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Le secteur public de demain

Les réseaux au service de


l’évolution du système éducatif
Education

Les stratégies cohérentes


et complètes adoptées par les divers
Sommaire
gouvernements d’Europe,
du Moyen-Orient et d’Afrique Présentation des points clés 2
ont indéniablement joué un rôle
important pour développer
l’utilisation des TIC dans l’éducation Introduction 3
afin de rehausser les niveaux
scolaires via le financement
et la mise à disposition des nouvelles Chapitre 1. Les TIC et l’éducation :
technologies. Il faut désormais une vision globale pour le XXIe siècle 4
définir une pensée plus radicale pour
Sélection d’initiatives nationales en Europe
savoir comment ces technologies
pourraient être utilisées de façon La fracture numérique : Nord/Sud, Est/Ouest
innovante, comment les enseignants
L’e-learning : la priorité de l’UE en matière d’éducation ?
devraient être formés pour repenser
leur rôle et comment adapter les
structures éducatives afin d’accueillir
Chapitre 2. Le nouveau paysage de l’éducation 13
et d’adopter les changements requis
pour exploiter tout le potentiel Les nouvelles solutions éducatives
de l’accès mondial à l’information,
L’environnement TIC
au savoir et à l’expertise.
L’évolution de l’e-learning

L’adoption des nouveaux styles d’enseignement

Les liens éducatifs entre l’école et la maison

L’éducation sans frontières

La place des universités d’entreprise et


des professionnels de la formation

Chapitre 3. La formation des enseignants


à l’ère de l’information 43

1
Présentation des points clés

● La plupart des gouvernements mettent actuellement en œuvre ● Les enseignants, les éditeurs de logiciels et les autres intervenants
des politiques pour s’assurer que les enseignants deviennent impliqués dans la production multimédia doivent travailler
des utilisateurs confirmés des technologies de l’information ensemble à la création de contenus éducatifs innovants qui
et de la communication (TIC), que les écoles et les universités permettront à un plus large groupe d’individus de bénéficier
soient équipées d’une technologie en réseau et que les TIC d’un accès accru au savoir.
fassent un jour partie intégrante du processus éducatif ;
● Les différences linguistiques, culturelles et pédagogiques entre
● La fracture numérique qui s’est creusée entre les divers pays les pays rendent difficile la création de contenus destinés
de la zone EMEA a été largement reconnue et diverses agences à un public mondial. Il faut donc des outils permettant
ont pris des mesures pour répondre aux besoins des économies de localiser les contenus facilement et à moindre coût pour
en développement ou émergentes. les différents marchés.

● Au sein de l’Union Européenne, l’industrie a travaillé avec ● Il existe un large éventail d’outils électroniques disponibles
la Commission Européenne pour soutenir le Plan d’action sur Internet. Ces outils doivent être évalués en relation
e-Learning, publié en 2001, et garantir le développement avec la matière, le contenu et la cible et servir à répondre
de la connectivité, des contenus, des programmes de formation aux exigences particulières de la matière enseignée.
et des compétences requises par l’ère de l’information. Internet peut être utilisé comme une encyclopédie ou comme
un moyen d’accéder aux experts, à des représentations
● Les systèmes d’éducation changent, mais pas assez vite dynamiques des concepts et des idées, à l’imagerie en 3D
pour satisfaire les attentes de la société. Dans l’ensemble, et la modélisation, aux modèles interactifs démontrant
les nouvelles technologies ont fait une entrée plutôt timide la cause et l’effet, aux simulations ainsi qu’aux concepts
dans les salles de classe et l’enseignement traditionnel reste de modélisation qui sont trop rapides ou trop petits pour
à peu de choses près le même qu’à la fin du vingtième siècle. être observés à l’œil nu. De plus, Internet peut supporter
Les TIC devraient pourtant faire la différence, comme la communication asynchrone et synchrone à base de texte,
elles l’ont prouvé dans certains projets exemplaires, mais d’audio et de vidéo, et offrir une plate-forme pour exposer
leur utilisation n’est pas encore assez répandue. et évaluer le travail des élèves.

● Les structures éducatives doivent reconnaître le fait ● Il faut développer de nouveaux modèles éducatifs pour rendre
que la technologie peut amener à modifier les cursus ainsi la technologie omniprésente. Le développement du terme
que l’accès des élèves à ces cursus. e-learning, qui décrit l’utilisation d’une technologie multimédia
en réseau appliquée à l’éducation, recouvre une multitude
● Les systèmes de contrôle des connaissances doivent évoluer de scénarios et d’outils qui optimisent et soutiennent
plus rapidement pour intégrer les possibilités offertes par le processus d’enseignement et d’apprentissage et offrent plus
la technologie afin d’étendre les modes d’évaluation des élèves ; de flexibilité pour choisir où, quand, comment et quoi
ainsi, de plus nombreux élèves pourront choisir le type apprendre, et auprès de qui.
de support qui leur permettra de démontrer au mieux leurs
connaissances et leurs capacités de réflexion. ● L’e-learning peut rendre l’enseignement plus abordable
et plus personnalisé. Grâce à une flexibilité accrue, les individus
● Les enseignants doivent repenser leur rôle et accepter que auront plus de choix et d’opportunités d’apprendre.
l’arrivée d’Internet ne leur permette plus d’exercer autant
de contrôle qu’avant sur l’accès des étudiants à l’information. ● Le développement des universités virtuelles et d’entreprise
va certes remettre en question les institutions traditionnelles,
● Grâce à Internet, les élèves peuvent accéder à des données mais l’enseignement peut être optimisé grâce à une
réelles et s’engager dans de “vraies” activités. Ils gagnent collaboration entre ces différents types d’institutions.
en autonomie pour choisir comment, où et quand apprendre.

● Les contenus éducatifs doivent répondre à des besoins réels


et pas simplement reproduire ce que le texte traditionnel fait
déjà très bien.

2
Introduction

Ce livre blanc étudie l’avancement de la mise en œuvre


et de l’intégration des technologies de l’information
et de la communication (TIC) dans le domaine éducatif
qui ont été initiées par les ministères de l’Education
nationale des divers pays d’Europe, du Moyen-Orient
et d’Afrique. Il émet des propositions sur ce qui doit être
fait à court terme pour que les TIC fassent vraiment
la différence et améliorent la qualité de l’enseignement
dans toute cette région, qui est probablement la plus
diversifiée du monde. Il présente certaines initiatives
gouvernementales qui encouragent l’utilisation des TIC
dans tous les secteurs de l’éducation. Le document aborde
ensuite la façon dont ces initiatives se développent dans
les écoles, comment elles sont susceptibles d’évoluer
et quels facteurs doivent changer pour que les TIC soient
vraiment intégrées et omniprésentes dans tous les secteurs
de l’éducation. En raison de l’étendue du sujet, ce document
se concentre sur les problèmes liés à l’enseignement
et à l’apprentissage, sans faire référence aux avantages
des TIC et aux coûts associés pour la gestion de l’éducation.

3
Chapitre 1. Les TIC et l’éducation :
e
une vision globale pour le XXI siècle

Politiques, problèmes et opportunités changement structurel et culturel dans


d’application des TIC à l’éducation en la constellation des rôles et des fonctions
Europe, au Moyen-Orient et en Afrique dans les processus d’enseignement et
La mesure dans laquelle les technologies d’apprentissage. La numérisation va
de l’information et de la communication avoir un effet permanent et profond sur
peuvent être utilisées dans le domaine l’éducation”. Cependant, pour exploiter
de l’éducation dans les différents pays tout le potentiel de cette puissance
et territoires dépend d’un large éventail transformatrice, certaines conditions
de facteurs. Certains sont déterminés de base sont requises, la plus évidente
par les conditions économiques, d’autres d’entre elles étant bien sûr l’accès aux
reposent sur le contexte “culturel” ordinateurs et à Internet. Il n’est donc
dans lequel l’éducation s’opère et enfin, pas très surprenant que, selon les chiffres
d’autres facteurs sont motivés par la de l’Unesco, la répartition du pouvoir
priorité politique accordée à l’éducation informatique entre les différents pays
par les différents gouvernements. soit largement comparable à celle des
Certaines des contraintes les plus évidentes situations économiques. Par exemple,
sont simplement liées à l’indisponibilité les élèves d’Europe occidentale sont
des fonds requis pour investir ne serait-ce nettement plus susceptibles de bénéficier
que dans le système éducatif de base, facilement d’un accès à Internet que leurs
sans même parler de l’équipement homologues d’Europe de l’Est.
informatique relativement onéreux dont
L’existence de cette “fracture numérique”
ont besoin les écoles et les universités.
n’est pas le sujet de ce livre blanc, bien
Néanmoins, la reconnaissance du potentiel qu’on ne puisse ignorer, si l’on se propose
des TIC pour transformer l’expérience de traiter de l’éducation, que l’accès au
éducative tant pour les élèves que savoir au sein d’une économie mondiale
pour les enseignants est le dénominateur définit justement sous de nombreux
commun de tous les pays et de tous aspects la prospérité ou la pénurie.
les territoires. Appliquées au domaine On estime que plus de 80 % de la
de l’éducation, les TIC impliquent la population mondiale ne dispose pas
création de nouveaux forums dynamiques d’un accès fiable aux télécommunications
et interactifs pour enseigner et apprendre. sous quelque forme que ce soit, et
Comme dans les autres secteurs d’activité, que plus de 50 % de la population adulte
la puissance de l’informatique en réseau mondiale n’a soit jamais passé, soit
représente une force considérable et jamais reçu un seul appel téléphonique.
inattendue pour changer et reconfigurer C’est pourquoi la distribution d’une
le paysage éducatif traditionnel. infrastructure de communication basique
Elles permettent également de rehausser à travers le monde entier représente
la qualité des expériences éducatives un pré-requis indispensable à la création
(tant en termes de contenu que de mode d’applications et de systèmes éducatifs
d’enseignement), qui doivent devenir plus évolués.
plus accessibles au plus grand nombre.
Néanmoins, la pensée et les mesures
Dans son rapport de 2001, le Programming
pratiques qui permettront de réaliser
Council for Educational Research des
les changements et les améliorations
Pays-Bas décrivait l’impact des TIC dans
attendus dans le domaine éducatif reposent
le domaine de l’éducation en ces termes :
en général sur l’utilisation et l’application
“Pour l’instant, on ne peut pas parler
des TIC au niveau mondial pour en faire
d’une révolution, loin s’en faut.
profiter le plus grand nombre possible.
A long terme, l’application des TIC
au domaine éducatif implique un

4
Au sein de l’Union européenne (UE), de nombreux domaines Figure 1 : Nombre d’élèves par ordinateur et nombre d’élèves
d’activité sont incités à mieux utiliser les TIC, mais sans doute par ordinateur connecté à Internet. Enseignement primaire.
pas autant que celui de l’éducation et de la formation. Source : Indicateurs de Base sur l’Intégration des TIC dans
les Systèmes Educatifs Européens. Faits et chiffres.
European Schoolnet Rapport annuel 2000/01. Eurydice, Direction générale de
European Schoolnet (EUN) est un regroupement de 22 ministères l’éducation et de la culture.
de l’Education de l’UE, de l’Association Européenne de Libre
Echange et des pays d’Europe centrale et de l’Est. Lors de sa 100
Nombre d’élèves par ordinateur en école primaire
création en 1997, l’EUN s’est fixé deux principaux objectifs : 90

80
● Etablir un campus européen multilingue virtuel pour 70
l’enseignement et la collaboration. 60
● Etablir un réseau européen pour l’innovation et l’échange 50
d’informations sur les TIC appliquées à l’éducation. 40

30
Depuis sa création, l’EUN s’est imposé comme un acteur 20
majeur et un forum incontournable pour un grand nombre de 10
projets actuellement lancés par les ministres de chaque pays. 0
Une visite du site Web http://www.eun.org/ permet d’appréhender EU B DK D EL E F IRL I L NL A P FIN S UK

la variété presque illimitée des projets éducatifs accessibles en ligne Nombre d’élèves par ordinateur connecté à Internet

et des initiatives d’enseignement développées en collaboration


qui ne sont possibles que grâce aux progrès des TIC.

Parmi les projets et les ressources actuellement présentés sur


Figure 2 : Nombre d’élèves par ordinateur et nombre d’élèves
le site Web de l’EUN, certains couvrent des sujets aussi divers
par ordinateur connecté à Internet. Enseignement secondaire.
que l’enseignement à distance pour les enfants hospitalisés,
Source : Indicateurs de Base sur l’Intégration des TIC dans
l’extraction de charbon dans la région de Castlecomer,
les Systèmes Educatifs Européens. Faits et chiffres.
la démocratie à l’ère électronique, la création d’un jardin virtuel,
Rapport annuel 2000/01. Eurydice, Direction générale de
la formation en mode et en stylisme via la création de pages
l’éducation et de la culture.
Web, le réseau “Jewish Science Technology Network”,
le Petit Prince à Euroland, le corps humain – une expérimentation,
la dimension culturelle, les ponts, le graphisme… 50
Nombre d’élèves par ordinateur au collège
En fait, la gamme des sujets qui peuvent être abordés et explorés et nombre d’élèves par ordinateur connecté à Internet.
via l’enseignement électronique est aussi illimitée que 40 Enseignement secondaire.

la curiosité humaine.
30

Comme le prouvent ces sites, les possibilités d’utilisation des


20
TIC dans l’éducation et de création d’expériences éducatives
ne sont limitées que par l’imagination dont les enseignants
10
font preuve pour leur création. Toutefois, le principal problème
est lié à la mise à disposition d’une technologie qui permette 0
aux enseignants de réaliser leurs aspirations pour fournir de tels EU B DK D EL E F IRL I L NL A P FIN S UK

contenus et de telles expériences éducatives. Nombre d’élèves par ordinateur connecté à Internet

Les chiffres collectés par Eurydice, la direction générale


de l’éducation et de la culture de l’UE, démontrent un écart
considérable entre les pays européens les mieux et les moins
bien équipés en ce qui concerne le ratio du nombre d’élèves
par ordinateur.

5
Sélection d’initiatives nationales en Europe
Bien que l’UE ait largement favorisé l’adoption des TIC dans les établissements scolaires,
chaque Etat membre investit lourdement dans la mise en œuvre de ses politiques pour
s’assurer que les élèves disposent d’un accès étendu aux ordinateurs au sein des écoles
et des universités.

Belgique
En Belgique, plusieurs initiatives d’envergure ont été mises en œuvre à travers
les trois principaux groupes linguistiques du pays. L’objectif qui préside à cette politique
consiste à stimuler l’utilisation des TIC dans les écoles et à s’assurer que le plus grand
nombre d’élèves possible puisse y accéder. Pour atteindre ces objectifs, les TIC font
désormais partie du programme d’enseignement obligatoire en Belgique.

Danemark
Le gouvernement danois s’est engagé à équiper tous ses établissements scolaires
de connexions Internet fiables et peu coûteuses, ainsi qu’à créer des intranets pour
les écoles. Au sein de l’UE, les écoles danoises bénéficient de l’un des meilleurs ratio
“nombre d’élèves par ordinateur” de l’enseignement secondaire, avec un ordinateur
pour seulement deux élèves. Le gouvernement a également lancé et financé
de nombreux projets éducatifs plus expérimentaux et avant-gardistes, notamment
le développement d’une université virtuelle et du “Danish Learning Lab”, un laboratoire
de recherche expérimentale en matière d’apprentissage et de développement
des compétences dans les entreprises, les institutions et les organisations éducatives
via la technologie informatique.

Allemagne
Un partenariat entre Deutsche Telekom et le gouvernement fédéral vise à équiper
tous les établissements scolaires en connexions Internet gratuites. Le gouvernement
a également financé la recherche et le développement de logiciels éducatifs à utiliser
dans l’enseignement, à tous les niveaux. Le projet intitulé “Les technologies
de l’information dans l’éducation et la formation : communiquer plutôt qu’isoler”,
qui bénéficie d’une enveloppe budgétaire de 750 millions d’euros, est un programme
de grande envergure conçu pour créer des opportunités et des centres pour une formation
complémentaire et continue tout au long de la vie.

Grèce
Le gouvernement grec a initié plusieurs projets pilotes dans ses écoles publiques.
Ceux-ci incluent un projet pilote pour l’enseignement primaire : le programme
“Ile de Phaeakes”, qui a permis d’installer des laboratoires informatiques connectés
à Internet dans 12 écoles pilotes. En ce qui concerne l’enseignement secondaire,
un programme de modernisation de l’infrastructure prévoit la mise en réseau de tous
les établissements d’ici 2006.

Espagne
En raison de la décentralisation du pouvoir vers les communautés autonomes
d’Espagne, de nombreuses initiatives différentes ont été lancées au sein de chaque région.
Les communautés sont ainsi responsables du financement et de la fourniture de matériel
et de logiciels aux écoles, le gouvernement central occupant un rôle plutôt consultatif,
en charge de la mise en œuvre uniforme des politiques définies avec les communautés
autonomes. Dans le cadre d’une vaste initiative stratégique dotée d’un budget de
2,5 milliards d’euros pour le développement de la société de l’information en Espagne,
le secteur de l’éducation a bénéficié d’investissements considérables dans les TIC.
En particulier, le programme “Aldea Digital” a permis d’équiper en connexions Internet
et autres ressources informatiques plus de 2500 écoles rurales situées dans les zones
à faible densité de population.
6
France
Une initiative de l’Education nationale a été mise en œuvre dans le cadre
d’un programme de grande envergure visant à “faire entrer la France dans la société
de l’information”. Cette initiative éducative cherche à atteindre trois objectifs :
1) favoriser l’utilisation des TIC dans les écoles, tant sous forme d’outil d’enseignement
que d’apprentissage,
2) développer un réseau centralisé, Educnet, ce qui implique de connecter tous
les établissements, entre eux ainsi qu’aux collectivités locales et aux entreprises, et
3) encourager la production et la diffusion de contenus pédagogiques et scientifiques
pour l’enseignement.

Irlande
L’Irlande cherche à atteindre l’objectif d’au moins un ordinateur par salle de classe
dans tous les établissements scolaires et souhaite aussi développer l’utilisation des TIC
en classe par les professeurs. Toutes les écoles irlandaises sont connectées à Internet,
et depuis 1998 (date de lancement du programme), presque tous les enseignants
ont été formés aux TIC, au moins au niveau basique. L’Irlande travaille également
au développement d’un réseau national qui soutiendra la création d’outils spécialement
conçus pour les programmes d’enseignement irlandais.

Italie
L’Italie vise l’objectif d’un ordinateur pour 10 élèves et souhaite connecter tous
ses établissements scolaires à Internet. Outre ces objectifs généraux, le gouvernement
a lancé plusieurs projets pour favoriser l’utilisation et l’intégration des TIC à l’école,
notamment un programme de prêts à taux zéro pour les étudiants afin qu’ils puissent
acquérir leur propre ordinateur.

Pays-Bas
Le gouvernement veut moderniser l’ensemble de son système éducatif afin d’améliorer
la qualité de l’enseignement public sous tous ses aspects. La création de Kennisnet,
“le réseau de la connaissance”, permet à tous les établissements scolaires et institutions
éducatives d’accéder à des ressources multimédias, de collaborer et d’échanger des
informations en ligne. Le gouvernement néerlandais a consenti de lourds investissements
dans le développement des TIC pour le secteur de l’éducation et s’impose à cet égard
comme un précurseur parmi les Etats membres de l’UE.

Finlande
La stratégie nationale de la Finlande consiste à garantir que chaque citoyen acquière
des compétences et des connaissances de haut niveau en matière de TIC. La seconde
phase de cette stratégie vise à créer une société au sein de laquelle chacun posséderait
les compétences considérées comme nécessaires par le gouvernement pour prendre
part à la société de l’information. De nombreuses entreprises et institutions ont ainsi
été réunies dans le cadre d’un partenariat pour encourager les citoyens finnois
à développer ces compétences. Plus particulièrement, des efforts significatifs ont
été réalisés pour former les enseignants à l’utilisation des TIC. Le gouvernement
finnois s’est également lancé dans la création d’une école virtuelle et d’une université
nationale virtuelle.

7
Suède
Le programme national pour les TIC à l’école soutient l’utilisation des TIC à tous les
niveaux d’enseignement et pour tous les établissements. Dans le cadre de ce programme,
tous les enseignants formés aux TIC reçoivent un ordinateur, et des efforts particuliers
sont consentis pour récompenser les enseignants ayant particulièrement contribué
à l’utilisation des TIC dans l’enseignement. La Suède a également créé Distum,
son agence nationale pour l’éducation à distance, dont le principal objectif consiste
à promouvoir l’utilisation des TIC dans l’enseignement à distance.

Royaume-Uni
Le réseau national pour l’apprentissage (National Grid for Learning) vise à connecter
toutes les institutions éducatives avec les musées, les bibliothèques et les centres
communautaires afin de déployer un vaste réseau de connaissances et de ressources
éducatives sur tout le territoire. D’ici 2004, le gouvernement britannique souhaite
atteindre le ratio d’un ordinateur pour cinq élèves dans l’enseignement secondaire et
d’un ordinateur pour huit élèves dans l’enseignement primaire. En 2002, chaque
établissement scolaire devrait bénéficier d’une connexion Internet, avec au moins 20 %
des écoles de chaque région connectées en haut débit. Ainsi, tous les établissements
pourront profiter de Curriculum Online qui cherche à “rehausser le niveau scolaire
et à réduire la charge de travail des enseignants en leur offrant un accès facile et efficace
à un large éventail de ressources éducatives numériques pour tous les programmes”.
Le BECTA, agence britannique pour les communications et la technologie en éducation,
est la principale agence du gouvernement pour la promotion de l’utilisation des TIC
dans l’enseignement. Le BECTA soutient le gouvernement et les autres agences
nationales dans l’utilisation et le développement des TIC pour atteindre les niveaux
éducatifs souhaités, étendre l’accès à l’éducation, optimiser les compétences et favoriser
une gestion plus efficace. La plupart des enseignants ont été formés à l’utilisation
des TIC comme outil pédagogique et un programme national en TIC a été intégré
à la formation initiale des enseignants. Parmi les autres projets les plus remarquables,
l’eUniversity britannique vise à offrir un large éventail de cours en ligne, dispensés
par tous les établissements d’enseignement supérieur du pays.

La fracture numérique : Nord/Sud, Est/Ouest


Dans les pays moins développés, l’adoption des TIC dans l’enseignement a été plus
lente, généralement à cause du manque de moyens disponibles pour fournir
la technologie appropriée. Par exemple, des chiffres récents de l’OCDE (Regards
sur l’Education 2002) indiquent que dans les zones urbaines du Royaume-Uni
(c’est-à-dire les villes de plus d’un million d’habitants), il y a en moyenne un ordinateur
pour huit élèves dans l’enseignement secondaire. Des résultats similaires caractérisent
de nombreux pays de l’UE. La Suède affiche le meilleur taux d’équipement, avec
un ordinateur pour quatre élèves. Mais dans les établissements scolaires urbains de
la Fédération de Russie, par exemple, ce ratio grimpe à 62 élèves pour un ordinateur,
sachant que ces statistiques ne disent rien sur le degré de sophistication de la technologie
informatique qui équipe ces deux pays. Le pourcentage d’élèves âgés de 15 ans qui ont
déclaré utiliser un ordinateur presque tous les jours à l’école est aussi assez révélateur.
Près de la moitié des élèves danois utilisent un ordinateur tous les jours à l’école, contre
seulement 5 % d’élèves du même âge dans la Fédération de Russie.

8
Dans la même étude, on a demandé aux De plus, le gouvernement tchèque
directeurs d’établissements scolaires dans a investi 50 millions d’euros dans un
quelle mesure le manque d’ordinateurs programme de développement de la société
gênait l’apprentissage. 55 % des directeurs de l’information tchèque pour aider
russes interrogés ont déclaré que ses citoyens à acquérir les compétences
le sous-équipement informatique entravait et l’expertise nécessaires pour exploiter
“beaucoup” l’enseignement et seulement tout le potentiel d’Internet et des
3 % estiment que ce problème ne nuit technologies associées.
que très faiblement à l’enseignement.
A la même question, seuls 5 % Le Moyen-Orient et l’Afrique
des directeurs d’établissements scolaires Les différences de richesse relatives des
français ont déclaré que l’absence d’une pays de la région influencent la façon
technologie informatique appropriée dont les TIC sont utilisées à l’école, tout
gênait l’apprentissage de leurs élèves. comme ces différences de prospérité
nationale se reflètent dans les politiques
Une fracture encore plus marquée dans
au sein de l’Europe. En Afrique sub-
l’accès informatique entre Europe
saharienne, par exemple, près de 40 %
de l’Est et l’Europe occidentale apparaît
des enfants de moins de 10 ans ne
quand on compare le taux d’élèves
seraient pas scolarisés du tout (selon les
en mesure d’utiliser un ordinateur
chiffres de l’Unesco). De nombreuses
à domicile pour faire leurs devoirs
écoles ne sont pas raccordées au réseau
ou pour compléter leur apprentissage.
électrique et ne disposent pas des services
Alors que 90 % des élèves suédois
de base ; l’introduction des TIC risque
de 15 ans affirment avoir accès à un
donc de prendre plusieurs années.
ordinateur chez eux tous les jours, seuls
Néanmoins, dans certaines zones de cette
15 % des élèves russes sont en mesure
région, plusieurs initiatives ont été
de le faire.
lancées pour équiper les salles de classe
Ces différences significatives dans l’accès en ordinateurs et en connexions Internet
à l’équipement informatique sont ainsi que pour assurer la formation
les facteurs les plus évidents qui entravant des enseignants, notamment en Afrique
les efforts des gouvernements pour du Sud. Le réseau SchoolNet Namibia
poursuivre le déploiement des politiques a récemment reçu un prix pour sa
TIC dans les établissements scolaires contribution exemplaire à l’introduction
et à travers toute la sphère éducative. durable des ordinateurs dans les écoles
Ils retardent le moment où l’éducation d’Afrique. Le projet permet d’équiper
pourra profiter des avantages que les écoles de Namibie à l’aide de solutions
l’adoption des TIC peut offrir. “open source” et de logiciels gratuits.
En partenariat avec les agences télécoms
Aussi réelle que soit la fracture numérique
publiques locales, il a établi des services
entre les pays d’Europe de l’Est et
Internet gratuits dans des laboratoires
de l’Ouest, elle ne doit cependant pas
informatiques fonctionnant à l’énergie
donner l’impression d’un manque
solaire. De nombreuses agences
de volonté politique à intégrer les TIC
internationales telles qu’Imfundo
dans ces pays où le manque de ressources
(www.imfundo.org) et World Links for
constitue un véritable obstacle au progrès.
Development (www.worldlinks.org/english)
Les pays de l’ancien bloc soviétique ont
soutiennent également des projets TIC
tous défini des stratégies pour améliorer
dans cette région. Le projet Imfundo du
l’accès aux TIC dans les écoles et pour
Département pour le Développement
former les enseignants de façon plus
International du Royaume-Uni travaille
efficace à l’utilisation des TIC. Par
de façon unique avec le secteur privé
exemple, la République tchèque s’est
pour développer des solutions éducatives
engagée d’ici fin 2005 à former 75 %
basées sur les TIC évolutives et viables
de tous les professeurs de l’enseignement
qui amélioreront la qualité de
secondaire aux bases de l’utilisation
l’enseignement et répondront au besoin
des TIC comme outil pédagogique.

9
d’un enseignement primaire universel. Fondée à l’origine Figure 3 : Page d’accueil de la Syrian Virtual University, qui
par la Banque mondiale, World Links for Development offrira des cours accrédités et dispensés par de nombreuses
est une organisation non gouvernementale basée aux Etats-Unis institutions de la région.
qui fournit un ensemble de services technologiques éducatifs,
spécialement conçus pour les ministères de l’Education,
les autres ONG et les agences de développement international
qui travaillent dans les pays en développement. Ces services
vont des solutions de connectivité basiques pour les écoles
à la formation professionnelle des enseignants en passant
par des programmes de formation destinés tant aux décideurs
politiques qu’aux communautés locales intéressées par
le lancement d’initiatives technologiques dans l’éducation.

Au Moyen-Orient, les pays du Golfe ont fait des progrès


remarquables dans l’utilisation des TIC. Par exemple,
l’Internet City de Dubaï est une véritable référence dans la région
en matière de recherche et développement pour les nouvelles
TIC émergentes. Pour soutenir le développement du potentiel
commercial d’Internet au Moyen-Orient, les pays du Golfe
ont créé un ambitieux programme pour former la prochaine
génération de professionnels IT. A Abu Dhabi, plus de
20 établissements scolaires seront équipés d’une infrastructure
informatique évoluée dans le cadre du projet d’éducation
informatique national parrainé par le prince de Dubaï, le cheikh
Mohammed Bin Rashed Al Maktoum. Les écoles seront
équipées de laboratoires informatiques qui permettront aux
élèves d’accéder à Internet et à une variété d’applications
multimédia. Tous les laboratoires sont reliés via un réseau
WAN, ce qui favorise la collaboration entre les établissements
scolaires des pays du Golfe.

En Israël, le développement des TIC dans l’enseignement


a également bien avancé depuis le premier plan national pour
la période 1994 - 1998. Des rapports récents du ministère
de l’Education et du comité parlementaire pour l’éducation
soulignent : 1) le besoin d’améliorer l’apprentissage des élèves
et des enseignants comme les compétences de gestion des
connaissances, ainsi que la formation continue tout au long
de la vie, 2) le besoin de garantir un accès fiable aux contenus
et aux outils Internet et 3) le besoin de soutenir la recherche
et le développement en favorisant la création de contenus
et d’opportunités de recherche et d’apprentissage de qualité.

Ailleurs dans cette zone, la création de la Syrian Virtual


University, première université virtuelle de la région, permettra
grâce à Internet d’offrir aux élèves de vastes zones géographiques,
un accès commun aux contenus et aux outils éducatifs.

10
L’e-learning : la priorité de l’UE en matière d’éducation ?
En collaboration avec la Commission européenne, Cisco Systems, IBM, Nokia,
Smartforce et SanomaWSOY ont organisé en 2001 le sommet de l’e-learning,
qui a réuni pour la première fois les principaux acteurs et spécialistes de l’e-learning
issus des secteurs public et privé. L’objectif du sommet consistait à discuter des moyens
qui permettront d’étendre l’e-learning dans l’UE, en réponse au plan d’action
e-Learning de la Commission européenne. Viviane Reding, commissaire européen
en charge de l’éducation et de la culture, a inauguré le sommet en déclarant :
“L’e-learning, l’innovation en matière d’éducation et de formation sont essentiels pour
créer une nouvelle société européenne de l’information”. Le but de ce sommet était
d’explorer tous les détails de cette déclaration, d’étudier comment les secteurs public
et privé pouvaient travailler ensemble pour atteindre cet objectif commun et de
proposer les mesures que les Etats membres de l’UE doivent prendre pour faire de l’UE
“l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde”.

Cet objectif se trouve au cœur de la politique de l’UE et de nombreuses initiatives


sont actuellement en cours dans tous les domaines d’activité pour atteindre cet objectif.
Cependant, l’arène de l’éducation et de la formation est celle qui bénéficie du plus
grand nombre d’activités en ce sens.

Le sommet a défini dix recommandations qui présentent les mesures requises pour
créer en Europe un environnement favorable à la diffusion de l’e-learning et développé
un ensemble d’actions et d’indicateurs suggérant la façon d’appliquer ces mesures.

1. Connecter tout et tout le monde, partout


Cela implique la connexion Internet et la mise en réseau complète de tous
les établissements scolaires. Au final, le domicile de chaque enseignant et de chaque
élève sera connecté, d’une façon ou d’une autre, à Internet.

2. Développer et adopter des standards ouverts pour l’e-learning


L’e-learning doit être développé avec un maximum d’interopérabilité et des standards
ouverts à travers toute l’Europe. Cette ouverture favorisera le partage tout en respectant
les droits de propriété intellectuelle des créateurs et des propriétaires de contenus.

3. Concentrer la recherche e-learning sur la pédagogie, les contenus électroniques,


des interfaces et des systèmes faciles à utiliser
Les initiatives e-learning doivent avant tout chercher à produire des contenus optimisés,
des méthodes pédagogiques et une expérience générale améliorée pour l’apprenant
plutôt que d’être uniquement motivées par les développements technologiques.

4. Créer les conditions favorables au soutien d’un marché commercial de la création


de contenus e-learning
Les institutions éducatives doivent disposer du budget nécessaire pour acquérir
des contenus numériques. Les secteurs privé et public doivent établir des modes
de collaboration pour surmonter tous les obstacles éventuels à leur coopération
dans la création de contenus numériques appropriés.

11
5. Augmenter les investissements dans la formation continue des enseignants et
des formateurs, améliorer leur statut et les aider à comprendre l’e-learning pour développer
une pédagogie adaptée
Le rôle de l’enseignant, qui se trouve au cœur du processus de transformation
de l’enseignement, doit être reconnu et renforcé au niveau politique. Il faut offrir
aux enseignants toutes les opportunités d’optimiser leurs compétences et leurs
connaissances afin de créer des environnements d’e-learning favorables à l’apprentissage.

6. Développer des cursus et des structures d’évaluation flexibles pour dispenser aux
individus les compétences dont ils ont besoin afin de participer à l’ère de l’information
La fracture numérique des compétences TIC en Europe doit être réduite avec une
certaine urgence. Enseignants, gouvernement et industrie doivent travailler ensemble
pour créer et mettre en œuvre des initiatives qui pallieront la pénurie de professionnels
IT et généreront une main-d’œuvre formée à la culture numérique.

7. Etendre les communautés et les forums e-learning


Les responsables de la création et de la diffusion de l’e-learning doivent développer
des forums au sein desquels ils pourront partager leurs succès, mettre leurs connaissances
en réseau et échanger leurs expériences. Les technologies réseau sont essentielles
à la collaboration et elles doivent être appliquées au développement de l’e-learning.

8. Créer des mesures financières incitatives pour promouvoir l’adoption de l’e-learning


On peut utiliser toutes sortes d’incitations financières et fiscales pour motiver
les individus et les employeurs à adopter l’e-learning. Il faut encourager les citoyens
à devenir plus responsables de leur propre apprentissage et les employeurs doivent
pouvoir constater les avantages concrets de cette responsabilisation.

9. Débloquer des fonds pour soutenir l’e-learning


Les fonds consacrés au développement de l’e-learning et à la formation des enseignants
doivent être investis dans les pays les moins riches.

10. Explorer le potentiel des partenariats entre secteurs public et privé


Les partenariats privé/public entre l’industrie et le gouvernement joueront un rôle essentiel
dans le développement de l’e-learning. Les investissements à long terme doivent être
conçus de façon à offrir des avantages et des mesures incitatives tant aux investisseurs
publics que privés. Cela requiert le développement de modèles d’investissement privé
et public en infrastructure, et la création de bancs d’essais et de best practices pour
les partenariats privé/public.

Un “eLearning Industry Group” (eLIG) a été formé à la suite du sommet


pour développer des initiatives à partir des recommandations émises en faveur
du plan d’action e-learning et à ce jour, quatre projets ont déjà été lancés.

12
Chapitre 2. Le nouveau paysage de l’éducation

Les nouvelles solutions Les structures scolaires vont-elles


éducatives changer ?
Les TIC ne rendront pas les enseignants Fondamentalement, les structures scolaires
superflus, mais elles contraindront n’ont pas beaucoup changé depuis
inévitablement la profession à revoir son l’introduction de l’éducation obligatoire.
rôle pour l’avenir. Jusqu’à présent, Les élèves sont répartis dans les classes
l’introduction des nouvelles technologies selon leur âge et ces classes sont parfois
au vingtième siècle a eu peu d’impact sur organisées en fonction de leurs aptitudes
la nature de l’enseignement et sur les dans un domaine donné, généralement
relations entre élèves et professeurs. les mathématiques ou la langue nationale.
En 1900, l’adoption de l’ardoise a certes A l’école primaire, un seul professeur
permis aux élèves d’abandonner les est chargé de l’enseignement de la classe,
rames de papier, mais l’enseignement est et dans l’enseignement secondaire, les
resté le même. En 1960, les machines cours sont dispensés par divers spécialistes
d’enseignement séquentiel ont rejoint les des matières inscrites au programme selon
livres dans les salles de cours, puis ce fut des emplois du temps fixes. Dans certains
le tour des bandes magnétiques en 1975. pays, les élèves sont orientés à 14 ou 15 ans
Sept ans plus tard, les tous nouveaux vers une filière technique ou professionnelle
objets étaient les micro-ordinateurs. ou vers un programme scolaire standard,
Ces outils permettaient aux élèves de souvent sélectionnés en fonction de leurs
travailler seuls sans que le professeur ait capacités à suivre un cursus universitaire.
à gérer chaque étape du processus
Dans un article intitulé Computer meets
d’apprentissage, d’apprendre à leur
classroom, classroom wins1 et publié il y a
rythme, d’assimiler de nouvelles données,
près de dix ans, Larry Cuban expliquait
compétences et concepts ou de renforcer
pourquoi les nouvelles technologies
les connaissances déjà acquises. Dans les
n’avaient pas transformé les établissements
années 90, l’émergence de l’informatique
scolaires comme ce fut le cas pour
en réseau et d’Internet, qui améliorait
d’autres institutions :
l’accès aux informations et aux
opportunités de collaboration et de
communication avec les enseignants D’abord, les croyances culturelles sur ce
et les élèves au-delà de la salle de classe, qu’est l’enseignement, la façon dont il doit
de l’école ou de l’université, a marqué
une avancée significative pour les
être dispensé, les connaissances pertinentes
opportunités pédagogiques dont à l’école et la relation élève/professeur
le potentiel n’est pourtant pas toujours
(et non pas élève/machine) dominent
entièrement exploité. Alors que
les hologrammes et la réalité virtuelle les opinions du grand public sur ce que doit
deviennent monnaie courante dans être l’enseignement. Ensuite, la répartition
les contextes éducatifs et que d’autres
technologies encore inconnues vont
des élèves en fonction de leur âge, une
émerger, ces outils auront-ils un impact invention organisationnelle qui date de la
vraiment important sur l’enseignement,
fin du dix-neuvième siècle, a profondément
l’apprentissage et la nature de l’éducation
scolaire ? D’ici cinq ans, les institutions structuré ce que les enseignants font et ne
éducatives seront-elles très différentes font pas en classe, y compris l’adaptation
de ce qu’elles sont aujourd’hui ?
Et à quoi ressembleront-elles en 2020 ?
constante des innovations pour les intégrer
à ces contextes définis en fonction de l’âge.

1 L. Cuban (1993). Computers meet classroom: classroom wins. Teachers College Record, 95(2), 185-210.
13
Cette affirmation est étayée par des interviews menées par l’auteur auprès d’élèves
de l’enseignement secondaire. Quand il leur a demandé de penser à un moment
où ils se sont ennuyés devant un ordinateur, un élève a évoqué un jour où il devait
“taper les notes du tableau”. Son professeur s’appropriait certainement la technologie
pour répondre à sa propre vision de l’enseignement.

Cuban cite l’exemple du rétroprojecteur, introduit pour la première fois en 1932 mais
qui ne s’est imposé comme un “pilier” dans la plupart des salles de classe que dans
les années 90 : un outil qui, selon lui, “étend ce que les professeurs font habituellement
et qui est encore mieux qu’un tableau noir. Les professeurs peuvent toujours faire leur
cours, fournir des explications et poser des questions à toute la classe en même temps”.
Le rétroprojecteur a mis près de 60 ans à s’intégrer dans la pratique en classe,
pourtant, il n’était qu’un outil optimisant ce que les enseignants faisaient déjà.
Combien de temps faudra-t-il pour que les ordinateurs deviennent monnaie courante ?
Et s’ils doivent changer la façon d’enseigner, le rythme du changement sera-t-il plus
lent, ou les écoles réagiront-elles (relativement) rapidement aux enjeux du marché
de l’emploi ? Il y a dix ans, Cuban étudiait dans cet article trois “impulsions”
pour utiliser les dernières technologies dans les écoles. La première consiste à mettre
les écoles en relation avec le monde professionnel, de sorte que les élèves soient préparés
à la rude concurrence qui sévit sur le marché de l’emploi. Cette impulsion est dérivée
“du rôle social des écoles publiques pour préparer les élèves aux professions et de
la proposition selon laquelle les diplômés, dans un monde toujours plus technologique,
doivent savoir comment utiliser les machines électroniques”.

La deuxième impulsion repose sur la philosophie du constructivisme social2, selon


laquelle les ordinateurs soutiennent la collaboration entre élèves pour des activités
autonomes qui créeront la compréhension. La dernière impulsion est la productivité,
que Cuban décrit comme “le fait d’apprendre plus en moins de temps et à moindre
coût” et qui remonte “aux origines de l’école publique au début du dix-neuvième siècle
et dont le but éducatif n’a pas changé depuis”.

Une autre raison qui explique pourquoi l’école a si peu changé depuis l’arrivée des
nouvelles technologies est que l’accès aux TIC au sein de l’école était jusqu’à présent
extrêmement limité. Cuban et d’autres3 ont calculé que le temps passé par un élève
devant un ordinateur à l’école représente en moyenne entre 4 et 6 % de son temps total
d’apprentissage. Ainsi, l’impact des TIC sur les programmes scolaires et les méthodes
pédagogiques des enseignants devrait être assez limité tant que ce pourcentage
n’augmente pas. L’arrivée récente des technologies mobiles et sans-fil pourrait bien
faire changer profondément les choses.

Alors que les TIC se généralisent de plus en plus, il faut déployer encore plus d’efforts
pour s’assurer que les enseignants maîtrisent personnellement ces technologies.
Les structures d’évaluation et le développement des cursus doivent aussi refléter
la contribution des TIC à l’enseignement et à l’apprentissage. Il s’agit d’exploiter
les conclusions des études et des recherches pour redéfinir les cursus. Avons-nous
toujours besoin de la structure de cursus actuelle alors que les informations mises
à la disposition de nos élèves vont bien au-delà des limites imposées ? Les commissions
d’examen doivent aussi prendre des décisions avisées sur les nouvelles formes
d’évaluation utilisant les TIC, notamment pour le contrôle de connaissances en ligne
et l’adoption des offres multimédia sous tous leurs formats, y compris les simulations,
l’audio et la vidéo, les pages Web et le travail collaboratif. La restructuration
du système éducatif ne pourra s’opérer qu’avec une refonte complète des cursus,
des outils d’évaluation et des structures scolaires.

2 Selon la philosophie du constructivisme social, l’enseignement est lié au contexte socioculturel dans lequel il est dispensé.
Les élèves construisent leurs connaissances plus qu’ils ne les acquièrent, et cela se fait via leurs interactions avec les autres
(Vygotsky, 1978).

3 Par exemple, D. Passey (1999), article présenté à la conférence MACE, juillet 1999, Coventry, université de Warwick.
14
Gagner la confiance des Dans une école primaire, deux élèves âgés
enseignants
de 10 ans écrivent un e-mail à une personne
De nombreuses études4 indiquent
clairement que pour utiliser efficacement vivant dans un autre pays car on leur
les TIC, les enseignants doivent être à a demandé d’envoyer certaines informations.
l’aise et familiarisés avec les technologies :
ils doivent comprendre pour quelles Les enfants rédigent le message ensemble.
raisons les utiliser et être convaincus Quand ils ont terminé, ils le relisent,
de leurs avantages. Il s’agit de rendre
en vérifient l’orthographe, la grammaire
les ordinateurs plus facilement
accessibles et de présenter des études et le sens. Leur institutrice est surprise
de cas exemplaires. Les enseignants du résultat final, qu’elle contrôle avant que
doivent développer l’autonomie
des élèves et offrir des opportunités les élèves n’envoient le message. L’attention
d’apprentissage authentiques. apportée aux détails par les enfants est bien
Ces études démontrent amplement
plus soutenue que si ces mêmes élèves
que l’apprentissage des élèves est plus
solide et que leurs connaissances avaient dû rédiger le texte à l’attention de
et leurs capacités de compréhension sont la classe.
améliorées dès que les TIC sont utilisées
pour encourager les élèves à travailler
Source : M. Selinger (2001) “Authentic tasks and the Internet in schools”, in
ensemble et le professeur à adopter M. Leask (Ed), Issues in teaching and learning with ICT. Londres, Routledge.
une approche moins didactique.

Cependant, pour que l’apprentissage


se développe dans cette direction, Le professeur est là pour apporter son soutien et ses conseils.
les enseignants doivent porter un autre Il faut néanmoins assurer un soutien sous-jacent pour aider
regard sur leurs élèves et orienter les professeurs à accepter le potentiel de la technologie dans
leurs méthodes pédagogiques vers l’enseignement. L’utilisation des TIC peut modifier la façon dont
une perspective constructiviste sociale les enseignants envisagent leurs élèves, mais il faudra du temps
au sein de laquelle ils encouragent le
pour qu’ils adoptent ce nouveau point de vue dans la pratique.
partage des connaissances. Seules, les
Il est probable que certains enseignants auront besoin de plus
TIC ne changeront pas les professeurs ;
de soutien que ce qui a été prévu dans les initiatives actuelles
c’est leur vision fondamentale des élèves
qui doit changer, mais les TIC peuvent de formation à l’intégration des TIC dans l’enseignement.
agir comme un catalyseur. Cette question sera abordée de façon plus détaillée ultérieurement.
Les résultats de l’Education Departments
Superhighways Initiative au Royaume-Uni
indiquent que l’utilisation des TIC peut
développer l’autonomie des élèves :
ils peuvent devenir plus responsables
de leur apprentissage et prendre
des décisions sur leur orientation scolaire.
L’utilisation des e-mails envoyés à de
vrais destinataires illustre bien cette idée.

4 M. Selinger, K. Littleton, A. Kirkwood, J. Wearmouth, J. Meadows, P. Davis, J. Taylor, C. Lincoln et S.


Lochun (1998) Educational Internet Service Providers Project, rapport d’évaluation finale, Londres, DfEE.
15
Développement de contenus éducatifs dans sont délaissées. Les cours doivent laisser à chaque professeur
les environnements TIC la possibilité d’apporter sa contribution personnelle et
Les contenus éducatifs de qualité incitent les enseignants comme des modifications et encourager les enseignants à émettre
les élèves à utiliser les TIC. Des contenus trop nombreux des opinions sur l’adaptation en fonction de leur connaissance
reviendraient au modèle éducatif linéaire, donc à de l’e-reading, et de leur compréhension des aptitudes des élèves avec lesquels
sans exploiter tout le potentiel des technologies. ils travaillent. L’une des solutions suggérées par une étude
Dans ce secteur, les fournisseurs de contenus traditionnels sont récente est que le contenu électronique doit comprendre
lents à relever le défi et semblent peu susceptibles de le faire tant de petits modules réutilisables plutôt que de grandes unités
que le potentiel du marché n’aura pas été clairement démontré. monolithiques. Les enseignants peuvent ainsi adapter les petits
Mais il semble évident que la croissance du marché est ralentie modules ou objets éducatifs plus facilement pour les intégrer
par la pénurie en contenus de qualité. La question est à leur approche pédagogique et à leur style d’enseignement.
de savoir si le marché réagira à temps lorsque la demande sera
Si l’on se penche sur tout le travail effectué jusqu’à maintenant,
suffisamment forte ou si l’intervention de l’Etat sera requise
il apparaît de plus en plus que ce domaine requiert un nouveau
pour le stimuler : le secteur est déjà largement subventionné
type d’approche (ce dont il manque largement). Les fournisseurs
par des aides publiques déguisées.
de contenus doivent être familiarisés avec la technologie,
En quête de nouvelles sources de contenus, le secteur se tourne comprendre les enjeux de l’éducation et être très compétents en
vers l’industrie du spectacle et du divertissement, la presse, les matière de conception. Sans véritable but éducatif, les superbes
musées et les galeries, les universités, les entreprises et les écoles graphiques sont aussi dépourvus d’intérêt (et répandus) que
de commerce, ou ailleurs. Ici, les enjeux sont encore plus grands les contenus éducatifs extrêmement approfondis et documentés
car aucun contenu prêt à l’emploi n’est disponible et l’aspect qui restent impénétrables à la plupart et sont donc inutiles.
commercial menace d’introduire des contenus inappropriés et Cependant les concepteurs, les enseignants et les spécialistes
une continuité insuffisante. Certains enseignants ont recherché de la technologie ont tendance à envisager le monde de façon
des contenus sur le Web et il y a beaucoup de choix disponible, très différente et il est rare de trouver une approche qui ne
mais l’adaptation des contenus au contexte de l’enseignement en soit pas faible dans un – voire deux – de ces domaines. Ces trois
classe exige un travail considérable et beaucoup d’intermédiation. intervenants doivent être identifiés pour accomplir un travail
Certaines initiatives visant à définir un ensemble de standards efficace, et il se peut que la génération capable de les combiner
pour étiqueter le contenu et rendre ainsi les recherches plus soit justement en train d’arriver sur le marché du travail.
pertinentes sont déjà bien avancées. Jusqu’à présent, le marché
des contenus pédagogiques électroniques a été limité en raison Qui sont les acteurs du marché des contenus
de l’incompatibilité des formats et des plates-formes prises éducatifs et e-learning ?
en charge ; pour les contenus pédagogiques, les standards Il semble évident que les Etats-Unis dominent le marché
signifient que tout contenu fonctionnera avec n’importe quelle de l’e-learning scolaire. Mais même là-bas, le développement
application compatible, ce qui enrichira considérablement la de contenus spécialement conçus et adaptés à ces nouveaux
gamme de contenus disponible pour les enseignants et les élèves. environnements reste encore inégal et fragmenté. Actuellement,
le marché américain des contenus e-learning pour les écoles est
La plupart des tentatives de développement d’un cursus continu
occupé par de nombreux éditeurs et créateurs de contenus
et cohérent ont fait apparaître une énigme similaire : comme
traditionnels ou non traditionnels. La commission américaine
il faut investir beaucoup de temps et de ressources pour
pour l’éducation sur le Web estime que le marché américain
construire un cours de bout en bout, la tendance consiste donc
des contenus éducatifs (tous média) représente près de 4 milliards
à commencer par des contenus pilotes. Toutefois les enseignants
de dollars par an. Néanmoins, la proportion de ces marchés
sont peu susceptibles d’engager leurs classes dans l’un de
qui peut être aujourd’hui considérée comme du contenu en ligne
ces cours si le plan de progression est absent ou peu clair,
reste limitée.
ou s’il n’est pas conforme aux programmes scolaires nationaux.
La plupart des contenus actuellement disponibles tendent Le marché des contenus éducatifs de l’UE est un peu moins
à ignorer ou à contourner les exigences liées à la construction développé qu’aux Etats-Unis, mais pas de façon démesurée.
d’un cours cohérent et se concentrent sur les exemples où Cependant, le marché européen des contenus en ligne est encore
une approche particulière ou hautement modulaire semble moins bien desservi, mais certains signes laissent à penser
appropriée (comment un moteur à combustion fonctionne vu que la création de contenus spécialement développés pour
de l’intérieur…). Ces exemples n’offrent en fait qu’une nouvelle un environnement Web présente un intérêt croissant aux yeux
façon de présenter les cartes et les diagrammes et ne relèvent des éditeurs qui, jusqu’à aujourd’hui, se reposaient sur des supports
que quelques-uns des défis de l’e-learning. De plus, il y a plus traditionnels pour réaliser la majorité de leur chiffre d’affaires.
un équilibre à trouver entre préserver la créativité des professeurs De plus, les incitations à adopter une approche intégrée
et réduire leur charge de travail. Les cours prêts à l’emploi de l’éducation à travers l’Europe signifient que le marché des
sur mesure peuvent amener à croire que l’intervention de contenus en ligne spécialisés devrait se développer rapidement.
l’enseignant est inutile et que les bonnes méthodes d’enseignement

16
Dans son rapport intitulé “The Power of the Internet for Learning”5, la commission
américaine pour l’éducation sur le Web a identifié “le manque de contenus de qualité”
comme un obstacle majeur au développement de l’e-learning dans les écoles :

Bien trop souvent, les débats soulevés par l’enseignement sur Internet tendent
à se replier sur une foi simpliste dans le pouvoir de la technologie. Evidemment,
l’interactivité est un puissant facteur d’attraction pour les professeurs comme
pour leurs élèves. Mais aussi évoluée soit-elle, la technologie n’a pas de sens
si elle ne supporte pas les contenus qui répondent aux besoins des apprenants.

Certains des contenus actuellement disponibles sur le Web sont excellents,


mais la grande majorité reste médiocre. Les développeurs de contenus et
les enseignants devront relever plusieurs défis pour produire, distribuer, référencer,
indexer et évaluer les meilleurs contenus en ligne de qualité. Ils doivent combler
les écarts de ce marché, trouver des moyens pour transformer les plans de leçons
fragmentés en cours complets, tenir les promesses des opportunités de formation
supérieure sur le Web et assurer la qualité de ce nouvel environnement.

Les trois principaux facteurs qui déterminent la réussite d’un environnement


d’e-learning sont :

(i) La qualité des contenus et des sources ;

(ii) La conception du site Web ;

(iii) Le degré de collaboration et d’interaction offert par les contenus


et la plate-forme de présentation.

Il est évident qu’on trouve ces trois qualités en abondance sur une multitude
de sites Web. Toutefois, elles sont moins souvent réunies sur les sites et les services
du marché éducatif.

En Europe, les éditeurs éducatifs traditionnels commencent à s’intéresser à l’e-learning,


mais les progrès sont lents. De même, les start-up qui maîtrisent les technologies
à la base de l’e-learning essaient de pénétrer le marché éducatif en acquérant
des contenus ou, dans une certaine mesure, en créant leurs propres contenus.
Il existe évidemment des raisons nombreuses et complexes expliquant pourquoi la ruée
vers l’adoption du potentiel éducatif d’Internet a été, à ce jour, largement confinée
aux entreprises et à l’enseignement supérieur. De plus, l’enthousiasme décroissant
des investisseurs pour ce secteur implique généralement que de nombreuses start-up
spécialisées dans l’éducation en ligne doivent se battre dans un environnement
commercial bien plus difficile qu’il ne l’était deux ans plus tôt.

Néanmoins, les engagements pris par de nombreux gouvernements pour garantir


au plus grand nombre un meilleur accès aux ressources éducatives, indépendamment
des contraintes sociales, économiques et parfois géographiques, signifient que les
éditeurs devront s’intéresser au Web comme à un support leur permettant d’étendre
leurs marchés et de développer leurs gammes de produits.

5 Rapport final de la commission pour l’éducation sur le Web : “The Power of the Internet for Learning; From Promise to Practice”.
17
Face aux exigences particulières liées à l’utilisation d’Internet comme support d’édition,
les fournisseurs ne peuvent plus simplement se contenter de déverser leurs contenus
numérisés sur des pages Web. L’e-learning génère une demande en contenus
multimédias interactifs qu’une simple réorientation et adaptation des textes existants
sont incapables d’assurer. Les éditeurs ont donc dû commencer par créer des contenus
complets afin que ceux-ci répondent aux attentes de leurs utilisateurs.

Certains éditeurs ont concentré leurs efforts sur la création de versions numériques
des manuels existants et des autres ressources éducatives, tandis que d’autres se sont
spécialisés sur les canaux et les plates-formes de distribution qui contrôlent l’accès
aux produits numériques. Par exemple, McGraw Hill a lancé Primis Online,
une “e-librairie” qui permet aux professeurs de créer leurs propres manuels à partir
de plus de 230 000 pages de texte numérisées et d’autres ressources numériques
que McGraw Hill a mis à leur disposition par l’intermédiaire de ce site. De nombreux
sites-portails vers les contenus éducatifs destinés au marché scolaire ont été créés,
tels que www.teacherxpress.com au Royaume-Uni. Ce site a été développé par
Cambridge Minds, une société du groupe Logotron.

Mais pour tous les fournisseurs de services éducatifs, trouver ou créer les contenus
appropriés reste le défi le plus difficile à relever. A ce jour, les éditeurs européens ont
été plutôt lents à saisir les opportunités présentées par l’e-learning. Aux niveaux local,
national et européen, il existe aussi de fortes incitations à créer un environnement
favorable à la prolifération des applications et des contenus e-learning, notamment via
le plan d’action e-learning6 publié fin mars 2001 par la Commission européenne.

Initiatives en dehors de l’édition et des domaines éducatifs traditionnels


Outre les fournisseurs de contenus e-learning et les éditeurs traditionnels qui s’intéressent
aux solutions éducatives en ligne, un large éventail de sites Web cherche à fournir
des contenus éducatifs et des environnements interactifs. En Nouvelle-Zélande,
l’éditeur de livres pour enfants Wendy Pye Publishing fournit des contenus éducatifs
pour apprendre à lire, à écrire et à compter au portail britannique www.learn.co.uk.
Au Royaume-Uni, le service d’éducation en ligne de la BBC fournit des contenus conçus
pour répondre aux besoins de tous les élèves qui suivent le programme scolaire national.
D’autres services tels que le portail Homework Elephant (www.homeworkelephant.co.uk)
présentent des liens et des ressources pour écoliers britanniques qui ont besoin d’aide
pour faire leurs devoirs. Pour le marché de l’enseignement supérieur, des sites tels
que Boxmind (www.boxmind.com) offrent une variété de contenus multimédia
spécifiques et des liens vers d’autres sites tout en permettant aux universités d’accéder
à des logiciels d’auteur pour la création de “cours électroniques” (voir figure 4).

Figure 4 : Page du site Boxmind

6 Le plan d’action e-learning, Penser l’éducation de demain. COM(2001) 172 final, Commission des communautés européennes.
18
D’autres initiatives du même type se multiplient, mais le marché Dans son article intitulé “European Trends in the Delivery of
européen reste fragmenté, avec encore quelques années de retard Virtual Education”, l’universitaire Robin Mason identifie
sur les Etats-Unis en termes de contenus et de services complets certaines des subtiles barrières culturelles qui risquent d’entraver
capables de répondre aux besoins nationaux et régionaux la diffusion des initiatives e-learning à l’échelle européenne :
de groupes d’utilisateurs spécifiques.
En ce qui concerne les aspects uniques de la scène européenne,
Mais il n’y a rien de nouveau dans le fait que le développement le plus notable est de loin la diversité des langues. L’éducation
des outils et des contenus e-learning soit si incohérent. virtuelle est linguistiquement sensible, ce qui anéantit d’emblée
Le principal facteur à l’origine de cette fragmentation est l’absence le concept d’un cours paneuropéen. De fait, l’anglais s’est
d’un système éducatif transeuropéen. Etant donné que chaque imposé comme la langue commune pour la majeure partie
pays d’Europe propose un système éducatif distinct à ses citoyens, de l’enseignement en ligne entre les divers pays d’Europe, mais
il n’est pas étonnant que la nature de l’e-learning soit aussi peu cette pratique exclut inévitablement de nombreux participants
homogène et à différents stades de développement à travers d’Europe du Sud. De nombreux modèles ont été testés dans
le continent. Les différences linguistiques jouent également un rôle le cadre de projets financés par l’UE pour résoudre le problème
et comme le développement des contenus éducatifs électroniques linguistique : contenu pédagogique en anglais, mais suivi
coûte cher, un marché de taille limitée en réduit le potentiel. pédagogique en langue locale ; traduction simultanée
Quand le prix des outils de développement de contenus Web des présentations en vidéoconférence ; spécialisation autour
baissera, cette barrière sera levée. Il faut également accorder de trois langues centrales. Mais au regard des exemples fournis
une certaine attention aux différences pédagogiques, culturelles ci-après, il semble évident que la plupart de ces initiatives virtuelles
et sociales qui sous-tendent l’expérience éducative dans des se confinent à un seul pays, utilisent uniquement l’anglais ou
territoires culturellement distincts. établissent des partenariats avec les pays parlant la même langue
à l’extérieur de l’Europe.
Le contexte culturel de l’enseignement
Le concept d’un cours paneuropéen présente également
Les divers degrés de résistance à la technologie (et la mesure
des obstacles culturels. Bien qu’un grand nombre d’entre eux
dans laquelle on considère qu’elle va supplanter, menacer ou
relèvent des incompréhensions linguistiques, d’autres opèrent
optimiser l’appareil pédagogique traditionnel) doivent absolument
à un niveau plus subtil. Ils sont particulièrement évidents
être pris en compte pour proposer des environnements
dans les discussions textuelles en ligne, où les complexités
et des outils e-learning de qualité sur les différents marchés.
de l’interaction humaine soulignent les différences entre les
Dans une étude menée par SRI Consulting, les pays ont été classés
façons de communiquer (formules de politesse, titres, etc.),
en fonction de divers facteurs culturels qui déterminent leur
les approches du travail en collaboration, le ton employé
capacité à s’adapter à l’e-learning. Le Royaume-Uni est apparu
et les attitudes envers l’évaluation. Naturellement, ces différences
comme le mieux préparé, avec 81 points, les autres pays en haut
apparaissent dans les situations éducatives du monde entier,
du classement incluant la Suède, l’Irlande, la Norvège, la Finlande
que ce soit en face à face ou en ligne, car tous les pays tendent
et l’Allemagne. Toutefois, en bas de l’échelle, l’Espagne, le Japon,
à devenir multiculturels. En Europe, ces différences constituent
la Malaisie, la Corée du Sud et le Portugal ont enregistré
la norme plutôt que l’exception.
des scores qui indiquent que ces pays sont trois fois moins
susceptibles d’adopter facilement l’e-learning. Les différences entre les approches pédagogiques de l’enseignement
représentent une barrière tout aussi décourageante à l’enseignement
Cette étude a, par exemple, révélé que la vision américaine
virtuel que le sont les langues. Les notions constructivistes
des contenus centrés sur l’apprenant, personnalisés et dotés
de l’enseignement centré sur l’élève gardent une emprise parmi
de plusieurs niveaux de détail ne séduit pas l’Europe du Sud.
les principales institutions éducatives du Royaume-Uni
On peut clairement en déduire que les fournisseurs e-learning
et des autres pays d’Europe du Nord (Pays-Bas, Danemark, Suède,
de ces pays auront beaucoup de mal à exporter leurs services
Finlande). Les approches traditionnelles de transmission
au-delà de leurs frontières.
du savoir centrées autour du professeur dominent encore
la pensée en France, en Allemagne et dans les pays latins.
La notion d’éducation virtuelle peut réunir ces deux approches
et différentes technologies supportent une approche plus
que l’autre. Par exemple, la vidéoconférence, en reproduisant
le cours magistral, convient à une approche centrée autour
du professeur, tandis que la communication asynchrone à base
de texte supporte une approche basée sur l’élève. Tout comme
de nombreuses technologies ont convergé sur le Web, les deux
pédagogies sont aussi supportées par lui : contenu éducatif
en boucle fermée avec multiples évaluations approximatives
d’un côté, et cours interactifs et collaboratifs basés sur les
ressources de l’autre côté.
19
Dans une récente étude du Cisco Networking Academy Program développée
aux Etats-Unis, ces questions ont été explorées par l’auteur dans onze pays d’Europe,
du Moyen-Orient et d’Afrique.

Le modèle éducatif sous-jacent repose sur une vision constructiviste de l’enseignement


et représente une approche mixte de l’apprentissage, avec des contenus e-learning
utilisés dans une salle de classe dirigée par un professeur. Les laboratoires de travaux
pratiques sont perçus comme un élément clé du programme, qui leur accorde
une énorme importance. Les contenus Web ont été écrits pour aider les étudiants à
savoir utiliser les labos et leur fournir une perspective théorique. Ils utilisent beaucoup
les animations flash, les graphiques et, plus récemment, les extraits vidéo, les
e-simulations et les simulations à distance. La formation complète des formateurs
s’opère au niveau régional à l’aide d’un modèle de formation standard, et une
communauté mondiale en ligne offre des opportunités pour partager les informations
et les idées pédagogiques. Des communautés de formateurs et des communautés
d’apprenants localisées seront bientôt disponibles.

L’étude a exploré et évalué les facteurs qui affectent la façon dont les formateurs
enseignent le programme, notamment comment un modèle pédagogique américain
a été accepté ou adapté à différentes cultures à l’aide de paradigmes pédagogiques
variables. Elle s’est également penchée sur les contraintes et les effets que l’enseignement
en ligne peut avoir sur la pédagogie quand l’accès Internet est limité, onéreux
ou les deux. Le modèle de formation des formateurs a également été évalué au regard
des résultats mis à jour par l’étude.

L’étude indiquait également que les croyances culturelles sur l’enseignement ont un
certain impact sur la méthode pédagogique du programme. Les principes pédagogiques
reposent sur un modèle de cursus en spirale où les étudiants sont introduits
à de nouveaux concepts et travaillent avec. Ces concepts sont ensuite replacés dans
le contexte des concepts antérieurs qui ont été précédemment enseignés dans
le programme avant que les étudiants ne passent à l’étape suivante. Ceci est considéré
comme une répétition inutile dans certains pays parce que les étudiants sont censés
travailler eux-mêmes à l’assimilation des nouvelles connaissances avec leur savoir
existant. Dans d’autres pays, cette répétition est aussi considérée comme inutile parce
que les formateurs estiment que cela fait partie de leur travail. Les différences sont
subtiles et ne provoquent pas trop de conflit cognitif, mais impliquent néanmoins
que le formateur aide les étudiants à comprendre les styles d’enseignement sous-jacents
en fonction de leur propre contexte culturel.

Là où l’accès Internet était limité, ou quand les étudiants éprouvaient des difficultés
à étudier le programme sur le Web en dehors des salles de cours en raison du coût
de la connexion Internet ou de son impossibilité, les formateurs n’ont pas toujours pu
travailler comme ils le souhaitaient avec les étudiants. Ils ont eu l’impression de devoir
consacrer autant de temps qu’ils en ont alloué à la théorie pour permettre aux étudiants
de lire le programme plutôt que de les engager dans une discussion et des activités
collaboratives les aidant à apprendre et à comprendre les concepts enseignés.
Dans quelques exemples, indépendamment de l’accès Internet mis à la disposition
des étudiants, il y a eu des questions pour savoir dans quelle mesure les contenus
en ligne pouvaient prendre tout l’enseignement en charge, sans intervention des
formateurs. Dans ces classes, les formateurs ont entièrement changé leur pédagogie
et concentré la classe sur les ressources au lieu d’introduire les étudiants aux concepts
via la formation et la discussion et d’utiliser le cursus comme un manuel sophistiqué
pour accompagner l’apprentissage.

20
La philosophie constructiviste n’a pas toujours été confirmée Initiatives gouvernementales : à la recherche
dans la réalité par certaines universités, sauf peut-être dans de créateurs de contenus
les travaux pratiques, tandis que dans d’autres, des activités La publication du plan d’action e-learning par la Commission
passionnantes ont eu lieu au cours desquelles les étudiants européenne en mars 2001 a renforcé son engagement pris lors
collaboraient à tous les aspects du cours. Certaines universités de l’adoption de l’initiative e-learning en mai 2000.
offrent de bons exemples d’activités constructivistes où
En ce qui concerne les contenus, le plan d’action a détaillé
les formateurs encouragent les étudiants à enseigner les principes
les propositions suivantes :
des chapitres aux autres ; d’autres ont illustré la bonne utilisation
de la mise en correspondance des concepts, et certaines universités ● Promouvoir l’échange de best practices et faire converger
ont organisé des activités supplémentaires de résolution de les efforts des Etats membres dans des domaines tels que
problèmes dans les labos de travaux pratiques, où les formateurs l’apprentissage des langues, l’enseignement scientifique
aidaient à échafauder la compréhension des étudiants à l’aide et technique, l’éducation artistique et culturelle ; organiser
de questions conçues pour concentrer leur attention sur des événements médiatiques tels que la semaine eSchola.
les techniques de résolution des problèmes. Dans les universités
où les formateurs possédaient une connaissance approfondie
de la théorie pédagogique, les travaux pratiques étaient plus ● Encourager le développement et la distribution de contenus
susceptibles d’inclure toute une variété de styles d’enseignement éducatifs de qualité via les programmes Socrates, Leonardo
pour impliquer les étudiants et optimiser leur apprentissage. da Vinci, IST et eContent.

La principale conclusion de l’étude est que la formation


des formateurs doit insister sur le fait que ces derniers doivent ● Soutenir l’adoption et le développement de méthodes
prendre pleinement conscience qu’ils constituent l’élément de production pour créer des packages éducatifs innovants
le plus important dans la réussite des étudiants qui suivent (incluant des logiciels “open source”).
le Cisco Networking Academy Program. C’est au formateur
de rendre ce programme mondial pertinent du point de vue A ce jour, la définition des politiques visant à intégrer
culturel et pédagogique pour ses étudiants. Bien que le programme les avantages des réseaux dans les écoles s’est principalement
soit culturellement neutre puisque le travail sur Internet repose concentrée sur la mise à disposition des capacités réseau en soi
sur une terminologie et des standards internationaux, la façon (c’est-à-dire le matériel) et sur l’accès aux technologies
dont le programme est lié à l’infrastructure d’un pays donné de communication appropriées qui permettront aux enseignants
varie. Les formateurs doivent s’assurer que les étudiants sont et aux élèves d’utiliser l’e-learning. On a accordé moins
préparés à travailler dans leur propre pays et adapter d’importance à la production de contenus adaptés qui, au final,
la présentation du programme pour que ces derniers se sentent seront le moteur de l’adoption de l’e-learning et inciteront
à l’aise dans leur environnement éducatif habituel. les éditeurs et autres intervenants du secteur à enfin allouer
Quand les outils de développement de contenus Web coûteront des ressources à la création de contenus en ligne.
moins cher et que les outils de création deviendront plus faciles L’UE finance un certain nombre de projets qui cherchent
à utiliser, on pourra alors développer des versions de contenus à regrouper les communautés en réseau afin de créer des contenus
dans d’autres langues et intégrer les adaptations culturelles éducatifs qui reflètent l’expérience des écoles d’Europe
et pédagogiques aux contenus. en encourageant la coopération entre les secteurs privé et public.
L’un de ces projets, NetDays (voir figure 5), a été conçu pour
permettre aux écoles et autres organisations européennes
de contribuer aux projets en étudiant divers aspects de la vie
en Europe qui semblent pertinents pour les enfants en âge
d’être scolarisés.

21
Figure 5 : NetDays La stratégie de l’UE, qui consiste à “devenir l’économie de
la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique
du monde”7, est à la base de ses efforts pour atteindre de hauts
niveaux de “culture numérique” parmi la population de l’UE.
L’intégration de l’e-learning et la création des conditions dans
lesquelles il pourra se développer sont des éléments fondamentaux
des politiques qui seront mises en œuvre pour atteindre cet objectif.
Bien que l’UE se soit engagée à financer de façon substantielle
la construction de l’infrastructure technologique de l’e-learning,
c’est probablement au niveau local que les principaux progrès
seront réalisés pour développer des stratégies adéquates
à la création, la fourniture et la publication de contenus :
“Les écoles, les universités et les centres de formation sont appelés
à devenir des centres locaux d'acquisition des connaissances”8.

Le “National Grid for Learning” du Royaume-Uni


Dans le cadre de son programme NGfL (National Grid for
Learning, réseau national pour l’apprentissage), le gouvernement
britannique a publié un document de consultation intitulé
“Curriculum Online” (voir figure 6). Ce rapport reconnaît
explicitement que le prochain défi auquel feront face
les fournisseurs e-learning sera la création de contenus adaptés
qui, en fait, donneront vie aux investissements réalisés dans
l’infrastructure :

Nous souhaitons désormais nous assurer que les progrès réalisés


en matière de contenus numériques suivent ceux de la mise
en œuvre de l’infrastructure et de la formation des enseignants.
Si nous tenons à optimiser l’utilisation des TIC dans les écoles,
alors il est nécessaire que les progrès dans ces domaines
s’effectuent en parallèle afin de tirer parti de la technologie
en développement. La disponibilité des ressources numériques
est aujourd’hui particulièrement importante pour soutenir
l’enseignement et l’apprentissage tout au long des cursus.
Le développement de ces ressources offre à la fois de véritables
avantages éducatifs et d’importantes opportunités commerciales.9

Figure 6 : Le site “National Grid for Learning” inclut des liens


vers plus de 280 000 pages indexées, ce qui en fait le plus grand
portail éducatif d’Europe

7 Résolution du conseil des ministres de Lisbonne

8 Plan d’action e-learning, COM(2001) 172 final

9 “Curriculum Online”, un document de consultation du ministère de


l’Education et de l’Emploi
22
Le rapport du gouvernement britannique reconnaît plusieurs Développement et impact des outils électroniques
enjeux qui devront être relevés pour sécuriser les contenus A travers l’Europe, les gouvernements s’engagent à augmenter
dont il a besoin. La relative immaturité du marché est l’un des les ressources pour mettre les contenus scolaires en ligne
principaux défis. Afin de stimuler le développement du marché, et encourager l’utilisation des TIC dans les salles de cours.
le rapport distingue trois approches que le gouvernement pense, Dans son plan d’action e-learning, la Commission européenne
dans une certaine mesure, pouvoir mettre en œuvre en classe la mise en réseau des écoles et la formation professionnelle
combinaison les unes avec les autres : des enseignants parmi ses priorités. Dans les autres pays dont
l’infrastructure TIC n’est pas encore entièrement développée,
● Stimuler le marché en fournissant aux écoles des crédits
les gouvernements sont conscients du potentiel que recèlent
d’e-learning qui leur permettront d’acquérir du matériel
les TIC pour l’enseignement et l’apprentissage et s’efforcent
auprès d’une centrale d’achat.
de prendre des mesures pour installer plus d’ordinateurs dans
● Fournir des contenus en finançant directement un certain
les écoles, les collèges, les lycées et les universités.
nombre de producteurs e-learning.
● Désigner un délégué principal aux contenus, une seule Cependant, le professeur reste au cœur de toutes ces réformes.
entreprise ou plusieurs pour commander auprès de producteurs Sans l’adhésion et l’engagement des enseignants à utiliser les TIC
indépendants des contenus dans tous les domaines abordés et à trouver des moyens efficaces d’intégrer la technologie
par les cursus. dans leur méthode d’enseignement, les augmentations continues
des investissements n’auront que peu d’impact dans les salles
de classe.
L’un des principaux obstacles à la fourniture de contenus
de qualité dans les écoles réside dans la diversité inhérente Comme cela a déjà été dit, les classes sans professeur ne sont
au système éducatif en soi, et donc dans les exigences que placent pas une réponse au problème, mais la solution réside peut-être
les différents éléments des systèmes d’éducation européens dans le fait d’accorder plus d’autonomie aux élèves et de les
sur les fournisseurs de ces contenus. En raison de la nature encourager à devenir plus responsables de leur apprentissage.
fragmentée de ce marché, les producteurs et les éditeurs Les enseignants doivent repenser leur rôle par rapport
commerciaux ont du mal à tirer parti de la demande du marché. à la classe. Les TIC peuvent être utilisées de plusieurs manières.
A ce jour, l’expérience des Etats-Unis démontre que même Elles peuvent servir l’enseignement au même titre que les autres
avec un degré d’homogénéité bien plus élevé du système éducatif, ressources telles que les manuels scolaires, les vidéos et
les fournisseurs commerciaux ont eu tendance à produire les cassettes audio. L’enseignement peut s’effectuer grâce aux TIC,
des contenus généralistes plutôt que d’essayer d’aborder avec elles ou sur elles, et la charge de travail des professeurs
une ou plusieurs des innombrables niches que présente tout peut être réduite à l’aide de systèmes de gestion des élèves
l’éventail des matières étudiées. qui permettront, par exemple, aux enseignants de maintenir
leurs dossiers à jour, de préparer des rapports et de gérer
On peut donc affirmer qu’il existe un dilemme au cœur
les emplois du temps. Les élèves peuvent apprendre en classe
du marché potentiel des contenus. Les producteurs doivent avoir
ou à distance. Il n’y a jamais eu autant de choix quant au lieu,
l’impression que la demande en contenus est suffisante avant
à la façon et au moment d’apprendre.
de consentir les importants investissements requis, tandis que
les consommateurs sont réticents à l’idée d’adopter les avantages L’introduction du multimédia au sein des environnements
indubitables de l’e-learning tant qu’ils ne sont pas sûrs que informatiques a eu un effet très positif sur l’apprentissage
la qualité des contenus mis à leur disposition soit à la hauteur des élèves. L’adoption de toute une gamme de supports pour
des efforts requis à cette fin. compléter les textes et les images statiques et combinant l’audio,
la vidéo et l’animation offre à l’apprenant un environnement
Les gouvernements européens ont démontré leur engagement
d’apprentissage plus riche qui peut mieux l’accompagner
à développer l’e-learning à travers leur volonté d’investir
et approfondir sa compréhension du savoir. De plus, les élèves
dans l’infrastructure pour soutenir son adoption dans les écoles.
peuvent choisir le support qui leur convient le mieux et faire
Il est probable qu’une preuve de volonté similaire et
la preuve de leurs compétences à l’aide de moyens plus variés,
qu’une assistance pratique seront nécessaires pour stimuler
ce qui offre plus d’opportunités d’apprendre pour les nombreux
le développement du marché des contenus.
élèves auxquels les environnements éducatifs traditionnels
ne conviennent pas.

23
Multimédia et Internet Internet utilisé comme
Les enseignants peuvent travailler avec une encyclopédie
les élèves de différentes façons à l’aide Quand toutes les ressources mises
des ordinateurs en réseau et d’Internet, à la disposition d’un élève étaient les livres
qui permet d’accéder à tout l’éventail de la bibliothèque et les notes de cours,
des technologies multimédias. ce n’était pas un problème de demander
Internet peut être utilisé : à un enfant de faire des recherches sur
la dynastie victorienne ou l’agriculture
" Comme une encyclopédie.
française. Il faisait ses recherches
" Pour accéder aux experts.
dans quatre ou cinq livres, avec l’aide
" Pour accéder à une représentation
de ses camarades et de son professeur.
dynamique des concepts et des idées.
Mais avec l’accès à Internet, une question
" Pour l’imagerie en 3D et la modélisation.
aussi ouverte découragerait désormais
" Pour accéder aux modèles interactifs
n’importe quel élève, aussi studieux ou
démontrant la cause et l’effet.
capable soit-il. La richesse des informations
" Pour les simulations.
et les nouveaux formats de présentation,
" Pour modéliser des concepts qui sont
associés à la multiplicité des sources,
bien trop rapides ou trop petits pour
signifient que les tâches des élèves
être visualisés à l’œil nu.
doivent aujourd’hui être plus ciblées
" Pour les communications asynchrones
et étroitement définies. Les enseignants
et synchrones via le texte, l’audio
doivent poser différents types de questions
et la vidéo.
et aider les élèves à formuler des questions
" Comme une plate-forme de
d’une nature plus susceptible de résoudre
présentation du travail des élèves.
les problèmes. Au lieu de questions du
" A des fins d’évaluation.
type “que mangeaient les Romains ?”,
on devrait demander à l’élève “pourquoi les
Les idées proposées ci-après impliquent
Romains s’allongeaient-ils pour manger ?”.
les professeurs de différentes façons.
On peut aussi leur demander de comparer
Certains sites peuvent être consultés
les réponses trouvées sur le Web
par les élèves avec très peu d’intervention
et de suggérer lesquelles semblent les plus
de l’enseignant, tandis que d’autres
plausibles et pour quelles raisons.
requièrent que les professeurs établissent
des scénarios ou des tâches clairement Certains sites fournissent une multitude
définies qui devront peut-être être de ressources sur un sujet particulier,
discutées ou négociées avec les élèves, comme par exemple le site sur les guerres
et nécessitent ou non une intervention d’indépendance américaines
importante de l’enseignant. (http://www.iath.virginia.edu/vshadow2/)
Les professeurs doivent également décider développé par l’université de Virginie aux
quelles ressources utiliser et si les TIC, Etats-Unis (voir figure 7).
d’autres ressources ou une combinaison Ici, les étudiants peuvent consulter
des deux, sont les outils les plus des preuves authentiques sous forme
appropriés pour leur travail. Ils peuvent de lettres, de journaux intimes, de
en discuter avec les élèves et les coupures de presse et de dossiers officiels.
impliquer dans En soi, ce sont des ressources précieuses,
les prises de décisions. Certaines tâches mais avec la contribution d’un professeur,
peuvent engager toute la classe, tandis elles peuvent servir à créer, cours après
que d’autres exigent un travail seul cours, des activités plus riches au sein
ou en groupe. desquelles les élèves peuvent se prêter
à des jeux de rôles, explorer les preuves
issues de sources différentes et comparer
les divers points de vue et opinions,
ou encore exploiter ces informations
pour prendre part à un jeu de rôles.
En effet, ces ressources sont presque
inutiles sans l’intervention du professeur
pour structurer une activité adaptée.

24
Figure 7 : Site Web “The Valley of the Shadow”

On considère qu’il est facile de naviguer sur Internet, mais le


peu de recherches effectuées sur l’utilisation des liens hypertextes
indique que c’est loin d’être évident. A nouveau, les professeurs
jouent ici un rôle essentiel en aidant les élèves à rester concentrés
sur leur tâche quand un autre aspect du site Web qu’ils consultent,
sans relation avec l’activité en cours, détourne leur attention.
Le retour au sujet via la navigation peut être problématique,
particulièrement quand les sites Web ne sont pas bien structurés.
Il faut apprendre aux élèves à sélectionner avec soin les moteurs
de recherche et à utiliser des mots clés bien précis.

Internet comme moyen d’accéder aux experts


La notion de non-résidence des artistes et des auteurs existe
depuis plusieurs années. Elle offre un accès facile et relativement
peu coûteux aux experts passionnés par un sujet qui peuvent
interagir avec les élèves sur un autre mode que les professeurs.
Ce sont des professionnels dotés d’une expérience concrète dans
leur domaine de compétence et ils peuvent aider toute une classe
sans jamais à avoir y mettre les pieds. Ces experts peuvent
également mettre les élèves de différentes écoles en relation.
Par exemple, un artiste a travaillé sur un projet d’art numérique
dans les écoles de Brighton au Royaume-Uni, intitulé “Glebe
School Project” et dirigé par Avril Loveless de l’université
de Brighton. Les enfants d’une école primaire se sont pris en photo
avec un appareil numérique puis ont utilisé un programme
de traitement de l’image pour effacer les arrière-plans.
Ils ont été assistés par l’artiste qui s’est rendu dans leur école.
Leurs images ont ensuite été envoyées à une autre école,
où les élèves ont imaginé et complété les fonds devant lesquels
posaient les élèves de l’autre école ; l’artiste a aidé ces élèves
à distance. Dans de tels cas, l’intervention du professeur
est indispensable pour définir et superviser les activités,
en collaboration avec l’expert et en soutenant le travail des élèves
en classe.

25
Internet comme moyen d’accéder Bien que les mathématiques soient
à une représentation dynamique souvent considérées comme une matière
des concepts et des idées théorique, certaines expériences prouvent
Tout le monde sait que les matières que les objets manipulables et
scientifiques sont très difficiles à enseigner. les représentations physiques rendent
De nombreux concepts sont en effet trop les mathématiques plus concrètes
rapides ou trop petits pour être observés et donc plus faciles à conceptualiser
à l’œil nu et les manuels scolaires et à comprendre10. Dans les cours
classiques ne permettent pas de faire scientifiques, les élèves ont besoin d’observer
pivoter les objets ni de voir au travers. et d’expérimenter par eux-mêmes afin
Grâce au développement de l’animation de comprendre l’inexactitude
graphique via la modélisation des résultats et de développer les notions
par ordinateur, de jeunes enfants peuvent, de l’expérimentation, notamment
par exemple, visualiser de la nourriture la nécessité de conserver tous les facteurs
en train d’être avalée et digérée ; constants sauf un pour étudier les effets
les frontières géographiques peuvent être de l’augmentation ou de la diminution
présentées en prenant une photo d’une d’une seule variable à la fois.
zone en vue aérienne puis en dessinant Les simulations informatiques peuvent
ses contours ; le passage du courant aussi favoriser et optimiser la
électrique peut être modélisé à l’aide compréhension de l’expérimentation
d’une animation qui illustre pourquoi par les élèves. Grâce à ces supports,
l’électricité ne “s’épuise” pas quand elle les élèves peuvent observer des expériences
passe dans une ampoule (voir figure 8). trop dangereuses ou trop onéreuses
à réaliser en classe, qui prendraient trop
Figure 8 : Modules d’Atomic Lab de temps, voire qui impliqueraient
http://www.colorado.edu/physics/2000/in des questions éthiques. Cela ne doit
dex.pl pourtant pas laisser croire qu’on puisse
remplacer tous les travaux pratiques,
car les simulations peuvent refléter
Donc lorsque je chauffe quelque chose, je fais, en fait,
circuler ses atomes plus rapidement. une version simplifiée de la réalité
et masquer les complexités de
Exactement. Si cet élément est un solide, les atomes l’expérimentation. Il revient au professeur
vibrent dans les deux sens, si c’est un gaz,
comme l’air par exemple, les atomes volent tout de décider quelles expériences faire
autour comme de petites boules.
en classe ou en simulation, de la même
façon qu’il décide de faire une expérience
ou de laisser la classe la réaliser elle-même.

Ils rebondissent, de sorte que quelque fois un atome


peut être rapide, tout comme il peut être lent.
C’est également le cas pour sa température qui varie
continuellement.

10 A. Graham (1994) E884 ; “Learning to teach mathematics in the secondary school”. Document 8. In Practical mathematics.
Milton Keynes, Open University.
26
Internet pour l’imagerie en 3D et la modélisation Internet pour modéliser des concepts trop rapides
Imaginez qu’on puisse explorer à partir de structures ou trop petits pour être observés à l’œil nu
schématiques que l’on développe peu à peu et les faire pivoter Le niveau de compréhension des élèves peut être
dans l’espace sans avoir d’abord à les construire. La technologie considérablement amélioré grâce à la modélisation multimédia
offerte par Internet permet aux élèves de visualiser et des concepts qui sont trop rapides ou trop petits pour
de manipuler des objets virtuels plutôt que de les imaginer. être observés à l’œil nu, comme par exemple la croissance
Les modèles d’organes corporels, d’immeubles, de paysages et des cellules, l’ouverture des graines ou une réaction chimique.
de sculptures peuvent tous être manipulés par les élèves,
ce qui facilite grandement leur compréhension des concepts. Internet pour la communication asynchrone
Une fois de plus, le professeur doit se demander où et comment et synchrone à base de texte, d’audio et de vidéo
ces modèles s’intégreront à son cours. Quand faut-il utiliser La collaboration asynchrone en ligne et en temps réel ouvre
de vrais modèles ? Quand faut-il laisser les élèves faire leurs des possibilités d’activités authentiques avec les élèves de tout âge.
propres recherches ? Quelles sont les questions qu’ils doivent Des plus jeunes aux plus vieux, tout le monde peut partager
se poser quand ils commencent un devoir ? Ces considérations ses expériences avec les élèves et les professeurs d’autres écoles
doivent toutes être négociées et discutées avec les élèves dès du monde entier, élargissant ainsi la connaissance et
le début d’un cours ou d’une série de cours. la compréhension des autres cultures et styles de vie à travers
des interactions directes. Il n’est plus indispensable de savoir lire
Internet pour accéder aux simulations et et écrire car la vidéo et l’audio permettent le partage à travers
aux modèles interactifs démontrant la cause et l’effet n’importe quel support choisi par l’élève. La vidéoconférence est
Les enseignants peuvent éprouver des difficultés à expliquer accessible via des systèmes propriétaires ou des logiciels gratuits
certains concepts aux élèves à l’aide des textes et des images tels que Net Meeting ou Yahoo Messenger ; ces programmes
statiques d’un manuel, particulièrement quand les concepts sont transforment la façon dont les élèves interagissent les uns avec
dynamiques. Dans l’exemple illustré en figure 9, le phénomène les autres. Ils ne sont plus soumis aux contraintes de temps
de l’écho est expliqué à travers une simulation multimédia qui et de lieu, encore moins aux horaires scolaires. Ils envoient des
peut être visionnée et revisionnée en salle de classe. D’autres SMS à leurs amis, leur téléphonent, leur envoient des e-mails
simulations permettent de modifier les variables pour que les ou passent par les forums de discussion pour faire leurs devoirs
élèves puissent comprendre la cause et l’effet ainsi que le besoin ensemble, un scénario dont les implications ne concernent
de contrôler les variables dans toute expérience. Le professeur pas que la nature des devoirs que les enseignants donnent à leurs
doit définir l’activité, engager les élèves à poser des questions élèves, mais également l’évaluation par le professeur et d’autres
du type “que se passerait-il dans tel cas ?” et “que se passerait-il méthodes formelles pour contrôler les connaissances acquises
dans le cas contraire ?” et leur demander d’émettre des par l’élève.
conjectures avant de lancer les simulations. A défaut d’une telle
Quand ils peuvent communiquer leurs idées avec les autres
structure, les étudiants risquent de cliquer sans but et la valeur
en dehors de la salle de classe, les élèves accordent également plus
de la simulation ou de la démonstration serait ainsi perdue.
d’importance à leur travail et en tirent plus de fierté. En classe,
ils savent que leur professeur s’attend à des erreurs et qu’il
Figure 9 : Page du site “Explorescience.com”
les corrigera, c’est pourquoi ils ne prêtent pas autant d’attention
à l’orthographe, à la grammaire et au sens pour s’assurer qu’ils
se font bien comprendre de leur auditoire qu’ils ne le font quand
ils communiquent en ligne. Le fait de travailler en ligne avec
les élèves incite également les professeurs à revoir leur pédagogie
pour d’autres aspects de l’enseignement quand ils observent
de quelle façon réagissent les élèves à un environnement
d’apprentissage différent qui leur permet de prendre des décisions
et la responsabilité de leur apprentissage.

27
Internet comme plate-forme de présentation du travail des élèves
On ne dit pas assez qu’Internet peut servir de plate-forme pour présenter et partager le
travail des élèves ou pour collaborer à une production en groupe. De nombreux jeunes
écrivent des fictions en collaboration avec d’autres via un grand réseau intercontinental
en prenant une autre personnalité. Par exemple, un jeune frappé du syndrome d’Aspergers
s’est rendu compte qu’Internet était un véhicule idéal pour exercer ses talents cachés ;
il avait enfin trouvé un moyen de communiquer avec le monde extérieur. Il pouvait
devenir qui il voulait en développant un roman d’aventure, et il s’est inventé
un personnage imaginaire. Il a ainsi participé à la rédaction de la fiction et fut traité
d’égal à égal par ses coauteurs, qui ne savaient rien de son histoire ni de sa maladie.

Internet comme plate-forme d’évaluation


L’évaluation du travail des élèves se passe généralement entre l’étudiant et son professeur,
entre les élèves d’une même classe ou implique des organismes d’évaluation externes.
En présentant leur travail sur Internet, les élèves peuvent solliciter l’opinion
d’une audience bien plus étendue. Les travaux non terminés peuvent être améliorés
en les soumettant à des avis extérieurs avant l’évaluation finale et il existe des outils
qui permettent d’établir un dialogue à propos d’un travail, tels que Digital Document
Discourse Environment <d3e.sourceforge.net>.

Environnements éducatifs virtuels et gérés


Dans la zone EMEA, l’utilisation des environnements éducatifs virtuels et gérés s’est
bien développée dans les universités, avec des degrés d’utilisation divers par le personnel.
Dans les cas les moins intéressants, ils présentent une série de notes de conférence
en ligne, le coût de l’impression et de l’accès Internet restant à la charge des étudiants.
Dans le meilleur des cas, ils fournissent un environnement interactif au sein duquel
les étudiants peuvent accéder à des notes plus détaillées de leurs professeurs,
à des expériences multimédias interactives et à des forums de discussion bien gérés.
Les principaux composants d’un environnement éducatif virtuel incluent les éléments
suivants :

● Mapping du cursus sous forme d’éléments (ou de “blocs”) qui peuvent être évalués
et enregistrés.
● Suivi de l’activité de l’étudiant et réalisation des objectifs en fonction de ces éléments.
● Soutien pédagogique en ligne, comprenant l’accès aux ressources, l’évaluation
et l’assistance.
● Soutien en ligne par un assistant.
● Possibilité de collaboration entre pairs.
● Opportunités de communication générale, incluant l’accès aux messageries
électroniques, aux groupes de discussion et au Web.
● Liens vers d’autres systèmes.

Les environnements éducatifs virtuels (VLE, Virtual Learning Environments) prennent


en charge un large éventail de contextes d’apprentissage, de l’enseignement en classe
à l’apprentissage hors ligne, à distance et en ligne.

La plupart des VLE actuellement disponibles offrent des caractéristiques similaires,


il est donc difficile de les distinguer. Néanmoins, une comparaison fort utile des cinq
produits leader est disponible à l’adresse www.chest.ac.uk/datasets/vle/checklist.html#1.
Britain et Liber11 proposent deux modèles alternatifs, le “modèle conversationnel”
et le “modèle organisationnel”, avec un ensemble de critères d’évaluation pour chaque VLE.
Les environnements éducatifs gérés (MLE, Managed Learning Environments) relient
un VLE aux systèmes de dossiers des étudiants et peut fournir une méthode de contrôle
qualité au sein d’un système intégré de gestion de l’apprentissage des étudiants.
11 Sandy Britain et Oleg Liber, “A Framework
for Pedagogical Evaluation of Virtual Learning
Environments”,
http://www.jtap.ac.uk/reports/htm/jtap-041.html
28
L’environnement TIC
Les professeurs doivent non seulement réfléchir à la façon
dont ils utilisent Internet, mais également à l’infrastructure
qui supportera l’enseignement. S’agira-t-il d’un environnement
sans fil où les élèves apporteront leurs ordinateurs portables
en cours, ou les professeurs opteront-ils pour une activité qui
implique toute la classe via un tableau interactif ou un PC relié
à un vidéo projecteur ? Ils décideront peut-être d’emmener
les élèves dans la salle informatique. Le choix n’est pas toujours
possible, mais quand c’est le cas, il incombe aux enseignants
de prendre ces décisions pour s’assurer qu’ils proposent le meilleur
environnement d’apprentissage pour une activité donnée.

Développement de nouveaux modèles éducatifs


Le développement d’un environnement éducatif robuste et sain
exige une réflexion approfondie et une bonne compréhension
du pouvoir des TIC pour l’institution, ainsi qu’une infrastructure
solide qui pourra évoluer quand l’utilisation de la technologie
deviendra la norme dans tous les secteurs de l’éducation.
Le terme “e-learning” est désormais utilisé pour définir
les capacités Internet et multimédias qui soutiennent le
processus d’apprentissage. Les directeurs d’établissements
scolaires
et les professeurs doivent définir un projet clair et savoir où
l’e-learning peut s’intégrer aux plans de développement de l’école
ainsi qu’à la culture et à l’éthique de l’institution. A cette fin,
ils doivent comprendre exactement ce qu’est l’e-learning et être
convaincus de sa contribution à la réalisation de leurs objectifs.

Au sein de l’industrie, de nombreuses personnes pensent que


l’e-learning est un moyen révolutionnaire pour offrir aux employés
les compétences et les connaissances requises pour transformer
le changement en avantage. Cependant, l’e-learning et son
potentiel ne pourront être réellement compris que si les formateurs
l’utilisent eux-mêmes. Le fait de se repositionner comme
un apprenant est une précieuse expérience en soi et cela permet
également de disposer d’une expérience pratique à partir
de laquelle on peut tester et évaluer les divers outils e-learning
qui ont émergé sur le marché.

L’évolution de l’e-learning
Les premiers exemples d’e-learning dans l’éducation étaient
les applications traditionnelles d’EAO (enseignement assisté
par ordinateur) et d’AAO (apprentissage assisté par ordinateur)
qui offraient très peu d’interaction entre l’apprenant et ses pairs
ou ses formateurs ; ce modèle reposait souvent sur une approche
comportementale de l’enseignement. L’e-learning peut soutenir,
optimiser voire étendre le potentiel de l’apprenant. Les éléments
les plus importants qui distinguent l’e-learning de l’e-reading
ou de l’e-training sont la communication et la collaboration,
et enfin, on peut parler d’e-learning quand les individus l’utilisent
pour apprendre de façon inédite. Aujourd’hui, les outils
e-learning reconnaissent le potentiel de l’apprentissage
en collaboration et le besoin pour les professeurs de s’assurer
que les étudiants développent de solides compétences qui

29
leur garantiront d’excellentes perspectives professionnelles et développeront leur esprit
de citoyenneté.

L’e-learning offre plus de choix aux apprenants quant à la façon, au moment et au lieu
où ils apprennent et peut s’adapter aux préférences d’apprentissage et aux situations
personnelles plus facilement que les seules offres d’enseignement traditionnelles.
Par ailleurs, les étudiants peuvent apprendre à leur rythme et consulter les ressources
aussi souvent qu’ils le souhaitent afin de vérifier qu’ils ont bien compris et intégré
les connaissances nécessaires.

D’après la plupart des recherches effectuées, il semble évident qu’un enseignement


personnalisé peut améliorer l’expérience d’apprentissage et favoriser la réussite
des apprenants. Grâce à l’e-learning, ces solutions sont aujourd’hui plus abordables.
Chaque domaine de connaissance et chaque compétence enseignés via l’e-learning
requièrent un ensemble d’outils qui supporte la nature de la matière étudiée.
Aucun package de solutions ne peut aborder tous les domaines éducatifs. Il faut étudier
la situation pour savoir quand proposer l’e-learning sous forme de solution unique
ou en combinaison avec des contenus traditionnels dirigés par le professeur ou
des contenus éducatifs à distance, tout comme il faut se demander dans quelle mesure
les apprenants doivent être formés à l’utilisation de ces nouveaux outils éducatifs.
Les études menées sur le terrain dans les institutions détermineront la voie de
l’e-learning et les enseignants qui comprennent les compétences technologiques apportées
par les étudiants et la façon dont elles peuvent être exploitées réussiront à faire entrer
l’institution éducative dans la société de la connaissance.

Dans son plan d’action e-learning publié en mars 2001, la Commission européenne
a défini l’e-learning en ces termes :

L'utilisation des nouvelles technologies multimédias et d’Internet pour améliorer


la qualité de l'apprentissage en facilitant l'accès aux ressources et aux services
ainsi que les échanges et la collaboration à distance.

Toute définition générale de l’e-learning doit néanmoins refléter le fait que ce concept
recouvre une multitude de scénarios et qu’il peut rapprocher les apprenants des experts
de leur domaine via des solutions Internet qui annihilent les distances temporelles
et spatiales. Elle doit démontrer que les meilleurs professeurs peuvent aider les élèves
à l’aide de sessions interactives, d’une présentation vidéo ou multimédia où les apprenants
peuvent interagir avec eux directement ou indirectement à travers tout un éventail
d’outils de communication asynchrone et synchrone décrit précédemment.

L’e-learning peut soutenir et optimiser ce que les professeurs font déjà dans des contextes
en face à face et en temps réel en offrant un accès aux simulations, aux vidéos,
aux modèles, aux démonstrations et aux animations disponibles sur le Web qui
transforment le rôle des élèves, lesquels ne sont plus de simples récepteurs d’informations
passifs mais deviennent des participants actifs dans l’acquisition des connaissances.
De plus, l’e-learning offre une grande flexibilité pour les cours car les ressources
peuvent être mises à jour, complétées et améliorées bien plus rapidement que
les contenus textuels, ce qui garantit des contenus toujours actualisés et pertinents.

L’e-learning peut offrir aux apprenants des données authentiques et des situations
réelles au sein desquelles apprendre. Loin d’être une nouvelle définition de l’e-reading,
l’e-learning regroupe une multitude d’outils et d’applications disponibles sur Internet
pour améliorer l’expérience d’apprentissage avec créativité. Par exemple, les enseignants
peuvent beaucoup apprendre auprès de professeurs plus expérimentés, à travers
des études de cas en vidéo numérique, des discussions et cas à base de texte, ainsi
que grâce à la possibilité de communiquer par la voix, le texte ou la vidéoconférence
avec les auteurs d’une façon qui ne pourra qu’améliorer et actualiser les processus
permettant de développer un leadership efficace ou un style pédagogique.

30
L’e-learning peut offrir plus de choix et une expérience Curriculum Online, dernier projet en date du gouvernement
personnalisée aux apprenants, en fonction de leur style britannique déjà mentionné, et les initiatives similaires
d’apprentissage et de leur situation personnelle. L’offre sans dans d’autres pays impliquent que les écoles soient équipées
cesse croissante d’outils e-learning ouvre plus de possibilités d’une connexion fiable et rapide à Internet. Cela permettra
quant au moment, au lieu, à la façon d’apprendre et aux professeurs d’accéder aux contenus éducatifs des plus
à la personne avec qui on le fait, ce qui signifie que les professeurs grands éditeurs et de partager leurs propres idées pédagogiques
aussi peuvent expérimenter l’e-learning eux-mêmes. et leurs plans de cours avec leurs confrères de tout le pays.
L’enseignement peut être dispensé de diverses façons, Les élèves auront également accès à ces ressources et
par des professeurs virtuels, des cours sur le Web, à distance les établissements scolaires commencent à réfléchir aux moyens
ou en classe. Les cours peuvent être combinés et dispensés d’offrir cet accès aussi efficacement que possible. Les réseaux
de la façon la plus appropriée ou de différentes manières sans-fil (WLAN) sont une bonne solution. Ce type de réseau
pour offrir à l’apprenant la liberté de choisir le mode éducatif permet de faire venir le laboratoire informatique dans la salle
qui correspond le mieux à ses méthodes d’apprentissage de cours sous la forme d’un chariot informatique à roulettes,
ou à son style de vie. généralement équipé de 15 à 20 ordinateurs portables et
d’un projecteur aux fins d’affichage. On peut aussi raccorder
Quelques outils e-learning une imprimante à ce réseau pour que tous les ordinateurs
Les écoles, les collèges, les lycées et les universités requièrent puissent y accéder. Le chariot ainsi équipé est simplement
des technologies fiables, de grande qualité et faciles à utiliser déplacé jusqu’à la salle dans laquelle aura lieu le cours
qui soient capables de répondre à leurs innombrables besoins. et tous les portables se connectent automatiquement au réseau
Certains des progrès les plus passionnants sont arrivés sous via la station de base la plus proche. Ce système a réduit
la forme de la Voix-sur-IP (VoIP) et de la téléphonie IP. La VoIP les contraintes liées aux cours sur ordinateur et permis
a permis aux institutions d’installer des téléphones dans chaque l’intégration des TIC dans les programmes scolaires.
salle de classe, et ce sans câblage supplémentaire car Toute l’institution est mise en réseau pour un coût de câblage
les téléphones peuvent partager un port de données existant modéré. De plus, quand la demande en accès informatique
avec un ordinateur. La téléphonie IP repousse les limites augmente, les départements peuvent arbitrer la demande
de l’utilisation traditionnelle du téléphone. Elle peut servir des différents personnels et des ordinateurs supplémentaires
de terminal pour l’appel (vérification de la présence des élèves), ainsi que des laboratoires informatiques mobiles complets
offrir une méthode rapide de localisation du personnel et peuvent être ajoutés, si nécessaire, sans avoir à modifier
des élèves via un emploi du temps en ligne et permettre d’accéder l’infrastructure réseau de l’école et avec un minimum
aux messageries électroniques. Une assistance au travail en cours de perturbation.
peut être introduite à l’aide de logiciels intelligents de gestion
D’autres technologies ont été développées pour faire fonctionner
des appels de sorte que les professeurs en service puissent être
le réseau de façon à ce que les professeurs et leurs élèves
contactés où qu’ils se trouvent. De plus, les données relatives
puissent accéder à des présentations multimédias de haute qualité
à l’assiduité des élèves peuvent être regroupées et envoyées
dès qu’ils en ont besoin via un réseau de distribution de contenus
au système d’informations de gestion avec un minimum d’effort
(CDN, Content Distribution Network) qui permet, par exemple,
et un taux d’erreur nettement réduit. Des intervenants extérieurs
de transmettre de la vidéo broadcast sans perte de qualité.
peuvent être conviés à distance dans une salle de classe ou un
Le réseau supporte également la vidéoconférence, ce qui élimine
amphithéâtre ; par exemple, les grands-parents peuvent raconter
le besoin de recourir à une ligne RNIS ou pour la tierce partie
leur enfance aux élèves des écoles primaires par l’intermédiaire
de disposer d’un système compatible. Cela signifie également
du haut-parleur intégré au téléphone et il est possible de
que la vidéoconférence peut avoir lieu dans une salle de cours
configurer des appels en audioconférence entre plusieurs salles
et pas nécessairement dans une salle dédiée.
de classe pour que l’intervenant extérieur puisse communiquer
avec toutes ces classes en même temps.

31
La vidéo à la demande
Les intervenants extérieurs invités peuvent enregistrer leurs présentations et
les conférenciers leurs séminaires pour que les étudiants absents ou désireux de revoir
la conférence puissent le faire. Leur tête parlante est synchronisée avec les diapositives,
le texte de leur présentation, une animation, une simulation ou une séquence vidéo,
et le produit final, connu sous le nom de “vidéo à la demande”, est accessible à tout
moment aux étudiants (voir figure 10). La tête parlante permet de personnaliser
la présentation et les étudiants peuvent télécharger la bande audio et la présentation
dès qu’ils ont besoin de revoir les connaissances précédemment enseignées.

Figure 10 : Exemples de vidéo à la demande

La solution IP/TV de Cisco®


Il est possible d’envoyer de la vidéo en qualité broadcast et en temps réel vers tous
les ordinateurs d’un réseau. Par exemple, le vice-président de l’université peut diffuser
un message de bienvenue pour accueillir tous les étudiants au début d’un trimestre.
Cette diffusion peut être enregistrée et repassée à des horaires choisis. Enfin,
elle pourra être conservée sous forme de vidéo à la demande et mise à la disposition
de ceux qui ne l’ont pas vue ou qui souhaitent la revoir. La solution Cisco IP/TV®
présente encore un autre avantage par rapport aux transmissions TV traditionnelles :
elle supporte l’interactivité. L’auditoire peut entrer des questions et le speaker relaye
les réponses.

Salle de classe virtuelle


Les logiciels de salles de cours virtuelles permettent de dispenser un enseignement
traditionnel via le Web quand les élèves et les professeurs ne se trouvent pas au même
endroit (voir figure 11). Ils peuvent se connecter au même site Web et discuter via leurs
ordinateurs ou une connexion téléphonique distincte. Cette solution peut être utilisée
dans une grande variété de situations, par exemple quand :

" Tous les élèves se trouvent dans des endroits différents.


" Le professeur ne se trouve pas dans la classe.
" Un professeur invité ou un expert sont conviés à s’exprimer devant un groupe
mais ne peuvent pas faire le déplacement jusqu’à l’établissement.
" Un groupe d’étudiants se trouve à la maison ou sur un autre campus et ne peut
donc pas être présent.

32
Figure 11 : Salle de classe virtuelle de l’éducation pour garantir que les professeurs soient bien
informés sur les procédures d’appel, les questions d’hygiène,
de santé et de sécurité, les changements d’emplois du temps
et autres questions administratives. Chaque message ne contient
qu’une petite quantité d’informations. Les élèves et le personnel
peuvent les parcourir, les lire immédiatement ou décider
d’y revenir plus tard. S’ils décident de consulter les informations
immédiatement, ils sont dirigés vers des données plus détaillées
qui leur permettront de décider s’ils ont besoin d’en savoir plus
et de visiter le site Web ciblé.

Portails
Les offres e-learning doivent être facilement accessibles et simples
à utiliser. En réalité, l’accès à l’e-learning et aux communications
s’opère généralement à travers un portail principal. A partir
de là, les gens peuvent accéder au site qui les intéresse où sont
présentés tous les détails des cours qu’ils peuvent suivre ainsi
qu’une feuille de route qui leur indique le parcours à suivre.
Ce portail devient la page personnelle de l’étudiant sur laquelle
sont affichés tous les cours choisis par lui et qu’il suit actuellement.
Dans le grand cadre en figure 11, le professeur peut afficher
une présentation ou une page Web ; il peut également obtenir
des statistiques pour vérifier que les étudiants ont bien compris Personnalisation par l’e-learning
le cours ainsi qu’un feedback immédiat sur sa conférence Dans de nombreux pays, le climat politique encourage
ou son séminaire. La gamme d’outils disponibles dans ce logiciel la formation continue tout au long de la vie. Cette culture est
tente de reproduire l’environnement d’enseignement traditionnel. née d’une prise de conscience du fait que la majorité de
la population possède ou possédera des ensembles de compétences
redondants et que très prochainement, les compétences requises
Collaboration et communication
à l’ère industrielle seront supplantées par celles qu’impliquent
Comme cela a été précédemment abordé, il existe toute une
l’ère de l’information. L’e-learning peut faciliter la requalification
gamme de solutions qui supportent et favorisent la collaboration
de la main-d’œuvre. Les méthodes de formation à temps partiel,
et améliorent la communication entre élèves ainsi qu’entre
“just-enough”, “just-in-time” (ponctuel) et “just-for-you” (ciblé)
élèves et professeurs. Les outils de communication synchrone
ont toutes bénéficié d’une grande attention car elles prennent
tels que la vidéoconférence et la discussion en temps réel
en compte le fait que les cursus longs sont parfois inutiles,
ont permis aux étudiants de discuter avec leurs professeurs
proposant à la place de petits “blocs” de connaissances dédiés
comme s’ils se trouvaient dans la même pièce.
à des fonctions professionnelles particulières pour réactualiser
Toutefois, la communication synchrone ne convient pas à tous
les connaissances d’un employé sur les nouveaux produits ou
les étudiants. En effet, ceux qui aiment prendre leur temps pour
les nouvelles techniques. L’éducation doit préparer les futurs
réfléchir au débat et envisager différentes réponses préfèrent
professionnels à participer à la formation tout au long de la vie,
la communication asynchrone. Ils risquent d’être plus réticents
particulièrement en ce qui concerne les compétences
et d’avoir besoin de plus de temps de réflexion avant de
informatiques requises pour prendre part à l’e-learning.
soumettre leur réponse. La plupart de ces personnes privilégient
En effet, les apprenants doivent savoir quand, où et comment
la communication asynchrone à la communication synchrone
accéder à la formation, et savoir comment choisir le type
parce que pour la première fois, elles peuvent enfin participer
d’enseignement qui leur convient le mieux.
à un débat sur un pied d’égalité. Dans les discussions synchrones
ou en face à face, ces personnes participent moins au débat
car l’articulation de leurs pensées est sans doute plus lente.

Outils de communication administrative


Par exemple, BackWeb est un outil de communication souvent
utilisé en entreprise pour envoyer des informations de haut
niveau et soigneusement ciblées au personnel.
Les gens sont classés par groupes en fonction de divers critères
de sorte que des informations de haut niveau puissent leur être
adressées via un message qui s’affiche au bas de l’écran de leur
ordinateur. Cet outil peut s’avérer très précieux dans le domaine

33
Le développement d’outils e-learning exploitant des objets éducatifs réutilisables
permet de personnaliser les cours en fonction des besoins de chaque étudiant.
Des recherches sont actuellement menées pour adapter les cours en fonction des
préférences d’apprentissage d’un individu donné et pour lui proposer un programme
au format le plus approprié. Aujourd’hui, les cours tels que ceux du programme Cisco
Networking Academy offrent aux étudiants la possibilité d’être pré-évalués avant
de commencer un cours. Ainsi, le programme ne propose que les éléments du cours
que les étudiants ont besoin d’étudier ou de réviser. Grâce aux objets réutilisables,
ils peuvent accéder à un ensemble de contenus éducatifs différents de ceux qu’ils ont
utilisés la première fois afin d’assimiler les connaissances qu’ils n’ont pas réussi
à comprendre du premier coup.

Développement de nouveaux modèles éducatifs :


l’e-learning va-t-il devenir le nouveau mode d’enseignement à distance ?
L’idée que l’éducation doit avoir lieu entre les murs d’une institution telle qu’une école
ou une université a fait son temps. L’éducation est un concept très large, aussi divers
que l’éventail des institutions éducatives : certains centres de formation sont
entièrement distincts du secteur public et proposent des cours hautement spécialisés
visant à inculquer des compétences particulières. L’avènement de l’université
d’entreprise, initié entre autres par des sociétés telles que McDonalds et Disney
qui fournissent des environnements de formation de type universitaire à leurs employés,
est une preuve de cette diversité fréquemment citée. De nombreux employeurs
consacrent énormément de temps et d’argent à la formation, certains ayant même créé
des institutions entièrement dédiées à la formation de leur personnel : c’est l’université
d’entreprise. Les gouvernements ont également étendu les possibilités de formation
pour leurs citoyens. La “formation continue tout au long de la vie” est un concept
que le secteur public comme les entreprises privées se sont engagés à soutenir.
L’université d’entreprise sera abordée de façon plus détaillée ultérieurement.

La création d’un meilleur accès à l’éducation via la formation à distance est l’une des
méthodes les plus couramment utilisées depuis plusieurs années par les gouvernements,
les entreprises et les autres programmes moins formels, et certaines de ces initiatives
ont rencontré un grand succès.

Des organismes tels que l’Open University, qui en 30 ans d’existence a dispensé
des cours diplômants à plus de 2 millions de personnes au Royaume-Uni, démontrent
amplement le potentiel que recèlent de telles institutions. La plupart des étudiants
inscrits à l’Open University suivent leurs cours à distance. Bien qu’ils rencontrent
occasionnellement leurs professeurs ou les autres étudiants en personne, la majorité
de leur enseignement s’opère à distance via toute une gamme de supports qui peut
inclure la correspondance, la télévision, les cassettes audio ou vidéo ou une combinaison
de ces supports et de ces méthodes. Ces dernières années, l’Open University s’est
tournée vers Internet et les solutions Web pour délivrer la plupart de ses contenus
et de ses cours. Près de 160 000 étudiants de l’Open University sont en ligne, utilisant
la messagerie électronique de l’université et son système de conférence pour échanger
des e-mails et participer à des discussions en ligne depuis leurs ordinateurs.

34
L’utilisation des TIC par les institutions peut être mise à la disposition du plus
telles que l’Open University peut être grand nombre d’étudiants possible
considérée comme un cours traditionnel dès qu’ils en ont besoin, au lieu d’être
par correspondance qui serait dispensé restreinte à un petit groupe d’étudiants
de manières différentes. Un étudiant en mesure d’assister physiquement et
soumettant une dissertation à en direct à la démonstration.
un professeur par e-mail plutôt que
par voie postale n’offre pas vraiment Etendre les possibilités éducatives
une vision avant-gardiste de l’e-learning. dans le temps et l’espace
Toutefois considérer que l’e-learning L’Open University du Royaume-Uni
n’est que le simple remplacement a ouvert une brèche pour de nombreux
d’une méthode de communication adultes qui souhaitaient étendre ou
– un moyen de réduire les distances dans reprendre la formation qu’ils avaient
l’enseignement par correspondance – dû suspendre plus tôt dans leur vie
serait trop réducteur. Le véritable enjeu pour une raison ou une autre.
soulevé par l’utilisation des nouvelles L’idée de rapprocher l’institution éducative
TIC est qu’elles permettent non de l’apprenant n’a rien de révolutionnaire
seulement de changer les outils éducatifs, en soi, mais l’enseignement de masse à
mais aussi toute l’expérience pédagogique distance a marqué une étape importante
pour un groupe d’individus bien plus vers la création d’un accès vraiment
étendu qu’avant. ouvert à l’éducation supérieure.
Grâce aux progrès des TIC, l’e-learning
De nombreux exemples portent
est également susceptible d’entraîner
clairement à croire que les TIC
un profond changement dans
permettront non seulement d’améliorer
la conception de l’enseignement et dans
considérablement le mode de livraison
le public auquel il est dispensé.
des contenus mais aussi les contenus
en soi. Par exemple, les opportunités Le sociologue Alvin Toffler avance que
offertes aux étudiants en médecine les systèmes d’éducation actuellement
d’assister à des opérations chirurgicales dominants, bien que parfaitement adaptés
de visu sont évidemment limitées à l’ère industrielle, relèvent d’une
par nombre de facteurs et de contraintes conception trop étroite et sont appliqués
physiques. Mais à l’aide des liens vidéo de façon trop rigide pour répondre aux
de qualité fournis par l’Internet à large exigences de flexibilité propres à l’ère
bande, les étudiants en chirurgie de l’information. Dans une interview
bénéficient d’une expérience de première du Wall Street Journal, Toffler déclarait
main plus proche de la réalité quand en mars 2001 : “Alors que le travail
la présence physique est impossible quitte l’usine pour se transformer
(et peut même offrir une expérience en télétravail à tout moment et en tous
supérieure à la réalité en raison des lieux, nous avons besoin d’un parallèle
possibilités multimédias d’Internet telles en éducation, également accessible
que les démonstrations de techniques à tout moment et en tous lieux”.
chirurgicales automatiquement Evidemment, la seule utilisation des TIC
annotées). Pour les professeurs, ne peut répondre aux besoins du système
l’avantage évident de ces techniques éducatif plus flexible et plus ouvert
est que le nombre d’étudiants pouvant que semble nécessiter, d’après Toffler,
bénéficier d’une relation directe l’ère de l’information, mais il y a peu
et étroite avec le contenu n’est plus limité de doutes sur le fait que ce sont les TIC
par l’espace physique, les contraintes qui transformeront en réalité pratique
géographiques, le temps ou le manque ce concept de système pour l’instant
de chirurgiens disponibles pour effectuer imaginaire.
une démonstration pratique. En outre,
en capturant le son et l’image sous des Sous de nombreux aspects, l’e-learning
formats numériques facilement accessibles est le “nouveau” mode d’enseignement
en ligne, l’excellence d’un chirurgien à distance. Cependant, certains aspects

35
de l’e-learning lui confèrent le potentiel d’être plus que cela, informatiques existantes, appliquées de façon plus intelligente,
tant dans le style et la nature de ses contenus que dans sa capacité pour créer et favoriser de nouveaux modèles d’enseignement.
à toucher des populations plus larges et plus diverses qu’avant.
L’expression de “formation tout au long de la vie”, familière Le développement de l’université virtuelle
aux pédagogues comme aux directeurs des ressources humaines, La première université virtuelle (www.vu.org) a été créée alors
s’impose toujours plus comme un synonyme des nouveaux que le World Wide Web ne comptait encore que 500 sites
modèles d’enseignement permis par les TIC et de l’accès au savoir et que l’utilisation d’Internet était considérée comme une
qu’Internet peut offrir en établissant des connexions directes activité marginale. Ce site est toujours une ressource éducative
entre un nombre illimité de producteurs et de consommateurs. active entièrement basée sur le Web qui permet d’accéder
à des matières aussi diverses que le langage HTML basique
Dans son article intitulé “Four fictional views of the future
ou la rédaction de mémoire.
of learning”, Alfred Bork, professeur en sciences informatiques
à l’université de Californie, explique : “L’ordinateur permet Depuis ses débuts parmi les universitaires spécialisés
l’enseignement à distance à grande échelle. L’enseignement en informatique dans les années 70, Internet s’est hissé au cœur
interactif est désormais possible à domicile, dans les de nombreux domaines de l’activité humaine, si ce n’est de tous.
bibliothèques, les centres commerciaux, les structures De nombreuses universités utilisent certains éléments
accueillant les enfants et d’autres environnements informels, de l’e-learning dans le cadre de leur programme principal,
partout et pour un public de tout âge. De plus, l’enseignement avec des contenus mis en ligne à la disposition des étudiants,
à distance nous permet de mieux travailler quand il s’agit la possibilité d’effectuer des recherches dans des bibliothèques
de mettre en relation des étudiants qui peuvent apprendre électroniques et de communiquer en ligne entre étudiants
les uns des autres… On n’a plus besoin de proximité physique, et professeurs de plus en plus couramment. Néanmoins, tous
mais les étudiants impliqués dans l’apprentissage entre pairs ces développements peuvent être envisagés comme une simple
doivent cependant se trouver dans la même situation”. extension des institutions physiques existantes. Le potentiel de
l’e-learning consiste à parer au besoin des institutions physiques
M. Bork porte un regard critique sur l’e-learning tel qu’il
et à créer des “centres” d’éducation virtuelle qui, en fait,
se pratique aujourd’hui, expliquant que “l’origine de la plupart
n’ont aucun centre physique et auxquels on peut accéder depuis
des problèmes est que presque toutes les activités e-learning
n’importe où dans le monde. Si cette vision semble quelque
actuelles cherchent à imiter ce qui se passe en classe en essayant
peu utopique, il y a une bonne raison : elle l’est. Certaines
de recréer cet environnement dans l’éducation à distance. Il y a
des tentatives les plus spectaculaires pour créer des “universités
pourtant des signes forts qui indiquent que la salle de classe
virtuelles” ont été lancées sous l’impulsion d’un enthousiasme
et la philosophie éducative qui la soutient sont insuffisantes pour
débordant à la fin des années 80 et au début des années 90 pour
les élèves du vingt et unième siècle”. M. Bork propose d’opter
essayer de transformer presque chaque désir et besoin humain
pour le système de l’assistanat (la réunion intime d’un assistant
en une expérience virtuelle en ligne. La California Virtual
de recherche et d’un ou deux étudiants pour poser des questions
University (CVU), créée en 1997 par certaines des plus grandes
et revoir le travail, une approche privilégiée par les universités
et plus prestigieuses universités de l’Etat, a été saluée à l’époque
d’élite tant aux Etats-Unis qu’en Europe) car il estime que
comme une percée majeure dans le développement de
celui-ci fournit les meilleurs environnements d’apprentissage :
l’éducation en ligne. Le consortium à l’origine de ce projet n’a
Un assistant qualifié travaille avec un, deux ou trois étudiants pas cherché à freiner ses ambitions : “Nous voulons devenir
de façon hautement interactive, souvent en posant des l’Amazon.com californien de l’éducation par la technologie”,
questions ou en discutant des devoirs des étudiants. avait déclaré Rich Halberg, alors porte-parole de la CVU, au
Cette approche de l’enseignement s’est avérée d’une Los Angeles Times. Pourtant, en 1999, de nombreux sponsors
efficacité spectaculaire. C’est généralement la façon dont ont abandonné le projet, qui a capoté peu de temps après.
sont éduqués les enfants de l’élite, qui est consciente Des échecs aussi retentissants doivent toutefois être envisagés
de la supériorité de cette approche. Même les cancres dans le contexte de cette époque trop exubérante.
riches arrivent à décrocher leur diplôme de cette façon. Actuellement, nombre de projets similaires sont en cours
Mais elle coûte encore trop cher pour qu’on puisse de développement dans le monde entier et la majorité d’entre
l’appliquer à la majorité des modes d’enseignement. eux présentent des aspirations beaucoup plus modestes.
Bien que la CVU n’ait pas réussi à tenir ses promesses, défaite
Bien que le système de l’assistanat soit trop onéreux car dispensé
par les disputes politiques et commerciales plutôt que par
par des professeurs aux honoraires élevés que seuls les membres
l’échec du concept en soi, plusieurs initiatives moins ambitieuses
les plus privilégiés d’une société peuvent s’offrir, M. Bork estime
ont été lancées à travers le monde, démontrant amplement
qu’un ordinateur peut jouer le rôle de l’assistant qualifié,
le potentiel que recèle la combinaison des modèles d’enseignement
pour un coût nettement inférieur et avec un nombre d’étudiants
à distance et de l’utilisation des TIC.
bien plus important. Ici, M. Bork ne prédit pas que l’intelligence
artificielle remplacera un jour la dimension humaine du système
d’éducation, mais il défend l’utilisation des ressources

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L’un des premiers gouvernements à avoir soutenu la création d’un institut
d’enseignement virtuel est celui de la communauté semi-autonome de Catalogne,
en Espagne. L’université de Catalogne (UOC, Universitat Oberta de Catalunya)
a ouvert ses portes virtuelles en 1997 et s’est imposée comme l’une des institutions
de ce type les plus réussies au monde (voir figure 12). Le projet catalan fut le premier
à se construire entièrement autour de l’utilisation des technologies de communication.
Les étudiants communiquent avec leurs assistants par e-mail et peuvent “se retrouver”
et discuter de leurs cours en ligne sur le campus virtuel de l’université, que cette dernière
décrit ainsi sur son site Web :

Le campus virtuel peut être défini comme l’ensemble de fonctions qui rend l’interaction
possible entre tous les collectifs qui composent l’université (étudiants, corps professoral
et personnel administratif), sans aucun besoin de coïncidence spatiale et temporelle
entre eux.

Le fait d’étudier à domicile ne signifie pas que les étudiants de l’UOC ne sont
pas en contact avec leur université. Sur le site de l’UOC, les étudiants bavardent
entre eux comme ils le feraient dans les couloirs de n’importe quelle autre
université, ils peuvent consulter les livres disponibles à la bibliothèque de l’UOC
ou dans les autres bibliothèques universitaires de Catalogne, ils peuvent
se rendre au kiosque à journaux pour lire la presse du jour ou demander
à leurs conférenciers de dissiper les doutes qu’ils peuvent avoir sur un problème
en particulier. Ce contact étroit et permanent entre le corps professoral
et les étudiants garantit l’attention et la stimulation constantes que requière
l’enseignement à distance.

A l’aide des messageries électroniques, les étudiants peuvent communiquer avec


leurs conseillers et leurs assistants, prendre part à des discussions avec les autres
étudiants ou effectuer tout échange universitaire pertinent.

Figure 12 : Page d’accueil de l’Université de Catalogne

L’UOC se présente comme “un modèle éducatif reposant sur Internet…


Depuis n’importe quel endroit, les étudiants accèdent facilement à une expérience
éducative utile et dynamique et deviennent le centre d’un processus éducatif
absolument personnel”.

37
Une telle personnalisation de l’enseignement est l’un des principaux avantages
que l’utilisation d’Internet et des technologies informatiques peut offrir aux étudiants
comme aux institutions. Etant donné que les étudiants peuvent (selon la disponibilité
de la technologie appropriée) choisir comment, quand et où effectuer leur apprentissage,
ils sont affranchis des contraintes de temps et d’espace induites par des programmes
et des horaires rigides. L’enseignement peut être adapté pour s’intégrer aux autres
priorités de la vie : plutôt que d’avoir à choisir entre, par exemple, la vie professionnelle
et les études (“soit l’un, soit l’autre”), les gens sont confrontés à des prises de décisions
plus faciles relevant du “où et quand”. Comme Internet les met en contact direct
avec les institutions et les organisations, les étudiants peuvent suivre leur cursus sur
des périodes de temps plus étalées, indépendamment du lieu où ils se trouvent.
Au final, les étudiants pourront adopter une approche “à la carte” de l’éducation,
choisissant les modules d’un diplôme ou d’autres formes de cours à partir des éléments
disponibles auprès de fournisseurs dispersés dans le monde entier. Sous de nombreux
aspects, l’université virtuelle du futur agira comme un coordinateur, mettant
les étudiants en relation avec les meilleurs fournisseurs des contenus et des cours
qu’ils désirent suivre. Dans un rapport sur le projet e-University du Royaume-Uni,
les consultants PricewaterhouseCoopers ont évoqué un rôle diffus similaire pour
la proposition d’eUniversity (e-U) au Royaume-Uni :

Nous suggérons que l’e-U devrait être considérée comme un intermédiaire


plus que comme une “université” au sens classique du terme. Elle doit permettre
aux apprenants d’apprendre, aux fournisseurs de fournir et aux organismes
diplômants de diplômer, avec des moyens qui répondent à leurs besoins (communs).
Toutefois, pour que cela puisse se faire, il faudra ajouter à cette offre
la motivation et l’énergie nécessaires pour s’assurer qu’elle y parvienne…

Nous pouvons identifier quatre principaux modes de fonctionnement pour l’e-U.


Le premier mode, et c’est le plus conventionnel, implique que les universités
britanniques convertissent certains de leurs cours diplômants en cours e-learning
tout en conservant la structure du cours, puis les mettent à la disposition des
étudiants potentiels via l’e-U, peut-être en les complétant de leur propre système
d’assistanat électronique. Pour délivrer leurs diplômes, certaines universités
pourront justement exiger que les étudiants utilisent leur soutien d’assistanat
en complément de leurs contenus éducatifs.

Un deuxième mode de fonctionnement pour l’e-U serait que certaines universités


britanniques acceptent que des regroupements de modules, dont une partie
pourrait être composée des leurs et une autre de modules tiers, soient éligibles
pour leurs diplômes. Ces regroupements pourraient être définis à l’avance
ou négociés avec les étudiants potentiels. Au fil du temps, cette approche
pourrait conduire au développement d’un système d’U.V. (unités de valeur).
Avec chacun de ces deux modes, l’université diplômante serait responsable
de la cohérence du programme diplômant.

Un troisième mode de fonctionnement serait que les autres organismes


(universités étrangères, gouvernements ou entreprises) utilisent un ou plusieurs
modules de l’e-U, peut-être en ajoutant leurs propres contenus et en délivrant
leurs propres diplômes ou certificats. Nous pensons que cette perspective
de combinaison de l’e-U avec les acteurs locaux peut offrir une opportunité
commerciale particulièrement attractive.

Un quatrième mode de fonctionnement serait simplement que chaque étudiant


suive un module ou un cours de l’e-U sans intention d’obtenir une qualification.*
* Extrait d’un rapport de PricewaterhouseCoopers commandé par le Higher Education Funding
Council for England : “Business model for the e-University”, publié en 2000.

38
L’adoption des nouveaux styles d’enseignement En réaction au niveau relativement bas de formation parmi
la population active d’Europe, et soucieuse d’atteindre son objectif
La formation continue tout au long de la vie
déclaré de devenir la première économie de la connaissance,
La “formation tout au long de la vie” est presque devenue
l’UE a lancé plusieurs initiatives pour augmenter la disponibilité
un vrai mantra au sein des gouvernements, des professionnels
et la prise de conscience générale des opportunités de formation
de la formation et du recrutement. Le lancement d’initiatives
et d’enseignement.
de grande envergure telles que Learn Direct au Royaume-Uni
ou de projets similaires ailleurs en Europe, ainsi que le soutien L’étude “National Adult Learning” menée en 2001
de l’UE aux projets majeurs pour promouvoir la formation tout au Royaume-Uni a identifié les raisons pour lesquelles
au long de la vie, démontrent amplement le sérieux et les efforts les personnes interrogées n’avaient suivi aucune formation :
que les administrateurs et les employeurs investissent pour
" Manque de temps.
garantir que l’éducation et la formation s’étendent bien au-delà
" Coût.
des limites de l’enseignement public formel (voir figure 13).
" Informations et assistance inadéquates.
Pourtant, d’après les chiffres de l’UE, moins de 10 % de
" Mode de fourniture inadéquat.
la population adulte d’Europe aurait bénéficié d’une formation
en 2001. En rappelant que le conseil des ministres européens
Chacun de ces obstacles à la formation peut être surmonté grâce
s’est engagé lors du sommet de Lisbonne 2000 à faire de
aux TIC, et plus particulièrement à l’aide des solutions basées
l’Europe : “L'économie de la connaissance la plus compétitive
sur le Web et les réseaux. L’e-learning sur le Web permet
et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance
aux apprenants d’apprendre au moment et dans l’endroit qui
économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative
leur convient le mieux. Les coûts de formation sont également
et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale”,
susceptibles de baisser dans de nombreux cas, car le volume
de telles statistiques risquent difficilement d’inspirer l’optimisme
de formation qui peut être effectué en ligne est d’une bien plus
et de mettre du baume au cœur à ceux qui cherchent à réaliser
grande ampleur que tout ce qui peut être fait dans le cadre d’une
un tel objectif.
salle de cours ou quand une interaction personnelle est requise.

Figure 13 : Page d’accueil de Learn direct, portail du


Les liens éducatifs entre l’école et la maison
gouvernement britannique sur la formation tout au long
Les individus ont de plus en plus d’opportunités d’apprendre
de la vie, bien que relativement peu d’Européens saisissent
où ils veulent, quand ils veulent et auprès de qui ils veulent.
ces opportunités de formation
Les écoles les plus innovantes commencent à tirer parti d’Internet
et permettent aux élèves d’accéder aux ressources de l’école
depuis leur domicile via l’intranet de l’école, ce qui permet
de récupérer la liste des devoirs et les notes de cours à distance ;
les parents peuvent s’impliquer davantage dans la scolarité
de leurs enfants en accédant à son portefeuille Web, aux contenus
des cours, à l’intranet et l’extranet de l’école et en dialoguant par
e-mail avec les professeurs. Là où cela devient la règle, les écoles
doivent s’assurer que la fracture numérique ne se creuse pas et
que les élèves qui ne disposent pas d’un accès Internet à domicile
ne soient pas désavantagés. Certains établissements proposent
des prêts ou des offres de crédit-bail pour acquérir des ordinateurs
en fonction des revenus des parents, mais les frais d’accès Internet
sont rarement pris en charge. Il existe également un certain
nombre d’initiatives spécialement conçues pour les élèves qui
ne peuvent pas se rendre à l’école pour une raison ou une autre,
comme par exemple le projet Not School lancé par Ultralab
au Royaume-Uni.

39
Dans les universités, les étudiants qui ne vivent pas sur les campus demandent de plus
en plus un accès en ligne aux conférences, aux notes et aux autres ressources et
ils réclament également la possibilité de communiquer et de collaborer à distance avec
les autres étudiants et les professeurs. Cette demande augmente en raison du nombre
croissant de personnes encouragées à reprendre leurs études pour développer leurs
compétences ou se requalifier afin de répondre aux exigences de l’ère de l’information
et des gouvernements qui souhaitent créer des professionnels flexibles et bien formés.
A l’université de Twente, par exemple, de nombreux étudiants vivent et travaillent dans
la région et l’université est en train d’investir dans un réseau sans-fil qui permettra
aux étudiants du campus comme aux autres d’accéder aux ressources et à l’infrastructure
de l’université.

L’éducation sans frontières


Le terme “éducation sans frontières” décrit les développements qui traversent (ou ont
le potentiel de traverser) les frontières traditionnelles de l’enseignement post-secondaire,
qu’elles soient géographiques ou conceptuelles. A ce jour, les enjeux pour les écoles sont
moins marqués, mais cela risque de changer à l’avenir. L’un des principaux problèmes
entourant l’internationalisation de l’éducation via l’e-learning et les TIC réside dans les
questions soulevées par une concurrence accrue entre les universités privées, d’entreprise,
étrangères et virtuelles. Le rapport du CVCP et du Higher Education Funding Council
intitulé The Business of Borderless Education: UK perspectives traite de l’enseignement et
de l’apprentissage dans le contexte sans frontières comme un hybride des modes existants.

Dans l’enseignement à distance, le travail basé sur le papier est actuellement


plus répandu que les approches virtuelles. Ce marché gagne en complexité
avec la convergence des approches éducatives en face à face et à distance.
On remarque aussi une tendance de plus en plus prononcée à traiter les étudiants
comme des “clients”, particulièrement quand il s’agit du marché des adultes
de la population active.

Dans la plupart des exemples d’éducation supérieure sans frontières,


le développement du cursus reflète généralement les besoins du marché de l’emploi
et des “salariés en formation”. De nouveaux fournisseurs positionnent leurs
offres comme de l’enseignement “just-in-time” (ponctuel), qui peut être
immédiatement appliqué sur le lieu de travail, contrairement à l’acquisition
des connaissances “just-in-case” (au cas où), traditionnellement dispensée par
les universités. La tradition du métier qui voulait que les universitaires soient
responsables du développement et de la fourniture d’un cours est soumis
à la pression d’un modèle plus industriel où des éléments discrets (tels que
la maîtrise d’un domaine, l’expertise pédagogique, les compétences multimédias,
les techniques d’évaluation) sont réunis au sein d’équipes pédagogiques composées
d’individus dotés de rôles spécifiques. Pour les défenseurs des nouveaux modèles,
le déclin de l’approche “métier” adoptée par les universités envers l’enseignement
et l’apprentissage offre peut être une raison de se réjouir, mais pour de nombreux
universitaires, il reste encore des questions fondamentales à régler à propos
des principaux processus éducatifs et des valeurs clés. (p15)

L’expansion de l’enseignement en entreprise tombe dans cette catégorie pour deux


principales raisons : d’une part, la plupart de ses impératifs reposent sur les besoins
en formation continue tout au long de la vie des employés d’entreprises multinationales,
et, d’autre part, dans certains cas (mais pas tous), les universités d’entreprise peuvent
agir comme un type particulier d’entreprise à but lucratif. Avant d’aborder les universités
d’entreprise de façon plus approfondie, il faut se pencher sur d’autres problèmes
de l’éducation sans frontières. Il s’agit des questions précédemment abordées en relation avec
les contenus, le déploiement international des programmes e-learning indépendamment de
la culture et de la pédagogie dominantes du pays hôte par rapport au pays destinataire,
ainsi que les coûts et les débits relatifs des connexions Internet.
40
La place des universités d’entreprise et des de collaborer avec les universités conventionnelles existantes,
professionnels de la formation bien qu’elles se montrent extrêmement sélectives dans le choix
Les universités d’entreprise se sont développées rapidement de leurs partenaires (consulter le rapport The Business of
aux Etats-Unis et émergent progressivement en Europe Borderless Education: UK perspectives, publié par le CVCP
occidentale comme en Asie. Non seulement le nombre de et le HEFCE).
ce type d’organisations a considérablement augmenté, mais
elles ont également gagné en qualité. Lors de la conférence Les objectifs de l’université d’entreprise
Global Corporate University Week 2000 à Cannes, une étude Les personnes interrogées ont dû proposer et classer cinq
a fourni des résultats particulièrement intéressants en ce qui objectifs potentiels, ce qui a permis d’aboutir à la liste suivante :
concerne l’importance des universités d’entreprise en tant que
véhicules de la recherche stratégique. Les principaux résultats " Répondre aux besoins individuels de chaque employé
de cette étude sont présentés et discutés dans un article de la en matière de formation.
New Corporate University Review publié en décembre 2000 " Etablir une correspondance entre les objectifs de l’entreprise
(volume 8(6)). Il fait apparaître trois principales étapes et les préférences d’enseignement de chacun.
dans le développement de l’université d’entreprise : l’étape " Réaliser plus de bénéfices.
opérationnelle, l’étape tactique et l’étape stratégique. " Attirer, motiver et fidéliser les employés.
" Optimiser l’employabilité des employés.
Ce qui permet de qualifier ces universités “d’entreprise”, c’est
leur lien très fort avec la stratégie de l’entreprise, bien que
l’implication des dirigeants dans les programmes de formation Le fait de répondre aux besoins de formation individuels
soit discutable. de chaque employé est considéré comme le principal objectif
des universités d’entreprise. De même, l’établissement d’une
La plupart des programmes des universités d’entreprise cherchent correspondance entre les objectifs de l’entreprise et les besoins
principalement à dispenser des connaissances et des informations, de formation individuels et le fait de réaliser plus de bénéfices
et non pas à créer de nouvelles connaissances. Pourtant, apparaissent comme presque tout aussi importants. Ce qui est
les entreprises ont besoin d’un apport continu de nouvelles frappant, c’est que les personnes interrogées se soient montrées
connaissances qui leur soient spécifiques pour avancer au même indifférentes à l’idée d’utiliser les universités d’entreprise pour
rythme que les développements rapides de leur environnement. attirer, motiver et fidéliser les employés. Quant à l’optimisation
Face à cette demande, les recherches conduites par les universités de l’employabilité des employés, elle a été classée au dernier
d’entreprise peuvent constituer une importante source de nouvelles rang des objectifs.
connaissances. Et si la recherche est considérée comme l’une
des principales activités des universités conventionnelles, L’étude a permis d’aboutir à plusieurs tentatives d’éclaircissement
on peut se demander dans quelle mesure les universités d’entreprise sur l’étape actuelle de développement des universités d’entreprise.
ressemblent aux “vraies” universités. Environ la moitié Les résultats indiquent qu’on peut identifier trois étapes.
des personnes interrogées a déclaré que le personnel de Lors de leur première phase de développement, les universités
leur université d’entreprise était largement, quand ce n’était pas d’entreprise opèrent surtout comme des départements de formation
entièrement, dédié à l’enseignement et pas du tout impliqué améliorés qui reprennent toutes les activités de formation de
dans la recherche. D’autres personnes ont affirmé qu’une partie l’entreprise.
du personnel effectuait des recherches mais que cela n’était Beaucoup de ces organisations, mais pas la majorité, en sont à
pas considéré comme une activité clé. Les résultats de l’étude cette étape. Dans la phase suivante, les universités d’entreprise
indiquent aussi que les universités d’entreprise, en général, s’alignent sur la stratégie de l’entreprise pour former “l’épine
ne sont pas très fortement impliquées dans la recherche sur dorsale des connaissances” de leur entreprise et avoir un lien
les problèmes stratégiques. Historiquement, les entreprises solide et durable avec la stratégie de l’entreprise. Etant donné
lançaient des recherches en collaboration avec les universités que les dirigeants des universités d’entreprise sont tout à fait
conventionnelles. conscients de l’importance de ce lien avec la stratégie
Il se peut que la tendance des universités d’entreprise qui de l’entreprise, de nombreuses organisations s’efforcent de passer
s’engagent dans plus de recherche ait un effet négatif sur à cette étape de développement. Seules quelques rares universités
le financement et le résultat des recherches menées au sein d’entreprise en sont déjà à l’étape stratégique, où non seulement
des universités conventionnelles, à moins que des synergies l’organisation dispense et reconditionne les connaissances, mais
soient développées entre les deux secteurs. Cependant, au moins crée également de nouvelles connaissances stratégiques à travers
dans le domaine de la formation post-baccalauréat, il semble la recherche. Tout le monde s’accorde à dire que les avantages
que l’importance de ces interactions ait été admise, car il y a concurrentiels des entreprises évoluant dans les économies
très peu de signes indiquant que les universités d’entreprise aient les plus développées dépendent de plus en plus des connaissances
l’intention de travailler de façon indépendante. La plupart plutôt que des actifs physiques. Face au rôle stratégique des
des universités d’entreprise ont décidé ou émis le souhait connaissances, on peut s’attendre à voir les entreprises accorder
plus d’importance au développement de leurs universités.

41
Certaines universités d’entreprise vont se préparer à passer de l’étape “opérationnelle”
à la phase “tactique”. D’autres vont franchir la dernière étape de leur développement
pour devenir les “usines à connaissances” de leurs entreprises.

Les programmes des professionnels de la formation


Le secteur de la formation professionnelle connaît une certaine concurrence face
à l’adoption croissante des programmes de formation proposés par certains fournisseurs,
qui débouchent sur une homologation reconnue par l’industrie. Microsoft, Oracle,
Novell et Cisco proposent tous ce type de programmes à travers un partenariat public
entre les écoles, les lycées, les universités et d’autres organisations à but non lucratif.
Dans certains cas, ces cours professionnels sur les TIC sont homologués par
les structures nationales d’évaluation et de cursus, attirant en conséquence le soutien
financier de l’éducation publique.

L’exemple du Cisco Networking Academy Program


Officiellement lancé en 1997, le programme Cisco Networking Academy est un cours
complet de 280 heures sur quatre semestres qui apprend aux étudiants et aux employés
en formation à concevoir, à déployer et à maintenir des réseaux informatiques.
Ce programme est dispensé en partenariat avec des centres de formation technologique
comme les écoles, les lycées et les universités ainsi que des centres de formation
professionnelle répartis dans 148 pays à travers le monde. Ce programme est exploité
dans un but non lucratif, c’est-à-dire que les revenus générés sont réinvestis dans
le programme. Le programme Cisco Networking Academy est un modèle e-learning
qui permet d’accéder à des contenus éducatifs sur le Web, à des possibilités d’évaluation
en ligne, au suivi des performances de l’étudiant, à la formation et au soutien
des formateurs ainsi qu’à des laboratoires de travaux pratiques.

Le programme a été conçu pour créer une relation réciproque entre Cisco
et l’établissement de formation qui l’héberge. L’établissement met en œuvre, gère et
dispense les cours. Cisco fournit le cursus, les contenus de formation et la technologie
de mise en réseau pour créer le laboratoire informatique de l’établissement.
De plus, Cisco travaille avec l’institution pour former les formateurs aux technologies
réseaux les plus récentes qu’ils devront utiliser, ainsi qu’aux best practices pour
dispenser ces cours. Les développeurs ont créé des plans de cours et des outils efficaces
pour soutenir les formateurs de la Cisco Networking Academy. A travers une approche
holistique du développement de cursus, le programme réunit les compétences clés
de la plus grande entreprise de réseaux au monde avec des experts de l’éducation,
des universitaires et des étudiants du monde entier qui examinent et évaluent
en permanence le cursus et valident les méthodologies d’évaluation.

Récemment, Cisco a travaillé avec plusieurs grandes entreprises telles que


Sun Microsystems, Hewlett Packard et Panduit pour développer des programmes
de formation à l’attention des institutions qui utilisent l’environnement e-learning
supportant le programme Cisco Networking Academy. Ces offres de cursus visent
toutes à réduire la pénurie en professionnels TIC qualifiés et à introduire les nouvelles
compétences pertinentes dans le programme de formation actuel afin d’aligner
les qualifications sur les exigences de l’ère de l’information.

42
Chapitre 3. La formation des enseignants
à l’ère de l’information

Les professeurs jouent plusieurs rôles et, selon Une tension croissante apparaît entre les demandes
les approches de l’enseignement, ceux-ci peuvent impliquer de changement radical des priorités et des processus éducatifs
le fait d’atteindre les objectifs du cursus, de dire et ce qu’on attend des professeurs, particulièrement
aux étudiants ce qu’ils doivent faire, de leur montrer en ce qui concerne l’utilisation des TIC au sein du processus
comment le faire, d’orienter l’apprentissage, de répondre d’enseignement et d’apprentissage. Que ces priorités soient
aux besoins d’apprentissage ou d’alimenter la curiosité définies au niveau local ou national, le corps enseignant
des élèves. Mais leur fonction essentielle consiste a du mal à s’y adapter à un rythme assez rapide pour supporter
à parler aux étudiants et à se poser en intermédiaires les changements radicaux exigés. Les professeurs sont de plus
de l’apprentissage. Michael Young12 considère les professeurs en plus sur la ligne de front pour mettre en œuvre les politiques
comme des compagnons d’enseignement qui aident conçues pour récolter les fruits des investissements réalisés
à déterminer le destin des élèves et les accompagnent dans les TIC. Les innovations dans l’efficacité du recrutement
sur une partie du chemin. En tant que compagnons, des professeurs, de leur formation et de leur développement
les enseignants aident les élèves à comprendre comment professionnel sont devenues des enjeux clés et le resteront.
ils apprennent le mieux : ils les aident à prendre
Niki Davis et Penni Tearle13 ont remarqué : “De nombreux pays
des décisions sur les parcours éducatifs appropriés et grâce
à travers le monde prennent des mesures pour s’assurer que
aux TIC, ils peuvent décider si les élèves doivent bénéficier
les systèmes d’éducation soient réactualisés afin d’offrir
d’expériences réelles ou virtuelles dans différentes
une égalité d’accès et pour garantir que les compétences clés
situations. Les professeurs sélectionnent les logiciels
en matière de TIC soient développées dans les établissements
appropriés ou les tâches qui soutiennent le processus
scolaires et les autres institutions éducatives… Il est aujourd’hui
d’apprentissage entre élève et machine, en les aidant
reconnu que la formation des professeurs aux compétences TIC
à formuler le type de questions qui les fera passer
et aux approches pédagogiques appropriées est absolument
à l’étape suivante.
essentielle. “La préparation des enseignants est considérée
comme le principal facteur de succès du déploiement des TIC
dans l’éducation”.

La plupart des pays ont fait des TIC une priorité dans
la formation initiale des enseignants. Dans certains pays,
comme au Royaume-Uni et en Suède, cette formation est rendue
obligatoire via le programme national de formation initiale
des professeurs (R.-U.) ou par une loi (Suède), tandis que
d’autres pays se contentent de la recommander. En conséquence,
les professeurs deviennent des utilisateurs formés et confirmés
en matière de TIC, même si certains se sentent frustrés par
ce manque d’opportunités de les utiliser sur leur lieu de travail.
Parfois, les politiques gouvernementales ont anticipé
les développements, sans laisser de temps aux écoles et
aux établissements de formation des enseignants pour se préparer.
Toutefois, on peut dire qu’attendre la mise en place de
l’infrastructure peut avoir retardé les progrès et le gouvernement
britannique, par exemple, se targue désormais d’être un leader
mondial dans le déploiement des TIC à l’école. La plupart
des formations dispensées aux professeurs ont eu tendance
à se concentrer sur des cours théoriques sur les TIC, et certains
estiment qu’il est temps de mettre l’accent sur l’apprentissage
12 Michael Young a fondé l’Open University du Royaume-Uni. avec les TIC14. Autrement dit, les enseignants formés seront
certes des utilisateurs compétents des TIC mais ils ne sauront
13 Cité dans G. Weets (Ed.). (1997) 5e programme-cadre de
la Commission européenne : programme d’action pour la société pas trop comment organiser leurs propres cours avec les TIC.
de l’information. Technologies pour l’acquisition des connaissances
et des compétences. Proposition d’agenda de recherche. Projet de
consulting à grande échelle. Commission européenne DG XIII-C, Bruxelles.
<http://www.ecotec.com/sharedtetriss/interact/bul_5th2.html>

14 J. Pearson (2002) “ICT and Teacher Education in Australia”, in Technology,


Pedagogy and Education. 1(1)
43
La Finlande est un autre pays où les rapports gouvernementaux ont guidé
les développements de la formation des enseignants à l’utilisation des TIC comme outil
pédagogique et promu l’utilisation des TIC auprès d’une société apprenante.
La Finlande est bien connue pour son émergence rapide parmi les pays leader en matière
de technologie et on distingue aujourd’hui une tendance à utiliser les TIC “plutôt
comme un outil de l’esprit permettant de tendre vers plus de collaboration, d’interactivité
et d’enseignement actif, vers plus d’intégration des TIC aux cursus et vers une meilleure
infrastructure technique et pédagogique”, comme l’a écrit Hannele Niemi dans
un numéro spécial de la revue Technology, Pedagogy and Education15.

Dans certains pays, la formation des enseignants a bénéficié d’une contribution


financière du secteur privé, tandis que dans d’autres, le financement a été assuré
par le gouvernement ou par des fonds tels que ceux de la loterie nationale dans le cas
du Royaume-Uni. En Afrique du Sud, la Fondation Vodacom met en place des centres
de ressources e-learning à travers tout le pays pour réduire la fracture numérique
existante en faisant don de plus de 1,5 million de rands au projet grâce auquel
40 formateurs introduiront les professeurs à l’utilisation des TIC. Les centres e-learning
s’inscrivent dans le cadre d’une collaboration internationale connue sous le nom
de Digital Partnership dont l’Afrique du Sud accueille le premier programme pilote.
Ce partenariat, qui implique des intervenants du secteur public, des entreprises privées
et des organisations à but non lucratif du monde entier, a été fondé pour soutenir
l’acquisition d’une culture numérique et le développement de l’accès à l’enseignement,
à l’entreprise et au développement social dans les pays en développement.
Ce programme inclut une initiative qui prévoit de récupérer les ordinateurs redondants
des pays riches pour les remettre à neuf et les installer dans certaines écoles d’Afrique
du Sud. Comme dans d’autres pays, l’accès aux TIC et à des professeurs formés peut
permettre d’améliorer le niveau d’éducation, de créer des compétences et de contribuer
au développement des communautés. Il n’est pas considéré comme un moyen de lutter
contre la pauvreté mais plutôt comme une façon de venir en aide à ceux qui se
trouvent du mauvais côté de la fracture numérique.

Un tout nouveau programme de formation en poste a été testé en Norvège pour


les enseignants. Le programme utilise l’apprentissage par problème, sur un schéma
combinant la formulation d’une idée, sa mise en pratique, une réflexion sur la pratique
puis une nouvelle formulation. Les enseignants sont introduits à une méthode
pédagogique avec les TIC ; ils expérimentent d’abord cette méthode pour eux-mêmes
puis l’utilisent ensuite dans leurs cours et développent ainsi leur propre expérience.
Dans un atelier de suivi, les enseignants travaillent avec leurs collègues et leurs
formateurs pour réfléchir à leurs expériences d’apprentissage. On pense que le gain
de confiance dans l’utilisation des TIC comme outil pédagogique est dû à la façon
dont la formation des professeurs en poste a été adaptée aux besoins des participants,
et a donc agi comme un facteur positif de mise en confiance. Dans d’autres domaines
du développement professionnel des enseignants, les recherches ont souligné l’importance
du fait de pouvoir mettre les nouvelles idées en pratique puis de réfléchir collectivement
à ces idées comme un moyen de garantir un développement pédagogique durable.
Le Raising Achievement in Mathematics Project du Royaume-Uni a repris cet exemple ;
plus de détails sont disponibles dans le rapport intitulé Better Mathematics publié
en 1986 par le ministère britannique de l’Education. Les experts de ce projet norvégien
sont arrivés à la conclusion suivante : outre le soutien des collègues et des dirigeants
des institutions, les facteurs personnels de renforcement et de mise en confiance doivent
aussi être pris en considération dans la planification d’une formation des enseignants
en poste basée sur les TIC, en insistant sur le fait qu’il faille s’assurer que les professeurs
s’approprient les TIC.
(visiter le site http://www.nsd.uib.no/skoleveven/poster_n.htm pour plus de détails)

15 H. Niemi (2002) “Towards a learning society in Finland - ICT in Teacher Education”, in Technology, Pedagogy and Education 1(1)
44
Une étude réalisée en 2000 par European SchoolNet (www.eun.org) indiquait que
la formation des enseignants à l’utilisation des TIC comme outil pédagogique
représentait un enjeu majeur pour les établissements d’enseignement primaire
et secondaire d’Europe. Ce rapport affirme qu’au Royaume-Uni, bien que près de 90 %
des enseignants aient reçu une formation relative aux TIC au cours des deux dernières
années, seuls 65 % d’entre eux se sentent assez sûrs d’eux pour utiliser les TIC
en classe. Au Danemark, seulement 20 % environ de l’ensemble professeurs travaillant
dans les établissements d’enseignement primaire et secondaire inférieur se sont inscrits
au cours du “permis de conduire TIC”. Dans les centres de formation des enseignants,
environ 50 % des inscrits suivent ce cours. En Finlande, entre 1996 et 1999,
près de 10 000 enseignants ont suivi un programme de formation en poste de cinq
semaines sur les questions liées à la société de l’information. D’ici 2004, 50 %
du corps enseignant, tous niveaux confondus, devrait avoir acquis des compétences
satisfaisantes en matière de TIC. En Suède, une loi votée en 1996 exige que tous
les nouveaux enseignants diplômés possèdent des compétences de base sur les TIC,
y compris sur leur utilisation à des fins pédagogiques.

Certains pays fournissent un équipement spécial à leurs enseignants. Au Luxembourg,


ils peuvent accéder de chez eux au Réseau National pour l’Education et la Recherche.
En Suède, les enseignants qui suivent le programme spécial de formation aux TIC
reçoivent un ordinateur multimédia pour un usage domicile, et au Royaume-Uni,
ils ont la possibilité d’acquérir des ordinateurs portables à prix discount. En Allemagne,
AOL a annoncé un projet d’accès gratuit à domicile pour les professeurs et d’accès
à prix réduit pour les étudiants. Mais malgré tous les efforts consentis pour la formation
des enseignants, l’utilisation réelle des TIC au quotidien reste un problème pour
le futur : actuellement, les TIC ne sont pas encore utilisées partout. Même dans un pays
comme la Finlande, qui possède une bonne infrastructure technologique et des projets
pilotes concluants, en 1998 seule la moitié des enseignants interrogés a déclaré utiliser
les TIC pour préparer ses cours et seulement 20 % d’entre eux les utilisent au quotidien
dans leur enseignement.

Les stratégies de formation des enseignants devraient donc désormais se fixer deux
objectifs : prévenir l’obsolescence des compétences et former de façon continue
les professeurs, quelle que soit leur expérience, aux technologies émergentes.
Ce qui semble faire défaut aux cours de formation des enseignants, c’est de s’assurer
qu’ils comprennent bien les programmes politiques qui sous-tendent l’utilisation des
TIC à des fins pédagogiques, ainsi que la gamme d’outils d’évaluation à base de TIC.

L’Unesco a publié un portail d’accès aux informations sur les TIC et la formation des
enseignants à l’adresse http://www.unescobkk.org/ips/ict/ict.htm ; ce site propose des
liens vers de nombreux documents et ressources qui soutiennent la formation
des enseignants à l’utilisation des TIC.

Dans le domaine de l’enseignement supérieur, la formation des professeurs est moins


encadrée légalement et les demandes des universitaires qui voudraient se former
aux TIC sont généralement liées aux exigences de la recherche, tandis que la demande
en enseignement innovant avec les TIC est alimentée par le désir d’efficacité des
universités, leur besoin de se distinguer au sein d’une concurrence croissante et d’offrir
des cursus alternatifs aux étudiants non conventionnels, notamment à ceux qui étudient
à distance, en ligne et à temps partiel.

45
Résumé
Les stratégies cohérentes et complètes adoptées par les divers
gouvernements d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique
ont indéniablement joué un rôle important pour développer
l’utilisation des TIC dans l’éducation afin de rehausser
les niveaux scolaires via le financement et la mise à disposition
des nouvelles technologies. Il faut désormais définir une pensée
plus radicale pour savoir comment ces technologies pourraient
être utilisées de façon innovante, comment les enseignants
devraient être formés pour repenser leur rôle et comment
adapter les structures éducatives afin d’accueillir et d’adopter
les changements requis pour exploiter tout le potentiel de l’accès
mondial à l’information, au savoir et à l’expertise.

Auteur : Dr Michelle Selinger

Education et développement, Groupe EMEA

Cisco Systems

Editeur de la série : Simon Willis

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46
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Catalyst, CCDA, CCDP, CCIE, CCNA, CCNP, Cisco, le logo Cisco Certified Internetwork Expert, Cisco IOS, le logo Cisco IOS, Cisco Press, Cisco Systems, Cisco Systems Capital, le logo Cisco Systems, Empowering
the Internet Generation, Enterprise/Solver, EtherChannel, EtherSwitch, Fast Step, GigaStack, Internet Quotient, IOS, IP/TV, LightStream, MGX, MICA, le logo Networkers, Network Registrar, Packet, PIX, Post-
Routing, Pre-Routing, RateMUX, Registrar, SlideCast, StrataView Plus, Stratm, SwitchProbe, TeleRouter et VCO sont des marques déposées de Cisco Systems, Inc. et/ou de ses filiales aux Etats-Unis ou dans certains
autres pays.

Toutes les autres marques citées dans ce document ou site Web appartiennent à leurs détenteurs respectifs. L’utilisation du mot “partenaire” n’implique pas de relation de partenariat entre Cisco et toute autre
entreprise. (0208R)
11/02
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