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Sharing Water: Multi-Purpose of Reservoirs and Innovations
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1 Introduction
Les projets d’urbanisation en mer sont inscrits dans l’histoire monégasque depuis plus d’un
siècle avec la création du port Hercule à partir de 1907 et les premiers travaux d’extension
de Fontvieille notamment. Le projet actuel, une plateforme de 6 ha gagnée sur la mer, formant
le lot infrastructure maritime et permettant de développer un nouveau quartier baptisé
Mareterra, se distingue des précédents pour au moins deux raisons : d’une part un
positionnement à proximité de deux réserves naturelles (tombant des Spélugues et zone du
Larvotto) impliquant une intégration permanente des enjeux environnementaux, depuis les
premières réflexions de conception générale jusqu’à la mise en œuvre opérationnelle de
chaque atelier de travaux ; d’autre part une implantation à des profondeurs d’eau importantes
(50 m) nécessitant un recours intensif aux moyens nautiques et aux techniques offshore. Ce
projet d’extension en mer, référence technique récente, mérite une attention particulière car
la réalisation de ce projet a nécessité l’appel à des techniques innovantes.
Nous présentons dans cet article certaines des solutions conçues et mises en œuvre dans
le cadre de ce projet. Elles peuvent être pertinentes lors de la conception d’autres ouvrages
en mer tels que les STEP marines (stations de transfert d’énergie par pompage). En effet, les
ouvrages de retenue, envisagés pour ces dispositifs, présentent des similarités avec ceux de
l’infrastructure maritime réalisée à Monaco selon plusieurs points de vue : conditions
d’exposition au milieu maritime, dimensions générales, fonctionnalité en tant qu’ouvrage de
soutènement. Après avoir présenté notre retour d’expérience sur ces solutions constructives,
nous nous attacherons à les mettre en perspective pour le développement des projets de STEP
marines.
2 Le projet
L’infrastructure maritime a été achevée en novembre 2020 et permet de développer différents
usages avec la construction d’un nouveau quartier (bâtiments d’habitations, commerces,
extension du centre des congrès, espaces publics) et une nouvelle marina qui se termineront
fin 2024. L’infrastructure maritime se compose de (fig.1) :
- Une digue sous-marine constituée d’un remblai d’assise des caissons (RAC) et d’un
remblai arrière baptisé Remblai de Terre-Plein Technique (RTPT), posée à des
profondeurs allant jusqu’à -50 m et arasée à la profondeur -20 m sous le niveau de
la mer, servant d’assise à un ensemble de caissons gravitaires. Cette digue protégée
par une carapace en enrochements naturels est directement posée sur les fonds
marins préalablement dragués jusqu’au substratum rocheux. Sa réalisation a
nécessité de l’ordre de 2 millions de tonnes de matériau de carrière de granulométrie
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Fig. 1. Plateforme comprenant la ceinture de caissons et les systèmes de protection et de remblai (vue
en plan et coupe) [22].
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englobant les réserves naturelles avoisinantes, des spécifications très sévères sur la qualité
des matériaux de remblai, la mise en place d’écrans anti-turbidité, le suivi permanent et le
nettoyage périodique de fonds marins durant toute la phase travaux. La conception des
ouvrages en eux-mêmes vise à compenser les zones impactées par l’intégration d’importants
habitats écologiques dans l’ouvrage en lui-même (caissons, talus en enrochements,
émissaires éco-conçus) et à ses abords afin d’y favoriser le développement de la vie sous-
marin.
D’un point de vue humain car le projet n’aurait pas pu voir le jour sans une collaboration
de grande qualité entre les différents acteurs du projet, tant de l’État monégasque et la
maîtrise d’ouvrage représentée par la SAM l’Anse du Portier, les entreprises assurant la
conception et réalisation du projet (Bouygues TP et Egis) en collaboration avec l’équipe
d’architectes et paysagistes intégrée au groupement : Renzo Piano, Denis Valode, Michel
Desvigne et avec le bureau contrôle (Socotec-Cowi),
3 La campagne de dragages
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large assurant l’aspiration des sédiments sur le fond marin au fur et à mesure de l’avancement
du navire.
Fig. 3. Principe de drague à élinde – Drague Francis Beaufort en opération à Monaco [22].
Les tolérances attendues pour la réalisation des talus sont de +/- 20 cm par rapport au
profil théorique de pente 5V/2H. Au regard de ce critère, un profil cible de dragage est définis
par paliers de 20 à 40 cm d’épaisseur et 50 cm à 100 cm de large (figure 2). Ces largeurs de
paliers, bien inférieures à celle de la tête d’élinde, ont nécessité un travail d’une grande
précision et une multiplication des passages pour garantir une finition des talus dans le respect
des tolérances. Ce travail de précision a été rendu possible par la mise à profit d’un système
de positionnement dynamique du navire directement piloté par la consigne de positionnement
en plan et en altimétrie de la tête d’élinde. La position du navire est connue avec une grande
précision au moyen d’un système de GPS différentiel et la position relative de la tête d’élinde
par rapport au navire est pilotée grâce à un enregistrement en continu des degrés de liberté
de chaque articulation du dispositif.
La technique de dragage sans surverse a été retenue afin de limiter au mieux l’impact des
travaux en matière de turbidité. Par cette technique, l’intégralité du mélange eau/sédiment
aspiré au moyen de l’élinde est stocké dans la cale du navire sans rejet des eaux résultant de
la décantation des sédiments. Le mélange aspiré comporte une proportion volumétrique d’eau
de l’ordre de 80 % d’eau ce qui conduit à une quantité effective de sédiment extrait de 2 270
m3 en moyenne par chargement.
L’opération de dragage des seuls sédiments non pollués au moyen du navire Francis
Beaufort a nécessité plus de 200 rotations échelonnées sur une période de 4 mois entre
octobre 2017 et février 2018. La durée moyenne de chaque rotation est de 2h10 ; elle
comprend l’extraction des matériaux, le trajet vers la zone d’immersion au large, l’opération
d’immersion, le retour vers la zone d’extraction. Les couches superficielles de vases polluées
ont quant à elles fait l’objet d’un traitement spécifique : extraction au moyen d’une drague à
pelle excavatrice équipée d’un godet étanche, évacuation par chaland, prise en charge par
une filière de traitement spécifique à terre.
L’immersion en mer des sédiments non pollués a donné lieu à des modalités
opérationnelles particulières (l’élinde immergée à sa profondeur max de 75 m) en vue de
garantir leur dépôt dans la zone prévue et éviter toute dispersion en dehors des eaux
territoriales monégasques. La zone d’immersion retenue dans le cadre de l’étude d’impact se
situe à 2,5 km au large de Monaco aux abords de l’isobathe -200 m NGF.
Pour chaque opération d’immersion, le processus décisionnel intègre le contrôle des
conditions hydrodynamiques et la vérification de leur compatibilité avec un dépôt des
matériaux dans la zone autorisée. A cet effet un ensemble de modélisations
tridimensionnelles des panaches de matériaux en suspension et des dépôts ont été mises en
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œuvre au moyen de modèles « forecast » et « hindcast ». Les modèles « forecast » sont des
approches prédictives qui portent sur plusieurs scénarii représentatifs des conditions
environnementales les plus fréquentes. Ils constituent un outil décisionnel permettant de
valider la décision d’immersion en fonction des mesures de courant constatées sur site au
moment de l’opération. Les modèles « hindcast » permettent de reconstituer, au moyen des
mêmes outils numériques, les conditions réellement observées au fur et à mesure des
différentes opérations d’immersion et de confirmer le respect des contraintes en matière de
dispersion des matières en suspension et de zone de dépôt. Les bathymétries effectuées sur
les zones de dépôt ont finalement permis de valider la pertinence de ces modélisations et la
conformité des travaux réalisés.
Fig. 4. Interprétation des enregistrements du sondeur à sédiments (a) et du sonar à balayage latéral (b)
[22].
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Fig. 5. Présentation de la coupe de calcul de vérification sous MIDAS GTS (extrait du contre-calcul
SOCOTEC).
De plus, des études de sensibilité ont été menées sur chacune des coupes afin de tester les
effets de variation du niveau de nappe, d’absence de surcharges sur le caisson ainsi que les
cas de fluctuation du poids volumique du caisson de +/- 10 %. L’ensemble des vérifications
a été satisfaisant et a participé à la validation de :
- Paramètres retenus pour le matériau à savoir : C’= 0 kPa, j’ = 46 ° en statique et
48° au séisme, EM = 17,5 MPa et K ≥ 5.10-4 m/s.
- Spécifications du matériau de remblai de digue : Rho≥ 2,55 t/m3 selon la norme NF
EN 1097-6, Rc ≥ 60 MPa selon la norme NF EN 1926, MDE ≤ 30 sur la fraction
10/14 selon norme NF EN 1097-1 avec le fuseau de spécifications suivant, construit
selon la norme NF P 18-545
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Fig. 6. Schéma d’installation des matériaux par le FPROV avec un exemple de bathymétrie
intermédiaire en coupe [15].
Le contrôle des travaux de mise en œuvre des enrochements a été fait par levés
bathymétriques avant pose, pendant et à la fin du déversement, puis comparés au design 3D
du projet avec un contrôle des pentes de talus tous les 15 m.
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Les essais ont ainsi été faits avec des combinaisons de 3 maillages triangulaires et 2
aiguilles de vibration : 2 mailles de 3,4 m et 3,8 m en aiguille V23 et 2 mailles de 3,8 m et
4,0 m en aiguille V48, avec les vérifications suivantes :
- Avant traitement : levé topographique et pour chaque type de maille : 3
pénétromètres statiques tous les mètres, 1 pressiométrique en méthode STAF
(Système de Tube fendu Auto-Foré) et 3 mesures granulométriques dont la méthode
de prélèvement a dû être validée par le Constructeur. De plus et sur la totalité de la
surface de la fouille, il a été procédé à 1 profil sismique par réfraction par diagonale
de la fouille. Cette campagne géophysique avait pour but de mesurer de manière
indirecte l’état de densité relative des matériaux avant traitement.
- Après traitement et pour chaque type de maille : 10 sondages pénétrométriques
répartis à mi-distance entre deux points de vibrocompactage, à 1/3 et 2/3 entre deux
points de vibrocompactage. 4 sondages pressiométriques en méthode STAF, dont 2
sondages réalisés tous les mètres à proximité des sondages pénétrométriques, et 3
essais Lefranc ont été faits dans un des sondages pour la mesure de la perméabilité
après traitement (à 3, 10 et 15 mètres de profondeur).
De même, 1 essai cross-hole à partir de 3 forages de 15 m de profondeur (1 sondage
carotté et 2 sondages destructifs) en vue de la détermination des vitesses d’onde sismique VP
et VS, un profil de sismique réfraction + MASW, sur la même diagonale que celle réalisée
avant traitement et 3 autres profils complémentaires, de plus faibles longueurs, placés au
niveau des mailles élémentaires de vibrocompactage ont été exécutés.
Enfin, il a été convenu de terminer ces tests par 3 essais à la plaque après décapage du
premier mètre superficiel au centre des mailles (nécessité d’ajuster le niveau d’eau) et 3
mesures granulométriques.
Em = qc si qc < 10 MPa
Em = 3.75 x qc – 27.5 au-delà
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A noter que ces résultats sont similaires à ceux publiés par M. Cassan [12] soit Em/(qc-
p’0) variant entre 1 et 1,5 (cas des sables). Enfin les mesures au scan 3D ont permis d’établir
une corrélation entre le pourcentage de tassement et le Dr obtenu par maille. A partir des
résultats obtenus dans la planche d'essai et des corrélations établies, il a été possible de
déduire un niveau de tassement consigne comme principal critère de réception in-situ. Ce qui
a permis de contrôler l'atteinte d'objectif de densification pour toute la digue de l'assise des
caissons.
5 La ceinture de caissons
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Fig. 10. Maquette 3D pour essais hydrodynamiques dans le laboratoire HR Wallingford [23].
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Dans ce contexte, les bétons ont fait l’objet d’une formulation selon l’approche
performantielle proposée par la norme NF EN 206-1/CN. L’approche retenue utilise un
modèle prédictif de pénétration des ions chlorures basé sur le code développé par la
Fédération Internationale du Béton [21]. Ce modèle permet de déterminer la profondeur de
migration des chlorures en fonction du temps d’après la 2ème loi de Fick. Il est développé
selon une approche probabiliste conduisant à définir un indice de fiabilité b associé à une
probabilité de dépassement d’un taux de chlorures critique au niveau des armatures à l’issue
de la durée de service de l’ouvrage. Le coefficient de fiabilité retenu pour le projet est de 1,30
pour une durée de service de 100 ans. Il en résulte une spécification sur la valeur maximum
du coefficient de diffusion des ions chlorures (Dapp) à un instant de référence choisi égal à
28 jours (figure 12). Une spécification commune à l’ensemble des zones (aérien, marnage,
immergé) a été retenue à savoir un Dapp (28j) maximum de 6,0 10-12 m/s2. Le respect de ce
critère a fait l’objet d’un contrôle renforcé au moyen d’essais indépendants réalisés sur toute
la durée du chantier par l’ensemble des acteurs (constructeur, maître d’œuvre, contrôleur
technique). L’approche prédictive a par ailleurs démontré sa pertinence grâce à la réalisation
d’essais jusqu’à 365 jours validant les paramètres du modèle mathématique à long terme
La mise en œuvre d’armatures en inox a été retenue dans la zone de splash (zone de
marnage et d’embruns), Duplex EN 1.4362. Grâce à cette disposition, on observe sur la figure
12 que cette zone apparait comme la moins critique vis-à-vis de la sensibilité aux ions
chlorures bien qu’elle corresponde à la classe d’exposition la plus préjudiciable. La prise en
compte de cette disposition constructive dans le modèle prédictif permet de maintenir ainsi
une formulation de béton homogène pour l’ensemble de l’ouvrage et met en évidence un
niveau de fiabilité accru dans cette zone sensible (b=2,5 pour un Dapp à 28 jours de 6,0 10-
12 m/s2).
Fig. 12. Indice de fiabilité à 100 ans selon le coefficient de diffusion des ions chlorures à 28j.
Le modèle prédictif a par ailleurs été mis à profit pour évaluer le niveau de pénétration
des ions chlorure lors de l’immersion du béton au jeune âge dans le caissonier. Les
dispositions constructives retenues ont consisté à majorer l’épaisseur d’enrobage de 10 mm
en sous-face du radier (soit 70 mm au lieu de 60 mm pour les voiles) et mettre en œuvre une
peinture époxydique sur les voiles verticaux extérieurs en sortie du coffrage glissant,
autorisant une immersion du béton à 3 jours.
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pas suffisants. Le taux cible de 12 % n’a jamais pu être obtenu lors du plot d’essai. Suite à
ces résultats, le plot d’essai a été considéré infructueux car la technique de l’injection solide
s’est révélée inappropriée aux conditions et natures de sols du site [17].
Les éléments de jet-grouting à haute rigidité apportent une résistance significative contre les
déformations latérales de cisaillement lors du séisme et soulagent ainsi les efforts parasites
dans les fondations profondes. La capacité portante du volume de sol traité est également
accrue, ce qui assure une meilleure maitrise des tassements verticaux.
Fig. 14. Vue en plan et coupe du principe de traitement par casier [18].
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jet-grouting est prise égale à 0,50 m. A noter que le modèle prend en compte des défauts de
réalisation avec une cellule éventuellement mal fermée.
Fig. 15. Gauche : valeurs de CRR par rapport aux résultats d’une courbe semi-empirique de la littérature
[4]. Droite : CSR vers nombre de cycles en simulation des essais DSS cycliques [18].
Résultats : Pour valider le modèle, il est recherché ru<0,6. On constate que pour toutes les
coupes testées et tous les accélérogrammes ce critère est respecté. Ce qui a permis de valider
la dimension des cellules de traitement. Afin de tester la bonne méthodologie de réalisation
des colonnes un plot d’essai a également été effectué s’avérant très satisfaisant.
Limite de la technique : La limite de la technique tient au fait que ce critère n’est
mesurable directement sur site. Les paramètres indirects de contrôle des travaux retenus ont
été le contrôle des paramètres d’injection et de l’épaisseur des colonnes, la vérification de la
fermeture des cellules et de l’homogénéité des traitements, via des essais cross-hole et de
carottage pour vérifier la bonne continuité des colonnes et la verticalité des injections ainsi
que les Rc des zones traitées.
Principe
L’installation de drains sismiques a pour but d'atténuer le phénomène de liquéfaction par
la dissipation rapide des suppressions interstitielles durant le séisme. Les drains sismiques
sont constitués d'un tuyau préfabriqué en PEHD perforé ondulé et sont entourés d'un tissu
filtrant en géotextile. Les drains sismiques doivent traverser le sol rapporté pour atteindre les
sédiments n’ayant pas été purgés et demeurant liquéfiables.
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L’objectif du traitement de sol par drains sismiques, est de limiter le rapport ru = u /σ’v
moyen par tranche de sol d’épaisseur égale à 0,50 m, à une valeur maximale de 0,6 de
manière à empêcher la liquéfaction.
Afin de déterminer le rapport ru et ainsi de pouvoir dimensionner la solution de drains
sismiques, trois types de paramètres sont à considérer dans le modèle : paramètres
géotechniques, paramètres sismiques et paramètres des drains sismiques.
Définition des paramètres géotechniques : Dans un premier temps, l’approche de
Robertson doit être validée par le calage des paramètres géotechniques sur la base de
l’analyse du coefficient de consolidation ch. Il s’agit du paramètre clé qui relie la perméabilité
horizontale et le coefficient de compressibilité qui sont les données d’entrée du logiciel
FEQDrain utile au dimensionnement du maillage des drains sismiques. Dans un second
temps, le principe de détermination de chaque paramètre d’entrée du logiciel FEQDrain doit
être précisé.
Le coefficient ch de consolidation est déterminé par l’équation suivante : Ch = kh*Eoed/γw
Ce coefficient a été analysé par une étude comparative de 3 approches différentes :
Robertson (2015) sur la base des CPTs, Parez & Fauriel (1988) et Teh & Houlsby (1991) et
des valeurs de Cv issus des essais œdométriques et des essais de dissipation in situ. Il en est
ressorti que le rapport entre les coefficients horizontal Ch et vertical Cv est compris entre 1
et 10 pour les sols fins, argileux. Il a été retenu pour les calculs du projet le rapport suivant :
Cv = Ch/5. De plus l’approche de Robertson étant la seule à donner des valeurs continues à
partir des mesures de CPT, c’est cette dernière qui a été retenue pour la détermination du Ch,
Cv et mv (coefficient de compressibilité) pour déterminer les paramètres d’entrée du logiciel
FEQDrain.
Définition des paramètres sismiques : Un calcul aux éléments finis a été réalisé par le
concepteur (Bouygues-Egis) pour établir le nombre de cycle provoquant la liquéfaction dans
les conditions du projet. Ces calculs ont abouti à la formule suivante intégrant le nombre de
cycle générant la liquéfaction des sols :
Nl = Neq * FS2,8
Avec les durées de séisme de 8 s (valeur de base) et 10s (sensibilité) et nombre de cycles
équivalents correspondants, respectivement Neq=6 et Neq=8.
Définition des paramètres de drains : Il fallait ensuite déterminer les paramètres des drains
(maille, diamètre, haut réservoir), sachant que le remblai de sable RTPC servira de réservoir
d’expansion.
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Résultats : Le dimensionnement des drains a donc pour objectif d’obtenir un ru < 0,6
moyen par tranche de 0,5m grâce aux calculs du logiciel FEQDrain à partir des paramètres
déterminés précédemment. Les paramètres suivants ont été testés et ont permis de valider le
dimensionnement des drains avec une maille de 3mx3m.
Fig. 17. Gauche : paramètres de drains entrant dans le calcul de drainage sous FEQDrains [19]. Droite :
schéma de principe du maillage de drains sismiques.
Une planche d’essai a été réalisée pour effectuer les mesures nécessaires à la validation
de la méthode et notamment s’assurer du bon fonctionnement de la dissipation de la pression
interstitielle. Ainsi, l’augmentation du Cv apparaît significative au bout de 7 à 35 jours.
Une étude a été menée à partir des CPT post traitement. Les valeurs obtenues de ru restent
<0,6, quelque-soit le jeu de paramètres testés (TD et Neq). Des tests d’intégrité des drains ont
été réalisés par ailleurs pour s’assurer de l’absence de casse ou de fléchissement des drains
après leur mise en place : 1 drain sur 40 a été testé durant l’ensemble des travaux, sans aucun
constat de désordre.
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en considérant l’utilisation d’un réservoir gagné sur la mer en zone côtière ou offshore. Les
infrastructures envisagées dans de tels cas, présentent de fortes similarités avec l’extension
en mer réalisée à Monaco (dimensions générales, exposition au milieu maritime, typologie
des ouvrages). D’un point de vue technique, les solutions mises en œuvre sur le projet
Mareterra pour la constitution de la digue, la réalisation des terrassements et la consolidation
des sols constituent une référence nouvelle pour ce type d’ouvrage. Le projet Mareterra a
également permis de démontrer la faisabilité dans un contexte environnemental très contraint
(proximité immédiate de réserves sous-marines) moyennant l’intégration des enjeux liés à la
préservation du milieu maritime dès les premières étapes d’études et de conception du projet.
8 Conclusion
Dans la continuité des précédentes opérations d’extension en mer de la Principauté, le projet
Mareterra a conduit l’ensemble des concepteurs et constructeurs de l’infrastructure maritime
à imaginer et mettre en œuvre une grande diversité de solutions techniques adaptées à un
environnement complexe : contexte géologique et géotechnique, grande profondeur d’eau,
exposition aux houles du large, exigences architecturales, enjeux environnementaux majeurs.
Nous avons choisi de privilégier ici la présentation de certains aspects spécifiques de
l’opération qui présentent une technicité particulière et peuvent constituer une réponse
adaptée au développement de projets d’infrastructures maritimes dans des contextes de plus
en plus contraints. En lien avec le développement des énergies marines renouvelables, de
nouvelles générations de STEP marines basées sur le principe d’un réservoir en zone côtière
ou offshore sont à l’étude. La conception et la réalisation de l’extension en mer du projet
Mareterra constitue une référence nouvelle pour le développement de ce type
d’infrastructures dont les enjeux techniques et environnementaux peuvent être similaires.
Fig. 19. Vue générale de l’infrastructure maritime après achèvement des remblais (décembre 2019)
[23].
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11. V. Davidovici, S. Lambert, « Fondations et procédés d'amélioration du sol », Guide
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12. Casan, « Les essais in-situ en mécanique des sols. Éditeur Eyrolles, tome 1 et tome 2
(1978)
13. Z. Hashin, “Analysis of Composite Materials “- A Survey. J. of Applied Mechanics,
(1983)
14. Liquéfaction : note d’hypothèse liquéfaction : notes Bouygues n°130200 et n°114015
15. Vibrocompaction : synthèse des résultats et des corrélations : note Bouygues n°230280
16. Colonnes ballastées : note d’hypothèse : note Bouygues n°230270
17. Injections solides : Plot d’essai d’injections solides, note de Solétanche Bachy – Keller
n°211501
18. Jet grouting : note de calcul par éléments finis : note TREVI n°211608
19. Drains sismiques : note de dimensionnement – drains sismiques (ZP1-QC), note de
Ménard n°211270
20. European Overtopping Manual (Eurotop) - Wave Overtopping of Sea and Related
Structures, August (2007)
21. FIB Model code for service life design Bulletin 34 (2006)
22. Plans généraux Bouygues TP/ Egis
23. Crédits photos : Principauté de Monaco – SAM L’Anse du Portier – Bouygues TP-MC
– Atelier Renzo Piano Building – Valode & Pistre Architectes – Michel Desvigne
Paysagiste
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