2022 2023 L2 Bio Embryologie Expérimentale

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UNIVERSITE MARIEN NGOUABI

FACULTE DES SCIENCES ET TECHNIQUES


Département des Licences
Parcours : Biologie
2022-2023

Embryologie
Expérimentale

L2 Biologie

Cours de Biologie Cellulaire/ L2Biologie/ FST/ UMNG/ 22-23/ Dr. MOANDA née ETOKA-BEKA M.K.
COURS D’EMBRYOLOGIE EXPERIMENTALE
LICENCE 2 BIOLOGIE

Table des matières


I. Introduction .................................................................................................................................. 2
I.1. Définitions ...................................................................................................................................... 2
I.2. Les différents types d’embryologie .............................................................................................. 3
I.3. Les buts de l’embryologie .............................................................................................................. 3
I.4. Les principales étapes de développement ..................................................................................... 3
I.5. Les principales techniques d’embryologie expérimentale........................................................... 5
I.6. Les organismes modèles utilisés .................................................................................................... 7
I.7. Les cultures in-vitro ....................................................................................................................... 7
II. Exemples d’expériences effectuées sur les embryons ............................................................. 8
II.1. Expérience de Laurent Chabry ................................................................................................... 8
II.2. Expérience de Wilhelm Roux ...................................................................................................... 8
II.3. Expérience de Hans Driesch ........................................................................................................ 8
II.4. Expérience de Hans Spemann ..................................................................................................... 9
II.5. Expérience de Sven Hörstadius ................................................................................................. 10
II.6. Expérience caille-poulet ............................................................................................................. 11
III. Notion de théorie de développement ..................................................................................... 12
III.1. Préformationisme ..................................................................................................................... 12
III.2. Epigenèse ................................................................................................................................... 12
a) Développement mosaïque ou régulateur ................................................................................... 13
b) Détermination progressive ......................................................................................................... 14
c) Induction ..................................................................................................................................... 15
d) Interactions nucléoplasmiques: morphogènes .......................................................................... 16
e) Interactions intercellulaires ....................................................................................................... 18
IV. Conclusion ............................................................................................................................... 21

Livres consultés :
➢ Problèmes et concepts de l’embryologie expérimentale. Collection L'Avenir de la
Science, Nouvelle série (n° 4), Gallimard ; L. Gallien (1958).
➢ http://www.medillus.com/portfolio/embryologie/
➢ J. Embryol. exp. Morph. Vol. I, Part 1 .op. 55-84, March 1953.
➢ Biologie du développement, Daniel Boujard, Vincent Leclerc, Stéphane D. Vincent,
Dunod, 2016.

Cours d’Embryologie Expérimentale/ L2 Biologie/ FST/ UMNG/ 22-23/ Dr. MOANDA née ETOKA-BEKA M.K.
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I. Introduction

I.1. Définitions
- La biologie du développement est la science qui essaie de décrypter les processus de la
construction d’un organisme adulte, la continuité de la vie, la reproduction d’une
génération à la suivante et le vieillissement.
- L’embryologie (émbruon= embryon ; logos = science, étude) : est la science qui a pour
objet l’étude du développement des animaux à partir de l’œuf fécondé jusqu’à la naissance
ou l’éclosion. On peut aussi dire que l'embryologie est la science qui se propose de suivre
le développement de l'individu, depuis l'œuf jusqu'au moment où, les organes essentiels
étant mis en place et ayant acquis une capacité fonctionnelle suffisante, le jeune peut mener
une existence libre.
L’embryologie est caractérisée par des divisions et des mouvements cellulaires, des
différenciations cytologiques, histologiques et morphologiques.
- L’ontogenèse (ontos = être vivant ; genèse=formation) : est l’ensemble des étapes qui
permettent à un œuf fécondé d’aboutir à la formation d’un nouvel individu apte à se
reproduire. Les stades précoces de l’ontogénèse constituent le développement
embryonnaire ou l’embryogenèse.
- Œuf ou zygote : Cellule résultant de la fécondation entre un gamète mâle et un gamète
femelle. L'œuf qualifie aussi l'ensemble du zygote et de ses enveloppes : gangue chez les
amphibiens, albumen, membranes coquillières et coquilles chez les oiseaux.
- Embryon : c’est l’organisme en développement depuis la 1ère division de l’œuf ou zygote
jusqu’au stade où les principaux organes sont formés. A ce stade apparait une forme
d’ensemble reconnaissable avec une région céphalique, une région caudale, une région
dorsale et une région ventrale.
Chez l’être humain, le stade embryonnaire dure 8 semaines, depuis la fécondation jusqu’à
la fin du 2ème mois de la grossesse.
- Fœtus : c’est un terme qui n’est employé chez les mammifères qu’à partir du troisième
mois de gestation jusqu’à la fin de la gestation. C’est la période de la maturation des
organes. L’embryon ressemble plus ou moins à l’adulte.

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I.2. Les différents types d’embryologie
- L’embryologie descriptive (morphologique) : elle étudie la genèse des formes ou
morphogenèse. Elle décrit les étapes du développement embryonnaire.
- L’embryologie expérimentale : c’est la partie qui fait des expériences pour étudier
l’embryon. Elle peut être associe à l’embryologie causale qui étudie les causes des
malformations congénitales en étudiant les mécanismes du développement et son
déterminisme au niveau des structures et ultrastructures cellulaires et au niveau
moléculaire.
- L’embryologie pathologique ou tératologie : (teratos=monstre ; logos=étude) étudie les
anomalies congénitales (malformations et monstruosités) dues à des perturbations du
développement normal.
- L’embryologie comparée : s'occupe des analogies et des différences de développement
entre groupes proches.
- L’embryologie moléculaire : étudie l'expression des gènes en relation avec le
développement.

I.3. Les buts de l’embryologie


L’embryologie étudie le miracle de la création de l’être humain :
- Stérilité : elle essaie de trouver des solutions aux problèmes tout en dévoilant les causes.
- Contraception : elle essaie de trouver des solutions pour organiser les grossesses.
- Tératologie : elle essaie de donner des solutions aux problèmes des malformations
congénitales.
- Incompatibilité fœto-maternelle : elle présente les problèmes liés à l’incompatibilité des
rhésus.
- Consanguinité : elle présente les problèmes liés aux mariages entre proches.

I.4. Les principales étapes de développement


Le développement embryonnaire se déroule de la même manière chez tous les métazoaires. On
observe plusieurs grandes étapes fondamentales :
- La fécondation : est l’union du gamète mâle (n chr) et du gamète femelle (n chr) pour
former un œuf fécondé ou zygote (2n chr).
- La segmentation : aussi appelée clivage, c’est le passage de l’état unicellulaire à l’état
pluricellulaire suite à une succession de divisions mitotiques. Les cellules ou blastomères

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vont devenir de plus en plus petites à mesure qu’elles se divisent et l’embryon ne va pas
croître en taille par rapport à la taille de l’œuf fécondé. En fin de segmentation, le germe
prend l’aspect d’une mûre (stade morula) puis se creuse d’une cavité interne ou blastocœle
(stade blastula).

Figure 1. Stade de la segmentation. http://www.medillus.com/wp-content/uploads/2015/05/01Segmentation-compaction.jpg

- La gastrulation : Il y a apparition de mouvements morphogénétiques des cellules qui vont


remanier la position des blastomères dans la blastula. Ils vont être à l’origine de la
morphogenèse qui établit la morphologie du futur individu. C’est la mise en place des
feuillets fondamentaux des métazoaires triploblastiques :
o L’ectoblaste ou ectoderme : feuillet externe,
o L’endoblaste, entoblaste ou endoderme : feuillet interne,
o Le mésoblaste ou mésoderme : feuillet moyen.
Au cours de la gastrulation se met en place dans l’embryon une nouvelle cavité : l’archentéron.
L’embryon devient tridermique : stade gastrula.

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Figure 2. Formation du stade Gastrula: https://www.invitra.fr/deuxieme-mois-de-grossesse/gastrulation-et-developpement-des-


organes-du-bebe/

- La neurulation : Elle est marquée par la mise en place du tube neural (ébauche du névraxe
: encéphale et moelle épinière) et la formation de diverses ébauches (tube digestif, corde)
: stade neurula. (Étape voire vidéo).
- L’organogénèse : Les organes vont progressivement se différencier tout d’abord sous la
forme d’ébauches non fonctionnelles puis sous la forme d’organes physiologiquement
fonctionnels.

I.5. Les principales techniques d’embryologie expérimentale


En embryologie expérimentale, les opérations de microchirurgie se font dans des conditions
aseptiques, avec des instruments stériles tels que des scalpels, des pinces fines d'horloger, des
ciseaux de Pascheff, etc…. Pour certaines opérations très minutieuses, des aiguilles de verre ou de
platine sont mêmes fabriqués.
Pour des embryons très accessibles, comme l'embryon de poulet ou de batracien, il est relativement
facile de réaliser l'ablation de certains territoires et de suivre l'évolution de l'embryon opéré. Des
greffes de certaines ébauches isolées d'un embryon à un autre embryon intact ou ayant subi
l'ablation de la région greffée peuvent être aussi réalisées.

Chez l'embryon de poulet, on utilise fréquemment la technique des greffes chorioallantoïdiennes.


Dans cette technique, l'ébauche choisie est isolée puis déposée sur la membrane

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chorioallantoïdienne d'un autre embryon de poulet de huit jours d'incubation environ. Dans cette
région, très vascularisée, le greffon poursuit son développement.

Chez le batracien, la technique la plus utilisée est celle des parabioses. Deux embryons sont
associés, flanc à flanc, ou tête à tête, par exemple. Les deux individus associés survivent ; on suit
la destinée de chacun d'eux ; il est possible en particulier d'étudier leurs interactions
physiologiques. Les parabioses sont également réalisables chez l'embryon de poulet.

Par ces interventions variées, l'expérimentateur parvient à connaître les propriétés de chaque
ébauche, les processus du développement embryonnaire. Ces expériences ont, en particulier,
révélé un phénomène important : la régulation. En effet, si on associe deux jeunes germes, ils
fusionnent et ne forment qu'un seul individu normal ; si, au contraire, on fragmente un jeune germe
en plusieurs parties, chaque fragment donne naissance à un individu complet. Le jeune embryon
est capable de réguler le matériel en excès comme le matériel manquant.

L’embryologie expérimentale utilisent plusieurs techniques, entre autres :


- Le coupage : qui consiste à réduire en taille ou enlever complètement un tissu, un groupe
de cellules ou une seule cellule dans le but de vérifier si la partie coupée est requise durant
un événement clé du développement. Cette technique peut aussi être utilisée pour isoler
des tissus ou cellules pour les utiliser pour d’autres tests.
- Le collage : qui implique une transplantation de tissus ou cellules provenant d’un embryon
donneur vers un embryon hôte. Cela peut être fait lorsque les deux embryons se trouvent
au même stade de développement ou lorsqu’ils sont à des stades différents de
développement. Aussi, le transplant peut se faire dans un site identique à l’hôte ou à un site
différent (ectopie).
- La coloration : a pour but d’identifier une certaine partie de l’embryon, des cellules ou
encore un transplant. Cette manipulation implique donc l’utilisation de marqueurs comme
des teintures pour pouvoir suivre le mouvement des cellules et leur destinée durant le
développement.

Il existe aussi d’autres procédés utilisés lors des destructions de territoires d'embryon: la
chaleur, les substances chimiques (c'est le domaine de la chimiotératogenèse), les irradiations
aux rayons ultraviolets et surtout aux rayons X. Ce dernier procédé est très utilisé chez

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l'embryon de poulet depuis la mise au point, en 1936, par E. Wolff, d'un appareil d'irradiation,
composé d'une source de rayons X (un tube de Coolidge) et d'un cylindre de plomb percé d'une
lumière calibrée ne laissant passer qu'un fin faisceau de rayonnement. On irradie ainsi
localement certains territoires de l'embryon, sans léser les territoires voisins.

I.6. Les organismes modèles utilisés


L’étude de la biologie du développement s’appuie principalement sur des organismes modèles
vertébrés et invertébrés : d’abord, les organismes désormais « classiques » tels que la drosophile,
le nématode, le poisson zèbre, le poussin , le poulet, la caille la souris, ou le xénope, facilement
adaptables au laboratoire et ensuite des organismes plus « originaux », plus difficile d’accès mais
dont l’étude peut enrichir nos approches et produire des informations biologiques nouvelles et
pertinentes.

I.7. Les cultures in-vitro


Pour suivre l'évolution d'une ébauche embryonnaire isolée de l'organisme et de toute influence
étrangère, une méthode essentielle s'est imposée : la culture in vitro. Le précurseur de cette
technique, Jolly, en 1903, réussit à maintenir en vie, hors de l'organisme, des globules de sang de
triton, et ce, pendant plusieurs mois. Par la suite, l'explantation in vitro s'est beaucoup répandue.
Elle s'est appliquée aux Amphibiens, avec les travaux de Holtfreter, Wilde, et aux Oiseaux et
Mammifères, avec les travaux de Fell, Gaillard, Waddington, et surtout E. Wolff. C'est à ce dernier
auteur que l'on doit la mise au point d'un milieu favorisant la culture organotypique d'explants
d'embryon de poulet.

Pour des questions de commodité, deux modalités de cultures in vitro sont distinguées: les cultures
en milieux naturels, qui utilisent les aliments extraits des organismes vivants, tels que le jus
d'embryon, le plasma, le serum; les cultures en milieux synthétiques, qui substituent à ces liquides
complexes des mélanges de substances chimiquement définies, telles que sucres, acides aminés.
La technique en milieu naturel, s'est révélée d'un emploi très général pour la culture d'organes
embryonnaires à certains stades du développement des Vertébrés Amniotes.
Le succès des cultures n'implique pas seulement la survie des organes expérimentes, mais leur
différenciation et leur croissance.

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II. Exemples d’expériences effectuées sur les embryons

II.1. Expérience de Laurent Chabry

En 1887, Laurent Chabry, un étudiant en médecine, étudiait les embryons d’ascidies. Lors d'une
expérience, avec une aiguille, il a tué deux blastomères au stade de huit cellules. Les cellules non
affectées ont formé un organisme sans queue et en mettant en culture les deux mêmes cellules que
celles qui ont été tuées, il y a eu uniquement formation des muscles de la queue. Cette étude a
conclu que les embryons d’ascidies sont hautement mosaïques avec des déterminants qui précisent
le sort de chaque blastomère.

II.2. Expérience de Wilhelm Roux

En 1888, Wilhelm Roux dénature un des deux blastomères de grenouille Rana fusca à l’aide d’une
aiguille chaude. Le blastomère de gauche est ainsi tué par l’aiguille mais celui de droit demeure
intact et poursuit sa segmentation. Le résultat est qu’il y a formation de la moitié des structures
larvaires par le blastomère intact. Roux conclut que le développement des cellules embryonnaires
est prédéterminé. Ce genre de développement observé chez les grenouilles est nommé «
développement mosaïque » et se retrouve chez plusieurs autres taxons tels que le nématode
Caenorhabditis elegans qui a fait objet de nombreuses études.

Figure 3. Dénaturation d’un blastomère de grenouille par Wilhelm Roux (1888)

II.3. Expérience de Hans Driesch

En 1891, Hans Driesch répéta l'expérience de Roux mais en dissociant deux blastomères d'oursin,
plutôt que de grenouille, et par séparation mécanique, plutôt que thermique. Chacun des
blastomères isolés se développa en larve complète, bien que petite, contredisant la théorie du
développement en mosaïque et supportant l'épigenèse. Driesch proposa la théorie du

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développement régulateur, car il constatait que chaque blastomère d'oursin pouvait réguler son
développement. La potentialité d'un blastomère isolé, les types de cellules auxquels il peut donner
naissance, surpasse sa destinée, les types de cellules auxquels il donne naissance au cours du
développement normal.

En 1894 Driesch suggéra l'existence d'interactions nucléoplasmiques. La destinée d'un noyau


dépend du cytoplasme dans lequel il se trouve. Il invoqua l'existence d'une force vitale qui
gouverne le développement du noyau.

Figure 4. Expérience de Hans Driesch

II.4. Expérience de Hans Spemann et Hilde Mangold

En 1923, Hans Spemann et Hilde Mangold manipulent des embryons de tritons durant l’étape de
gastrulation. Ils prennent un morceau de la lèvre dorsale du blastopore de l’embryon en
gastrulation puis ils le transplantent dans une autre région d’un autre embryon causant ainsi la
formation d’un embryon secondaire. Ils désignent ce morceau en question d’organisateur (plus
tard connu sous le nom d’organisateur de Spemann-Mangold). La lèvre dorsale du blastopore qui
a été transplantée se différencie en une notochorde entourée de somites (Notochorde : Structure en
cartilage que possèdent tous les chordés à l'état embryonnaire et qui se situe entre la moelle
épinière et le tube digestif. La notochorde devient plus tard la colonne vertébrale). Le tissu de
l’embryon-hôte qui se retrouve au-dessus du tissu embryonnaire transplanté se différencie en une
plaque neurale. L’embryon hôte se retrouve alors avec un embryon secondaire qui a un système
nerveux central primitif venant de la plaque neurale obtenue par induction. Avec leurs résultats,

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ils démontrent la capacité de l'organisateur à pouvoir diriger le développement du tissu de
l’embryon hôte et par ce fait, de donner une organisation à son environnement.

Figure 5. Expérience de Spemann

II.5. Expérience de Sven Hörstadius

De 1928 à 1935 Sven Hörstadius étudia expérimentalement les potentialités et les gradients de
l'ovocyte. En séparant méridionalement l'embryon d'oursin de stade 8 cellules, donc en passant par
l'axe animal-végétatif, chaque demi-embryon de 4 cellules se développe en une larve complète.
En séparant l'embryon de 8 cellules équatorialement, aucune des deux moitiés ne se développe
normalement. La moitié (4 cellules) animale devient une sphère ectodermique ciliée, dite à qualité
animale, et la moitié végétative devient un genre de tube digestif agrandi, dit à qualité végétative.

Figure 6. Expérience de Hörstadius

En coupant l'œuf d'oursin non fertilisé méridionalement et en fertilisant une moitié, un embryon
normal se développe. En coupant l'œuf équatorialement, la moitié fertilisée se développe en
"embryon" à qualité animale ou végétative, selon la moitié, tels que décrits ci-haut. Ainsi, même
chez l'oursin il existe un certain degré de développement mosaïque, du moins selon l'axe animal-
végétatif.

Il existe donc des gradients d'animalisation et de végétalisation le long de l'axe Animal-Végétal.


Le pouvoir d'animalisation va en décroissant du pôle animal au pôle végétatif. Inversement, le
pouvoir de végétalisation va en décroissant du pôle végétatif au pôle animal. Le taux relatif des
deux gradients est important pour le développement normal.

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En résumé, Hörstadius offrit un modèle de développement régulateur basé sur la concentration
relative de gradients dans l'ovocyte. La potentialité surpasse la destinée. Au cours du temps les
potentialités deviennent réduites.

II.6. Expérience caille-poulet de Nicole Le Douarin

Au cours de l'embryogenèse, des déplacements de cellules se produisent : certaines cellules


effectuent une migration importante pour aller se fixer dans des sites parfois très éloignés de
l'endroit où elles sont apparues. Pour étudier ce phénomène chez l'embryon in vivo, Nicole Le
Douarin a mis au point une technique très astucieuse de marquage cellulaire, dite « caille-poulet
». Il est très facile de reconnaître les cellules de caille de celles du poulet, car, chez la caille, le
nucléole est associé à une masse importante d'hétérochromatine ; par contre, chez le poulet,
l'hétérochromatine est de petite taille et dispersée. On peut donc identifier chaque type de cellule
après coloration de l'ADN de son noyau. La greffe de tissus de caille à un embryon de poulet, ou
l'inverse, conduit à la réalisation d'embryon chimère caille-poulet, dans lequel il est possible
d'identifier les cellules des deux espèces. Très utilisée depuis sa mise au point, cette technique
permet l'étude de nombreux problèmes liés à la différenciation cellulaire.

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III. Notion de théorie de développement

III.1. Préformationisme

La théorie utilisée aux 17e et 18e siècles pour expliquer le développement embryonnaire était celle
du préformationisme. Selon cette théorie, l'animal qui se développe a toujours été présent dans
l'œuf, mais de petite taille et transparent voire invisible. Lorsque commence son développement,
l'animal miniature ne fait que croître, ses tissus devenant plus denses, donc visibles.

Quand l'existence des spermatozoïdes (animalcules) dans le sémen fut découverte (1678) et leur
participation à la fécondation fut soupçonnée, il fallut expliquer l'importance relative de l'œuf et
du spermatozoïde. Les préformationistes se divisèrent en deux écoles : les ovistes et les
animalculistes.
Selon les ovistes, l'embryon était préformé dans l'œuf, le spermatozoïde étant superflu: un parasite
du sperme. Les animalculistes eux soutenaient que l'embryon était préformé dans le
spermatozoïde, l'œuf ne servant qu'à le nourrir. Un vif débat eut lieu, soldé par une "victoire" des
ovistes, lors de la découverte de la parthénogenèse (reproduction monoparentale : division à partir
d’un gamète non fécondé) chez les insectes aphidés en 1745 par un certain Bonnet.

Bien que très longtemps populaire, la théorie de la préformation avait ses détracteurs. Elle
n'expliquait pas les variations, les monstruosités, qu'un noir croisé avec un blanc donne une
descendance intermédiaire.

III.2. Epigenèse

La théorie de l'épigenèse fut proposée en 1759 par Caspar Friedrich Wolff. En observant les
premiers stades du développement du poulet il dit ne pas retrouver certaines parties de l'animal,
par exemple le bec, les pattes, comme il s'y attendrait d'un animal préformé. Toutefois, il nota que
l'œuf n'est pas dépourvu de structures visibles, il est d'apparence granulaire. Par la suite, ces
granules s'organisent en couches, maintenant appelées feuillets germinaux ou fondamentaux, qui
à la suite d'épaississements de certaines parties, d'amincissement d'autres parties, de repliements,

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etc., se transforment en embryon. L'embryon n'était donc pas préformé dans l'œuf mais l'œuf
contenait le matériel de fabrication de ce dernier.

En 1883 August Weismann proposa une théorie qui tentait d'intégrer diverses notions biologiques
qui faisaient surface à l'époque: hérédité, ontogenèse, régénération, reproduction sexuée, évolution
par sélection naturelle. Sa théorie du germe-plasme offrait un modèle mécanique de la
différenciation cellulaire. Le spermatozoïde et l'œuf contribuent un nombre égal de chromosomes
au zygote et les chromosomes portent les potentiels transmis; ils sont la base de la continuité entre
les générations. Toutefois, tous les "déterminants" d'un chromosome donné ne sont pas distribués
dans toutes les cellules de l'embryon, expliquant la spécialisation des cellules sur des lignées
différentes. Seuls les noyaux des cellules germinales reçoivent tous les déterminants.

Suite à cela, plusieurs expérimentations en embryologie furent réalisées par ce qu’il devenait de
plus en plus clair que des observations seules ne suffisaient à expliquer l'embryogenèse.

a) Développement mosaïque ou régulateur

- Les manipulations expérimentales en embryologie de Wilhelm Roux, avec le


développement de ce qui semblait être un demi-embryon. Roux conclut au
préformationisme et à la théorie du germe-plasme. Il formula sa pensée en offrant la théorie
du développement en mosaïque (théorie selon laquelle, chaque cellule d’un embryon
est à l’origine d’une partie bien précise de l’organisme. Selon cette théorie, si une partie
est endommagée ou enlevée, elle ne pourra pas être remplacée ni compensée par une
cellule).

- Les manipulations expérimentales en embryologie de Hans Driesch, avec le


développement de deux blastomères isolés en larve complète contredisant la théorie du
développement en mosaïque et supportant l'épigenèse (théorie selon laquelle un
embryon se développe par différentiation successive de parties nouvelles). Driesch
proposa la théorie du développement régulateur, car il constatait que chaque blastomère
d'oursin pouvait réguler son développement. La théorie du développement régulateur
pensait à un mécanisme permettant de faire la régulation des blastomères pour s’assurer
que l’embryon arrive à se développer correctement malgré les changements qu’il subit.

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Selon Driesch, les cellules seraient capables de régénérer le contenu des cellules qui ont
été enlevées.

- Les manipulations expérimentales en embryologie de Sven Hörstadius étudiant les


potentialités et les gradients de l'ovocyte en séparant méridionalement l'embryon d'oursin,
passant par l'axe animal-végétatif, équatorialement suggérant un certain degré de
développement mosaïque, du moins selon l'axe animal-végétatif.

A noter :

En biologie du développement, un embryon est divisé en


deux hémisphères : le pôle animal et le pôle végétal au
sein d'une blastula. Le pôle animal est constitué de petites
cellules qui se divisent rapidement, contrairement au pôle
végétal en dessous. Dans certains cas, on pense que le
pôle animal se différencie en l'embryon ultérieur lui-
même, formant les trois couches germinales primaires et
participant à la gastrulation.

Le pôle végétal contient de grandes cellules jaunes qui se


divisent très lentement, contrairement au pôle animal au-
dessus. Dans certains cas, on pense que le pôle végétal se
différencie en membranes extra-embryonnaires qui
protègent et nourrissent l'embryon en développement,
comme le placenta chez les mammifères et le chorion
chez les oiseaux.
Figure 7. Embryon de Xénope (https://o.quizlet.com/UVBqAaeWcO-p.p9I1g.vEQ.png)

A noter que le développement de l'axe animal-végétal se produit avant la fécondation. L'entrée de


sperme peut se produire n'importe où dans l'hémisphère animal. Le point d'entrée du sperme définit
l'axe dorso-ventral, les cellules opposées à la région d'entrée du sperme finiront par former la partie
dorsale du corps.

b) Détermination progressive

L'étape la plus marquante dans l'histoire de l'embryologie fut celle franchie par Hans Spemann,
grâce à sa découverte de la détermination progressive des cellules embryonnaires, pour laquelle il
s'est mérité le prix Nobel de physiologie et médecine en 1935.

En séparant l'oeuf fécondé de salamandre méridionalement, soit selon l'axe de segmentation


normal, deux larves identiques se développent. En séparant le zygote équatorialement, une moitié

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se développe en une larve normale et l'autre donne une masse de cellules endodermiques. La moitié
du zygote qui donne lieu à un développement normal est celle contenant le croissant gris, i.e., le
site de la future lèvre dorsale du blastopore, qui initie la gastrulation. L'autre moitié s'avère
incapable de gastruler.

Figure 8. Croissant gris. http://2.bp.blogspot.com/_AGxKKRmMTRw/RX0pb3aPwnI/AAAAAAAAABI/PGdVUy7dxME/w1200-h630-


p-k-no-nu/fecondation+x%C3%A9nope.jpg

La lèvre dorsale du blastopore(LDB) est la seule région de la blastula à se différencier d'elle-même,


sans recours à d'autres régions embryonnaires. Elle initie la gastrulation et l'embryogenèse dans
les tissus environnants. Si la LDB est transplantée dans une région quelconque d'une autre blastula,
deux gastrulations sont induites et deux larves siamoises sont créées.

c) Induction

Dans une autre série d'expériences, Spemann transplanta une région de l'ectoderme général de
gastrula à la place du neurectoderme: cette région a neurulé quand même. Si le neurectoderme est
transplanté à la place de l'ectoderme général: le greffon ne neurule pas mais se différencie en
épiderme. Spemann conclut que les cellules de la jeune gastrula ne sont pas encore engagées
définitivement sur une voie de différenciation; cette dernière dépend de l'environnement dans
lequel elles se trouvent. Il y a donc induction de la différenciation. (Induction : phénomène
d'interaction qui fait intervenir des cellules et en particulier des tissus : un tissu va induire un signal
qui va être reçu par un autre tissu, provoquant ainsi un changement dans sa différenciation OU
action d'une région de l'embryon qui amène le développement d'une autre région).

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L'induction embryonnaire primaire est celle où la notochorde induit la différenciation de
l'ectoderme sus-jacent en neurectoderme, induction qui se poursuit par la neurulation (Spemann et
Mangold, 1924). Si l'on enlève la notochorde, le tube neural ne se forme pas. L'induction
embryonnaire primaire ne suffit toutefois pas à organiser tout le développement embryonnaire;
elle n'est que la première d'une cascade d'inductions, appelées inductions secondaires.

Si les mêmes transplantations d'ectoderme général et de neurectoderme sont effectuées chez des
embryons plus âgés, les greffons ne peuvent plus être induits. C'est qu'ils sont maintenant
déterminés; ils suivent le cours de leur développement normal respectif. Ils ne sont plus compétents
à répondre à l'induction. D'où les notions de détermination et de compétence.

Compétence: capacité d'une région de répondre de façon spécifique à un inducteur; elle est limitée
dans le temps et l'espace, semble indépendante d'interactions avec d'autres tissus et dépendrait de
l'apparition transitoire de récepteurs membranaires sur les cellules induites.

Détermination: fixation de la destinée d'une cellule ou d'une structure; la détermination est définie
par des critères strictement opérationnels, non par des critères morphologiques. La voie
développementale a été "choisie" parmi d'autres possibilités pour lesquelles le système est
compétent. Au début du développement, la détermination n'est pas encore définitive et peut être
modifiée par des interactions inductives; elle devient de plus en plus irréversible.

La molécule inductrice peut agir par diffusion car on sait que le contact entre inducteur et tissu
induit n'est pas toujours requis. Expérimentalement, une induction peut être produite par un
inducteur provenant d'une espèce différente. L'induction est donc spécifique à un tissu mais non à
une espèce.

d) Interactions nucléoplasmiques: morphogènes

En plus de la détermination par induction, un autre type de détermination peut être défini, la
détermination par spécification cytoplasmique. Contrairement à l'oursin ou à la grenouille, il y a
des animaux chez qui la localisation cytoplasmique de matériel déterminant est telle que les
quelques premiers blastomères diffèrent qualitativement. Chaque blastomère isolé ne se
développera qu'en portion d'embryon; il ne peut réguler pour les parties manquantes. Ces espèces,

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par exemple les mollusques bivalves et les annelidés, de segmentation holoblastique spiralée,
subissent un développement en mosaïque.

En réalité, le développement mosaïque et développement régulateur n'appartiennent pas à des


catégories différentes; ils constituent les deux pôles d'un même continuum.

Des expériences faites en 1905 par E.G. Conklin ont montré que même chez un embryon aussi
déterminé que le ver il se produit des interactions inductives entre les blastomères. En transplantant
le noyau d'une cellule de larve dans un oeuf énucléé, la cellule nouvellement formée se comporte
comme un oeuf, non comme une cellule de larve; la nouvelle cellule se développe donc tel que
dicté par le cytoplasme, non par le noyau. Ainsi, il existe dans le cytoplasme des déterminants
morphogéniques qui semblent activer sélectivement certains gènes. Ces déterminants ont été
appelés morphogènes.

L'activation de certains gènes et la détermination des blastomères sont contrôlées par la


localisation spatiale des morphogènes dans le cytoplsame de l'oeuf. Puisqu'ils ne sont pas affectés
par la centrifugation de l'oeuf, les morphogènes sont probablement liés à du matériel insoluble
dans le cytoplasme, tel le cytosquelette, particulièrement abondant dans le cortex de l'oeuf. Le
cytosquelette constitue donc un moyen d'assigner une localisation spécifique aux déterminants
cytoplasmiques.

➢ ARNm en tant que morphogènes:

Comment l'information génétique est-elle contrôlée pour que des cellules deviennent différentes
d'autres cellules? Les techniques modernes d'hybridation d'ADN ont montré que les séquences
génétiques sont les mêmes dans le zygote et les cellules somatiques mûres différenciées; la
différenciation cellulaire se produit donc sans altération génétique. Elle consiste à utiliser
sélectivement certains gènes et à en réprimer d'autres, du moins à des endroits spécifiques et à des
temps spécifiques.

Si le noyau d'une cellule germinale est transplanté dans un oeuf énucléé, un embryon normal se
développe dans 40% des cas. Si le noyau d'une cellule somatique (différenciée) est transplanté
dans un oeuf énucléé, il ne s'ensuit pas de développement. Le noyau a été déterminé, mais a-t-il

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été modifié? L'on sait maintenant qu'il est possible de rendre totipotent un noyau de cellule
somatique différenciée en le transplantant dans le cytoplasme de cellules (énucléées)
progressivement moins différenciées. L'on soupçonne qu'une situation similaire se produit dans le
cas des cellules cancéreuses.
Il est donc possible de réguler l’expression des gènes.
Un avenir important de la biologie du développement réside dans l'identification des gènes
régulateurs, de leurs produits et des mécanismes par lesquels ils affectent les gènes structuraux des
différents types cellulaires.

e) Interactions intercellulaires

Toutes les modifications du développement embryonnaire ne relèvent pas seulement d'interactions


nucléo-plasmiques. Il faut tenir compte de l'importance de la surface cellulaire dans les interactions
intercellulaires, dont dépend d'ailleurs le phénomène d'induction.

Les cellules doivent recevoir de l'information positionnelle pour que le développement se produise
au bon endroit et au bon moment. Elles reçoivent cette information de deux façons:
- Par la création de gradients selon lesquels chaque cellule est informée de sa position
relative à la source de la substance diffusible. Les cellules utilisent cette information
comme indice qu'il faut se différencier de façon appropriée compte tenu de sa position. Il
s'agit donc d'une action à distance émetteur-cible.
- Par des cellules adjacentes qui agissent les unes sur les autres par voie de nexus (gap
junctions), chacune donnant une information positionnelle à l'autre; ce type de
communication se retrouve entre autre dans la morula de mammifère.

L'information positionnelle est donnée par étape. Par exemple, la spécification de l'axe du corps
précède la spécification des segments et des compartiments qui elle-même précède la spécification
des destinées des cellules individuelles.

Les communications et couplages cellulaires ne suffisent à expliquer les migrations et les


mouvements morphogéniques. Pour être efficaces, ceux-ci doivent avoir une directionalité. La
directionalité peut être assurée par l'inhibition de contact, le guidage de contact (contact guidance)
le long de gradients, la chimiotaxie.

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Les cellules ne communiquent pas qu'entre elles; leur surface est également le site de contact avec
les substrats extracellulaires, la matrice extracellulaire renfermant nombre de substances pouvant
lier les molécules de surface membranaire et diriger les mouvements cellulaires et tissulaires. La
matrice extracellulaire est même invoquée comme procurant de l'information chimique servant à
établir la latéralisation (gauche-droite) des organes.

➢ Formation des patrons (pattern formation):


Comment des cellules différenciées forment-elles, ensemble, un organe fonctionnel? un segment?
un membre? L'on observe qu'une cellule qui commence tôt, au cours du développement
embryonnaire, les processus de transcription ADN-ARNm et de traduction ARN-protéines donne
naissance à plusieurs parties d'organes. Une cellule qui commence ces processus plus tard donne
un nombre moindre de structures. Le "patterning" est transmissible génétiquement.

➢ Interaction cellulaire à distance:


Le développement n'est pas contrôlé que par des communications entre cellules plus ou moins
voisines, mais aussi par des molécules diffusibles qui voyagent sur de longues distances, via la
circulation sanguine ou le fluide intercellulaire. Comme la plupart des substances impliquées dans
la communication intercellulaire, ces molécules agissent sur des récepteurs membranaires des
cellules cibles. Elles appartiennent à deux groupes:
- Hormones: sécrétées par un type cellulaire et affectant la différenciation d'un autre type
cellulaire.
- Chalones: sécrétées par certaines cellules d'un organe et affectant la croissance du même
organe.

➢ Action hormonale: métamorphose:


La métamorphose se définit comme la transformation de la larve en forme adulte et consiste en
une réactivation hormonale du développement. Des changements, tant morphologiques que
biochimiques, se produisent. La métamorphose amphibienne, par exemple, implique le passage du
milieu aquatique au milieu terrestre. Souvent, les larves diffèrent de façon marquée des individus
adultes. Par exemple, la larve peut être spécialisée pour une fonction, comme la croissance ou la
dispersion, et l'adulte être sédentaire et spécialisé pour la reproduction. La sélection naturelle agit
différemment sur la larve et l'adulte.

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La métamorphose amphibienne est déclenchée par les hormones thyroïdiennes (surtout T3). Chez
la larve, la thyroïde, faiblement développée, produit peu d'hormones et leur action est
contrebalancée par une hormone hypophysaire, la prolactine. La prolactine agit comme hormone
de croissance et inhibe la métamorphose. L'hypothalamus est peu développé chez la larve; il croît
lentement et tardivement. Une fois développé, il sécrète la TSH-RH (thyroid stimulating hormone
- releasing hormone) qui active la sécrétion de TSH par l'hypophyse. La THS active la sécrétion
d'hormones thyroïdiennes et, donc, la métamorphose. La métamorphose entraîne la
dégénérescence partielle de la thyroïde, rétablissant l'équilibre hormonal.

Différents organes répondent différemment à la stimulation hormonale. Certains dégénèrent (par


exemple, la queue chez les anoures), d'autres apparaissent ou se différencient (les pattes chez les
amphibiens). Chez l'humain, bien qu'il ne se produise pas de métamorphose, c'est une stimulation
hormonale qui induit la dégénérescence des tissus entre les doigts ou les orteils (palmes), et ceux
de la queue. Il est important que les événements de la métamorphose soient coordonnés. La
coordination est en partie assurée par les concentrations relatives d'hormones. L'augmentation
graduelle d'hormones thyroïdiennes favorise la différenciation de structures et la régression
d'autres. Une trop forte concentration de ces hormones entraîne la régression prématurée de
structures, comme la queue des anoures, avant que ne se soient formées d'autres structures, comme
les membres. Dans ce cas-ci l'animal ne peut bouger. Les aspects temporels ("timing") de la
métamorphose sont également contrôlés par la compétence des différents tissus à répondre aux
hormones.

Chez les mammifères, une situation équivalente à la métamorphose se rencontre dans le


développement des caractères sexuels secondaires chez l'embryon et à la puberté.

➢ Chalones:
Les chalones permettent la croissance d'un organe jusqu'à ce que le nombre critique de cellules
soit atteint, après quoi un effet inhibiteur se manifeste. Elles permettent également la croissance
compensatoire. Par exemple après excision d'une portion d'organe, des cellules se multiplient
jusqu'à ce que le nombre de cellules normal ait été atteint, restituant la taille normale de l'organe.
Ou encore, après ablation d'un organe pair il se produit une croissance compensatoire de l'autre
(ex. rein).

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IV. Conclusion

Il est aujourd’hui possible de relire les anciens concepts de préformation, épigenèse, mosaïque ou
régulatif…
Les mécanismes épigénétiques nous expliquent comment une cellule peut interpréter son génome
pour construire progressivement un organisme par le biais d’interactions entre les cellules
(épigenèse). Ce qui est transmis d’une génération à l’autre, et contenu dans l’ovocyte
(préformation), est un génome et des outils (ARNm, protéines…) pour commencer à lire ce
génome.
La variété des mécanismes développementaux met en évidence la part relative des déterminants
cytoplasmiques ou nucléaires (développement mosaïque) et des interactions cellulaires
(développement régulatif) et donc la variété et la flexibilité des choix possibles par une cellule.
Qu’il s’agisse de déterminants ou de signaux, le résultat est la modification des combinaisons de
facteurs de transcription présents dans le noyau, conduisant en particulier à l’expression de gènes
sélecteurs qui déterminent le devenir cellulaire.
Les modèles animaux de développement, grâce à la conservation des molécules et à leur
réutilisation dans de nombreux processus développementaux, permettent d’établir des modèles
pertinents de diverses pathologies humaines, anomalies congénitales, maladies génétiques,
cancer… et pas uniquement chez la souris.

Les applications thérapeutiques sont également développées grâce aux progrès dans le domaine de
la fécondation et donc de la reproduction ou dans l’utilisation de cellules souches ou la création de
cellules souches à partir de cellules différenciées, saines ou malades.

Les connaissances accumulées grâce aux modèles animaux et le développement des techniques de
culture cellulaire permettent maintenant de produire des organoïdes. Ces structures produites in
vitro présentent d’extraordinaires capacités d’auto-organisation conduisant à une organisation
tridimensionnelle de cellules différenciées ressemblant à un organe et capable d’en reconstituer
une partie des fonctions.

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