Documents Complémentaire Olympe

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Parcours Ecrire et combattre pour l’égalité

« Quelles formes ont prises les combats en faveur du droit des femmes à l’égalité face au pouvoir des
hommes ? »

Des combats inscrits dans l'Histoire

Si tous les combats luttent contre la même image, traditionnelle et renforcée par la conception religieuse, de
la femme, épouse et mère, soumise, fidèle et dévouée, ils ont mis l’accent sur des contenus différents en
fonction du contexte historique dans lequel ils se livrent.

Les violences de la Révolution française, par exemple, ont mené aux revendications de droits civiques, là où,
dans les salons mondains des XVIIème et XVIIIème siècles, les Précieuses et les femmes cultivées ont
d’abord voulu voir leurs talents reconnus et luttaient contre les mariages arrangés, encore fréquents.
Les penseurs politiques du XIXème siècle ont, pour leur part, donné une force nouvelle au combat de celles
que Dumas a, péjorativement, nommées « féministes. La lutte se fait plus violente, à l’image des textes de
Louise Michel, combattante lors de la Commune, qui appelle les femmes à prendre les armes contre leurs
oppresseurs.
La seconde moitié du XXème siècle, alors que certains droits ont été acquis, voit se modifier les
combats, d’une part pour qu’ils ne restent pas théoriques mais s’inscrivent dans la vie quotidienne, d’autre
part pour parvenir à un véritable changement des mentalités afin que la femme ne soit plus une victime
potentielle d’exploitation économique et sociale, de harcèlement, de violence, mais reconnue dans sa
dignité.

Des formes de combat différentes

Diversité des formes de combat.


Les recherches sur les portraits de femmes, depuis Émilie du Châtelet, au XVIIIème siècle, jusqu’à
Colette et Simone Veil au XXème siècle, en passant par George Sand et Camille Claudel au XIXème siècle,
montrent la variété des engagements de ces femmes en faveur de la liberté, dans leur art comme dans
leur vie personnelle.
Nous constatons cette même variété dans les formes des écrits lus et étudiés, qu'il s'agisse de leur
genre ou de leur tonalité. Violent pamphlet / interpellation polémique, rigueur argumentative /tonalité
ironique

Les hommes aux côtés des femmes ?

Place prise par les hommes dans ce combat, d'abord mené par les femmes.
Certains sont des adversaires, qui affirment leur mépris et leurs préjugés, tels les Athéniens chez
Aristophane ou les personnages masculins mis en scène par Marivaux dans La Colonie.
Mais dans quel « camp » ranger les hommes qui ont écrit sur ce sujet ? La réponse est plus
complexe car il faut à la fois tenir compte de leur époque et du genre littéraire adopté. Choisir la comédie
est-il la garantie que l’auteur combatte réellement les injustices faites aux femmes ? Molière, par exemple,
n’adopte pas une position véritablement en faveur des femmes ; il prône surtout une forme d’équilibre dans
le respect de la nature : ne pas les maintenir « idiote » et soumise comme l’exige Arnolphe face à Agnès,
mais ne pas non plus accepter que, devenues « savantes », elles rejettent toute idée de mariage. C’est encore
plus évident dans le combat s’inscrit dans le cadre d’une utopie, comme chez Aristophane ou Marivaux. Il
est permis de penser que c’est surtout une façon de blâmer les hommes au pouvoir…

A/ Historique de la condition féminine (Moyen-Age-Renaissance)


La femme dans la société médiévale

La littérature médiévale propose une double image de la femme, reflet de la société :


- Dans les fabliaux, les farces ou les soties, la volonté comique fait ressortir ses défauts, reprenant
les plus anciens stéréotypes, déjà présents chez les auteurs dramatiques grecs, Aristophane et
Ménandre, ou romains, Plaute et Térence : perfidie, infidélité, cupidité, coquetterie,
gourmandise, colère… La liste est longue !
- En revanche, la fin’amor, dans les poèmes des troubadours et des trouvères comme dans les
romans de chevalerie, met en place un idéal de relation entre les amants, proche du code de
féodalité, qui accorde à la femme dignité et absolu respect, tel celui dû à un suzerain. Mais
cela reste un idéal, bien loin souvent de la réelle relation au sein de la famille ou du couple, où
l’homme impose son pouvoir.

L'influence de la religion

Le christianisme, même si la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, est parcourue de nombreuses figures
féminines, a placé en son centre Ève et Marie, deux symboles antithétiques. La première – venue après la
création de l’homme d’où elle est issue –, Ève, est rattachée au péché originel. Elle va donc imposer
l’image de la faiblesse féminine face à la tentation et, quand elle est exclue du paradis avec Adam, sa
condamnation, « Tu accoucheras dans la douleur », lui impose une souffrance, inhérente à sa nature même.

Du Moyen-Âge à la Renaissance

Une régression, politique, économique et sociale, débute au XIVème siècle, symbolisée par l’évolution
de la loi salique : les femmes sont déclarées incapables d’hériter ou de transmettre la couronne. La voie est
ouverte pour leur ôter peu à peu leur pouvoir, que ce soit celui des abbesses dans le domaine religieux,
celui exercé auprès des rois ou dans la vie économique, ou au sein du couple. Les écrits se multiplient
contre les femmes, pour affirmer leur incapacité aussi bien physique qu’intellectuelle, en faisant de la «
nature féminine » la cause même de leur infériorité.
Pourtant, bien des femmes apportent un démenti à cette image dévalorisée, comme Christine de Pisan
(1364-1430), poétesse mais aussi ayant mis son érudition au service d’une réflexion sur la place et le rôle de
la femme, comme dans La Cité des dames (1405). La Renaissance offre aussi des exemples illustres : Marie
de Gournay (1565-1645), connue pour son édition – et sa défense – des Essais de Montaigne, ou les
poétesses de l’École de Lyon, notamment Louise Labé (1524-1566) ou Pernette du Guillet (vers 1520-1545).

B/ Les idées des philosophes des Lumières


Quelles grandes idées ont défendu les philosophes des Lumières ?

Groupement de textes : idées des lumières en France au XVIIIe siècle

« Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire, c'est qu'il n'admet rien sans preuve. »
Diderot, Lettre à Sophie Volland, 26 sept. 1762.
« Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du Ciel, et
chaque individu a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison. »
Diderot, article « Autorité politique » de l'Encyclopédie, 1751

« Qu'est-ce que la tolérance ? C'est l'apanage de l'humanité. Nous sommes tous pétris de faiblesse et
d'erreurs ; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c'est la première loi de la nature. »
Voltaire, Traité sur la tolérance, 1763

« Il est clair que, selon le droit naturel, chacun doit estimer et traiter les autres comme autant d'êtres qui lui
sont naturellement égaux, c'est à dire, qui ne sont hommes aussi bien que lui. »
Chevalier de Jaucourt, L'encyclopédie, article « égalité naturelle ».

« Tout serait perdu si tous les hommes […], exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, d'exécuter
des résolutions publiques, et celui de juger les crimes et les différends des particuliers »
De l'esprit des lois, Montesquieu, 1748
Les philosophes des Lumières défendent le raisonnement, l'esprit critique et condamnent l'ignorance.
Ils mettent en avant les idées de Liberté individuelle et de conscience, d'égalité, de tolérance religieuse
et de séparation des pouvoirs. Ils dénoncent le fanatisme religieux, la monarchie absolue et l'esclavage.

Texte : Voltaire « Femmes, soyez soumises à vos maris » in Mélanges, pamphlets et œuvres polémiques
1759-1768
L'abbé de Châteauneuf la rencontra un jour toute rouge de colère. «Qu'avez-vous donc, madame ?» lui dit-il.
– J'ai ouvert par hasard, répondit-elle, un livre qui traînait dans mon cabinet; c'est, je crois, quelque recueil
de lettres ; j'y ai vu ces paroles : Femmes, soyez soumises à vos maris ; j'ai jeté le livre. – Comment,
madame ! Savez-vous bien que ce sont les Épîtres de saint Paul ? – Il ne m'importe de qui elles sont; l'auteur
est très impoli. Jamais Monsieur le maréchal ne m'a écrit dans ce style; je suis persuadée que votre saint Paul
était un homme très difficile à vivre. Était-il marié? – Oui, madame. – Il fallait que sa femme fût une bien
bonne créature : si j'avais été la femme d'un pareil homme, je lui aurais fait voir du pays. Soyez soumises à
vos maris ! Encore s'il s'était contenté de dire : Soyez douces, complaisantes, attentives, économes, je dirais :
voilà un homme qui sait vivre; et pourquoi soumises, s'il vous plaît ? Quand j'épousai M. de Grancey, nous
nous promîmes d'être fidèles : je n'ai pas trop gardé ma parole, ni lui la sienne; mais ni lui ni moi ne
promîmes d'obéir. Sommes-nous donc des esclaves ? N’est-ce pas assez qu’un homme, après m'avoir
épousée, ait le droit de me donner une maladie de neuf mois, qui quelquefois est mortelle ? N'est-ce pas
assez que je mette au jour avec de très grandes douleurs un enfant qui pourra me plaider quand il sera majeur
? Ne suffit-il pas que je sois sujette tous les mois à des incommodités très désagréables pour une femme de
qualité, et que, pour comble, la suppression d'une de ces douze maladies par an soit capable de me donner la
mort sans qu'on vienne me dire encore : Obéissez? Certainement la nature ne l'a pas dit ; elle nous a fait
des organes différents de ceux des hommes; mais en nous rendant nécessaires les uns aux autres, elle n'a pas
prétendu que l'union formât un esclavage. Je me souviens bien que Molière a dit : Du côté de la barbe est la
toute-puissance. Mais voilà une plaisante raison pour que j’aie un maître ! Quoi ! Parce qu'un homme a le
menton couvert d'un vilain poil rude, qu'il est obligé de tondre de fort près, et que mon menton est né rasé, il
faudra que je lui obéisse très humblement ? Je sais bien qu'en général les hommes ont les muscles plus forts
que les nôtres, et qu'ils peuvent donner un coup de poing mieux appliqué : j'ai peur que ce ne soit là l'origine
de leur supériorité. Ils prétendent avoir aussi la tête mieux organisée, et, en conséquence, ils se vantent d'être
plus capables de gouverner ; mais je leur montrerai des reines qui valent bien des rois. On me parlait ces
jours passés d'une princesse allemande qui se lève à cinq heures du matin pour travailler à rendre ses sujets
heureux, qui dirige toutes les affaires, répond à toutes les lettres, encourage tous les arts, et qui répand autant
de bienfaits qu'elle a de lumières. Son courage égale ses connaissances ; aussi n'a-t-elle pas été élevée dans
un couvent par des imbéciles qui nous apprennent ce qu'il faut ignorer, et qui nous laissent ignorer ce qu'il
faut apprendre. Pour moi, si j’avais un État à gouverner, je me sens capable d'oser suivre ce modèle.»
L'abbé de Châteauneuf, qui était fort poli, n'eut garde de contredire Mme la maréchale.
C/ Olympe
Trois portraits d’Olympe entre 1789 et 1793

chacun des portraits picturaux représentent une Olympe de Gouges différentes. Sur le portrait 1 c'est une
monarchiste modérée ; dans le portrait 2, c'est une intellectuelle girondine ; quant au portrait 3, c'est la
représentation d'une femme plus simple. Elle porte quand-même la perruque, signe qu'elle n'appartient pas
au peuple.

Le portrait 1 : a été réalisé par Alexandre Kucharski. Il représente une femme dont les formes du visage
sont arrondies, au nez rond et plutôt important, à la bouche assez petite et fortement dessinée, au regard
doux. Elle porte une perruque gris pastel, à la mode à la fin du XVIIIe siècle et jusqu'à la Révolution
française, une étoffe blanche, en soie et l'on entraperçoit une robe bleu-pastel.
C'est l'image d'une Olympe-gouges calme, douce qui apparaît comme étant une modérée sur le plan
politique, attachée à la monarchie constitutionnelle et loyale à l'égard de la reine Marie Antoinette. Ce
portrait date très certainement de l'année 1789.

Le portrait 2 : est une aquarelle anonyme datant très certainement de la fin de l'année 1792 ou de l'année
1793, car la légende indique : « Elle s'était offerte pour défendre Louis XVI ». A ce moment là, elle a rejoint
les Girondins et, est convaincue que les femmes doivent jouer un rôle dans les débats politiques. Elle
proposa à la Convention d’assister Malesherbes dans sa défense du roi Louis XVI en décembre 1792, qu’elle
juge fautif en tant que roi mais non en tant qu’homme. Toutefois, sa demande sera rejetée au motif qu’une
femme ne peut assumer une telle tâche.
Olympe de Gouges est assise sur un fauteuil de style Louis XV, un livre à la main. Elle apparaît en femme de
Lettres, cultivée, posée. Très fluide et transparente, cette aquarelle rehaussée de mine de plomb et le fond de
paysage simplement esquissé annoncent le romantisme à venir.
Charlotte DENOËL, « Olympe de Gouges », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21 Février 2018.
URL : http://www.histoire-image.org/etudes/olympe-gouges

Même si aucun des deux portrait ne se ressemblent pas, il y a une toutefois une continuité dans la posture
d'Olympe de Gouges et dans le calme qu'elle dégage.

Le portrait 3 : Olympe de Gouges porte un bonnet, coiffe à la mode avant et pendant la Révolution. Elle a
les yeux maquillés, sa bouche est bien plus petite que sur le portrait de Kucharski et semble pincée, la forme
de son visage ne correspond pas aux deux portraits précédents. Ses habits semblent plus simples, c'est une
Olympe de Gouges tout en simplicité, une femme peut-être apprêtée pour la vie de tous les jours.

Les idées révolutionnaires d'Olympe de Gouges

A / La lutte contre l’esclavage :

En 1784, Olympe de Gouges écrivit une pièce de théâtre Zamore et Mirza….. (p. 233 et 236)

B : Une femme qui combat pour les droits des femmes

La Déclaration de 1789 se veut universelle, elle doit s'appliquer à tous et partout (article 1). Dès 1789 en
France, les femmes et les esclaves sont exclus des nouveaux droits.

 La Déclaration des droits de la Femme


Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,1791

•Article 1 : La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent
être fondées que sur l’utilité commune.

•Article 6 : La loi doit être l’expression de la volonté générale : toutes les citoyennes et citoyens doivent
concourir personnellement ou par leurs représentants à sa formation ; elle doit être la même pour tous ;
toutes les citoyennes et citoyens étant égaux à ses yeux doivent être également admissibles à toutes dignités,
places et emplois publics, selon leurs capacités, et sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de
leurs talents.

•Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales, la femme a le droit de
monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune¹ ; pourvu que ses
manifestations ne troublent pas l'ordre public établi par la Loi

1 : de l’Assemblée Nationale

Une femme éprise de liberté

1. Une femme libre L'amour chapitre 6 + BD p 111-112


2. Les Trois Urnes : dernier combat Extrait de la BD p 374 et 379
Les Trois Urnes ou le Salut de la
Patrie fut le dernier texte d’Olympe de
Gouges. « Vois ces hommes perfides
altérés de sang nous vendre aux
puissances ennemies, ne jurant que par
la République et n’attendant que le
comble du désordre pour proclamer un
roi. »
« Trois urnes seront placées sur la table
du président de l’assemblée, portant
chacune d’elle cette inscription :
« Gouvernement Républicain »,
«Gouvernement Fédéral »,
«Gouvernement Monarchique ». Le
président proclamera au nom de la
Patrie en danger le choix libre et
individuel de l’un de ces trois
gouvernements …Que chacun se
prononce librement sur le
gouvernement qu’il prétend adopter. La
majorité doit l’emporter. Il est temps
que la mort se repose, et que l’anarchie
rentre dans les enfers.»

D/ Féminisme Moderne :

Louise Michel :

La fin du XIXème siècle voit la montée du syndicalisme et les premiers combats du « prolétariat »,
auxquelles participent activement les femmes. C’est le début d’un féminisme plus engagé politiquement et
socialement, et dans ces combats, Louise Michel joue un rôle exemplaire. Sa naissance illégitime – elle est
fille de la servante d’un châtelain – la rend très vite sensible au sort des femmes, puisqu’elle est chassée du
château à la mort de son père, et elle choisit, en toute logique, le métier d’institutrice. Montée de province à
Paris, elle fonde la « Société de moralisation des femmes », destinée à aider celles-ci à vivre de leur travail.
Quand éclate la Commune, elle prend les armes aux côtés des plus radicaux, d’où son surnom de «
Vierge rouge », et se fait arrêter, puis déporter en Nouvelle-Calédonie : elle n’accepte aucune des
propositions d’amnistie qui lui sont faites, et ne revient en France qu’en 1880, bien décidée à reprendre la
lutte. Ses activités militantes se poursuivent, alors même qu’elle est la cible d’un attentat, et souvent arrêtée
lors de manifestations. Partageant son temps entre la France et l’Angleterre, jamais elle ne cessera
d’animer des luttes libertaires.

C’est ce parcours que retracent ses Mémoires, autobiographie, mais qui, conformément au sens de son titre,
unit fortement la vie personnelle aux événements de la vie collective. Elle s’y livre, comme dans cet extrait,
à un violent plaidoyer en faveur des femmes.

Mémoires de Louise Michel


J’ai vu là-bas, dans les forêts calédoniennes, s’effondrer tout à coup, avec un craquement doux de tronc
pourri, de vieux niaoulis qui avaient vécu leur quasi éternité d’arbres. Quand le tourbillon de poussière a
disparu, il ne reste plus qu’un amas de cendre sur lequel, pareils à des couronnes de cimetière, gisent des
branchages verts : les dernières pousses du vieil arbre, entraînées par le reste. Les myriades d’insectes qui se
multipliaient là depuis des siècles sont ensevelis dans l’effondrement. Quelques-uns, remuant péniblement la
cendre, regardent, étonnés, inquiets, le jour qui les tue ; leurs espèces nées dans l’ombre ne soutiendront pas
la lumière. Ainsi, nous habitons le vieil arbre social, que l’on s’entête à croire bien vivant, tandis que le
moindre souffle l’anéantira et en dispersera les cendres. Nul être n’échappe aux transformations qui, au bout
de quelques années, l’ont changé jusqu’à la dernière parcelle. Puis vient la Révolution qui secoue tout cela
dans ses tempêtes C’est là que nous en sommes ! Les êtres, les races et, dans les races, ces deux parties de
l’humanité : l’homme et la femme, qui devraient marcher la main dans la main et dont l’antagonisme durera
tant que la plus forte commandera ou croira commander à l’autre, réduite aux ruses, à la domination occulte
qui sont les armes des esclaves. Partout la lutte est engagée. Si l’égalité entre les deux sexes était reconnue,
ce serait une fameuse brèche dans la bêtise humaine. En attendant, la femme est toujours, comme le disait le
vieux Molière, le potage de l’homme. Le sexe fort descend jusqu’à flatter l’autre en le qualifiant de beau
sexe. Il y a fichtre longtemps que nous avons fait justice de cette force-là, et nous sommes pas mal de
révoltées, prenant tout simplement notre place à la lutte, sans la demander. — Vous parlementeriez jusqu’à
la fin du monde ! Pour ma part, camarades, je n’ai pas voulu être le potage de l’homme, et je m’en suis allée
à travers la vie, avec la vile multitude, sans donner d’esclaves aux Césars. […] Soyez tranquilles : il y en a
encore pour longtemps. Mais ce n’est toujours pas vous qui arrêterez le ras de marée ni qui empêcherez les
idées de flotter, pareilles à des bannières, devant les foules. Jamais je n’ai compris qu’il y eût un sexe pour
lequel on cherchât à atrophier l’intelligence comme s’il y en avait trop dans la race. Les filles, élevées dans
la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées : c’est cela qu’on veut. C’est absolument
comme si on vous jetait à l’eau après vous avoir défendu d’apprendre à nager, ou même lié les membres.
Sous prétexte de conserver l’innocence d’une jeune fille, on la laisse rêver, dans une ignorance profonde, à
des choses qui ne lui feraient nulle impression, si elles lui étaient connue par de simples questions de
botanique ou d’histoire naturelle. […]Quelquefois les agneaux se changent en lionnes, en tigresses, en
pieuvres. C’est bien fait ! Il ne fallait pas séparer la caste des femmes de l’humanité. Est-ce qu’il n’y a pas
des marchés où l’on vend, dans la rue, aux étalages des trottoirs, les belles filles du peuple, tandis que les
filles des riches sont vendues pour leur dot ? L’une, la prend qui veut ; l’autre, on la donne à qui on veut. La
prostitution est la même ! […]. Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire.

Texte : Sorcières de Mona Chollet


Si elle n’en a pas l’exclusivité, la célibataire incarne l’indépendance féminine sous sa forme la plus visible,
la plus évidente. Cela en fait une figure haïssable pour les réactionnaires, mais la rend aussi intimidante pour
nombre d’autres femmes. Le modèle de la division sexuelle du travail dont nous restons prisonniers produit
aussi d’importants effets psychologiques. Rien, dans la façon dont la plupart des filles sont éduquées, ne les
encourage à croire en leur propre force, en leurs propres ressources, à cultiver et à valoriser l’autonomie.
Elles sont poussées non seulement à considérer le couple et la famille comme les éléments essentiels de leur
accomplissement personnel, mais aussi à se concevoir comme fragiles et démunies, et à rechercher la
sécurité affective à tout prix, de sorte que leur admiration pour les figures d’aventurières intrépides restera
purement théorique et sans effet sur leur propre vie. Sur un site de presse américain, en 2017, une lectrice
lançait cet appel au secours : « Dites-moi de ne pas me marier ! » Âgée de vingt ans, elle avait perdu sa mère
deux ans et demi plus tôt. Son père s’apprêtait à se remarier et à vendre la maison familiale, et ses deux
sœurs étaient déjà mariées – l’une ayant des enfants et l’autre des projets d’enfant. À son prochain retour
dans sa ville natale, elle devrait partager la chambre de la nouvelle belle-fille de son père, âgée de neuf ans,
et cette perspective la déprimait. Elle n’avait pas de petit ami, mais, tout en sachant que cet état d’esprit
risquait de lui faire prendre de mauvaises décisions, elle était obsédée par le désir de se marier elle aussi.
Dans sa réponse, la journaliste soulignait le handicap dont souffrent les filles lorsqu’il s’agit d’affronter les
bouleversements de l’âge adulte, en raison de la façon dont elles sont socialisées : « Les garçons sont incités
à envisager leur trajectoire future de la façon la plus aventureuse possible. Conquérir le monde tout seul
représente le destin le plus romantique qu’ils puissent imaginer, en espérant qu’une femme ne viendra pas
tout gâcher en leur mettant le fil à la patte. Mais, pour une femme, la perspective de tracer son chemin dans
le monde est dépeinte comme triste et pathétique aussi longtemps qu’il n’y a pas un type dans le tableau. Et
c’est une tâche si énorme que de réinventer le monde en dehors de ces conventions étroites! »

E/ L’héritage d’Olympe : la parité en politique

De nos jours, peut-on dire qu’il y a parité en politique ?


Document 1 : Extrait du discours devant l’Assemblée Nationale du 15 Décembre 1998 d’E. Guigou,
garde des sceaux
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés
C'est avec émotion que j'ouvre ce débat sur la parité. (…)
En ce moment je ne puis m'empêcher de penser à toutes celles qui se sont battues, parfois en donnant leur
vie, pour que les femmes se voient reconnues l'égalité de leurs droits de femmes et de citoyennes.
Je pense d'abord à Olympe DE GOUGES qui rédigea en 1791 la déclaration des droits des femmes, qui dans
son article 10 proclamait " la femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir également celui de
monter à la tribune " et qui fut guillotinée le 3 novembre 1793[…] La mise à l'écart des femmes de la sphère
politique, est un vice planté au cœur de notre système de représentation politique. Comment peut-on encore
en être là aujourd'hui alors que depuis l'ordonnance du 21 avril 1944, les femmes ont obtenu le droit de
voter.(…)
Mesdames et messieurs les députés, je vous propose aujourd’hui de jeter les bases d’une vie politique et
démocratique renouvelées. Le débat d’aujourd’hui est le point d’aboutissement du long combat qui a été
mené depuis la Révolution Française par toutes les femmes qui ont voulu conquérir l’égalité politique, mais
aussi un point de départ pour la mise en œuvre d’une véritable démocratie paritaire, dans sa dimension
politique, sociale et professionnelle. »
Document 2 : Extrait de la loi constitutionnelle no 99-569 du 8 juillet 1999 relative à l'égalité entre les
femmes et les hommes

Le Congrès a adopté,

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit : [….]

L'article 3 de la Constitution du 4 octobre 1958 est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« La loi favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives. »

(Source : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/les-revisions-
constitutionnelles/loi-constitutionnelle-n-99-569-du-8-juillet-1999.138004.html)

Document 3 : la part des femmes élues à l’Assemblée nationale et au Sénat


Source : http://www.nouvelobs.com/en-direct/a-chaud/38613-legislatives2017-candidates-elues-deputees-
jamais-autant-femmes.html

Source : https://fr.statista.com/statistiques/479805/evolution-part-femmes-senat-france/

La Loi sur la Parité donne une égalité politique en droit aux femmes. On
remarque que la part des femmes élues à l’Assemblée nationale a augmenté depuis
1973, passant de 2.4 % à 38.8 % en 2017. Au Sénat, on remarque une progression
importante depuis 1958. Elles n’étaient que 1.9 % et représentent 25 % depuis
2004. Cependant, les femmes françaises sont encore sous-représentées dans les
grandes institutions politiques alors qu’elles représentent 53 pour 100 de
l’électorat.
Un état des lieux des violences faites aux femmes de nos jours
Quels moyens pour lutter contre les violences faites aux femmes ?
Document 1 : Chiffres des violences faites aux femmes en France entre 2010 et 2012

Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/25/le-plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes-
est-il-assez-ambitieux_3520064_3224.html

Document 2. Deux lois contre les violences faites aux femmes

Article 222-23 à 222-26 du code pénal

Le viol est un crime.

Loi du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du Code pénal :

- les violences ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente constituent
des crimes
- création du délit spécifique de violences conjugales, ainsi si des violences sont
commises par le conjoint ou le concubin et même si elles n'ont pas entrainé de jours
d'ITT (incapacité totale de travail), elles sont passibles du tribunal correctionnel
- Le harcèlement sexuel est un délit pouvant être puni jusqu’à 2 ans de prison et 30 000
euros d’amende.

Source : http://www.solidaritefemmes.org/connaitre-la-loi/que-dit-la-loi
Les crimes sont passibles de la prison à perpétuité.
Les délits de violences conjugales sont passibles de 3 à 10 ans de prison.
Document 3 : «Balance ton porc» : quand les femmes racontent harcèlement et agressions

Par Aurore Coulaud — 15 octobre 2017 à 12:13 (mis à jour le 16 octobre 2017 à 08:45)

Depuis la révélation de l'affaire Weinstein, les langues se délient. Et notamment en France. Dans la foulée
du mot-dièse #MyHarveyWeinstein («mon Harvey Weinstein»), Sandra Muller, journaliste à la Lettre de
l’audiovisuel, a posté vendredi soir un tweet sous le hashtag «balance ton porc», toujours en tête dimanche
des «tendances France» sur Twitter. Objectif : inciter les femmes à briser l'omerta et à raconter le
harcèlement sexuel et même les agressions sexuelles dont elles ont été victimes dans leur travail «en
donnant le nom et les détails». Elle-même décrit sur le réseau social ce qu'elle a subi d'un ancien responsable
de chaîne […]
Son appel a vite été entendu puisque, à leur tour, nombreuses sont celles à avoir pris la parole inondant la
Toile de leurs témoignages. Si beaucoup de femmes sont issues des médias et notamment de l'audiovisuel,
de la politique et même de l'édition, tous les milieux sont concernées. Y compris des stagiaires.
(Source : http://www.liberation.fr/france/2017/10/15/balance-ton-porc-quand-les-femmes-racontent-
harcelement-et-agressions_1603226)

Emma Watson, Discours de l’ambassadrice de bonne volonté d’ONU Femmes, 2014

https://www.youtube.com/watch?v=gkjW9PZBRf

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