Cour Demain1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 8

Cours Bureau des Méthodes 34

Chapitre V : Le dimensionnement et la cotation d'usinage


1. La cotation fonctionnelle

Coter fonctionnellement un dessin, c’est faire un choix raisonné entre ses diverses dimensions
géométriquement équivalentes. Ne coter et tolérance que les « dimensions fonctionnelles » qui
expriment directement les conditions d’aptitude du produit à l’emploi prévu, dites « cotes
condition ».

2. Définitions
a. La cote condition ou le jeu

Une cote condition est une cote tolérancée qui exprime une exigence liée à l'assemblage,
ou au fonctionnement du mécanisme ou à l'assemblage d'un ensemble de pièces.

Elle s'inscrit sur le dessin d'ensemble.


Elle est orientée de gauche à droite, ou de bas en haut.
b. La cote fonctionnelle

Une cote fonctionnelle est une cote tolérancée appartenant à une pièce ayant une influence
sur la cote condition, elle a une influence, dans la mesure où elle varie dans son intervalle de
tolérance, sur la valeur d'une cote-condition. Une cote fonctionnelle est délimitée, à ses
extrémités, par deux surfaces d'appui ou par une surface d'appui et une surface terminale.

c. Les surfaces terminales

Les surfaces terminales ou lignes qui sont perpendiculaires à la


cote condition et qui encadrent la cote condition ou le jeu.

d. Les surfaces d'appui ou de contact


Les surfaces d'appui ou de contact sont des surfaces :
Ou ligne de contact entre deux pièces successives qui servent de
limite, ou d'extrémité, à des cotes fonctionnelles. Les surfaces de
contact à prendre en compte sont celles perpendiculaires au jeu.

e. Chaîne de cotes
Une chaîne de côtes rassemble toutes les cotes fonctionnelles ayant une influence sur la
valeur d'une même cote condition ou jeu. L'ensemble de ces dimensions, ou « maillons »,
disposées en série, bout à bout et qui forme une boucle.

34
Cours Bureau des Méthodes 35

Méthode générale pour coter fonctionnellement :


1° Faire une analyse complète du produit afin de mettre en évidence les cotes condition
pour assurer un fonctionnement normal.
2° Choisir les cotes qui expriment directement, pour chaque pièce, ces cotes condition.

Généralement les personnes qui travaillent au bureau d'études (BE) sont des techniciens ayant
une longue expérience au bureau des méthodes (BM).

Dans la majorité des cas la cotation fonctionnelle permet de déterminer les distances et leurs
tolérances entre plans et axes parallèles.

Exemple : Analyse fonctionnelle d'un assemblage

Considérons l'assemblage du pied de bielle, illustré ici.

Figure V.1 : Pied de bielle

La bielle doit être immobilisée par rapport à l’axe, la liaison complète entre les 2 pièces est
assurée par la liaison hélicoïdale (vis) et par le contact plan sur plan. Ce contact est assuré
correctement si la longueur A2 est inférieure à la profondeur de taraudage A1.

35
Cours Bureau des Méthodes 36

Attention :

La condition fonctionnelle est toujours comprise entre deux surfaces terminales d'une même
pièce. Pour tracer une chaîne de cotes relative à une cote condition on part d'une surface
terminale pour rejoindre l'autre surface terminale en passant par l'intermédiaire des surfaces
d'appui (surfaces fonctionnelles).

A partir d'une condition fonctionnelle donnée il ne doit pas avoir qu'une seule cote par pièce.
On dit alors que la chaîne de côtes est minimale.

3. Cotation de fabrication

On peut naturellement se demander pourquoi doit-on fixer une cotation de fabrication,


puisque le bureau d'études a déjà établi une cotation fonctionnelle permettant d'assurer le bon
fonctionnement de la pièce dans le cadre du système technique dont elle fait partie.

Or, le dessin de définition ne comporte que les cotes de la pièce finie et de plus le contrôle tout
au long du processus de fabrication impose la connaissance de plusieurs autres cotes
concernant :

La pièce brute

Les cotes intermédiaires (d'ébauche et de demi-finition)

Certaines cotes fabriquées issues d'un transfert de cote imposé par la limitation des possibilités
des machines et des outillages ou par une diminution du coût des outillages.

L'objet de la cotation de fabrication est la recherche et le calcul des côtes et spécifications


fabriquées qui sont les éléments à contrôler après chaque séquence de fabrication. On doit tenir
compte du processus de fabrication envisagé et le calcul des cotes est fait à partir des cotes
fonctionnelles portées sur le dessin de définition et des cotes conditions imposées par le
préparateur.

Figure V.2 : L'évolution de la cotation entre le bureau d'études et la fabrication de la pièce.

36
Cours Bureau des Méthodes 37

4. Les cotations bureau d'études (BE) et bureau de méthodes (BM)

Toutes les côtes et les spécifications indiquées sur le dessin de définition du produit sont
des conditions à satisfaire au moyen des cotes fabriquées, elles constituent les points de départ
de la recherche et des calculs des cotes de fabrication du préparateur. Chaque condition bureau
d'études doit être vérifiée et faire l'objet d'une chaîne de cotes fabriquées pouvant se réduire à
une chaîne à un seul maillon dans le cas d'un usinage à cote directe.

Le préparateur impose des conditions complémentaires pour satisfaire aux exigences


technologiques de la coupe (copeaux minimums de finition) des procédés d'élaboration des
bruts (copeaux minimums d'ébauche) des procédés d'usinage (surépaisseur maximum de
rectification, etc.). Ces conditions peuvent encore être dues à des considérations de prise de
pièces, de passage d'outils (cotes de liaisons au brut non fonctionnelles, non portées sur le dessin
de définition, mais indispensables à la fabrication) ou à des considérations d'esthétique. Chaque
condition bureau des méthodes doit également être vérifiée et faire l'objet d'une chaîne de cotes
fabriquées. Cette chaîne peut également se réduire à une chaîne à un seul maillon dans le cas
d'un usinage en cote directe (par exemple le cas où un copeau est réalisé entre deux surfaces
usinées dans la même phase).

5. Les cotes fabriquées

L'établissement d'un processus d'usinage impose la détermination, par choix raisonné ou


calcul, de toutes les côtes et tolérances dimensionnelles et géométriques effectivement réalisées
sur la pièce et dont l'ensemble est regroupé sous le terme cotation de fabrication (CF) ou
d'usinage. Celle-ci n'apparaît que sur les documents qui explicitent le processus d'usinage
(dessins de phase ou d'opération) et ne constitue qu'une étape dans l'évolution ayant pour origine
la pièce brute et pour objectif final la pièce usinée (conforme au dessin de définition). Ainsi
certaines cotes d'usinage mesurables (ou contrôlables) en cours de processus n'existent plus sur
la pièce finie.

Définition :

Une cote fabriquée est l'ensemble borné st ordonné des dimensions des pièces d'une série,
dimensions définies entre deux points d'une surface ou de deux surfaces concernées d'une
même phase.

En travail de série, la cote d'usinage est obtenue sur la pièce par enlèvement de matière, à l'aide
des outils coupants ayant fait l'objet de réglages préalables (par rapport au référentiel de la

37
Cours Bureau des Méthodes 38

pièce). Cette cote ainsi obtenue est donc une cote de fabrication. La raison principale pour ce
type de réglage est que l'on recherche la rentabilité et l'interchangeabilité des pièces satisfaisant
la cotation demandée par le bureau d'études. Lorsqu'elle apparaît dans une opération, elle
concerne dans tous les cas au moins une des surfaces réalisées lors de cette opération. Avec une
même prise de pièce, au moins une des cotes de fabrication a pour origine la surface de la pièce
en contact avec le référentiel de mise en position, afin de situer les usinages réalisés par rapport
aux surfaces choisies comme référence.

Remarque :

 Une cote fabriquée est définie uniquement sur une série de pièces.
 Certaines cotes de fabrication sont obtenues par transfert de cotes fonctionnelles.

a. La recherche d'une cotation d'usinage logique

Les surfaces concernées par la cotation de fabrication dans une phase sont respectivement :

Celles qui participent à la mise en position des pièces,

Les surfaces réalisées (usinées)

Règle de base à respecter : Le régleur ou l'opérateur ne doivent pas avoir des calculs à effectuer
pour les productions de série. Pour cela, on envisage l'un ou l'autre de ces deux types de cotes :

Soit les cotes « idéales » de réglage proprement dites des outils et des butées de la machine,
mais cela implique la connaissance précise des dispersions du procédé.

Soit les cotes à satisfaire sur les pièces mais utiles au régleur, c'est à dire lui évitant des calculs.
Ainsi, connaissant bien la machine et les cotes tolérancées à obtenir, le régleur peut réaliser
certains réglages avant ou pendant l'usinage de la première pièce ; après contrôle de cette
première pièce, il retouche les réglages s'il y a lieu. Cette dernière mesure est couramment
adoptée dans l'industrie à défaut de pouvoir calculer les cotes idéales dé réglage des machines.

b. Les différentes cotes de fabrication

Selon les éléments référentiels utilisés pour effectuer les réglages des outils coupants les cotes
de fabrication sont classées en trois catégories :

Les cotes-machines (Cm),

Les cotes-appareillages (Ca),

Les Cotes-outils (Co).

Les cotes-machines (Cm)


38
Cours Bureau des Méthodes 39

Les cotes définissant la forme et la position des surfaces usinées, entre la référentielle pièce et
le plan de travail de l'outil (ou point générateur de l'outil) lorsque celui-ci est réglé par rapport
au référentiel (par rapport aux éléments de mise en position) sont couramment dites "cotes -
machines" Cm. Exemples : un montage porte-pièce, la table de la machine, etc.

Figure V.3 : Exemples de côtes - machines en tournage

g. Les cotes-appareillages (Ca)

Ce sont les cotes obtenues à partir d'un appareillage ou par un gabarit de copiage. Les
trajectoires des outils réalisant les cotes de fabrication sont imposées par des appareillages dont
les positions sont définies par rapport à des référentiels fixés. Les appareillages peuvent :

Faire partie de la machine : verniers, butées mécaniques, etc.

Être des éléments indépendants de la machine : plateaux diviseurs, dispositif de copiage,


canons-guides des alésages, etc.

Figure V.4 : Utilisation des canons de perçage pour obtenir des cotes appareillage

h. Les Cotes-outils (Co)

Ce sont les cotes définissant la forme, la dimension, la précision des surfaces usinées données,
par l'outil (foret, alésoir, fraise 3 tailles) ou par l'association de plusieurs outils travaillant
simultanément (train de fraises) et réglées par des cotes machines ou cotes appareillages.

Les surfaces définissant la cote de fabrication sont réalisées par des outils réglés entre eux. On
distingue deux situations :

Les outils sont différents et sont réglés entre eux par l'intermédiaire d'un élément support (outils
sur porte-outils, plaquettes amovibles sur support),
39
Cours Bureau des Méthodes 40

Les différentes arêtes de coupe appartiennent à un outil monobloc et sont réglées entre elles par
construction puis affûtage (outils de forme de tournage, forets, fraises à rainurer).

Figure V.5 : Cotes outils : cas de tournage

Figure V.6 : Exemples des cotes-outils

c. La notion de référentiel auxiliaire de réglage

Dans la plupart des cas, les cotes appareillages ou outils ont une extrémité accrochée à
un référentiel auxiliaire de réglage constitué de surfaces usinées dans la même phase et reliées
par la cotation de fabrication aux surfaces en contact avec le référentiel de mise en position de
la pièce (à la phase considérée).

d. Conseil : Choix d'une cote d'usinage

Au moment de choisir le procédé d'usinage, le préparateur peut hésiter pour l'adoption


d'une cote-outil, d'une cote-machine, ou d'une cote-appareil. Il est conseillé de procéder
respectivement :

i. Une cote outil Co est souvent préférable à une cote-machine Cm

En effet, la dispersion d'une cote outil est en général plus faible que celle d'une cote dont
les causes de dispersion sont beaucoup plus nombreuses. D'autre part, une cote-outil réalise 2
surfaces associées alors qu'une cote-machine n'en réalise qu'une seule, d'où l'avantage

40
Cours Bureau des Méthodes 41

économique pour les travaux de série, cette solution permettant le groupement de surfaces à
l'usinage.

e. Une cote appareil Ca est souvent préférable à une cote-machine

Cm car la dispersion d'une cote-appareil ne dépend essentiellement que de la précision de cet


appareil. D'autre part, la machine est banale, donc moins coûteuse, et un ouvrier de qualification
moyenne peut suffire pour réaliser une série de pièces. Mais ceci ne convient pas aux travaux
unitaires car le prix de l'appareil spécial doit pouvoir être amorti sur une série de pièces
suffisantes.

6. Conclusion

L'emploi des cotes-outil et des cotes appareillage est particulièrement intéressant pour les
travaux de série.

41

Vous aimerez peut-être aussi