Eduquer sans violence

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Chers toastmasters, chers invités,

Et si on pouvait éduquer nos enfants sans jamais lever la main ni la voix ? Pas même une petite tape
sur la main. La plupart d’entre vous me répondront probablement : « Non, impossible ! » Après tout,
depuis le début de l’histoire, la discipline a toujours été au cœur de l’éducation.

Plutarque, philosophe grec, disait même : « Les enfants doivent être guidés avec autorité et corrigés
avec sévérité, car c’est ainsi qu’on fait des hommes de vertu. » Eh bien, désolée, Monsieur Plutarque,
mais je ne suis pas d’accord. Ce que l’on croyait au 1er siècle n’est plus d’actualité, tout comme l’idée
que la Terre est plate ! Depuis, la science a prouvé que non seulement éduquer sans violence est
possible, mais que cela devrait être un objectif universel.

Alors, ce soir, parlons-en : Nous allons voir pourquoi la violence éducative est inefficace, ses
conséquences sur les enfants, et enfin, comment s'en passer.

Commençons par les termes : qu’entend-on par violence éducative ? C’est l’utilisation de la force ou
de l’ascendant d’un parent ou d’un enseignant pour corriger ou discipliner. Cela inclut les cris, les
fessées, les punitions humiliantes, les moqueries... Bref, tout ce que nous, adultes, n’accepterions
jamais de subir de la part d’une autre personne.

La science, notamment les neurosciences, nous montre que le cerveau humain se développe jusqu’à
25 ans. Plus tôt pour les femmes, bien sûr. 😊 Cela signifie que tout ce que nous disons ou faisons à
un enfant façonne son comportement et sa personnalité. Et l’équation est simple : un enfant frappé
frappera à son tour. Mon expérience me l’a confirmé. Parmi les milliers d’enfants que j’ai croisés dans
ma carrière, les plus perturbateurs et violents sont souvent ceux qui subissent les corrections les plus
sévères à la maison. Paradoxalement, leurs parents affirment souvent : 'Y a que ça qui marche avec
lui.' Mais bon : si 'ça marchait', pourquoi le comportement persiste-t-il ?

En réalité, la violence éducative ne corrige rien qu’il s’agisse de cris, de fessées ou de moqueries, elle
n’enseigne pas à comprendre, mais à craindre. Un enfant frappé n’apprend pas pourquoi il a mal agi,
il apprend à avoir peur… ou à cacher ses erreurs.

Certes, la peur crée des enfants respectueux et discrets... mais à quel prix ? Ne préférerions-nous pas
des enfants curieux, épanouis, et prêts à saisir chaque opportunité d’apprendre ? Attention, la peur
n’est pas toujours visible. Votre enfant peut ne pas trembler en votre présence, mais cette peur peut
ronger doucement le lien de confiance qui vous unit. Un enfant qui vous craint partage moins ses
difficultés avec vous et, souvent, ne fait pas moins de bêtises : il devient juste plus fort pour les
cacher. Par ailleurs, le comportement d’un enfant à l’extérieur est souvent révélateur. Si votre enfant
est turbulent à la maison, mais adorable chez les grands parents ou à l’école, c’est normal : il se sent
en sécurité avec vous. Mais l’inverse – un enfant obéissant à la maison et perturbateur ailleurs – peut
indiquer une discipline trop stricte.

Alors, peut-être est-il temps de remettre en question certaines méthodes. Et pourquoi pas, de faire le
choix d’une éducation 100 % bienveillante et positive ? Je vais vous dire comment.

Je vais d’abord vous partager un secret : même en prônant une éducation bienveillante, je suis loin
d’être parfaite. Il m’arrive de hausser la voix — mon fils, ici présent, pourrait en témoigner. Et plus
d’une fois, ma main m’a sérieusement démangé. En 2020, par exemple, ma fille a eu une crise de
colère tellement intense que, submergée par l’épuisement et la frustration, je lui ai mis une tape sur
les fesses. Cette unique fois où j’ai levé la main l’a tellement marquée qu’elle m’en parle encore…
quatre ans après. Cet épisode m’a fait réfléchir. Le problème, c’est que lorsque nous crions ou levons
la main sur nos enfants, cela en dit souvent plus sur notre état d’esprit que sur leur comportement.
Certes, l’enfant a peut-être fait une bêtise, mais c’est souvent notre propre colère ou fatigue qui
déclenche la violence. Soyons honnêtes : lorsque nous crions ou tapons, ce n’est pas pour les
éduquer eux, mais pour nous soulager, nous.

Comprendre cela, c’est déjà faire le premier pas vers une éducation plus bienveillante. Une fois que
nous acceptons que notre violence découle souvent de notre propre état émotionnel, nous pouvons
mieux nous contrôler et chercher des alternatives.

Mais attention : éduquer sans violence ne signifie pas laisser place au laxisme. La discipline positive
repose sur le maintien de règles claires et cohérentes qui structurent l’enfant tout en le respectant.
Ces règles doivent être posées avec fermeté, expliquées clairement et répétées aussi souvent que
nécessaire, calmement.
Adele Faber et Elaine Mazlish, célèbres spécialistes de l’éducation, expliquent que tout réside dans la
manière de communiquer les règles. Mon expérience personnelle, en tant que mère de trois enfants
et enseignante, me confirme que cela fonctionne. Les enseignants que j’ai formés m’ont souvent fait
remarquer qu’il est tout à fait possible de mettre en place un cadre strict sans avoir à crier pour se
faire entendre. Certes, cela demande de répéter fréquemment les mêmes consignes, mais comme on
dit : la répétition est pédagogique.

Une autre stratégie essentielle est de valoriser les bons comportements. Une étude de l’Université de
Liège, réalisée dans des écoles primaires, montre que le renforcement des comportements positifs
est beaucoup plus efficace que la punition pour réduire les mauvais comportements. Alors, au lieu de
nous concentrer sur ce qui ne va pas, pourquoi ne pas mettre en lumière ce qui va bien ? Nos enfants
adorent nous faire plaisir. Par exemple, au lieu de dire : « Pourquoi tu es désordonné comme ça ? »,
on pourrait dire : « Merci d’avoir rangé ta chambre, ça m’a beaucoup aidé. » Ces petits
encouragements font toute la différence.

Alors voilà, éduquer sans violence, c’est possible. Ce n’est pas facile, je vous l’accorde. Cela demande
de la patience, énormément de patience même et, un self contrôle en mode « pro max ».

Mais imaginez un instant ce que cela pourrait changer pour eux… et pour nous. Dans un monde où la
violence est déjà omniprésente — sur les routes, dans les RS, parfois même au bureau —, pourquoi
ne pas offrir à nos enfants un espace plus doux, plus bienveillant ? Parce qu’en vrai, éduquer sans
violence, c’est semer les graines d’une génération capable de changer les choses, dans la paix.

Alors,lever la voix… OUI mais pour encourager. Lever la main… Oui mais pour applaudir. Et surtout, se
lever, chers toastmasters, chers invités, pour bâtir un avenir où bienveillance et discipline ne seront
plus incompatibles.

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