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CHAPITRE 1 : LE DOMAINE PUBLIC ROUTIER FACE À L’ÉRECTION DES


STATIONS-SERVICES

Le rôle particulièrement important que jouent les déplacements et les transports dans
le fonctionnement de la société confère une place éminente aux voies de communication
publiques. Celles-ci représentent une part non négligeable du domaine public artificiel 1 .
Le domaine public routier comprend des biens appartenant à une personne publique et
affectés aux besoins de la circulation terrestre2.
Concrètement, il est question dans ce chapitre de cerner sur le domaine public de
l’État et le régime juridique des biens du domaine public (section 1), avant d’aborder les
conditions d’utilisation privative du domaine public de l’État (section 2).

SECTION 1 : LE DOMAINE PUBLIC DE L’ÉTAT ET LE RÉGIME JURIDIQUE DES


BIENS DU DOMAINE PUBLIC
En droit, il existe une grande différence qui existe entre le régime juridique et la nature
juridique ; le régime l’ensemble des règles applicables à une matière bien déterminée, alors
que la nature juridique, serait en quelque sorte la qualification d’un concept en droit.
Dans cette section, il est question de donner quelques idées sur le domaine public
(paragraphe 1), avant le régime juridique des biens du domaine public de l’État(paragraphe 2).

§1.Domaine public de l’Etat


Pour des raisons de la bonne compréhension, la notion du domaine public nous de
donner la définition (A), et la composition du domaine public (B).
A. Définition du domaine public
Selon le lexique des termes juridiques, le domaine public est la partie du patrimoine
des personnes publiques soumise à un régime juridique de droit administratif très protecteur ;
les biens classés dans cette catégorie sont (tant qu’ils y demeurent) imprescriptibles et
inaliénables. La sortie d’un bien du domaine public résulte d’une procédure dite de
déclassement3.

1
S.T EMMANUELLE, GILLET -LORENZI, Droit administratif des biens,1 ère Ed,p.45.
2
Idem.
3
Lexique des termes juridiques,V° domaine public, Dalloz,2017-2018,p.777.
2

Le domaine public est défini de manière restreinte comme l'ensemble des biens
affectés à l'usage de tous et non susceptibles de propriété privée par leur nature. Il s'agit de la
domanialité naturelle, issue de la nature même des choses. Elle est formée des routes, des
fleuves et des rivages de la mer4.
De manière extensive, le domaine public comprend non seulement les biens affectés à
l'usage du public (de deux types des tendances : les unes, destinée à un usage collectif comme
les voies publiques, les rivages de la Mer, ct...et d'autres à un usage individuel et privatif
comme les sépultures des cimetières), mais aussi ceux affectés aux services publics ( comme
les voies ferrées ,les ouvrages militaires, les bâtiments et mobiliers administratifs ) 5.
Pour le Doyen Hauriou," toute la domanialité repose sur l'idée de l'affectation
administrative des choses à utilité publique6.
Selon la conception extensive, le domaine public est composé des biens destinés à
l'usage du public mais aussi à l'usage des services publics. La conception moyenne, quant à
elle, trouve dans le domaine public de l'Etat tous les biens jouissant d'une protection spéciale
de la part de l'autorité compétente.
La doctrine et la jurisprudence définissent le domaine public comme l'ensemble des
biens appartenant à l'État ou à toute personne publique et destinés soit à l'usage public ou de
tous , soit à l'usage d'un service public.
Aux termes de l’article 10 de la loi foncière, les biens de l’Etat qui sont affectés à un
usage ou à un service public sont hors commerce, tant qu’ils ne sont pas régulièrement
désaffectés7.
Ainsi, fait partie du domaine public, tout bien appartenant à une personne
administrative qui, soit en raison de sa configuration naturelle , soit en raison d'un
aménagement spécial , ou de son importance historique ou scientifique, est nécessaire à un
service public ou à la satisfaction d'un besoin public, c'est-à-dire destiné à l'usage direct des
particuliers8.

4
4 F. VUNDUAWE te PEMAKO , Traité de droit administratif, Ed.Afrique ,Larcier,p.733.
5
Idem.
6
M. HAURIOU, Précis du droit administratif,3 ème Ed,1933,p.804
7
Art. 10 de la loi foncière.
8
F. VUNDUAWE te PEMAKO,op cit,p.735.
3

L’affectation est un acte juridique , qui est généralement une décision unilatérale par
lequel un bien donné, immobilier ou mobilier ,est destiné à satisfaire les besoins du public ou
bien les nécessités du fonctionnement d’un service public9.
De ce qui précède, le domaine public de l’État est l’ensemble des biens affectés à
l’usage ou à un service public et bénéficient certaines prérogatives et mesures de protection à
l’égard des particuliers. Certes, le bien entre dans le domaine public de l’État par l’affectation
qui rend ce bien indisponible, dans la mesure où on ne peut pas pratiquer une saisie ou du
moins céder ledit bien.
Le domaine public de l’État est constitué de l’ensemble des biens qui appartiennent à
l’État et qui sont affectés à un usage public ou un service public dans le but d’assurer l’intérêt
général. L’État a la responsabilité de gérer et de protéger ces biens en les entretenant, en les
réparant si nécessaire en les mettant à la disposition du public dans la mesure du possible.
Nous devons affirmer le principe selon lequel les biens de l’État sont en principe dans
le domaine privé dès l’acquisition de ces biens, par la suite, lorsque l’État trouve que ces
biens peuvent être utiles pour une administration ou un service public, il affecte ces biens
dans son domaine public.
Les biens entrent dans le domaine public de l’État par une affectation et sort dans le
domaine public par un acte de désaffection, en tenant compte du principe de parallélisme de
forme et de compétences.
Pour une bonne appréhension des biens du domaine public,il nous est opportun de voir
la composition des biens du domaine public de l’État.

B. Composition du domaine public

La seule détermination des critères permettant d’identifier la catégorie juridique qu’est


le domaine public ne renseigne ni sur le champ d’application territoriale, ni sur la composition
matérielle de ce domaine public. L’inventaire des propriétés publiques et leur classification
dans des catégories juridiques particulières ne manquent pas d’intérêt.
 Le domaine public foncier :
Aux termes de l’article 6 de la loi du 20 juillet 1973,le sol et les mines sont des
immeubles par leur nature tandis que l’article 53 de la même loi proclame que le sol et le
sous-sol sont la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’Etat. Il importe de ne
pas confondre la propriété du sol et le domaine de l’État. En effet,le sol congolais n'est pas,

9
Y. ALONI MUKOKO, Domaine de l’État, aménagement et urbanisme, unikin,

faculté de Droit,L1,2020-2021,p.38.
4

dans son entièreté, affecté à un usage ou à un service public. Seul le domaine public foncier
comprend donc les parties du sol et du sous-sol affectées à un usage ou à un service public10.

Il comprend :
 Le domaine public maritime, fluvial et lacustre :
Les rivages de la mer jusqu’à la limite des plus hautes marées appartiennent au
domaine public de l’État. Les plus hautes marées se situent à Banana pendant les mois de
mars et septembre. Les rivages englobent aussi une zone de largeur variable, mesurée à partir
de cette limite. « La tradition qui indique comme étendue vers le large de la mer territoriale la
portée du canon, indique également comme le point de départ de cette étendue, le point de
rivage d’où, en tout temps, peut s’exercer l’imperium.
C’est donc la ligne tirée du point de rivage, d’où l’on peut élever des batteries qui ne
soient établies, il suffit qu’elles puissent l’être ». Les bords des lacs , fleuves et rivières,
navigables ou flottables, appartiennent à l’État sur une profondeur de 10 mètres à partir de la
ligne formée par le niveau le plus élevé qu'atteignent les eaux dans leur crue périodique. Cette
partie de la rive est affectée à la voie publique : nul ne peut y planter , faire des fouilles ou y
effectuer un travail quelconque sans autorisation expresse de l’autorité compétente.

 Voie de communication par terre et par air

 Les routes publiques sont classées en : routes d’intérêt général reliant entre
elles les centres ou agglomérations et sont déclarées par arrêtés de l’autorité compétente ;
routes d’intérêt local, celles qui n’ont pas été décrétées d’intérêt général ; avenues et rues
dans les circonscriptions urbaines.
 Les chemins de fer d’intérêt général ou local sans qu’il y ait lieu de distinguer
les réseaux concédés et les autres. Les raccordements qui périrent dans l’intérieur des
usines font également partie du domaine public.
 Les plaines d’aviation : aéroport et aérodrome.
 Les cimetières.
 Les parcs nationaux11.

10
V.KANGULUMBA MBAMBI, Précis de droit civil des biens théorie générale des

biens et théorie spéciale des droits réels fonciers et immobiliers congolais, Academia

bruylant, Tome 1,p.121.


11
Y. ALONI MUKOKO, Droit civil des biens régime général régime foncier et

immobilier, Kinshasa,2021,p.p69-70
5

S’agissant des mines, il convient de bien considérer les choses. En effet, de la


combinaison de plusieurs dispositions de la loi du 20 juillet 1973( notamment les articles
1er ,2,6,10,53,54,55,et 251 de la loi foncière ainsi que les articles 51 ,65,89,100,137et 148 du
code minier), nous ne pouvons pas affirmer que les mines,ni même le sol congolais dans son
entièreté, font partie du domaine public.
Les dispositions invoquées établissent que les mines, tout comme certaines parties du
sol,font l’objet de concessions12 .Aux termes de l’article 55 de la loi , « le domaine public
foncier est constitué de toutes les terres qui sont pas affectées à un usage ou à un service
public. Ces terres sont inconcessibles tant qu’elles ne sont pas régulièrement désaffectées »13.
Le domaine public foncier serait l’ensemble de terres affectées à l’usage ou au service
d’un service public et qui sont gérées par l’administration nationale, provinciale ou locale.
L’Etat comme titulaire du domaine public foncier, il a aussi une partie du domaine public
immobilier.
 Domaine public immobilier
L’article 210 de la loi foncière dispose que,« le domaine immobilier public de l’Etat
est constitué de tous les immeubles qui sont affectés à un usage ou à un service publics. Ces
immeubles ne sont ni cessibles ni susceptibles de location, tant qu’ils ne sont pas
régulièrement désaffectés. Ils sont régis par les dispositions particulières aux biens affectés à
usage ou à un service public »14.
II est composé de tous les biens immeubles affectés à usage ou à un service public. II
en est ainsi :
• des bateaux, des navires; des dépendances nécessaires à l'exploitation de chemins de
fer, telles que les gares, les appareils d'aiguillage et de signalisation, les quais et places de
stationnement, les magasins, les ateliers de construction et de réparation; les immeubles
affectés au logement du personnel dont la présence permanente près de la voie est d'une
nécessité évidente;
• les aérogares, les hangars pour aéronefs, les habitations réservées au personnel et
situées sur le terrain d'aviation;
• les maisons communales, hôtels de ville, hôpitaux;
• les monuments, etc.

12
V. KANGULUMBA MBAMBI,0p.cit,p.122.
13
Art.55 de la loi foncière.
14
Art.210 de la loi foncière.
6

Le législateur a voulu garantir les biens immobiliers de l’État, surtout que lorsqu’un
immeuble est affecté dans le domaine public,il est régi par les règles qui dérogent au droit
civil ; par conséquent cet immeuble ne peut pas faire l’objet d’une vente sans la désaffectation
effective, en suivant le principe de parallélisme de forme et de compétences.
Ainsi, plusieurs immeubles de l’État ont été désaffectés de façon illégale par certains
ministres de l’urbanisme et Habitat, dans le but de se procurer un avantage privé.
La nécessité qui est à la base de l’affectation d’un bien dans le domaine public et la
désaffectation intervient lorsqu’il n’y a plus cette nécessité ; mais ce que nous voyons en
République démocratique du Congo, lorsqu’on est nommé ministre de l’urbanisme et Habitat,
la première de chose on désaffecte les biens immobiliers de l’État pour un intérêt personnel.
En dehors du domaine public immobilier, l’État dispose aussi d’un domaine public
mobilier.
 Domaine public mobilier

II s'agit des biens mobiliers affectés à un service public ou à un usage public. Cela
peut être le cas lorsqu'un service public est affecté à un objet mobilier, en d'autres termes,
lorsque la conservation du bien et sa mise éventuelle à la disposition du public sont l'objet du
même service.
Il peut arriver également que le bien mobilier est affecté à un service public et ne peut
être remplacé facilement et immédiatement (pour raison principale de fonctionnement de
service)15.
Enfin, l'objet mobilier peut être affecté à perpétuelle demeure à un immeuble de
domaine public. Notons toutefois que rémunération des dépendances du domaine public faite
par les articles précités n'est pas limitative. Font également partie du domaine public, tous les
biens consacrés par l'autorité compétente à l'usage du public16.
Font partie du domaine public mobilier de la personne publique propriétaire les biens
présentant un intérêt public du point de vue de l’histoire, de l’art, de l’archéologie, de la
science ou de la technique. A la différence du domaine public immobilier, cette définition ne
repose pas sur le critère de l’affectation. Si la condition de la propriété publique est posée et si
l’intérêt public(service public) est exigé, l’utilisation des biens n’est pas un critère.
Cette construction juridique introduit une rupture avec les critères traditionnels. Mais
sans préjudice aucun. Il s’agit, en effet, d’une catégorie de domaine public par détermination
de la loi. Les critères sont, dans ce cas, moins déterminants. Cette définition attribue au
15
V. KANGULUMBA MBAMBI , Droit civil les biens,unikin, faculté de Droit,G2,2019-2020,p.89.
16
Idem,p.87.
7

domaine public mobilier un champ d’application plus étendu que celui plus ou moins
circonscrit retenu au départ par la jurisprudence17.
Il existe le domaine public mobilier naturel et le domaine public artificiel.
Le domaine public mobilier naturel est constitué des archives et des documents de
l’administration publique ; les collections publiques alors que l’on peut mettre dans la
catégorie du domaine public mobilier artificiel tous les biens, œuvres de l’homme, affectés à
un usage ou à un service public, tels que les objets d’art précieux,…
Il est utile de rappeler que ces biens, puisqu’ils sont affectés à un usage ou à un service
public, échappent à la prescription acquisitive instantanée de l’article 658 , alinéa 1du CCC
L3, « en fait de meubles, possession vaut titre ». Mais sur les biens immeubles, la servitude
est possible tant qu’elle n’est pas incompatible avec la destination publique du domaine et
qu’elle ne porte pas atteinte au droit de l’administration de régler cet usage d’après les besoins
et l’intérêt de la collectivité18.
Ainsi, le domaine public mobilier de l’État comprend l’ensemble des biens meubles
c’est-à-dire non immobilier, appartenant à l’État. Il peut s’agir des véhicules,de mobilier du
bureau, d’outils ,d’équipements informatiques… ces biens sont utilisés par l’administration
publique pour mener ses activités et fournir des services au public.
Après cette la définition et la composition du domaine public de l’Etat, il est d’une
importance capitale de voir le régime juridique des biens du domaine public.

§.2. Régime juridique des biens du domaine public

L'article 9 de la loi foncière dispose« Les particuliers ont la libre disposition des biens
qui leur appartiennent sauf les modifications établies par la loi. Les biens qui n’appartiennent
pas à des particuliers ne sont administrés et ne peuvent être aliénés que dans les formes et
suivant les règles qui leur sont particulières »19.
Pour le constituant, « l’État exerce une souveraineté permanente notamment sur le sol,
le sous-sol, les eaux et les forêts, sur les espaces aérien , fluvial, lacustre et maritime
congolais ainsi que sur la mer territoriale congolaise et sur le plateau continental.

17
S.T. EMMANUELLE GILLET – LORENZI ,op.cit ,p.48.
18
Cass.,27 sept. 1990,Rev.not.belge,1991,p.49.
19
Art. 9 de la loi n° 73 -021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des
sûretés.
8

Les modalités de gestion et de concession du domaine de l’État visé à l’alinéa


précédent sont déterminées par la loi »20.La confirmation vient de l’art 53 de la loi foncière
qui dispose que « Le sol est la propriété exclusive, inaliénable et imprescriptible de l’Etat » 21.
L'article 27 du code civil pour sa part, « II n’y a que les choses qui sont dans le commerce qui
puissent être l’objet des conventions »22.
1. Est licite la convention restreignant la liberté de commerce et de l'industrie, pourvu
qu'elle n'implique pas une interdiction illimitée dans l'espace et dans le temps 2. Lorsqu'une
convention est en opposition avec un texte législatif, c'est la convention qui prévaut si elle ne
viole aucune disposition d'ordre public (Léo, 25.2.1930, Jur. Col. 1932. p. 112).
3. La clientèle médicale est personnelle, de ce fait incessible et hors du commerce
lCass.fr.civ.. 1er. 27.11.1984. D. 1986.448, (1er esp.), note Panneau).
4. Si l'office notarial et le titre de notaire ne sont pas dans le commerce, le droit, pour
le notaire, de présenter un successeur à l'autorité publique constitue un droit patrimonial qui
peut faire l'objet d'une convention régie par le droit prive (Cass.fr.civ., 1er, 16.7.1985, J.C.P. 1
86.11.20595. note Dagot; responsabilité du notaire qui "cède" son office en violation d'une
promesse de référence).
5.Les tâches à accomplir par les syndics et administrateurs judiciaires ne constituent
que l'exécution de mandats de justice, qui ne sont pas des choses dans le commerce, et ne
peuvent pas faire l'objet de convention; en l'absence de tout droit de présentation prévu par les
textes, ( à défaut de clientèle attachée aux fonctions de syndic ou d'administrateur judiciaire,
le tribunal de commerce ne peut prendre en considération, pour proposer un candidat à
l’inscription sur la liste de la cour d'appel, une telle présentation 23. L'avantage pécuniaire
résultant pour l'exploitant d'un taxi de l'autorisation de stationnement accordée gratuitement
par l'administration lui permet de demander, moyennant attribution. son attribution à un
tiers.On ne peut prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans le commerce24.
Les principes tirés de ces dispositions peuvent être résumés en ce terme : les biens de
l'État affectés à un usage ou à un service public sont hors commerce tant qu'ils ne sont pas

20
Art. 9 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée par la loi numéro 11/002 du 20 juillet 2011
portant révision de certains articles de la constitution de 18 février 2006,JORDC,52 ème année, numéro spécial du 05 janvier
2011.
21
Art. 53 de la loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des
sûretés.
22
Art. 27 du décret du 30 juillet 1888 portant des contrats ou des obligations conventionnelles, B.O., Kinshasa.

23
(Cass.fr.civ. 1er, 20.2.1967, Bull. civ. I. n° 69)
24
Art.620 du décret du 30 juillet 1888 portant des contrats ou des obligations conventionnelles, in B.O., Kinshasa.
9

régulièrement désaffectés ; l'on ne peut prescrire le domaine des choses qui ne sont point dans
le commerce qui puissent être l'objet des conventions ; les bien du domaine public sont
inaliénables, imprescriptibles et insaisissables25.

A. Inaliénabilité:

Les biens qui sont affectés à un usage public ou à un service public sont hors
commerce (art.10 loi foncière). Ils ne peuvent pas faire l'objet de transactions ou de donations.
Par exemple, les terres qui appartiennent au domaine foncier public de l'État sont
inconcessibles tant qu'elles ne sont pas régulièrement désaffectées, pour se retrouver dans le
domaine privé de l'État.
En effet, le principe de l'inaliénabilité n'est pas absolu. Un bien du domaine public
n'est inaliénable que pour autant que persiste l'affectation. Ce n'est pas la nature des choses
qui fait obstacle à l'aliénation, mais c'est son affectation à l'utilité publique.
Dès que l'État désaffecte un bien du domaine public pour le transférer à son domaine
privé, ce bien, qui était dans le domaine public, peut faire l'objet d'aliénation onéreuse. C'est
ce qui ressort de l'interprétation de l'article 10 in fines susvisées.
Toutefois, la méconnaissance du principe d'inaliénabilité a pour effet la nullité de la
cession. Il résulte de cette nullité que le contractant de l'Administration est tenu à la
restitution, même s'il a été de bonne foi.
Quant à l’Administration, elle devra restituer à son cocontractant de bonne foi le prix
qu'il avait versé ou le bien qu'il avait échangé. Elle sera également tenue de le dédommager
du préjudice que l'annulation de l'opération a pu lui causer 26.L'inaliénabilité est la
conséquence de l'entrée d'un bien dans le domaine public27.
Si les biens du domaine public sont inaliénables, cependant, ils peuvent faire l'objet
des concessions réglementées par le droit administratif. L'inaliénabilité veut également dire
que : ces biens ne peuvent être hypothéqués. En effet, l'hypothèque n'est possible que pour les
immeubles qui sont dans le commerce. Ces biens ne peuvent faire l'objet de servitudes
conventionnelles ou légales ; les règles de la mitoyenneté ne leur sont pas d'application 28.
25
V.KANGULUMBA MBAMBI, op cit,p.110.
26
F. VUNDUAWE te PEMAKO,op.cit,p.p. 737-738.
27
Y. ALONI MUKOKO,op.cit,p.67.
28
Idem,p.68.
10

L’interdiction d’aliéner un bien du domaine public se justifie par l’idée d’affectation


du domaine public. Le bien du domaine public est inaliénable parce que pareil acte nuirait
évidemment à son affectation29.
Une dépendance du domaine public affectée à une activité de service public constitue
un élément de fonctionnement et de continuité dudit service public. Toute possibilité
d’aliénation de la dépendance pendant la durée de l’affectation serait de nature à
compromettre l’utilisation du bien par le service public.
Ce qui aurait pour conséquence de porter atteinte à la continuité du service public
affectataire. Lorsque la dépendance est affectée à l’usage direct du public, son aliénation,
pendant la durée de cette même affectation, pourrait compromettre l’exercice de certaines
libertés fondamentales : aller et venir, liberté du commerce et de l’industrie…
C’est donc pour préserver l’utilisation du bien considéré attachée à son affectation que
les biens publics sont rendus inaliénables tant que dure leur appartenance au domaine public.
Le principe d’inaliénabilité vaut pour le domaine public immobilier, comme pour le domaine
public mobilier.
B. L’Imprescriptibilité des biens du domaine public

Il est de doctrine constante de soutenir que l’inaliénabilité du domaine public a pour


corollaire son imprescriptibilité. L’inaliénabilité vise les collectivités publiques propriétaires,
tandis que l’imprescriptibilité est dirigée contre les particuliers.
Cette imprescriptibilité est cette forme de protection qui tend à garantir les
dépendances du domaine public contre toute forme d’acquisition par les particuliers sur le
fondement d’un usage prolongé.
Aucune possession utile ne peut être opposée à la libre disposition par la collectivité
publique d’un élément du domaine public. Nul ne peut, pour cette même raison, acquérir sur
le domaine public ni droit de propriété, ni droits réels30.
Les personnes publiques ne peuvent être dépossédés , à leur insu , après l'écoulement
d'un certain laps de temps, de leurs biens ,par les particuliers. En effet , les prescriptions
acquisitives par les particuliers sur les biens du domaine public ne sont pas possibles parce
que ces biens sont hors commerce , c'est-à-dire inaliénables. De ce fait,il est exclu l'exercice
des actions possessoires contre la personne publique propriétaire31.

29
V. KANGULUMBA MBAMBI ,op.cit,p.115.
30
S. T. EMMANUELLE GILLET – LORENZI ,0p.cit,p.69.
31
F. VUNDUAWE te PEMAKO,op.cit,p.738.
11

La conséquence tirée de l’article de la loi et du code civil congolais, livre 3 est que les
biens du domaine public ne sont pas susceptibles d’appropriation privée sans désaffectation
préalable.
Sur le plan légal, il est donc impossible d’acquérir un bien du domaine public par suite
d’une prescription. En effet, si les biens du domaine public sont régis différemment de ceux
du domaine privé de l’État ou de ceux des particuliers, il est logique qu’ils échappent aux
modes d’appropriation propres aux biens des particuliers au titre desquels il y a la prescription
ou , avec toutes les réserves possibles ( pour les meubles), à ceux du domaine privé de l’État32.
Ainsi, dès lors que les du domaine public ne sont pas dans le commerce, les
particuliers ne peuvent pas les acquérir par voie d’une prescription acquisitive.

C. insaisissabilité

Les biens sont insaisissables parce que, propriété d’une personne publique, leur
conservation par celle-ci est indispensable à la continuité du service public dont elle a la
charge. Mais la référence au principe de continuité marque alors les limites de
l’insaisissabilité : devraient pouvoir être saisis, et généralement relever des voies d’exécution
du droit commun, les biens des personnes publiques qui ne sont pas indispensables à la
continuité du service public33.
Aux termes de l'’art.30 de l’acte uniforme, l’’exécution forcée et les mesures
conservatoires ne sont pas applicables aux personnes qui bénéficient d’une immunité
d’exécution34.
Les mesures d’exécution forcée, dit l’article 30 de l’Acte uniforme relatif aux
procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution, ne peuvent être appliquées à
l’encontre des bénéficiaires de l’immunité d’exécution. Sans être exhaustif, le deuxième
alinéa du même article consacre implicitement le principe de l’immunité d’exécution au profit
des personnes morales de droit public et des entreprises publiques.
En effet, ce texte dispose que « les dettes certaines, liquides et exigibles des personnes
morales de droit public ou des entreprises publiques, quelles qu’en soient la forme et la
mission, donnent lieu à compensation avec les dettes également certaines, liquides et exigibles
dont quiconque sera tenu envers elles, sous réserve de réciprocité ». En disposant ainsi, le

32
V. KANGULUMBA MBAMBI ,op.cit,117
33
Y. ALONI MUKOKO,op.cit,p.68.
34
Art. 30 de l’acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de recouvrement et voies d’exécution de l’acte
adopté le 10 avril 1998 et paru au JO OHADA n°6 du 1 er juillet 1998.
12

législateur OHADA sous-entend que les personnes ainsi énumérées bénéficient de l’immunité
d’exécution.
Le bénéfice de l’immunité d’exécution continue de jouer même lorsque la loi nationale
dispose autrement. Ainsi, même si la loi nationale dispose qu’une entreprise publique est
soumise au régime de droit privé, celle-ci, compte tenu de sa nature « d’entreprise publique »,
continuera à bénéficier de l’immunité d’exécution35.
L’alinéa 2 de l’article 30 permet au créancier des bénéficiaires de l’immunité
d’exécution (personnes morales de droit public et entreprises publiques), de procéder à la
compensation avec les dettes liquides et exigibles dont ils sont tenus vis-à-vis de ceux-ci 36.
La combinaison des principes de l’inaliénabilité et de l’imprescriptibilité devrait
pouvoir justifier, par voie de conséquence, l’insaisissabilité des dépendances du domaine
public. L’État comme propriétaire du domaine public a des biens soumis à un régime
exorbitant au droit civil, il accorde à un certain moment aux particuliers les droits d’utiliser
son certains éléments de son domaine public, sous réserve de remplir certaines conditions.

SECTION 2 : CONDITIONS D’UTILISATION PRIVATIVE DU DOMAINE PUBLIC

Par « utilisation privative », il faut entendre le droit reconnu à un particulier d’utiliser


à son profit individuel et de manière exclusive un bien appartenant au domaine public.
L’exclusivité ainsi conférée à un individu crée une rupture avec les grands principes
qui régissent le domaine public. Cette même exclusivité remet en cause l’affectation à l’usage
de tous des dépendances du domaine public. Ce particularisme juridique traduit la volonté
d’inscrire cette forme d’utilisation dans une perspective de «valorisation et d’exploitation
économiques » de certaines dépendances du domaine public.
Bien qu’étant affectés, à titre principal, à l’utilité publique, à l’usage du public ou à un
service public, les biens appartenant au domaine public sont susceptibles de faire l’objet d’une
exploitation économique et financière. Mettre en valeur le domaine public revient à concilier,
juridiquement, l’utilisation par le public ou le service public et l’utilisation privative, par les
particuliers d’une seule et même dépendance au même moment37.
La concession administrative est un droit d’occupation accordé sur le domaine public
par l’autorité administrative à un particulier ou à une personne morale de droit privé. Il en est
35
KAHISHA ALIDOR MUNEMEKA, le droit ohada de l’exécution forcée, Academia

L’Harmattan, bibliothèque de droit africain 12,p. 16.


36
Idem.
37
S.T. EMMANUELLE GILLET – LORENZI,op.cit,p.98.
13

ainsi de l’occupation de voirie qui est un contrat régi par le droit administratif donnant droit à
un particulier d’occuper un espace du domaine public sans qu’il ait aucun droit réel sur le
bien, objet du contrat38.
C’est le cas des emprises publiques dont l’État accorde au particulier d’occuper
privativement, en érigeant les stations- services, sous réserve des conditions imposées par
l’administration.
Cette section s’articule autour de deux paragraphes. Le premier intéresse l’aperçu des
principes généraux d’utilisation privative du domaine public ; le second vise la situation
juridique de l’occupant privatif .

§.1.principes généraux d'utilisation du domaine public

Les utilisations privatives sont celles qui sont effectuées par des personnes
individuellement déterminées par un titre conféré par l’administration, ce titre leur donnant
droit d’occuper d’une manière privative une portion du domaine public. Elles sont soumises
dont la réunion favorise l’octroi d’un titre par l’Administration39.
L’utilisation privative du domaine public se traduise par l’occupation, par une
personne déterminée d’une dépendance du domaine public, qui du fait de cet occupation se
trouve soustraite à toute possibilité d’utilisation par d’autre.
Toute personne voulant occuper le domaine public de l’État d’une façon privative, doit
remplir aux conditions suivantes : l’obligation de compatibilité ou de conformité de
l’utilisation privative (A), l’exigence d’un titre (B) et le paiement d’une redevance (C). Ces
conditions sont cumulatives et non alternatives.

A. L’obligation de conformité est compatibilité de l’utilisation privative


Une occupation est compatible à l’affectation lorsqu’elle ne compromet pas
l’utilisation normale (affectation) du domaine bien que ne cadrant pas en tout à celle-ci 40.
L’utilisation privative est simplement compatible lorsqu’elle porte sur un bien qui ne
lui est pas essentiellement destiné41. Une utilisation privative du domaine public est conforme
lorsqu’elle s’inscrit même dans la finalité domaine. Elle s’inscrit dans l’objet premier du bien

38
V.KANGULUMBA MBAMBI,op.cit,p.114.
39
Y. ALONI MUKOKO,op.cit,p.79.
40
Idem.
41
P. DELVOLVÉ , l’utilisation privative des biens publics en France, université de

Paris panthéon -assas,p.7.


14

domanial. Tel est le cas de la concession funéraire qui est une utilisation privative du
cimetière en tant domaine public, et s’inscrivant dans la finalité même du cimetière qui est
l’inhumation de morts.
- Par contre ou dit que utilisation privative et compatible non parce qu’elle s’inscrit
dons l’objet premier du domaine mais plutôt parce que, bien que n’état pas lié à
l’objet du domaine, elle concoure accessoirement à l’utilisation de ce dernier .tel est
cas de la station service en effet, l’objet premier du domaine public routier c’est la
circulation des personnes et véhicule et non l’érection des station service. Donc
l’activité s’inscrit pas dan la finalité du domaine mai simple accessoire, et ne
compromet pas l’utilisation normale du domaine
Il appartient à l’administration, dans l’exercice de ses pouvoirs de gestion du domaine,
d’accorder des autorisations d’occupation privative dudit domaine si, compte tenu des
nécessités de l’intérêt général, elles se concilient avec les usages conformes à la destination du
domaine ainsi qu’avec l’obligation qu’a l’administration, d’assurer sa conservation42.

L’occupation privative du domaine public ne peut être légalement consentie que si


l’utilisation envisagée est conforme ou compatible avec l’affectation de la dépendance visée.
L’autorité administrative compétente pour délivrer l’autorisation ou conclure la convention est
tenue de vérifier, ab initio, le respect de l’affectation par l’utilisation proposée 43.
Nous savons que l’octroi du titre juridique permet de fixer certaines prescriptions
particulières… destinées à protéger le domaine public en raison d’une utilisation privative. La
notion de compatibilité se satisfait, juridiquement, d’une simple absence de contrariété à la
différence de l’exigence de conformité (stricte identité).
Une utilisation privative du domaine public qui n’est pas en contradiction avec
l’affectation de la dépendance remplit par là même l’exigence de compatibilité. Les gares, les
aéroports et les voies publiques sont affectés, à titre principal, à la circulation et au transport
en général. La présence de boutiques, de restaurants, de cafés, de services, etc. ne porte
aucune atteinte à l’affectation. Il y a compatibilité. Il en est de même des panneaux
publicitaires sur la voie publique44.
Le domaine public peut être utilisé de façon compatible, c'est-à-dire qui n’est pas en
rapport avec l’affectation du domaine. On dit souvent dans ce cas que l’utilisation est
42
Idem.
43
S. T. EMMANUELLE GILLET – LORENZI ,op.cit,p.108.
44
Idem.
15

anormale. Mais voyons que dans le sens courant du terme « compatible» signifié une chose
qui peut être s’accorder avec d’autre. Dans le droit du domaine public donc, compatible
signifie que l’utilisation sans être en rapport avec l’affectation mais néanmoins peut
s’accorder avec elle.
Tandis que l’anormale signifie, une chose qui n’est pas conforme aux règles, qui ne se
produit pas souvent. On ne saurait qualifier que l’utilisation compatible signifie l’utilisation
anormale. Occupations conformes et occupations compatibles sont les unes et les autres des
occupations normales.
Les seules occupations anormales sont celles qui ne sont même pas compatible avec
l’affectation des dépendances occupées. Mais justement ces occupations n’a pas droit à
l’existence45.
L’utilisation compatible du domaine est une utilisation fréquente faite par l’usager du
domaine. Dans ce cas, les pouvoirs de l’administration sont très importants et le droit des
bénéficiaires est réduit. En effet, cette utilisation doit être précédée en principe par une
autorisation délivrée par l’administration.
L’utilisation privative est conforme lorsqu’un bien public est par son objet même
destiné à ce type d’utilisation46.Rappelons qu’au sens juridique, la conformité exige un rapport
de stricte identité. L’occupation ou l’utilisation conforme est vérifiable à partir de la
destination de l’affectation de la dépendance.
L’utilisation conforme est le mode normal d’utilisation du domaine public.
L’utilisation privative qui ne correspond pas à l’affectation initiale constitue, dès lors, un
mode anormal d’utilisation du public. C’est pour éviter qu’elle puisse constituer une entrave à
la gestion patrimoniale du domaine public que l’utilisation privative non conforme est
autorisée sous certaines conditions. L’utilisation privative non conforme à l’affectation
devient possible lorsqu’elle fait l’objet d’un titre juridique et qu’elle est compatible avec
l’affectation donnée au bien.
Ainsi, qu'il existe une grande différence entre la compatibilité et la conformité. Dans le
cadre du domaine public routier, la circulation des personnes et véhicules est conforme à cette
utilisation ; alors que l'érection des stations- services serait compatible dans le cadre où la
construction respecterait certaines règles.

45
R. NARANJAKO , l’utilisation privative du domaine public, université

Antananarivo,p.6..
46
P. DELVOVÉ,op.cit,p.6.
16

B. L’exigence d’un titre

Pour soustraire certaines dépendances du domaine public à leur utilisation collective


normale, les collectivités publiques propriétaires pourraient se fonder sur la rentabilité que
pourrait procurer une utilisation différente. Un tel choix est soumis par le législateur à une
contrainte formelle. L’utilisation privative est subordonnée à l’accord préalable et
formellement donné par les autorités administratives compétentes. Il en résulte l’exigence
d’un titre juridique habilitant un individu en particulier à utiliser à son profit une partie du
domaine public47.
L’utilisation privative, même légale, n’en reste pas moins susceptible de porter atteinte
au domaine public. C’est pour prévenir les atteintes que les titres juridiques pourraient être
assortis de prescriptions particulières. La nécessité d’indiquer de telles prescriptions explique
le caractère obligatoirement explicite et préalable de l’autorisation habilitant à occuper de
manière privative.
Le titre peut être sous forme d'acte administratif unilatéral ou d'acte bilatéral ( contrat
administratif), selon l'étendue de la parcelle du domaine à occuper. Le titre est nécessaire car
constitue l'autorisation d'occupation qui relève généralement d'autorités de police. Le titre
atteste le droit d'utilisation privative de l'occupant sur le domaine ; cette utilisation a d'autant
un caractère temporaire et précaire qu'elle est accordée à titre onéreux. Le paiement d'une
redevance est donc une exigence48.
Le titre est nécessaire car comme prévoit certaines prescriptions à portée individuelle
pour une utilisation durablement compatible, la conservation du domaine reste observée.
Ainsi, lorsqu'une activité se révèle à la suite de temps en dysharmonie avec ces
exigences, l'Administration peut en mettre fin49.
Sur l’exigence d’un titre pour utiliser et a fortiori pour occuper un bien public, il n’y a
pas de doute. S’il fait partie du domaine public, elles sont renforcées par les exigences qui lui
sont propres : en particulier, il appartient à la juridiction administrative d’autoriser, le cas
échéant en référé, l’expulsion d’un occupant sans titre.
Les titres permettant l’utilisation d’un bien public sont aussi divers que ces biens et
que l’utilisation qui en est faite. Ils sont accordés à une personne déterminée mais ils sont
souvent encadrés par des dispositions de portée générale, qui, alors même qu’elles portent sur

47
S.T. EMMANUELLE GILLET – LORENZI ,op.cit,p.p.98-99.
48
Y. ALONI MUKOKO,op.cit,p.80.
49
Idem.
17

des dépendances du domaine privé, constituent des actes administratifs dont le contentieux
appartient aux juridictions administratives.
On peut essayer de les classer en deux catégories : ceux qui ont pour objet exclusif
l’utilisation privative du domaine ; ceux qui permettent l’utilisation privative du domaine en
liaison avec un autre objet.

C. Le payement de la redevance
En principe, toute occupation privative du domaine public oblige le bénéficiaire de
cette occupation de payer une redevance « fixée par le titre d’occupation » 50.Cette redevance,
source de revenu pour le propriétaire du domaine public, rentre dans ses prérogatives. Elle est
fixée de manière libre par le maitre du domaine.
En accordant cette liberté à l’autorité domaniale, en matière de redevance, c’est aussi
une manière de lui permettre d’assurer une meilleure exploitation dudit domaine. Bien que le
principe de la redevance reste un principe bien encadré , la liberté de fixer le prix de cette
redevance manifeste l’existence d’une liberté de gestion du domaine public .
La redevance ou rémunération de service rendu peut être définie comme la somme
versée par l’usager d’un service public ou d’un ouvrage public déterminé et qui trouve sa
contrepartie directe et immédiate dans les prestations fournies par ce service ou dans
l’utilisation de l’ouvrage51.
La redevance est la rémunération pour service rendu mais qui n'est due que si la
contre-prestation est effectivement utilisée par le redevable et non pas seulement mise à sa
disposition52.
La redevance est imposée par l’administration au bénéficiaire de l’autorisation, en
principe au profit de la personne publique propriétaire. En effet, la redevance est perçue en
l’autorité administrative compétente fixe un certain nombre d’objectifs d’intérêt général, ou
de service public, à la réalisation desquels elle subordonne la décision d’octroi de
l’autorisation d’occupation privative du domaine public53.
En effet, la redevance est un paiement régulier effectué par une personne ou une entité
à une autre en échange d’un service, d’un droit d’usage ou d’une occupation. Elle peut
prendre différentes formes . La redevance peut être exigée par le Gouvernement ,les
50
Jean-Marie AUBY, et alii - Droit administratif des biens,Dalloz, 7e éd., 2016, p.155.
51
P.MATONA PHEMBA, Droit fiscal,ucc,1 ère Master,2019-2020,p.7.
52
R. KOLA GONZE , Droit fiscal ,unikin, faculté de Droit,L1,2020-2021,p.12.
53
Idem.
18

organismes publics, les entreprises ou d’autres entités. Elle peut être appliquée dans plusieurs
domaines. Le montant de la redevance est souvent déterminé en fonction des critères
spécifiques, tels le volume d’utilisation, la durée de l’occupation ou la valeur du service
rendu.

§2. Situation juridique de l'occupant privatif


L’occupant privatif est soumis à un certain nombre d’obligations d’intérêt général. Le
mot « obligation » a plusieurs sens. Nous allons les examiner rapidement pour ne retenir que
celui qui nous intéresse dans le cadre du présent ouvrage.
Dans un premier sens - un sens très large - ce mot peut désigner tout ce que la loi ou
même la morale commande à un individu de faire, sans que l’individu concerné n’en soit
nécessairement tenu à l’égard d’une personne déterminée, qui serait son créancier.
Dans un sens plus général, l’on dira, par exemple, que tout Congolais adulte a
l’obligation de payer les impôts, tout propriétaire d’immeuble celle de respecter les
règlements d’hygiène ou de voirie; l’on dira de même que chacun a l’obligation de respecter
ses parents, chacun a l’obligation de respecter les biens d’autrui, etc. La liste des exemples est
quasiment illimitée, le mot « obligation » ayant dans cette acception une portée excessivement
étendue.
Le droit l’utilise, au contraire, dans ses sens beaucoup plus étroits. En droit
commercial, le mot « obligation » peut signifier le titre négociable (nominatif ou au porteur)
qui représente la part de créance qu’a son titulaire dans un emprunt fait sous cette forme par
une société commerciale ou par une collectivité publique. Dans la pratique notariale, «
l’obligation » désigne l’acte notarié constatant un prêt garanti par une hypothèque. L’on peut
continuer la liste de ces significations restreintes mais limitons nous à celle qui nous intéresse
dans le cadre de ce cours.
Au sens du droit civil, « l’obligation » ou droit de créance est « un lien de droit entre
deux personnes en vertu duquel l’une d’elles, le créancier, peut exiger de l’autre, le débiteur,
une certaine prestation54.En érigeant la station- service, l’occupant privatif est tenu aux
obligations d’intérêt général.
A. Les obligations d'intérêt général à charge de l'occupant privatif
L’acte juridique par lequel un particulier est autorisé à utiliser, de manière privative,
une dépendance du domaine public pourrait comporter des obligations d’intérêt général 55.Une
autre situation pourrait se présenter dans laquelle la convention d’occupation domaniale ou
l’autorisation unilatérale, tout en comportant des obligations d’intérêt général mises à la

54
KALONGO MBIKAYI, Droit civil les obligations, Tome 1,CRDJ,p.16.
55
S.T. EMMANUELLE GILLET-LORENZI,op.cit,p.110.
19

charge de l’occupant privatif, reste une simple occupation du domaine public. Sans être
constitutive d’une délégation de service public. Le schéma est simple et original.
L'intérêt général est défini comme « ce qui est pour le bien public» 56.L'intérêt général
désigne les intérêts, valeurs ou objectifs qui sont partagés par l'ensemble des membres d'une
société. Elle correspond aussi à une situation qui procure un bien-être à tous les individus
d'une société.
Ainsi, l'autorité qui accorde le titre à l'occupant privatif du domaine public,attend une
activité d'intérêt général, raison pour laquelle on accorde par exemple l'autorisation d'ériger
les stations- services sur les emprises publiques. L'intérêt général se justifie dans la mesure où
les stations- services permettent à toute personne de se ressourcer en carburant en cas de
besoin. Il est aussi opportun de dire que l'érection d'une station- service peut être considérée
d'intérêt général si et seulement si elle est érigée en respectant certaines normes ; dans le cas
contraire serait un danger pour la population.

56
D. MBAU SUKISA , Grands services publics, cours, unikin, faculté de Droit, L1,2020-2021,p.23.
20

CHAPITRE 2. LE RÉGIME JURIDIQUE DE L’ÉRECTION DES


STATIONS – SERVICES
L’évolution de l'automobile a fait apparaître un nouveau type de bâtiment spécialisé
dans la vente de carburant: la station-service.
Dès le début du siècle, elle prend rapidement place dans le paysage et devient un lieu
de la quotidienneté où se côtoient les citoyens. Cependant, une telle installation, aujourd'hui
banalisée, représente un risque de par le stockage et la distribution de liquides inflammables.
D'où la quintessence de la gérer et proposer les pistes de solution en vue de prévenir
les risques technologiques .
Dans ce chapitre, nous examinons ferons une brève historique de la station d'essence,
(section 1) puis nous verrons la station- service : une installation classée ( section 2), avant
d’aborder la rationalisation du régime juridique de l'érection d'une station -service ( section 3).
SECTION 1. HISTORIQUE
Il conviendrait de mettre in limine litis le contenu de la présente notion (§1)
avant d'aborder l'historique de la station-d'essence (§.2)
§.1. Luminaire
La République Démocratique du Congo a engagé son apophyse de
reconstruction nationale après qu’elle soit confrontée à des crises
politiques récurrentes à la suite de nombreuses guerres qui l’ont touchée.
Dans le carnier de cette reconstruction, deux faits peuvent être relevés :
l’adoption par la voie référendaire d’une constitution fixant un cadre
institutionnel démocratique57, et l’organisation des élections aux niveaux
57
Exposé des motifs de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006
modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006.
21

national et provincial d’un côté, et de l’autre côté, une faculté de vouloir


engager le pays sur la voie du développement économique et social. Si à ce
jour le cadre politico-institutionnel semble être stabilisé, les multiples
réformes ont été engagées dans plusieurs domaines pour matérialiser cette
reconstruction.
Devant ces panoplies des réformes, une a retenu notre attention car elle
paraît la plus pertinente : il s’agit de la problématique de la planification
spatiale et de la répartition des activités/des hommes sur le territoire. Bref,
la politique d’aménagement du territoire prenant en compte les
préoccupations environnementales.
La République Démocratique du Congo a comme capitale la ville de
Kinshasa, elle a statut administratif de province. La ville province de
Kinshasa, occupe une zone importante que la seule ville. Elle est délimitée
au nord par la frontière de la République Démocratique du Congo avec la
République du Congo et le sud de la province du Maindombé ; à l’Est par
l’Ouest des provinces du Kwango et du Kwilu, au sud par le nord du Kongo
Central et, à l’Ouest par l’Est du Kongo Central.2 La ville province de
Kinshasa a une superficie de 9.965km2,58 soit 996.50059 d’hectares.
Cette ressource peut sans doute aucun offrir, à elle seule, des énormes
potentialités susceptibles par une gestion rationnelle de conduire au
développement durable de cette ville.
A ce jour, dans la même vision de reconstruction, la politique de
planification spatiale apparaît comme l’oubliée de toutes ces réformes et
pourtant l’enjeu s’avère important dans la mesure où le pays cherche à
réussir sa décentralisation et son découpage territorial d’une part, et
d’autre part, à attirer des investissements pour assurer son développement
rapide.
Cependant, l’appel des investisseurs tant nationaux qu’étrangers et le
développement exigent non seulement la paix et les garanties politiques
mais aussi la sécurité juridique du cadre foncier et l’accessibilité au centre

58
Art 29 loi-organique n°15/006 du 25 Mars 2015 portant fixation des limites des provinces et celles
de la ville de Kinshasa.
59
Ville province de Kinshasa-Monusco, Kinshasa factsheet. Fre.pdf le 23 juillet 2022
www.monusco.org.
22

d’écoulement des produits de la part du pays qui veut se développer avec


des capitaux étrangers. De même la décentralisation et le découpage
territorial ne peuvent réussir que s’il y a une politique de répartition
cohérente des activités sur l’ensemble du territoire. 60
En ce stade, il reviendrait à s’interroger non seulement sur le fond privé
susceptible d’ériger une station-service en tant que telle, mais aussi sur
son usage. Dans cette optique, il est patent que seule la notion
d’aménagement du territoire pourrait faciliter à atteindre cet objectif car il
est une branche du droit ayant compétences d'indiquer les lieux qu'il faut
ou non placer les activités de l'homme en vue d'un développement ô
combien durable.

A l’ère actuelle, les Etats ont adopté des accords multilatéraux sur
l’environnement au cours des conférences des nations Unies sur
l’environnement tenues respectivement à Stockholm en 1972 et à Rio de
Janeiro en 1992, qui avaient conduit la communauté internationale à
accorder une attention plus accrue aux problèmes de l’environnement,
face aux dangers prévisibles de sa dégradation. 61 De même la République
Démocratique du Congo conformément à l’article 123 point 15 de la
constitution du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour,
dispose une loi-cadre destinée notamment à rationaliser la gestion des
ressources naturelles et d’améliorer l’environnement, de ce fait même les
précautions environnementales doivent être prises en compte dans
l’élaboration des différentes politiques dont l’illustration est la garantie
constitutionnelle du droit à un environnement sain. 62
L’Etat, la province et l’entité territoriale décentralisée ainsi que toute
personne physique ou morale publique ou privée sont chargés de
l’obligation de la protection et de la participation à l’amélioration de la

60
ALONI MUKOKO (Y), aménagement du territoire, politique foncière et prise en compte des
préoccupations environnementales en droit Congolais perceptives pour une gestion durable du sol,
thèse de doctorat, Université de Kinshasa, Fac droit, 2012-2013.p.2
61
Exposé des motifs de la loi n°11/009 du 09 juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de
l’environnement
62
Art 53 de la constitution de la République Démocratique du Congo.
23

qualité de l’environnement.63 L’Etat, la province et l’entité territoriale


décentralisée prennent en compte, lors de l’élaboration des plans
d’aménagement du territoire ou d’urbanisme, les impératifs de protection
de l’environnement et du bien-être de la population locale dans le choix et
l’emplacement des zones d’activités.
Notre étude s’intéresse sur la problématique de la prise en compte des
préoccupations environnementales dans la politique d’aménagement du
territoire dans la ville de Kinshasa au moment de construction des
stations-service.Il est question de voir comment sur le plan de la politique
d’aménagement, la gestion du sol et les considérations environnementales
dans les implantations des exploitations des stations de distribution des
produits pétroliers raffinés pourront conduire à un développement durable.

Ces deux notions (gestions du sol et les considérations des préoccupations


environnementales) ont pour bases juridiques le décret du 20 juin 1957
sur l’urbanisme au Congo Belge et la loi cadre du 09 juillet 2011 sur les
principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement.
La question d’ouverture nous conduit à savoir si existe-t-elle une politique
de planification spatiale en RDC en général et en particulier dans la ville
de Kinshasa, si oui, celleci intègre-t-elle les préoccupations
environnementales, une gestion durable des ressources naturelles ?
A travers de cette interrogative nous serons amenés à dévoiler la politique
de planification territoriale en République Démocratique du Congo
destinée à l’élaboration des normes qui deviennent les cadres de
programmes destinés à orienter par des mesures les actions de la
population afin d’atteindre les objectifs déterminés escomptés d’une part,
et la prise en compte des préoccupations environnementales dans la
politique d’aménagement du territoire, pourquoi les prendre en compte
d’autre part.

63
Art 3 al 3 de la loi n° 11/009 du 09 juillet 2011
24

§.2. Historique64
Au début du XXe siècle, on ne vend du carburant qu'à quelques endroits et
les chauffeurs doivent souvent aller le chercher à des terminaux de
distribution situés en périphérie des localités. À ces endroits, on remplit
des bidons à partir de réservoirs en vrac avant de les déverser
manuellement dans le réservoir du véhicule à l'aide d'un entonnoir. Cette
méthode laborieuse, peu pratique et potentiellement dangereuse de faire
le plein se révèle bientôt inadéquate pour répondre à la demande
croissante, ce qui accélère le développement de pompes plus
perfectionnées et de réservoirs d'entreposage souterrains.
Pour les commerces qui vendent des produits pétroliers à usage
domestique et qui ajoutent la vente d'essence, souvent au milieu de
bicyclettes, de quincaillerie ou d'épicerie, la pompe à essence en bordure
du trottoir constitue une innovation importante. Elle permet de remplir
mécaniquement les automobiles et centralise la distribution, réduisant
ainsi le risque d'incendie. Ces pompes, qui sont des emplacements plus
pratiques pour faire le plein, perturbent cependant la circulation. Les
premières aires de stations-service intérieures sont de simples hangars
dépourvus de décoration, sauf pour la publicité. Elles sont peu esthétiques
ni de conception uniforme, et comme leur nombre augmente, elles attirent
de plus en plus de réactions négatives de la part du public.

Avant 1920, les stations en bordure du trottoir et de type hangar situées


dans les centres urbains se concentrent surtout dans le quartier central
des affaires ou à proximité. Au fur et à mesure de l'augmentation du
nombre de propriétaires d'automobile, les compagnies de pétrole
commencent à investir beaucoup dans les stations de quartier. Non
seulement doivent-elles attirer les clients et les conserver, mais elles
doivent aussi s'intégrer à l'environnement des quartiers résidentiels.
Nombre de ces stations sont d'inspiration locale et beaucoup de ces
bâtiments sont préfabriqués pour des raisons pratiques et économiques.
Certaines compagnies commencent à copier des styles d'architecture
64
Station-servicel'Encyclopédie Canadienne"
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/station-service, consulté le 15 Août 2024 à 12h28'
25

reconnus dans l'espoir d'établir leur image de marque. Dès le milieu des
années 10, la petite maison classique ou le concept de bungalow se
modifie par l'ajout d'un toit-abri qui donne à la station-service un nouveau
type particulier. En 1925, la majorité des stations sont équipées de postes
de graissage et d'espaces de lavage, et ces nouvelles fonctions sont
intégrées en ajoutant une baie ou plus aux concepts traditionnels.

Les années 20 représentent une décennie importante dans l'évolution


esthétique des stations-service. Celles-ci doivent être accessibles et
sécuritaires pour les clients, avoir une apparence attrayante et bien
s'intégrer aux quartiers dans lesquels elles sont situées. De plus, les
sociétés pétrolières prennent de plus en plus conscience du potentiel
publicitaire de leurs stations et désirent leur donner un style qui reflète
leur image de marque.
Au début des années 20, les sociétés pétrolières, leurs concepteurs et
entrepreneurs s'inspirent de l'architecture ancienne. Un périodique
professionnel publié en 1922 cite quatre stations « d'un style artistique
inhabituel » construites à Vancouver. On dit alors que ces quatre
bâtiments, conçus par les architectes Townley and Matheson, rappellent le
style « mission » californien. Au début de la même décennie, Imperial Oil
commence à construire des stations conçues par des architectes qui
sortent en 1928 trois plans de base adaptés à trois environnements
urbains différents (quartier d'affaires, zone résidentielle urbaine, petite
ville et immeubles en location).

Si les entrepreneurs sont les premiers à saisir le potentiel de la station-


service en tant que nouveau type de construction, on sait que dans les
années 30, les associations professionnelles d'architectes ont bien compris
le message. En 1937, une édition de la revue publiée par L'Institut royal
d'architecture du Canada (IRAC) expose longuement les particularités des
besoins de la station-service et les défis que pose sa conception. On lance
donc un appel pour trouver une nouvelle approche du concept de la
26

station de base, « quelque chose qui serait libre de tout dogme


traditionnel.

SECTION 2. LA STATION D'ESSENCE : UNE INSTALLATION CLASSEE


Une « station-service» est une infrastructure positionnée sur le bord d'une route ou
d'une autoroute destinée à fournir du carburant aux automobilistes 65.Une « station-service» est
une installation où sont vendus de l'essence ou d'autres carburants et où peuvent être proposés
des services d'entretien et de réparations mineures.
Elle est composée d'un poste d'essence équipé de distributeurs. Elle peut associer
d'autres installations telles que le lave-auto, des services pour automobiles, un département et
un service alimentaire66.
Il sied de signaler que jusqu'à l'ère actuelle contrairement aux autres pays africains
notamment la Côte-d’Ivoire, le Sénégal et le Cameroun, le législateur congolais ne définit pas
ce que l'on entend par « station-service» moins encore ne dispose une réglementation
particulièrement relative aux modalités d'implantation des stations-service en RDC, mais se
limite à parler censu lago des installations classées avec le Décret de 2013.
Mais remarquons que de la manière dont les stations-service se multiplient dans la
ville province de Kinshasa, une loi générale, celle qui ne prévoit pas à fond les dispositions
organisant cette activité se présente inefficace.
Elle n'arrive pas à répondre à la question majeure sur les conditions d'implantation
d'une installation classée soumise à autorisation du type: station-service tout en prenant en
compte les préoccupations environnementales pour la protection de l'environnement.
À tout le moins, le législateur cite le dégraissage (ateliers de) à l'aide de naphte ou
d'autres hydrocarbures en annexe 1 du Décret N°13/015 du 29 mai 2013, dans la
nomenclature des installations classées, dans la catégorie I et soumises à autorisation
préalable.
Les stations-service sont des lieux auxquels la fonction première est de permettre aux
automobilistes d'alimenter leurs véhicules en carburant. C'est pour cette raison qu'elles sont le
plus souvent situées aux bords des routes, notamment à proximité des autoroutes.
Cependant, les stations-service ont bien évolué depuis leur création et proposent
désormais davantage de services. En effet, les automobilistes peuvent:

65
Introduction en France des stations-service et pollution, https: www. technoscience. net/ glossaire -définitions/ station-
service.html.
66
Directives d’esthétique urbain pour les stations – service , Ottawa -ca3,N°21-06, urbanisme et gestion de croissance,p.3.
27

- acheter des équipements automobiles: en général, le magasin de la station-service


contient un espace dédié aux accessoires auto. On peut se procurer de l'huile moteur, du
liquide de refroidissement, etc,
- se reposer et se restaurer: les stations-service situées aux bords des routes possèdent
souvent un restaurant, une aire de repos, une supérette etc.
Cette section aborde d'une part le régime général de l'érection d'une installation
classée, et d'autre part le régime spécial de l'érection d'une station- service.

§.1.REGIME GÉNÉRAL DE L’ÉRECTION D’UNE INSTALLATION CLASSÉE


Le régime général de l’érection d’une installation classée, constitue les règles
applicables à une matière bien déterminée.
Le présent paragraphe nous permet d’aborder la définition d’une installation classée
(A), enfin de faire une analyse des conditions fixées par le décret sur les installations classées

A. Définition d'une installation classée


Selon l'article 3 point 5 du Décret de 2013 sur les installations classées, une
«installation classée»: est une «source fixe ou mobile, quelle que soit son propriétaire
ou son affectation, susceptible d'entraîner des nuisances et de porter atteinte à
l'environnement, notamment aux ressources en terres, aux ressources du sous-sol, aux
ressources en eau, à l'air et aux el4 forestières»67.
Est considérée comme installation classée «toute installation, industrielle,
commerciale ou agricole dont l'exploitation présente soit des dangers pour la santé, la
sécurité, la salubrité publique, l'environnement ou la conservation des sites et monuments, soit
des inconvénients pour la commodité du voisinage est classée suivant la gravité du danger,
des inconvénients ou des incommodités que peut présenter son existence ou son
exploitation»68.
Les activités concernées sont définies par une nomenclature qui les classe sous le
régime de déclaration préalable ou d'autorisation, en fonction de la gravité des dangers ou
inconvénients qu'elles peuvent présenter.
En d'autres termes, une installation est dite classée lorsque du fait de ses inconvénients
ou dangers, la pollution, elle a fait l'objet d'une inscription sur une liste appelée nomenclature.

67
Décret N°13/015 du 29 mai 2013 portant réglementation des installations classées.
68
Art.37 LPFPE.
28

Une installation classée est une installation industrielle ou commerciale soumise à une
réglementation stricte en raison de leur impact potentiel sur l'environnement ou la santé
publique. Les installations classées sont soumises aux conditions particulières.
Au regard du danger que les stations services présentent en République démocratique
du Congo, en général et dans la ville de Kinshasa en particulier, il y a lieu de les aligner dans
le rang des installations classées .
B. Analyse des conditions fixées par le décret sur les installations classées
Le décret sur les installations classées donne deux catégories d'installations classées,
dont une l'une est soumise à l'autorisation et l'autre à déclaration préalable.
1. Installations classées soumises à autorisation:
La demande de permis d'exploitation est introduite, contre accusé de réception, auprès
de l'administration provinciale chargée de l'environnement, et dans un délai ne dépassant pas
quinze jours. Une enquête publique doit être diligentée telle que prévue à l'article 24 de la loi
et une autre enquête technique consistant au prélèvement des données taxables. La délivrance
de permis d'exploitation est aussi conditionnée à une étude d'impact environnemental et social
acquis.
Au récépissé est annexé une note de prescriptions générales concernant l'activité
faisant l'objet de la déclaration.
L'article 24 du décret sur les installations classées dispose :"tout exploitant d’une
installation classée soumis à autorisation élabore et met en œuvre des mesures de sécurité
industrielle appropriées et établit un plan d’urgence décrivant les mesures nécessaires pour
maîtriser les accidents industriels et limiter leurs conséquences pour l’environnement et la
santé.

Ce plan d’urgence est porté à la connaissance des autorités administratives


compétentes et des populations avoisinantes"69.
Deux conditions sont imposées aux installations classées : certaines sont soumises à
une autorisation de l’administration et d’autres soumises à une déclaration préalable. Les
stations-services érigées de part et d’autre nous montrent comment elles ne respectent pas la
procédure à suivre et de l’autre côté nous voyons la mauvaise foi des autorités qui autorisent
l’érection des stations- services dans les milieux pouvant créer un danger pour la population.

69
Art.24 du décret sur les installations classées.
29

Le décret sur les installations classées attribue un pouvoir d’appréciation avant


d’autoriser l’érection d’une station-service ; de ce pouvoir d’appréciation, l’autorité peut
autoriser l’érection ou dans le cas contraire, refuser.
Nous nous rendons compte que le décret sur les installations classées ne dit rien sur la
distance à observer entre deux stations-services, chose qui montre d’une part l’appréciation du
danger imminent lorsque l’autorité donne l’autorisation d’ériger une station- service à
proximité de l’autre et d’autre part le vide juridique sur certaines mesures visant à protéger la
population contre les différents risques.
Après l’observation des stations -services dans la ville de Kinshasa, nous nous
sommes rendu compte que ces installations ne respectent les conditions requises pour occuper
privativement de domaine public routier.
La ville de Kinshasa est une belle ville, centre de négoce qui, malheureusement, souffre
encore du manque d'urbanisation. Depuis quelques années, on constate un accroissement du
nombre de stations-service dans la capitale congolaise. Au rond-point victoire, il existe déjà
trois stations-service qui partagent une distance de moins de 50 mètres. Sur l'avenue
kabambare dans la commune de barumbu, trois stations-service ont été érigées ces dernières
années sur le tronçon compris entre les avenues Bokassa et Kasaï mesurant quasiment moins
de 500 mètres. À lingwala, trois stations-service se font face désormais aux alentours de
l'Académie des beaux-arts. Dans plusieurs autres coins de la capitale, le constat est identique.
À la dix-huitième rue limité, trois stations se côtoient à présent alors qu'il y en existait qu'une
seule avant. À la quinzième rue une station juste voisine de l'hôpital Saint Joseph.
À masina, station-total dénommée station-kimbuta située au voisinage de l'école et université
révérend Kim. Une station sonahydro située pratiquement en face du palais du peuple.
La station bival oil, dans la commune de lemba, Quartier righini, installée sur l’avenue de
l’université, constitue un danger pour la population, dans la mesure où cette station est très
proche des maisons à usage résidentiel ; en cas d’explosion de cette station les pertes en vies
humaines seront nombreuses ;
C’est le cas également des stations- services MJ OIL et cobil à l’intendance de
l’université de Kinshasa dont la distance qui sépare les deux stations n’arrive même pas à 20
mètres, pourtant en droit comparé, particulièrement les droits malgache et sénégalais prévoit
une distance de 500 mètres pouvant séparer les deux stations -services ;Les Stations oil Med
et log dans la commune de barumbu ont tiré notre attention, car elles sont très proches, l’une
de l’autre ;
30

Les stations totales et log près du tribunal de grande instance de kalamu et la regideso,
en cas d’explosion de ces deux stations, la partie de la ville de Kinshasa pourra manquer non
seulement le personnel de la regideso, mais également les juges qui ont pour mission de dire
le droit, aussi les prévenus qui essaye de se défendre.
Ainsi, cette étude qui milite contre les constructions des stations-service dans ces
emplacements a son pesant d'or du fait que elles sont très dangereuses pour la population.
Cette position est appuyée par des spécialistes du bâtiment et de l'aménagement urbain
de l'institut supérieur d'architecture et d'urbanisme ( ISAU) dans une interview du 11 /1/
202270. Selon ces spécialistes: « ce n'est pas normal qu'une station d'essence s'adosse sur une
résidence; la catastrophe en cas d'incendie est grave».
En République démocratique du Congo, ajoutent-ils, plusieurs documents sont exigés
avant de construire une station-service. C'est notamment un certificat d'incendie, une lettre
d'approbation, ainsi qu'un permis du département des ressources pétrolières et ce n'est
qu'après qu'on peut démarcher pour un permis de construire. Et pourtant, plusieurs stations ne
semblent pas avoir suivi la procédure et d'autres l'ont suivi fantesistement faute de la faiblesse
de l'administration alors qu'elles se retrouvent dans des lieux à haut risque.
Après cette observation, nous avons trouvé opportun de faire une étude analytique du
régime spécial de l’érection d’une station- service.
§.2.Régime spécial de l’érection d’une station – service
Le régime spécial de l’érection d’une station- service nous pousse à faire une analyse
de la loi sur les hydrocarbures (A), avant de voir le règlement d’hydrocarbures (B).
A. Analyse de la loi sur les hydrocarbures
La loi fixe le régime général applicable aux hydrocarbures définit le régime juridique
et fiscal, d'une part, des activités de prospection, d’exploration, d’exploitation, de transport, de
commercialisation, de raffinage, de transformation des hydrocarbures, et d'autre part, des
activités de fourniture, de transport, de stockage, de distribution et de commercialisation des
produits pétroliers ainsi que les règles de protection de l'environnement s'y rapportant71.
Le point 22 de l'article 2 de la loi sur les hydrocarbures donne la définition, en se
basant sur le contenu d'hydrocarbure, composé organique constitué d'atomes de carbone et
d'hydrogène, solide, liquide ou gazeux, gisant dans le sol et/ou le, sous sol et utilisable comme
70
https : // habarirdc. net/ Kinshasa -proliferation- station-service/, par dandies luyila, le 24 décembre 2022, à

07 heures.
71
Art. 1Loi n° 15/012 du 1 er août 2015 portant régime général des

Hydrocarbures.
31

carburant, combustible ou pouvant servir de matière de base pour - l'industrie


pétrochimique72.Nul ne peut effectuer des opérations liées à l'exercice des activités
d'hydrocarbures, en amont ou en aval, s'il n'est bénéficiaire d'un droit y afférent73.
Les activités d'hydrocarbures en amont et en aval sont exercées dans te respect des
objectifs et principes ci-après :
1. le développement des compétences nationales et le transfert de technologies aux
nationaux ;
2. la promotion professionnelle des nationaux et de l'expertise locale ;3. le
développement des entreprises locales74.
Le Gouvernement élabore et met en œuvre la politique nationale en matière
d'hydrocarbures. A cet effet, il fixe les orientations générales en matière de gestion et de mise
en valeur des ressources d'hydrocarbures et d'approvisionnement régulier et suffisant en
produits pétroliers pour couvrir les besoins sur l'ensemble du territoire national .
Ces orientations sont intégrées dans la politique de développement national. Il assure
en outre la promotion de la transparence, de la bonne gouvernance et veille à la protection de
l'environnement dans les activités d'hydrocarbures tant en amont qu'en aval75.
Les activités d’hydrocarbures en aval sont :
 le raffinage ;
 le transport – stockage des produits pétroliers ;
 la fourniture des produits pétroliers ;
 l’importation et commercialisation des produits pétroliers ;
 l’industrie pétrochimique76.

Les activités visées à l’article 100 ci-dessous sont exercées conformément à la


législation et aux règlements relatifs :
1. à la sécurité des personnes et des biens dans des établissements destinés à ces
activités ;
2. à l’implantation, à la qualité et au contrôle des installations et des équipements ;
3. au contrôle et aux spécifications des produits pétroliers et des produits dérivés;
72
Art.2 point 22 de la loi sur les hydrocarbures.
73
Art.4 de loi sur les hydrocarbures.
74
Art. 5 de la loi sur les hydrocarbures.
75
Art.57 de la loi sur les hydrocarbures.
76
Art. 100 de la sur les hydrocarbures.
32

4. à la protection de l’environnement ;
5. au contrôle de stocks77.
La loi sur les hydrocarbures n'a rien dit concernant la réglementation particulière sur
l'implantation des stations- services en RDC en général et la ville de Kinshasa en particulier.
Cette loi réglemente le secteur d'activité des hydrocarbures, sans pour autant préciser
le mode que les particuliers qui sont dans ce secteur doivent observer pour implanter une
station-service.
Les règles d'aménagement et d'exploitation des dépôts des produits pétroliers, des
infrastructures de distribution les spécifications et consignes d'exploitation des camions et
wagons citernes ainsi que des barges pétrolières sont fixées par le règlement
d'hydrocarbures78.
Dès lors que le législateur congolais reste silencieux pour la réglementation
particulière d'érection des stations- services, en droit comparé, cette question est déjà résolue.
Aux termes de l'article 2 de l'arrêté sur l'implantation des stations -services du
Cameroun, l’’implantation des stations-service se fait dans le respect des textes régissant le
domaine public et la gestion de l'environnement79.
L’article 3 du même arrêté prend soin de prévoir la distance à observer, en disposant
"une distance minimale de cinq cents (500) mètres, mesurable à partir des extrémités
adjacentes, doit être observée entre deux (2) stations-service" 80.
Une distance minimale mesurable dans les conditions prévues à l'article 3 ci-dessus
doit être observée entre les stations-services et les établissements, lieux publics, bâtiments
administratifs et endroits stratégiques. Elle est de : mille (1.000) mètres au minimum pour la
Présidence de la République, les services du Premier Ministre, l'Assemblée nationale, le
Sénat, les services du Gouverneur, les préfectures et les sous-préfectures ;cent (100) mètres
minimum pour les établissements d'enseignement, les centres hospitaliers, les lieux de culte,
les terrains de sport, les places de marché et les bâtiments administratifs 81.
D. Analyse du règlement sur les hydrocarbures

77
Art.101 de la loi sur les hydrocarbures.
78
Idem.Art.111.
79
Arrêté n° 01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités

d'implantation des stations de distribution des produits pétroliers .


80
Art. 3 de l’arrêté Camerounais sur l’implantation des stations -services.
81
Art. 63 de l’arrêté Camerounais sur l’implantation la stations- services.
33

Le décret portant règlement d’hydrocarbures fixe les conditions et modalités


d’application de la loi n°15/012 du 1 er août 2015 portant régime général des hydrocarbures.
Il réglemente en outre les questions relatives aux dérivés des hydrocarbures82.
Le Ministre veille au bon déroulement de toutes les activités d’hydrocarbures visées à
l’article 2 point 1 de la loi83. Nul ne peut exercer une activité d’hydrocarbures s’il n’est
détenteur ou bénéficiaire d’un droit y afférent, conformément à l’article 4 de la loi. Une
demande distincte est introduite pour chaque activité d’hydrocarbure sollicitée 84.
En faisant une analyse cohérente, nous nous rendons compte que le règlement
d’hydrocarbures vient mettre en application la loi sur les hydrocarbures et le Ministre ayant
les hydrocarbures dans ses attributions veille au respect ou du moins de l’application du
règlement sur les hydrocarbures.
En effet, la loi sur les hydrocarbures comme le règlement d’hydrocarbures imposent
une condition préalable pour exercer les activités d’hydrocarbures.
L’article 6 du règlement d’hydrocarbures donne une précision, en disposant que : «
toute implantation des installations classées pétrolières ou mobiles est soumise à l’autorisation
préalable du ministre .
L'Administration tient un répertoire de toutes les implantations des installations
classées pétrolières.
Les modalités d’exécution des alinéas 1 er et ci-dessus sont fixées par arrêté du
ministre conformément à l’article 113 de la loi»85.
Suivant cette disposition, on peut déduire sans crainte d’une contradiction que toutes
les stations -services érigées sur les emprises publiques dans la ville de Kinshasa ont obtenu
l’autorisation du ministre, sans tenir compte du danger à la population.
Nous avons montré comment les stations – services sont très proches dans la ville de
Kinshasa, à tel point qu’elles se partagent une distance de moins de 100 mètres entre elles.
Le Ministre applique la politique nationale des hydrocarbures telle que définie par le
Gouvernement86.L’article 14 du règlement d’hydrocarbures énumère les missions du Ministre
ayant les hydrocarbures dans ses attributions comme : « assurer l’exécution des prescriptions

82
Art.1 du décret N°16 /010 du 19 avril 2016 portant règlement d’hydrocarbures.
83
Idem. Art. 3.
84
Ibidem. Art. 4.
85
Art. 6 du décret N°16/010 du 19 avril 2016 portant règlement d’hydrocarbures.
86
Art.13 du décret N°16/010 du 19 avril 2016 portant règlement d’hydrocarbures.
34

de l’hygiène, sécurité et environnement »87.Les activités d’hydrocarbures et leurs dépendances


sont soumises au contrôle, au suivi et l’inspection des services techniques et administratifs du
ministre88 .
De la lecture minutieuse du règlement d’hydrocarbures et la loi sur les hydrocarbures,
nous nous rendons compte que l’autorité administrative a un pouvoir d’appréciation,
permettant d’autoriser l’occupation privative du domaine public routier, mais la pratique
montre à quel point cette autorité qui censée de réfléchir avant d’accorder aux particuliers un
droit privatif, ne réfléchit plus, surtout lorsqu’il autorise l’érection des deux ou trois stations-
services sur le même lieu.

CHAPITRE 3. PROBLEMES ET PERSPETIVES


Dans le cadre ce chapitre, il est question d'aborder l'impact d'une station- d'essence sur
l'environnement (Section 1), avant de proposer les perspectives d'une occupation rationnelle
du domaine public routier dans l'érection des stations-d'essence (Section 2).
Section 1. L'impact d'une station -service sur l’environnement
L'homme a le devoir de protéger l'environnement pour l'intérêt des générations
actuelles et futures. Afin de laisser aux générations futures un environnement propice pour
une vie saine, nous devons empêcher que la terre ne devienne un enfer pour ceux qui nous
succéderont. Il est à noter que l'environnement et les abus qu'il peut subir doivent fortement
être restreints, pour ne pas mettre en danger l'espace de vie pour l'humanité. Mais souvent on
sous-estime d'une part et on surestime d'autre part les dangers qui peuvent provenir des
substances de très faible concentration.
« Tout projet de développement d'infrastructures ou d'exploitation de toute activité
industrielle, commerciale, agricole, forestière, minière, de télécommunication ou autre
susceptible d'avoir un impact sur l'environnement est assujetti à une étude d'impact
environnemental et social préalable, assortie de son plan de gestion, dûment approuvé» 89.
«Est obligatoirement et préalablement soumis à une étude d'impact environnemental et
social, assortie de son plan de gestion, tout projet de développement, d'infrastructures ou
d'exploitation de toute activité industrielle, commerciale, agricole, forestière, minière,

87
Idem. Art.14 point f.
88
Ibidem. Art.17.
89
Art 21 al.1 d e la loi sur l’environnement.
35

d'hydrocarbures, de cimenterie, de télécommunication ou autre susceptible d'avoir un impact


sur l'environnement»90.
Cela étant, la construction de toute station-service comme projet de développement
d'hydrocarbures qui a un impact sur l'environnement est soumise obligatoirement et
préalablement à une étude d'impact environnemental et social conformément aux dispositions
précitées.
Selon l'article 22 de la loi, la demande de réalisation de cette étude est adressée à
l'Agence Congolaise de l'Environnement et Sociales ainsi que le suivi de leur mise en œuvre;
de veiller à la prise en compte de la protection de l'environnement dans l'exécution de tout
projet ayant un impact sur l'environnement91.
En effet, l'analyse objective de ces dispositions (articles 21 et 18) démontre ou prouve
à suffisance que l'administration congolaise à travers de ses membres notamment dans ce cas
l'Agence Congolaise de l'Environnement est toujours au parfum des constructions des
stations-service sur le territoire congolais et ce, au préalable. Parce que la station-service étant
Un projet de développement qui ne peut se construire sans faire l'objet d'une étude
d'impact environnemental et social laquelle va permettre à un établissement public (ACE) de
pouvoir faire son travail. Mais remarquons, si tant soit peu les missions confiées jusque-là par
la loi sont bien exécutées nous osons croire que le constat sur terrain ne sera pas si amer qu'à
présent.
L'une des causes à notre avis est que dans la pratique l'administration ne fait pas
comme il le fallait son travail lors des constructions de ce projet de développement qui fait
l'objet de notre recherche; les stations-service.
Pour mieux saisir l'étude de station –d'essence sur l’environnement dans la ville
province de Kinshasa, il est essentiel d’analyser la pollution de l’environnement (§.1), sans
oublier les différentes formes de la pollution ( §.2).
§.1. La pollution de l’environnement
La pollution des sols n'est pas un sujet à la mode et pourtant ce type de pollution peut
sans nul doute entraîner des effets non négligeables pour l'environnement et la santé humaine.
Ce manque d'intérêt pourrait être expliqué en partie par le fait qu'il s'agit d'une préoccupation
relativement récente vu que ce problème a été pris en compte seulement après la deuxième
guerre mondiale plus accentué en 1972 lors de la conférence de Stockholm. Si ce souci n'est
90
Art 18 du Décret N°14-019 du 2 août 2018 fixant les règles de fonctionnement des mécanismes procéduraux

de la protection de l'environnement.
91
Art. 22 de la loi sur l’environnement.
36

venu que tardivement, c'est parce que le sol a été trop longtemps considéré comme « une boîte
noire», une sorte de réceptacle inconditionnel et illimité destiné à accueillir nos déchets et les
polluants générés par nos activités principalement industrielles.
Ainsi, les autorisations d'exploitation délivrées jadis ne mentionnaient aucune
précaution à prendre pour prévenir la pollution du sol et du sous-sol. ce manque de cadre
juridique posait évidemment un problème.
Mais au fil du temps on reconnaît que le sol est un milieu écologiquement sensible et
dont sa négligence mieux son utilisation abusive entraîne icto facto des conséquences néfastes
pour l'environnement.
Unanimement la pollution est définie par le Décret de 2013 portant réglementation des
installations classées dans son article 3 alinéa 11 et l'article 2 point 32 de la loi comme étant l'
«introduction directe ou indirecte, par l'activité humaine, de substances, de vibrations, de
chaleur ou de bruit dans l'air, l'eau ou le sol, susceptible de porter atteinte à la santé ou à la
qualité de l'environnement, d'entraîner des détériorations aux biens matériels ou une entrave à
l'agrément de l'environnement ou à d'autres utilisations légitimes92.
Selon LAROUSSE, la pollution est la «dégradation de l'environnement par des
substances (naturelles, chimiques ou radioactives), des déchets ( ménagers ou industriels) ou
des nuisances diverses ( sonores, lumineuses, thermiques, biologiques etc » 93 . Elle est
principalement liée aux activités humaines.
En effet, il existe la pollution diffuse de la pollution ponctuelle, mais dans le cadre de
notre étude qui consiste à démontrer de la manière dont les stations-service polluent
l'environnement urbain, nous verrons que l'environnement urbain est en direct de la pollution
ponctuelle des sols.
§.2. Différentes formes de pollution
1. Pollutions diffuses
Elles se développent sur des grandes surfaces des sols, proviennent essentiellement de
l'agriculture (emploi d'engrais ou de pesticides en agriculture) ou de retombées
atmosphériques. La dispersion puis l'accumulation de substances dangereuses sur ces sols
donnent ainsi des sites contaminés.
2. Pollutions ponctuelles

92
Art 3 al.11 du décret de 2013 portant réglementation des installations classées.
93
Dictionnaire français la rousse,V° la pollution.
37

À la différence des pollutions diffuses, elles se distinguent par la présence ponctuelle


dans les sols et sous-sol de substances dangereuses d'origines domestique, industrielle
identifiable; dont l'origine peut être localisée géographiquement de la façon précise.
Ces substances donnent naissance à des sites localement contaminés 94.Le
développement de l'automobile a fait apparaître un nouveau type de bâtiment dans la vente de
carburant dénommé: « station-service».
Actuellement, les postes de distribution prennent place dans le paysage et plus
précisément sur le bord des routes et deviennent un lieu de la quotidienneté où se côtoient les
citoyens. Cependant, les stations-service représentent un risque permanent de par le stockage
et la distribution de liquides inflammables, à cela s'ajoutent les facteurs environnementaux
notamment la pollution de l'air et cela provoque l'addition d'un très grand nombre de
pollutions de l'environnement. La station-service est en effet à l'origine de plusieurs sources
de pollution des sols ayant des conséquences directes sur l'environnement par exemple à
travers:
- Îlots de pompes,
- Cuves de stockage,
- Point de remplissage,
- Évents des citernes,
- Séparateurs d'hydrocarbures95.
La pollution de l’environnement serait l’altération soit de l’air ,du sol ou des eaux par
les moyens chimiques.
A. Différentes formes de pollution
Il existe plusieurs types de pollution environnementale qui entourent l'environnement :
la pollution de l'air, l'eau, la terre, les nuisances sonores, la radioactivité, la pollution
lumineuse etc96.

94
Dictionnaire environnement et développement durable, https://www. dictionnaire - environnement. Com/

pollution _ponctuelle _ ID2518. html, le 20 décembre 2023, à 19heures.


95
Piedrafita carnicer, Maria-victoria, « la pollution ponctuelle des sols: le cas des stations-service dans la Région

de Bruxelles-capitale », mémoire de fin d'études (DES), gestion de l'environnement, université libre de

Bruxelles, 2006-2007, P.16.


96
Les impacts de la pollution environnementale sur la santé, http.//pecb.com/site/renderpage? param=139, le

03/décembre/2023, à 15 heures.
38

 La pollution97de l'air est l'une des pollutions environnementales qui est


principalement causée par l'émission des gaz nocifs polluants dans l'atmosphère. Les
sources artificielles les plus importantes de polluants de l'air sont le transport et la
fabrication.
Ces polluants sont associés à des malades telles que les attaques, les maladies
cardiaques, le cancer des poumons, et d'autres maladies chroniques et respiratoires aiguës.
 La pollution de l'eau se produit lorsque les polluants sont directement ou
indirectement déversés dans l'eau sans traitement adéquat en provoquant des changements
physiques, des conditions biologiques et chimiques de la source d'eau.
La présence des polluants dans l'eau peut conduire à des effets néfastes sur la santé tels
que l'hépatite, l'encéphalite, la gastro-entérite, la diarrhée, les vomissements, les maux
d'estomac, et également des problèmes de reproduction et des troubles neurologiques.
La pollution des terres, également connue comme la pollution des sols, est une
contamination de la terre avec des matières chimiques dangereuses et toxiques. Ce type de
pollution est principalement causé par des actions d'origine humaine, des activités
industrielles, des produits chimiques, agricoles et l'élimination inadéquate des déchets. Les
produits chimiques les plus communs impliqués dans la pollution des terres sont le pétrole, les
carburants, les solvants, les pesticides, le plomb, le mercure et d'autres métaux lourds.
En effet, tous ces risques mentionnés ci-dessus ont le potentiel de causer un certain
nombre d'effets négatifs sur la santé des humains. Leur effet varie entre les symptômes légers
tels que les maux de tête, l'irritation des yeux et une éruption cutanée, et les maladies
beaucoup plus graves. À titre d'exemple, des niveaux élevés de plomb dans le sol peuvent
causer des dommages au développement du cerveau des jeunes enfants.
Ainsi, la pollution produit les effets sur la santé et sur l’environnement :
 Effets sur la Santé :
Les chercheurs se sont concentrés et ont étudié l'influence de la pollution sur la santé
des humains. De nombreux résultats des études prélevées sur les sites fortement pollués du
monde entier indiquent les impacts possibles sur la santé des niveaux élevés de la pollution
environnementale. La corrélation entre ces deux derniers est inévitable.
L'air, l'eau et la pollution des sols, particulièrement, sont les principaux dangers
environnementaux qui représentent de grands risques pour les organismes vivants, en
particulier sur la santé humaine98.
97
Idem
98
Les impacts de la pollution environnementale sur la santé, http//pecb.com/site/renderpage? param=139, le
39

Un polluant dans le sol est dangereux s'il devient mobile et s'il atteint sa cible (eaux
souterraines, l'écosystème, les hommes...). Un sol pollué devient alors un problème de santé
publique si le polluant atteint la nappe phréatique ou le cours d'eau avoisinant s'ils sont
destinés à l'alimentation en eau potable.
À partir des substances polluantes d'une station-service, il peut se produire une
contamination des sols qui peut aller jusqu'à la contamination de l'eau souterraine et de
surface et des plantes avec des éventuelles possibilités d'ingestion. Les effets directs sur la
santé peuvent constatés auprès de la population proche d'un site qui subit une pollution du sol
par la
Consommation d'aliments produits sur place, mais dans le cas des stations-service c'est
peu probable que cela arrive étant donné que ce type d'installations sont en principe éloignées
des zones agricoles ou des jardins potagers, des habitations pour les jardins domestiques.
En d'autres termes, la construction des stations-service dans un milieu peut être moins
dangereuse pour la santé lorsque certaines préventions sont prises notamment la prise en
compte d'une distance lors des constructions avec les habitations, etc. Les jeunes enfants
figurent parmi les populations les plus vulnérables et ce de par leur grande « sensibilité
biologique», mais à cause de certains comportements (ingestion de terres contaminées,
contact plus fréquent avec le sol, etc.). Une étude démontre que si, sur le terrain, une station-
service reste en exploitation et que la pollution reste limitée au terrain lui-même, il n'y aura
pas de risques actuels pour la santé publique dans des nombreux cas.
Suivant la classification de l'Union Européenne 99, les risques de l'essence automobile
pour la santé sont les risques du cancer et une atteinte des poumons en cas d'ingestion. En ce
qui concerne le gazole, un effet cancérogène est suspecté, mais les preuves sont insuffisantes.
Il peut provoquer aussi une atteinte des poumons en cas d'ingestion. Alors que, les huiles
minérales (lubrifiants) possèdent un point bas et provoquent des pneumonies chimiques de
gravité importante et l'évolution lente en comparaison avec les hydrocarbures légers. La
plupart des liquides de freins sont très nocifs à l'ingestion notamment polyéthylène glycol.
 Effets sur l’environnement :
La pollution des sols a des effets dévastateurs sur l'environnement et a des
répercussions sur toutes les formes de vie qui évoluent en son sein. À titre illustratif, les sols

24/décembre 2023 à 14 heures.


99
Directive du conseil du 27 juin 1967 concernant le rapprochement des dispositions législatives,

réglementaires et administratives relatives à la classification, l'emballage et l'étiquetage des substances

dangereuses.
40

pollués peuvent libérer des contaminants qui s'infiltrent dans les eaux souterraines, qui
s'accumulent ensuite dans les tissus végétaux, qui sont par la suite consommés par les
animaux au pâturage, les oiseaux et pour finir par les hommes qui mangent ces plantes.
La présence de polluants dans le sol, les eaux souterraines etc peut se provoquer en cas
de déversement ou de fuites dans le milieu naturel, selon les circonstances les fractions non
volatiles se disperseront dans l'environnement aquatique ou seront absorbées dans le sol
créant éventuellement une pollution des nappes souterraines pouvant induire une
contamination des zones de captage d'eau potable susceptible de provoquer une multitude de
maladies et entraîner une mortalité excessive chez l'être humain, des effets aigus à court
terme, comme des intoxications ou des diarrhées à des effets chroniques à long terme, comme
le cancer.
Dans l'eau, les carburants ont tendance à flotter et à s'étendre à la surface à cause de la
faible solubilité de certains de leurs constituants formant une nappe «huileuse» qui empêche
les échanges gazeux entre l'air et le milieu aquatique. Ceci entraîne à terme une sous
oxygénation et peut provoquer la mortalité de la faune aquatique .
Quelques fractions solubles contenant principalement des hydrocarbures aromatiques
et des composés polaires se diluent et sont toxiques pour les espèces vivantes.
En ce qui concerne les carburants selon la classification de l'U.E 107 le gazole et
l'essence automobile sont dangereux pour l'environnement aquatique. Le banzeme, par sa
grande toxicité, peut causer la mort ou la réduction du rythme de croissance de la végétation.
Il peut causer des dommages aux membranes des feuilles dans diverses cultures agricoles.
Les effets accrus peuvent être notés deux ou quatre jours après que la faune ou la
végétation ait été en contact avec le contaminant. Le banzeme, un composé aromatique du
carburant, est très toxique pour toute forme de vie aquatique. Dans les sols, le banzeme est
mobile de par sa pression de vapeur et sa solubilité élevées.
Les fuites provenant de citernes enterrées et les écoulements que provoque le
remplissage excessif de citernes sont les causes principales de contamination de la nappe
phréatique. La gravité des conséquences peut considérablement varier d'un pays à l'autre, par
exemple, en fonction du taux d'utilisation de la nappe phréatique pour l'eau potable et de l'état
de citernes enterrées sous les stations-service. Le rapport sur la réduction des risques de l'UE
souligne qu' «il est justifié de conclure que le MTBE pose un risque pour la qualité sensorielle
de l'eau potable» .
Un constat incontestable démontre que les lubrifiants sont jetés en quantité importante,
chaque jour dans la ville de Kinshasa après leur usage, dans la nature. Perdues sur le sol, ces
41

huiles peuvent être entraînées tel que nous avons vu ci-haut jusqu'aux nappes phréatiques ou
jusqu'aux rivières. Une telle pollution constitue un danger pour l'approvisionnement en eau de
la population.
En suivant les différents effets néfastes que produisent les stations -services, nous
envisageons certaines perspectives dans le but de l’occupation rationnelle du domaine public
routier.

Section 2. Perspectives pour une occupation rationnelle du


domaine public routier dans l’érection des stations-services
Il sied de remarquer que l’érection des stations- services dans la ville de Kinshasa
n’est pas rationnelle au regard de la loi, suite à la multiplicité des stations- services,
constituant non seulement un danger, mais également la pollution de l’environnement.
C’est pour cette raison que ce paragraphe consiste à aborder la justification de la
réforme (A), avant de finir avec le contenu de la réforme (B).
A. Justification de la réforme
La réforme se justifie dans le but de protéger l’intérêt général de la population en
général et celle de la ville province de Kinshasa en particulier, en prenant les textes qui
répondent aux réalités actuelles.
La réglementation particulière des stations -services, est une précaution contre les
risques d’exposition et de pollution de l’environnement, dès lors que la réforme fixe les
conditions requises pour ériger une station- service, l’occupant privatif du domaine public
routier, comme l’autorité qui accorde l’autorisation, ne pourront avoir le pouvoir
d’appréciation, mais en se référant à la loi.
A l’heure actuelle, les conditions pour occuper le domaine public de l’État d’une façon
privative, est une consécration de la doctrine, en se référant aux législations étrangères, alors
que le législateur congolais reste muet sur toutes les questions relatives à l’occupation
privative du domaine public en général et dans le cas d’espèce, le domaine public routier.
Les conditions dont nous avons soulevé ci-dessus pour occuper un domaine public de
l’État de manière privative sont l’œuvre de la doctrine en droit positif congolais.
Après l’analyse de certains instruments juridiques nationaux, notamment : le décret sur
les installations classées, la loi sur les hydrocarbures, le règlement d’hydrocarbures, nous
nous sommes rendu compte que le législateur n’a pas défini les stations- services ,ni moins
prévoir les conditions pour ériger une station- service comme en droit comparé où on
42

commence d’abord à définir la station- service, conditions requises et sans oublier la distance
qui doit séparer deux stations-services.
En effet, les pouvoirs de l’autorité sont consacrés dans un texte spécifique, cette
dernière n’aura qu’une petite marge de liberté , sachant bien en cas de violation, certaines
conséquences peuvent être tirées.
Le besoin de la réforme de la loi sur les hydrocarbures s’impose non seulement à la
population, mais également au législateur congolais de réglementer avec prudence la
procédure d’érection des stations- services.
La question de la réglementation particulière d’érection des stations- services est une urgence
nécessitée eu égard aux risques.
En République démocratique du Congo, il n'existe pas de réglementation spécifique sur les
stations-services, alors qu’en droit comparé, cette question est déjà vidée dans la mesure où
on prévoit les conditions requises pour ériger une station -service .
L’État de droit serait celui dont toutes les personnes sont soumises à la loi , c’est-à-dire
les dirigeants et les administrés doivent respecter la loi ; dans le cadre d’érection des stations-
services, l’autorité se retrouve en face d’une situation qui requiert son appréciation avant
d’accorder le droit d’ériger les stations- services, c’est pour cette raison que nous nous
retrouvons en face des autorisations d’érection des stations- services qui mettent la population
à un danger permanent.
B. Contenu de la réforme
La réforme devra avoir comme contenu l’observation de la distance pouvant séparer
deux ou plusieurs stations -services, les conditions pour occuper privativement le domaine
public routier.
L'implantation des stations-service obéit aux modalités suivantes pour la protection de
l'environnement:
« Une distance minimale de cinq cents (500) mètres, mesurable à partir des extrémités
adjacentes doit être observée entre deux (2) stations-service »100.
En effet, chacune de ces mesures regorge une mirobolante importante. La distance
entre deux (2) stations-service permet de diminuer mieux constitue une précaution contre les
risques d'un côté, d'incendie et de l'autre côté, d'explosion. Les risques d'incendie et/ou
d'explosion sont liés101.
100
Art. 3 arrêté N°01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités d'implantation des stations de

distribution des produits pétroliers.


101
MARIE-JULIA Goubot, Étude de dangers, GEONESS -RN°2015-123, octobre 2011, p.16
43

 à la présence de la citerne d'hydrocarbures sur le site,


 à la présence de cuves d'huiles dans l'enceinte,
 aux éventuelles fuites d'hydrocarbures et d'huiles,
 à la présence d'installations électriques sur le site...
En effet, l'exploitation d'une station-service peut causer des risques de pollution des
eaux et des sols et de l'air 102.
Une distance minimale mesurable dans les conditions prévues à l'article 3 ci-dessus
doit être observée entre les stations-service et les établissements, lieux publics, bâtiments
administratifs et endroits stratégiques.
Elle est de:
 Mille (1000) mètres au minimum pour la présidence de la République,
les services du premier ministre, l'assemblée nationale, le sénat, les services du
gouverneur, les préfectures et les sous-préfectures;
 cent (100) mètres minimum pour les établissements d'enseignement, les
centres hospitaliers, les lieux de culte, les terrains de sport, les places de marché et les
bâtiments administratifs».103
Le législateur congolais devra suivre le modèle du législateur camerounais qui dispose
à l'article 5 que : « l'implantation des stations-service doit prévoir:
 une servitude de cinq (5) mètres de large à l'intérieur de la station-
service pour permettre une intervention des services de lutte contre l'incendie;
 une bouche d'incendie en cas d'existence d'un réseau public de
distribution d'eau potable;
 des moyens de lutte appropriés contre les feux des hydrocarbures;
 un mur pare-feu construit conformément à la réglementation en
vigueur;
 un espace vert planté et entretenu sur terrain non occupé par les
installations pétrolières»104.
La réforme de la loi sur les hydrocarbures fera en sorte que la population congolaise
en général et kinoise soit à l’abri de danger d’érection irresponsable des stations -services..

102
Idem.
103
Art 4 arrêté N°01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités d'implantation des stations de

distribution des produits pétroliers


104
Art. 5 arrêté N°01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités d’implantation des stations de distribution des
produits pétroliers.
44

CONCLUSION
Au terme de notre travail, il a été constaté que le législateur congolais a voulu que les
biens du domaine public de l’État soient indisponibles, tout en laissant une possibilité
d’occuper privativement le domaine public de l’État, selon certaines conditions ; voilà
pourquoi les particuliers érigent les stations -services sur les emprises publiques.
Tout au long de notre étude, nous avons remarqué que contrairement aux législateurs
étrangers, qui ont pris minutieusement le temps de traiter la question particulière relative aux
conditions d’installation des stations- services, le législateur congolais reste quant à lui muet
sur le sujet.
L’érection des stations services pose un sérieux problème dès lors que la loi congolaise
ne donne pas avec précision les conditions à observer pour ériger une station-service. C’est
ainsi que les stations-services sont érigées dans la ville de Kinshasa, en désordre, tout en
mettant la population dans les risques d’incendie, les risques de pollution de l’environnement,
et sans oublier les embouteillages..
Ainsi, nous avons suggéré au législateur congolais de prendre une particulière sur
l’installation des stations- services, permettant d'indiquer la distance minimum que les
stations-services doivent observer avec les établissements d'enseignement, les centres
hospitaliers, les lieux de culte, les terrains de sport, les places de marché et les bâtiments
administratifs et entre deux stations-services.
Dans le but de protéger l’intérêt général de la population en général et celle de la ville
province de Kinshasa en particulier, le législateur doit prendre dans l’urgence les textes qui
répondent aux réalités actuelles.
La réglementation particulière des stations -services, est une précaution contre les
risques d’exposition et de pollution de l’environnement, dès lors que la réforme fixe les
conditions requises pour ériger une station- service, l’occupant privatif du domaine public
45

routier , comme l’autorité qui accorde l’autorisation, ne pourra avoir le pouvoir


d’appréciation, mais en se référant à la loi.
A l’heure actuelle, les conditions pour occuper le domaine public de l’État d’une façon
privative, est une consécration de la doctrine, en se référant aux législations étrangères, alors
que le législateur congolais reste muet sur toutes les questions relatives à l’occupation
privative du domaine public en général et dans le cas d’espèce, le domaine public routier.
Les conditions dont nous avons soulevé dans notre travail pour occuper un domaine
public de l’État de manière privative sont l’œuvre de la doctrine en droit positif congolais.
Après l’analyse de certains instruments juridiques nationaux, notamment : le décret sur
les installations classées, la loi sur les hydrocarbures, le règlement d’hydrocarbures, nous
nous sommes rendu compte que le législateur n’a pas défini les stations- services ,ni moins
prévoir les conditions pour ériger une station- service comme en droit comparé où on
commence d’abord à définir la station- service, conditions requises et sans oublier la distance
qui doit séparer deux stations-services.
En effet, les pouvoirs de l’autorité sont consacrés dans un texte spécifique, cette
dernière n’aura qu’une petite marge de liberté, sachant bien en cas de violation, certaines
conséquences peuvent être tirées. La question de la réglementation particulière d’érection des
stations- services est une urgence nécessitée eu égard aux risques.
En République démocratique du Congo, il n'existe pas de réglementation spécifique
sur les stations-services, alors qu’en droit comparé, cette question est déjà vidée dans la
mesure où on prévoit les conditions requises pour ériger une station -service .
L’État de droit serait celui dont toutes les personnes sont soumises à la loi , c’est-à-dire
les dirigeants et les administrés doivent respecter la loi ; dans le cadre d’érection des stations-
services, l’autorité se retrouve en face d’une situation qui requiert son appréciation avant
d’accorder le droit d’ériger les stations- services, c’est pour cette raison que nous nous
retrouvons en face des autorisations d’érection des stations- services qui mettent la population
à un danger permanent. Une distance minimale de cinq cents (500) mètres, mesurable à partir
des extrémités adjacentes doit être observée entre deux (2) stations-service.

BIBLIOGRAPHIE

I. Instruments juridiques
46

A. Textes légaux et réglementaires

Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée et


complétée par la loi numéro 11/002 du 20 juillet 2011 portant révision
de certains articles de la constitution de 18 février 2006, JORDC,
52zzannée, numéro spécial du 05 janvier 2011 ;

Acte uniforme portant organisation des procédures simplifiées de


recouvrement et voies d’exécution de l’acte adopté le 10 avril 1998
et paru au JO OHADA n°6 du 1 er juillet 1998.

Décret du 30 juillet 1888 portant des contrats ou des obligations


conventionnelles, B.O., Kinshasa ;

Loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens,


régime foncier et immobilier et régime des sûretés;

Loi n° 15/012 du 1 er août 2015 portant régime général des


Hydrocarbures.

Décret N°13/015 du 29 mai 2013 portant réglementation des


installations classées, in JORDC ;

Arrêté ministériel n° CAB/MIN-UH/023/2018 modifiant et complétant


l’arrêté CAB/MIN.ATUH/MBI/GHK/012/2016 du 23 août 2016 portant
réglementation de l’octroi du permis de construire en République
démocratique du Congo (J.ORDC., 15 octobre 2018, n° 20, col. 55) ;

Arrêté n° 01-97-MINMEE du 05 janvier 1998 fixant les modalités

d'implantation des stations de distribution des produits


pétroliers .

B. Textes étrangers
47

Arrêté N°1317/2006/MEM/OMH portant réglementation de la


construction et de l’exploitation des stations- services au
Madagascar ;

Arrêté Camerounais sur l’implantation des stations -services ;

Décret N°14-019 du 2 août 2018 fixant les règles de fonctionnement


des mécanismes procéduraux de la protection de l’environnement ;

Directives d’esthétique urbain pour les stations – service , Ottawa -


ca3,N°21-06, urbanisme et gestion de croissance.

II. DOCTRINE

A. Ouvrages

 ALONI MUKOKO (Y.), Droit civil des biens régime général régime
foncier et immobilier, Kinshasa,2021 ;
 EMMANUELLE, GILLET -LORENZI (S.T.), Droit administratif des biens,1
ère Ed ;
 HAURIOU(M.), Précis du droit administratif,3 ème Ed,1933 ;
 Jean-Marie AUBY, Pierre BON, Jean-Bernard AUBY, Philippe TERNEYRE
- Droit administratif des biens,Dalloz, 7e éd., 2016 ;
 KAHISHA ALIDOR MUNEMEKA, le droit ohada de l’exécution forcée,
Academia L’Harmattan, bibliothèque de droit africain 12 ;
 KALONGO MBIKAYI, droit civil les obligations, Tome 1, CRDJ,
Kinshasa,2010 ;
 KANGULUMBA MBAMBI (V.), Précis de droit civil des biens, Tome
1,bibliothèque de droit africain 6, Academia bruylant ;
 KATUALA KABA KASHALA,Code civil annoté, ed.batena ntambua,
Kinshasa,1995 ;
 Lexique des termes juridiques, Dalloz,2017-2018 ;
 MWANZO IDIN AMINYE,(E.)" méthodologie juridique",
Kinshasa,juce,2016-2017 ;
 MULUMA MUNANGA, le guide du chercheur en Sciences Sociales et
Humaines, Kinshasa, éd. SOGEDES, 2003 ;
48

 SHOMBA KINYAMBA( S.),Méthode de la recherche scientifique, Ed.


M.E.S,2012 ;
 VUNDUAWE te PEMAKO (F.) , Traité de droit administratif,
Ed.Afrique ,Larcier.

B. Cours

 ALONI MUKOKO(Y.), Domaine de l’État, aménagement du territoire


et urbanisme, unikin, Faculté de Droit,L1,2021 ;
 KANGULUMBA MBAMBI (V.) , Droit civil les biens,unikin, faculté de
Droit,G2,2019-2020 ;
 KOLA GONZE (, Droit fiscal ,unikin, faculté de Droit,L1,2020-2021 ;
 MBAU SUKISA (D.),Grands services publics, cours, unikin, faculté
de Droit, L1,2020-2021 ;
 MATONA PHEMBA(P.), Droit fiscal,ucc,1 ère Master,2019-2020 ;
 TELOMONO BISANGAMANI (M.), initiation à la recherche
scientifique, unikin, Faculté de Droit, G2,2018-2019 .

C. Thèses

 DELVOLVÉ (P.), l’utilisation privative des biens publics en France,


université de Paris panthéon -assas ;
 R. NARANJAKO , l’utilisation privative du domaine public,
université ,Antananarivo.
49

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