Available online at http://www.ifgdg.

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Int. J. Biol. Chem. Sci. 18(1): 157-171, February 2024

ISSN 1997-342X (Online), ISSN 1991-8631 (Print)

Original Paper http://ajol.info/index.php/ijbcs http://indexmedicus.afro.who.int

Apports des pièges photographiques à l’étude de la diversité des petits et

moyens carnivores du Parc National de Taï (Sud-Ouest Côte d’Ivoire)

Kouakou Djakaria DRAMANE1*, Jarvis Brumel KOPOIN1, Bamba KRAMOKO1,

Ange Edgar Habib MONKET1,4, Malé Roger KELY1,2,4, Claude-Victorien KOUAKOU1,
Djaha André KOFFI1,2, Manouhin Roland TIEDOUE3 et Jean-Claude Koffi BENE1
1Laboratoire de Biodiversité et Ecologie Tropicale de l’UFR Environnement de l’Université Jean Lorougnon
Guédé, Daloa, Côte d’Ivoire, BP 150 Daloa, Côte d'Ivoire.
2Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire, 01 BP 1303 Abidjan 01, Côte d’Ivoire.
3Office Ivoirien des Parcs et Réserves, 06 BP 426 Abidjan 06, Côte d’Ivoire.
4Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, 20 BP 650 Abidjan 20, Côte d’Ivoire.
*Auteur correspondant, E-mail : [email protected]; Tel : +225 0748090567

Received: 30-09-2023 Accepted: 05-01-2024 Published: 29-02-2024

RESUME

Le Parc National de Taï (PNT) reste le dernier refuge pour plusieurs espèces animales, vu la dégradation
des massifs forestiers à l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Cependant, très peu d’études menées dans le PNT ont
concerné les carnivores, en générale et les petits et moyens carnivores, en particulier. La présente étude avait
pour objectif de déterminer la diversité spécifique de la population des petits et moyens carnivores du PNT en
vue d’une planification de leurs conservations durables. Pour atteindre cet objectif, des pièges photographiques
ont été installés de mars 2019 à février 2020. Au cours de la période d’étude, sept espèces de petits carnivores et
trois espèces de moyens carnivores ont été détectées. Pour les petits carnivores, les espèces dont les taux de
captures étaient les plus élevés étaient la mangouste des marais Atilax paludinosus (2,23 observations/nuits-
pièges) suivi de la genette de johnston Genetta johnstoni (1,83 observations/nuits-pièges) et la mangouste brune
Crossarchus obscurus (0,81 observations/nuits-pièges). Pour les moyens carnivores, les espèces dont les taux de
captures étaient les plus élevés étaient la civette d'Afrique Civettictis civetta (1,15 observations/nuits-pièges) et
le ratel Mellivora capensis (0,27 observations/nuits-pièges). Les résultats de cette étude montrent l’importance
du PNT, en raison de cette riche biodiversité.
© 2024 International Formulae Group. All rights reserved.

Mots clés : Diversité, carnivores, pièges photographiques, Parc National de Taï, Côte d’Ivoire.

Contributions of camera traps to the study of the diversity of small and

medium carnivores in Taï National Park (South-West Côte d’Ivoire)

ABSTRACT

The Taï National Park (TNP) remains to be the last refuge for several animal species, given the
degradation of the forest massifs in the west of Côte d'Ivoire. However, very few studies carried out in TNP have
focused on carnivores in general and small and medium-sized carnivores in particular. The aim of this study was
to determine the specific diversity of the population of small and medium-sized carnivores in the TNP with a

© 2024 International Formulae Group. All rights reserved. 9530-IJBCS

DOI : https://dx.doi.org/10.4314/ijbcs.v18i1.13
 K. D. DRAMANE et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 18(1): 157-171, 2024

view to planning their sustainable conservation. To achieve this objective, photographic traps were installed from
March 2019 to February 2020. During the study period, seven species of small carnivores and three species of
medium carnivores were detected. For small carnivores, the species with the highest capture rates were the Marsh
mongoose Atilax paludinosus (2.23 observations/trap nights), followed by the Johnston's genet Genetta johnstoni
(1.83 observations/trap nights) and the Common cusimanse Crossarchus obscurus (0.81 observations/trap
nights). For medium carnivores, the species with the highest catch rates were the African civet Civettictis civetta
(1.15 observations/trap nights) and the Honey badger Mellivora capensis (0.27 observations/trap nights). The
results of this study show the importance of the TNP, given its rich biodiversity.
© 2024 International Formulae Group. All rights reserved.

Keywords : Diversity, carnivores, camera traps, Tai National Park, Côte d'Ivoire.

INTRODUCTION 2018). A cela, il faut ajouter la valeur de

Les forêts tropicales abritent plus de la conservation que représentent certaine des
moitié de la diversité biologique mondiale composantes de cette biodiversité (Adou Yao,
(Koné et al., 2014). Située en zone tropicale, la 2005 ; Kouamé et al., 2014).
Côte d’Ivoire abrite une faune riche et Vu la dégradation des massifs forestiers
diversifiée, en raison de la diversité des à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, le Parc National
écosystèmes rencontrés dans le pays (Bamba et de Taï (PNT) reste le dernier refuge pour
al., 2017). Malheureusement, cette diversité plusieurs espèces animales (Lauginie, 2007).
biologique est sujette à diverses pressions Dans cette aire protégée, très peu d’études ont
anthropiques. L’exploitation du bois, le été menées sur les carnivores. Toutefois, ces
défrichement des forêts au profit de carnivores ont un grand rôle écologique (Miller
l’agriculture, l’urbanisation, les feux de et al., 2001). Ce sont les ingénieurs des
brousse et la chasse sont, entre autres, les écosystèmes car ils peuvent changer sa
facteurs qui mettent en péril cette diversité dynamique, augmenter l'hétérogénéité de
(Béné et al., 2015). En effet, de 16 millions l'habitat et de la biodiversité (Ritchie et al.,
d’hectares au début du 20ème siècle, la 2012). En effet, à travers leurs activités
superficie des forêts denses ivoiriennes est prédatrices, les carnivores régulent directement
passée, au 21ème siècle, à moins de 3 millions le nombre de proies (Miller et al., 2001).
d’hectares (Brou et al., 2005 ; Bitty et al., 2013; Indirectement, les carnivores peuvent modifier
BNEPT, 2015). L’exploitation effrénée des le comportement de leurs proies de sorte que
forêts a entraîné la fragmentation et la celles-ci deviennent moins vulnérables (Berger
dégradation de l’habitat originel de la faune et al., 2001). Ainsi, leurs proies choisissent des
sauvage (Akpatou et al., 2018). Les habitats différents, des différentes ressources
conséquences de ces perturbations généralisées alimentaires, différentes tailles de groupes,
à la majorité des forêts de Côte d’Ivoire sont différentes périodes d'activités, ou ils réduisent
l’appauvrissement des sols et surtout la le temps consacré à l'alimentation (Miller et al.,
disparition locale de nombreuses espèces 2001).
végétales et animales (Bitty et al., 2015 ; Kassi Cependant, en dépit de leur position
et al., 2017 ; Akpatou et al., 2018). dans la chaîne alimentaire, les carnivores ont
Subséquemment, les ressources biologiques tendance à se reproduire à de faibles densités
forestières connaissent de réelles perturbations (Karanth et Chellam, 2009). Ils ont également
(Bitty et al., 2015) rendant ainsi difficile leur tendance à être nocturnes, insaisissables et
évaluation. Pourtant, il est admis que la gestion parfois dangereux (Sunarto et al., 2013), la
durable des ressources biologiques d’un espace majorité reste alors peu étudiée.
dépend non seulement d’une meilleure Les études antérieures sur les carnivores
connaissance de la diversité de ses éléments et de nombreux autres animaux cryptiques
constitutifs, mais également de leurs comptaient principalement sur les preuves
abondances (Evans et al., 2018 ; Akpatou et al., indirectes de leur présence (Sunarto et al.,
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2013). La méthodologie du piégeage Matériel

photographique offre des preuves plus fiables Le matériel qui a servi à l’étude était
de la présence des espèces animales (Sunarto et composé des pièges photographiques (PP) de
al., 2013). En effet, les pièges photographiques marque Bushnell, Trophy Cam HD Aggressor
peuvent fournir des informations précieuses sur pour la collecte des données des petits et
la diversité des espèces, la dynamique des moyens carnivores, d’un GPS (Global
populations (Ahumada et al., 2013), la Positioning System) de marque GARMIN 64s
reconnaissance des individus, l’occupation pour l’enregistrement des coordonnées
spatio-temporelle des habitats (Rovero et al., géographiques des sites de pose des pièges
2014) ainsi que, la période d’activité des photographiques, d’une boussole pour
espèces animales (Kely et al., 2019 ; Monket et l’orientation en forêt, d’un décamètre pour
al., 2022). mesurer la hauteur à laquelle le PP ont été
Au Parc National de Taï (PNT), peu de installé sur "l’arbre tuteur", d’un appareil
recherche sur les carnivores ont utilisé les photographique numérique pour les prises de
pièges photographiques. En effet, seuls les vues, d’une carte du parc sur laquelle ont été
travaux de Eshuis (2011) menés sur projetés les différents points d’installation des
l’hippopotame pygmée et le léopard, son PP et des fiches pour l’installation et le retrait
principal prédateur et ceux de N’Goran et al. des PP.
(2020) conduits sur les mammifères terrestres,
ont récolté des informations sur les périodes Méthodes
d’activités de quelques carnivores du PNT. Collecte des données
Ainsi, aucune étude menée par piégeage La méthode des transects en point
photographique n’a concerné spécifiquement adaptée aux pièges photographiques a été
la diversité des carnivores en générale et celle utilisée pour la collecte des données de terrain
des petits et moyens carnivores en particulier. (Howe et al., 2017). La collecte des données
Pour pallier ce déficit d’information, la s’est faite durant deux mois, à chaque point de
présente étude a été menée sur toute l’étendue piégeage sur une période totale de 12 mois pour
du parc avec pour objectif de déterminer la couvrir tous les cinq secteurs du PNT
diversité spécifique de la population des petits (ADK/V6, Djapadji, Djouroutou, Soubré et
et moyens carnivores du PNT en vue d’une Taï). Elle s’est déroulée entre mars 2019 et
planification de leur conservation durable. février 2020. Un dispositif systématique
constitué d’une grille de maille 4×4 km a été
Site d’étude superposé à la carte du parc, à l’aide du logiciel
Le Parc National de Taï est localisé au Qgis 2.14.7. Les sommets de chaque carré (4×4
Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire entre 5 °08’ et 6 km) ont été pris comme les sites d’installation
°24’ de latitude Nord et entre 6 °47’ et 7 °25’ des pièges photographiques. Ainsi, une
de longitude Ouest. Il est situé entre les fleuves distance de 4 km séparait deux pièges
Cavally et Sassandra (Figure 1). L'importance photographiques (PP) consécutifs. Le
de sa biodiversité a amené l’UNESCO à ériger dispositif prévu sur la carte du PNT était
le PNT en Réserve de Biosphère en 1978 et à composé de 291 points d’installation de PP
l'inscrire sur la liste du Patrimoine Mondial en (Figure 2) dont les coordonnées géographiques
1982. Le climat au PNT est de type ont été générées. Ces 291 points d’installation
subéquatorial chaud et humide toute l’année de PP ont été répartis de la manière suivante
(OIPR, 2014). La pluviosité moyenne annuelle dans les différents secteurs du PNT :
au PNT varie de 1700 mm au Nord à 2200 mm cinquante-cinq (55) points d’installation de PP
au Sud (Adou et al., 2005) et la température dans le secteur d’ADK/V6, cinquante-six (56)
moyenne mensuelle varie entre 23 °C et 28 °C points d’installation de PP dans le secteur de
(Hoppe-Dominik, 1995 ; Kablan, 2019). Djapadji, cinquante-six (56) points
d’installation de PP dans le secteur de
Djouroutou, cinquante-huit (58) points
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d’installation de PP dans le secteur de Soubré L’effort d’échantillonnage est le

et soixante-six (66) points d’installation de PP nombre de nuit-piège lors du piégeage
dans le secteur de Taï. Sur le terrain, la collecte photographique (O’Connell et al., 2011). Les
des données a été effective que sur 285 points nuits-pièges (NP), définies comme le
d’installation de PP sur les 291 points rendement global des pièges en fonction de la
d’installation prévus sur la carte. Six (06) sites période d’activité (O’Connell et al., 2011).
n’ont pas été échantillonnés en raison de leur Elles ont été calculées comme suit:
inaccessibilité. Il s’agit de trois (03) sites dans NP = Ns x np
le secteur de Taï, de deux (02) sites dans le avec Ns. le nombre total des sites de
secteur de Djouroutou et un (01) site dans le pose des appareils et np. une période de 24 h de
secteur de Soubré. pose
Compte tenu du nombre limité de PP Pour une position de PP donnée, les
disponibles (200 pièges photographiques), tous détections successives d’une espèce de petit ou
les sites d’installation n’ont pas été piégés à la moyen carnivore dans un laps de temps
même période. Les sites ont été échantillonnés inférieur à 30 minutes, ont été considérées
les uns après les autres. L’accès au point comme un seul évènement ou visite (Bezerra et
d’installation de chaque PP s’est fait par al., 2014; Hedwig et al., 2018 ; McCarthy et al.,
navigation à l’aide du GPS et de la boussole 2018 ; Kely, 2020). Cependant, pour la même
(Kely, 2020 ; Monket et al., 2021). Une fois au position, une détection qui intervient après un
point théorique indiqué pour l’installation d’un intervalle de temps supérieur ou égales 30
PP spécifique, le piège photographique a été minutes de la première détection de la visite
fixé à un "arbre tuteur" choisi à une hauteur de précédente, est considérée comme
0,5 m du sol. Le PP a été installé en prenant indépendante et marque le début d’une
soin d’éviter que les rayons lumineux nouvelle visite (Bezerra et al., 2014 ; Kely,
détériorent la qualité des vidéos pendant le jour 2020). Après le regroupement des détections en
(Monket et al., 2021). Les PP ont été réglés en évènements, nous avons d’abord décompté le
mode vidéo avec une résolution minimisée de nombre d’individus distincts pour chaque
5 Mpx, afin de permettre aux cartes mémoires évènement. Ce nombre est considéré comme la
d’enregistrer un plus grand nombre de données. taille du groupe observé (Bezerra et al., 2014 ;
Par ailleurs, les séquences vidéo ont une durée Hedwig et al., 2018 ; McCarthy et al., 2018 ;
de 60 secondes et un intervalle entre deux Kely, 2020).
détections consécutives de deux (02) secondes La Richesse spécifique (S) se définit
(Monket et al., 2021). Après deux mois de comme étant le nombre total des espèces
fonctionnement, chaque site d’installation a été recensées dans un milieu donné (Magurran,
visité pour le retrait des PP (Kely, 2020 ; 2004). La fréquence de capture (FC) ou le taux
Monket et al., 2021). de capture donne le rendement global de
capture des espèces observées. Elle a été
Analyse des données définie comme suit :
Dans cette étude, les carnivores ont été Fréquence de capture (FC) = C×1000
classés suivant leurs masses corporelles. Selon /NP avec C = nombre capture
cette classification, les petits carnivores sont L’évaluation de la diversité des petits et
les carnivores dont la masse corporelle est moyens carnivores a été faite à travers le calcul
inférieure à 10 kg tandis que les moyens de l’indice de Shannon et Weaver (1948)
carnivores sont les carnivores dont la masse (Konan et al., 2023). Il permet de quantifier la
corporelle est comprise entre 10 kg et 21 kg richesse en biodiversité du milieu d’étude.
(Malhi et al., 2016 ; Hoeks et al., 2020). La L’indice de Shannon et Wiener est le plus
reconnaissance des espèces animales a été couramment utilisé et est recommandé
possible grâce à nos connaissances (Magurran, 2004 ; Tuomisto, 2010). Il est
personnelles et au guide d’identification des donné par la formule suivante:
mammifères d’Afrique (Kingdon et al., 2013).
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H’= −Σ pi x log (pi) où pi l’abondance (N) (lorsque toutes les espèces ont une même
proportionnelle ou pourcentage d'importance abondance).
de l'espèce. L’abondance proportionnelle se L’indice d’équitabilité de Piélou a été
calcule comme suit: pi =ni/N, avec ni = nombre calculé en utilisant la formule suivante: E =
d'individus d'une espèce dans l’échantillon; N H’/H’max où H’max = log (N) avec N =
= nombre total d'individus de toutes les espèces nombre total d'individus de toutes les espèces
dans l'échantillon. dans l'échantillon et H’= −Σ pi x log (pi).
Ainsi, l’indice de Shannon et Weaver L’indice d’équitabilité de Piélou permet de
(1948) permet d’exprimer la diversité en mesurer également la répartition des individus
prenant en compte le nombre d’espèces et au sein des espèces, indépendamment de la
l’abondance des individus au sein de chaque richesse spécifique (Tuomisto, 2010). Sa
espèce. Une communauté dominée par une valeur varie de 0 (dominance d’une des
seule espèce aura un coefficient moindre espèces) à 1 (équi-répartition des individus
qu’une communauté dont toutes les espèces dans les espèces).
sont co-dominantes. La valeur de l’indice varie Ces indices ont été calculés avec le
de 0 (milieu constitué d’une seule espèce) à log logiciel R (version 2.8.0).

Figure 1: Localisation du Parc National de Taï.

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Figure 2 : Design du dispositif systématique des pièges photographiques de mars 2019 à

février 2020.

RESULTATS observations/nuits-pièges), la nandinie

Effort d’échantillonnage Nandinia binotata (0,20 observations/nuits-
Au total, 227 PP ont été positifs aux pièges), la Poine d’Afrique occidentale Poiana
petits et moyens carnivores du PNT. Un PP est leightoni (0,05 observations/nuits-pièges) et la
dit positif lorsqu’il a détecté au moins une mangouste rouge Herpestes sanguineus (0,02
espèce de petit ou moyen carnivore. Ces 227 observations/nuits-pièges) ont obtenu les taux
pièges photographiques positifs (PPp) ont de captures les plus faibles (Tableau 1).
enregistré 2092 évènements dont 1676 La Figures 2 présent les images des
évènements des petits carnivores et 416 petits carnivores détectés au PNT au cours de
évènements des moyens carnivores. En cette étude. Pour la richesse spécifique, seul le
somme, 387 360 nuits-pièges ont été réalisées secteur de Djouroutou a enregistré la présence
pour cette étude. des sept (07) espèces de petits carnivores.
Quant aux secteurs d’ADK/V6, Djapadji et
Richesse spécifique des petits carnivores du Soubré, ils ont enregistré chacun la présence de
Parc National de Taï six (06) espèces, dont l’absence la mangouste
Sept (7) espèces de petits carnivores ont rouge Herpestes sanguineus pour les deux
été identifiées au PNT. Parmi les sept espèces premiers secteurs et la Poine d’Afrique
de petits carnivores, la mangouste des marais occidentale Poiana leightoni pour le troisième
Atilax paludinosus (2,23 observations/nuits- secteur. Enfin, le secteur de Taï a enregistré la
pièges) a obtenu le taux de capture le plus présence quatre (04) espèces, dont l’absence de
élevé. Elle est suivie de la genette de Johnston trois (3) espèces. Il s’agit de la nandinie
Genetta Johnstoni (1,83 observations/nuits- Nandinia binotata, la Poine d’Afrique
pièges). Ensuite, vient la mangouste brune occidentale Poiana leightoni, la mangouste
Crossarchus obscurus (0,81 rouge Herpestes sanguineus.
observations/nuits-pièges). Enfin, la La comparaison des indices de diversité
mangouste du Libéria Liberiictis kuhni (0,30 notamment celui de Shannon montre que
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ADK/V6 est le secteur le plus diversifié (H’ = suivie par le ratel Mellivora capensis (0,27
1,48), suivi du secteur de Djouroutou (H’ = observations/nuits-pièges). Enfin, le chat doré
1,36), ensuite le secteur de Djapadji (H’ = 1,34) Caracal aurata (0,07 observations/nuits-
et Soubré (H’ = 1,26) enfin le secteur de Taï pièges) a obtenu le taux de capture le plus
(H’ = 1,06). Ces valeurs de H’ montrent que la faible (Tableau 2).
diversité des petits carnivores est faible dans Les images des espèces de moyens
les cinq (5) secteurs du PNT. Cependant, cette carnivores détectés au PNT sont présentées à la
diversité est plus élevée dans le secteur Figure 3. Les trois (03) espèces de moyens
d’ADK/V6 que dans les autres secteurs du carnivores ont été détectées dans les cinq (5)
parc. secteurs du PNT.
Quant à l’indice d’équitabilité, le La comparaison des indices de diversité
secteur de ADK/V6 présente l’équitabilité le notamment celui de Shannon montre que
plus élevé (E = 0,83). Il est suivi des secteurs Djouroutou est le secteur le plus diversifié (H’
de Taï (E = 0,77) et de Djapadji (E = 0,75). Les = 0,82), suivi du secteur de Taï (H’ = 0,80),
indices d’équitabilité les moins élevés ont été ensuite le secteur d’ADK/V6 (H’ = 0,75) et de
enregistrés dans les secteurs de Soubré (E = Djapadji (H’ = 0,64) enfin le secteur de Soubré
0,71) et de Djouroutou (E = 0,70). Ces données (H’ = 0,49). Ces valeurs de H montrent que la
montrent que dans le PNT, il y a presqu’une diversité des moyens carnivores est faible dans
équi-dominance des espèces de petits les cinq (5) secteurs du PNT.
carnivores. Quant à l’indice d’équitabilité, le
secteur de Djouroutou a possédé l’équitabilité
Richesse spécifique des moyens carnivores le plus élevé (E = 0,75). Il est suivi des secteurs
du Parc National de Taï de Taï (E = 0,73) et d’ADK/V6 (E = 0,68). Les
Trois (03) espèces de moyens indices d’équitabilité les moins élevés ont été
carnivores ont été identifiées au PNT au cours enregistrés dans les secteurs de Djapadji (E =
de notre étude. Parmi ces espèces de moyens 0,58) et de Soubré (E = 0,44). Ces données
carnivores, la civette d'Afrique Civettictis montrent que dans le PNT, il y a presqu’une
civetta (1,15 observations/nuits-pièges) a équi-dominance des espèces de moyens
obtenu le taux de capture le plus élevé. Elle est carnivores.

Tableau 1: Différentes espèces de petits carnivores inventoriées dans le PNT de mars 2019 à février
2020.

Nombre de FC
Familles Nom commun Nom scientifique capture (C) (C.1000/ NP)
Mangouste des marais Atilax paludinosus 866 2,23

Herpestidae Mangouste brune Crossarchus obscurus 314 0,81

Mangouste du Libéria Liberiictis kuhni 117 0,30

Mangouste rouge Herpestes sanguineus 8 0,02

Viverridae Genette de Johnston Genetta johnstoni 708 1,83

Poine d’Afrique Poiana leightoni 19 0,05

occidentale
Nandiniidae Nandinie Nandinia binotata 77 0,20

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Figure 3a: Mangouste des marais (Atilax Figure 3b: Mangouste brune (Crossarchus
paludinosus). obscurus).

Figure 3c: Mangouste du Libéria (Liberiictis Figure 3d: Mangouste rouge (Herpestes
kuhni). sanguineus).

Figure 3e: Genette de Johnston (Genetta Figure 3f: Poine d’Afrique occidentale (Poiana
johnstoni). leightoni).

Figure 3g: Nandinie (Nandinia binotata).

Figure 3 : Photos des petits carnivores détectés au PNT de mars 2019 à février 2020.
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Tableau 2 : Différentes espèces de moyens carnivores inventoriées dans le Parc National de Taï de
mars 2019 à février 2020.

Nombre de FC
Familles Nom commun Nom scientifique capture (C) (C.1000/ NP)

Viverridae Civette d'Afrique Civettictis civetta 445 1,15

Mustelidae Ratel Mellivora capensis 105 0,27
Felidae Chat doré Caracal aurata 26 0,07

Figure 4a: Civette d'Afrique (Civettictis civetta). Figure 4b: Ratel (Mellivora capensis).

Figure 4c: Chat doré (Caracal aurata).

Figure 4 : Photos des moyens carnivores détectés au PNT de mars 2019 à février 2020.

DISCUSSION au PNT. Nos résultats sont inférieurs à ceux de

Il ressort de ces travaux, la présence de Chatelain et al. (2001). Lors de cette étude
10 espèces de petits et moyens carnivores au basée sur une compilation bibliographique des
Parc National de Taï (PNT). Cette étude menée études menées au PNT, Chatelain et al. (2001)
dans tout le parc sur les petits et moyens ont dénombré 13 espèces de carnivores dont 12
carnivores et réalisée par la méthode des pièges espèces de petits et moyens carnivores au PNT.
photographique est l’une des premières au L’absence ou la non observation de la loutre à
PNT. La plupart des espèces détectées par les cou tâcheté (Aonyx capensis), la loutre à joues
pièges photographiques ont été déjà signalées blanches (Lutra maculicollis) et de la genette
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pardine (Genetta pardina) dans notre étude mammifères les plus importants et les plus
pourrait s’expliquer par le fait que ces espèces diversifiés (Willcox, 2020). Parmi les sept
sont soit arboricoles, aquatiques ou rares. En espèces de petits carnivores, les espèces les
effet, le fait de ne pas photographier une espèce plus fréquemment observées sont la mangouste
ne doit jamais être simplement confondu avec des marais Atilax paludinosus, la genette de
une preuve d'absence de l'espèce respective Johnston Genetta johnstoni et la mangouste
(MacKenzie, 2005). Des espèces très rares ou brune Crossarchus obscurus. Cela peut être dû
insaisissables, ou des espèces avec des traits d’une part à leur grande mobilité au sein de la
comportementaux spécifiques tels que des forêt, conditionnée par la recherche perpétuelle
habitudes arboricoles ou aquatiques, peuvent d’aliments (Lima, 2018). D’autre part, les
être complètement manquées par les pièges caractéristiques du PNT font de lui, un habitat
photographiques, même avec un effort adéquat pour ces trois espèces de petits
d'échantillonnage considérable (Sunarto et al., carnivores, qui affection les forêts denses, les
2013). De plus, la hauteur à laquelle les PP ont forêts marécageuses et les habitats riverains
été fixés (0,5 m) ne nous permet que de détecter (Dunham et Gaubert, 2013). Quant à la faible
les espèces terrestres. Cependant, il peut arriver observation de la mangouste du Libéria
quelque fois que les pièges photographiques Liberiictis kuhni, la nandinie Nandinia
disposés à une hauteur assez basse détectent binotata, la poine d’Afrique occidentale
des espèces arboricoles lorsque ceux-ci Poiana leightoni et la mangouste rouge
descendent au sol. Herpestes sanguineus. Elle pourrait
Toutefois, nos résultats sont supérieurs s’expliquer par le fait que certaines espèces de
à ceux obtenus par N’Goran et al. (2020) qui, forêt tropicale sont généralement timides et
lors de leurs études menées autour du centre de discrètes, ce qui les rend difficiles à observer
recherche du PNT sur les mammifères par dans leur biotope (Ancrenaz et al., 2012 ; Lima,
piège photographique, ont détecté 4 espèces de 2018). Aussi, certains mammifères, en
petits et moyens carnivores. Cette différence de occurrence les espèces arboricoles, comme la
diversité spécifique pourrait être liée à la nandinie Nandinia binotata et la poine
superficie plus importante du parc par rapport d’Afrique occidentale Poiana leightoni sont
à celle du centre de recherche. Nos résultats rarement, voir jamais détectées par des pièges
sont aussi supérieurs aux rapports de suivi- photographiques au sol (Ancrenaz et al., 2012).
écologique des phases 10, 11 et 12 du PNT La faible observation de la mangouste rouge
(Tiedoué et al., 2015 ; 2016 ; 2018). Au cours Herpestes sanguineus quant à elle pourrait
de ces différentes phases de biomonitoring, ce s’expliquer par le fait que cette espèce est
sont respectivement 5, 3 et 5 espèces de petits spécialiste des milieux ouverts. En effet, elle
et moyens carnivores qui ont été détectées. occupe la lisière des forêts et peut pénétrer dans
Cette différence pourrait s’expliquer par la les forêts le long des routes et se trouve parfois
différence de méthodologies appliquée dans autour des villages (Hoffmann et Taylor,
nos différentes études. En effet, la méthode de 2013).
transect linéaire a été adoptée pour la collecte La comparaison des indices de diversité
des données des phases 10, 11 et 12. Or cette des petits carnivores montre que malgré le
méthode est uniquement pratiquée dans la nombre élevé d’espèces dans le secteur de
journée et elle a des difficultés liées à Djouroutou, le secteur d’ADK/V6 est plus
l’observation des espèces rares, discrètes et diversifié que Djouroutou. Ces observations
nocturnes. ont été faites aussi dans les études de Koffi et
Sur les 10 espèces de petits et moyens al. (2022) menée sur les mammifères sur deux
carnivores détectés au cours de notre étude au iles du Nord du PNT. En effet, lors de cette
PNT, sept sont des petits carnivores et trois étude, ces auteurs constatent que malgré que le
sont des moyens carnivores. Ce résultat nombre d’espèces observées sur l’ile
pourrait s’expliquer par le fait que les petits Dafidougou soit inférieur à celui de l’ile
carnivores constituent l’un des groupes de Nakolo, l’indice de diversité de Shannon à l’ile
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Dafidougou était légèrement plus élevé (H’ = a permis d’identifier 10 espèces de petits et
1,297) que celui de l’ile Nakolo (H’ = 1,209). moyens carnivores, dont sept espèces de petits
Cela pourrait s’expliquer par le fait que dans carnivores et trois espèces de moyens
notre étude, la mangouste des marais Atilax carnivores. Il s’agit notamment de la
paludinosus est largement dominante sur mangouste des marais Atilax paludinosus, la
toutes les autres espèces du secteur de genette de johnston Genetta johnstoni, la
Djouroutou avec un indice d’équitabilité plus mangouste brune Crossarchus obscurus, la
faible (E = 0,70), contrairement à ADK/V6 où mangouste du Libéria Liberiictis kuhni, la
il y a une quasi-codominance des espèces (E = nandinie Nandinia binotata, la Poine d’Afrique
0,83). Quant à la comparaison des indices de occidentale Poiana leightoni, la mangouste
diversité des moyens carnivores, elle montre rouge Herpestes sanguineus, la civette
que malgré le nombre d’espèces identiques d'Afrique Civettictis civetta, le ratel Mellivora
dans les cinq (5) secteurs du PNT, Djouroutou capensis et le chat doré Caracal aurata. Parmi
est le secteur le plus diversifié. Cela tire son ces sept espèces de petits carnivores, les
explication du fait que dans le secteur de espèces les plus fréquemment observées sont la
Djouroutou, les espèces sont quasi- mangouste des marais Atilax paludinosus, la
codominances. genette de Johnston Genetta johnstoni et la
Parmi les espèces de moyens mangouste brune Crossarchus obscurus.
carnivores, la civette d'Afrique Civettictis Quant aux espèces les moins observées, lors de
civetta a obtenu le taux de capture le plus élevé. la présente étude, ce sont entre autres la
Elle est suivie par le ratel Mellivora capensis. mangouste du Libéria Liberiictis kuhni, la
Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que nandinie Nandinia binotata, la poine d’Afrique
ces deux espèces de moyens carnivores occidentale Poiana leightoni et la mangouste
occupent une grande variété d'habitats et elles rouge Herpestes sanguineus. Concernant les
ont un régime alimentaire très diversifié. En moyens carnivores, la Civette d'Afrique
effet, la civette est omnivore et son Civettictis civetta a obtenu le taux de capture le
alimentation est composée par les fruits de plus élevé. Elle est suivie par le Ratel Mellivora
diverses plantes, insectes et rongeurs (Ray, capensis. Enfin, le taux de capture le plus faible
1995 ; Ray et al., 2005). Elles occupent a été observé chez le Chat doré Caracal aurata.
notamment des forêts secondaires, des forêts Les résultats de cette étude montrent
primaires et des habitats de brousse, ainsi que l’importance du PNT, en raison de cette riche
des environnements aquatiques. Quant au ratel, biodiversité.
il vit dans une grande variété de types
d'habitats, des forêts denses humides d'Afrique CONFLIT D’INTERETS
équatoriale (Greengrass, 2013) aux forêts Les auteurs déclarent qu’il n’y a aucun
miombo et mopane d'Afrique de l'Est (Fischer conflit d’intérêts pour cet article.
et al., 2013). Ce sont des carnivores
opportunistes et généralistes qui se nourrissent CONTRIBUTIONS DES AUTEURS
d'une gamme de proie dont la taille varie, des KDD a collecté les données. KDD, JBK
petites larves d'insectes aux jeunes d'ongulés et BK ont fait le traitement statistique et la
(Begg et al., 2003). Enfin, le Chat doré Caracal rédaction du manuscrit. Tous les autres co-
aurata a obtenu le taux de capture le plus auteurs ont contribué à la relecture de versions
faible. Ce résultat pourrait s’expliquer par le antérieures de cet article.
fait que le chat doré africain est difficilement
observé à l'état sauvage et généralement REMERCIEMENTS
considéré comme rare (UICN, 2015). Nous tenons à remercier vivement
l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR)
Conclusion pour avoir fourni les différents permis et
Cette étude menée au Parc National de faciliter l’accès au Parc national de Taï. Nos
Taï par la méthode des pièges photographiques remerciements vont également à l’endroit de la
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Wild Chimpanzee Foundation (WCF) pour London, 260: 301–316. DOI:

leur appui matériel et technique qui a permis la https://doi.org/10.1017/S0952836903003
collecte des données. Nous remercions 789
particulièrement la Docteure NORMAND Béné J-CK, Daouda D, Eric N. 2015. Gestion
Emmanuelle, Directrice de Wild Chimpanzee durable de la faune et des ressources
Foundation (WCF). Nous disons un grand cynégétiques en Côte d’Ivoire. Rapport
merci aux auxiliaires villageois, qui ont aidé à du forum des Etats généraux de la forêt
collecter les données sur le terrain. Enfin, nous par le Ministère de l'Economie, des
remercions toutes les personnes qui ont aidé à Finances et du Budget, de la faune et des
la mise en place de la base de données. ressources en eau, Côte d’Ivoire, 101 p.
Berger J, Stacey PB, Bellis L, Johnson MP.
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