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ECONOMIE DE L’ASSURANCE

ECONOMIE DE
L’ASSURANCE
Dr N’KONGON Y. Jeanne

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Descriptif du cours

L’objet de ce cours est de permettre aux auditeurs et étudiants de comprendre et d’analyser le


comportement des compagnies d'assurance et celui des autres agents économiques face aux
contrats proposés par les compagnies d’assurance. Ce cours présente donc l’apport de la théorie
microéconomique (précisément de l’économie de l’incertain et de la théorie des contrats) dans
l’analyse des marchés de l'assurance. Il décrit également les différents problèmes soulevés par
les différents types d’asymétries d’information entre assurés et assureurs et les mécanismes
incitatifs présents dans les contrats d'assurance.
Le but visé est d’apporter des réponses aux questions suivantes : En quoi consiste la
mutualisation ? Quelles en sont les limites ? Comment se manifeste l’aléa inhérent à
l’assurance ? Quelles sont les réactions des parties contractantes face aux asymétries
d’information ? Quels sont les motifs de demande d’assurance ? En quoi consiste l’offre
d’assurance ? Comment se fixe le prix de l’assurance ? Comment se font les arbitrages
prévention-assurance ? Quelle est la forme optimale d’un contrat d’assurance ?
Ce sont là quelques-unes des questions auxquelles nous tenteront de répondre tout au long de
ce cours.

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Introduction

Le secteur de l’assurance est de nos jours l’un des secteurs d’activités économiques les plus
importants et les plus fleurissants. Le montant mondial des primes d’assurances, toutes branches
confondues, est estimée à plusieurs milliers de milliards de dollar. Ce montant était estimé à
3426 milliards de dollar en 2005 et en 2010, à 4338 milliards de dollars ce qui représentait
respectivement 7,7% et 6,89% du PIB mondial.
Le secteur de l’assurance dans les pays industrialisés s’est développé très rapidement. Ce
phénomène est également observé dans les pays en développement où l’assurance est en pleine
expansion car, on observe un élargissement du champ de l’assurabilité. La Côte d’Ivoire avec
23,9% de part de marché, de la zone CIMA (Conférence Interafricaine des Marchés des
Assurances) composée de 14 pays, représente à ce jour le premier marché des assurances de
cette zone.
L’assurance fait l’objet parfois de transaction sur des marchés concurrentiels. Elle relève
quelquefois de la puissance publique. Elle est gérée souvent par des entreprises aux statuts
différents [sociétés anonymes, entreprises sans but lucratif, mutuelles, des administrations sans
statut d’entreprise (cas de la sécurité sociale en France)].
Comment pourrait-on définir l’économie de l’assurance ?

A. Définition de l’Economie de l’assurance

Plusieurs définitions sont avancées pour expliquer le concept d’économie. Mais toutes semblent
se résumées à celle-ci : « L’économie est la science de l’allocation des ressources rares à des
fins concurrentes ». Saisie comme telle, on pourrait logiquement définir l’économie de
l’assurance comme la science visant à permettre une meilleure allocation des ressources dans
un contrat d’assurance caractérisé par l’aléa.
Ainsi, pour définir clairement l’économie de l’assurance, il y a lieu de décrire les institutions
gérant le risque, les principales méthodes de gestion de risques, la typologie des risques pris en
charge dans un contrat d’assurance et le principe d’assurance.
1. Institutions gérant le risque
La quasi-totalité sinon la totalité des institutions présentes dans une économie sont obligés
d’exercer dans un environnement risqué. Elles se doivent donc de gérer ce risque. C’est le cas
de la famille qui a besoin de se prémunir contre certains risques (incendie, maladie, accidents,

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décès, vieillesse, etc.). Sur les marchés financiers, les acteurs vont également se prémunir contre
certains risques de change.
On remarque que, aussi bien la famille, les Etats (industrialisés comme en développement), les
compagnies d’assurance, les sociétés commerciales et les mutuelles que les institutions opérant
dans la sécurité sociale, sont les principaux acteurs gérant le risque.
2. Principales méthodes de gestion des risques
Plusieurs méthodes de gestion du risque existent. Ces dernières partent de l’autoprotection à
l’auto-assurance. La distinction entre ces deux types de prévention est faite par Ehrlich et
Becker (1972) :
− L’autoprotection est ce type de gestion du risque dans lequel les dépenses
d’autoprotection n’affectent pas l’ampleur des dégâts en cas de sinistre, mais agit sur la
fréquence d’occurrence des accidents.
Exemples : modes de vie/assurance-maladie, contrôle technique,…
− Quant à l’auto-assurance, sa spécificité réside dans le fait que les dépenses d’auto-
assurance permettent à l’individu de limiter la part de sa richesse exposée au risque.
Exemples : ceinture de sécurité, installation d’extincteurs automatiques, simulations
d’attaque d’incendie à la SIR…
3. Types de risques pris en charge
a. Assurance des personnes
• en cas de vie
Dans ce cas, l’assureur s’engage à verser un capital ou une rente à la personne désignée comme
le bénéficiaire si l’assuré est en vie à la date prévue au contrat. Le bénéficiaire peut être, par
exemple, l’assuré constituant une épargne pour sa retraite. Par définition, ces contrats ne versent
rien si l’assuré décède avant le terme du contrat. Dans ce type de contrats, les primes peuvent
être périodiques ou uniques.
• en cas décès, de maladies ou d’accident corporel
Dans la plupart des pays, l’assurance maladie et accident corporel est obligatoire et gérée par
des organismes qui ne sont pas toujours des entreprises. En Côte d’Ivoire, la CNPS est une
administration publique qui gère les cotisations obligatoires et les versements des prestations.
• dommages aux biens
Quant à l’assurance des biens, elle couvre (voir Zajdenweber, 2006, pp. 139-140):
− les dommages aux véhicules
− les dommages aux habitations

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− les dommages aux biens professionnels
− les risques liés à la construction d’un bien immobilier
− l’assurance de construction comprenant essentiellement l’assurance dommage ouvrage
et l’assurance de responsabilité civile décennale.
− Les catastrophes naturels et le terrorisme.
• responsabilité civile
Ce type d’assurance couvre la responsabilité civile et la responsabilité professionnelle.
b. Assurance des entreprises
L’assurance des entreprises couvre le transport, les dommages aux biens des entreprises, la
responsabilité civile professionnelle, les pertes d’exploitation, le crédit et les cautions.
4. Principe d’assurance
L’assurance est une activité d’intermédiation fondée sur l’aversion au risque des agents
économiques. En effet, tout individu est confronté à différents états du monde(𝑊𝑖 , 𝑞𝑖 )𝑖 =
1, … , 𝑛 avec 𝑊𝑖 le niveau de richesse de l’individu et 𝑞𝑖 les quantités de biens qu’il pourrait
consommer. Il se trouve que certains états du monde probables sont défavorables à l’individu
tandis que d’autres lui sont favorables. De ce fait, l’assurance permet à cet individu par des
transferts monétaires, de limiter l’écart entre les divers états du monde. Ainsi, le rôle de
l’assureur est d’assurer la compensation des risques ; et cela de deux manières possibles :
− Soit par le canal des compagnies d’assurance : les agents économiques échangent des
risques entre eux de façon à en minimiser les conséquences négatives.
− Soit par une indemnisation des sinistres au moyen de l’ensemble des primes encaissées
relativement à un même risque.

B. Economie de l’assurance et Microéconomie habituelle

Pour comprendre l’Economie de l’assurance, il est nécessaire de montrer la spécificité de son


approche par rapport à la microéconomie traditionnelle.
On aborde l’économie de l’assurance en se basant essentiellement sur deux disciplines : les
statistiques et l’économie de l’incertain. Et c’est cette dernière qui différencie l’économie de
l’assurance de la microéconomie traditionnelle.
Habituellement la microéconomie se borne, soit à décrire les choix individuels permettant la
maximisation de la satisfaction ou du profit dans le cadre d’une situation de rareté, soit à étudier
la confrontation et la coordination de ces différentes décisions. Dans cette discipline (la
microéconomie habituelle), on suppose que les agents économiques détiennent toute
l’information relative aux paramètres conditionnant leur choix.
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Exemple : Le consommateur a une connaissance parfaite de son revenu futur, il maximise sa
satisfaction (son utilité) par l’acquisition de quantités optimales de biens à consommer compte
tenu de sa contrainte budgétaire. De la même façon, le producteur détermine les quantités à
produire susceptible de maximiser son profit en se basant sur les prix de vente futur connus à
l’avance.
Pourtant l’incertitude fait partie intégrante de la vie des agents économiques, il serait donc
regrettable de faire abstraction de cette incertitude. Ce faisant les modèles de base de la
microéconomie se doivent de supposer que le revenu futur du consommateur est entaché
d’incertitude et ils devront intégrer cette modification de l’environnement dans la recherche
d’une allocation optimale. En effet, face à l’incertitude, le comportement de l’individu se trouve
modifier. Ainsi, le producteur exerçant dans un tel contexte est obligé de remanier son plan de
production en raison du caractère aléatoire du prix de vente d’une part et de la possibilité qui
lui est offerte de couvrir une partie de sa production via les marchés à terme d’autre part.
NB : Sur un marché à terme, les marchandises sont vendues à un prix fixé antérieurement à leur
livraison.
C’est cette approche incertaine de l’économie nécessitant la prise en compte du risque et de
l’incertitude (ce qui n’est pas le cas dans l’économie ordinaire), qui caractérise l’économie de
l’assurance. L’économie de l’assurance nécessite l’application d’un certain nombre de
conditions et d’hypothèses qui en font le noyau dur.

C. L’ambivalence de l’assurance

Le secteur de l’assurance se caractérise aujourd’hui par son ambivalence :


− A l’origine, l’assurance se focalisait sur l’indemnisation des sinistres grâce à la mutualisation
qui est cernée par la célèbre devise de Lloyd’s : « la contribution de tous aux infortunes de
quelques-uns ». Cette fonction originelle de l’assurance s’est considérablement réduite au
fil des ans à tel enseigne qu’elle ne représente aujourd’hui qu’une petite part du chiffre
d’affaire des entreprises d’assurance.
− Aujourd’hui, l’assurance-vie domine les chiffres d’affaires des pays développés à hauteur
de deux-tiers en France, de trois-quarts au Japon et de plus de moitié aux USA. Le
développement de l’assurance-vie conduit les sociétés d’assurance à, en plus d’indemniser
les victimes de sinistres, gérer des placements financiers au même titre que les banques et
les organismes de placement collectif en valeurs mobilières.

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D. Les mécanismes de l’assurance

Les sociétés d’assurance procèdent à l’intermédiation auprès de nombreuses personnes


exposées au même risque. Ces sociétés collectent auprès des assurés une somme dite prime ou
premium ou cotisation dans un premier temps et constituent à l’aide des fonds collectés (débités
des frais de gestion) une caisse commune permettant d’indemniser dans les limites de
l’engagement pris appelé garantie, ceux parmi les assurés qui seront ultérieurement victime de
l’évènement redouté appelé sinistre. Ainsi, l’indemnisation des victimes de sinistre est financée
par les cotisations de l’ensemble des assurés regroupés en une mutuelle gérée par la compagnie
d’assurance. L’assureur doit pour cela fixer un montant des cotisations lui permettant d’honorer
ses engagements. Il doit pour cela tenir compte de :
− La fréquence c’est-à-dire du rapport entre les sinistres déclarés et le nombre
d’assurés.
− Le coût moyen d’un sinistre qui n’est rien d’autre que le coût obtenu en rapportant
le montant total des indemnités au nombre de sinistres.
− Et pour finir la tendance qui mesure l’évolution d’une année à l’autre de la fréquence
et du coût moyen du sinistre.
La prime commerciale est calculée à l’aide de la prime pure déterminée par ces trois éléments
précédents.

E. Typologie des entreprises d’assurance

En fonction de leur statut, on distingue dans la catégorie des entreprises d’assurance, des
sociétés à but lucratif, les sociétés anonymes par action ou sans but lucratif, les Mutuelles.

F. La typologie des contrats d’assurance

1. Définition d’un contrat d’assurance


Un contrat d’assurance est un « contrat par lequel une partie (le souscripteur) se fait promettre
pour son compte ou celui d’un tiers par une autre partie (l’assureur) une prestation
généralement pécuniaire en cas de réalisation d’un risque, moyennant le paiement d’une prime
ou cotisation ».
2. Les différents types de contrats d’assurance
On recense généralement trois grandes catégories de contrat d’assurance :
− Le contrat de pleine assurance est un contrat où l’intégralité du sinistre est remboursée
par l’assurance.

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− Le contrat de co-assurance est un contrat ou seulement une part du sinistre est
remboursée par l’assurance.
− Le contrat d’assurance avec franchise est un contrat où l’assuré prend à sa charge le
sinistre jusqu’à un certain montant fixé. Au-delà de ce montant, la différence entre la
perte et la franchise est à la charge de l’assurance.
Nous reviendrons plus en détail sur ces différents contrats dans le cours.

G. Plan du cours

INTRODUCTION GENERALE
Première partie : LES MODELES DE DECISION DANS L’INCERTAIN
Chapitre 1 : ANALYSE DE L’INCERTITUDE
Section 1 : Les perspectives conditionnelles de consommation
Section 2 : La théorie de l'espérance d'utilité
A. Fonctions d’utilité et probabilités
B. L’utilité attendue
C. L’axiomatique de von Neuman et Morgenstern
Section 3 : L’aversion pour le risque
A. L’attitude face au risque
B. L’inégalité de Jensen (ou attitude face au risque et propriétés de la fonction d’utilité)
Section 4 : La prudence à travers la diversification et la répartition du risque
A. La diversification
B. La répartition du risque
C. Le rôle de la Bourse
Section 5 : Le théorème d'Arrow-Pratt
A. Le coefficient Pratt-Arrow d’aversion absolue pour le risque
B. Propriétés du coefficient de Pratt-Arrow (voir doc risque p. 64)
Chapitre 2 : QUELQUES CRITERES DE DECISION ET PARADOXES
EN AVENIR INCERTAIN
Section 1 : Critères de décision en avenir incertain
Section 2 : Jeu et Paradoxe de Saint-Pétersbourg
A. Jeu de Saint-Pétersbourg
B. Paradoxe de Saint-Pétersbourg
Section 2 : Paradoxe de Allais
Section 3 : Paradoxe de Ellsberg

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Deuxième partie : ECONOMIE DU RISQUE ASSURABLE
Chapitre 3 : ANALYSE DU RISQUE ASSURABLE
A. Coût du risque ou prime de risque
B. Prix d’achat et prix de vente d’un risque
Chapitre 4 : LA MUTUALISATION DES RISQUES ET DIVERSIFICATION PAR LES
MARCHES FINANCIERS
Section1 : Cas des risques indépendants
Section2 : Cas des risques corrélés
Section3 : la diversification par les marchés financiers
Chapitre 5 : ASSURANCE ET ASYMETRIE D’INFORMATIONS
Setion1 : Assurance optimale et Asymétrie d’information
Section2: Modèle de Rothschild et Stiglitz (1976)
Section3: L’approche économique des mécanismes d’assurance
Section4 : Politiques économiques de lutte contre l’écrémage des risques
Troisième partie: ECONOMIE DE LA DEMANDE ET DE L’OFFRE D’ASSURANCE
Chapitre 6 : LA DEMANDE D’ASSURANCE
Section1 : Modèle d’assurance optimale à deux états
Section2 : Analyse comparative des différents effets de changement
Chapitre 7 : OFFRE D’ASSURANCE ET PRIME D’ASSURANCE
Section1 : Principales caractéristiques d’une prime d’assurance
Section2 : Processus de détermination de la prime et la statistique sinistre
Section3 : Calcul de la prime de risque et estimation de la prime totale
CONCLUSION GENERALE

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