Droit Et Politiques Sociales Fdpri
Droit Et Politiques Sociales Fdpri
Droit Et Politiques Sociales Fdpri
Conférence de MASTER II
Bamako, mars 2021
Par
Dr Mahamoudou Bazzi DIALLO
Maitre-assistant
Faculté de droit privé de l’
Université des sciences juridiques et
Politiques de Bamako
[email protected]
Les défis auxquels le Mali est confronté sont nombreux. Au nombre de ceux-ci figure le
bien être de sa population à travers le développement de ses secteurs sociaux 1. L’Etat semble
avoir pris conscience de son rôle qu’il pouvait jouer en matière sociale dans un but de progrès
social. Dans ce sens, il crée des droits sociaux dans un souci de réduire les inégalités sociales.
Redéfinissant des mécanismes traditionnels, son principe est fondé sur l’identification de risques
justifiant une prise en charge par l’Etat.
A la lecture de l’article 17 de la constitution du 25 fevrier1992 : « L'éducation,
l'instruction, la formation, le travail, le logement, les loisirs, la santé et la protection sociale
constituent des droits reconnus ».
Il résulte de ce texte que le domaine social couvre un champ d’intervention très vaste.
- La politique de la santé ;
- La politique de la protection sociale ;
- La politique en faveur des personnes âgées ;
- La politique en faveur des personnes handicapées ;
- La politique en faveur de l’emploi ;
- La politique de lutte contre les exclusions ;
- Les politiques de la ville et du logement etc.
Le périmètre des politiques sociales dépend, d’une part, de ce qu’une société reconnait
comme objets de politique publique pendant une période donnée, et d’autre part, de ce que ces
politiques publiques reconnaissent comme social à ce moment-là. Ces politiques publiques sont
regroupées sous le terme de politiques sociales qui utilisent des instruments et techniques
qu’elles mobilisent pour remplir leurs objectifs avec des acteurs qui y participent et de leurs rôles
respectifs.
1
Notamment : santé ; éducation, emploi, logement décent…
Définition des politiques sociales
Les politiques sociales peuvent être définies par leur domaine ou par leur public cible.
Dans leur champ d’action, elles visent à protéger les personnes contre la survenue
d’évènements ou de risques sociaux2 entrainant une perte de revenu ou un accroissement des
charges, ou bien à couvrir certaines charges. Ces politiques ont pour but aussi d’organiser le
fonctionnement de certains secteurs de la vie sociale 3, d’y promouvoir, au besoin par la
contrainte des comportements jugés tolérables4 ou d’en interdire d’autres5. Elles sont appelées
ainsi en raison de leur rôle de protecteur des catégories vulnérables.
Les politiques sociales peuvent être définies par leur public cible : personnes âgées,
demandeurs d’emploi, enfants.
La protection sociale
Définition de la protection sociale
Le premier instrument des politiques sociales est la protection sociale. Cette dernière englobe
« l’ensemble des opérations contribuant à la couverture des risques sociaux auxquels les
personnes sont exposées6, en considérant l’ensemble des régimes ou organismes ayant pour
mission d’en assurer la charge dans un cadre de solidarité nationale7 .
L’article 70 de la constitution du 25 février 1992 précise que la loi détermine également les
principes fondamentaux du droit de la sécurité sociale. En application de ce texte, l’article 1 du
Code de prévoyance sociale prévoit quatre régimes qui ont pour objet de contribuer à la
couverture de risques sociaux. Il s’agit :
Le régime des prestations familiales
Ce régime comprend, les prestations en nature au titre de l’action sanitaire et sociale,
notamment services sociaux ou médicaux, bourse de formation, études et enquêtes, équipement
de rééducation et de réadaptation professionnelle et des prestations en espèces suivantes.
La prime de premier établissement est une allocation qui permet au travailleur d’acquérir
l’équipement nécessaire à son ménage article 12 CPS.
Les allocations prénatales sont destinées à généraliser la surveillance médicale des grossesses et
à assurer aux futures mères de meilleures conditions d’hygiène et de santé, art. 14 CPS .
2
Maternité, maladies…
3
Marché du travail….
4
Lutte contre le tabagisme…
5
Protection de l’enfance.
6
Santé, vieillesse, -survie, maternité-famille, emploi, logement, pauvreté-exclusion sociale.
7
Alexandre Bourgois
Les allocations de maternité sont attribuées dans le but de généraliser la surveillance médicale de
l’accouchement et des premiers mois du nourrisson, art. 18.
Les allocations familiales ont pour but d’encourager la surveillance médicale systématique des
enfants et la fréquentation scolaire ; elles aident les familles à appliquer à leurs enfants les
conseils d’hygiène et d’éducation qui leur sont donnés par les services compétents, art. 22 CPS
L’indemnité journalière des femmes salariées en état de grossesse prévu par l’article 28.‐ Pour
favoriser le repos prénatal et postnatal, l’Institut National de Prévoyance Sociale verse aux
femmes salariées l’indemnité journalière prévue à l’article L182 du Code du Travail pendant la
période de congé accordé à l’occasion de l’accouchement
Le congé de naissance prévu par l’art.33 à l’occasion de chaque naissance d’enfant né viable
survenue à son foyer, tout chef de famille salarié a droit à un congé de 3 jours, dans la limite
fixée par l’article L147 du Code du Travail.
- La protection contre la maladie
Le régime de protection contre la maladie à été transformée en assurance maladie obligatoire
depuis 2010 avec la loi n°09/-015 du 26 juin 2009 et couvre également la période de retraite de
l’assuré. Le plan d’action nationale d’extension de la protection sociale a permis en effet, un
régime d’assurance maladie obligatoire au profit des fonctionnaires civils et militaires, des
fonctionnaires des collectivités territoriales, des parlementaires, des travailleurs du secteur privé,
des retraités et des assurés volontaires au régime de l’INPS et un régime d’assistance médicale,
au profit des indigents. Il vise à améliorer et à élargir l’accès aux soins en assurent la couverture
des soins de santé inhérents à la maladie et à la maternité des personnes assujetties, et des
membres de leur famille.
- Le régime de prévention et de réparation des AT/MP
L’art.85 précise les prestations accordées aux victimes qu’il y ait ou non interruption de travail :
1° la couverture des frais entraînés par les soins médicaux et chirurgicaux ; les frais
pharmaceutiques et accessoires ;
2° la couverture des frais d’hospitalisation ;
3° la fourniture, la réparation et le renouvellement des appareils de prothèse et d’orthopédie
nécessités par l’infirmité résultant de l’accident et reconnus indispensables soit par le médecin
traitant, soit par la Commission d’appareillage, ainsi que la réparation et le remplacement de
ceux que l’accident a rendu inutilisable ;
4° la couverture des frais de transport de la victime à sa résidence habituelle, au centre inter‐
entreprise, à la formation sanitaire ou à l’établissement hospitalier ;
5° les prestations, autres que les rentes, dues en cas d’accident suivi de mort ;
6° et, d’une façon générale, la prise en charge des frais nécessités par le traitement, la
réadaptation fonctionnelle, la rééducation professionnelle et le reclassement de la victime.
- Le régime d’assurance vieillesse, invalidité et de l’allocation de survivant
Ce régime comprend ; la pension de retraite, l’allocation de retraite, la pension d’invalidité, la
pension de survivant, l’allocation de survivant.
La protection sociale repose sur des mécanismes d’assurance et de solidarité. Elle regroupe
en effet, les régimes contributifs qui requièrent des bénéficiaires une contribution, notamment les
systèmes de sécurité sociale liés à l’exercice d’une activité ; les systèmes d’assurance sociale
et/ou mutuelles de santé, et les régimes non contributifs qui ne nécessitent aucune contribution
de la part de leur bénéficiaire sous forme de transferts sociaux, en nature ou en espèce.
I- Les régimes contributifs
A- Assurance sociale ou Sécurité sociale :
Elle assure la réparation d’un risque aux personnes ayant acquis des droits par les
cotisations sociales des employés et des employeurs. Les assurés, d’une part, les personnes en
situation de besoin, d’autre part, l’affiliation est une condition d’accès à l’assurance sociale.
L’objet de l’assurance sociale est la compensation des conséquences de la réalisation du risque
(cout des soins, perte de revenus). Elle vise à protéger les personnes contre la survenue
d’évènements ou de risques sociaux notamment : la maladie, la maternité, l'invalidité, la
vieillesse, le décès, les accidents de travail, les maladies professionnelles, les charges familiales
et le chômage.
B-
Les autres régimes contributifs comme les mutuelles de santé, les assurances privées basée sur
un partage de risques entre employeurs et employés constituent d’autres formes d’assurance
sociale.
Qu’en est il des régimes non contributifs ?
II- Les régimes non contributifs
L’assistance sociale ou l’aide sociale
La solidarité dont la forme la plus ancienne et l’assistance. La solidarité, sous forme
d’aide sociale ou d’action sociale, offre des prestations aux personnes en situation de besoin sans
contribution préalables, soit que la personne n’ait pas de droit à l’assurance sociale, soit que ses
besoins ne soient pas, ou insuffisamment, couverts par l’assurance sociale. Les régimes de
solidarité sont universels ; les prestations de solidarité sont sous condition de ressources. L’aide
sociale est subsidiaire par rapport aux revenus de la personne et de sa famille (obligation
alimentaire) ; la solidarité vise à couvrir des besoins essentiels.
Elle se matérialise par des transferts réguliers, prévisibles en nature ou en espèce, y
compris les exonérations de frais ou les subventions générales des prix de la part soit des
pouvoirs publics et des organismes non gouvernementaux au profit des catégories vulnérables.
Ces opérations de transferts, qui prennent entre autres, les allocations familiales et les pensions
sociales, visent à réduire la pauvreté et la vulnérabilité, accroître l’accès aux services de base et
assurer un minimum de bien-être économique. On parle aussi de filets sociaux ou de transferts
sociaux pour designer ces types des régimes non contributifs auprès des ménages. Dans cette
catégorie, on peut citer notamment :
= Les transferts monétaires en espèces ;
° Les transferts en nature (tels que les programmes de distribution alimentaire, les
distributions des produits nutritionnels, les cantines scolaires ;
°Les subventions générales sous forme d’exonérations de taxes sur les denrées
alimentaires, de carburant, de gaz butane, d’eau ou d’électricité ;
°Les revenus temporaires (c'est-à-dire argent ou vivres contre travail) ;
= Les mesures pour faciliter l'accès aux services de base (c'est-à-dire, exemption de frais
pour les services de santé, les distributions des kits scolaires, vaccination, …).