Eden - Poussinette
Eden - Poussinette
Eden - Poussinette
By: poussinette
Status: ongoing
Published: 2012-06-01
Updated: 2013-05-15
Words: 342444
Chapters: 50
Auteur : Obsessmuch
Le lien vers la version originale de cette fic est disponible dans mes
favoris.
Danger - tension.
Attention à la marche.
Hermione n'est pas une superbe sorcière têtue comme une mule.
Elle n'est ni fragile, ni faible, ni inutile. Elle apprécie beaucoup Ron,
et l'aime à sa manière. Elle manque de confiance en elle. Je ne
m'imagine pas la décrire d'une quelconque autre manière.
Lucius Malefoy n'est pas un homme gentil qui est simplement mal
compris. Il n'est pas non plus un violeur pervers. Même en tenant
compte du dernier livre, il reste pour moi un tyran obsédé par le sang
pur, et je n'ai aucune intention de le racheter.
Chapitre 1 La capture
'LES MANGEMORTS DE NOUVEAU PARMI NOUS!'
Notre source tient cependant à préciser que les plans d'évasion des
prisonniers restent pour le moment inconnus. Il apparaît cependant
que les six évadés sont connus comme étant des Mangemorts, et
que bien que le Ministère de la Magie soit pleinement au courant de
cette évasion, ce dernier chercherait à dissimuler l'affaire.
« Le Ministre ne souhaite pas que le public sache qu'il n'a pas réussi
à les protéger. Il a bâti sa réputation sur l'image d'un Gouvernement
fort, et ne veut pas perdre son poste après seulement une année »
Rufus Scrimgeour n'a pas souhaité se prononcer sur cette histoire .'
J'ignore pourquoi cet article m'a choqué. Après tout, il y a eut des
évasions encore plus importantes avant. Et ce n'est pas comme si
c'était totalement inattendu. Les prisonniers ont toujours été gardés
par les Détraqueurs, et non par Azkaban elle-même. Je suppose que
nous savions tous, au fond de nous, que ce n'était qu'une question
de temps avant que d'autres prisonniers ne parviennent à
s'échapper.
Mais même en sachant que cela devait arriver à un moment ou à un
autre, la situation n'était pas des plus simples. Six mangemorts de
plus se retrouvaient en cavale. Comme si l'Ordre avait encore
besoin de problèmes, après la mort de Dumbledore et la trahison de
Rogue.
Il ne dit pas qui s'est échappé. Ca peut être n'importe qui. Tout ce
qui se dit, c'est qu'ils étaient six.
J'ai peur. Je déteste l'admettre, mais c'est la vérité. J'ai peur pour ma
famille, pour mes amis, pour l'Ordre. Et pour moi même.
Oui, le Terrier. Il n'y aura pas que moi et Harry au mariage de Bill et
Fleur, mais toute une armée de sorciers ainsi que, je l'imagine, des
sorts de protection sur le bâtiment lui même.
J'ai vraiment hâte d'y aller. Les Weasley sont tellement marrants.
Fred et George seront présents au mariage et la semaine promet
donc d'être mouvementée. Et la cuisine de Mme Weasley est
tellement bonne. Et je reverrais Harry, et Ginny, et…
Et Ron ?
Après le mariage.
Mais… Nous devons aller avec lui. Il ne peux pas le faire tout seul,
et nous avons partagé trop d'aventures ensemble pour qu'on se
sépare maintenant.
J'ouvre mon livre de Sorts Catégorie 7 afin qu'il me chasse ces idées
noires. Lire me procure toujours cette sensation de bien être. Je
m'échappe dans le royaume de la connaissance, ma crainte
s'envolant alors que mon esprit est aspiré par les écrits s'étalant
devant moi. Je commence à me sentir pleinement sereine.
Je relève la tête.
Qu'est-ce que…
Ma baguette… Ma baguette…
Qui… ?
Oh, non…
« Hermione ? »
Je lève les yeux vers le visage pâle et pointu de Lucius Malefoy. Une
année entière s'est écoulée depuis que je l'ai vu au Département
des Mystères, mais il semblerait qu'Azkaban ne l'ai pas changé d'un
pouce. Harry m'avait pourtant dit que ce lieu changeait l'apparence
des gens, jusqu'à ce qu'ils deviennent méconnaissables. Sirius avait
lui même été un homme fort séduisant et en pleine santé avant d'y
être enfermé. Mais les Détraqueurs avaient déjà déserté les lieux
lorsque Lucius fut emprisonné. La seule différence que je pus
discerner fut les profonds sillons dans chacune de ses joues. Ses
yeux avaient la même froideur et la même détermination
qu'auparavant.
« Hermione ? » prononça ma mère d'une voix incertaine. « Que ce
passe-t-il ? »
Peut être… Peut être qu'un transplanage n'est pas possible sans un
accord réel de la personne que vous prenez avec vous.
« Hermione ! »
« Lumos !»
Maintenant -
Il se moque de moi.
Son visage est à présent obscurci par la colère mais je ne peux pas
m'arrêter. Je suis blessée, terrifiée, en colère, et je ne veux pas me
taire.
Il éclate d'un rire sans joie avant d'apporter sa baguette magique sur
ma joue. Une douleur pointue et brûlante me parcoure le visage,
mais je ne pleure pas cette fois. Ca ressemble à une piqure, douleur
très rapide. L'équivalent magique d'une claque en plein visage.
C'est à mon tour de rire. Je ris à gorge déployée avant de lui cracher
au visage.
Alors que je me sens beaucoup moins courageuse que ne le laissent
penser mes actes, je vois son visage se déformer par la haine et le
dégout. Je réalise alors la portée de mon acte. Il lâche mon bras
pour essuyer le crachat de son visage, tout en laissant son autre
main sur mon menton. Je tente ma chance et m'arrache à son
étreinte, mais avant même que je commence à courir, il s'empare de
nouveau de mon bras. Il me tire vers lui, pointant sa baguette sur ma
gorge. Son visage est si proche du mien que je peux voir la rage
pulser sur ses tempes.
« Je ne pense pas que vous m'ayez bien compris. J'ai dit que je
voulais une totale obéissance de votre part. Et quand je veux
quelque chose Sang-de-Bourbe, je m'assure toujours que je l'obtiens
».
Agenouillée à ses pieds. Une des choses que tu avais justement juré
ne jamais faire…
J'essaye de lutter…
Tout mon corps est lourd et sans vie, comme si tous les muscles
avaient cessé de fonctionner.
Il me pose sur le sol, ma tête sans vie roulant sur le côté, et je le vois
sortir une longue clé en argent de sa cape, qu'il utilise pour
déverrouiller la porte de la cabane. Après un léger 'clic' provenant du
verrou, il se penche vers moi et me transporte à l'intérieur de la
masure.
Ils ne vont peut être pas te tuer. Qui peut savoir ce qui les excite
vraiment ?
Ils vont contacter l'Ordre. Je leur avais dit qu'il fallait qu'ils rentrent
en contact avec eux si je disparaissais, et qu'il était inutile de
contacter la Police. Je leur avais appris à savoir utiliser un hibou en
cas d'extrême urgence. L'Ordre va me retrouver, et ils vont me
sauver-
Si tu peux t'échapper…
Nous nous enfonçons dans ce qui semble être un long, très long
souterrain. Il continue à marcher encore et encore. Il ne me parle
pas. Tout ce que je peux entendre est sa légère respiration, et la
mienne.
Je ne sais même pas ce que je ressens. Je ne veux pas qu'il me
parle, et même s'il le fait, je ne sais même pas si j'aurai la force de
lui répondre vu mon état actuel.
Une unique larme s'échappe du coin de mon œil et vient rouler sur
ma joue.
Il me redépose par terre, face contre ciel. Nous devons vraiment être
très loin sous la terre, le plafond de cette pièce étant
particulièrement haut.
« Gentille fille. »
Il se recule et me tend son bras, ses sourcils levés d'un air railleur.
Je fixe mon regard loin derrière lui. Je ne vais pas le laisser jouer
avec moi.
Mais avec Lucius Malefoy, je peux voir de la haine pure dans ses
yeux. Il me hait pour ce que je suis, pas pour ce que j'ai pu faire .
Et je réalise que quoi que je fasse, il n'y a rien qui puisse changer
cela. Comment pourrais-je changer ce que je suis, ou m'en excuser,
même si je le voulais ?
Et bien que je ne sache pas pour quelle raison je suis ici, ou même
ce qu'ils vont faire de moi, ni qui je vais voir, une chose est claire…
« Stupefix ! »
L'obscurité.
La peur
'Plus que jamais, je sens l'horreur de ce lieu ; j'ai peur… j'ai
terriblement peur… et il m'est impossible de m'enfuir. Je suis entouré
par des terreurs que je n'ose même pas imaginer' - Bram Stoker,
Dracula
Chapitre 2 La peur
Où suis-je ?
Où suis-je ?
Et je me souviens…
Non pas qu'il y ait beaucoup de choses à voir, à part ce tas de paille
recouvert d'une couverture, que je suppose être un lit.
Je fais courir mes doigts le long de mon jean, grattant la saleté froide
et humide avec mes ongles. Je porte ma main devant mon visage et
frotte la boue entre mes doigts et mon pouce. La sensation me
soulage un peu.
Je déplace mes doigts sur mon autre bras, celui qui porte des
ecchymoses. J'entoure les marques violettes avec ma main sale,
ignorant la légère douleur provoquée par la pression.
Je ne sais pas ce qu'ils vont faire de moi, mais je peux imaginer. Ils
doivent avoir besoin de moi pour quelque chose dans le cas
contraire, Lucius m'aurait tué dès le début.
Je tremble. Je sais que ces gens sont capables de tout pour obtenir
ce qu'ils veulent. Il suffit de voir la mère de Neville à Ste Mangouste
pour s'en rendre compte ses yeux totalement inexpressifs, ses
cheveux tombant. Elle n'est même plus en mesure de reconnaître
son propre fils, bordel de merde ! Quel genre d'horreurs ont-ils
utilisés pour la mettre dans un état pareil ?
Pauvres Maman et Papa. Que vont-ils faire ? Ils savent que nous
sommes en guerre, je leur ai tout expliqué mais pour être honnête, je
ne pense pas qu'ils aient vraiment mesuré le danger…
Jusqu'à maintenant.
Je veux voir Ron et Harry. Ils ont toujours été si maladroits pour me
réconforter lorsque quelque chose n'allait pas. Cette maladresse
serait la bienvenue aujourd'hui.
Peut être que j'ai été amenée ici pour ce motif. Lucius et Voldemort
lui même savent très bien que Harry laissera tout tomber pour
sauver ses amis.
« Bonjour ? » je lance.
Silence.
Non. Rien à part ces quatre murs nus et la paillasse qui me sert de
lit.
Oui mais eux, enfermaient les prisonniers avec des créatures qui
leur supprimaient toute joie de vivre.
Mais la façon dont ils traitent les prisonniers à Azkaban, n'est rien
comparée à ce que ces derniers font subir à leurs ennemis.
Il ne peut y avoir aucun sort de silence sur ces murs. Je dois être le
seul prisonnier ici.
Va en enfer.
« Mais bien sur vous avez bien dormi. Pardonnez moi. » Il balaye la
pièce d'un petit geste prospère. « Et comment trouvez-vous vos
quartiers ? Ce n'est pas la plus grande salle que nous ayons, je vous
l'accorde, mais elle possède une certaine… ambiance. »
« Mais après tout, vous avez grandi dans une maison Moldue n'est-
ce pas ? » il garde son sourire tordu aux lèvres. « Je crois pouvoir
dire que cette petite chambre charmante est un véritable palace par
rapport à ce que vous avez l'habitude de côtoyer. »
Comment réagit Harry face aux insultes de Drago ? Avec les poings
habituellement. Ron réagirait de la même façon, mais toutes les fois
où il a daigné utiliser les mots, ces fois là avaient été les plus
simples, et d'une certaine manière les plus brillantes…
Je fixe mon regard dans celui de Lucius et je sens les mots de Ron
sortir de ma bouche :
Son Maitre ?
Non, je ne peux pas.
Non.
J'imagine que Lucius dort ici maintenant qu'il est recherché par le
Ministère.
Non pas que cela m'importe de savoir où il vit. Une fois que j'aurai
vu Voldemort, je ne reverrai probablement plus jamais Lucius.
Tout le monde se retourne vers nous, vers moi, lorsque nous entrons
dans la salle. Aucun d'eux ne porte de masque.
Oh mon Dieu, cette voix ! Elle est si aigue et si… froide . Mais il n'y a
pas que ça, il y a autre chose. Il y a quelque chose dans cette voix,
comme des ongles grinçant sur un tableau noir. Elle s'insinue en
moi, me faisant frémir.
Je ne peux pas.
Je ne peux pas !
Mais je ne peux pas encore voir son visage et j'en suis heureuse.
« Regarde-moi Sang-de-Bourbe. »
Je ne veux pas.
Je ne le regarderai pas !
Il est tout près de moi. Pas aussi près que Lucius a régulièrement pu
l'être au court de ces dernières 24h mais assez proche tout de
même. Je peux sentir… quelque chose qui émane de lui. Je peux
presque sentir sa cruauté, s'infiltrant dans l'air autour de nous, à en
polluer l'atmosphère.
Non…
Il fait courir ses yeux sur mon visage, semblant presque déçu. Je…
je ne peux pas continuer à le regarder. Je ne peux plus déplacer ma
tête mais je peux encore déplacer mes yeux. Je les décale du visage
de Voldemort et vient les poser sur Lucius. Son visage, que j'ai tant
hait hier, est au moins humain . Ses yeux sont peut être froids, mais
il y a… quelque chose derrière.
Quelque chose d'humain, quoi qu'il en soit.
« Voici donc la fameuse Hermione Granger dont toi et ton fils m'avez
parlé, Lucius » Voldemort s'adresse à Lucius mais je peux voir du
coin de l'œil qu'il me fixe toujours. « Vu ce que tu m'as dit ce matin,
je m'attendais à un peu plus d'esprit de sa part. Je dois avouer que
je suis un peu déçu. Les regarder lutter contre nous est toujours
amusant -»
« Regarde-moi. »
« REGARDE-MOI ! »
Avant de mourir ?
Ils vont me tuer. Je suis déjà allée bien bas, mais il vient de le
confirmer. Ils vont obtenir ce qu'ils ont besoin, puis ils vont me tuer.
Une douleur pointue atteint encore mon visage. J'ai le souffle coupé,
mais je ne répondrais pas.
« Endoloris ! »
Oh DIEU ! De la douleur, tant de douleur, comme je n'en ai JAMAIS
connu. C'est comme si chaque nerf de mon corps était en feu et je
ne connais plus rien, rien, rien, à part la douleur. Je griffe le sol, mes
bras, mon visage, ça ne s'arrêtera pas, il ne l'arrêtera pas, Dieu aide
moi, JE NE PEUX LE SUPPORTER…
Jésus Christ.
« Je veux que tout ce qu'elle dise soit mis par écrit, mot pour mot »
ordonne la voix de Voldemort. « Tu peux faire appel aux autres si
nécessaire, aussi longtemps qu'ils n'ont pas d'autres tâches à
accomplir. » Il fait une pause avant de reprendre. « Je n'ai que faire
des méthodes utilisées, à partir du moment où tu m'obtiens les
informations nécessaires. As-tu bien compris, Lucius ? »
Mon propre boulet attaché à mon pied. ' - Christina Rossetti, Qui
pourra me sauver ?
Où est-il ?
Je plie mes genoux sous mon menton et les entoure de mes bras
pour m'y blottir.
Tu devrais être contente qu'il ne soit pas encore revenu. Tu sais bien
ce qu'on lui a ordonné de faire. Tu as entendu ce que Voldemort a
dit…
Mais alors… quand ils auront eu les informations qu'ils cherchent, ils
vont me… me…
Il doit vraiment me détester pour pouvoir rire ainsi alors que je hurle
de souffrance.
Et… comment ?
Je tends mon corps aussi loin que je le peux, allongeant mes jambes
et mes orteils, levant les bras haut au dessus de ma tête. Je sens la
chaleur des picotements le long de mes membres.
Les élèves pétrifiés en deuxième année. Les grands yeux jaunes qui
me fixaient dans le miroir que j'avais en main. Les sentiments de
culpabilité de Ginny concernant le Basilic. Mimi Geignarde enfermée
à jamais dans son corps d'adolescente. Sirius, croupissant dans une
cellule d'Azkaban. Les cauchemars de Harry concernant le cimetière
où il a vu Cédric Diggory mourir.
Il est seul. Il pense sans doute que ce sera un jeu d'enfant et donc
qu'il n'a besoin d'aucune aide pour me faire parler.
Ou peut être est-il gourmand, et préfère garder la gloire pour lui seul.
« Vous allez devoir me tuer avant que je ne vous dise quoi que ce
soit. »
« Oh, vous pensez que je suis en train de vous piéger ? Vous croyez
vraiment que je suis assez stupide pour me contenter de verser
quelque chose dans votre verre ? Quelque chose pour délier votre
langue ? Vous m'offensez Miss Granger. Croyez le ou non,
j'essayais seulement de faire preuve d'hospitalité. »
D'hospitalité ?
« Etes-vous prête ? »
Je lui souris à mon tour, étirant mes lèvres avec une certaine
difficulté. « Bien sur. »
Quoi ?
Je reçois une claque cinglante sur le visage, bien qu'il ne m'ai pas
touché. J'avale difficilement.
« Vous savez qui sont ses amis. » Bien que je veuille rendre son
travail aussi difficile que possible, je ne vois vraiment pas pourquoi il
me demande ce genre de chose. « Vous devez bien avoir une idée,
sinon pourquoi m'auriez-vous fait venir ici pour répondre à vos
questions ? »
« Vous semblez bien lente à comprendre que je ne suis pas ici pour
vous faire la conversation, aussi passionnante soit-elle. » Sa voix
redevient très calme. Je dois commencer à l'agacer. « Je veux que
vous me disiez ce que j'ai besoin de savoir. La raison pour laquelle
je n'ai pas demandé cette information à Drago, est qu'il ne vous a
jamais vu en dehors de Poudlard. Il ne peut donc pas me dire quels
sont les amis de Potter en dehors de l'école. Mais vous, si. Donc, si
vous voulez rendre les choses plus faciles, je vous suggère de me
donner le nom de chacun de ses amis. Il est cependant inutile de
vous citer vous-même ou de citer ce bon à rien de fils de Arthur
Weasley. Il n'a absolument aucune valeur. Si nous ignorerions que
vous trois êtes aussi proches, vous ne seriez pas ici. »
Je concentre toute mon énergie à le haïr pour avoir osé qualifier Ron
de personne sans valeur. Bon, c'est vrai que Ron peut être un peu
idiot parfois, mais il est également doux, attentionné et drôle, et
Lucius Malefoy ne serait même pas digne de lui cirer les bottes.
Je lève les yeux vers lui, m'attendant à le voir sourire. Mais il n'en
est rien. Son visage est à nouveau un masque froid alors qu'il pointe
sa baguette vers ma main. Je rebaisse la tête pour voir que mes
doigts sont presque pliés à angle droit. Horrifiée, j'essaye de me
servir de mon autre main pour les maintenir en place, mais cela
s'avère inutile car ils continuent quoi que je fasse à être tirés vers
l'arrière. Vers l'arrière, et encore vers l'arrière.
« Ah… Aaah ! »
Elle s'arrête.
Mais la douleur reste.
« Je veux que vous me donniez les noms des amis de Harry Potter.
»
OUI !
Pourquoi ?
Même si je sais déjà ce que je vais répondre, j'ai du mal à faire sortir
les mots de ma bouche. « Je ne vous aiderais jamais, salopard ! »
Oh mon Dieu .
Je ne veux pas !
Je lève les yeux vers lui, sanglotant tellement fort que c'est à peine
si je m'entends. « Allez vous faire foutre ! » je lui hurle.
« Salaud ! »
Qu'ais-je fais ?
Je l'ai aidé .
Un silence s'installe alors qu'il attend une réponse. Voyant qu'il n'en
reçoit aucune, il saisit de nouveau ma main brûlée. Son touché me
procure de nouveaux spasmes de douleur le long du bras.
Ne nous fait pas croire que tu es contente qu'il n'ai pas utilisé cette
méthode. Un ticket gratuit loin de la douleur et de la culpabilité…
« Je veux que vous me donniez les noms de toutes les filles avec
lesquelles il a eu… une relation amoureuse » dit-il avec un petit
ricanement.
« Pourquoi ? » je demande.
Non !
Je ne veux pas lui répondre. Mais ce n'est pas comme s'il s'attendait
à une réponse de ma part.
Je sens…
Rien.
Seulement le vide.
Disparues.
Le doute est effacé par cette voix chaude et réconfortante, par une
facilité aussi déconcertante que s'il s'agissait de Dieu.
Il a raison.
ARRRGHHHH!
'Encore…'
'Encore…'
Jesus Christ !
« Donnez moi les noms des filles avant » dit-il sans aucune once
d'émotion. « Alors, peut être que j'étudierais votre proposition. »
Pas de réponse.
Je gémis de douleur.
« Durant notre cinquième année, il est sorti avec une fille qui
s'appelle Cho Chang » dis-je désespérément. « Mais il n'y a
personne d'autre. »
« En êtes-vous sure ? »
« Et bien, il semble que vous pouvez obéir aux ordres après tout.
Les informations que vous avez fournies seront, je n'en doute pas,
utilisées à bon escient. »
« Oui, je suis sur que ces deux filles vont se révéler très utiles à
notre cause. »
Des larmes commencent à couler sur mes joues. Ma gorge est
secouée de sanglots. Je sers la mâchoire pour les retenir, mais je ne
peux pas échapper à l'ombre grandissante qui s'insinue en moi. Le
poids de la culpabilité.
« Trop lâche pour faire votre propre travail, c'est bien ça ? » Dis-je
avant de pouvoir me stopper. Ma voix est débordée par l'émotion
tandis que je me mets debout. « Vous auriez pu donner ce journal à
Drago, et lui dire comment l'utiliser. Vous n'aviez pas besoin d'utiliser
une fillette de onze ans pour faire le sale boulot. Mais vous avez
préféré ruiner la vie d'une jeune adolescente plutôt que de vous
retrouver mouillé dans une sombre affaire. Vous êtes attaché à
débarrasser Poudlard des Nés Moldus, mais vous vous souciez plus
encore de votre propre réputation, n'est-ce pas ? »
Son visage est un masque entier de colère. Ses traits sont tirés par
la fureur. « Comment m'avez-vous appelé ? »
« NON ! Vous avez été lâche lorsque vous avez brisé ma baguette.
Vous ne m'avez même pas donné la moindre chance de me
défendre. Vous sentez-vous fort lorsque vous torturez des
adolescents sans aucun moyen de se défendre ? Vous êtes un
lâche, un lâche, un LACHE- »
« J'ai votre sang dégoutant sur mes bottes » dit-il avec dégout. «
Essuyez les, maintenant. »
Je lève les yeux vers lui, n'en croyant pas mes oreilles.
Oh non, OH NON…
« ENDOLORIS ! »
Non ! Nooooooon ! Je ne peux pas, mon Dieu, JE NE PEUX PAS !
Ca brûle, je brûle ! Je m'étale sur le sol, mon corps est secoué de
convulsions incontrôlables de douleur. Pourquoi ? Pourquoi n'arrête-
t-il pas ?
Son visage ne cille même pas lorsque j'évoque son fils, mais je ne
m'arrête pas. Je dois l'atteindre.
J'ai échoué.
Chapitre 4 En Enfer
Je n'ai pas dormi. Comment pourrais-je dormir alors que mon esprit
est tellement embrumé que je n'arrive même pas à penser ?
Au début, j'ai pleuré. J'ai pleuré, pleuré, jusqu'à ce que mes larmes
se tarissent. J'ai maintenant l'impression qu'elles ne pourront plus
jamais couler.
Au tout début, seul mon corps était anesthésié, mais mon esprit
semble l'être aussi maintenant. Les heures passées m'ont projeté au
cœur d'une brume blanche et stérile.
Il est de retour.
Bon sang, j'espère que je ne vais pas tomber malade. C'est tout ce
que je souhaite.
La porte s'ouvre et Lucius entre dans la pièce. Mais il n'est pas seul
cette fois. Il est avec un autre sorcier, lui aussi porte une robe noire
et n'est pas masqué. Il a la même taille que Lucius et à peu près le
même âge, je dirai. Son visage pâle et tordu me rappelle vaguement
quelque chose, mais impossible de me rappeler exactement.
Quoi ?
Dolohov est bien trop près de moi maintenant. Je peux voir chaque
ligne, chaque muscle de ses traits tordus. Il semble légèrement plus
jeune que Lucius, mais de pas beaucoup, je pense. Je croise ses
yeux et lui lance un regard de défi.
Lucius se tourne vers moi et pose son regard sur le mien. Il lève sa
baguette, d'un mouvement lent et délibéré. Je baisse le regard et
voit mon T-shirt se sceller, les deux bouts de tissus déchirés
fusionnant sans aucun pli.
Je croise son regard. Il est aussi froid que d'habitude, sans aucun
signe de chaleur ou de gentillesse.
Je sens malgré tout un mot au plus profond de moi, mais je l' avale
vivement avant de pouvoir le dire à haute voix.
C'est à ce moment que je réalise qu'il ne m'a jamais appelé par mon
prénom.
La famille de Harry. Il doit parler des Dursley. Ils ne doivent pas être
intéressés par les sentiments que porte Harry à ses parents
décédés.
Je sens à nouveau cette claque cuisante sur ma joue, mais j'y suis
tellement habituée maintenant que je ne retiens même pas mon
souffle. Je garde obstinément mon regard fixé au sien.
Il prend une profonde inspiration. Il sait que je mens. Bien sur qu'il le
sait. Il s'approche tout près de moi et me saisit le menton, me
dominant de toute sa hauteur.
« Tout va bien chez moi ! » je lui crache, alors même que ma tête
m'élance tellement que mes oreilles sifflent. « Je suis parfaitement
capable de résister à tout ce que vous allez me lancer. Je vous
propose d'ailleurs de ne pas perdre votre temps, car je ne vous
répondrais pas. »
« Je ne suis pas stupide ! » je lui dit d'un ton hargneux. J'en ai marre
qu'il me dise ça. « Si j'étais vraiment stupide, je vous aurait dit ce
que pense Harry de sa famille sans hésitation. »
« Non » répond Lucius, ses yeux toujours sur moi. Ses mots me sont
destinés, je le sais. « Je veux lui donner l'opportunité de nous
répondre, avant.»
Bien sur qu'il va te blesser. Que pensais-tu qu'il allait faire alors que
tu refuses de lui donner ce qu'il veut ? Tu as tout fait pour ça.
Parce que tu t'es promis de ne plus jamais le faire. Ne les laisse pas
gagner - tu te souviens, Hermione ?
Espèce de lâche.
Je pense au mot 'lâche' aussi fort que je le peux alors que je laisse
mon regard fixé sur le sien. Je crie le mot dans ma tête, concentrant
chaque nerf, chaque particule de mon cerveau sur ce petit mot,
tandis que je le fixe tellement intensément que mes yeux
commencent à piquer.
Très bien.
Si tu le peux ? Oh misère !
Tout est noir, mais la douleur demeure, tourne dans mes veines,
dans mon cœur, dans ma poitrine. Elancements, étirements,
craquements.
Une douleur violente dans mes genoux alors que je tombe, puis
seulement le noir, la douleur, et les voix.
J'ouvre la bouche -
Elle hausse les épaules, son sourire malveillant ne quittant pas ses
lèvres.
« Bien, première chose à faire : nous devons briser son esprit. » Ses
yeux brillent d'excitation. « La douleur physique est un outil
merveilleux elle est supérieure à beaucoup d'autres choses. Rien
n'est plus fiable pour desserrer les langues tenaces. Mais le mieux
est de l'affaiblir d'abord. Ca rend le travail beaucoup plus facile sur le
long terme. »
« Lâche » je murmure.
Elle se relève.
Elle est si similaire à Lucius. Peut être qu'il ne s'est pas marié avec
la bonne sœur. Mon Dieu, quelle union démoniaque ça aurait donné
!
Ces mots me font vraiment mal. Ils me blessent comme une claque
en plein visage. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas le
supporter. Il fait vraiment tout son possible pour que je me sente
comme de la merde.
Il se place devant moi et passe sa main sous mon T-shirt, sur mon
ventre. Tous mes muscles se tendent involontairement. Je ne peux
pas le supporter. Je lui envoie un violent coup de pied à l'entre-
jambe.
C'est exactement le même sort que Lucius a utilisé sur moi quand
on était dans les bois.
Je déteste ce sort. Je le déteste encore plus que celui qui ligote le
corps, parce qu'avec ce dernier, mon corps peut au moins bouger.
Là, ils peuvent manipuler mon corps comme ils le souhaitent et je
suis obligée de l'accepter car je n'ai pas le choix.
Je suis affalée sur le côté. Je suppose que c'est mieux que d'être sur
le dos. Au moins comme je suis mise, je peux voir une grande partie
de la salle.
Espèce de lâche.
Des gouttes de sang séché tombent sur ma peau alors que mon T-
shirt est soulevé au dessus de ma tête. Stop ! STOP !
Lucius a toujours son regard fixé loin de moi. Il le garde loin devant.
Pourquoi ?
REGARDE-MOI !
A ce moment, ses yeux se posent sur moi. Mais il ne cherche pas à
voir mon corps. Il me regarde droit dans les yeux.
Une main moite et froide se pose sur mes hanches, sans que je
puisse sursauter. Mon Dieu, c'est si humiliant ! Ca ne lui suffit pas
d'avoir eu l'autorisation de me déshabiller, bordel de merde ?
« Non Antonin, les toucher n'est pas autorisé. Tu le sais bien. Nous
le savons tous. »
Si je le pouvais, je frissonnerai.
« C'est exact, je suis sur qu'elle aurait parlé. » Lucius lève les yeux
vers Bellatrix. « Mais je dois dire que je suis d'accord avec toi Bella.
La variété est le piment de la vie, après tout. »
« Lucius, je suis sure que tu peux faire mieux qu'Antonin. » Elle fait
un signe vers moi. « Laisse moi voir tes méthodes favorites. Je
pourrais apprendre un truc ou deux. Améliorer ma technique peut
être. »
Va-t-il le faire ? Je pensais peut être que vu ce que j'ai dis hier, il ne
serait pas capable de me blesser aujourd'hui…
Je peux les voir se regarder tour à tour, chacun portant sur le visage
une expression de profonde déception.
C'est bon, tout va bien, c'est bon, c'est bon, c'est bon…
Ils se retournent tous les trois vers moi. Je resserre plus fortement
mes genoux contre ma poitrine.
Je prends une grande inspiration par le nez. Je ne vais pas lui offrir
une plus grande victoire que ce qu'il a déjà.
Lucius lui sourit. « J'aime ton idée, Bella. Et j'ai une petite idée de ce
qu'on pourrait lui demander. Comme tu le sais, le Seigneur des
Ténèbres a toujours été incapable d'atteindre Potter quand il était
chez son oncle et sa tante. Mais comme la Sang-de-Bourbe nous l'a
informé, Potter ne vit plus chez eux. Si nous pouvons découvrir où il
habite en ce moment, le Seigneur des Ténébres sera en mesure de
le chercher sans avoir à se soucier de la protection que sa mère lui a
léguée. »
Oh… oh non.
Ils continuent tous les trois à sourire, mais c'est Lucius qui a le
sourire le plus large. Il aime ce jeu, il y a joué avec moi à plusieurs
reprises déjà.
« Non, » dit Lucius. « Pas encore. Je pense que nous pouvons nous
permettre une petite expérimentation d'abord. »
Une expérimentation ?
Qu'est-ce que…
Je vois mon visage pâle et cireux me regarder avec des yeux bordés
de rouge et entourés de cercles violets. Je peux le dire, j'ai déjà eu
meilleure mine. Des traces de sang et de saleté me barbouillent le
visage et mes cheveux broussailleux sont collés à mon crâne par la
sueur et la graisse.
Mon visage.
Il change .
« C'est brillant ! » Elle rit si fort qu'elle peut à peine parler. « C'est
absolument fabuleux ! »
« Miss Granger, » Lucius doit lever la voix pour couvrir les rires de
Bellatrix. « Vous n'avez pas à rester comme ça. Si vous me dites ce
que je… ce que nous voulons, je ferais en sorte que vos cheveux
repoussent et que vos dents rétrécissent à nouveau. Il suffit de me
faire signe. »
Je suis un monstre !
Je la hais, JE LA HAIS !
« Je suis une garce sans cœur ? » dit Bellatrix, une lueur horrible
brillant dans ses yeux noirs alors qu'elle continue à me sourire. « Oh
crois moi, je n'ai même pas encore commencé. Continue petite fille,
et je vais te montrer à quel point je peux être sans cœur. »
« Endoloris ! »
« Endoloris ! »
« Endoloris ! »
Je dois continuer.
Je le dois !
Je garde la tête allongée sur le sol et lui réponds ave toute la force
de ma rage et de ma haine.
Peut être qu'ils vont arrêter. Peut être qu'ils vont réaliser que je ne
leur parlerai pas cette fois-ci, peu importe ce qu'ils me font subir.
« Je pense que ça lui donne une bonne image d'elle même, » dit
Lucius à Bellatrix, tout en me regardant. « En refusant de nous
parler, elle peut se convaincre que c'est elle qui est dans le vrai,
qu'elle est du bon côté. Elle peut se dire qu'elle est une bonne
personne en refusant de nous parler, même si elle sait que le
résultat final est… inévitable. »
Question stupide.
Mais une fois de plus, mon visage change. Mes dents… oh merci
mon Dieu, elles rétrécissent ! Elles retrouvent progressivement une
taille normale. Je perds mon souffle alors que je vois mon visage
retrouver un semblant de normalité.
« L'amour ne peut pas rivaliser avec ce que nous pouvons vous offrir
» il murmure.
Je redirige mes yeux vers Lucius. Son regard n'est pas du tout le
même que celui que j'ai pu voir avant. Il n'y a pas de haine, ni de
mépris. Ils ne sont pas non plus sans expression comme ils l'ont
souvent été quand il me torturait. Son regard est lourd alors qu'il
baisse les yeux vers mon visage et un petit sourire se déplace sur
ses lèvres.
C'est… bizarre.
« Non. »
« ENDOLORIS ! »
La sueur coule sur mon visage. Je peux gouter sa salinité sur mes
lèvres.
Dis-lui Hermione.
NON !
Et encore.
Et encore.
J'ouvre les yeux et je ne vois rien. Je me pose sur les coudes, mon
estomac se tordant et tournant. De l'acide brulant me monte à la
gorge. J'ai des haut-le-cœur, et l'acide, la nourriture et l'eau se
déversent alors que je vomis sur le plancher.
Je lève les yeux vers son visage, espérant plus que tout y voir de la
pitié.
Mais il n'y en a pas. Il n'y a rien. Juste du vide dans ses yeux gris.
Non !
« Endoloris ! »
« Dites-moi. »
Il me dit ça sans aucun doute sur ce que je vais lui dire. Il sait qu'il a
gagné.
Lâche.
Je veux mourir.
Ils ne savent pas où se trouve le Terrier. C'est bien. Ils ne seront pas
en mesure de les trouver…
Mais ce n'est pas Ginny. Elle lui ressemble avec ses cheveux roux et
son joli visage effronté, mais son nez et ses cheveux sont un peu
plus longs que mon amie. Et elle est plus jeune, surement pas plus
de quatorze ans.
Il ne lève toujours pas les yeux de son livre. « Ce n'est pas parce
que tu te fous des BUSE et des ASPIC, que tout le monde doit faire
pareil. »
Elle renvoie d'un geste irritable ses cheveux vers l'arrière. « J'ai des
choses plus intéressantes à faire pour occuper mon temps. » Elle
sourit à un groupe de garçons de sixième année, gagnant un petit
sifflement admiratif de l'un d'entre eux.
Un murmure.
« Tes enfants. »
L'espoir est une chose cruelle. Il vous fait croire que les choses
pourraient aller mieux, si seulement vous y croyez assez fort. J'avais
l'habitude d'y croire avant.
« Vous devez avoir la tête plus claire maintenant. Vous avez dormi
comme un bébé. »
Un sourire de dédain .
Non. Pas après ce qu'il m'a fait subir la dernière fois qu'il m'a vu.
Aucun sentiment, aucun remord.
Mais comment pourrais-je m'en défaire ? Ils vont tous mourir. Ron,
Harry, tous les Weasley, tout ça à cause de ma stupide faiblesse.
Une fois achevé mon piteux repas, je lève les yeux vers lui pour le
dévisager. Son sourire s'élargit. Je ne dis rien.
Quoi ?
Sa voix est lourde d'un plaisir sadique. Des mots se créent dans
mon esprit. Des mots stupides, vides de sens, sans aucune
importance, des mots pour m'empêcher de sombrer dans les
ténèbres de la culpabilité.
« Comment… comment sait-il où ils habitent ? »
Je ne comprends pas.
« Vous avez voulu les laisser en vie au cas où vous auriez besoin
d'eux pour atteindre Harry. »
« Donc vous supposez que parce que quelqu'un est né Moldu, il doit
forcement être stupide… »
« Mais je ne suis pas venu ici pour débattre sur le sujet de votre
infériorité. Oui, c'est la raison du pourquoi nous avons laissé en vie
cette famille pathétique - au cas où ils puissent être utilisés comme
outil dans la guerre contre Potter. C'était un pari, je l'avoue, mais qui
a certainement porté ses fruits, vous ne pensez pas ? »
« Mais le Seigneur des Ténèbres n'est pas sans pitié. Il pense qu'il
pourrait être… agréable pour vous de revoir votre ami une dernière
fois avant son exécution. Vous serez brièvement réunis avec Potter
lorsqu'il reviendra avec le Seigneur des Ténèbres, avant qu'il ne
règle définitivement cette affaire une bonne fois pour toute. » Il
tousse délicatement. « Vous êtes autorisée à montrer votre
gratitude. »
« Oh, vous me jugez mal. Je n'ai pas imaginé un seul instant que
vous voudriez voir ça. » Il sourit de nouveau de son petit sourire
malsain, sa satisfaction remplissant l'air comme le ronronnement
chaud d'un chat caressé. « C'est précisément pourquoi je l'ai
suggéré en premier lieu. »
« Mais c'est quoi votre problème ? » Les mots explosent avant que
je puisse les stopper. Je me lève pour me mettre à son niveau. «
Comment pouvez-vous… comment pouvez-vous vous comporter
ainsi avec un autre être humain ? Vous êtes malade, vous vous
nourrissez de la souffrance… »
Ma vision se trouble, la pièce tourne autour de moi et je titube un
peu. Je parviens à me tenir debout mais toutes les choses oscillent
autour de moi, et je me sens osciller, et ma tête oscille…
« Pourquoi ? »
Plus de bonté ?
Je réalise encore une fois trop tard que j'ai dépassé les limites.
« Non » je réponds. « J'ai donné mes amis parce que je n'avais pas
le choix. Au moins, j'ai essayé de garder un certain honneur. Mais
vous, où sont la bravoure et l'honneur dans le fait de torturer
quelqu'un qui est à votre merci ? Quel courage il y a-t-il à faire votre
sale boulot dans l'obscurité, contre ceux qui n'ont aucun moyen de
vous combattre, au lieu de se retrouver d'égal à égal dans le monde
extérieur ? »
Il me regarde fixement.
« Donc vous préférez être blessée avant de trahir vos amis ? Vous
préférez être contrainte à la trahison. » Son visage se crispe sous
son ricanement. « Ce n'est pas de la réelle bravoure, c'est de la
bravoure forcée. Et le résultat reste le même, dans tous les cas. »
« Parce que la fin justifie les moyens ! » dit-il, élevant la voix par
l'exaspération.
Je ne peux pas.
Ou tu ne veux pas ?
Faites que ça se soit mal passé. S'il vous plait, faites qu'ils aient
échoué. Pourvu que tout le monde aille bien…
« SILENCE ! »
Comment peuvent-ils axer leurs vies sur les humeurs de cet homme
?
Mais qu'en est-il des autres ? Qu'en est-il de ceux qui étaient là-bas
? Je ne vais pas me réjouir, pas avant de savoir que tout le monde
est sauf.
« Nous nous sommes frayés un chemin vers la maison mais ils ont
dû nous voir venir. »
Ils ?
Non…
« Enervantum. »
« Ron ! »
Mais son regard est très différent de celui de Voldemort. Ses lèvres
sont retroussées comme si… Comme si quoi ?
Mais comment pourrais-je l'aider alors que je sais, je sais très bien,
qu'il serait prêt à accepter la mort si celle-ci lui permettait de lui
enlever cette douleur…
A part Lucius.
« S'il y a quelqu'un qui doit punir son insolence, ça doit être moi,
Lucius. » La voix de Voldemort est légèrement teintée de reproche.
Ron lève légèrement la tête. Son corps est tremblant dans mes bras.
« Carrow a été pris par les Aurors, n'est-ce pas ? » La façon dont
Voldemort a posé la question me fait être certaine qu'il connaissait
déjà la réponse.
« Vous étiez tous les deux assignés à vous battre contre un des
Aurors qui essayaient de nous empêcher de prendre le garçon, c'est
bien ça ? »
Un bruit se forme dans ma gorge alors que le vieil homme est frappé
en pleine poitrine par la lumière verte. Toute la douleur, la peur,
l'émotion, la vie, disparaissent de ses yeux, et il tombe sur le
plancher, les lunettes de travers sur son visage vieux et maigre.
Il est… il…
Juste… parti.
« Par Merlin ! » Ron murmure. Je regarde son visage horrifié tourné
vers le cadavre en face de nous et mon étreinte se resserre
instinctivement sur sa main.
Voldemort baisse les yeux vers moi et Ron, qui respire difficilement
près de moi.
Mes mots sonnent creux, comme une mauvaise tirade dans une
pièce de théâtre.
Chapitre 6 Persuasion
Je sers les poings si fort que mes ongles s'enfoncent dans la peau.
Du sang, mon sang, glisse dans les plis de ma paume. Du sang
chaud, collant.
J'ai mené mon ami jusqu'ici. J'ai mené mon meilleur ami à la douleur
et à la misère.
Et à la mort.
Je ne peux le supporter.
Je lui lance une grimace. « Vous auriez vous aussi une mine horrible
si vous deviez vivre dans de telles conditions. »
Il peut lire mes pensées. Ce n'est pas juste que je ne puisse en faire
autant.
Un petit sourire étire ses lèvres mais il n'arrive pas jusqu'à ses yeux.
« Ah oui, le jeune Mr Weasley. Si je puis m'exprimer ainsi, vous
semblez très attachée à ce garçon. »
Mon visage bouillonne alors que j'essaye de garder mon esprit vide
d'émotions. Je ne lui donnerai absolument rien par le biais de la
Legilimencie.
« Où. Est. Ron ? » J'appuie chaque syllabe, n'en ayant rien à faire
qu'il me punisse pour ma soi-disant 'insolence'.
« Je suis désolé, mais je pense que c'est un peu tard pour ça. » Il
sourit franchement maintenant, d'un sourire qui illumine ses yeux. «
Nous avons déjà travaillé sur lui la nuit dernière, pour lui soutirer des
informations. Je suis heureux de dire qu'il a très vite craqué. Ils
craquent tous. »
Je me sens… malade.
Il sourit toujours.
Nous l'avons questionné sur tout ce que vous ne pouviez pas nous
fournir, sur toutes les activités de Potter depuis que vous aviez
disparu, et où il comptait aller pour essayer de vous sauver. Non
seulement cela, mais nous lui avons également demandé de nous
dire tout ce qu'il pouvait sur Potter lui même - ses espoirs, ses rêves,
ses peurs, ses secrets. Des choses que seul un meilleur ami peut
connaître. »
« Le jeune Ronald Weasley a prouvé qu'il est une vraie mine d'or
niveau informations » il poursuit, de son sourire ô combien satisfait.
« Mais je pense que nous lui avons soutiré tout ce que nous
recherchons. Je veux que le reste vienne de vous. Et je pense
qu'aujourd'hui, vous ne montrerez qu'une toute petite résistance à ce
que je demande. »
Je frissonne.
Alors que son pouce repose sur mon menton, je sens ma bouche
s'entrouvrir, sortant des mots alors même que je sais que je ne
devrais pas les dire.
« Je vous l'ai déjà dit maintes et maintes fois ! Combien de fois dois-
je encore vous le dire ? » Son visage est blanc de rage. « Vous ne
devriez pas être dans notre monde. Vous et vos semblables n'êtes
que des parasites, et pourtant vous vous baladez dans mon monde,
le polluant et vous l'appropriant. »
Il donne un petit coup de baguette vers moi et… des ongles. Des
ongles me raclent le visage, les bras, poitrinejambesgenoux, que ça
s'arrête, que ça cesse, des éraflures me griffent le visage, que ça
s'arrête s'il vous plait… des couteaux m'enfoncent l'estomac, le
tordant, frictionnant frénétiquement mes bras, et oh oh ohohohoh -
Ca disparaît…
Ils sont couverts d'éraflures écarlates. Mais pas des éraflures dues à
un sort, non. Elles viennent de mes propres ongles…
Je frissonne involontairement.
Mon cœur bat dans ma gorge alors que Dolohov et Bellatrix traine
Ron à l'intérieur de ma cellule. Il est conscient cette fois, mais son
visage est d'un blanc nacré, presque vert, et il grimace de douleur.
« Vous en avez mis du temps. » Lucius ne prend pas la peine de
cacher l'irritation dans sa voix.
Des larmes perlent au coin de mes yeux face à cette cruauté. « S'il
vous plait- »
Oh mon Dieu.
Bellatrix laisse échapper un petit rire aigu. « Oh, c'est presque trop
cruel Lucius ! » chantonne-t-elle, sa voix pleine de joie.
Bellatrix se déplace vers Ron alors que Dolohov essaye de lui ouvrir
la bouche. Ron se tourne vers moi et me crie avec frénésie.
« Je veux que vous me disiez… que vous nous disiez où Potter avait
prévu de se rendre lorsque vous l'avez vu pour la dernière fois ? »
« Assez, Bella. »
Bellatrix lève sa baguette à la demande de Lucius et Ron s'effondre
au sol, gémissant et pleurnichant, et je ne peux pas bouger pour
l'aider, je ne peux pas.
Ses mots sont coupés alors que Dolohov se saisit du devant de son
vêtement et lui assène un violent coup de poing dans la mâchoire. «
On ne t'a pas demandé de parler, petit salopard ! »
« Met-le à terre. »
Ron ou Harry ?
C'est le choix qui se présente à moi. Je dois choisir entre mes deux
meilleurs amis.
J'ouvre les yeux. Ron est couché sur le sol et se frotte l'estomac en
haletant.
C'est tellement difficile. C'est la chose la plus difficile qu'il m'ait été
donné d'affronter.
Elle sourit à son beau-frère, se léchant presque les lèvres devant lui.
« Peut être que ça pourrait être plus… convaincant au niveau des
bras ? »
« S'il vous plait, blessez moi si vous voulez que je parle, mais ne le
blessez pas lui… »
« Ne dis pas un mot, Hermione ! » Ron crie, mais ses mots sont
aspirés par ses hurlements alors que sa peau commence à brûler au
niveau de la baguette. Ce son me déchire les entrailles, me
transperce le cœur, la tête, les oreilles.
« Je ne sais pas. »
Mais c'est inutile. Je ne peux que crier et hurler mais je ne peux rien
faire d'autre que d'écouter les hurlements de mon meilleur ami.
Le silence.
Ron est allongé par terre, deux grands sillons sanglants lui
parcourant l'intérieur des bras.
« Assez, Antonin. »
Je ferme les yeux, essayant de faire abstraction de tout ça. Mais ils
n'en ont pas encore fini avec nous.
Je regarde Ron qui tremble sur le sol, des larmes se serrant sous
ses paupières. Je regarde Lucius, Bellatrix, Dolohov, avant de
reposer le regard sur Lucius.
« Imperio ! »
'Coupez le pouce.'
Non.
'Coupez le pouce.'
Si chaud, si confortable…
Oui, oh oui.
Tout…
Ni mes cris.
Je me regarde.
Oh mon Dieu ! !
Oh mon Dieu !
De nouveaux cris. Mes cris, ses cris. Trop de bruit, trop de sang, oh
Dieu tout puissant, je suis en Enfer.
Nous sommes en Enfer. Lucius nous y a emmené.
Je leur dis tout. Je leur crie. Je leur dis tout et n'importe quoi. Je leur
dis tout ce que je sais sur l'Ordre, au sujet des membres de l'Ordre,
de ce que j'ai vu de leurs activités. Je leur donne leurs noms, leurs
adresses, leurs traits de personnalité, les noms de leurs amis, des
membres de leur famille, de leurs connaissances. Je leur dis tout,
tout et n'importe quoi pour arrêter la douleur de Ron.
« C'est assez. »
« S'il te plait Antonin, n'utilises pas ce ton. » Il baisse son regard vers
moi alors que les larmes me brûlent les yeux. Il me regarde trop
longtemps à mon gout.
Ron est soudain silencieux, regardant son pouce incrédule alors que
les larmes se tarissent sur ses joues.
« J'aimerai vous voir lutter cinq minutes comme je l'ai fait, espèce de
grosse merde ! »
Bellatrix se précipite vers lui, mais Lucius tend le bras pour l'arrêter.
Il a un sourire narquois.
« J'ai vécu tout autant ce que vous avez enduré, si ce n'est plus »
dit-il calmement et toujours souriant, même si je décèle une légère
ombre dans son regard. « Oh oui, contrairement à l'opinion
populaire, nous ne traitons pas nos prisonniers plus durement que
vous ne traitez les prisonniers d'Azkaban. »
« J'ai bien peur que non. » Dolohov fait un pas en avant. « J'y étais
aussi, grâce à vous deux et à vos petits amis. J'ai tout vu. Croyez-
moi, ce qu'on vous fait subir n'est qu'un pique-nique comparé à ce
qu'ils m'ont fait la première nuit où je suis rentré en prison. »
Ron se reprend avant moi. « Même si c'est vrai, ce n'est pas une
putain d'excuse ! » il s'enflamme. « Qu'est-ce que nous vous avons
fait pour mériter ça ? »
« Même s'ils vous ont traité aussi mal que vous nous avez traité, »
dit Ron en tremblant, ignorant la réponse de Bellatrix, « vous le
méritez bien, après tout ce que vous avez fait. Vous avez bien mérité
tous ces putains de trucs ! »
C'est… fini.
S'il vous plait, arrêtez… S'il vous plait s'il vous plait… Dis-nous tout
sur Dumbledore, Sang-de-Bourbe… Ne lui faites pas de mal, je vous
en prie… Parlez-nous de Nymphadora Tonks maintenant… Non
attendez, vous avez promis de ne pas lui faire mal… J'ai menti Miss
Granger…
Je me frotte les mains, étalant le sang sur mes paumes. Il ne se
détache pas. Il ne se détachera jamais.
Il est tout près de moi maintenant, faisant se redresser les poils sur
ma peau, faisant grandir la haine à l'intérieur de moi. Haine. Haine.
Il rit.
Il me tire les cheveux en arrière, brûlant mon cuir chevelu sous son
emprise. « Comment osez-vous ? Il murmure. « Comment osez-
vous lever la main sur moi ? »
Mais rien ne vient. Il laisse juste s'échapper un petit rire sans joie,
caressant ma joue du bout de sa baguette. « Regardez-vous » il
murmure. « Si… faible. »
Ces mots… Ils touchent mon point sensible au plus profond de moi.
Parce que… je ne devrais pas être à Gryffondor… J'ai été mise dans
cette maison parce que je voulais y être. Le Choixpeau magique lui
même me l'a dit.
« Ce n'est pas vrai ! » Mes mots sonnent faux. Je ne les crois même
plus moi même.
Je ne réponds pas. Il en sait déjà trop sur moi. C'est comme s'il
voulait tout savoir sur moi, comme s'il voulait explorer jusqu'à
l'intérieur de mon estomac, de mes boyaux, de mon âme.
S'en est trop pour moi. Des larmes s'échappent de mes yeux alors
que je cède finalement à la pression.
Chapitre 7 Vengeance
152 pierres.
Ou peut être ais-je fait une erreur. Peut être que je devrais les
compter à nouveau, juste pour être sure…
Je porte les mains à mes yeux, enfonçant les poings dans mes
paupières pour tenter de brûler ses mots de ma mémoire.
Mais c'est trop tard. Les mots qui m'ont marqué l'esprit au fer rouge,
sont toujours aussi brulants.
- Nous ne sommes pas si différents, après tout. Nous avons tous les
deux eu recours à la cruauté pour arriver à nos fins -
Mais… tout le monde me disait que c'était une chose cruelle à faire.
Même Hagrid dit que les libérer reviendrait à être cruel envers eux.
Je reste parfaitement immobile sur mon lit de paille, les yeux fixés
sur ma porte.
«… notre responsabilité. Je n'aime pas plus que toi cette idée, mais
nous allons devoir les prendre avec nous. »
« Je suis marié à ta sœur depuis des années : bien sur que je sais
où nous allons. Je me suis rendu plusieurs fois à cet endroit. »
« Raison de plus pour ne pas perdre plus de temps ici, alors » dit-il
en lui coupant froidement la parole. « Nous devrions partir le plus
vite possible. Je prends la fille, je sais comment elle fonctionne
après tout le temps que j'ai passé avec elle. Toi et Antonin prenez le
garçon. »
Non. Je ne veux pas être seule avec lui. Je ne veux même plus le
voir…
Ses yeux tombent immédiatement sur moi alors qu'il rentre dans la
cellule.
Il lève les yeux au ciel et il lâche mon menton pour se saisir d'une
petite bouteille à l'intérieur de ses robes. C'est la même qu'il m'avait
proposé lorsque je suis arrivé ici.
Il tire si fort sur la corde que j'ai l'impression que mon sang est
coupé. Il attache ensuite mes chevilles et lorsqu'il juge enfin que je
ne représente plus aucun problème, il me porte dans ses bras.
« Mais où ? »
L'air frais me frappe comme de l'eau glacée. Les arbres sont denses
au-dessus de ma tête et Lucius doit lancer un Lumos pour me
distinguer. C'est la nuit. L'air est légèrement humide, l'odeur froide
de la nuit. De l'air frais me pique les joues et remplit mes poumons.
Je suis encerclée par des sentiments que je ne pensais pas
connaître à nouveau.
Mon esprit retourne à cette nuit dans ma chambre, cette nuit où tout
a changé. « Votre main, Miss Granger… »
« Non. » Il n'a même pas élevé la voix. « N'y pensez même pas.
Même si vous vous échappiez, je suis sur que vous le regretteriez. »
Nous sommes aspirés dans l'habituel espace étroit et sans air que
provoque le Transplanage. La sensation désagréable disparaît
progressivement. Il se lève près de moi alors que j'amène mes
poignets liés contre mon front pour frotter mon crâne de mes mains,
essayant de faire disparaître cette perpétuelle sensation de malaise.
« Je ne suis peut être pas un Black mais je suis marié avec une »
dit-il après un court silence. « En me mariant avec Nar… avec ma
femme, je suis devenu une partie de sa famille. Mon sang devient
comme le sien. »
Il regarde vers moi, sans expression aucune. « Ce lac est connu des
Moldus locaux comme étant particulièrement dangereux » il
chuchote. « Beaucoup d'entre eux sont morts en nageant dans ces
eaux ou en essayant de le traverser par bateau, et les seuls qui
aient survécu sont tous devenus fous. Par conséquent, je vous
conseille de me laisser être près de vous. Croyez-moi, je ne
souhaiterais en aucun cas être aussi prêt de vous si cela n'était pas
absolument nécessaire. »
Je lève les yeux vers lui, mais son regard fixe la surface de l'eau. « Il
se pourrait qu'en raison de ma présence sur le bateau, ils restent
tranquillement au fond de l'eau. Si nous avons de la chance. »
« Mais pourquoi- »
« Je ne comprends pas- »
« Par Merlin, pourriez-vous faire une seule fois ce qu'on vous dit ? »
il siffle, luttant pour ne pas élever la voix. « Je ne dis pas cela pour
moi. Si vous saviez ce que vous risquez, vous fermeriez votre
bouche ! »
Je suppose…
« La Sang-de-Bourbe ! »
« Stoppez la Moldue. »
Je lève les yeux vers lui. Son visage est tendu par l'inquiétude. Je
hoche la tête et accroche mes mains liées autour de son bras aussi
fort que possible.
« Immobilus ! »
« Stupefix ! »
J'essaie de garder mes yeux fixés sur le lac, plutôt que sur l'horizon
qui ne me montre que des ténèbres en face de nous.
« Lumos ! »
De la lumière filtre à travers la pièce mais elle ne suffit pas pour que
j'aperçoive grand chose autour de nous. Lucius semble savoir où il
va, cependant. Il me porte à travers ce qui semble être plusieurs
couloirs.
« Nox. »
Je pose la tasse sur le sol et me met sur mes jambes sans aucune
difficulté.
« Où est Ron ? »
« Lavande, vous dites ? C'est un joli nom pour une jolie fille. » Il se
retire de mon esprit et s'approche de moi. Sa voix est si faible que je
peux à peine l'entendre. « Ca vous blesse n'est-ce pas, qu'il l'ai
choisi plutôt que vous ? Quelqu'un si simple, avec seulement le
dixième de votre intelligence. »
Mensonges, Hermione.
« Je pense que si. Je pense que vous avez réalisé qu'il a dû choisir
entre la fille intelligente et la fille jolie, et il a choisi la beauté. La fille
jolie et bête qui lui offre plus que ce que vous ne pourrez jamais lui
offrir. »
Je sens mon pouls battre dans mes oreilles alors que je sers le
couteau dans ma poche. J'essaye de laisser couler ses paroles. Je
ne veux pas les entendre, je me fous de Ron et de Lavande, je m'en
fous !
Ses doigts tracent une lente et délibérée ligne sur ma joue, de mes
yeux à mon menton, son regard toujours plongé dans le mien. Je
cligne plusieurs fois, sans grand espoir.
« Ah. » Il sourit alors qu'il capture mes pensées et mon cœur s'arrête
un instant. Mais son sourire ne s'estompe pas. Il n'a pas dû fouiller
assez profondément, il a dû voir que ce qu'il cherchait. « Vous avez
utilisé la tactique la plus vieille du monde, n'est-ce pas ? La jalousie.
J'aurai pensé que fréquenter intentionnellement son grand rival de
Quidditch serait un peu trop Serpentard pour vous, Miss Granger. »
Une peur glacée traverse mon dos. Ils vont me punir pour cela, je le
sais. Cette information me donne un sentiment résigné.
Je sens la lame dans ma poche. Elle est chaude vu le temps que j'ai
passé à la tenir. Je la fais glisser entre mes doigts.
Ses paroles titillent mon amour propre. « On m'a dit que j'étais la
meilleure élève de ma promotion- »
« Oh, vous êtes tellement fière de ça, n'est-ce pas ? Drago m'a parlé
maintes et maintes fois de votre main toujours levée en classe.
Aimez-vous tant montrer votre intelligence et dans le même temps,
rabaisser vos camarades ? »
« De quoi parlez-vous ? »
Qu'a-t-il en tête ?
« Non ! » je souffle.
Je vous ai déjà dit pourquoi. » Il lève les yeux au ciel. « Vous n'avez
aucun droit d'étudier la magie. J'ai hérité ce talent de mes ancêtres,
certains font partie des plus grands sorciers et sorcières qui ont foulé
cette terre. Vous, vous n'êtes rien de plus qu'un caprice de la nature.
»
Maintenant Hermione.
Je pensais, j'espérais voir une réelle peur, et bien que la peur filtre
légèrement sur son visage et lui fait reprendre son souffle, elle
disparaît dans la seconde pour laisser place au plus petit des
sourires.
J'halète soudainement.
Mais… je ne peux pas être comme lui. Je ne peux pas être une
meurtrière.
Il parle avec une réelle confiance. Pourquoi n'est-il pas plus effrayé ?
« Ou sinon ? »
Oh mon Dieu !
Oh… Oh Dieu.
Il sert les lèvres, respirant fortement par le nez alors qu'il arrache le
couteau de sa plaie, le visage crispé par l'agonie.
Puis il lève les yeux vers moi, d'un regard rempli de haine. Je n'ai
jamais été autant effrayée qu'à cet instant, car maintenant c'est
personnel, c'est vraiment et complètement personnel . Ce n'est plus
seulement une lutte entre un prisonnier et son bourreau, non.
Maintenant c'est lui et moi, moi et lui, il n'y a que cela. Juste lui et
moi.
Je suppose que ça pourrait être pire. La pièce est peut être sombre,
terne et vieille et les murs en pierre ne sont pas spécialement
rassurants mais c'est un palace par rapport à ma cellule précédente.
J'ai un vrai lit maintenant ! Non seulement ça, mais j'ai aussi une
salle de bain.
Mais où Diable veut-il que j'aille une fois que je me serais habillée ?
Amen.
Je suis prise durant une seconde d'un rire hystérique, avant que je
ne dévisse la bouteille et la tamponne sur mes blessures. Ca me
pique mais les coupures et ecchymoses disparaissent en un clin
d'œil, comme si elles n'avaient jamais existé.
Je me redresse vers l'arrière, m'observant plus attentivement dans le
miroir. Ce n'est pas la même fille à laquelle je suis habituée que je
vois dans le miroir. J'ai subi trop de choses maintenant. Mes yeux
sont devenus sauvages, le regard de quelqu'un qui a trop vécu dans
la crainte continuelle.
Je ne veux pas la porter. N'y a-t-il pas autre chose que je pourrais
mettre ?
J'ai le souffle coupé par un petit rire incrédule alors que je jette un
œil à toutes les robes qui la remplissent. Des robes en laine, de
plusieurs couleurs, brunes, noires, grises ou vertes. Des couleurs
immondes.
Mon regard est attiré par mon reflet dans le miroir alors que je
m'apprête à lacer le dernier lacet dans le haut de mon dos.
Je suis tout à coup aspirée par une sorte de vide, tout disparaît, se
dissout, fusionne dans l'air…
Non, pas un vide. Le carrelage froid ne serait pas présent sous mes
pieds sinon.
Mais il n'y a rien ici ! Juste l'obscurité. Un silence noir et froid. Rien.
C'est une pièce vide c'est tout. Juste une pièce vide, sombre et
silencieuse.
Pas de réponse.
Une petite lumière rouge sombre jaillit de nulle part dans les airs et
une lanterne apparaît au plafond de la petite salle en pierre.
Bien qu'il sourit, son regard est impassible et froid. J'y vois un aspect
personnel entre nous, et maintenant il veut sa vengeance, oh mon
Dieu…
Respire. Garde ton sang-froid. Fais-le parler, ce silence ne te
mènera nulle part.
« Où sommes-nous ? » je demande.
« Est-ce que… est-ce que Ron est ici aussi ? Dans la maison je
veux dire » j'ajoute à la hâte, car je ne veux pas qu'il se fasse des
idées.
« Oui, il est ici » il répond. « Il est arrivé avec Bella et Antonin,
environ une heure après que nous soyons arrivés. Il a sa propre
chambre, tout comme vous, et comme il n'a opposé aucune
résistance, je suppose qu'il va très bien. Vous n'avez donc pas à
vous soucier pour lui. »
Je soupire de soulagement.
Merde.
Je… Quoi ?
Que fait-il, par Merlin ? Quel genre de jeu veut-il encore mettre en
place ?
Sa voix est tellement calme que je sais que je dois faire ce qu'il me
dit. Mais je ne veux pas m'asseoir pour manger avec lui. Qui sait ce
qui pourrait se passer ?
Il lève le verre à ses lèvres sans quitter mon visage des yeux.
Il n'a même pas cillé. Il continue de sourire alors qu'il fait revenir le
gobelet vers la table et le remplit de vin à nouveau.
« Impero ! »
'Levez la coupe.'
Quoi ?
Mais…
Oh, tout pour vous, tout. Garde- moi juste dans cette chaleur et je
ferai tout pour vous. S'il vous plait.
Il se dirige vers moi, lentement, et pose une main sur chacun des
accoudoirs de la chaise. Il se penche vers moi, s'approchant de plus
en plus près, me souriant. Je me penche en arrière de façon
impulsive.
Menteuse.
C'est… chaud.
Mon souffle est coincé dans ma gorge.
« Oui. »
« Je pense qu'il est temps que vous appreniez où est votre place. »
Sa voix est calme, si calme qu'il parle presque à voix basse. «
Puisque vous semblez si réticente à l'accepter. »
Quoi ?
Il lève les yeux vers le plafond. « Utilisez votre cerveau pour une
fois, Sang-de-Bourbe. Si nous avions besoin de vos parents,
pensez-vous vraiment que nous n'aurions pas déjà mis la main sur
eux ? Nous connaissons déjà leur nom et leur adresse, sinon
comment est-ce que je vous aurais trouvé ? »
Respire Hermione.
« Si vous savez déjà tout ce qu'i savoir sur mes parents, pourquoi
me demandez-vous qui ils sont ? »
« Hermione Granger. »
Je me redresse.
« Une sorcière. »
Mauvaise réponse.
« Une sorcière. »
« Regardez-vous. »
Ces mots sont gravés dans mon cerveau pour le restant de mes
jours. Que va-t-il faire de moi cette fois ?
Nos deux reflets nous observent dans le miroir. Son visage est froid.
Le mien est pale et terrifié.
Je ne lui réponds pas. Je suis bien trop concentrée sur ses doigts
glissant sur ma main, effleurant ma peau. Il frotte son pouce contre
la cicatrice brillante de brulure au milieu de ma main, puis il déplace
ses doigts au dessus de mon poignet, les faisant glisser sur mon
bras nu, jusqu'à mon épaule.
Il ne finit pas sa phrase, laissant les mots s'évanouir dans les airs.
Sa main se déplace sur mon épaule. Je la sens à travers le tissus
alors qu'elle se déplace dans mon dos et sur ma taille, ses doigts
serpentant autour d'elle en s'y attardant quelques secondes.
Seulement quelques secondes, mais des secondes interminables.
Je me saisis des deux morceaux de robe pour les tenir contre moi,
mais ses mains se saisissent de mes cheveux et il me tire vers
l'arrière avant de coincer mes bras derrière mon dos.
Il retire la robe de mon corps alors qu'il retient toujours mes bras
derrière mon dos.
« Levez-vous ! »
Ses doigts s'enfoncent dans mon menton, tirant mon visage plus
près du sien.
« Oui. » Je sens mes yeux pleins de larmes alors que je lui réponds.
Haine, haine, haine, haine, haine !
Haine.
Haine.
« Vous ne méritiez pas ce repas. Il était trop bon pour une personne
comme vous. Et puisque vous ne semblez pas être reconnaissante,
je ne vois pas pourquoi vous garderiez cette nourriture que vous
avez mangée. »
« Levez-vous. »
« Qu'êtes-vous ? »
Oh, pour l'amour de Dieu, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?
Quel est l'intérêt franchement ? Ca va durer éternellement si je ne lui
réponds pas.
J'avale difficilement alors qu'il fait tourner la lame entre ses doigts.
« Mais seriez-vous prête à mourir pour cette idée absurde que vous
êtes une sorcière ? Si ce devait être une mort sans douleur, le feriez-
vous ? Mourir pour sa foi, l'ultime acte de noblesse. Le fantasme
suprême d'un Gryffondor, j'imagine. »
Je réalise trop tard ce qu'il est en train de faire, alors qu'il appuie
verticalement le couteau sur l'intérieur de mon poignet, déchirant,
ouvrant la peau, et le sang se déverse de la plaie. Je sors un
minuscule cri de douleur et il appuie la lame sur la veine bleue et
délicate, et ça fait mal, tellement mal, et le sang se déverse, coule,
coule…
Le sang rouge et chaud coule sur mon poignet. Peut être que je
pourrais… Oui, appuyer sur la plaie, arrêter le sang de couler.
« Je veux que vous admettiez ce que vous êtes » il dit d'une voix
trainante. Il ne se soucie pas, il ne se souciera jamais. Je pourrais
mourir et il s'en foutrait.
Ses yeux lancent des éclairs de colère et il amène mon autre main
vers lui, enfonçant violemment la lame dans la veine, la coupant,
l'entaillant, déchirant la chair.
Ca n'a donc pas d'importance, pas vraiment. Le dire ne veut pas dire
que j'y crois, si ?
Si ?
« Je suis une Sang-de-Bourbe » je gémis, me tenant les poignets
pour essayer d'arrêter le flux du sang.
« Une erreur. Un monstre. Une Moldue qui se fait passer pour une
sorcière. »
« Je pense que nous allons les laisser. » Il fait passer son doigt le
long des cicatrices avant de lâcher ma main. « Un joli petit rappel
pour vous si jamais vous oubliez à nouveau votre statut. »
Salaud. Que vont penser les gens lorsqu'ils verront ces cicatrices ?
« Croyez-vous que ce que je vous ai fait est plus grave que ce que
vous m'avez fait à moi ? Le croyez-vous vraiment ? » Je laisse les
mots sortir de ma bouche. Je veux qu'ils lui fassent mal. « Je serai
ravie si la seule chose que vous m'ayez faite depuis le début, ait été
un simple coup de couteau. »
« Le garçon vient d'une famille qui a trahi son sang. De plus, son
incroyable stupidité m'irrite au delà de mes propres convictions. »
Voilà. Je craque.
Le pensais-tu vraiment ?
Je ne peux penser…
« Des sales Moldus. » Des larmes me montent aux yeux alors que
mes lèvres sortent ses mots, mais je ne laisserais pas ces larmes
couler devant lui.
« Pardon ? »
Il sourit. Je crois que c'est le seul véritable sourire sincère que j'ai pu
voir sur son visage de salopard. « Je savais que votre esprit pouvait
être brisé. » Sa voix est douce alors qu'il se moque de moi. « Et il
semble que j'avais raison, n'est-ce pas ? »
Va en Enfer.
L'Enfer est trop clément pour lui.
« Le Grand Hall. »
A peine eut-il prononcé ses mots que la clé devient rouge vif, et la
dernière chose que je vois est son sourire narquois avant qu'il ne
disparaisse dans les airs.
Chapitre 9 L'entracte
« NON ! »
Je jette mes bras autour de son cou et il me tient tout près de lui,
pressant ses lèvres sur mon front tremblant. Ce n'était qu'un
cauchemar. Un stupide cauchemar.
Je hoche la tête. « Il m'a… Ils m'ont dit qu'ils t'avaient torturé pour
que tu parles.
Il s'arrête, et je sais qu'il se sent autant coupable que moi. Ils ont dû
lui demander des choses sur Harry, sur sa famille, ou sur l'Ordre.
C'est alors que je remarque que son regard a changé. Je pense que
c'est dans ses yeux… Ils ont une ombre qu'ils n'avaient pas avant
qu'il ne soit capturé. Il ressemble presque à une personne différente.
Il secoue la tête, mais je sais déjà qui a écrit cette note. Bien sur que
je le sais.
« Non, je ne pense pas que je vais rester ici très longtemps » je lui
dis rassurante. « J'avais ma propre chambre moi aussi, mais… mais
Lucius m'a dit qu'il voulait me garder ici un petit moment. »
Je lui donne une grimace en retour. « Ah, et as-tu une coiffeuse, une
garde-robe, et ta propre salle de bain, comme moi ? »
Rien. C'est une très vieille maison. Elle doit souvent grincer.
« Elle a dit que l'Elu n'avait pas à risquer sa vie tant qu'il n'était pas
tout à fait près à combattre Voldemort. Elle l'a entrainé vers la
cheminée et a utilisé la poudre de Cheminette pour le faire sortir de
là. Je ne sais pas où elle l'a amené. »
Je secoue la tête. « Par Merlin, Harry doit être furax contre elle. »
Quoi ?
« Ce n'était rien. »
« Qui ? Lucius ? »
Il s'arrête. « Tous. Lui et Dolohov. Je vais les tuer pour ce qu'ils t'ont
fait. »
Je passe mon bras autour de ses épaules. « Je vais bien. Et toi alors
? Ils t'on traité bien pire qu'ils ne m'ont traité- »
« Quoi ? » je demande.
Merde !
« Endoloris ! »
« AAAAARRRRRRGGGGGGHHHHHH! »
« S'en est presque risible » dit Lucius d'une voix trainante, mais son
visage est loin d'être souriant. Il est rempli d'une étrange expression
de colère que je n'arrive pas à comprendre. « Vous êtes tous les
deux incroyablement pathétiques. »
« Impedimenta ! »
Ron est violemment projeté vers l'arrière, heurtant le mur, et des cris
de douleur sortent de sa bouche alors que son corps touche
durement la pierre impitoyable. Mais il ne tombe pas à terre comme
je m'y attendais. Il reste où il est, collé au mur.
Agréable ?
Je tourne mon regard vers Ron qui respire durement par le nez en
regardant Lucius avec une haine que je n'avais jamais vu sur son
visage.
Merde.
J'en ai presque le souffle coupé. Mais je garde mon visage aussi dur
que le sien alors que je le regarde froidement et longuement.
« Oui, s'il vous plait » je dis calmement, le haïssant de tout mon être.
Il sourit.
« Finite Incantatum. »
« Je n'irai pas jusqu'à dire que je… ah, ' prends mon pied', mais je
dois admettre que mes scrupules ont tendance à m'abandonner
quand il s'agit de la famille Weasley. Je pense que ça s'est bien
ressenti durant la première année de votre sœur à Poudlard, vous
ne pensez pas ? »
« Oh, mais si ils l'ont fait ! » Bellatrix lui coupe la parole. « Et ils l'ont
fait sans hésiter un seul instant. Qu'est-ce que ça te fait, La Belette ?
Tu nous a trouvé deux nouveaux serviteurs pour le Seigneur des
Ténèbres ! »
Lucius lève les yeux au ciel. « Honnêtement, j'aurai pensé que vous
en seriez heureux. Vous auriez préféré qu'ils nous disent : 'Non,
nous ne voulons pas vous servir, tuez notre fils. Nos principes sont
plus importants que sa propre vie'. C'est ça que vous auriez aimé
entendre ? »
Ron ne lui répond pas mais la tristesse se lit sur son visage. Je peux
le voir par la blancheur de sa peau et les larmes dans ses yeux.
« Stupefix ! »
« Non ! »
« Merci Antonin. J'ai cru un instant que nous allions encore devoir
supporter un autre de ses coups de gueule. » Je garde les yeux
fermés, essayant d'ignorer les mots de Lucius. « Ramène-le à sa
chambre et ne t'occupe plus de lui pendant un moment. Laisse-lui
seulement un peu de nourriture au moment où il se réveillera. »
Ma gorge se referme.
Elle passe ses bras autour de son cou, le rapprochant d'elle. Il lui
sourit avant qu'elle ne dépose un baiser sur ses lèvres.
Mais bon, après tout ce qu'il m'a fait, je ne serai pas surprise qu'il
couche avec sa belle-sœur.
Il s'éloigne d'elle, gardant ses mains sur ses hanches, tandis qu'elle
pose sa main sur sa joue.
« Il n'a pas été très plaisant non plus avec toi ! » dit-elle indignée.
Je le regarde. Je le hais.
« Vous avez dit à Ron que vous me violeriez devant lui s'il ne
répondais pas à vos questions » je marmonne.
« Vous osez encore lever la main sur moi ? » Son visage est baigné
de colère. « Je pensais que je vous avais appris l'obéissance hier,
ou au moins quelques remords quant à vos actions depuis que nous
sommes arrivés ici. »
Tu ne dois pas paniquer. Quoi qu'il te fasse, il ne peut pas faire pire
que ce qu'il t'a déjà fait.
Oui.
« Nox ! »
Je ne peux pas m'être endormie, si ? J'ai juste fermé les yeux une
petite seconde !
Oh, non !
« Petrificus Totalus ! »
Click
Click
Click
Click
Click
Click
« Par Merlin, vous apprendrez votre place avant que j'en ai fini avec
vous. »
« Je veux que vous vous rappeliez l'année de vos onze ans, lorsque
vous avez reçu votre lettre de Poudlard. » Il fait une pause pendant
quelques secondes. « Je veux que vous vous rappeliez ce que vous
avez ressenti lorsque vous avez ouvert la lettre. »
Non, bien sur que je n'étais pas au courant, mais on ne peut pas
m'en vouloir pour ça ! Je suis Née Moldue, bien sur que je ne savais
pas que la magie existait !
Tais-toi Hermione ! C'est exactement sur ce point qu'il veut en venir !
« Vous avez grandi sans aucune magie » dit-il d'une voix froide. «
Vous avez grandi parmi les Moldus. Vous ne saviez même pas ce
qu'était la magie avant d'avoir onze ans. »
Enculé.
Réfléchis, Hermione.
Les paroles de Lucius ne veulent rien dire. Ils sont vides de sens. Je
ne dois pas les écouter.
Je…
Je peux à nouveau sentir cette main invisible fouiller dans mon esprit
alors qu'il est toujours penché sur moi. Je peux sentir son souffle
léger sur ma peau.
Je hurle les mots dans mon esprit, en espérant cette fois qu'il est en
train de les lire.
Je l'entends se lever.
Click
Click
Click
« Levez-vous. »
Ta gueule !
Ce n'est pas une tache facile quand je ne sais même pas quoi… qui
regarder.
Inspire…
Expire…
Je voudrais voir son visage.
« Oui, s'il vous plait. » Peut être que si je lui demande poliment, il
fera vraiment disparaître cette obscurité.
Mais…
Il rit.
Mais…
« Observez, Sang-de-Bourbe. »
Il y eut alors un long silence. J'aurai presque pu croire qu'il était parti
si je n'entendais pas sa respiration dans l'obscurité.
Mais…
Devant lui ?
Salaud.
Allez, concentre-toi !
Lumos…
REFLECHIS !
Lumos !
Il ricane.
Est-il toujours là ?
Il ricane.
« ENDOLORIS ! »
Il me saisit alors par les cheveux et tout ce que je peux voir est son
visage narquois.
Il me jette à terre.
« Peut être que je ne vous ait pas assez poussé ? » dit-il froidement.
Il sourit.
Je sais ce qu'il veut me faire dire, mais il peut aller en Enfer s'il
pense que je vais lui céder à nouveau.
« Ca signifie que je ne suis pas encore prête à faire de la magie
sans baguette » je dis aussi calmement que possible. « Ca n'a rien à
voir avec le fait que je sois née Moldue. J'étais la meilleure de mon
année à Poudlard, ça veut bien dire quelque chose sur mes
capacités magiques. Je suis une sorcière, et il n'y a rien que vous
puissiez faire ou dire qui puisse changer ça. »
Et je ne regrette pas d'avoir dit ça. Même si son visage perd le peu
de couleur qu'il arborait, je ne regrette absolument pas.
« Parce qu'il est bon » je dis avec fierté. « Et parce qu'il est gentil.
Vous utilisez vos pouvoirs que pour faire le mal. Vous pouvez le
traiter de tous les noms, dire qu'il est stupide, mais vous n'êtes
même pas digne de lui lécher ses bottes. »
Je ramène ma tête pour lui faire face à nouveau parce que je suis
déterminée à ne pas lui procurer le loisir de voir ma souffrance.
Puis…
Il tend la main, passant à nouveau ses doigts sur mon visage, frôlant
délicatement ma joue avec un sourire narquois.
Il repose ses doigts sur ma mâchoire, les yeux fixés sur mon
visage…
Et pour une raison obscure, je me mets à parler.
« Pourquoi faites-vous ça ? »
Je ne vais pas avoir peur. Je vais lui montrer que je connais des
choses sur lui.
« Vous aimez penser que vous avez le contrôle sur moi. » Garde ta
voix calme. « Mais au fond de vous, vous savez que vous ne l'avez
pas. Il y a une chose sur laquelle vous n'avez pas le pouvoir. Vous
savez cela. Vous ne pouvez pas avoir un total contrôle sur moi parce
que je suis une Née Moldue et cela irait à l'encontre de tous vos
principes si ça allait aussi loin. »
« Endoloris ! »
Je tombe au sol mais il est sur moi, il n'en a pas encore fini.
Je sens mes yeux me bruler de nouveau, comme lorsque j'étais
dans ma cellule quand il me questionnait sur la famille de Harry…
Je crie sous la douleur, appuyant mes doigts sur mes yeux en feu.
Il me rie au nez.
« Vous êtes inutile. Une bonne à rien. Je n'ai pas besoin de vous
prouver à quel point vous êtes sans valeur. Si vous ne le savez pas
déjà, ça ne pourra pas vous aider. »
Et il me gifle à nouveau.
Oh mon Dieu.
Je l'ai fait !
« Hey ! »
Je pousse un petit rire surpris parce que c'était moi, oh oui salopard,
je t'avais dit que j'avais de la magie !
J'ai gagné !
Et il le sait !
« Vous… » il bafouille, son visage tendu par la colère. « Vous…
Espèce de petite… »
« La chambre Ouest. »
Je hoche la tête car ça n'a plus aucune importance. Il n'a pas gagné
aujourd'hui. Et il le sait très bien.
Bon, on ne peut pas dire que j'ai vraiment gagné par contre. Il est
toujours bien plus fort que moi, et il a encore sa baguette. Et je ne
peux faire de la magie sans baguette uniquement quand on m'y a
poussé. A l'heure actuelle, j'ai vraiment peur. La douleur, la rage qui
m'ont nourris tout à l'heure, ont été remplacés par de la peur.
Je retiens un frisson.
En dessous de nous…
Oh non !
Vous l'avez en ce moment. Mais quoi que vous fassiez, vous savez
que j'ai de la magie en moi. Vous le savez maintenant.
Si, il peut.
Il lève sa baguette.
Non !
« Oubliettes ! »
Je me raidis.
Je ne peux pas m'être endormie, si ? J'ai juste fermé les yeux une
petite seconde !
Mais… Quand… ?
Mais la dernière fois que je l'ai vu, il m'avait dit qu'il n'en avait pas
encore fini avec moi ! Pourquoi a-t-il changé d'avis ?
Il n'y a plus aucun meuble cette fois, ni ces horribles objets qui
juchaient le sol. Ils ont dû être enlevés après mon arrivée.
Ils nous ont enfermés ici. Ils viennent environ toutes les heures pour
vérifier nos progrès mais à part ça, il n'y a que moi et Ron.
A quoi bon ? Elle reviendra te hanter plus tard de toute façon, quand
tu essaieras de t'endormir. Ca se passe toujours comme ça…
« Tu sais qui j'ai rencontré lorsque Lucius m'a amené ici ? » je dis,
plus pour chasser mes propres pensées qu'autre chose.
Ron ne lève pas les yeux de la parcelle de plancher qu'il est en train
de frotter. « Qui ? »
« La mère de Drago. »
« Non, je ne pense pas. Elle devait avoir quelque chose à dire à son
mari, ou quelque chose comme ça. »
Un court silence s'installe. Le seul bruit que l'on entend est celui de
la brosse sur les planches du sol.
Ce que je ne dis pas à Ron, c'est qu'il m'a fallu toute la volonté du
monde pour ne pas dire à Narcissa ce qu'il se passe entre son mari
et sa sœur. Sur ma façon de ne pas comprendre comment ils étaient
simplement en train de lui parler, comme si de rien n'était. Sur le fait
que vu son attitude en leur parlant, elle ne semblait avoir aucune
idée de ce qu'il se passait entre nous.
Je n'ai pas dit tout ça à Ron car il aurait juste voulu savoir pourquoi
je n'ai rien dit à Narcissa.
Elle ne doit pas savoir ce qu'il fait avec moi. Je suis sure que non,
sinon elle m'aurait surement accordé une plus grande attention tout
à l'heure.
Bon, elle est belle, je ne peux pas le nier. Vraiment très belle.
Ron et moi même nous gelons sur place en levant notre regard vers
lui, mais il pose ses yeux sur les miens.
« Vous n'avez pas fait de réels progrès je vois. J'aurai pensé qu'une
Sang-de-Bourbe et un Weasley auraient été bien plus rapides à
s'adapter à une tâche ménagère. »
Oh, fermez-la !
« Impero ! »
Va-t-en.
« Peut être » continue-t-il, « que lorsque le Seigneur des Ténèbres
aura triomphé, nous pourrions permettre à certains Sang-de-Bourbe
de survivre, après tout. Ils pourraient remplacer certains Elfes de
Maison, vous ne croyez pas ? »
Je lève la tête.
« Donc… Vous êtes en train de dire que si vous gagnez, vous tuerez
tous les Nés Moldus ? Vous ne leur laisserez même pas une chance
?»
Une autre coupure vient entailler mon bras au même endroit que
l'autre, rendant la blessure un peu plus profonde. Des larmes
apparaissent dans mes yeux.
Un craquement.
Ca s'arrête.
Ca se ferme.
Ca se verrouille.
Pas de réponse.
Je ne vois rien !
Pas de réponse.
Non, ce n'est pas possible ! Que ferait-il ici à cette heure de la nuit ?
« Lumos ! »
Mon souffle quitte tout mon corps alors qu'une peur effroyable me
saisit.
Oh mon Dieu.
Il pue l'alcool.
« Oh, allez ! » Son souffle est chaud sur mon visage, me donnant
des haut-le-cœur. « J'ai déjà vu ton corps. Le reste vient
naturellement, tu n'es pas d'accord ? »
« Tais-toi et fais ce que je dis, sinon je te jure que les choses vont
empirer pour toi- »
Mais ce n'est pas sur elle qu'ils crient. Ils se crient l'un sur l'autre .
Des larmes coulent sur mes joues alors que l'air glacial gifle mon
visage et mes jambes nues. Le sol de pierre glacé brûle la plante de
mes pieds.
Il n'y a pas de rampe sur le bord du balcon. Il conduit tout droit dans
le vide.
Je lève les yeux, souhaitant plus que tout voir le ciel étoilé une
dernière fois.
Des larmes roulent sur mes joues, mouillant ses doigts alors qu'il
presse ma bouche sans pitié.
C'est Lucius.
Il aspire son souffle, toujours très calme. « Que vous a-t-il fait
exactement ? » il me demande, d'une voix parfaitement calme et
contrôlée.
Je serre les lèvres. Je ne veux pas lui dire. Je ne veux pas qu'il
sache…
« Il n'a rien fait. » Je sors difficilement ces mots. « Mais il l'aurait fait
si vous n'étiez pas intervenu. Il a dit que je devais être g-gentille
avec lui… »
« Ne pensez pas que vous pouvez vous en sortir avec une nouvelle
impudence, Sang-de-Bourbe. »
« Je n'étais pas- »
J'avale durement.
Non. Non, je ne peux pas souhaiter ça. Je ne suis pas comme eux…
Lucius s'accroupit près de lui, vérifie son pouls, et tire une de ses
paupières pour observer son œil à la lumière de sa baguette.
« Merci. »
Pourquoi j'ai dis ça ? Comment puis-je le remercier après tout ce
qu'il m'a fait ?
Le fantôme d'un sourire traverse son visage, mais ses yeux restent
de marbre. « Le sang des Sang Mêlés sont peut être inférieurs, » il
commence de sa voix trainante, « mais au moins, ils retirent leur
pouvoir magique de quelque part . Je peux les fréquenter pour cette
raison. Ils ont une certaine base pour pouvoir pratiquer la magie. » Il
baisse le regard vers Dolohov, sa lèvre se recroquevillant à nouveau
de colère. « Cependant, ils sont inférieurs. Donc, aucun Sang Pur ne
doit volontairement polluer sa lignée. Dans le cas contraire, ça fait
de cette personne la pire espèce de traitre à son sang. »
Je reste bouche bée devant lui. C'est… Je ne peux pas croire que
quelqu'un puisse avoir des croyances aussi tordues. Comment peut-
il inculquer ces préjugés ridicules à son propre fils ?
Non-
« Vous devriez aller dormir dit-il sèchement avant de sortir la petit clé
de sa poche.
« Pensez-vous vraiment que je vais pouvoir dormir ? » je dis
calmement.
Un peu de sang,
Chapitre 12 Trahison
« Accio chandelier ! »
Des pas.
J'avale mon souffle. En partie par crainte, en partie par le choc, mais
essentiellement de pur soulagement.
Bien sur que c'est lui . J'aurai du le deviner : il est le seul à posséder
la Main de la Gloire. Il est donc le seul à pouvoir me voir dans
l'obscurité.
« Lumos ! »
Il soupire.
« Je ne vois pas pourquoi vous vous cachez de moi » dit-il avec une
patience exagérée. « Je pensais que nous nous connaissions assez
bien l'un l'autre pour que vous me distinguiez de Antonin Dolohov, ou
de toute autre personne. Au cas où vous l'auriez oublié, c'est moi qui
suis venu à votre secours hier soir, à mon grand désespoir. »
Oui, mais comme il te l'a dit, il ne t'a aidé que pour ses propres
préjugés et parce qu'il a un travail à accomplir. Ce n'est pas comme
s'il se souciait de toi.
« Wingardium Leviosa ! »
« Après vous. »
Je croise les bras sur ma poitrine et je ferme les yeux, sentant mes
yeux me piquer et mon corps se recroqueviller sous la peur.
Je n'irai pas dans cette baignoire devant lui, il n'en est pas question.
Après tout ce qui s'est passé hier, je ne peux pas croire qu'il me
demande de faire ça .
Il sourit horriblement.
« Impero ! »
Fais ce qu'il dit, ce qu'il veut, tout ce qu'il veut, lui seul peut faire fuir
la douleur-
Non, j'ai chaud. Je suis juste debout dans la chaleur. Qui a besoin
de vêtements de toute façon ? Je n'ai rien besoin dans cette douce
brume, avec cette voix à mon oreille…
Je sens mon visage rougir sous son regard, parce que j'étais… oh
mon Dieu, j'étais… nue devant lui !
Je… je ne peux…
Il ricane à nouveau.
Je plonge mon corps entier dans l'eau, avant de frotter mon corps
avec le savon qui se trouvait sur le bord de la baignoire. Je peux
sentir son regard sur moi, me transperçant le dos, et je me demande
à quoi il joue exactement. Pourquoi insiste-t-il tant à me regarder me
laver, bon Dieu ?
Je frotte le savon sur tout mon corps et sur mes cheveux, avant de
me plonger de nouveau dans l'eau afin de me rincer. Je sors de l'eau
chaude, mes cheveux mouillés goutant dans mon dos, et je tourne
légèrement la tête pour lui faire face.
« Non » il me coupe. « Non, vous n'aurez pas plus d' intimité. Vous
pouvez décider de grandir et agir comme une adulte, pour une fois.
»
Une martyre ?
« Mais… »
Mais… assassiner ?
« Donc, » je dis calmement alors que je lève les yeux vers son
visage moqueur, « c'est là que tout va se terminer, n'est-ce pas ?
Vous allez me tuer pour arriver jusqu'à Harry. Vous allez vous
débarrasser de moi. »
Il ricane, profitant de cette joute verbale comme il l'a fait avec toutes
celles qu'on a eu précédemment.
Quoi ?
« Ne me dites pas que c'est une surprise pour vous. Bien sur que
nous n'allons pas vous tuer avant que Potter ne soit lui même mort
aux pieds du Seigneur des Ténèbres. Vous allez encore nous être
que trop utile avant d'arriver à ce point.
« Vous ne vous battrez pas contre moi, ridicule petite fille ! » dit-il
froidement. Ma tête se dirige vers lui. Ses yeux froids et sans pitié
sont durs comme de la pierre. « Je n'ai pas de temps pour un tel
comportement. »
Mais il n'y a aucune pitié sur son visage, aucune humanité. J'ai été
idiote de penser le contraire. Je suis exactement ce qu'il me dit : une
idiote. Idiote d'avoir pu croire une seconde qu'il pourrait se soucier
de moi.
Mes yeux s'ouvrent mais tout est flou. Je cligne des yeux, encore et
encore, et…
Mon poignet est tiré sur le côté et attaché avec des cordes par de
longs doigts pales, sur une grande planche d'ébène derrière moi. La
corde me pince la peau et je souffle.
« Vous êtes enfin réveillée » dit Lucius alors qu'il finit de m'attacher
mon poignet de façon imperturbable, tirant sur les nœuds.
Non.
Je tire contre les liens qui m'entravent, mais ils ne bougent pas, ils
ne bougeront pas…
« Quoi qu'il ait prévu pour moi aujourd'hui, » je dis de façon inégale,
« je veux que vous le fassiez, s'il vous plait. » Il fronce les sourcils et
je prends une grande inspiration. « Je ne veux pas que ça soit… lui
qui me blesse. Je ne le supporterai pas. S'il vous plait, vous… Au
moins, je sais à quoi m'attendre si c'est vous… »
Tais-toi !
« Oh, elle n'est pas si courageuse qu'elle veut bien le laisser croire,
mon Seigneur » dit Lucius de sa voix trainante. « Elle m'a donné tout
ce que je lui ai demandé, avec un peu de persuasion. »
« Pas seulement une enfant mon Seigneur, je pense que vous serez
d'accord la dessus. » Mes yeux s'ouvrent pour fixer Lucius alors qu'il
parle. « Le fait qu'elle soit une jeune femme fait que sa faiblesse est
d'autant plus déplorable. »
Espèce de salaud !
Voldemort me sourit alors qu'il me force à lever les yeux vers son
visage. Il finit par me lâcher et va s'asseoir sur son trône en face de
moi.
Lucius fait ce qu'il lui demande, et verrouille son regard sur le mien
quelques secondes, avant de regarder à nouveau son maitre.
Voldemort se rassoie sur son trône et ferme les yeux, serrant ses
mains sur les bras de son fauteuil.
Il lève sa baguette.
« Endoloris ! »
Je respire.
« Harry, je n'ai pas besoin d'être sauvée, et Ron non plus. Nous
allons bien. Ils nous traitent mieux que ce qu'on pourrait espérer. »
Ces mots traversent durement ma gorge, mais je n'en laisse rien
paraître. « Tu dois faire ce qui est nécessaire, Harry. Gagne la
guerre. Oublie-nous et gagne la guerre. »
Des larmes et du sang coulent sur mon visage alors qu'il fait courir
un couteau de ma tempe à mon menton, déchirant la peau, mais il
ne me regarde pas. Depuis qu'il a commencé, il ne m'a pas une
seule fois regardé. Il a tant fait pendant cette dernière heure… J'ai
brûlé, j'ai crié, j'ai saigné…
« Endoloris ! »
« Assez. »
J'enlève mes yeux du visage de Voldemort pour venir les poser sur
celui de Lucius, qui me regarde avec une expression très étrange. Il
a du mal à garder son calme, et l'exaspération, la colère et quelque
chose d'autre que je n'arrive pas à identifier, peuvent se lire sur son
visage.
Je garde mes yeux sur lui, cherchant une minuscule once de pitié
dans ses yeux.
Ma tête tourne.
Ces mots s'abattent sur moi comme de l'eau sur une pierre. Je ne
suis pas aussi effrayée que je devrais l'être cependant. Je me sens
bête : je ne peux rien contrôler.
La porte claque.
Mais Lucius est encore là, debout au dessus de moi. Son front est
plissé dans un froncement de sourcils.
Oh mon Dieu aidez-moi, si vous êtes là, s'il vous plait aidez-moi…
« Regardez-moi, Sang-de-Bourbe. »
Je blottis mes bras autour de moi avec terreur alors que je regarde
cet homme, cet homme que je connaissais à peine il y a un mois,
mais que je connais maintenant bien plus que je ne le voudrais… Et
je patiente tandis qu'il décide longuement de ma vie ou de ma mort.
Emotions insoupçonnées
'Je pourrais me reposer si tu arrêtais de gémir
Est-ce que son visage sera vraiment la dernière chose que je verrai
sur cette terre ?
Je regarde dans ses yeux, dans les yeux de l'homme qui va me tuer,
qui va mettre fin à ma vie !
Non.
Il hoche la tête.
J'attends…
Et j'attends…
Il ricane.
« Miss Granger- »
L'oubli. Qui y a-t-il d'autre après tout ? Et s'il n'y avait rien après la
mort, rien que l'obscurité, le vide, oh mon Dieu !
Boum boum.
Boum boum.
Boum boum.
« Levez-vous. »
Quoi ?
Son visage est si marqué par la rage qu'il n'arbore plus aucune
couleur.
Non, il n'a pas dit ça. Il a dit que Lucius pouvait me garder en vie s'il
le voulait.
Ses doigts se referment autour de mon poignet alors qu'il lève mon
bras et l'enroule autour de son cou. Il passe un de ses bras sous
mes épaules et l'autre sous mes genoux, et me soulève dans ses
bras.
Puis un gout d'air frais se fait sentir, sensation que je n'avais pas
senti depuis des jours, si ce n'est des semaines.
« Lumos ! »
« Mais qui l'a mis dans cette état, après tout ? » demande
furieusement Bellatrix, exprimant précisément mes propres pensées.
« Tu savais ce que le Seigneur des Ténèbres prévoyait pour elle ce
soir. Et de toute façon, qu'importe dans quel état elle se trouve ? Ca
ne l'aurait pas tué de marcher un peu, si ? »
Ou peut être qu'elle ne le connait pas tant que ça, après tout ?
« Bien sur que j'ai peur de vous. » Ma voix est comme un murmure.
« J'ai toujours eu peur de vous, et vous le savez. »
Je ne bouge pas alors qu'il utilise ses doigts nus pour appliquer la
lotion sur les blessures de mon visage. Les blessures qu'il a lui
même causées.
S'en est tellement ridicule, même injuste. Croit-il qu'il suffit de faire
disparaître tout ce qu'il a fait aujourd'hui pour que les blessures s'en
aillent ? Et que fait-il des blessures faites à mon âme alors ? A mon
cœur ? Pense-t-il qu'elles s'effaceront elles aussi ?
Chaque fois qu'il me touche comme ça, c'est comme s'il touchait
mon âme.
Je cligne des yeux, et une unique larme coule sur ma joue, glisse
jusqu'à mon menton et atterris sur son doigt.
« Oh, mais il sait aussi ce qu'il adviendra de vous s'il ne se plie pas à
notre demande. » Il respire un petit rire. « Il se montrera. Il a trop à
perdre. »
« Nox ! »
Juste…
Un instant…
Mon souffle s'échappe de mes lèvres dans un soupir alors que mes
yeux se plissent.
Mais… J'aurai juré qu'il… qu'il me regardait avec le plus étrange des
regards…
Mais ce n'est pas possible. Non. Ca doit faire des heures que je me
suis endormie. La bougie sur ma table de chevet est presque
éteinte.
Je garde mes yeux sur lui durant un petit moment, mais son
nouveau regard dur et forcé ne quitte pas son visage.
Les règles du jeu sont les suivantes : les joueurs se relaieront tour à
tour. Ne révélez pas votre main à votre adversaire. Si vous
choisissez de faire monter les enchères, ne misez pas plus que vous
ne pouvez payer.
Un sourire tord son visage. « C'est inutile. J'ai une grande quantité
de travail qui m'attends ce soir, et je n'ai malheureusement pas de
temps à perdre avec toi. »
Je connais Lucius.
« J'ai pensé qu'un petit voyage dans cette Pensine pouvait te fournir
des informations précieuses sur l'importance que tu es devenue
pour ton ravisseur. » Sa bouche se tord dans un nouveau sourire. «
Et vu que le Seigneur des Ténèbres semble si peu disposé à me
croire sur la conduite de Lucius envers toi, j'ai pensé que je pourrais
au moins modifier la situation pour mon propre amusement. »
Bon, Lucius est parti. A moins qu'il m'espionne à nouveau sous une
cape d'invisibilité.
Mais… non. J'étais avec Ron lorsqu'il l'a fait. Il ne m'espionnerait pas
lorsque je suis seule, ça n'a aucun sens.
Et si Harry était déjà parti chez les Weasley ? Et s'il était déjà mort ?
Tout ira bien. L'Ordre ne le laissera pas aller au terrier. Et même s'il y
va, il aura tout l'Ordre avec lui. L'Ordre peut gagner, il l'a déjà fait
avant. De plus, les Weasley ne laisseront pas Harry se faire tuer. Ils
l'ont traité comme un fils pendant toutes ces années, pourquoi le
laisserait-il se faire tuer maintenant ?
C'est bien une Pensine. Elle est remplie d'une fumée opaque,
virevoltant et tourbillonnant.
Peut être que Lucius est ici après tout, sous sa cape d'invisibilité.
Peut être qu'il souhaite que je regarde dans la Pensine pour quelque
obscure raison, et il veut me voir le faire.
Elle ressemble à la mienne, mais elle est bien plus noble. Elle est
chichement meublée, avec un grand lit à baldaquin et de belles
tapisseries suspendues aux murs.
« Enervatum ! »
Lucius respire fortement par le nez, le visage dur et blanc d'une rage
contenue. « Aussi longtemps que tu promets de ne plus suggérer
une chose aussi dégoutante, je suis disposé à laisser passer cette
insulte. »
« Je te préviens, Antonin- »
« Et par quel ' résidu ' devrais-je être attirée dans ce cas ? Par
quelqu'un comme vous, c'est là que vous voulez en venir ? »
Parce que ça doit être ce qu'elles sont. Ca doit être ses souvenirs - il
est la seule personne qui était présente dans ces 2 morceaux de
mémoire.
Mais bon, seul Merlin sait pourquoi il y a une Pensine pleine de ses
souvenirs dans ma chambre. L'a-t-il mis délibérément ? Voulait-il
que je voie ce genre de choses ?
Peut être qu'il ne voulait pas. Peut être… oh, je ne sais pas. Peut
être qu'il l'a laissé là par accident, ou quelque chose comme ça.
La pièce n'est pas vide cette fois. Bellatrix est là, assise sur le bord
du lit à baldaquin, le corps rigide et ses mains cramponnant le
matelas sous elle.
Elle fixe la pièce, ses yeux noirs fiévreux regardant le vide. Ses
lèvres sont si serrées que la peau qui les entoure est devenue
blanche.
Lucius soupire, fermant la porte derrière lui sans même lui adresser
un regard. « La Sang-de-Bourbe » dit-il simplement, et le visage de
Bellatrix se crispe à ces mots. « Elle a… crée des problèmes. Mon
travail avec elle s'est avéré plus difficile que prévu. »
« Bella, calme-toi. »
« Personne ne t'humilie- »
Il lève sa main comme s'il était sur le point de la gifler. Je sais qu'il
l'aurait fait si ça avait été moi. Mais il finit par abaisser sa main après
quelques secondes, son visage baigné par la colère.
Elle… Elle est tombée sur la tête ! Elle a besoin de se faire soigner,
et sérieusement !
J'essaie de me tourner pour fuir je ne sais où, mais il est trop rapide.
Il est à côté de moi en deux enjambées et il me saisit par les
cheveux, brulant mon cuir chevelu alors qu'il me traine à travers la
brume…
Il pointe sa baguette entre mes deux yeux. « Bon, quand bien même
vous ayez vu ces souvenirs, vous ne vous en souviendrez pas. » Sa
voix lutte pour garder son calme. « Je veillerai à cela. »
« ENDOLORIS ! »
Il n'a jamais été aussi loin précédemment. Il n'a jamais, jamais fait
durer le sort aussi longtemps.
J'ouvre les yeux. Ses traits sont toujours tirés par la rage.
Et je sais que je m'en fous. Il peut effacer ma mémoire parce que je
ne veux pas me battre contre lui, pas encore, je ne veux plus. Je
ferais tout et n'importe quoi pour ne plus ressentir à nouveau cette
douleur.
Il rompt le silence.
Donc, tu veux qu'il te haïsse ? Ne t'en fait pas pour ça. Il te déteste
probablement plus que tout au monde.
Un nouveau bruit.
Il est de retour. Son rictus plein de rage est toujours présent sur son
visage.
« Levez-vous ! »
« Je suis prêt à ignorer ce que vous avez fait aujourd'hui » dit-il avec
un calme forcé. « Aucun de nous ne devra en reparler, est-ce que
c'est clair ? »
Il plisse les yeux vers moi. « De toute manière, à la lueur des récents
évènements, ces quelques souvenirs importent bien peu, vous ne
croyez pas ? »
Son sourire est remplacé par une grimace alors qu'il lève les yeux
au plafond. « Il est vivant, si c'est ce que vous vous demandez.
Vivant et… libre. »
Il n'y a plus d'air du tout dans mes poumons.
Je suis tout sourire. Je souris car je me fous que Harry ne soit pas
venu me sauver. Je ne suis pas égoïste comme Lucius l'est - Je ne
pense pas que mes propres besoins soient plus importants que ceux
de la communauté générale. Harry est vivant et il peut encore
gagner la guerre - C'est tout ce qui compte.
Je le hais tellement !
« D'ailleurs, qui vous a dit que j'allais à nouveau vous torturer ? »
« Dites moi, est-ce que votre cher ami Harry a déjà vu vos parents ?
»
Non, Non !
Il sourit toujours.
« Je pense que vous allez vous apercevoir que nous pouvons » dit-il
doucement. « Que représenteraient deux sales Moldus pour nous ?
Ils sont parfaitement inutiles à notre cause. »
Il rit de pure malice. « Ils en ont déjà trop fait : ils ont enfanté une
pure abomination. D'ailleurs, ne vous inquiétez pas. Nous n'avons
pas l'intention de les blesser . Le sort de l' Avada Kedavra est réputé
pour être indolore pour les victimes. »
Mon monde entier s'écroule. Ca fait plus mal que n'importe quelle
torture physique. Le Doloris n'est rien comparé à ça.
J'en ai le souffle coupé par l'horreur. Son pale visage tourne devant
mes yeux et je crois que je vais m'évanouir.
Il n'y a aucune émotion sur son visage. Il les a chassé loin de lui.
« Non. »
J'avale difficilement, les larmes séchant sur mes joues, une peur
soudaine enveloppant mon cœur.
Il rit. Je frissonne.
Il fait glisser son doigt sur ma joue, et jusqu'à mon cou, et je sens
mon visage s'embraser d'une horrible rougeur. Il s'en aperçoit bien
sur mais ses yeux ne quittent pas mon visage. Il ricane.
Il ne veut pas insinuer… non, ça ne peut pas vouloir dire ça. Je suis
une Moldue -
Non, tu n'en es pas une ! Il n'y a que lui qui pense ça, tu te souviens
?
Ce n'est pas le propos. Je suis une Moldue, il pense que je suis une
Moldue. De toute façon, il ne voudrait pas… Il ne voudrait pas…
J'avale difficilement.
Mais… pourquoi ?
Il fait tourner son pouce sur la courbe douce de mon épaule nue, me
créant un nœud au bas du ventre. « Oui ? »
Non, je ne vais pas jouer à ce jeu avec lui ! Il devra me forcer s'il
veut me… s'il veut… Oh mon Dieu, comment me suis-je retrouvée
dans cette situation ?
Son pouce continue de tracer de petits cercles sur mon épaule nue
alors que son corps se presse plus fort contre le mien. Je ne peux
plus respirer sous son poids. Une main sur mon épaule, l'autre sur
ma taille. Et son pouce caressant sensuellement ma propre…
Trop près, toujours trop près. Il n'a rien à voir avec Ron, qui avait
toujours trop peur de s'approcher de moi, même si je le voulais.
Lucius… lui a toujours été trop proche de moi.
Mais… je ne peux pas laisser mon père et ma mère mourir, quoi qu'il
en soit.
« Mais il y a une faille que vous avez négligé dans votre proposition
» poursuit-il d'une horrible voix trainante. « Vous êtes une Sang-de-
Bourbe. Les Sang-de-Bourbe et les Moldus ne sont pas autorisés à
se rallier au Seigneur des Ténèbres. Etant donné que l'un de nos
objectifs principaux est d'éliminer votre race, votre présence dans
nos rangs serait assez contradictoire. » Ses doigts reviennent une
nouvelle fois sur mon épaule, et abaissent encore plus bas la
bretelle de ma robe. « Alors, peut être souhaitez-vous renchérir votre
offre. »
« Vous avez dit une fois que vous ne me toucherez jamais » je dis
calmement mais avec désespoir. « Vous avez dit que vous
préféreriez mourir plutôt que de toucher un déchet comme moi. »
En es-tu sure ?
J'avale difficilement. Mes yeux et mon nez sont brulés par les
larmes. « Je… » Dieu que c'est dur. Il ne peut pas me demander
autre chose ? « Je n'ai jamais… »
Des larmes plein les yeux, je finis par hocher la tête. « Oui. C'est
d'accord. »
Je frissonne.
« Ma chère, vous pensiez vraiment que j'allais salir mes mains sur
vous ? » Il me lance un regard dédaigneux. « Pensiez-vous vraiment
que je laisserais de côté mes principes et mes devoirs envers le
Seigneur des Ténèbres seulement pour une partie de jambes en l'air
avec une Sang-de-Bourbe ? »
« Impedimenta ! »
Son visage pale contenant un flot d'émotions que je ne veux plus
jamais voir, disparaît alors que je suis projetée vers l'arrière. Mon
crane se fracasse contre la pierre, et je suis engloutie dans une
sombre inconscience.
Deuil
'Il m'a semblé entendre une voix crier : « Ne dormez plus ! Macbeth
assassine le sommeil… Glamis a assassiné le sommeil ; c'est
pourquoi Cawdor ne dormira plus, Macbeth ne dormira plus ! »' -
William Shakespeare, Macbeth
Chapitre 15 Deuil
Pense, pense.
sangsues,
polygonum,
Tais-toi, tais-Toi !
Mais si il le faisait ?
Non. NON. Je ne veux pas penser à ça.
Il ne le fera pas.
Il pourrait.
Non. Je le connais -
Fini.
Puis…
Un hurlement.
Mon hurlement.
Plus rien ne compte, oh mon Dieu, il l'a vraiment fait ! Je n'ai jamais,
jamais… Oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu mon Dieu !
Mes ongles me déchirent la peau alors que je passe mes mains sur
mes joues. Je dois me faire plus mal encore - je dois mettre mon
corps en pièce pour que la douleur intérieure s'estompe. Ils sont
morts ! Ils sont morts !
« Je veux que vous alliez jusqu'à ce balcon duquel vous m'avez tiré,
et que vous vous jetiez dans le vide. » Ma voix s'élève lentement
jusqu'à crier. « Je veux que vous mourriez, Lucius Malefoy ! Je veux
que vous souffriez tellement que vous souhaiteriez ne pas être né !
Je veux- »
Une gifle. Une claque. Une gifle. Une claque. Lui faire mal, mal mal
mal MAL !
Salaud.
Salaud.
SALAUD !
Non.
J'ai l'impression que ma vie est finie. Il n'y a plus rien, rien du tout à
part moi. Et tout ce que j'espère, c'est mourir.
Ou le voir mourir.
Son visage est illisible. Pas parce qu'il est vide, mais au contraire
parce qu'il est rempli d'émotions que je ne comprendrais jamais. «
Je ne vous ai jamais menti, Sang-de-Bourbe. » Sa voix est calme.
Intense. « Vous savez ce que je suis. Vous me connaissez depuis
que je vous ai capturé. Pas une fois je vous ai menti. J'ai tué vos
parents, mais je n'ai pas décidé de leur mort. Vous devez y croire. »
« Buvez ça. »
Rien.
Il me regarde fixement.
J'ouvre les yeux. Lucius est assis sur le bord du lit, me regardant. Sa
main est enveloppée dans la mienne, nos doigts emmêlés
ensemble.
Je garde les yeux sur lui. J'ai l'impression que je vais pleurer mais
même si je peux sentir mon nez me piquer sous les larmes, elles ne
veulent pas tomber. Je n'en ai plus une goutte. Je me sens comme
une bouteille vide.
S'en est assez. Je ne veux pas en entendre plus. Je ferme les yeux
pour chasser son visage. Le meurtrier de mes parents.
Ils n'ont rien dû sentir. Ils n'ont même pas eu conscience de ce qu'il
se passait.
La fin justifie les moyens, les moyens, les moyens m'ont détruits, ont
tué mes parents, comment pouvez-vous dire cela ?
Ses doigts se posent sur ma joue et je rouvre les yeux. Je lève les
yeux vers lui, me perdant dans le regard froid de l'assassin de mes
parents. Ses yeux remplis d'émotions, qu'il ne comprend peut être
même pas lui même .
Non. Je n'y vais pas. Je m'en fous, m'en fous, m'en fous. Au moins
ici, j'ai Ron…
Ron. Je vais me rattacher à lui. Il est tout ce que j'ai. Harry ne pourra
plus jamais me comprendre.
« Parce que vous ne voulez pas croire que vos parents sont morts
pour rien » il siffle, tout en gardant la main sur mon bras.
« Hermione ! »
« Vous avez dix minutes » j'entends Lucius dire d'une voix sèche, «
et je serai de retour. Si vous n'êtes pas prête à partir lorsque je
reviendrais, vous en paierez les conséquences. »
Pars… Pars…
Un petit 'pop'.
Merci mon Dieu.
Partis.
C'est insupportable.
« Es-tu sure qu'il l'a vraiment fait ? » demande Ron dans une
tentative désespérée. « Peut être qu'il a juste… je ne sais pas, voulu
jouer avec ton esprit. »
Ron jure entre ses dents et me tient fermement dans ses bras. Je
m'agrippe à lui, pleurant furieusement dans son épaule alors qu'il me
tapote le dos en douceur. Mais ça ne fait aucune différence. Il ne me
connait plus. Il ne peut plus me comprendre maintenant, personne
ne pourra plus jamais me comprendre.
« Ron » je murmure. Chaque mot est un effort. « Harry leur a dit qu'il
sera chez tes parents ce soir pour se rendre et pour qu'ils ne me tue
pas. Ils vont m'amener avec eux au Terrier, pour rappeler à Harry ce
qu'ils feront s'il ne se rend pas. Je les arrêterais si je le peux, je le
jure. Je ne laisserais pas Harry faire ça. »
Un petit bruit derrière nous se fait entendre. Trop tôt, toujours trop
tôt.
Qui ?
« Je suis là. »
Oh non, oh non ! Pas lui, pas maintenant, pas après tout ce qui s'est
passé !
Je tourne la tête pour jeter un œil derrière moi, et il est là. Debout
dans sa robe de Mangemort, sans masque car il n'a bien sur pas
besoin de me cacher son identité.
Chapitre 16 Conséquences
Je pense qu'il n'est pas encore prêt d'arriver. Vu leur façon d'être, ils
ne semblent pas encore se préparer à sa venue. L'ambiance est
presque détendue. Ils sont debout, à se parler tranquillement,
certains rient même parfois.
Ils rient.
Je ne pense pas que les Weasley soient là. Je ne les ai pas vu. Je
pense qu'ils ont seulement abandonné leur maison pour la nuit, peu
désireux de rester ici pour voir ce qu'il va se passer. Si on m'avait
donné le choix, je n'aurais pas voulu voir ce qui risquait de se
passer.
Je m'en fous, de toute façon. Il peut faire ce qu'il veut. Après tout ce
qu'il m'est arrivé, je n'en ai rien à faire de Drago Malefoy.
Mes yeux sont collés sur Lucius. Je regarde son petit sourire de
salopard. Je le regarde tranquillement rire à quelque chose que les
autres Mangemorts ont dit. Je le regarde alors qu'il tourne ses yeux
vers moi.
Mal.
Et il se trouve juste là. Il est assis et parle avec son ami, sans se
soucier de ce qu'il a fait.
Il a tout pris.
Je le hais.
Savaient-ils que je les aimais ? Leur ais-je dit la dernière fois que je
les ai vus ?
« Tu as enfin appris où est ta place, Granger ? Par Merlin, tu en as
mis du temps. »
« Mon père m'a dit que tu avais gardé ton insupportable arrogance
pendant ta captivité. »
Je repose mon regard sur Drago. Son visage pale est déformé par
une joie malveillante.
« Quoi qu'il ait fait de toi, je suis sur que tu le méritais » il murmure.
« Ca suffit ! »
« Tu- »
J'essaie de l'atteindre de mes bras mais les cordes sont bien trop
serrées. Je ne peux pas bouger sous le poids du fauteuil.
Drago nous fixe tour à tour, son regard vacillant entre moi et son
père et un léger froncement de sourcils apparaît une courte seconde
sur son front.
J'ignore s'il peut utiliser la Legilimencie aussi bien que son père. Je
suppose que non, car son froncement de sourcils disparaît presque
instantanément pour être remplacé par un petit sourire malicieux.
Drago me sourit tandis que son père fait de même. Le sourire des
Malefoy, des serpents envoutants mais d'une dangerosité extrême.
Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va
éclater à tout instant.
Mais bien sur qu'il va venir. Je suis stupide d'espérer l'inverse, n'est-
ce pas ?
Les yeux de Harry se posent sur les miens, et c'est alors qu'il
commence à perdre son calme. Son visage pâlit fortement sous la
lueur de sa baguette.
Je ne vais pas le laisser faire ça. Je ne vais pas laisser ces salauds
gagner !
« Mais je dois vous dire merci, Potter. » Lucius fait comme si aucun
de nous n'avait parlé. « Merci de vous être finalement fait une
raison. Vous rendez la tâche plus facile pour tout le monde.
Maintenant, si vous voulez bien donner votre main à Bellatrix, nous
pourrons faire disparaître les sorts anti transplanage pour qu'elle
puisse vous conduire au Seigneur des Ténèbres. Nous allons mettre
fin à tout ça, une bonne fois pour toute. »
« Expelliar- »
« Protego ! »
« Alors comme ça, ils ont fini par t'enrôler ? » dit-il d'une voix
moqueuse et furieuse. « Ils doivent vraiment être désespérés.
Savent-ils de quelle façon tu as lamentablement échoué dans tes
devoirs de Mangemort l'année dernière ? Ont-ils un si fort désir de
mourir, en laissant quelqu'un de si inutile que toi se battre à leur côté
?»
« Pas maintenant. »
Drago hésite une seconde comme s'il allait répondre, mais Bellatrix
place une main sur son autre bras et l'attire à nouveau dans l'ombre,
jetant un regard plein de ressentiment à Lucius, comme elle sait si
bien le faire. Drago se console en jetant à Harry un regard de pur
dégout alors qu'il suit sa tante.
Mais s'ils me laissent partir, Ron sera toujours entre leurs mains,
Harry mourra, je n'aurais nulle part où aller et… et…
Je lève les yeux vers Lucius, vers son visage pâle et pointu, et je
ressens un petit coup à l'estomac alors que je regarde dans ses
yeux. Il y a quelque chose dans ses yeux gris et froids, quelque
chose de difficile à cerner.
VA-T'EN !
S'en est assez. Lucius lâche mon bras comme s'il l'avait brulé.
Je suis libre. Encore une fois, je suis libre. Je n'aurai jamais, jamais
plus à faire face à ce salaud sans cœur…
« Potter- »
« MAINTENANT ! »
« Pars ! »
Ca y est.
« Impedimenta ! »
Cette voix…
C'est lui.
Il s'accroupit sur moi, son chuchotement est dur contre mon oreille.
Ou peut-être pas -
« Impedimenta ! »
Son poids disparaît sur moi, et je me retourne sur le dos pour le voir
voler dans les airs, loin de moi, loin, loin, avant qu'il ne s'écrase sur
le sol à quelques mètres de moi.
Nous nous redressons tous les deux sur nos pieds, brandissant nos
baguettes comme des armes, nous tournant autour. Ses yeux
scintillent et son visage se lève avec compréhension.
« Protego ! »
Il se moque de moi.
Hermione ?
Mais il n'y a rien qu'il puisse faire pour le changer maintenant. Plus
de Sang-de-Bourbe, plus de Moldue, pas même Miss Granger, mais
Hermione .
Ha !
« Stupefix ! »
« Endoloris ! »
Sa baguette. Elle est tombée de sa main. Elle est là, sur l'herbe…
A mes pieds.
Oh, et il y a de la peur dans ses yeux, n'est-ce pas ?
Je ressens une rage et une colère que je n'ai jamais connu, pulsant
dans mes veines comme de l'électricité. Sans réellement penser à
ce que je fais, je lève ma baguette…
« Endoloris ! »
C'est alors qu'il se met à hurler. Il se tord sur le sol, hurlant de
douleur, et je lève presque aussitôt mon sortilège, horrifiée par ce
que j'ai fait.
Ca y est. C'est le moment que j'ai toujours rêvé depuis qu'il m'a brisé
les doigts sous sa chaussure.
Je crie d'une pure agonie, sous le choc, parce que ça fait mal, ça fait
tellement mal et je peux sentir cette douleur en moi, oh mon Dieu,
comment est-ce arrivé ? Quand est-ce arrivé ?
« Œil pour œil » il murmure. « N'est-ce pas comme cela que l'on dit
chez les Moldus ? Après tout, j'ai une cicatrice identique à la votre,
et presque exactement à la même place sur mon épaule. C'est une
cicatrice que vous avez crée, vous vous souvenez ? »
Chapitre 17 Inimaginable
Je presse mes doigts contre la plaie béante dans mon épaule dans
le vain espoir d'arrêter le sang de couler, ce qui pourrait sauver ma
vie, ce qui pourrait atténuer ma souffrance.
Qui savait que le sang pouvait être si chaud ? C'est une autre chose
que j'ai appris, grâce à lui.
Il ne bouge pas.
Il ne parle pas.
Je lève les yeux vers lui, tout mon corps tendu par la douleur. Je
serre les lèvres, respirant durement par le nez, et il se moque de
moi, un sourire malicieux jouant avec ses lèvres. Il n'en a rien à
faire, il ne ressent rien. Il ne ressent rien qu'un humain normal
ressentirai.
Sans lever la tête vers lui, je me force à parler. « S'il vous plait…
aidez-moi, s'il vous plait… »
Je ressens une pression sur elle, qui me fait si mal que j'en ai envie
de vomir…
Je reconnais ce plafond.
Il me tend un petit gobelet rempli d'un liquide bleu foncé qu'il avait dû
préparer avant mon réveil. Vu son apparence, ça pourrait
correspondre à une potion de guérison combinée avec une potion de
reconstitution du sang, mais je ne suis pas sure…
Si, ça importe . Je ne veux pas avoir causé cette douleur à une autre
personne…
Non. Il n'est pas une personne . Je dois me rappeler ce qu'il m'a fait
subir.
« Mais lorsque l'Ordre est apparu, vous n'avez pas décidé de courir
après Harry, pourtant la personne que vous étiez sensé capturer en
premier lieu. Au lieu de cela, vous avez couru après une insignifiante
prisonnière Sang-de-Bourbe . Comment allez-vous lui expliquer cela
? Qu'allez-vous faire pour- »
Je déplace mes cheveux de sur mon cou, et laisse pendre mon bras
par dessus le lit, mes doigts tombant au creux du matelas, et
j'attends que le sommeil m'emporte à nouveau.
De haut… en bas.
C'est quelqu'un, je ne peux dire que ça. Ce sont des doigts sur mon
dos - je peux les sentir, même à travers mes vêtements.
Tout ce que je peux entendre est une respiration. Trop rapide, trop
lourde.
J'avale fortement, sans rien dire, mais je hoche la tête. Ce n'est pas
comme si je pouvais faire autre chose, n'est-ce pas ? Je n'ai pas le
choix.
« Bien » il murmure.
La situation entière n'est pas juste. Après tout, tout ce qu'il m'a fait,
comment peut-il… comment peut-il…
La chose la plus horrible, c'est que la situation ne me surprend pas
plus que ça, pas après tout ce qui s'est passé. C'est presque comme
si je l'avais attendu, comme si après tout ce qu'il a fait, c'était couru
d'avance, mais…. Mais…
Et tout ce que je peux espérer, c'est qu'il ne continue pas à aller plus
loin.
Mais…
Ses doigts continuent leur exploration, frôlant légèrement ma
poitrine. Si lentement que je les sens à peine à travers le tissu de ma
robe.
Je serre les lèvres. Je n'ai pas d'autre choix que de faire ce qu'il
demande.
Bien sur qu'il l'a ! Et même s'il ne l'avait pas… il pourrait me frapper
si je ne veux pas…
Ses doigts tracent des cercles sur ma poitrine, son pouce… oh mon
Dieu, son pouce coure doucement sur mon mamelon.
Son poids écrase mon souffle alors qu'il se penche entièrement sur
moi, s'approchant si près que je ne sais pas quoi faire. Je n'ai
jamais… je n'ai jamais rien fait de plus que d' embrasser un garçon,
et maintenant je dois… avec Lucius Malefoy, de toutes les
personnes…
Rien.
Quoi ?
Le miroir a dû se briser.
Une gifle.
S'il vous plait, stop ! S'il vous plait, s'il vous plait. « S'il vous plait,
arrêtez ! »
Un coup.
Il a perdu l'esprit.
Je suis jetée à terre et je griffe la pierre, essayant de ramper loin de
lui, mais il me roule sur le dos et…
« PLUS FORT ! »
Oh, ce n'est pas juste, ce n'est pas juste, je n'ai rien fait !
J'écoute donc.
A. Dépression sévère
B. Troubles de l'anxiété
C. Comportement obsessionnel
Chapitre 18 Triangle
Et mon esprit, mon âme… eux sont blessés par dessus tout.
Je lève les bras et les enroule autour de ma tête, voulant plus que
tout partir loin d'ici, mourir dans cette obscurité.
Je veux ma maman.
Des larmes se forment derrière mes paupières et je suis secouée de
sanglots silencieux, ravalant mes cris de peine qui menacent de
sortir de ma bouche. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction.
Peut être qu'il s'agissait encore d'un de ses jeux tordus. Ca ne serait
pas la première fois qu'il essaye de jouer avec mon esprit.
Mais… non. Si ça avait été un jeu, il n'aurait pas été aussi loin.
Enfin, non. Pas inimaginable. Je ne suis peut être pas très jolie et je
suis jeune, mais il a l'habitude d'avoir ce qu'il veut. Non pas qu'il me
veuille exactement, mais comme Bellatrix l'a dit, ça doit le rendre fou
de savoir qu'il y a une chose, pourtant à portée de main, qu'il ne peut
pas avoir parce qu'il ne peut pas se le permettre.
Mais depuis que je suis arrivée ici, j'ai appris à tout craindre.
Il m'a appris une fois que si on voulait se couper les veines, il était
plus efficace de couper verticalement et rapidement la veine, plutôt
que de la traverser. Lorsqu'il l'avait fait sur moi, je pensais que le
sang ne s'arrêterait jamais de couler.
Probablement pas.
Ron.
Je ne peux pas laisser Ron. Je ne peux pas lui faire ça. Il a besoin
de moi ici, et je ne peux pas le laisser maintenant.
Je ne vais pas être égoïste comme l'est Lucius.
Merde.
Je ne vais pas aller jusqu'à me tuer pour gagner contre lui. Il n'en
vaut pas la peine.
Tu es sure ?
Aussi mauvais que soient mes cauchemars, ils ne sont jamais pires
que ce qui m'arrive quand je suis réveillée.
Quelqu'un doit être venu ici, car ma coiffeuse est à nouveau debout,
et le miroir est totalement réparé, sans une seule fissure, reflétant
parfaitement la chambre. Quelqu'un, et je crois savoir de qui il s'agit,
a réparé les dégâts pendant que je dormais à proximité, tremblante
dans mon sommeil par des cauchemars qu'il a lui même causé.
Salaud. Croit-il vraiment qu'il peut effacer tout ce qu'il a fait de cette
manière ?
Mon âme est à moi, pas son jouet avec lequel il peut jouer.
Ce n'est ce qui semble être des heures plus tard, que quelqu'un
arrive à ma porte.
Par cette pensée, quelque chose étincelle dans mon esprit mais je
n'arrive pas à cerner ce que c'est.
« L'autre nuit, Potter n'est pas venu seul à la maison de tes parents
» dit tranquillement Dolohov en me souriant. « Il avait invité la moitié
de l'Ordre à venir à la fête. » Il s'approche de nous et commence à
me tourner autour. Ron observe chacun de ses mouvements, mais
je garde les yeux résolument fixés au sol. « Et lorsqu'on s'approchait
du but et que les Mangemorts ont commencé à se battre contre
l'Ordre, et alors que tous ceux loyaux envers le Seigneur des
Ténèbres savaient que notre priorité absolue était de capturer Potter,
qu'a fait Lucius ? »
« Hermione ? »
« Est-ce que c'est vrai ? » il demande, les yeux noirs de peur. « Est-
ce que c'est vrai que Malefoy a tout fait pour te re-capturer alors qu'il
avait l'ordre de capturer Harry ? »
Mon Dieu que je hais ces deux là. C'est quoi leur problème
exactement ? Pourquoi ne peuvent-ils tout simplement pas croire
qu'il ne se passe rien ?
Je voudrais mourir.
Est-ce qu'il m'a fait quelque chose ? Il m'a tout fait, et pourtant il ne
m'a rien fait. Quel genre de réponse puis-je donner à cette question
?
« Il n'a rien fait ! » je jure, Lucius m'ayant transformé une fois de plus
en menteuse. « Il ne tentera jamais rien. Je suis née Moldue, tu te
rappelles ? Sais-tu ce qu'il m'a dit hier soir ? Il m'a dit que j'étais
moins qu'un être humain. Tenterait-il quelque chose sur quelqu'un
qu'il considère comme ça ? »
Ron me tire dans une étreinte et je repose ma tête sur son épaule,
résolument déterminée à me débarrasser de mes larmes.
Il se gèle sur place lorsqu'il nous voit, lorsqu'il voit le bras de Ron
autour de ma taille et sa main sur ma joue. Son visage est comme
du granit : dur, de pierre, immobile.
« Et vous Weasley, vous allez venir avec moi. Vous n'auriez pas dû
être autorisé à venir jusqu'ici. » Je regarde les deux paires de pieds
bouger à travers la pièce, Lucius trainant Ron derrière lui. « Attendez
mon retour, Sang-de-Bourbe. Et si vous ne vous êtes pas levée à
mon retour… et bien, je suppose que vous savez ce que cela
entrainera. »
La porte s'ouvre.
La porte claque.
Peut être que s'il essaie de dire quelque chose, je pourrais évoquer
ce qu'il s'est passé la nuit dernière… mais non. Ce serait contre les
règles.
Quelles règles ?
La porte s'ouvre vivement. Il n'a pas été long à revenir cette fois.
« Oh, vous pensez que vous devez vous excuser pour votre
comportement avec Weasley ? » Il sort un rire moqueur. « Et bien
oui, je peux imaginer pourquoi vous tenez à vous excuser pour cela.
Vous savez ce que je pense du mélange entre un Sang Pur et une
Sang-de-Bourbe. Mais si vous pensez que vous devez être désolée
parce que la pensée de vous et lui me mettrais en colère, vous n'en
avez vraiment pas besoin. »
Il ricane alors qu'il déplace son visage plus près du mien. « Les…
charmes de Weasley ne sont rien comparé à l'emprise que j'ai sur
vous. Et vous le savez. C'est pathétique, risible même, dans la façon
dont vous m'avez volontairement permis de contrôler votre vie
entière. »
Je lève les yeux vers lui, et sors les seuls mots qui me viennent à
l'esprit.
Mais c'est faux ! Il fait comme si… j'aimais l'avoir dans ma vie, mais
c'est faux, c'est faux !
Oh non.
« Vous vous souvenez que mon fils a exprimé le désir de venir vous
rendre visite pendant votre séjour ici. »
J'ai le souffle coupé par l'horreur. Oh non, pas Drago, je ne peux pas
le supporter…
Il sourit. « Je pense que vous allez vous rendre compte que si. Mais
je ne suis pas sans compassion, Sang-de-Bourbe. »
Ils se tiennent tous les deux devant moi, habillés de leur habit noir,
un ricanement presque identique sur leur visage pale. Ils sont si
semblables dans un sens…
Mais bon… Ca fait bizarre de devoir faire face à Dieu sait quoi
venant de quelqu'un que je connais depuis que j'ai onze ans. Je me
souviens de Drago recevant par hibou ses paquets de bonbons, les
déballant avec jubilation à la table des Serpentards.
Ce n'est pas grave, parce que quoi qu'il arrive, c'est rassurant de
savoir que Drago vit dans l'ombre de son père. Il ne me fera jamais,
jamais aussi peur que son père, peu importe ce qu'il décide de faire
de moi aujourd'hui.
J'aimerais lever les yeux au ciel, mais mon regard vacille vers le
visage de Lucius pour m'apercevoir qu'il fait précisément ce geste.
Oh, pas à moi. Non, ça aurait dévoilé une sorte de… camaraderie.
Non, c'est juste pour lui même.
« Ne t'en fais pas » dit-il d'une voix trainante, le sourire si large qu'on
dirait qu'il va diviser son visage en deux. « Je t'accorderai une
pensée lorsque j'irai dehors sous le soleil, alors que tu es enfermée
dans l'obscurité. Je vais bien rire lorsque je le ferai, mais bon… C'est
l'intention qui compte, non ? »
Mon Dieu, ça doit vouloir dire que je suis ici depuis… un mois ?
Moins que ça peut être.
Est-ce important ?
Mais je ne crie pas. Je réussi à éviter cela. C'est une petite victoire
en quelque sorte.
Je roule des yeux, ignorant Drago, mais regardant son père avec
tant de haine dans les yeux que ça le tuerait instantanément si les
pensées pouvaient prendre une forme physique.
Peut être que je devrais lui dire tout ce que son père a fait la nuit
dernière. Ca effacerait le sourire moqueur du visage de Lucius, non
?
Lucius m'a pris au piège dans le silence, jouant à son petit jeu de
malade, et il n'a même pas eu à me menacer pour ça.
« Oh, mais je ne rêve que de cela, Drago, chaque nuit » je lui siffle,
perdant mon sang-froid. « Je fais des cauchemars au sujet de cette
magie dont tu parles, ton salopard de père a bien vu ce que ça- »
« Ne serait-ce pas gratifiant qu'elle ait aussi peur de toi que de moi ?
Ca n'est pas si difficile, tu sais. » Il me sourit sans pitié. « Elle peut
bien se vanter d'être une Gryffondor, mais elle ne peut pas
s'empêcher d'être lâche. »
Mon regard glisse sur Lucius, qui s'appuie contre le mur tout en
nous regardant, une expression insondable sur le visage, avant de
se retourner vers son fils.
Que Dieu me vienne en aide pour ce que je vais oser dire, mais je
ne peux pas le laisser se comporter comme si rien ne s'était passé,
comme si rien n'avait changé depuis le premier jour où il m'a
capturé, comme s'il était aussi indifférent à moi qu'il l'était à l'époque.
« Allez-vous vous excuser pour ce que vous avez fait la nuit dernière
? » je murmure.
Sa main me fouette le visage dans une des plus fortes gifles qu'il ne
m'a jamais donné. Ma tête part en arrière et je m'écroule au sol.
Lucius me regarde avec une haine intense, son visage hors de vue
de son fils, avant qu'il ne force son expression à redevenir calme.
« Je m'apprêtais à- »
« Mais elle ne peut pas aller très loin, de toute façon ! » dit Drago
d'un air boudeur.
« C'est sa façon de réagir qui me préoccupe. Elle a besoin
d'apprendre que c'est nous qui tirons les ficelles de cette petite
entrevue, et pas elle. »
Je lève les yeux vers leur visage ricanant, glissant mon regard de
Drago vers Lucius, qui me fixe pendant un moment avant de se
retourner vers son fils. J'aperçois la baguette de Drago et mes yeux
se brouillent sous le souvenir de la douleur.
Ils ricanent, bien que tous deux semblent cacher quelque chose
sous la surface de leur dédain.
Mon Dieu. Qui aurait cru que ce garçon désagréable que je connais
depuis que nous sommes enfants, serait capable de causer autant
de douleur. Presque autant que son père.
Il me regarde, maintenant.
Son visage se tend alors qu'il se retourne vers son fils. « Peut être
une fois de plus, Drago » dit-il froidement. « Juste une fois de plus
pour la punir de l'audace qu'elle a de nous demander d'être
cléments, surtout venant d'une Sang-de-Bourbe sans valeur. »
Non. Non !
J'utilise tout ce qu'il me reste comme force pour rouler sur le côté. La
lumière verte du sortilège Doloris me rate de quelques millimètres.
Je le hais. Je le hais !
Il y a une chose que je peux faire. Une chose que je peux utiliser
contre lui pour le faire arrêter. Je ne veux pas, je ne veux pas que
Drago le sache, mais je suis damnée si je le laisse continuer.
Drago sort un rire incrédule mais Lucius fronce les sourcils, ses yeux
étincelant d'avertissement.
Je lui dirai tout sur vous et sa tante. Et lorsque j'en aurai fini avec ça,
je lui dirai tout ce que vous avez fait la nuit dernière, une fois que
nous sommes rentrés…
Merde. Merde . Il peut utiliser Ron pour me faire faire n'importe quoi.
Bienvenue au club.
« Oh oui, tu ne voudrais pas que ta précieuse petite belette soit
blessée, n'est-ce pas ? » Drago ricane vers moi. « Au moins, vous
pouvez vous tenir compagnie pour passer le temps. »
« Père ? »
Je cligne des yeux, regardant Lucius qui ne répond pas à son fils,
qui se contente de se détourner de moi, les sourcils froncés.
Que se passe-t-il ?
Saigne ?
J'avale difficilement.
De l'inquiétude ?
Veut-il parler de magie sans baguette que certains font avant d'aller
à l'école ? Celle qui a fait gonfler comme un ballon la tante de Harry,
ou qui a fait rebondir Neville sur la pelouse de son jardin -
Je… Quoi ?
'Par Merlin, vous apprendrez votre place avant que j'en ai fini avec
vous.'
Je peux m'en souvenir. Les images, les sons, les pensées, tout
devient limpide.
"Que quand on les poussent', vous dites ?' Il se dirige vers moi,
lentement. 'Très bien, Sang-de-Bourbe, je vais passer un marché
avec vous.'
'Je vais essayer de vous 'pousser' pour que vous fassiez de la magie
sans baguette' dit-il calmement. 'Si une réaction magique se produit
en vous, je finirai certainement par être blessé, mais je vous donne
mon entière permission de le faire. Vous avez compris, Sang-de-
Bourbe ? Je suis tellement certain que vous serez incapable
d'utiliser la magie sans baguette, que je vous autorise à me blesser.'
'Vous n'êtes qu'une immondice !' Sa voix est dure de colère. 'Vous
n'êtes rien ! De quel droit vous permettez-vous de dire de telles
choses sur moi ?'
Je veux qu'il arrête, je veux que tout ça prenne fin, mais il ne s'arrête
pas, même si je le supplie de le faire…
'Vous êtes inutile. Une bonne à rien. Je n'ai pas besoin de vous
prouver à quel point vous êtes sans valeur. Si vous ne le savez pas
déjà, ça ne pourra pas vous aider.'
Et il me gifle à nouveau.
Il lève sa baguette.
Non !
'Oubliettes !'
De l'air me déchire les poumons alors que j'ouvre vivement les yeux
sans rien voir, car mon esprit est toujours inondé de ces souvenirs,
tout reprenant sa place, tout prenant un sens…
« Mais père- »
« Vous avez dit une fois, après avoir tué mes parents, que vous ne
m'aviez jamais menti » je dis tranquillement. « Mais vous l'avez fait,
Lucius. Vous m'avez pris la mémoire, et vous ne me l'avez jamais
dit. Vous m'avez menti chaque jour depuis que vous avez fait ça. »
Il me tire le visage pour lui faire face, m'approchant plus près de lui,
et il semble soudain n'y avoir plus d'air en moi. Ses yeux ont chassé
tout l'oxygène loin de moi.
Il éloigne ses doigts de mon visage, les serrant dans un poing alors
que sa bouche se serre en une fine ligne.
« Un jour, vous irez trop loin » dit-il tranquillement, me libérant de
son emprise, « et vous ne pouvez même pas imaginer quelle sera
ma réaction lorsque vous le ferez. »
Mon protecteur
'Épargne-toi du moins le tourment de la haine ; à défaut du pardon,
laisse venir l'oubli.' - Alfred de Musset, La nuit d'octobre
« Ca ne sert à rien, Ron. Ils ont mis des sorts de silence sur la porte-
»
Ils nous demandent pas mal de choses, à part la cuisine. Ils ne nous
font pas confiance pour côtoyer des couteaux.
Je serre les dents, frottant le chiffon humide sur une tâche imbibée
sur le sol. Je ne vais pas donner une excuse à Bellatrix pour qu'elle
puisse me punir à nouveau pour avoir mal nettoyé la pièce.
Ils semblent tenir une sorte de réunion dans la pièce à côté. Ron est
convaincu que s'il écoute assez bien à la porte, il pourra entendre
quelque chose qui pourrait nous aider à nous échapper, ou quelque
chose qui pourrait être utile pour l'Ordre si éventuellement nous
nous échappons. Parce que nous nous échapperons à la fin, dit-il,
ou si ce n'est pas le cas, l'Ordre viendra et nous sauvera.
Mon Dieu, rien qu'un petit changement de décor pourrait rendre les
choses plus faciles, rien qu'une minuscule distraction…
Il appuie son oreille plus fortement contre la porte, son visage crispé
sous la concentration. « Ouais ? »
« Hermione ? »
Un petit rire m'échappe alors que je lève les yeux vers lui, et il sourit
timidement.
Ron. Il est la chose qui me fait tenir. S'il n'était pas là, je pense que
j'aurais perdu la raison à partir du moment où Lucius m'a enfermé
dans la cave et m'a obligé à me traiter de Sang-de-Bourbe.
« Je suppose que s'ils t'ont fait aller là bas, c'est qu'il n'y avait pas de
risque d'évasion » je soupire.
Je hoche la tête.
« Ron ? »
« Ron, je voulais seulement dire que les choses entre Lucius et moi
pourraient être bien pires. Dolohov et Bellatrix te laissent tranquille,
alors il n'y a pas lieu de chercher les ennuis avec eux. Si je
demande à Lucius, il me punira peut être, mais au moins les choses
seront- »
Un bruit de pas.
Drago entre dans la pièce, un petit sourire malicieux sur les lèvres.
Mon estomac s'affaisse jusqu'aux orteils. Mais que veut-il bon sang
?
Ron ne soulève pas ses yeux du sol, mais son visage est cramoisi. «
Va te faire foutre, Malefoy. »
Ron lève la tête pour répondre mais je lui agrippe le bras, enfonçant
mes doigts comme un avertissement. Il serre fortement les lèvres et
retourne au lavage du sol.
Bingo.
« Ron, NON ! »
« Ron, arrête ! »
Lucius déplace son regard sur chacun de nous trois, ses lèvres
grimaçant d'exaspération. « Aidez-moi avec ces deux idiots, voulez-
vous ? »
« Silencio ! »
« Je te demande pardon ? »
Ces yeux sont sans fond. Ils sont la fenêtre vers son vrai soi. Il
réussi toujours à être si calme, dans toutes les circonstances. Ces
yeux froids et sans fond sont les seules choses qui m'ont vraiment
permis de savoir ce qu'il pense vraiment. Je ne les trouverais jamais
plus vides et blancs comme je les trouvais avant.
Il serre fortement les lèvres et amène le couteau vers mon bras. Son
visage reste totalement immobile alors que je murmure un minuscule
petit mot.
« S'il vous plait. »
J'enfile une robe blanche sans manche. C'est avec ce vêtement que
je dors depuis plusieurs nuits.
Il rit sans aucune gaieté, le visage tordu et dur alors qu'il balaye son
regard sur moi.
« Lucius ! LUCIUS ! »
« C'était vous ? »
« Impedimenta ! »
Je ne sais pas si j'ai jamais aperçu Lucius aussi en colère qu'il paraît
maintenant. Jamais. Son visage est crispé d'une si vive fureur qu'il
ressemble à peine à un humain.
« Qu'a-t-il fait ? » il demande d'une voix rauque. « Que vous a-t-il fait
?»
Je saute du sol et me rue vers l'avant, jetant mes bras autour du cou
de Dolohov, utilisant l'ensemble de mon poids et toutes mes forces
pour le tirer vers l'arrière, pour l'éloigner de Lucius. Il lutte, se
débattant fortement, bougeant son corps, mais je me débrouille pour
tenir bon, mon corps balloté de tous côtés, mais je ne peux pas le
laisser, je ne peux pas le laisser gagner, je ne peux pas je ne peux
pas je ne peux pas…
« Avada kedavra ! »
Toujours en vie.
Il est mort.
Oh mon Dieu.
Oh mon Dieu !
Il jette sa main sur mon visage dans une autre gifle avant de me
saisir par les épaules, me tenant face à lui tout en me secouant. Son
visage est blanc et dur de fureur et la même terreur que je sens
pulser dans mes veines se lit dans ses yeux.
« Vous ne l'avez pas tué, c'est moi qui l'ai fait ! » il murmure. « Et
c'était son entière faute. Il n'aurait pas dû venir ici ce soir. Il savait
que c'était interdit. »
C'est de l'auto défense. Et puis, ce n'est pas toi qui a lancé le sort.
Non !
Je pensais que tu avais dit une fois que ton plus grand souhait était
de le voir mourir.
Mais le fait qu'il ait maintenant les yeux fermés ne modifie pas le fait
que je l'ai tué. Lucius et moi l'avons tué ensemble.
Ne vous sentez-vous pas un peu mal après ce que nous avons fait ?
S'il vous plait, dites-moi que je ne vous ai pas aidé à faire ça. S'il
vous plait, dites-moi que je ne suis pas un tueur.
S'il vous plait, serrez-moi dans vos bras. Serrez-moi et dites moi que
tout va bien se passer.
« Qu'allons-nous faire ? » est la seule chose que je finis par lui dire.
« Faire, Sang-de-Bourbe ? »
« Non » dit-il tranquillement, je pense plus pour lui même que pour
moi. « Non. Dire au Seigneur des Ténèbres que j'ai tué Antonin pour
une petite crasse de Moldue, serait un acte de folie extrême. »
Quelle importance ?
Voir la peur sur son visage n'est pas quelque chose à laquelle je suis
habituée, surtout à un tel degré. Il paraît presque être un être
humain normal.
Il lève les yeux vers moi alors que je capte son regard, et il me sourit
horriblement.
« Ne vous avisez pas de faire croire que vous savez quelque chose
sur moi » marmonne-t-il brutalement.
Mon esprit se brouille tandis que ses doigts resserrent leur emprise.
Dieu, aidez-moi.
« Quoi ? » je murmure.
J'ai saigné pour lui, j'ai menti pour lui, j'ai tué pour lui.
« Locomotor Mortis ! »
Il se tourne. « Vous devez savoir plus que tout autre à quel point un
sort d'Oubliettes peut être utile. »
Je fronce les sourcils vers lui. « Vous effaceriez la mémoire de votre
propre fils ? »
Je lève les yeux vers lui. Il ne bouge pas son regard du mien.
J'avale. « Quoi ? »
« Je veux que vous pensiez très fort à ce qu'il s'est passé ce soir »
marmonne-t-il, son visage tout près du mien alors qu'il apporte sa
baguette sur ma tempe. La pointe est froide lorsqu'elle touche ma
peau. « Je veux que ce souvenir remplisse votre esprit. »
Notre secret ?
Oh mon Dieu.
Donc, ça y est.
Je suppose que ce qu'il dit est logique. Sinon, pourquoi aurait-il mis
tous ces souvenirs de moi dans sa pensine…
« C'était lui, vous savez » je murmure. « C'est lui qui a mis votre
Pensine dans ma chambre. »
« Parce qu'il me l'a dit. Ce soir. Donc vous voyez, je ne vous ai pas
volé, j'ai passé mon temps à vous le dire. »
Du verre et de la glace.
De la chair.
Si chaude, si humaine .
« Je… »
Je ne sais pas quoi dire.
Ses ongles s'enfoncent dans mon poignet, alors que ses yeux froids
parcourent mon visage, l'étudiant. La colère s'éteint lentement,
remplacée par une intense concentration qui délie ses traits. Il
observe toujours mon visage, le regardant comme s'il détenait tous
les secrets qu'il a toujours voulu savoir.
Je veux qu'il arrête. Je ne veux pas qu'il joue à ce genre de jeu avec
moi, ce n'est pas juste. Pas après ce qu'il s'est passé ce soir, pas
après ce à quoi il vient justement de me sauver…
Non. Il s'agissait d'un jeu au tout début, je le sais. Mais c'est un jeu
qu'il a peut être commencé à perdre.
Sa main descend plus bas, plus bas, ses doigts frôlant légèrement
ma poitrine. Ma robe pourrait tout aussi bien ne pas être là, parce
que je peux sentir ses doigts comme s'ils me touchaient à même la
peau.
Sa main glisse vers le bas, toujours plus loin, caressant mon ventre,
et descendant encore, plus bas.
Mais…
Mais il s'éloigne.
J'ouvre les yeux pour chercher les siens, et je m'aperçois qu'ils sont
assombris et brumeux.
Chapitre 22 Crois-moi
Tout est flou. C'est comme si j'étais entouré d'une brume opaque.
Rien n'est clair. Rien n'a de sens.
Voilà.
De confiance.
« Il est mort. Vous ne devriez pas vous moquer de quelqu'un qui est
mort. »
Vraiment ?
Non, bien sur que je n'ai pas oublié. J'y pense chaque jour.
« Je pense que ça sera Avery » dit-il d'un ton neutre. « C'est un vieil
ami à moi. Vous pouvez lui trouver un caractère moins coloré
qu'Antonin, mais il est fastidieux dans son travail. Calme mais
appliqué. »
« Et Drago ? » je demande.
Le monde entier semble figé pendant un long moment alors que Ron
réfléchi à ma réponse. Finalement, il soupire et se remet à astiquer
son chandelier.
J'expulse mon souffle. « Bon Dieu » est tout ce que j'arrive à dire. «
Ca signifie que nous sommes ici depuis… des mois. »
« Hermione ? »
Je fonds en larmes.
Peut être que ça sera plus simple de ne plus parler du tout si j'y
arrive, comme ça il n'y aura pas de risque de dire quelque chose
qu'il ne faut pas.
« Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! »
Des formes floues dansent devant mes yeux. Je cligne des yeux
encore et encore et elles deviennent plus nettes.
Un long silence s'installe alors que nous nous regardons l'un l'autre.
Je lève les yeux vers Lucius. Son visage est tendu, rigide alors qu'il
me regarde.
Je… Oh mon Dieu, j'aimerai qu'il puisse venir avec moi. Que va-t-il
arriver si Voldemort apprend ce que nous avons fait ?
Des doigts effleurent très légèrement les miens durant une fraction
de seconde. Je lève les yeux pour apercevoir Lucius près de moi, le
visage pâle.
« Laisse-nous. »
Non pas que je lui fais confiance pour m' aider bien sur, mais il ne
laissera pas Voldemort savoir ce qu'il a fait à Dolohov, non ?
« C'est assez. »
Je dois lui répondre. Il s'y attend certainement s'il pense que j'ai
avalé du Veritaserum.
Je prends une grande respiration. Il veut une réponse à ça, j'en suis
sure.
« Non. Jamais. »
« Donc, nous sommes d'accord sur le fait que ça ne peut pas être le
garçon Weasley » dit Voldemort, son front blanc plissé de
concentration. « C'est trop risqué. Sa maison sera protégée par la
magie et le mariage de son frère fera que la plupart des membres de
l'Ordre seront présents. Nous n'avons pas à risquer de perdre des
Mangemorts pour un plan qui fonctionnera tout aussi bien avec la
Sang-de-Bourbe Granger. »
Il s'arrête un instant, balayant du regard le cercle des Mangemorts.
Lucius semble presque s'ennuyer. Drago cependant, semble excité,
ses joues pâles brillant d'une joie malicieuse face à ma future
capture.
Les yeux de Lucius glissent vers ceux de son fils, dont la bouche
s'ouvre légèrement comme s'il voulait parler, mais il la referme
rapidement, le visage devenant légèrement rose. Voldemort s'en
aperçoit et un petit sourire apparaît sur ses lèvres.
Voldemort rit, de plus bon cœur que ne l'a fait Lucius. « Alors elle n'a
même pas une petite qualité pour elle ? »
« Bien » dit Voldemort. « Mais ne t'arrête pas tant que tu n'as pas
obtenu toutes les informations, Lucius. »
Mais je suis là, cette fois. Je veux dire que mon souvenir est là. Et je
berce Ron dans mes bras alors qu'il git au sol, au milieu d'un cercle
de Mangemorts.
Ron a les yeux rivés sur Lucius, son visage meurtri et sanglant
rempli de colère.
« S'il y a quelqu'un qui doit punir son insolence, ça doit être moi,
Lucius. » La voix de Voldemort est légèrement teintée de reproche.
Voldemort est assis dans son trône avec une expression préoccupée
sur le visage et… oh mon Dieu, mon estomac se retourne. Dolohov
se tient debout près de lui, murmurant dans une voix rapide.
« Il passe tout son temps avec elle. Chaque instant. Je vous le dis, il
se passe quelque chose là bas. Il a terminé son interrogatoire depuis
des jours, et pourtant il insiste toujours pour passer tout son temps
libre avec elle. Il affirme qu'il essaye de lui enseigner une certaine
humilité, mais- »
« J'entends ce que tu me dis, Antonin mais je crains de ne pouvoir te
croire » Voldemort dit calmement. « Je ne pourrais pas croire une
chose pareille concernant Lucius. Son dévouement à la cause des
Sang Purs est ma principale raison de m'assurer de sa loyauté. »
Et Lucius me porte dans ses bras, et… Jesus, j'ai une mine
absolument horrible. Je suis couverte de sang, d'ecchymoses et de
brulures. Mes cheveux sont collés par le sang, et mes yeux ne sont
plus que deux fentes violettes. Mon bras brulé entoure le cou de
Lucius alors qu'il me berce dans ses bras.
Voldemort se tourne vers lui avec un regard qui pourrait faire geler
de la lave. « Bien sur que ce n'est pas ma faute. Ses sentiments
pour ses amis semblent ne pas être aussi profonds que je le
pensais. Il ne semble pas se soucier qu'elle vive ou non. »
Lucius regarde comme s'il était sur le point de dire quelque chose à
Voldemort, mais il semble se raviser. Il s'incline devant son maitre,
puis se tourne pour quitter la salle.
Nous sommes encore dans la même salle, mais les choses ont
changé. Voldemort est furieux. Son visage immonde est
grotesquement tordu de colère alors qu'il pointe sa baguette vers la
masse sombre qui se tord sur le sol.
« DESOLE, LUCIUS ? » crie Voldemort, envoyant un nouveau jet de
lumière verte vers le paquet noir. « DESOLE ? TU OSES VENIR ME
VOIR AVEC TES EXCUSES PATHETIQUES ? TU OSES M'OFFRIR
DE BANALES EXCUSES LORSQUE TU AS LAISSE POTTER
S'ECHAPPER AFIN QUE TU PUISSES EMPECHER L'EVASION
D'UNE SANG-DE-BOURBE SANS VALEUR ? DESOLE ? ETRE
DESOLE NE SUFFIT PAS ! »
N'est-ce pas ?
Pas vraiment.
« Non, tu m'as mal compris. Ce que je voulais dire, c'est : est-ce que
tu as peur de lui en tant qu'homme ? »
Il pense que j'ai pris du Veritaserum. Je dois lui donner une réponse.
Mais je ne vais pas lui donner la réponse à laquelle je pense. Si je
devais lui dire ce qu'est ma plus grande peur, il saurait alors tout ce
qu'il voulait savoir concernant moi et Lucius.
J'avale. Ma gorge est sèche par la peur alors que je marche sur un
terrain dangereux. « Je suppose que non. »
Je hoche la tête vers lui et je fais un pas vers Lucius, les jambes
tremblantes. Mes genoux cèdent presque sous le soulagement
lorsque la porte se referme derrière moi.
Mais il semblerait que ça soit vrai. Voilà comment ils ponctuent leur
vie. Ils assassinent et torturent le jour, et certains soirs ils aiment se
retrouver autour d'un agréable repas.
Mais bon, je ne suis plus non plus la fille qu'il a connue. Je ne suis
plus la jeune fille dont l'Epouvantard se transformait en McGonnagall
pour lui annoncer qu'elle avait échoué à ses examens. Je ne sais
pas trop en quoi se transformerai l'Epouvantard maintenant, et je ne
veux pas le savoir. J'ai appris à avoir peur de tout aujourd'hui, même
de mon ombre.
C'est peut être sa première nuit ici. Peut être que ce diner est
organisé pour fêter son arrivée.
Narcissa Malefoy.
J'avale durement alors que je la regarde, assise entre son fils et son
mari. Je peux voir du coin de l'œil que Lucius me regarde aussi,
mais pendant un moment je ne regarde qu'elle.
Elle est si… belle. Si pale avec ses cheveux aussi blonds que ceux
de son mari, et les yeux tout aussi froids.
Vraiment ?
Un long silence se répand dans la salle, avant que Ron ne lève ses
bras et balance la cruche de vin contre le mur près de lui. Elle se
brise en mille morceaux, et le vin qu'elle détenait coule comme du
sang le long du mur de pierre.
« Je ne suis pas votre esclave ! » Son visage est écarlate alors qu'il
crie sur une Bellatrix stupéfaite et pleine d'une fureur pure. « Nous
ne sommes pas vos esclaves, espèce de salope ! Servez vous
même votre vin ! »
Avery ne lui sourit pas comme Lucius l'aurait fait pour lui avoir donné
une excuse de le blesser. Non, Avery se contente de le regarder de
haut, l'observant. Il a l'air d'être un homme qui ne laisse rien passer,
observateur sous tous les angles.
« Je sais que vous ne pouvez pas être blessé, mon garçon » dit-il
calmement. « Mais votre amie le peut, n'est-ce pas ? Ou bien
considérez-vous que votre fierté soit plus importante que votre
amour pour elle ? »
Mes joues brulent mais je ne le regarde pas. Je peux sentir ses yeux
sur moi, me brulant. La cruche tremble dans ma main, mais le vin
coule miraculeusement dans le gobelet. Mon cœur bat furieusement
contre mes côtes, les blessant, les cassant.
J'ose un regard vers lui, juste une seconde. Ses yeux froids sont
posés sur moi.
Je lève les yeux vers lui, ne sachant pas vraiment quoi dire. Je
hoche la tête.
Je regarde le vin. Qui s'en rendrait compte si j'en buvais une petite
gorgée ? Peut être que ça endormirai la douleur. N'est-ce pas pour
cette raison que les alcooliques boivent ?
Lucius lève les yeux au ciel. « Oui, toi. Maintenant. » Il lui remet la
petit clé pour se téléporter. Drago la prend avidement et se lève de
sa chaise, marchant vers moi. Il me saisit le bras et tourne la clé.
« La chambre Ouest. »
« Oh, je ne suis plus une enfant, Drago » je murmure. « Ton père l'a
très bien vu. »
Tais -toi !
Dans ce cas, il n'y a qu'une seule et unique chose que je veux faire
maintenant. Ca pourrait s'apparenter à du sadisme, mais pourquoi
n'irais-je pas lui rendre visite ? Après tout, il me rend visite souvent
lui !
Je secoue la tête. Je ne suis pas assez stupide pour lui dire à quel
point il est prétentieux.
Quelque chose de dur apparaît dans ses yeux, mais il ne dit rien,
pas encore. Et donc, je continue de le pousser. Je dois le dire. J'ai
besoin de savoir.
« N'osez pas insinuer que je n'en suis pas capable ! » il siffle. « Que
m'importe que vous soyez vivante ou morte ? Vous n'êtes rien
d'autre qu'une abomination ! »
Je regarde dans ses yeux. Ils sont comme deux lacs gelés. Si vous
regardez au delà de leur surface froide et congelée, vous pouvez
apercevoir les sombres profondeurs de l'eau se mouvoir juste en
dessous.
Je ne veux pas ébrécher la surface de cette glace. Si je le faisais, je
tomberais et me noierais, je le sais.
Comment j'ai pu… comment ais-je pu lui dire tout ça ? Qu'est-ce que
j'espérais obtenir ?
« Granger ? »
Oh non.
Mon Dieu, est-ce que j'ai vr aiment… Comment ais-je pu lui dire ça ?
Qu'est-ce qui m'a pris, bon sang ?
« Le garçon m'a dit que vous étiez parfois autorisés à vous rendre
mutuellement visite » demande Avery, me regardant calmement. «
Est-ce exact ? »
Sa voix est plus aigue que celle de Lucius. C'est comme un
chuchotement léger. Cette voix semble appartenir à quelqu'un de
bien plus jeune que ne semble l'être Avery.
« Endoloris ! »
Je lève les yeux pour voir Avery se retourner pour quitter la pièce.
« Je vous l'ai dit Weasley, je n'hésiterai pas à punir votre amie pour
vos transgressions. » Alors qu'il atteint la porte, il retourne à
nouveau son visage parfaitement serein vers nous. « Mais je ne vois
aucun mal à vous laisser quelques minutes en tête à tête. »
Il s'arrête, ses yeux froids et vides reposant sur moi et Ron.
Il hoche la tête, ses lèvres s'étirant dans une fine ligne. « Alors je
veux que tu arrêtes de me traiter comme tel. » Il me regarde
directement dans les yeux. « Qu'est-ce qu'il se passe entre toi et
Lucius Malefoy ? »
« Je ne- »
« Je t'ai vu ! » dit-il, sa voix montant dans les aigus. « Chaque fois
que nous sommes dans la même pièce que lui, tu passes la moitié
du temps à le regarder, et lorsque tu ne le fais pas, c'est lui qui te
regarde. Qu'est-ce qu'il se passe ? Dis-moi la vérité ! »
Ron hoche la tête, ses yeux brillant d'émotions. « J'ai juré à partir de
cet instant que je te protégerais, que je ne laisserai jamais quelque
chose d'aussi horrible t'arriver de nouveau. »
C'est parfait.
« Endoloris ! »
« S'il vous plait, s'il vous plait, je vous en supplie ! S'IL VOUS PLAIT
!»
Mais il n'écoute pas. Il a les yeux fixés sur Ron avec une rage et une
haine quasi inhumaines. Primitives. Ses yeux s'illuminent face aux
cris et aux lamentations de Ron.
« Pourquoi, quoi ? »
Il ouvre la bouche comme s'il allait dire quelque chose, mais c'est
alors qu'il se rapproche. Il me regarde comme s'il était sur le point de
craquer.
Il se rapproche plus encore de moi. « Après tout ce que j'ai fais pour
vous, j'aurai tendance à dire que ça me concerne entièrement »
marmonne-t-il de façon venimeuse.
« Après tout ce que vous avez fait pour moi ? » je demande, ma voix
devenant hystérique. « Oh oui, parce que je vous dois beaucoup,
n'est-ce pas ? Vous souvenez-vous lorsque vous m'avez brisé les
doigts pour ensuite me les écraser sous votre botte ? Vous
souvenez-vous m'avoir lancé un Imperium pour m'obliger à couper le
pouce de mon meilleur ami ? Vous souvenez-vous d'avoir assassiné
mes parents, Lucius, vous en souvenez-vous ? »
« Donc, c'est pour ça que vous avez perdu votre sang-froid lorsque
vous m'avez vu avec Ron tout à l'heure ? » je demande calmement.
« Dites-moi, est-ce que vous arrivez vraiment à vous convaincre
vous même de toutes ces excuses que vous me donnez par rapport
à votre comportement envers moi ? »
« Est-ce pour cela que je me suis réveillée une nuit avec vos doigts
me caressant le dos ? » Ma voix est hystérique. Je veux lui faire mal.
Je veux le faire saigner, crier et pleurer. « Est-ce pour cela que vous
m'avez embrassé après que nous ayons tué ensemble Dolohov ?
Ne me dites pas que je ne connais rien de vous, car je ne vous crois
plus ! Ca vous tue de ne pas m'avoir, Lucius. Vous le savez très
bien. Pourquoi n'arrêtez-vous pas de vous comporter comme un
lâche en essayant de me repousser ? Qu'est-ce qui vous empêche
de prendre ce que vous voulez, en dehors de mon sang immonde ?
»
Il baisse son regard sur moi, la respiration dure. Sa haine pour moi
est palpable.
Et il le sait.
« Entre, Drago. »
Et seulement pour rendre les choses dix fois pires, Drago suit sa
tante dans la pièce. Mais contrairement à elle, il ne me sourit pas. Il
me regarde comme si j'étais la chose la plus méprisable et
répugnante qu'il ait eu l'occasion de voir.
Ce n'est bien sur pas nouveau venant de lui, mais je n'ai encore
jamais vu autant de haine froide sur son visage.
« Elle espérait peut être que nous allions oublier ce que nous avons
vu » elle murmure. « Mais nous n'avons pas oublié, n'est-ce pas
Drago ? »
Tata ?
Jesus Christ.
« Collaporta ! »
Ils sont tous les deux tournés vers moi, et je peux tout à coup voir la
ressemblance familiale entre ces deux là. J'ai toujours pensé que
Drago ressemblait à son père, mais maintenant je peux voir qu'il
ressemble beaucoup plus au côté familial de sa mère.
Il y a un long silence avant que Bellatrix ne pointe sa baguette sur
moi.
« Endoloris ! »
Je vais mourir. Ils vont me tuer pour ce qu'ils ont vu. Drago pense
que son père couche avec une Sang-de-Bourbe, et Bellatrix pense
qu'une Sang-de-Bourbe a éloigné Lucius d'elle. Et Dieu seul sait ce
qu'ils vont me faire avant de me tuer.
Peut être qu'elle va me torturer jusqu'à la folie comme elle l'a fait
avec les parents de Neville. Peut être que je vais perdre l'esprit et
Lucius se retrouvera à devoir s'occuper d'un légume.
« Elle est très intelligente, tata. Et elle n'est pas si mal à regarder- »
Je sens les larmes arriver dans mes yeux mais je ne les laisse pas
tomber. Je les laisse s'accumuler dans mes yeux comme un barrage
et je serre étroitement les lèvres pour garder en moi les sanglots de
tristesse qui menacent d'exploser.
Bellatrix a les yeux fixés sur moi, ses yeux noirs luisant de façon
démente. Elle a un petit filet de salive qui coule sur son menton.
Son visage se tord une seconde mais elle garde son regard fixé sur
Drago.
Elle donne un petit coup de baguette dans les airs, faisant apparaître
un couteau argenté dans ses mains. Son visage s'étire dans un
sourire malicieux alors qu'elle s'approche de moi, tenant le couteau
dans sa main ferme, comme si c'était un cadeau pour moi.
« Tu viens de faire une grosse erreur, Sang-de-Bourbe » elle
murmure, sa voix se déversant comme du venin. « Avec ce
malicieux petit mensonge, tu viens de te condamner toi même. »
« Nox ! »
Mes yeux piquent, mais je les essuie dans l'obscurité. Je ne sais pas
où elle est, ou ce qu'elle fait avec cette saloperie de couteau… Oh
mon Dieu, qu'est-ce que je vais faire ? »
« Arrête-la ! »
Son emprise sur mes cheveux se desserre mais je sens une main
me gifler le visage. Mais ça ne vient pas de lui. Je le sais.
Un mouvement brusque.
Puis la douleur me brule les poignets, si soudainement que je la
sens à peine au début, jusqu'à ce qu'elle m'inonde. Je crie et elle
laisse aller mes poignets.
« Je n'ai rien fait » elle chuchote. « Est-ce que tu t'es fait mal ? Hmm
?»
« S'il vous plait ! » je crie alors que son rire de démente perce
l'obscurité. « S'il vous plait, arrêtez ! Pourquoi me faites-vous ça ? »
« Lumos ! »
Son visage est blanc de fureur alors que ses yeux errent autour de
la pièce, se posant sur Bellatrix dont le visage est plissé de triomphe
et de rage, et sur Drago qui tremble littéralement de terreur…
« Aidez-moi. »
Elle baisse le regard vers lui avec un air de défi, le visage blanc.
C'est alors qu'elle se met à crier. J'essaie tant bien que mal d'ouvrir
les yeux, pour voir ce qu'il se passe, mais tout est sombre, tout.
Elle lâche son bras et je peux voir vaguement qu'il pointe toujours sa
baguette sur moi, prenant sans aucun doute sa décision. Décidant
de se débarrasser ou non de son fardeau que je représente.
Je regarde vaguement vers lui, mais je ne peux pas voir son visage.
Mais voudrais-je voir son visage s'il me lance le sortilège qui me
tuera ?
« Collaporta ! »
Il y a un long silence avant que des pas ne traversent la pièce, se
rapprochant de moi, et je sens quelqu'un s'accroupir près de moi.
« Sang-de-Bourbe ? »
Il veut que je vive. Malgré tout ce qui est arrivé, il veut que je vive…
Il me serre encore plus contre lui. Je peux le sentir tout contre moi.
Je peux sentir son odeur. J'essaye de tenir, mais je ne peux pas,
tout est si sombre.
Il me berce contre lui, ma tête reposant dans son cou. Ses bras
tremblent autour de moi alors qu'ils s'accrochent à moi.
Hermione…
Hermione.
Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit:
'Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que
vous ne mouriez.' »
Chapitre 26 La chute
La jeune fille rit, rit… Le garçon rit également mais pourquoi courent-
ils si vite, je ne peux pas les voir…
Je peux presque les voir - Je peux voir la jeune fille, ses longs
cheveux roux ondulant derrière elle, mais je ne peux pas voir les
autres -
« Mmm » est tout ce que j'arrive à dire, et même cela est un effort.
Mes yeux s'ouvrent lentement. Elles se posent sur le petit orbe doré.
Je cligne. La petite flamme d'une bougie. La bougie de ma table de
chevet.
« Sang-de-Bourbe ? »
Mon lit. Et il est assis sur son bord, sa main enlacée dans la mienne,
ses yeux refusant de quitter mon visage, même pour un instant.
« Lucius » je murmure.
Que puis-je lui dire ? Comment puis-je mettre des mots sur le flot de
pensées qui submergent mon esprit ? Comment puis-je exprimer
tout ce que je pense de lui à cet instant précis ?
J'ai pensé que j'allais mourir la nuit dernière. Alors que je restais
piégée dans l'obscurité, nageant dans mon propre sang, j'ai
vraiment, vraiment pensé que c'était la fin. Mais ensuite, il a répondu
à mes prières et est venu pour moi, et m'a arraché de nouveau aux
mains de la mort.
Et puis… il m'a serré dans ses bras. Il m'a serré dans ses bras alors
qu'il pensait que j'allais mourir, me suppliant de tenir le coup, et
lorsque je lui ai demandé pourquoi, pourquoi il voulait que je vive…
Je suis assise sur le bord de mon lit, immobile, les jointures de mes
mains blanches tandis que j'agrippe le matelas de chaque côté de
mon corps.
Et je suis pale. Bon, j'ai toujours été assez pale, mais mes joues
étaient toujours rosées. Plus maintenant, cependant. Maintenant, ma
peau est aussi incolore que la robe blanche que je porte. Je
ressemble à un fantôme, le fantôme d'une fille congelée.
Une poigne se pose sur mon épaule. Mon reflet me montre des
doigts pales y reposant. Peau contre peau.
Mais qui suis-je pour lui refuser ce qu'il veut, après tout ce qu'il a fait
pour moi ?
Je me lève de ma chaise.
Il lève les yeux vers moi, ce froncement ne quittant pas son visage.
« Sauve ? » je souffle.
Il est trop près, faisant disparaître tout l'air autour de moi, me privant
d'oxygène, m'obligeant à arrêter de penser et de respirer.
Il tend sa main vers moi, repoussant une mèche de cheveux derrière
mon oreille. Je dois me forcer pour ne pas frissonner.
Il déplace son visage plus près du mien, ses yeux mi-clos, et une
voix dans ma tête me hurle stop stop stop, mais je ne peux dire ça,
je ne peux pas.
Je ne sais pas s'il serait possible que nous soyons tous les deux
plus différents l'un de l'autre. Je n'ai jamais rêvé d'exhiber ma
richesse comme cela, tout comme je n'ai jamais eu l'idée de torturer
des gens pour atteindre mon but, ou de tuer des gens innocents, ou
de haïr certaines personnes simplement pour ce qu'elles sont.
La douleur traverse mon corps, brulant mes veines, mes os, mes
muscles. Ca fait mal, comme rien d'autre sur terre, un démon de feu
me déchire de l'intérieur, déchiquetant mes nerfs alors qu'il me
regarde toujours, ses yeux gris me tirant à travers les murs de
flammes et de poison -
Une poigne sur mon épaule me fait me retourner sur le dos avant
qu'elle ne s'enroule autour de ma gorge, m'approchant à nouveau le
visage plus près du sien. Je peux voir chaque détail de son visage
pale et cruel. Ses yeux sont immenses et sombres alors qu'ils me
fixent sans aucune pitié.
Mais qui peut dire avec certitude que toute cette haine et ce dégout
soient uniquement dirigés vers moi ?
Rien ne peut jamais avoir de sens avec lui, car c'est encore
tellement compliqué et horrible, et mon Dieu, j'aimerai tellement qu'il
se contente simplement de me haïr à nouveau. J'aimerai revenir au
moment où il m'a capturé. Lorsqu'il me voyait simplement comme
l'inutile et irritante Sang-de-Bourbe dont il a eu le malheur de devoir
s'occuper. Lorsque nous ne ressentions l'un l'autre que du pur
dégout. Je déteste devoir compter sur lui, et déteste le fait que son
dédain et son mépris me fassent tellement mal, parce que ça ne me
ferait pas souffrir si je le haïssais comme auparavant.
Surtout ses yeux. Ils sont la pire chose le concernant, parce que
lorsque je regarde dans ses yeux, je peux voir chaque détail horrible
de son âme.
« Me haïssez-vous ? » il murmure.
Je lève les yeux vers lui. Que pense-t-il que je vais répondre à ça ?
N'importe quelle réponse pourrait me conduire droit dans un piège,
n'est-ce pas ?
« Oui » je murmure.
Mais il garde son emprise sur moi, parce qu'il est trop fort, bien trop
fort. Il l'a toujours été, n'est-ce pas ?
Il me tient encore plus proche de lui en retour, plus proche qu'il ne l'a
jamais été. Je peux voir chaque détail minuscule de son visage, ce
visage que je connais si bien. Froid, haineux, méchant, insensible…
« Cette nuit, j'ai cru que vous alliez mourir » il murmure, la voix très
basse. « Et je me suis surpris à espérer le contraire. Parce que si
vous mourriez, je n'aurais jamais pu… »
Mais cette pensée est chassée lorsqu'il déplace son visage plus
près, et je tombe, tombe à travers les étoiles et le ciel de la nuit et je
suis en chute libre alors qu'il se rapproche de plus en plus près, et je
vais toucher le sol, je vais m'écraser au sol, mourir…
Ses lèvres se posent sur les miennes, et tout tourne autour de moi,
et je ne connais rien d'autre que Lucius Malefoy m'épinglant au mur,
pressant ses lèvres contre les miennes, et je veux garder mes yeux
ouverts, pour que ça ne devienne pas un vrai baiser, mais… une
force irrésistible me pousse, alors je les ferme, et…
Ma bouche s'ouvre.
Ca y est.
Dieu aidez-moi.
Je le regarde.
Il me pose sur le lit. Tout ce que je vois est alors son visage, à demi
caché dans l'ombre, alors qu'il se penche sur moi, ses yeux errant
sur mon visage, buvant toute mon énergie.
Sa main se déplace vers ma taille, et remonte jusqu'à ma poitrine. Il
court doucement son pouce contre mon mamelon.
Non. Je dois arrêter, parce qu'une fois que c'est fait, il n'y a plus de
marche arrière, n'est-ce pas ? »
Il rompt le baiser, baissant les yeux vers moi alors que ses doigts
atteignent leur but.
Je ferme les yeux, laissant les larmes glisser lentement sur mes
joues. Des larmes fraiches et salées de honte et de haine de soi,
parce qu'il a gagné maintenant, n'est-ce pas ? J'ai finalement laissé
ce salaud gagner.
Je crie un peu, les larmes me montant aux yeux, mais il attrape mes
lèvres dans un nouveau baiser et je m'accroche à lui, ne voulant pas
qu'il me lâche, souhaitant qu'il me protège éternellement par son
baiser, parce que lui seul peut me sauver, et je peux également le
sauver, s'il me laisse faire.
Mais je sais que rien ne sera jamais, jamais plus comme avant.
C'est fait. Comment les choses pourront être les mêmes après avoir
vu son regard alors qu'il… alors qu'il…
Chapitre 27 Contrecoup
Et triste, si triste.
Tout a changé. Tout. Et c'est lui qui a tout changé, rien qu'en une
seule soirée.
Je me sens sale.
Elle s'accroche à moi. Elle s'infiltre dans tous les pores de ma peau,
se propageant le long de ma langue, me colonisant entièrement.
Je peux encore le sentir. Je peux sentir ses mains sur mon dos, mes
hanches, mes seins, mes cuisses. Me meurtrissant, me griffant, me
caressant. Ces mains qui ont accédé à ce que je voulais garder
privé.
C'est abîmé. Mon corps est abimé. Mes poignets ont des marques
pourpres. Ses doigts ont laissé leur trace violette sur mes hanches
et à l'intérieur de mes cuisses.
Pourquoi a-t-il fait ça ? Pourquoi est-il allé aussi loin, après tout ce
qui s'est passé ? Après tout ce temps, pourquoi a-t-il finalement
cédé ?
C'est une question sans réponse. Après tout, ce n'est pas comme s'il
me l'avait dit, hein ?
Peut être que j'aurai dû deviner depuis le tout début que ça finirait
comme ça. Il a eu tout pouvoir sur moi depuis qu'il m'a capturé.
Qu'est-ce qui l'empêchait de me contrôler totalement ?
Et je peux encore le sentir sur moi. Ses lèvres sur mon cou, et sur
mes seins. Ses mains appuyant mes hanches sur le matelas. Ses
doigts entre mes jambes.
Je peux le faire.
Lucius avait raison : c'est une maladie ce qui se passe entre nous.
Mais je peux nous guérir. Je peux la faire cesser.
Depuis que mes parents sont morts et que l'espoir m'a abandonné,
j'ai accueilli l'idée de la mort. J'ai déjà essayé à plusieurs reprises de
la faire venir, et grâce à Lucius, je peux dire que la tentative de
suicide est une des nombreuses choses que j'ai expérimentée.
Cette fois, je serais libre. Parce que je ne serai libre que lorsque je
serai morte.
Mon corps cogne contre le sol alors qu'il me lâche. Le carrelage froid
me gèle ma peau nue.
J'ose un regard vers lui. Son visage est crispé d'une rage inhumaine.
Et je sais pourquoi. Je savais que ça arriverait. Je savais qu'il allait
me punir pour l'avoir soi-disant amené sur ce chemin qu'il a lui
même pris, et tout ce que je sais maintenant, c'est qu'il me hait plus
que tout au monde, et tout ça à cause de ce qu'il ressent vis à vis de
moi.
Il ricane.
« Vous n'avez pas besoin d'avoir peur » dit-il avec mépris. « Ce qui
est arrivé la nuit dernière ne se reproduira jamais plus. Maintenant,
venez ici ! »
Sa bouche se tord dans le plus cruel des sourires. Ses yeux sont
froids.
« Vous ne parlerez plus jamais de ce qu'il s'est passé, c'est bien clair
? » Son murmure est chaud dans mon oreille.
« Oui, je vous ferais torturer. Je suis persuadé que mon fils ne serait
que trop heureux de m'obéir. »
Chapitre 28 Famille
Et lorsque je fais mes corvées, je les fais toute seule. Pour une
raison quelconque, je n'ai pas été autorisée à revoir Ron depuis
cette nuit où nous nous sommes embrassés tous les deux.
Je suis une fois de plus étendue sur mon lit au plein cœur de la nuit,
fixant le plafond que je ne peux voir.
La pire chose à rester éveillée sur ce lit nuit après nuit, c'est
qu'après un certain temps, je commence à me demander pourquoi il
n'est pas encore revenu me voir.
Peut être qu'il a juste eu ce qu'il voulait, et qu'il en a fini avec moi
maintenant. Peut être que c'est fini. Peut être qu'il en a fini avec moi
et que je ne suis plus qu'un inconvénient pour lui, que je suis
redevenue cette irritante Sang-de-Bourbe qu'il a eu le malheur de
devoir s'occuper…
Un léger bruit.
Je bouge le regard vers le coin de la chambre, mon cœur battant
dans mes oreilles. Peut être que ça y est. Peut être qu'il a finalement
décidé de revenir cette nuit…
Finalement, Hermione ?
Rien.
Je fais une pause un instant, fermant les yeux, et laissant sortir mon
souffle dans un soupir.
Il sort une petite clé familière de sa poche, et parle d'une voix forte et
claire.
« La cave. »
Nous sommes alors aspirés dans l'espace sombre et sans air, mais
je ne peux penser qu'à une seule chose : non, pas cette cave,
n'importe où mais pas cette cave…
Comment le pourrais-je ?
Le regard de Lucius glisse un instant sur nos mains liées, avant qu'il
se repose sur le visage de Ron.
« Je vois que vous vous souvenez, mais il semble que vos parents
ne partagent pas votre excellente mémoire » dit-il, la méchanceté se
glissant dans ses paroles. « Nous ne leur avions pas demandé
grand chose jusqu'ici. Une petite information par ci, un petit geste
par là. Mais hier, nous leur avons demandé une chose qu'ils ne
semblent pas enclins à vouloir faire. En fait, ils nous ont même
supplié de ne pas le faire. »
Je lève les yeux pour voir le visage de Ron se figer de peur alors
que Lucius se tourne vers Avery.
« Il est tout à toi » dit sèchement Lucius avant qu'il ne se dirige vers
moi. Mon estomac se remplit de glace, mais il se contente de me
contourner, venant se tenir derrière moi. Je ne sais pas à quelle
distance il se trouve, s'il est proche ou non.
« Ginny ! » Ron hurle d'une voix brisée alors qu'il lâche ma main.
Aucun de nous ne devrait être ici. C'est un moment privé, eux seuls
devraient être présents.
Ginny met fin à l'accolade avec son frère, les yeux durs et
flamboyants en se retournant vers Bellatrix.
« Je suis venu parce que vous avez menacé de tuer Neville et Luna
si je n'acceptais pas, c'est pour ça que ça a été si facile pour vous
de m'amener ici ! » elle siffle. « Si vous aviez eu le courage de vous
battre, ça n'aurait pas été si facile pour vous ! »
Que fait-il ?
Non. Non. Ne lui dites pas. S'il vous plait, ne lui dites pas.
Ginevra.
Il peut l'appeler par son prénom, une fille qu'il connaît à peine, mais
moi il ne peut pas.
S'il l'avait voulu, est-ce qu'il aurait pris ce qu'il voulait tout de suite,
sans aucun scrupule, aucune émotion, aucune pensée ? Après tout,
ce n'est pas comme si elle lui était interdite.
Je retiens mon souffle. Ginny a une histoire avec Lucius. Bien plus
que je n'avais avant d'être capturée. Elle m'a dit une fois qu'elle
faisait encore des cauchemars à propos de Tom Jedusor et de la
Chambre des Secrets.
« Je veux dire que les Weasley peuvent bien être de Sang Pur, ils
sont tellement stupides que le fait d'entretenir une conversation avec
eux est certainement la tâche la plus ennuyeuse qui soit. »
Ginny et Ron virent tous les deux au rouge brique, mais le visage de
Bellatrix se crispe dans un froncement de sourcils. Je pense qu'elle
a deviné l'entière implication de ce que Lucius vient de dire : le fait
qu'il a eu des conversations bien plus intelligentes avec moi .
« Mon fils ne voudrait jamais toucher une traitre à son sang » dit
froidement Lucius, souhaitant apparemment clore cette discussion
au plus vite.
Mais ses mots s'arrêtent lorsqu'il capte le regard que lui lance son
père. Je ne vois pas à quoi ressemble ce regard, mais je peux
l'imaginer.
La tête de Ron s'élève pour lui faire face, le visage rouge de colère.
« Endoloris ! »
Ron s'agite sur le sol alors que Ginny se traine vers lui, s'accrochant
à son estomac de toutes ses forces. Elle essaye de lâcher son
estomac blessé pour s'accroupir près de son frère, mais elle crie
alors de douleur, et tombe à côté de lui.
Et puis les cris de Ron s'estompent alors que le sortilège quitte son
corps. Il se recroqueville sur le sol, tremblant de tous ses membres.
Avery baisse le regard vers Ron, et pour la première fois depuis que
je l'ai rencontré, je peux voir autre chose que du froid dans ses yeux.
Une lumière sombre danse maintenant dans son regard. C'est faible,
très faible, mais elle est là.
« Je vais faire un marché avec vous, Weasley » dit-il à Ron, ce
dernier le regardant avec des yeux injectés de sang. « Je vais guérir
votre sœur. Je vais lui permettre de vivre. Mais d'abord… »
Et Lucius… Lorsque j'ose un regard vers lui, il baisse les yeux vers
moi, son expression calculatrice. Il ne semble pas s'intéresser
vraiment à la situation, simplement à l'effet qu'elle a sur moi.
Peut être que j'espère beaucoup trop. Après tout, la seule fois où je
l'ai vu afficher de l'humanité, ça a été envers moi . Il n'a jamais,
jamais montré une quelconque humanité avec Ron.
« Ce n'est pas une blague » dit Avery d'une voix trainante. « C'est
une négociation. Nous la guérirons dès que vous aurez couché avec
elle. »
« Dans ce cas, tu devrais être prêt à faire n'importe quoi pour l'aider,
non ? » Bellatrix rit, ses yeux illuminés de malice. Ses jointures
blanchissent alors qu'elle resserre son emprise sur Ginny. « Quel
genre de frère n'essaye même pas de sauver la vie de sa sœur ? »
« Ta sœur n'en n'a plus pour très longtemps, Weasley » dit Bellatrix
alors qu'elle se lève. « Tu ferais mieux de passer aux choses
sérieuses, tu ne penses pas ? »
« Tata ? »
Mon cœur se brise pour Ron alors que des larmes réelles
commencent à couler sur ses joues. J'essaie de lutter à nouveau,
pour l'aider, mais Lucius maintient sa poigne.
Avery lève une main pour interrompre Bellatrix, qui enlève lentement
ses mains de la ceinture de Ron.
« J'ai dit je vous en supplie, s'il vous plait, ne me faites pas faire ça-
»
« Bien » dit Avery d'une voix moqueuse. « Si vous allez jusqu'à nous
supplier, alors ça change tout. J'ai toujours pensé que le respect
était un trait des plus digne. »
Avery et Bellatrix se mettent tous deux à rire alors qu'ils libèrent Ron,
se redressent et s'éloignent de lui. Il lève les yeux vers eux, comme
s'il osait à peine y croire.
« Nous allons vous laisser pour cette fois, Weasley » dit Avery, «
mais croyez-nous, si vos parents nous défient à nouveau, vous ne
serez pas aussi chanceux la prochaine fois. »
« Finite Incantatem ! »
Je déplace mon regard vers Avery, qui place la mémoire dans une
petite bouteille de verre qu'il sort de ses vêtements, la refermant
avec son bouchon lorsqu'il a fini. Ginny regarde tourbillonner la
substance dans la petite bouteille, ses yeux comme deux grands
trous sombres sans fond.
Peut être qu'elle n'aurait pas été aussi forte que je ne le pensais,
après tout.
« Stupefix ! »
Chapitre 29 Gelés
« J'ai pensé que vous auriez peut être besoin d'un remontant » il
marmonne. « Moi en tout cas, j'en ai besoin. »
« Vous m'avez amené dans cette horrible cave parce que vous
vouliez que je vous vois vous et vous amis immondes, forcer Ron à
coucher avec sa petite sœur, et maintenant vous m'amenez ici, dans
votre chambre, et vous me proposez quelque chose à boire ? »
« Alors c'est pour cette raison que vous m'avez dit d'attendre ? » je
demande calmement. « Quand j'ai essayé d'empêcher que ça se
produise, vous m'avez dit d'attendre. »
Je me sens malade.
Il prend une grande respiration par le nez, ses lèvres s'étirant en une
fine ligne.
« Les Weasley ont beau être des pourritures, » dit-il d'une voix d'un
calme mortel, « mais au moins, leur sang est pur. Même les Moldus
méritent une sorte de titre. Mais vous… »
« Oui, » dis-je avec fureur. « Vous m'avez déjà dit ça une fois, vous
vous souvenez ? »
Son visage pâlit, et je sais que je dois faire revenir la discussion sur
un terrain plus sur. Nous naviguons sur des eaux dangereuses, et
j'ai besoin que les choses redeviennent à nouveau sures. Je ne vais
pas lui donner une excuse pour me blesser à nouveau.
« Avery a déclaré que Ginny avait été reconduite chez ses parents »
je dis, faisant presque sonner ma phrase comme une question.
« Vous vous demandez si j'ai oublié le fait qu'elle était la petite amie
de Potter. »
Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça, et lorsque je vois son visage se
durcir de rage, je sais que je viens certainement de faire la plus
grosse erreur de ma vie, mais je m'en moque, je m'en…
Et c'est tout ce que je dis, mais je sais que c'est assez. Je viens de
signer mon arrêt de mort, mais c'est dit maintenant, il n'y a aucun
retour en arrière.
« Vous savez pourquoi ! » il crie, me répétant ces mots qu'il m'a dit il
y a déjà si longtemps. « Toute ma vie, je me suis efforcé d'éradiquer
votre race de la planète ! J'ai tué des centaines de Moldus et de
Sang-de-Bourbes. J'ai arraché des bébés en pleurs des bras de leur
mère ! J'ai lancé des sortilèges dans le dos des hommes sans
défense ! »
Je tremble sous son emprise, les yeux fixés dans son regard d'acier
impitoyable, des larmes coulant sur mon visage, des larmes de
douleur parce que je sais ce qu'il est, je le connais, et pourtant ce
monstre est devenu en quelque sorte une partie de moi.
« Mon Dieu, que vous est-il arrivé pour que vous soyez devenu ce
que vous êtes ? » je murmure.
« Je ne vais pas- »
Sans rompre le baiser, il fait glisser ses mains sur mes épaules,
poussant ma robe et la faisant tomber jusqu'à ma taille, et jusqu'à ce
qu'elle tombe au sol, et bien sur que ça va aller plus loin une
nouvelle fois. Comment aurais-je pu m'attendre à autre chose ?
C'est un homme mûr, alors que je ne suis qu'une jeune fille…
Il me soulève dans ses bras, tout comme il l'a fait la dernière fois, et
il me porte sur le lit. Son lit.
Sa peau est si blanche que j'imagine que son toucher est froid, mais
il ne l'est pas, il est si chaud. Alors que ses mains parcourent mon
corps, explorant chaque parcelle de moi, ses caresses me brulent
littéralement la peau d'une façon que je n'aurai jamais cru possible.
Et rien n'est comme ça devrait être. Je ne suis pas ici avec Ron,
avec quelqu'un que j'aime et qui se soucie profondément de moi,
mais avec un Mangemort, l'homme qui a assassiné mes parents, qui
m'a démoli maintes et maintes fois, sans aucune pitié…
Sa main serpente entre nous, entre mes jambes, et mon souffle sort
par à-coups, alors qu'il caresse et pince, et il gémit tandis que
j'halète de plus en plus fort, parce que la salle est vivante et
bourdonne, et il y a des couleurs et des étoiles partout et je vais
tomber et bruler de plaisir, je le sais…
Je presse mon front contre son épaule, tandis que nous sommes
toujours enlacés l'un l'autre, moi assise sur lui, ne sachant pas quoi
dire, ni quoi penser, ni quoi ressentir…
« J'avais besoin que tu réalises jusqu'où les gens faibles comme moi
sont prêts à aller pour punir ceux qui nous ont déplu. »
Son visage tremble légèrement alors qu'il hoche la tête. « Quoi qu'il
en soit, depuis un certain temps je t'ai également protégé, peut être
plus que tu ne le crois. » Il me regarde pendant quelques instants,
son regard verrouillé sur le mien, avant qu'il ne détourne le visage. «
Mais après ce que nous avons fait… »
Chapitre 30 Haine
Ca fait une semaine, voir deux, peut être même trois, que Ginny a
été capturée et remise en liberté.
Et peut être une semaine, voire deux, que Lucius m'a dit qu'il ne
pouvait plus me protéger.
Peut être que ça va être une de ces nuits où il me fait attendre des
heures. Ces nuits où il essaye de résister et de s'éloigner de moi, je
le sais. Ces nuits où il se dit que ça doit cesser. Mais il revient
toujours à la fin.
Il est là.
Je tremble mais je n'ai pas froid. J'ai encore ma robe sur moi, même
si je suis couchée sur le dessus des couvertures. Parce que même
s'il me reste encore assez de dignité pour porter une robe, je suis
apparemment tombée assez bas pour rester allongée au dessus du
couvre-lit, en l'attendant, sans prendre la peine de me couvrir d'une
nouvelle protection qu'aurait pu constituer les couvertures.
J'aurai plus chaud s'il me serrait contre lui. Mais il ne le fait pas. Il ne
me serre jamais dans ses bras. Après tout, ça pourrait créer une
sorte de lien émotionnel s'il le faisait.
Mais je sais que ce n'est pas n'importe qui . Alors qu'il enlève
complètement ma robe de mon corps, j'entends le bruissement de
ses propres vêtements qu'il enlève, et je sais que c'est lui. Je peux le
sentir . Sa forte odeur, musquée et dangereuse. Lui, sans ses
vêtements, sans sa fierté, sans plus aucune sorte de protection.
Mais même s'il fait ça, il reviendra de toute façon. Il revient toujours.
Il lâche ma main, et alors qu'un long silence s'installe, mon corps est
tendu, attendant la gifle ou le coup de poing…
Mais il ne le fait pas. Pas cette fois. Alors qu'il appuie rapidement
son corps contre le mien, je le sens passionné, comme s'il voulait se
mouler à ma peau, et je sais alors que je suis en sécurité pour cette
fois.
Ma respiration s'accélère.
Ca aurait pu être un peu plus facile si l'on m'avait donné un peu plus
que cette saloperie de torchon, bordel de merde.
Mon père avait l'habitude de dire que nous ne sommes jamais seuls,
à partir du moment où quelqu'un nous aime.
Mon père était un peu faible quand j'y pense. Il était beaucoup trop
sensible face à des choses stupides. Comme face à des films
classiques ou des chansons tristes. Je me souviens avoir regardé le
film Brève Rencontre avec lui, et il se mettait toujours à pleurer à la
fin, lorsque Trevor Howard posait une main sur l'épaule de Celia
Johnson, lui disant adieu sans aucune parole.
De bonheur.
Maintenant, j'ai Lucius qui vient tous les soirs, dans l'obscurité, car il
ne peut pas supporter le fait qu'il baise une Sang-de-Bourbe, et oui,
j'utilise ce mot vulgaire pour ça. Que pourrais-je dire d'autre, faire
l'amour ?
Je ne sais pas. C'est juste que quand Lucius me serre dans ses bras
et m'embrasse, c'est comme si… comme si je me sentais vivante.
Parce que dans ces moments, il me voit comme un véritable être
humain. Dans ces moments, je ne suis plus simplement la Sang-de-
Bourbe pour lui. Je suis Hermione. Et ça vaut tout l'or du monde.
« Miss Granger ? »
Il lève légèrement les sourcils, mais à part cela son expression reste
inchangée.
Son expression sereine ne quitte pas son visage, pas même durant
une seule seconde.
Si c'était Lucius qui avait parlé, il n'aurait pas exprimé cela comme
une simple question. Il me connait trop bien, beaucoup trop bien,
tandis que Avery ne me connait pas du tout.
J'aimerai que Lucius soit ici. Je ne sais vraiment, vraiment pas
comment réagir face à Avery.
Un petit sourire courbe ses lèvres, mais ses yeux restent vides. Non
pas froids comme ceux de Lucius, mais totalement vides.
« Vous ne pouvez pas m'en vouloir pour ce que vous avez vu » dit-il
calmement. « Ce n'était pas mon idée de vous montrer ce qu'il s'est
passé. Ca a été la décision de Lucius. »
Mon cœur se fend en deux. Oh mon Dieu, Ron, qu'ont-ils fait de toi ?
Il SAIT !
Non, non bien sur qu'il ne sait pas. Personne n'en est vraiment
certain. Il n'y a que Lucius et moi qui avons connaissance de ce qu'il
se passe entre nous deux.
Je dois me ressaisir.
Il s'était occupé de moi la dernière fois que j'étais venue ici, lorsque
mes parents venaient de mourir et que je me sentais anéantie.
Aujourd'hui, c'est à moi de m'occuper de lui. Et mon Dieu, il a
vraiment l'air d'avoir besoin de moi en ce moment.
Il fixe toujours le sol d'un air absent, les yeux comme morts.
Je me dirige vers lui lentement, m'accroupissant près de lui. Je dois
être douce.
Je ne réponds pas. Je sens des mots se former sur mes lèvres, mais
je sais qu'aucun ne pourra l'aider. Combien de fois a-t-il dû
envisager cela ?
Sera-t-il à nouveau capable de regarder Ginny ?
Je jure que si jamais j'ai une chance, même une toute petite, je
ferais payer ça à Bellatrix et à Avery. Je les ferai souffrir au delà de
l'imaginable. Ils paieront pour avoir infligé ce genre de douleur à
mon meilleur ami.
Il sourit en tremblant.
Mais les choses ne peuvent plus être de cette façon, n'est-ce pas ?
Plus maintenant que Lucius a déchiré notre relation, ne laissant que
des ruines sur son chemin.
Je n'ai rien eu à faire depuis qu'il m'a ramené ici. Tout ce que j'ai fait,
c'est arpenter ma chambre de long en large, passant de temps en
temps en revue mes livres d'école dans ma tête.
Mais alors… il pourrait très bien être assez tard. Je ne sais pas.
Plusieurs heures ont dû passer depuis mon dernier repas du soir,
alors il se pourrait bien qu'il soit tard…
Mais s'il est là pour ça, alors pourquoi il y a-t-il encore de la lumière
?
Il cache ses émotions pour une raison ou pour une autre, mais je ne
sais pas pourquoi.
Et ce mot 'femme' semble lui être jeté en plein visage, alors que je
vois durant une seconde ses yeux flamboyer de fureur. C'est un
territoire interdit pour moi, je le sais.
Mais je veux savoir des choses sur elle. Elle est juste une… une
figure lointaine pour moi. Comme une belle sculpture que je n'ai vu
qu'en photo.
Mais de la honte suinte par tous les pores de ma peau lorsque j'y
pense. Ca me fait sentir encore plus sale que je ne me sens lorsque
je pense au fait qu'il est marié.
Pendant quelques secondes, je peux sentir son souffle sur mon cou
alors qu'il me tient toujours, mais c'est alors qu'il me lâche,
s'éloignant à nouveau de moi.
J'avale. Je sais que nous avançons sur le fil le plus fin, prêts à
tomber. Si jamais Voldemort apprend ce qu'il se passe…
Je me sens gelée.
« C'est vous qui venez chaque nuit dans mon lit » je murmure. « Ou
avez-vous oublié cela ? Si je vous dégoute autant, alors vous devez
être encore plus dégouté par vous même. »
Un muscle se crispe dans sa joue alors que ses yeux se rétrécissent
de colère.
« C'est pour ça que vous venez toujours ici dans le noir, n'est-ce pas
? » je murmure. « Parce que vous ne voulez pas faire face à ce que
vous faites. »
« Vraiment ? »
Mais si nous ne pouvons pas nous aimer, alors nous nous haïssons
à la place.
Coupable
« Voulez-vous l'aimer, la chérir, l'honorer, et la garder, dans la
maladie et dans la santé ; et, renonçant à toute autre femme, voulez-
vous vous attacher à elle seule, tant que vous vivrez tous deux? »
Chapitre 31 Coupable
J'aimerai que Lucius soit ici. J'aurais aimé qu'il reste avec moi, au
lieu de me laisser seule avec mes corvées.
Mais bon… je suppose qu'il avait des choses importantes à faire, et
il ne peut pas mettre sa vie entière entre parenthèse juste pour moi,
si ?
« Sang-de-Bourbe ! »
Si j'étais vraiment stupide, je lui dirais que tous les soupçons qu'elle
se fait sur moi et Lucius, sont vrais. Après tout, si elle n'avait pas
coupé mes poignets -
« J'ai cassé mon verre de vin par terre, Granger » dit froidement
Drago. « Nettoie le sol. Maintenant. »
Je serre les poings, tellement fort que mes ongles me rentrent dans
la peau de mes paumes.
Bellatrix me regarde.
Je fais glisser mes yeux vers Narcissa et Bellatrix, mais elles ne l'ont
pas écouté. Dieu merci, elles sont bien trop absorbées par leur
conversation.
Je déplace mon regard vers la table, me concentrant pour essuyer la
flaque de vin étalée sur le bois massif. Je ne dois pas l'écouter…
« Assurdiato ! » il marmonne.
Comment le pourrais-je ?
Je lève les yeux durant une seconde. Elle se saisit de son poignet,
grimaçant de douleur.
Bellatrix ne dit rien, mais ses yeux sont illuminés d'un éclat
légèrement fiévreux tandis qu'elle retrousse sa manche, faisant
apparaître la marque noire sur son avant-bras pale, faisant courir
son pouce sur elle presque amoureusement.
Mon souffle s'arrête alors qu'ils se lèvent tous les deux de leur
chaise, se précipitant rapidement hors de la salle. Ils ferment la porte
derrière eux, me laissant seule avec sa femme, sa femme si
parfaite…
Je dois sortir d'ici. Je ne peux pas lui faire face, surtout pas toute
seule…
Mais je n'arrive pas à décoller mes yeux du sol. Je ne peux pas m'en
empêcher.
Mais je ne peux pas lui laisser croire que j'ai quelque chose à cacher
en lui refusant de montrer mon visage, n'est-ce pas ?
J'ouvre les yeux et je lève la tête, regardant la femme bien plus âgée
et bien plus belle qui se trouve en face de moi.
Son expression est réservée. A part cela, je ne peux pas dire grand
chose de la façon dont elle me regarde.
« Je… je… »
Mon cœur bat si fort que je sais qu'il fendille mes côtes. La femme,
la femme de votre geôlier… Dieu tout puissant, est-elle au courant ?
Je hoche la tête.
Elle me regarde durant un long moment de silence, la tête
légèrement inclinée sur le côté.
« J'ai entendu dire que ça n'a pas été très facile pour vous ces
derniers temps, n'est-ce pas ? » dit-elle calmement.
C'est d'une telle évidence que j'en rirais si la situation n'était pas si
désespérée.
Mais rester calme n'a jamais été mon point fort. C'est la raison pour
laquelle j'ai toujours été assez impopulaire à l'école.
Je peux surement donner la réponse qui devait être vraie lorsque j'ai
été capturée ? Serait-ce vraiment un mensonge ?
« Dix-huit ans. »
Oui je suis une stupide petite fille, une stupide petite fille qui côtoie
des choses beaucoup trop grandes et terrifiantes pour elle, et qui
couche avec votre mari, qui est obsédée par votre mari, peut-être
même -
« Ce n'est pas un endroit pour une jeune femme. J'ai dit à Lucius
encore et encore que ce n'était pas une bonne chose. Vous avez
beau être une Sang-de-Bourbe, mais je ne vois pas l'intérêt qu'on
vous garde prisonnière de cette façon. »
La dernière fois que j'ai dit à Lucius que s'il se souciait vraiment de
moi, il me laisserait partir, il m'a dit qu'il mourrait d'abord.
« Mais je suppose qu'il fait tout pour vous garder sous son contrôle »
elle ajoute d'une voix à peine audible. « Bella ne cesse de me dire
comment il met tout en œuvre pour que rien ni personne ne vous
fasse du tort. »
Ses beaux yeux bleus remplis de glace rencontrent mes yeux bruns
ennuyeux.
Son calme disparaît durant un bref instant. Il se gèle sur place, les
yeux écarquillés face à la vue de sa femme parlant avec sa… sa…
« Bonsoir Lucius » dit Narcissa d'un ton polit mais pas vraiment
chaud. « Tes tâches ont été de courte durée ce soir, je présume ? »
Il doit avoir pris l'habitude de cacher ses émotions au fil des ans. Qui
le sait mieux que moi ?
Je n'ai rien dit, rien, s'il te plait, ne me regarde pas comme ça…
Narcissa se retourne pour lui faire face, son expression un peu dure.
C'est alors qu'il tourne son visage vers moi, les yeux durs d'une rage
silencieuse.
Je me sens refroidie. Je sais bien qu'il devait dire ça, pour n'apporter
aucun soupçon, mais…
Narcissa continue de froncer les sourcils vers son mari alors qu'il
claque des doigts vers moi.
« Venez, Sang-de-Bourbe. »
Je regarde Narcissa, qui garde les yeux plantés dans les miens,
m'accordant le plus petit des hochements de tête.
Je ne pense pas.
Je me tourne donc, loin de la femme parfaite de Lucius, et je le suis
hors de la salle.
Il est en colère. Non, il est plus qu'en colère. Il est furieux. Il n'a pas
besoin de dire grand chose pour que je le sache.
Son visage pâlit tellement qu'il devient plus blanc que blanc. On
dirait qu'il a vu un fantôme.
Il lève les yeux au ciel en secouant la tête. « Peut être que je l'ai dit,
mais j'ai toujours été persuadé qu'elle n'était pas réellement au
courant de ce qu'il se passait » dit-il avec une confiance calme et
froide. « Je vous ai dit qu'elle était probablement au courant parce
que je voulais vous dissuader de lui en parler après le manque de…
discrétion de Bellatrix. »
Je serre les lèvres. « Et qu'est-ce qui vous fait penser que je ne vais
pas lui en parler maintenant ? » je demande furieusement. « Qu'est-
ce qui vous rend si sur que je ne lui en ai pas justement parlé ? »
Bien sur que non je ne lui dirais rien. Je garde tous les secrets pour
lui. Tout ce qu'il souhaite cacher à quiconque, y compris le plus
grand secret de tous : ce qu'il ressent pour une Sang-de-Bourbe.
« Que voulait-elle dire par 'la seule chose qui pourrait me sauver ?' »
je demande calmement.
« Oui, mais vous pensez que c'est malsain parce que je suis une
Sang-de-Bourbe » je murmure. « Alors que moi… je pense que c'est
malsain à cause de toutes les personnes que l'on blesse. Ron, votre
femme… et nous mêmes. »
« Vous venez ici tous les soirs, simplement pour prendre ce que
vous voulez. » Ma respiration se brise. « Vous ne vous préoccupez
que de vous même, que de ce que vous voulez avoir. Et vous
obtenez toujours ce que vous voulez. Vous ne m'avez jamais laissé
le moindre choix. Vous ne vous souciez aucunement de ce que je
ressens. »
« Dolohov a dit, juste avant que nous le tuions, que vous me vouliez
parce que je suis une Sang-de-Bourbe, et par conséquent une des
seules choses qui vous est interdit d'avoir. » Mes yeux se noient de
larmes. « Est-ce l'interdiction qui vous a poussé à… ce qu'il se
passe entre nous ? »
Il soupire et son regard baisse, faisant courir ses yeux sur moi avant
de revenir à mon visage. Il fait un pas pour s'approcher de moi, puis
un autre avant qu'il ne tende la main pour repousser une mèche de
cheveux derrière mon oreille, me regardant profondément dans les
yeux.
Je retiens mon souffle alors que son corps vient toucher le mien, me
pressant contre le mur derrière moi. Je ne peux plus respirer, et mon
estomac se retourne de plus en plus, mais j'arrive néanmoins à
continuer de parler.
Il déplace son visage plus près du mien, si près que je peux voir
chaque détail de son visage, comme je peux voir chaque parcelle de
son âme, bien qu'il essaye par tous les moyens de me les cacher.
C'est par ces paroles qu'il appuie ses lèvres tout contre les miennes.
Cicatrices
« Je suis cette demeure hanté par un cri.
Chapitre 32 Cicatrices
Noire, noire, marron, bleue, noire, verte, bleue, marron, grise, noire,
noire,…
Elle… elle n'est ni grise ni noire, ni sobre. Elle est… elle est rose.
D'un rose très pale.
J'enfile ma robe sur mon corps humide. Elle colle un peu à ma peau,
mais j'espère que ça ne sera plus le cas lorsque je serais sèche.
Ah oui. Parce que cette petite chambre délabrée lui rappelle mon
statut. Ca lui rappelle que je suis au dessous de lui, tellement en
dessous qu'il… qu'il peut… puis-je utiliser le mot baiser pour décrire
cela ?
Mais il n'a pas besoin de me dire ça. Je sais que je ne pourrais pas
m'échapper, et même si je le pouvais… je n'y arriverais pas.
« Lucius ? »
Non. Non. Je ne vais pas me sentir mal pour elle. Je peux me sentir
mal pour sa femme, mais certainement pas pour la femme qui a
tenté d'obliger Ron à coucher avec sa petite sœur.
Je m'y refuse.
Elle respire un rire et tend la main pour faire courir son doigt sur la
boutonnière de sa veste.
« Elle dit que je suis diabolique » il murmure. « Et qui sait, elle a peut
être raison. Peut être que la dureté et le manque de scrupules
pourraient bien être définis comme le mal à l'état pur. »
Bellatrix relève son menton d'un air hautain. « Nous ne sommes pas
diaboliques, Lucius- »
« Peut être que si, Bella » il l'interrompt sans douceur. « Peut être
que si. Mais je dois avouer que ça ne me dérange pas d'être perçu
comme tel. Au moins, je suis sain d'esprit, ce qu'on ne peut pas
vraiment dire de toi. J'ai pris la décision de suivre cette voix, en
ayant pleine possession de mon esprit. Toi, tu ne pourrais pas
clamer cela. »
Mais… Mais cela ne rend-il pas les choses encore pires ? Au moins,
elle a une excuse pour son comportement.
« Je vais te le dire une nouvelle fois : il n'y a rien avec cette fille. »
Je peux voir l'horreur et le dégout dans les yeux de Lucius alors qu'il
fixe Bellatrix assise au sol. Il paraît aussi horrifié que je ne le suis.
Mon cœur bat rapidement sous la peur, mais elle ne décide pas de
le combattre. Elle se contente de se redresser et de le regarder droit
dans les yeux, le visage animé par la haine.
Il m'a dit tant de fois que devenir un traitre à son sang était aussi
immonde que d'être un Sang-de-Bourbe, peut être même pire. Au
moins, les Sang-de-Bourbe n'ont pas eu le luxe de choisir le statut
de leur sang.
Peut être qu'il va juste me trainer jusqu'à ma chambre. Peut être qu'il
va me gifler.
Peut être qu'il va vraiment mettre fin à ce qu'il se passe entre nous,
cette fois.
J'enlève la cape d'invisibilité de sur mes épaules. Elle glisse sur mon
corps, allant se rassembler autour de mes pieds.
Il se tourne vers moi après quelques secondes de silence, balayant
son regard sur mon corps. Il tend sa main, et vient caresser une
mèche de mes cheveux pour la glisser derrière mon oreille.
Bien sur que je ne peux pas nier cela. Je ne peux pas nier que je
suis née de Moldus, et je ne peux pas nier que, conformément à sa
logique, j'ai fait de lui un traitre à son sang.
Je lève les yeux vers Lucius, fixant son visage pâle et haineux.
L'homme qui a tué mes parents, qui a pris la place de ma mère et de
mon père lorsqu'il m'a enlevé.
« J'ai toujours appris que les Moldus étaient la pire des racailles » il
murmure. « Toute ma vie, ça a été une des seules choses à laquelle
j'ai cru. Même lorsque j'étais à Azkaban et que le monde semblait
me tourner le dos, je pouvais encore m'accrocher à cette conviction,
et me consoler en me disant que j'aurai ma revanche jusqu'au
dernier d'entre eux lorsque je me serai échappé. »
Tout mon souffle quitte mon corps alors que mon cœur bat durement
à mes oreilles.
Il baisse les yeux, les faisant courir sur moi lentement avant de les
faire revenir sur mon visage.
Le temps est compté pour nous. Je le sais. Mais pour l'instant, tout
ce que je peux faire est de le retenir. Je ne peux pas me soucier du
danger en ce moment, alors qu'il me tient si avidement, faisant
glisser ses merveilleux baisers sur ma gorge, déplaçant lentement
ma robe vers le bas, jusqu'à ce qu'elle repose autour de mes pieds,
me laissant comme toujours, totalement vulnérable face à lui.
Je réalise que c'est la première fois que je fais ça. Je suis en train de
l'aider, de le motiver à me toucher.
Ses vêtements viennent rejoindre les miens sur le sol dans un amas
inextricable, le noir tourbillonnant et le rose pale.
Il pose ses doigts sous mon menton, levant mon visage pour que je
le regarde dans les yeux. Ils ne contiennent aucun remord.
« Si vous voulez vraiment savoir ce que j'ai fait ce soir, alors il suffit
de me le redemander » il murmure.
Je mords ma lèvre sous l'incertitude. Je veux savoir mais dans le
même temps, je préfère presque vivre dans l'ignorance, quelque
chose que l'ancienne Hermione n'aurait même pas envisagé, mais
ça montre peut être à quel point il m'a transformé.
Je baisse mon regard, laissant mes yeux errer sur son épaule. Il a
une cicatrice là aussi. C'est une cicatrice que j'ai fais. Un coup de
couteau qui a cicatrisé depuis le temps.
Il respire un petit rire sans gaieté. « J'ai fait mon choix depuis bien
longtemps » il murmure, tendant la main pour faire glisser ses doigts
sur ma joue. « Et de petites cicatrices sont bien peu payées face à
l'honneur de servir le Seigneur des ténèbres. »
« Est-ce que ça vous plait de savoir que vous m'avez pris tout ce
que ma vie m'a appris ? »
Mon cœur s'écrase sur lui même. Si ce n'est même pas pour tout l'or
du monde, alors il ne le fera pas non plus pour moi.
Mais… mais il l'a déjà dit. Il les a déjà abandonné dans une certaine
mesure, lorsqu'il a pour la première fois cédé à ce qu'il ressentait
pour moi.
Il est donc allé au delà de la mort pour moi. Et s'il ressent la même
chose que moi, il ferait alors n'importe quoi lorsque je suis dans ses
bras. Parce que Dieu seul sait à quel point je pourrais faire n'importe
quoi pour qu'il me tienne tout contre lui.
« Je ne pense pas. »
Après tout, l'obscurité est tellement plus habile à cacher les péchés.
Mais alors qu'il déplace ses lèvres entre mes jambes, je sais que je
ne m'en soucie plus. Parce que plus rien n'a d'importance, rien alors
qu'il lèche, suce et… mord, et c'est la plus étrange des sensations
au monde, et c'est presque suffisant pour me faire croire en Dieu à
nouveau, et ma respiration s'accélère, et j'ouvre inconsciemment
plus largement mes jambes alors qu'une tension presque
insupportable m'envahi le creux de mon estomac…
Mais il remonte alors, pesant à nouveau tout son corps sur le mien,
me laissant à bout de souffle, observant mon visage.
Ses joues sont teintées de couleur. Une teinte rose traverse sa peau
albâtre. Un autre signe de faiblesse venant de lui.
Je gémis avec lui alors qu'il m'appuie sur les hanches avec une telle
force qu'il me brise les os, mais un feu d'artifice éclate au creux de
mon estomac, estompant la douleur de mes hanches, et de
l'électricité me traverse tout le corps, et je me sens alors enchantée,
sereine.
Le feu dans la cheminée s'est éteint. Il n'y a plus que des braises
parmi l'amas de cendres.
Je tourne ma tête. Il est couché sur le côté, les yeux fermés alors
qu'il respire régulièrement.
L'ironie de la chose me fait monter les larmes aux yeux. Il n'y a pas
si longtemps, j'aurai tout donné pour avoir l'opportunité de le blesser,
de lui faire payer pour tout ce qu'il m'a fait subir.
Mais maintenant…
Les larmes coulent sur mes joues. Je ne sais pas pourquoi. C'est
juste qu'il y a tant d'émotions qui bouillonnent dans ma poitrine que
j'ai l'impression que je vais mourir si elles ne se transforment pas en
larmes.
Oui, il est réveillé. Je sens son bras droit autour de moi, remontant
dans mon dos, ses doigts s'emmêlant dans mes cheveux.
Je ne dis rien. Je n'ouvre même pas les yeux. Je ne veux rien dire
qui puisse briser ce moment merveilleux. Parce que c'est dans ces
moments qu'il est le plus honnête avec moi.
J'ouvre les yeux, mais il n'y a personne à côté de moi dans le lit.
Mais… non.
Je ne sais pas quoi dire. Après ce qu'il s'est passé la nuit dernière,
j'ai juste… je ne sais tout simplement pas quoi dire.
« Lucius ? »
C'est Avery.
Oh mon Dieu.
Oh non !
Il y a des gens derrière la porte. Je les entends, il y a des gens !
« Alohomora ! »
Son expression se détend lorsqu'il voit que la pièce est vide, mais se
durcit à nouveau lorsqu'il aperçoit le lit et ses couvertures sans
dessus dessous.
Dieu merci.
Il y a un long silence.
Ron passe le seuil de la porte. Ses yeux sont larges alors qu'il rentre
dans la chambre. Il paraît terrifié, mais il a cette lueur familière dans
ses yeux. L'éclat de l'audace. C'est un trait de la famille Weasley.
Je ne sais pas ce qu'il cherche… Une arme peut être ? Peut être un
moyen de sortir d'ici ?
Je ne sais pas. Je retiens juste mon souffle. Si je ne fais aucun bruit,
il quittera certainement la pièce avant de s'apercevoir que je suis ici.
Idiote. IDIOTE.
« Ron, NON ! »
Ils étaient de très bons amis, avant que je ne vienne tout ternir.
« Non » dit Lucius, en prenant une gorgée de vin, « non, non, j'avais
juste quelques affaires à régler. »
Dolohov rit grossièrement. Son visage est très rouge, et ses mots
sont mal articulés lorsqu'il parle.
Je suis couchée sur le dos, dans une robe couverte de sang, avec
Lucius assis à côté de moi, penché au dessus de moi.
Lucius soupire. « Peut être que vous en valez la peine, après tout. »
Ron regarde comme s'il venait de voir la chose la plus répugnante
au monde. Je ne l'ai jamais vu aussi révolté.
Bonne question.
Oh mon Dieu, oh mon Dieu, s'il vous plait, non ! Ron ne peut pas
voir cela, il ne peut pas !
Oh mon Dieu, s'il vous plait, faites cesser cela, s'il vous plait !
« Je suis un être humain, Lucius. Tout comme vous. »
Les larmes coulent sur mes joues. Des larmes chaudes d'agonie
totale.
Peut être que les choses seraient mieux pour tout le monde si je
mourrais.
Je prends une grande bouffée d'air, avant de lever les yeux vers le
plafond inexistant.
'C'est à la fois pour lui et par lui que je souffre. Je veux le fuir, en
vain, il me suit ; il est là ; il m'obsède sans cesse… Ses yeux
n'expriment plus que la haine et le mépris. Sa bouche ne profère
que l'insulte et le reproche. Ses bras ne m'entourent que pour me
déchirer. Qui me sauvera de sa barbare fureur ?' - Choderlos De
Laclos, Les Liaisons Dangereuses
Je garde mes yeux rivés sur mes doigts étendus sur la pierre. Mon
regard s'attarde sur la fine cicatrice blanche au dos de ma main
gauche.
Il ne me regarde pas.
« Pas étonnant que tu ne voulais pas que j'aille dans cette Pensine »
il marmonne.
« Bien sur que si ! » je crie soudain. « Tu sais ce qu'il m'a fait Ron,
bien sur que je sais ce qu'il est- »
Et aucune gifle que Lucius m'a déjà donné, aucun sortilège Doloris
que j'ai déjà enduré, ne m'a autant blessé que ces quelques mots.
Je me force à continuer.
Mais comment le pourrais-je, alors que j'ai moi même du mal à les
comprendre ?
Non, recommence.
« Lorsque j'ai été capturée, il m'a torturé pendant des heures et des
heures » je murmure, ma voix ne tenant qu'à un fil. « Il avait besoin
que je lui donne des réponses, et il a dû me les extorquer par la
force. »
Un long silence se répand entre nous, alors qu'il regarde vers le sol.
« Je… je ne sais pas quand les choses ont vraiment changé. Il était
juste… il était tout le temps avec moi. »
Ron me regarde alors. « Oh, il ferait tellement pour toi, n'est-ce pas
? » il marmonne furieusement. « Comme tuer tes parents par
exemple. Oh, il ferait n'importe quoi pour toi- »
Je secoue la tête, non pas parce que j'ignore ce qu'il va dire, mais
au contraire parce que je ne le sais que trop bien.
« J'ai tenu le coup, face à tout ce qui s'est passé, pour toi ! » il crie. «
Et maintenant, je réalise que le seul morceau de bonté qui me restait
dans ce monde, a été baisé par un salaud de Mangemort depuis je
ne sais combien de temps ! »
Et c'est vrai. Que Dieu me vienne en aide, que Dieu nous aide tous
les deux, que Dieu nous aide tous, mais c'est vrai. Lucius a tout pris
: mes parents, mon amour-propre, ma liberté…
Et maintenant, il a pris Ron. Non pas qu'il ne l'avait pas déjà fait,
mais maintenant c'est officiel.
Mais je ferme les yeux. Je ne peux pas le regarder en lui disant ça.
« Ce n'est pas que je le veux. Ce n'est pas ça. C'est juste… Il m'a dit
que je n'étais rien » je murmure. « Encore et encore, il n'a pas arrêté
de me dire que je n'étais que de la saleté. Une Sang-de-Bourbe, une
abomination, une erreur de la nature, un gaspillage. Il a travaillé jour
et nuit afin de me faire croire cela. Il est arrivé à un point où… où j'ai
failli commencer à le croire. »
C'est tellement difficile de traduire cela par des mots, mais je dois
essayer. Il mérite de savoir.
« Si c'est vrai, alors pourquoi t'es-tu tournée vers lui, lui ! » Il secoue
la tête incrédule. « Pour l'amour de Dieu, il est celui qui a ruiné ta vie
!»
« Donc… » Sa voix est serrée. « Donc il… il t'amène ici chaque nuit,
n'est-ce pas ? Il fait… tout ce que… » Ses mots sont coupés alors
qu'il sort un bruit étrange d'étouffement, et il s'agrippe plus durement
la tête. « Merlin, c'est juste… Tout ce que je peux voir, c'est lui qui te
touche… Ce que j'ai vu dans la Pensine, c'est tellement… »
Je me dirige vers lui, lui tendant une main tremblante. Il ferme ses
yeux et se tourne légèrement, mais il ne recule pas cette fois, alors
que ma paume atteint son visage.
La porte s'ouvre.
Et juste pour bien empirer les choses, merci beaucoup mon Dieu,
Lucius rentre dans la chambre.
C'est alors que Ron se retourne, ses joues perdant toute couleur
alors qu'il fait face à l'homme qui lui a tout pris.
-Bam-
« Impedimenta ! »
Ron est rejeté vers l'arrière, faisant un vol plané avant de percuter le
mur derrière lui, hurlant de douleur.
Lucius et moi nous retournons tous les deux pour voir Ron se
remettre sur pieds, le visage rouge de colère.
« Et bien » Lucius dit d'une voix trainante sur un ton malicieux, mais
une intonation d'acier le traverse. « Je me sens obligé de vous
informer, Weasley, que ce n'est pas à vous que je parlais, et c'est
bien impoli de s'introduire dans la conversation d'une autre
personne- »
J'ose un regard vers Lucius. Son visage est d'un blanc nacré, un
muscle pulsant dans sa joue, et ses yeux sont grands et énormes.
Je le regarde. « Je… »
Ses yeux sont plein de rage. « Bon Dieu, qu'avez-vous fait ? Idiote,
comment a-t-il… »
« Et lorsque je suis arrivé ici, j'ai réalisé que vous aviez laissé votre
placard ouvert » dit Ron triomphalement, presque souriant. « Lucius
Malefoy, le grand stratège, qui fait une erreur aussi simple que de
laisser une chose aussi importante sans surveillance, à la portée de
n'importe qui- »
J'en ai le souffle court. Alors il pense que nous avions raison d'être
inquiet au sujet d'Avery. Je commençais à croire que j'étais la seule
à le penser.
« Non » je réponds platement, même si mon cœur bat si fort qu'il fait
trembler mes mots. « Il ne mérite pas ça, Lucius. Ecoutez juste ce
qu'il a à dire, s'il vous plait ! »
« TAISEZ-VOUS ! » il hurle.
Ron fixe Lucius comme s'il ne pouvait pas en croire ses oreilles.
J'entends le souffle dur de Lucius mais je n'y fais pas attention. Tout
ce que je peux ressentir, est à quel point il est proche maintenant,
comment il se tient derrière moi, comment je peux sentir son poids
chaud sur mon épaule, sa respiration sur mon cou.
Mais maintenant, tout ce que je peux sentir est de la haine pour lui,
et sur la façon dont il a détruit tout ce que Ron et moi avions
partagé.
« Sang-de-Bourbe. »
Oh, pourquoi ce mot a-t-il une telle emprise sur moi ? Pourquoi ces
trois petites syllabes trainantes me clouent définitivement mon âme,
au point que je leur réponde presque involontairement ?
Je me tourne pour lui faire face, son regard perçant plongeant dans
mes yeux comme s'ils étaient de simples vitres de verre lui montrant
chaque petits détail de mon âme. Il utilise la Legilimencie sur moi.
Ca fait un moment qu'il n'avait pas fait ça. Il me connait trop bien
pour avoir à le faire depuis quelques temps.
Ses yeux sont si féroces qu'ils sont flamboyants. Il prend mon visage
dans ses mains.
Je veux être qui ? Est-ce que je veux être Hermione, ou est-ce que
je veux être Sang-de-Bourbe ?
Une unique larme coule sur ma joue. Une larme pour Ron, une
larme pour la situation. Une larme pour moi même.
Le visage de Ron devient rouge brique alors qu'il serre ses poings.
« J'ai été bien trop patient avec vous, Weasley ! » il siffle venimeux.
« Croyez-moi, si cela n'avait tenu qu'à moi, je vous aurais tué à la
seconde où je vous ai vu pour la première fois poser votre main sur
elle ! »
Je me jette sur lui, jetant mes bras autour de son cou afin de le faire
basculer vers l'arrière, comme je l'avais fait pour Dolohov.
Je tombe au sol.
Ron se remet lui même sur pieds, fixant Lucius de façon meurtrière
en prenant de profondes respirations. Un mince filet de sang coule
du coin de sa bouche, et son œil est noirci.
« S'il vous vient à l'idée de dire à quelqu'un d'autre ce que vous avez
découvert aujourd'hui, » murmure Lucius, ses yeux plongés dans les
miens, « alors votre souhait sera sans aucun doute exaucé. Je
mourrais immédiatement, peut être même des propres mains du
Seigneur des Ténèbres. » Il prend une profonde inspiration, les yeux
très sombres. « Mais ce serait également la fin de votre amie Sang-
de-Bourbe. Car il n'y aurait pas que moi qui serait puni. Même les
Moldues violées par des Mangemorts ne sont pas gardées en vie
dans notre monde. »
Après ce qui semble être une éternité, Lucius cligne des yeux et se
tourne pour faire face à Ron, le visage figé et pragmatique.
Mais… Mais j'ai besoin de son aide. S'il ne veut pas nous aider,
alors ça signifiera la fin pour nous deux.
S'il te plait.
« Je sais que vous n'avez aucune envie de faire ce que je vous dis »
il marmonne avant d'empoigner le bras de Ron « Et c'est pourquoi je
ne vous donne pas le choix. Si vos geôliers trouvent votre chambre
vide, ils vont vous chercher. Et je ne peux pas me permettre que
leurs recherches les mènent jusqu'ici. »
Son visage n'a aucune expression. Peut être qu'il ne se soucie pas
de ce qu'il vient de se passer, après tout.
L'insecte invisible
De joie empourprée,
Chapitre 34 Irrémédiable
Ces mots. Ces mots qui datent déjà d'il y a si longtemps. Ces mots
me donnent encore des cauchemars.
Bien que tout ce qu'il a dit cette nuit là s'est brouillé et déformé au fil
du temps, ces mots restent néanmoins clairs dans ma mémoire. Il ne
m'a pas laissé partir. Il le savait tout comme il le sait maintenant,
même s'il ne comprenait même pas pourquoi.
Il ne mettra pas fin à ce qu'il se passe entre nous juste parce que
Ron est au courant. Je le sais. Parce qu'il sait très bien que Ron
gardera le secret pour moi.
Peut être… Peut être que c'est le seul moyen pour sortir de cette
situation. La seule solution irrévocable pour moi, pour nous deux.
Lucius avait raison. J'ai dû faire quelque chose pour qu'il me désire
autant, au point qu'il aille à l'encontre de tout et n'importe quoi pour
moi.
Mais… Mais je n'ai jamais essayé… Je n'ai jamais voulu que les
choses prennent cette tournure ! Et ce n'est pas comme si je n'avais
pas essayé d'y mettre fin. J'ai essayé d'innombrables fois. Mais il est
toujours là, à me garder sous son emprise, même s'il m'a dit maintes
et maintes fois qu'il ferait n'importe quoi pour être en mesure de
mettre fin à ce qu'il se passe entre nous.
La noyade est l'une des meilleures façons pour mourir. C'est ce que
les gens disent.
Par ailleurs, la dernière fois que j'ai essayé… Il m'a arrêté encore
une fois… Il m'a sauvée…
Oh mon Dieu . Tout est gâché ! Tout ce qui aurait pu être entre Ron
et moi est perdu à jamais. L'amour, l'amitié… peut être même le
mariage, les enfants que nous aurions pu avoir, les anniversaires de
famille, les fêtes de Noël… tout est parti.
Des doigts. Des doigts chauds se posent sous mon menton, relevant
mon visage.
Ce n'est pas une obligation. Tu peux vivre sans lui. Tu sais que tu le
peux.
Son visage est tendu. Il est en colère, mais c'est une colère calme et
contenue. Plus précisément, il n'est pas en colère contre moi.
« Vous m'avez dit une fois, que je ne reverrais plus jamais vos
larmes » il murmure. « Et pourtant, chaque fois que je vous voie,
elles ne semblent jamais cesser. »
« Alors que je… que j'ai perdu tous ceux que j'ai jamais aimé, tous
ceux en qui je me souciais réellement » je murmure, des larmes
coulant encore sur mes joues, pour son plus grand plaisir. « Mes
parents sont morts, je ne reverrais jamais plus mes amis, et Ron…
Ron… »
Je secoue la tête.
Peut être… Peut être qu'il a raison après tout. Peut être que
l'amour… peut être que c'est réellement insensé. Quand est-ce que
mon amour a été en mesure de faire du bien à une personne ? Tout
ce qu'il a fait, c'est répandre la douleur et la misère sur quelqu'un qui
m'est cher.
« Parce que l'amour est la meilleure chose qui existe dans le monde
» je murmure. « Il peut bien être incontrôlable, insupportable et
même absolument horrible à certains moments, mais il est aussi
merveilleux, tellement merveilleux que rien ne peut se comparer à
lui. Etre en mesure de se soucier autant de quelqu'un, être capable
de ressentir un sentiment aussi fort pour un autre être humain : c'est
tout ce qui compte sur terre ! »
« Je vous plaint. »
Il paraît furieux. Non, furieux est trop doux pour décrire la façon dont
il me regarde. Il semble n'avoir envie que d'une chose : me fracasser
la tête contre le mur.
Je sers les lèvres alors que ses paroles se frayent un chemin jusqu'à
mon âme, et il ricane, savourant son triomphe.
Il appuie ses lèvres contre les miennes, et je sais que ce n'est pas
vrai ! Je ne peux pas faire cela, pas à nouveau. J'ai besoin d'y
mettre fin, pour l'amour de Ron ainsi que le mien.
Je frappe mes poings contre son torse et ses bras, sanglotant dans
l'effort, mais il conserve son emprise autour de moi comme un
python.
Je lève les yeux vers lui, les larmes coulant sur mon visage, ma
respiration lourde et douloureuse. « Je veux… » je bafouille ces
mots, ayant du mal à parler à travers mes sanglots. Je n'ai aucun
doute sur ce que je veux lui dire. « Je veux que vous me tuiez. Si
vous avez un minimum de pitié, vous… vous me t-tuerez. »
Mais comment ça pourrait être comme ça, alors qu'il croit lui même
que la situation est interdite ?
« Je n'appartiens à personne- »
« Non ? »
Mais il saisit mes deux mains, les épinglant au sol de chaque côté
de mon corps.
« Aimer ? » il ricane, mais sa grimace semble un peu forcée. « Ca
n'existe pas, Sang-de-Bourbe. Vous avez pitié de lui, c'est tout. Ne
confondez pas cela avec de l' amour . Vous avez pitié de lui, mais
vous avez besoin de moi. Il n'y a aucune comparaison à faire entre
les deux ! »
Mais dans le même temps, ce n'est pas Ron que je hais pour ce qui
m'est arrivé, pour ce que je suis devenue.
Et il me regarde droit dans les yeux alors que ses doigts bougent,
m'observant alors que ma respiration devient plus rapide, ses yeux
dans les miens.
Mais je suis alors tirée de nouveau dans la véritable réalité, par une
douleur aigue, brulante, tandis qu'il me mord durement.
Chapitre 35 Cauchemars
Je suis inquiète pour lui. Je suis toujours inquiète pour lui, mais
personne ne voudra jamais me dire ce qu'il devient, ou comment il
va.
… Et je vois une fille dans l'obscurité. Une belle et douce jeune fille,
toute seule dans le noir… Il y a un serpent présent aussi. Un python
noir et vert aussi épais qu'un tronc d'arbre, et il glisse et serpente
silencieusement vers elle… Mais elle sourit allègrement au serpent,
l'invitant d'un air engageant, et j'essaie de lui lancer un
avertissement mais elle ne peut pas m'entendre… Et l'horrible chose
l'approche, lui souriant en retour, mais les serpents ne peuvent pas
sourire, si ?… Celui-ci le peut… Et elle lui sourit encore, et la bouche
du serpent s'ouvre, et il bondit et tout ce qu'elle peut faire est de
céder, elle paraît si belle, si jeune, si innocente… Mais elle sourit.
Elle sourit alors même qu'elle est dévorée toute crue…
Je n'ai pas fait de rêves normaux depuis des lustres. Le mot rêve est
censé sonner agréablement… Le fait de rêver nous englobe dans un
doux monde insouciant dont on ne veut pas sortir.
Je dirige mon regard pour examiner Lucius. Il est assis à table avec
Drago et Avery. Ils sont tous les trois penchés sur ce qui semble être
des cartes, parlant de quelque chose qu'ils devront faire ce soir pour
le compte de Voldemort. Quelque chose qu'on leur a demandé
d'organiser.
J'aimerais le tuer pour ce qu'il a fait. J'aimerais le tuer pour avoir mis
Ron en pièces, simplement parce qu'il est quelqu'un d'important pour
moi.
Ils lèvent tous les trois leurs têtes pour me regarder, tous arborant le
même regard d'incrédulité.
Je regarde Lucius, parlant plus pour lui que pour les deux autres. Je
sais que lui, au moins, doit avoir une sorte de sentiment humain en
lui. Je le sais par la façon qu'il a de me tenir la nuit, si proche de lui
que je le soupçonne quelque fois d'être prêt à vendre son âme pour
me garder près de lui.
Mais non, bien sur qu'il ne pense pas cela. Ses yeux sont froids
comme jamais.
Merde.
Mais il n'a pas l'air bien du tout. Il semble presque sur le point de
vomir.
Je vous ai blessé pour votre propre bien. Vous n'avez pas tenu
compte de mon avertissement visuel, en voici donc un physique.
Mais bien sur, ce n'est pas ce qu'il dit. C'est ce que je devine qu'il
aimerait me dire.
Et quoi, exactement ?
« Merci, Père. »
« Oui Père. »
C'est alors que ce sentiment de pitié déjà ressenti pour Drago refait
surface. Je ne sais pas pourquoi, mais j'aimerais ne pas ressentir
ça. C'est juste… Il essaye toujours de faire plaisir à Lucius, mais il
n'en fait jamais assez pour lui.
Et c'est parce que je lui résistais. Il est tellement habitué à avoir des
gens qui font tout ce qu'il leur dit. Ca doit probablement être
rafraîchissant pour lui d'avoir enfin quelque chose à combattre.
Avery fait entendre un doux rire musical. C'est comme si des ongles
aiguisés parcouraient un tableau noir…
Non. Non.
« Le Seigneur des Ténèbres m'a dit qu'ils pourraient déjà être tentés
de se rebeller. »
J'entends Lucius aspirer son souffle, mais il ne lève même pas les
yeux de la carte lorsqu'il parle.
Lucius semble cependant avoir compris bien avant moi. Son visage
est rigide, comme il l'est toujours lorsqu'il essaye de cacher ses
émotions.
Son visage est blanc. Il regarde la carte, mais sans vraiment la voir.
Son regard est fixe et sombre. Ses articulations sont blanches alors
que ses doigts s'enfoncent dans le bureau.
« Père ? »
Et puis il y a le silence.
Je frissonne. Il sait…
Oh mon Dieu.
Je suis assise sur mon lit, mes genoux pliés jusqu'à mon menton,
ma tête reposant sur eux, regardant ma chambre sans vraiment la
voir.
Il ne sera pas ici avant tard ce soir. Je le sais. Il est toujours tard
lorsqu'il a une tache à accomplir pour Voldemort.
Il doit l'avoir fait maintenant. Il a dû faire son travail . Pour servir ses
oh-si-importants idéaux par le meurtre et la torture.
Enfin, non, il n'a pas vraiment confirmé qu'il couchait avec moi. Tout
ce qu'il a confirmé, c'est qu'il se souciait de moi, et Voldemort a déjà
compris ça, n'est-ce pas ? Il l'a déjà dit, lorsqu'il m'avait demandé de
diner avec lui il y a longtemps.
J'ai besoin que Lucius revienne. J'ai besoin de lui parler de ça, de
voir ce qu'on va bien pouvoir faire concernant Avery. J'aimerais
tellement qu'il rentre…
La porte s'ouvre.
Je vais le tuer pour ce qu'il a fait ce soir. Je vais lui dire qu'il peut
bien aller en Enfer s'il pense que je vais le laisser me toucher après
ce qu'il a fait…
Ses yeux sont rétrécis, mais son visage est dur comme la pierre.
Tout comme son père lorsqu'il est résolu à faire quelque chose.
Non. Je ne suis pas terrifiée par Drago. Je refuse d'avoir peur d'un
garçon qui n'était rien d'autre qu'une brute à l'école.
« Je pense que la vraie question est : qu'est-ce que toi, tu fais ici ?
Ou, » Sa bouche se tord plus désagréablement, « qu'est-ce que tu
fais encore ici, je devrais dire. »
Seul le regard qu'il me lance est différent de celui de son père. Il est
tout aussi intense, mais d'une manière totalement différente.
Mais… non, je ne peux pas lui demander son aide. Je ne crois plus
en lui, pourquoi je ne m'en rappelle jamais ?
Pas de mon côté en tout cas, et puis je suis sure qu'il n'y avait rien
de tout ça non plus du côté de Lucius. Après tout, je n'avais que
quatorze ans, pour l'amour de Dieu ! J'étais une enfant.
Je hais cela, parce que je savais qu'il pensait que je n'étais rien, rien
d'autre qu'une sale petite Sang-de-Bourbe pour lui. Il pensait que je
n'étais rien, même pas digne d'être de la merde sur ses chaussures,
et je l'ai vu dans le regard immonde qu'il m'avait lancé…
Ses yeux sont toujours rétrécis alors qu'il se rapproche de moi, plus
près, assez près pour me toucher s'il le voulait…
« Non, Granger » il siffle. Je lève les yeux vers lui pour les voir
flamboyants de fureur. « J'ai attendu trop longtemps, et je veux
maintenant connaître la vérité. Je ne peux plus l'ignorer plus
longtemps. C'est allé trop loin. »
« Oui. »
Oh non. Oh, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi je n'ai pas pu m'en
empêcher, pourquoi pourquoi pourquoi ?
« Est-ce que ça s'est passé avant mon arrivée ici ? » Sa voix est
frémissante, presque insupportable.
Et parce que je n'ai pas le choix, je lève la tête pour lui faire face. J'ai
l'impression que mon corps est fait de plomb. Même le simple fait de
respirer constitue un effort massif.
Sa baguette est pointée sur moi, et je réalise que ses joues sont
creusées et sa bouche tremble furieusement de mots silencieux, et
je ne l'ai jamais vu ressembler autant à sa tante qu'en ce moment
précis.
Tout ce que je sais, c'est que c'est la fin. J'ai tout gâché.
« Endoloris ! »
Drago Malefoy m'a toujours détesté. Je n'ai jamais douté de ça. Dès
l'instant où nous nous sommes rencontré, il me détestait. Il me
détestait parce que je le battais en classe, et la découverte du statut
de mon sang a cimenté cette haine pour toujours.
Mais tout ce que je ressens, c'est de la honte. J'ai détruit toutes ses
illusions. Et pour lui, ces illusions étaient la plus belle chose au
monde. Elles étaient aussi fortes que mes illusions que le monde
pouvait changer en bien, que chaque personne avait quelque chose
de bon en elle si on y regardait bien.
Je ne sais pas quoi dire ou quoi faire pour arranger les choses. Je
ne peux pas lutter contre Drago, pas sans baguette, et rien que je
puisse dire pourrait lui faire croire que ce n'est jamais arrivé…
Il me surveille. Il attend ce que j'ai à dire. Mais son visage est dur, et
je sais qu'il ne va pas m'écouter…
Même maintenant, alors même qu'il vient de découvrir que son père
est le pire des hypocrites, il essaye encore de lui ressembler.
Je me blottis sur moi même, tirant mes genoux jusqu'à mon menton.
Je suis assise sur le sol, pressant mon oreille contre le bois solide
de la porte, attendant que Lucius ne rentre, comme un chien
attendant le retour de son maitre, car oui, c'est ce que je suis
devenue, merci à vous mon Dieu.
Que va-t-il dire, lorsqu'il découvrira ce qu'il s'est passé ?
Peut être… S'il aime toujours son père, alors peut être…
En fait, non. C'est la deuxième pire chose dont nous devons nous
soucier maintenant.
« Où allez-vous ? » je glapis.
« Trouver mon fils » il répond simplement, et la petite clé scintille
alors en rouge puis il disparaît dans les airs.
Je…
J'hésite. « Nous ? »
Il me regarde, ses yeux assombris par quelque chose que je ne
peux sonder, autre chose que de la peur ou de la colère. « Si Drago
a dit à quelqu'un ce qu'il se passe, alors nos deux vies sont en
danger » dit-il. « Et je ne vais pas vous laisser à la merci de
quiconque qui voudrait venir jusqu'à vous. Au moins si vous êtes
avec moi, je pourrais vous défendre. »
« Allons-y. »
Va-t-il vraiment utiliser l'un des deux contre son propre fils ?
Chaque poil de mes bras, de mon cou, de mon dos, est tendu par la
peur.
Pas de réponse.
« Et s'il n'était pas ici ? » je siffle, me tordant les mains. « Et s'il était
déjà- »
Oh mon Dieu, je ne peux pas… Mes nerfs sont tendus au point qu'ils
sont près à céder, et je peux les entendre craquer sous la terreur et
je suis gelée et tremblante, le silence m'engloutissant…
« Drago ? » je murmure.
Après un long regard douloureux vers le… le rien que je crois avoir
vu, je finis par me tourner et je suis à nouveau Lucius.
« Ne joue pas à ce jeu, Drago » dit Lucius d'une voix dure. « Tu sais
aussi bien que moi pourquoi je suis ici. Alors pourquoi ne dis-tu pas
simplement ce que tu as à dire ? »
N'importe quel autre père serait blessé par ces mots. N'importe quel
autre père abaisserait sa baguette immédiatement, et étreindrait son
fils, tout en lui disant qu'il l'aime plus que tout au monde…
Mais tout ce que Drago reçoit de son père, est un regard froid et
sans cœur, alors il continue à parler, d'une voix légèrement
tremblante.
« Tu m'as dit ce matin même qu'il faudra que je prenne mon courage
à deux mains, alors je l'ai fait » dit-il, avec une certaine fierté dans sa
voix. J'ai décidé de savoir une fois pour toutes si mes soupçons
étaient fondés ou non. Et il s'avère que j'avais raison, n'est-ce pas ?
» dit-il presque triomphant. « Et tu es un menteur et un hypocrite,
parce que pendant tout ce temps, tu as baisé une Sang-de-Bourbe
dans le dos de ma mère- »
« Expeliar- »
« Protego ! » La baguette de Drago glisse légèrement de ses doigts,
mais il resserre son emprise sur elle et parvient à repousser le sort
de son père. Père et fils tiennent leur baguette en l'air, se jaugeant
l'un l'autre.
« Alors pourquoi est-ce que ça ne veut rien dire pour toi ? » La voix
de Drago est irritée et rauque d'une colère refoulée. « Tout ce que tu
m'as dit sur les traitres à leur sang et les Sang-de-Bourbe, et le
devoir des Sang Pur : qu'est-ce que tout ça signifie, si tu finis par
baiser la première salope de Sang-de-Bourbe qui croise ton chemin
?»
Drago serre les lèvres, ses yeux étincelant d'un air mutin.
Mais je sais que ce n'est pas vrai, pas vraiment, mais ça me fait
encore mal comme de l'acide dans mon âme, et ça me fait penser à
comment il fait, après tout ce qui s'est passé, pour se dire encore ce
genre de chose, mais… comment peut-il encore dire ça ?
Le visage de Lucius est blanc et dur, mais les joues de Drago sont
rosées et ses lèvres bougent furieusement.
« Es-tu toujours allé vers des filles assez jeunes pour être ta fille ? »
il demande, sa colère excitant sans aucun doute sa bravoure. « As-
tu envie de baiser Pansy lorsque je l'invite à la maison pour diner ? »
Lucius secoue la tête sous l'irritation. « Bien sur que non. Penses-tu
vraiment que je serais heureux de l'insulter en lui permettant de
découvrir que son mari et une- »
Il s'arrête, ses paroles disparaissant dans les airs, parce que c'est
apparemment encore trop répugnant pour lui de mettre des mots sur
ce qu'il fait, merci beaucoup Lucius.
Drago voit cela bien sur. Ses yeux se rétrécissent durant un instant
dans deux fentes étroites, avant qu'il ne semble s'affaisser tout à
coup.
Drago fixe son père les yeux rétrécis. « Oui, je sais bien ce que ça
fait. » il marmonne.
Pourquoi Lucius n'arrive simplement pas à voir que son fils l'aime ?
Ou bien s'il le sait déjà, alors pourquoi ne lui montre-t-il pas son
affection ?
« Tout ce que j'ai toujours essayé de faire n'a jamais été à la hauteur
de tes attentes pour te rendre fier ! » Sa voix tremble malgré ses
efforts pour la garder stable. « Et ça n'a jamais été assez, jamais. Et
maintenant, je me rends compte que tout ça était une perte de
temps ! »
Lucius lève les yeux au ciel. « Tu peux réprimander les erreurs que
j'ai fait avec la Sang-de-Bourbe si tu veux, Drago » dit-il d'une voix
trainante. « Mais arrête de minauder sur le reste, je ne vais pas le
supporter. »
Il serre ses lèvres un instant, semblant lutter contre lui même, avant
qu'il n'éclate finalement -
Mais sa baguette ne suit pas son regard. Elle reste là où elle est,
pointée vers son père.
Je sens Lucius se rapprocher de moi dans mon dos, sa baguette
toujours levée, et les yeux de Drago étincellent lorsqu'il le voit.
« Tu m'as déjà dit plusieurs fois que la loyauté pour la cause des
Sang Pur devait passer au delà des liens familiaux. » Il est essoufflé,
mais qui ne le serait pas sous la colère et la peur ? « Tu as toujours
été très dur avec la tante Andromeda et sa famille. Mais… Mais
pourquoi cette même règle ne s'appliquerait pas pour toi ? »
Parce qu'il n'y a plus seulement que sa vie à lui qui est en jeu…
Mais Lucius n'a aucune sympathie, aucune pitié. Son visage est dur
comme la pierre.
Quoi… Quoi ?
Je regarde médusée Lucius marcher vers son fils, alors qu'il pointe
sa baguette sur lui, son visage trahissant son soulagement suprême.
« Oubliettes ! »
Chapitre 37 Amour
« Allons » dit-il d'une voix douce. « Nous devons sortir d'ici aussi vite
que possible. »
Sans un mot je tends la main et glisse mes doigts dans les siens, et
il tire de ses vêtements la petite clé d'argent. Nous sommes en un
instant tous les trois aspirés dans le vide étroit, reliés par nos
mains…
Nous atterrissons dans ma chambre.
Lucius lâche ma main, mais garde son emprise sur son fils.
Il disparaît dans les airs, tenant toujours son fils par le poignet.
Je me lève rapidement.
Et mes mots meurent par ces paroles, parce qu'il a raison. Je sais
bien que c'est vrai. Si jamais nous sortons d'ici et demandons l'aide
de l'Ordre, ils diront que je me suis attachée à Lucius simplement
parce que mon esprit a été embrouillé par ces mois
d'emprisonnement et Lucius serait entre autre arrêté pour viol.
Quoi ?
Je…
« Qu-Quoi ? » je bégaie.
Je le connais .
« Mais je ne comprends pas ! Vous m'avez dit tant de fois que vous
n'aviez pas peur de mourir. Si c'est encore le cas, alors de quoi
avez-vous peur ? »
Il grimace. « Bien sur que non » est la seule chose qu'il dit.
Calmement, mais sans la moindre hésitation.
« Lâche » je murmure.
Il n'y a plus aucune couleur sur sa peau. Ses yeux sont deux grands
trous noirs dans le masque de son visage.
« Pour notre propre bien, Lucius ? » je dis dans le plus petit des
chuchotements.
Pendant peut être trente secondes, tout ce que je peux entendre est
un silence complet et total, et j'espère, je prie pour qu'il revienne,
qu'il ne me quitte pas, qu'il ne me brise pas le cœur en deux…
Mais après une douloureuse éternité remplie d'espoir, j'entends des
pas rapides se déplacer dans le couloir, s'éloignant de moi,
s'éloignant de tout ce qu'il y a jamais eu entre nous.
Je me sens étourdie.
Je me sens gelée.
« Je t'aime » je murmure.
Tout ce que je sais, c'est qu'il est parti. C'est fini, il a dit. Plus jamais,
jamais, jamais, il m'a laissé toute seule…
Je ne peux plus.
Aïe !
Calme toi. C'est la faim, c'est tout. Après tout, tu n'as pas mangé
aujourd'hui.
Mon Dieu, pas étonnant qu'il ne soit pas revenu. Qui voudrait… Qui
voudrait de cette chose ?
Les yeux de Ron ont un petit soubresaut, mais à part cela il ne réagit
pas.
« Ca va » dit-il. « Et toi ? »
Il soupire, la flamme dans ses yeux s'éteignant une fois de plus sous
la résignation.
Je sais ce que j'ai à dire. Je dois lui dire. Il mérite de savoir, il doit le
savoir.
Ses yeux flamboient une fois de plus. Ils flamboient de la plus cruelle
des émotions : l'espoir.
Je n'ai jamais pu rendre Lucius heureux : tout ce que j'ai réussi, c'est
qu'il se haïsse lui même pour ce qu'il ressent pour moi. Mais
pourrais-je rendre Ron heureux ?
Mais ses yeux se durcissent à nouveau. « Il s'est lassé de toi, c'est
ça ? »
Je ne pense pas qu'il pensait me blesser autant qu'il l'a fait en disant
ces mots. Il n'a jamais eu assez de malice pour ça. Ce n'est pas de
sa faute si ses paroles m'ont transpercé le cœur.
Je sais que je ne devrais pas lui mentir, mais que puis-je dire d'autre
? Il a mis fin à notre histoire pour me sauver la vie, mais malgré ses
raisons je l'ai supplié de ne pas me quitter, parce que la mort n'est
rien en comparaison de vivre sans lui ?
« Non. »
Je hoche la tête.
Ce sourire triste reste scotché sur ses lèvres. « Mais mon père et ma
mère n'ont commencé à se rebeller que lorsque Ginny a été
impliquée » il murmure. « C'est la vérité. »
Me laisser partir.
Me laisser partir.
La seule façon pour que je puisse quitter cet endroit vivante, est que
Lucius décide de me libérer. Et s'il le fait, je sais qu'il mourra
immédiatement.
Mais en dépit de ça, peut être… peut être qu'il me laisserait partir
maintenant. Il a bien arrêté de me voir pour tenter de me sauver.
Peut être qu'il irait encore plus loin pour me protéger.
Il lève son bras, comme s'il allait me tendre la main, mais il se ravise.
« Ils pourraient » dit-il. « Qui sait ? S'ils n'ont plus besoin de toi, ils
pourraient se contenter de t'effacer la mémoire et de te libérer. »
Un long silence.
« J'y serai » répond Lucius, la voix aussi froide qu'un courant glacé.
Ses yeux se posent durant un instant sur mon visage, avant qu'il ne
se tourne et ne pointe sa baguette vers ma table de chevet, faisant
apparaître une assiette de nourriture : un sandwich, un bol de soupe,
un verre de jus de citrouille, un morceau de pain, et ce qui semble
être un petit peu de confiture.
Ses yeux reposent sur les miens, et c'est comme une douleur
physique.
« Bon, si vous n'avez rien à dire, alors je n'ai aucune raison de rester
ici- »
« Non attendez, s'il vous plait ! » Je tends la main pour lui attraper
l'épaule.
Mais bien sur, je ne peux lui dire tout ça. Tout ce que je dis est donc
-
« Je ne sais pas. »
Peut être qu'il aime ça. Peut être que ça a toujours été son plan :
que je sois dépendante de lui. Peut être qu'il aime savoir que je suis
coincée dans l'attente, dans son attente, et qu'il suffit qu'il claque des
doigts pour me faire ramper à ses pieds.
Mais il ne voulait pas vraiment y mettre fin lorsqu'il l'a fait, je le sais
très bien.
S'il a mis sa volonté entre parenthèse rien que pour me sauver, alors
ça doit vouloir dire…
Regarde-moi.
Chapitre 39 Destruction
Mais tu sais qu'il ne le fera pas. Il ne peut pas. Il te l'a déjà dit.
As-tu pensé une minute que ça pourrait être la seule chose qui
pourrait te sauver ?
Il t'a déjà dit qu'il ne voudrait pas te tuer si Voldemort lui même lui
ordonnerait de le faire. Pourquoi serait-ce différent ?
Que veux-tu faire alors ? Attendre qu'ils découvrent la vérité avant lui
? C'est ta seule chance de salut.
Parce que tu es la seule chose qui ait jamais signifié quelque chose
pour lui.
J'ai eu d'eux un bon aperçu lorsque Ron et moi leur avons servi le
repas il y a une heure. Je n'ai pas besoin de les regarder à nouveau.
Si je les regarde, ils pourraient voir ce que je cache. Ca pourrait très
bien être écrit sur mon visage.
Je lève mes yeux et regarde brièvement Ron alors qu'il verse du vin
du côté opposé de la grande table. Il ne paraît pas aussi en colère
qu'il l'était la dernière fois que nous avons eu à servir le diner à des
Mangemorts. Son visage semble simplement vide. La lutte l'a
quittée. Pour lui, il s'agit d'une corvée comme une autre maintenant.
C'est ma faute. C'est moi qui lui ai enlevé cette lutte en lui. J'ai été
son espoir, mais je le lui ai rejeté en plein visage.
Mon cœur s'arrête lorsque j'aperçois des doigts longs et pales posés
sur le bois lisse de la table en face de moi. Sa main. Je la reconnais
plus que toute autre.
Je prends une grande inspiration et je verse le liquide rouge dans
son gobelet.
Mais je peux voir du coin de l'œil que Lucius est toujours en train de
me fixer.
Il s'arrête.
Comment je suis censée lui dire ? Je sais que je dois lui dire, mais…
par quoi vais-je commencer ? Ca va le détruire.
Je suis son regard, et sans la moindre surprise, elle fixe Lucius, son
regard noir et furieux scintillant occasionnellement entre lui et moi, et
je baisse la tête à la hâte, afin de ne pas lui donner raison, de ne pas
lui donner une nouvelle raison de nous soupçonner…
Une nouvelle raison de vous soupçonner ? Elle aura très vite bien
trop de raisons pour vous soupçonner…
« Je m'ennuie ! »
Elle agite une main vers lui. « Je n'ai jamais dit que vous n'étiez pas
divertissants » dit-elle un peu trop rapidement. « Je pense juste que
l'on pourrait trouver quelque chose pour nous divertir pendant que
nous mangeons. »
Un poids rempli de peur tombe sur mon estomac alors que son
regard scintillant vient se poser sur moi.
Non… Non…
« Je veux de la musique. »
Ron serre les lèvres, son regard passant de moi à Bellatrix, qui
arbore un sourire triomphant sur son visage.
« Chante ! J'ai dis chante ! » Elle frappe son poing sur la table après
ce dernier mot.
« Sang-de Bourbe ? »
« Tu voudrais que je te laisse seul ici avec elle ? Ne me fais pas rire-
»
« Oh pour l'amour de Dieu, n'en as-tu pas assez fait pour ce soir ?
Contente toi de partir et essaye de ne pas à nouveau faire la timbrée
une fois en bas ! »
Une pause.
Ma tête est remplie d'un brouillard épais. Elle cogne d'une douleur
dure.
« Nous avons des invités, Lucius » elle siffle. « Veux-tu que je
descende et que je fasse une petite annonce sur ce que tu fais avec
elle ? Je suis sure qu'ils trouveraient ça très divertissant, pour ne
pas dire incroyablement intéressant- »
J'aimerai ouvrir les yeux, mais je les garde fermés pour l'instant.
Et même s'il le fait ? Ne veux-tu pas que vous soyez tous les deux
en sécurité ?
Dis lui.
Je ne peux pas.
Il mérite de savoir.
Mon cœur bat la chamade sous la peur, mais… non, il ne veut pas…
il ne peut pas vouloir dire ça . Il ne sait rien à ce sujet, Dieu merci.
Ce que j'ai utilisé pour essayer de lui parler ? Dieu seul sait ce que
ça signifie. Il y a tant de choses que j'ai essayé de lui dire, maintes
et maintes fois.
« Lucius ? » je murmure.
Nous restons ainsi pendant un bon moment : une de ses mains sur
mon visage, l'autre enlacée dans la mienne. Sans rien dire, peut être
même sans penser quoi que ce soit. Nous nous contentons de nous
regarder l'un l'autre.
Mon cœur bat tellement fort que ça me fait mal. Peut-être… Peut-
être que c'est le moment…
Dis-lui.
Comment le pourrais-je ?
Il lève un sourcil.
« Si vous êtes malade, alors j'ai besoin de le savoir » dit-il d'une voix
parfaitement calme. « Je peux vous aider à récupérer, mais vous
devez d'abord me dire ce qui ne va pas. »
Presque.
Dis-lui .
Les larmes me piquent les yeux. Je serre les lèvres. Encore une fois,
il risque tout pour moi.
Dis-lui.
Il prend une longue inspiration, ses lèvres s'étirant en une fine ligne.
« Il s'agit seulement d'un diner » il murmure. « Il peut attendre. »
Et c'est la seule chose qu'il me dit, mais il me dit par là tout ce que
j'ai besoin de savoir.
Une ligne apparaît entre ses sourcils alors que son front se plisse.
Il va me tuer.
Dis-lui.
« Je suis… Je… »
Dis-lui.
Je retiens mon souffle, et je me saisis de tout l'espoir qu'il me reste
pour sortir ces mots.
« Je suis enceinte. »
Ma décision
« Dans les temps anciens, des anges venaient prendre les hommes
par la main pour les éloigner de la cité de ruine. Nous ne voyons
plus leurs ailes blanches à présent. Et pourtant des hommes sont
encore conduits loin de leur ruine imminente une main est placée
dans la leur, qui les mène doucement vers une terre calme et
resplendissante, en sorte qu'ils ne regardent plus derrière eux et
cette main peut être celle d'un petit enfant. » - George Eliot, Silas
Marner
Chapitre 40 Ma décision
Il me regarde.
Mes entrailles sont broyées sous la terreur qui terrasse mon corps…
Et il me regarde encore.
Son visage est dur comme la pierre. On pourrait presque penser que
je n'ai rien dit du tout. Uniquement si on ne regarde pas dans ses
yeux.
Ils sont… remplis d'horreur. Tout ce que je peux voir est l'horreur.
Sans fin, sans limite…
« S'il vous plait, est-ce que… est-ce que vous pouvez juste… » Je
serre la mâchoire d'une exaspération terrifiée. « Est-ce que vous
pouvez juste cligner des yeux ou… dire quelque chose, pour l'amour
de Dieu ! »
Sa joue est parcourue d'un tic. Ses yeux sont comme deux blocs de
granit de peur. Et je réalise qu'il semble plus terrifié qu'il ne l'a jamais
été auparavant. Plus effrayé que lorsque Drago l'a découvert, plus
effrayé que lorsque nous avons tué Dolohov…
Je pourrais tout lui dire. Je pourrais lui dire que oui, j'en suis
certaine, parce que je vomis au moins deux fois par jour depuis près
d'une quinzaine de jours maintenant, parce que je continue à avoir
des étourdissements et des maux de tête, parce que j'ai des
crampes d'estomac et des maux de ventre comme si j'allais avoir
mes règles, mais que je ne les ai plus depuis une longue période
maintenant… Depuis un bon mois je dirais.
Mais je ne lui dis pas tout cela. Tout ce que je dis est -
« Bien sur que j'en suis certaine. Je ne vous l'aurait pas dit sinon. »
Il se détourne de moi.
Je le dévisage.
« Pourquoi ? »
« Ne me parlez jamais plus comme ça, jamais plus » dit-il d'une voix
grave et dangereuse. « C'est une insulte pour moi. Je ne vais pas
vous permettre de rester là à me dire que mon existence entière
n'est rien d'autre qu'un mensonge- »
« Mais elle l'est, Lucius ! » je siffle d'une rage bouillonnante. « Bien
sur qu'elle l'est. Vous le savez bien. Comment ça pourrait en être
autrement, après que vous ayez abandonné tous les principes que
vous avez toujours eu ? Mais vous pouvez changer ça, ce n'est pas
trop tard !»
Ma tête tombe vers l'avant, les larmes coulant plus épaisses sur
mon visage. Mais ses doigts se referment sous mon menton,
m'obligeant à lui faire face alors qu'il me fixe d'un regard
interrogateur.
« Oh. » Ma bouche peut à peine sortir ce petit mot. Elle est gonflée
de douleur. « Et donc, ce que vous faites là, c'est juste n'est-ce pas
?»
Et il le fait. Il n'est pas lâche finalement. N'est-ce pas ce qu'il m'a dit
maintes et maintes fois ?
« Vous avez voulu ce qu'il s'est passé entre nous. » Ma voix est
aussi mince que du papier. « Je le sais. Vous avez menacé de renier
votre propre fils pour ça. Vous avez tué Dolohov pour me garder en
sécurité. Vous me serriez dans vos bras nuit après nuit lorsque je
dormais dans votre lit, alors n'essayez pas de prétendre que ce
bébé ne représente rien pour vous alors qu'il est une partie de tout
ça. Alors qu'il est apparu à cause de ce que vous vouliez plus que
tout au monde ! »
Il recommence à secouer la tête mais je tends la main et la dépose
sur sa joue, et il arrête son mouvement.
« Non » dit-il d'une voix très faible. « Non. Ca ne peut pas… Il faut
s'en débarrasser. Il le faut. »
J'ai attendu des heures et des heures qu'il revienne. L'attente la plus
longue et la plus agonisante que je puisse imaginer.
La mère.
Je sais pourquoi il ne reste pas. Il ne veut pas voir ça. Il peut bien ne
pas se soucier du bébé, mais il se soucie de moi cependant.
Peut être que je devrais juste la boire maintenant, d'une traite, avant
que je n'ai le temps d'y penser…
C'est pour le sauver, n'est-ce pas ? Et ne ferais-je pas n'importe quoi
pour le sauver ?
Mais… Mais c'est son enfant. Une partie de lui et une partie de moi.
Ma main glisse sur mon ventre. Paraît-il plus grand que d'habitude ?
Plus arrondi ?
« Rends le MOI ! » Mais ce n'est plus moi qui crie, mais un garçon
qui a peut être un ou deux ans de plus que la fille, avec les mêmes
cheveux roux brillants et les taches de rousseur, et ce sont
maintenant ses yeux qui scintillent d'irritation, tandis que sa sœur se
moque de lui…
Harry finit par les rattraper tous les deux, mais il ne s'agit plus de
Harry non plus. C'est leur frère, leur frère ainé que je n'avais pas
encore eu l'occasion de voir avant aujourd'hui, mais je peux le voir
clairement maintenant.
« Pas lui ! » dit-elle en se remettant sur pied, et elle renifle d'un air
désapprobateur, le visage cramoisi.
Que Dieu me vienne en aide. Que Dieu nous aide tous les deux. J'ai
pris ma décision, et ce sera la mort de Lucius et la mienne.
Chapitre 41 Ultimatum
Et j'attends donc.
C'est ridicule. Les sorciers ont toujours dédaigné les Moldus. Même
les Weasleys le font d'une certaine façon. Ils les trouvent originaux.
Attendrissants. Mais toujours très lents à la détente, et incapables de
rivaliser avec le monde magique…
Mais dans leur volonté d'ignorer le monde des Moldus, ils ont perdu
tous les acquis qu'avaient ces derniers. Et c'est donc comme ça que
des situations comme celle-ci se présentent.
Si j'avais pris cette potion, aurais-je souffert ? Aurais-je saigné ?
Aurais-je crié de douleur face aux crampes de mon ventre, et le
bébé aurait-il été expulsé de mon corps ?
Ce n'est pas comme s'il avait déjà engendré un Sang Mêlé de toute
façon… Il n'a donc jamais eu aucune raison d'utiliser cette solution.
Et il n'en aurait probablement rien à faire si une jeune et jolie Sang
Pur mettait au monde son enfant. Après tout, Drago ne signifie rien
pour lui. S'il a déjà eu d'autres enfants par accident, ils n'ont donc
aucune emprise affective sur lui.
Ton fils .
Mais ça signifie aussi que Lucius ne sera pas une partie de ma vie,
si je sors d'ici. Si les deux autres enfants étaient le frère et la sœur
de ce garçon, ils ne lui ressemblaient pas du tout. Ils n'avaient aucun
point commun avec Lucius. Ils ne me ressemblaient même pas
vraiment…
Sans même penser à ce que je fais, je laisse mon esprit revenir sur
ce que j'avais l'habitude d'imaginer vouloir avec Ron. Ce que je me
permettais d'imaginer dans la pénombre de mon dortoir, lorsque le
manque de lumière pouvait cacher mon visage rougissant.
Non, je veux que Ron fasse partie de ma vie. Je le veux. Mais c'est
juste…
Il s'éclaircit la gorge.
Plus maintenant.
Pas… ça.
« Et bien ? » il demande laconiquement. « Est-ce que c'est fini,
Sang-de-Bourbe ? »
Il tourne son visage vers moi, qui est illuminé par… par…
« Je ne suis pas une enfant, Lucius » je dis d'une voix dure comme
la pierre. « Tu devrais savoir cela plus que tout le monde. »
Sa main se durcit.
« Mais ce n'est pas un bébé qui a été conçu par un mariage sans
amour pour une raison purement sociale » je dis d'une voix
tremblante. « Tu sais par quoi il a été conçu ! »
Mais au lieu de cela, il ferme ses yeux dans ce qui ressemble à une
souffrance absolue, avant qu'il ne repousse lentement ma main de
son visage.
« Bien sur que je ne veux pas que tu meures pour moi » je dis en
tremblant. « Si je pensais que tu allais me libérer et rester toi même
ici à attendre que Voldemort te tue, j'aurai cassé le miroir de ma
salle de bain et aurais utilisé les bouts de verre pour me tailler les
veines avant que tu ne puisses rien faire. »
Son regard devient tout à coup fuyant. « Donc tu veux que je vienne
avec toi, c'est ça ? » il murmure. « Tu voudrais que je renonces à
tout ce qui a donné un sens à ma vie, et que je vienne avec toi pour
qu'on élève ensemble cette abomination ? Tu t'attends à ce que je
m'installe avec une Sang-de-Bourbe et que j'attende que le Seigneur
des Ténèbres nous traque ? »
« C'est bien plus que tu ne le ferais toi même, n'est-ce pas ? » je lui
crache. « Tu peux bien rejeter Ron et te moquer de lui, mais il se
soucie bien plus de moi que tu ne le pourra jamais. Tu ne veux
même pas venir avec moi pour élever ton propre enfant ! »
« Allez, vas-y ! » je dis d'une voix forte, parce que j'en ai assez et je
vais mettre fin à ça, d'une manière ou d'une autre. « Fais-le ! Tu
pourrais mettre fin à tout ce qui s'est passé entre nous. Il suffit que tu
le fasses, et que tu mettes tout ça derrière toi. Trouve toi une jolie
Sang Pur à séduire et oublie tout de la Sang-de-Bourbe avec
laquelle tu as fait la plus grosse erreur de ta vie. Tue moi, et de la
même façon, tue toute ta culpabilité et ta haine. Qu'est-ce que tu
attends ? Fais le ! »
J'avale une grosse quantité d'air en entendant ces mots, ces mots
d'affirmation qui me redonnent tant de force.
Je m'arrête.
« Ton fils » je dis en faisant un léger pas en avant. « Notre fils. J'ai
rêvé de lui : je l'ai vu à Poudlard. Il devait avoir environ seize ans, vu
son apparence. »
Ses doigts sont tellement crispés sur mon ventre que je peux sentir
ses ongles dans ma robe, et il secoue la tête.
« Cela ne signifie rien pour moi » dit-il. « J'ai déjà un fils au cas où tu
l'aurais oublié. »
J'ai touché un point sensible, je le sais. Je le sais parce que dès que
ces paroles quittent ma bouche, je le sens se geler, avant qu'il ne
retire vivement sa main de mon ventre et s'éloigne de moi à grands
pas, refusant toujours de me regarder.
Mon Dieu, je veux juste qu'elle revienne, rien qu'un petit instant !
Seulement pour voir son visage, et qu'elle puisse m'embrasser et me
dire que tout va bien parce qu'elle va prendre soin de moi, et que le
méchant monsieur ne me fera plus de mal, tout va bien ma chérie,
retourne te coucher, c'était juste un mauvais rêve, chut…
C'est Avery.
Vérité
« Seigneurs, peut-être êtes-vous étonnés de ce spectacle ; mais
étonnez-vous jusqu'à ce que la vérité vienne tout éclaircir. » -
William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été
Je jure devant Dieu Tout Puissant, de dire toute la vérité, rien que la
vérité, que Dieu me vienne en aide.
Chapitre 42 Vérité
« Bien sur que non » il répond doucement, « parce que ça doit être
trop gênant, n'est-ce pas ? D'imaginer que nous pourrions
finalement avoir des sentiments humains. »
« Alors oui, j'ai eu une mère. Tout comme Bellatrix, et tout comme le
Seigneur des Ténèbres. » Il fait une pause. « Et comme Drago. Vous
avez rencontré la mère de Drago, n'est-ce pas ? Une femme
charmante, je dois dire. »
La peur me gifle durement au visage mais je n'y prête pas attention.
Pas complètement.
Pas encore.
Je cligne des yeux et je serre mon poing caché dans les plis de ma
robe.
« J'ai dit qu'elle me manquait, pas que j'ai pleuré pour elle » dit-il
rapidement. « A quoi bon pleurer ? Ca ne la ramènera pas, même
pour un petit instant. »
Oh mon Dieu.
« Oh, je pense que si. Je suis au fil des années devenu un adepte
pour identifier ces signes. Après tout, ma femme et moi avons eu
trois enfants. Et oui, j'ai une femme » dit-il, souriant à mon
expression. « Ce n'est pas si étonnant, si ? Votre geôlier aussi a une
femme. Surement que ça doit être difficile à comprendre pour vous,
après tout ce qu'il vous a fait. »
« Quoi qu'il en soit, elle se comportait un peu comme vous l'avez fait
récemment, lorsqu'elle était enceinte » dit-il, sur le ton de la
conversation. « Elle se tenait le ventre presque excessivement, tout
comme vous le faites. Et elle se sentait souvent faible aussi. Non
pas qu'elle se soit jamais évanouie, mais les circonstances étaient
un peu extrêmes, je vous l'accorde. »
Je ne peux plus réfléchir. Mes yeux scintillent désespérément autour
de moi. La porte, Avery, la salle de bain… Oh mon Dieu, comment
pourrais-je échapper à ça ?
Mais quelque chose me saisit par le dos et je suis tirée vers l'arrière.
J'atterris durement contre la pierre, une douleur retentissante me
transperçant le crane. J'essaye de me débattre mais je suis coincée
contre le mur, oh mon Dieu, merde, qu'est-ce que je vais faire ?
« Oh, et moi qui pensais que nous avions une discussion tout à fait
agréable » dit-il faiblement. « Honnêtement Hermione, je suis
content pour vous. Ce sont les enfants qui font que la vie est
meilleure- »
Mais je sens que mes yeux s'ouvrent sous une force invisible, et je
n'ai plus d'autre choix que de regarder à nouveau dans ses yeux…
« Silencio ! »
« Si vous n'êtes pas polie avec moi, alors je me vois forcé de vous
faire taire » il murmure. « Vous devez être consciente que je déteste
les mauvaises manières, notamment venant d'une race inférieure
telle que la votre. »
« Bon, ce n'est déjà pas moi » dit-il d'un rire musical. « Même s'il n'y
avait pas votre problème de sang, je dois avouer que j'ai du mal à
imaginer que vous en valiez la chandelle. Pardonnez-moi ma chère,
mais vous n'êtes pas ce qu'on appelle une beauté, n'est-ce pas ? »
« Dans ce cas, qui est-ce ? » dit-il, et je peux voir une lueur noire
traverser ses yeux, lueur que je n'ai vu qu'une seule fois venant de
lui : lorsqu'il a essayé d'obliger Ron à violer sa propre sœur.
Il sourit. « Les larmes sont tout à fait inutiles, Hermione » dit-il d'une
voix qui pourrait paraître aimable si elle ne venait pas de lui. « Je
suis sur que le jeune Ronald Weasley fera un père merveilleux. Il a
le bon tempérament pour ça, après tout. De la bonne humeur, de la
patience… Je suis sur qu'il s'en sortira très bien. »
Et il sourit à nouveau, mais d'un sourire franc cette fois. Ses yeux ne
sont plus vides. Ils sont éclairés d'une véritable joie.
Ses doigts se referment sous mon menton. Ses ongles, plus longs
que ceux de Lucius, creusent dans ma peau alors qu'il me force à
relever la tête.
Je ne peux pas. C'est finit. J'ai atteins la fin. Nous avons atteint la
fin. Tout est fini.
Enfin.
« Oubliettes ! »
Pourquoi sourit-il ?
Mes yeux se rétrécissent face à lui. « Est-ce pour cela que vous êtes
venu ici ? » je demande. « Pour me poser une question à laquelle
vous connaissez déjà la réponse ? Pourquoi Diable laisserais-je
passer une chance de pouvoir voir Ron ? »
Il ouvre la porte et s'arrête, tournant une fois de plus son visage vers
moi.
Chapitre 43 Preuve
Je suis peut être lâche, mais je ne peux pas lui dire, je ne peux tout
simplement pas. Ca le détruirait.
Il prend mes deux mains dans les siennes, me regardant droit dans
les yeux.
Silence.
Il paraît si pale qu'il en est presque vert. Il baisse les yeux, fixant le
sol comme si ça pouvait lui fournir une certaine consolation.
« Et… et c'est le sien, n'est-ce pas ? » dit-il d'une voix tendue, aussi
serrée qu'un élastique.
« Oui » je dis, peut être un peu trop fortement. « Ca pourrait être qui
d'autre ? »
Peut être que ça serait plus facile pour lui de croire que c'est l'enfant
d'un violeur plutôt que de quelqu'un que j'ai choisis.
« Oui » je murmure.
Oh, c'est une des choses les plus difficiles à dire. Comment puis-je
lui dire que je souhaite garder la seule chose qui pourrait détruire
tout ce que nous pourrions jamais avoir eu ensemble ?
Il s'arrête avant d'aller plus loin. Il apporte ses mains à son visage, la
respiration sifflante.
Il fait un pas hésitant vers l'avant. « Ils savent… ils savent déjà
que… Ils pensent tous que nous sommes proches l'un l'autre, en
quelque sorte. Sauf… sauf lui . » Son visage se colore de
ressentiment mais il continue. « Peut-être… »
Je secoue la tête.
Il hésite une milli seconde avant de hocher la tête avec une certitude
sombre. « Pour prendre soin de toi, je ferais absolument n'importe
quoi. Et tout ce que j'ai toujours voulu, c'est prendre soin de toi. Si tu
me laisses faire, si jamais nous sortons d'ici, alors je passerai le
reste de ma vie à faire ça. »
Résignation ?
Ron lève lui aussi la tête et nous nous remettons rapidement sur nos
pieds, mais pour des raisons totalement différentes.
Il fait une pause, et son regard vacille vers moi pendant une fraction
de secondes, avant de se reposer une fois de plus sur Ron.
« Mais avant de faire cela, ils la tueront elle » dit-il d'une voix très
calme. « Il était question de se débarrasser d'elle de toute façon. Le
comportement de vos parents les a amené à croire que vous seriez
plus utile pour atteindre directement Potter, plutôt que de vous
utiliser pour garder vos parents à l'œil. »
Je frissonne involontairement.
Lucius secoue la tête et il se tourne une fois de plus pour faire face à
Ron, qui est devenu presque aussi pale que l'homme en face de lui.
Lucius ne s'y attarde pas cependant. Il semble qu'il n'ait pas assez
de temps pour cela.
« Dans ce cas, vous vous rappellerez que c'est Bellatrix qui l'a
amené jusqu'ici. Elle l'a capturé à Pré-au-Lard, a transplané avec
elle jusqu'au lac, et l'a amené jusqu'ici pour servir sa cause. »
Ron est coupé par son halètement de douleur alors que Lucius a sa
baguette levée vers lui. Il se saisit de son bras, grimaçant.
Lucius hoche durement la tête, fixant Ron comme s'il venait d'avaler
une gorgée de sel. « Oui, votre évasion » dit-il calmement. « Je crois
que la seule option qu'il nous reste, c'est que j'informe l'Ordre de
votre position, et de les faire venir à votre secours à une heure
convenue à l'avance. S'ils viennent à la fin de la semaine, moi et
Bellatrix ne seront pas sur place. Nous avons un travail à effectuer
pour le Seigneur des Ténèbres ce weekend, ce qui va nous obliger à
être absent pendant quelques jours. »
Ses lèvres s'affinent alors qu'il lutte pour prononcer ce dernier mot,
et durant un moment nous nous contentons de nous fixer : deux
âmes perdues en pleine mer.
Mais il avait déjà appris cela. Il l'avait déjà mis en pratique lorsqu'il
avait essayé de mettre de la distance entre nous.
« Lucius, non ! »
Mais c'est trop tard. Il attrape Ron par les épaules et le plaque
contre le mur, l'épinglant par la gorge.
Ron respire un rire moqueur. « Non, peut être pas. Je ne vais pas
prétendre que je comprends que vos croyances tordues et votre
fidélité à un psychopathe puissent être plus importantes pour vous
que ne peut l'être Hermione. Oui Malefoy, je dois admettre que je
suis totalement ignorant sur ce sujet. »
Ses yeux glissent sur moi durant une brève seconde avant qu'il ne
baisse rapidement son poing, exhalant de pure frustration tandis qu'il
libère Ron du mur.
Ron tombe vers l'avant, massant sa gorge alors qu'il reprend son
souffle, mais la lumière de triomphe ne quitte pas ses yeux.
« C'est possible » dit-il d'une voix très calme. « Mais je ne suis pas
le seul perdant ici. »
« N'essayez pas de dire que vous avez gagné sur ce point » dit-il
âprement. « Vous allez libérer Hermione. Lorsque cette semaine
sera terminée, vous ne la reverrez jamais. La seule et unique
personne à laquelle vous vous êtes jamais soucié, et vous allez la
bannir de votre vie pour toujours. »
« Je t'aime. »
Alors, ça y est. Ron et moi allons partir. Nous allons finalement être
libres…
Je ne sais pas.
Cette pensée me fait plus mal que je ne l'aurais cru, mais… mais
c'est la vérité, n'est-ce pas ? S'il se souciait de moi autant que Ron,
alors il serait prêt à faire ce que Ron est prêt à faire. Il abandonnerait
sa vie ici et il me suivrait pour élever son enfant.
Mais il ne le fait pas. Et ça doit donc être comme ça. Ron et moi
allons nous marier, comme je l'ai toujours voulu. Nous allons vivre
ensemble, certainement dans le pays. Nous aurons probablement
des enfants en commun, une fois que l'enfant de Lucius sera né.
Nous allons trouver un emploi. Nous emmènerons les enfants à
l'école, nous ferons les courses hebdomadaires, et les taches
ménagères. J'enfermerais mon existence entière dans la normalité,
et je ferais tout pour oublier…
Et je ne le reverrais jamais.
Je presse mes doigts glacés contre mes lèvres alors qu'un sanglot
menace de me submerger.
Si, tu pourrais.
Tu ne voudrais pas passer encore quelques mois avec lui, plutôt que
de passer des années et des années sans plus jamais voir son
visage ?
« Et bien, étant donné que tu ne veux pas venir avec moi, c'est tout
ce qui nous attendrait si je décidais de rester ici avec toi ! » je
rétorque, sentant la brulure des larmes. « Et de toute façon, tu
devras me tuer à la fin. Tu sais cela. Bellatrix et Avery disent que
c'est ce que Voldemort voudra- »
« Je ne voudrais pas te tuer ! » dit-il brusquement.
Il lève les yeux pour rencontrer les miens. Ils sont aussi durs que du
silex. « Est-ce une notion si ridicule venant de moi ? » dit-il
froidement. « J'ai passé ces derniers mois à prendre soin de toi. Tu
as toujours, toujours été la première chose dans mon esprit, peu
importe où j'étais, ou avec qui je me trouvais. Tout ce à quoi j'ai
toujours pensé, c'est à toi ! »
Et je sais alors que j'ai atteins son âme. Je le sais parce que ses
yeux commencent à flamboyer. A flamboyer de colère, d'un feu
désespéré.
Il secoue la tête, et bien que chaque geste qu'il fait lui procure une
douleur, il se détourne de moi.
Il serre les dents et secoue la tête. « Aimer ? » dit-il d'une voix basse
et illisible. « Aimer. Qu'as-tu utilisé pour essayer de me parler
d'amour ? Quels mots as-tu utilisé ? Incontrôlable, insupportable et
horrible ? Je me demande bien pourquoi tu sembles tellement
friande de ce concept, si cela te causes tant de souffrances. »
Ma tête va me tuer.
« Le Jardin. »
Eden
« Mon ange, ne pleure jamais pour ce qui ne sera pas,
Chapitre 44 Eden
Ca… chatouille.
« Sang-de-Bourbe ? »
Beau ?
Oui, mais… Mais c'est aussi tellement irréel . C'est quelque chose
de difficile à définir. C'est un endroit qu'on a du mal à imaginer. Nous
ne sommes pas à l'extérieur, et pourtant…
Je lève malgré moi les yeux vers le plafond, m'attendant à voir des
étoiles, la lune et le bleu nuit d'un ciel nocturne. Mais il n'y a rien.
Juste un noir pur. Cet endroit doit se trouver sous terre, comme Ron
l'avait soupçonné.
« Oh mon Dieu. »
Silence.
J'essaye… de le retenir…
« Ne reste pas immobile comme ça, et ose me dire que tout ça était
unilatéral » dit-il froidement. « Ne prétends pas que tu ne m'as pas
forcé la main. Je suis la dernière personne sur terre qui voulait ce
qu'il s'est passé entre nous, tu sais cela ! »
Je commence à pleurer.
Et en un instant, je suis dans ses bras. J'ignore s'il m'a tiré vers lui
ou bien si c'est moi qui ait bondit vers lui. Tout ce que je sais, c'est
que nous nous serrons si fort l'un l'autre, que j'ai du mal à respirer
par la force de notre étreinte. Nous sommes fusionnés l'un à l'autre,
et je ne pense pas que quelqu'un puisse nous séparer sans tuer l'un
ou l'autre, et il m'embrasse, et embrasse mes larmes, et je sanglote
si fort que je prie Dieu pour mourir dans ses bras, parce que la mort
est préférable à cette pure agonie.
Oh mon Dieu, peut-il encore me haïr ? Après tout ce que j'ai fait pour
lui, et tout ce que je l'ai poussé à faire ? Peut-il me haïr pour lui
causer autant de douleur, une douleur qu'il ne connaissait pas avant
aujourd'hui ?
« Lucius ? »
Il s'arrête. Je m'arrête.
Sa main reste entre mes jambes, entre nos deux corps, caressant et
pinçant, et j'halète en inclinant ma tête alors que les doigts de sa
main libre glissent jusqu'à mon cou.
« Pourquoi ? » il répète.
Son pouce glisse vers le haut de mon cou, sur ma mâchoire, jusqu'à
l'intérieur de ma bouche. Un gémissement s'échappe de ses lèvres
tandis que je ferme inconsciemment mes dents sur sa peau, et les
doigts de son autre main se déplacent alors plus vite, et je mords
plus fortement, jusqu'à ce que mes entrailles explosent comme un
feu d'artifice dans mon cœur et mon ventre, et quelques minutes
plus tard il gémit à son tour, arquant son dos, et puis -
Le silence.
Mais Lucius…
Oh mon Dieu, tout ce que je veux c'est qu'il vienne avec moi. C'est
ce que je souhaite le plus au monde.
« Oui » il murmure.
C'est soudain.
Un étourdissement.
Sans aucune alerte ou quoi que ce soit, seulement le noir pur, et je
tombe…
Que, pourquoi -
' Si vous n'êtes pas polie avec moi, alors je me vois forcé de vous
faire taire. Vous devez être consciente que je déteste les mauvaises
manières, notamment venant d'une race inférieure telle que la votre.'
Qui
' Voulez-vous'
Quoi
« Sang-de-Bourbe ? »
Les bras de Lucius sont autour de moi. L'une est sous mes épaules
et me secoue, l'autre posée sur ma joue.
« Que se passe-t-il ? Qu'est-il arrivé ? »
« Dieu, aidez-moi. »
Apeurés.
Une nouvelle brise s'infiltre parmi les branches, mais il paraît froid et
d'un bruit sinistre maintenant. Ce petit paradis a été brisé par ma
mémoire effacée par Avery, glissant entre nous comme un immense
serpent noir.
Moi je n'en ai pas peur : je suis allée là bas. » - Sylvia Plath, La voix
dans l'Orme
« Et s'il savait ? Que faire s'il est au courant ? Nous devons savoir
exactement ce qu'il t'a fait. Et nous saurons seulement ensuite
comment faire face à la situation. »
« Et je le ferais. »
« Très bien, alors comment penses-tu t'y prendre pour que l'on
sache exactement ce qu'il m'a fait oublier ? »
Il est là.
Mais… Oh mon Dieu, ses yeux. Ils ont été la première étape vers le
chemin de son âme. C'est lorsque j'ai réalisé combien ses yeux
étaient expressifs que j'ai commencé à réaliser qu'il pouvait y avoir
un être humain sous le masque du Mangemort.
Je respire une bouffée d'air chaud et éventé. C'est bien. Ca doit être
fait. Je le peux. Je le dois…
« Est-ce que tu l'as ? » je demande.
Je lève la tête pour le fixer, mais mon regard est attiré par la vue de
sa baguette reposant légère entre ses doigts. Inoffensive pour
l'instant.
« Endoloris ! »
« Tu as une idée ? »
« En quelque sorte. »
« Et bien, dis-la ! »
« Arrête ça. »
« Non, il n'y en a pas. Sauf si tu es toi même celui qui l'a lancé. Tu
sais cela. »
« Par l'Enfer ! »
Ca s'arrête.
Mais le Diable n'existe pas. Je n'ai jamais cru en lui, même lorsque
je croyais encore en Dieu.
Qu'il aime.
Il secoue la tête par saccades. « Bien sur que non. Mais j'espérais
que nous serions un peu plus chanceux, pour une fois. »
Et je sais que le mot ' mal ' est bien pale comparé à la vraie douleur
que ça me procure, mais il semble que ce simple mot vient de
poignarder son âme.
« Quoi ? »
« Il existe une potion. Elle est utilisée pour protéger le fœtus porté
par une sorcière sur le point de risquer sa vie. Je suppose qu'elle
fonctionne de la même manière dans notre situation. Mais il va me
falloir quelques heures pour la préparer. »
« Alors, prends ces heures. Je n'ai pas vécu tout ça, et je ne nous ai
pas mis en danger, simplement pour te donner une excuse de te
débarrasser de lui maintenant. »
Je commence à penser qu'il avait peut être raison lorsqu'il disait que
l'amour ne valait pas la douleur qu'il provoque. Après tout, je ferais
n'importe quoi pour ne pas ressentir la souffrance que je ressens
pour lui parfois. Si seulement j'arrivais à calmer le bruit incessant
dans ma tête…
« Tu étais fier, si fier d'avoir réussi à me faire te haïr plus que tout au
monde » je continue sans aucun remord. « Tu te souviens de ça ?
Tu te souviens de mes poignets ouverts, à la cave ? »
Et c'est alors qu'il me regarde. Son regard est aspiré par les
cicatrices sur mes poignets, des cicatrices dont il est responsable.
Et par ces mots, ces trois petits mots, je sens tout mon air être
aspiré hors de moi, et je flotte soudain dans l'obscurité, et il n'y a
plus d'air dans mes poumons, et le visage d'Avery est soudain en
face de moi - pas vide d'émotion comme il l'est d'habitude, mais au
contraire transporté de joie.
Sans réfléchir, je tends les mains et martèle mes poings contre son
torse, furieuse contre lui. « Il suffit juste de pousser un peu plus loin,
tu ne vois pas ? Ne reste pas planté là, fais-le ! » Je le frappe aussi
fort que je peux. « Mais merde, fais-le ! »
Son visage est rigide et il dirige sa baguette sur moi, une dernière
fois.
« Endoloris ! »
- Oubliettes ! -
Je nage à travers la brume et le brouillard, et lorsque je retrouve
enfin ma conscience, je peux sentir les bras de Lucius autour de
moi, et je peux entendre son pouls rugissant à mes oreilles alors
qu'il me tient contre son torse.
Je reste bouche bée devant lui, à peine capable d'en croire mes
oreilles. « Ce soir ? » je respire ce mot.
« Mais comment ? »
J'ouvre les yeux, serrant mes doigts autour d'un pan de ses
vêtements. « Est-ce qu'il est vraiment capable d'appeler le bateau
tout seul ? Il n'est pas un membre de la famille- »
Mais…
Ce n'est pas grave. Pas vraiment. Ce n'est pas grave si le fait que
l'on soit ensemble lui et moi, doit nous rendre malheureux. Ca n'est
pas grave parce que tout ce que je sais, c'est que je mourrais si je
ne l'ai pas à mes côtés. Tout ça paraît mélodramatique, mais ce
n'est pas qu'une parole. Comment pourrait-il y avoir un monde sans
lui, maintenant ?
Un long moment s'écoule avant qu'il ne revienne. Un long moment
où je n'ai que le désordre de mon esprit pour me tenir compagnie.
« Qu'il y a-t-il ? »
« C'est juste… » je bégaie. « Tu… Quand nous serons sorti d'ici, est-
ce que tu le reverras ? »
Mon Dieu, quel genre de père va-t-il être pour notre enfant ?
« Je le sais, crois-moi » dit-il, avec une telle certitude que je n'ai pas
d'autre choix que de le croire. Il doit avoir ses raisons. Ca doit faire
au minimum vingt ans qu'ils se connaissent, et je ne connais rien de
leur histoire.
Son cœur.
Il dépose un baiser sur le haut de mon crane tandis que son bras
enserre ma taille.
J'enlace mes doigts dans les siens, gardant son bras serré contre
moi.
Je ne sais pas ce que je dois ressentir. Etre ravie, fière, peut être
même en colère…
« Bien. » dit-il.
Nous restons ainsi pendant une éternité, avec ses lèvres collées
contre mon front. Je sens son souffle léger effleurer mes cheveux.
Ron avance vers moi et glisse ses doigts dans les miens, me lançant
un mince sourire de réconfort, puis nous sommes tous les trois
pressés dans les ténèbres, reliés par mes deux mains.
« Je ne pense pas qu'il ait le choix, Ron » je dis. Je sais que c'est
lâche, mais je souhaite juste que cette conversation prenne fin. J'y
ferais face quand je le devrais.
« Non ? » dit-il.
Mais… Mais je ne peux pas lui dire quelque chose qui lui briserait le
cœur en cet instant, si ? Je lui dirais lorsque nous serons loin d'ici,
lorsque je pourrais correctement le faire…
« C'est bon. »
Mon Dieu qu'il est petit. Il est bien plus petit que je ne m'en
rappelais. Trop petit…
« Ce n'est pas moi qui ait insisté pour que je vienne avec vous, c'est
Hermione ! » rétorque Ron. « Et ce n'est pas comme si vous étiez
obligé de venir avec nous, Malefoy- »
« Si je me souviens ? » je demande.
Je lève les yeux. C'est le crépuscule. Le ciel est d'un bleu foncé
poussiéreux, et de minuscules étoiles commencent à se montrer.
Libres.
« Il est plus rapide à émerger d'habitude, non ? » finit par dire Avery
au bout d'environ trente secondes. « Peut être qu'il est déjà occupé
ailleurs. »
Je peux les voir. Mon Dieu, ils sont plus près que je ne le pensais. Ils
sont seulement à quelques mètres. Je peux apercevoir le
froncement entre les sourcils de bellatrix.
« En es-tu sure ? »
Mais alors que je prends un peu de recul, une branche craque sous
mes pieds.
Oh mon Dieu.
« PROTEGO ! »
Je dois réfléchir. Réfléchir me fait mal, oh mon Dieu, est-ce qu'il est -
Je ne le vois pas.
« Bonsoir, Hermione. »
Ils sont en vie. C'est tout ce à quoi je peux me raccrocher. Ils sont
tous les deux encore en vie.
Nous sommes tous les trois enfermés dans trois cages séparées
faites de jolis fils argentés qui semblent si fragiles, mais ils ne le sont
pas, bien évidemment. Ils sont aussi durs que le fer, et tout aussi
incassables.
Je savais qu'il n'y avait plus aucun espoir pour Lucius. Je l'ai su à
partir de l'instant où le sort l'a frappé. Mais je pensais, j'espérais que
Ron puisse au moins s'échapper.
Meure ?
Non. Non.
Elle fusille du regard l'espace vide qu'il vient juste de quitter, le front
plissé, avant qu'elle ne secoue la tête et se retourne vers moi avec
un grand sourire.
« Ce qui veut dire que des voleuses comme toi doivent être punies !
» dit-elle hargneusement.
Je vais lui répondre. Je vais mourir de toute façon, alors elle peut
savoir ce qu'il y avait vraiment entre moi et son beau frère. Elle va
payer de la pire des manières possibles ce qu'elle nous a fait à Ron
et moi.
« Peut être que les émotions ne sont pas ce dont il a besoin » je dis
fermement. « Mais crois-moi, c'est ce qu'il veut vraiment. »
« Ne la touche pas ! »
Le regard qu'il lui lance est dur comme la pierre. « Ne sois pas
vexée sur le fait que ce n'est pas de toi que je me soucie. »
Il lève les yeux au ciel. « Calme-toi, Bella. Tu vas avoir une migraine.
»
Bellatrix crie alors de rage. « Pour l'amour de Dieu, il vient pour toi !
Tu ne le vois pas ? Comment peux-tu te soucier d'elle alors que tu
es à l'article de la mort ? »
Mais une lumière rouge vive vient lui couper son monologue, et nous
nous retrouvons alors à six personnes dans la petite pièce, tandis
que deux personnes apparaissent : Drago, les yeux écarquillés et
nerveux, et Avery, calme et impassible comme un paysage enneigé.
Avery lève les yeux au plafond mais il ne dit rien. Lucius se contente
de fixer Bellatrix. Non pas pour essayer de l'arrêter, car à quoi cela
servirait maintenant ?
Drago l'ignore.
« Et cela dure depuis plusieurs mois, qui plus est » elle poursuit,
toujours souriante. « Il est allé au delà des vœux prononcés à son
mariage, au delà des règles vouées à notre cause, en décidant de
tripoter une Sang-de-Bourbe qui a le même âge que son propre fils.
»
Elle se tourne vers lui comme si elle était sur le point de lui crier
dessus, mais après une seconde elle ferme sa bouche comme un
piège, jetant un regard vicieux vers Lucius par dessus son épaule, et
quitte la salle, laissant un horrible silence horrifié dans son sillage.
« Père ? »
« J'ai bien peur que oui » dit Avery d'une voix trainante.
Il y a autre chose derrière ses paroles. J'en suis sure. Après la petite
rencontre que nous avons eu lorsqu'il m'a effacé la mémoire, je
pense que j'ai enfin commencé à le connaître…
« Mais bon » il poursuit. « J'ai moi même été choqué par son
comportement, après tout. Tu dois bien te rappeler du moment où je
l'ai informé que tôt ou tard il devrait tuer la Sang-de-Bourbe, non ?
La force de sa réaction a été quelque peu déconcertante, si tu te
souviens- »
Mais ce qui est arrivé après cette scène, ça c'est une autre histoire.
Il fait glisser sa main vers le bas de son visage pour révéler des yeux
brillants de fureur tandis qu'il se tourne vers son père.
Le visage de Lucius reste impassible.
Mais à l'époque, Lucius ne mentait pas lorsqu'il a dit à son fils qu'il
n'avait pas couché avec moi.
« Tu sais de quoi je parle ! » siffle son fils. « Bien sur que je n'ai pas
dû sauter de joie lorsque je l'ai découvert… Mais pour l'amour de
Dieu, pourquoi ne m'as-tu pas fait confiance ? »
Drago regarde son père, blême. « Alors tu l'as choisis elle plutôt que
moi ? » il murmure.
Lucius exhale. « Alors même que je suis déshonoré et enchainé en
face de toi, sur le point de mourir pour mes pêchés, tu recherches
encore mon affection ? » Il secoue la tête. « Tu voudrais l'amour d'un
traitre à son sang ? N'as-tu aucune fierté ? »
Drago le regarde comme s'il l'avait giflé, et c'est Avery qui lui répond.
« Elle est enceinte, Drago » dit Avery en agitant une main vers moi
alors qu'il porte le coup meurtrier.
Si je peux.
Je le dois.
« Tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur » dit Avery tout
sourire. « N'est-ce pas merveilleux ? Tu dois être très fier de savoir
que bientôt de la boue se répandra dans la lignée des Malefoy. »
Lucius ne détourne pas ses yeux des miens, alors même que le
regard d'Avery est également posé sur moi.
« Ou peut être que je peux imaginer ce que ça t'a fait. Si… jeune. »
La voix d'Avery est douce comme une berceuse. « Si… faible. »
Ses mots serpentent entre moi et Lucius, et nous gardons tous deux
résolument nos yeux l'un sur l'autre.
« Ce n'était rien de tout ça » dit Lucius. Ses yeux sont deux puits
profonds.
« On dit que les yeux sont les fenêtres de l'âme » continue Avery en
ignorant totalement Lucius. « Et les siens sont particulièrement…
expressifs. Tu peux dire ce que tu veux Drago, mais c'est la vérité.
Après être passé par tout ce qu'elle a subi, il n'est pas étonnant
qu'ils soient si émouvants. Il y a un millier d'années de souffrances
dans ces yeux. »
J'aimerai lui parler. J'aimerai lui dire tout ce que je ressens pour lui,
et j'aimerai connaître tout ce qu'il a ressenti pour moi. J'aimerai
connaître tout de sa haine, sa puissance, ses envies.
Mais nous ne pouvons pas nous parler. Plus jamais. Parce qu'ils ne
nous laisseront plus jamais seuls désormais.
Lucius le fixe derrière les barreaux de sa cage. Mais son regard est
illisible. Est-ce un regard de mépris ou de peur ?
Ou des deux ?
Il marque une pause. Lucius aspire son souffle par son nez pointu
avant que Voldemort ne fasse sa déclaration suivante.
« Lucius Malefoy, comme tu me déçois. »
Bellatrix sourit derrière lui tandis que les yeux de Drago se déplacent
désespérément autour de la salle.
Je m'arrête. Parce que un regard dur d'une joie stérile a illuminé ses
yeux, et je sais alors qu'il ne sert à rien de chercher quelque chose
qui n'existe pas.
« Vous ne m'avez donné d'autre choix que de tuer ses parents, mon
Seigneur, si vous vous souvenez bien » dit-il, le ton palpitant de
haine.
Lucius ne lui jette même pas un coup d'œil. « Même si j'ai été…
impliqué… avec une Née Moldue, je n'ai pas renoncé à vous, mon
Seigneur. J'ai fait tout ce que vous avez exigé de moi, et plus
encore, sans un seul murmure de protestation. J'ai été heureux de
vous servir, et je n'ai jamais rien demandé en échange de mes
services, mais maintenant je demande, humblement… »
- - - Moi me cachant sous les lavabos des toilettes des filles tandis
que Harry et Ron combattent le Troll - - -
- - Ron m'a encore une fois fait faire ses devoirs, ' Je t'aime,
Hermione', et je rougis, oh mon Dieu, va-t-il le remarquer ? - -
' J'ai déjà appris tous les livres qui sont au programme, j'espère que
ce sera suffisant…'
- ' Je t'avais blessé. Je suis désolé pour ça. Ce n'était… pas ce que
je voulais.' - - -
J'avale durement. Mon regard se dirige vers Ron, qui prend une
forte inspiration par le nez alors qu'il regarde Voldemort dans les
yeux, puis Lucius, qui lui ne regarde que moi.
« Endoloris ! »
Et je sais alors que son discours n'est pas très convaincant. Mais je
suppose qu'il fallait le tenter.
Il lève les yeux au plafond. « Bien, peut être voudras-tu céder à une
certaine persuasion. Avery ? »
Il fait un geste vers Avery, qui lève sa baguette. Pas vers moi, mais
vers Lucius.
« Non ! » je dis automatiquement.
« Menteuse. »
Il ne veut pas que je leur dise la vérité. Mais quelle autre option
s'offre à moi ?
« Mort ? » il murmure.
« Mais… Mon Seigneur, mon père est un homme bon ! » dit soudain
Drago. « Il n'a jamais rien fait de tel auparavant ! C'est de la faute de
la Sang-de-Bourbe, pas de la sienne. Je veux dire, elle a eu de
l'emprise sur lui. Je ne sais pas pourquoi, mais… »
Ron pousse un 'Ha !' de triomphe, mais Drago ne semble même pas
l'entendre. Sa tête bascule sauvagement entre Lucius et Bellatrix, le
visage marqué d'horreur.
« Oh ! » est la seule chose qu'il dit. Puis il se tourne vers son père.
Elle lève la main comme pour toucher son bras, mais se contente de
chuchoter, « Au moins, je ne suis pas une Sang-de-Bourbe. »
« Après tout Drago, je ne te vois pas du tout faire les mêmes erreurs
que ton père. Pas alors que tu vas être témoin de ce que sa trahison
va lui couter. »
Il se tourne vers moi, son sourire encore gravé sur son visage, et il
n'y a alors plus qu'un bruit diffus tandis que Ron et Lucius réagissent
tous deux à ce qu'il vient de dire.
« Non ! Je veux dire, s'il vous plait… S'il vous plait mon Seigneur, ne
le tuez pas ! Ce n'est pas de sa faute. Tuez-la elle, ou bien Weasley-
»
J'ouvre les yeux. « Vous avez besoin que Ron soit en vie » je dis
tremblante. « Vous avez besoin de lui- »
Oh mon Dieu.
Oh mon Dieu !
Chapitre 48 Apocalypse
Une nuit lorsque j'avais quatre ans, j'ai quitté mon lit et suis sortie
pieds nus de ma chambre. Je suis venue me placer devant la porte
de mes parents, serrant contre moi mon ours en peluche.
« Du monstre. »
« Quel monstre ? »
« Je crois qu'il est sous mon lit. Il est là depuis longtemps. Il essaie
de m'attraper, maman. »
Elle m'a soulevé dans ses bras et m'a ramené jusqu'à mon lit, m'a
bordé avec les couvertures et m'a caressé les cheveux alors que je
babillais à propos du monstre terrifiant qui hantait mes cauchemars.
Lorsque mes murmures se sont finalement calmés, elle alla tirer les
rideaux de la fenêtre de ma chambre.
Mais il perd son temps. Ils perdent tous les deux leur temps. Avery
doit probablement être la seule personne à pouvoir nous aider
maintenant, mais c'est aussi l'une des seules personnes possédant
le moins de motivation pour le faire.
Ma tête me fait mal. Mon cœur me fait mal. Tout me fait mal. La salle
entière se referme autour de moi, et je ne peux plus respirer -
« Drago » je murmure.
Avery laisse apparaître un sourire glacial alors qu'il passe son bras
autour des épaules de Drago. « Tout va bien, mon garçon. Viens. »
« Lucius ? »
Il exhale un rire amer. « Non, à moins que nous puissions lui offrir la
tête de Harry Potter sur un plateau. Et je sais très bien qu'aucun de
vous deux n'envisagerais même une seconde cette opportunité,
même si elle était possible. »
« Alors, c'est fini ? » crache Ron. « Et bien, j'espère que vous êtes
fier de vous, Malefoy. Vous êtes responsable de tout ce gâchis, et
vous ne pouvez même plus nous en sauver maintenant. Vous nous
avez tous tué ! »
Si seulement.
Lucius expire, fixant le mur loin de mon regard. « Je n'ai pas à vous
expliquer ce qu'il s'est passé entre nous- »
« C'est trop tard, Ron » je marmonne. « Il n'y a plus rien que nous
puissions faire. »
Ron sourit tristement. « Je n'ai jamais pris pour acquis le fait que
nous pourrions finir ensemble » il murmure. « Je l'espérais bien sur,
mais je n'avais jamais considéré ça comme acquis. Mais si j'avais du
te perdre contre quelqu'un, je n'aurai jamais pensé te perdre contre
ce connard prétentieux. »
Je sursaute de surprise. Il dirige son regard vers moi, les yeux vides.
« Donc vous êtes en train de dire que c'est mieux que l'on soit sur le
point de mourir plutôt que de faire face à la moindre petite difficulté,
c'est ça ? » dit Ron, hargneux.
Ron expire sous l'incrédulité mais je sais que Lucius dit la vérité. Je
le connais, et je sais maintenant qu'il ne me mentira plus.
Et il a raison. Nous n'aurions pas pu continuer comme ça. Je ne
pouvais pas vivre avec ma culpabilité. Ron ne pouvait pas vivre avec
ma trahison. Lucius ne pouvait pas vivre face à lui même.
Mais Lucius ne dit rien. Il fait un petit geste de la main vers moi, mais
se ravise.
Je manque de suffoquer.
Drago ferme la porte derrière lui. Son visage est livide. Il ne répond
pas à la question de Ron.
« Bien Drago » dit Lucius, un peu essoufflé. « Très bien. Est-ce que
tu as ma baguette ? »
Partie.
Mais Lucius regarde fixement son fils. « Quoi qu'elle fasse, je veux
qu'elle soit libre » dit-il tranquillement. « Et donc je ne partirais pas
sans elle. »
« Oui, bien sur » dit Lucius en douceur, mentant avec une aisance
parfaite. « Maintenant, tu n'as plus qu'à- »
« Je te demande pardon ? »
Sa voix se fait entendre de très loin. C'est comme si de l'eau me
bloquait les oreilles.
Drago garde sa baguette sur Ron tandis qu'il parle à son père. «
Avant que je ne la libère, je veux que tu fasse le Serment Inviolable,
avec Weasley comme témoin, comme quoi tu ne devras plus jamais
revoir la Sang-de-Bourbe lorsque nous serons sortis d'ici. »
« Pourquoi me demandes-tu ça ? »
« Drago pour l'amour de Dieu, tu dois nous sortir d'ici, s'il te plait ! »
je dis désespérément. « Tu verras toujours ton père, tous les jours si
tu le souhaites- »
« Bien sur que oui ! » Drago tourne sa baguette sur son père tandis
qu'il répond à Ron. « Regarde-la. Elle a mis le grappin sur mon père-
»
Il y a une longue pause alors que nous nous regardons tous les uns
les autres.
« PERE ! »
Un bruit sourd.
Je recule, portant mes mains jusqu'à ma bouche pour arrêter les cris
horrifiés qui s'échappent de ma bouche.
Ron lève les yeux vers moi, s'essuyant hâtivement la bouche avec
sa manche.
Lucius atteint Ron. Ron ne lève pas la tête pour rencontrer son
regard.
Ron ne dit rien. Il serre les lèvres si fort que la peau autour devient
translucide. Son visage a pris une teinte vert pale.
Après ce qui semble être une éternité, Lucius expire fortement et
retire ses doigts du cou de son fils.
« Non. »
« Oui, je te le promet. »
J'acquiesce.
La porte s'ouvre.
« Stupefix ! »
« Protego ! »
Lucius me rejette vers l'arrière, loin de lui, tandis qu'il lance un jet de
lumière violette vers Avery.
Avery lance vers Lucius une flamme rouge vive, mais ce dernier
parvient à l'esquiver.
Avery fait rebondir chaque sort avec mépris. « Ce n'est pas mon
boulot de te tuer, Lucius ! »
« D'ici là, ça fera longtemps que nous serons partis » gronde Lucius.
« Et que tu seras mort ! »
« Et bien j'ai menti, parce que je ne vais pas le laisser ! » je lui crie
en retour.
Non. Il est encore vivant. Il vient d'évoquer une tornade de feu qui
tourbillonne vers Avery, qui s'approche de plus en plus…
« Bordel, Hermione- »
Elle hurle de rage, balayant ses mains comme les ailes d'un moulin,
et je verrouille mes jambes autour de sa taille, serrant mon bras
autour de son cou. Et Ron se saisit d'un de ses bras, son bras qui
tient sa baguette -
« AVADA KEDAVRA ! »
Mais il tient son bras loin de nous maintenant, et le sort nous rate de
quelques centimètres. Et il le tord dans tous les sens, et je serre
mon bras autour de son cou et nous tombons tous les trois au sol
mais je la tiens toujours sous moi -
Un fracas.
Mais Avery est lui aussi mal en point. De la sueur coule de son
menton, et sa main libre sert durement sa hanche droite -
Je me tourne pour regarder. Ils sont encore tous les deux en vie, se
battant furieusement, mais ils sont plus proches qu'ils ne l'étaient
auparavant.
« Et ça, c'est pour nous avoir utilisé comme esclave pour nettoyer
vos saloperies d'argenterie ! »
Je rie sans aucune retenu avec lui, alors qu'elle crie, hurle en
dessous de moi -
Il ne bouge pas.
Il me faut une fraction de seconde pour sauter sur elle, mais elle se
met tout à coup à scintiller d'une lumière rouge, et -
Elle a disparu.
« Expelliarmus ! »
Et tout à coup, Lucius est à mes côtés, et je suis sur le dos d'Avery,
Lucius tient sa gorge dans ses mains, et je saisis son poignet et
plante mes dents dans sa chair, et sa baguette glisse
progressivement de ses doigts -
« MAINTENANT, LUCIUS ! »
« Eloigne-toi, Hermione ! »
Un bruit d'étouffement.
Et un nez…
« Oui. »
« Jesus » je murmure.
J'avale une bouffée d'air. Je ne sais pas quoi dire, alors je redeviens
la Hermione que j'étais autrefois. Elle était pragmatique au dessus
de toute chose.
Je secoue la tête. « Non. Mais elle a dit… elle a dit qu'elle nous
trouverait, même si ça doit prendre des années. »
Il lève les yeux au ciel, incrédule. « Et bien, ça ne m'empêchera pas
de dormir, ça j'en suis sur » dit-il sarcastique.
Je laisse tomber mes mains sur les côtés de mon corps. « Oui » je
dis calmement. « Tu le sais aussi bien que moi. Tu n'as pas besoin
que je te le confirme. »
Je marche vers lui, prenant son visage entre mes mains. « Jamais,
sauf le jour de ma mort. »
Il me sourit en retour.
« J'ai pensé que tu… J'ai pensé que c'était… Mais nous sommes
vivants » je finis bêtement.
Que… Quoi ?
Ses yeux sont immenses, et ses lèvres peuvent à peine bouger alors
qu'il se contente de dire, « Qu'as-tu fait ? »
Et tout ce que je peux voir est alors Bellatrix. Elle ne sourit pas, mais
semble au contraire furieuse.
« Avada Kedavra ! »
Il est lourd alors que je le place devant moi, et mes mains glissent
sur le sang qui le recouvre.
Elle hurle d'un rire incontrôlable. « Oh oui, elle est là ! Elle se cache,
comme la lâche qu'elle est ! »
Je l'aime.
Je le hais.
Je la hais.
De l'électricité.
Mon dos devient maintenant douloureux tandis qu'elle pousse son
genou dans mes vertèbres. Je jette un œil sur le côté et je manque
m'étouffer alors que je l'aperçois, gisant dans une mare écarlate,
serrant sa main contre ses côtes. Ses lèvres sanglantes bougent
sans un bruit alors que ses yeux sont concentrés sur les miens.
Une douleur plus profonde dans mon dos, mais je m'en fous, je veux
seulement qu'il vive, ainsi que Ron, et moi même, et l'électricité me
brule les bras, je peux la sentir, et je sais ce qu'elle est, oui -
JE CRIE.
Mes yeux se posent sur Lucius, dont les yeux reposent sur moi, le
fantôme d'un sourire illuminant son visage agonisant.
« Oui » je lui jette ses mots à son visage horrifié. « C'est pour ça qu'il
t'as laissé. »
« AVADA KEDAVRA ! »
Le choc ne quitte pas son visage, alors même que ses yeux roulent
dans leurs orbites et qu'elle s'effondre au sol dans un tas de
vêtements noirs.
Non. NON !
Oui, je sais ce que c'est. Je n'arrivais plus à voir non plus lorsque
Bellatrix m'avait coupé les poignets… Oh mon Dieu, comment
m'avait-il sauvé au moment là ?
Mais il s'étouffe dans ses mots, et au lieu de cela, une petite goutte
de sang apparaît au coin de sa bouche.
«… mi… ne… »
« Lucius ? »
C'est fini.
La fuite de l'Eden
« Pour qu'un homme comprenne à quel point le matin peut être doux
à son cœur et à ses yeux, il faut que la nuit lui ait été cruelle. » -
Bram Stocker, Dracula
Non.
Non.
Son corps tremble inutilement, ses yeux roulant dans leurs orbites.
La lumière frappe son torse et se répand sur lui comme une vague.
Tu sais pourquoi.
Rien.
Non. Il doit y avoir quelque chose. Je n'ai simplement pas placé mes
doigts au bon endroit.
Non, je n'ai pas à vivre. Je n'ai pas à continuer dans ce trou noir
dans lequel il m'a laissé…
Je me tourne et cherche la baguette à tâtons.
Je ne peux pas continuer. C'est aussi simple que ça. Il m'a laissé
sans rien à part lui même, et maintenant même lui m'a quitté.
M'a quitté.
Rien.
Mais…
A moi même…
Moi même.
Hermione Granger.
Hermione Granger.
Je soulève son bras, appuyant ses doigts contre mes lèvres, avant
de glisser sa main autour de mon cou. Je veux juste qu'il me serre à
nouveau contre lui…
Il est encore chaud.
Il a toujours dormi avec son bras autour de ma taille. Mais dans ces
moments là, c'est son pouls que je pouvais sentir tout contre mon
dos, et non pas l'humidité de son sang.
J'apporte ses doigts à mes lèvres, fermant les yeux, puis l'obscurité
miséricordieuse m'enveloppe de son doux manteau.
« Hermione ? »
« Oh, Hermione. »
S'en est trop pour moi. Toute la douleur de ces derniers mois, la
torture, les menaces de mort, l'envie, le besoin, l'angoisse, l'espoir et
le désespoir, s'en est trop. Mon esprit, ou du moins ce qu'il en reste,
a été définitivement brisé.
Je n'aurai jamais pensé qu'il puisse paraître encore plus pale qu'il ne
l'était avant. Mais bon, je ne l'avais encore jamais vu sans une
goutte de sang dans ses veines.
Il retient son souffle. « Il… Il n'aurait pas voulu que tu restes ici pour
mourir. »
Ron hoche la tête, ses lèvres étirées en une ligne fine. « Oui
d'accord, mais- »
La porte s'ouvre.
Elle ne lui répond pas. Elle se contente de dire : « Où est mon fils ?
»
Elle écarte les mèches de cheveux sur son visage. « Mon pauvre
garçon… » elle murmure.
Elle pose un baiser sur son front, avant de se retourner vers nous
avec une expression haineuse que je ne l'avais jamais vu utiliser
jusqu'à aujourd'hui.
Mais Ron prend la parole. « Ca n'a rien à voir avec nous » dit-il
clairement. « C'était Bellatrix. »
Nous restons silencieux, mais elle n'a pas besoin de notre réponse.
Son regard tombe sur le tas de vêtements noirs derrière nous.
Elle reste où elle se trouve, muette, regardant d'un air absent les
trois cadavres, ne réagissant pas face à celui d'Avery, mais…
Nous ne devrions pas être ici. C'est trop intime pour elle…
Il était à elle…
Il s'arrête.
Ron se racle la gorge et secoue la tête. « Non. Votre mari l'a tué.
Juste après qu'elle l'ai poignardé, il… il lui a lancé le sortilège. »
Je ne sais pas s'il croit vraiment en ce qu'il dit, ou non.
Elle tourne son regard vers moi. « Et pourquoi est-ce que mon mari
essayait de s'échapper avec vous ? » demande-t-elle, plus froide
que la glace. « Hmm ? Pourquoi, Hermione ? »
Le regard qu'elle me jette est froid comme la glace. « Bien sur que je
savais » elle chuchote durement. « Je ne suis pas stupide. Et je
vous rappelle que je le connaissais depuis bien des années, bien
plus que vous. »
Ce n'est pas la question. C'est la manière dont elle le dit. Non pas
comme si elle voulait connaître le secret, mais comme si j'avais
réussi quelque chose dont elle n'avait jamais cru possible, et qu'elle
pensait que j'avais en quelque sorte triché.
Elle fait quelques pas rapides vers moi, et la gifle qu'elle me donne
me prend totalement par surprise. « Ne me mentez pas ! »
Je me tourne. Mais c'est sa main à elle sur mon épaule, pas celle de
Ron.
J'ai besoin de lui, j'ai besoin qu'il me tienne tout contre lui pour me
calmer -
Mais Ron est là. Il appuie ses lèvres contre mon oreille, murmurant
des mots qui n'ont aucun sens pour moi. Des paroles lentes et
réconfortantes qui ne font aucune différence.
Ses yeux… Ils sont toujours ouverts, regardant quelque chose qu'ils
ne peuvent plus voir.
Un silence s'installe.
« Oui. »
« Oui. »
« Non. Jamais. »
Mais non. Drago remue, mais n'ouvre pas encore les yeux, ses
lèvres remuant légèrement…
« Oh, et c'est tout bénèf' pour vous, n'est-ce pas ? » siffle Ron. « Et
nous alors ? Qu'est-ce que l'on est censé faire ? »
« En retour, » elle continue comme s'il ne l'avait jamais interrompu, «
je suis prête à vous permettre de partir avant nous, de vous aider à
traverser le lac, et de vous diriger vers le village moldu le plus
proche. Il se trouve seulement à une heure ou deux de marche, et il
n'est pas difficile à trouver. De là, vous pourrez trouver un moyen
pour rentrer chez vous. Et franchement, ce que vous ferez après est
au delà de mes préoccupations. »
Elle lève un sourcil. « Peut être. Mais vous ne pourrez pas sortir d'ici
si vous ne me donnez pas cette baguette, Weasley. Prenez votre
décision, et prenez la rapidement. »
Ils se fixent tous les deux durant plusieurs secondes. Je les ignore
complètement. Le résultat sera le même pour moi, de toute façon.
Lucius sera toujours mort.
« Je suppose que nous n'avons pas le choix » dit Ron en serrant les
dents.
Ron prend une profonde respiration, fait quelques pas vers l'avant et
lui tend la baguette. Elle la prend sans aucune émotion.
Ron tousse. « Vous pourriez les jeter… les mettre dans le lac » dit-il
avec hésitation. « Ca serait en quelque sorte comme un
enterrement. »
Le lac ?
Trop tard.
« Est-ce que… est-ce que je peux le mettre moi même dans l'eau ?
S'il vous plait. Je sais que c'est beaucoup demandé, mais… »
Je ferme mes yeux face aux larmes qui menacent de couler. Non,
nous n'étions pas amis. Nous étions ennemis jusqu'à la fin.
Elle se tourne vers moi. « Puis-je lui faire mes adieux, s'il vous plait
?»
J'aimerais rester ici pour toujours. Parce que je crains le moment qui
va venir après ce moment de silence. Le moment où je vais devoir
lui dire adieu.
Nous nous tournons pour lui faire face. Elle appuie une petite fiole
en verre contre la coupure sur son bras, collectant un peu de son
sang. Elle guérit sa blessure une fois la fiole remplie, avant de se
tourner vers nous.
Elle nous regarde l'un après l'autre, puis elle regarde son mari une
dernière fois.
Je me tourne vers Ron. « Est-ce que je peux avoir cinq minutes, s'il
te plait ? » Il hoche la tête, se détournant vivement de moi et
s'éloignant à plusieurs mètres de là, regardant résolument le sol.
A mes pieds.
Ses yeux sont toujours ouverts. Son corps existe toujours. Mais il
n'est plus à l'intérieur.
Je passe mon bras sous son cou, soulevant sa tête, faisant reposer
son dos sur mes genoux. Si lourd…
Je le tiens contre moi, comme il m'a déjà tenu, maintes et maintes
fois. Une larme tombe sur sa joue. Je l'essuie du bout de mon
pouce.
Ma santé mentale.
Froides.
Mortes.
Mon Dieu, laissez moi voir Lucius Malefoy souffrir. Laissez-moi le
voir me supplier. Laissez-moi le voir mourir.
Peut être que quelqu'un avait entendu mes prières, après tout.
« Je t'aime. »
« Au revoir. »
Il est parti.
Non.
« Si tu le peux. »
Il passe son bras sous mes épaules, me tirant sur mes pieds et
m'obligeant à rester debout.
« Il n'a pas survécu à ça, mais toi si » il murmure. « Tu as survécu.
Regarde-moi, Hermione. Regarde-moi ! »
« Tu as survécu » il murmure.
Je pousse un soupir.
Je chute vers l'avant et appuie mon front contre son torse, tournant
ma tête.
Terrible.
Mais si beau.
Ce bateau semble tellement vide sans lui . Il avait toujours été avec
moi, les fois précédentes.
Je le hais pour cela. S'il avait été honnête avec lui même, s'il avait
été un peu moins lâche, alors nous aurions pu nous échapper
depuis des semaines, et il serait encore en vie aujourd'hui, et nous
serions ensemble. Non pas que nous pouvions imaginer un avenir
tous les deux, mais simplement parce que nous voulions être
ensemble sans penser au reste.
Le bateau a un sursaut.
J'aurais aimé voir s'il aurait fait un meilleur père que pour Drago.
Pas de réponse.
Des doigts effleurent les miens. Je me tourne, et c'est Ron qui est
avec moi maintenant.
Mais bon, après ce que j'ai vu, mes yeux pourraient probablement
survivre en fixant le puits de l'Enfer lui même.
Tout ce que je peux espérer, c'est que cet enfant en vaille la peine.
Ron.
Ronald Weasley.
Lucius malefoy.
Chapitre 50 Epilogue
Je vous avais dit que ce n'était pas l'endroit pour y trouver une fin
heureuse.
Peut être que j'ai menti. Après tout, n'est-ce pas une fin heureuse ?
L'héroïne et le garçon qu'elle aime ont survécu, et les méchants de
l'histoire sont morts.
Mais ce n'est pas vraiment une fin. Toutes les ombres qui devaient
être réglé, ne le sont pas tout à fait. Il reste des ombres lorsque
Hermione regarde son miroir. Ce sont des yeux qui ont vu trop de
choses. Ce sont des cicatrices qui encerclent ses poignets. Et il y a
d'autres cicatrices qui n'ont jamais guéris : le manque de Lucius, ce
poids pesant sur son dos, sur ses jambes, sur la chair intérieure de
son bras.
' Le serpent était le plus rusé de tous les animaux sauvages que
l'Eternel Dieu avait faits…'
Mais Ron est resté près d'elle, faisant preuve d'une patience à faire
pâlir les Saints. Toujours là, attendant patiemment le jour où la fille
qu'il aimait recommencerait à parler. Le jour où elle quitterait le
monde sombre dont Lucius l'avait entouré.
' Il dit à la femme: «Dieu a-t-il vraiment dit: 'Vous ne mangerez aucun
des fruits des arbres du jardin'?»'
Heureusement pour Hermione, son fils ainé n'a pas les yeux de
Lucius. C'est déjà assez dur pour elle qu'il ressemble autant à son
père, mais si elle avait dû faire face aux yeux de Lucius chaque jour,
elle aurait probablement perdu la raison.
Hermione n'a jamais rien dit. Elle laisse les gens murmurer, et rejette
fermement mais gentiment toute tentative faite pour parler de ce
sujet. Après tout ce qu'il a fait pour elle, elle ne va pas blesser Ron
en expliquant aux gens qu'elle aimait Lucius Malefoy, et qu'il s'est
battu contre ses propres sentiments et désirs pour elle, parce qu'il
ne voulait pas croire que les idéaux auxquels il avait fondé son
existence entière, pouvaient signifier si peu pour lui.
Hermione mord ses lèvres, mais vie sa vie du mieux qu'elle peut, un
jour à la fois.
Vous ne pouvez pas le blâmer de ne pas vouloir croire que son père
était un violeur Mangemort.
'… mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux
s'ouvriront…'
Mais nous sommes tous fous d'amour. Et elle ne peut donc pas le
laisser. Il est toujours là, derrière toute chose. Comme il l'a toujours
été. Lorsqu'elle se réveille le matin, lorsqu'elle prépare le petit
déjeuner pour ses enfants, lorsqu'elle part au travail, il est toujours
là, comme une ombre.
Elle veut mourir, et c'est la triste réalité de toute cette histoire. Elle y
pense chaque jour, jouant avec cette idée. Mais elle sait qu'elle doit
survivre. La survie est devenue son devoir. Elle a regardé la mort
dans les yeux alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, et elle sait
maintenant qu'elle a une responsabilité de vivre.
Elle garde donc Lucius secret. Son noir secret. Pour le reste de sa
vie, elle le garde emprisonné à l'intérieur de son âme. Elle ne parle
de lui avec personne, pas même avec Ron. Elle le garde pour elle
même. Caché au plus profond, où personne ne peut le voir.
Elle se réveille le matin. Elle envoie ses enfants à l'école. Elle prend
son petit déjeuner et lit des livres, et évite ses voisins, se rend à son
travail et rentre à la maison pour partager le diner que Ron a préparé
pour elle et les enfants. Elle va au lit. Parfois elle dort. Souvent elle
ne peut pas.
Elle attend.