descriptif-oral-juin-2024
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Descriptif 1E
Objet d’étude n°1 : la poésie du XIX au XXIème siècle
« Est-ce là poésie ? Je n’en sais rien, et peu importe. Pour moi c’est un besoin, un
engagement, une colère, une affaire d’amour-propre et voilà tout »
« Il faut que je prenne le lecteur par la main…Je sollicite de sa part une assez longue
complaisance, le suppliant de se laisser conduire au risque de s’ennuyer par mes longs
détours » Francis Ponge
Problématiques :
-Quelles sont les singularités du recueil La rage de l’expression ?
-Dans quelles mesures cette mosaïque de textes nous interroge-t-elle sur notre rapport aux
mots et au monde ?
-Le recueil La rage de l’expression se réduit-il à un simple journal de l’exploration poétique ?
Lectures linéaires :
-Lecture linéaire 4 :un extrait des mots m’ont pris par la main Aragon
5
Lecture linéaire 1
Lecture linéaire 2
Le mimosa
5
Ainsi, après avoir beaucoup tourné autour de cet arbuste, m'être égaré souvent, avoir plus
souvent désespéré que joui, l'avoir plus dénaturé qu'obéi, en reviens-je (me trompé-je
encore ?) à considérer la qualité caractéristique du mimosa comme celle-ci : " glorioleux, vite
découragé ".
Lecture linéaire 3
Note (motion) d’ordre à propos du ciel de Provence
19 juillet 1941
Les mots m’ont pris par la main, Le roman inachevé, Aragon, 1956
Problématiques :
-la célébration du monde chez Colette se limite-t-elle à l’éloge de la nature ?
-quels regards sur le monde Colette porte-t-elle ?
-quelle conception du bonheur Colette propose-t-elle ?
Lectures linéaires :
Lecture linéaire 5 : Sido p 49 « car j’aimais tant l’aube…déformé par son éclosion »
Lecture linéaire 6 :Les Vrilles de la vigne : les vrilles de la vigne, le chant du rossignol p 139
Lecture linéaire 7 :les vrilles de la vigne p 150 « il y a encore dans mon pays »
Parcours associé :
Lecture linéaire 8 : la célébration de la famille et de la nourriture : Le Soleil des Scorta,
chapitre 5, le banquet
Lecture linéaire 5
Sido
p 49
Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands
chapeaux, étés presque sans nuits... Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère me
l'accordait en récompense. J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et demie, et je m'en
allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli
étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.
A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je
descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par mon poids baignait d'abord mes
jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus
sensibles que tout le reste de mon corps… J'allais seule, ce pays mal pensant était sans
dangers. C'est sur ce chemin, c'est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d'un
état de grâce indicible et de ma connivence avec le premier souffle accouru, le premier
oiseau, le soleil encore ovale, déformé par son éclosion…
Ma mère me laissait partir, après m'avoir nommée " Beauté, Joyau-tout-en-or "; elle
regardait courir et décroître - sur la pente son oeuvre - " chef-d'ceuvre ", disait-elle. J'étais
peut-être jolie ; ma mère et mes portraits de ce temp-là ne sont pas toujours d'accord... Je
l'étais à cause de mon âge et du lever du jour, à cause des yeux bleus assombris par la
verdure, des cheveux blonds qui ne seraient lissés qu'à mon retour, et de ma supériorité
d'enfant éveillée sur les autres enfants endormis.
Linéaire 6
Les Vrilles de la vigne
Texte liminaire p 139
Cassantes, tenaces, les vrilles d’une vigne amère m’avaient liée, tandis que dans mon
printemps je dormais d’un somme heureux et sans défiance. Mais j’ai rompu, d’un sursaut
effrayé, tous ces fils tors qui déjà tenaient à ma chair, et j’ai fui… Quand la torpeur d’une
nouvelle nuit de miel a pesé sur mes paupières, j’ai craint les vrilles de la vigne et j’ai jeté
tout haut une plainte qui m’a révélé ma voix !...
Toute seule éveillée dans la nuit, je regarde à présent monter en moi l’astre voluptueux et
morose… pour me défendre de retomber dans l’heureux sommeil, dans le printemps
menteur où fleurit la vigne crochue, j’écoute le son de ma voix… Parfois, je crie
fiévreusement ce qu’on a coutume de taire, ce qui se chuchote très bas, – puis ma voix
languit jusqu’au murmure parce que je n’ose pas poursuivre…
Je voudrais dire, dire, dire tout ce que je sais, tout ce que je pense, tout ce que je devine,
tout ce qui m’enchante et me blesse et m’étonne ; mais il y a toujours vers l’aube de cette
nuit sonore, une sage main fraîche qui se pose sur ma bouche… (…)
Je ne connais plus le somme heureux, mais je ne crains plus les vrilles de la vigne
Lecture linaire 7
« jour gris »
Les Vrilles de la vigne p 150
Il y a encore, dans mon pays, une vallée étroite comme un berceau où, le soir, s’étire
et flotte un fil de brouillard, un brouillard ténu, blanc, vivant, un gracieux spectre de brume
couché sur l’air humide… Animé d’un lent mouvement d’onde, il se fond en lui-même et se
fait tour à tour nuage, femme endormie, serpent langoureux, cheval à cou de chimère… Si tu
restes trop tard penché vers lui sur l’étroite vallée, à boire l’air glacé qui porte ce brouillard
vivant comme une âme, un frisson te saisira, et toute la nuit tes songes seront fous…
Écoute encore, donne tes mains dans les miennes : si tu suivais, dans mon pays, un
petit chemin que je connais, jaune et bordé de digitales d’un rose brûlant, tu croirais gravir
le sentier enchanté qui mène hors de la vie… Le chant bondissant des frelons fourrés de
velours t’y entraîne et bat à tes oreilles comme le sang même de ton cœur, jusqu’à la forêt,
là-haut, où finit le monde… C’est une forêt ancienne, oubliée des hommes, et toute pareille
au paradis, écoute bien, car…
Comme te voilà pâle et les yeux grands ! Que t’ai-je dit ! Je ne sais plus… je parlais, je
parlais de mon pays, pour oublier la mer et le vent… Te voilà pâle, avec des yeux jaloux… Tu
me rappelles à toi, tu me sens si lointaine… Il faut que je refasse le chemin, il faut qu’une fois
encore j’arrache, de mon pays, toutes mes racines qui saignent…
Parcours associé
La célébration du monde
Lecture linéaires
Lecture linéaire 8 :
Le Soleil des Scorta, chapitre 5, le banquet
(la célébration de la famille et de la nourriture)
Ils étaient une quinzaine à table et ils se regardèrent un temps, surpris de constater à quel
point le clan avait grandi. Raffaele rayonnait de bonheur et de gourmandise. Il avait tant rêvé
de cet instant. Tous ceux qu'il aimait étaient là, chez lui, sur son trabucco. Il s'agitait d'un
coin à un autre, du four à la cuisine, des filets de pêche à la table, sans relâche, pour que
chacun soit servi et ne manque de rien.
Ce jour resta gravé dans la mémoire des Scorta. Car pour tous, adultes comme enfants, ce
fut la première fois qu'ils mangèrent ainsi. L'oncle Faelucc' avait fait les choses en grand.
Comme antipasti, Raffaele et Giuseppina apportèrent sur la table une dizaine de mets. Il y
avait des moules grosses comme le pouce, farcies avec un mélange à base d'œufs, de mie de
pain et de fromage. Des anchois marinés dont la chair était ferme et fondait sous la langue.
Des pointes de poulpes. Une salade de tomates et de chicorée. Quelques fines tranches
d'aubergine grillées. Des anchois frits. On se passait les plats d'un bout à l'autre de la table.
Chacun piochait avec le bonheur de n'avoir pas à choisir et de pouvoir manger de tout.
Lorsque les assiettes furent vides, Raffaele apporta sur la table deux énormes saladiers
fumants. Dans l'un, les pâtes traditionnelles de la région : les troccoli à l'encre de seiche.
Dans l'autre, un risotto aux fruits de mer. Les plats furent accueillis avec un hourra général
qui fit rougir la cuisinière.
C'est le moment où l'appétit est ouvert et où l'on croit pouvoir manger pendant des jours.
Raffaele posa également cinq bouteilles de vin du pays. Un vin rouge, rugueux, et sombre
comme le sang du Christ. La chaleur était maintenant à son zénith. Les convives étaient
protégés du soleil par une natte de paille, mais on sentait, à l'air brûlant, que les lézards eux-
mêmes devaient suer.
Objet d’étude n°3 : le théâtre du XVII au XXIème siècle
«toute pièce de Marivaux est une marche vers l’aveu » Jean Rousset
Parcours : théâtre et stratagème
Problématiques :
Dans quelles mesures les fausses confidences sont-elles le prétexte à une réflexion sur la parole ?
Lecture cursive : on ne badine pas avec l’amour de Musset ou Dom Juan de Molière ou le voyageur
sans bagage de Jean Anouilh.
Lecture linéaires :
-Lecture linéaire9 : Acte 1, scène 2
-Lecture linéaire 10 :Acte II scène 13
-Lecture linéaire 11 : Acte III scène 1
DUBOIS - Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous
considère encore ; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur
que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est
infaillible, absolument infaillible ; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans
l'appartement de Madame.
DORANTE - Quelle chimère !
DUBOIS - Oui, je le soutiens. Vous êtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont
sous la remise.
DORANTE - Elle a plus de cinquante mille livres de rente Dubois.
DUBOIS - Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins.
DORANTE - Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable ?
DUBOIS - Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si
honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne pourra se soutenir qu'en
épousant ; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez ?
DORANTE - Je l'aime avec passion et c'est ce qui fait que je tremble !
DUBOIS - Oh ! vous m'impatientez avec vos terreurs : Oh que diantre ! un peu de confiance ;
vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus
de toutes nos actions ; toutes nos mesures sont prises ; je connais l'humeur de ma
maîtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute
raisonnable qu'on est ; on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout
ruiné que vous êtes, entendez-vous ? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende.
Quand l'amour parle, il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous quitte ; j'entends
quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Remy ; nous voilà embarqués, poursuivons. (Il fait
quelques pas, et revient.) A propos, tâchez que Marton prenne un peu de goût pour vous.
L'amour et moi, nous ferons le reste.
Lecture linéaire 10
Acte II scène 13
(…)
ARAMINTE. − À la bonne heure ; mais il n’est pas nécessaire qu’ils le croient. Je vous sais bon
gré de votre attachement et de votre fidélité ; mais dissimulez-en une partie, c’est peut-être
ce qui les indispose contre vous. Vous leur avez refusé de m’en faire accroire sur le chapitre
du procès ; conformez-vous à ce qu’ils exigent ; regagnez-les par là, je vous le permets :
l’événement leur persuadera que vous les avez bien servis ; car toute réflexion faite, je suis
déterminée à épouser le Comte.
DORANTE, d’un ton ému. − Déterminée, Madame !
ARAMINTE. − Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que vous y avez contribué ; je le lui
dirai même, et je vous garantis que vous resterez ici ; je vous le promets. (À part.) Il change
de couleur.
DORANTE. − Quelle différence pour moi, Madame !
ARAMINTE, d’un air délibéré. − Il n’y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le
billet que je vais vous dicter ; il y a tout ce qu’il faut sur cette table.
DORANTE. − Et pour qui, Madame ?
ARAMINTE. − Pour le Comte, qui est sorti d’ici extrêmement inquiet, et que je vais
surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom.
(Dorante reste rêveur, et par distraction ne va point à la table.) Eh ! vous n’allez pas à la table
? À quoi rêvez-vous ?
DORANTE, toujours distrait. − Oui, Madame.
ARAMINTE, à part, pendant qu’il se place. − Il ne sait ce qu’il fait ; voyons si cela continuera.
DORANTE, à part, cherchant du papier. − Ah ! Dubois m’a trompé !
ARAMINTE, poursuivant. − Êtes-vous prêt à écrire ?
DORANTE. − Madame, je ne trouve point de papier.
ARAMINTE, allant elle−même. − Vous n’en trouvez point ! En voilà devant vous.
DORANTE. − Il est vrai.
ARAMINTE. − Écrivez. Hâtez-vous de venir, Monsieur ; votre mariage est sûr… Avez-vous
écrit ?
DORANTE. − Comment, Madame ?
ARAMINTE. − Vous ne m’écoutez donc pas ? Votre mariage est sûr ; Madame veut que je
vous l’écrive, et vous attend pour vous le dire. (À part.) Il souffre, mais il ne dit mot ; est-ce
qu’il ne parlera pas ? N’attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait
avoir des suites d’un procès douteux.
DORANTE. − Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame : douteux, il ne l’est point.
ARAMINTE. − N’importe, achevez. Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer
que la seule justice qu’elle rend à votre mérite la détermine.
DORANTE, à part. − Ciel ! je suis perdu. (Haut.) Mais, Madame, vous n’aviez aucune
inclination pour lui.
ARAMINTE. − Achevez, vous dis-je… Qu’elle rend à votre mérite la détermine… Je crois que la
main vous tremble ! Vous paraissez changé. Qu’est−ce que cela signifie ? Vous trouvez-vous
mal ?
DORANTE. − Je ne me trouve pas bien, Madame.
(…)
Lecture linéaire 11
DORANTE, DUBOIS.
DUBOIS - Non, vous dis-je ; ne perdons point de temps : la lettre est-elle prête ?
DORANTE, la lui montrant. - Oui, la voilà, et j'ai mis dessus rue du Figuier.
DUBOIS - Vous êtes bien assuré qu'Arlequin ne connaît pas ce quartier-là ?
DORANTE - Il m'a dit que non.
DUBOIS - Lui avez-vous bien recommandé de s'adresser à Marton ou à moi pour savoir ce
que c'est ?
DORANTE - Sans doute, et je lui recommanderai encore.
DUBOIS - Allez donc la lui donner : je me charge du reste auprès de Marton que je vais
trouver.
DORANTE - Je t'avoue que j'hésite un peu. N'allons-nous pas trop vite avec Araminte ? Dans
l'agitation des mouvements où elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir
subitement éclater l'aventure ?
DUBOIS - Oh ! Oui : point de quartier, il faut l'achever pendant qu'elle est étourdie. Elle ne
sait plus ce qu'elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait
accroire que vous ne lui avez rien dit ? Ah ! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon
emploi de confident pour vous aimer en fraude.
DORANTE - Que j'ai souffert dans ce dernier entretien ! Puisque tu savais qu'elle voulait me
faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelques signes ?
DUBOIS - Cela aurait été joli, ma foi ! Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas ? Et
d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l'effet qu'elle a
produit ? Monsieur a souffert ! Parbleu ! Il me semble que cette aventure-ci mérite un peu
d'inquiétude.
DORANTE - Sais-tu bien ce qui arrivera ? Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra
tout d'un coup.
DUBOIS - Je lui en défie, il est trop tard l'heure du courage est passée, il faut qu'elle nous
épouse.
[…]
DUBOIS - Elle a raison. Voulez-vous qu'elle soit de bonne humeur avec un homme qu'il faut
qu'elle aime en dépit d'elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son
cœur et cette femme ne criera pas ! Allez vite, plus de raisonnements, laissez-vous conduire.
DORANTE - Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespères.
DUBOIS - Ah ! oui, je sais bien que vous l'aimez ; c'est à cause de cela que je ne vous écoute
pas. Êtes-vous en état de juger de rien ? Allons, allons, vous vous moquez. Laissez faire un
homme de sang-froid. Partez, d'autant plus que voici Marton qui vient à propos, et que je
vais tâcher d'amuser, en attendant que vous envoyiez Arlequin.
(Dorante sort.)
Lectures linéaires
Parcours associé : théâtre et stratagème
Lecture linéaire 12 :
Le dénouement du Voyageur sans bagage de Jean Anouilh
La Duchesse
Ah ! embrassez-moi Gaston…Il faut que vous m’embrassiez, c’est une aventure merveilleuse !
La Duchesse
Moi non plus ! Je vais plutôt téléphoner à Pont-au-Bronc. Mais dites-moi, monsieur Madensale, il y a
une chose que je voudrais tant savoir : au dernier abcès de fixation, mon petit Albert vous a fait dire
« Foutriquet » dans votre délire. Est-ce un mot qui vous rattache maintenant à votre ancienne vie ?...
Gaston
Chut ! Ne le répétez à personne. C’est lui que j’appelais ainsi.
La Duchesse, horrifiée.
Oh ! Mon petit Albert !
Elle hésite un instant, puis se ravise
Mais cela ne fait rien, je vous pardonne…
Elle s’est tournée vers Picwick, minaudante.
Je comprends maintenant que c’était l’humour anglais.
Picwick
Lui-même !
Gaston, allègrement
Je vous en charge ! J’aurai quitté cette maison dans cinq minutes sans les revoir.
La Duchesse
Vous n’avez même pas une commission pour eux ?
Gaston
Non. Pas de commission. Si, pourtant…
Il hésite
…Vous direz à Georges Renaud que l’ombre légère de son frère dort sûrement quelque part dans une
fosse commune en Allemagne. Qu’il n’a jamais été qu’un enfant digne de tous les pardons, un enfant
qu’il peut aimer sans crainte, maintenant, de jamais rien lire de laid sur son visage d’homme. Voilà et
maintenant…
Il ouvre la porte toute grande, leur montre gentiment le chemin. Il tient le petit garçon contre lui.
Laissez-moi seul avec ma famille. Il faut que nous confrontions nos souvenirs…
« mieux vaut de rire que de larmes écrire, parce que rire est le propre de l’homme »Rabelais
’Erasme : « Si rien n’est plus futile que de traiter des sujets sérieux avec futilité, rien, en revanche,
n’est plus jubilatoire que de traiter de sujets sérieux en ayant l’air d’être tout sauf futile » (Eloge de
la Folie).
Problématiques :
-faut-il rire pour savoir ?
-rire et savoir ou rire puis savoir ?
Lectures linéaires :
-Lecture linéaire 13 :le prologue (du début à la ligne 50, édition GF)
-Lecture linéaire 14 :la naissance de Gargantua, chapitre 6 (ligne 50 à la ligne 80)
-Lecture linéaire 15 :l’abbaye de Thélème, chapitre 57 (lignes 1 à 45)
Le prologue de Gargantua
Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux, car c'est à vous, non aux autres, que je
dédie mes écrits, Alcibiade, dans un dialogue de Platon intitulé le Banquet, faisant l'éloge de
son précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses
qu'il est semblable aux silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boites, comme celles que
nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur lesquelles étaient peintes des
figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs
volants, cerfs attelés, et autres figures contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire
(comme le fut Silène, maître du Bacchus). Mais à l'intérieur on conservait les drogues fines,
comme le baume, l'ambre gris, l'amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix.
Alcibiade disait que Socrate leur était semblable, parce qu'à le voir du dehors et à l'évaluer
par l'aspect extérieur, vous n'en auriez pas donné une pelure d'oignon, tant il était laid de
corps et d'un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d'un taureau, le visage d'un fou,
simple en moeurs, rustique en vêtements, pauvre de fortune, infortuné avec les femmes,
inapte à toute fonction dans l'état ; et toujours riant, trinquant avec chacun, toujours se
moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y auriez
trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu'humaine, une force
d'âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité d'âme sans
faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l'égard de tout ce pour quoi les
humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent.
Lecture linéaire 14
La naissance de Gargantua, chapitre 6
Par suite de cet accident, les cotylédons de la matrice se relâchèrent au-dessus, et l’enfant
les traversa d’un saut ; il entra dans la veine creuse et, grimpant à travers le diaphragme
jusqu’au-dessus des épaules, à l’endroit où la veine en question se partage en deux, il prit
son chemin à gauche et sortit par l'oreille de ce même côté.
Sitôt qu’il fut né, il ne cria pas comme les autres enfants : « Mie ! Mie ! », mais il s’écriait à
haute voix : « A boire ! à boire ! à boire ! » comme s’il avait invité tout le monde à boire, si
bien qu’on l’entendit par tout le pays de Busse et de Biberais.
J’ai bien peur que vous ne croyiez pas avec certitude à cette étrange nativité. Si vous n’y
croyez pas, je n’en ai cure, mais un homme de bien, un homme de bon sens, croit toujours
ce qu’on lui dit et ce qu’il trouve dans les livres. Est-ce contraire à notre loi et à notre foi,
contraire à la raison et aux saintes écritures ? Pour ma part, je ne trouve rien d’écrit dans la
sainte Bible qui s’oppose à cela. Mais si telle avait été la volonté de Dieu, prétendriez-vous
qu
’il n’aurait pu le faire ? Ah ! de grâce, ne vous emberlificotez jamais l’esprit avec ces vaines
pensées, car je vous dis qu’à Dieu rien n’est impossible et que, s’il le voulait, les femmes
auraient dorénavant les enfants de la sorte, par l’oreille.
Bacchus ne fut-il pas engendré par la cuisse de Jupiter ? Rochetaillée ne naquit-il pas du
talon de sa mère ? Croquemouche de la pantoufle de sa nourrice ? Minerve ne naquit-elle
pas du cerveau de Jupiter, par l’oreille ? Adonis par l’écorce d’un arbre à myrrhe ? Castor et
Pollux de la coquille d’un œuf pondu et couvé par Léda ?
Lecture linéaire 15
L’abbaye de Thélème, chapitre 57
Toute leur vie était employée, non par lois, statuts ou règles, mais selon leur vouloir et franc
arbitre. Se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient,
dormaient quand le désir leur venait. Nul ne les éveillait, nul ne les parforçait ni à boire, ni à
manger ni à faire chose autre quelconque. Ainsi l'avait établi Gargantua.
En leur règle n'était que cette clause :
parce que gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont
par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et retire de vice,
lequel ils nommaient honneur. Iceux, quand par vile subjection et contrainte sont déprimés
et asservis, détournent la noble affection, par laquelle à vertu franchement ils tendaient, à
déposer et enfreindre ce joug de servitude, car nous entreprenons toujours choses
défendues et convoitons ce qui nous est dénié.
Par cette liberté, entrèrent en louable émulation de faire tous ce qu'à un seul voyaient
plaire. Si quelqu'un ou quelqu'une disait : " Buvons ", tous buvaient. Si disait : " Jouons ",
tous jouaient. Si disait : " Allons à l'ébat ès champs ", tous y allaient. Si c'était pour voler ou
chasser, les dames, montées sur belles haquenées, avec leur palefroi gourrier sur le point
mignonnement engantelé portaient chacune ou un épervier ou un laneret, ou un émerillon ;
les hommes portaient les autres oiseaux.
Tant noblement étaient appris qu'il n'était entre eux celui ni celle qui ne sût lire, écrire,
chanter, jouer d'instruments harmonieux, parler de cinq à six langages, et en iceux
composer, tant en carme qu'en oraison salue. Jamais ne furent vus chevaliers tant preux,
tant galants, tant dextres à pied et à cheval, plus verts, mieux remuant, mieux maniant tous
bâtons, que là étaient. Jamais ne furent vues dames tant propres, tant mignonnes, moins
fâcheuses, plus doctes à la main, à l'aiguille, à tout acte mulièbre honnête et libère, que là
étaient. Par cette raison quand le temps venu était que aucun d'icelle abbaye, ou à la
requête de ses parents, ou pour autre cause, voulût issir hors, avec soi il emmenait une des
dames, celle laquelle l'aurait pris pour son dévot et étaient ensemble mariés ; et si bien
avaient vécu à Thélème en dévotion et amitié, encore mieux la continuaient-ils en mariage ;
d'autant s'entr'aimaient-ils à la fin de leurs jours comme le premier de leurs noces.
Lecture linéaire 16
Candide, Voltaire
CHAPITRE TROISIEME
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les
trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons, formaient une harmonie telle
qu'il n'y en eut jamais en enfer. Les canons renversèrent d'abord à peu près six mille
hommes de chaque côté ; ensuite la mousqueterie ôta du meilleur des mondes environ neuf
à dix mille coquins qui en infectaient la surface. La baïonnette fut aussi la raison suffisante de
la mort de quelques milliers d'hommes. Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de
mille âmes. Candide, qui tremblait comme un philosophe, se cacha du mieux qu'il put
pendant cette boucherie héroïque.
Enfin, tandis que les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp, il prit
le parti d'aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts
et de mourants, et gagna d'abord un village voisin ; il était en cendres : c'était un village
abare que les Bulgares avaient brûlé, selon les lois du droit public. Ici des vieillards criblés de
coups regardaient mourir leurs femmes égorgées, qui tenaient leurs enfants à leurs
mamelles sanglantes ; là des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de
quelques héros rendaient les derniers soupirs ; d'autres, à demi brûlées, criaient qu'on
achevât de leur donner la mort. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et
de jambes coupés.
Candide s'enfuit au plus vite dans un autre village : il appartenait à des Bulgares, et des
héros abares l'avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres
palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques
petites provisions dans son bissac, et n'oubliant jamais Mlle Cunégonde.
1 : abares : peuple d’origine mongole qui fit plusieurs incursions en Europe orientale entre le
VI et IXème siècle
2ème partie de l’oral : liste des œuvres choisies
Nom Œuvre choisie
Philippe Delerm, La première
AFIFI--MACHAY Clarice gorgée de bière
ANDRIANANTENAINA Maya George Sand, la mare au diable
AYEH Mawuli
BECKER Mélanie George Sand, la mare au diable
BENCHADI Mila George Sand, la mare au diable
BOUVIER Sophie Baudelaire, Le Spleen de Paris
Philippe Delerm, La première
CASTAING Romy gorgée de bière
CHABIN Léa Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
CHAMPAIN Paul Ponge, La Rage de l’expression
CHEVAILLIER Margaux George Sand, la mare au diable
CLUZET Romain Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
DE FRANCE--GASPALOU Philippe Delerm, La première
Floriane gorgée de bière
DE SAINT-DENIS Gabrielle- Philippe Delerm, La première
Anne gorgée de bière
Philippe Delerm, La première
DECHAUME Séréna gorgée de bière
Philippe Delerm, La première
DINH Auriane gorgée de bière
EL-ZEIN Seta Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
FERGUENE Yani George Sand, la mare au diable
GARDNER Claire Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
GOMEZ Eva Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
GOSSET Jade Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
HERVE Laura Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
JOURDAIN Isaline George Sand, la mare au diable
KRITES Lina Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
LAMBLAT--MELE Paul Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
Philippe Delerm, La première
LE NUZ--LE MOAN Enora gorgée de bière
LE PORT Flora Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
LEFORT Alice Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
LENOIR Neela Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
LIBOUBAN DAVID Laura Baudelaire, Le Spleen de Paris
LIPPINOIS-MIQUEL Elise Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
MARCHAL-PATRON Léa Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
MICONNET Alexandre Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
SCHMITT Margot Ponge, La Rage de l’expression
SENGPHET Alexia Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta
Philippe Delerm, La première
TOUFAILY Léa gorgée de bière
TRUONG Clémence Laurent Gaudé, Le Soleil des Scorta