Synthèse Étude Sociologique

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Étude sociologique de l’environnement

INTRODUCTION

Définition de la sociologie

La sociologie est la science qui étudie les phénomènes sociaux (objet) avec une méthode
spécifique, empirique, critique et réflexive (perspective et méthode) en vue de dégager des
modèles théoriques explicatifs (projet, objectif).

à Phénomène social : phénomène qui surgit dès qu’il y a une interaction entre des êtres
humains.

à Différents niveaux d’objets d’étude :

• Petit phénomène social (ex. : une classe) = microsociologie


• Phénomène social de grand ampleur (ex. : évolution de la société) = macrosociologie
• Entre les deux (ex. : institution scolaire) = mésosociologie

à Méthode de la sociologie :

• Méthode rigoureuse qui possède un caractère empirique : elle s’appuie sur des faits
concrets.
• Méthode critique : le sociologue se doit d’avoir un sens critique par rapport à l’objet
étudié. Or, parfois, il fait partie du phénomène social qu’il étudie. Chacun possède ses
valeurs, ses opinions à risque de prendre appui sur ses préjugés. Le sociologue doit
tendre à atteindre une certaine neutralité et doit donc être critique pour déconstruire ce
qu’il sait déjà ou ce qu’il croit savoir.
• Méthode réflexive : le sociologue doit être conscient de ce qu’il sait ou de ce qu’il croit
savoir. Il doit réfléchir à ses propres catégories de pensée.

à Objectif : proposer des modèles théoriques qui vont permettre de mieux comprendre certains
pans de la société qui nous entoure.

à Caractère non normatif : la sociologie est caractérisée par une non-normativité. Les
sociologues étudient la réalité qui nous entoure avec un maximum d’objectivité. Ils n’ont pas
pour objectif de dire ce qu’il faudrait faire et comment il faudrait le faire. L’idée reste bien
d’être le plus critique et le plus neutre possible.

! Faire la différence entre expliquer et excuser ! Certains politiques brandissent parfois l’idée
« d’excuses sociologiques ». Il faut garder à l’esprit qu’expliquer n’est pas excuser. En
sociologie, on cherche à comprendre et à expliquer certains comportements sans pour autant
vouloir les excuser. Identifier le problème peut aider à trouver des solutions.

à Vérité sociologique : universelle. Les vérités sociologiques ne sont jamais universelles ou


immuables étant donné que la réalité évolue constamment donc ce qui est vrai à un moment ne
l’est pas forcément à autre moment + ce qui est valable à un endroit ne l’est pas forcément
partout.
à Particularité de la sociologie : il est important de comprendre que la particularité de la
sociologie n’est pas tant liée à son objet d’étude qu’à la manière dont elle l’étudie. à La
perspective adoptée pour analyser la réalité sociale (+ que la nature de l’objet étudié).

Ex. : l’acte de pleurer

Pour éclairer ce phénomène, on peut faire appel à de nombreuses disciplines :

- La psychologie : pour pointer le rôle joué par les émotions


- La physiologie : pour pointer le fonctionnement du corps
- L’anthropologie : pour pointer le rôle joué par le système culturel (par exemple, grande
retenue des émotions au Japon et grande expressivité en Espagne)
- La sociologie : pour comprendre pourquoi certains groupes pleurent et d’autres pas au
sein d’une même société (âge, genre, …).

ð Toutes ces disciplines sont complémentaires. La sociologie peut donc s’appuyer sur
celles-ci pour élaborer des théories et comprendre un contexte social particulier. La
sociologie va permettre de comprendre comment nos comportements ont été
socialement construits. Elle souligne la dimension sociale du comportement humain.

à La sociologie axe toute sa démarche sur l’identification de la construction sociale. Ce que je


pense, ce que je fais, ce que je ressens s’explique toujours en partie par cette construction
sociale.

à Au fur et à mesure de son développement, la sociologie s’est spécialisée dans différents


domaines (sous domaines : travail, santé, famille, politique, culture, …).

à Influence de l’angle d’approche, du paradigme retenu


L’individu et la société font partie de la même réalité, ce sont les deux composantes d’une seule
et même réalité.

Ex. du filet de pêche : est-il plus correct de dire que les fils sont dans le filet ? (Est-ce que les
individus sont dans la société ?) à Non, les fils constituent le filet (les individus constituent la
réalité). La réalité sociale a donc une composante individuelle et collective. Par conséquent, on
regarde soit son ensemble (le filet) soit l’individu (les fils). L’un n’existe pas sans l’autre.

L’approche sociologique est liée à cette particularité. On ne peut pas étudier l’individu en le
déconnectant de la société et la société ne s’étudie pas sans l’individu.

Tous les sociologues ne vont pas analyser les choses de la même manière :

Certains étudient la société à déterminisme (l'individu ne choisit pas son action, il est contraint
de la réaliser sous le poids de la société).

Certains étudient l’individu à actionnisme (courant de la sociologie qui fonde l'explication


des faits sociaux sur les actions produites par les individus.
L’utilisation du concept de « culture »

à Le terme « culture » est polysémique : champs, connaissances, pratiques culturelles mais


aussi coutumes/usages/traditions propre à chaque société.

à 2 définitions :

TYLOR, 1871: « ensemble complexe qui comprend les connaissances, les croyances, l’art, le
droit, la morale, les coutumes et toutes autres aptitudes et habitudes qu’acquiert l’homme en
tant que membre d’une société »

ð Cette définition renvoie à l’usage que font les anthropologues du terme « culture ». Ils
étudient des cultures différentes de la nôtre (tribus, sociétés éloignées culturellement) et
brossent un portait le plus précis possible de leur mode de vie. Ils vont sur le terrain et
recensent comment se construisent les connaissances, les croyances, l’art, etc. à
description descriptive.

ROCHER, 1992 : « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir plus ou moins
formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d’une
manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité
particulière et distincte »

ð Description moins descriptive, la définition est à prendre au sens sociologique du terme.

- « ensemble lié de manières de penser, de sentir et d’agir » : cette partie évoque tous les
registres de l’activité humaine. La culture est dans toutes ces activités, qu’elles soient
cognitives (la manière dont on pense est codifiée par une culture), émotives (la manière
dont on exprime les émotions varie d’une culture à l’autre) ou relèvent de l’action.

è Rien de ce que pense, fait ou ressent l’homme n’échappe à la culture. Seuls les
réflexes purs échappent à l’influence culturelle (reprendre de l’air quand on étouffe,
cligner des yeux lorsqu’il y a un gros bruit, …).

- « ces manières peuvent être plus ou moins formalisées » : certaines choses sont
formalisées, codifiées, explicites (ex. : les lois, le règlement, …) et d’autres pas (ex. : se
faire la bise sur les deux joues en France).

- « apprises et partagées par une pluralité de personnes » : la culture s’acquiert par un


apprentissage, c’est n’est pas inné. La culture est collective et partagée par plusieurs. Le
terme « pluralité » est volontairement choisi par l’auteur car il permet de renvoyer à des
tailles variables (plusieurs = dizaine, centaine, milliers voir million).

- « servent d’une manière à la fois objective et symbolique à constituer ces personnes en


une collectivité particulière et distincte » : la culture agit, elle sert à distinguer les
collectivités entre elles en les faisant fonctionner sur une base commune à l’intérieur
d’un même groupe (la culture).
Auparavant, les travaux sociologiques cherchaient à comprendre LA culture. Au fur et à
mesure, les sociétés se sont différenciées sur la plan du travail, la plan culturel, religieux,
politique à il y a une différenciation au sein d’une seule et même société. Par conséquent,
l’usage du mot LA culture est devenu problématique. En effet, il n’existe plus une seule culture
unifiée pour l’ensemble de la société. On parle donc de multiplicité des systèmes culturels.

Multiplicité des systèmes culturels

Comment est-ce arrivé ?

- La mondialisation a contribué au développement de systèmes culturels différents (ex. :


les manges, les anglicismes, Halloween, etc.).

- Intériorisation (interprétation, marge de liberté) différenciée des valeurs et normes


sociales selon les individus.

- La manière dont les choses évoluent au travers du temps (l’évolution des croyances par
exemple). Évolution des systèmes de valeurs et de normes.

- Les groupes sociaux se distinguent par différentes caractéristiques et possèdent


généralement leurs propres valeurs, leur propre culture que l’on peut appeler « sous-
culture ».

ð Aujourd’hui, on a rajouté le terme de sous-culture pour renvoyer à une collectivité


particulière qui s’inscrit dans une culture plus englobante.

Contre-culture : idée d’opposition. Les contre-cultures se définissent par opposition à


une culture dominante (anarchiste, skinheads, …).

Un biais de la pensée : l’ethnocentrisme

L’ethnie, et par extension notre culture, serait mise au centre. Notre culture serait alors perçue
comme le centre, le point de référence. On aurait donc « la culture de référence » et cette
tendance de penser qu’elle est supérieure aux autres formes culturelles. Parfois, l’inverse se
produit et on considère les autres cultures comme meilleures par rapport à la nôtre (ex. : la façon
dont les sociétés capitalistes peuvent voir les sociétés plus « simples » comme meilleures).

L’ethnocentrisme revient à voir le monde au travers son propre filtre culturel et donc pas de
manière objective. C’est un défaut de la pensée qui déforme notre perception des choses, celle-
ci est culturelle et liée à nos codes, nos références.

En sociologie, il faut être conscient de ces biais (autant dans notre subjectivité que dans notre
collectivité avec l’ethnocentrisme). L’ethnocentrisme amène à une absence de neutralité et à
des jugements de valeur.

Étant donné que la culture peut se déployer à l’échelle de sous-cultures, l’ethnocentrisme peut
survenir à l’échelle de sous-cultures. Exemple : l’ethnocentrisme religieux, jugement de valeur
qui s’appuie sur notre point de référence, notre culture religieuse / l’ethnocentrisme de classe :
un groupe social va avoir tendance à regarder le monde à travers son cadre de référence lié à sa
classe sociale et va juger les pratiques d’autres classes en les considérant comme moins biens.
La culture comme une orientation de la sociologie

à Sociologie de la culture : étude des conditions sociales de la production, de la distribution et


de la consommation des biens culturels.

à Biens culturels : biens (uniques ou reproductibles) ou représentations produits en vue de


satisfaire un besoin esthétique à la source d’émotions et/ou de distinction sociale.

« tous les goûts sont dans la nature » vs « tous les goûts sont dans la culture »

La première expression porte en elle l’idée que les goûts ne seraient qu’une affaire purement
personnelle et individuelle. Bien au contraire, les goûts sont loin d’être une affaire individuelle.
L’individu est façonné par les influences culturelles. Ses goûts, centres d’intérêt sont façonnés
par l’environnement social et culturel dans lequel il évolue.
BOURDIEU

La distinction, 1979

à Théorie de la légitimité culturelle

à Les concepts de :

• Champ
• Habitus
• Capital (économique, social, culturel et symbolique)

à La domination culturelle (culture légitime), la violence symbolique...

à Homologie des hiérarchies

L’espace social

Pour Bourdieu, l’espace social est un espace organisé, un système de positions sociales qui se
définissent les unes par rapport aux autres. C’est donc un système de différences.

L’ordre social, dans une société donnée, n’est rien d’autre que le système global des espaces
sociaux, constitués par des ensembles de positions définies.

Concepts de Bourdieu

Le champ

= espace spécifique donné dans lequel des déterminations particulières contribuent à produire
une certaine gamme d’interactions.

= sorte de microcosme pertinent en regard d’une certaine fonction sociale (champ artistique,
économique, familial, …)

= espace social où se déroulerait un jeu particulier ayant ses propres règles et enjeux ; lieu de
concurrence et de lutte.

Un des principes pour pouvoir analyser des comportements, c’est la contextualisation. Le


champ renvoie à cet espace qui n’est pas forcément géolocalisable. Il y a des contextes, champs,
qui renvoient à des univers qui existent au sein de la société qui n’ont pas besoin d’une
délimitation géographique pour exister (champ artistique, économique, familial,).

Chaque champ a ses propres règles du jeu et enjeux. Étant donné qu’ils possèdent une logique
propre et une finalité particulière, les champs renvoient à des espaces sociaux dans lesquels
auront lieu des comportements particuliers en lien avec ces champs. Les champs sont aussi des
lieux de concurrence et de lutte pour occuper la position la plus intéressant dans ces espaces
particuliers.
D’un champ à l’autre, un individu peut changer de position. Un individu peut être dominant
dans un champ mais pas forcément dans un autre (une personne riche sera dominante dans un
champ économique mais par forcément dans le champ artistique par exemple).

Dans La Distinction (1979), Bourdieu s’attache à étudier les liens qui existent entre :

- Les positions sociales (origine sociale mesurée à partir de la profession du père)


- Les pratiques culturelles dans les années 1960 (types de sports, de musique, d’activités).

à Constats de son enquête :

- Il existe un lien entre les pratiques culturelles et le niveau d’instruction des individus à
corrélation statistiques (deux variables sont reliées, si l’une change, l’autre aussi).

- A un même niveau d’instruction, on voit apparaître plusieurs regroupements de


pratiques un peu différentes les unes par rapport aux autres. Il y a plusieurs nuages de
pratiques qui émergent à nouvelle variable explicative, à savoir l’origine sociale. A un
même niveau d’instruction, les personnes provenant d’un milieu plus modeste ont
tendance à s’orienter vers des formes culturelles plutôt traditionnelles. Les personnes
provenant d’un milieu plus favorisé se détachent de ces formes culturelles
traditionnelles pour se tourner vers des formes culturelles plus inédites, moins
facilement compréhensible par le grand public.

Intérêt majeur de cette recherche : expliquer ces liens (perspective relationnelle : étudier le lien
entre positions sociales et pratiques culturelles à distinction).

à Classe sociale

« Ensemble d’individus présentant des caractéristiques, des comportements identiques ou


semblables. Une classe se définit par rapport aux autres en fonction de sa structure en
capitaux. » è Une classe se définit toujours par rapport aux autres. La classe moyenne est
moyenne car elle est entre les deux autres. La classe supérieure est supérieure parce qu’elle est
au-dessus des autres. En général, on a une lecture de la société en trois grands groupes (riche,
moyen, pauvre).

Grâce à Bourdieu, on peut affiner cette analyse de la société. Dans les riches, il y a les riches,
les très riches, les ultras riches, etc. Il en va de même pour la classe populaire et la classe
moyenne. A l’intérieur d’une même classe, il y a des subdivisions et cela a des conséquences
sur les modes de vies et pratiques.

à 4 formes de capitaux

Les classes sociales sont définies par leur structure en capitaux. Le terme de « capital » provient
des sciences économiques mais a été récupéré par la sociologie. Le capital, en sociologie, reste
une ressource mais qui va attribuer un avantage social.

- Capital économique : il recouvre le patrimoine dont on dispose, nos économies, salaires,


biens matériels avec beaucoup de valeur (bijoux, œuvres d’art, …).
- Capital social : réseau de relations que l’on possède, le « carnet d’adresse ». La taille de
ce réseau et les personnes qui le constituent définissent l’importance de ce capital.

- Capital culturel : décliné en trois subdivisions à incorporé, objectivé, institutionnalisé.

• Institutionnalisé : lorsqu’une institution reconnait au travers d’un document


officiel (diplôme) un certain niveau de ressources culturelles.
• Incorporé : comment notre corps va refléter ces ressources culturelles, il va
traduire un certain niveau de ressources culturelles (notre posture, certains
usages, la manière dont on parle, …).
• Objectivé : les objets culturels dont on dispose (ex. : une bibliothèque objective
un certain niveau de culture / un piano reflète certaines compétences culturelles).

- Capital symbolique : image sociale qu’un individu va renvoyer vers les autres. Cette
image sociale va être plus ou moins valorisée en fonction des autres capitaux dont on
dispose. Si nos capital social, culturel et économique sont important, on aura une bonne
image sociale et donc un bon capital symbolique. Le capital symbolique n’est pas
forcément l’addition des trois autres capitaux, il s’appuie dessus mais c’est surtout
l’image qui en découle. L’image socialement renvoyée va agir comme une ressource à
part entière. Cette image agit alors en notre faveur ou en notre défaveur.

Chaque capital pris séparément constitue déjà un critère de catégorisation/différenciation


sociale. Tous les capitaux pris ensemble vont former une certaine structure qui va permettre de
mieux lire les classes sociales et les différentes groupes qui constituent la société.

Le capital va dépendre du champ dans lequel on se trouve. Les capitaux qu’on possède sont
comme des « cartes ». Celles-ci peuvent être super utiles dans un certain champ/jeu mais ne
rien valoir dans un autre champ. Les capitaux que l’on possède ne sont pas forcément reconnus
de manière identique étant donné qu’en fonction des enjeux du champ dans lequel je me trouve,
certaines cartes seront privilégiées par rapport à d’autres.

Nos capitaux sont évolutifs, ce ne sont pas des cartes immuables car en fonction des
choix/investissements, je peux faire progresser certains de ces capitaux. Dans les études, on
injecte du capital économique pour obtenir un capital culturel plus important.

Les capitaux sont relatifs car ils se comparent à d’autres. Le capital permet de faire la distinction
entre les classes sociales mais également des distinctions au sein d’une même classe sociale. à
capital = relatif et distinctif.
Dans les classes supérieures, la distribution des capitaux peut prendre trois configurations
différentes. La quantité reste toujours la même, seule la répartition varie. Le volume global reste
donc semblable. Dans la classe supérieure, on retrouve des fractions de classes, des subdivisions
qui renvoient à des classes sociales différentes.

1. Patrons d’entreprise : haut capital économique mais capital culturel plus bas.
2. Professions libérales (avocat, médecin…) : demande un diplôme et possède un bon
salaire.
3. Professeur d’université : gagne bien sa vie mais les ressources culturelles dominent.

Pourquoi y a-t-il moins de diversité en bas du schéma par rapport à ce qu’on peut retrouver au
milieu et au-dessus ? Le montant global des ressources est faible donc moins de variations dans
le capital culturel.

Avec cette enquête, Bourdieu fait apparaître des grandes tendances. Cependant, il ne faut pas
exclure les cas particuliers (ex. : ouvrier fan de comédie musicale ou prof d’universiété fan de
pétanque).

Qu’est-ce qui définit ces tendances ? L’habitus.


L’habitus

à Habitus : concept pour désigner le résultat de l’intériorisation des contraintes et des


possibilités offertes par une position objective sur la structure sociale. Ce sont des
DISPOSITIONS socialement acquises.

= comment les individus intériorisent leur position sociale avec les ressources qui définissent
cette position sociale. Ils intériorisent les atouts et les limites que leur impose cette position
sociale. à Il s’agit donc de ce qui nous guide, ce qui oriente nos pratiques au sens large. Ce
n’est pas inné, ce sont des dispositions socialement construites. Les goûts, intérêts sont façonnés
par la socialisation (modèle de comportements intériorisés au fur et à mesure de notre
éducation).

L’habitus est souvent associé à une sorte de boussole interne (qu’est-ce qui fait que je suis guidé
vers ce centre d’intérêt, ce gout, cette vision du monde, …) intériorisée par le processus mis en
évidence par Bourdieu.

Les habitus sont mobilisés dans les différents champs, ils ont chacun leur règle du jeu, leurs
enjeux et l’habitus va nous guider dans ces champs. Notre habitus fait qu’on est à l’aise dans
un certain champ et peut-être moins dans un autre car on n’en a pas les codes.

à Il y a deux types d’habitus :

- Primaire : l’habitus est le résultat de la socialisation, celle-ci commence dès l’enfance.


On construit notre boussole durant l’enfance qui continue à se façonner durant l’âge
adulte.

- Secondaire : l’habitus secondaire peut être différent de l’habitus primaire, il se


développe à l’âge adulte. Ex. : transfuge de classe, très grande mobilité sociale à grâce
à de bonnes études et un bon travail, bond dans l’échelle sociale. On occupe alors une
place assez différente de celle qu’on avait à la naissance.

à Individu à la fois personnage (déterminé) et acteur (libre)

• Déterminé car on ne peut jouer qu’avec les cartes que l’on possède, elles déterminent
nos choix.

• Libre car on est libre de faire des choix différents (frère et sœur ont les mêmes cartes
mais peuvent les utiliser différemment). Les cartes (capitaux) sont évolutives : on peut
faire le choix de faire des études (diminue le capital économique) pour obtenir plus de
ressources culturelles.

à Violence symbolique

La représentation des choses des dominants s’impose comme allant de soi. Ce concept de
violence symbolique a été imaginé par Bourdieu pour expliquer ce principe de domination
sociale. C’est un outil par lequel on va asseoir cette domination. Sa force : elle passe inaperçu !
Bourdieu explique que pour dominer quelqu’un, il y a deux possibilités : la violence physique
(visible à assez mal vue + s’estompe une fois que la contrainte disparait) et la violence
symbolique (subtile et diffuse un peu partout).
Si la violence symbolique fonctionne c’est parce que les dominés vont accepter ce classement
qui n’est pas le leur et qui leur est imposé. La légitimé de ce classement est accordée par les
dominants et les dominés (ex. : classement des pratiques culturelles, l’opéra est considéré
comme plus légitime que la pétanque). Toutes ces classifications s’imposent, sont intériorisées
et on réfléchit à partir de ce cadre de référence qui n’est pas en faveur des dominés mais qu’on
intègre quand même dans la manière de se positionner par rapport aux autres.

« Le concept de violence symbolique propose une explication du maintien de l'ordre social


inégalitaire par l'incorporation par les dominés des classifications et hierarchisations au sein
des institutions sociales (marché du travail, système d'enseignement,etc.), qui en incorporant
ces éléments en viennent à les intérioriser et ainsi à percevoir les rapports entretenus avec les
dominants et les inégalités de condition, comme étant légitimes1. La violence symbolique est
conceptualisée selon Bourdieu comme étant résultante de la légitimité qu'accordent les
dominés, par processus d'incorporation, aux normes et dictats des dominants; la légitimité est
à la fois la condition, le produit et l'enjeu de la violence symbolique »

à Homologie structurale

Bourdieu explique que l’échelle sociale va fonctionner en parallèle avec l’échelle de légitimé
des pratiques culturelles. C’est ce qu’on appelle l’homologie structurale. Il existe des pratiques
typiquement populaires qui ont été amenées par les individus possédant peu de ressources. Il
existe également des pratiques culturelles de classe moyenne qui ont été créées par les habitudes
de la classe moyenne. Il en va de même pour la classe dominante, celle-ci est guidée par son
habitus vers certaines pratiques plutôt que vers d’autres.

Les pratiques culturelles n’ont pas toutes le même degré de légitimité. Socialement, le théâtre
est plus valorisé que le cinéma qui lui-même est plus valorisé que la télévision. Les classes
dominantes sont celles tournées vers les pratiques les plus légitimes (théâtre, musée, exposition,
etc.). Cette échelle de légitimité s’impose à tous de la même façon, c’est évidemment arbitraire
et relève de la violence symbolique. Les dominants ont imposé leurs pratiques culturelles
comme légitime et tout le monde accepte ce classement.

ð Les écarts sociaux se transposent donc au niveau des pratiques culturelles en créant des
écarts de pratiques. Ce pratiques relèvent la position sociale à laquelle nous sommes
attachés. Ces écarts sont évolutifs. Le système d’écarts (évolutifs) se traduit par des
marqueurs associés à l’habitus à maintien de la distinction ( ??? what).
Que se passe-t-il lorsque la classe moyenne adopte les pratiques de la classe supérieure ? Il
n’y a plus d’écart dans les pratiques culturelles à dès qu’une pratique culturelle n’est plus
réservée à la classe dominante, celle-ci délaisse la pratique et en trouve une nouvelle (ex. :
hôtels 3 étoiles maintenant assez accessibles à crée des hôtels 4 étoiles / avant la boxe était
un sport d’aristocrates). Conserver ces différences dans les pratiques culturelles permet aux
classes supérieures de maintenir l’écart avec les classes inférieures et ainsi de maintenir la
distinction sociale.

Toutes ces réflexions se basent sur des travaux des années 60, qu’en est-il aujourd’hui avec
l’apparition de nouvelles pratiques culturelles ? Quels sont les nouveaux codes de la
distinction ?

Article 1 : « Les nouveaux codes de la distinction », Xavier Molénat

à Les pratiques légitimes restent l’apanage des plus favorisés. Cependant ils n’y cantonnent
plus en s’incluant dans les pratiques culturelles plus basses.

à On observe un éclectisme dans les pratiques des plus privilégiés >< un « spécifisme » au
sein des classes populaires.

à Les hiérarchies n’ont pas disparue : elles apparaissent dans de nouveaux registres (ex. : série
TV) ; les hiérarchies entre genres deviennent des hiérarchies à l’intérieur des genres (rare vs
commun). è Bien que les pratiques culturelles se soient diffusées, la hiérarchie est toujours
présente. A l’intérieur des genres eux-mêmes, il y a des nouveaux classements qui se sont
rajoutés et qui viennent alimenter ces espaces de distinction qui peuvent apparaitre entre ce qui
est rare, commun, grand public, …

à On observe une distinction dans le rapport à la culture (manière de la découvrir, de s’en


remettre à la critique spécialisée ou de masse, habilité à classer et manier les catégories… =
manière de les consommer ou de les pratiquer).

è La logique distinctive n’a pas disparu, elle est plus diffuse et se matérialise de différentes
façons.
Article 2 : « Entretien avec Bernard Lahire »

Bernard Lahire

L’acteur pluriel, 1998

La culture des individus, Dissonances culturelles et distinction de soi, 2004

à Variations inter- et intra-individuelles des comportements culturels

à Inégalités culturelles

à Consonnance vs dissonance

Lahire va s’inscrire dans la continuité des travaux de Bourdieu tout en amenant une certaine
rupture en remettant en cause certains points de la théorie bourdieusienne. Il va s’intéresser à
toute une série de variations que Bourdieu laissant de côté. Il vient donc compléter le modèle
de Bourdieu avec des exceptions : variations inter- et intra-individuelles.

Dans un même groupe, il existe des variations entre les individus mais aussi au sein d’un même
individu (un individu peut être intéressé par des éléments légitimes dans certains registres et
par des éléments plus populaires et moins exigeants dans d’autres registres).

Lahire va revenir sur les inégalités culturelles avec les principes de consonance et de dissonance
culturelles. Grâce à ces concepts, il va expliquer pourquoi certaines personnes ont une
consonance culturelle (cohérence dans les pratiques culturelles) et pourquoi d’autres ont une
dissonance culturelle (variations intra-individuelles).

Questions en rapport avec la vidéo :

1. Quelle remise en cause Lahire fait-il de la notion d’habitus?

Bourdieu : l’habitus est un système de dispositions qui circulait d’un domaine de pratique à un
autre. à Idée de transférabilité des dispositions. Cet ensemble de dispositions sociales nous
guiderait toujours de la même manière dans tous les domaines (ex. : si aisance dans le domaine
économique alors aisance dans le domaine du langage).

Lahire : ce ne serait pas si automatique. Le processus de socialisation produit notre habitus


particulier. Lahire s’intéresse au contexte de la socialisation. Si on évolue dans une société où
les conditions de socialisation sont assez homogène, notre habitus sera homogène. Si on évolue
dans une société diversifiée, notre habitus sera plus ou moins hétérogène (ex. : modèle scolaire
différent du modèle familial et différent encore du modèle qu’on retrouve dans nos loisirs =
habitus plus diversifié). Dans certaines sociétés, la socialisation des individus va être homogène
(ex. : petite société au milieu de la forêt amazonienne sans internet, sans classe sociale, sans
beaucoup de loisirs). Dans ce cas, la socialisation est marquée par des modèles assez semblables
à habitus homogène. Dans nos sociétés occidentales, la socialisation des individus va être
assez hétérogène car il y a beaucoup de diversités de classes sociales, de croyances, de milieux
professionnels. Dans ce cas, la socialisation est marquée par des modèles assez différents à
habitus plus hétérogène.

2. Qu’est-ce qui génère la pluralité des dispositions (ou « l’homme pluriel »)?
Bourdieu : dans le modèle de Bourdieu, il y a des cas d’hétérogénéité mais ceux-ci sont rares
car ils relèvent de transfuge de classe (individu provenant de la classe populaire qui se serait
fait une place dans la classe dominante).

Lahire : pour Lahire, il existe bien des transfuges de classe mais il rappelle que ceux-ci sont très
rares. Cependant, il existe de nombreux petits déplacement (changement de carrière
professionnelle à mobilité professionnelle / influence du groupe d’amis à mobilité sociale).
Les individus intériorisent ces différents contextes et cela va avoir une incidence sur leur
habitus. Les individus apprennent à fonctionner différemment selon les contextes et
circonstances dans lesquels ils vont évoluer. L’individu est le résultat de tous ces contextes
socialisateurs qu’il n’a pas forcément choisi (ex. : école). Il va être capable de cloisonner ces
différentes expériences et de déployer ses comportements de manière différente selon les
espaces dans lesquels il se trouve.

Pour Bourdieu, nous sommes guidés par notre habitus. C’était naturel, on ne réfléchit pas.
Lahire affirme que si on a été sociabilisé dans des endroits différents, avec des codes différents
et donc pluriels, on n’a plus de chance de devenir réflexif. On se rend compte que notre manière
d’être ne correspond pas à certains contextes à nous pousse à être réflexif sur nos pratiques
(on se pose des questions sur notre façon d’être, sur notre façon d’agir ; on essaye de
comprendre pourquoi on n’est pas adapté à la situation pour tenter de s’y adapter). Si on se
trouve en permanence dans un même contexte socialisateur, on ne pose pas de question. Plus
on appréhende des contextes socialisateurs différents, plus on est pluriel et donc réflexif. Les
individus pluriels ont la capacité d’adopter les bonnes pratiques en fonction des circonstances
car ils les ont apprises.

3. En quoi son approche axée sur les pratiques individuelles reste-t-elle sociologique?

Pour Lahire, on peut étudier l’impact du social à l’échelle de chaque individu sans faire de la
psychologie. L’influence sociale va se marquer sur l’individu avec des sortes de plis. A la base,
la feuille de papier est bien lisse. Ensuite, chaque expérience socialisatrice va marquer un pli
(ex. : l’école). Grâce à l’approche basée sur l’individu, on n’est plus dans un découpage
cloisonné des différents espaces. Lahire prend en compte le fait que chaque individu traverse
des espaces qui se replient entre eux pour expliquer sa singularité (ex : deux frères avec le même
background seront différents car au cours de leur vie, ils n’auront pas les mêmes plis car
n’auront pas forcément les mêmes expériences).
4. Quel usage fait-il de la notion de « classes sociales »?

Lahire explique qu’il y a toujours des classes sociales si on regarde les conditions culturelles et
économiques. Des groupes se rassemblent avec le même niveau de ressources. Il refuse
cependant de caricaturer les différences entre les classes sociales. Si on regarde de plus près, on
voit que les pratiques se différencient pas mal, il y a donc des exceptions (è différence inter-
individuelle). Il faut bien analyser les statistiques : lorsqu’on analyse l’opéra, les personnes ont
un haut niveau de capital culturel mais ce n’est pas à partir de ce constat qu’on pourrait dire que
toutes les personnes à haut capital culturel vont à l’opéra. Les personnes qui ont les mêmes
caractéristiques n’ont pas forcément les mêmes pratiques.

5. Comment se distribuent les pratiques culturelles d’après Lahire?

Au sein des classes moyennes, on retrouve le plus haut taux de dissonance (très exigeant au
niveau de la lecture et regarder des blockbusters au niveaux du cinéma par exemple). Cela
s’explique par l’habitus qui résulte de la socialisation. Les classes moyennes ont pu fréquenter
des contextes socialisateurs diversifiés. Cette classe rassemble ceux qui montent, ceux qui
descendent et ceux qui étaient déjà là.
Pour la consonnance, cela s’explique par l’habitus homogène. Fréquentation de contextes
similaires. Les familles bourgeoises veuillent à ce que les enfants restent dans le même milieu.
A l’inverse, tout en bas, les classes populaires n’ont pas de volonté de reproduire les choses
mais la reproduction se fait par la force des choses. Si on possède très peu d’argent et de
ressources culturelles, il est difficile de changer la situation pour les enfants. Les conditions de
socialisation restent très homogènes à habitus homogènes à pas de pluralité. Les classes
supérieures et inférieures n’ont pas l’occasion de rencontrer des contextes de socialisation
différents.

6. Quel usage Bernard Lahire fait-il des notions de lutte et de distinction?

Les individus font bien la différence entre des pratiques élevées et basses. Ils hiérarchisent leurs
pratiques et se plaignent d’une partie d’eux-mêmes (car regardent la télévision par exemple).
Ils parlent de la lutte qu’ils peuvent avoir contre eux-mêmes car ils ont intériorisé cette
hiérarchie. La peur de chuter est un moteur de distinction, ne pas se laisser aller, ne pas
descendre dans la hiérarchie des pratiques culturelles et s’abrutir. Les individus, pensant à leurs
différentes pratiques, s’excusent pour certaines d’entre elles (je voulais me relaxer, j’étais
fatigué,…). Ces personnes ont les ressources pour adopter des pratiques culturelles plus élevées
et s’excusent de choisir des pratiques plus basses.
Dans la vie quotidienne, la distinction se fait par rapport à soi-même et par rapport à des
personnes très proches au niveau de l’entourage et pas tant avec les autres classes sociales.
La lutte se fait à l’échelle de chaque individu qui lutte contre lui-même qui est attiré par des
pratiques culturelles moins valorisées.

Article 3 : « La sociologie des pratiques culturelles », entretien avec Bernard Lahire

Caractère privé et gratuit d’une multitude de supports à brouille les frontières entre le prix et
le regard des autres. La norme sociale est pressante quand elle s’exerce en public. Par
conséquent, les hauts niveaux de capital culturel se laissent aller sans craindre le regard des
autres. Ceux qui ont un capital faible et n’oserait pas rentrer dans les sphères hautes peuvent le
faire de manière privée et gratuite.

Dans les médias, on retrouve principalement la culture du divertissement. Les médias sont un
canal de diffusion de la culture de masse. On retrouve des émissions où sur un même plateau
on a des personnes très différentes : écrivain, philosophe, acteur, … à mélange des genres qui
a amené un brouillage des pistes.

Auparavant, les élèves brillants étaient les élèves dans le domaine de la culture (histoire par
exemple). Avec l’évolution de la société et la place qu’ont pris le numérique et l’informatique,
on observe un glissement vers les maths et les sciences comme domaines les plus élevés. Ce
glissement n’a plus autant développé le gout pour la culture littéraire, artistique classique qui
désormais passe un peu à la trappe.

Les conditions de vie moderne sont très stressantes et attirent les individus vers des loisirs de
divertissement. à Beaucoup moins de lecteurs alors que le taux d’éducation n’a cessé
d’augmenter.

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