Analyse Du Discours

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Analyse du discours (bases théoriques)

Code de l’UE : LMO16602

Nombre de crédits : 4

Volume horaire : 40 heures

Jour, heure et salle d'enseignement :

Enseignant responsable de l’UE : AGBESSI Akpéné Délalom

Disponibilité pour recevoir les étudiants : Mardi : 10h-12h ;

Public-cible :

Prérequis : Néant

Objectifs généraux : ce cours vise à donner à l’étudiant de Lettres Modernes les bases
théoriques en analyse du discours lui permettant d’appréhender le fait littéraire comme un
discours.

Objectifs spécifiques : à la fin du cours, l’étudiant sera en mesure de :

• citer les différentes approches en analyse du discours et expliquer leur fonctionnement ;

• montrer les enjeux de l’analyse du discours pour les études littéraires ;

• donner les différentes implications de la saisie du texte littéraire comme discours.

Langue d’enseignement : français

Introduction (Bref descriptif de l’enseignement) : ce cours est un récapitulatif des différentes


approches théoriques en analyse du discours et une initiation à la l’analyse du discours
littéraire. Les différents concepts qui vont être étudiés constituent des outils pour
l’appréhension du fait littéraire, non plus dans une perspective immanentiste, philologique,
sociologique ou historique, mais en tant que « discours », c’est-à-dire dans sa globalité
définie par une réflexivité où le « dit » est traversé par son « dire » et met en scène les
conditions de sa propre énonciation.

Organisation de l’enseignement (en fichier attaché) :

Modalités d’évaluation des apprentissages :

Ressources complémentaires :

Références bibliographiques :

AMOSSY Ruth & MAINGUENEAU Dominique, L’analyse du discours dans les études
littéraires, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail 2003.

CHARAUDEAU Patrick & MAINGUENEAU Dominique, Dictionnaire d’analyse du discours,


Paris, Seuil, 2002.
MAINGUENEAU Dominique, Trouver sa place dans le champ littéraire : Paratopie et
création, Louvain-La-Neuve, Academia-L’Harmattan, 2016.

MAINGUENEAU Dominique, Manuel de linguistique pour le texte littéraire, Paris, Armand


Colin, 2015.

MAINGUENEAU Dominique, Aborder la linguistique, Paris, Seuil, 2009.

MAINGUENEAU Dominique, Les termes clés de l’analyse du discours, Paris, Seuil, 2009.

MAINGUENEAU Dominique, Le discours littéraire : paratopie et scène d’énonciation, Paris,


Armand Colin, 2004.

MAINGUENEAU Dominique, Genèse du discours, Bruxelles, Pierre Mardaga, 1984.

MAZIÈRE Francine, L’analyse du discours, Paris, Presses Universitaires de France, 2010.

Introduction
objectif pédagogique:

présenter la discipline qu'est l'analyse du discours (son origine et son évolution).

 Constituée dans les années 60 à partir des travaux du linguiste Z. S. HARRIS aux USA,
l’analyse du discours se propose d’aller au-delà du mot et de la phrase pour envisager
l’énoncé comme un tout, c’est-à-dire dans « sa structure linguistique, ses conditions de
production historique et politique en tenant compte des interactions subjectives et des
préconstruits qui contraignent le sens » (Mazière, 2005 : 9). C’est donc une discipline au
carrefour des sciences humaines qui,

[A]u lieu de procéder à une analyse linguistique du texte en lui-même ou à une analyse
sociologique ou psychologique de son contexte, vise à rapporter les textes, à travers leurs
dispositifs d’énonciation, aux liens sociaux qui les rendent possibles et qu’ils rendent
possible. (Maingueneau, 2009 : 18-19)

En France, la discipline s’est constituée à la croisée des travaux de lexicologie de Dubois et


de Pêcheux avec un intérêt particulier pour la théorie de l’idéologie d’Althusser. Sous
l’influence d’Althusser[1], Pêcheux (1969) met au point une théorie du langage qui a pour but
d’analyser les liens entre le discours et l’idéologie de leur époque. Il montre qu’il existe des
idéologies à l’arrière-plan de chaque production discursive. C’est ainsi que les notions
de préconstruit et d’interdiscours vont déjà prendre une place importante dans l’analyse du
discours. Parallèlement, Foucault, dans son Archéologie du savoir (1969), va proposer une
analyse du discours du point de vue des rapports entre pratique discursive et pratique
sociale.

A la suite de Pêcheux et Foucault, Maingueneau (1984 : 9-10) va redéfinir deux concepts


clés qui constitueront la base de l’analyse du discours. Il parle de formation discursive qui est
« un système de contraintes de bonnes formations sémantiques » et de surface
discursive qui est « l’ensemble des énoncés produits conformément à ce système » partant
de là, il définit le discours comme « la relation même qui unie les deux concepts
précédents », c’est-à-dire un ensemble composé des énoncés productibles conformément
aux contraintes de bonnes formations discursives.

Aujourd’hui encore, l’analyse du discours reste une discipline qui repose sur des approches
variées. Mais, malgré la multiplicité des approches, l’objet d’étude demeure le même, c’est-
à-dire le discours, conçu comme « la manifestation attestée d’une surdétermination collective
de la parole individuelle » (Mazière, 2010 : 9). Pour nous, aborder l’analyse du discours
revient à s’interroger sur la manière dont la discipline a évolué et sur ses influences dans les
études littéraires.

[1] Dans son article intitulé « Idéologie et appareils idéologiques d’État », publié dans la
revue La Pensée en 1970, Althusser démontre les mécanismes de fonctionnement de
l’idéologie qui contribue[nt] à la reproduction des rapports sociaux de production et donc de
la reproduction des modes de domination qui les fondent.

La notion de discours
 Objectifs spécifiques:

 définir la notion de discours;


 citer les sept caractéristiques du discours selon Maingueneau;
 expliquer les notions de "type" et "genre" de discours et donner leurs implications;
 distinguer le discours d'autres notions telles que texte, récit.

Le discours
L’instabilité de la notion de discours rend dérisoire toute tentative de donner
une définition précise du discours et de l’analyse du discours. Ce qui explique d’ailleurs
pourquoi les chercheurs en ont plusieurs acceptions. Certains en ont une conception très
restreinte, d’autres en font le synonyme de «texte» ou «d’énoncé». D’emblée, il faudrait
retenir que le discours est une unité linguistique de dimension supérieure à la phrase
(transphrastique), bref un message pris dans sa globalité.

Pour L. GUESPIN, le discours est ce qui s’oppose à l’énoncé, c’est-à-dire que « l’énoncé,
c’est la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de
communication ; le discours, c’est l’énoncé considéré du point de vue du mécanisme
discursif qui le conditionne ». Alpha Ousmane Barry affirme pour sa part que « le terme de
discours désigne aussi un ensemble d’énoncés de dimension variable produits à partir d’une
position sociale ou idéologique ; comme c’est le cas par exemple d’une déclaration d’une
personnalité politique ou syndicale. Jean-Michel Adam (1989) énonce sa définition du
discours de la manière suivante : «(…) un discours est un énoncé caractérisable certes par
des propriétés textuelles mais surtout comme un acte de discours accompli dans une
situation (participants, institutions, lieu, temps)»

Comme nous pouvons le constater, il semble qu’il n’y ait pas de mot plus polysémique que
« discours » dans le champ de la linguistique. Pour Alpha Ousmane Barry auteur de l’article
«Les bases théoriques en analyse du discours», «de cette pluralité de définitions, il se
dégage chez tous les auteurs que le discours désigne toute réalisation écrite ou orale par un
sujet, de la dimension de la phrase ou au-delà et ainsi que son contexte. » Le discours se
signale par une série d’indices d’énonciation qui font référence à la situation de
communication. Ces indices sont : l’emploi des pronoms de la 1ere et de la deuxième
personne (singulier/pluriel), l’usage d’un système temporel axé sur le présent comme temps
de la parole prononcée, l’utilisation des déictiques (une classe de mots dont le sens dépend
de la situation de communication). Exemples : d’abord, enfin, ce jour-là, ici-là, à cet endroit-
là, la veille, le lendemain, vraiment.

Pour Christian Baylon (Sociolinguistique : société, langue et discours, Nathan, 1996), «le
discours est une conduite sociale : dans une certaine mesure, locuteur et auditeur sont
déterminés en tant que produits sociaux, usant d’instruments sociaux, mais encore les buts
mêmes de l’allocution sont socio-historiques. Le rôle tenu par l’individu dans la structure
linguistique n’est pas sans rapport avec la place qu’il occupe dans les structures qui
définissent une formation sociale donnée.».

Dominique Maingueneau (1989 : 18) va plus loin en écrivant que « tout discours peut être
défini comme un ensemble de stratégies d’un sujet dont le produit sera une construction
caractérisée par des acteurs, des objets, des propriétés, des évènements sur lesquels il
s’opère ». Il (1996 : 8) saisit l’occasion pour expliquer les difficultés de circonscrire l’objet
d’analyse du discours de la façon suivante : «les difficultés que l’on rencontre pour délimiter
le champ de l’analyse du discours viennent pour une part d’une confusion fréquente entre
analyse du discours et ces diverses disciplines du discours (analyse de la conversation,
analyse du discours, théories de l’argumentation, théories de la communication,
sociolinguistique, ethnolinguistique…la liste n’est pas exhaustive). Chacune étudie le
discours à travers un point de vue qui lui est propre ».

En tout cas, le discours suppose l’existence d’un locuteur et d’un auditeur, et la volonté du
locuteur d’influencer son interlocuteur, ce qui fait penser au dictum (ce qui est dit) et le
modus (la manière de le dire). Georges-Elia SARFATI, parle dans Eléments d’analyse du
discours (Armand Colin, 2007) de types et de genres de discours.

Il nous enseigne que les types de discours se recrutent dans les différents domaines de
l’activité socio-historique et culturelle : discours littéraire, discours politique, discours
scientifique, discours religieux, discours juridique, discours journalistique.

Il parle aussi des genres de discours qui se répartissent, quant à eux, en fonction des types
de discours. C’est ainsi que l’article, la loi, le plaidoyer sont des genres du type discursif
juridique ; le fait divers, le reportage, l’éditorial, la brève, des genres du type discursif
journalistique ; la parabole, l’hagiographie (branche de l’histoire religieuse qui traite de la vie
et du culte des saints), la prière, l’homélie, le sermon, des genres du type discursif religieux ;
le poème, le roman, la pièce de théâtre, des genres du type discursif littéraire. Le discours
peut être pédagogique quand le locuteur fait appel à des procédés de renforcement comme
la répétition, didactique quand le locuteur entend faire la leçon à son interlocuteur, et
prescriptif quand le locuteur adopte le ton du conseiller ou dicte des comportements à son
interlocuteur. Mais le discours est foncièrement subjectif (le discours est toujours celui d’un
sujet individuel ou collectif), dialogique (parler, c’est parler à quelqu’un, le locuteur en
position de discours postule nécessairement un allocutaire), polémique (le discours est une
arme de combat, il n’envisage les réalités à construire qu’à partir de réalités à déconstruire).

v Discours/ Texte

A la question, qu’est-ce qu’un texte pour l’opinion courante ? Roland Barthes répondait dans
un article de synthèse publie dans Encyclopedia Universalis en 1974, que le texte est un
tissu de mots engagés dans l’œuvre et agencés de façon à imposer un sens stable et autant
que possible unique. Le texte peut être également défini comme une série orale ou écrite de
mots perçus comme constituant un ensemble cohérent, porteur de sens et utilisant les
structures propres à une langue (conjugaison, construction et association des phrases). Un
texte répond de façon plus ou moins pertinente à des critères qui en déterminent la qualité
littéraire. Dans ce cas, on note en particulier, la syntaxe, l’orthographe lexicale et
grammaticale, la pertinence et la richesse du vocabulaire, la présence de figures de styles, le
registre de langue et la fonction recherche (narrative, descriptive, expressive, argumentative,
injonctive, poétique).

Selon Alpha Ousmane Barry, chercheur associé aux Universités de Franche-Comté


(Besançon-France) et du Québec à Montréal (UQAM), «d’un point de vue pragmatique, le
texte est un ensemble culturel, qui renvoie à des données d’origines variées, pas seulement
linguistiques. C’est pourquoi le texte tout comme le discours, est selon une visée
pragmatique, défini comme : l’utilisation d’énoncés dans leur combinaison pour
l’accomplissement d’actes sociaux». Pour Patrick Charaudeau, le texte est le résultat
toujours singulier d’un processus qui dépend d’un sujet parlant particulier et de circonstances
de production particulières.

En attendant de parler en détails du discours, il est important de savoir que sur les plans
théorique et méthodologique, on ne saurait établir un mur de séparation entre le texte et le
discours. A titre de rappel, Greimas nous signale que le discours est de l’ordre du contenu,
alors que le texte est de l’ordre de l’expression. En d’autres termes, le texte relèverait plus
de la linguistique, et le discours de la sémiotique. (Théorie des signes). Quand le texte est
considéré comme un énoncé, il s’oppose au discours. Néanmoins, il faudrait rappeler que
chaque texte est parsemé de discours qui ont des liens étroits avec des situations ou des
genres particuliers. C’est l’exemple des hommes politiques qui font usage soit d’un discours
didactique, soit d’un discours humoristique, en fonction des situations dans lesquelles ils se
trouvent.

Il y a plusieurs types de textes : narratif, descriptif, conversationnel discursif, injonctif ou


prescriptif, informatif explicatif, argumentatif, poétique ou rhétorique.

-Narratif : a pour fonctions de raconter une histoire, articuler une succession d’actions,
présent dans les types d’écrits comme le conte, le roman, la nouvelle, le récit historique, les
faits divers et le reportage. Quelques indices : passé simple de narration, passé composé,
imparfait d’habitude et présent de narration, repères temporels et verbes d’action.

-descriptif : décrire, donner un état, se représenter un lieu, une personne, présent dans les
types d’écrits comme le portrait, description, compte rendu. Quelques indices : termes
concrets, imparfait de description, repères spatiaux et informations sur les lieux, adjectifs,
figures d’images.

-conversationnel discursif : rapporter des paroles, types d’écrits théâtre, roman et BD ;


quelques indices : guillemets, tirets, identifications des interlocuteurs, interrogations,
exclamations, interjections.

-injonctif ou prescriptif : ordonner ou faire taire, types d’écrits recette, fiche technique,
règlement, règle du jeu, consigne. Quelques indices : impératif, infinitif, référence à la
deuxième personne,
-informatif, explicatif, didactique : informer, expliquer ; reportages, faits divers, compte rendu,
énoncé, lettre ; quelques indices : connecteurs logiques, présent de vérité générale, absence
d’indice de la personne

-argumentatif : convaincre, faire changer d’opinion ; publicité, lettre de demande, exposé.


Quelques indices : présent de vérité générale, termes abstraits, connecteurs logiques
argumentatifs.

-poétique ou rhétorique : jouer sur le langage, faire rêver ; poèmes, publicité, chanson.
Quelques indices : allitération, assonance, figures de construction, jeu sur les mots, figures
d’image.

Parler du discours, c’est donc se démarquer d’une certaine conception du langage et de la


sémantique pour activer quelques idées forces selon Maingueneau (2009 : 44-49) :

Le discours suppose une organisation transphrastique. Il est soumis à des règles d’organisation
en vigueur dans une communauté donnée, celle des multiples genres du discours. Cela
veut dire qu’un discours, même lorsqu’il a la taille d’une phrase, mobilise des éléments qui
ne sont pas de l’ordre de la phrase tels que les conditions de production historique et
politique, les interactions subjectives , les préconstruits .

Le discours est orienté. Il s’élabore particulièrement dans le temps en fonction d’une fin
(finalité), d’un but. Ce qui fait qu’il peut dévier (digressions…), revenir à sa direction initiale,
changer de direction, etc. Sa linéarité se manifeste souvent à travers des marqueurs
d’anticipations (« on va voir que … ») ou de retour en arrière (« ou plutôt… ») ; tout cela
constitue un véritable guidage de la parole par le locuteur.

Le discours est une forme d’action. Cette idée rejoint la problématique des actes de langage.

Le discours est interactif. Ceci est tout à fait évident dans le cadre d’une conversation, où les
deux locuteurs coordonnent leurs énonciations. Il existe une interactivité constitutive de
chaque énonciation même en l’absence d’un destinataire, ce qui explique les faits de
dialogisme, de polyphonie.

Le discours est contextualisé. On ne peut assigner un sens à un énoncé hors contexte. En


outre, le discours contribue à définir son contexte et peut le modifier en cours d’énonciation.
Le contexte est ce qui fonde le discours et ce qui justifie la scène d’énonciation.

Le discours est régi par divers ordres de normes. Comme tout comportement, il est soumis à des
normes sociales très générales ; il obéit en outre aux normes de l’activité verbale, mais aussi
aux normes spécifiques de chaque de discours et à celles de chaque acte de langage. Plus
fondamentalement, tout acte d’énonciation ne peut se poser sans justifier d’une manière ou
d’une autre son droit à se présenter tel qu’il se présente. Cela veut dire qu’il s’intègre et se
soumet à des normes qui le légitiment par rapport à un genre donné

Le discours est pris dans un interdiscours. Il ne prend sens qu’à l’intérieur d’un interdiscours, à
travers lequel il doit se frayer un chemin et qu’il modifie. Chaque genre de discours, chaque
texte a sa manière de gérer la multiplicité des relations interdiscursives. Le seul fait de
ranger un discours dans un genre implique qu’on le mette en relation avec un ensemble
d’autres productions verbales.
Les différentes approches en analyse du discours
 objectif spécifique : citer les différentes approches en analyse du discours

 Contenu pédagogique

Les approches en analyse du discours (AD) sont diverses selon qu’elles sont orientées vers
la sociologie, la psychologie sociale, l’anthropologie, l’histoire, la linguistique, etc. Nous
allons nous intéresser à quelques-unes afin de voir dans quelles mesures elles interviennent
dans l’analyse du discours littéraire.

L'approche énonciative
 Objectifs spécifiques:

 dire en quoi consiste la théorie de l'énonciation;


 définir les notion d'énoncé et énonciation;
 montrer le lien entre énonciation et discours;
 citer les éléments qui sont considérer dans une étude énonciative.

L'approche énonciative
Elle se fonde sur une prise en compte des conditions de production du discours. La théorie
de l’énonciation articule le linguistique sur l’extralinguistique, c’est- à- dire, le discours à ses
conditions de production. Emile Benveniste définit l’énonciation comme « la mise en
fonctionnement de la langue par un acte individuel d’utilisation » (1974 : 80). Il élabore donc
une théorie générale des indicateurs linguistiques (pronoms personnels, formes verbales,
déictiques spatio-temporelle, modalisateurs) par l’intermédiaire des quels le locuteur s’inscrit
dans l’énoncé.

Le problème théorique posé par le modèle énonciatif de Benveniste a permis de reformuler


la notion même de l’énonciation et d’affiner le paradigme des indicateurs linguistiques. G.
KLEIBER (1986) estime pour sa part que « ce n’est plus seulement le moment d’énonciation,
l’endroit d’énonciation et les participants (locuteur, interlocuteur) à l’énonciation qui forment
le cadre déictique, mais également l’objet résidant dans la situation d’énonciation ».
L’élargissement du cadre déictique auquel nous assistons avec KLEIBER sera théorisé sous
la forme de ce qu’on appelle « mémoire discursive » de l’énonciateur et « savoirs -
partager » entre l’émetteur et le récepteur ; c’est-à-dire ce qui fait partie de savoirs culturels,
de connaissances encyclopédiques ou encore une mémoire collective que partagent les
protagonistes de la communication.

Catherine Kerbrat-Orecchioni pour sa part va ouvrir la perspective énonciative aux notions


d’implicite, de présupposition et aux subjectivèmes. L’approche énonciative introduit une
rupture entre la linguistique « immanente » qui envisageait l’énoncé comme une entité
abstraite et la linguistique du discours où l’étude de l’énoncé nécessite la prise en compte
des réalités déterminées par leur condition contextuelle de production.

L’un des apports de la théorie de l’énonciation est qu’elle permet de mettre en évidence la
dimension réflexive de l’activité linguistique : l’énoncé ne réfère au monde qu’en
réfléchissant l’acte d’énonciation qui le porte.
Les approches communicationnelle et
conversationnelle
 Objectifs spécifiques: définir les approches conversationnelle et communicationnelle.

les approches conversationnelle et communicationnelle


L’approche communicationnelle

Selon cette approche, comprendre un discours ne revient pas seulement à reconstituer des
informations, mais à identifier la fonction de ces informations dans la situation où le
discours est produit. L’approche communicationnelle est une approche fonctionnelle qui
trouve ses origines dans la théorie de la communication de Roman Jakobson. Aux éléments
de la communication (émetteur, destinateur, contexte, canal, code, message) correspondent
les fonctions suivantes (référentielle, émotive, conative, phatique, poétique,
métalinguistique). Ainsi dit, la structure du discours dépend de la fonction prédominante.

Kerbrat-Orecchioni pour sa part estime qu’en plus de la dimension fonctionnelle les


compétences linguistiques et paralinguistiques (culturelles, encyclopédique) sont
indispensables pour la saisie totale de discours

L’approche conversationnelle

Elle découle de la convergence de trois grands courants de recherche : l’interactionnisme


symbolique, l’ethnographie de la communication et l’ethnométhodologie.

L’interactionnisme symbolique étudie les échanges individuels en tant que comportements


symboliques qui résultent d’un processus social d’interaction. Selon Bachmann et al. (1981)
cité par Ghiglione (1991 : 18) « les évènements sociaux ne sont pas considérés comme des
produits extérieurs aux pratiques sociales. Mais, comme des procès que les acteurs
accomplissent quotidiennement ».

L’ethnographie de la communication s’intéresse particulièrement aux relations entre le


langage et ses contextes sociaux d’utilisation. Elle met l’accent sur la notion de compétence
linguistique et surtout sur celle de compétence communicative, qui permet à un locuteur de
produire des énoncés adaptés aux contextes sociaux.

L’ethnométhodologie postule que l’organisation et l’action sociales sont analysables en


termes d’organisation structurelle déterminée par des conventions et des institutions. Ainsi,
l’interaction discursive est conçue comme une mise en scène entre les interlocuteurs qui
obéissent aux principes d’une causalité circulaire : les comportements de l’un agissent sur
ceux de l’autre et réciproquement.

Dialogisme et polyphonie de Bakhtine


 Objectifs spécifiques:

 définir les notions de dialogisme et de polyphonie;


 montrer la relation entre les deux notions;
 montrer l'importance en AD.

Dialogisme et polyphonie
Dialogisme et polyphonie chez BAKHTINE

Bakhtine jugeait inacceptable l’analyse de la langue comme un système abstrait. Le rejet de


la conscience individuelle de l’énonciation et l’adoption du concept de « dialogisme » le
conduit à faire de l’interaction verbale l’élément central de toute théorie du langage. Sa
démarche prend en compte la langue dans ses fonctions de communication et de
structuration du réel. Pour lui : « parler, c’est communiquer, et communiquer c’est interagir ».
Il pose également que « ce n’est pas l’activité mentale qui organise l’expression, mais au
contraire, c’est l’expression qui organise l’activité mentale qui la modèle et détermine son
orientation » (1977 :122-123), ainsi « le centre nerveux de toute énonciation, de toute
expression, n’est pas intérieur, mais extérieur : il est situé dans le milieu social qui entoure
l’individu » (1977 : 134). En clair, il apparaît que l’expression « le discours » chez Bakhtine
n’est pas à saisir comme un acte individuel, mais comme une activité sociale co-déterminée
par tout un ensemble de relation dialogique.

Il ressort que toute production monologale, quelle qu’elle soit est dialogue en son principe
dans la mesure où elle est déterminée par un ensemble de productions antérieures. Elle se
présente nécessairement comme une parole adressée, répond à des attentes, implique des
efforts d’adaptation et d’anticipation et peut s’intégrer dans le circuit du dire et du
commentaire. La notion de dialogisme est donc l’une des composantes essentielles de ce
qu’on peut appeler « la dimension interactive du langage ». Si les monologues qui sont
essentiellement des communications unilatérales, peuvent être considérés au même titre
que les productions dialogales, comme des matériaux interactifs, c’est en partie, parce qu’il
relève du dialogisme inhérent à toutes activités verbales.

Chez Bakhtine, la problématique du dialogisme implique que tout discours quelle que soit sa
nature, se présente comme la reprise-modification consciente ou inconsciente de discours
antérieurs. Ces relations interdiscursives résultent du fait que toute forme de conscience ou
de connaissance passe par l’activité discursive, ainsi, chaque discours « répond à quelque
chose, réfute, confirme, anticipe sur les réponses et les objections potentielles, cherche un
soutien »

La théorie du dialogisme intègre donc la notion de polyphonie, elle en est la résultante.


Oswald Ducrot (1984) apporte une contribution à la polyphonie de l’énonciation en
contestant l’unicité du sujet parlant. Il suggère de faire une distinction entre sujet parlant,
locuteur et énonciateur. Pour lui, le sujet parlant est l’être empirique de chair et d’os , « un
élément de l’expérience » ; le locuteur pour sa part est « un être de discours » qui est
« responsable de l’énoncé à qui réfèrent le pronom je et les autres marques de la première
personne » ; l’énonciateur enfin est de « ces êtres qui sont censés s’exprimer à travers
l’énonciation sans que pour autant on leur attribue des mots précis ».

En introduisant le concept de polyphonie énonciative dans l’analyse du discours, Ducrot


souligne que « l’objet propre d’une conception polyphonique du sens est de montrer
comment l’énoncé signale dans son énonciation la superposition de plusieurs voix »
Chez Jacqueline Authier-Revuz, les notions de dialogisme et de polyphonie sont abordées
sous forme d’ « hétérogénéités montrées » et d’ « hétérogénéités constitutives ». Pour celui-
ci, « le repérage des traces du discours inconscient dans l’analyse débauche sur l’affirmation
que tout discours est polyphonique » (1982 :138)

L'approche sociolinguistique
 Objectif spécifique: expliquer l'approche sociolinguistique et montrer comment elle contribue
à l'analyse discursive.

L'approche sociolinguistique
L’approche sociolinguistique

La sociolinguistique est considérée comme un champ d’investigation qui étudie la variété des
usages linguistiques dans une communauté linguistique. Son objet s’applique à des
phénomènes très variés : les fonctions et les usages du langage dans la société, la maîtrise
de la langue, l’analyse du discours, la planification et la standardisation linguistique, les
jugements des communautés sur leurs langues.

Parmi les chercheurs qui ont essayé d’élargir le champ d’investigation de la


sociolinguistique, nous pouvons citer Gumperz, Labov, Goffman, Bourdieu. Ce qui focalise
l’attention de Gumperz dans la démarche sociolinguistique c’est de « découvrir les liens
jusqu’ici non étudiés entre la perception des signes de surface et l’interprétation ». Il fonde
ainsi une sociolinguistique de l’auditeur interprétant qui porte son attention sur les
malentendus conversationnels.

Labov pour sa part soutient que toute production linguistique manifeste des régularités et
peut donc faire l’objet d’une description. Il tente d’appréhender le langage comme une
activité socialement localisée dont l’étude se mène sur le terrain.

Bourdieu traite le monde social comme un univers d’échanges symboliques et considère


l’acte de communication comme une action destinée à être déchiffrée au moyen d’un code
culturel qui régit les interactions symboliques. Les rapports de communication linguistique
sont aussi des rapports d’interaction symbolique qui impliquent la connaissance et la
reconnaissance, qui actualisent les rapports de force entre les locuteurs et leurs groupes
respectifs. Le modèle de la production et de la circulation linguistique comme relation entre
l’habitus linguistique et les marchés sur lesquels les acteurs politiques offrent leurs produits,
constituent le noyau de la théorie de Bourdieu.

Les approches pragmatique et sémiotique


 Objectifs spécifiques :

 dire en quoi consistent ces approches;


 citer et expliquer les concepts qui entrent en jeu dans leur application.

L’approche pragmatique

La définition de la pragmatique la plus ancienne est celle de Morris (1938) présentée par
Armengaud (1985 : 5) : « la pragmatique est une partie de la sémiotique qui traite du rapport
entre les signes et les usagers ». Mais la définition qui nous semble la plus adaptée aux
problématiques de l’analyse du discours est celle que propose Francis Jacques (1979) : « la
pragmatique aborde le langage comme phénomène à la fois discursif et social ».

Le langage est conçu comme un ensemble intersubjectif de signes dont l’usage est
déterminé par des règles partagées. Il s’agit de l’ensemble des conditions de possibilité du
discours, c’est-à-dire, des relations qui s’établissent entre les signes et leurs usagers d’une
part et d’autre part entre les phrases et les locuteurs. L’originalité de l’approche pragmatique
réside dans ses concepts fondamentaux qui ne relèvent ni à proprement parler de la
linguistique, ni de la philosophie. Ces concepts fondamentaux sont :

ü Le concept d’acte

Le langage ne sert ni seulement, ni simplement à représenter le réel, mais à accomplir des


actes. Parler, c’est agir sur autrui. Cette conception met en avant les effets que les discours
exercent sur les locuteurs-auditeurs. A ce niveau, l’attention est focalisée sur la dimension
interactive et interactionnelle que toute production langagière présuppose. La pragmatique a
donc deux tâches : définir les actes de langage, c’est-à-dire, caractériser les traits du
contexte et déterminer quelle proposition est exprimée par un énoncé donné.

La théorie des actes de langage développée par John Austin pose le problème des
conditions nécessaires et suffisantes pour la réussite ou l’accomplissement d’un acte de
langage. Ces conditions comportent la présence ou l’absence de certains traits dans le
contexte (intentions du locuteur, savoirs, croyances, attentes, effets, …). Pour
Austin, proférer un énoncé, c’est à la fois :

 réaliser un acte locutoire, produire une suite de sons ou de phrases dotés d’un sens
dans une langue ;
 réaliser un acte illocutoire, c’est-à-dire, produire un énoncé auquel est attachée
conventionnellement à travers le dire même, une certaine force ;
 réaliser un acte perlocutoire, c’est-à-dire, provoquer des effets dans la réalité au
moyen de la parole.

ü Le concept de contexte

Le contexte est la situation concrète dans laquelle le discours est émis. Il englobe tous les
paramètres que sont le lieu, le temps, l’identité, la nature des relations qui unissent les
partenaires. En un mot, il s’agit de tout ce dont l’on a besoin de savoir pour comprendre et
évaluer un discours. L’objet de la pragmatique serait de traiter des rapports les plus
généraux entre l’énoncé et l’énonciation, entre les phrases et leurs contextes de
production. Le contexte englobe les individus existants dans le monde réel. C’est l’identité
des interlocuteurs, leur environnement physique et social, le lieu et le temps où les propos
sont tenus.

ü Le concept de performance

Par performance, il faut comprendre l’accomplissement de l’acte en contexte tout en ayant


l’idée que soit la compétence des locuteurs (savoirs-partager, règles grammaticales) s’y
actualise, soit qu’on puisse envisager l’idée d’une intégration dans l’acte de parler de la
notion de compétence communicative.
L’approche sémiotique

L’approche sémiotique en analyse du discours résulte du confluent de deux courants


principaux de pensée : la sémiologie de Ferdinand de Saussure et la sémiotique qui s’est
constituée en discipline avec l’œuvre de Peirce.

Chez Saussure « la langue est un système de signes exprimant des idées, et par là,
comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourds muets, aux rites symboliques, aux formes de
politesse, aux signaux militaires … ». La sémiotique de Peirce est triadique, en ce sens que
sa conception du signe repose sur trois éléments :

-le matériel signifiant, c’est-à-dire, le support, véhicule, trait perceptible et pertinent ;

-le signifié ou le représenté ;

-l’interprétant ;

En France, sous l’impulsion de Claude Levi-Strauss, Roland Barthes et Greimas, la


sémiologie s’est tournée vers l’étude des formes sociales qui fonctionnent à la manière du
langage (les systèmes de parenté, les mythes, la mode…) et vers l’étude du langage
littéraire. La sémiotique se définie alors comme l’étude des pratiques signifiantes.

L'analyse du discours littéraire


 Objectifs spécifiques:

 définir l'analyse du discours littéraire;


 dire en quoi consiste l'appréhension de l'œuvre littéraire comme un discours;
 définir la situation d’énonciation littéraire
 définir les notions de « scène englobante », « scène générique », « scénographie »;
 montrer l'apport de l'AD pour les études littéraires.

Elle est selon Maingueneau (2004 : 39), « une branche de l’analyse du discours, dont elle
mobilise en les adaptant les concepts et les méthodes » qui modifie la manière dont la
littérature est appréhendée. C’est-à-dire que l’œuvre littéraire n’est plus abordée comme ce
système « clos » de la linguistique structurale dont la signification se trouverait dans son
immanence, ni comme la production d’un sujet social, marqué par son histoire, au cœur d’un
vécu qu’il reproduit, mais comme un discours.

Considérer le fait littéraire comme « discours », c’est contester le caractère central de ce qui
pourrait être considéré comme l’instance créatrice. C’est renoncer au fantasme de l’œuvre
en soi dans sa double acception d’œuvre autarcique et d’œuvre au fond de la conscience
créatrice. C’est replacer les œuvres dans les contextes qui les rendent possibles où elles
sont produites, évaluées, gérées. Comme le montre Maingueneau (2004 : 34) :

Les conditions du dire y traversent le dire et le dire renvoie à ses propres conditions de
production (le statut de l’écrivain associé à son mode de positionnement, les rôles attachés
aux genres, la relation aux destinataires construite à travers l’œuvre, les rapports matériels
et les modes de circulation des énoncés).
Ainsi dit, le texte et le contexte ne sont plus des entités différentes l’une de l’autre. Il
s’instaure entre les deux une réflexivité de sorte que le contenu d’une œuvre est en réalité
traversé par le renvoi à ses conditions d’énonciation qui le légitiment. « Le contexte n’est
plus placé à l’extérieur de l’œuvre, en une série d’enveloppes successives, mais, le texte est
la gestion même de son contexte. Les œuvres parlent effectivement du monde, mais leur
énonciation est partie prenante du monde qu’elles sont censées représenter »
(Maingueneau, 2004 : 35). Au lieu de mettre les œuvres en relation avec les instances fort
éloignées de la littérature (classe sociale, mentalité, événement historique…), réfléchir en
termes de discours nous oblige à porter notre attention sur les abords immédiats du texte
(les supports matériels, sa scène d’énonciation…)

1. 1. L’énonciation littéraire : une situation de communication

Comme tout énoncé, l’œuvre littéraire implique une situation d’énonciation, ce qui justifie
l’appellation discours littéraire. Mais cette situation d’énonciation ne renvoie pas seulement
aux circonstances de production de l’œuvre (année ou période de production, endroit,
individu créateur.) car, il convient d’appréhender l’œuvre littéraire non dans sa genèse, mais
comme dispositif de communication. En réalité, le texte littéraire est le lieu d’une
communication entre un « dehors » et un « dedans », un « extérieur » et un « intérieur » du
texte. Il est la trace d’un discours où la parole est mise en scène. A partir de ce moment, la
situation d’énonciation devient une situation de communication, c'est-à-dire de mise en
scène de l’énonciation et donc d’interaction. Nous distinguons donc trois scènes qui sont :
la scène englobante, la scène générique et la scénographie.

La scène englobante : elle désigne ce qu’on attend communément par type de discours. Elle
définit le statut des partenaires dans un certain espace pragmatique. Tout énoncé littéraire
se rapporte à une scène englobante littéraire dont on sait en particulier qu’elle permet que
l’auteur soit un pseudonyme et que les faits relatés soient de l’ordre du fictif. La scène
englobante présuppose la posture dans laquelle se situer pour interpréter le discours.

La scène générique : elle renvoie aux genres de discours qui lui-même participe à un niveau
supérieur de la scène englobante. Les conditions d’énonciation attachées à chaque genre
correspondent à autant d’attentes et d’anticipations possibles de ces attentes par l’auteur.
Ces attentes se formulent en termes de circonstances d’énonciation : quels sont les
participants ? Le lieu et le moment requis pour effectuer, par quels circuits passent-ils ?
Quelles normes précises à sa consommation ?

La scénographie : elle désigne la scène sur laquelle le lecteur se voit assigner une place, c’est
une scène narrative construite par le texte. C’est dans la scénographie à la fois condition et
produit de l’œuvre, à la fois dans l’œuvre et ce qui l’apporte que se valident les statuts
d’énonciateurs et de co-énonciateur, le temps, l’espace, à partir desquels se développe
l’énonciation. La scénographie peut s’identifier sur la base de plusieurs indices repérables
dans le texte ou le paratexte, elle n’est pas tenue de se désigner : elle se montre
par définition en excès de toute scène de parole qui serait dite dans le texte. La
scénographie est à la fois cadre et processus, elle se trouve aussi bien en aval de l’œuvre
qu’en amont : c’est la scène de parole que le discours présuppose pour pouvoir être énoncé
et en retour, il doit valider à travers son énonciation même. Enonciation par essence
menacée, l’œuvre littéraire lie en effet ce qu’elle dit à la légitimation des conditions de son
propre dire. La scénographie apparait ainsi à la fois comme ce dont vient le discours et ce
qu’engendre ce discours.
Positionnement de l'écrivain dans le champ littéraire
 Objectifs spécifiques:

 définir et identifier un discours constituant ;


 dire pourquoi la littérature est un discours constituant ;
 dire en quoi consiste le positionnement de l’écrivain ;
 définir la paratopie et citer les différentes formes de paratopie ;
 établir la relation entre la constituance littéraire et le positionnement de l’écrivain.
 La notion de positionnement ne peut se comprendre en réalité qu’à partir de
l’interdiscours qui est l’espace au sein duquel tout discours prend sens. L’interdiscours
suppose qu’en face du discours, et donc du discours littéraire, se trouvent d’autres
discours vis-à-vis desquels il réagit en les reprenant, les complétant, les interprétant,
les justifiant. Il est donc le lieu de dialogue, d’interaction avec ces discours, mais
aussi le lieu de leur « réflexion ». Le positionnement mérite d’être appréhendé à la
lumière de deux autres notions complémentaires et fondamentales en analyse du
discours. Il s’agit du « discours constituant » et de la « paratopie ».
 Notion introduite par Maingueneau et Cossutta pour caractériser les discours qui
servent de garants à la multiplicité des productions discursives, le discours
constituant désigne tout discours dont l’énonciation est porteuse de sa légitimité. La
constituance du discours littéraire réside dans la manière d’être de l’écrivain, dans
l’énonciation même de son œuvre. Même si le discours littéraire relève de
l’interdiscours comme tout autre discours d’ailleurs, sa position dans la hiérarchie de
l’interdiscours le place au sommet d’un certain nombre de discours
 L’œuvre littéraire émerge généralement dans un champ constitué de plusieurs autres
discours desquels elle doit se démarquer, se singulariser. Il s’agit d’un espace de
confrontation entre divers positionnements, un champ dans lequel tout geste créateur
implique une certaine représentation de l’écrivain.
 Le terme « positionnement » désigne à la fois les opérations par lesquelles une
identité énonciative se pose et se maintient dans le champ littéraire et cette identité
même. Le positionnement se traduit donc dans les choix qu’effectue l’écrivain aux
plans esthétique et éthique et qui le singularisent.
 La paratopie par contre est la localité paradoxale de l’écrivain, c’est à dire ce dont il
cherche à se libérer par sa création et ce que la création approfondie. Elle est à la
fois ce qui donne la possibilité d’accéder à un lieu et ce qui interdit toute
appartenance. Selon Maingueneau (2016 : 27) « Toute paratopie, minimalement, dit
l’appartenance et la non appartenance, l’impossible inclusion dans une topie ». La
paratopie peut être identitaire, sociale spatiale, linguistique etc.
 Le discours littéraire en tant que discours constituant est le lieu de positionnement de
l’écrivain (nécessité pour une parole singulière). Mais cette nécessité est en même
temps ce qui explique et justifie la paratopie, car la parole littéraire n’est pas celle de
l’absolue, mais celle d’une incessante de reconfiguration. La paratopie de l’écrivain
instaure le discours littéraire dans une dynamique qui assure sa vivacité et sa
signifiance.

La lecture comme énonciation


 Objectif spécifique: montrer comment la lecture peut être considérée comme une
énonciation.
 Concevoir la lecture comme une activité d’énonciation, c’est à dire de manifestation
et d’inscription de la subjectivité du lecteur, revient à penser le texte littéraire non plus
comme dépositaire d’un sens à découvrir mais comme l’inscription de virtualités que
le lecteur est appelé à actualiser. Le narrateur d’un texte écrit n’est pas le substitut
d’un locuteur en chair et en os, mais une instance qui ne soutient l’acte de narrer que
si le lecteur le met en mouvement.
 En un sens, c’est le lecteur (co-énonciateur) qui énonce à partir des indications dont
le réseau total constitue le texte de l’œuvre. Ce qui existe résolument donc, c’est
d’abord le texte et rien que lui et ce n’est qu’en le soumettant à un type particulier de
lecture que nous construisons un univers de sens. La lecture doit faire surgir un
univers imaginaire à partir d’indices lacunaire et flou. Une part considérable du travail
d’interprétation est laissée aux lecteurs pour reconstruire les chaînes de reprises
pronominales, combler les ellipses dans l’enchaînement des actions, identifier les
personnages, repérer les sous attendus, etc. A cette fin, le lecteur doit, non
seulement disposer des compétences, mais aussi occuper la place qui lui est
assignée dans le processus d’énonciation. Ce qui implique différents types de
lecteurs
 Le lecteur convoqué
 Il s’agit de l’instance à laquelle le texte s’adresse explicitement comme son
destinataire. Il peut être apostrophé dans le texte comme le fait Daniel Lawson-Body :
« lectrices et lecteurs qui prenez connaissance de ces pages et qui en êtes peut-être
choqués, souvenez-vous que la description d’un art n’est pas cet art »
(Damas, 2009 :137). Il peut aussi être convoqué par le biais d’un changement de
niveau énonciatif dont les indices sont : la deuxième personne du singulier (tu) et la
première personne du pluriel (nous) et deuxième (vous), les adjectifs qui se réfèrent à
ces pronoms.
 Le lecteur institué
 Nous pouvons entendre par lecteur institué l’instance qui implique l’énonciation
même du texte selon que celui-ci relève de tel ou tel autre genre. Il y a des types de
romans qui supposent par exemple un lecteur détective, qui, sans cesse scrute le
texte, revient sur ses pas à la recherche des vices ; d’autres construisent des
suspenses qui aspirent le lecteur vers le dénouement ; d’autres instituent un lecteur
plein de bonne volonté pour s’instruire. Par le vocabulaire également, l’emploi d’une
variété linguistique ou les constructions d’une relation intertextuelle, une œuvre va
supposer les caractéristiques variées des lecteurs
 Le lecteur coopératif
 Pour être déchiffré, le texte exige du lecteur institué qu’il soit coopératif, c'est-à-dire
capable de construire l’univers fictif à partir des conditions qui lui sont fournies (par le
texte). Ce lecteur coopératif Umberto Eco l’appelle « le lecteur modèle ».

Conclusion
 L’analyse du discours ouvre de manière générale de nouvelles perspectives dans la saisie
du phénomène linguistique. Quelle que soit son orientation, son objet demeure le discours,
c’est-à-dire la combinaison du linguistique et de l’extralinguistique. Pour la littérature, elle
devient le lieu d’appréhension de l’œuvre de fiction comme un tout, une globalité, c’est-à-dire
le « dehors » et le « dedans », le « fond » et la « forme », le « texte » et le « contexte »
comme un ensemble réflexif.

1. L’analyse du discours est une discipline qui :


1. étudie l’énoncé tout simplement au plan linguistique
2. se trouve au carrefour des sciences humaines
3. en plus de la linguistique convoque plusieurs autres disciplines
4. étudie l’énoncé à partir de sa situation d’énonciation
5. au début étudiait les liens entre discours et idéologie
2. Le discours
1. est une forme d’énonciation
2. est une forme d’action
3. n’est rien d’autre qu’une manière d’appréhender l’énoncé
4. est interactif signifie que le monologue en est exclu
3. l’approche énonciative en analyse du discours consiste à :
1. étudier les liens entre l’énoncé et sa situation d’énonciation
2. étudier l’encrage de l’énonciataire dans la situation d’énonciation
3. n’étudier que l’embrayage spatio-temporel
4. aucune des propositions n’est vraie
4. La scène englobante
1. définit le genre de discours
2. indique le champ discursif
3. postule un lecteur institué
4. aucune des propositions n’est vraie
5. L’approche pragmatique
1. stipule que le discours dépend des mécanismes discursifs mais aussi du
contexte social
2. considère la performance comme la capacité à réaliser l’acte de langage
selon le contexte
3. pose le problème des conditions nécessaires à la réussite d’un acte de
langage
4. aucune des propositions n’est vraie
6. L’interdiscours
1. est la relation entre les discours
2. est le lieu du dialogisme
3. peut être composé de différents genres discursifs
4. est la manifestation d’une hétérogénéité discursive
5. peut être composé de différents types discursifs
6. est ce qui justifie la constituance du discours
7. La lecture comme énonciation
1. signifie que l’œuvre littéraire a un sens qu’il faut découvrir
2. suppose que le lecteur contribue à la création des sens de l’œuvre
3. signifie que la subjectivité du lecteur a sa place dans l’interprétation de
l’œuvre
4. prend en compte le fait que c’est le texte qui fournit au lecteur les virtualités à
actualiser.
8. Le dialogisme
1. est une approche énonciative
2. est la manifestation de la polyphonie
3. prône le rejet de la conscience individuelle
4. stipule que même le monologue est dialogale
5. peut se traduire par l’hétérogénéité montrée
9. L’analyse du discours littéraire
1. déplace l’axe d’étude des textes littéraires
2. permet de combiner le linguistique et l’extralinguistique
3. permet d’étudier l’inscription dans les textes de la subjectivité
4. replace les œuvres dans leur situation d’énonciation
5. donne d’étudier comment le texte gère son contexte
6. toutes les propositions sont vraies
10. La scène générique
1. est une scène d’interaction entre énonciateur et énonciataire
2. définit le type de discours
3. peut faire appel à une multiplicité de genre
11. La polyphonie
1. est l’ensemble des relations dialogiques
2. est le produit du dialogisme
3. selon Ducrot rejette l’unicité du sujet parlant
4. est l’expression d’une diversité de voix
5. sous-entend une hétérogénéité constitutive
12. Selon Ducrot
1. le sujet parlant est l’instance responsable du point de vue
2. le locuteur peut ne pas être énonciateur
3. l’énonciateur n’est pas responsable du point de vue
13. L’énonciation
1. est l’acte qui produit le discours
2. peut être mise en place par la modalisation
3. est le cadre d’expression de la subjectivité
14. Le lecteur institué
1. est celui que postule la scène générique
2. peut ne pas être un lecteur coopératif
15. La polyphonie
1. traduit une multiplicité de voix
2. est la conséquence du dialogisme
3. remet en cause l’unicité du sujet parlant
4. introduit l’hétérogénéité discursive

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