E2 préciosité et Molière corrigée

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Etape 2 : Découverte de la préciosité et de la création de la pièce de Molière

II) La littérature du XVIIe : entre baroque et classicisme et un courant plus féministe : « La Préciosité »

1) Résumé des grands courants littéraires et artistiques, auteurs et oeuvres sous Louis XIII à Louis XIV…

Le XVIIe repose sur une opposition entre deux courants culturels : le baroque
(esthétique de la surprise et de l’instabilité) et le classicisme (esthétique de l’harmonie et
de la perfection). De la poésie baroque naît le courant de la préciosité qui s’opposera au
burlesque (poèmes et romans galants et pastoraux).

Le genre le plus important sera celui de la tragi-comédie (Le Cid de Pierre Corneille) qui
évoluera vers la tragédie classique (Jean Racine, Andromaque). Parallèlement, le genre de la
comédie s’affirmera en passant de la simple farce à la comédie de mœurs, rivale de la
tragédie (Molière, L’Ecole des femmes, Le misanthrope, Tartuffe)
2) Illustration : Gravure du XVIIe Abraham Bosse, Les Vierges folles s’entretiennent des plaisirs mondains (1633) p.92

Cette gravure représente une scène de salon où des jeunes femmes s’initient aux arts, ce que
critique le graveur proche des partis conservateurs et patriarcaux. A l’arrière-plan, l’une
des dames admirant son reflet symbolise selon le graveur la coquetterie, la pédanterie ainsi
que l’orgueil qui peuvent écarter les femmes de leurs devoirs d’épouse et de mère.
Néanmoins ce regard satirique est proche d’une caricature de la vraie préciosité, qui a
représenté un réel mouvement d’émancipation intellectuelle pour le sexe féminin.

Madeleine de Scudéry, Madame de La Fayette, ou encore Madame de Sévigné sont des écrivaines qui illustrent le
mouvement des Précieuses, courant littéraire et artistique en vogue au milieu du XVIIe siècle. Par extension, la préciosité est
aussi un art de vivre au sein de l’aristocratie parisienne. Dominé par les femmes, ce courant prône un langage et un
comportement raffinés à l’extrême. Le sentiment amoureux, au centre des conversations dans les salons, tel celui de Madame
de Rambouillet ou de Maintenon est décrit dans de courts poèmes comme le madrigal. Pour exprimer la subtilité de leur
pensée, les Précieuses emploient des termes rares et inventent des expressions imagées. Dans leurs écrits et leurs
conversations, les Précieuses plaident pour la galanterie et le savoir-vivre. Ces femmes issues de l’aristocratie souhaitent
aussi participer à la vie culturelle de leur époque en critiquant les œuvres littéraires ou en en écrivant de nouvelles.
Féministes avant l’heure, les Précieuses refusent le mariage, qui bride leur liberté. Elles plaident aussi pour un amour idéal,
sans relation charnelle. (source : https://www.geo.fr/histoire/qui-
etaient-les-precieuses-au-xviie-siecle-217209)

3) Quelques modèles de galanterie littéraire p.99-103 : sonnet galant – portrait – énigme


- Le thème de la lumière parcourt le sonnet galant « La Belle Matineuse » de Vincent
Voiture. Il construit ainsi une analogie entre le soleil et la femme aimée, qui le
supplante par son éclat, tout en ménageant un effet de surprise à l’aide de la
comparaison finale permettant de montrer l’éloge de Philis par sa victoire sur le soleil,
à la pointe du sonnet.
- Le portrait de Cléomire par Madeleine de Scudéry suit plusieurs étapes : description
physique générale puis évocation de son visage, reflet d'un tempérament égal. Elle
décrit ensuite son esprit, qui surpasse encore son apparence, le portrait progressant sur
le mode de la gradation: Cléomire connaît les sciences et les lettres (« elle se connaît à
tout ») et son bon goût transparaît dans l'organisation de sa maison, comparée à un
lieu enchanté. Elle se distingue enfin par sa délicatesse, de sorte que sa culture ne la
rend pas pédante. C'est donc tout le contraire d'une précieuse ridicule : elle a tiré parti
de ses dons naturels en se cultivant ; elle « sait sans faire semblant de le savoir »,
c'est-à-dire qu'elle est dotée des qualités de délicatesse et de discrétion constitutives
de l'idéal d'honnêteté développé au XVIIe siècle ; ce savoir et la manière dont elle en
use la placent « au-dessus » de son sexe. Madeleine de Scudéry en fait le modèle de
l'honnête femme, idéal social et moral de l'époque classique.
- L'énigme de Charles Cotin décrit évidemment le miroir : on
remarque que le sonnet, tout comme la périphrase précieuse de Cathos et Magdelon
(le « conseiller des grâces », sc. 6, p. 50), l'évoque sans le nommer. Cela permet de
montrer à quel point le jeu des précieuses sur la langue était proche du jeu mondain de
l'énigme, qui consiste à faire sentir sans dire. Ici néanmoins, certaines références à
l’art du peintre grec Apelle et au jugement de Pâris apparaissent comme pédantes
(étalage hautain de sa culture).
4) La carte de Tendre, manuel des étapes nécessaires de l’amour précieux dans les salons mondains
https://www.pacha-cartographe.fr/le-blog-du-cartographe/carte-du-tendre/

Dans la quête du galant, deux itinéraires différents sont envisageables, mais il lui faut
respecter les étapes selon une gradation des sentiments allégorisés qui conduisent au succès et
prendre garde de ne pas s’égarer. Soit en se dirigeant vers le lac d’indifférence, situé en retrait à la
droite de la carte. Soit en empruntant le chemin d’indiscrétion, perfidie, médisance et méchanceté
(gradation négative) qui bifurque, dès le point de départ, vers un océan aux vagues menaçantes.
Quant à la mer dangereuse, au nord de Tendre, elle met en garde l’amant heureux : il convient de
ne pas s’aventurer trop loin. Au terme de son voyage couronné de succès, il faut savoir s’arrêter.
= carte heuristique/ mentale = mode d’emploi de galanterie
II) Présentation de Molière et contexte de la création de la pièce (voir édition des Précieuses ridicules p.7-11)
https://www.comedie-francaise.fr/fr/actualites/les-precieuses-ridicules

1) Pourquoi cette œuvre apparaît-elle comme une œuvre charnière dans la carrière de cet immense dramaturge ?

Cette pièce représente le premier grand succès de Molière et de sa troupe « L’illustre théâtre »
qui ne parvenait pas à briller dans l’interprétation trop ennuyeuse des tragédies de Corneille. Il
a en effet l’idée d’amplifier le genre de la farce grossière pour aborder un thème de l’époque. Il
va décider de revaloriser la comédie les années suivantes pour créer l’Ecole des Femmes ou le
misanthrope (structure en 5 actes et en alexandrins) pour rivaliser avec la tragédie.
2) Lecture de la préface écrite par Molière (p.33-35) : quels principes de la comédie sont ici défendus par l’auteur malgré
lui ?

Dans cette préface ironique et désinvolte, Molière s’indigne du procédé d’un libraire
peu scrupuleux (Jean Ribou) qui l’oblige à publier sa pièce malgré lui, et en même
temps s’amuse de son accession inattendue à la dignité d’auteur. Après avoir rappelé
le succès de sa pièce auprès du public parisien, il explique que Les Précieuses
ridicules sont avant tout un spectacle dont la version imprimée ne peut restituer le
dynamisme des voix et la vivacité scénique. le dramaturge raille aussi les pratiques
pédantes des auteurs étalant leur savoir sur le théâtre et ajoutant des louanges
mondaines sur leurs œuvres. Il feint alors de regretter que l’impression hâtive de sa
pièce l’ait empêché de se plier à leurs usages. L’auteur termine par une déclaration
ambiguë sur son art : il affirme d’abord qu’il s’inscrit dans la tradition comique de la
satire des mœurs ridicules avant de se placer dans la lignée de la comédie italienne,
dont l’esthétique comique offre une représentation caricaturale et bouffonne des
différents types sociaux : « Aussi les véritables précieuses auraient tort de se piquer,
lorsqu’on joue les ridicules qui les imitent mal. »

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