La Tache Aveugle de L'infection Par Le en Afrique: La Prise en Charge de L'infection L'expérience D'un Programme Pilote: Le Programme Enfant Yopougon
La Tache Aveugle de L'infection Par Le en Afrique: La Prise en Charge de L'infection L'expérience D'un Programme Pilote: Le Programme Enfant Yopougon
La Tache Aveugle de L'infection Par Le en Afrique: La Prise en Charge de L'infection L'expérience D'un Programme Pilote: Le Programme Enfant Yopougon
nombre d'enfants de moins de 1 S ans vivant avec le VIH était estimé par l'Onu-
sida à 1,1 million et le nombre de décédés du sida à yoo 000 (Onusida, 2003).
Ils sont 4,3 millions à être morts du sida depuis le début de l'épidémie et 90 %
de ces enfants de moins de 1 S ans sont, ou étaient, en Afrique.
Alors que la prévention de la transmission mère - enfant du VIH a beaucoup
évolué au cours des dernières années (Dabis et al., 1999, Guay et al. 1999) et
se met en place progressivement en termes de programmes de santé publique
(UNICEF/uNAIDS/wHO/uNFPA, 2000), la prise en charge médicale des enfants
infectés reste peu développée en Afrique. Pourtant, si 48 % des enfants infectés
développent le sida avant l'âge de trois ans, au delà de cet âge, en l'absence de
traitement, le passage au stade sida! ne se fait ensuite qu'au rythme de 3 % par
an (Pliner et al., 1998, Commenges et al., 1992).
1. Le passage au stade sida correspond pour un patient infecté par le VIH, après une phase de
l'infection accompagnée de peu de symptômes qui peut se prolonger pendant des années, à
l'entrée dans la maladie sida proprement dite qui accompagne un déficit immunitaire im-
portant et rend le patient vulnérable à de nombreuses manifestations pathologiques graves
dont les maladies que l'on qualifie d'opportunistes qui ne surviennent pas chez quelqu'un
33° N. ELENGA et al.
VIH. Ces enfants sont considérés comme innocents face à des comportements
sexuels hors norme que l'on prête de façon implicite aux adultes infectés. Ceci
rend indicible et partant invisible, l'infection de l'enfant.
Au-delà des premières années, l'infection prend souvent la forme d'affec-
tions chroniques particulièrement décourageantes et difficiles à traiter telles
les affections cutanées persistantes, les candidoses digestives à répétition, la
diarrhée chronique et la cachexie sévère. Ce caractère chronique, à côté de
la peur d'être contaminé par le VIH, en partie liée à une méconnaissance de
l'infection de l'enfant, joue certainement également un rôle sur l'absence de
mobilisation des personnels de santé (Frans man et al., 2000).
Enfin, face à l'impuissance des soignanrs à prendre en charge le sida de
l'enfant, il y a eu longtemps un déplacement d'objet, une occultation de l'infec-
tion de l'enfant par deux autres types d'événements et d'intervention: l'un, la
prévention de la transmission mère - enfant du VIH, qui a dissimulé la prise
en charge des femmes, mais aussi, et ceci a été relevé beaucoup moins souvent,
l'infection de l'enfantlui-même. Al'autre bout du spectre, le concept d'orphelins
du sida puis d'orphelins et enfants vulnérables a longtemps tenu pour quantité
négligeable les enfants infectés eux-mêmes, s'intéressant essentiellement aux
enfants non infectés. Par exemple, l'Onusida , l'UNICEF et l'USAID dans
leur publication conjointe Les enfants au borddugouffre, dans ses trois éditions
successives (1997-2.000-2.002.), n'abordent pas le sujet des enfants infectés mais
uniquement celui des enfants « touchés » par le sida par le biais de la maladie
ou du décès d'un ou deux de leurs parents par le VIH.
Si près de la moitié des enfants infectés par le VIH survivent au-delà de
la petite enfance, il existe très peu d'écrits dans la littérature à leur sujet, en
dehors de quelques études hospitalières (Lepage et al., 1991, Taha et al., 1999,
Meyers et al., 2000), ce qui laisse à penser que le diagnostic est rarement établi
et qu'il n'y a pas de prise en charge spécifique. Ces « grands enfants » infectés
par le VIH par la transmission mère - enfant et relativement peu sympto-
matiques pendant de nombreuses années, ont besoin d'une prise en charge
adaptée, incluant un soutien psychologique et communautaire spécifique du
N. ELENGA et al.
fait du caractère chronique de leur maladie. Par ailleurs, par le fait même qu'ils
résistent au VIH, ils peuvent nous apporter des informations importantes sur
les facteurs d'évolution de la maladie, tant du point imrnunologique (Van de
Perre et al., 1992.) que génétique.
3. L'édition 2003 du rapport de l'UNICEF « La situation des enfants dans le monde 2003 » est
la première à comprendre un tableau spécifiquement dédié au VIH/SIDA chez l'enfant.
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PÉDIATRIQ..UE 333
6. 10000 F CFA = 1S €
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PtDIATRIQ..UE 335
ment par l'ANRS en juin 2000 (projet ANRS 1244) et reçu un avis favorable
du comité national d'éthique ivoirien.
Devant le petit nombre de structures spécialisées dans la prise en charge
du VIH chez l'enfant, un hôpital de jour ouvre en octobre 2000 dans la for-
mation sanitaire urbaine de Yopougon, la commune la plus peuplée de Côte
d'Ivoire, où l'équipe est implantée depuis 1995. Une unité de prévention de
la transmission mère - enfant du VIH, et un hôpital de jour pour adultes' y
préexistaient. Ce projet de recherche s'intitule Programme enfant Yopougon
et, dès le départ, se construit en relation directe avec le service de pédiatrie
accrédité afin d'avoir accès aux antirétroviraux en Côte d'Ivoire (dont la
pédiatre responsable de la consultation des enfants infectés par le VIH est
co-investigatrice du programme).
Devant le recrutement rapide, l'accès de plus en plus aisé aux antirétroviraux
et la familiarisation avec ces traitements, les objectifs initiaux du programme
se modifient dès 2001, et il s'agit désormais du suivi d'une cohorte thérapeu-
tique sous antirétroviraux. Le second projet médical accepté par l'ANRS en
juin 2002 s'est donné, entre autres, pour objectif: l'impact des antirétroviraux
et les résistances à ces médicaments".
Recrutement et dépistage
Lorsqu'un enfant infecté nous était adressé, nous avons essayéde systéma-
tiser la proposition de test de dépistage du VIH pour les autres enfants de
la fratrie. Par ailleurs, nous offrions le test de dépistage gratuitement à tout
enfant symptomatique ou exposé à l'infection. Ainsi, dans le processus de
recrutement dans la cohorte, 170 tests de dépistage ont été effectués par nos
soins chez des enfants, 38 chez des enfants qui se sont révélés infectés et 132
chez des enfants non infectés. Les 132 enfants qui se sont révélésnon infectés
sont 42 frères et sœurs d'enfants inclus ou déjà dépistés et 90 enfants adressés
par des soignants ou des associations. Les autres enfants recrutés dans notre
programme étaient connus comme infectés au moins par la personne qui s'en
occupait et le service ou la structure nous l'ayant adressé.
En 2000-2001, malgré une situation politique troublée, nous recrutons
150 enfants infectés par le VIH en moins de dix mois. Lorsque une seconde
possibilité d'inclusions s'offreen 2002-2003, 119 enfants de plus sont recrutés en
neufmois. Ce recrutement s'est fait très rapidement alors que volontairement,
le programme souhaitait rester discret, et que les informations sur son exis-
tence n'étaient diffusées qu'auprès de soignants et d'associations de personnes
vivant avec le VIH. Le programme ne s'est pas fait connaître largement pour
éviter de stigmatiser les enfants suivis dans notre structure (en les étiquetant
« enfants ayant le VIH »), mais aussi parce que nous étions conscients dès le
départ que le nombre de places limitées interdirait l'ouverture du centre à tous,
sous peine d'être débordés. Aussi, l'origine des enfants reflète plutôt le réseau
informé de l'existence de notre programme que le poids respectifdes différents
acteurs dans la prise en charge des enfants infectés en Côte d'Ivoire. Parmi
ces 269 enfants, 85 des enfants nous ont été adressés par le service de pédiatrie
de Yopougon, 78 viennent des différents programmes de recherche menés par
l'ANRS et du programme de prévention de la transmission mère - enfant du
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PtDlATRIQ.UE 337
Caractéristiquesgénérales desenfants
Les enfants de la cohorte sont 12.3 filles et 146 garçons, d'un âge moyen de
5,8 ans (de 18 mois à 15,5 ans) au moment du recrutement. Volontairement,
les enfants ne sont recrutés qu'à partir de 15 mois parce que le diagnostic, à
partir de cet âge, est facilement réalisable par des tests de dépistage classiques.
D'autre part, avant cet âge, les enfants infectés, lorsqu'ils sont connus, sont le
plus souvent suivis dans des programmes de prévention de la transmission mère
- enfant du VIH.
Un nombre important des enfants suivis ont perdu un ou deux de leurs
parents. Quarante neuf enfants sont orphelins de mère, 43 ont perdu leur père
et 2.3 ont perdu leurs deux parents, l'ensemble représentant 43 % des enfants
que nous suivons. Tous ces enfants, sauf un, sont pris en charge par la famille
élargie, le plus souvent du côté maternel. Par ailleurs, nous suivons 13 familles,
dont deux enfants sont infectés par le VIH. Les problèmes de déstructuration
et recomposition familiales consécutifs à l'infection par le VIH et le sida sont
développés plus loin (Aka Dago Akribi, 2.003).
La population suivie dans le programme est issue en majorité de groupes so-
ciaux modestes ou très démunis. Nous avons mis en place un système de visites
à domicile afin de connaître les conditions de vie des enfants, à la fois d'un point
de vue économique, mais aussi du point de vue des conditions d'environnement
psychologique et affectif. Ces visites à domicile ont également un rôle important
concernant le suivi des traitements de longue durée que reçoivent les enfants et
les conditions de distribution de ces traitements. Enfin, ces visites permettent
N. ELENGA et al.
d'identifier des familles les plus démunies qui ont pu ainsi bénéficier d'un
soutien nutritionnel et scolaire. D'un point de vue économique, nous pouvons
estimer qu'environ 30 % des familles suivies ont moins de 20000 F CFA (30
e) par mois de revenu, soit la moitié du revenu minimum officiel.
Pour les enfants d'âge scolaire, un des grands problèmes des familles est
l'absentéisme, lié surtout à la maladie mais aussi dans certains cas à la situation
de grande pauvreté, qui empêche de scolariser les enfants. L'amélioration de
la santé des enfants sous traitement permet aux familles de réinvestir dans les
projets scolaires pour les enfants. Ainsi, sur 160 enfants en âge scolaire (ayant
plus de 6 ans), I14 sont scolarisés et peuvent être considérés comme ayant un
cursus normal, 32 enfants ont un absentéisme important, quatre ont un retard
scolaire majeur, sept enfants ne sont pas scolarisés, et trois adolescents sont
déscolarisés et sont insérés dans la vie professionnelle.
Quatre vingt seize pour cent des enfants ont été infectés par la mère durant la
grossesse,l'accouchement ou l'allaitement. Sept enfants seulement sont infectés
par une autre voie: deux par transfusion (mère négative, référence faite à une
transfusion autour du moment présumé de l'infection) ; une, suite à un abus
sexuel et quatre par de possibles actes médicaux contaminants (mère négative et
absence de référence à un abus sexuel, à une transfusion ou à un séjour prolongé
en institution médicale). Du point de vue clinique, à l'inclusion, 99 enfants ne
présentent aucun signe clinique ou des symptômes mineurs, 126 ont des symp-
tômes modérés et 44 présentent une symptomatologie les classant au stade sida.
En ce qui concerne lesdonnées imrnunologiques, la numération des lymphocytes
CD4 et, surtout, le pourcentage de ces lymphocytes" montrent que 137 enfants,
soit SI %, avaient moins de 1 S % de CD4, reflétant un déficit immunitaire pro-
fond qui nécessite de recourir à des médicaments antirétroviraux.
9. Chez l'enfant, le nombre absolu de lymphocytes CD4 varie considérablement selon l'âge.
Aussi, le pourcentage de lymphocytes CD4 est utilisé afin de refléter la situation immuno-
logique des enfants indépendamment de leur âge.
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PtDlATRIQUE 339
Depuis le début de l'épidémie de VIH, les données sur la tuberculose chez les
enfants infectés par le VIH sont beaucoup moins claires que chez les adultes. Il
est logique de penser que la tuberculose devrait être très présente chez les enfants
infectés comme cela a été bien mis en évidence chez les adultes. Cependant, des
biais méthodologiques ajoutés à une difficulté de diagnostic de la tuberculose
propre à son expression clinique chez l'enfant, ont toujours limité l'obtention
de données définitives sur le sujet (Coovadia et al., 1998).
Au sein de notre cohorte, nous observons d'une part que 43 enfants ont déjà
des antécédents de tuberculose avant d'être inclus, et que, d'autre part, 1 S sont
entrés, alors qu'ils étaient en cours de traitement pour la tuberculose. Enfin, il est
survenu 13 tuberculoses durant le suivi. Les Il tuberculoses documentées mon-
trent la présence d'une résistance à un ou plusieurs médicaments antituberculeux
utilisés dans le régime standard du programme de lutte contre la tuberculose en
Côte d'Ivoire chez 4 des enfants (36 %), sept de ces I l tuberculoses étant sensibles
au régime standard.
À côté de la tuberculose, les infections à mycobactéries atypiques, rarement
décrites à Abidjan du fait des difficultés diagnostiques, ont été identifiées dans
S cas et confirmées par le laboratoire de référence des mycobactéries de l'Institut
Pasteur de Paris. Elles sont difficiles à traiter et leur pronostic est très mauvais
puisque 2 de ces S enfants sont décédés rapidement.
34° N. ELENGA et al.
Mortalité
A la date du 31 août 2.003, 37 décès sont survenus parmi les 2.69 enfants
suivis, ce qui représente une mortalité globale de 13,75 %. La médiane de sur-
venue du décès est de 88 jours après l'inclusion (moyenne 148 jours), 3 décès
survenant au delà de la première année de suivi. La probabilité de survie au
cours du temps est de 89,8 % à 6 mois et de 85,4 % de 15 à 2.4 mois. La ma-
jorité des décès surviennent au début du suivi, témoignant de l'état clinique
342. N. ELENGA et al.
Nous avons calculé les coûts directs de la prise en charge médicale des
enfants infectés par le VIH dans le groupe d'enfants restés asymptomati-
ques durant tout leur suivi et qui n'ont pas besoin de traitement ARV, de
même que chez 54 enfants symptomatiques ayant besoin d'ARV et mis
sous traitement durant leur suivi (Laguide et al., 2003). Tous les coûts
médicaux directs ont été pris en compte (consultations, hospitalisations,
médicaments, examens de laboratoire, transport..) pour chaque enfant. Nous
avons déterminé les coûts par patient par année (EA) et les avons exprimé
en F CFA et en euros (€).
Le coût de la prise en charge directe des enfants asymptomatiques sans
inclure les dépenses liées à la recherche est de 132745 FCFA (202,37 €) par
an et par enfant. Les médicaments, les consultations les examens complé-
mentaires, et les hospitalisations représentent respectivement 49 %, 26 %,
21 % et 5 % des dépenses de prise en charge.
Pour les enfants symptomatiques, dans la mesure où la mise sous traite-
ment n'est pas toujours immédiate, nous avons calculé les coûts de la prise
en charge au stade symptomatique avant traitement et sous traitement.
Chez les 54 enfants infectés qui nécessitaient un traitement ARV; le coût
moyen annuel de la prise en charge médicale d'un enfant infecté par le
VIH symptomatique, sans ARV est de 666,13€ et, pour le même enfant de
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PÉDIATRIQ..UE 343
3037,8I€ avec les ARVIO. La principale composante des dépenses est bien sûr
les ARV puisqu'ils représentent 84 % du coût total. Les bilans biologiques
représentent également un coût non négligeable, soit 8,5 % des dépenses. Le
seul inhibiteur de protéase Il prescrit à Abidjan chez l'enfant est le nelfinavir.
Il représente à lui tout seul 72,5 % des dépenses en ARV et il est produit
par le laboratoire Roche qui a refusé de participer aux négociations sur les
prix des ARV pour les pays en développement jusqu'au printemps 2003. Les
soins qu'ont reçus les enfants dans cette cohorte représentent le standard de
soins que les enfants VIH+ devraient recevoir, puisque nous ne les avons
pris en charge qu'avec des médicaments ou des techniques disponibles en
Côte d'Ivoire. Aussi les coûts obtenus pour l'infection par le VIH sous ARV
sont assez proches des coûts moyens pour une telle affection.
Pour l'infection par le VIH symptomatique sans traitement, ils sont
probablement sous-estimés puisque nous n'avons choisi que des enfants
survivant assez longtemps pour obtenir des ARV. Si nous devions considérer
les enfants au dernier stade de la maladie, ces coûts seraient probablement
plus élevés. Les coûts de prise en charge d'un enfant symptomatique sous
ARV sont 4,5 fois plus élevés que sans les ARV et sont très au-delà des
ressources dont les familles disposent pour soigner de tels enfants. De plus
ces traitements sont prévus pour des années.
Au delà du coût des ARV qui a diminué de façon importante ces derniè-
res années en Côte d'Ivoire et qui devraient continuer à diminuer, d'autres
coûts peuvent être réduits. Le suivi immunologique peut être réalisé avec
des techniques alternatives qui ont été validées et qui sont 4 à 5 fois moins
coûteuses. La mesure de la charge virale, qui pourrait n'être réalisée que
10. En Côte d'Ivoire, l'état paye les ARV. Il nous a paru important de pouvoir distinguer les
coûts sans ces médicaments qui représentent la charge effective pour les familles.
11. Les inhibiteurs de protéase sont une classe médicamenteuse utilisée dans les multithérapies
antirétrovirales. C'est l'ajout d'un médicament de cette classe à des médicaments d'une autre
classe médicamenteuse qui ont permis les grands progrès thérapeutiques dans le traitement
du SIDA à partir de 1996.
344 N. ELENGA et al.
n'en parle pas, craignant de faire souffrir ses parents. L'approche de sa person-
nalité, de son vécu à travers le repérage de son angoisse et de ses mécanismes
de défense permet d'optimiser le soutien et de lui donner, dans le cadre de la
consultation, un espace de parole.
Chez les parents, l'attente du soutien psychologique est forte et dépend du
stade de l'infection de l'enfant. Les demandes concernent la gestion du secret
(ausein du couple parental lui-même, vis-à-vis de l'enfant, vis-à-vis de la fratrie,
vis-à-visde la famille), l'annonce à l'enfant, les difficultés pour l'éduquer et le
discipliner et l'élaboration de mécanismes de défense faits de surprotection de
l'enfant, déni, parfois rejet pour lutter contre l'angoisse inhérente au VIH.
Lorsque l'enfant est asymptomatique ou va mieux, la demande parentale
vise la réinsertion dans une vie normale avec la reprise de la scolarité. En
effet, à partir de 6 ans, 32. % ont une scolarité normale, 42. % un retard et
13 % présentent un absentéisme important; 5 % sont déscolarisés. Même si
l'école est aussi un lieu à risque quant à l'identification de la maladie chez
l'enfant en raison des questions du corps enseignant, des comportements
et/ou attitudes qui le désignent comme malade (la prise médicamenteuse
à heures fixes, les dispenses pour les activités sportives par exemple), c'est
aussi le symbole pour les parents que tout va pour le mieux et que l'enfant
est comme les autres. Cette demande parentale insiste sur la mise à niveau et
la prise en charge de difficultés spécifiques scolaires (lecture, arithmétique,
difficultés de mémorisation...). Les parents sont également demandeurs d'un
soutien et d'une orientation dans le cadre de leur rôle éducationnel vis-à-vis
de ces enfants infectés, problème fréquemment rencontré avec les enfants
malades chroniques.
Concernant les préadolescents et les adolescents, leur problématique parti-
culière est en relation avecles métamorphoses biologiques et psychologiques
qu'ils subissent du fait de leur âge et du vécu avecle VIH. Les entretiens avec
les enfants et les familles au cours de la consultation psychologique, mettent
en exergue l'impact négatifde la pathologie sur la famille. La révélation de la
séropositivité, particulièrement traumatisante, entraîne souvent des ruptures
LA PRISE EN CHARGE DE L'INFECTION PÉDlATRIQ.UE 347
Trois femmes vivant avecle VIH, issues d'une association de femmes séropo-
sitives, AMEPOUH, assurent un soutien psycho-social et communautaire aux
familles. Il s'agit de conseil aux familles sur le diagnostic de l'enfant, les modes
de transmission du VIH, les situations quotidiennes où il n'y a pas de risque que
l'enfant contamine d'autres personnes, ce qui est souvent une préoccupation
exprimée par les familles, les modalités du traitement et le vécu de la maladie.
Au-delà de la prise en charge médicale et psychologique, la nécessité d'un soutien
communautaire en termes d'aide nutritionnelle, de soutien scolaire, d'aide à la
mise en place d'activités génératrices de revenus a vite été considérée comme
indispensable. Une association a été fondée autour de l'équipe soignante et des
familles du Programme enfant Yopougon en novembre 2001, CHIGATA, pour
14. La PTME Plus est un concept issu de l'expérience pilote du FSTI, reprise par les institutions
américaines et internationales. Il s'agit non seulement de prévenir la transmission du VIH
de la mère à l'enfant mais de prendre en charge l'ensemble de l'unité familiale: la femme
enceinte. son partenaire et ses enfants infectés.
LA PRISE EN CHARGE DEL'INFECTION PÉDlATRIQ.UE 353
Références bibliographiques