Physique Tout-En-Un MP-715 2

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L ES DEUX PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE POUR UN SYSTÈME FERMÉ

On rappelle l’expression de l’entropie d’un échantillon de n moles de gaz parfait :


! " ! "
T V
Sgaz = nCV,m ln + nR ln + S0 ,
T0 V0

où T0 , V0 et S0 sont des constantes. L’entropie du piston est donnée par la formule :


! "
T
Sp = Cp ln + S0! ,
T0

où S0! est une constante.


Entre les instants t et t + dt la variation élémentaire d’entropie du gaz est :
 
dT dV
dSgaz = d nCV,m ln T + nR lnV −nCV,m ln T0 − nR lnV0 + S0 = nCV,m + nR ,
% &' ( T V
constante

dT
la variation élémentaire d’entropie du piston est, par un calcul analogue : dSp = Cp , et la
T
variation élémentaire d’entropie de Σ est :
+ , dT dV
dS = nCV,m + Cp + nR .
T V

L’entropie élémentaire reçue par Σ entre t et t + dt est :

δ Q K(T0 − T )dt
δ Séch = = ,
TS T0

car la surface traversée par le transfert thermique est à la température T0 (voir figure 23.3).
On en déduit :
+ , dT dV K(T0 − T )dt
δ Scréée = dS − δ Séch = nCV,m + Cp + nR − . (23.15)
T V T0

Interprétation de la production d’entropie En combinant l’équation (23.15) et l’équation


(23.10) de la page 704, on obtient :

P f dt K(T0 − T )2
δ Scréée = + dt.
T T0 T

Dans cette expression les deux termes sont strictement positifs. Ainsi, la création d’entropie
est due :

• aux frottements sur le piston,


• au transfert thermique entre le milieu extérieur et le gaz parce que leurs températures
sont différentes.

709
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

3 Principes de la thermodynamique pour un système ouvert


en régime stationnaire (MP)
Dans une machine thermique l’énergie est transportée par un fluide qui circule entre différents
éléments. Lorsqu’on étudie l’un de ces éléments séparément, on est amené à considérer le
système Σ constitué par cet élément et le fluide qu’il contient. Σ est un système ouvert car il y
a constamment du fluide qui rentre et qui sort de l’élément. On utilise alors les deux principes
de la thermodynamique sous une forme particulière qui va être établie dans ce paragraphe.
Conformément au programme, on se limitera au cas du régime stationnaire.

3.1 Système ouvert


a) Définition
Un système ouvert est par définition un système dont la surface de contrôle S est traversée
par de la matière. La figure 23.5 montre un système ouvert Σ avec une entrée et une sortie.
On ne considérera pas de système avec plus d’une entrée ou plus d’une sortie.

Σ
fluide
entrée

sortie

Figure 23.5 – Système ouvert Σ à une entrée et une sortie.

Conformément au programme, on se limite au cas où l’écoulement du fluide est unidimen-


sionnel : la vitesse du fluide, ainsi que toutes les grandeurs intensives qui le caractérisent
(masse volumique, température, pression...) sont uniformes sur la section d’entrée, ainsi que
sur la section de sortie du système. Ces grandeurs seront notées avec un e (pour entrée) ou
un s (pour sortie) en indice sans donner plus de précision. Par exemple ce sera la vitesse du
fluide à l’entrée et cs la vitesse du fluide en sortie.

b) Masses entrante et sortante, débits massiques


Les flux de matière entrant et sortant du système sont caractérisés par des débits massiques.
Il y a un débit massique d’entrée Dm,e et un débit massique de sortie Dm,s . Par définition, la
masse dme entrant dans le système entre deux instants très proches t et t + dt et la masse dms
en sortant sont :

dme = Dm,e dt et dms = Dm,s dt.

Dm,e et Dm,s se mesurent en kg · s−1.

710
PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE POUR UN SYSTÈME OUVERT EN RÉGIME STATIONNAIRE (MP)

c) Système ouvert en régime stationnaire


Conformément au programme, on ne considèrera que des systèmes ouverts en régime sta-
tionnaire. En régime stationnaire, toutes les caractéristiques du fluide contenu à l’intérieur du
système Σ sont invariables dans le temps. Le fluide contenu dans Σ est constamment renou-
velé (Σ ne contient jamais les mêmes molécules) mais il est à chaque instant dans le même
état.
En particulier, la masse de fluide contenue dans Σ est la même à tout instant. Or entre deux
instants très proches t et t + dt, il entre dans Σ la masse dme = Dm,e dt et il en sort la masse
dms = Dm,s dt. La masse dans Σ étant la même à l’instant t et à l’instant t + dt, nécessairement :
dme = dms soit Dm,e = Dm,s .

On définit le débit massique de fluide Dm à travers le système par : Dm = Dm,e = Dm,s . La


masse de fluide entrant ou sortant de Σ entre deux instants très proches t et t + dt est :

dm = Dm dt .

3.2 Bilan d’une grandeur extensive Y en régime stationnaire


Dans ce paragraphe on désigne par Y une grandeur extensive et additive quelconque. Dans
les applications il s’agira par exemple de l’énergie interne U ou de l’entropie S. On note y
la grandeur massique associée à Y (par exemple l’énergie interne massique u ou l’entropie
massique s), ye sa valeur à l’entrée du système ouvert et ys sa valeur à la sortie.

On rappelle que y est une grandeur intensive.


!

Σ Σ
dm

dm

Σ∗ à l’instant t Σ∗ à l’instant t + dt

Figure 23.6 – Système fermé Σ∗ .

On va raisonner sur un système fermé Σ∗ qui est défini à partir de Σ de la manière suivante
(voir figure 23.6) :
• à l’instant t, Σ∗ est la réunion de Σ et de la masse dm de fluide qui entre dans Σ entre
les instants t et t + dt,

711
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

• à l’instant t + dt, Σ∗ est la réunion de Σ et de la masse dm de fluide qui sort de Σ entre


les instants t et t + dt.
On note YΣ la valeur de Y pour le système Σ ; cette valeur est la même à tout instant car on a
fait l’hypothèse que le régime est stationnaire. En revanche la valeur de Y pour Σ∗ dépend du
temps. Par additivité YΣ∗ est la somme de YΣ et la valeur de Y pour la masse dm. Sa variation
élémentaire entre les instants t et t + dt est :

dYΣ∗ = YΣ∗ (t + dt) − YΣ∗ (t) = (ys dm + YΣ ) − (ye dm + YΣ) ,

soit :
dYΣ∗ = dm(ys − ye ) = dm [y]se , (23.16)
en posant [y]se = ys − ye .

3.3 Premier principe pour un système ouvert en régime stationnaire


Dans ce paragraphe on va appliquer le premier principe de la thermodynamique au système
fermé Σ∗ entre les deux instants t et t + dt. On en déduira une relation qui est le « premier
principe pour un système ouvert » appliqué au système ouvert Σ.

a) Travail utile massique et transfert thermique massique


Le fluide à l’intérieur de Σ peut recevoir de l’énergie sous forme de travail et sous forme de
transfert thermique.
Il reçoit du travail lorsque l’élément de machine correspondant à Σ contient au moins une
pièce mobile (par exemple une hélice). On note Pu la puissance mécanique correspondante,
comptée positivement lorsque l’énergie est effectivement reçue par le fluide (voir figure 23.7).
En régime stationnaire cette puissance est indépendante du temps.
Entre les instants t et t + dt le travail élémentaire reçu par Σ est :

δ Wu = Pu dt.
Il est d’usage de définir le travail utile massique wu par la relation :

δ Wu = wu dm ,
où dm est la masse de fluide qui traverse l’élément de machine entre ces mêmes instants.
wu s’exprime en J · kg−1. Étant donné que dm = Dm dt, on a :

Pu
wu = .
Dm

Remarque
Le qualificatif « utile » sert à distinguer ce travail du travail des forces de pression
interne au fluide qui est calculé au paragraphe suivant.

712
PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE POUR UN SYSTÈME OUVERT EN RÉGIME STATIONNAIRE (MP)

Pu Φ

Σ
Dm

Dm

Figure 23.7 – Transferts d’énergie vers le système Σ.

Le fluide à l’intérieur de Σ peut aussi recevoir du transfert thermique. On note Φ la puissance


thermique (ou flux thermique) correspondante, comptée positivement lorsque l’énergie est
effectivement reçue par le fluide (voir figure 23.7). En régime stationnaire cette puissance est
indépendante du temps.
Entre les instants t et t + dt le transfert thermique élémentaire reçu par Σ est :
δ Q = Φdt.
Il est d’usage de définir le transfert thermique massique q par la relation :

δ Q = qdm .

q s’exprime en J · kg−1. Étant donné que dm = Dm dt, on a :

Φ
q= .
Dm

b) Travail des forces de pression interne au fluide

Pour appliquer le premier principe au système Σ∗ entre les instants t et t + dt, il faut aussi
calculer le travail fourni à ce système par le fluide avec lequel il est en contact. L’action du
fluide sur Σ∗ est la suivante :
• le fluide situé en amont pousse le fluide de Σ∗ et lui fournit un travail positif : +Pe dVe
où Pe est la pression à l’entrée et dVe le volume de fluide entrant dans Σ entre t et t + dt ;
• le fluide situé en aval le retient et lui fournit un travail négatif : −Ps dVs où Ps est la
pression à la sortie et dVs le volume de fluide sortant de Σ entre t et t + dt.
Ainsi, le travail des forces de pression reçu par Σ∗ entre t et t + dt est :
δ Wpression = Pe dVe − PsdVs = Pe ve dm − Psvs dm,
en notant ve et vs les volumes massique du fluide en entrée et en sortie respectivement, soit :

δ Wpression = (Pe ve − Psvs )dm = −dm [Pv]se .

713
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

c) Expression du premier principe pour un système ouvert en régime stationnaire


Pour le système fermé Σ∗ entre les instants t et t + dt le premier principe s’écrit :

dU + dEc + dE p,ext = δ W + δ Q.

En utilisant la formule (23.16) on peut écrire :

dU + dEc + dE p,ext = dm [u + ec + e p,ext]se ,

1
en notant u l’énergie interne massique, ec = c2 l’énergie cinétique massique et e p,ext l’éner-
2
gie potentielle extérieure massique. D’autre part : δ W = δ Wu + δ Wpression . Il vient donc :

dm [u + ec + e p,ext]se = wu dm − [Pv]se dm + qdm,


soit, en regroupant les termes et simplifiant par dm :

[u + Pv + ec + e p,ext ]se = wu + q.

Dans cette formule apparaît l’enthalpie massique h = u+Pv. Il est aussi d’usage d’introduire
la notation :
∆y = [y]se = ys − ye ,
variation d’une grandeur intensive y entre l’entrée et la sortie du système.

Le premier principe pour un système ouvert, en régime stationnaire s’écrit :

[h + ec + e p,ext ]se = wu + q ou ∆h + ∆ec + ∆e p,ext = wu + q. (23.17)

! Les termes de cette équation sont en J · kg−1.

∆h n’est pas la variation d’enthalpie du système ouvert Σ ! C’est la variation d’enthalpie mas-
sique du fluide lorsqu’il traverse le système ouvert.

Remarque
Dans la majorité des applications l’énergie potentielle e p,ext est l’énergie de pesanteur :
e p,poids = gz où z est la cote le long d’un axe (Oz) vertical orienté vers le haut. Le
premier principe pour un système ouvert s’écrit alors :
! "s # $
1 2 1 2
h + c + gz = wu + q ou ∆h + ∆ c + ∆ (gz) = wu + q. (23.18)
2 e 2

714
PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE POUR UN SYSTÈME OUVERT EN RÉGIME STATIONNAIRE (MP)

d) Cas particuliers
Compresseur, pompe Un compresseur (resp. une pompe) est un dispositif destiné à ac-
croître la pression d’un gaz (resp. d’un liquide). Le fluide y reçoit de la part de pièces méca-
niques mobiles un travail massique wu > 0. Le transfert thermique est le plus souvent négli-
geable (q ! 0). Les variations d’énergie cinétique et potentielle de pesanteur sont négligeables
(∆ec ! 0 et ∆e p,poids ! 0). Le premier principe pour un système ouvert en régime permanent
s’écrit, pour un compresseur ou une pompe :
∆h ! wu > 0.

Turbine Le fluide traversant une turbine fournit du travail à une pièce mécanique mobile :
wu < 0. Sa pression et sa température diminuent. Le transfert thermique est en général négli-
geable (q ! 0), de même que la variation d’énergie potentielle de pesanteur (∆e p,poids ! 0).
Le premier principe pour un système ouvert en régime permanent s’écrit, pour une turbine :
∆h + ∆ec ! wu < 0.

Détendeur Un détendeur est un dispositif utilisé pour abaisser la pression d’un fluide. Il
s’agit d’une soupape ajustable, d’un bouchon poreux ou bien d’un tube capillaire (c’est-à-
dire un tube très fin). Le fluide qui le traverse ne reçoit aucun travail (wu = 0) car il n’y a pas
de pièce mécanique mobile et quasiment aucun transfert thermique (q ! 0). Les variations
d’énergie cinétique et potentielle de pesanteur sont négligeables (∆ec ! 0 et ∆e p,poids ! 0).
Le premier principe pour un système ouvert en régime permanent s’écrit :
∆h ! 0 soit hs = he .

Tuyère Une tuyère est un conduit de section variable dont le rôle est d’accroître la vitesse
d’écoulement d’un gaz. Le gaz qui la traverse ne reçoit pas de travail (wu = 0, car il n’y a
pas de pièce mobile), et peu de transfert thermique (q ! 0). La variation d’énergie potentielle
de pesanteur est négligeable (∆e p,poids ! 0). Le premier principe pour un système ouvert en
régime permanent s’écrit :
!
∆h + ∆ec ! 0 soit cs ! c2e + 2(hs − he ).
Dans l’hypothèse où le gaz est un gaz parfait de masse molaire "M et rapport des capacités
γ R 2γ R
thermiques γ , h = T + constante, de sorte que : cs ! c2e + (Ts − Te ).
(γ − 1) M (γ − 1)M

Évaporateur, condenseur Dans un évaporateur ou un condenseur, le fluide (un liquide,


une vapeur ou un mélange liquide vapeur) ne reçoit pas de travail (wu = 0). Les variations
d’énergie cinétique et potentielle de pesanteur sont négligeables (∆ec ! 0 et ∆e p,poids ! 0).
Dans un évaporateur le fluide reçoit du transfert thermique (q > 0) et dans un condenseur il
cède du transfert thermique (q < 0). Le premier principe pour un système ouvert en régime
permanent s’écrit :
∆h = q.
La variation d’enthalpie correspond, suivant le cas, à une vaporisation ou une condensation.
715
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

3.4 Second principe pour un système ouvert en régime stationnaire


Dans ce paragraphe on va appliquer le second principe de la thermodynamique au système
fermé Σ∗ entre les deux instants t et t + dt. On en déduira une relation qui est le « second
principe pour un système ouvert » appliqué au système ouvert Σ.

a) Entropie créée par unité de masse de fluide


Dans le système Σ il peut y avoir des phénomènes irréversibles qui produisent de l’entropie :
déséquilibres mécaniques, gradients thermiques, frottements... On note δ Scréée l’entropie élé-
mentaire créée entre les instants t et t + dt à l’intérieur de Σ. Cette création d’entropie est
proportionnelle à la durée dt :
δ Scréée = Ṡcréée dt,
où Ṡcréée est le taux de création d’entropie qui se mesure en J · K−1 · s−1 . Le second principe
de la thermodynamique impose que Ṡcréée ≥ 0 et Ṡcréée = 0 s’il n’y a aucun phénomène cause
d’irréversibilité dans Σ.
En régime stationnaire Ṡcréée est indépendant du temps. On définit l’entropie créée par unité
de masse scréée par :
δ Scréée = scréée dm ,
où dm = Dm dt est la masse de fluide traversant le système entre les instants t et t + dt. scréée
se mesure en J · K−1 · kg−1. Elle est reliée au taux de création d’entropie par :

Ṡcréée
scréée = .
Dm

D’après le second principe :


• scréée ≥ 0,
• scréée = 0 s’il ne se produit aucun phénomène irréversible à l’intérieur de Σ.

b) Entropie échangée par unité de masse de fluide


De même, l’entropie élémentaire δ Séch reçue par Σ entre les instants t et t + dt est proportion-
nelle à la durée dt :
δ Séch = Ṡéch dt,
où Ṡéch est le taux d’échange d’entropie qui se mesure en J · K−1 · s−1 .
En régime stationnaire Ṡéch est indépendant du temps et on définit l’entropie échangée par
unité de masse séch par :
δ Séch = séch dm .
séch se mesure en J · K−1 · kg−1. Elle est reliée au taux d’échange d’entropie par :

Ṡéch
séch = .
Dm

716
PRINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE POUR UN SYSTÈME OUVERT EN RÉGIME STATIONNAIRE (MP)

δQ
L’entropie échangée par Σ est reliée au transfert thermique δ Q reçu par Σ : δ Séch = , où
TS
TS est la température de la surface traversée par ce transfert thermique, température supposée
uniforme pour simplifier. Étant donné que δ Q = qdm et δ Séch = séch dm, il vient :
q
séch = .
TS
Remarque
Dans le cas où le système Σ ne reçoit pas de transfert thermique, c’est-à-dire dans le
cas où le fluide subit une transformation adiabatique : séch = 0.

c) Expression du deuxième principe


Le second principe de la thermodynamique pour le système fermé Σ∗ entre les instants t et
t + dt s’écrit :
dS = δ Séch + δ Scréée ,
soit, en utilisant la formule (23.16) pour la fonction d’état extensive et additive Y = S :
dm [s]se = séch dm + scréée dm.

Le second principe pour un système ouvert, en régime stationnaire s’écrit :

[s]se = séch + scréée ou ∆s = séch + scréée . (23.19)

! Les termes de cette équation sont en J · K−1 · kg−1.

∆s n’est pas la variation d’entropie du système ouvert ! C’est la variation d’entropie massique
du fluide lorsqu’il traverse le système ouvert.

3.5 Premier et second principes pour un système ouvert sous forme


infinitésimale
On considère un fluide s’écoulant en régime
stationnaire dans une canalisation à l’intérieur
d’une machine. On suppose que :
• la canalisation est localement recti- fluide
ligne, parallèle à un axe (Ox), Σ
• l’hypothèse d’équilibre thermodyna-
mique local est vérifiée.
On considère le système ouvert Σ constitué x x+dx
par le fluide (différent à chaque instant) qui
se trouve entre deux sections d’abscisses x et Figure 23.8 – Système ouvert
x + dx. Les deux principes s’appliquent à ce infinitésimal.
système sous la forme vue plus haut.

717
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

Cependant, le transfert thermique massique et le travail massique utile reçus par le fluide entre
ces deux sections très proches sont très petits et pour cette raison on les note δ q et δ wu . De
même l’enthalpie massique, l’énergie cinétique massique et l’énergie potentielle extérieure
massique varient très peu et on note leurs variations :
dh = h(x + dx) − h(x), dec = ec (x + dx) − ec(x), de p,ext = e p,ext (x + dx) − e p,ext(x).

Le premier principe pour le système ouvert Σ en régime stationaire s’écrit ainsi :

dh + dec + de p,ext = δ wu + δ q . (23.20)

Pour le second principe on note ds = s(x + dx) − s(x) la variation d’entropie massique, δ séch
l’entropie échangée par unité de masse de fluide et δ scréée l’entropie créée par unité de masse
de fluide. Le second principe pour le système ouvert Σ en régime stationnaire s’écrit :

ds = δ séch + δ scréée . (23.21)

4 Diagramme (ln P, h) d’un fluide (MP)


Les diagrammes thermodynamiques visualisent les propriétés thermodynamiques d’un fluide
et permettent d’évaluer les différentes fonctions d’état du fluide. Le programme MP prévoit
l’utilisation uniquement du diagramme (ln P, h), dans lequel le logarithme de la pression P
est porté en ordonnée et l’enthalpie massique h en abscisse et qui est appelé diagramme des
frigoristes.

4.1 Principe d’un diagramme thermodynamique


L’état d’un fluide, qu’il soit monophasé (liquide seul ou vapeur seule) ou diphasé (mélange
liquide−vapeur), est toujours déterminé par la valeur de deux paramètres ou fonctions d’état
intensifs. On peut donc représenter l’ensemble des états du fluide sur un diagramme plan avec
deux grandeurs thermodynamiques intensives, l’une en abscisse et l’autre en ordonnée.
Le diagramme comporte différents réseaux de courbes : réseau de courbes isothermes, de
courbes isobares, de courbes isochores, de courbes isentropes ou de courbes isenthalpes.
Lorsqu’on a reconnu un réseau de courbes sur le diagramme, il est aisé de connaître en n’im-
porte quel point du plan la valeur du paramètre (ou de la fonction) d’état qui lui correspond :
température T , pression P, volume massique v, entropie massique s ou enthalpie massique
h. Certains logiciels comme Coolpack (logiciel téléchargeable gratuitement) donnent une vi-
sualisation à l’écran du diagramme et la possibilité de lire (en général au bas de l’écran) la
valeur de tous les paramètres et fonctions d’état du fluide pour l’état du fluide pointé avec la
souris.
Remarque
Pour chaque fluide les diagrammes sont calculés à partir de mesures expérimentales en
s’appuyant sur des modèles thermodynamiques éprouvés. Les valeurs données par un
logiciel ont une précision de l’ordre de 0, 1%.

718
D IAGRAMME (ln P, h) D ’UN FLUIDE (MP)

4.2 Zone d’équilibre entre le liquide et le gaz et courbe isotitre


Sur le diagramme une courbe délimite la zone L+G du diagramme dans laquelle le fluide est
diphasé (voir figure 23.9). Cette courbe est en deux parties :

• la courbe d’ébullition qui sépare cette zone de la zone L où le fluide est liquide,
• la courbe de rosée qui la sépare de la zone G où le fluide est à l’état de vapeur (ou
gaz).

Ces deux courbes se rejoignent au point critique C.

ln P
C

L L+G G
ML M MG
ln P0

hL h hG

Figure 23.9 – Zone d’équilibre entre le liquide et le gaz : en gris la courbe d’ébullition,
en noir la courbe de rosée.

Sur un diagramme (ln P, h), tout segment de droite joignant un point ML de la courbe d’ébul-
lition et un point MG de la courbe de rosée est à la fois un morceau d’une isobare, puisque la
pression est portée en ordonnée, et d’une isotherme puisque l’équilibre entre le liquide et le
gaz impose que :
T = Teb (P),
où Teb (P) est la température d’ébullition à la pression P. Cette relation est équivalente à

P = Psat (T ),

où Psat (T ) est la pression de vapeur saturante à la température T .


Tout point M du segment [ML , MG ] sur la figure 23.9 représente un mélange liquide vapeur
la pression P0 et à la température T0 = Teb (P0 ). Chaque point M correspond à un mélange
de titre massique en gaz x différent. On peut relier la valeur de x à la position de M sur le
segment.
L’abscisse de ML (resp. MG ) est la valeur hL (resp. hG ) de l’enthalpie massique pour le liquide
(resp. le gaz) à la température T0 et à la pression P0 . Un échantillon de masse m dans l’état
représenté par le point M contient une masse (1 − x)m de liquide et une masse xm de gaz. La

719
CHAPITRE 23 – P RINCIPES DE LA THERMODYNAMIQUE

fonction enthalpie étant extensive et additive, on a pour cet échantillon :


H
H = m(1 − x) hL + mx hG d’où h = = (1 − x)hL + xhG .
m
On en déduit que :

h − hL ML M
x= soit x= . (23.22)
hG − hL ML MG

Il y a deux cas particuliers importants :


• pour M = ML , x = 0 donc le mélange est entièrement liquide, c’est le liquide saturant ;
• pour M = MG , x = 1 le mélange est entièrement gazeux, c’est la vapeur saturante.
Remarque
Cette formule s’applique aussi dans le diagramme de Clapeyron, diagramme (P, v) qui
a été vu en première année.

Le diagramme peut comporter des courbes isotitres sur lesquelles x a une valeur constante.
Ces courbes n’existent bien sûr que dans la zone L+G. Leur utilisation dispense alors d’ap-
pliquer la formule précédente.
La largeur du palier ML MG est : hG − hL = ∆vap h(T0 ), enthalpie massique de vapo-
! risation à la température T0 .

4.3 Le diagramme (ln P, h) ou diagramme des frigoristes


Le diagramme des frigoristes pour l’eau est représenté sur la figure 23.10, page 721.
Le point critique de l’eau a pour coordonnées : (PC , hC ) = (220,89 bar, 2,08 × 106 J · kg−1) ;
de plus TC = 374, 14 ˚C et vC = 3,155 × 10−2 m3 · kg−1. La courbe d’ébullition est en gris et
la courbe de rosée en noir.
On observe les différents réseaux de courbes :
Les isobares sont des droites horizontales : on lit la pression sur l’axe des ordonnées. Remar-
quer que cet axe porte des graduations non équidistantes (échelle logarithmique).
Les isenthalpes sont des droites verticales : on lit l’enthalpie massique sur l’axe des abscisses
(graduations les plus basses).
Les isothermes sont des courbes quasi verticales dans la zone L, des courbes décroissantes
dans la zone G et des segments de droite horizontaux dans la zone L+G. Elles sont représen-
tées en gris sur la figure 23.10 (la partie rectiligne des isothermes n’est pas tracée pour éviter
de surcharger la figure). La valeur en degrés Celsius de la température est indiquée à chaque
extrémité du palier horizontal (chiffres en gris), ainsi qu’en bas à droite de la figure pour
certaines isothermes. On constate que l’isotherme T = 100˚C présente un palier horizontal à
la pression P = 1 bar.

720

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