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Chapitre 5 : Emploi et Chômage

Si pendant longtemps les hommes ont eu une vision négative du travail, réservé en grande partie
aux femmes et aux esclaves chez les grecs, il est plutôt admis, depuis le 18ème siècle, que le
travail (L), est ce qui assure la liberté de l’individu en tant que source de toute richesse, en
association avec la nature. Certes, la pénibilité du travail (labeur) n’a pas pas disparu dans toute
les tâches, mais il est en même temps un moyen de se réaliser et, dans certains cas, de
s’épanouir, un moyen de s’intégrer dans la société.
L’objet de ce présent chapitre est d’étudier la question de l’emploi qui joue un rôle fondamental
dans la plupart des débats actuels de politique économique.
Actuellement, le principal souci auquel se trouve confrontés les décideurs politiques concerne
la montée continue du taux de chômage.
Inexistant jusqu’à la fin des années 70, le chômage est devenu une constante dans les sociétés
modernes. Les coûts du chômage sont visibles dans la mesure où il fait le malheur des personnes
qui ne peuvent obtenir un emploi correctement rémunéré.
Aujourd’hui il constitue un problème majeur qui touche à la fois les pays développés et les pays
en voie de développement.
Le chômage serait-il une fatalité ? Quelle sont les causes de ce fléau ? Quelles sont les
explications avancées dans la littérature économique ? Avant de répondre à ces différentes
questions, il est important de rappeler la place du travail dans la société.

XVI-1/ La place de l’emploi dans la société


Travailler, ce n’est pas seulement chercher à gagner dignement sa vie, c’est aussi s’insérer dans
le cadre d’une organisation structurée en occupant un statut plus ou moins valorisant dans cette
organisation. Dans la société, perdre son emploi, quel qu’il soit, c’est remettre en question à la
fois : un revenu, un statut et une insertion sociale.
Le travail est donc important dans la mesure où il joue un rôle fondamental dans la société.
Ce constat nous conduit à exposer les rôles du travail dans la société ?
Selon L.Boissonnat, on distingue trois grandes fonctions du travail:
Une fonction de production par laquelle le travail crée la richesse ;
Une fonction de répartition, à travers laquelle le travailleur perçoit le prix de son
travail, le plus souvent sous forme monétaire ;

Une fonction d’insertion à travers laquelle chaque personne trouve une place
dans le tissu social et peut espérer s’exprimer et se réaliser.

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Au-delà du salaire, le travail apporte à l’individu le sentiment d’utilité sociale qu’il en retire.
Dans ce contexte D.Linharta écrit : « l’image que chacun a de lui-même, l’identité qu’il porte,
la place qu’il trouve dans la société, celle qu’il peut assurer dans la famille et auprès de ses
proches, ses projets, tout cela repose sur le travail ».
2/ Le chômage : définitions, mesure et formes 2-1/
Définitions :

Définition 1 : le chômage est la situation d’une personne qui, souhaitant travailler et ayant la
capacité de le faire, se trouve sans emploi malgré ses recherches (dictionnaire de l’économie).
Définition 2 : le chômage, au sens du bureau international du travail (BIT), comprend les
personnes en âge de travailler, c'est-à-dire ayant 15 ans ou plus (en application de la définition
internationale adoptée en 1982) et qui :

N’ont pas travaillé, ne serait-ce qu’une heure, au cours de la semaine de


référence,
Sont disponibles pour travailler dans les deux semaines,

Ont entrepris des démarches actives de recherche d’emploi dans le mois


précédent, ou ont trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.

Selon le BIT, le chômage constitue un indicateur de référence pour l’analyse du marché du


travail.

Définition 3 : le chômage peut être défini comme l’inactivité d’une personne souhaitant un
emploi. Sur le marché du travail, le chômage apparaît lorsque l’offre de travail est supérieure à
la demande de travail. En d’autres termes, la population active augmente plus vite que le
nombre d’emplois. A l’opposé, lorsque la population active augmente moins vite que l’emploi,
le chômage diminue.
Définition 4 : pour un économiste, le chômage représente une sous-utilisation des ressources.
D’une manière générale et quelle que soit la définition retenue, le chômage est une tragédie
pour les individus et leurs familles, une source de tension pour la collectivité et un gaspillage
des ressources productives pour l’ensemble de la société.
2-2/Mesure : la mesure du chômage pose des problèmes de définitions précises entre activité
et chômage. Ainsi, comment classer une personne travaillant volontairement à mi-temps ?
Estelle active car elle a un emploi, inactive car elle ne travaille pas à plein temps, ou est-elle «
à moitié » active et « à moitié » inactive ?

Pour mesurer l’importance du chômage dans la nation, on utilise deux indicateurs :


Le taux de chômage qui est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active :

[Nombre de chômeurs / Population active] * 100

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La population active est l’ensemble des individus exerçant ou déclarant chercher à exercer une
activité rémunérée. Elle comprend le nombre de personnes employées plus le nombre de
chômeurs.
Le chômage peut être appréhendé par la part des chômeurs de longue durée (LD), il est
calculé de la manière suivante :

Part des chômeurs de LD = [chômeurs de plus d’un an / total des chômeurs] * 100
2-3/Les formes du chômage : un taux de chômage nul ne peut être observé et le plein emploi
est considéré comme atteint lorsque le taux de chômage se situe aux alentours de 3 à 4%. Les
économistes opèrent une distinction entre plusieurs types de chômage.
Le chômage saisonnier : il concerne certaines branches professionnelles dont
l’activité varie sensiblement selon les périodes de l’année.

Le chômage frictionnel : il correspond au processus normal de transition d’un


emploi à l’autre. Dans une économie dynamique, où certains secteurs sont en croissance
et d’autres en déclin, il y aura toujours des déplacements d’un emploi à l’autre et donc
du chômage frictionnel qualifié de chômage naturel.

Le chômage technique : il découle d’une interruption du processus technique


de production ; c’est le cas de l’impossibilité pour d’autres secteurs d’activité de fournir
à l’entreprise les éléments nécessaires à la fabrication de ses produits.

Le chômage technologique : il survient à la suite d’innovation qui


économiserait du travail, notamment par la substitution du capital au travail.
Le chômage conjoncturel : il correspond à un ralentissement de l’activité
économique provoquant une réduction temporaire des besoins en main d’œuvre dans
l’économie. C’est un chômage qui baisse en période de prospérité et augmente en
période de récession économique. Les entreprises licencient pour adapter leur capacité
de production à la baisse de l’activité économique. Si la baisse est uniformément répartie
entre tous les travailleurs, cela limiterait les fractures sociales. Mais dans les faits se sont
les ouvriers non qualifiés et les minorités qui risquent de se retrouver au chômage
Le chômage structurel : il est lié à des changements de structures économiques
dans un pays, provoquant une inadéquation entre l’offre et la demande de travail. Ce
type de chômage de long terme coexiste souvent avec des emplois vacants parce que les
chômeurs n’ont pas les qualifications requises pour les nouveaux emplois créés.
L’évolution des techniques conduit à rendre inemployable une partie de la population
active qui ne trouve plus d’emplois correspondant à ses qualifications.

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3/ Les analyses du chômage
Le chômage donne lieu à des interruptions causales divergentes et à des propositions contrastées
de politiques d’emploi. Dans ce qui suit, nous allons proposer une synthèse des différentes
approches développées dans la littérature économique.

3-1/ Le courant libéral d’inspiration classique ou néoclassique : les économistes


néoclassiques considèrent le travail comme un bien qui fait l’objet d’une offre et d’une demande
et c’est la rencontre entre ces deux entités qui fixe le prix.

La demande de travail émane des entreprises, elle reflète les besoins en main d’œuvre des
entrepreneurs en fonction des conditions de production et des prix du travail. La courbe de
demande de travail est une fonction inverse du taux de salaire.
L’offre de travail représente la quantité de travail que les salariés souhaitent vendre sur le
marché à chaque niveau du taux de salaire
O

- -------------------- < --------- chômage -------------------- >

( W/P ) ------------------------------------------

LD
L

Comme sur tous les autres marchés, la confrontation de l’offre à la demande de travail (L)
permet de déterminer le salaire et les quantités d’équilibre. Il ne peut pas y avoir du chômage
autre que volontaire. Donc, toute personne qui souhaite travailler peut le faire au taux de salaire
réel (W/P) *.

Selon les néoclassiques, le chômage provient de l’intervention de l’Etat dans la sphère


économique qui, par la fixation d’un taux de salaire minimum, empêche les règles du marché
de fonctionner correctement.

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Le chômage est la conséquence de la rigidité des salaires. Lorsque le coût du facteur travail
augmente, ceci entraine la substitution du capital au travail qui à son tour va augmenter le
chômage.
La solution préconisée est de permettre à l’Etat de se concentrer sur sa mission fondamentale
qui est de garantir le libre fonctionnement des lois du marché en concurrence pure et parfaite.
Pour lutter contre le chômage, les néoclassiques préconisent le retour à la flexibilité du salaire
réel, en s’attaquant à la politique d’un salaire minimum. La stimulation de l’activité économique
nécessite une diminution du coût du facteur travail ainsi qu’une réduction des taux d’imposition
sur les salaires et sur les bénéfices.

Enfin, ils proposent un abaissement, voire une suppression pour certains, des dispositifs d’aide
financière accordés aux chômeurs, qui pourraient selon l’optique libérale, dissuader les
chômeurs de rechercher un emploi et les inciter à la « trappe à l’inactivité ».
3-2/ Le courant keynésien : à l’opposé de l’approche classique, les keynésiens considère que
le chômage n’est pas issu d’un déséquilibre sur le marché du travail, mais d’une insuffisance
de la demande sur le marché des biens et services. Selon l’analyse keynésienne le niveau de
l’emploi est fonction de la demande effective et non pas du marché du travail. En effet, la baisse
de la demande globale se traduit par une sous-utilisation des facteurs de production disponibles.
Comme le volume de travail est déterminé par le niveau de débouchés pour la production, le
chômage est donc involontaire. Cette situation de sous-emploi ne peut se résoudre par elle
même puisqu’elle est la résultante d’une activité économique réduite.

Les keynésiens préconisent la mise en œuvre de politique de relance par la demande. En période
de récession économique, seul l’Etat est en mesure d’agir sur les deux leviers majeurs que
constituent la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

L’accroissement des dépenses de l’Etat sous forme d’investissements publics et de dépenses de


protection sociale entraine des vagues successives de distribution de revenus permettant ainsi
de relancer l’activité économique.

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