Art +hémogramme+cor+4 6+
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ARTICLE ORIGINAL
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En ce qui concerne le type d'intervention, la cure her- de fracture du fémur a été effectuée dans 12 cas. Les
niaire a été la plus fréquemment réalisée pour l’appareil interventions sur les autres types d’appareils n’ont pas
génito-urinaire (56 patients). Pour l’appareil digestif, été spécifiées.
l’anastomose intestinale sur occlusion (14 patients) et Sur 259 demandes d’hémogrammes réalisés, 176 soit
l’appendicectomie (12 patients) étaient majoritaires ; 69.95% sont revenus anormaux.
tandis que pour l’appareil locomoteur, l’ostéosynthèse Un patient peut présenter plusieurs anomalies à la fois
(Figure 2).
Figure 2 : Distribution des résultats en fonction des anomalies détectées dans l’hémogramme
La valeur moyenne de l’hémoglobine des patients a été essentiel de l’évaluation préopératoire et peut révéler
de 12,4 g/dl avec des extrêmes de 2,2 g/dl et de 20,0 une affection hématologique de façon fortuite.
g/dl. Pour le taux des leucocytes, il variait de 0,4 à 133 La tranche d’âge de 0 à 15 ans a été observée dans
G/L, avec une moyenne de 10,7 G/L. Quant aux pla- 37,45% des cas. Ceci pourrait s’expliquer par la haute
quettes, la valeur moyenne a été de 329,39 G/L avec des fréquence des pathologies chirurgicales chez l’enfant,
extrêmes de 21 et de 991 G/L. mais aussi par le grand nombre d’enfants à opérer pour
Parmi les patients ayant présenté des anémies, 51,22% hernie inguinale dans notre série. Les pathologies chi-
ont présenté une anémie microcytaire hypochrome, rurgicales de l’enfant sont fréquentes en Afrique et
51,22% ont présenté une anémie microcytaire hypo- représentent 11,3 à 15,5% des admissions pédiatriques,
chrome, 47,56% une anémie normocytaire normochro- 20 à 30% des consultations externes pédiatriques (7, 8).
me et 1,22% une anémie macrocytaire. L’anémie a été Des études maliennes et françaises ont également
discrète (12 à 10 g/dl) chez 60,98% des cas, modérée (8 confirmé que la cure de la hernie inguinale est l’une des
à 10g/dl) chez 28,05%, assez sévère (6 à 8g/dl) opérations les plus fréquentes en chirurgie générale par-
chez7,32% et sévère (inferieur à 6g/dl) chez3,66%. Une ticulièrement en Afrique où elle touche environ 4,6% de
hyperleucocytose avec polynucléose neutrophile à la population (9, 10).
77.22% a été constatée. La majorité des patients effectuant les bilans hématolo-
En fonction de la nature de l’intervention, l’anémie a été giques était non hospitalisée (50,97%) dans cette étude.
principalement observée lors des interventions liées à Les difficultés financières relatives à l’hospitalisation et
l’appareil génito-urinaire (48,80%), à l’appareil digestif certaines interventions qui ne nécessitent pas d’emblée
(14,65%) et à l’appareil locomoteur (14,63%), bien que une hospitalisation pourraient justifier cette fréquence.
la différence n’ait pas été jugée significative (p=0,08)
après une analyse bivariée. Concernant les leucocytes, Clinique
la leucocytose a été observée de manière plus marquée En se référant à la fréquence des prescriptions de l’hé-
dans les affections de l’appareil génito-urinaire mogramme préopératoire, les appareils les plus touchés
(38,20%), de l’appareil digestif (23,60%) et de l’appa- par la chirurgie étaient l’appareil génito-urinaire, l’ap-
reil neurologique (18%). En revanche, la leucopénie a pareil digestif et l’appareil locomoteur respectivement
été prédominante dans les atteintes de l’appareil génito- de 42,86%, 18,53%, 11,97%. Parmi les types d’inter-
urinaire (60,90%). Aucun lien significatif n’a été trouvé ventions, la cure d’hernie inguinale (50,45%) était la
entre la valeur des leucocytes et l’appareil concerné plus fréquente ce qui corrobore une étude effectuée au
(p=0,9). Enfin, concernant les plaquettes, 65,12% des Mali (9). Par contre, Soumah et al., ont trouvé dans
patients opérés de l’appareil génito-urinaire ont eu des leurs études une prévalence significative des appendi-
thrombocytoses. La thrombopénie a été notée chez 25% cites aiguës (65,90%), suivies des péritonites aiguës
des patients avec des atteintes neurologiques , 20% ont généralisées (15,90%) et des occlusions intestinales
respectivement été rencontrés lors des atteintes de l’ap- aiguës (13,63%) (11). L’ostéosynthèse de fracture du
pareil digestif et de l’appareil génito-urinaire. Il n’y fémur a été également fréquente, observée dans
avait pas également d’association significative 38,70%. Une cohorte menée par Martin-Hunyadi a
(p=0,09). recensé 15 fractures spontanées du col fémoral à prédo-
minance féminine en 2003 (12).
DISCUSSION
Epidémiologie Biologie
À Madagascar, les investigations paracliniques préopé- Dans cette étude, l’anémie représentait l’anomalie de
ratoires sont généralement pratiquées de manière systé- l’hémogramme la plus rencontrée. Musallam et al., ont
matique. Cependant, aucune étude n’a encore prouvé étudié une cohorte de plus de 227000 patients opérés en
l’efficacité de cette systématisation. Les coûts de ces 2008 dans 211 centres différents, et ont retrouvé une
examens représentent un fardeau financier pour le prévalence de l’anémie de 30,44% en période préopéra-
patient et impactent considérablement son budget dédié toire (13). Cette prévalence dépend du type de chirurgie
au traitement médical. Il est proposé à titre systématique et du degré d’urgence. Elle est autour de 25% en période
chez les patients ayant une intervention potentiellement préopératoire de chirurgie prothétique de la hanche ou
hémorragique, chez les sujets à risque (femmes du genou et autour de 45% pour les fractures du col du
enceintes, enfants moins de 1 an, sujets ayant une hémo- fémur (14). Elle peut atteindre près de 50% des patients
globinopathie) (6). en préopératoire de chirurgie colique (15). L’anémie est
Au cours de cette étude, parmi les 259 demandes de ainsi fréquente dans la population des patients chirurgi-
bilans préopératoires, 69,95% étaient pathologiques. En caux. Les causes sous-jacentes demeurent néanmoins
effet, l’hémogramme préopératoire est un élément très diverses. Ainsi, chez l’enfant, les causes peuvent
être d’origine congénitale ou acquise (16). Les causes
congénitales sont surtout représentées par les hémoglo- d’une antibiothérapie à large spectre.Concernant les
binopathies. Actuellement, la drépanocytose est de plus anomalies quantitatives plaquettaires, la thrombocytose
en plus fréquente. Dans notre étude, aucun cas d’inter- (32 cas) est plus fréquente que la thrombopénie (15
vention n’a été recensé chez un drépanocytaire. Les cas). Cette fréquence de thrombocytose peut être liée à
étiologies acquises sont les carences martiales, l’inflam- l’état inflammatoire observé chez les patients en pré-
mation développée au cours de l’affection en cause. opératoire. La thrombopoïèse est régulée principale-
Cette carence en fer est souvent évoquée devant une ment par la thrombopoïétine et l’interleukine-6. Au
anémie microcytaire hypochrome découverte lors d’un cours d’une inflammation, il y a une augmentation de
examen systématique en raison de la bonne tolérance cytokine pro-inflammatoire (IL-6) qui stimule la pro-
clinique (17). Notre étude a montré 51,22% de cas duction hépatique de la thrombopoïétine (21). La
d’anémie microcytaire hypochrome. Ces données sont thrombocytose est fréquente chez l’enfant présentant des
en accord avec celles d’une étude menée sur une cohor- infections ou des inflammations chroniques, chez les pré-
te sénégalaise en dehors du domaine chirurgical, où maturés et chez l’enfant ayant subi un traumatisme ou une
79,60% ont présenté une anémie microcytaire hypo- intervention chirurgicale (22).
chrome suite à une infection, une carence nutritionnelle A l’opposé 15 cas de thrombopénie ont été constatés
et d’autres pathologies (18). L’importance de la popula- dans la population d’étude. En effet, la thrombopénie
tion pédiatrique dans notre étude pourrait expliquer nos préopératoire survient approximativement chez 5 à 10%
résultats. des patients (23). Mais cette fréquence est variable et
Quant à la sévérité de l’anémie, elle a été discrète (supé- peut être plus faible lorsqu’un bilan biologique est pres-
rieur à 10 g/dl) chez 60,98% des patients où une trans- crit de manière systématique chez les patients sans
fusion sanguine est rarement nécessaire. Toutefois, pathologie grave associée. Les causes des thrombopé-
l’anémie peut constituer un facteur de risque de morbi- nies sont nombreuses. Elles peuvent être d’origine cen-
mortalité péri opératoire. Par conséquent, il est impéra- trale en rapport avec une diminution quantitative et qua-
tif de procéder à un diagnostic précis et de prendre en litative de la production médullaire ou d’origine péri-
charge l’anémie avant toute intervention chirurgicale. phérique, secondaire à une destruction excessive des
La gestion de l’anémie en préopératoire par utilisation plaquettes. Selon la littérature, les facteurs de risques
de l’érythropoïétine ou du fer intraveineux pourrait associés à la thrombopénie sont représentés essentielle-
potentiellement réduire les transfusions sanguines ment par le sepsis et les traumatismes (24, 25).
périopératoires et améliorer les résultats chirurgicaux,
bien que selon une méta-analyse réalisée par Michelle et CONCLUSION
al., en 2023, il est peu probable qu’il y ait un bénéfice La prescription des bilans préopératoires est l’un des
sur la mortalité à court terme (19). objectifs de la consultation pré- anesthésique pour
Dans la présente étude, une leucocytose a été retrouvée détecter les anomalies pouvant perturber les actes anes-
dans 28,97% dont la majorité (77,22%) avec polynu- thésiques, chirurgicaux et les périodes postopératoires.
cléose neutrophile, découverte de manière systématique Leur demande systématique en absence de risque
lors du bilan préopératoire. Elle peut traduire une infec- hémorragique n’est pas souvent justifiée pouvant retar-
tion probable de l’organe intéressé ou un foyer infec- der la prise en charge. Un interrogatoire bien conduit et
tieux à distance. En effet, une hyperleucocytose peut un examen clinique minutieux peut suffire pour déter-
être réactionnelle à diverses étiologies comme les infec- miner l’état d’un patient. Toutefois, cette étude a permis
tions bactériennes ou fongiques, les néoplasies, les de constater que des anomalies peuvent être décelées au
pathologies traumatiques, les situations entraînant un cours d’un hémogramme préopératoire entrainant la
stress (20). Les affections génito-urinaires et digestives recherche d’étiologie éventuelle. Leur constatation per-
étaient les principales causes d’une hyperleucocytose met ainsi de prendre les mesures adéquates pour une
dans cette étude. bonne réanimation pré et postopératoire. Une prescrip-
La présence d’une hyperleucocytose guide le clinicien tion sélective est fortement recommandée en fonction
vers un potentiel foyer infectieux, où une analyse bacté- de l’interrogatoire, de l’examen clinique du patient et du
riologique permettrait de réduire le risque de développe- type de l’intervention.
ment de résistances bactériennes suite à l’utilisation Conflit d’intérêt : aucun
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