TD2 - Souveraineté - Fiche Exercice
TD2 - Souveraineté - Fiche Exercice
TD2 - Souveraineté - Fiche Exercice
Notions clés à réviser : Souveraineté (royale, nationale, populaire) ; Nation ; Peuple ; Droit de
suffrage ; Référendum ; Mandat impératif ; Mandat représentatif ; Démocratie
Document n° 1 : Jacques-Louis David, Le serment du jeu de Paume, le 20 juin 1789, huile sur toile,
65 x 88 cm, Paris, musée Carnavalet
Document n° 3 : « Dire de l'abbé Sieyès, sur la question du veto royal : à la séance du 7 septembre
1789 ». Extraits.
Document n° 4 : Benjamin Constant, De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes.
Discours prononcé à l’Athénée royal de Paris, 1819. Extraits.
Questions :
Merci de veiller à rédiger l’ensemble de vos réponses de manière claire et argumentée. Les exercices
tapés sur ordinateur sont autorisés à condition de rendre une version imprimée en classe.
Q°1) En quoi consiste le serment auquel fait référence le document n° 1 ? Précisez dans quel
contexte historique ce serment a eu lieu. (/1 pt)
Q°2) À quel courant philosophique appartient l’auteur des extraits présentés dans le document
n° 2 ? Expliquez brièvement pourquoi ce courant s’appelle ainsi et ses objectifs. (/1 pt)
Q°3) Relevez dans le document n° 2 les phrases qui définissent la « volonté générale ».
Comment la définiriez-vous avec vos propres mots ? (/2 pts)
Q°4) Pourquoi, selon Rousseau, le peuple Anglais n’est-il pas libre ? Argumentez votre réponse
(/3 pts).
Q°5) Qui était l’abbé Sieyès ? Présentez-le en quatre ou cinq phrases. (/1 pt)
Q°6) À l’aide du document n° 3, relevez et présentez les arguments utilisés par Sieyès pour
justifier le recours à la représentation des citoyens par des députés. (/1 pt)
Q°7) Qui sont les Anciens selon Benjamin Constant (document n° 4) ? Précisez la période de
l’histoire et les régimes auxquels ils appartiennent. (/1 pt)
Q°8) Si vous deviez rapprocher l’exercice de la liberté des Modernes à un auteur, Sieyès ou
Rousseau, qui choisiriez-vous ? Argumentez votre réponse (/2 pts)
UVSQ – Paris-Saclay 2024 – 2025
Q°9) Examinez la Constitution des 3 et 14 septembre 1791, puis la Constitution du 24 juin 1793.
À quel(s) type(s) de souveraineté identifieriez-vous chacune d’elle, et pourquoi ? (/4 pts)
Vous pouvez présenter votre réponse sous forme de tableau avec en colonnes : « Souveraineté
proclamée » ; « Type de suffrage » ; « Nature du mandat parlementaire ». Citez les articles dans
lesquels vous avez trouvé ces informations lorsque.
Q°10) Après avoir lu les articles 3 et 27 de la Constitution de la Vème République, comment
définiriez-vous la souveraineté de ce régime ? Argumentez votre réponse en vous appuyant sur
les documents, les réponses apportées aux questions et vos propres connaissances (/ 4pts)
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Document n° 1 :
Document n° 2 :
L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d’être
plus esclave qu’eux. Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre
légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question.
Si je ne considérais que la force, et l’effet qui en dérive, je dirais ; tant qu’un peuple est contraint d’obéir et
qu’il obéit, il fait bien ; sitôt qu’il peut secouer le joug et qu’il le secoue, il fait encore mieux ; car, recouvrant
sa liberté par le même droit qui la lui a ravie, ou il est fondé à la reprendre, ou l’on ne l’était point à la lui
ôter. Mais l’ordre social est un droit sacré, qui sert de base à tous les autres. Cependant, ce droit ne vient
point de la nature ; il est donc fondé sur des conventions. Il s’agit de savoir quelles sont ces conventions.
Avant d’en venir là, je dois établir ce que je viens d’avancer.
« Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens
de chaque associé, et par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qu'à lui-même, et reste aussi
libre qu'auparavant. » Tel est le problème fondamental dont le Contrat social donne la solution.
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Les clauses de ce contrat sont tellement déterminées par la nature de l'acte, que la moindre modification les
rendrait vaines et de nul effet ; en sorte que, bien qu'elles n'aient peut-être jamais été formellement énoncées,
elles sont partout les mêmes, partout tacitement admises et reconnues, jusqu'à ce que, le pacte social étant
violé, chacun rentre alors dans ses premiers droits, et reprenne sa liberté naturelle, en perdant la liberté
conventionnelle pour laquelle il y renonça.
Ces clauses, bien entendues, se réduisent toutes à une seule - savoir, l'aliénation totale de chaque associé
avec tous ses droits à toute la communauté : car, premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition
est égale pour tous ; et la condition étant égale pour tous, nul n'a intérêt de la rendre onéreuse aux autres.
De plus, l'aliénation se faisant sans réserve, l'union est aussi parfaite qu'elle peut l'être, et nul associé n'a
plus rien à réclamer : car, s'il restait quelques droits aux particuliers, comme il n'y aurait aucun supérieur
commun qui pût prononcer entre eux et le public, chacun, étant en quelque point son propre juge, prétendrait
bientôt l'être en tous ; l'état de nature subsisterait, et l'association deviendrait nécessairement tyrannique ou
vaine.
Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne ; et comme il n’y a pas un associé sur lequel on
n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, on gagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force
pour conserver ce qu'on a. Si donc on écarte du pacte social ce qui n'est pas de son essence, on trouvera
qu'il se réduit aux termes suivants : « Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance
sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie
indivisible du tout. »
Mieux l’État est constitué, plus les affaires publiques l’emportent sur les privées, dans l’esprit des citoyens.
Il y a même beaucoup moins d’affaires privées, parce que la somme du bonheur commun fournissant une
portion plus considérable à celui de chaque individu, il lui en reste moins à chercher dans les soins
particuliers. Dans une cité bien conduite, chacun vole aux assemblées ; sous un mauvais gouvernement, nul
n’aime à faire un pas pour s’y rendre, parce que nul ne prend intérêt à ce qui s’y fait, qu’on prévoit que la
volonté générale n’y dominera pas, et qu’enfin les soins domestiques absorbent tout. Les bonnes lois en
font faire de meilleures, les mauvaises en amènent de pires. Sitôt que quelqu’un dit des affaires de l’État :
Que m’importe ? on doit compter que l’État est perdu.
L’attiédissement de l’amour de la patrie, l’activité de l’intérêt privé, l’immensité des États, les conquêtes,
l’abus du gouvernement, ont fait imaginer la voie des députés ou représentants du peuple dans les
assemblées de la nation. C’est ce qu’en certain pays on ose appeler le tiers état. Ainsi l’intérêt particulier
de deux ordres est mis au premier et second rang ; l’intérêt public n’est qu’au troisième.
La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle peut être aliénée ; elle consiste
essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point : elle est la même, ou elle est
autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils
ne sont que ses commissaires ; ils ne peuvent rien conclure définitivement. Toute loi que le peuple en
personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. Le peuple Anglais pense être libre, il se trompe
fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est
rien. Dans les courts moments de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde.
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Document n° 3 :
[Vous] ne pouvez pas refuser la qualité de citoyen, et les droits du civisme, à cette multitude sans instruction
qu'un travail forcé absorbe en entier. Puisqu'ils doivent obéir à la loi tout comme vous, ils doivent aussi,
tout comme vous, concourir à la faire. Ce concours doit être égal.
Il peut s'exercer de deux manières. Les citoyens peuvent donner leur confiance à quelques-uns d'entre eux.
Sans aliéner leurs droits, ils en commentent l'exercice. C'est pour l'utilité commune qu'ils se nomment des
représentations bien plus capables qu'eux-mêmes de connaitre l'intérêt général, et d'interpréter à cet égard
leur propre volonté.
L'autre manière d'exercer son droit à la formation de la loi est de concourir soi-même immédiatement à la
faire. Ce concours immédiat est ce qui caractérise la véritable démocratie. Le concours médiat désigne le
gouvernement représentatif. La différence entre ces deux systèmes politiques est énorme. Le choix entre
ces deux méthodes de faire la loi n'est pas douteux parmi nous.
D'abord, la très-grande pluralité de nos concitoyens n'a ni assez d'instruction, ni assez de loisir pour vouloir
s'occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; leur avis est donc de se nommer des
représentants ; et puisque c'est l'avis du grand nombre, les hommes éclairés doivent s'y soumettre comme
les autres. Quand une société est formée, on sait que l'avis de la pluralité fait loi pour tous.
Ce raisonnement, qui est bon pour les plus petites municipalités, devient irrésistible quand on songe qu'il
s'agit ici des lois qui doivent gouverner 26 millions d'hommes ; car je soutiens toujours que la France n'est
point, ne peut pas être une démocratie ; elle ne doit pas devenir un État fédéral, composé d'une multitude
de républiques, unies par un lien politique quelconque. La France est et doit être un seul tout, soumis dans
toutes ses parties à une législation et à une administration communes. Puisqu'il est évident que 5 à 6 millions
de citoyens actifs, répartis sur vingt-cinq mille lieues carrées, ne peuvent point s'assembler, il est certain
qu'ils ne peuvent aspirer qu'à une législature par représentation. Donc les citoyens qui se nomment des
représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes immédiatement la loi : donc ils n'ont pas de
volonté particulière à imposer. Toute influence, tout pouvoir leur appartiennent sur la personne de leurs
mandataires ; mais c'est tout. S'ils dictaient des volontés, ce ne serait plus cet état représentatif ; ce serait
un état démocratique.
On a souvent observé dans cette Assemblée que les bailliages n'avaient pas le droit de donner des mandats
impératifs ; c'est moins encore. Relativement à la loi, les Assemblées commettantes n'ont que le droit de
commettre. Hors de là, il ne peut y avoir entre les députés et les députants directs que des mémoires, des
conseils, des instructions. Un député, avons-nous dit, est nommé par un bailliage, au nom de la totalité des
bailliages ; un député l'est de la nation entière ; tous les citoyens sont ses commettants ; or, puisque que
dans une Assemblée bailliagère, vous ne voudriez pas que celui qui vient d'être élu se chargeât du vœu du
petit nombre contre le vœu de la majorité, vous ne devez pas vouloir, à plus forte raison, qu'un député de
tous les citoyens du royaume écoute le vœu des seuls habitants d'un bailliage ou d'une municipalité, contre
la volonté de la nation entière
Ainsi, il n'y a pas, il ne peut y avoir pour un député de mandat impératif, ou même de vœu positif, que le
vœu national ; il ne se doit aux conseils de ses commettants directs qu'autant que ses conseils seront
conformes au vœu national. Ce vœu, où peut-il être, où peut-on le reconnaître, si ce n'est dans l'Assemblée
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nationale elle-même ? Ce n'est pas en compulsant les cahiers particuliers, s'il y en a, qu'il découvrira le vœu
de ses commettants. [...]
Quand on se réunit, c'est pour délibérer, c'est pour connaître les avis les uns des autres, pour profiter des
lumières réciproques, pour confronter les volontés particulières, pour les modifier, pour les concilier, enfin
pour obtenir un résultat commun à la pluralité. [...] Il est donc incontestable que les députés sont à
l'Assemblée nationale, non pas pour y annoncer le vœu déjà formé de leurs commettants directs, mais pour
y délibérer et y voter librement d'après leur avis actuel, éclairé de toutes les lumières que l'Assemblée peut
fournir à chacun.
Document n° 4 :
Messieurs,
Je me propose de Vous soumettre quelques distinctions, encore assez neuves, entre deux genres de liberté,
dont les différences sont restées jusqu'à ce jour inaperçues, ou du moins, trop peu remarquées. L'une est la
liberté dont l'exercice était si cher aux peuples anciens ; l'autre celle dont la jouissance est particulièrement
précieuse aux nations modernes. Cette recherche sera intéressante, si je ne me trompe, sous un double
rapport. […]
Demandez-vous d'abord, Messieurs, ce que, de nos jours, un Anglais, un Français, un habitant des États-
Unis de l'Amérique, entendent par le mot de liberté. C'est pour chacun le droit de n'être soumis qu'aux lois,
de ne pouvoir être ni arrêté, ni détenu, ni mis à mort, ni maltraité d'aucune manière, par l'effet de la volonté
arbitraire d'un ou de plusieurs individus : C'est pour chacun le droit de dire son opinion, de choisir son
industrie, et de l'exercer, de disposer de sa propriété, d'en abuser même ; d'aller, de venir sans en obtenir la
permission, et sans rendre compte de ses motifs ou de ses démarches. C'est, pour chacun, le droit de se
réunir à d'autres individus, soit pour conférer sur ses intérêts, soit pour professer le culte que lui et ses
associés préfèrent, soit simplement pour remplir ses jours ou ses heures d'une manière plus conforme à ses
inclinations, à ses fantaisies. Enfin, c'est le droit, pour chacun, d'influer sur l'administration du
Gouvernement, soit par la nomination de tous ou de certains fonctionnaires, soit par des représentations,
des pétitions, des demandes, que l'autorité est plus ou moins obligée de prendre en considération. Comparez
maintenant à cette liberté celle des anciens.
Celle-ci consistait à exercer collectivement, mais directement, plusieurs parties de la souveraineté toute
entière, à délibérer, sur la place publique, de la guerre et de la paix, à conclure avec les étrangers des traités
d'alliance, à voter les lois, à prononcer les jugements, à examiner les comptes, les actes, la gestion des
magistrats, à les faire comparaître devant tout le peuple, à les mettre en accusation, à les condamner ou à
les absoudre; mais en même temps que c'était là ce que les anciens nommaient liberté, ils admettaient
comme compatible avec cette liberté collective l'assujettissement complet de l'individu à l'autorité de
l'ensemble. Vous ne trouvez chez eux presque aucune des jouissances que nous venons de voir faisant partie
de la liberté chez les modernes. Toutes les actions privées sont soumises à une surveillance sévère. Rien
n'est accordé à l'indépendance individuelle, ni sous le rapport des opinions, ni sous celui de l'industrie, ni
surtout sous le rapport de la religion. La faculté de choisir son culte, faculté que nous regardons comme
l'un de nos droits les plus précieux, aurait paru aux anciens un crime et un sacrilège. Dans les choses qui
nous semblent les plus utiles, l'autorité du corps social s'interpose et gêne la volonté des individus ;
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Terpandre ne peut chez les Spartiates ajouter une corde à sa lyre sans que les éphores ne s'offensent. Dans
les relations les plus domestiques, l'autorité intervient encore. Le jeune Lacédémonien ne peut visiter
librement sa nouvelle épouse. À Rome, les censeurs portent un œil scrutateur dans l'intérieur des familles.
Les lois règlent les mœurs, et comme les mœurs tiennent à tout, il n'y a rien que les lois ne règlent.