REPÈRES SUR LA GESTION ET LES FINANCES PUBLIQUES

En Septembre 2018

Michel Le Clainche, Avec le concours de Aurélien Baudu, Fabrice Bin, Jean-François

Calmette, Yves Terrasse

Lavoisier | « Gestion & Finances Publiques »

2018/6 N° 6 | pages 121 à 132

ISSN 1969-1009
DOI 10.3166/gfp.2018.00105
Article disponible en ligne à l'adresse :
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 Repères
sur la gestion et les finances publiques
En Septembre 2018

croissance de 1,7 % pour les années 2018 et 2019

FINANCES DE L’ÉTAT. et d’inflation de 1,6 et 1,3 % que le Haut conseil
ET DES OPÉRATEURS . des finances publiques a estimé « plausible » dans
x La dette a atteint 100% du PIB en 2017 son avis du 19 septembre. Le déficit nominal est
pour la troisième année consécutive inférieur aux
Par un communiqué du 6 septembre 2018, l’INSEE 3 %. Il est prévu à 2,6 % du PIB en 2018 et 2,8 %
vient de réajuster les indicateurs de la dette pu- en 2019 (- 3,7 % pour l’État et les administrations
blique et de déficit à la fin 2017.Alors que l’esti- centrales ; + 0,1 % pour le secteur local et + 0,8 %
mation précédente de la dette notifiée s’établis- pour la sécurité sociale). Corrigé des mesures
sait à 96,8 % du PIB, celle-ci atteint 2257 Md€ soit exceptionnelles (notamment la transformation du
98,5 % du PIB en raison de l’intégration des CICE), le déficit public sera limité à 1,9 % en 2019.
comptes de SNCF réseau (35,8 Md€ en 2016 et Le déficit structurel s’élèvera à - 2 % en 2019 et
39,4 Md€ en 2017) dans les administrations
l’effort d’ajustement structurel est limité à 0,3 %,
publiques (APU) à partir de 2016. Cette décision
ce qui reste éloigné de nos engagements euro-
est due au fait que les recettes commerciales de
péens comme l’a relevé le HCFP. La progression
l’entreprise publique ne couvrent depuis 2016
des dépenses publiques en volume est limitée à
que la moitié de ses coûts de production. Le
0,6 % (contre 1,4 % en 2017et 0 % en 2018). La part
déficit de l’exercice 2017 passe de 2,6 % à 2,7 %
des dépenses publiques dans le PIB diminue à
du PIB pour tenir compte du besoin de finance-
54,6 % en 2018 et 54 % en 2019. Les prélèvements
ment de SNCF réseau (3,2 Md€ en 2016 et
2,2 Md€ en 2017) et des 2,5 Md€ de recapitalisa- obligatoires régressent également à 45 % en 2018
tion d’Orano (nouveau nom d’Areva) considérés et 44,2 % en 2019. Plus de 25 Md€ d’allègements
comme une dépense publique de l’exercice. sont annoncés dont 18,8 Md€ net pour les entre-
Quelques jours après ce communiqué, le 28 sep- prises (transformation du CICE en allègements
tembre 2018, l’INSEE a indiqué dans son tableau pérennes de charges sociales plus de 20 Md€ et
récapitulatif de l’année 2017, que la dette pu- poursuite de la baisse de l’impôt sur les sociétés
blique avait dépassé temporairement la barre de 33 à 31 % - 2,4 Md€). Les ménages bénéficie-
symbolique des 100 % du PIB à la fin du deuxième ront de 6 Md€ d’allègements : 3,8 Md€ au titre de
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trimestre (fin juin 2017) avec le chiffre de 100,9 %. la 2e tranche du dégrèvement de la taxe d’habita-
tion ; 4,1 Md€ au titre de la baisse des cotisations
x Les résultats du loto du patrimoine sociales. La dette publique, après le réajustement
Le tirage spécial du loto du vendredi 14 septem- de 2017, est stable à un niveau élevé : 98,7 % en
bre 2018 prévu par la loi de finances rectificative 2018 et 98,6 % en 2019. Pour l’État, les recettes
pour 2017 a été un grand succès et a permis la nettes atteignent 291,4 Md€, les dépenses nettes
vente de plus de 2,5 millions de tickets. Les 390,8 Md€. Le solde du budget général de l’État
sommes issues des prélèvements de l’État que la s’établit à - 98,7 Md€ après - 67,7 Md€ en exé-
Française des jeux a tiré des jeux du patrimoine, cution 2017 et - 81,3Md€ en 2018). Les dépenses
soit 15 à 20 M€, escomptés sont budgétés pour pilotables de l’État se réduisent de - 0,5 % en
être reversées à la Fondation du patrimoine. volume et augmentent de 0,8% en valeur. Les mis-
sions : « défense », « sécurité » « justice » , « immi-
x Présentation du projet de loi de
gration, asile, intégration » voient leurs moyens
finances pour 2019 augmentés, au contraire des missions « cohésion
Le projet de loi de finances de l’État pour 2019 a des territoires », « agriculture », « travail et emploi ».
été présenté au conseil des ministres du 24 sep- Les effectifs de l’État et de ses opérateurs seront
tembre 2018. Il est fondé sur des hypothèses de réduits de 4.164 emplois (- 1600 emplois en 2018)

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dont 1947 au ministère de l’action et des comptes mière étape est réalisée par la révision du décret
publics. relatif à la gestion budgétaire et financière du
7 novembre 2012 (GBCP) par un décret n° 2018-80
x Querelle de chiffres sur l’amélioration du 24 septembre 2018 publié au JORF le 25 sep-
du pouvoir d’achat tembre, texte n° 20. Le texte supprime la compta-
bilité d’analyse des coûts qui sera remplacée par
Une note de l’OFCE, publiée le 20 septembre
une « vraie » comptabilité analytique. Il simplifie
2018, fournit une estimation de l’incidence directe
les règles applicables aux organismes. Il supprime
des mesures fiscales et sociales décidées par le
le contrôle de régularité des actes de gestion du
Gouvernement sur le pouvoir d’achat global des
personnel par les contrôleurs budgétaires et
ménages en 2019, calculée sur une moyenne
ouvre la possibilité d’une modulation des
annuelle en tenant compte des dates d’entrée en
contrôles en fonction des résultats du contrôle
vigueur des mesures. Alors que dans le projet de
interne budgétaire et des contrôles antérieurs. Il
loi de finances, le Gouvernement annonce des
ouvre la possibilité d’une adaptation des
mesures en faveur des ménages à 6 Md€, l’insti-
contrôles du service fait et la possibilité d’expéri-
tut de recherche les estime à 3,5 Md€ (après
mentations de dérogations à certaines règles du
0,1 Md€ en 2018). Les allègements de prélève-
décret GBCP.
ments sur les ménages s’élèvent à 9,4 Md€ (cotisa-
tions sociales : 4,5 Md€, taxe d’habitation : 3,5 Md€;
prélèvement forfaitaire unique : 0,6 Md€ ; déso- FINANCES LOCALES.
cialisation des heures supplémentaires : 0,7 Md€ ;
atténuation hausse de CSG petites retraites : x Ajustements des contrats de maîtrise
0,3 Md€ ; autres mesures : + 0,2 Md€). Les aug- des dépenses locales
mentations de fiscalité écologique et sur le tabac
Le 19 septembre 2018 devant la conférence des
pèseront de 3,5 Md€, chiffre plus élevé que les
villes organisée par l’Assemblée des communautés
2,3 Md€ officiels qui prennent en considération
de France, le Premier ministre a ouvert la porte à
la baisse de consommation induite. Les revalori-
un réajustement de la procédure et des contenus
sations de prestations sociales sont pour les cher-
des contrats de maîtrise des dépenses publiques.
cheurs plus que compensées par la désindexation
Pour sa part, l’ACF demande cinq principaux
partielle des retraites et des prestations familiales
correctifs : neutralisation des dépenses imposées
(- 3 Md€) que les documents budgétaires ne
par l’État, exclusion du périmètre des dépenses
prennent pas en compte. Si on ajoute la hausse
de fonctionnement des subventions d’investisse-
des cotisations d’assurances complémentaires
ment versés à un syndicat ou à un budget annexe,
(AGirc-Arrco) pour 1,8 Md€, il ne resterait que
recours à un tiers de confiance en cas de diver-
1,7 Md€ d’amélioration directe de pouvoir d’achat.
gences entre le préfet et la collectivité, neutrali-
x Rapport d’activité de l’Agence sation des flux croisés et des participations reçues
France Trésor dans le calcul des recettes de fonctionnement
servant de base au plafonnement de la reprise.
Le rapport d’activité de l’Agence France Trésor L’ADCF avait émis le 13 septembre 2018 des
confirme les excellentes conditions de placement demandes similaires avec en plus un souhait de
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de la dette publique en 2017. Le programme a voir prises en compte les dépenses nettes plutôt
porté sur 185 Md€ de dette à moyen et long que les dépenses brutes et un réajustement de la
terme (MLT) nets de rachats. Le taux moyen des norme en cas d’accélération de l’inflation prévi-
émissions reste très modéré (0,65 % contre 0,37 % sionnelle.
en 2016). La maturité moyenne des émissions s’al-
longe (11,8 ans contre 11,5) et la durée moyenne x Le rapport du Conseil d’évaluation
de la dette également (7,8 ans contre 7,5). En des normes
2017, l’Agence a lancé une nouvelle obligation à
Le Conseil national d’évaluation des normes
terme (OAT) à 30 ans, une OAT verte de 7 Md€ et
applicables aux collectivités territoriales (CNEN),
a engagé le rapprochement de ses équipes avec
coprésidé par Alain Lambert et Jean-Claude
celles de la CADES qui gère la dette sociale.
Boulard, aujourd’hui décédé, a publié son rapport
x Modernisation de la gestion budgétaire le 13 septembre 2018. Il préconise un net renfor-
cement du dispositif. Le rapport préconise un
et financière : révision du décret GBCP
rappel des principes de proportionnalité, d’adap-
La démarche Action publique 2022 comprend un tabilité et de subsidiarité par un décret en Conseil
volet de modernisation de la gestion budgétaire d’État, une évaluation de l’ensemble des normes
et financière de l’État et des opérateurs. La pre- tous les dix ans, une sanction plus efficace en cas

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 Repères
En Septembre 2018

d’insuffisance d’étude d’impact (obligation de prend majoritairement la forme des allocations

recourir à une étude extérieure à l’administration individuelles, dépenses obligatoires de 30 Md€
centrale concernée et arbitrage du Conseil principalement à la charge des départements et
d’État), un droit de dérogation confié aux com- dont le poids a augmenté de 12 % entre 2013 et
munes sans autorisation préfectorale, un allonge- 2017, et de dépenses facultatives en net repli
ment du mandat et des moyens renforcés pour le (insertion pour les départements, CCAS, subven-
médiateur des normes, la création d’une mission tions aux associations, sports, loisirs, culture).
de simplification chargée de formuler des propo-
sitions sectorielles, un renfort de l’obligation x Les finances des communes rurales
d’évaluation du stock de normes par les minis- Une étude de la Banque Postale, publiée le 24 sep-
tères, une clarification des responsabilités dans tembre 2018, présente une analyse des finances
l’instruction et le suivi des propositions de simpli- des communes de moins de 3.500 habitants. Elles
fications, la création d’une surprime simplification regroupent 33 % de la population, gèrent 22 Md€
ou d’un indicateur simplification dans l’évaluation de dépenses, soit 24,8 % des dépenses des autres
des secrétaires généraux et directeurs d’adminis- communes et leur encours de dette s’élève à
tration centrale, un pilotage interministériel clarifié 13,6 Md€ soit 634 € par habitant (contre 1133 €
autour du CNEN. pour les autres communes). Les situations sont
évidemment très disparates selon la taille des
x Reprise de l’investissement plus
communes qui sont classées par strates de popu-
rapide que prévu lation.
La note de conjoncture de la Banque Postale
publiée le 19 septembre 2019 confirme le ralen-
x Rapport de la Cour des comptes sur
tissement des dépenses de fonctionnement les finances publiques locales
(+ 0,8 % à 183,9 Md€ dont + 1 % pour les dé- La Cour des comptes a publié le 25 septembre
penses de personnel) qui sont très inférieures à la 2018 son rapport sur la situation financière et la
norme de 1,2 %. Les recettes de fonctionnement, gestion des collectivités territoriales et de leurs
sans baisse générale de dotations de l’État pour établissements publics. La Cour constate que la
la première fois depuis quatre ans, progressent de baisse des concours financier de l’État entre 2013
1,3 %. La Banque annonce pour 2018 une aug- et 2017 (de 58,2 Md€ à 47,1 Md€, soit - 19 %)
mentation prévisible des dépenses d’investisse- a mis un « coup d’arrêt » à la croissance des
ment de 7 % à 54,2 Md€ comparable à celle de dépenses : ralentissement des dépenses de fonc-
2017 (6,8 %) et supérieure aux prévisions publiées tionnement (+ 1,5 % en moyenne) et baisse de
en mai (6,1 %). Le cycle électoral communal, la l’investissement (- 11 %), même si l’effet de la
mise en œuvre des projets des nouvelles inter- réduction de la DGF a été atténuée par le dyna-
communalités élargies et l’amélioration de la misme « naturel » de la fiscalité locale. Le rythme
situation financière des départements peuvent de croissance de la dette a lui aussi été ralenti et
expliquer ce rebond de l’investissement local qui la capacité de désendettement à la fin de 2017 est
rejoint le niveau de 2004. L’amélioration de correcte (bloc communal : 5,6 ans ; départements ;
l’épargne brute (+ 2,8 %, 42,8 Md€) s’accom- 4,2 ; régions : 4,9). Bien que l’année 2017 marque
pagne d’une augmentation du recours à l’em- une nouvelle augmentation des dépenses, l’ob-
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prunt en 2018 (+ 4,5 % soit 17,3 Md€) mais le ratio jectif d’évolution des dépenses de fonctionne-
d’encours de dettes, qui progresse de 0,5 %, est ment de 1,2 % pour les années 2018-2022 semble
à son plus bas niveau depuis 2012 (7,8 % du PIB). « atteignable ». La Cour craint même que la rela-
tive « aisance financière » des collectivités locales
x La place de la solidarité dans les
ne les incite pas à réduire leurs dépenses et leur
budgets locaux
endettement dans les prochaines années. Le
La Banque Postale a procédé, dans sa dernière dispositif d’encadrement contractuel, qui ne cou-
note de conjoncture, à une étude de la place de vre que 41 % des dépenses locales, devrait être
la solidarité dans les budgets locaux. La solidarité amélioré et mieux tenir compte de l’intercommu-
entre collectivités prend la forme des dispositifs nalité et des situations individuelles de chaque
de péréquation horizontale (2,8 Md€, double- collectivité. La Cour rappelle la nécessité d’une
ment depuis 2013) et verticale (6 Md€ mais de réforme des dotations donnant plus de place à la
plus en plus « horizontalisés ») et de mécanismes péréquation, d’une meilleure maîtrise de l’inci-
locaux qui sont en baisse (subventions : 4,8 Md€ dence financière des normes, d’une réforme
en forte baisse, dotation de solidarité communau- profonde de la fiscalité locale, d’une plus grande
taire en baisse et mutualisation en forte hausse). fiabilité des comptes locaux (à laquelle contribue-
La solidarité des territoires à l’égard des citoyens ront la mise en œuvre des normes comptables, le

GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018 123

 Repères
En Septembre 2018

compte unique et la certification), d’une plus profondeur : le fait que la possibilité de cumuler
grande cohérence entre les actions de l’État et allocations de chômage et revenus d’activité
celles des collectivités, comme le montre l’étude courte combinée avec des droits rechargeables
des missions des collectivités relatives à l’ensei- ne soit pas limitée dans le temps ; le régime de
gnement scolaire et aux activités périscolaires. l’activité « conservée » et les « droits rechargea-
bles » ; les règles de calcul du salaire journalier,
x Les collectivités locales dans le projet dont les modalités actuelles facilitent excessive-
de loi de finances pour 2019 ment les contrats courts ; la question du montant
En 2019, les collectivités territoriales dégageront et de la durée de l’indemnisation au regard du ni-
un excédent de capacité de financement de 0,1 % veau de salaire antérieurement perçu. S’agissant
du PIB qui contribuera à la réduction du déficit des contrats courts, le document ne parle pas
public. Après le rebond de 2017, les dépenses de explicitement de « bonus/malus », mais les parte-
fonctionnement devraient ralentir à + 0,9 %. Les naires sociaux sont fermement invités à trouver un
concours de l’État sont stabilisés conformément mécanisme, avec la menace implicite qu’à défaut,
aux engagements pris : 48,19 Md€ (+ 100 M€) ; le gouvernement pourrait ne pas ratifier l’accord.
la DGF se maintient à 26,9 Md€ ; les dotations
x Les comptes de la santé pour 2017
d’investissement au bloc communal (1,8 Md€) et
aux départements (0,3 Md€) augmentent, de La DREES a publié le 10 septembre les comptes
même que le fonds de compensation de la TVA de la santé pour 2017. Il en ressort que la consom-
(5,6 Md€, + 37 M€). Le transfert de TVA aux mation de soins et biens médicaux s’est élevée à
régions est très dynamique (+ 166 M€). La 199 Md€, soit 8,7 % du PIB, avec une croissance
deuxième tranche de suppression de la taxe d’ha- plus faible que les années précédentes. Ce ralen-
bitation (3,8 Md€) n’affectera pas les budgets tissement est imputable à la décélération des
locaux. La question de la compensation de la dépenses hospitalières (+ 0,9 % par rapport à
suppression pour les 20 % de contribuables res- + 1,7 % en 2016). La croissance des soins de ville
tants en 2020 sera prévue dans le projet de loi de (+ 2,5 %) restant très proche de celle des années
réforme de la fiscalité locale qui sera présenté au précédentes. La Sécurité sociale prend globale-
1er trimestre 2019. Une simplification de la dota- ment en charge 77,8 % des dépenses de santé, les
tion d’intercommunalité est actée. L’automatisa- organismes complémentaires 13,2 %, l’État 1,5 %,
tion du FCTVA est prévue pour 2020. Deux fonds ce qui fait que le reste à charge des ménages est
sont créés pour accompagner la fermeture de de 7,5 %, en diminution constante depuis 2008, du
certaines centrales énergétiques. La notion d’éta- fait d’une proportion croissante de patients béné-
blissement industriel ou commercial pour la taxa- ficiant d’une exonération au titre des affections de
tion des entrepôts aux impôts directs locaux est longue durée. La France est l’un des pays de
précisée. l’OCDE où le reste à charge est le plus faible,
alors même que le poids des dépenses de santé
est l’un des plus élevé.
FINANCES SOCIALES.
x Présentation du plan « Ma santé 2022 »
x Publication de la loi « pour la liberté
de choisir son avenir professionnel »
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Le 18 septembre, le Président de la République a
rendu public le plan « ma santé 2022 ». Présentée
La Loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la
comme la plus vaste réforme de la santé depuis
liberté de choisir son avenir professionnel, dite
1958, le plan part du constat d’une organisation
« Pénicaud 2 », a été promulguée sans les
du système de soins désormais inadaptée aux
quelques cavaliers législatifs invalidés par le
défis que représentent le vieillissement de la
Conseil constitutionnel.
population et la progression des pathologies de
x Les débats sur la réforme de longue durée, l’inégalité croissante des territoires
l’Assurance chômage dans l’accès aux soins, le cloisonnement difficile
à surmonter entre les différentes professions et
Dès le milieu de l’été, les débats ont démarré sur une politique de maîtrise des dépenses qui
la réforme de l’Assurance chômage annoncée repose excessivement sur l’hôpital. Le premier
dans la loi « Pénicaud 2 ». (cf Repères d’août). Le ensemble de mesures porte sur l’organisation et
25 septembre, le ministère du Travail a adressé la l’améliorations des soins de proximité : création
lettre de cadrage qui doit guider la renégociation d’ici 2022 de 1000 Communautés professionnelles
de la convention UNEDIC : il est prévu un mon- territoriales de santé (CPTS) associant profession-
tant d’économies de 3,9 Md€ sur 3 ans d’ici 2022. nels de ville et hospitaliers ; institution d’une
Quatre sujets devront, par priorité, être traités en nouvelle fonction d’« assistants médicaux » pour

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 Repères
En Septembre 2018

libérer le temps des médecins ; nouvelle réparti- pour finalité le retour à l’emploi et la gouvernance
tion des missions entre les hôpitaux (soins de du dispositif, avec en perspective une recentrali-
proximité, médecine, soins spécialisés, et pla- sation du financement de solidarité sur l’État.
teaux techniques de pointe ultraspécialisés). Le
second ensemble porte sur l’adaptation des mé-
x Prestations sociales et réduction de la
tiers et des formations : suppression du numerus pauvreté
clausus et mise en place d’un recrutement beau- Une étude de la DREES du 7 septembre évalue le
coup plus progressif, à partir de cursus diversifiés. rôle des prestations familiales et des minima
La réforme du financement sera conduite pro- sociaux pour la réduction de la pauvreté. En 2015,
gressivement à partir de la LFSS 2019 : la part de on comptait 8,9 millions de personnes (14,2 % de
la tarification à l’activité (T2A) sera réduite, pour la population) vivant en dessous du seuil de
introduire un financement à la qualité (sur la base pauvreté. L’étude de la DREES, qui comporte
d’un nombre limité d’indicateurs) et un finance- beaucoup d’informations sur les conditions de vie
ment au forfait, mis en place dès l’an prochain et d’emploi, ainsi que les trajectoires des béné-
pour certaines pathologies de longue durée. Le ficiaires de minima sociaux, estiment que les
plan comporte également un important volet in- prestations sociales et la fiscalité réduisent de
vestissement hospitalier. Au total un montant de 8,1 points le taux de pauvreté, avec un effet par-
3,4 Md€ seront mobilisés sur la période 2019- ticulièrement sensible pour les familles monopa-
2022 (1,6 Md€ pour la structuration ville/hôpital rentales et les personnes de moins de 20 ans.
dans les territoires, 0,5 Md€ pour la transforma-
tion numérique, 0,4 Md€ pour les métiers et les x Le « plan pauvreté »
formations et 1 Md€ pour l’investissement). À Partant du constat que la France est marquée par
cette fin, l’ONDAM sera relevé à 2,5 % en 2019. la « reproduction de la pauvreté » qui touche un
nombre important d’individus dès l’enfance et se
x Un rapport sur la réforme des aides
perpétue de génération en génération, ainsi que
sociales par un système peu lisible de prestations et de
Le rapport commandé par le Premier ministre à minima sociaux, la « Stratégie nationale » présen-
M. Julien Damon, professeur associé à Sciences- tée le 13 septembre comporte 5 engagements
Po et Mme Christine Cloarec, députée d’Ille et fondamentaux. Les deux premiers concernent la
Vilaine(LREM), a eu pour objet d’identifier des petite enfance (formation de 600 000 profession-
pistes pour pallier les dysfonctionnements de nels de la petite enfance pour l’apprentissage du
notre système d’aides sociales et de permettre à langage avant la maternelle, développement des
chacun de toucher « la juste prestation » (minima modes de garde et du nombre de places en
sociaux, prime d’activité, allocations familiales, crèche, actions pour améliorer l’alimentation des
allocation logement, allocation de retour à l’em- enfants à l’école, mesures pour l’hébergement… ).
ploi) ; l’une de ses préconisations majeures porte Le 3e engagement vise à garantir un parcours de
sur la « contemporanéité » des versements, qui a formation pour tous les jeunes, en instaurant une
pour objet de faire « coller » les montants versés obligation de formation jusqu’à 18 ans, ainsi
au plus près des derniers revenus connus. C’est qu’en développant les mécanismes d’accompa-
l’orientation qu’ a adoptée la CNAF en prévoyant gnement (en particulier la « garantie jeunes »)
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de prendre en compte, pour la liquidation des pour les plus de 18 ans les plus vulnérables (« dé-
allocations logement, à partir du 1er avril 2019, les crocheurs »). Le 4e engagement – qui a fait l’objet
ressources des 12 derniers mois au lieu de celles d’intenses commentaires – porte sur la création
de l’année N-2, ce qui devrait permettre de limiter d’un « revenu universel d’activité » d’ici 2022 :
les indus dus au changement de niveau de revenu celui-ci reposera sur la refonte complète des
(1,2 Md€ d’économies attendues). minima sociaux (RSA, prime d’activité, aides au
logement…) et il s’accompagnera de la revalori-
x Un rapport sur l’accompagnement sation de la prime d’activité jusqu’à la fin du quin-
des bénéficiaires du RSA quennat ainsi que de l’intégration de l’aide au
paiement d’une complémentaire santé (ACS)
Mme Claire Pitollat, députée des Bouches du – jugée trop complexe – à la couverture maladie
Rhône (LREM) et M. Mathieu Klein, Président du universelle complémentaire (CMU-C). Enfin le
conseil départemental de Meurthe et Moselle, dernier engagement a pour objet d’accompa-
ont remis, fin août, au Premier ministre un rapport gner, par une « garantie d’activité » tous les allo-
sur l’accompagnement des bénéficiaires du RSA. cataires de minima sociaux vers l’emploi, le béné-
Ce rapport comporte 50 propositions, portant ficiaire du revenu universel d’activité ayant lui-
notamment sur la mobilisation à l’accès aux droits, même l’obligation d’agir pour son insertion. Au
la priorité à donner à l’accompagnement avec total, avec les divers instruments dont la création

GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018 125

 Repères
En Septembre 2018

est prévue (Fonds d’investissement social, Fonds cice 2018, donc, par rapport aux prévisions de juin
de lutte contre la pauvreté et l’emploi…), la Stra- 2018, le solde global régime général + fonds de
tégie nationale mobilisera 8,5 Md€ d’ici la fin du solidarité vieillesses (RG+FSV) varie très peu
quinquennat (dont 3,9 Md€ pour la seule revalo- (- 0,4 Md€ contre - 0 ,3 Md€ en juin). Pour l’exer-
risation de la prime d’activité. cice 2019, les prévisions tendancielles retenues
par la Commission des comptes de la SS – avant
x Le rapport Charpy-Dubertret sur les toute mesure nouvelle de la loi de financement
relations financières entre l’État et la de la SS – font apparaître un déficit prévisionnel
sécurité sociale de l’ensemble RG+FSV de - 3 Md€. Le RG repas-
serait dans le rouge avec un déficit de - 1,1 Md€,
Le rapport sur les « relations financières entre l’État imputable à l’Assurance maladie (- 3,5 Md€ sur la
et la Sécurité sociale » remis au début septembre base d’une croissance tendancielle de l’ONDAM
par MM. Christian Charpy et Julien Dubertret était de + 2,5 %), à l’Assurance vieillesse (- 0,3 Md€
prévu par l’article 27 de la loi de financement de mais avec l’hypothèse que les pensions seraient
la Sécurité sociale pour 2018. Il s’agit d’organiser revalorisées comme l’inflation annuelle constatée
les transferts financiers de la Sécurité sociale vers à 1,5%). En revanche, la branche Famille continue-
l’État. En effet, les prévisions de la Loi de program- rait d’améliorer son redressement avec un excé-
mation des finances publiques de 2018 ont prévu dent prévisionnel de 1,7 Md€ contre + 0,7 Md€ en
un excédent croissant du solde des administra- 2018, de même que le FSV dont le déficit serait ra-
tions de Sécurité sociale (ASSO) à partir de 2019, mené à - 1,8 Md€), sous l’effet d’une amélioration
et le plafonnement de celui-ci à 0,8 points de PIB, de la situation de l’emploi et cela malgré l’augmen-
le surplus devant être transféré à l’État, soit 3 Md€ tation prévue du minimum vieillesse. Les mesures
en 2019, 14 Md€ en 2020, 20 Md€ en 2011 et plus nouvelles prévues dans le PLFSS 2019 ont large-
de 27 Md€ en 2022. Les auteurs du rapport esti- ment corrigé cette prévision tendancielle (cf infra).
ment qu’une partie importante des excédents ne
pourra pas être transférée (ceux de l’UNEDIC et x Le PLFSS pour 2019
de l’AGIRC-ARRCO) et que d’autres apparaissent
très aléatoires (surplus des hôpitaux par exemple). La ministre des Solidarités et de la Santé et le
Le rapport suggère que les transferts s’opèrent par ministre des Comptes publics ont présenté, le
le biais de la compensation des exonérations et 25 septembre, le PLFSS pour 2019, qui sera
allègements de charge de l’État au profit de la SS, adopté par le Conseil des ministres au début
ceux-ci ne devant plus être compensés qu’à hau- octobre. Pour la première fois depuis 2001, l’en-
teur de 50 % pour les nouveaux allègements au semble régime général + fonds de solidarité vieil-
motif qu’ils « dopent » les créations d’emploi et lesse (RG+FSV) présenterait un solde excéden-
donc augmentent les ressources de régimes so- taire (+ 0,7 Md€). Le Régime général dégagerait
ciaux. Le rapport propose ainsi de transférer, d’ici un excédent de 2,5 Md€ (comparable à celui de
2022, 12 Md€ d’excédents à l’État et d’amortir 2018) : - 0,5 Md€ pour l’Assurance maladie,
15 Md€ de la dette sociale restant dans les + 1,1 Md€ pour la branche AT-MP, + 0,7 Md€
comptes de l’ACOSS. Par ailleurs, les auteurs pro- pour la branche Vieillesse, + 1,2 Md€ pour la
posent une remise à plat du financement de la branche Famille. Le déficit du FSV serait ramené
protection sociale, en renvoyant à l’État les impôts à - 1,8 Md€. Par ailleurs, les ministres ont confirmé
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qui ont peu de rapport avec celle-ci (taxe sur les l’objectif d’éteindre la dette sociale en 2024. À cet
salaires…), et de compenser la perte de recettes effet, la moitié de la dette résiduelle portée par
ainsi générée par une affectation de TVA à hauteur l’ACOSS – soit 15 Md€ – serait transférée à la
de 35 Md€. Enfin le rapport propose, logique- CADES sur 3 ans. En outre, le PLFSS 2019 met en
ment, d’élargir le périmètre des lois de finance- œuvre l’une des préconisations fondamentales du
ment de la SS à l’Assurance chômage et aux rapport Charpy-Dubertret (cf supra), à savoir la
régimes complémentaire de vieillesse. mise à la charge de la SS d’une partie des exoné-
rations de charges sociales. Ainsi, en 2019 le finan-
x Le rapport de la Commission des cement des exonérations de cotisations sociales
comptes de la sécurité sociale de des heures supplémentaires et, en 2020, une par-
septembre 2018 tie des allègements de cotisations consécutifs à
la transformation du CICE en allègements géné-
Le nouveau rapport de la Commission des raux seront mis à la charge du Régime général.
comptes de la Sécurité sociale rendu public le Pour ce qui concerne l’Assurance maladie, on en
25 septembre reste dans la ligne de celui de juin resterait à une évolution modéré de l’ONDAM
dernier (cf Repères de juin), en confirmant le re- (+ 2,5 % en 2019), avec un meilleur équilibre entre
tour à une situation excédentaire (+ 2,4 Md€), l’hôpital et la médecine de ville et une légère pro-
cette année, du seul régime général. Pour l’exer- gression par rapport à l’ONDAM de 2018 (+ 2,3 %)

126 GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018

 Repères
En Septembre 2018

qui permettra de commencer à financer les me- conduisent à un double prélèvement des contri-
sures pour le renforcement des soins de proximité buables ». Ce même communiqué précise que
annoncées dans le plan santé, ainsi que des inves- « c’est en raison du bilan positif fait à l’issue des
tissements des établissements dans l’immobilier tests qu’a été confirmée la faisabilité de la mise
et le numérique. La LFSS 2019 instaure par ailleurs en œuvre du PAS en janvier 2019 ». Le PAS a fait
des dispositifs de tarification au forfait pour ré- l’objet d’un ultime arbitrage entre le Président
duire la part de la tarification à l’activité ; de de la République et les ministres concernés. Le
même, la mise en place du « reste à charge zéro » 4 septembre 2018, le Premier ministre a confirmé
pour les frais dentaires, d’optique et d’audiopro- que ce nouveau mode de prélèvement serait bien
thèse commencera à se déployer en 2019 pour mis en place le 1er janvier 2019. Une étude de
être complète en 2021. S’agissant de l’Assurance l’OFCE (Gilles Le Garrec, Vincent Touzé, « Le PAS
vieillesse, la limitation à 0,3 % de la revalorisation de l’IR : peu d’avantages et beaucoup d’inconvé-
des pensions va permettre d’économiser environ nients », OFCE, n° 24, sept. 2018) établit un bilan
3 Md€, tout en garantissant la poursuite de la des avantages et des inconvénients de la réforme.
revalorisation des minima sociaux – minimum Elle montre que les avantages (une meilleure
vieillesse, AAH…), ainsi que du revenu de solida- synchronisation entre impôt et revenu, une per-
rité active conformément aux engagements du ception plus rapide des recettes d’IR pour l’État,
Président de la République. Le PLFSS 2019 met une meilleure observation des revenus en temps
en œuvre d’importantes mesures d’allègement réel) semblent peu nombreux au regard des in-
des charges destinées à renforcer la compétitivité convénients engendrés (tâches administratives
des entreprises et l’encouragement à l’activité. supplémentaires pour les agents publics et privés;
Annoncé l’an dernier, le basculement du CICE sur risque d’erreurs pouvant être sources de conten-
des allègements généraux de cotisations sociales tieux; année blanche due à la non-fiscalisation des
s’opèrera en 2 temps, au 1er janvier 2019 pour l’al- revenus 2018 ; hausse fiscale liée à la suppression
lègement de 6 points de cotisation d’assurance
du délai d’un an pour payer l’IR ; impact psycholo-
maladie dans la limite de 2,5 SMIC, et au 1er octo-
gique potentiel de l’effet fiche de paie avec un
bre, pour les allègements généraux de cotisations
salaire versé réduit ; divulgation d’information
sociales au niveau du SMIC. Par ailleurs, comme
fiscale à l’employeur; non-mensualisation des rem-
annoncé, la part salariale des cotisations d’assu-
boursements de crédits d’impôt; nouvelles formes
rance vieillesse et de base sur les heures supplé-
de complexité qui peuvent réduire le consente-
mentaires sera exonérée à partir du 1er septembre
ment des contribuables français à payer l’impôt).
2019, ce qui devrait représenter un gain de pouvoir
Selon le président de la commission des finances
d’achat de 2 Md€ en année pleine.
de l’Assemblée nationale, lors d’un entretien radio-
phonique du 7 septembre 2018, le maintien en
FISCALITÉ ET PROCÉDURES FISCALES. l’état du système actuel de prélèvement, assorti
d’un étalement automatique et plus facile du paie-
x Poursuite de la baisse des impôts
ment de l’impôt en cas de forte baisse du revenu et
dans les pays de l’OCDE une mensualisation généralisée sur 12 mois au lieu
Le rapport Tax policy reform de l’OCDE qui couvre de 10, aurait eu le mérite de la simplicité.
38 pays de l’OCDE confirme la tendance à la
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baisse de la pression fiscale, notamment sur les x Une large concertation sur la relation
entreprises : le taux moyen de l’impôt sur les de confiance
sociétés dans les pays de l’OCDE est passé de
32,5 % en 2000 à 23,9 % en 2018. Il s’agit plus Le ministère de l’Action et des Comptes publics
d’une « course à la moyenne » qu’une course au et la DGFiP ont lancé une consultation en ligne
« moins disant fiscal ». Les impôts sur le revenu auprès des entreprises en vue de construire la
ont en général baissé sur les revenus d’activité fameuse « relation de confiance» souhaitée entre
elles et l’administration fiscale. Ce dispositif,
moyens ou faibles. L’OCDE déplore que la fiscalité
prévu par l’article 17 de la loi n° 2018-727 du
environnementale reste concentrée sur l’énergie
10 août 2018 pour un État au service d’une société
et les véhicules.
de confiance dite « ESSOC », instaurant le « droit
x Feu vert pour le prélèvement à la à l’erreur» en matière fiscale, habilite le Gouver-
source dans de bonnes conditions nement à prendre par ordonnances toute dispo-
sition relevant du domaine de la loi en vue de
techniques ?
renforcer la sécurité juridique des entreprises
Un communiqué de la DGFiP du 2 septembre soumises à des impôts commerciaux. Depuis le
2018 précise que « contrairement à ce qui est relayé 25 juillet 2018 et jusqu’au 31 octobre inclus, les
dans la presse, il est impossible que ces doublons TPE, PME, ETI et grands groupes sont invités à

GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018 127

 Repères
En Septembre 2018

répondre à un questionnaire en ligne pour faire parmi les plus riches. Selon la Fondation Jean-
part de leurs besoins sur le plan fiscal. Au 18 sep- Jaurès, cette réforme manque sa cible – stimuler
tembre 2018, environ 250 entreprises avaient l’investissement – et va provoquer un inévitable
répondu. Le ministre a lancé le 12 septembre accroissement des inégalités de revenu et de
2018 les travaux du groupe d’experts dans le patrimoine.
cadre de la concertation publique pour la mise en
place d’une nouvelle relation de confiance entre x Vers un Observatoire de la fraude
les entreprises et l’administration fiscale. fiscale
x Une contribution à l’audiovisuel Le 13 septembre 2018, lors d’un discours, le
public sans téléviseur ? ministre de l’Action et des Comptes publics, a
annoncé le lancement d’un Observatoire dont le
Mi-septembre, la ministre de la Culture, Françoise
but sera de « produire une évaluation publique de
Nyssen, a annoncé vouloir réformer la contribu-
la fraude fiscale et sociale ». Le syndicat Solidaires
tion à l’audiovisuel public (CAP), pour qu’elle soit
Finances Publiques s’est félicité d’une telle
« déconnectée de la détention d’un téléviseur ».
annonce. Ce dernier réclame une initiative de ce
Matignon, l’Élysée et Bercy ont indiqué que cette
type depuis la fin des années 1990 (cf. son rapport
réforme n’est pas d’actualité. Annoncé sous le
de janvier 2013 et de septembre 2018) estimant le
quinquennat précédent en 2014, puis finalement
abandonné, ce projet de réforme concernerait les manque à gagner entre 60 et 80 Md€ chaque
détenteurs d’ordinateurs, de tablettes et de télé- année. Selon lui, l’Observatoire de la fraude
phones mobiles. Chaque année, lors de l’examen fiscale doit déterminer un cadre précis de travail
de la loi de finances, Bercy et la Rue de Valois car, selon le périmètre retenu et la définition plus
reculent prudemment et se contentent d’ajouter ou moins restrictive de la fraude, le montant du
1 à 2 euros au montant de la CAP, fixée pour 2018, manque à gagner qui en découlera sera plus ou
à 139 euros. Le produit de la CAP en 2017 a été, moins important…
selon la Cour des comptes, de 3,17 Md€ (27,6 M
de foyers assujettis, dont 23,1 M de foyers payants,
x Les principales mesures fiscales du
soit 4,4 M de foyers dégrevés sur rôle). PLF pour 2019

x Proposition de modification des Le projet de loi de finances pour 2019 présenté

droits de succession au conseil des ministres du 24 septembre 2018
contient des mesures fiscales moins significatives
Le secrétaire général du Mouvement « En marche », que le précédent. En premier lieu, s’agissant de
Christophe Castaner, a déclaré au mois de sep- la fiscalité des particuliers, outre des ajustements
tembre 2018 vouloir lancer une réflexion sur la au barème de l’impôt sur le revenu, le PLF accom-
fiscalité des successions afin de lutter contre la pagne la mise en place du prélèvement à la
« progression des inégalités de naissance ». Selon source (PAS) : acompte de 60 % pour certains
lui, l’imposition sur les successions « est complexe, avantages fiscaux dès le 15 janvier et décalage
elle est mal acceptée, elle n’a pas vraiment suivi d’un an du PAS pour les particuliers employeurs
l’évolution de la société et les nouvelles formes (art. 3 PLF 2019). Il vise à mieux cibler l’action de
familiales », précisant qu’il ne s’agissait pas l’État en faveur du soutien à l’économie ultrama-
d’annonces du Gouvernement mais d’une piste de
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rine et aux habitants de ces territoires, en excluant
réflexion du parti majoritaire. Dans un communi- les plus hauts revenus (art. 4 PLF 2019). Par ail-
qué, la présidence de la République a clarifié la leurs, l’imposition des plus-values sur valeurs
position du Chef de l’État, en assurant que ce der- mobilières et droits sociaux en cas de transfert du
nier « a formellement exclu toute modification des domicile fiscal hors de France, dite « exit tax »,
droits de succession sous sa présidence» … sera remplacée par un nouveau dispositif, dit anti-
x L’impact des réformes de l’imposition abus, d’imposition des plus-values latentes sur les
titres et valeurs mobilières, limité aux résidents
du capital
français qui cèdent leurs titres moins de deux ans
Une étude de l’Observatoire économique de la après leur départ (art. 51 PLF 2019). En deuxième
Fondation Jean-Jaurès intitulée « Réforme de la lieu, s’agissant de la fiscalité des entreprises, le
fiscalité du capital : la sécession des riches » a été PLF 2019 contient le volet fiscal du projet de loi
publiée le 20 septembre 2018. Selon celle-ci, les relatif à la croissance et la transformation des
mesures fiscales d’allègement de la fiscalité de la entreprises, dit « PACTE » et plusieurs disposi-
détention et des revenus du capital entrées en tions de mise en conformité avec le droit euro-
vigueur le 1er janvier 2018 vont coûter 4,5 Md€ par péen : fiscalité des groupes (art. 12 PLF 2019) ; pla-
an au budget de l’État. Ces mesures profitent fonnement de la déductibilité des charges finan-
principalement à moins de 400.000 ménages cières à 30 % du résultat ou à 3 millions d’euros si

128 GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018

 Repères
En Septembre 2018

ce montant est supérieur (art. 13 PLF 2019) ; amé- TGAP visant à encourager le recours aux bio-
nagement du régime d’imposition des produits carburants, renommée « taxe incitative à l’incor-
tirés de l’exploitation et de la cession de brevets poration de biocarburants » (art. 60 PLF 2019) et
qui sera proportionné aux dépenses de recherche la réduction à 5,5 % du taux de TVA sur certaines
et de développement réalisées sur le territoire prestations de gestion des déchets (art. 59 PLF
national (art. 14 PLF 2019). L’impôt sur les sociétés 2019). En dernier lieu, au titre des mesures de
sera réformé et sécurisé, dans une logique de simplification fiscale, actées dans le cadre du
convergence européenne (art. 15 PLF 2019). Le programme « Action Publique 2022 », le PLF 2019
« pacte Dutreil» , qui assure la pérennité d’une entend moderniser le recouvrement de l’impôt,
activité sous le contrôle d’un noyau dur d’action- en réduisant le nombre d’interlocuteurs pour le
naires, est aménagé : maintien d’une exonération redevable, en développant les téléprocédures et
partielle des droits de mutation en cas de cession en faisant en sorte que la DGFiP n’ait plus à
entre héritiers ou donataires, assouplissement des manier d’espèces d’ici deux à trois ans. Le Gou-
modalités d’apport à une holding en cours d’en- vernement prévoit la suppression de 20 taxes à
gagement, suppression de l’obligation de décla- faible rendement (art. 9 du PLF) et la suppression
ration administrative annuelle (art. 16 PLF 2019). de niches fiscales inefficientes (remise gratuite par
Les entreprises qui optent pour l’IS pourront, du- l’employeur de matériels informatiques amortis ;
rant cinq ans, revenir à l’IR, si ce choix se révèle certaines aides à l’installation de salarié ; certains
pénalisant a posteriori (art. 17 PLF 2019). L’exoné- avantages liés aux sociétés financières d’innova-
ration de TVA sur les services à la personne sera tion (SFI) et aux sociétés coopératives d’intérêt
réservée aux seules prestations rendues à des pu- collectif (SCIC) ; des dispositifs relatifs à l’acquisi-
blics fragiles par des associations bénéficiant tion et à la construction de logements sociaux
d’une autorisation ou d’un agrément (art. 20 PLF dans les départements d’outre-mer) (art. 11 PLF
2019). Les aides fiscales en faveur de la gestion 2019). Enfin, le Gouvernement prévoit le transfert
des risques et de l’investissement agricole seront du recouvrement des diverses contributions sur
réformées, afin d’inciter les exploitants à consti- les boissons non alcooliques des services de la
tuer une épargne pour faire face aux crises ou dif- DGDDI vers les services de la DGFiP (art. 62 PLF
ficultés éventuelles (art. 18 PLF 2019). Par ailleurs, 2019).
un plafonnement de l’abattement sur le bénéfice
x Rapport parlementaire sur l’évasion
des jeunes agriculteurs est prévu (art. 53 PLF
2019). Le crédit d’impôt pour le rachat d’une fiscale internationale des entreprises
entreprise par leurs salariés sera étendu : la condi- Le Rapport d’information n° 1236 de Mme Béné-
tion tenant à la reprise par un nombre minimum dicte Peyrol et M. Jean-François Parigi, députés,
de 15 salariés sera supprimée (art. 49 PLF 2019). déposé le 12 septembre 2018 et relatif à l’évasion
En troisième lieu, s’agissant de la fiscalité environ- fiscale internationale des entreprises s’efforce de
nementale, à destination des particuliers, le Gou- préciser la notion d’évasion fiscale, « toutes les
vernement prévoit le renforcement du barème du opérations qui, bien que légales, sont artificielles
malus automobile, la prorogation d’un an du cré- et sans substance et doivent ainsi être fiscalement
dit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) sanctionnées » et formule quinze propositions
sans changement de périmètre, avant sa conver- destinées à renforcer les moyens de la combattre :
sion en prime pour les ménages modestes (art. 57
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contrecarrer la manipulation des prix de transfert,
PLF 2019), la prorogation de l’éco-prêt à taux zéro assouplir la notion d’abus de droit (« motivation
(PTZ) qui sera réservé aux logements de plus de fiscale principale et non plus exclusive »), renfor-
deux ans, sans condition de bouquet de travaux cer l’attractivité de la France (maintien d’un
au 1er mars 2019 (art. 58 PLF 2019), la suppression régime favorable aux brevets en y incluant les
des tarifs réduits de taxe intérieure de consom- logiciels), soutenir les projets européens ACCIS
mation sur les produits énergétiques (TICPE) dont et de taxation des services numériques ; renforcer
bénéficient certains carburants polluants utilisés les sanctions contre les paradis fiscaux ; accroître
pour la propulsion des véhicules non routiers, sauf la transparence (registres des bénéficiaires effec-
pour les entreprises des secteurs ferroviaire et tifs, déclaration de montages fiscaux à risque,
agricole (article 19). Enfin, s’agissant de la fiscalité publicité des déclarations pays par pays).
environnementale à destination des entreprises,
le PLF prévoit l’augmentation des tarifs de la com-
posante « déchets » de la taxe générale sur les MANAGEMENT PUBLIC.
activités polluantes (TGAP-d) entre 2021 et 2025
x Revue de missions à Bercy
pour inciter à la valorisation plutôt qu’à l’incinéra-
tion et au stockage des déchets (art. 8 PLF 2019), Le 4 septembre 2018, dans un discours devant les
le relèvement des tarifs de la composante de la organisations syndicales, le ministre de l’Écono-

GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018 129

 Repères
En Septembre 2018

mie et des finances, Bruno Lemaire, a donné des x Le programme du Gouvernement

indications sur les suites de la circulaire du Pre- pour la fonction publique
mier ministre du 24 juillet 2018 (voir Repères de
juillet 2018) et du rapport Action publique 2022. Dans plusieurs déclarations, le Secrétaire d’État
Les missions économiques des DIRECCTE se- chargé de la fonction publique, Olivier Dussopt, a
raient allégées pour devenir complémentaires de présenté le programme du Gouvernement qui
celles des régions et circonscrites à l’accompa- concerne les trois versants de la fonction publique
gnement des entreprises en difficulté, au déve- et qui fera l’objet d’un projet de loi sur la transfor-
loppement des filières stratégiques et à l’inno- mation de la fonction publique au printemps 2019.
vation. Les agents touchés par la réduction des Il s’appuiera sur « quatre leviers majeurs de refon-
emplois (de 430 à 120) bénéficieront d’un plan dation du contrat social avec les agents publics » :
d’accompagnement social. Les attributions de un dialogue social simplifié et recentré, un recours
la Direction générale de la concurrence, de la élargi au contrat, une rémunération plus individua-
consommation et de la répression des fraudes lisée, un accompagnement renforcé en matière
seront recentrées sur les missions prioritaires qui d’évolution professionnelle. Une quarantaine de
restent à définir. Un certain nombre de contrôles réunions ont eu lieu avec les organisations syndi-
seront confiés à d’autres acteurs. Les implanta- cales et les employeurs publics. La concertation se
tions du réseau économique à l’étranger seront poursuivra après les élections professionnelles du
réexaminées et les fonctions supports seront 6 décembre 2018. Ces projets devront s’articuler
transférées aux ambassadeurs, ce qui permettrait avec quatre dossiers transversaux interministé-
d’économiser 75 équivalents temps pleins. riels : simplification et amélioration de la qualité
du service rendu, transformation numérique, or-
x Poursuites des simplifications ganisation territoriale des services publics, moder-
administratives nisation de la gestion budgétaire et comptable et
avec les feuilles de route ministérielles.
Le Conseil des ministres du 12 septembre 2018 a
adopté deux mesures qui s’inscrivent dans les x Pour un numérique inclusif
efforts patients et continus de simplification ad-
De plus en plus de formalités administratives sont
ministrative. Un projet de loi de ratification de l’or-
obligatoirement dématérialisées alors qu’on es-
donnance n° 2018-474 du 12 juin 2018 harmonise
time que 13 millions de Français n’utilisent pas ou
à droit constant les définitions des revenus utili-
peu internet et sont victimes « d’illectronisme ».
sées pour l’assiette des cotisations de sécurité so-
Le Défenseur des droits, pour qui 33 % des Fran-
ciale, de la contribution sociale généralisée et de
çais de sont pas à l’aise avec internet, recom-
la contribution à la réduction de la dette sociale.
mande l’instauration obligatoire d’une voie alter-
Un projet de décret (D.n° 2018-785 du 12 septem-
native aux services numériques dans une décision
bre 2018, JORF du 13 septembre 2018, texte n° 1)
supprime 20 commissions consultatives. Depuis n° 2018-226 du 3 septembre 2018 relative à la
2012, le nombre de commissions consultatives dématérialisation des formalités administratives.
serait passé de 670 mi-2012 à 389. Le Premier mi- Le gouvernement a présenté le 13 septembre
nistre a complété sa circulaire du 24 octobre 2017 2018 un plan national pour un numérique inclusif.
Il repose sur l’initiative privée qui sera mobilisée
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par une nouvelle circulaire du 12 septembre 2018
qui étend aux commissions consultatives le prin- via des appels à projet pour détecter, conseiller
cipe « one in, two out »(sic) qui s’applique depuis et outiller les acteurs de terrain et créer des ate-
septembre 2017 aux textes règlementaires. liers numériques (projet « Hub France connec-
tée »). Des actions de formation seront organisées
x Nouveau concours de l’ENA réservé et pourront être financées par un « pass numé-
aux docteurs rique ». Les intermédiaires qui accompliront des
démarches pour le compte d’autrui pourront bé-
Un décret n° 2018-793 du 14 septembre 2018, néficier d’une connexion sécurisée par « France
JORF du 16 septembre 2018,texte n° 1, prévoit connect aidants ».
l’organisation d’une nouvelle voie d’accès à
l’École nationale d’administration qui s’ajoute aux
trois existantes (externe ; interne ; expérience pro- EUROPE.
fessionnelle, associative, syndicale ou élective). x Budget 2019 : le Conseil adopte sa
Elle sera réservée aux titulaires d’un doctorat et
position
se déclinera en trois spécialités : sciences de la
matière et de l’ingénieur ; sciences de la vie ; Lors d’une réunion à Bruxelles tenue le 4 septem-
sciences humaines et sociales. bre 2018, le Conseil ECOFIN a adopté sa position

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 Repères
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qui s’élève à un total de 164,1 milliards d’euros de McDonald’s au Luxembourg n’a pas entraîné
(Md€) de crédits d’engagement et 148,2 Md€ de d’aide d’État illégale, étant donné qu’elle était
crédits de paiement. Cela représente une aug- conforme à la législation fiscale nationale et à la
mentation respectivement de 2,09 % et 2,34 % par convention sur les doubles impositions entre le
rapport à 2018. Si certains domaines bénéficie- Luxembourg et les États-Unis. La Commission
raient ainsi d’un soutien accru (par exemple s’est même félicitée à cette occasion des mesures
recherche et l’innovation, 79 %, le programme prises par le Grand Duché pour éviter à l’avenir
Erasmus, 10,37 %, les investissements dans l’infra- toute double non-imposition.
structure, 26,46 %, l’environnement et l’action cli-
matique, 5,20 %, ainsi que la gestion des migra- x Aides d’État : aide incompatible de
tions, 55,80 %), par rapport au projet de budget
l’Italie à l’autorité portuaire de Naples
2019 présenté par la Commission, le total des cré-
dits d’engagement a tout de même été réduit Le 20 septembre, la Commission européenne a
de 1,6 Md€ et ceux de paiement de 0,5 Md€. Le constaté que 44 millions d’euros de subventions
Parlement – dont plusieurs membres ont critiqué octroyés au port de Naples, en vue de rénover les
les coupes opérées par le Conseil – devrait adop-
cales sèches louées aux chantiers navals Cantieri
ter ses amendements le 24 octobre. Cela devrait
del Mediterraneo, étaient contraires aux règles
déclencher une période de conciliation de trois
de l’UE en matière d’aides d’État. Mais, en re-
semaines, qui commencera le 30 octobre et pren-
vanche, elle a considéré que le report d’encaisse-
dra fin le 19 novembre.
ment des redevances de concession par l’autorité
x Une note du CAE sur une nouvelle portuaire ne constituait pas une aide d’État.
règle d’or européenne
x Fraude à la TVA : 150 milliards de
Le Conseil d’analyse économique (CAE) a pré- pertes
senté le 10 septembre 2018 une note au Premier
ministre formulant des propositions pour réformer Dans un rapport présenté le 21 septembre 2018,
le budget européen autour des principes de sim- la Commission a incité les États membres à adop-
plification, de stabilisation et de soutenabilité. ter la réforme qu’elle leur avait proposée l’an der-
Selon le CAE, les règles rigides ont engendré une nier (ce nouveau système définitif de TVA impli-
austérité budgétaire excessive pendant la crise et quant de taxer les ventes de biens à partir d’un
la réduction de la dette a été insuffisante dans de pays de l’Union vers un autre de la même manière
nombreux pays en période de conjoncture favo- que si les biens étaient vendus au sein d’un seul
rable dans les années 2000. Ces règles souffrent et même État membre) en raison de leurs pertes
en outre de « gros problèmes de mesure », en de recettes de TVA que ses services ont évalués à
étant basées sur le solde public structurel, « qui près de 150 Md€ en 2016 . Cette perte appelée
n’est pas observable et fait l’objet d’importantes « écart de TVA » correspond à la différence entre
erreurs d’estimation ». Étant ainsi « extrêmement
les recettes de TVA attendues et le montant effec-
complexe, peu transparent et conduisant à des
tivement perçu.
erreurs de politique économique », ce cadre bud-
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gétaire européen devrait, selon les auteurs de la
x Le projet de budget de l’Italie
note, être largement réformé sur la base d’une
« profonde simplification avec l’adoption d’une Le 7 septembre les gouvernements européens
règle plus lisible et pilotable, centrée sur l’évolu- déclaraient avoir confiance en Rome pour respec-
tion des dépenses publiques ». En pratique, il
ter les règles budgétaires de l’Union, notamment
s’agirait de fixer des objectifs par pays en fonction
parce que le ministre des Finances G. Tria annon-
de la situation économique observée. Ainsi
çait un déficit ne devant pas dépasser 1,6 % du
chaque gouvernement proposerait un objectif à
PIB. Mais les déclarations ultérieures du gouver-
moyen terme de réduction du ratio dette/PIB
nement italien, le 30 septembre (annonce d’un
qui permettrait de mieux adapter l’encadrement
déficit égal à 2,4 % du PIB les trois prochaines
européen des politiques budgétaires.
années sur la base d’une croissance de 1,6 % en
x Aides d’État : le Luxembourg n’a pas 2019 et 1,7 % l’année suivante, bien supérieurs aux
accordé un traitement fiscal sélectif à dernières prévisions revues à la baisse de + 1 % et
McDonald’s + 1,1 % en 2019 et 2020), ont amené les ministres
des Finances de la zone euro à lui demander le
Le 19 septembre 2018, la Commission a conclu 2 octobre de revoir son budget (voir Repères
que l’absence d’imposition de certains bénéfices d’octobre).

GFP N° 6-2018 / Novembre-Décembre 2018 131

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voyait de le réduire à 2,7 % du PIB cette année,

INTERNATIONAL. puis à 1,3 % en 2019, et de parvenir à l’équilibre
x Crise monétaire en Argentine en 2020. Avec un déficit passé de 6 % en 2015 à
3,9 % en 2017, ce nouvel objectif semble à court
Alors que le peso argentin a perdu 50 % de sa va-
terme très difficile à atteindre. n
leur et que l’inflation dépasse les 30 %, l’Argentine
est en récession : le gouvernement prévoit un PIB
réduit de 1 % en 2018. Le président Mauricio Michel Le Clainche
Macri a donc annoncé le 3 septembre un vaste avec le concours de
plan d’austérité afin de stabiliser l’économie et de Aurélien Baudu (fiscalité),
lutter contre le déficit budgétaire. Il comprend Fabrice Bin (Europe et international),
rien moins que la suppression d’une douzaine de Jean-François Calmette (finances de l’État)
ministères (12 sur 22), accompagnée d’une réduc- et Yves Terrasse (finances sociales)
tion des investissements (grands chantiers repor-
tés) et des subventions de l’État (spécialement en
matière de gaz et d’électricité), ainsi que de l’aug-
mentation des taxes à l’exportation (retour d’une
taxation à la source). Pour limiter les effets de ces x Retrouvez la chronique « Repères
mesures, l’augmentation des allocations et des d’actualité » chaque mois dès le 15 du
programmes alimentaires, ainsi que le plafonne- mois suivant et toutes les chroniques
ment du prix de certains produits de base ont été depuis janvier 2015 avec des liens hyper
annoncés. Le ministre de l’Économie a fixé textes aux documents cités sur le site
comme objectif l’équilibre budgétaire dès 2019, www.gestionfinancespubliques.info
alors que l’accord avec le FMI conclu en juin pré-

Annonces
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 Le Prix de thèse de la Cour des comptes
Afin de contribuer à l’amélioration des connaissances et à et qu’elle ait donné lieu à au moins une publication en
l’innovation en matière de finances publiques ou de gestion langue française, une thèse soutenue dans une autre
publique, la Cour des comptes soutient la recherche dans langue pourra être examinée par le jury.
ces domaines. Après le succès de la première session du
prix de thèse de la Cour en 2017, un nouveau prix de thèse Le prix, d’un montant de 5 000 €, et, le cas échéant, un
sera remis par son Premier président en 2019. prix spécial d’un montant de 2 000 €, seront remis sur la
base des délibérations d’un jury associant magistrats et
Ce prix est destiné à récompenser les auteurs de thèse, universitaires de haut niveau.
quelle que soit leur filière académique, qui contribuent à la
meilleure compréhension de la gestion et des finances Les docteurs souhaitant concourir doivent soumettre leur
publiques, au renouvellement de l’approche théorique thèse pour le 31 mars 2019. La remise des prix aura lieu
dans ces domaines et au développement de propositions en juin 2019, au palais Cambon.
opérationnelles. Le règlement du prix, les modalités et le calendrier précis de
La langue de publication de la thèse est le français. Sous l’appel à projet sont présentés sur le site internet des
réserve qu’un résumé long en français y soit adjoint, que juridictions financières www.ccomptes.fr, rubrique « nos
la thèse ait été soutenue devant une université francophone activités ».

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