Manuel de Formation ITK Manioc ProSol-GIZ - 2022

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Protection et réhabilitation des Sols dégradés pour améliorer la sécurité alimentaire (ProSOL)

MANUEL DE FORMATION DES CONSEILLERS


AGRICOLES SUR L’ITINERAIRE TECHNIQUE DE
PRODUCTION DURABLE DU MANIOC

CONSULTANTS :
Consultant principal : Dr Innocent Nanoukon DOSSOU AMINON ; Spécialiste des
Ressources Phytogénétiques, Amélioration des Plantes et
Production de semences ; Tel : (+229) 96 10 98 40 ;
Email : [email protected]

Consultante associée : Mme Lidia DANDEDJROHOUN; Ingénieur Agronome ;


Experte en Gestion Durable des Terres ; Tel : (+229) 97 19 95 83 ;
Email : [email protected]

19 au 21 Juillet 2022
CONTENU

Introduction
Module 1 : Choix du site, préparation du sol et manipulation de la tige de manioc pour
accroitre le rendement
1.1. Contexte
1.2. Choix du site
1.3. Préparation du sol
1.4. Choix de la variété
1.5. Préparer des tiges de manioc saines pour la plantation
1.6. Comment planter des boutures de manioc
1.7. Comment produire de grandes quantités de tiges de manioc
1.8. Synthèse
Module 2 : Technologies sans intrants externes pour augmenter le rendement de la
production de manioc
2.1. Zéro intrant
2.2. Comment utiliser les technologies sans intrants pour obtenir de bons rendements
2.3. Qualités des variétés améliorées de manioc
2.4. Culture associées de manioc sans apport d’intrants
2.5. Comment augmenter le rendement sans acheter d'intrants améliorant les éléments nutritifs du
sol
2.6. Synthèse
Module 3 : Pratiques de lutte contre les mauvaises herbes dans la production de manioc
3.1. Mauvaises herbes habituellement trouvées dans les champs de manioc
3.2. Quand et comment contrôler les mauvaises herbes
3.3. Contrôle chimique
3.4. Quand et comment appliquer des produits chimiques
3.5. Conseils pour une lutte chimique efficace contre les mauvaises herbes
3.6. Groupes de contrôle des mauvaises herbes
3.7. Synthèse
Module 4 : Mécanisation rentable de la production de manioc
4.1. Justification
4.2. Pratiques de mécanisation et d'exploitation agricoles rentables
4.3. Machines disponibles pour la production commerciale de manioc de petite à moyenne échelle
4.4. Synthèse

1
Module 5 : récolte
5.1. Quand récolter
5.2. Comment récolter le manioc
5.3. Transport des racines de manioc
5.4. Stockage des racines de manioc
5.5. Synthèse
Module 6 : Opérations de traitement des racines et machines adaptées
6.1. Pourquoi le manioc est-il traité?
6.2. Opérations de traitement du manioc
6.3. Points forts
Conclusion
Références
ANNEXE: Fiche techniques de variétés de manioc les plus indiquées dans la fabrication de farine
panifiable.

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INTRODUCTION

Le manioc est le premier ou le deuxième aliment de base le plus important dans de


nombreux pays d'Afrique subsaharienne. Les pratiques de production et de transformation du
manioc restent en grande partie des pratiques habituelles dans la plupart des pays producteurs.
Malgré le potentiel élevé de sa production, sa transformation et commercialisation, sa capacité
d'exportation et son utilisation dans les industries locales pour réduire les dépenses
d'importation de produits de substitution importés reste encore faible. La plupart des
producteurs de manioc ne connaissent pas les technologies modernes et durables disponibles
pour la culture et la transformation du manioc ou n’ont pas la capacité de les utiliser.

Figure 1 : Champ de manioc

Bien que de nouveaux cultivateurs de manioc commerciaux et de taille moyenne


commencent à émerger dans certains pays producteurs de manioc, tels que la RDC, le Ghana
et le Nigeria, la plupart d’entre eux n’utilisent que certaines techniques modernes disponibles
ou récemment développées qui peuvent accroître l’efficacité de la culture du manioc.
L'incapacité à utiliser les technologies modernes durables de manière globale ou consolidée
pour les opérations de culture et de transformation du manioc réduit les chances de maximiser
les profits.

Il y a également une pénurie de spécialistes de la production de manioc, d'experts de


l'agroalimentaire, de la transformation et des experts en agro-industrie pour conseiller les
agriculteurs, les transformateurs, les assembleurs de produits et les autres acteurs de la chaîne

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de valeur. Le manque de conseils techniques entrave la capacité des petits et moyens
agriculteurs d’améliorer l’efficacité de la chaîne de valeur et la rentabilité de leurs entreprises
de manioc. Cela contribue à l'incapacité de la plupart des agriculteurs de gérer la production
de manioc en tant qu'entreprise et empêche les transformateurs de passer des méthodes de
transformation rudimentaires traditionnelles aux entreprises de transformation mécaniques, à
forte capacité, efficaces et rentables. Par conséquent, les acteurs de la chaîne de valeur du
manioc en Afrique ne sont pas suffisamment compétitifs pour participer au marché mondial.

Ce manuel de formation a été élaboré sur la base des résultats de la recherche et des
expériences de terrain d’experts en développement de la chaîne de valeur du manioc. Il fournit
un ensemble consolidé et pertinent d’informations technico-commerciales présentées avec de
simples dessins annotés expliquant l’utilisation progressive de techniques et d’outils améliorés
pour la production, la manipulation, la transformation, le stockage, l’assurance qualité et la
commercialisation du manioc.

Le manuel sera utile aux agriculteurs, aux transformateurs, aux commerçants, aux
agents de vulgarisation et aux autres experts qui soutiennent la commercialisation du manioc.
L'utilisation de ce manuel par les acteurs de la chaîne de valeur améliorera leurs connaissances
et leurs capacités pour améliorer l'efficacité de leurs opérations liées au manioc et pourra
accroître leur rentabilité.

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MODULE 1 : CHOIX DU SITE, PREPARATION DU SOL ET MANIPULATION DE
LA TIGE DE MANIOC POUR ACCROITRE LE RENDEMENT

1.1. Contexte
Le manioc se propage par boutures et par graines. Ces boutures doivent être manipulées
correctement pour une bonne germination et un bon établissement. Dans ce module, nous
examinons les meilleures pratiques de manipulation des tiges pour accroitre le rendement.

1.2. Choix du site


Le manioc est cultivé sur des sols extrêmement variés ; sols ferralitiques, ferrugineux.
Il préfère des sols bien drainés, profonds et de texture sablo-argileuse ou sablo-limoneuse. Il
supporte mal les sols hydro-morphes (gorgés d’eau et mal drainés), car ils peuvent provoquer
des engorgements. Le manioc est sensible aux engorgements et les sols trop lourds ne
permettent pas aux racines de bien se développer.

1.3. Préparation du sol


Si le sol est meuble, profond et bien drainé, un labour minimum (labour superficiel) est
suffisant. Dans ce cas, le manioc peut même être planté à plat puisque la structure du sol peut
favoriser le développement des racines. Si le sol est trop léger, il est conseillé de faire les
billons pour éviter que les racines se dénudent. Au cas où la parcelle se retrouve en bas de
pente avec la possibilité que le sol retienne de l’eau, la confection des buttes ou monticules ou
encore crêtes est conseillée pour éviter que les racines se développent dans l’eau.
Lorsque le terrain est en pente, orienter le labour de façon perpendiculaire à la pente
avec des billonnages imbriqués pour éviter les effets de fortes pluies qui emportent les billons.
En cas de buttage, positionner les buttes en quinconce pour ralentir le ruissellement de l’eau.

Il est aussi conseillé d’enfouir les résidus de récolte lors du labour ou d’enrichir le sol en
matière organique pour faciliter l’ameublissement de la surface du sol.

1.4. Choix de la variété

Les variétés de manioc appropriées pour la production durable doivent prendre en


compte:

• Les préférences/ habitudes des consommateurs : Les meilleures variétés de manioc sont celles
que les consommateurs préfèrent (chair blanche, bonne qualité à la cuisson, bon goût, saine,
bonne qualité nutritionnelle, moins de fibre).

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• L’adaptabilité aux multiples usages. Pour réduire les importations de la farine de blé et faire
face aux conséquences de la guerre russo-ukrainienne, les variétés panifiables doivent être
privilégiées pour que les racines soient directement consommées ou bien transformées en
farine pour produire le pain (exemple des variétés RB05809 et RB-CONA84)

• La bonne adaptation aux conditions locales/climatiques. Celles qui poussent vite avec un bon
rendement (variété précoce : dont les racines tubulaires gonflent très vite et prêtes à être
récoltées après 10 mois.) et qui résistent aux poches de sècheresse.

• La résistance aux mauvaises herbes locales, aux nuisibles et aux maladies. Les variétés qui
étouffent mieux les mauvaises herbes et résister aux maladies et aux nuisibles
• L’habilité à être stocké dans le sol. Les variétés capables de conserver leur tubercule
longtemps et dans de bonnes conditions après être arrivé à maturité sont préférables.

1.5. Préparer des tiges de manioc saines pour la plantation


▪ Obtenir des tiges à planter à partir de plantes matures âgées de 10 à 12 mois.
▪ Prélever les tiges robustes, saines sans symptômes d’attaque de maladie et présentant
beaucoup de nœuds.
▪ Conservez-les à l'ombre pendant 2 à 5 jours (jamais plus de 2 semaines) avant la coupe
et la plantation. Cela fait germer les tiges plus rapidement que quand ils sont plantés
fraîchement coupés du champ.
▪ Les tiges doivent être stockées verticalement sur le sol à l'ombre. L'extrémité distale des
tiges doit toucher le sol, qui est humidifié régulièrement, l'environnement restant
exempt de mauvaises herbes (Figure 2).

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Figure 2 : Tiges de manioc stockées à l’ombre sous arbre

▪ Manipulez les tiges avec précaution pour ne pas détruire les nœuds pouvant entraîner
des pertes. Ne faites pas de surfaces coupées irrégulières et ne gardez pas les tiges à l'air
libre (entraînant un séchage) (Figure 3).
▪ Coupez les tiges avec des outils tranchants, de préférence des sécateurs, en boutures de
25 cm à 5–7 nœuds (Figure 4).

Figure 3 : Évitez de détruire les nœuds Figure 4 : Boutures de manioc à bout franc
et les coupes irrégulières

1.6. Comment planter des boutures de manioc


▪ Les boutures de manioc peuvent être plantées dans une position inclinée ou angulaire
(45°). Dans ce cas, les boutures sont enfouies dans le sol à un tiers de la surface du sol.
Assurez-vous que les bourgeons sont dirigés vers le haut. C'est là que les boutures

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germent (Figure 5a). Le semis oblique favorise le regroupement des racines dans un
même secteur et implique ensuite un regroupement des tubercules qui facilite la récolte.
▪ Les boutures peuvent également être plantées dans une position horizontale dans
laquelle les boutures sont complètement enfouies dans le sol sur une profondeur de 5
cm (Figure 5b).

Figure 5a. Plantation à 45°C Figure 5b. Planter horizontalement

▪ Plantez les boutures à un espacement de 1 m × 1 m sur la crête des crêtes ou des


monticules, comme cela est généralement recommandé. Cela donnera une population
de plantes de 10 000 peuplements / ha.
▪ Une plantation verticale ou angulaire est recommandée dans les zones de fortes
précipitations
▪ La plantation horizontale est préférable dans les zones sèches.

1.7. Comment produire de grandes quantités de tiges de manioc


Une technique de multiplication rapide peut être utilisée pour produire de grandes
quantités de tiges de manioc comme matériel de plantation pour les saisons suivantes.
▪ Sélectionnez et utilisez des tiges de manioc améliorées, saines et exemptes de parasites
/ maladies.
▪ Coupez les tiges en plusieurs piquets à 2 ou 3 nœuds à l'aide d'un sécateur, d'un couteau
tranchant, d'une machette ou d'une machine à couper les pieux.

Enjeux de la multiplication rapide dans une pépinière utilisant du manioc à 2 nœuds:

Étape 1: Traitez les piquets avec les bio-pesticides (insecticides ou fongicides) disponibles en
mesurant les quantités dans un récipient, ajoutez de l’eau et mélangez soigneusement. Par
exemple, 1 kg de poudre de feuilles de neem dans 5 litres d’eau. Mettez les enjeux dans la
solution pendant 10 minutes.

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Étape 2: Retirez de la solution et placez-le dans des sacs en polyéthylène transparents perforés
pour la pré-germination.

Étape 3: Conservez-les dans des sacs en polythène à l'ombre d'un arbre ou sous le dais de
manioc ou dans un hangar de ferme pendant 7 à 10 jours pour germer.

Étape 4: Préparez la pépinière pour la plantation.

Étape 5: Exposez les sacs de polythène sur le terrain en les plaçant sur des crêtes et des
monticules ou sur un sol plat pendant 20 minutes.

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Étape 6: Transplantez les piquets germés dans la pépinière à une profondeur de 2 à 4 cm à un
espacement de 100 cm × 50 cm ou de 50 cm × 50 cm dans un champ de multiplication rapide
bien préparé. Manipulez les pieux avec soin pour éviter les bris.
NB : Ne transplanter que lorsqu'il y a suffisamment d'humidité dans le sol.

Étape 7: Récoltez les tiges de manioc 6 à 8 mois après la plantation. Pour récolter, coupez les
tiges à une hauteur de 20–25 cm au-dessus du sol avec une machette tranchante.
NB : Évitez de blesser les tiges récoltées

Étape 8: Plantez sur la ferme principale.

Multiplication rapide des boutures de manioc à 3 nœuds pour une plantation directe au
champ

Étape 1: Traitez les micro-boutures avec des bio-pesticides (insecticides ou des fongicides)
comme pour le traitement des boutures à 2 nœuds.

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Étape 2: Plantez les enjeux traités directement sur le champ de multiplication en utilisant
l'espacement approprié, comme décrit dans la méthode de bouturage à 2 nœuds (étape 6).

Figure 6. Pièces à 3 nœuds

1.8. Synthèse
L'obtention de rendements élevés de 20 à plus de 45 t / ha à partir de variétés améliorées
commence par cette étape critique de la manipulation des tiges. Pour augmenter les rendements
de manioc, commencez par suivre les étapes recommandées dans ce module.

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MODULE 2 : TECHNOLOGIES SANS INTRANTS EXTERNES POUR AUGMENTER
LE RENDEMENT DE LA PRODUCTION DE MANIOC

2.1. Zéro intrant


Vous pouvez faire pousser du manioc en utilisant la technologie zéro intrant. Cela ne
nécessite pas de produits chimiques, tels que des engrais et des herbicides, ou du compost
organique lorsque le sol est moyennement riche. La méthode zéro intrant encourage l'activité
biologique dans le sol et offre une protection naturelle contre les maladies. Il peut garantir de
bons rendements, à condition que vous sélectionniez une terre avec suffisamment de matière
organique, utilisiez les bonnes variétés, plantez au bon espacement et au bon moment, et assurez
un champ sans mauvaises herbes. Dans ce module, nous examinons cette pratique agricole
respectueuse de l'environnement.

2.2. Comment utiliser les technologies sans intrants pour obtenir de bons rendements
▪ Choisissez un bon sol avec une fertilité moyenne et un bon drainage.
▪ Évitez les sols pierreux, argileux ou gorgés d'eau.
▪ Utilisez un champ bien entretenu.
▪ Pratiquez un travail minimum du sol dans les sols sablonneux afin de conserver la
matière organique, l'humidité et de réduire l'érosion du sol.
▪ Dans les sols peu profonds ou durs, créez des crêtes ou des monticules/billons pour
augmenter le volume de la couche arable par plante pour un meilleur établissement
(Figures 7a et 7b).

Figure 7a. Dans les sols profonds, Figure 7b. Dans les sols peu profonds,
le manioc est planté sur un terrain plat le manioc est planté sur des monticules
pour augmenter le volume de la couche
arable par plante

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▪ Choisissez des variétés améliorées avec le rendement le plus élevé et le plus stable dans
les exploitations agricoles.
▪ Sélectionnez du matériel de plantation à partir de plants de manioc sains (âgés de 9 à
15 mois) sans dommages pour les tiges ou les feuilles causés par des parasites ou des
maladies.
▪ Manipulez les tiges avec précaution pour éviter les ecchymoses ou les dommages aux
nœuds et pour améliorer la germination.
NB : Ne forcez pas lorsque vous attachez les tiges dans des ballots et lorsque vous chargez des
véhicules (Figure 8).

Figure 8. L'utilisation de la force pour attacher les tiges en faisceaux peut provoquer une
casse

▪ Coupez le milieu des tiges en longueurs de 25 cm avec 5–7 nœuds. Les parties médianes
s'établissent mieux que les extrémités et les parties basales (Figure 9).

Figure 9. Les meilleures coupes proviennent de la partie médiane de la tige

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▪ Plantez au bon moment pour assurer une germination saine et un bon établissement de
la culture. Il n'est pas recommandé de planter en saison sèche lorsque les pluies cessent
tôt ou lorsque la nappe phréatique est basse. Il se peut que l’humidité ne soit pas
suffisante pour permettre la germination et la survie des tiges. En général, le manioc
doit être planté lorsque l'on prévoit 2 mois d'humidité adéquate du sol après la
plantation.
▪ Plantez à l'espacement correct. L'espace de plantation recommandé est de 1 m × 1 m
pour les types de ramification et de 1 m × 0,8 m pour les types sans ramification (figure
10a et b).

Figure 10a. Type avec ramification Figure 10b. Type sans ramification

▪ Désherbez le champ tôt. Le désherbage précoce est plus facile et empêche les mauvaises
herbes de rivaliser avec la culture pour les nutriments, l'eau, la lumière et l'espace à cette
période importante. Si vous plantez tôt dans la saison des pluies, désherbez 4, 8 et 12
semaines après la plantation. Si la saison des pluies se termine avant que cet horaire ne
puisse être achevé, poursuivez le désherbage pendant la saison des pluies suivante 6 à
10 semaines après le début des pluies.

2.3. Qualités des variétés améliorées de manioc


▪ Grandir vite et mûrir tôt ;
▪ Tolérer les principales maladies et ravageurs ;
▪ Donner des rendements racinaires élevés (frais et secs) ;
▪ Répondre aux besoins de qualité des utilisateurs finaux ;
▪ Stockez bien dans le sol pendant 12-15 mois.

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2.4. Comment augmenter le rendement sans acheter d'intrants améliorant les éléments
nutritifs du sol
▪ Travail du sol : Toutes les techniques de préparation du sol présentées dans le module
1 sont valables pour la production durable du manioc. Outre ces techniques de
préparation du sol, il y a la gestion des résidus de récolte où le zéro brûlis est
recommandé. Selon le type de labour, on distingue :
✓ En labour manuel : Andainage des résidus de récolte en ligne ou paillage en
bande ; Couper les tiges et les ranger dans les sillons ou étaler les résidus dans
tout le champ lorsqu’il n’y a pas de bande. En cas de pente, ranger les résidus
perpendiculairement à la pente pour freiner la vitesse de l'eau de ruissellement.
✓ En labour mécanisé : Etaler les résidus et les enfouir, ou faire le gyrobroyage
des tiges et laisser en paillis ou les enfouir.
▪ Remplacement des plants perdus après la plantation : Les boutures qui ne poussent pas
et les pousses fragiles doivent être enlevées et éliminées de la zone de culture, afin
d’éviter la transmission de toute maladie qui pourrait avoir causé l’échec. De nouvelles
boutures vigoureuses doivent être plantées avant la troisième semaine après la
plantation initiale, afin de maintenir la densité prévue. Ces nouvelles boutures ne
doivent pas être plantées exactement dans les mêmes trous qu’occupaient celles qui ont
échoué, pour éviter le risque de répétition du problème initial.
▪ Association des cultures : pour faire une bonne association, les familles des cultures
doivent être connues afin d’éviter d’associer les cultures qui exploitent les mêmes
horizons (couches) du sol. Une bonne association permet de produire plus de matière
organique qu’une monoculture et de réduire les pertes de nutriments par érosion et par
conséquent d’améliorer la fertilité du sol. Plantez des légumineuses telles que le soja,
l’arachide, le niébé, le pois d’Angole, l’Aeschynomene, le Stylosanthès… en
association au manioc. On a constaté que les cultures intercalaires manioc / maïs et
manioc / légumineuses permettaient de mieux utiliser les terres, de réduire l'érosion des
sols et de réduire les risques de perte de récolte. Des bandes de brachiaria peuvent être
installées à l’intérieur des lignes de manioc. Dans ce cas, veillez à ce que la première
ligne de brachiaria soit distante de 50cm des pieds de manioc afin d’éviter la
concurrence de la lumière Espacer les lignes de brachiaria de 30 à 40 cm entre elles.
Toujours éviter des plants touffus autour du même pied de manioc pour ne pas affecter
son rendement. Pour le soja et le niébé, deux lignes peuvent être plantées entre les lignes
de manioc.

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Le manioc peut également être associé à de l'igname, de la patate douce, du gombo et
des légumes feuilles. Généralement, ces cultures (les légumineuses, le gombo, l’amarante
et le maïs) sont semées 4 à 6 semaines après le manioc pour qu’elles ne recouvrent pas les
jeunes plants.
Pour la culture du manioc en pur, plantez-le au sommet de la crête ou du billon. Quand
intercalé avec du maïs, planter du manioc sur le dessus et du maïs sur le côté de la crête.
Si le manioc est cultivé en culture intercalaire, ajustez l’espacement entre 0,8 m × 1 m à 1 m ×
1 m pour répondre aux habitudes de ramification du manioc et des autres cultures. De bons
rendements sont obtenus avec les combinaisons suivantes :
✓ Maïs + Arachides + Manioc
✓ Maïs + Niébé + Manioc
✓ Maïs + Manioc + soja
✓ Maïs + Manioc + pois d’Angole ou Aeschynomene…..
▪ Assolement/Rotation des cultures : un système de rotation améliore la fertilité du sol
et permet de rompre le cycle de développement des ravageurs. Planter du manioc en
continu dans le même champ entraîne la prolifération des maladies et des nuisibles,
la diminution des rendements et l’échec des cultures. Pour éviter cela, il faut attendre
au moins trois ans avant de replanter du manioc dans un même champ ou un champ
ayant portée la patate douce. Eviter aussi de cultiver le manioc immédiatement après
les cultures maraîchères comme la tomate et le piment notamment pour éviter les
maladies de pourriture du manioc par les champignons et les nématodes qui
attaquent les cultures maraîchères. Le Brachiaria ruziziensis en antécédent cultural
au manioc permet d’ameublir le sol à travers son système racinaire et permet un bon
développement des tubercules.
Exemples d’assolement-rotation
Assolement-rotation à base de manioc et légumineuses

Année 1 Année 2 Année 3 Année 4

Manioc +
Option 1 Soja Coton Maïs
Aeschynomene

Manioc associé à
Option 2 Pois d’Angole Coton Maïs
Aeschynomene

Option 3 Pois d’Angole Pois d’Angole Maïs Manioc

Manioc sous mulch


Option 4 Aeschynomene Aeschynomene Maïs
d’Aeschynomene

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Manioc sous mulch
Option 3 Mucuna Maïs Pois d’Angole
du mucuna

▪ Contrôle de l’enherbement : le Semis du manioc sous Couverture Végétale (SCV)


permet de lutter efficacement contre les mauvaises herbes sans utiliser les herbicides.
▪ Le SCV regroupe l’ensemble des systèmes de culture basés sur le principe fondamental
de couverture permanente du sol. La pratique a un double objectif de protection et de
fertilisation. Avec le SCV, le sol doit toujours être couvert ; il ne doit pas être travaillé,
ni labouré, ou alors au strict minimum. La plantation s’effectue directement dans la
couverture végétale, morte ou vivante. La couverture végétale peut être un mulch mort
(paillage apporté ou paillage issu de la destruction d’une plante de couverture) ou une
plante vivante (plante de couverture) associée à la culture du manioc. Les plantes
améliorantes (Mucuna, Pois d’Angole, Centrosema, Aeschynomene, Stylosanthès…)
sont adaptées à la culture du manioc. Le paillage de manioc consiste à recouvrir la
surface du sol avec des matières végétales. Il est particulièrement utile pour la culture
du manioc dans les zones sèches et sur les pentes. Il présente les avantages suivants:
- Contrôle des herbes indésirables ;
- Augmentation de la quantité de matière organique et de capacité du sol à retenir
l'eau ;
- Réduction de l'érosion.
▪ Les sources de bon matériel de paillage comprennent les feuilles mortes des cultures en
allées, les résidus de récolte, la biomasse des plantes améliorantes telles les légumineuses
ou les graminées à forte production de biomasse comme le Brachiaria (paillis vivant), les
herbes coupées soit dans l’exploitation ou ramenées d’ailleurs. Pour couper les herbes, il
faut veiller à ce que les herbes à couper ne soient pas en train de produire des graines,
afin d’éviter d’envahir le champ de manioc avec les herbes indésirables. Pour permettre
au paillis de contrôler efficacement les herbes indésirables, il faut que la couche de paillis
soit épaisse et recouvre toute la surface du champ de manioc.
▪ Apport d’autres sources de matière organique au sol lorsqu’il en manque : Presque la
totalité des sols du Zou/Collines et Borgou/Alibori sont dégradés, d’où la nécessité
d’apport de matière organique. Les débris végétaux et fèces d’animaux peuvent être
utilisés pour réaliser le compost à incorporer au sol avant la plantation du manioc. Afin
d’accroitre la capacité de rétention d’éléments nutritifs et d’améliorer la structure du sol,
la biomasse végétale (rafle de maïs, résidus forestiers…) peut servir à la fabrication du
biochar qui sera mélangé au compost pour la production du manioc. Les engrais
organiques (comme bouse de vache, déjections des petits ruminants, fientes des volailles,

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fientes des chauves-souris, crottes de lapin, les épluchures de manioc) peuvent être
également incorporés au sol. L’engrais organique est apporté de façon raisonnée lors de
la préparation du sol ou de la plantation, à raison de 10T/ Ha en moyenne.
▪ Protection contre les maladies et les ravageurs: Utiliser du matériel végétal de variétés
qui tolèrent les principaux ravageurs et maladies ou qui y résistent, organiser la
surveillance sanitaire des exploitations de manière permanente afin de déceler très tôt les
symptômes d'attaques avant que celles-ci ne soient graves, et adopter des pratiques telles
que la rotation, l’utilisation des bio-pesticides (extrait aqueux des feuilles de neem ou du
gliricidia), les pièges collants.
▪ Autres précaution d’entretien : Eviter le développement de buissons de Chromolaena
odorata (« Agatou» en Fon) dans le voisinage immédiat du champ de manioc car ses
friches servent de gîtes de reproduction au criquet puant (Zonocerus variegatus), insecte
grand ravageur des champs de manioc. Nettoyer les abords du champ sur une largeur de
± 3 m pour repousser les rongeurs et lutter contre le feu de végétation. Installer des haies
vives défensives autour des parcelles pour limiter les dégâts d’animaux (bœufs,
moutons,…). Utiliser de préférence les espèces épineuses (Ziziphus, Campêcher,
Cactus). Le jatropha, le Gliricidia peuvent être également utilisés.

2.6. Synthèse
▪ Un bon rendement chez le manioc peut être obtenu sans produits chimiques car ceux-ci
sont destructeurs de l’environnement et affectent la santé humaine. Ils sont aussi parfois
indisponibles ou trop coûteux, et exigent trop de connaissances techniques de la part de
l’agriculteur. Cette stratégie de production agricole respectueuse de l'environnement est
plus appropriée pour le manioc que des cultures telles que le maïs, le riz et le sorgho,
qui ont une forte demande d'engrais.
▪ Des matériels de plantation sains et à haut rendement peuvent être reçus ou achetés
auprès des instituts de recherche sur le manioc du pays, du programme sur le manioc
ou des programmes racines et tubercules.
▪ De bons matériels de plantation peuvent être achetés auprès d’agriculteurs individuels
et formés, d’associations d’agriculteurs ou d’entreprises de semences qui multiplient le
manioc pour le vendre dans votre région.

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MODULE 3 : PRATIQUES DE LUTTE CONTRE LES MAUVAISES HERBES DANS
LA PRODUCTION DE MANIOC

La lutte contre les mauvaises herbes en Afrique subsaharienne représente jusqu'à 60%
de la main-d'œuvre cultivée et plus de 40% du coût total de la culture du manioc. Dans ce
module, nous examinons des pratiques efficaces et rentables de lutte contre les mauvaises
herbes dans la production de manioc.

3.1. Mauvaises herbes habituellement trouvées dans les champs de manioc


Il existe deux grandes catégories: les mauvaises herbes annuelles et les mauvaises
herbes vivaces. Les mauvaises herbes peuvent également être regroupées en mauvaises herbes
à feuilles larges, graminées et carex :
Mauvaises herbes à feuilles larges : Chromolaena odorata, Commelina benghalensis,
Euphorbia heterophylla, Aspilia africana et Mimosa spp.
Graminées : Imperata cylindrica, Cynodon dactylon, Panicum maximum et Pennisetum
polystachion
Carex : Cyperus rotundus, Cyperus sculentus, Mariscus alternifolius et Mariscus labelliformis

3.2. Quand et comment contrôler les mauvaises herbes


Les mauvaises herbes sont contrôlées pour que le manioc pousse et se développe bien.
Contrôle des mauvaises herbes se fait dans les 3-4 mois après la plantation (MAP).
Méthode biologique: Les techniques de lutte biologique contre les mauvaises herbes
suppriment la croissance des mauvaises herbes sont :
▪ Jachère ;
▪ Gestion de la densité végétale et du couvert ;
▪ Désherbage à la main ou à la houe (Figure 11) ;
▪ Prévenir la propagation des graines de mauvaises herbes (Figure 12).

Figure 11. Désherbage à la main ou à la houe Figure 12. Culture de couverture

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Méthode chimique: Les herbicides tuent ou endommagent les mauvaises herbes. Les herbicides
peuvent être appliqués avant la préparation du sol (avant le labour), immédiatement après la
préparation du sol (avant la plantation) et 4 à 8 mois après la plantation (en post-levée).

3.3. Contrôle chimique


▪ Pour lutter contre les mauvaises herbes vivaces difficiles à détruire que la traction à la
main ne peut pas éliminer.
▪ Pour éviter d'endommager les racines de manioc.
▪ Pour lutter contre les mauvaises herbes annuelles qui poussent rapidement et produisent
de nombreuses graines.
▪ Cultiver rapidement et efficacement de grandes exploitations.

3.4. Quand et comment appliquer des produits chimiques


▪ Pré-plantation: Utiliser des herbicides contenant du glyphe saturé à raison de 3 à 4 L /
ha, 10 jours avant la préparation du sol (Figure 13).
▪ Prélevée: selon la disponibilité, utiliser (Atropine + Métolachlore) à 4 L / ha, ou
Atrazine + Pendiméthaline à 4-6 L / ha, ou Fluometuron + Metolachlor à 5 L / ha, ou
Fluomeuron + Pendiméthaline à 4 L / ha (Figure 14).

Figure 13. Application avant la plantation Figure 14. Application en prélevée

▪ Post-levée: Utilisez Fusilade Forte 150 EC recommandé à raison de 5–6 L / ha 12


semaines après la plantation pour les graminées. Appliquer Diuron + Paraquat à raison
de 7 L / ha (pulvérisation dirigée) 4 à 8 semaines après la plantation (au début de la
levée) pour les mauvaises herbes à feuilles larges. Évitez les dommages directs ou dus
à la dérive (Figure 15).

20
Figure 15. Application en post-levée

3.5. Conseils pour une lutte chimique efficace contre les mauvaises herbes
▪ Choisissez le bon herbicide pour le travail.
▪ Vérifier et calibrer le pulvérisateur.
▪ Connaître le volume de pulvérisation nécessaire. Le volume de pulvérisation standard
est de 200 L / ha, la vitesse et la marche est de 1 m / sec ou 3,6 km / h.
▪ Portez les vêtements de protection appropriés.
▪ Suivez les instructions du fabricant pour chaque herbicide. LISEZ L'ÉTIQUETTE
ET OBSERVEZ L'ÉTIQUETTE (cinq fois: une avant l'achat, deux avant le mélange,
trois avant l'application, quatre lors de l'entreposage et cinq avant l'élimination de
l'herbicide en excès) (Figure 16).
▪ Diluez l'herbicide correctement. Trop est dangereux: trop peu ne fonctionne pas.
▪ Regarde la météo. Ne pas pulvériser par temps venteux, par temps très sec ou par forte
pluie.
▪ Achetez la quantité nécessaire pour une pulvérisation ou une saison de croissance.
▪ Stocker les herbicides correctement.
▪ Maintenir le pulvérisateur en bon état.

21
3.6. Groupes de contrôle des mauvaises herbes
Les départements de vulgarisation agricole du ministère de l'Agriculture ou de
l'administration locale sont encouragés à organiser des jeunes susceptibles d'être formés pour
devenir des groupes de lutte contre les mauvaises herbes dans diverses localités. Ces groupes
et les entreprises d'herbicides devraient être liés. Les entreprises peuvent dispenser une
formation aux jeunes pour aider les agriculteurs à choisir et à appliquer correctement les
herbicides.

22
3.7. Synthèse
Une combinaison de méthodes culturales, biologiques et chimiques rentables est
nécessaire pour une gestion efficace et abordable des mauvaises herbes dans la production de
manioc. Les méthodes de contrôle chimique et biologique nécessitent des connaissances
techniques.

23
MODULE 4 : MECANISATION RENTABLE DE LA PRODUCTION DE MANIOC

4.1. Justification
La production de manioc en Afrique est principalement entre les mains de petits
exploitants agricoles qui dépendent d'un travail manuel coûteux. Utiliser des intrants améliorés,
tels que des variétés améliorées, des engrais et des herbicides, pour stimuler la production de
manioc, ne peut être réalisé sans mécanisation. Ce module fournit un guide sur la mécanisation
rentable dans la production de manioc et se concentre sur la mécanisation à petite échelle pour
les fermes de 1 à 20 ha.

4.2. Pratiques de mécanisation et d'exploitation agricoles rentables


▪ Une mécanisation rentable signifie que tous les coûts sont couverts et que l'agriculteur
réalise un bon profit.
▪ Le défrichage, le travail du sol, la plantation, l'application d'engrais, la lutte contre les
mauvaises herbes et la récolte peuvent être mécanisés.
▪ Le niveau de mécanisation peut être petit, moyen ou élevé, en fonction de la superficie
du terrain.
▪ Une planification minutieuse est nécessaire car l'achat ou la location de machines est
une entreprise coûteuse pour un petit exploitant.
▪ Les bonnes machines et un calendrier approprié pour les opérations sur le terrain sont
nécessaires.
▪ Le terrain, le type de sol et les précipitations sont tous importants lorsque l'agriculteur
choisit des machines.

4.3. Machines disponibles pour la production commerciale de manioc de petite à moyenne


échelle
1. Défrichage
▪ Le défrichage peut être mécanisé à l’aide de bulldozers légers, de treuils pour singes,
de crics et de scies à chaîne.
▪ Les bulldozers légers tels que D6 ou D65 peuvent nettoyer 2 ha ou plus en une journée
dans les zones en jachère, en fonction de la végétation. Les bulldozers enfoncent les
arbres et les arbustes et la lame ne doit pas toucher la terre arable.
▪ Les bulldozers ne sont utilisés que sur les sols secs, en particulier pendant la saison
sèche, pour éviter le compactage.

24
▪ Chaque fois que les bulldozers ne sont pas nécessaires ou non disponibles, le treuil pour
singe est la prochaine machine la plus efficace pour le défrichage.
▪ Il peut défricher 1 ha dans la moitié du temps nécessaire pour effectuer le travail à la
main.
▪ Le treuil pour singe est utile pour abattre des arbres, en arracher les racines sans
endommager le sol et il est facile à transporter sur le terrain en raison de son poids léger.
▪ La scie à chaîne est portative et très utile pour abattre des arbres et abattre des arbustes.
▪ Pour une efficacité accrue, elle est généralement combinée au treuil du singe ou les
souches sont enlevées à la main.
▪ La débroussailleuse est conçue pour nettoyer les herbes, les petits arbustes et les
arbustes.
▪ Avec une débroussailleuse de puissance moyenne, un agriculteur peut défricher 1 ha de
terrain en moins de 2 heures.

25
2. Labour
▪ Le labour assouplit et aère le sol, et mélange la matière organique et les nutriments de
manière assez homogène; les racines peuvent pénétrer plus profondément et les plantes
sont mieux établies. En terre en jachère, il faut 40 à 50 personnes un jour pour cultiver
un ha à la main et fabriquer des monticules. Dans les savanes, il faut 25% moins de
travail pour faire le même travail. Le labour du sol peut être mécanisé à l'aide de
charrues montées sur tracteur ou de motobineuses (Figure 17a). Les charrues les plus
courantes, par exemple, sont le type de disque. Ils sont conçus pour casser, tourner,
mélanger et soulever le sol.
▪ Un opérateur qualifié peut labourer 4 ha par jour. Une charrue à disques permet de
réaliser des économies et est plus rapide qu'un labour manuel.
▪ L'utilisation d'un motoculteur est la deuxième machine la plus efficace pour le labour
lorsque des charrues montées sur tracteur ne sont pas nécessaires ou non disponibles
(Figure 17b). Il peut atteindre 1,0 à 1,8 ha en 8 heures, selon le degré d'humidité et de
lourdeur du sol. De nombreux petits agriculteurs pourraient contribuer financièrement
à l'achat d'un motoculteur pouvant desservir au moins 250 hectares de terres par an.

Figure 17a. Charrue montée sur tracteur Figure 17b. Motoculteur

3. plantation
▪ En général, les agriculteurs plantent à la main et il faut 8 à 10 personnes pour planter 1
ha par jour (Figure 18).
▪ La plantation de manioc peut être mécanisée à l'aide de planteuses à tracteur (Figure
19). Les planteuses mécaniques conviennent à la plantation à grande échelle. Pour les
petits et moyens agriculteurs, engager un planteur mécanique et payer des frais de
plantation pourrait être plus rentable.

26
Figure 18. Agriculteurs plantant du manioc à la main

Figure 19. Plantation mécanique de manioc


▪ Un planteur à 2 rangs peut planter 7–10 ha en une journée, selon le terrain.
▪ C'est plus rapide et 50% moins cher que de planter à la main.

27
▪ Le semoir nécessite un tracteur de 60 à 70 CV, en particulier dans les sols susceptibles
de se compacter. Il faut souvent quatre personnes pour faire fonctionner une jardinière
à deux rangées: un conducteur de tracteur, deux personnes pour alimenter les piquets
dans la jardinière et une personne sur le terrain.
▪ Les boutures doivent avoir la même longueur, la même taille et la même forme, avec
des extrémités parfaitement coupées. Les boutures de tiges peuvent être préparées à la
main à l’aide d’outils simples tels que des scies à métaux ou une petite scie mécanique
à chaîne. Une machine à couper les tiges de manioc a également été développée.
▪ Certains planteurs mécaniques peuvent simultanément couper les tiges de manioc en
piquets de longueur constante, planter à équidistance, appliquer de l'engrais et couvrir
les piquets plantés. Généralement, ce type de semoir mécanique peut planter 3 à 6 ha
en 1 jour.
▪ Les boutures doivent avoir la même longueur, la même taille et la même forme, avec
des extrémités parfaitement coupées.
▪ Les boutures de tiges peuvent être préparées à la main à l’aide d’outils simples tels que
des scies à métaux ou une petite scie mécanique à chaîne. Une machine à couper les
tiges de manioc a également été développée.

4. Désherbage
▪ Les mauvaises herbes réduisent le rendement des cultures. Le désherbage est l'élément
le plus coûteux de la production de manioc.
▪ Les mauvaises herbes peuvent être supprimées à l’aide d’herbicides et d’un
pulvérisateur à rampe monté sur un tracteur.
▪ Les pulvérisateurs à rampe ont un réservoir pouvant contenir 400 à 610 litres de produit
chimique. Ils réduisent le coût du travail, économisent du temps et de l’énergie.
▪ Le pulvérisateur à dos est également utilisé et est actionné manuellement. Cela prend
beaucoup de temps et n'est pas rentable, mais cela fonctionne bien pour les petits
agriculteurs.

4.4. Synthèse
Un système de production mécanisé approprié, développé avec soin, peut réduire les
besoins en main-d’œuvre et les coûts opérationnels. Il est conseillé aux agriculteurs de
sélectionner avec soin les machines nécessaires aux opérations, en fonction de l’ampleur de
leur production, afin d’éviter de choisir une méthode de production trop coûteuse pour le
travail. De nombreux pays et administrations locales et le secteur privé de nombreux pays ont

28
des institutions responsables des services de location de machines mécaniques. Les
gouvernements africains sont encouragés à rendre les services de location de machines
agricoles fonctionnels, organisés et accessibles. Les agriculteurs sont donc encouragés à tirer
parti de ces services.

29
MODULE 5 : RECOLTE, TRAITEMENT ET STOCKAGE DES RACINES

5.1. Quand récolter


Les racines de manioc doivent être récoltées au plus haut de la maturité ou au bon âge,
de la bonne taille et de la tendresse requise pour le marché du frais (utilisation des racines
comme collation ou pour la cuisine de maison). Les racines de manioc pleinement mûries
doivent être récoltées pour la transformation.
Les racines de manioc peuvent perdre l'amidon précieux, pourrir ou devenir ligneuses
si elles ne sont pas récoltées à maturité. Ils sont exposés aux rongeurs et la terre ne pourra être
exploitée de manière productive à la saison suivante si les racines ne sont pas récoltées. Cela
contribue à la production agricole générale dans les systèmes de petits exploitants et peut
entraîner une pénurie de terres et augmenter les coûts de production, en particulier dans les
endroits où les terres sont rares. Ce module fournit un guide sur la récolte appropriée et la
manipulation post-récolte du manioc.

▪ Récoltez les racines de manioc lorsqu'elles sont mûres pour avoir accumulé
suffisamment d'amidon mais ne sont pas encore devenues fibreuses.
▪ L'âge optimal lorsque les rendements en amidon et en matière sèche sont les plus élevés
est de 9 à 12 mois après la plantation, en fonction de la variété et du climat. Certaines
variétés mûrissent dans 15 à 18 mois. Une saison froide prolongée peut retarder la
maturité du manioc.
▪ Une récolte trop précoce entraîne un faible rendement alors qu'une récolte retardée
pourrait réduire le rendement.
▪ Récoltez le manioc lorsque le sol est légèrement mou mais qu’il ne contienne pas trop
d'eau. Vous pouvez donc facilement enlever le sol des racines. La récolte dans un sol
meuble est plus facile que lorsque le sol est plus dur. Les racines récoltées dans des
conditions détrempées se coincent dans le sol, ce qui peut conduire à des
enregistrements de poids inexacts. En outre, les racines peuvent être très sales et
fortement contaminées lors de leur pelage, ce qui nécessite un grand volume d’eau et
un temps prolongé pour bien les laver.

5.2. Comment récolter le manioc


Les racines de manioc sont récoltées en tirant sur la tige qui les transporte hors du sol.
La récolte peut se faire manuellement ou mécaniquement.

30
Méthode manuelle:
▪ Coupez la plante à environ 30–50 cm du sol. utilisez la tige pour soulever les racines.
▪ Tirez doucement la plante et ne traînez pas les racines. Le dragage peut provoquer des
ecchymoses et des coupures pouvant entraîner une détérioration précoce (Figure 20).

Figure 20. Récolte

▪ Si le sol est compact, desserrez-le en prenant soin de ne pas endommager les racines
(Figure 21a).

Figure 21a. Desserrer les sols durs Figure 21b. Couper chaque racine
près de la tige

▪ Séparez les racines de la tige à l'aide d'un couteau tranchant ou d'un coutelas.
▪ Couper chaque racine près de la tige. Ne pas casser les racines du moignon à la main.
Cela provoquerait des blessures pouvant entraîner la pourriture des racines (Figure 21b).
▪ Après la récolte, ne laissez pas les racines au soleil. Trop de chaleur entraîne une perte
de poids et une détérioration précoce.

31
▪ La méthode de récolte manuelle nécessite généralement de 40 à 60 personnes, selon la
saison, pour récolter 1 ha de manioc en une journée.

Méthodes mécaniques:
Manivelle
▪ Cet équipement est actionné manuellement et réduit le travail de levage des tubercules
(Figure 22).
▪ Les mâchoires saisiront fermement la base de la tige.
▪ Le levier est ensuite utilisé pour soulever les racines.
▪ Le releveur peut récolter jusqu'à 200 plantes / heure.

Figure 22. Élévateur à manioc

Récolteuse de manioc motorisée


▪ La récolteuse mécanique coupe, creuse et soulève le sol contenant le groupe de racines
de manioc.
▪ L'équipement est généralement tiré par un tracteur et utilisé par les grands agriculteurs
(Figure 23).
▪ Une récolteuse mécanique à 2 rangs peut récolter une ferme de manioc de 3 à 5 ha en 1
jour, selon le terrain. C'est plus rapide et 50% moins cher que de le récolter à la main.
Les récolteuses mécaniques peuvent être importées ou achetées localement.

32
Figure 23. Récolteuse de manioc motorisée

5.3. Transport des racines de manioc


Les tubercules de manioc attachés à la tige principale peuvent rester en toute sécurité
dans le sol pendant plusieurs mois. Cependant, après la récolte, les racines commencent à se
détériorer au bout de 2 à 3 jours et perdent rapidement toute leur valeur pour la consommation
ou l’utilisation industrielle. Ce module fournit un guide sur la manipulation et l'entreposage du
manioc après la récolte.

Transport des racines de manioc


Pour éviter la détérioration des racines et la perte de qualité, transportez-les vers le
champ, le marché ou l'usine de traitement immédiatement après la récolte.

Comment transporter les racines de manioc


▪ Utilisez des brouettes ou tout autre conteneur approprié pour transporter les racines en
petites quantités et sur de courtes distances, par exemple de la ferme au bord de la route
ou du centre de groupage, où elles seront chargées dans un véhicule pour le transport
sur de longues distances.

33
▪ Détachez doucement les racines de la brouette ou du conteneur sans causer de blessures
ni de dommages aux racines
▪ Les véhicules transportant du manioc sur une longue distance doivent être recouverts
d'une bâche afin d'éviter une perte d'humidité rapide des racines (Figure 24).
▪ Utilisez des charrettes à bœufs pour le transport, en particulier dans les zones rurales où
il n'y a pas de routes pavées ou où les routes ne sont pas praticables pour les véhicules
(Figure 25)

Figure 24. Transport des racines de manioc Figure 25. Chariot à bœufs chargé
de racines de manioc
▪ Triez et rangez soigneusement les racines dans le véhicule ou le chariot pour gagner de
la place
▪ Ne placez pas d'objets lourds, tels que des pneus de véhicule, sur les racines après le
chargement.

5.4. Stockage des racines de manioc


Les racines de manioc commencent à se détériorer peu après la récolte. Une
décoloration interne et une perte de valeur commerciale se produisent si elles ne sont pas cuites
ou transformées dans les 24 à 48 heures suivant la récolte. Une infection fongique et bactérienne
secondaire peut causer la pourriture des racines non traitées.

Comment conserver les racines de manioc ?


Méthodes de stockage traditionnelles
▪ Les racines de manioc sont laissées sous terre après maturité et récoltées au coup par
coup en cas de besoin. Cette pratique est courante lorsque le manioc est utilisé pour la
sécurité alimentaire. Cependant, il n'est pas recommandé pour la pratique commerciale.
▪ Les racines de manioc sont entassées à l'ombre et arrosées chaque jour.
▪ Les racines non endommagées sont stockées dans des fosses ou des tranchées
(généralement d’un mètre de long et de 30 à 40 cm de large) creusées dans des sols bien

34
drainés, dans des zones peu profondes et ombragées. Les tranchées, dont le long côté
est dirigé vers le bas, sont bordées de paille et de feuilles séchées avant d'y disposer les
racines, puis recouvertes de terre, de préférence de sable de rivière ou de mer. Les zones
gorgées d'eau et l'argile lourde à recouvrir doivent être évitées.
▪ Les racines de manioc sont recouvertes d'argile ou de boue.
▪ Les racines fraîchement récoltées ou pelées sont conservées pendant 1 à 2 jours en les
immergeant complètement dans l'eau. Les racines sont simultanément désintoxiquées
mais peuvent fermenter ou se gâter au bout de 3 jours.
▪ Le stockage par tas ou par trempage, dans des fosses ou par enrobage ne prolonge que
2 à 3 jours la durée de conservation des racines. Ceci ne convient pas aux opérations
commerciales.

Comment réduire les pertes post-récolte ?


▪ Récolter lorsque le sol est humide ou meuble.
▪ Lors de la récolte, coupez les racines de la tige en laissant 2-5 cm de celles collées sur
les racines.
▪ Évitez les ecchymoses ou les dommages aux racines pendant la récolte et le transport.
▪ Sélectionnez des racines non lésées si vous souhaitez stocker plus d'une semaine.
▪ Traiter les racines non pelées avec des fongicides avant le stockage.

Méthodes de stockage améliorées


▪ Choisissez une zone bien drainée, de préférence ombragée et légèrement en pente.
▪ Creuser des tranchées mesurant 1 mètre (m) de large et 30–40 cm de profondeur.
▪ La longueur varie en fonction du volume des racines. Une tranchée de 1 m de long peut
contenir de 70 à 80 kg de racines.
▪ Creusez les tranchées de manière à ce que la longueur soit dirigée vers le bas.
▪ À l'extrémité inférieure de la tranchée, faites un fossé de drainage d'au moins 20 cm de
large et de 5 à 10 cm plus profond que la tranchée de stockage.
▪ Disposez les racines mûres et non endommagées dans la tranchée. Recouvrez chaque
couche de terre, de préférence de sable de rivière ou de sable de mer. Un sol argilo-
limoneux peut également être utilisé s'il n'est pas trop humide.
▪ Ne pas utiliser d'argile lourde. Un sol de ce type pourrait accélérer la détérioration des
racines.
▪ Ne gardez pas le manioc dans une zone gorgée d'eau car les racines pourriront
facilement.

35
Stockage dans la sciure de bois
▪ Sélectionnez des racines saines qui n'ont pas été endommagées ou meurtries et qui ont
été récoltées plus de 24 heures.
▪ Mettez une couche de sciure de bois humide dans des caisses ou des paniers en bois
recouverts de feuilles de plastique afin d'éviter que la sciure de bois ne sèche.
▪ Disposez les racines en couches alternées de sciure de bois humide dans la caisse en
bois et stockez-les (Figure 26).

Figure 26. Stockage dans la sciure de bois


▪ Pour éviter les altérations microbiennes, la sciure de bois doit être humide, pas trop
humide.

Stockage dans des termitières artificielles


▪ La méthode est pratique lorsque les racines fraîches (sucrées) sont commercialisées sur
plusieurs jours pour des utilisations fraîches ou transportées sur de longues distances.
La période de stockage est d'environ 1 mois.
▪ Choisissez un endroit sec dans la ferme ou la zone de traitement et creusez une tranchée
peu profonde.
▪ Placez une couche de paille, ajoutez une couche de racines non endommagées
sélectionnées pour former un cône ou un monticule (Figure 27).

36
Figure 27. Termitière artificielle avec du manioc

▪ Ajoutez 20 cm de paille, puis couvrez avec de la terre en laissant des ouvertures en bas
pour la ventilation, afin de maintenir la température au-dessous de 40°C pour guérir les
blessures et pour le stockage.
▪ Assurez une ventilation adéquate et que le sol reste sec.

Cette méthode fonctionne mieux pour les agriculteurs, les commerçants ou les
transformateurs pour conserver d'importants stocks de racines non meurtries ou non
endommagées jusqu'à 4 semaines sans perte de qualité.

Stockage dans des sacs en polyéthylène


▪ Traitez les racines non meurtries ou non endommagées avec un fongicide tel que la
solution de thiabendazole (0,4% p / p) pour éviter la détérioration microbienne.
Alternativement, de l'eau de Javel domestique (0,95% de chlore actif) pourrait être
utilisée.
▪ Emballer sous vide dans des sacs en polythène, ce qui le rend étanche à l'air et crée
l'atmosphère (oxygène réduit et humidité appropriée) pour le stockage (Figure 28).

37
Figure 28. Racines traitées au fongicide stockées dans des sacs en polyéthylène

▪ conserver l'emballage à température ambiante


▪ La période de stockage est de 2 à 4 semaines.

Stockage dans des réfrigérateurs


▪ Sélectionnez des racines saines (non meurtries ou non endommagées).
▪ Laver à l'eau froide chlorée
▪ Emballer ou emballer sous vide dans des sacs en nylon
▪ A conserver au réfrigérateur à une température inférieure à 4°C.
Les racines de manioc peuvent être conservées pendant environ un mois, mais elles
risquent de perdre la même humidité. Cependant, leur texture et leur goût peuvent ne pas être
affectés de manière significative.

Stockage dans des congélateurs


▪ Sélectionnez des racines saines
▪ Lavez et congelez les racines. Le pelage et / ou la découpe en petites tailles sont
facultatifs. Conservez les racines entières ou coupées à l’état gelé (Figure 36).

38
Figure 29. Manioc congelé

La congélation convient au stockage à long terme et au marketing à distance, mais la


qualité de la texture des racines congelées peut être affectée. Pour réduire les dommages sur la
texture, appliquez la technique de surgélation rapide pour congeler rapidement les racines.

5.5. Synthèse
La récolte nécessite une planification appropriée en termes de calendrier et de méthode
à utiliser. La récolte manuelle demande beaucoup de travail et coûte cher. Pour réduire les coûts
dans une exploitation commerciale, il est conseillé aux agriculteurs de récolter les racines à
l'aide de méthodes mécaniques. Pour éviter la perte de qualité et de quantité de racines (pertes
post-récolte), il convient de mesurer la quantité de racines à récolter en fonction de la demande
immédiate du marché ou de la quantité nécessaire pour une transformation immédiate.
Les méthodes de stockage améliorées pour les racines permettent de prolonger de 2 à 6
semaines la durée de conservation des stocks de racines fraîches. Les méthodes conviennent au
stockage de petites quantités de racines par les consommateurs, les restaurateurs et les vendeurs
de nourriture ambulants. Le stockage à basse température peut être combiné à un traitement
fongicide ou à une épilation à la cire et convient à l'exportation de grandes quantités de racines.
Dans ce cas, les transformateurs ou les exportateurs peuvent se procurer les équipements
spécialisés nécessaires et disposent des compétences techniques nécessaires, tandis que les
consommateurs peuvent assumer les coûts plus élevés.

39
MODULE 6 : OPERATIONS DE TRAITEMENT ET MACHINES

Ce module fournit un guide sur la transformation du manioc en produits de grande


valeur, à grande et à petite échelle.

6.1. Pourquoi le manioc est-il traité?


Le manioc est traité pour plusieurs raisons. Celles-ci incluses:
▪ Augmenter la durée de conservation des racines et prévenir la détérioration ou la perte
de nourriture ;
▪ Réduire l'encombrement, faciliter le transport et réduire les coûts ;
▪ Eliminer les composés toxiques du manioc ;
▪ Créer des variétés d’aliments au goût, aux arômes et aux textures acceptables ;
▪ Produire des matières premières industrielles.

6.2. Opérations de traitement du manioc


Il existe de nombreuses opérations utilisées pour le traitement du manioc. Ces
opérations comprennent le pelage, le lavage, la réduction de taille, le séchage, la fermentation,
la cuisson à la vapeur, la torréfaction, la friture, etc. Ces opérations de traitement sont
combinées dans un ordre différent pour la fabrication de différents produits etc.

Epluchage
Le manioc est pelé pour améliorer la qualité et la sécurité des aliments à base de manioc.
Presque tous les produits à base de manioc sont fabriqués en commençant par peler les racines.

▪ Le pelage demande beaucoup de travail, est lent et est effectué manuellement,


principalement par des femmes. Une femme peut éplucher de 20 à 25 kg de racines en
une heure, avec une perte d’épilation pouvant se situer entre 22% et 30%.
▪ Des peleuses mécaniques sont maintenant disponibles dans des pays tels que le Brésil,
la RDC et le Nigéria (Figures 31a et 31b). Des pelures pour peler et laver le manioc
sont également disponibles (Figure 32).
▪ Au Nigéria, les éplucheurs mécaniques, même s'ils sont en cours d'amélioration,
peuvent éplucher entre 600 kg et 800 000 racines par heure, éliminant ainsi 60 à 90%
des épluchures.

40
Figure 31a. Éplucheur mécanique Figure 31b. Éplucheur mécanique

Figure 32. Éplucheur et lavage mécanique

Des efforts sont en cours pour réduire la perte de pelage élevée (jusqu'à 30%) pour
certaines des conceptions.
Certains peaux mécaniques (et râpes) au Nigeria sont mobiles. Les machines sont
transportées avec des motoculteurs ou des tricycles à la ferme ou dans des villages éloignés
pour effectuer les deux ou trois opérations de traitement - épluchage, râpage et pressage à la
ferme. Cette approche peut éliminer le transport de racines fraîches volumineuses sur de
longues distances avant le traitement et peut réduire le coût de l'opération de traitement de près
de 50%. Cela peut considérablement augmenter l'accès des agriculteurs des villages reculés aux
machines de traitement mécanique et augmenter la quantité de produits transformés produits
par ces agriculteurs.

Réduction de la taille
▪ La réduction de la taille facilite la détoxification et le séchage du manioc. La réduction
de la taille se fait principalement par épluchage, tranchage et râpage.

41
▪ Les caillebotis sont largement utilisés pour la fabrication du gari ou du riz, de l'amidon,
de la farine et de certains autres produits. Le râpage manuel demande beaucoup de
travail et expose les transformatrices à des blessures.
▪ Le râpage est très efficace pour hydrolyser plus de 95% des composés toxiques en
l'espace de 3 heures, après quoi les composés peuvent être presque entièrement éliminés
par déshydratation.
▪ Le déchiquetage, bien qu’il s’agisse d’une nouvelle technique par rapport au râpage, est
utilisé pour la fabrication de copeaux séchés qui pourraient être transformés en farine si
une variété de manioc à faible teneur en cyanure est transformée, ou pour la fabrication
d’aliments pour animaux à partir de toute variété de manioc.
▪ Les déchiqueteuses mécaniques commerciales (Figure 33) et les râpes (Figure 34)
pourraient traiter de 2 à 3 tonnes de racines fraîches par heure, ce qui réduirait
considérablement les besoins en main-d'œuvre et permettrait aux femmes de gagner du
temps.

Figure 33. Déchiqueteuse mécanique Figure 34. Râpe mécanique

Assèchement
▪ La déshydratation ou l'élimination de l'eau facilite le manioc, le séchage du moût
fermenté ou frais.
▪ Le manioc transformé est déshydraté lors de la fabrication du gari, de l'amidon de farine
de haute qualité, du fufu, etc.
▪ Les méthodes traditionnelles de déshydratation du manioc avec des pierres et des
bûches lourdes sont dangereuses, demandent beaucoup de travail et sont lentes.
▪ Les presses mécaniques à une vis, à deux vis, hydrauliques et à deux paniers ont
remplacé les méthodes traditionnelles (Figure 35).

42
▪ Des recherches sont en cours à l'IITA et dans certaines universités nigérianes pour
développer des machines permettant de râper et de déshydrater le manioc en une seule
opération.

Figure 35. Machine d'égouttage hydraulique (presse mécanique)

Séchage
▪ Le manioc est traditionnellement séché pour augmenter sa capacité de stockage. Les
racines sont séchées à 12-14% d'humidité avant d'être stockées. La méthode la plus
courante de séchage du manioc est le séchage au soleil (chaleur et vent) sur le sol de la
ferme, au bord de la route, autour de la ferme, sur les toits, etc. Parfois, les racines sont
séchées au four ou pendant la cuisson par endroits dans les maisons.
▪ Ces méthodes sont sujettes à la contamination microbienne, à l'infestation par les
insectes et sont lentes, en particulier pendant la saison des pluies où le séchage peut
prendre de 2 à 3 semaines. Celles-ci favorisent la mauvaise qualité et l'infestation par
les insectes.
▪ La mauvaise qualité du produit (décoloration, goût modifié, odeur désagréable, etc.)
conduit à une mauvaise acceptabilité du marché et à des prix bas.

43
▪ Le séchage du manioc sur une feuille de polythène noir surélevée et à plate-forme
constitue une amélioration (Figure 36).

Figure 36. Séchage de la plateforme surélevée

▪ Pour le traitement à grande échelle, le séchage mécanique du manioc est le plus


approprié. Il accélère l'opération de séchage, permettant ainsi de gagner du temps,
d'empêcher l'infestation par les insectes et de préserver la couleur, le goût et l'odorat.
▪ De nombreux types de séchoirs à manioc mécaniques sont maintenant disponibles,
notamment les séchoirs à armoire, rotatifs, à tunnel, solaires et flash. Les sources
d’énergie thermique pour les séchoirs sont l’électricité, le soleil, le bois, le charbon de
bois, le gaz, le diesel, etc.

Certains des facteurs qui augmentent la rentabilité des opérations de séchage du manioc
sont les suivants:
▪ Utilisation de séchoirs dotés de la capacité de séchage appropriée. Efficacité de séchage
élevée grâce à une faible consommation d'énergie, une faible consommation de
combustible ou une faible perte de chaleur.
▪ Des cabinets (figure 37) et des séchoirs rotatifs utilisant du charbon, du bois ou des
déchets agricoles sont en cours d’essais au Nigeria, au Ghana, à Madagascar, en
Tanzanie et en Zambie.
▪ Les séchoirs flash (figure 38) sont utilisés pour le séchage rapide de gros volumes
d'amidon de manioc, de pulpe fermentée (fufu), de manioc râpé et pressé en farine, etc.
▪ La quantité de racines pouvant être obtenue doit être prise en compte lors du choix d'un
séchoir. Une capacité de séchage trop élevée par rapport aux racines de manioc

44
disponibles sera une perte de temps et pourrait rendre l'opération de séchage trop
coûteuse, réduisant ainsi la rentabilité.

Figure 37. Séchoir à armoire

Figure 38. Sécheur flash

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Poudrage
▪ Le manioc séché est principalement transformé en farine avant une utilisation
domestique ou industrielle.
▪ La méthode traditionnelle de mouture de manioc séché à usage domestique est le
pilonnage. La méthode est laborieuse et lente.
▪ Les machines à moudre les céréales et autres cultures sont très courantes et sont utilisées
pour la meunerie de manioc. La finesse appropriée du manioc blanchi dépend de son
utilisation finale (Figure 39).
▪ Le manioc destiné à l'alimentation animale doit être moulu, la farine destinée à la
consommation domestique doit être bonne, tandis que la farine destinée à la cuisson du
pain et à l'amidon doit être très fine.

Figure 39. Poudrage (transformation en farine panifiable)

Préparation du gari
Le gari est préparé en rôtissant ou en faisant frire des granules de manioc jusqu'à ce
qu'ils soient cuits et séchés (figures 40 et 41). La méthode de rôtissage traditionnelle expose les
femmes à la chaleur, à la fumée et à l'inhalation possible de cyanure libre. Les rôtisseuses
mécaniques réduisent ces risques et augmentent la production de gari.

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Figure 40. Rôtisseuse à gari mécanique Figure 41. Poêle à bois

Emballage et stockage
Les produits à base de manioc, les croustilles fermentées ou non, la farine, l'amidon,
etc. sont hygroscopiques. L'humidité absorbée par l'atmosphère favorise la croissance et la
détérioration des moisissures. La croissance de champignons mycotoxigènes tels que
Aspergillus flavus peut augmenter le risque de contamination par les mycotoxines des produits
de manioc moisis.
▪ Les méthodes traditionnelles de stockage du manioc séché exposé à l'humidité de
l'atmosphère dans des sacs poreux, à même le sol ou dans l'Arctique. Les méthodes ne
sont pas efficaces contre l'absorption d'humidité, la croissance de moisissures et les
dommages causés par les insectes. Prostephanus truncatus (Horn), Dinoderus minutus
et Tribolium sp. sont les insectes courants qui endommagent le manioc séché.
▪ Un emballage approprié et des conditions de stockage appropriées préservent les
caractéristiques de qualité et la durée de conservation des produits à base de manioc.
▪ Les matériaux d'emballage et les conditions de stockage à utiliser pour les produits à
base de manioc doivent empêcher les produits de réabsorber l'humidité et doivent
également éviter l'infestation par des insectes nuisibles.
▪ Les sachets en polythène, en papier ou en polypropylène, doublés de polythène,
conviennent au conditionnement des produits à base de manioc. (Figure 42)

47
Figure 42. Emballage amélioré pour la vente dans les supermarchés

6.3. Synthèse
Les techniques de traitement traditionnelles sont laborieuses, font perdre du temps et
peuvent donner des produits médiocres. La mécanisation de la transformation du manioc peut
résoudre ces contraintes. Le choix des machines pour la fabrication d'un produit à base de
manioc dépend des opérations unitaires impliquées dans son processus de production. La
capacité de la machine doit être choisie en fonction de la quantité de racines disponible ou
pouvant être obtenue, tandis que les systèmes d’emballage et de stockage doivent viser à
empêcher les produits de manioc transformés de réabsorber l’humidité, la croissance de
moisissures et l’infestation par des insectes nuisibles.

48
CONCLUSION

L'augmentation des rendements commence par la sélection de matériel de plantation


de haute qualité et l'adoption de procédures de plantation appropriées. L'utilisation de bonnes
pratiques agronomiques qui éliminent l'utilisation de produits chimiques ou d'engrais peut
garantir de bons rendements en manioc à des coûts bas, tout en respectant l'environnement.
Une bonne pratique agronomique commence par la sélection de variétés à haut rendement et
par l’acquisition de matériel de plantation sain auprès d’institutions spécialisées, d’agriculteurs
individuels certifiés, d’associations d’agriculteurs ou de sociétés semencières. En outre, les
producteurs de manioc ont besoin de conseils ou de services en matière de lutte contre les
mauvaises herbes auprès de personnel qualifié possédant les connaissances techniques et
l'expérience requises. Ces compétences sont généralement disponibles dans les centres de
recherche et de vulgarisation spécialisés dans le manioc. Par conséquent, ces spécialistes sont
soit très peu nombreux, soit localisés également par la majorité des agriculteurs. Afin
d’améliorer la qualité des services fournis aux agriculteurs, les ministères de l’Agriculture et
institutions partenaires des pays producteurs de manioc pourraient envisager de mettre en place
des programmes de formation pour transférer ces compétences aux techniciens agricoles des
zones rurales et les doter des outils nécessaires pour fournir ces services aux agriculteurs de
leur pays. C’est le cas de cette formation organisée à l’attention de 40 conseillers agricoles par
le programme ProSol de la GIZ.

Une mécanisation rentable de la production de manioc jusqu’à la récolte et au transport


en vrac des racines récoltées jusqu’à la transformation ou à la vente est nécessaire pour
permettre aux agriculteurs de tirer pleinement parti des intrants améliorés, tels que les variétés
améliorées, les engrais et les herbicides. Pour réduire les besoins en main-d'œuvre, un
agriculteur peut choisir d'engager ses outils ou ses machines de traitement auprès d'institutions
de location d'outils ou de les acheter. Une sélection minutieuse de ces outils permettra aux
agriculteurs et aux transformateurs de réduire leurs coûts opérationnels.

Dans le cas du stockage et de l’emballage du manioc frais, le choix de la technique de


stockage dépend de la forme sous laquelle le manioc sera utilisé ou consommé à la fin du
stockage, de la période de stockage prévue de fraîcheur requise. Dans tous les cas, il est
avantageux d’utiliser des méthodes de stockage améliorées et rentables. Si le traitement est
souhaité, les méthodes de traitement mécanisées améliorées sont préférables aux techniques
de traitement traditionnelles, qui consomment beaucoup de temps et de main-d'œuvre, et
peuvent ne pas garantir la qualité et la sécurité. L'utilisation de machines et de systèmes

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d'emballage efficaces et peu coûteux peut garantir la rentabilité élevée du produit pour le
transformateur.

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Référence

Adebayo B. Abass, Elifatio Towo, Ivor Mukuka, Richardson Okechukwu, Roger Ranaivoson,
Gbassey Tarawali and Edward Kanju. 2014. Growing cassava: A training manual from
production to postharvest. IITA, Ibadan, Nigeria. 36p

GEL SUD Bénin, 2017. Formation des exploitants agricoles sur la production écologique du
manioc. Programme Quinquennal, 2017-2021 SAE Mono. Louvain Cooperation. 33p

GIZ, 2019. Compendium des Mesures de Gestion Durable des Terres (GDT) et d’Adaptation
au Changement Climatique (ACC) par filière agricole. ProSOL Bénin. 104 p.

IFDC, 2019. Itinéraire technique du manioc, Approche Communale pour le Marché Agricole,
phase 2 (ACMA2). 8p

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ANNEXE: Fiche techniques de variétés de manioc les plus indiquées dans la fabrication de
farine panifiable.

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