2015PA066061
2015PA066061
2015PA066061
THESE DE DOCTORAT DE
L’UNIVERSITE PIERRE et MARIE CURIE
Présentée par
Sujet de thèse :
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3
4
Table des Matières
Avant Propos 13
Introduction Bibliographique 17
A] GENERALITES 22
A.1 – STRUCTURES DES RCPG 23
A.2 – CLASSIFICATION DES RCPG 24
A.2.1 – La famille A : « Rhodopsin like » 25
A.2.2 – La famille B: « Secretin like » 27
A.2.3 – La famille C : « Metabotrope-glutamate/pheromone» 28
A.2.4 – Autres familles : D / E / F 28
B] TRANSDUCTION DU SIGNAL PAR LES PROTEINES G 29
B.1 – RCPG, L’HISTOIRE D’UNE CASCADE DE NOBEL 29
B.2 – LES DIFFERENTES PROTEINES G 30
B.3 – LE COUPLAGE DES PROTEINES G AUX RECEPTEURS 31
B.4 – ACTIVATION DES PROTEINES G 33
B.5 – LES EFFECTEURS DES PROTEINES G 33
B.5.1 – Les effecteurs activés par la sous-unité Gα 35
B.5.2 – Les effecteurs activés par le complexe βγ 38
C] REGULATION DE L’ACTIVITE DES RCPG 39
C.1– ELIMINATION DU LIGAND 39
C.2 – REGULATION PAR LES RGS (REGULATOR OF G PROTEIN SIGNALLING) 39
C.3 – DESENSIBILISATION 40
C.3.1 – Désensibilisation homologue 41
C.3.2 – Désensibilisation hétérologue 41
C.4 – INTERNALISATION DES RCPG DEPENDANTE DES Β-ARRESTINES 42
C.4.1 – Internalisation constitutive des RCPG 42
C.4.2 – Internalisation dépendante du ligand 42
D] TRANSDUCTION DU SIGNAL NON-CONVENTIONNELLE 43
D.1– TRANSDUCTION DU SIGNAL DEPENDANT DES PROTEINES G PAR DES RCPG INTERNALISES 43
D.2– TRANSDUCTION DU SIGNAL INDEPENDANT DES PROTEINES G 46
D.2.1 – Activation des différentes voies MAPK 46
D.2.2 –Autres voies de signalisation 47
5
II. LE SYSTEME CHIMIOKINE/ RECEPTEUR DE CHIMIOKINE 49
A] LES CHIMIOKINES 49
A.1 – CLASSIFICATION STRUCTURALE ET FONCTIONNELLE 50
A.1.1 – Les CXC-chimiokines 52
A.1.2 – Les CC-chimiokines 52
A.1.3 – Les CX3C-chimiokines 54
A.1.4 – Les C-chimiokines 54
A.2 – STRUCTURE DES CHIMIOKINES 54
A.2.1 – Séquence primaire 54
A.2.2 – Structure tridimensionnelle 55
A.2.3 – Sructure quaternaire 55
A.2.4 – Fixation aux glycosaminoglycanes 57
B] LES RECEPTEURS AUX CHIMIOKINES (OU RCK) 58
B.1 – CLASSIFICATION DES RCK 58
B.2 – STRUCTURE DES RCK 59
B.3 –DIMERISATION ET OLIGOMERISATION DES RCK 60
B.4 –EXPRESSION DES RCK 61
B.4.1 – Profil d’expression des RCK 62
B.4.2 – Régulation de l’expression des RCK 62
C] INTERACTION CHIMIOKINE-RECEPTEUR 63
C.1 – REDONDANCE DES INTERACTIONS LIGANDS/RECEPTEURS 63
C.2– UN MODELE D’INTERACTION EN DEUX ETAPES 64
C.3– TRANSDUCTION DU SIGNAL 64
C.3.1 – Voies protéine G dépendantes 64
C.3.2 – Voies protéine G indépendantes 66
C.3.3 –Régulation de l’activité 67
D] ROLES PHYSIOLOGIQUES DES CHIMIOKINES ET DES RCK 68
D.1 – CHIMIOTACTISME ET MIGRATION CELLULAIRE 69
D.1.1. – Transmigration endothéliale 69
D.1.2 – Migration interstitielle 70
D.2 – HEMATOPOÏESE 70
D.3 – ANGIOGENESE 71
D.4 – INITIATION DE LA REPONSE IMMUNITAIRE… 71
D.3.1 – …innée 72
D.3.2 – …adaptative 72
E] PHYSIOPATHOLOGIE DES CHIMIOKINES ET DE LEURS RECEPTEURS 73
E.1 – CHIMIOKINES ET MALADIES INFLAMMATOIRES 73
E.2 – CHIMIOKINES ET INFECTIONS VIRALES 75
E.3 – CHIMIOKINES ET CANCERS 75
E.3.1 – Rôle des chimiokines sur la croissance et/ou la survie tumorale 76
E.3.2 – Rôle des chimiokines sur l’angiogenèse tumorale 77
E.3.3 – Rôle des chimiokines dans la dissémination tumorale 78
6
III. LA CHIMIOKINE CX3CL1 ET SON RECEPTEUR LE CX3CR1 82
7
E.3.2 –Maladies neurodégénératives 109
E.4- CX3CL1 ET CANCER 110
E.5- CX3CL1 ET VIH 112
Article 133
Résultats Complémentaires 139
8
B] RECRUTEMENT DIFFERENTIEL DES Β-ARRESTINES EN FONCTION DE L’ACTIVATION DU
RECEPTEUR PAR LA FORME SOLUBLE OU LA FORME MEMBRANAIRE DU CX3CL1 195
9
10
Liste des figures et tableaux
Figures :
I-1 : Principe de transduction en aval des RCPG
I-2 : Représentation schématique 3D et 2D de la structure générale des RCPG
I-3 : Classification des RCPG
I-4 : Les RCPG, une histoire de NOBEL
I-5 : Cycle d’activation/désactivation des protéines G
I-6 : Diversité des voies de signalisation en aval d’un RCPG
I-7 : Structure de l’Adenylate Cyclase
I-8 : Modèle « classique » de l’internalisation β-arrestine dépendante des RCPG
I-9 : Résultats principaux issus de différentes études sur la transduction du signal AMPc par des
récepteurs internalisés.
11
III-10 : Représentation schématique de la configuration rétinienne chez un individu sain et un patient
atteint de DMLA
Tableau :
12
Liste des abréviations
A G
aa -- > acides aminés
AC Adenylate Cyclase GAG GlycosAminoGlycane
AMPc Adénosine MonoPhosphate cyclique GAP GTPase Activating Protein
AP-2 Adaptator Protein complex 2 GDP / GTP Guanosine Di- / TriPhosphate
AKAP A- Kinase Anchoring Protein GEF Guanine nucleotide Exchange Factor
AKAR A-Kinase Activity Reporter GIRK G protein-coupled Inwardly-Rectifying K+
ATP Adénosine TriPhosphate current
GMPc Guanine Mono-Phosphate cyclique
B GRK G-protein coupled Receptor Kinase
BRET Bioluminescence Resonance Energy Transfer
H
C HCN Hyperpolarization-activated Cyclic
CaMK CalModuline- Kinase Nucleotide-gated
CFP Cyan Fluorescent Protein HEK Human Embryonic Kidney
CML Cellules Musculaires Lisses HUVEC Human Umbilical Vein
CNG Cyclic Nucleotid Gated channel Endothelial Cell
CPA Cellules Présentatrices de l’Antigène
CREB C-AMP Response Element-Binding protein I
CTX ToXine Cholérique ICL IntraCellular Loop – Boucle IntraCellulaire
IFN InterFeroN
D IκB
DAG Di Acyl Glycerol IL InterLeukine
DC Dentritic Cell - Cellules Dentritiques IP3 Inositol 1’-4’-5’ triphosphate
DMLA Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age
DRY motif (E/DRY) Aspartate / Arginine / Tyrosine J
JaK Janus Kinase
E JNK c-Jun N-Terminal Kinase
ECL ExtraCellular Loop – Boucle ExtraCellulaire
EPAC Exchange Protein directly Activated by cAMP L
ELR-motif Glutamate / Leucine / Arginine LDL Low Density Lipoprotein
ERK Extracellular signal Regulated Kinase LPA LysoPhosphatidic Acid
LPS LipoPolySaccharide
F
FRET Fluorescence Resonance Energy Transfer M
MAPK Mitogen Activating Protein Kinase
MEK MAP Kinase / Erk Kinase Kinase
13 MRP Multidrug Resistant Protein
FSH/ FSHR Follicle-Stimulating Hormone–
Hormone Folliculo Stimulante/ FSH Receptor
FSK ForSKoline
N S
NK Natural Killer Src Proto-oncogene tyrosine-protein kinase
NFAT Nuclear Factor of Activated T-cells STAT Signal Transducers and Activators of
NF-κB Nuclear Factor-κB Transcription
P T
PDE PhosphoDiEsterase TCR T-Cell Receptor
PI3K PhosphoInositide 3 Kinase TSH/ TSHR Thydroïd Stimulating Hormone /
PIP2 PhosphatIdylinositol diphosphate TSH Receptor
PI PhosphoInositol TNF Tumor Necrosis Factor
PKA / PKB / PKC Protéine Kinase A / B / C TGF Tumor Growth Factor
PKI Protéine Kinase Inhibitor
PLC / PLA2 PhosphoLipase C / PhosphoLipase A2 V
VEGF Vascular Endothelial Growth Factor
R VIH Virus d’Immunodéficience Humaine
RCPG Récepteurs Couplés aux Protéines G
RCK Récepteur aux ChimioKines Y
RGS Regulator of G protein Signalling YFP Yelow Fluorescent Protein
RIA RadioImmunoAssay
ROS Reactive Oxygen Species
14
AVANT PROPOS
15
16
Avant propos
Toutes les chimiokines activent leurs cellules cibles via des Récepteurs Couplés aux Protéines G
(RCPG), c'est-à-dire des protéines composées de 7 hélices α transmembranaires.
Le couple CX3CL1/CX3CR1 sur lequel porte ce travail de thèse se distingue des autres couples
chimiokines/récepteurs par plusieurs aspects. L’une de ses particularités réside dans le fait que le
CX3CL1 (ou fractalkine) est une chimiokine qui existe sous deux formes protéiques fonctionnelles : une
forme soluble chimio-attractante comme toutes les chimiokines et une forme membranaire qui confère à
ce couple des propriétés d’adhérence, contribuant notamment à l’arrêt de leucocytes circulants sur la
paroi endothéliale et leur migration vers le foyer inflammatoire. Une autre des particularités de ce couple
est l’existence de deux variants naturels du CX3CR1, annotés VT et IM, en fonction de la nature des
acides aminées en position 246 et 280 (V246I/T280M). Le variant IM est associé à une progression plus
rapide vers le SIDA en cas de contamination, à un moindre risque vis-à-vis des maladies cardio-
vasculaires, à une susceptibilité moindre à certain astrocytome et à une augmentation du risque de
dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Une meilleure connaissance de la signalisation en aval des récepteurs aux chimiokines et des
éventuelles différences de signaux selon la forme activatrice du ligand ou selon le variant du récepteur,
permettrait de progresser dans la définition de moyens d’intervention pharmacologiques afin de lutter
contre les multiples pathologies dans lesquelles ce couple chimiokine/récepteur et, plus généralement,
dans lesquelles les chimiokines et leurs récepteurs sont impliqués.
17
18
INTRODUCTION
19
20
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons spécifiquement aux RCPG, aussi appelés
récepteurs à sept domaines transmembranaires.
21
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
A] Généralités
Les RCPG sont certainement parmi les plus anciens transducteurs de signaux. En effet,
ils sont présents chez les plantes, les levures, les champignons, ainsi que les protozoaires et les
métazoaires diploblastiques. Ils interviennent dans tous les grands systèmes de communication
intercellulaire. Par comparaison les récepteurs à tyrosine kinase n’apparaissent qu’avec les
métazoaires triploblastiques. Chez l’homme, il existe plus de 1000 RCPG différents, dont plus
de la moitié, sont des récepteurs olfactifs (Bockaert and Pin 1999) (Fredriksson and Schioth
2005). 3% du génome humain est consacré à cette famille de protéine. Cela fait de la famille
des RCPG, une des plus grandes classes de protéines du génome humain.
Les ligands des RCPG sont d’une très grande diversité chimique. Ils incluent des
photons, des ions (Ca2+), des stimuli sensoriels (molécules olfactives, gustatives et
phéromones), des petites molécules endogènes (acides aminés, amines, nucléotides, lipides et
peptides endogènes), des composés exogènes (cannabinoïdes, peptides d'amphibiens:
ranatensine ou bombésine), des composés impliqués dans les réactions du système
immunitaire (chimiokines, anaphylatoxines C3a et C5a du complément, peptides N formylés
chimiotactiques) et des protéines (hormones glycoprotéiques, protéases) (Vassilatis, Hohmann
et al. 2003).
Le signal apporté par le stimulus extracellulaire est transmis à l’intérieur de la cellule par
l’intermédiaire du récepteur qui la plus part du temps active une protéine hétérotrimérique, liant
les nucléotides guanyliques di- ou triphosphate (GDP/GTP), aussi appelée protéine G, d’où
l’appellation récepteurs couplés aux protéines G. Ces protéines transmettent le signal provenant
du récepteur à différents effecteurs intracellulaires permettant l’amplification du signal et la
genèse d’une réponse cellulaire appropriée (Figure I-1).
Les premiers RCPG ont été décrits comme des récepteurs capables de moduler l’activité
d’une enzyme membranaire, l’adénylyl cyclase (AC), via l’activation des protéines G (Rodbell
1992). Mais au fil du temps, il est apparu que les RCPG régulent d’autres effecteurs tels que des
canaux ioniques ou encore des kinases. De plus, il est maintenant clair que les RCPG
interagissent de façon directe ou indirecte avec un nombre important de protéines régulatrices
ou des protéines d’échafaudage créant ainsi une plateforme fonctionnelle de signalisation
qualifiée de «réceptosome » (Bockaert, Roussignol et al. 2004). Enfin les RCPG ne sont plus
considérés comme des entités monomériques depuis la mise en évidence de dimères (homo-
ou hétérodimères) de RCPG, même si l’existence de ces dimères semble transitoire (Mizoue,
22
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Bazan et al. 1999; Garton, Gough et al. 2001; Prinster, Hague et al. 2005; Kasai and Kusumi
2014).
Figure I-1 : Principe de la transduction du signal en aval des Récepteurs Couplés aux Protéines G.
Les RCPG sont capables de reconnaître des ligands extrêmement variés (photons, ions, molécules odorantes,
peptides, lipides, protéines...). La liaison de molécules messages sur la face extracellulaire du récepteur permet
l’activation au niveau intracellulaire de protéines G. Les protéines G, une fois activées, agissent à leur tour sur
différents effecteurs responsables d’effets intracellulaires importants parmi lesquels la prolifération ou encore la survie
cellulaire.
Jusqu’en Octobre 2007, la rhodopsine bovine était le seul récepteur de la famille des
RCPG dont la structure cristallographique était résolue. De ce fait elle a longtemps été utilisée
comme modèle des RCPG.
23
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
A l’heure actuelle, plus d’une dizaine de structures cristallographiques de RCPG ont été
obtenues (Ozaki, Shibasaki et al. 2000; Cullere, Shaw et al. 2005), dont celle des récepteurs β1
et β2-adrénergique, du récepteur A2 de l’adénosine (Warne, Serrano-Vega et al. 2008)
(Jaakola, Griffith et al. 2008) ou encore celle du CXCR1 (Geissmann, Jung et al. 2003). La
comparaison des séquences de ces RCPG révèle une topologie membranaire commune à tous
les membres de cette superfamille : sept segments hydrophobes transmembranaires organisés
en hélice α, particulièrement bien conservés et composés chacun d’environ 25 à 35 acides
aminés (aa) organisés en un tonnelet tridimensionnel (Figure I-2). Ces segments
transmembranaires sont reliés entre eux par trois boucles cytoplasmiques (ICL) et trois boucles
extracellulaires (ECL). Les extrémités N-terminale et C-terminale se situent respectivement du
côté extracellulaire et intracellulaire. L’extrémité N-terminale constitue la région le plus variable,
pouvant être constituée de 7 aa comme dans le cas du récepteur A2 de l’adénosine comme de
5900 aa dans le cas du VLGR (Very Large G-protein coupled Receptor). Ces variations de taille
importantes dans la longueur des extrémités N-terminale et des boucles constituent un des
critères permettant de caractériser les différentes familles de RCPG.
De nombreux systèmes de classification des RCPG ont été proposés. Ils répartissent les
récepteurs en sous-groupes ou familles en se basant sur des critères variés tels que le mode de
liaison du ligand, la structure, la phylogénie ou encore la composition en aa (Kumari, Pant et al.
2009).
La classification la plus répandue est celle établie par Kolakowski en 1994, qui identifie
six classes, basée sur la recherche de similarité entre RCPG connus de vertébrés ou
d’invertébrés (Kolakowski 1994). Cette classification servira de base par la suite à la création de
la base de données des RCPG, appelée GPCRdb (pour G-Protein Coupled Receptors
database). Une autre classification, proposée par Joël Bockaert et Jean-Philippe Pin, répertorie
les RCPG en cinq classes sur la base de critères structuraux et selon le mode de liaison du
ligand (Bockaert and Pin 1999). Parallèlement, deux études proposent des classifications
phylogénétiques des RCPG (Joost and Methner 2002; Fredriksson and Schioth 2005).
24
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
La famille A est la mieux caractérisée et aussi celle qui comporte le plus grand nombre
de récepteurs avec plus de 80% des RCPG dont la rhodopsine et le récepteur β2-adrénergique.
Cette classe de récepteurs lie des hormones, des polypeptides, des amines biogènes, des
photons ou encore des substances apparentées aux lipides. La moitié des récepteurs de cette
famille sont décrits comme des récepteurs sensoriels impliqués dans la reconnaissance de
stimuli olfactifs, gustatifs ou lumineux. Cette classe est divisée en trois sous-groupes suivant la
taille et l’emplacement du site de liaison du ligand (Figure I-3) :
25
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
- la sous classe A1 comprend des récepteurs dont les ligands sont de petites molécules
comme le rétinal et pour lesquels le site de liaison est constitué par une cavité formée par les
segments transmembranaires au sein du tonnelet central du RCPG
Parmi ces séquences consensus, le motif E/DRY a fait l’objet d’une multitude d’études,
notamment sur son implication dans l’activation des RCPG de la classe A (Rovati, Capra et al.
2007). Il a ainsi été montré que toute mutation dans ce motif affecte le couplage aux protéines G
(Murphy 1994; Fourmy, Escrieut et al. 2002).
26
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
La classe B des RCPG ne présente qu’une faible homologie (12%) de séquence avec la
classe A.
Cette famille de RCPG se lie avec des peptides relativement grands tels que des
hormones et des neuropeptides. Cette famille regroupe des récepteurs structurellement proches
du récepteur à la sécrétine. On y retrouve notamment le récepteur du glucagon, du GIP (Gastric
Inhibitory Polypeptide), du GLP-1R et GLP2-R (Glucagon Like Peptide-1/2), le récepteur de la
PTH (Hormone ParaThyroïdienne), le récepteur à la calcitonin, le récepteur à la GHRH (Growth
Hormone Releasing Hormone), les récepteurs au VIP (Vasoactive Intestinal Polypeptide) et du
PACAP (Pituitary Adenylate Cyclase-Activating Polypeptide). Le site de liaison du ligand se
situe au niveau de l’extrémité N-terminale du récepteur comme pour les récepteurs de la famille
A3, bien qu’il n’existe pas d’identité de séquences entre les deux familles (Figure I-3).
27
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
La famille E est formée par les quatre récepteurs à l’AMPc (cAR 1–4) et d’autres
récepteurs « cAMP receptor-like » caractérisés chez Dictyostelium discoideum. Ces récepteurs
sont exprimés lors des étapes précoces du développement de cette amibe où ils participent au
système de signal chimiotactique. Plus tard dans le développement, ils interviennent dans la
différenciation cellulaire et dans le contrôle du cycle cellulaire (Prabhu and Eichinger 2006). A ce
jour, aucun homologue n’a été trouvé chez les vertébrés, ce qui en fait une famille de RCPG
minoritaire, mais unique.
28
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
polarité cellulaire, en se liant avec Wnt et en activant le signal Hedgehog. Ils sont également
impliqués dans les processus de différenciation cellulaire et d’apoptose (Wang, Liu et al. 2006).
Chez les mammifères, dix récepteurs “frizzled” et un récepteur « smoothened » ont été
identifiés. Leurs boucles intracellulaires sont parmi les plus courtes des RCPG et la longueur de
la partie C-terminale varie d’une vingtaine à plus de 200 aa chez l’Homme. Ces récepteurs
présentent une homologie de séquence faible mais significative avec la famille B (Malbon 2004).
Hormis des éléments structuraux communs, l’autre caractéristique à tous les RCPG tient
du fait qu’ils déclenchent une cascade de signalisation par le biais des protéines G
hétérotrimériques avec lesquelles ils interagissent. Le récepteur activé par la liaison de son
ligand subit des changements conformationnels qui par extension favorisent son interaction
avec la protéine G, ce qui catalysera l’activation de cette dernière. La protéine G ainsi activée
peut alors induire la transmission du signal intracellulaire.
C’est dans les années 70’ que les premiers acteurs de la cascade de signalisation en
aval des RCPG sont découverts. L’adénosine-3’-5’-monophosphate cyclique (AMPc) et l’enzyme
responsable de sa synthèse l’adénylate cyclase (AC) sont les premiers partenaires à être mis en
lumière. Cette découverte vaudra à Earl W Sutherland le prix Nobel de médecine en 1971
(Robison and Sutherland 1971). Parallèlement à ces travaux, Edwin G. Krebs découvre la
protéine kinase activée par l’AMPc décrivant ainsi un niveau plus en aval dans la cascade de
signalisation. Cette protéine, aujourd’hui connue sous le nom de Protéine Kinase A (PKA), est le
premier effecteur de la voie de signalisation AMPc dépendante (Walsh, Perkins et al. 1968).
C’est le second Nobel de médecine (1992) en rapport avec la signalisation AMPc. Il faut
attendre la fin des années 70’ et la démonstration d’Alfred G. Gilman et de M. Rodbell sur
29
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
l’existence d’une protéine intermédiaire faisant le lien entre le récepteur et l’AC, pour qu’un
troisième acteur de la voie soit évoqué (Rodbell, Krans et al. 1971). En 1980, la protéine Gs est
purifiée et sa structure hétérotrimérique est décrite (Northup, Sternweis et al. 1980). Cette
dernière pièce du puzzle permet à Rodbell et Gilman de décrocher, en 1994, le troisième Nobel
de Physiologie et Médecine attribué à cette thématique. Ces différents biochimistes ont été les
pionniers de la recherche moderne sur la transduction du signal. Dans les années 80’ les autres
protéines G ont été découvertes et leur rôle d’hydrolyse du GTP (Guanosine TriPhosphate) mis
en évidence, connectant ainsi les récepteurs à l’AC. Récemment, en 2012, les travaux des
américains Robert Lefkowitz et Brian Kobilka portant sur l’étude structurale et fonctionnelle du
complexe ligand-RCPG-protéine G ont été récompensés par le Nobel de chimie 2012
(Figure I-4).
30
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
protéines effectrices intracellulaires différentes, dont elles vont moduler la fonction afin
d’engendrer une réponse cellulaire adaptée (Robishaw and Berlot 2004). L’existence de
nombreuses sous-unités α, β et γ différentes a été rapportée. Le clonage par homologie a
permis l’identification de 35 gènes codant les différentes sous-unités des protéines G (16 codent
les α, 5 les β et 14 les γ) (Milligan and Kostenis 2006).
Les sous-unités α, malgré une grande diversité, présentent toutes une activité
d’hydrolyse du GTP. Elles se subdivisent en quatre sous-groupes qui différent autant par leur
expression tissulaire que par leur action sur leurs effecteurs : αs (4 sous-types, stimulatrice de
l’AC), αi/o (6 sous-types, inhibitrice de l’AC), α q/11 (5 sous-types, activant la PLC) et αi2/i3 (2 sous
types jouant un rôle dans la régulation du cytosquelette) (Tableau 1.1). Cinq sous-unités β et
douze sous-unités γ sont décrites à ce jour. Les sous-unités β sont assez similaires entre elles
d’un point de vue structural alors que les sous-unités γ présentent une variation plus importante.
31
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
de se coupler à 5 protéines G différentes : Gs, Gq/11, Go, et avec une efficacité réduite Gi1/2 et Gz
(Grammatopoulos, Randeva et al. 2001).
Famille
Sous Type Effecteur Distribution Toxine
Cependant, tous les RCPG ne sont apparemment pas capables d’activer plus d’une
classe de protéines G. En effet, on estime que seulement 11% des RCPG peuvent activer
plusieurs types de protéines G avec une efficacité différente, les autres RCPG seraient
spécifiques d’une seule classe de protéine G avec 43% couplés à Gi/o, 33% couplés à Gq/11 et
25% préférentiellement couplés à Gs (Wong 2003).
32
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Bien que leurs effecteurs différent et donc induisent des cascades de signalisation
distinctes, les protéines G présentent un mécanisme commun d’activation et de désactivation
(Figure I-5) :
Le changement de conformation de la sous unité α induit par sa liaison avec le GTP lui
confère une meilleure affinité pour ses effecteurs. Il en résulte une modulation de leur activité
(activation ou inhibition) qui permet la propagation du signal initié par la liaison de l’agoniste sur
son récepteur.
Les premières études sur l’activation d’effecteurs ont laissé penser que seule la
sous-unité α était capable d’activer des effecteurs intracellulaires.
33
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
34
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Maintenant, il est reconnu que le dimère βγ est capable d’activer des effecteurs intracellulaires
spécifiques (MAPK–Mitogen Activated Protein Kinase, PLC-PhosphoLipase C, GRK-G protein-
coupled Receptor Kinase,…) (Figure I-6).
L’adénylate-cyclase (AC)
L’AC est une enzyme membranaire qui synthétise l’AMPc à partir de l’ATP (Adénosine
TriPhosphate). La réaction nécessite du magnésium (Mg2+) et provoque la libération de
pyrophosphate (PPi). L’AMPc joue le rôle de messager secondaire en devenant à son tour un
activateur allostérique de plusieurs effecteurs intracellulaires, dont le plus connu est la PKA.
Cependant l’AMPc est capable de lier d’autres effecteurs tel que le facteur d’échange Epac
(Exchange Protein directly Activated by cAMP) et les canaux HCN (Hyperpolarization activated
Cyclic Nucleotide gated channel) ou CNG (Cyclic Nucleotide Gated channel). Le détail des voies
de signalisation impliquant ces effecteurs sera abordé au cours du 4ème chapitre sur l’AMPc et
ses effecteurs.
35
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
La forskoline (FSK- diterpène dérivé de la plante Coleus forskolii) est un activateur connu
de la plupart des isoformes membranaires de l’AC. Elle se fixe sur les sites C1a et C2a et joue
le rôle de « glue moléculaire » en maintenant C1a et C2a sous forme hétérodimérique
(Dessauer, Scully et al. 1997; Willoughby and Cooper 2007).
Certaines isoformes de l’AC sont modulées par le dimère βγ. Par exemple βγ est capable
de stimuler les AC2, 4 et 7 mais est aussi un puissant inhibiteur des AC1 et 8 (Sunahara and
Taussig 2002). De plus, les ACs possèdent des sites de phosphorylation pour la Protéine
Kinase C (PKC), la PKA et la Calmoduline-Kinase II (CaMKII). Les différents niveaux de
régulations possibles sont répertoriés dans le tableau 1.2
A B
La phospholipase C (PLC)
36
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
AC IX Cerveau, calcineurine
37
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Jusqu’à la fin des années 90, le complexe βγ était considéré comme ne servant qu’à
capter la sous-unité α liée au GDP pour la remettre dans un nouveau cycle d’activation.
Cependant l’intérêt pour βγ s’est amplifié suite à la mise en évidence de son rôle d’activateur
direct des canaux potassiques de la rectification entrante (GIRK) (Yamada, Inanobe et al. 1998).
L’ouverture de ces canaux permet une hyperpolarisation du neurone sur lequel ils se trouvent et
joue donc un rôle très important dans la modulation de la propagation des signaux au sein du
système nerveux. De plus, le complexe βγ diminue l’ouverture des canaux calciques voltage-
dépendants de type N, responsables de la libération de neurotransmetteurs au niveau d’une
synapse entre deux neurones via une interaction directe avec le canal (Dascal 2001).
Les effecteurs activés peuvent varier selon les sous-unités β et γ considérées. Ainsi, la
phosducine interagit préférentiellement avec le complexe β1γ1, alors que la sous-unité β5
semble plus spécifique de la stimulation de la PLC que des MAPK. De même, β3, β4, β5
diffèrent de β1 et β2 par leurs interactions avec des fragments de l’AC2 et GIRK1 dans des
expériences de double hybride (Hildebrandt 1997).
38
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Ainsi les protéines G peuvent activer de nombreux effecteurs intracellulaires qui eux-
mêmes activent d’autres protéines. Par conséquent, ces protéines sont à l’origine de
nombreuses voies de transduction ce qui explique, en partie, l’implication des RCPG dans de
nombreux processus physiologiques ou physiopathologiques.
Le signal intracellulaire peut être limité par l’arrêt de la présence du ligand dans le milieu
extracellulaire. Deux mécanismes conduisent à la suppression du ligand du milieu
extracellulaire. Soit il est éliminé par recapture via des transporteurs spécifiques, comme c’est le
cas de nombreux neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline,…) au niveau des synapses
cérébrales, soit il est dégradé par des enzymes protéolytiques contenues dans le milieu
extracellulaire, comme cela peut être le cas des chimiokines tel que le CCL2.
Bien que les protéines G soient capables d’hydrolyser, elles-mêmes, le GTP qu’elles
portent, le processus est extrêmement lent et n’est pas représentatif de la vitesse à laquelle le
signal des RCPG est arrêté in vivo. Par exemple, le temps de demi vie de l’hydrolyse du GTP
est de 15s pour la sous-unité α purifiée tandis que la désactivation des signaux visuels associés
est de 0,2s (Bockaert, Claeysen et al. 2002).
Dans le milieu des années 1990, une famille de protéines, les RGS, a été identifiée pour
sa capacité à réguler le signal des RCPG. Les RGS ont été identifiés pour la première fois chez
Saccharomyces cerevisiae pour leur rôle dans l’inhibition des protéines G. Ces protéines sont
des GAP (GTPase-Accelerating Protein). Les RGS ne possèdent pas d’activité GTPasique à
proprement parler mais elles modulent le signal des RCPG en accélérant le taux d’hydrolyse du
GTP par la sous unité α réduisant ainsi la durée et l’amplitude du signal des RCPG dépendant
des protéines G. La protéine G retourne alors dans son état inactif, liée au GDP. Puisqu’elles
39
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
facilitent la réassociation de la sous unité α avec le complexe βγ, on considère que les RGS
inhibent également la signalisation induite par le dimère βγ.
La famille des RGS comprend plus de 30 membres, dont les tailles varient de 17 à
160 kDa et qui peuvent être soit membranaires soit cytosoliques. La signature des protéines de
cette famille consiste en un domaine RGS de 120 résidus par lequel elle lie la sous-unité α et qui
est responsable de la fonction GAP. On distingue deux classes de RGS : les petites protéines
RGS (160 à 217 aa) qui ne possèdent que le domaine RGS encadré par de courtes extrémités
N- et C-terminales et les grandes protéines RGS (372 à 1387 aa) qui contiennent des motifs
additionnels permettant des liens entre les protéines G hétérotrimériques et d’autres voies de
signalisation. Globalement leur rôle est de permettre la réassociation de l’hétérotrimère en fin de
cycle (Chasse and Dohlman 2003; McCudden, Hains et al. 2005).
C.3 – Désensibilisation
40
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Fonctionnellement les GRK présentent trois caractéristiques (Pitcher, Hall et al. 1998) :
- Leur adressage à la membrane est finement régulé par une multitude de mécanismes
dont certains impliquent le complexe βγ.
Ce phénomène est lié au fait que les kinases dépendantes des seconds messagers
phosphorylent non seulement les récepteurs activés par leurs ligands mais aussi d’autres
familles de récepteurs inactifs.
41
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
D’un point de vue moléculaire, le processus est équivalent à celui déclenché par les GRK
puisque ce sont les groupements phosphates qui favorisent le découplage du récepteur de la
protéine G par un encombrement stérique, ainsi que le recrutement des β-arrestines conduisant
ainsi à l’internalisation du récepteur afin d’interrompre le signal. Ce mécanisme serait
prédominant dans le cas des faibles concentrations en agonistes (Ferguson 2001).
A l’état inactif, les RCPG subissent une internalisation, dont le taux est relativement bas
par rapport à une internalisation induite par le ligand. En plus de contribuer à l’homéostasie
cellulaire, l’internalisation constitutive des RCPG pourrait servir à maintenir une réserve interne
de récepteurs pour remplacer ceux qui sont désensibilisés après une exposition aux ligands.
Après l’étape de désensibilisation par les GRK, la liaison des β-arrestines au récepteur
permet le découplage de la protéine G et engage le récepteur dans le processus d’endocytose
(Figure I-8). Les RCPG sont en général internalisés par une voie classique passant par la
formation de puits recouverts de clathrine autour du récepteur. Si le plus souvent cette
endocytose participe au recyclage des récepteurs phosphorylés et donc à la re-sensibilisation
du système, elle peut également marquer la première étape de la dégradation des récepteurs
(Figure I-8). Dans les deux cas de figure, les β-arrestines 1 et 2 vont jouer un rôle primordial. En
se fixant préférentiellement à un RCPG phosphorylé (Rasmussen, Novak et al. 2004), elles
établissent un pont moléculaire entre le récepteur à internaliser et les protéines clés de la
machinerie d’endocytose. En effet, les β-arrestines vont recruter un ensemble de partenaires,
dont l’adaptateur AP-2 et la clathrine et participer à la formation d’une vésicule recouverte de
clathrine, au sein de laquelle se retrouve le récepteur à internaliser. Cette vésicule s’invagine
vers l’intérieur de la cellule. Une petite GTPase, la dynamine, va ensuite assurer la scission des
membranes pour créer une vésicule d’endocytose contenant les récepteurs toujours attachés à
la membrane. Cette vésicule nouvellement formée rejoindra, grâce au cytosquelette de la
cellule, le réseau vésiculaire où son contenu sera trié (Figure I-8) (Volovyk, Wolf et al. 2006;
Wolfe and Trejo 2007).
42
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Le schéma d’internalisation actuel des RCPG suppose le fait que le signal dépendant
des protéines G est transmis exclusivement depuis la membrane plasmique alors que le signal
dépendant des β -arrestines est plutôt transmis au niveau des compartiments endosomaux.
43
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
En 2009, trois études, réalisées au sein de trois groupes différents, présentent de solides
preuves de l’existence d’un signal AMPc persistant qui émane de RCPG internalisés.
La première étude du groupe de Martin Lohse (Calebiro, Nikolaev et al. 2009) utilise un
modèle transgénique de souris exprimant de manière ubiquitaire une sonde mesurant l’AMPc, la
sonde EPAC, afin d’étudier le signal AMPc persistant dans des cellules de tyroïde fraîchement
isolées. Ils observent que suite à une stimulation du récepteur TSHR par son ligand naturel, le
récepteur et son ligand sont rapidement internalisés via un mécanisme principalement
dépendant de la β-arrestine 2 et migrent jusqu’à des vésicules périnucléaires. Cependant,
malgré l’internalisation du récepteur, les niveaux d’AMPc intracellulaires restent très élevés. Les
résultats de cette étude, incluant des effets d’inhibiteurs d’endocytose et des techniques de
fractionnement cellulaire, montrent que les protéines G et l’AC sont présentes au niveau des
membranes des vésicules d’endoctyose contenant les récepteurs internalisés et que ces
complexes internalisés continuent de transduire un signal dépendant des protéines G. A la
différence du signal membranaire qui est rapidement réversible, le signal provenant des
récepteurs internalisés continue en l’absence de stimulation TSH. Ce signal AMPc persistant
induit par le récepteur TSH internalisé, serait crucial pour assurer la fonction sécrétoire de la
tyroïde (Calebiro, Nikolaev et al. 2009) (Figure I-9.A).
44
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Figure I-9 : Résultats principaux issus de différentes études sur la transduction du signal AMPc
par des récepteurs internalisés.
A- Cinétique de la réponse AMPc, observée par FRET, en aval du récepteur de l’hormone TSH en fonction du temps
de présence du ligand dans le milieu extracellulaire. Les auteurs constate deux type de réponse une réponse
réversible (courbe noire et grise) et une réponse permanente (courbe rouge). La réponse permanente semble émaner
d’un groupe de récepteur internalisés mais encore lié à la protéine G et qui continuent de stimuler l’adénylate cyclase
de type 3. D’après Calebiro, Nikolaev et al. 2009.
B- Cinétique de la réponse AMPc, observée par FRET, en aval du récepteur de l’hormone PTH en fonction du ligand :
PTH ou PTHrP. La cinétique de la réponse AMPc est différente en fonction de ce paramètre, en effet alors que le
récepteur activé par la PTH induit une réponse rapide mais réversible (courbe rouge) contrairement au PTHrP qui
induit une réponse permanente (courbe noire). D’après Ferrandon, Feinstein et al. 2009.
C- Modèle proposé pour expliquer les deux types de réponse, réversible et permanente, en aval du récepteur de la
TSH. A l’aide de nanoparticules se liant spécifiquement au récepteur non lié à la β-arrestine (Nb 80) ou à la protéine
G (Nb 37). De cette manière, les auteurs confirment qu’en plus d’un couplage récepteur-protéine G à la membrane,
responsable d’une première vague de réponse AMPc (a), il y a un « re-couplage » du récepteur avec la protéine G au
niveau des endosomes (c), après l’étape d’internalisation du récepteur par le mécanisme β-arrestine dépendant (b).
Ce re-couplage est à l’origine d’une seconde vague de réponse, certainement la réponse persistante décrite dans
l’article précédent. D’après Lohse and Calebiro 2013.
Très récemment, l’étude de ces signaux via des récepteurs internalisés a été accélérée
par le développement de nouveaux outils de mesure comme par exemple les « nanobodies » ou
anticorps à domaine unique permettant de cibler le récepteur internalisé couplé à la protéine G
(Lohse and Calebiro 2013). De ce fait, le nombre de récepteur capable de signaler après leur
45
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Ces données posent une multitude d’autres questions : comment l’existence de ces
complexes de récepteurs internalisés avec leurs protéines G est conciliable avec leur
internalisation dépendante des β-arrestines ? D’autre part, comment expliquer cette dernière
étude qui est venue contredire les autres observations ? Ainsi, ces découvertes nécessitent des
travaux complémentaires pour déterminer l’existence in vivo de ces complexes de RCPG
internalisés associés aux protéines G ainsi que leurs rôles physiologiques.
Outre leurs rôles classiques connus, de plus en plus d’études portent sur la signalisation
des RCPG indépendante de l’activation de la protéine G. Ces voies sont très difficiles à mettre
en évidence dans la mesure où il existe une large variété de récepteurs exprimés dans un
même tissu. Il résulte de cette co-expression une réponse cellulaire extrêmement complexe, ce
qui rend très difficile l’étude de la voie de signalisation liée à un seul récepteur. Ces voies de
signalisation sont donc étudiées en exprimant indépendamment chaque récepteur dans un
système d’expression hétérologue, approche largement critiquée puisque le récepteur est sorti
de son contexte naturel. En effet, on peut facilement imaginer que la réponse est dépendante du
tissu et du taux d’expression des protéines impliquées dans la signalisation, et de la
stœchiométrie des différents partenaires ce qu’il est impossible de reproduire en système
d’expression hétérologue. Néanmoins, cette approche, même si elle est contestée reste la
meilleure pour mettre en évidence de telles voies de signalisation.
Les MAPK sont des sérines/thréonines kinases qui regroupent les ERK1/2, c-jun NH2-
terminal kinases (JNK) et p38/MAPK. La cascade de phosphorylation Ras/Raf/ERK-
kinases/ERK1/2 conduit à la régulation de la prolifération, la différenciation, la survie ou
l’apoptose cellulaire, que ces kinases modulent en activant par phosphorylation des facteurs de
transcription. L’activation de cette voie en aval d’un RCPG diffère selon le récepteur et le type
de cellule. Cette voie de signalisation peut être induite par 4 mécanismes distincts (Figure I-10) :
- Mécanisme déclenché par les protéines kinases A et C (Gutkind 1998)
- Mécanisme déclenché par les β-arrestines (Luttrell, Della Rocca et al. 1997)
46
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
On trouve dans la littérature de plus en plus d’études qui montrent que les boucles
intracellulaires et le domaine C-terminal des RCPG présentent des motifs structuraux
caractéristiques des interactions protéine/protéine, qui prévoient des liaisons avec d’autres
protéines que les partenaires classiques des RCPG (G-protéines, GRK et β-arrestines). Ces
protéines qui se lient directement aux RCPG semblent participer à l’assemblage et à la cohésion
d’un véritable échafaudage protéique fonctionnel autour du récepteur (Brzostowski and Kimmel
2001; Milligan and White 2001)
L’engouement observé depuis une vingtaine d’années pour l’étude des RCPG va sans
doute se poursuivre pour mettre en évidence toutes ces voies de signalisation nouvellement
découvertes. D’un point de vue médical en effet, les principales études se sont portées sur la
recherche de nouveaux ligands du récepteur impliqué dans la pathologie, mais sans doute est-il
plausible de vouloir trouver des molécules interagissant à une autre étape de la voie de
signalisation, encore faut-il que cette voie soit connue.
47
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Figure I-10 : Activation de la voie MAPK par les différents acteurs de la signalisation
cellulaire. La cascade MAPK/MAPKK peut être activées par différents partenaires cellulaires, dont les Récepteurs
de type Tyrosine Kinase (RTK), les PKA et PKC faisant suite à l’activation préalable de RCPG. Une activation directe
de la voie par le récepteur est également possible mais non représentée sur ce schéma simplifié.
48
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Durant la dernière décade, les mécanismes qui régissent le trafic des leucocytes, en
conditions physiologique ou pathologique, ont été mieux compris. Contrairement à l’idée
ancienne d’une migration au hasard des leucocytes vers les tissus, il a été démontré que la
migration des leucocytes était un processus étroitement régulé mettant en jeu des interactions
récepteurs-ligands (Springer 1995). De nombreuse molécules sont décrites comme
responsables de cette attraction cellulaire coordonnée, parmi lesquelles la molécule du
complément C5a, le leukotriène B4 ou encore le peptide bactérien formyl-méthionyl-leucyl-
phénylalanine (fMLP). Cependant grâce à une expression spécifique à des sous-populations
cellulaires, les chimiokines et leurs récepteurs sont les molécules chimio-attractantes qui
contribuent largement à ce phénomène de recrutement et migration des leucocytes, aussi bien
dans des conditions physiologiques que pathologiques (Rossi and Zlotnik 2000). Leur
implication dans le système immunitaire ne se cantonne cependant pas à la migration cellulaire
dans des conditions pathologiques inflammatoires. Les chimiokines interviennent aussi dans la
régulation physiologique du trafic leucocytaire dans les organes et vaisseaux lymphoïdes ainsi
que dans la maturation, la différenciation et l’activation de différentes sous-populations de
cellules de l’immunité (Moser and Willimann 2004; Ebert, Schaerli et al. 2005; Lapidot, Dar et al.
2005; Schaerli and Moser 2005). Plus récemment, il a été démontré que les chimiokines jouent
un rôle déterminant dans des phénomènes non-immuns comme le développement
embryologique et la neuromodulation au sein du système nerveux central (Rostene, Guyon et al.
2011), l’angiogenèse, le trafic et le « homing » des cellules souches mésenchymateuses ou
encore la croissance et la migration tumorale (Rollins 1997; Luster 1998; Rossi and Zlotnik
2000; Strieter, Burdick et al. 2005) (Figure II-1).
A] Les Chimiokines
En 1987, le groupe de Yoshimura identifie un facteur soluble sécrété par des monocytes
activés et présentant des propriétés chimio-attractantes vis-à-vis des neutrophiles. Ce facteur
est nommé interleukine 8 (IL-8) selon la nomenclature en usage à l’époque, interleukine
désignant une cytokine secrétée par et agissant sur les leucocytes. Il faudra attendre les années
90’ et le troisième Symposium international dédié à ces cytokines chimio-attractantes, pour que
le terme de chimiokine soit officiellement adopté.
49
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
50
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
La majorité des chimiokines sont qualifiées d’inflammatoires car leur production n’est
observée que dans un contexte d’inflammation ou d’infection. Ces chimiokines peuvent être
secrétées soit directement par le tissu inflammé lui-même (endothélium vasculaire, épithélium)
ou par des leucocytes infiltrants (macrophages, lymphocytes T, …). Ces chimiokines sont
synthétisées au sein des cellules après stimulation par des cytokines pro-inflammatoires (IL-1a,
TNF-α, IFN-α, …) (Brown, Gerritsen et al. 1994; Graves and Jiang 1995) ou après contact avec
un agent pathogène (virus, LPS = lypopolysaccharide, un composant majeur de la membrane
bactérienne) (Baggiolini, Dewald et al. 1997; Mahalingam and Karupiah 1999). Le rôle de ces
chimiokines est d’induire la migration des leucocytes (monocytes, neutrophiles et autres cellules
51
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
effectrices) depuis le sang vers le site de l’inflammation et d’activer les cellules immunitaires afin
d’enclencher une réponse immunitaire.
52
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Chimiokines Récepteurs
IL-8 CXCL8
CXC- CCP-2 CXCL6 CXCR1 NeutroΨ
NAP-2 CXCL7
ENA-78 CXCL5
Gro-α CXCL1 CXCR2 NeutroΨ
Gro-β CXCL2
Gro-γ CXCL3
IP-10 CXCL10
Mig CXCL9 CXCR3 LTeff /NK
I-TAC CXCL11 CXCR7 Tumeurs
SDF-1α/β CXCL12 CXCR4 Mono / LB
SCA-1 CXCL13 CXCR5 LB
- CXCL16 CXCR6 DC/ LTact
BRAK CXCL14 ? Mono / LB / NK
MCP-1 CCL2
CC- MCP-4 CCL13 CCR2 Mono / LT / NK/ eosinoΨ
MCP-3 CCL7
MCP-2 CCL8
MIP-1β CCL4 Mono/Macro/ NK/ LTeff /
MIP-1α CCL3 CCR5 DC
RANTES CCL5
MIP-3 CCL23 CCR11
Mono
HCC-1 CCL14
HCC-2 CCL15 CCR1
HCC-4 CCL16 LTeff /NK
Eotaxin-1 CCL11
Eotaxin-2 CCL24 CCR3
Eotaxin-3 CCL28 eosinoΨ/ Baso Ψ/ DCimm/
TARC CCL17 NK
MCD CCL22 CCR4
MIP-3α CCL20 CCR6 DC / LTeff
MIP-3β CCL19 DCimm/ LTeff / LB
SLC CCL21 CCR7
I-309 CCL1 CCR8 DC/ Macro/ LT
TECK CCL25 CCR9 Mono/ LT/ DCimm
CTACK CCL27 CCR10 LB
DC-CKI CCL18 ? LTeff
DC
53
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Bien que présentant une structure commune, les chimiokines ne se caractérisent pas par
une homologie de séquence (20-80% de variation), ni par une homologie protéiques (20-30% de
variation) entre les membres des quatre sous-familles. Toutefois au sein d’une même sous-
54
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
famille, cette variation s’amoindrie, ainsi les membres de la sous-famille CC- présentent une
homologie protéique de 70% et ceux de la sous-famille CXC- montent jusqu’à 90% d’homologie
protéique. Les chimiokines sont caractérisées par la présence d’un motif structural N-terminal
commun, incluant deux ou 4 cystéines conservées. Ces cystéines, comme nous venons de la
décrire sont à l’origine de la classification des chimiokines en quatre sous-familles (§ A.1). Elles
sont engagées dans la formation de deux ponts disulfures, sauf pour les lymphotactines
(XC-chimiokines) qui n’en possèdent qu’un.
La stabilité de cette structure est assurée à la fois par les ponts disulfures mais
également par des liaisons hydrophobes entre les résidus du domaine C-terminale et des
résidus du feuillet β.
La portion N-terminale et la « N-loop » sont les deux sites majeurs d’interaction des
chimiokines avec leurs récepteurs (Clark-Lewis, Kim et al. 1995; Clore and Gronenborn 1995;
Baggiolini and Loetscher 2000).
C’est sous la forme de monomère que la plupart des chimiokines ont une activité
biologique in vitro (Paolini, Willard et al. 1994). Cependant, les chimiokines ont la capacité de
s’oligomériser à forte concentration.
55
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Les CXC-chimiokines ayant plus de résidus hydrophobes dans le premier feuillet β que
les CC-chimiokines, dimérisent en utilisant ce premier feuillet comme interface inter-monomère,
diminuant ainsi l’exposition des résidus apolaires à un environnement aqueux.
56
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
forme monomérique (Veldkamp, Seibert et al. 2006). Notons que certaines chimiokines, comme
CCL1 ou CCL7 s’avèrent être incapables de former des dimères. La question du rôle fonctionnel
de la dimérisation dépend donc de la chimiokine envisagée.
Bien que les chimiokines soient solubles, leur diffusion dans le tissu interstitiel est limitée
par des interactions complexes avec les macromolécules de la matrice extracellulaire ainsi
qu’avec les glycosaminoglycanes (GAG) de la surface des cellules (Figure II-4).
Les GAG sont des polysaccharides constitués d’une répétition de disaccharides variant
tant en composition qu’en nombre et présentent à ce titre une très large diversité parmi les
macromolécules biologiques. On les trouve sous forme soluble, comme c’est le cas pour
l’héparine ou lié à la membrane sous la forme de protéoglycanes, dont l’exemple le plus
répandue est l’héparane sulfate. Leur densité en groupements sulfate et carboxylate leur donne
une charge globalement négative qui suggère une interaction électrostatique avec des protéines
basiques. Les GAG peuvent donc interagir avec des centaines de protéines dont les chimiokines
(Witt and Lander 1994).
L’interaction des chimiokines avec les GAG présents à la surface des cellules
endothéliales permet la présentation des chimiokines aux cellules circulantes du sang, ce qui
induit une adhésion leucocytaire solide. De plus il semble que la liaison aux GAG soit
nécessaire au maintien du gradient de concentration des chimiokines à partir du site
inflammatoire, ce qui permet la migration dirigée des cellules (Rot 1992). Toutefois plusieurs
hypothèses, non exclusives, sont envisagées quant au rôle fonctionnel de cette liaison
chimiokine-GAG :
Un rôle protecteur des chimiokines contre leur dégradation (Kuschert, Coulin et al.
1999)
Cela confère une orientation ou une conformation favorisant la liaison
chimiokine / récepteur (Ali, Palmer et al. 2000)
Il s’agit d’un élément combinatoire supplémentaire pour la spécificité des
chimiokines : un récepteur serait ainsi spécifique d’une chimiokine donnée, liée à un
GAG particulier (Witt and Lander 1994; Kuschert, Coulin et al. 1999; Vives, Crublet et
al. 2004)
Les GAG pourraient enfin favoriser l’oligomérisation des chimiokines.
57
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Figure II-4 : Interaction des chimiokines avec les glycosaminoglycanes (GAG) et leurs
récepteurs.
Les chimiokines sont présentées à la surface des cellules endothéliales grâce à leur interaction avec les
GAG via leurs extrémités C-terminale. L’interaction avec le récepteur mobilise de nombreuses régions de
la chimiokine, dont l‘extrémité N-terminale.
58
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
chimiokines, alors que les récepteurs CCR ne lient que des chimiokines de type CC-chimiokines
(Tableau 2.1).
59
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Sur la vingtaine de RCK actuellement connus, environ un tiers sont décrits comme
pouvant former des homo et / ou hétérodimères entre eux (Tableau 2.2). Qu’ils soient
constitutifs ou conséquent à une activation par le ligand reste encore un point controversé.
Considérerons ici l’exemple du CXCR4 dont l’existence d’un dimère a été confirmée par
plusieurs techniques. Vila-Coro et al. montrent que suite à l’immunoprécipitation de CXCR4,
seules les cellules
ayant été stimulées avec du SDF présentent des bandes immunoréactives à 80kDa, le poids
moléculaire approximatif d’un dimère de CXCR4 (Vila-Coro, Rodriguez-Frade et al. 1999). Dans
une autre étude menée en FRET cette fois, Toth et al. constatent un transfert d’énergie basal
entre CXCR4-CFP et CXCR4-YFP et une augmentation de signal après stimulation par le SDF;
ils en concluent que la dimérisation de CXCR4 préexiste à la stimulation mais est renforcée voir
augmenter par le ligand (Toth, Ren et al. 2004). Par contre, plusieurs travaux démontrent que la
dimérisation de CXCR4 est constitutive (Percherancier, Berchiche et al. 2005) (Wang, He et al.
2006). On est donc en présence de tous les cas de figures possibles : inductible, constitutif ou
inductible et consécutif à la fois. La même controverse existe pour le CCR5 (Hernanz-Falcon,
Rodriguez-Frade et al. 2004; Rodriguez-Frade, del Real et al. 2004; Lemay, Marullo et al. 2005).
En dehors de toute controverse sur l’origine des homo- et hétéro- dimères de RCK, il
reste à savoir si leur formation est transitoire comme cela a été montré pour nombreux RCPG
de classe A (Prinster, Hague et al. 2005; Kasai and Kusumi 2014) ou si elle est permanente
comme pour les RCPG de classe C et comme le laisse penser les données de cristallisation de
CXCR4 (Wu, Chien et al. 2010)
60
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
61
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Les RCK sont exprimés à la surface d’une multitude de type cellulaire (Figure II-5) dont
les cellules épithéliales et endothéliales (Bernardini, Ribatti et al. 2003), les cellules musculaires
lisses (CML) (Reape and Groot 1999) ou encore au sein du système nerveux : sur les neurones
et les cellules microgliales (Rollins 1997). Leur présence à la surface de ces types cellulaires,
non circulants, les prédispose à des fonctions dépassant leur statut de simple partenaire
chimio-attractant. Toutefois, les RCK sont principalement exprimés sur les leucocytes.
Chaque classe de leucocyte présente un profil différentiel d’expression de RCK, par leur
combinaison et leur niveau d’expression. Alors que certains récepteurs sont exprimés sur
plusieurs classes de leucocytes, d’autres sont plus spécifiques : par exemple le CCR5 pour les
monocytes, le CCR3 à la surface des éosinophiles ou encore le CXCR1 et le CXCR2
exclusivement exprimés à la surface des neutrophiles. Les lymphocytes expriment eux la quasi-
totalité du répertoire RCK (Loetscher, Moser et al. 2000). Néanmoins le profil d’expression dans
cette population est variable en fonction de l’état de maturation et d’activation. Par exemple, les
cellules dendritiques immatures expriment le CCR1, CCR2 et CCR5 alors que les formes
matures expriment le CCR4 et CCR7, ces derniers permettant la migration dans les organes
lymphoïdes secondaires (Sallusto and Lanzavecchia 2000) (Tableau 2.1). Les RCK constituent
des marqueurs des différentes classes de T (Th1/Th2/Th17/Th23…).
L’expression des RCK est stimulée par certaines cytokines, comme par exemple
l’Interleukine-2 qui stimule l’expression de CCR1, CCR2, CCR5, CXCR4 et CX3CR1 à la
surface des Lymphocytes T (Loetscher, Seitz et al. 1996) tandis que le TGF-β (Transforming
Growth Factor β) modifie le profil d’expression des RCK présents à la surface des cellules
dendritiques (DC) (Sato, Kawasaki et al. 2000).
62
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Figure II-5 : Expression des chimiokines et de leurs récepteurs au sein des différents
organes
L’expression des RCK est également régulée par les cytokines pro-inflammatoires
comme l’IFN-γ qui augmente l’expression de CXCR3 sur les lymphocytes T activés et de CCR1
et CCR3 sur les neutrophiles mais qui diminue l’expression de CCR1, CCR3, CCR5, CCR6 et
CXCR4 sur les cellules dendritiques matures.
En conclusion, l’expression des RCK sur les leucocytes dépend du type cellulaire, du
stade de différenciation et de l’état d’activation de la cellule. Le système chimiokinergique est
donc finement régulé et adapté en fonction des différentes populations cellulaires, de leur
localisation et de leur état d’inactivation.
C] Interaction Chimiokine-Récepteur
L’affinité des chimiokines pour leur récepteur est de l’ordre du nanomolaire. Elle varie en
fonction de plusieurs paramètres dont le couple récepteur-chimiokine étudié (Kohout, Nicholas
et al. 2004), le type cellulaire (Locati, Riboldi et al. 2001) ou encore la présence de GAG (Appay,
Brown et al. 1999).
63
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
cependant remarquer que certains systèmes de chimiokines dérogent à la cette règle, à l’instar
du couple CX3CL1/CX3CR1.
La majorité des voies de signalisation en aval des RCK font intervenir les protéines G.
Néanmoins, il existe une grande diversité des signaux intracellulaires qui ne semblent pas se
limiter aux seules voies de signalisation G dépendantes. Plusieurs de ces voies pouvant
s’activer parallèlement (Figure II-7). Ainsi la complexité du réseau extracellulaire des
chimiokines et de leurs récepteurs, semble être doublée d’une complexité intracellulaire liée à la
combinatoire des signaux intracellulaires.
Il est admis de façon générale que les RCK sont couplés à une protéine G
hétérotrimérique de la famille Gi/o, sensible à la PTX (Thelen 2001). Selon ce couplage, il est
classique d’observer une inhibition de l’AC, aboutissant à une réduction du niveau d’AMPc
intracellulaire responsable de l’activation entre autre de la PKA (Murphy, Baggiolini et al. 2000;
Bajetto, Barbero et al. 2001).
64
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
complexe βγ (Neptune and Bourne 1997). Les PKA et PKC catalysent la phosphorylation de
nombreuses protéines cibles dont les MAPK. Les principaux membres des MAPK sont les
kinases ERK1/2 (Extracellular signal-Regulated Kinases), JNK (c-Jun N-terminal Kinase) et la
protéine p38, décrites comme d’importants régulateurs du chimiotactisme (Klemke, Cai et al.
1997). Cependant, les MAPK peuvent être activées par une voie alterne, impliquant Ras et Raf
(Knall, Young et al. 1996).
Enfin, le dimère βγ semble jouer un rôle important dans la signalisation des RCK, grâce à
l’activation de la voie de la PI3K et de son effecteur la protéine Kinase B (PKB) (Ganju, Brubaker
et al. 1998). Cette voie semble être impliquée dans le processus inflammatoire (Ward, Sotsios et
al. 2003) et la limitation de la septicémie (Martin, Souza et al. 2010). Il a également été rapporté
que le recrutement leucocytaire est affecté en absence de PI3K, suggérant son rôle clé dans la
signalisation des RCK et des fonctions cellulaires qui en découlent (Hirsch, Katanaev et al.
2000; Hannigan, Zhan et al. 2002).
Figure II-6 : Interaction en deux étapes des chimiokines avec leur récepteur.
La phase de rapprochement des chimiokines de leurs récepteurs est dirigée par des forces
électrostatiques entre la charge négative des boucles extracellulaires du récepteur et la surface
positivement chargée de la chimiokine. La première phase d’interaction implique les extrémités
N-terminales des deux partenaires Cette première interaction, induit un changement conformationnel du
récepteur permettant une interaction de la chimiokine, toujours par son extrémité N-terminale, avec les
boucles extracellulaires du récepteur.
65
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Par ailleurs, il a été décrit un couplage différentielle des RCK avec non pas une G i/o mais
avec des G14 ou G15 de la famille des Gq comme c’est le cas du CXCR3 ou encore du CXCR4
(Shi, Partida-Sanchez et al. 2007; Kumar, Kremer et al. 2011).
Figure II-7: Complexité des voies de signalisation induite suite à l’activation d’un RCK
(adaptée à partir O’Hayre et al. 2008)
66
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Frade, Mellado et al. 2001), ERK (Kumar, Tripathi et al. 2012) ou font intervenir les β-arrestines
(Kraft, Olbrich et al. 2001; Fong, Premont et al. 2002; Sun, Cheng et al. 2002). Ces résultats
restent cependant très controversés (Ahr, Denizot et al. 2005; Moriguchi, Hissong et al. 2005)
Désensibilisation
L’arrêt du signal en aval des RCK suit la même logique que celle décrite pour l’ensemble
des RCPG au cours du chapitre I et que je rappel brièvement ici : l’activation du RCK par un
agoniste induit non seulement le déclenchement de voies de signalisation mais aussi une
régulation de l’activité du récepteur. Cette régulation dite « négative » permet un contrôle de la
durée d’activation de manière à éviter les effets néfastes d’une stimulation prolongée du
récepteur. Il s’agit du premier maillon de la chaîne de verrouillage de la transduction du signal.
Le récepteur désensibilisé, bien qu’encore à la surface, est incapable de générer une
signalisation car il a perdu sa capacité à lier une protéine G. La phosphorylation du récepteur et
la fixation de la β-arrestine au niveau de la partie C-terminale sont à l’origine de cette perte de
liaison Récepteur- Protéine G. Des mécanismes de désensibilisation croisée entre RCK ont été
rapportés (Richardson, Pridgen et al. 1998). La phosphorylation peut être induite par trois
protéines kinases différentes :
- PKA ou PKC, activées par les seconds messagers (AMPc, calcium et DAG).
- les GRK.
Internalisation
Néanmoins des études suggèrent que le trafic et la signalisation de certains RCK sont
régulés par une voie indépendante de la clathrine (Rose, Foley et al. 2004). Cette voie
impliquerait des radeaux lipidiques ou plus globalement des structures riches en cholestérol
appelées cavéoles, c’est le cas du récepteurs CXCR4. L’équilibre entre les voies
67
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
d’internalisation par la clathrine ou par les cavéoles dépend du type cellulaire étudié
(Venkatesan, Rose et al. 2003) vs (Signoret, Hewlett et al. 2005).
En outre, un ligand peut avoir une meilleure efficacité d’internalisation d’un récepteur
activé qu’un autre ligand du même récepteur. Ainsi, par exemple, CXCL8 est plus efficace que
CXCL6 pour induire l’internalisation de CXCR2 in vitro alors que l’affinité de liaison est
comparable (Feniger-Barish, Belkin et al. 2000). De la même manière, CCL22 est supérieur à
CCL17 dans sa capacité d’internalisation du CCR4 (Mariani, Lang et al. 2004)
Le récepteur une fois internalisé peut suivre deux voies : soit il est dirigé vers des
endosomes de recyclage, soit il est orienté vers le compartiment lysosomial. Le pH acide des
endosomes de recyclage peut favoriser la dissociation entre le ligand et le récepteur.
Resensibilisation
Une fois le récepteur « vidé » de son ligand, il peut reprendre sa conformation de repos,
être déphosphorylé par des phosphatases spécifiques et être recyclé à la membrane
plasmique : on parle de resensibilisation. Cette resensibilisation permet d’éviter une
désensibilisation prolongée des récepteurs qui aboutirait à l’incapacité pour la cellule de
répondre de manière appropriée à des signaux extracellulaires. En revanche, d’autres
récepteurs sont dirigés vers les lysosomes où ils sont dégradés par des protéases.
68
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
69
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
On distingue 4 étapes successives (Granger and Kubes 1994; Springer 1994) (Figure II-
8). Lors d’une première étape, on assiste à un ralentissement de certains leucocytes dont les
microvillosités s’enchevêtrent dans celles des cellules endothéliales. Au cours de cette première
étape, les liaisons engagées sont transitoires et réversibles, se traduisant surtout par un
ralentissement des leucocytes puis un roulement dû aux forces hémodynamique de cisaillement
du flux sanguin. Ces liaisons mobilisent essentiellement des sélectines comme principales
molécules d’adhésion. Au niveau du site de l’inflammation, des chimiokines inflammatoires vont
être secrétées par les cellules endothéliales. En interagissant avec leurs récepteurs présent à la
surface des leucocytes, elles induisent, pour certaine comme le CCL2, une augmentation de la
concentration d’intégrines à la surface des leucocytes, ce qui aura pour effet une adhérence
ferme et stable du leucocyte à la surface de l’endothélium et une immobilisation totale. C’est
l’étape d’arrêt. Enfin, on assiste à la traversée de l’endothélium ou diapédèse. Cette dernière
étape semble être contrôlée par les ligands des intégrines PECAM (Platelet Endothelial Cell
Adhesion Molecule), ICAM (InterCellular Adhesion Molecule) et VCAM (Vascular Cell Adhesion
Molecule) exprimés à la surface des cellules leucocytaires.
Après avoir franchi la barrière endothéliale, les leucocytes poursuivent leur migration à
travers le tissu vers le site de l’inflammation. Un gradient de concentration de chimiokines
permet leur guidage. Ces chimiokines sont secrétées par des cellules immunes activées,
présentes sur le site de l’inflammation. Ces molécules diffusent tout en se fixant à la matrice
extracellulaire par l’intermédiaire des GAG, créant ainsi un gradient de concentration.
D.2 – Hématopoïèse
Les chimiokines interviennent déjà dans le processus de maturation des leucocytes alors
qu’ils ne sont encore que des précurseurs hématopoïétiques contenus dans la moelle osseuse
ou le thymus. En effet, les chimiokines sont de plus en plus reconnues comme régulateur de la
différentiation, de la mobilisation et de la prolifération des cellules souches de la moelle
osseuse. On observe entre autre des profils d’expression des chimiokines et de leurs récepteurs
variables en fonction du stade de maturation du leucocyte. Ces modulations sophistiquées
permettent notamment une relocalisation des précurseurs au sein des différents compartiments
tissulaires pendant les multiples phases de maturation.
70
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
D.3 – Angiogenèse
La famille des chimiokines CXC- est la principale famille dont les membres régulent
l’angiogenèse aussi bien dans le sens d’une stimulation que d’une inhibition. Les chimiokines
agissent sur les deux étapes clés du processus d’angiogenèse (Belperio, Keane et al. 2000). En
modulant la production de metalloprotéases, elles régulent l’étape de dégradation de la matrice
extracellulaire (Park and Wells 2004) alors que leur propriété chimio-attractante leur permet
d’intervenir au cours de la seconde étape, i.e. la migration des cellules endothéliales vers le site
de néovascularisation.
L’activité angiogénique de cette famille de chimiokine CXC- semble être contrôlée par la
présence, chez certains membres de la famille CXC-, du motif ELR (Karagiannis and Popel
2008). Ainsi les chimiokines CXC- contenant le motif ELR (ELR+), tel que le CXCL8 sont
angiogéniques alors que les chimiokines CXC-ELR- sont plutôt angiostatiques (Angiolillo,
Sgadari et al. 1995; Strieter, Polverini et al. 1995; Sgadari, Farber et al. 1997). Toutefois cette
classification n’est pas absolue. En effet, la chimiokine CXCL12 (ELR-) est chimio-attractante
vis-à-vis des cellules endothéliales in vitro et présente des propriétés angiogéniques in vivo
(Salcedo and Oppenheim 2003).
Quelques chimiokines autres que les CXC-chimiokines semblent être impliquées dans ce
processus, c’est notamment le cas de CCL2, qui induit la migration des cellules endothéliales
CCR2+ tout en stimulant la néovascularisation dans différents modèles (Salcedo, Ponce et al.
2000).
71
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
D.3.1 – …innée
D.3.2 – …adaptative
L'immunité adaptative s'ajoute à l'immunité innée et assure une action plus spécifique
contre les agressions de l’organisme. Les principales cellules impliquées dans cette réponse
sont les cellules présentatrices d’antigènes (CPA) et les lymphocytes qui sont activés par la
reconnaissance de l’antigène. Trois types de cellules ont constitutivement des propriétés de
capture et de présentation de l’antigène : les DC, les macrophages et les lymphocytes B.
Néanmoins, les DC sont les plus efficaces et constituent les principaux effecteurs de cette
réponse immunitaire spécifique.
Les DC sentinelles sont dispersées dans la majorité des tissus et se trouvent dans un
état immature. Elles expriment différents RCK tel que le CCR1/2/3/5/6 et CXCR1/2, ce qui les
rend sensibles aux chimiokines et module leur recrutement sur le lieu de lésion où sont
produites les chimiokines. Lors de la capture d’un antigène, ces cellules se différencient en DC
matures. Cette différenciation s’accompagne d’une modulation de l’expression des RCK
présents à la surface. On a ainsi une perte de l’expression des RCK inflammatoires au profit
d’une augmentation de l’expression de CCR7, provoquant la migration des DC vers les
vaisseaux lymphatiques afférents, où elles assurent leurs fonctions de présentatrice d’antigènes
aux lymphocytes T naïfs (Tang and Cyster 1999).
72
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
de ces chimiokines semblent également être indispensables pour la formation de ces organes
(Cyster 1999). L’entrée des lymphocytes naïfs dans les organes lymphoïdes secondaires (rate,
ganglions, plaques de Peyer) a lieu via leur migration à travers les HEVs (High Endothelial
Venules). Les expériences in vitro montrent que les chimiokines exprimées à la surface des
HEV sont requises pour l’adhérence des lymphocytes T à la surface de l’endothélium et
participent activement à l’entrée ou extravasation des lymphocytes du compartiment sanguin
vers les organes lymphoïdes secondaires. Une fois à l’intérieur des organes lymphoïdes, les
lymphocytes T migrent vers les zones T par un processus qui requiert, d’une part, l’expression
de CCR7 à la surface des lymphocytes T et, d’autre part, l’expression de CCL19 et CCL21 à
l’intérieur des zones T par les cellules dendritiques et les macrophages (Cyster 2000).
73
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
conséquence la perte des capacités de recrutement des cellules immunitaires sur le site de
lésion et donc perturbe la mise en place d’une réponse immunitaire efficace et appropriée.
Dans certains cas, on assiste à une infiltration leucocytaire au sein d’un tissu sain, suivie
d’une production anormale de chimiokines : la réponse immunitaire est activée de manière
non-appropriée au sein d’un tissu parfaitement sain. C’est le cas dans de nombreuses
pathologies inflammatoires, tel que les rhumatismes, les réactions allergiques (asthme,
dermatite, rhinite allergique), les pathologies auto-immunes comme la sclérose en plaque ou
encore dans certaines pathologies cardiaques, la plus représentative étant l’athérosclérose.
Exemple de l’athérosclérose
En plus de leur rôle déterminant au cours des stades initiaux de la maladie, les
chimiokines influencent également la progression de l’athérosclérose. C’est notamment le cas
de CCL2. Afin d’illustrer l’effet de cette chimiokine, deux modèles murins
hypercholestérolémiques ont été utilisés :
les souris ccl2 -/- ldlr -/-, déficientes pour le récepteur au LDL (Gu, Okada et al. 1998)
74
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Dans ces deux modèles, on observe une diminution de 60-80% de la taille des plaques
d’athérome ainsi qu’une diminution de 55% du contenu de ces plaques en macrophages, par
comparaison avec les souris contrôles, non déficiente en CCL2. L’invalidation du récepteur
CCR2 génère le même type de résultats. A l’image du CCL2, de nombreuses autres
chimiokines, dont le CX3CL1, favorisent le développement de l’athérosclérose. Néanmoins il a
également pu être montré un rôle protecteur du couple CCL5/CCR5. En effet, l’équipe de Ziad
Mallat, montrent que des souris CCR5 -/-, soumise à 12 semaines de régime pro-athérogène
présentent une stabilisation du développement de leur plaque d’athérome, qui contiennent
moins de macrophages que celles des souris contrôles (Zernecke, Liehn et al. 2006).
75
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
CCL20 Cancer des poumons, de la taille des tumeurs et Fushimi et al. 2000
(surexpression) colorectal et mélanome de la survie des animaux
76
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
Il est clairement admis que les chimiokines et leurs récepteurs agissent sur le
développement tumoral. Leur action peut être directe, par activation de la croissance ou
indirecte, en agissant sur la survie des cellules tumorales. La présence de chimiokines dans le
microenvironnement tumoral peut donc permettre aux cellules tumorales, exprimant leurs RCK
d’engager un processus de croissance de ces cellules (Mukaida and Baba 2012; Verbeke,
Geboes et al. 2012).
Dans ce contexte, les chimiokines les mieux caractérisées sont le CXCL1, CXCL2,
CXCL3 et CXCL8 qui fonctionnent comme des facteurs autocrines de croissance dans divers
cancers (Brew, Erikson et al. 2000; Dhawan and Richmond 2002; Kollmar, Rupertus et al. 2007;
Aldinucci and Colombatti 2014; Muralidhar and Barbolina 2014)
Le rôle pro-tumoral de CXCL12 dans divers cancers a également été démontré par le
blocage de ses récepteurs dans des études précliniques. Cette chimiokine, incriminée dans de
nombreux cancers dont le cancer du sein, des ovaires ou de la prostate, semble être impliquée
à la fois dans la stimulation de la croissance mais également dans la survie.
A l’inverse, il existe des chimiokines anti-tumorales qui exercent leur effet en mobilisant
des cellules immunocompétentes qui participent à la mise en place d’une réponse adaptée de
l’hôte contre le développement tumoral. Ainsi, en 1993, Luster et al. furent les premiers à mettre
en évidence l’impact de l’expression de CXCL10 par les cellules tumorales dans des modèles
de tumeurs mammaires sous-cutanées (Luster and Leder 1993). Par la suite, il a été mis en
évidence que le recrutement des lymphocytes T CXCR3+, par CXCL10, est à l’origine de la
régression spontanée des mélanomes (Wenzel, Henze et al. 2005). De la même manière
CXCL11 augmente la présence des lymphocytes infiltrant la tumeur et inhibe la croissance
tumorale dans les cancers du sein (Hensbergen, Wijnands et al. 2005; Chu, Yang et al. 2007).
77
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
chimiokine CCL2 est particulièrement impliquée dans l’angiogenèse tumorale (Keeley, Mehrad
et al. 2011) où elle induit la migration des cellules endothéliales et la formation des tubes de
migration, suite à l’activation de son récepteur CCR2 (exprimé par les cellules endothéliales)
(Salcedo, Ponce et al. 2000). Deux études distinctes ont montré que les cellules cancéreuses
peuvent produire CCL2 et que l’activation de CCR2 par CCL2 peut impacter directement
l’angiogenèse et la croissance tumorales (Salcedo, Ponce et al. 2000; Stamatovic, Keep et al.
2006). La chimiokine CX3CL1 peut également réguler l’angiogenèse (Imaizumi, Yoshida et al.
2004; Zheng, Yang et al. 2013).
Parallèlement à cet effet direct des chimiokines sur l’angiogenèse, un effet indirect des
chimiokine a été décrit. En effet, une angiogenèse peut également être induite par l’action de
facteurs pro-angiogéniques non chimiokiniques (tels que le VEGF- Vascular endothelial growth
factor) sécrétés par les leucocytes, qui eux ont été recrutés par les chimiokines sécrétées par
les tumeurs (Kiefer and Siekmann 2011). CX3CL1 fait parti de ces chimiokines modulant
l’angiogenèse tumorale de manière indirecte par le biais d’un recrutement macrophagique (Lee,
Choi et al. 2013).
78
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
qu’une forte expression de CXCR4 est associée à la présence de métastases au niveau des
ganglions lymphatiques (Schimanski, Schwald et al. 2005) et au niveau du foie (Kim, Mori et al.
2006), ainsi qu’à une augmentation de la récidive tumorale. Par ailleurs, une expression élevée
de CXCR4 est inversement corrélée à la survie des patients (Yopp, Shia et al. 2012). Le
récepteur CXCR3 semble également impliqué dans la dissémination métastatique de différents
cancers. Ce récepteur exprimé à la surface des cellules tumorales mammaires participe
activement à la mise en place des métastases de ces cancers dans les poumons (Walser, Rifat
et al. 2006).C’est également le cas du CX3CR1 dans le cadre du cancer pulmonaire ou
colorectal (Tableau 2.3).
79
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
80
Introduction – les chimiokines & leurs récepteurs
81
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
82
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
La seconde particularité du CX3CL1 vient au fait qu’il existe - comme CXCL16 - sous
deux formes physiologiquement actives : une forme native membranaire et une forme soluble.
La forme soluble, chimio-attractante, résulte d’un clivage enzymatique de la forme
membranaire par des metalloprotéases, ADAM-10 et -17 (Garton, Gough et al. 2001; Tsou,
Haskell et al. 2001) au niveau d’un motif dibasique situé en C-terminal. La troisième
particularité de CX3CL1, la plus originale pour une chimiokine réside dans sa capacité, sous
sa forme membranaire, à provoquer une adhésion des cellules circulantes CX3CR1+ et cela
indépendamment des molécules d’adhésion classiques telles que les intégrines ou les
sélectines (Fong, Robinson et al. 1998; Haskell, Cleary et al. 1999).
83
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
point de vue fonctionnel. Les lysines en position 7, 15, 19, 37 et 47 ainsi que les arginines en
position 38 et 45 apparaissent comme essentielles, leurs mutations en alanine affectent
lourdement, voire supprime, la liaison au récepteur affectant autant les fonctions
chimiotactiques qu’adhésives (Mizoue, Bazan et al. 1999).
L’affinité du CX3CL1 pour son récepteur n’est pas différente selon que le ligand soit
sous forme du domaine chimiokine seul ou sous une forme complète (domaine chimiokine +
tronc mucine). Cette affinité n’est pas modifiée si le tronc mucine est substitué par un tronc
différent, type sélectine. Ainsi le tronc mucine ne semble pas modifier la qualité de la liaison
avec le récepteur et n’affecte pas les propriétés chimiotactiques du ligand. Ce qui n’est pas le
cas des propriétés adhésives. En effet, il a été montré, au travers d’expériences d’adhésion
sous flux, que l’adhésion de cellules CX3CR1+ se faisait plus efficacement lorsque le domaine
chimiokine de CX3CL1 est présenté à l’aide du tronc mucine comparé au domaine chimiokine
seul. De même, il semble que la glycosylation est essentielle pour « rigidifier » le tronc mucine
et permettre au domaine chimiokine de sortir du glycocalyx pour une adhérence plus efficace
(Ostuni, Guellec et al. 2014). Cependant, la seule existence d’un tronc mucine présentant une
chimiokine à la surface d’une cellule ne suffit pas à générer une adhésion. En effet, des
molécules chimères réalisées avec les domaines chimiokines de CCL2, CCL5, CCL4 ou
CXCL8 fusionnés avec le tronc mucine de CX3CL1 ne donne pas lieu à des couples adhésifs
comme observé avec le couple CX3CL1/CX3CR1 (Haskell, Cleary et al. 2000).
En plus de son rôle évident dans l’ancrage membranaire du CX3CL1, il a été démontré
au sein de notre équipe que ce domaine avait un rôle prépondérant dans l’oligomérisation du
CX3CL1 membranaire. En effet, le CX3CL1 sous cette forme membranaire n’est pas
monomérique mais oligomérique. Cette conformation semble indispensable à sa fonction
adhésive. Cependant aucun motif d’oligomérisation classique n’a pu être mis en évidence au
sein du domaine transmembranaire : seule la mutation d’au moins 12 aa de ce domaine en 12
alanine permet l’obtention d’un mutant non adhésif (Hermand, Pincet et al. 2008)
Des études sur le CX3CL1 murin, présentant les mêmes caractéristiques que le
CX3CL1 humain, suggèrent que le domaine intracellulaire n’est pas indispensable aux
fonctions cellulaires associés au CX3CL1 (adhésion, chimiotactisme, diapédèse). Par contre
84
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Le CX3CL1 est exprimé au niveau de nombreux organes tels que le cœur, le rein, les
poumons, les testicules/ovaires, le cerveau, l’œil, les amygdales, les organes lymphoïdes
secondaires ou encore au sein de l’épithélium cutané. Dans le système nerveux central, cette
chimiokine est produite par les neurones (Clark, Yip et al. 2009). Dans la peau, outre les
cellules endothéliales, les mélanocytes comme les cellules de Langerhans ou les
kératinocytes peuvent être à l’origine de la production de CX3CL1. On rapporte également
une production de CX3CL1 par différents types de tumeurs dont le neuroblastome, le
carcinome hépatocellulaire, le mélanome, les tumeurs colorectales (Marchesi, Locatelli et al.
2010) ou encore les carcinomes épithéliaux ovariens (Gaudin, Nasreddine et al. 2011).
85
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
inflammatoires via différentes voies de signalisation tels que la signalisation NF-κB (Nuclear
Factor –Kappa B), JAK/STAT ou encore P38/MAPK/ MAPK Kinase (Yang, Mattagajasingh et
al. 2007; Matsumiya, Ota et al. 2010).
Type d’expression
Système Organes Cellules
Inductible/Constitutive
Immunitaire Moelle Osseuse Cellules myéloïdes
Sang Monocytes
Nodule Cellules dendritiques
Lymphoïde Natural Killer
C
Thymus Lymphocytes T
Amygdale (CD4+/CD8+)
Peau Lymphocyte B
Cellules Endothéliales
Artères
coronaires
Cœur ? C
Digestif Colon ? C
Reproductif Ovaires
? C
Testicules
Œil Astrocytes I
(Rétine et Iris) Cellules stromales (par par TNF-α / IFN-γ /
IL-1β)
et endothéliales
86
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
B] CX3CR1
En 1994, Harrison et al. caractérisent chez le rat une molécule transmembranaire de
355 aa : RBS11 qui est couplée aux protéines G et possédant les caractéristiques des RCK
(Harrison, Barber et al. 1994). Un an plus tard, deux groupes distincts identifient, chez
l’Homme, une protéine présentant 80% d’homologie avec RBS11 et plus de 40% d’homologie
avec les récepteurs aux chimiokines de type CCR, ils nomment cette molécule
V28/CMKBRL1 (CheMoKine Beta Receptor Like-1) (Combadiere, Ahuja et al. 1995; Raport,
Schweickart et al. 1995). Ce récepteur reste orphelin jusqu’à ce que l’équipe de Bazan
découvre le CX3CL1 (Bazan, Bacon et al. 1997) qui encore aujourd’hui est le seul ligand
connu de CX3CR1.
B.1 – Structure
Le CX3CR1 humain possède la structure classique des RCK : il s’agit d’un RCPG de
classe IA de 355 aa (Figure III-2). Les études biochimiques de l’interaction récepteur-ligand
ont montré que le CX3CR1 lie le CX3CL1 par son domaine chimiokine, indépendamment de
la présence du tronc mucine. Cette interaction, spécifique et affine, présente une constante de
dissociation à l’équilibre (Kd) comprise entre 30pM et 1nM en fonction du type cellulaire.
Néanmoins, l’affinité du CX3CL1 pour le CX3CR1 est généralement décrite comme moins
bonne que celle des autres chimiokines pour leurs récepteurs exprimés au sein d’un même
type cellulaire. A titre de comparaison, alors que les constantes de dissociation de CCL2 et
CCL5 pour leurs récepteurs respectifs, CCR2 et CCR5, exprimés à la surface de cellules
HEK293 sont de l’ordre de 0.26nM et 0.14nM, celle du couple CX3CL1-CX3CR1 est de
0.74nM (Combadiere, Salzwedel et al. 1998).
87
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Seuls les résidus tyrosine 14, aspartate 25 et glutamate 254 semblent être importants
dans la capacité du CX3CR1 à lier le CX3CL1. En effet, toute autre mutation en alanine des
aa du domaine N-terminal ou de la boucle ECL3 n’entraîne aucune perte de liaison du
CX3CL1 au CX3CR1. Cependant, des mutations en alanine des résidus glutamate 13,
aspartate 16 et 266 génèrent des récepteurs variants qui conservent leur capacité de liaison
au CX3CL1, avec une affinité identique à celle du récepteur sauvage, mais qui ne peuvent
plus activer certaines voies de signalisation comme la voie ERK, voire qui n’engendrent plus
de réponse chimiotactique (Chen, Green et al. 2006). Ces résultats sont compatibles avec un
modèle d’interaction récepteur-ligands à deux étapes, classiquement décrit lors de la liaison
d’une chimiokine à son récepteur (cf. Chapitre II -§ C.2)
88
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
conséquence sur ce paramètre. L’existence de ces variants du CX3CR1 a été associée à des
modifications des propriétés fonctionnelles de ce récepteur et particulièrement de la fonction
adhésive du couple CX3CR1/CX3CL1 qui sera détaillée plus loin dans la partie « Fonctions
associées au CX3CR1/CX3CL1 ». Jusqu’ici, les études portant sur une transduction de signal
en aval des différents variants activés par la forme soluble, (étude des signaux calciques et
des voies MAPK) n’ont montré aucune différence (Daoudi, Lavergne et al. 2004); (Lavergne,
Combadiere et al. 2004; Davis and Harrison 2006). Par contre, l’existence de ces variants
impacte l’épidémiologie associée à ce couple CX3CL1/CX3CR1. Les conséquences de ce
polymorphisme seront développées dans la partie consacrée aux rôles physiopathologiques
de ce couple, avec notamment l’implication différentielle des variants au cours de l’évolution
du VIH, de la DMLA ou encore des pathologies cardiovasculaires (Tableau 3.2).
89
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
granularité, leur fonction, leurs antigènes de surface (plus particulièrement CD16 et CD14) ou
encore leur profil d’expression des RCK (CCR2 et CX3CR1). Chez l’Homme comme chez la
souris, deux sous-populations principales ont été décrites : les monocytes « classiques » et
les monocytes « non-classiques » (Figure III-3) (Geissmann, Jung et al. 2003; Anbazhagan,
Duroux-Richard et al. 2014). Une troisième sous population qualifiée d’intermédiaire est
également évoquée dans la bibliographie, mais reste controversée. Aussi par soucis de
simplicité, nous nous limitons ici à la description des deux sous-populations majeures.
90
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
(Kumar, Tripathi et al. 2012). Selon certains auteurs, cette sous population dériverait de la
première. Chez la souris, ces cellules sont caractérisées par une expression faible de Ly6C et
CCR2 mais un haut niveau d'expression de CX3CR1. Chez les humains, les monocytes non
classiques sont CD14low CD16+ CCR2low CX3CR1hi.
91
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Le CX3CR1 et son ligand CX3CL1 sont exprimés à la surface des DC, matures
comme immatures. Les formes matures présentent un niveau d’expression plus important que
les formes immatures (Liu, Lu et al. 2011), laissant penser à un mécanisme d’activation et/ou
de régulation autocrine.
Parmi les cellules myéloïdes exprimant le CX3CR1, autres que celles citées plus haut,
on retrouve les plaquettes, les neutrophiles ou encore les mastocytes.
Le CX3CR1 est également présent à la surface des cellules musculaires lisses (Lucas,
Bursill et al. 2003).
92
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Comme pour tous les RCK, la liaison du CX3CL1 au CX3CR1 est à l’origine de
l’activation de plusieurs cascades de signalisation parallèles (Figure III-4). Le CX3CR1 est,
comme tous les RCK, un RCPG couplé à une protéine Gαi. Certaines des voies de
signalisation en aval de CX3CR1 impliquent l’activation de la protéine Gαi alors que d’autres
voies en sont indépendantes. Plusieurs signaux ont été étudiés en aval du CX3CR1 activé par
la forme soluble de son ligand, d’autres sont admis sans avoir été caractérisés, faute d’outils
performants, c’est le cas notamment du signal AMPc qui fait l’objet de ma thèse. Dans cette
partie seront présentés les signaux cellulaires et voies de signalisation décrites en aval du
CX3CR1 avant ce travail de thèse.
Comme en aval de tous les RCK, l’activation du CX3CR1 par addition de son ligand
soluble la chimiokine CX3CL1 déclenche une augmentation, rapide et transitoire (durée
<1min), de calcium par activation de la voie IP3 (Imai et al. 1997). L’existence et l’amplitude
de cette réponse dépendent toutefois du type cellulaire. En effet dans l’étude réalisée par
l’équipe d’Imai en 1997, cette réponse présente dans les K-562 (cellules pré-érythrocytaires)
n’est pas retrouvée dans la lignée Raji (lymphoblast-like cells) transfectées avec du CX3CR1.
Dans les K-562, le signal calcique peut être supprimé soit à la suite de la mutation du motif
DRY, réputé comme participant à la liaison protéine G-récepteurs (Haskell, Cleary et al. 1999;
Haskell, Cleary et al. 2000; Schwarz, Pruessmeyer et al. 2010) soit après un traitement à la
PTX, ce qui suggère l’implication de la protéine Gi. De manière intéressante, Harrison et al.
Mettent en évidence une signalisation calcique différentielle en fonction d’une activation du
récepteur par la forme soluble ou par la forme membranaire du ligand semble pas induire une
signalisation calcique différente (Harrison, Jiang et al. 1998). Selon leur étude, réalisée sur
des cellules microgliales de rat exprimant le CX3CR1, seule la forme membranaire de
CX3CL1 induit une réponse calcique en aval de CX3CR1. Ce résultat contraste nettement
avec les données de la littérature citée plus haut et n’a pas été confirmée par les expériences
réalisées au laboratoire. L’étude du signal calcique en aval des RCK sur cellule unique, par
les techniques classiques telles que le Fura-2, n’ont pas permis l’étude de la réponse en aval
de CX3CR1, qui contrairement au autres couples récepteur/chimiokine présente une réponse
d’amplitude très faible et donc difficilement étudiable quand elle est présente. C’est
93
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
principalement pour cette raison que nous avons cherché une autre voie de signalisation qui
nous permette d’étudier les différences potentielles de signalisation en fonction de la forme de
CX3CL1 activant le récepteur.
94
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
95
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
96
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
C.1– Chimiotactisme
Il a également été décrit une synergie entre les différents couples chimiokine/récepteur
en vue d’améliorer le chimiotactisme global. Par exemple, le CX3CL1 semble augmenter
l’expression de CCL2 sur les monocytes, ce qui tend à améliorer le recrutement des
monocytes sur le site de l’inflammation (Popovic, Laumonnier et al. 2008).
97
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Il est essentiel de noter que, du fait de la spécificité structurale du ligand, deux types
d’adhésion cellulaires peuvent être associées à ce couple. La première est commune à
l’ensemble des RCK et met en jeu les molécules d’adhésion classiques comme les intégrines
(Figure III-6). Elle est conséquente à l’activation des intégrines en réponse à presque tous les
RCK activés par leurs ligands. Le second type d’adhésion, qualifié d’intrinsèque ou de
spécifique, est lié à l’existence de la forme membranaire qui agit comme une véritable
molécule d’adhésion suffisante pour immobiliser les cellules exprimant le récepteur (Figure III-
6). Cette seconde adhésion n’est possible que pour deux couples : CX3CL1/CX3CR1 et
CXCL16/CXCR6. Les chimiokines solubles sont donc associées à une adhésion cellulaire par
activation du système intégrine alors que les chimiokines présentant une forme membranaire
activent les deux types d’adhésion.
98
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
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Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Figure III-6 : Trois configurations d’adhérence cellulaire induite par le système intégrine
et ou le couple CX3CR1/CX3CL1 sur des cellules endothéliales.
A- Adhésion cellulaire impliquant uniquement le système intégrine activé à la suite d’une libération
dans le milieu extracellulaire de chimiokine soluble (CX3CL1, CCL2, …) et dont les récepteurs
respectifs se trouvent à la surface de la cellule « à adhérer»
B- Adhésion cellulaire induite par la liaison du CX3CL1 membranaire situé à la surface de la
cellule endothéliale et de son récepteur le CX3CR1 exprimé sur la cellule cible.
C- Adhésion cellulaire synergique entre les deux systèmes précédents ; la liaison du CX3CL1
membranaire à son récepteur induit une activation du système d’adhésion intégrine dépendant.
100
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
adhérence sur CX3CL1 membranaire moins efficaces comparé au variant VT. La raison de
ces résultats contradictoires reste encore à ce jour inconnue.
Les cellules musculaires lisses (CML) humaines présentes au niveau des artères
expriment le CX3CR1 et semblent être soumises au chimiotactisme CX3CL1 dépendant
(Lucas, Bursill et al. 2003). Il a également été montré que le CX3CL1 exerçait un effet anti-
apoptotique au sein de ces cellules tout en favorisant leur prolifération. Cette action du
CX3CL1 passe par l’activation de la voie ERK1/2 en aval du CX3CR1 (White, Tan et al.
2010). Parallèlement, il a été démontré que le CX3CR1 était présent à la surface des
progéniteurs de CML, des cellules mononuclées myéloïdes, qui peuvent être mobilisées et
différentiées en CML à l’occasion d’une réparation post lésionnelle (Kumar, Metharom et al.
2010). Enfin, les CML sont capables aussi d’exprimer le CX3CL1 (Ollivier, Faure et al. 2003):
l’action de cette chimiokine peut donc être autocrine.
D.2- Ostéoclastogenèse
Le tissu osseux est composé de cellules et d’une matrice extracellulaire qui, dans ce
cas précis, est minéralisée. Il se renouvelle grâce à ses deux composantes cellulaires, à
savoir les ostéoclastes qui dégradent la matrice osseuse et les ostéoblastes qui la
reconstruisent. Ces deux types cellulaires ne se trouvent pas au même endroit. Alors que les
ostéoblastes sont à la surface du tissu osseux, les ostéoblastes eux se trouvent dans les
cavités creusées dans l’os, le long des travées osseuses (appelées lacunes de Howship). Des
études récentes mettent en évidence un rôle central du couple CX3CR1/CX3CL1 dans le
processus d’ostéoclastogenèse. En effet, il avait été montré en 2009, que les ostéoclastes
expriment le CX3CR1 à leur surface et peuvent être recrutés en réponse à une sécrétion de
101
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
102
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
CX3CL1 par les ostéoblastes (Koizumi, Saitoh et al. 2009). La forme membranaire du ligand
contribue à leur adhésion. Une étude récente confirme cette observation et montre que la
modulation du niveau d’expression du CX3CL1 permet de réguler l’ostéoclastogenèse (Han,
Ryu et al. 2014). Dans cette étude, l’utilisation d’une souris déficiente pour le CX3CR1 ou
traitée avec un anticorps bloquant anti-CX3CR1 favorise la reconstruction osseuse et prévient
la résorption osseuse associée à l’irradiation des souris.
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Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
CX3CL1 est une des chimiokines constitutivement exprimée à des niveaux élevés
dans le système nerveux central. C’est d’ailleurs à partir de cellules endothéliales activées et
de neurones qu’elle a été clonée (Bazan, Bacon et al. 1997). CX3CL1 et son récepteur jouent
un rôle important dans la communication neurone-microglie. Alors que le CX3CL1 est présent
à la surface des neurones, le CX3CR1 est exprimé par les cellules de la lignée myéloide dont
les cellules microgliales (Harrison, Jiang et al. 1998); (Hughes, Botham et al. 2002) ;(Lindia,
McGowan et al. 2005). Cependant, CX3CL1 est également exprimé à la surface des
astrocytes (Mizuno, Kawanokuchi et al. 2003), tandis que quelques études montrent
l’expression neuronale de CX3CR1 (Meucci, Fatatis et al. 2000).
104
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
E.1- Inflammation
Il est clairement démontré que l’axe CX3CL1/CX3CR1 est directement impliqué dans
le recrutement, la migration et l’activation de cellules cytotoxiques du sang vers le tissu
inflammé (Nishimura, Umehara et al. 2002) (Cf. chapitre II §.D.2). Plusieurs catégories de
pathologies inflammatoires confirment cette hypothèse, notamment les maladies
inflammatoires chroniques de l’intestin, les réactions allergiques ou encore certaines
pathologies auto-immunes.
Chez les patients atteints de la maladie de Crohn, il a été observé une augmentation
significative de l'expression de l'ARNm de CX3CL1 au niveau des muqueuses inflammées par
comparaison avec la muqueuse du côlon sain. Cette surexpression de CX3CL1 semble être
105
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
induite par des cytokines pro-inflammatoires, en particulier par l'IL-8, ce qui suggère un impact
important de cet axe CX3CL1/CX3CR1 dans l'inflammation intestinale (Brand, Hofbauer et al.
2006).
106
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
107
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
E.3.1 – Douleur
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Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
libération massive de CX3CL1 active la voie p-38-MAPK en aval du CX3CR1 et engendre une
libération de cytokines neuropathiques. Ce mécanisme contribuerait au maintien et à
l’amplification de la douleur chronique (Clark, Yip et al. 2009). L’utilisation d’anticorps
bloquants dans un modèle de douleur lié au cancer du tibia chez le rat, permet de retarder et
d’atténuer la douleur, sans avoir d’effets sur le développement tumoral (Yin, Cheng et al.
2010).
109
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
De manière cohérente avec le modèle murin, il a été montré que le risque de DMLA
chez l’Homme est environ 2 à 2.5 fois supérieur chez les individus homozygotes porteurs de
l’allèle M280 (Combadiere, Feumi et al. 2007).
110
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
111
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
Une étude menée au sein du laboratoire, montre que la présence des variants V249I
et T280M du CX3CR1 chez des patients infectés par le VIH est corrélée avec une évolution
plus rapide de la pathologie vers le stade SIDA (Faure, Meyer et al. 2000). Cette étude
épidémiologique révèle que le CX3CR1 semble ne pas avoir la même fonctionnalité suivant
qu’il est muté ou non. De plus, l’haplotype I249-M280 exprimé à l’état homozygote est associé
à une diminution du taux de fixation de CX3CL1 à son récepteur présent sur les lymphocytes
périphériques de ces mêmes patients. Cette diminution peut être expliquée soit par la
diminution de l’affinité du variant CX3CR1-M280 vis-à-vis du CX3CL1 soluble (mais les études
biochimiques ne vont pas dans ce sens) soit par une diminution de l’expression du récepteur
à la membrane lors de l’infection (Faure, Meyer et al. 2000). La perte fonctionnelle du
CX3CR1 muté pourrait être responsable de la diminution de la survie. Toutefois, ces résultats
divergent en fonction des cohortes utilisées. A l’inverse, une étude américaine a associé la
variation T280M, même à l’état hétérozygote, avec une progression retardée de la maladie.
Cette régression est expliquée par la diminution de l’activité de corécepteur du CX3CR1-IM
112
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
(McDermott, Halcox et al. 2001), diminution qui est une nouvelle fois en contradiction avec les
résultats de notre laboratoire. Une étude sur une cohorte espagnole a associé l’haplotype
I249 – T280 aux LTNP (Long Term Non-Progressors) [Vidal et al. 2005]. D’un autre côté, les
résultats de la toute première étude effectuée au sein du laboratoire ont été confirmés depuis
(Faure, Meyer et al. 2003; Singh, Hughes et al. 2005). Il n’y a par ailleurs pas d’association
entre le polymorphisme de la région non traduite 3’UTR du CX3CR1 et la progression de la
maladie (Peraire, Vidal et al. 2007)
113
Introduction – le couple CX3CR1/CX3CL1
114
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
La survie d’une cellule dépend de sa capacité à intégrer les différents signaux de son
environnement et à s’y conformer en mettant en place une réponse cellulaire adaptée (cf. chapitre
I - § A). La réponse cellulaire résulte de l’activation en aval de ces récepteurs d’une multitude de
voies de signalisation mettant en jeu des molécules intracellulaires qualifiées de messagers
secondaires. Ces molécules sont de véritables carrefours entre les différentes voies de
signalisations activées. La nature de ces messagers secondaires est multiple. Il peut s’agir d’ions
comme le calcium, de phospholipides comme le PIP2 ou le DAG, ainsi que de nucléotides
cycliques: GMPc ou AMPc. C’est à ce dernier que nous nous sommes intéressé puisqu’il
constitue un messager classiquement modulé en aval des RCK.
Il existe dix isoformes différentes de l’AC (AC1-AC10) et onze isoformes de PDE (PDE1-PDE11).
Neuf des AC sont des protéines membranaires, attachées à la face interne de la membrane alors
que la dixième (AC10) est décrite comme soluble (cf. chapitre I - § B.5.1). Pour rappel, ces
115
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
enzymes transforment l’ATP en AMPc et sont contrôlées en amont par les sous unités α de la
protéine Gs et Gi : αi inhibe l’activité AC alors que αs l’active. En revanche les PDE sont le plus
souvent des protéines cytoplasmiques, responsables de l’hydrolyse de l’AMPc en adénosine
5’ monophosphate (AMP) et pyrophosphate (PPi). Ayant déjà décrit les AC au cours du chapitre I,
nous consacrerons ici un paragraphe aux PDE ainsi qu’aux principaux effecteurs de l’AMPc.
Les PDE sont les enzymes responsables de l’hydrolyse des nucléotides cycliques (AMPc
et GMPc). Bien que dans certaines cellules comme les cardiomyocytes, l’AMPc peut être
transporté hors de la cellule par des canaux de la famille des MRP (Multidrug Resistance Protein),
l’activité catalytique des PDE constitue la seule voie d’élimination de l’AMPc dans la plupart des
types cellulaires. C’est principalement l’activité des PDE qui va apporter une dimension
spatio-temporelle du signal AMPc.
Décrite pour la première fois en 1962 par Butcher et Sutherland (Butcher and Sutherland
1962), la superfamille des PDE contient actuellement plus de 90 membres regroupés en 11
familles selon leurs propriétés structurales, enzymatiques, pharmacologiques ainsi que leur mode
de régulation (Tableau IV.1). Chaque famille est codée par 1 à 4 gènes qui peuvent subir des
épissages alternatifs, ce qui explique les 96 PDE recensées. Une nomenclature a été proposée
afin de classer les différents isoformes, on peut ainsi identifier la famille de PDE, le gène codant
pour l’isoforme ainsi que l’épissage alternatif. A titre d’exemple la PDE4D3 correspond à la PDE
de la famille 4, codée par le gène D et produite par le 3ème épissage alternatif de l’ARN issu de ce
même gène.
Les PDE des familles 4,7 et 8 sont capables de dégrader sélectivement l’AMPc, alors que
les isoformes de la famille 5, 6 et 9 sont spécifique du GMPc. Les familles 1, 2, 3,10 et 1 peuvent
hydrolyser les deux nucléotides cycliques indifféremment (Figure IV-1).
D’un point de vue structure, les PDE partagent une organisation structurale commune
contenant : un domaine catalytique conservé d’une famille à l’autre et situé à l’extrémité
C-terminale et des domaines de régulation et d’adressage situés essentiellement dans la partie
N-terminale. La plupart des PDE fonctionnent en dimère ou oligomère (Conti and Beavo 2007).
116
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Tableau IV.1 : Classification des PDE (D’après Ishiwata et al.2007, Smith et al. 2004 ; van der staay et al.
2008)
117
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
118
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Initialement, deux isoformes de la PKA (I et II) avaient été décrites en fonction de leur
profil d’élution sur colonne DEAE (DiEthylAminoEthyl). Ces deux isoformes différent par leur
domaines régulateurs annotés respectivement RI et RII, présentant une affinité différente pour
l’AMPc. Il a récemment été démontré qu’il existe bien plus de deux PKA. Cette hétérogénéité
résulte de l’existence de différents variants et sous variants, issus d’épissages alternatifs, des
régions régulatrices (RI α et β / RII α et β) comme catalytiques (C α, β et γ).
L’activité catalytique de la PKA est régulée par un inhibiteur endogène, PKI (Protéine
Kinase Inhibitor). Ce dernier présente une forte affinité pour les sous unités catalytiques de la
PKA, qu’il lie au niveau du site catalytique. Certaines études tendent à démontrer que ce facteur,
en plus de son rôle d’inhibiteur de la PKA, contribue à la translocation de la PKA active du
compartiment nucléaire (où se trouvent certaines protéines cibles) vers le cytoplasme où elle
redevient inactive après liaison avec les sous unités régulatrices.
Il y a plus de 100 protéines substrats de la PKA, parmi lesquelles NFAT, Raf-1, Ras ou
encore d’autres effecteurs de la voie MAPK. Certaines de ces protéines sont activées, d’autres
sont au contraire inhibées par la phosphorylation.
Il existe deux isoformes d’EPAC : Epac1 et Epac2, produits de gènes indépendants chez
les mammifères. Alors qu’Epac1 est exprimé de manière ubiquitaire, Epac2 présente une
expression confinée à certains tissus (de Rooij, Zwartkruis et al. 1998; Kawasaki, Springett et al.
1998). Ces deux isoformes présentent une importante homologie de séquence et contiennent
119
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
toutes les deux une région N-terminale régulatrice comprenant un domaine d’adressage (DEP :
Dishevelled Egl-10 Pleckstrin); des domaines de liaison de l’AMPc (CBD) et une région
C-terminale catalytique. La région catalytique d’Epac1 se compose d'un motif d’échange RAS
(REM), un domaine d’association RAS (RA) et du domaine classique d’homologie CDC25
(CDC25HD) responsable de l'activité d'échange des nucléotides (Figure IV-2.A).
Les canaux régulés par les nucléotides cycliques sont les seuls effecteurs de l’AMPc dont
l’activation produit des variations de la concentration ionique et du potentiel membranaire. Il existe
120
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
deux grandes familles de canaux régulés par les nucléotides cycliques : les canaux CNG (Cyclic
Nucleotide Gated channel) et les canaux HCN (Hyperpolarization-activated Cyclic Nucleotide
gated). Ces deux familles partagent la même organisation structurelle (Figure IV-3.A). Ils sont
formés par l’assemblage de :
- 4 sous unités, constituées chacune de 6 segments transmembranaires (S1-S6),
- une boucle P située entre S5 et S6 formant le pore du canal
- un domaine de liaison aux nucléotides cycliques situé dans la région C-terminale.
Ces deux familles de canaux diffèrent par leur mode d’activation, leur perméabilité ionique
et la liaison de l’AMPc et du GMPc.
Les canaux CNG sont exprimés principalement dans les photorécepteurs de la rétine et
les neurones olfactifs. Les formes fonctionnelles sont des hétérotétramères composés de deux
sous unité α et deux sous unité β (Kaupp and Seifert 2002). L’ouverture de ces canaux est
contrôlée aussi bien par la liaison d’une molécule d’AMPc comme d’un GMPc. Lors de la fixation
de l’un de ces deux nucléotides cyclique, le pore du canal devient perméant au calcium et aux
cations monovalents. Ainsi l’ouverture de ce canal induit une dépolarisation de la membrane
plasmique de la cellule conduisant à une entrée massive d’ions calcium (Figure IV-3.B). Ce
dernier en liant la calmoduline module de nombreuses cibles intracellulaires dont les canaux CNG
eux même. Ce rétrocontrôle négatif, constitue avec les PDE le principal mécanisme de régulation
négative des canaux CNG.
Parallèlement à cette première famille de canaux activés directement par les nucléotides
cycliques, il existe dans les cellules excitables et notamment dans les neurones, une seconde
famille de canaux activés par l’AMPc : les HCN. Chez les mammifères, il existe 4 sous familles de
HCN. Leur ouverture nécessite une hyperpolarisation préalable de la membrane plasmique en
plus de la fixation de l’AMPc et induit une dépolarisation lente par entrée de sodium.
Il est de plus en plus admis que les différents protagonistes de la voie de signalisation
AMPc ne sont pas répartis de façon diffuse au sein de la membrane plasmique ou dans le cytosol
mais sont regroupés en signalosome grâce aux AKAP (A-Kinase Anchoring Protein) (Wong and
Scott 2004). Un signalosome peut ainsi regrouper tous les partenaires de la signalisation: une
PDE, une AKAP, une AC, la PKA ou les EPAC (Houslay 2010). Ce complexe fournit ainsi un
contrôle spatial des effecteurs de l’AMPc en plus du contrôle temporel de la signalisation via une
distribution cytosolique spécifique des PDE (Houslay, Baillie et al. 2007; Baillie 2009).
121
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Cette compartimentation du signal semble être cruciale pour la survie de la cellule car cela
lui permet de confiner sa dépense d’ATP.
La famille des AKAP compte aujourd’hui une cinquantaine de membre. Les membres de
cette famille partagent d’avantage une fonction commune qu’une structure commune. Malgré
cette diversité structurale, pour être considérée comme une AKAP, une protéine doit répondre à 3
critères. Toutes les AKAP présentent un domaine de liaison à la sous unité régulatrice de la PKA.
Ensuite, une AKAP présente un domaine d’adressage spécifique qui lui impose un
« cloisonnement » à un compartiment cellulaire donné. A titre d’exemple, l’AKAP 79/150 présente
une séquence peptidique qui lui permet d’interagir avec les phospholipides de la membrane
plasmique, alors que l’AKAP-WAVE1 (WisKott-Aldrich VErprolin-homology protein 1) interagit
avec le cytosquelette d’actine ou les membranes mitochondriales (Figure IV-4). Enfin, une AKAP
doit être capable d’interagir avec plusieurs protéines de la signalisation AMPc (protéines
phosphatases, GSK, protéine Kinase,…) et ainsi de co-localiser l’effecteur de la voie (PKA ou
EPAC) avec ces différents partenaires au sein d’un « signalosome ». Les AKAP semblent donc
agir comme des plateformes d’ancrage des différents protagonistes de la signalisation, à la fois
ceux impliqués dans la transduction et ceux qui induisent l’arrêt, qu’elles maintiennent à proximité
les uns des autres (Cooper 2005).
122
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Les PDE étant l’unique moyen de dégrader l’AMPc. Leur positionnement au sein de la
cellule est crucial pour la régulation temporelle du signal AMPc. Il a ainsi été démontré que
chaque PDE a un territoire d’expression spécifique, par exemple la PDE4B est sub-membranaire
alors que la PDE4D est cytosolique (Terrin, Di Benedetto et al. 2006).
1- Tout l’AMPc produit par les AC n’a pas accès à tous ses effecteurs mais seulement à
quelques-uns en fonction du « signalosome » proximal
2- Tout l’AMPc n’a pas accès à toutes les PDE
3- Toutes les PKA réparties dans les différents compartiments cellulaires n’ont pas accès
à tous les substrats
4- Il existe une relation spatiale stricte entre les RCPG, les AC et certains effecteurs en
aval de l’AMPc
123
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Le rôle de la voie AMPc dans ce processus d’adhésion a été rapporté pour la première fois
au cours d’une étude sur le carcinome ovarien. Les auteurs montrent que l’activation de la voie de
signalisation AMPc induit une augmentation de l’adhésion intégrine dépendante (α5β1 et αvβ3)
des cellules endothéliales (Rangarajan, Enserink et al. 2003). D’autres études confirment cette
observation (Bos, de Bruyn et al. 2003; Enserink, Price et al. 2004) et montrent que cette
augmentation d’adhésion concerne aussi les monocytes (Li, Liu et al. 1995; Figueiredo, Mui et al.
2006) et les lymphocytes T (Reedquist, Ross et al. 2000) selon un même mécanisme impliquant
les intégrines. Ces observation sont remises en cause par les travaux de Fine et collaborateurs,
qui montrent qu’une augmentation de la concentration d’AMPc intracellulaire, par la forskoline et
l’IBMX, induit au contraire une diminution de l’adhésion et de la migration chimiokine dépendante
des monocytes (Fine, Byrnes et al. 2001). Nous observons nous même suite à la stimulation des
cellules par de la FSK, une diminution de ces deux fonctions (chimiotactisme et adhésion)
déclenchées par l’axe CX3CL1/CX3CR1 (cf. partie Résultats Complémentaires).
Certains auteurs expliquent ces effets contradictoires de l’AMPc sur l’adhésion par une
compartimentation différentielle du signal cAMP (Baillie and Houslay 2005) liée en particulier à la
distribution des PDE qui limite la diffusion du signal (Lorenowicz, van Gils et al. 2006). D’autres
montrent clairement que ces effets opposés de l’AMPc passent par des branches différentes de la
signalisation AMPc, (PKA régulation négative ; EPAC régulation positive) (de Bruyn,
124
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Rangarajan et al. 2002; Rangarajan, Enserink et al. 2003; Enserink, Price et al. 2004; Aronoff,
Canetti et al. 2005)
La phagocytose est un processus cellulaire pouvant être décrit en trois étapes : adhésion,
ingestion et digestion de l’agent infectieux. La réalisation de ces différentes étapes nécessite
notamment une modulation du cytosquelette et de la membrane plasmique ainsi qu’une
opsonisation des anticorps présents à la surface des cellules phagocytaires en favorisant
l’expression de différents récepteurs dont les ligands sont fortement exprimés à la surface de la
cellule cible. Parmi les différentes molécules surexprimées à la surface des cellules
phagocytaires, on trouve le récepteur Fcγ, les récepteurs du complément ainsi que des
récepteurs du mannose. Plusieurs études montrent que l’augmentation de l’AMPc dans les
macrophages diminue significativement leur capacité phagocytaire en diminuant le nombre de
récepteurs du complément et de Fcγ, diminuant ainsi l’étape d’adhésion de ces cellules aux
agents pathogènes (Nambu, Morita et al. 1989; Makranz, Cohen et al. 2006). Néanmoins les
mécanismes de médiation de cet effet restent encore mal connus, notamment en ce qui concerne
la branche de la voie impliquée : PKA vs EPAC. Afin de déterminer l’effecteur impliqué, les
auteurs utilisent des analogues de l’AMPc spécifique de chacun de ces deux médiateurs tel que
le 6-Bnz-cAMP qui active la voie PKA dépendante ou le 8-cPT-2’-O-Me-cAMP, un activateur
spécifique de la protéine EPAC. L’utilisation de ces molécules dans la lignée macrophagique PL8
met en évidence un effet de l’AMPc sur la phagocytose passant par la voie de signalisation
PKA/CREB (Hazan-Eitan, Weinstein et al. 2006). La même étude réalisée sur des macrophages
alvéolaires humains implique la composante EPAC (Aronoff, Canetti et al. 2005; Canetti, Serezani
et al. 2007). De même dans les monocytes, l’ensemble des effets de l’AMPc sur les différentes
fonctions cellulaires sont modulées majoritairement par la PKA et non par EPAC (Bryn, Mahic et
al. 2006).
En plus de son implication dans l’étape d’adhésion, l’AMPc contrôle également l’activation
du métabolisme de l’oxygène des cellules phagocytaire (ou « explosion oxydative ») qui entraîne
une production massive de dérivés de l’oxygène. Cela passe, en particulier par une inhibition de
la NADPH oxydase par l’AMPc, ce qui conduit à une diminution de la production des espèces
125
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
B.3.1 – Lymphocytes T
Le rôle de l’AMPc comme inhibiteur des lymphocytes T a très bien été démontré (Kammer
1988; Vang, Torgersen et al. 2001; Hermann-Kleiter, Thuille et al. 2006). Plus précisément,
l’augmentation d’AMPc intracellulaire dans ces cellules induit une inhibition de leur activation
(Vang, Torgersen et al. 2001) et de leur prolifération (Skalhegg, Landmark et al. 1992). Les
résultats ont montré que, dans les T matures, l’augmentation d’AMPc intracellulaire induit par une
cascade impliquant la kinase Csk (COOH-terminal Src kinase) conduisent à une inactivation de la
cascade de signalisation en aval du TCR (Tasken and Ruppelt 2006).
L’AMPc diminue aussi l’activité cytotoxique des T. grâce à une réduction significative de la
production de nombreuses cytokines, tel que l’IL2, le TNF-α et l’IFN-γ par les lymphocytes Th1
(Th Lymphocyte T helper ; Th1 et Th2 : sous populations 1 et 2 différenciées sur la base des
cytokines sécrétées) (Henney and Lichtenstein 1971).
Certaines études réalisées in vitro montrent qu’une infection de lignées lymphocytaires par
le VIH conduit à une augmentation de la concentration d’AMPc cellulaire (Nokta and Pollard 1991;
Hofmann, Nishanian et al. 1993; Aandahl, Aukrust et al. 1998). En outre, des études ex vivo
126
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
montrent que des cellules T de patients séropositifs contiennent deux fois plus d’AMPc que celles
issues de personnes séronégatives (Hofmann, Nishanian et al. 1993; Aandahl, Aukrust et al.
1998).
Plusieurs études ont montré que l’activation de la voie AMPc dans les cellules T infectées
contribue à inhiber la réponse immunitaire et ainsi à favoriser l’infection. L’adhésion du virus par le
biais de la gp120 sur le CXCR4 diminue significativement la prolifération des lymphocytes T CD4+
et T CD8+. Cet effet est en rapport avec une activation de la PKA et de CREB (Hofmann,
Nishanian et al. 1993; Masci, Galgani et al. 2003). A l’inverse, la diminution de l’AMPc restaure la
prolifération et la cytotoxicité de ces cellules (Hofmann, Nishanian et al. 1993; Hofmann,
Nishanian et al. 1993). L’AMPc agit également sur les T régulateurs : lors de l’infection VIH, on
assiste à une suppression de la potentiation de ces cellules par une augmentation du niveau de
CTLA-4 (Cytotoxic T-Lymphocyte Antigen 4) (Becker, Taube et al. 2009). Cette protéine est
connue pour être un régulateur négatif de l’immunité.
L’ensemble de ces études décrivent la signalisation AMPc comme étant un élément clé du
processus d’infection des lymphocytes T par le VIH particulièrement en supprimant la réponse
immunitaire. Néanmoins, il semble que son rôle soit encore plus complexe. Plusieurs études
rapportent un effet inhibiteur de l’AMPc sur la capacité du virus à se répliquer. Une augmentation
de l’AMPc, soit par le biais d’une activation de l’AC par de la FSK, soit après un blocage de la
dégradation par un traitement avec du rolipram, un inhibiteur spécifique de la PDE4, est corrélée
avec une diminution de la transcription virale ainsi qu’une diminution du niveau de la protéine HIV-
p24Gag dans les lymphocytes T (Navarro, Punzon et al. 1998; Sun, Li et al. 2000). Dans la même
logique, une étude montre que dans les cellules T naïves, l'AMPc diminue significativement
l’import nucléaire, la translocation et la réplication de l'ADN viral, par comparaison avec des
cellules T mémoires. On rapporte également un effet sur l’expression des corécepteurs du VIH,
CCR5 et CXCR4 (Thivierge, Le Gouill et al. 1998; By, Durand-Gorde et al. 2010).
L’ensemble de ces données suggèrent que la voie de l'AMPc/PKA affecte l'infection par le
VIH à la fois sur les étapes de pré- et de post-intégration. Ainsi le rôle de l’AMPc au cours de
l’infection par le VIH et plus globalement dans la réponse immunitaire semble dépasser la simple
127
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
B.3.3 – Lymphocytes B
L’AMPc et ses effecteurs, PKA et EPAC, jouent un rôle important dans la régulation de
l’activité des lymphocytes B. Les données actuelles ne permettent pas de formuler distinctement
la contribution respective de ces effecteurs mais montrent une action préférentielle de la PKA sur
les fonctions cellulaires des lymphocytes B matures et par le biais de la protéine EPAC dans les
formes cellulaires immatures. L’utilisation de l’analogue de l’AMPc, PKA sensible (6-Bnz-cAMP),
sur des lymphocytes B matures de la rate de souris, inhibe la voie ERK1/2, cela indépendamment
de l’activation des récepteurs de lymphocyte B (BCR), ce qui se répercute sur les fonctions de
ces cellules et conduit à une diminution de la réponse immunitaire humorale (Yue, Dodge et al.
1998; Kaibuchi, Kuroda et al. 1999).
A la différence des lymphocytes B matures, l’effet de l’AMPc dans les formes immatures
est plutôt EPAC dépendant. Dans ces cellules, l’augmentation de l’AMPc intracellulaire se traduit
par une inhibition de la voie PKB et cela indépendamment de l’activation de la PKA. En outre, il a
été démontré que l’AMPc, par la bais de la protéine EPAC, module le processus de sélection
négative des lymphocytes B immatures, avec un effet majoritairement pro-apoptotique. Nous
savons que la réponse des cellules B immatures à l’activation des BCR par un antigène dépend
de la balance entre signaux pro-apoptotiques, passant principalement par ERK1/2 (Marchildon,
Casnellie et al. 1984; Okada, Nada et al. 1991) et anti-apoptotiques passant par la voie PI3K/PKB
(Brdicka, Pavlistova et al. 2000; Kawabuchi, Satomi et al. 2000).
128
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Sonde FICRhRR Sonde FRET Dynamique Cellule Unique Adams et al. 1991
PKA-like (imagerie) Goaillard et al. 2001
Zaccolo & Pozzan
2002
Sonde EPAC Sonde FRET Dynamique Cellule Unique Ponsioen et al. 2004
(imagerie) ou Klarenbeek et
Population al.2011
(lecteur de Gorshkov and Zhang
plaque) 2014
Sonde AKAR Sonde FRET Dynamique Cellule Unique Zhang et al. 2001
PKA-like (imagerie) ou Zhou et al. 2012
Population Agarwal et al. 2014
(lecteur de
plaque)
La plus ancienne technique de dosage de l’AMPc est basée sur l’utilisation d’anticorps
radio-marqués (RIA). La RIA est un procédé sensible qui permet la détection de l’ensemble de
l’AMPc intracellulaire à partir d’un lysat cellulaire. Il existe aujourd’hui des variantes non
radioactives de cette technique (HitHunter ® by Discoverx).
Ces techniques ont globalement deux inconvénients : elles nécessitent une lyse cellulaire
et ne permettent pas de suivre les modulations d’AMPc dans les cellules avec une résolution
spatiale. Or comme nous l’avons exposé plus haut, il existe une compartimentation du signal
AMPc. Par conséquent, d’autres méthodes sont nécessaires pour étudier les cinétiques et la
distribution spatiale du signal AMPc.
129
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
130
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
FICRhR a été utilisé avec succès dans plusieurs applications différentes. Il a notamment
permis d’étudier la cinétique de réponse AMPc dans les neurones (Bacskai, Hochner et al. 1993;
Hempel, Noll et al. 1996; Goaillard and Vincent 2002). Les premières preuves de la
compartimentation du signal AMPc ont d’ailleurs été observées grâce à cette sonde. Cependant
l’utilisation de cette sonde était très limitée car elle nécessitait la micro-injection de protéines
recombinantes marquées. Une amélioration de cette sonde a consisté au remplacement des
fluorophores chimiques par des variants de la GFP, permettant de la coder génétiquement et de
la faire exprimer par les cellules (Zaccolo, De Giorgi et al. 2000). Malgré cela, cette sonde
présente quelques défauts majeurs, liés à la complexité de son mécanisme d’activation, à son
adressage par le biais des AKAPs et surtout parce que l’activité kinase est préservée dans la
sonde. De plus il semble que le signal FRET donné par les capteurs PKA traduit la dissociation du
complexe PKA plutôt que les changements de concentrations d'AMPc (Goaillard, Vincent et al.
2001).
Les sondes AKAR (A-Kinase Activity Reporter) permettent également une mesure de
l’activité PKA en temps réel en recourant au principe du FRET. Il s’agit d’une protéine
recombinante constituée d’une chaîne polypeptidique portant un site consensus de
phosphorylation de la PKA et d’un domaine de reconnaissance des aa phosphorylés, insérés
entre des variants de la CFP (donneur) et la YFP (accepteur). Lorsque la PKA est activée, elle
phosphoryle AKAR sur son site consensus, entraînant son repliement et sa fixation au domaine
de reconnaissance, ce qui rapproche les deux fluorophores. Ce changement de conformation
permet le transfert d’énergie de la fluorescence de la CFP vers la YFP (Figure IV-6.A) La
première version d’AKAR a été mise au point en 2001 par Jin Zhang dans le laboratoire de Roger
Tsien (Zhang, Ma et al. 2001) Plusieurs versions de la sonde AKAR ont été développées,
modifiées et améliorées afin d’analyser la dynamique spatiotemporelle de l’activité PKA dans des
cellules vivantes (Allen and Zhang 2006; Zhou, Herbst-Robinson et al. 2012).
131
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
induit ce qui se traduit par un rapprochement des deux parties de la luciférase (principe de la
complémentation enzymatique) et à une émission de lumière proportionnelle à la quantité de
sonde « activée ». Il s’agit d’une technique proposée initialement pour le criblage haut débit
d’agoniste ou d’antagoniste des RCPG. Nous avons choisi cette technique pour étudier la
signalisation AMPc en aval des RCK car elle fournit un moyen simple et rapide pour l’investigation
d’une réponse AMPc. Elle présente l’avantage de pouvoir être travaillée en lecteur de plaque,
ainsi plusieurs concentrations ou chimiokines différentes peuvent être comparées simultanément.
Toutefois, elle ne permet que la visualisation d’une réponse globale et non d’une réponse issu
d’un compartiment subcellulaire donné. Il s’agit d’un excellent outil pour commencer à investiguer
les réponses AMPc en aval d’un RCPG. Cette première étude peut être complétée par une étude
en imagerie réalisée avec une sonde EPAC adressée spécifiquement dans un domaine cellulaire
donné.
Une autre technique de mesure de l'AMPc en temps réel sur des cellules vivantes a été
développée sur la base des CNG. Ce sont des canaux cationiques non sélectifs constitués de
quatre sous-unités avec un site intracellulaire pour l'AMPc / GMPc (cf.§A.1.2). L'augmentation de
l'AMPc conduit à un déclenchement rapide de ces canaux. Cette activation qui peut être
enregistrée par des méthodes électro physiologiques ou d'imagerie calcique. Néanmoins, les
CNG natifs ont une affinité à l’AMPc beaucoup plus faible que la PKA. Par conséquent, plusieurs
mutants ont été créés pour augmenter l'affinité et la sélectivité de ces canaux pour l'AMPc (Rich,
Fagan et al. 2000). Du fait de leur nature de canal, les CNG sont localisés à la membrane, ce qui
est à l’origine de leur principal inconvénient : ils ne peuvent mesurer que les fluctuations d’AMPc
à la membrane plasmique.
132
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
Le développement de biosenseurs FRET pour l’AMPc basés sur EPAC est en perpétuelle
évolution. Ainsi, Klarenbeek et ses collaborateurs ont récemment mis en évidence un nouveau
senseur qui semble encore plus performant, « T Epac-vv » (Klarenbeek, Goedhart et al. 2011).
C’est cette dernière version d’EPAC que nous avons utilisé pour l’étude du signal AMPc en aval
des RCK en imagerie.
133
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
134
Introduction – AMPc & immunité : ami ou ennemi ?
135
V. Objectif de la thèse
L’objectif général de l’équipe est de mieux connaître les fonctions des chimiokines et de
leurs récepteurs, en particulier en situation inflammatoire et/ou pathologique. L’équipe s’est
concentrée en particulier sur l’étude moléculaire et structurale du couple CX3CL1/CX3CR1 afin
de définir des moyens d’intervention pharmacologiques dans différentes pathologies. Mon projet
de thèse consistait donc à étudier certains signaux déclenchés en aval du CX3CR1, et leurs
éventuelles différences selon leur activation par la forme soluble ou membranaire du CX3CL1.
Comme exposé dans l’introduction bibliographique, ces signaux sont pléiotropes et mettent en
œuvre plusieurs voies parallèles. Nous choisissons d’autres signaux que la phosphorylation des
MAPK ou que la voie calcique traditionnellement étudiées et qui n’ont révélé aucune variation
notable entre les variants du CX3CR1 (Daoudi, Lavergne et al. 2004). Comme il est admis que
les RCK sont couplés à une protéine G de la famille Gi/o, et sont donc capables, après activation
par leurs ligands, d’inhiber l’activité de l’adénylate cyclase, conduisant à une diminution de la
concentration d’AMPc intracellulaire, nous nous sommes principalement intéressés à cette voie
de signalisation, jusqu’ici admise mais méconnue en aval des RCK.
Mon travail de thèse s’est articulé autour de deux grands axes. Le premier consiste à la
caractérisation de la réponse AMPc en aval des RCK et plus particulièrement en aval du
récepteur CX3CR1. Dans cette première partie nous étudions la différence de signalisation
AMPc en aval du CX3CR1 stimulé par les deux formes du CX3CL1 et explicitons les
mécanismes impliqués. Le rôle de cette signalisation AMPc en aval du CX3CR1 sur les
fonctions associées à ce couple récepteur ligands à fait l’objet de la seconde partie de ma thèse,
Nous avons ainsi étudié l’effet de l’AMPc sur les fonctions adhésives et chimiotactiques du
couple CX3CL1/CX3CR1.
136
Objectif de la thèse
137
138
ARTICLE I
139
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Nous avons donc, mis en évidence une réponse AMPc inhibitrice induite par les
chimiokines solubles, CX3CL1 et CXCL12 (Article - Figure 1). Ces réponses présentent
une cinétique et une amplitude indépendantes des différentes conditions de mesure. En
effet la nature de la molécule utilisée pour préstimuler le niveau d’AMPc intracellulaire,
forskoline (FSK) ou prostaglandine (PGE2) n’influence ni l’amplitude, ni l’allure de la
réponse aux chimiokines. De même, les réponses chimiokinergiques sont inchangées
indépendamment de plusieurs paramètres dont:
142
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
après le CX3CL1, induit l’arrêt de la réponse AMPc et son retour rapide à zéro.
Toutefois ce phénomène n’est observable qu’au cours des 16 premières minutes après
l’addition de la chimiokine (Article – Figure 8A). L’étude par cytométrie en flux de
l’expression du CX3CR1 à la surface révèle que le nombre de récepteur est réduit de
moitié 30 minutes après addition de la chimiokine soluble (Article – Figure 8B).
L’inhibition de l’internalisation par le dynasore abolit la diminution du nombre de
récepteurs consécutive à l’addition de la chimiokine et modifie la cinétique de retour de
la réponse AMPc inhibitrice (Article – Figure 8C).
Il semble donc que l’internalisation du récepteur soit l’un des paramètres à l’origine du
retour à zéro de la réponse.
Une réponse AMPc inhibitrice a été mesurée en aval du CX3CR1 activé par la
forme membranaire du ligand (Article – Figure 7). Il s’agit du premier signal mesuré
143
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Abstract
Receptors of the chemokines are all G-protein Coupled Receptors (GPCR) coupled to members
of the Gi family, whose primary function is to inhibit the cellular adenylyl cyclases. We use here
a cAMP-related luminescent biosensor (GlosensorTM F-22) to monitor in real time the response
downstream the chemokine receptors, and especially CX3CR1 and CXCR4 after activation by
CX3CL1 and CXCL12. We found that the amplitude and kinetic profile of chemokine responses
were conserved in different cell types and was independent of the nature and of the concentration
of molecules used for the previous cAMP stimulation, as the adenylate cyclase activator forskolin
or ligand of Gs-coupled GPCR. This response outline was also independent of the time elapsed
between the additions of the cAMP-stimulatory ligand and of the chemokine. Moreover the
response amplitude was only slightly changed in the presence of inhibitors of cAMP-related
phosphodiesterases. We show that this conserved chemokinergic response could be accounted by
a simple model combining Gi action on adenylate cyclase and an associated phosphodiesterase
activity whom activity is a linear function of the cellular cAMP concentration. Finally, using
competitive inhibitors of CX3CR1 and inhibitors of internalization, we found that the outline of
the CX3CL1 response is mainly governed by the surface receptors and that receptor
internalization had a major role in the decline of the response.Consistently, we found that the
native membrane form of CX3CL1, which did not induce the receptor internalization, evoked a
significantly prolonged cAMP-inhibitory response as compared to the one induced by the
soluble form. We conclude that cAMP-related biosensors are valuable tools to analyze in
details the chemokines cellular response and could help to decipher their precise role in
modulating the cellular action of cAMP. We conclude that cAMP-related biosensors are valuable
tools to analyze in details the chemokines cellular response and could help to decipher their
precise role in modulating the cellular action of cAMP.
146
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Introduction
Cyclic AMP (cAMP) is a ubiquitous second messenger known to regulate diverse functions
(Sutherland, 1972). The cAMP signal is mediated by G-protein coupled receptors and
transmits information to downstream effectors like PKA use and EPAC. Recent use of
FRET and BRET biosensors (Rich and Karpen, 2002; Willoughby and Cooper, 2008;
Vilardaga et al., 2009; Lohse et al., 2012; Castro et al., 2014) allowed to unravel subtle
kinetic information of this cellular signal and unexpected compartmentation and diffusional
restrictions of the cAMP signal and partners (Rich et al., 2001; DiPilato et al., 2004; Mongillo et
al., 2004). Most of these studies were done with cAMP-stimulatory ligands like adrenergic ones
in cardiomyocytes (Mongillo et al., 2004) or dopaminergic neuronal responses (Castro et al.,
2013) and rarely addressed the Gi-mediated inhibitory signals, like those evoked by
chemotactic cytokines or chemokines.
Chemokines are secreted soluble molecules expressed by numerous immune cell types, either
constitutively or upon induction by inflammatory conditions. They play a central role in cell
chemotaxis and positioning in the immune system and development. Their signaling is central to
the inflammatory process and is dysregulated in autoimmune disorders, rheumatologic diseases
and atherosclerosis (Baggiolini, 1998; Viola and Luster, 2008). Chemokine receptors are
essentially G- protein Coupled Receptors (GPCR), members of the Rhodopsin class, coupled to
Gi classes of G-proteins. However, some chemokine receptors were recently found coupled to
Gq (Shi et al., 2007). The chemotactic activity of chemokines involves both activation of cell
movement as well as adherence on various support via integrins. While evidenced as early as
calcium responses downward chemokine receptors (Myers et al., 1995), the role of cAMP in
such functional roles of chemokine remains controversial. Some studies indicate a regulatory
role of the messenger in monocyte chemotaxis towards CCL2 (O'Boyle et al., 2007), while
others indicate a positive role (Lorenowicz et al., 2006) or no role at all (Jarnagin et al., 1999).
Considering the monocytic adhesion, the same dispute exists (Cambien et al., 2001;
Lorenowicz et al., 2006; Mori et al., 2007), probably due to lacking detailed analysis of the
cAMP variation. So the study of the cAMP signal evoked by chemokines in real time is
urgently awaited.
While chemokines generally operate through cell adherence by inducing or activating classical
adhesive molecules like integrins (Moser and Loetscher, 2001; Rot and Von Andrian, 2004),
CX3CL1 is an exception since it is natively expressed as a transmembrane protein that is
endowed with an adhesive function unique among chemokines. When interacting with its
unique receptor, CX3CR1, CX3CL1 induce cell-cell adhesion (Ludwig and Weber, 2007). It
can be cleaved by metalloproteinases, such as ADAM10 and ADAM17 (Garton et al., 2001;
Hundhausen et al., 2003; Ludwig et al., 2005), to yield a soluble form that is chemotactic.
Until now, the cAMP-inhibitory signal has not been involved in any CX3CL1/CX3CR1
functional responses. Moreover, it seems that the cellular responses downward CX3CR1 when
147
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
bound to one or another form of CX3CL1 are qualitatively different. Indeed, Kim et al (Kim et
al., 2011) showed that only the membrane anchored full-length CX3CL1 was able to rescue
the CX3CR1hi blood monocytes from cell death. So we investigated the potential differences
between the cellular cAMP responses evoked by both forms of CX3CL1 by measuring
cellular cAMP in real time using the Glosensor biosensor. We found that the cAMP-
inhibitory signal is lasting more than two-fold longer when evoked by membrane CX3CL1
than by the soluble form. This was shown to be due to the fact that the CX3CR1 receptors
bound to membrane CX3CL1 are hardly internalized.
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Cell Culture
HEK293 and L929 cells were cultured in Dulbecco’s modified Eagle’s Medium plus
GlutaMax I (DMEM) supplemented with 10% FBS and 1mM sodium pyruvate. We generate
a stable cell line HEK293 expressing human CX3CR1 gene and the bioluminescent sensor
Glosensor F-22 (HEK- CX3CR1-Glo). We generate a stable cell line HEK293 expressing
human CX3CR1 gene and the bioluminescent sensor GloSensor F-22 resistant to 0.5mg/ml
G418 and to 100ng/ml Hygromycin B. We use a stable cell line L929 expressing on their
surface the human CX3CL1. This expression is maintained thanks to 0.5mg/ml G418.
HBP-ALL and Jurkat cell line are maintained in Roswell Park Memorial Institute Medium
(RPMI- 1640) supplemented with 10% FBS. The HBP-all cell line used is a stable clone
expressing human CX3CR1 gene.
149
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Flow cytometry
Flow cytometry was performed using FACSCalibur (BD Bioscience, Le Pont de Claix, France)
for acquisition and analysis was performed using Flowjo software (Tree Star,Ashland,OR).
HEK- CX3CR1-Glo cells suspension was distributed in 96-round-bootom well plates
(5x105/well) in DMEM in the presence of XnM human CX3CR1-PE or CXCR4-APC for
30minutes at room temperature. Isotype control are used for detect the negative population. We
used an IgG2B-PE and an IgG2A-APC. Cells were washed twice in PBS-BSA 0.5% and
directly analyzed by flow cytometry. Results are expressed in mean fluorescence intensity
(MFI) of PE.
GloSensor assay
The day before the experiment cells expressed the biosensor seeded in 96-well clear-bottomed
white microplate in 100µl of culture medium were incubated at 37°C, 5% CO2 overnight.
Culture medium was replaced by CO2 independent medium containing a 2%v/v GloSensor
cAMP reagent stock solution and 10% FBS. After 90 minutes of incubation at 37°C, the
luminescence was measured using a TRISTAR plate reader (Berthold technologies- Thoiry,
France) (100ms integration). The luminescence was recorded before and after injection of the
drugs (FSK, chemokine and vehicle). This protocol is valid for the measurement of
responses induced by the soluble form of the chemokine. For membrane form of chemokine,
we adapted the protocol as following. The day before the experiment, L929 and L-CX3CL1
seeded in 96-well clear-bottomed white microplate in 100µl of culture medium and incubated
at 37°C, 5% CO2 overnight. In parallel, the cells expressed the biosensor were seeded in 6-well
plate in 2ml of culture medium. The day of the experiment, cells expressed the biosensor
were equilibrate in CO2 independent medium containing a 2%v/v GloSensor cAMP reagent
stock solution and 10% FBS. After this step, if the cells expressed CX3CR1 and the
biosensor were dispensed in 96-well clear-bottomed white microplate containing L929 cells
and FSK.
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Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Results
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Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
same picture was obtained when using alone IBMX at a concentration giving a signal
equivalent to the FSK signal (Figure S3).
Similar responses are obtained with other chemokines and in other cell lines
Using HEK293 clones transitory transfected with CXCR6 or CCR2 along with the
Glosensor, we obtained responses to CXCL16 and CCL2 (Figure 5, grey traces) which were
akin to that of CX3CL1 and CXCL12 (Figure 1) and were both suppressed after Pertussis
Toxin treatment (Figure 5 black traces). Moreover, similar response to both chemokine was
also found in lymphocytic cell lines like the Jurkat (Figure S4A) and HPB-ALL (Figure
S4B). However, the FSK signals in these cell lines were very small as compared to the ones
obtained in HEK293, giving chemokine responses with larger noise. This was probably due to
the hard biosensor transfection in such cell lines.
Since chemokines seem to share the same signaling machinery, we wonder whether the
addition of one chemokine might suppress the subsequent response to another. While after a
full response to CX3CL1, a second addition of CX3CL1 gave not signal at all (Figure 6A,
trace a, bold arrows), a second addition of CXCL12 gave a clear response (Figure 6A, trace b,
empty arrow). A similar picture was observed in the reverse case, i.e. when the CX3CL1 addition
followed the CXCL12 addition (Figure 6A, trace c). Moreover, the individual CX3CL1 responses
expressed as percent of the control at the time of the chemokine addition were similar, whether the
CX3CL1 was added first (Figure 6B, red trace corresponding to trace a), after CXCL12 (Figure
6B, green trace corresponding to trace c) or after the control chemokine CCL2 (Figure 6B, blue
trace corresponding to trace d). The same picture was also found for CXCL12 responses (Figure
6C). This indicates (i) that there was no crossed desensitization between responses to two
different chemokines and (ii) that the intracellular machinery was not the limiting factor to the
amplitude of the response to individual chemokine. To confirm this latter deduction, we
performed simultaneous addition of CX3CL1 and CXCL12 (Figure 6A, trace f). As expected,
this gave a signal greater than those obtain to single chemokine (more than 50%); however its
amplitude did not clearly correspond to the mere addition of both single responses.
Soluble and membrane forms of CX3CL1 evoke responses with different kinetics
To monitor cellular responses to the membrane form of CX3CL1, we needed to work
with CX3CR1-positive cells in suspension. So we first checked that suspended
HEKgloCX3CR1 cells display the same response than when adherent. We indeed found that
both amplitude and outline of the response were similar (Figure S5A), as well as the dose-
153
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
response curve (Figure S5B). Then we monitored the signal produced by suspended HEK293
deposited on a cell layer of L929 cells expressing or not CX3CL1 (Figure 7A insert) in the
presence of FSK. We did observe a net inhibitory response in the presence of membrane
CX3CL1 (Figure 7A, compare bold and thin traces). This response was reported as
percent of control in Figure 7B (black trace). Its amplitude was comparable to that obtained
with the soluble CX3CL1 on the same cells (Figure 7B, grey trace), but with a very
slower kinetics: it peaked only 25-35 minutes after the chemokine addition, and more than 90
minutes were needed to observe a signal back to 50% of the maximum.
One could argue that this signal slowness could be due to the limiting time of
HEKgloCX3CR1 cells landing to the L929 cells at the bottom of each well. So we doubled
the volume in which HEKgloCX3CR1 cells were suspended, expecting a slower response:
this was not the case; we observed that the kinetics of the response remained unchanged
(Figure S6). Another alternative explanation could be the cleavage of the membranous
CX3CL1 on the L929 cells giving a continuous source of soluble CX3CL1. We therefore
analyzed the supernatant of these L929 cells expressing or not CX3CL1: we found the first
did not contain any detectable CX3CL1 while the CX3CL1-positive L929 secrete less than
0.1pM of CX3CL1 after 2 h of incubation. This was confirmed by adding supernatant of
CX3CL1-positive L929 to HEKgloCX3CR1 (Figure S7): we did not observe any
significantly differential signal using supernatants after 15 min or 60 minutes of incubation. The
120 min-supernatant gave a very slight signal, which amplitude was less than 7% of the control.
So the response we observed in the presence of CX3CL1-expressing L929 came actually from
the membrane CX3CL1. Finally, the difference between responses to both forms of CX3CL1
were clearly illustrated by successive action of both ligands (Figure 7A, bold and grey
trace): adding soluble CX3CL1 after 45 minutes gave a response that was faster than the
response to the membrane CX3CL1; the first is finished when the second is still under course.
154
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
addition and remain stable until 90 minutes (Figure 8B, black dots).
Then we used Dynasore, an inhibitor of the dynamin-mediated receptor internalization
(Kirchhausen et al., 2008; Huang, 2009 #12902}). After treatment with such compound, the
CX3CR1 internalization was indeed completely abolished (Figure 8B grey dots). Such a
treatment remained the cAMP-inhibitory response unchanged regarding its onset, while its
decay was significantly slowed down (Figure 8C). The same picture was obtained with the
CXCL12 response (Figure S9).
In contrast to the soluble form of CX3CL1, the membrane form is not expected to
induce the CX3CR1 internalization (Figure 9).
Discussion
The present work shows that the use of cAMP biosensor is a valuable tool to delineate the
cAMP- inhibiting responses downward chemokine receptors and especially here downward
CX3CR1, stimulated by either soluble or membrane forms of its natural ligand, CX3CL1.
Such biosensors based on luminescence {Nobles, 2011 #15693} or FRET techniques
(Nikolaev et al., 2004; Ponsioen et al., 2004; Nikolaev et al., 2006; van der Krogt et al.,
2008; Depry et al., 2011) were largely used to decipher the temporal dynamics of the Gs-
mediated (Allen and Zhang, 2006; Klarenbeek et al., 2011) or Gq-mediated (Shen et al., 2012;
Shen and Cooper, 2013) cAMP- related stimulatory signal. However, the Gi-mediated cAMP-
inhibitory signals are rarely monitored in such a way (see (DiRaddo et al., 2014). Some studies
used the 22F-GloSensorTM cAMP- luminescent biosensor to quantify the Gi-mediated responses
in HEK293 cells but only in an end- point manner (Nobles et al., 2011; Gilliland et al.,
2013); we used it to monitor its kinetics. We primarily found that the responses evoked by
155
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
chemokines expressed as percent of inhibition were remarkably conserved regarding either its
amplitude than its kinetics. The chemokine response seems limited to 30-40% inhibition
regardless the prestimulation way (Figures 1, 3-4, S3), the time of chemokine addition (Figure
2), the cellular configuration (suspended or adherent) (Figure S5) and the cell type (Figure
S4). This amplitude is of the same order of the amplitude of chemokine Gi-mediated response
already found by conventional assays of cellular cAMP (Myers et al., 1995;O'Boyle et al.,
2007 ;Shyamala et al., 1998 )
As expected, the main limiting factor to observe such cAMP-inhibitory responses is the
sensitivity and the linear dynamic range of the biosensor: the prestimulation signal should be
enough great to allow the observation of the cAMP-inhibiting response (50 nM FSK in our
case, Figure 3C) and not too high to remain in the linear range of the biosensor and avoid its
saturation (1 µM FSK, Figure 3C). This globally matches with the dynamic range of the 22F-
GloSensorTM recently described (Binkowski et al., 2011) and illustrated in Figure S2, i.e. in
the cAMP concentration of 10-9-5.10-7 M.
The activity level of a biosensor such the cAMP-related GloSensor in a cellular context is
controlled by several parameters, the first being the apparent affinity of the biosensor binding
domain for its metabolite. It is relatively easy to know the on-rate of such cAMP biosensor by
using permeant and non-hydrolysable cAMP analogues (Figure S2). However, the limiting
step to monitor a cAMP-inhibitory response with such biosensor is the off-rate of cAMP
from the biosensor site, and this reaction is less easy to test. We found here that the Gi-
mediated chemokine response peaked after 8-10 minutes of chemokine stimulation. This is
relatively slower than the onset of the Gs-mediated responses like those evoked by PGE2
(Figure 1E) or by beta-adrenergic ligands (Binkowski et al., 2011) that peaked 4-6 minutes
after ligand addition. So it is not impossible that the cAMP desorption from GloSensor could
limit in some extent the onset of cAMP-inhibitory responses. Anyway, the fact that
chemokines, and especially CX3CL1, triggered intracellular transducing events lasting more
than 30 minutes was classically found regarding for instance ERK phosphorylation
(Cambien et al., 2001).
The second parameter involved in the dynamic response of the Glosensor is the turnover of
the cellular cAMP produced by cyclase and degraded by phosphodiesterases. More rapid is
this turnover, greater is the time of response of the Glosensor to a drop of cellular cAMP
concentration. This could explain why the chemokine response appeared here slower in both
onset and decline in the presence of IBMX (Figures 4 and S3).
The compartmentation of cellular cAMP was also a major parameter that governs the shape of
the responses monitored using biosensors, as clearly shown for cAMP-stimulating responses
(Agarwal et al., 2014). Indeed diverse responses kinetics could be observed according the cell
localization of the biosensor, whether it is soluble or membrane-tethered (Willoughby and
Cooper, 2008) or associated in raft or non-raft microdomains (Agarwal et al., 2014). The 22F-
GloSensorTM here used is derived from the PKA-cAMP binding site (Binkowski et al., 2011)
and is presumably soluble and hence responds to changes in cAMP occurring throughout the
cytosolic compartment of cell. If chemokine-elicited cAMP-inhibitory responses are confined
to some subcellular compartment confined by the co-localization of receptors, Gi-proteins,
156
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
157
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
al., 2012);(Geras-Raaka et al., 2013). However, it seems that the onset of the chemokine
response follows the kinetics of internalization (Figures 8A and 8B). Moreover this
hypothetical of persistent endosomal signaling would be suppressed in conditions where the
receptor internalization is inhibited (Vilardaga et al., 2014): this is clearly not the case here
(Figure 8C). So we conclude that the chemokine responses we observed in HEK293 are
mainly driven by the available surface cognate chemokine receptors.
The biosensor technique was shown here useful to investigate a response in one cell type in
the presence of another cell type interacting with the former. This assay clearly revealed that
the membranous form of the CX3CL1 chemokine exhibited significantly longer cAMP-
inhibitory response than its soluble form (Figure 7). It would be interesting to investigate
whether such qualitative difference between responses to both forms of CX3CL1 also exist for
activation of others transduction pathways involving ERK, PI3K or Akt activation. It was
indeed interesting to note that some functional responses were found to be original to the
CX3CL1 membrane form, e.g IFN secretion (Yoneda et al., 2003) or rescue from cell death
(Kim et al., 2011).
Anyway, in the case of the cAMP-inhibitory response, our data strongly indicated that the
difference between responses to both forms of CX3CL1 was due to a net difference in
receptor internalization. Indeed we showed that the CX3CR1 liganded by the membrane
CX3CL1 was hardly internalized, if any (Figure 9A). So the inability to internalize of the
CX3CR1 receptors bound to membrane CX3CL1 maintains their ability to transmit signal
leading to cAMP-inhibitory responses. The final and slow decline beyond 60 minutes of the
response elicited by the membranous chemokine could come from two processes: the hard
CX3CR1 internalization following a slow cleavage of membrane CX3CL1 and the progressive
inactivation of the receptors by the classical way involving phosphorylation and binding of
arrestin.
As mentioned in the Introduction part, the contribution of the cAMP second messenger in the
functional role of chemokines remains controversial. It seems not involved in the signal
leading to chemotaxis (Jarnagin et al., 1999). Reciprocally, cellular cAMP production could
either decrease the chemokine-induced chemotactic activity of monocytes through PKA (Fine
et al., 2001; O'Boyle et al., 2007) or increase it through EPAC (Lorenowicz et al., 2006).
Moreover, the same cAMP- EPAC way seems to contribute to the synthesis of chemokines
(Hertz et al., 2009). Similarly, the adhesion of monocytes to HUVEC is largely decreased in
the presence of cAMP (Mori et al., 2007; Chigaev et al., 2008), via a way involving PKA
and the phosphorylated RhoA (Laudanna et al., 1997). In contrast, the cAMP-EPAC pathway
simulates the monocytes adhesion to activated HUVEC (Lorenowicz et al., 2006). Finally,
cAMP has been shown to be an important mediator of growth arrest and apoptosis of B and T
cells, while it delays apoptosis in neutrophils, most probably via the EPAC activation
(Grandoch et al., 2009). In each of these situations, the precise knowledge of the kinetic
profile of the chemokine-induced cAMP-inhibitory response could help to decipher the exact
role of cAMP and its cellular partners in the chemokine-associated functions.
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
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Figure legends
Figure 1. The cAMP-inhibitory responses triggered by chemokines.
(A)Expression of CXCR4 on the HEKgloCX3CR1 clone cells visualized by flow cytometry after
staining of cells with anti-CXCR4 (grey trace) or control isotype antibodies (black traces).
(B)Flux cytometry to visualize CX3CR1 expression on the HEKgloCX3CR1 clone cells after
staining with CX3CR1 antibodies (grey trace) or antibodies against control isotype (black trace).
165
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
(C) Luminescence signal obtained either in the HEK293 parental cell line (black dotted trace) or
in the HEKgloCX3CR1 clone after addition of 0.5 µM FSK 3 min after reading (black arrow). 30
minutes after (grey arrow), was added either vehicle (black trace), 100 nM CCL2 (blue trace),
100 nM CX3CL1 (red trace) or 100nM CXCL12 (green trace). (D) The signals observed in A
with CX3CL1 (red trace) or CXCL12 (green trace) were subtracted from the signal obtained with
vehicle (black trace in A) and were expressed either as luminescence unit (left ordinate) or as
percent of the maximum of the control signal. The responses to CX3CL1 and CXCL12 observed
after pretreatment with Pertussis toxin (100 ng/ml, 4h) were reported (gray and black traces,
respectively). (E) Luminescence signal obtained in the HEKgloCX3CR1 clone after addition of
0.4µM PGE2 3 min after reading (black arrow). 30 minutes after (grey arrow), was added either
vehicle (black trace), 100 nM CCL2 (blue trace), 100 nM CX3CL1 (red trace) or 100nM
CXCL12 (green trace). (F) Representation of the response observed with CX3CL1 (red trace) or
CXCL12 (green trace) subtracted from the signal obtained with vehicle (black trace in A) and
were expressed either as luminescence unit (left ordinate) or as percent of the maximum of the
control signal.
Figure 2. .The profile of the CX3CL1-triggered cAMP-inhibitory response is independent of
the time of chemokine addition after the pre-stimulating compound.
(A and B). Luminescence signal obtained in the HEKgloCX3CR1 clone cells after addition of
0.12 µM PGE2 (A) or 0.5µM de FSK (B). The arrows indicate the different times of addition of
the chemokine whose responses are shown in C and D.
(C and D). The signal obtained with 50nM CX3CL1 added simultaneous (black traces), 3 (blue
traces), 20 (green traces) or 60 minutes (red traces) after 0.12µM PGE2 (C) or 0.5µM de FSK (D)
166
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
expressing CXCR6 (A) or CCR2 (B) and transfected transiently by GloSensor F-22. The black
traces are the same responses observed after PTX treatment (100ng/µl, 2h).
Figure 6. Luminescent signals obtained after sequential or simultaneous addition of
CX3CL1 and CXCL12
(A) Luminescence signals obtained in the HEKgloCX3CR1 clone after addition (grey arrow) of
0.5µM FSK. 30 minutes later was added 50 nM of either CX3CL1 (bold black arrows), CXCL12
(empty arrows) or CCL2 (thin arrows). Still 30 minutes later was added one of the CHK at the
same concentration (traces a to e). Alternatively, both 50 nM CX3CL1 and 50 nM CXCL12 was
added 30 min after FSK (trace f). (B) The CX3CL1 responses observed in A were analyzed as in
Figure 1B and reported as percent of the signal gained just before the time of CX3CL1 addition.
(C) The CXCL12 responses observed in A were analyzed as in Figure 1B and reported as percent
of the signal gained just before the time of CXCL12 addition.
Figure 7. cAMP-inhibitory responses observed using the membrane form of CX3CL1
(A) Luminescence signal obtained in the HEKgloCX3CR1 clone cells filed on 50 000 L929 cells
(black thin trace) or L-CX3CL1 (black bold trace). 0.5µM of FSK are diled in the well contained
the L929 cells or L-CX3CL1. Grey trace represents the signal obtained by HEKgloCX3CR1
stimulated by 50nM of CX3CL1 45minutes after their deposit on L-CX3CL1 cells. Insert.
Expression of CX3CL1 analyzed by FACS. (B) Comparison of CX3CL1 responses on
HEKgloCX3CR1 deposit on 50nM of CX3CL1 soluble form (red trace) or on L-CX3CL1 (black
trace). Grey trace represent the combined response induced by the deposit of HEKgloCX3CR1
cells on LCX3CL1 followed by an addition of 50nM CX3CL1 soluble (grey in A).
Figure 8. Impact of the addition of the CX3CR1 antagonist on the CX3CL1 response and
kinetic of CX3CR1 internalization.
(A) Responses to 5nM CX3CL1 in the presence of 0.5µM FSK (trace a). Simultaneously to
CX3CL1 (trace b), 8min (trace c), 15 min (trace d), 30 min (trace e) or 60 min (trace f) after
CX3CL1 addition, was added 300 nM F1 (red arrows). (B) CX3CR1 expression at the surface of
the HEKgloCX3CR1 clone cells analyzed using flow cytometry at various time (10, 15, 30, 60
and 90 min) after addition of 50nM CX3CL1 without (black circles) or after a 30 minutes
treatment with 120µM dynasore (green circles). At each time, the data represent the ratio of mean
fluorescence intensity obtained in the presence of CX3CL1 to the mean fluorescence intensity
obtained in the absence of CX3CL1. The data was analyzed using PRISM 5 (GraphPad Software)
giving a characteristic time of 14 min and 59 min, in the absence and in the presence of dynasore
respectively. (C) The responses to 50 nM CX3CL1 obtained on HEKgloCX3CR1 cells pretreated
(grey trace) or not (black trace) with dynasore (30 minutes, 120µM) in the presence of 0.5µM
FSK.
Figure 9. Kinetic of CX3CR1 internalization in response to the membrane form of CX3CL1
CX3CR1 Expression at the surface of HEKgloCX3CR1 cells deposit during different time on
L929 or LCX3CL1
167
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
Figure S1. cAMP response induced by the CX3CL1 chemokine domain or CX3CL1 with its
mucin stalk
Response induced by 50 nM of the CX3CL1 chemokine domain alone (black trace) or to full
length CX3CL1 (chemokine domain plus mucin stalk) (grey trace) obtained in HEKgloCX3CR1
cells expressed as percent of the maximum of the control signal.
Figure S2. Amplitude of luminescent signal obtained with the cAMP analog Sp-8-br-cAMP
Various concentrations of a membrane-permeant cAMP analog, Sp-8-br-cAMP were added to the
wells containing HEK-CX3CR1-GloSENSOR. The maximum of the luminescent signal is
reported according to the concentration of analog added in medium. The linearity of the sensor is
only true for a concentration less than 0.5µM (insert).
Figure S3. Impact of the inhibition of PDE on the chemokine response
(A) Luminescence signal obtained in the HEKgloCX3CR1 clone cells after addition of 0.05µM
FSK (gray traces) or 0.5mM IBMX (black traces). (B) Responses evoked by 50nM of CX3CL1
in the presence of 0.05µM FSK (grey trace) or 0.5mM of IBMX (black trace)
Figure S4.CX3CL1 and CXCL12 cAMP-inhibitory responses observed in different cell lines
(A) Luminescence signal obtained in Jurkat-Tag cells electroporated with GloSensor F-22 and
stimulated by 50µM of FSK (black trace) 30 minutes after was added either vehicle (black trace)
or 100nM CXCL12 (grey trace). Representation of the response induced by CXCL12 (grey trace)
subtracted from the signal obtained with vehicle (black trace in A) and were expressed as percent
of the maximum of the control signal. (B) Luminescence signal obtained in HBP-CX3CR1 cells
electroporated with GloSensor F-22 and stimulated by 50µM of FSK (black trace) 30 minutes
after was added either vehicle (black trace) or 100nM CX3CL1 (grey trace). Representation of
the response induced by CX3CL1 (grey trace) subtracted from the signal obtained with vehicle
(black trace in A) and were expressed as percent of the maximum of the control signal.
Figure S5. cAMP response induced by CX3CL1 in the HEKgloCX3CR1 in the adherent
state and in the suspended state
(A) AMPc inhibitory response to 50nM of CX3CL1 chemokine domain measured on
HEKgloCX3CR1 cells in adherent (black trace) or suspended (grey trace).(B) Dose response
curve of CX3CL1 in function of the stat of cells adherent versus suspended.
Figure S6. Effect of dilution on the response observed with membrane CX3CL1
(A) Luminescence signal obtained either in 30 000 HEKgloCX3CR1 resuspended in 60
(continuous traces) or 120µl (dotted traces) filed on L929 (grey trace) or LCX3CL1 (black trace)
cells. FSK 0.3µM filed in the well containing L cells. (B) CX3CL1 response in function of
dilution factor.
Figure S7. Responses observed in the HEKgloCX3CR1 cells after addition of the
supernatant of L929 (grey trace) or L-CX3CL1 cells incubated 15 min (A), 60 min (B) or
168
Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
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Monitoring the cAMP-inhibitory responses to chemokines
Evidence of kinetically different responses to the two forms of CX3CL1
184
Résultats Complémentaires
185
186
Résultats Complémentaires
Des expériences complémentaires à celles publiées dans l’article précédent ont été
réalisées dans l’objectif d’expliciter les différents acteurs de la signalisation AMPc activée par
CX3CL1.
187
Résultats Complémentaires
jaune). En effet, les faibles doses de chimiokine bien que générant des réponses dont
l’amplitude maximale est comparable à celle obtenues avec le LPA, présentent des cinétiques
plus lentes, particulièrement en ce qui concerne le retour à zéro.
Les différentes expériences réalisées mettent en évidence une réponse AMPc inhibitrice
dont l’amplitude correspond invariablement à environ 30-40% du signal mesuré en absence de
CX3CL1. Cette valeur est indépendante de plusieurs paramètres de mesure, comme démontré
dans l’article 1. La figure 6 de l’article compare l’amplitude de la réponse obtenue lorsque nous
additionnons deux chimiokines (CX3CL1 et CXCL12) consécutivement ou simultanément. Nous
observons que l’addition simultanée des deux chimiokines génère une réponse AMPc inhibitrice
d’amplitude plus importante que celle obtenue par l’addition d’une seule chimiokine. Cependant
l’amplitude de la réponse à cette double addition (~45% d’inhibition) n’est pas égale à la somme
des réponses aux deux chimiokines additionnées individuellement (30% d’inhibition pour chaque
chimiokine). Afin de déterminer si nous avons alors atteint le maximum d’inhibition possible,
nous avons tenté une triple addition : les deux chimiokines, CX3CL1 et CXCL12, et le LPA, dont
nous avons montré la capacité à induire une réponse AMPc inhibitrice (Figure V.1). Cette triple
addition ne génère pas une réponse d’amplitude supérieure à la double addition (Figure V-2A et
V-2B). Cette amplitude ne serait donc plus limitée par le nombre de récepteurs membranaires
disponibles, mais plutôt un des éléments de la machinerie cellulaire, par exemple le nombre de
protéines G disponibles. Pour tester cette hypothèse, nous avons cherché à augmenter le
188
Résultats Complémentaires
nombre de protéines G par transfection des différentes sous unités fonctionnelles: αi1-GFP, β et
γ.
La réponse induite par une triple addition (CX3CL1, CXCL12 et LPA à des
concentrations saturantes) mesurée dans des cellules transfectées par les différentes sous
unités de la protéine G n’est pas différente de celle observée dans les cellules contrôles (non
transfectées ou transfectées avec le plasmide contrôle pcDNA3) (Figure V-2.C versus V-2.A &
B). Toutefois ce résultat reste difficile à interpréter car seul le niveau de Gαi est vérifiable, du fait
de la présence de l’étiquette YFP. Or nous ne pouvons affirmer que les cellules transfectées
disposent d’un nombre de protéines G fonctionnelles supérieur aux cellules contrôles.
189
Résultats Complémentaires
On sait que l’activation d’une protéine G libère non seulement une sous unité αi active,
mais également deux autres sous unités, formant une seule entité, à savoir le complexe βγ. Ce
complexe peut réguler l’activité de certaines AC et contrôler la localisation de certaines PDE
comme décrit dans les chapitres introductifs (cf. chapitre I §B.5.2).
Afin d’étudier l’éventualité d’une action de ce complexe, nous utilisons la gallein (Sigma
Aldrich®), une protéine qui se fixe avec une forte affinité au complexe βγ et l’empêche ainsi
d’exercer ses différentes fonctions (Bonacci, Mathews et al. 2006). Une préincubation des
cellules 30 minutes avec 30 µM de gallein induit une diminution des signaux FSK et IBMX
(Figure V-3A) comparés au niveau de luminescence atteint sur des cellules non traitées. Cette
diminution est probablement due à une toxicité du traitement. Les réponses inhibitrices de
l’AMPc induites par les chimiokines (CX3CL1 et CXCL12) (Figure V-3BE) sont comparables à
celles observées sur des cellules non traitées. Il semble donc que la réponse AMPc inhibitrice
soit totalement liée à l’activation de la sous unité αi de la protéine G et n’implique pas le
complexe βγ.
La PKA étant l’une des principales cibles de l’AMPc, son implication dans la forme de la
réponse AMPc inhibitrice en aval du CX3CR1 n’est pas à exclure. En effet, il est probable que
les PDE cellulaires participent au retour à zéro des réponses Gi comme cela est établi pour les
réponses activatrices passant par Gs (Rich, Fagan et al. 2000). Il a par ailleurs été démontré
que certaines de ces PDE, notamment la PDE4, présentes dans les HEK293 sont directement
activées par la PKA (MacKenzie, Baillie et al. 2002).
190
Résultats Complémentaires
Figure V-3 : Effet du complexe βγ sur les réponses Gi mesurées dans des HEK-
CX3CR1-GloSENSOR.
A- Effet de la pré-incubation des cellules en présence de gallein (30µM – courbe bleue et orange) sur la cinétique
FSK (0.1µM) ou l’IBMX (0.5mM), comparé à celle observée sur cellules non traitées (respectivement courbe noire et
courbe rouge).
B / C – Réponses cAMP inhibitrices, exprimées en pourcentage d’inhibition du contrôle (addition de CCL2) induite par
le CXCL12 (50nM) (B) ou le CX3CL1 soluble (50nM) (C) après stimulation des cellules par 0.1µM de FSK (courbes
noires) en fonction du prétraitement des cellules avec 30µM de gallein (courbes bleues)
D / E - Réponses cAMP inhibitrices, exprimées en pourcentage d’inhibition du contrôle (addition de CCL2) induite par
le CXCL12 (50nM) (B) ou le CX3CL1 soluble (50nM) (C) après stimulation des cellules par 0.1µM de FSK (courbes
rouges) en fonction du prétraitement des cellules avec 30µM de gallein (courbes oranges)
191
Résultats Complémentaires
L’amplitude de la réponse FSK est nettement augmentée (+60%) par H-89 (Figure V-4A-
courbe rouge) alors que le traitement au KT5720 (Figure V-4.A – courbe grise) ne semble pas
affecter ce paramètre (Figure V-4A).
Outre sa synthèse par les AC et sa dégradation par les PDE, le niveau d’AMPc
intracellulaire est contrôlé par son extrusion cellulaire via les protéines d’efflux appelées
« Multidrug-Resistance Protein » (MRP). Les MRP constituent une grande famille de protéines
transmembranaires (faisant partie de la famille des transporteurs à cassette ATP) impliquées
dans l’efflux de divers substrats hors des cellules. Certaines études avaient rapporté que l'AMPc
pouvait sortir du cytosol vers le milieu extracellulaire via les MRP (Sampath, Adachi et al. 2002).
Afin d’étudier le rôle de cette famille de protéines sur la réponse AMPc induite par les
chimiokines (100nM), nous procédons à leur inhibition cette famille de transporteurs par le
probénécide (Sigma Aldrich ®). La préincubation des cellules durant 90 minutes avec cet agent
inhibiteur (100 ou 500µM) laisse le signal FSK (Figure V-5A) et les réponses chimiokinergiques
inchangés (Figure V-5B/C). Cette extrusion de l’AMPc ne semble donc pas impliquée dans le
profil des signaux associés à l’AMPc cellulaire dans les HEK293.
192
Résultats Complémentaires
Figure V-4 : Effet de l’inhibition de la PKA sur la cinétique FSK et sur les réponses Gi
mesurées dans des HEKgloCX3CR1.
A.Effet des inhibiteurs H-89 (10µM courbe rouge) et KT5720 (1µM - courbe verte) sur la cinétique FSK (1µM –
courbe grise) comparé à des cellules non traitées (courbe noire)
B/C/D - Réponses AMPc inhibitrice induite par l’addition de CX3CL1 (50nM) (B), CXCL12 (50nM) (C) ou de LPA
(50µM) (D) en fonction du traitement H-89 (courbe rouge), KT5720 (courbe grise) ou non traitées (courbe noire).
Figure V-5 : Effet de l’inhibition de MRP-4 par le probénécide sur la cinétique FSK et sur
les réponses chimiokinergiques mesurées dans des HEKgloCX3CR1.
A- Effet de la pré-incubation des cellules en présence de probénécide (100µM – courbe jaune ou 500µM –
courbe rouge) sur la cinétique FSK (1µM), comparé à celle observée sur cellules non traitées (courbe noire).
B / C – Réponses cAMP inhibitrices induite par le CXCL12 (100nM) (B) ou le CX3CL1 soluble (100nM) (C) après
stimulation des cellules par 1µM de FSK (courbes noires) en fonction de l’incubation avec le probénécide.
193
Résultats Complémentaires
Nous avons cherché à confirmer le résultat obtenu avec CX3CL1 membranaire (Article
Figure 8) en utilisant un CX3CL1 « immobilisé », contenant le domaine chimiokine et le tronc
mucine du CX3CL1 auquel est ajouté un « tag » 6xHistidine (CXC3L1-His). Cette forme du
CX3CL1 peut être immobilisée au fond d’un puits grâce à un anticorps anti-Histidine (Fiche
Technique 4), mimant ainsi la forme membranaire du CX3CL1. Mais à la différence de la forme
membranaire, exprimée à la surface des cellules, la forme immobilisée présente l’avantage
d’être plus « malléable ». On peut en effet contrôler et déterminer la quantité immobilisée au
fond du puits, ce qui n’est pas aisé avec le CX3CL1 membranaire. Les tentatives d’obtention de
194
Résultats Complémentaires
clones cellulaires exprimant des quantités de CX3CL1 différentes mais homogènes (clonale)
sont restées infructueuses.
195
Résultats Complémentaires
transmis aux protéines-G et dans l’internalisation des RCPG ; elles devraient donc être
recrutées par le CX3CL1 membranaire plus lentement que par le CX3CL1 soluble.
Le recrutement des β-arrestines au niveau du récepteur est visualisé grâce à la
technique de BRET (Bioluminescence Resonance Energy Transfert) CX3CR1-LUC / β-arrestine
YFP, technique que j’ai eu à développer à mon arrivée au laboratoire. Cette technique dont le
principe se rapproche de celui du FRET, à l’exception que le donneur est ici luminescent et non
fluorescent, permet d’étudier les interactions protéine – protéine. Dans la technique de BRET, la
première protéine ou donneur, ici le récepteur CX3CR1-VT, est fusionnée à la luciférase de
Renilla d’où l’abréviation CX3CR1-LUC utilisée plus haut. La protéine fluorescente YFP est
fusionnée à l’autre protéine d’intérêt ou accepteur : la β-arrestine en l’occurrence, susceptible
d’interagir avec la première. A la suite d’une excitation de la luciférase à l’aide de son substrat,
la Coelenterazine h (Interchim©), si les deux protéines sont suffisamment proches et
correctement orientées, il y a un transfert d’énergie entre la luciférase et la YFP. Concrètement
cela se traduit par une apparition d’un second signal émis à 530nm (longueur d’onde d’émission
de la YFP) en plus du signal d’émission de la luciférase à 480nm (Figure V-8). S’il n’y a pas
d’interaction, seule le signal d’émission de la luciférase est enregistré.
Le plasmide codant CX3CR1-LUC était déjà disponible au laboratoire alors que les plasmides
codant les formes YFP des β-arrestine 1 et 2 ont été obtenues grâce à une collaboration avec
l’équipe du Dr. Daniel FOURMY (Toulouse – INSERM U531). Ces plasmides ont été transfectés
dans les cellules HEK293. Le lendemain de la transfection, nous procédons à la mesure de
BRET au lecteur de plaque Berthold ® selon les détails techniques énoncés dans le fiche
technique 2 fournie en annexe. Nous mesurons la luminescence en appliquant deux filtres
196
Résultats Complémentaires
successifs à deux longueurs d’onde différentes, le premier à 485nm et le second à 530nm. Afin
de générer une cinétique, ces mesures sont répétées toutes les 30 secondes environ sur un
créneau d’une à deux heures. Des cellules transfectées uniquement avec le plasmide codant le
récepteur sont utilisées pour déterminer le bruit de fond lors des calculs des ratios BRET. Afin
de comparer le recrutement différentiel des β-arrestines au niveau du récepteur CX3CR1-LUC,
en fonction de la forme du CX3CL1, les cellules transfectées sont déposées soit dans des puits
contenant 25nM de CX3CL1 soluble, soit dans lesquels du 100nM de CX3CL1-HIS ont été
immobilisés.
Les expériences de BRET, présentées sur la figure V-9, mettent en évidence une différence
de la cinétique de recrutement des β-arrestines, ici β-arrestine 2, selon que les cellules sont
déposées sur du CX3CL1 soluble ou sur du CX3CL1 immobilisé: la seconde est plus lente
(maximum à atteint entre 20 et 25 minutes contre moins d’une minutes sous CX3CL1 soluble).
Cette donnée, qui reste à confirmer, semble montrer que la réponse au CX3CL1 immobilisé (et
probablement au CX3CL1 membranaire) est qualitativement différente de celle à CX3CL1
soluble. Toutefois, il y a un décalage net entre la cinétique du signal BRET et celle du signal
AMPc étudié par la technique GloSENSOR© (réponse au CX3CL1 maximale atteinte au bout de
8 minutes). Ce qui signifierait que la réponse AMPc se réalise malgré le recrutement des
β arrestines au niveau de la région C-terminale du récepteur. Cette donnée contraste avec le
modèle classique de la signalisation des RCPG, dans lequel le recrutement des β-arrestines
« stoppe » le signal Gi.
Nous avons tenté d’étudier l’effet des β-arrestines sur la réponse AMPc en diminuant leur
concentration cellulaire par la technique de siRNA (Hunton, Barnes et al. 2005; Shenoy, Drake
et al. 2006). Mais aucun des deux couples différents de siRNA proposés pour les arrestines ne
s’est avéré efficace sur l’expression de celles-ci dans notre clone HEKgloCX3CR1.
Afin d’étudier une réponse AMPc au sein d’une cellule unique, nous avons eu recours à la
sonde FRET, T-EPAC-vv (Klarenbeek, Goedhart et al. 2011) que nous avons transfectée dans
un clone HEK293 exprimant de manière stable le récepteur CX3CR1 (Daoudi, Lavergne et al.
2004). Les cellules sont stimulées avec 10µM de FSK avant l’addition de 50nM de CX3CL1. Le
signal CFP et YFP sont enregistrés au cours du temps (Microscope Zeiss-Observer Z1 /
Caméra Hamamatsu C11440). Le signal FRET représente le ratio du signal du donneur (CFP)
sur celui de l’accepteur (YFP). La réponse FSK (flèche noire) induit une montée du signal dans
197
Résultats Complémentaires
toutes les cellules du champ comme le présente la moyenne des mesures par champ (courbe
en gras) (Figure V-10 A). Cependant la réponse à CX3CL1 (flèche rouge) n’est appréciable que
sur certaines cellules (Figure V-10 B). On peut distinguer deux groupes de cellule, ici en fonction
de l’amplitude de la réponse AMPc inhibitrice ; supérieure à 10% du contrôle de ou inférieure à
10%. Les premières seront considérées comme des « répondeuses ». La moyenne des
réponses de ces cellules est rapportée en noir. La moyenne des cellules « non répondeuses »
est rapportée en bleu (Figure V-10 B). La cinétique de la réponse observée dans des cellules
uniques par cette technique est comparable à celle observée sur une population cellulaire avec
la technique GloSensor.
L’AMPc est le premier messager à avoir été étudié en aval des protéines Gi, puisque
c’est de leur fonction inhibitrice sur l’AC qu’elles tirent leur nom. Cependant son rôle dans les
fonctions chimiokinergiques reste controversé. Il nous a semblé intéressant d’étudier l’influence
de l’AMPc sur les deux fonctions principales du couple CX3CL1/CX3CR1 - le chimiotactisme et
l’adhésion - afin de la corréler avec les réponses inhibitrices d’AMPc observées en aval du
CX3CR1. En effet ces deux fonctions sont généralement étudiées in vitro avec des cellules
198
Résultats Complémentaires
(lignées cellulaires ou cellules primaires) à un état basal : nous les étudions ici après un
traitement qui augmente l’AMPc cellulaire, condition souvent rencontrée dans l’environnement
inflammatoire où sont les cellules immunes en situation de réponse chimiokinergique.
A B
Figure V-10 : Etude de la réponse AMPc induite par le CX3CL1 par FRET
A - FRET brut mesuré sur HEK-CX3CR1 transfectées avec la sonde T-EPAC-vv. Les cellules sont activées avec
10µM de FSK (flèche noire) avant l’addition de 50nM de CX3CL1 (flèche rouge). Les mesures des cellules
individuelles sont en gris, la moyenne des mesures faites est en noir gras
B - Réponses AMPc moyenne induite par le CX3CL1 (50nM) rapportée en % du signal contrôle avant addition de
CX3CL1. Deux classes de cellules sont distinguées en fonction de l’amplitude de leurs réponses, les « répondeuses »
(moyenne en noir) dont la réponse est supérieure à 10% d’inhibition du signal FSK initial et les « non répondeuses »
dont la réponse est inférieure à 10% (moyenne en bleu). Il y a 20 cellules « répondeuses » et 6 « non répondeuses.
A] Chimiotactisme et AMPc
Afin de tester l’effet de l’augmentation d’AMPc intracellulaire sur la migration des cellules
CX3CR1+ en réponse au chimiotactisme induit par CX3CL1, nous avons utilisé une chambre de
migration commercialisée par Transwell ®. Il s’agit d’un système de plaque 24 puits sur lesquels
sont placés des supports amovibles dont le fond est une fine membrane en Polycarbone (Fiche
Technique 6). Cette membrane peut être traversée par les cellules qui sont déposées par-
dessus en réponse à l’agent chimio-attractant, ici 5nM de CX3CL1 ou 5nM de CCL2, déposé lui
au fond du puits.
Nous observons que l’augmentation d’AMPc intracellulaire au sein des cellules CX3CR1+
induite par de la FSK (30, 15ou 5µM) ou de l’IBMX (0.5mM) provoque une diminution
significative du chimiotactisme dépendant de CX3CL1 (Figure VI-1).
199
Résultats Complémentaires
Parallèlement, nous avons étudié l’impact de l’AMPc sur l’adhésion cellulaire passant par
les intégrines et la fibronectine. Dans la littérature, plusieurs données contradictoires existent.
L’adhésion sur fibronectine est affectée tantôt positivement, tantôt négativement. Nous
n’observons ici aucun effet significatif de la FSK sur cette adhérence (Figure VI-2D).
Nous avons ensuite entrepris une série d’expériences visant à déterminer les différents
intermédiaires moléculaires de cet effet. Nous avons ainsi traité nos cellules avec un inhibiteur
de la PKA, le H-89 (10µM – 1H) avant de les soumettre à la FSK. Aucune différence significative
n’est observée que les cellules soient traitées ou non avec le H-89 (Figure VII-2E). Nous avons
aussi cherché un éventuel lien entre cette adhérence sensible à l’AMPc et la réponse passant
par Gi qui diminue l’AMPc cellulaire. Aussi avons-nous prétraité les cellules CX3CR1+ avec la
200
Résultats Complémentaires
PTX. Les résultats ne montrent aucun effet de la PTX sur la diminution de l’adhésion FSK
dépendante (Figure VI-2F).
Nous concluons que l’AMPc induit bien un effet sur l’adhésion CX3CR1-CX3CL1 des
cellules utilisées sans pour autant modifier leur adhérence cellulaire globale passant par les
intégrines. Mais nous n’avons pas réussi à expliciter le mécanisme à l’origine de cet effet.
C] AMPc et Survie
201
Résultats Complémentaires
202
Discussion & Perspectives
203
204
Discussion & Perspectives
Discussion et perspectives.
Les chimiokines et leurs récepteurs sont impliqués dans une multitude de processus
physiologiques et physiopathologiques. L’étude des signaux cellulaires induits par les
chimiokines est entreprise depuis longtemps, en particulier pour tester de possibles molécules
« médicaments». Cependant la quantification en temps réel et dans des cellules vivantes des
signaux chimiokinergiques reste confinée à la seule mesure de calcium. L’existence d’une voie
de signalisation AMPc en aval des RCK est admise mais sa cinétique n’a jamais été explicitée.
Aussi nous avons entrepris de mesurer en temps réel les réponses AMPc inhibitrice en aval des
RCK à l’aide des nouveaux outils technologiques, déjà utilisé en routine pour la mesure de
réponse AMPc stimulatrice (§ 1.1). Nous avons ainsi mis en évidence une conservation
remarquable de la cinétique des réponses aux chimiokines solubles et à CX3CL1 en particulier
(§ 1.2) et observé pour la première fois une réponse qualitativement différente en aval du
récepteur activé par le CX3CL1 membranaire comparé à celle obtenue avec la forme soluble
(§ 1.3). De façon surprenante, dans ces réponses, les PDE ne semblent jouer qu’un rôle
secondaire (§ 1.4). Enfin, nous avons tenté d’expliciter le rôle de cette réponse AMPc inhibitrice
dans les fonctions chimiotactiques et adhésives du couple CX3CL1/CX3CR1 (§ 1.5) ainsi que
sur son action sur la mort cellulaire (§ 1.6).
La comparaison des signaux mesurés par les deux techniques révèle un point de
divergence majeur portant sur la cinétique de la réponse FSK. En effet, alors que la réponse
FSK maximale est atteinte en 5 minutes avec la sonde FRET (Article - Figure 1), il faut attendre
205
Discussion & Perspectives
L’existence d’un délai entre la variation de l’AMPc cellulaire donnée et celle du signal
luminescent émis, dépend des constantes d’association et de dissociation entre l’AMPc et la
sonde. Il est possible, en principe, de déterminer la constante d’association d’un biocapteur en
mesurant le signal conséquent à une libération instantanée d’AMPc, par exemple avec un AMPc
« cagé ». Par contre, il est plus difficile de connaître la constante de dissociation de la sonde. Or
c’est ce dernier paramètre qui est crucial dans la mesure d’une réponse inhibitrice. Nous
disposons toutefois d’un indice, fournit par l’utilisation de F1, l’antagoniste compétitif de la
chimiokine CX3CL1 (Article - Figure S9). En effet, nous avons observé que le temps de retour
de la réponse AMPc induite par CX3CL1, sous l’effet de F1, est comparable au temps que met
la réponse CX3CL1 elle-même à atteindre son maximum (Article - Figure 8A). Cette observation
indique qu’il existe bien un temps de latence (ou temps de réactivité de la sonde) important
entre le changement effectif de la concentration cellulaire d’AMPc et le signal émis par la sonde
GloSensor.
206
Discussion & Perspectives
Les deux sondes utilisées au cours de cette étude sont cytosoliques, de ce fait elles ne
reflètent que la moyenne des changements de la concentration d’AMPc au sein de la cellule.
Autrement dit, elles sont insensibles à la compartimentation du signal AMPc. Or il semble
aujourd’hui impossible de considérer les signaux AMPc en négligeant ce paramètre. Aussi l’une
des perspectives de ce travail serait l’utilisation en imagerie d’une sonde FRET de nouvelle
génération, qui permet un adressage de la sonde au niveau sous-membranaire ou à tout autre
compartiment cellulaire en fonction du peptide d’ancrage fusionné (Agarwal, Yang et al. 2014).
Cela permettrait d’étudier la compartimentation des réponses AMPc inhibitrices induite par les
chimiokines.
Malgré cette limitation, la technique de sonde luminescente lue par lecteur de plaque
présente des avantages considérables pour cribler rapidement les différents agents
pharmacologiques développés au sein de notre laboratoire et ainsi sélectionner les meilleurs
candidats à tester in vivo dans nos modèles souris, comme j’ai pu le faire au cours de ma thèse
(travaux couverts par la confidentialité de brevets en cours).
207
Discussion & Perspectives
Peut-on envisager qu’un CX3CR1 lié à une -arrestine soit encore efficace pour
transmettre un signal à Gi ?
Une explication possible est que le système BRET mesure un signal dans un système où
les partenaires (ici β-arrestine et CX3CR1) sont surexprimés, ce qui modifie peut être la vitesse
208
Discussion & Perspectives
du recrutement des -arrestines comparé à celle des -arrestines endogènes. Lors de la mesure
de la réponse Gi, le recrutement des -arrestines est peut-être plus lent que dans les
expériences de BRET car l’interaction des protéines Gi présentes entrent en compétition, à force
égales, avec les -arrestines pour la liaison au récepteur.
La forme membranaire du CX3CL1 induit une réponse plus lente que la forme soluble
La forme membranaire du CX3CL1, inhabituelle pour une chimiokine, est souvent réduite à
un rôle d’adhésion mécanique, induisant l’arrêt des cellules CX3CR1+ circulantes. C’est
d’ailleurs de cette façon que le CX3CL1 a été découvert et associé au CX3CR1 (Bazan, Bacon
et al. 1997). Nos résultats semblent indiquer qu’une signalisation existe en aval du récepteur
activé par cette forme membranaire du CX3CL1 et que cette signalisation est cinétiquement
différente de celle observée en aval du même récepteur activé par la forme soluble de la
chimiokine. En effet, la réponse inhibitrice au CX3CL1 membranaire est maximale 30 minutes
après la mise en contact des deux types cellulaires (HEK-CX3CR1 et L-CX3CL1) et se maintient
plus d’une heure. Nous montrons en outre que cette cinétique, particulièrement lente, n’est pas
due à un effet de « sédimentation » lent ou d’une arrivée progressive des cellules
HEKgloCX3CR1 mise en suspension et déposées sur un tapis de L-CX3CL1 (Article - Figure
S7). Il y a donc un facteur intrinsèque et cellulaire qui explique le fait que la réponse au CX3CL1
membranaire est particulièrement lente. Les données obtenues nous amènent à penser que la
faible internalisation du CX3CR1 activé par le CX3CL1 membranaire serait à l’origine de la
cinétique observée, en particulier de son très lent retour à zéro.
209
Discussion & Perspectives
Nos résultats indiquent une autre différence quantitative entre la réponse due à la forme
membranaire et celle obtenue avec la forme soluble. Bien que les deux formes de CX3CL1
induisent des réponses dont les amplitudes maximales sont comparables en pourcentage
d’inhibition, à savoir environ 30% d’inhibition (Article - Figure 7) il existe une différence majeure
entre ces deux réponses. La réponse au CX3CL1 soluble est saturante (Article - Figure S1) et
une addition supplémentaire de CX3CL1 soluble ne donne aucun signal (Article - Figure 6). Par
contre, l’addition de CX3CL1 soluble après la réponse obtenue avec du CX3CL1 membranaire
induit une seconde vague de réponse (Article - Figure 7). Ce résultat semble indiquer que la
forme membranaire induit une réponse de même amplitude que la forme soluble en mobilisant
moins de récepteurs. Les résultats obtenus avec le CX3CL1-His ou CX3CL1 immobilisé
soutiennent ce postulat d’une réponse au CX3CL1 membranaire qualitativement meilleure que
celle due au CX3CL1 soluble. En effet la réponse obtenue avec le maximum possible de ligand
immobilisé (150nM dans 30µl), présente une amplitude semblable à celle obtenue avec la dose
saturante de CX3CL1 soluble ainsi qu’à celle obtenue avec CX3CL1 membranaire ; à un détail
prêt que la courbe dose-réponse montre que cette réponse n’est pas saturante et que s’il était
possible d’immobiliser plus de ligand, la réponse serait d’amplitude supérieure à celle mesurée.
Une diffusion latérale du récepteur au sein de la membrane plasmique peut être un des
paramètres expliquant une différence d’activation du récepteur en fonction de la forme de ligand.
En effet, lors d’une activation par la forme soluble du CX3CL1, la diffusion du récepteur ne
semble pas nécessaire : le ligand qui diffuse dans le milieu arrive au contact du récepteur. A
l’inverse, lors de l’activation par la forme soluble, le récepteur doit se déplacer au sein de la
membrane afin d’entrer en contact avec son ligand. Des résultats obtenus au laboratoire
montrent que le récepteur a une mobilité supérieure à celle du CX3CL1 membranaire, dont les
mouvements son restreint par sa forte glycosylation et son oligomérisation (Shenoy 2011). De
plus il n’est pas impossible, que cette diffusion du récepteur soit à l’origine de la formation de
dimères de CX3CR1 qui se rassemblent sous l’oligomère de CX3CL1 et se comportent ainsi en
un complexe « transducteur » ou « réceptosome » au sein duquel leur conformation protéique
est peut être différente que dans les récepteurs dispersés à la surface et activés par le ligand
soluble. On aurait donc ici un facteur (temps de diffusion du CX3CR1 pour trouver son ligand sur
la cellulaire partenaire) qui explique la lenteur d’apparition de la réponse. Quant à sa cinétique
de retour retardée : on peut en effet penser qu’au sein du « réceptosome » la transduction du
signal par le CX3CR1 est plus efficace et que son signal d’arrêt par recrutement des β-
210
Discussion & Perspectives
arrestines et donc son internalisation est plus lente. C’est d’ailleurs ce que nous observons
grâce au signal de BRET indiquant le recrutement des β-arrestines sur le CX3CR1 (Résultats
complémentaires– Figure V.9).
Cette différence d’amplitude et de cinétique entre la réponse induite par la forme soluble et
celle induite par la forme membranaire constitue le résultat majeur de cette étude. En effet, c’est
la première fois qu’une différence de signalisation est observée. L’étude du signal calcique en
2001 par l’équipe d’Harrison n’avait révélé aucune différence entre les réponses aux deux
formes de ligand. Il serait intéressant d’étudier les autres voies de signalisation, pour lesquelles
des outils de mesure sont disponibles, comme par exemple la voie JNK, ERK ou des signaux
encore plus distaux comme une phosphorylation différentielle des protéines cible de la PKA…
Il est largement admis que les PDE ont un rôle à jouer dans le contrôle des réponses de type
Gs , particulièrement au cours de la phase de retour à zéro. La comparaison d’une réponse FSK
seule versus FSK combinée avec de l’IBMX, révèle qu’il existe bien une forte activité PDE
basale au sein des cellules HEKgloCX3CR1, ce qui permet sans doute de limiter l’augmentation
de l’AMPc cellulaire induite par la FSK (Article - Figure 4). En présence d’IBMX, le signal
enregistré est jusqu’à 10 fois supérieur à celui enregistré sous FSK seule. La réponse
chimiokinergique étudiée après stimulation des cellules par de l’IBMX ou de la FSK combinée à
l’IBMX, présente une cinétique légèrement différente de celle mesurée sous FSK seul. Deux
différences sont à souligner : une réponse inhibitrice maximum atteinte au bout de 25 minutes
en présence d’IBMX au lieu de 8 minutes sous FSK seule et une réponse dont le retour à zéro
est retardé de plus d’une demi-heure. L’amplitude de cette réponse n’est toutefois pas modifiée.
211
Discussion & Perspectives
- Il existerait dans les HEK293 une activité PDE insensible à l’IBMX ; cependant les
PDE7 et 8 identifiées comme insensibles à l’IBMX ne sont pas exprimées dans les
HEK293, selon la littérature
- Dans nos conditions expérimentales, l’IBMX n’inhiberait pas complètement l’activité
PDE et il reste une activité résiduelle suffisante pour visualiser la réponse
- Il existe un autre mécanisme d’élimination de l’AMPc cellulaire. Nous avons testé la
possibilité d’une extrusion par les MRP (Résultats complémentaires– Figure V.5) or
nos résultats n’indiquent aucune activité de ce type au sein des cellules
HEKgloCX3CR1.
Il faudrait pouvoir étudier directement l’activité PDE, mais il n’existe pas à notre
connaissance de sonde capable de détecter séparément les activités de synthèse et de
dégradation de l’AMPc. Il est peut être possible d’analyser cette dernière de manière indirecte
en utilisant des analogues perméants de l’AMPc, hydrolysables ou non hydrolysables par la
PDE. Cela permettrait de savoir qu’elle est exactement la variation d’activité PDE qui
accompagne la réponse chimiokinergique. On peut penser qu’elle est simplement secondaire à
la variation du niveau d’AMPc, régulée par un des effecteurs de la voie de transduction mise en
œuvre, comme c’est le cas pour la PDE4 qui est régulée par phosphorylation PKA dépendante.
Cette hypothèse a été testée avec l’utilisation d’inhibiteurs de la PKA (H-89 et KT5720). Or nous
n’observons aucun effet de ces composés sur la réponse AMPc inhibitrice induite par les
chimiokines (Résultats complémentaires– Figure V.4).
Une autre hypothèse serait l’existence d’un autre niveau de régulation au sein du
« réceptosome » contenant le RCK, la Gi, l’adénylate cyclase, l’arrestine et la PDE comme l’ont
montré Perry et al pour le récepteur β2-adrénergique (Perry, Baillie et al. 2002).
Comme nous l’avons décrit dans le chapitre VI de ce manuscrit, l’AMPc est connu pour
avoir un rôle pléiotrope dans l’inflammation et plus particulièrement comme
immunosuppresseur. En effet, l’augmentation de l’AMPc lors des réponses inflammatoires fait
partie d’un mécanisme endogène de régulation de la réponse inflammatoire, préservant ainsi les
effets bénéfiques d’une réponse inflammatoire aigüe par rapport à une inflammation chronique
généralement associée à une destruction tissulaire (Weissmann, Zurier et al. 1971; Harvath,
Robbins et al. 1991).
212
Discussion & Perspectives
Par quel mécanisme et intermédiaire cellulaire passe la variation d’adhésion que nous
observons ?
Dans notre modèle d’adhésion, il ne semble pas que la PKA soit impliquée puisque la
baisse d’adhésion observée, suite au traitement de nos cellules avec de la FSK, n’est pas
affectée par le traitement H-89. De plus cette diminution de l’adhésion n’est pas PTX sensible,
ce qui nous laisse penser que ce phénomène d’adhésion par CX3CR1 est indépendant de la
réponse AMPc inhibitrice observée en aval du même récepteur. Cette diminution de l’adhésion
peut résulter d’une modification du récepteur (phosphorylation changement conformationnel
désensibilisation partielle,…). L’hypothèse d’une diminution du nombre de récepteur en
surface est exclue par nos expériences de cytométrie en flux (Résultats complémentaires–
Figure VI.2E et 2F Quantification du nombre de récepteur à la surface après FSK). Il est
possible d’imaginer un modèle où la réponse chimiokinergique inhibitrice est enclenchée
secondairement après une adhésion purement mécanique entre CX3CR1 et CX3CL1. Cette
réponse induit par la suite des mécanismes de renforcement de l’adhérence de la cellule
adhérée via une activation du système intégrine.
A notre connaissance, c’est la première fois que l’on observe une régulation des
fonctions du couple CX3CR1-CX3CL1 par l’AMPc cellulaire. Même si nous n’en connaissons
pas les véritables causes mécanistiques, nous pouvons intégrer l’ensemble des données
obtenues dans un modèle « finaliste » : En condition inflammatoire, l’augmentation de l’AMPc
observée tendrait à diminuer la migration (chimiotactisme et adhésion) des cellules. Les cellules
213
Discussion & Perspectives
qui réussissent à migrer et à adhérer, malgré cette augmentation de l’AMPc sont ainsi
sélectionnées par leur capacité à diminuer leur AMPc cellulaire. L’AMPc cellulaire augmenterait
ainsi le seuil fonctionnel à partir duquel les cellules immunes sont recrutées et activées au site
inflammatoire, ce qui permet de .contrôler la réponse immunitaire
214
Discussion & Perspectives
Nous avons montré que les réponses à plusieurs chimiokines ne présentaient pas de
désensibilisation croisée, de même qu’une réponse à CX3CL1 membranaire n’empêchait pas
une réponse au CX3CL1 soluble subséquente. Pour les monocytes, cela se traduit par une
capacité de recrutement par plusieurs gradients chimiotactiques différents aboutissant à un
maintien de la capacité d’adhésion sur l’endothélium inflammé grâce, entre autres, au CX3CL1
membranaire lui permettant de s’infiltrer jusqu’au centre du site inflammatoire. Un modèle
fonctionnel similaire peut être décrit pour les NK. Après son recrutement au site inflammatoire, le
NK adhère à sa cible (par exemple la cellule endothéliale) grâce au CX3CL1. Aussi, il est
possible d’imaginer que la réponse AMPc inhibitrice enclenchée en aval du CX3CR1 renforce
cette adhésion et protège la cellule de l’apoptose, tout en ne désensibilisant pas les réponses à
d’autres chimiokines ou à CX3CL1 soluble qui permet à la cellule NK d’être recrutée ailleurs
vers une autre cible et de maintenir sa fonction immune.
Notre équipe a montré que l’adhésion cellulaire passant par le couple CX3CL1-CX3CR1
était différent selon le variant du CX3CR1 humain engagé (Daoudi, Lavergne et al. 2004). C’est
pour étudier ce polymorphisme que nous avions lancé cette étude. Malheureusement, la mise
au point de la technique, et le travail de compréhension de la réponse à CX3CL1 membranaire
ne m’a pas laissé le temps de creuser ce point. Quoi qu’il en soi, il serait intéressant maintenant
d’étudier la signalisation AMPc en aval du variant minoritaire (CX3CR1-I289-M280) et ainsi
d’identifier d’éventuelles différences avec les signaux décrits ici mesurés en aval du variant
majoritaire (CX3CR1-V289-T280). Cette comparaison est intéressante car rappelons-le, la
présence de ce variant est corrélée avec un risque accru de maladies cérébrovasculaires
(Moatti, Faure et al. 2001; McDermott, Fong et al. 2003) et de DMLA (Combadiere, Feumi et al.
2007) ainsi qu’un risque moindre d’athérosclérose (McDermott, Halcox et al. 2001), de
glioblastome (Rodero, Marie et al. 2008) et de sepsis (Chousterman en cours de publication).
215
Discussion & Perspectives
216
Discussion & Perspectives
217
Fiches Techniques
218
219
Milieux
220
Fiche Technique 1
221
BRET CX3CR1-LUC / β-arrestine YFP
Bioluminescence Resonance Energy Transfer
(1) Tampon BRET : HBSS complété par 10mM HEPES, 1mM de CaCl2, 1mM MgCl2
Programme :
Mesure du BRET (programme BRET Luc &YFP) 100-300 répétitions
222
Fiche Technique 2
Calcul :
BRET BRUT
où :
BRET NET
223
FRET T-EPAC-VV
Fluorescence Resonance Energy Transfer
224
Fiche Technique 4
Délimiter un cercle au feutre sur l’une des faces de la lamelle (attention la surface
de ce cercle doit être inférieure à celle de la chambre)
Retourner la lamelle et la placer sur du sopalin humidifié
Déposer une goutte (~ 10µl) d’anticorps anti-Histidine(2) au centre de la zone
précédemment délimitée
Incuber la lamelle 1H à 37°C (ou 1 nuit à 4°C)
Retirer la solution d’anticorps sans toucher la zone traitée, garder le cône très
superficiel
Laver la zone traitée avec la solution de PBS, Ca, Mg (X3)
Déposer une goutte (~10µl) de CX3CL1-His6 (3) au centre de la zone traitée avec
l’anticorps anti-Histidine
Incuber la lamelle 1 nuit à 4°C (ou 1H à 37°C)
Laver la zone traitée avec la solution de PBS, Ca, Mg (X3)
Déposer une goutte de solution de saturation(4) au centre de la zone traitée
Incuber la lamelle 1H à 37°C
Laver la zone traitée avec la solution de PBS, Ca, Mg (X3)
Laisser à 37°C en solution PBS, Ca, Mg jusqu’à utilisation
Variante
Préparation de puits « coatés » avec CX3CL1-His
pour mesure de la réponse AMPc via GloSENSOR technologie
225
Fiche Technique 5
226
Fiche Technique 5
Flux
Remplissage
Entrée circuit
Chambre pour adhésion sous flux. Circuit
(1) Tampon d’adhésion : HBSS 1X, 0.2% BSA, 1mM Ca++, 1mM Mg++,10mM Hepes en
H2O pH=7.2
227
Fiche Technique 6
Chimiotactisme
Technique TRANSWELL® par Costar ©
Culture cellulaire
- Ensemencer les cellules dans une flasque de culture en fonction de la
quantité de cellules nécessaires le lendemain (150 000 cellules par points
testés), en prenant en compte qu’elles ne doivent pas excéder 80% de
confluence lors du test
228
Fiche Technique 6
229
Fiche Technique 6
230
Fiche Technique 7
- Ensemencer dans une plaque de culture 96 puits avec les cellules dont le
surnageant est à tester dans 100µl de milieu de culture à tester
- Incuber à 37°C – CO2 5% sous atmosphère humide
Jour 2 : Récupération des surnageants
préparer la plaque selon le plan de plaque désiré en retirant les barrettes excédentaires
distribuer 100µl de RD1-88 dans chaque puits
231
Fiche Technique 7
232
Références Bibliographiques
233
234
Références Bibliographiques
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