Offre Et Acceptation

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DROIT DES OBLIGATIONS

SECTION 2 : L’offre et l’acceptation


▪ La rencontre entre l’offre et l’acceptation représente une étape cruciale du
contrat, elle signe la naissance du contrat.
▪ Cette naissance repose donc sur l’échange des volontés.
▪ Article 1113 du Code civil : le contrat est formé par la rencontre d’une offre
et d’une acceptation par lesquelles les parties manifestent leur volonté de
s’engager.

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A/ L’OFFRE
▪ L’offre est aussi appelée « pollicitation ». L’émetteur de l’offre s’appelle
l’offrant ou le pollicitant.
▪ Définition : c’est une manifestation de volonté par laquelle une
personne exprime son intention d’être liée si le destinataire de cette
manifestation l’accepte. L’offre est ainsi la proposition qu’il suffira que
le destinataire accepte pour que le contrat soit conclu. C’est donc plus
qu’une simple invitation à entrer en pourparlers : il faut l’intention
claire de s’engager.
▪ C’est ce qui caractérise le caractère ferme de l’offre. Cela veut dire que l’offre
ne doit pas être équivoque ou assortie de réserves. Dans un arrêt du 6 mars
1990, la Chambre commerciale de la Cour de cassation a ainsi affirmé que
« entre commerçants, une proposition de contracter ne constitue une offre
que si elle indique la volonté de son auteur d’être lié en cas d’acceptation ».
Ainsi, si, par exemple, sur un bon de commande rempli par l’acheteur, il est
précisé par le vendeur que l’offre ne sera définitive qu’après confirmation de
sa part, la rencontre des volontés n’a pas eu lieu tant que la confirmation
n’est pas intervenue car l’offre n’était pas ferme.
▪ L’autre caractère essentiel de l’offre est sa précision. L’offre doit être précise,
en plus d’être ferme, i-e elle doit déterminer la chose et le prix. Même si elle
ne précise pas les modalités d’exécution (date et lieu du paiement par
exemple – sauf si les parties conviennent du caractère déterminant), il suffit
que le la chose et le prix soient déterminés pour que l’offre soit considérée
comme précise. S’il manque l’un ou l’autre élément, il ne s’agit que d’une
invitation à entrer en pourparlers.
▪ Attention à ne pas confondre l’offre et la promesse. La promesse est un
contrat à part entière, i-e, un bénéficiaire a donné son accord pour être lié
au promettant. Exemple : une promesse de vente n’est conclue qu’une fois
que le bénéficiaire a exprimé sa volonté d’être partie au contrat de promesse.
L’offre quant à elle se suffit à elle-même et n’est pas un contrat. Elle est
simplement l’expression de la volonté de contracter. Le contrat n’est donc
pas encore formé.
▪ Il existe différents types d’offres.

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▪ 1°) Offre explicite et offre implicite
▪ L’offre explicite désigne tout comportement visant à porter à la
connaissance d’autrui la volonté de contracter. Attention, explicite ne
veut pas dire écrit, cela veut dire visible, extériorisée. La manifestation
peut donc être orale, écrite, ou même résider en une simple attitude
(exemple : une exposition de produits en vitrine, un taxi stationné
devant la gare).
▪ L’offre tacite est extrêmement rare. Elle désigne toute action laissant
présumer une volonté de contracter. Mais la plupart du temps, l’offre,
même tacite, a une manifestation extériorisée. L’exemple de véritable
offre tacite est celui de la tacite reconduction du contrat. Le danger de
ce mode d’expression est d’engager de façon automatique des parties
qui n’ont pas manifesté leur volonté. On présume de leur inertie la
volonté de poursuivre la relation (exemple : bail). Pour prévenir
certains abus, la Loi Chatel du 28 janvier 2005, tendant à conforter la
confiance et la protection du consommateur, a prévu, dans le but de
faciliter la résiliation des contrats tacitement reconductibles, que le
professionnel a l’obligation d’informer le consommateur PAR ECRIT
au moins 1 mois et au plus tôt 3 mois avant le terme de la période
autorisant la dénonciation du contrat, de la possibilité de ne pas
reconduire le contrat. S’il ne le fait pas, le consommateur pourra alors
à tout moment dénoncer le contrat, même si le délai qui lui était
accordé n’est pas respecté.
▪ 2°) Offre à personne déterminée ou au public
▪ L’offre à personne déterminée implique que nul autre que le
destinataire nommé par le pollicitant puisse accepter l’offre
▪ L’offre au public implique pour sa part que le pollicitant sera lié par
le premier acceptant. Cette règle est constante, déjà affirmée dans un
arrêt de la 3ème Chambre civile du 28 novembre 1968, relatif au contrat
de vente formé par la première acceptation formulée à la suite d’une
offre parue dans les petites annonces. Exemple : si je vends ma voiture
au prix de 8000 euros sur le boncoin, et qu’un acheteur se présente et
me dit « oui, je l’achète », la vente est formée. Je suis liée. Et si en
attendant le rendez-vous pour procéder à la vente, un autre acheteur
me téléphone et me dit « je vous en offre 9000 euros, je ne peux pas
lui vendre la voiture car je me suis déjà engagée. Si finalement je lui
vends quand même, le premier acheteur pourrait faire une action à

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mon encontre pour engager ma responsabilité contractuelle, voire,
selon les cas, demander l’exécution forcée.
▪ Lorsque le contrat contient une part d’intuitu personae, attention, le
pollicitant ne sera pas tenu par le premier offrant. Exemple d’une offre
d’emploi, du bail à usage d’habitation (colocation ?). Parfois, la
question est subtile. Dans un arrêt de la Chambre commerciale du 3
décembre 2003, la Cour de cassation a donné raison à une entreprise
de distribution qui avait organisé une offre promotionnelle de barils
de lessives et qui avait refusé de vendre les barils à un autre
professionnel voulant profiter de l’offre. On a retenu que de façon
implicite l’offre était réservé aux consommateurs.
▪ 3°) Offre avec ou sans délai exprès
▪ L’offrant peut choisir de limiter son offre dans le temps. Dans ce cas,
l’offrant s’oblige à maintenir son offre pendant le délai annoncé. S’il
révoque l’offre avant l’expiration du délai, il commet une faute et
engage sa responsabilité extracontractuelle. On ne pourra pas le
contraindre à la maintenir et le forcer à contracter, mais il devra
indemniser le préjudice résultant éventuellement de sa faute.
▪ Si le délai n’est pas fixé par l’offrant, le juge devrai apprécier le délai
raisonnable en fonction des circonstances. L’offre contient donc
toujours, par principe, un délai pendant lequel elle est maintenue et
peut être acceptée, même si ce délai n’est pas exprimé.
▪ La 3ème Chambre civile de la Cour de cassation a ainsi énoncé
dans un arrêt de principe du 20 mai 2009 que, même si aucun
délai précis n’est formulé, un délai raisonnable est contenu dans
toute offre de vente. Par exemple, dans un arrêt du 21 octobre
1975, la 3ème Chambre civile de la Cour de cassation s’est
prononcée sur le caractère raisonnable au sujet d’une offre faite
par des propriétaires à leurs locataires. Il s’agissait d’une offre
de vente que les locataires ont accepté 9 ans plus tard. Les juges
ont écarté le délai raisonnable.
▪ Dans un autre arrêt du 25 mai 2005, la question s’est posée
alors que l’offre de vente d’un bien immobilier avait été émise
par écrit avec la mention « réponse immédiate souhaitée ». Le
destinataire de l’offre, une société, avait accepté dans un délai
de 5 semaines. Le délai était-il raisonnable ? Oui selon les juges,
compte tenu de la nature du bien (immobilier) et des formalités

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devant être entreprise par la société pour étudier l’offre
sérieusement.
▪ En principe, l’offre peut être révoquée tant que personne ne l’a encore
acceptée et, plus précisément, tant qu’elle n’est pas encore arrivée à
son destinataire. En effet, si le destinataire a reçu l’offre et que l’offrant
s’est engagé à ne pas retirer l’offre pendant un certain délai, la
rétractation est alors une faute lorsqu’elle intervient avant le terme ou
avant l’expiration d’un délai raisonnable (Civ. 1ère 17 déc. 1958, délai
de 3 jours, CHALET, 2.500.000F).
▪ Une fois que le délai est expiré, on dit que l’offre est caduque. La caducité
est alors automatique. Il en est de même en cas de décès de l’offrant ou de
survenance d’un événement qui rend impossible l’échange des volontés. La
survenance d’une incapacité est un autre exemple, mais on pourrait prendre
le cas de la disparition du bien.

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B/ L’ACCEPTATION
• L’acceptation est un acte unilatéral par lequel le destinataire d’une offre
manifeste sa volonté d’être lié par les termes de celle-ci (art. 1118 C. civ.).
• L’acceptation obéit à un principe de liberté : personne ne peut être contraint
d’accepter une offre. Exception : refus de vente du professionnel
(contravention).
• Elle peut être rétractée tant qu’elle n’est pas encore parvenue à l’offrant. Si
elle parvient à l’offrant, le contrat est formé (art. 1121).
• L’acceptation doit revêtir plusieurs caractères pour être valable :
o 1°) Elle doit être éclairée : l’acceptation suppose la connaissance des
termes du contrat. Si les termes figurent dans un document remis à
l’acceptant, les tribunaux estiment que l’acceptant a consenti à
l’ensemble des clauses, sauf lorsque la clause est insolite et peu
apparente, notamment dans certains contrats d’adhésion. Parfois le
droit organise et renforce ce principe. Exemple : en droit de la
consommation, l’acceptation d’un crédit doit respecter un délai de
réflexion du consommateur qui ne peut accepter l’offre que 10 jours
après on émission, par voie postale, sous peine pour l’établissement
de crédit de perdre son droit aux intérêts convenus (art. L.313-34 C.
conso). Rappr. Délai de rétractation dans les ventes à distance (14
jours – internet démarchage téléphonique).
o 2°) Elle doit être pure et simple. Cela veut dire que « le simple oui doit
suffire ». OUI JE LE VEUX. Si l’acceptation est assortie de réserve,
le contrat n’est pas formé, il s’agit d’une contre-proposition et les
parties se retrouvent donc dans une situation de pourparlers.
o 3°) Elle doit être univoque. Elle peut être implicite ou explicite mais
le tout est qu’elle soit claire et certaine.
▪ Explicite : L’acceptant dit oui, hoche la tête, lève la main. Il
extériorise sa volonté.
▪ Implicite : la manifestation de volonté n’est pas déclarée. Mais
la volonté est univoque car, par exemple, l’attitude de
l’acceptant est claire. Par exemple, il a directement exécuté le
contrat (pièce dans la machine à café).
▪ Qu’en est-il en cas de silence total ? Ici, en principe, on ne peut
pas appliquer l’adage selon lequel « qui ne dit mot consent », ce
serait contraire à la liberté contractuelle.
• Ainsi, le principe est que le silence ne peut pas, à lui seul
valoir acceptation. Ce principe a été dégagé par la
jurisprudence, dans un arrêt de la Cour de cassation en

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1870, l’arrêt Guilloux, dans lequel une banque avait
adressé un courrier à l’un de ses clients pour lui proposer
de souscrire certains services. Le Sieur Guilloux en
question n’avait jamais répondu à cette lettre et la
Banque avait fait procéder à la souscription, invoquant le
fait que le silence au courrier valait consentement. La
Cour de cassation a alors énoncé que « en droit, le
silence de celui qu’on prétend obligé ne peut suffire, en
l’absence de toute autre circonstance, pour faire preuve
contre lui de l’obligation alléguée ». Cette formule
célèbre s’est imposée comme un principe constant. Il en
de même pour l’acceptation de la modification du
contrat en cours (ex/ silence du bailleur qui a
connaissance de la sous-location prohibée).
• Lorsqu’on lit bien le principe, on comprend toutefois
qu’il y a des exceptions possibles au principe, c’est-à-dire,
lorsque le silence est circonstancié. Par exemple, lorsque
les parties sont déjà en relation d’affaires (on retient
l’acceptation lorsque l’offre était conforme aux exigences
habituelles des parties ce qui permet de déduire une
acceptation tacite, Com. 15 mai 2011, Festival de
Cannes, 3 années), ou en cas de non réponse à une lettre
confirmant un accord verbal antérieur, en cas de tacite
reconduction, en cas de vente à l’essai, ou selon les
usages (exemple : commande passée à un
commissionnaire de la Bourse, profession dans laquelle
l’usage veut que l’absence de réponse passée 24h vaut
acceptation de la commande), ou enfin lorsque l’offre est
émise dans l’intérêt exclusif du destinataire, le silence
vaut acceptation (28 mars 1938 (Req.) le locataire est
présumé avoir accepté l’offre de remise partielle du loyer
formulée par le bailleur).

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C/ LES CONTRATS ENTRE ABSENTS
Général – Contrats électroniques
• De façon générale, les contrats conclus à distance posent le problème
d’identifier le lieu et le moment de la rencontre des volontés. Par exemple,
si les consentements sont échangés par voie postale, la date qui compte est-
elle celle de l’émission de l’acceptation ou celle de la réception ? Deux
théories doctrinales :
o La théorie de l’émission et la théorie de la réception, pendant
longtemps, on a considéré que c’était aux parties d’exprimer leur
volonté sur ce point, sinon on s’en remettait aux usages.
o Désormais, l’article 1121 du Code civil prévoit que c’est au moment
et au lieu où l’offrant reçoit l’acceptation que le contrat est formé (ce
qui conditionne par exemple la compétence territoriale en cas de
litige). Cette règle est supplétive de volonté.
• De façon plus spécifique, en matière de contrats électroniques, la loi du 4
juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique, modifiée par une
ordonnance du 16 juin 2005 a permis d’introduire (nouvelle codification)
des articles 1125 à 1127-6 du Code civil afin de sécuriser le commerce en
ligne. Le principe est que l’écrit électronique est l’équivalent de l’écrit papier.
o L’offre électronique DOIT exposer les stipulations contractuelles, les
différentes étapes qui devront permettre la formation du contrat, les
moyens techniques pour connaître et corriger avant la conclusion du
contrat les erreurs de transmission, les langues utilisées, les règles
d’archivage, les règles commerciales auxquelles sera soumis le contrat.
o L’acceptation est soumise au droit commun, et à la règle du « double
clic » qui impose que la manifestation de volonté par un premier clic
soit ensuite confirmée par un second clic – afin d’éviter les erreurs de
manipulation. Un accusé de réception doit ensuite être adressé par le
professionnel pour confirmer la commande. Enfin, la commande, la
confirmation de l’acceptation ainsi que l’accusé de réception sont
considérés comme reçus lorsque les parties concernées peuvent y
avoir accès.

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SECTION 3 : LES AVANT-CONTRATS
• Les avant-contrats sont des contrats préparatoires. On les appelle aussi les
contrats préliminaires. Ce sont des contrats qui ont pour but de lier les
parties par un engagement censé préparer la conclusion du contrat définitif.
La notion d’avant-contrat a été théorisée par Demolombe.
• IMPORTANT : les avant-contrats sont des contrats à part entière. Ils
génèrent des obligations à la charge des parties. Leur spécificité vient du fait
qu’ils n’ont de sens qu’en considération du contrat définitif qu’ils
préparent. Leur utilité dépend du contrat définitif, sans lequel il n’aurait
pas lieu d’être. Ils ont donc vocation à organiser une situation provisoire
entre les parties, en attendant qu’elles puissent former le contrat définitif.
• Exemples de contrats préparatoires : pacte de préférence : une personne
s’engage à proposer à une autre personne qui y consent une priorité dans le
cas où elle déciderait de contracter. Si le pacte n’est pas respecté, le
bénéficiaire aura le droit de demander réparation du préjudice subi. Il
pourra également demander l’annulation ou la substitution dans le contrat
qui a été conclu avec un tiers-complice (connaissance du pacte + de
l’intention de s’en prévaloir - action interrogatoire).

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A/ LA PROMESSE UNILATERALE
• Définition : une partie, le promettant, s’engage envers une autre qui
l’accepte, le bénéficiaire, à conclure un contrat si le bénéficiaire le décide.
Le bénéficiaire, à partir du moment où il bénéficie de la promesse, a un
droit d’option, il peut donc choisir de contracter ou de ne pas contracter.
Dans la promesse, tous les éléments essentiels du contrat sont déterminés
(contrairement au pacte de préférence par exemple).
• L’article 1124 CC prévoit la promesse.
• Le droit d’option est un droit potestatif, i-e le pouvoir discrétionnaire de
contracter ou non.
• Soit les parties s’accordent sur un délai d’option, soit, en l’absence de
prévision, le juge appréciera le délai raisonnable. L’option ne peut durer
éternellement !
o Lorsque le bénéficiaire lève l’option, il choisit de contracter. Il
accepte ainsi de conclure le contrat définitif en exprimant
l’acceptation. Le moment de la levée de l’option correspond donc au
moment de l’échange des volontés et donc de la formation du
contrat définitif. Il pourra donc obtenir l’exécution forcée du contrat
si l’autre partie résiste.
o Si le bénéficiaire ne lève pas l’option et que le délai expire, la
promesse est caduque. Le promettant n’est plus engagé.
o Si le bénéficiaire n’a pas encore levé l’option, que le délai court
toujours et que le promettant s’engage avec un tiers. Que se passe-t-
il ?
▪ Si le tiers ne connaissait pas l’existence de la promesse, le
bénéficiaire pourra seulement engager la responsabilité
contractuelle du promettant
▪ Si le tiers est complice (connaissait l’existence de la promesse),
mauvaise foi, le bénéficiaire pourra demander l’annulation du
contrat passé au mépris de ses droits. (solution retenue par la
réforme) PB : le bénéficiaire peut agir en nullité avant même
d’exercer son droit d’option…il peut donc obtenir la nullité et
ne jamais lever l’option…. Il aurait été plus utile de ne lui
permettre d’agir en nullité qu’une fois l’option levée.
• En cas de décès du promettant, la promesse est transmise aux héritiers.
L’engagement est donc maintenu. Il en est de même en cas d’incapacité
survenant postérieurement à la conclusion de la promesse.
• Même si le contrat est unilatéral, la promesse peut prévoir une obligation à
la charge du bénéficiaire. L’exemple est celui de l’indemnité

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d’immobilisation. La clause d’indemnité d’immobilisation permet au
promettant d’obtenir une contrepartie à la réservation de son bien durant le
délai d’option. C’est le prix de l’exclusivité.

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B/ LA PROMESSE SYNALLAGMATIQUE
• La promesse synallagmatique est ce qu’on appelle communément le
compromis.
• Les parties s’engagent l’une et l’autre à conclure ultérieurement le contrat
définitif.
• Il n’y a donc pas d’option !!! Chacune est d’accord pour contracter et le
promet à l’autre. Chacun et promettant et chacun est bénéficiaire.
• Le contrat définitif est en suspens car les parties sont dans l’attente que
certaines conditions soient réunies pour pouvoir contracter, et la promesse
permet d’engager les parties tout en permettant à certaines conditions de se
réaliser. Exemple : obtention d’un permis de construire, obtention d’un
crédit immobilier, obtention d’une autorisation d’exploitation, vente d’un
appartement, expulsion des locataires, etc.
o Lorsque la ou les condition(s) sont accomplies, la promesse se
transforme AUTOMATIQUEMENT en contrat définitif. Les
parties peuvent en demander l’exécution forcée. On considère que
la signature finale n’est qu’une modalité d’exécution. Cette règle est
supplétive de volonté.
o Si les conditions ne se réalisent pas, la promesse est caduque.

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CHAPITRE 2 : LA VALIDITE DU CONTRAT
Section 1 : Le consentement
A/ LA THEORIE GENERALE DES VICES DU CONSENTEMENT
• Le tout n’est pas que les consentements soient clairement manifestés et
échangés. Le Droit s’intéresse naturellement à la qualité du consentement,
afin de s’assurer que, dans l’esprit des parties, l’engagement a bien été
compris. L’idée que le consentement doit être libre (volonté) et éclairé
(intelligence). Cela signifie que l’acceptation d’une offre par une partie qui
aurait été contrainte ou trompée est considérée comme viciée. Le but est
donc de protéger les parties.
• La réforme de 2016 a dégagé un principe commun aux vices du
consentement. Pour qu’il y ait vice, il faut que celui-ci ait nécessairement été
déterminant de la décision de conclure le contrat (il faut montrer que, sans
cela, la partie n’aurait pas contracté ou pas contracté aux mêmes conditions).
Le caractère déterminant concerne donc la seule volonté de s’engager ou le
contenu des conditions substantielles du contrat. Le juge apprécie ce
caractère déterminant in concreto.

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1°) L’ERREUR
• L’erreur est prévue aux articles 1132 à 1136 du Code civil. Il s’agit du vice
du consentement le plus invoqué. La jurisprudence est abondante, gros
contentieux en matière de vente d’objet d’art.
• Définition : L’erreur consiste à croire vrai ce qui est faux, et inversement.
Elle est le fait de se représenter inexactement l’objet d’une obligation ou un
bien, elle est une discordance entre la volonté interne et la volonté déclarée.
Exemples : Je crois acheter un Picasso, et en fait j’achète la toile de ma
voisine Patou qui peint le dimanche.
• La partie induite en erreur s’appelle l’errans.

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a) L’ERREUR SUR LES QUALITES ESSENTIELLES
• Il faut retenir que l’erreur n’est susceptible de provoquer un vice que
lorsqu’elle tombe sur les qualités essentielles de la chose ou de la personne.
Il faut donc qu’elle concerne la substance de la chose, ce qui est entré dans
le champ contractuel comme étant caractéristique et déterminant du contrat.
Il faut donc par exemple que l’accord ait prévu que le tableau acheté est bien
un Picasso. Sinon, l’erreur est indifférente. Par exemple, l’erreur sur la
valeur, l’erreur sur les motifs sont indifférentes (cf. infra). La valeur doit être
appréciée. Elle n’est pas une qualité substantielle de la chose. La qualité
substantielle réside en ses caractéristiques propres (la composition,
l’authenticité, les fonctionnalités, la couleur, la forme etc.).
• Lorsque le contrat est conclu intuitu personae, comme le contrat de
mariage, l’erreur sur les qualités essentielles de la personne peut être
reconnu et provoquer la nullité du contrat.

L’erreur peut ainsi concerner les qualités essentielles de la personne du


cocontractant ou de l’objet du contrat.

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• L’ERREUR SUR LA PERSONNE
• Il faut que les qualités de la personne aient été déterminantes !
L’interprétation est restrictive. L’erreur est exceptionnellement retenue.
o Par exemple, j’adore la nouvelle déco de ma voisine Patou. Je veux
recourir aux services du même décorateur. Je me trompe dans le nom
de l’enseigne et signe un devis émis par une autre entreprise qui pense
de son côté que l’un de ses clients l’a recommandée. L’erreur est
constituée.
o Autre exemple : erreur sur la solvabilité d’une partie lorsque c’est une
condition entrée dans le champ contractuel. OU ENCORE Je crois
faire un don à la Société Protectrice des Animaux, et je fais un don au
Service de Prévention Automobile.
• La question a pu se poser concernant la personne du conjoint.
o Les problèmes d’érection du conjoint, de nature à le rendre
impuissant, sont-ils une qualité essentielle de la personne ? De même
pour les aptitudes de Madame ?
o Il a été jugé que le mariage contracté par un époux jeune doit être présumé fait
dans l'ignorance de l'inaptitude de sa jeune épouse aux rapports conjugaux, et
que l'erreur commise doit entraîner la nullité du mariage à condition que
l'impossibilité soit absolue et définitive. Mais une épouse âgée de 58 ans ne
saurait ignorer que les aptitudes aux relations sexuelles diminuent avec l'âge
et reprocher à son mari de lui avoir caché qu'il prenait du Viagra (Pau, 26 avr.
2004, Dr. fam. 2004. Comm. 117).
o L’erreur le passé judiciaire : influence de la gravité des faits
o La virginité de l’épouse ? Des décisions de 1ère instance l’ont reconnu
mais ont été infirmées par la suite. Le TGI de Lille en 2006 par
exemple, infirmé par la Cour d’appel de Douai en 2008.
o Sur le prénom, la fortune, nationalité : NON
o Sur l’état de transsexuel : OUI
o Sur l’état mental : OUI quand cela altère la vie matrimoniale normale

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• L’ERREUR SUR LA CHOSE
• Les qualités essentielles de la chose sont appréciées subjectivement. Ce
sont les qualités attendues par les parties, les qualités substantielles : qui
portent sur la substance. Par exemple, sont des qualités essentielles :
acheter un objet ancien dans un magasin d’antiquité, ou l’authenticité en
matière d’art, ou la constructibilité d’un terrain. On a depuis toujours
parlé de qualités substantielles, mais la loi parle aujourd’hui, depuis la
réforme de 2016, non plus de qualités substantielles mais essentielles. Il
s’agit seulement d’un changement terminologique. L’idée reste la même.
• L’article 1133 permet de préciser qu’il faut nécessairement que les
qualités essentielles soient entrées dans le champ du contrat, qu’elles aient
été convenues
o Si un aléa existait dans le contrat : l’erreur est exclue. Exemple : un
doute est exprimé sur les qualités de la chose, une incertitude est
exprimée. D’ailleurs, les mots ont leur importance : sur le marché
de l’art, lorsque le catalogue des ventes mentionne « œuvre
attribuée à – atelier de… - école de… » un doute persiste sur
l’origine de l’œuvre. On admet un aléa et les parties ne pourront
pas évoquer l’erreur. Arrêt FRAGONARD 24 mars 1987
« attribué à FRAGONARD – Pas d’erreur)
o Si aucun aléa n’est constaté, la nullité pourra être demandée, sur
le fondement de la découverte postérieure au contrat d’éléments
révélant l’erreur. La responsabilité du vendeur professionnel, de
l’expert ou du commissaire-priseur pourra éventuellement être
engagée s’il a commis une faute.
• Les parties ont le droit de se servir d’éléments d’appréciation postérieurs
à la vente pour prouver l’existence d’une erreur au moment de la vente :
AFFAIRE POUSSIN, 13 déc. 1983 (Le Louvre récupère le Tableau qui
était censé ne pas pouvoir être attribué à Nicolas POUSSIN et qui
finalement l’était).

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b) L’ERREUR-OBSTACLE
o L’erreur obstacle est celle qui empêche les consentements de se
rencontrer. Chaque partie s’est trompée sur la nature du contrat
(bail – vente) ou son objet (mauvaises parcelles du terrain vendues).
o Dans ce cas de figure, il ne s’agit même plus, à ce stade d’un vice
du consentement. On considère que les consentements ne se sont
jamais rencontrés.
o La nullité est encourue.
c) LES ERREURS INDIFFERENTES
o Il s’agit des erreurs qui ne portent pas sur les qualités essentielles
ou qui sont considérées comme inexcusables de la part de l’errans.
o L’erreur sur le motif, la valeur ou la rentabilité : elle est inopérante.
L’idée est que les parties sont libres de contracter pour leurs
propres raisons, de négocier et évaluer le prix par elles-mêmes.
Elles sont donc autant libres de faire une bonne qu’une mauvaise
affaire. Il faut vraiment que le prix soit dérisoire pour que la
question de la nullité se pose, au travers du mécanisme de la lésion
(plus loin dans le cours).
▪ L’erreur sur la rentabilité est plus délicate. La JP a eu
tendance à la rendre inopérante.
• Mais, dans certains cas, elle peut former une erreur
sur les qualités essentielles. Tel est le cas dans les
contrats de distribution. Exemple : nullité du contrat
de franchise si le franchisé s’est décidé en
considération d’une erreur sur la rentabilité de
l’activité entreprise. (Com. 4 octobre 2011).
Inexactitudes des informations comptables délivrées
par le franchiseur, rentabilité exagérée et surévaluée.
o AUTRE Exemple : Civ. 3 12 FEV 2008 : un
détenteur de parts sociales cède ses parts (50%
d’une société) pour un prix unitaire de 15
euros. Il demande l’annulation du contrat au
motif que, dépressif et peu versé dans les
affaires, il était incapable de mesurer la valeur
des parts et s’était retrouvé écarté d’une société
en réalité florissante et avait vendu ses partes
pour bien moins que leur valeur réelle.

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o L’erreur inexcusable est une erreur indifférente. Elle procède de
l’adage suivant : de non vigilantibus non curat praetor. Ex : un
architecte achète un terrain sans se renseigner sur la
constructibilité, un paysan assure 2 fois le même risque, un
transporteur routier achète un camion sans vérifier si la marque et
le modèle promis par le vendeur existe bien, une entreprise qui
recrute un directeur dont elle a lu le CV ne se renseigne pas sur
l’état de l’entreprise qu’il a dirigé avant le recrutement (liquidation
judiciaire)
o Les erreurs excusables : achat par un professionnel de l’art d’un
tableau douteux mais qui est vendu avec un certificat d’authenticité
délivré par un expert agréé reconnu des œuvres de peinture.
o L’erreur matérielle (erreur de calcul ou de compte) n’entraîne pas
la nullité du contrat mais doit simplement être corrigée. La JP a
déjà décidé que si, en droit de la consommation, l’erreur de
facturation n’est pas connue du consommateur et que le
professionnel ne réclame le complément que postérieurement (Air
France). ALORS que, par ailleurs, EDF peut corriger sur la
facturation ou par la banque qui a sous-évalué les mensualités de
remboursement du prêt.
• Dans tous les cas, l’erreur doit être prouvée par celui qui l’allègue. Elle
peut être prouvée par tous moyens.

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B/ LE DOL
• Le dol est un délit civil. Cela signifie qu’il est un fait volontaire à l’origine
d’un dommage. Il désigne une manœuvre commise dans le but de
surprendre le consentement d’une partie et ainsi obtenir d’elle qu’elle
contracte. Il s’agit d’une faute civile. On dit souvent que c’est une erreur
provoquée intentionnellement.
• La loi prévoit 3 éléments constitutifs du dol
o a) La malhonnêteté :
▪ Originellement, le dol évoque les machinations, l’illusion, la
manipulation, l’artifice. En bref, des gestes actifs. Cicéron :
histoire de Pythius et Cannius1. La JP a élargi cette conception
en intégrant dans la définition les actes passifs. Il s’agit de la
réticence dolosive c’est-à-dire le mensonge par omission, le fait
de dissimuler une information importante et déterminante du
consentement de l’autre partie. De façon globale, il faut donc,
premièrement, un mensonge, qu’il soit activement produit ou
passif.
▪ a) le mensonge : JP 1970 reconnaît que le simple mensonge
constitue un dol. D’accord… mais que faire de la publicité
alors ? VIDEOS En revanche, le dolus bonus, cad les
exagérations tolérables et habituelles dans les usages d’une
profession, n’est pas considéré comme un mensonge, comme
par exemple une hyperbole publicitaire. Le fait pour une
marque ou un vendeur de dire : « lave plus blanc que blanc »,
« le meilleur sur le marché », « incroyable », superlatifs, etc.
Vantardise tolérée, plus ou moins attention selon le degré et la
qualité du vendeur (bibelots, commerçant ordinaire, vendeur
agréé/expert, etc.).
• Attention néanmoins, la loi punit la publicité
mensongère, art 122-1 C conso. Il y a eu de la
jurisprudence sur des publicités montrant des bulldozers
rouler sur des valises qui restaient intactes (affaire
SAMSONITE 1984). On n’a pas retenu le dol… dolus
bonus. De même que la glue qui vous permet de vous
coller au plafond, de la barre chocolatée qui vous fait

1
Pythius, banquier, possède une villa sur le bord de mer à Syracuse. Il veut vendre son bien à Cannius. Pour
cela, il invite Cannius dans la propriété et, par l’effet d’une mise en scène organisée par ses soins, la mer est
occupée par des barques simulant une pêche miraculeuse. Cannius, maintenant persuadé que la villa jouxte
une eau poissonneuse, achète la maison à prix d’or.

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rugir comme un lion, du shampoing qui vous ferait avoir
des orgasmes, du cachet qui instantanément efface la
douleur, ou du Red Bull qui donne des ailes. Le Red bull
ne donne pas d’ailes (condamnation 2002-2014 aux
USA pour publicité trompeuse car le produit ne
démontre pas mieux fonctionner que du simple café).
• La réticence dolosive : le silence habile et trompeur. ET
SURTOUT INTENTIONNEL. Ce n’est pas la simple
violation d’une obligation d’information. La Chambre
commerciale a ainsi énoncé le 28 juin 2005 que le
manquement à obligation précontractuelle
d’information, à le supposer établi, ne suffit pas à
caractériser le dol par réticence si ne s’y ajoute pas le
caractère intentionnel de ce manquement et d’une erreur
déterminante provoquée par celui-ci. Il s’agit de
l’intention de tromper l’autre. IL s’agit d’une omission
intentionnelle dans le but de tromper.
o Le fait de ne pas révéler la présence d’amiante
dans une maison (3° 16 mars 2011)
o Le fait de ne pas révéler que la voiture objet de la
vente va bientôt être saisie (1° 13 fév 1967)
o Le fait qu’un projet immobilier va changer
l’environnement d’une maison et lui faire perdre
son ensoleillement (3° 20 déc. 1995)
o Le fait de vendre un fonds de commerce sans
préciser que l’administration est sur le point
d’interdire l’exploitation
o Le fait pour un acheteur qui déteint une
information privilégiée, de ne pas informer l’autre
de ce que le terrain objet de la vente sera bientôt
constructible, ou que le sous-sol est d’une grande
richesse minéralogique (3° 15 nov. 2000).
• La preuve de l’intention est difficile à apporter, les
Tribunaux apprécient généralement la gravité et
l’importance de l’information dissimulée.
L’appréciation, reste relativement restrictive car si un
minimum de loyauté est demandé, le contrat n’est pas
une œuvre de charité. Si l’information était facilement
accessible, on considère que la partie qui se prétend

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victime avait le devoir de se renseigner par une diligence
normale.
o Le vendeur ne peut invoquer la réticence de
l’acheteur sur la valeur du bien vendu (arrêt
BALDUS 1° 3 mai 2000)
• Il faut que le résultat du dol soit une erreur dans l’esprit
de la victime. L’erreur provoquée par le dol est
TOUJOURS EXCUSABLE. Le dol ne doit donc pas se
confondre avec des violences ou la contrainte.

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o b) Le caractère déterminant
▪ Même si l’erreur provoquée ne porte pas sur les qualités
essentielles, il suffit que le dol ait déterminé le fait de contracté.
On distingue le dol principal du dol incident
• Le dol principal = lorsque le contractant n’aurait
purement et simplement PAS contracté s’il n’avait pas
été trompé. Le contrat encourt la nullité. + dommages et
intérêts (extracontractuelle)
• Le dol incident = la victime aurait quand même
contracté, mais à d’autres conditions. Elle peut
seulement obtenir des dommages et intérêts
(extracontractuelle).
• La gravité est appréciée in concreto.
o c) L’auteur du dol : le cocontractant
▪ Le dol n’est une cause de nullité que s’il émane du
cocontractant. Si une partie a été trompée par un tiers au
contrat, elle ne peut agir à l’encontre du cocontractant, SAUF
s’il y a eu une complicité entre les 2.
▪ Toutefois, si le dol provient du mandataire du cocontractant
(exemple : l’agent immobilier), le dol provoque la nullité. Le
mandataire représente le cocontractant (Com. 13 juin 1995).
o Dans tous les cas, le dol doit être prouvé par celui qui l’allègue. La
preuve se fait par tous moyens.

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3°) LA VIOLENCE
• Les articles 1140 à 1143 prévoient le vice de violence. Il est le plus rare des
vices invoqués.
• Elle consiste à exercer sur l’autre parties une pression physique ou morale à
laquelle celle-ci ne peut résister, afin d’obtenir la conclusion du contrat.
• Il s’agit du plus grave des délits civils, il peut par ailleurs correspondre à une
ou plusieurs infractions pénales (violences, menaces, extorsion, chantage,
abus de faiblesse etc). (de même que le dol par exemple peut parfois
correspondre à de l’escroquerie ou de la publicité mensongère).
• La crainte chez la victime caractérise le vice du consentement en ce qu’elle
contraint sa liberté et sa volonté. Le vice n’est donc pas celui dans l’esprit,
dans l’intelligence du consentement mais uniquement dans sa liberté de sorte
que la victime s’est décidée à contracter pour échapper à un mal plus grave.
Le vice est la conséquence de la violence exercée. Il peut s’agir d’une
domination psychologique ou de la menace de maltraitances physiques. Tel
est le cas de la propriétaire d’un immeuble, membre d’une secte, qui a subi
pendant 15 années des violences physiques et morales de nature à
impressionner une personne raisonnable et inspirer sa personne ou sa
fortune à un mal considérable la conduisant à conclure un acte de vente au
bénéfice d’une société en lien avec la secte. (Affaire CA PARIS 24 mai 1996)
• Les éléments constitutifs :
o La menace : il faut qu’elle soit de nature à faire impression sur une
personne raisonnable. Mais on apprécie en fonction de l’âge du sexe
et de la condition des personnes (femmes enceintes ? précarité ?
personne malade ?). La menace peut porter sur les proches du
contractant que sont les époux, les ascendants et les descendants.
Sinon, s’il s’agit d’un ami ou d’un collatéral, il faudra démontrer un
lien d’affection déterminant. Elle peut aussi venir d’un proche : le
mari qui violente sa femme et l’oblige à se porter caution de ses dettes.
Le fait d’un tiers permet de constituer la violence, même si le
contractant n’y est pour rien (art. 1142).
o Le caractère déterminant : il faut un caractère impressionnant,
sérieux. On apprécie avec un certain standard, même si les conditions
concrètes sont appréciées. Exemple de prise en compte d’un certain
standard : la crainte révérencielle des parents n’est pas une violence
déterminante. J’ai peur décevoir mes parents qui insistent, me mettent
la pression, exigent le respect des anciens, etc. Cette prévision du
Code a néanmoins disparu après la réforme car elle est devenue
désuète, ce qui ne change pas le principe.

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o Le caractère illégitime : il faut que la menace ne soit pas légitime.
Exemple : un patron qui contracte un accord collectif avec ses salariés
qui menacent de faire grève. Cette menace n’est pas regardée comme
contraignante et le fait de faire grève est un droit syndical. De même,
le fait de signer un accord transactionnel sous la menace d’être
poursuivi en justice, la poursuite peut être légitime. Exception : en cas
d’abus de droit d’agir (si tu ne signes pas cette donation, je porte
plainte contre toi pour des faits imaginaires).
• Parfois la limite de la violence est difficile à cerner. La question la plus
délicate peut être celle des violences économiques. Un emprunteur
emprunte car il n’a plus d’argent. Il est dans une situation précaire. Ce n’est
pour cela qu’il y a violence économique. Pour cela, il faut qu’il y ait
exploitation abusive d’un lien de dépendance afin d’obtenir un avantage
indu. De même, le droit de la concurrence prohibe l’abus de position
dominante sur le marché. ATTENTION, la seule dépendance ne suffit pas,
il faut qu’elle soit abusivement exploitée.
• Au sein des Principes européens de droit des contrats, l’article 4:109, intitulé
« Profit excessif ou avantage déloyal », prévoit notamment que :
« (1) Une partie peut provoquer la nullité du contrat si, lors de la conclusion du contrat,
(a) elle était dans un état de dépendance à l'égard de l'autre partie ou une relation de
confiance avec elle, en état de détresse économique ou de besoins urgents, ou était
imprévoyante, ignorante, inexpérimentée ou inapte à la négociation,
(b) alors que l'autre partie en avait ou aurait dû en avoir connaissance et que, étant données
les circonstances et le but du contrat, elle a pris avantage de la situation de la première avec
une déloyauté évidente ou en a retiré un profit excessif.
... »
• La violence se prouve par tout moyen et le délai pour agir commence au jour
où les violences ont cessé.

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