparasitaires pour - Le sous groupe S-G 4 regroupant les
certaines fermes (PTR : 7), l’utilisation de la fermes Tiap.35, Tiap.36, Abo.31, Abo.32,
poudre de tabac et de cendre comme produits Abo.33, Abo.34, Sah.19, Eli.16, Adk.41,
antiparasitaires par d’autres (PTR : 2) et (PTR : Tiad.17, Tiad.18, Adk.40, Tiap.19, Mon.11
1) ; l’absence de tenu de travail pour le personnel et Mon.12.

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Figure 2 : Projection des variables de biosécurité dans le plan 1 et 2 en Analyse Factorielle


des Correspondances Multiples (AFCM).
Graphical projection of biosecurity variables into dimension 1 and 2 in Correspondence
Analysis
Légende : Agb.44, Agb.45, Agb.46, Agb.47 = Agboville ; Blo.27, Blo.28, Blo.29, Blo.30, Blo.42, Blo.43 = Blondey ; Adz.24, Adz.25, Adz.26
= Adzopé ; Dia.23 = Diapé ; Aza.20, Aza.21, Aza.22 = Azaguié ; Tiad.17, Tiad.18 = Tiadou ; Eli.14, Eli.15, Eli.16 = Elibou ; Mon.11, Mon.12,
Mon.13 = Monpoyème ; Dab.8, Dab.9, Dab.10 = Dabou ; Sik.5, Sik.6, Sik.7 = Sikensi ; Sah.19 = Sahué ; Any.1, 2ny.2, Any.3, Any.4, Any.5
= Anyama ; Adk.40, Adk.41 = Adiaké ; Ma.f38, Maf.39 = Maféré ; Bia.37 = Biaoum ; Tiap.35, Tiap.36 = Tiapoum ; Abo.31, Abo.32, Abo.33,
Abo.34 = Aboisso.

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Figure 3 : Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) des fermes piscicoles enquêtées.


Cluster plot of fish farms sampled.
Légende : Agb.44, Agb.45, Agb.46, Agb.47 = Agboville ; Blo.27, Blo.28, Blo.29, Blo.30, Blo.42, Blo.43 = Blondey ; Adz.24, Adz.25, Adz.26
= Adzopé ; Dia.23 = Diapé ; Aza.20, Aza.21, Aza.22 = Azaguié ; Tiad.17, Tiad.18 = Tiadou ; Eli.14, Eli.15, Eli.16 = Elibou ; Mon.11, Mon.12,
Mon.13 = Monpoyème ; Dab.8, Dab.9, Dab.10 = Dabou ; Sik.5, Sik.6, Sik.7 = Sikensi ; Sah.19 = Sahué ; Any.1, 2ny.2, Any.3, Any.4, Any.5
= Anyama ; Adk.40, Adk.41 = Adiaké ; Ma.f38, Maf.39 = Maféré ; Bia.37 = Biaoum ; Tiap.35, Tiap.36 = Tiapoum ; Abo.31, Abo.32, Abo.33,
Abo.34 = Aboisso.

DISCUSSION contact avec les structures d’élevage sans


aucune disposition préalable, pourrait véhiculer
des agents pathogènes. Cela est vérifié en
PRAT IQUES DE GESTION LIEES AU pisciculture, car les visiteurs, qui sont en
PERSONNEL ET AUX VISITEURS majorité des vendeuses de poisson sur les
marchés locaux, sillonnent les différentes
Le non respect de certaines mesures comme fermes piscicoles à la recherche de poissons.
l’absence d’espaces et de pédiluves ou rotoluves Dans cette quête, il arrive souvent qu’elles
dans plusieurs fermes (58 %), l’absence de tenu refusent des poissons, car les trouvant trop
de travail pour le personnel dans 56 % des petits ou trop chers et elles continuent sur les
fermes, l’autorisation d’un grand nombre de autres fermes. Cette manière de procéder
visiteurs dans 96 % des fermes et la permission constituerait un risque biologique pour les
de contact entre visiteurs et l’eau des étangs poissons, car certains protozoaires comme
dans 69 % des fermes piscicoles est contraire Ichthyophterius multifilis (Raissy et al., 2010)
aux recommandations de Craig et al. (2006) et et bactéries comme Mycobacterium marinum
Brister & Zimmer (2010). Celles-ci conseillent (zoonotique) (Richez et al., 2007) sont des
ces dispositifs aux fermiers pour désinfecter les agents pathogènes de maladie de poisson,
objets roulant et les personnes extérieurs venant pouvant être véhiculés par l’Homme ou tout objet
sur leurs fermes. Il en est de même pour le d’une ferme à l’autre. C’est ainsi que Blanco et
nombre élevé de visiteurs (30 visites en moyenne al. (2001), Broes (2002) et Craig et al. (2006)
dans le mois) dans 96 % des fermes étudiées ont indiqué que le port de tenues de travail,
(Boutin, 2001 ; Brister & Zimmer, 2010). En effet, l’interdiction de contacts entre les visiteurs (toute
des personnes ou objets étrangers, entrant en personne étrangère à la ferme) et les animaux

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(eau des étangs) et la désinfection des visiteurs ou physico-chimiques, de l’eau (milieu de vie
sont entre autres des mesures nécessaires des poissons) et les interdictions ou restrictions
visant à protéger les personnes et les animaux d’animaux sont autant de mesures que devraient
élevés contre les pathologies de types entreprendre tout pisciculteur afin de prévenir
épizootiques et zoonotiques. l’apparition d’éventuels agents pathogènes.

PRATIQUES DE GESTION BIOSECURITAIRES PRATIQUES DE GESTION BIOSECURITAIRE


LIEES AUX EQUIPEMENTS PISCICOLES LIEES AUX POISSONS

La présence de clôtures autour de 58 % des La non mise en quarantaine des nouveaux


fermes étudiées signifierait que cette pratique poissons venant d’autres fermes, le manque de
est en partie acceptée par les pisciculteurs. visite vétérinaire et d’analyse parasitologique,
Mais, cela serait dû au souci premier de protéger respectivement dans 81, 94 et 100 % des fermes
les poissons contre d’éventuels voleurs ou piscicoles sont contraires aux indications de
encore de délimitation de leur domaine. La Peggy et al. (2005) et FAO (2010). Aussi les
disposition en série des étangs d’élevage par la taux de mortalité élevés (36 -50 % et 51 - 65 %)
majorité des exploitations (71 %) et la non notés respectivement dans 37 % et 13 % des
protection des tuyaux d’amener d’eau à l’entrée piscicultures enquêtées sont-ils en désaccord
des étangs dans 58 % des fermes, l’échange avec les normes exigées pour une exploitation
du matériel de pêche entre fermes dans 58 % piscicole rentable et seraient aussi dues à la
des cas, la non désinfection du matériel d’élevage non contribution des vétérinaires aux activités
dans 75 % des cas et l’absence totale d’élevage de poissons, ainsi qu’à l’inobservance
d’analyses parasitologiques sur l’eau des étangs des mesures de biosécurité.
dans 100 % des fermes sont des pratiques
Le manque de spécialiste en matière de
contraires aux mesures de sécurité biologique
pathologies des poissons pourrait aussi
recommandées par Lotz (1997). En effet, la
expliquer le taux élevé de mortalité, car les
disposition des structures en parallèle
vétérinaires actuels sont plus tournés vers les
empêcherait la propagation de gènes infectieux
autres formes d’élevage. Les mortalités élevées
déclarés dans les dispositifs en amont vers ceux
seraient dues aux parasites tels que les
qui seraient en aval des canaux de conduite
sangsues et les protozoaires (tâches blanches
d’eau. Selon Lotz (1997), la protection des
ou noires), dont la présence a été notée dans
structures aquacoles par la mise en place de
96 % des fermes étudiées. Selon Lacroix (2004)
grillages au niveau des canalisations d’eau des
et FAO (2008), le taux de mortalité normal en
étangs, de filets à mailles spéciales autour des
pisciculture avec une alimentation équilibrée et
cages flottantes et enclos, est nécessaire pour
variée varie de 10 à 15 % pour la production de
éviter l’invasion des structures par d’autres
fingerlings de tilapias et de 2 à 5 % pour les
espèces d’animaux non ciblées par l’élevage.
siluriformes. Ces taux de mortalité élevés
C’est le cas, par exemple, du prédateur pourraient s’expliquer par de mauvaises
Hemichromis faciatus qui, une fois dans un conditions du milieu de vie (eau). Les produits
étang de reproduction, consomme les œufs et antiparasitaires qualifiés de non conventionnels,
les alevins (Legendre & Leveque, 2002). Les ne sont pas sur la liste de ceux recommandés
pratiques liées au manque de désinfection du comme les parasiticides, la Chloramine, le
matériel d’élevage et aux échanges de matériel Dimétridazole, le Formol, le Métrofinate
d’élevage entre fermes sont en désaccord avec (Neguvon, trichloforn, chlorophos), le
les recommandations faites par Boutin (2001) Permanganate de potassium, le Sulfate de
et Broes (2002). En effet, la désinfection du cuivre etc. (Aqualog, 2011). Des études
matériel et des structures d’élevage est une expérimentales seraient nécessaires pour
mesure prophylactique primaire au même titre montrer l’efficacité antiparasitaire de ces produits
que le vide sanitaire. Leur rôle est d’éliminer tout dits «non conventionnels». Le rejet dans la nature
agent pathogène susceptible de se trouver dans de poissons morts, dans 29 % des cas, et la
les environs (Ricou, 2006). C’est le cas de consommation de ceux-ci par les humains dans
Ichthyophterius multifilis dont la forme infestante 46 % des ferm es, sont des pratiques
(Theront) se trouve dans l’eau à l’état libre harsadeuses pour la santé des poissons et des
(Durborow et al., 1998). Selon Boutin (2001), Hommes. Ces pratiques sont interdites dans les
les analyses, qu’elles soient parasitologiques élevages et ne sauraient être tolérées par les

Agronomie Africaine 24 (1) : 59 - 70 (2012)


Pisciculture et pratiques biosécuritaires en Côte d’Ivoire 69

autorités gouvernementales. Selon Broes (2002), Arthur J. R., C. F. Baldock, M. G. Bondad-reantaso,


la consommation d’animaux morts par l’Homme, R. Perera, B. Ponia and C. J. Rodgers.
ainsi que leur rejet dans la nature sont des 2008. Pathogen risk analysis for biosecurity
risques pour la santé publique et contribuent à and the management of live aquatic animal
movements. Diseases in Asian Aquaculture
la propagation de germes pathogènes dans
VI : 21 - 52.
l’environnement.
Bebak J. 2002. The Importance of Biosecurity in
CORRESPONDANCE ET TYPOLOGIE DES Intensive Culture. PhD Research
FERMES PISCICOLES Epidemiologist Freshwater Institute
Shepherdstown, West Virginia.8 p.
Les quatre groupes de fermes piscicoles (S-G Blanco M. M., A. Gibello and J. F. Fernández-
1, S-G 2, S-G 3 et S-G 4), constitués sur la garayzábal. 2001. Influence of fish health
base des affinités qu’ont ces fermes pour les management: Bases, procedures and
modalités des variables, démontrent la diversité economic implications. Departamento de
Patología Animal I (Sanidad Animal),
dans l’application des mesures prophylactiques.
Facultad de Veterinaria. 24 p.
Aussi, le fait que les différents groupes soient
constitués d’au moins une ferme provenant de Boutin R. 2001. La biosécurité à la ferme : un
deux ou des trois régions étudiées éliminerait-il «must» pour tous les élevages ! Centre de
toute idée de régionalisation des pratiques. En référence en agriculture et agroalimentaire
du Québec, 2875 boulevard Laurier, 22e
effet, étant donné que ces mesures sont
colloque sur la production porcine. 32 p.
universelles à toute forme d’élevage, nous
devions nous attendre à un seul groupe si elles Brister D. and K. Zimmer. 2010. Best Management
avaient été suivies à la lettre par les Practices for Aquaculture in Minnesota.
pisciculteurs. Ces résultats semblent corroborer University of Minnesota and University of St.
Thomas. 32 p.
ceux obtenus par Soro, 2007. Cet auteur a
obtenu cinq groupes d’élevage d’aulacode sur Broes A. 2002. Les mesures de biosécurité dans
la base des mesures prophylactiques les élevages porcins québécois. Journée :
appliquées par les éleveurs. Cette multitude de «De la démarche hygiène à la biosécurité»,
pratiques prophylactiques serait due au manque ISPAIA-SOGEVAL, Ploufragan. 10 p.
de formation de la majorité des pisciculteurs Cibois P. 1997. Les pièges de l’analyse des
ainsi qu’aux attitudes mimétiques dont font correspondances. Histoire & Mesure,
preuve certains éleveurs. 12 (3/4) : 299 - 320.
Craig S. H., B. Reed, W. Keith E. Reagan and S.
Scott. 2006. Best Management Practices
CONCLUSION
for Finfish Aquaculture in Massachusetts.
W estern Massachusetts Center for
Les mesures de biosécurité minimales sont Sustainable Aquaculture. UMass Extension
appliquées de façons différentes par les Publication AG-BPFA. 61 p.
pisciculteurs de Côte d’ Ivoire. Delaunay S., R.-P. Tescar, A. Oualbego, K. Vom
Brocke et J. Lançon. 2008. La culture du
Sur la base des liens qui existent entre les
coton ne bouleverse pas les échanges
pratiques et les fermes piscicoles, elles ont été
traditionnels de semences de sorgho.
regroupées en quatre groupes n’ayant aucun lien Cahiers Agricultures, vol. 17, n° 2 :
avec la zone ou la région d’implantation de celles 189 - 194.
ci.
Durborow R. M., A. J. Mitchell and M. D Crosby.
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