1-aaCOURS MICRO AVANCEE 1 2023-2024

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UNITE DE FORMATION ET DE REPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

RECHERCHE
EN SCIENCES SOCIALE

Ministère de l’Enseignement
Supérieur
et de la Recherche Scientifique
(MESRS)

Départements d’Economie

Année universitaire : 2023-2024

SUPPORT DE COURS DE
LICENCE 2 Sciences Economiques

Chargé du cours
Dr SORO K.
Enseignant-chercheur
[email protected]
SOMMAIRE

SOMMAIRE................................................................................................................................................................ 2

CHAPITRE 1 : COUT ET FONCTION D’OFFRE EN CCP ..................................................................... 3

INTRODUCTION....................................................................................................................................................... 3

A. LA FONCTION DE COÛT TOTAL ET SES PROPRIETES .......................................................................... 3

B. L’OFFRE INDUVIDUELLE OPTIMALE EN CPP ...................................................................................... 10

CHAPITRE 2 : MONOPOLE ET CONCURRENCE IMPARFAITE ..................................................... 20

A. LES ORIGINES DE LA CONCENTRATION INDUSTRIELLE ................................................................. 20

B. MARCHE ET CONCENTRATION INDUSTRIELLE ................................................................................. 22

Références .................................................................................................................................................................. 39

EXERCICES D’APPLICATION ............................................................................................................................ 40

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CHAPITRE 1 : COUT ET FONCTION D’OFFRE EN CCP

INTRODUCTION

Ce chapitre est consacré au développement de la fonction de coût, fonction qui traduit le cout
minimal engendré par la production d’une certaine quantité d’output. Nous admettrons alors
que pour tout niveau de production, le producteur choisit la combinaison optimale de facteurs.

Etudier le comportement du producteur à travers la fonction du coût permet de résumer la


décision du producteur au choix d’une quantité optimale de bien à produire. Alors que dans le
chapitre précédent, l’analyse se posait en termes de demande de facteurs, l’approche par la
fonction de coût autorise une approche en termes d’offre sur le marché.

Sous l’hypothèse de concurrence pure et parfait, la confrontation de l’offre et de la demande


globale donne alors une première approche de l’équilibre de marché et de la formation du prix
sur la courte ou la longue période. L’approche par les coûts est ensuite facilement généralisable
à l’étude des marchés en concurrence imparfaite.

A. LA FONCTION DE COÛT TOTAL ET SES PROPRIETES


Pour tout niveau de production, il existe une combinaison optimale des facteurs et un niveau
minimal du coût de production. La fonction de coût total qui résume cette relation indique
pour chaque niveau de production le coût minimal supporté par l’entreprise. Formellement, ce
coût minimal s’écrit comme une fonction des quantités produites Q:

CT=CT(Q) (1)

1. LA FONCTION DE COÛT A COURT TERME


Quand la période de production est courte, l’horizon temporel ne permet pas au producteur
d’ajuster de manière optimale les quantités de tous les facteurs. Certains facteurs, taille des
hangars, équipements lourds des ateliers sont considérés comme fixes et leur rémunération
apparaît comme une constante. À ces facteurs fixes correspond donc un coût fixe (CF) que le
producteur doit payer indépendamment de la quantité produite.

Par opposition, le coût variable CV(Q) dépend du niveau de production, il correspond à la


dépense entrainée par l’utilisation des facteurs variables- capital et travail-c ‘est-à-dire les
facteurs dont le producteur peut au cours de la période ajuster la quantité en fonction de la
production.
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Le coût total se définit comme la somme du coût fixe CF et du coût variable CV(Q) :

CT(Q)=CV(Q) +CF (2)

a. Caractéristique de la fonction de coût

La fonction de coût résulte des conditions de premier ordre du programme de minimisation


du coût sous contrainte production :
𝑀𝑖𝑛𝐶(𝐾, 𝐿) = 𝑟𝐾 + 𝑤𝐿 + 𝑓 𝑟 − 𝜆𝑄𝐾 = 0
{ 𝐾, 𝐿 ⟹ {𝑤 − 𝜆𝑄𝐿 = 0 (3)
𝑠. 𝑐 𝑄 = 𝑄(𝐾, 𝐿) 𝑄 = 𝑄(𝐾, 𝐿)

Où 𝑟 𝑒𝑡 𝑤 représente le prix du capital et du travail, tandis que 𝑄𝐾 et 𝑄𝐿 sont les


productivités marginales du capital et du travail.

Les quantités optimales de facteurs 𝐾 ∗ 𝑒𝑡𝐿∗ qui résultent des conditions de premier ordre
sont des fonctions de Q et des prix des facteurs, de sorte que l’on peut écrire :

𝐾 ∗ = 𝐾 ∗ (𝑤, 𝑟, 𝑄)𝑒𝑡 𝐿∗ = 𝐿∗ (𝑤, 𝑟, 𝑄) (4)

Il suffit ensuite de remplacer 𝐾 ∗ 𝑒𝑡 𝐿∗ par leur expression dans l’équation du coût pour
obtenir la fonction du coût total CT :

𝐶𝑇 = 𝐶(𝐾 ∗ , 𝐿∗ ) = 𝑟𝐾 ∗ + 𝑤𝐿∗ + 𝑓 = 𝑟𝐾 ∗ (𝑤, 𝑟, 𝑄) + 𝑤𝐿∗ (𝑤, 𝑟, 𝑄) + 𝑓 = 𝐶𝑇(𝑄, 𝑟, 𝑤) (5)

Où 𝑓 𝑟é𝑝𝑟𝑒𝑠𝑒𝑛𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑛𝑖𝑣𝑒𝑎𝑢 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑜û𝑡𝑠 𝑓𝑖𝑥𝑒𝑠 (𝐶𝐹 = 𝑓)

Comme les prix des facteurs 𝑟 𝑒𝑡 𝑤 sont des variables qui s’imposent au producteur, le coût
devient une fonction de la seule variable 𝑄: 𝐶𝑇 = 𝐶𝑇(𝑄)

b. Forme de la fonction de coût total


Le coût total est la somme du coût variable et du coût fixe, étudions la forme de ces derniers
pour en déduire celle du coût total

Quelle que soit la quantité produite, le producteur supporte le coût fixe CF constant et égal à
𝑓.Sa représentation graphique prend la forme d’une droite parallèle à l’axe des abscisses.

Le coût variable est croissant : lorsque la production est nulle, le coût variable est égal à zéro
et plus la quantité que le producteur veut produire est importante, plus les quantités de facteurs
à mettre en œuvre sont importantes et plus le coût variable est grand. De plus, la forme de la
fonction de coût variable dépend de la forme de la fonction de production. En effet, dire que
le coût marginal est croissant, c’est dire que le supplément de coût engendré par la production
d’une unité supplémentaire est de plus en plus important, c’est donc supposer que les
productivités marginales des facteurs sont décroissantes. La figure 1 illustre une hypothèse
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usuelle : elle consiste à supposer que pour des petites quantités produites les productivités
marginales sont croissantes mais qu’au-delà d’un certain seuil elles deviennent décroissantes.

c. Fonction de coût moyen


La Fonction de coût moyen CM(Q), indique le coût par unité produite, pour chaque
niveau de production. Mathématiquement, il correspond au coût total divisé par le nombre
d’unités produites.
𝐶𝑇(𝑄)
𝐶𝑀(𝑄) = (6)
𝑄

Comme le coût total, le coût moyen se décompose en coût variable moyen CVM(Q) et en
coût fixe moyen CFM :
𝐶𝑇(𝑄) 𝐶𝑉(𝑄) 𝐶𝐹
𝐶𝑀(𝑄) = = + = 𝐶𝑉𝑀(𝑄) + 𝐶𝐹𝑀 (7)
𝑄 𝑄 𝑄

Les caractéristiques du coût fixe moyen s’obtiennent facilement pour une production, Q=1, le
coût fixe moyen est égal au coût fixe. Pour des quantités produites inférieures, la quantité se
rapproche de zéro, plus le coût fixe moyen est élevé et tend vers l’infini. Pour des quantités
produites supérieures à une unité, le coût fixe moyen décroit et tend vers zéro lorsque les
quantités produites tendent vers l’infini.
La forme du coût variable moyen dépend de celle du coût variable. Dans l’hypothèse des
productivités marginales croissantes puis décroissantes, on obtient une courbe en U, comme
l’illustre la figure 2.

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Le coût variable moyen est égal au coût variable pour Q=1.Par ailleurs, on sait que par
hypothèse que pour des petites quantités produites(respectivement des grandes quantités)le
coût variable augmente à un taux de plus en plus faible(respectivement élevé) .On peut donc
en conclure que le coût variable moyen est décroissant puis croissant, son minimum étant
atteint pour la valeur de Q qui rend le rapport CV/Q le plus faible, en l’occurrence Q (la pente
de la tangente à CV est la plus faible en ce point).

Finalement, en additionnant les courbes de coût fixe moyen et de coût variable moyen, on
obtient la courbe de coût moyen. Comme le montre la figure 2, elle a une forme en U comme
le coût variable moyen.

d. Fonction de coût marginal


La fonction de coût marginal indique pour chaque niveau de production le coût additionnel
qu’il faut supporter pour produire une unité supplémentaire d’output. Mathématiquement, en
considérant des variations infinitésimales de la quantité produite, le coût marginal, Cm(Q),
correspond à la dérivée du coût total :
𝑑𝐶𝑇(𝑄) 𝜕𝐶𝑇(𝑄)
𝐶𝑚(𝑄) = = (7)
𝑑𝑄 𝜕(𝑄)

Dans ces conditions, comme la courbe de coût variable est toujours croissante, le coût marginal
est toujours positif. D’autre part lorsque le coût variable est croissant à taux (respectivement
décroissant), le coût marginal qui lui est associé est croissant respectivement décroissant). Par
conséquent la courbe de coût marginal a, comme la courbe de coût variable moyen une forme
en U.

Il est intéressant de situer la courbe de coût marginal par rapport au coût moyen et au coût
variable moyen. Un calcul simple permet de montrer que la courbe de coût marginal coupe
les courbes de coût moyen et coût variable moyen en leur minimum respectif. Les
positions relatives de coût marginales, du coût variable moyen et du coût moyen sont
représentées sur la figure 3

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A long terme le producteur à la possibilité de modifier la quantité de tous les facteurs à sa
disposition. Les facteurs qui étaient fixes à court terme deviennent maintenant variables. Ainsi ;
l’équipement de production, fixe à court terme, peut être modifié à long terme par le producteur
s’il veut modifier le niveau de production.

e. Fonction de coût de court terme et la fonction de coût de long terme


La fonction de production doit être modifiée pour prendre en compte l’influence des facteurs
fixes de court terme. Pour formaliser cette influence, elle intègre un facteur supplémentaire,
que l’on notera h.

Q = Q( K , L, h) (8)

L’expression du coût devient alors :

CT ( K , L, h) = rK + wL + g (h) (9)

Où g(h) représente la rémunération du facteur fixe. Cette rémunération est une fonction
croissante et continue du nouveau facteur. En effet, le coût fixe est d’autant plus important que
la quantité de facteur fixe est importante. On peut admettre par exemple que plus la taille de
l’équipement de production est importante, plus la maintenance de l’équipement sera coûteuse.
Ces modifications conduisent à une redéfinition du coût de court terme tel que :

CT(Q)=CT (Q, h) (10)

L’expression précédente permet de définir une « famille »de fonctions de coût de court terme.
Pour chaque valeur de h, on obtient une fonction particulière de coût total de court terme et on
retrouve l’analyse du paragraphe précédent.

La fonction de coût de long terme indique le coût minimal de production correspondant à


chaque niveau de production lorsqu’il est possible de modifier le terme de courbe enveloppe
des fonctions de coût de court terme.

Sur la figure 4 sont représentées trois fonctions de court terme appartenant à la famille de
fonctions de court terme, CT=CT (Q, h) : CT (Q, h1), CT(Q,h2) et CT(Q,h3).Pour produire la
quantité Q1 ,différents niveaux coûts sont possibles. Cependant, le coût minimal est donné par
la courbe de coût CT (Q, h). En revanche pour un niveau de production égal à Q 2 .C’est la
courbe CT (Q, h2) qui donne le coût minimal .Par conséquent, pour produire la quantité Q1,
le producteur choisira la quantité h1 du facteur fixe, tandis que pour produire la quantité Q2, il
préféra adopter la quantité h2 de facteur fixe. En généralisant ce raisonnement à l’ensemble
des fonctions de coût de court terme et des niveaux de production, on vérifie que le coût total
de long terme est donné par la courbe enveloppe des courbes de court terme.

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Algébriquement, la fonction de coût de long terme correspond au minimum des fonctions de
court terme :

CTLT (Q)=Min CT (Q, h) (11)


Pour chaque niveau de production, il existe une taille unique de l’équipement h qui minimise
le coût de production. Comme à long terme l’équipement devient variable, le producteur peut
installer pour chaque niveau de production la taille optimale du facteur par conséquent, pour
obtenir la fonction de long terme, il suffit de résoudre la condition de première ordre relative
à cette minimisation et de remplacer h par sa valeur optimale dans l’équation de la famille de
fonction de coût terme.
CT (Q, h)
= 0  h* = h* (Q) (12)
h
On obtient alors la fonction de cout de long terme qui dépend plus du niveau de production de
long terme.

f. Coût moyen de long terme et coût marginal de long terme

Le coût moyen de long terme se déduit logiquement de la fonction de coût de long terme :

CT [Q, h* (Q)
CM LT (Q) = (13)
Q

Il est intéressant d’étudier le lien entre coût moyen de long terme et coût moyen de court
terme. En examinant l’expression précédente, on vérifie :

CT [Q, h* (Q)
MinCT [Q,h]  CT [Q, h] 
CM LT (Q) = = h
= Min   = MinCM [Q, h] (14)
Q Q h
 Q  h

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En d’autres termes, la courbe de coût moyen de long terme est donnée, pour chaque niveau de
production, par la valeur du plus faible des coûts moyens de court terme. La figure 5 représente
les courbes de coûts de court terme pour cinq dimensions possibles de h. Pour une production
inferieure à Q1 la dimension optimale de h et h1 le coût moyen de long terme est donné par
CM (h1). Pour toute production comprise entre Q1 et Q2, la taille optimale du facteur fixe est
h2 et le coût moyen de long terme est donné par le tronçon du coût moyen définit à court terme
par cet équipement. En poursuivant le raisonnement pour toutes les valeurs possibles de Q, le
coût moyen de long terme apparaît comme l’assemblage de tronçon des courbes de coût moyen.
Chaque point de la courbe de long terme correspond à la courbe de court terme qui associe à
la production le coût moyen le plus faible. Par généralisation, en considérant toutes les valeurs
possibles de h, on vérifie que la courbe de coût moyen de long terme est la courbe enveloppe
des courbes de coût moyen de court terme comme le montre la figure 5.

Le coût marginal de long terme correspond à la variation de coût associé à long terme à la
production d’une unité additionnelle du bien. Le coût marginal de long terme est donc donné
par la dérivée de la fonction de coût de long terme.

On peut alors montrer que la fonction du coût marginal de long terme est construite à partir
des différentes fonctions de coût marginal de court terme :pour chaque niveau de production
Q, la fonction de coût marginal de long terme est égale à la fonction particulière de coût
marginal et de court terme relative à la variation optimale h*(Q).Ainsi, en ne retenant qu’un
petit nombre de valeurs possible de h, et donc un petit nombre de fonction de coût de court
terme, on peut construire graphiquement la fonction de coût marginal de long terme.

Sur la figure 6 sont représenté les courbes de coût moyen (en pointillé) et de coûte marginal
correspondant à cinq valeurs de h possible. On remarquer que pour tout niveau de production
inférieur Q1, la valeur de h qui minimise le coût moyen est h1, l’entrepreneur va donc installer
cette quantité de facteur fixe de sorte que le coût marginal de long terme soit égal au coût
marginal Cm(h1). Pour les quantités comprises entre Q1 et Q2, la valeur optimale de h change
et devient h2 ; par conséquent, la courbe de coûte de long terme s’identifie à la courbe Cm (h2).

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En poursuivant le raisonnement, on comprend que la courbe de coût marginal de long terme
soit composée des différents segments en gras des courbes de coût marginal de court terme.
Lorsque le nombre des valeurs possible de h n’est pas limiter, la généralisation du
raisonnement précédent conduit à une courbe de coût marginal de long terme continue.

Enfin, on peut également montrer qu’au minimum du coût moyen de long terme, le coût moyen
est égal au coût marginal. Finalement, les courbes de coût marginal et de coût moyen de long
terme se représentent comme le montre la figure 7.

B. L’OFFRE INDUVIDUELLE OPTIMALE EN CPP

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La définition de la fonction de coût permet de réexaminer le problème du producteur. Puisque
la combinaison optimale des facteurs à été définie pour chaque niveau de production lors du
chapitre précédent, ce problème peut être réduit au choix des quantités optimales à produire.
En régime de concurrence pur et parfait, l’entrepreneur n’est jamais contraint. Le marché des
capitaux est censé permettre d’obtenir toutes les ressources nécessaires à la formation du
capital, le marché du travail fournit toute la main-d’œuvre nécessaire et l’entrepreneur est
confronté à une demande qui permet d’écouler toute sa production. Le producteur non
contraint va donc chercher à définir son volume de production de façon à maximiser son profit.
Il est alors possible de définir l’offre optimale du producteur sur le marché *et, par
confrontation avec la demande, on obtient les caractéristiques de l’équilibre en concurrence

1- PRIX ET DEMANDE ADRESSEE A LA FIRME

En situation de concurrence, l’entrepreneur individuel n’a aucune influence sur le prix de vente
de son produit. Du fait de l’atomicité’*, il est petit par rapport au marché et il doit admettre
qu’une variation de sa production ne se traduira que par un déplacement imperceptible du prix
de marché. Parce que les demandeurs sont très nombreux, il pense alors pouvoir écouler toutes
les quantités qu’il est capable de produire au prix qui prévaut sur le marché.
Plus formellement, et quel que soit l’horizon temporel considéré, à court terme ou à long terme,
la courbe de demande qui s’adresse à une entreprise individuelle apparaît à celle-ci comme
une droite horizontale d’équation :
P = constante, ∀Q (fig.8)
Sous cette hypothèse il est possible d’étudier les recettes de la firme en concurrence. La recette
totale du producteur RT(Q) s’écrit comme le produit de la production écoulée Q par le prix
unitaire du bien p, soit :

RT(Q) = pQ (15)

La recette marginale, Rm(Q), correspond à l’accroissement de recette lié à la vente d’une


unité supplémentaire du bien. En supposant que les variations considérées sont infinitésimales,
elle se calcule comme le rapport entre l’accroissement de la recette et un accroissement infime
des ventes, ce qui correspond mathématiquement à la dérivée de la recette totale par rapport à
Q:
Rm(Q) = dRT(Q) /dQ = 𝜕RT(Q) /𝜕Q = p (16)

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La recette moyenne RM(Q) est la recette par unité vendue, soit :
RT(Q)
RM(Q) = =𝑝 (17)
Q
En régime de concurrence, la recette moyenne est égale à la recette marginale et au prix.
RM(Q) = Rm(Q) = p (18)

a. LE COURT TERME

- L’optimum du producteur

En situation de concurrence pure et parfaite, le prix de marché p s’impose au producteur qui


peut écouler toute sa production à ce prix. S’il ne connaît aucune contrainte, le producteur
maximise sont profit 𝜋 défini comme la différence entre les recettes RT(Q) et les coûts CT(Q).
Puisque dorénavant ces deux grandeurs sont des fonctions de la production, le producteur peut
maximiser son profit en choisissant directement le niveau optimal de production Q.
Le programme du producteur s’écrit :

Max
𝜋(Q) = RT(Q) - CT(Q) (19)
Q

Il en la condition du premier ordre :

𝜋’Q(Q) = Rm(Q) – Cm(Q) = 0 (20)

En régime de concurrence pure et parfaite, le prix et la recette marginale coïncident, le


comportement optimal du producteur consiste donc à choisir une production telle que le
prix soit égal au coût marginal :

P =Cm(Q) (21)

Vérifions les conditions de second ordre. Pour que l’optimum soit un maximum la dérivée
seconde du profit doit être négative :

𝜋’’QQ(Q) < 0 ↔ - CmQ’(Q) < 0 ↔ Cm’Q(Q) > 0 (22)

Le coût marginal doit donc être croissant pour que la production retenue maximise le profit (si
tel n’était pas le cas, l’égalité du prix au coût marginal donnerait un point pour lequel le profit
serait minimal, cette situation n’est pas inconcevable, nous reviendrons sur ce cas lors de
l’analyse du monopole public).
Les conditions de premier et de second ordre permettent une interprétation facile de la
condition d’optimalité du producteur : tant que la production d’une unité supplémentaire induit
un croissement du chiffre d’affaire supérieur au coût marginal, le producteur qui augmente sa
production va enregistrer une hausse de son profit. Parce que le coût marginal est croissant,
l’augmentation de la production va alors progressivement élever le coût marginal. Cm(Q)
converge vers le niveau de prix p. A l’égalité entre le prix et coût marginal, le coût de
production supplémentaire est exactement couvert par le grain supplémentaire. Augmenter la
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production générerait un coût supérieur au gain. A ce niveau, la production est donc optimale.
L’optimum du producteur en concurrence parfaite est représenté sur la figure 9.

Pour le niveau de prix p*, deux niveaux de production conduisent à un coût marginal égal au
prix. On notera cependant que le premier niveau, défini au point A, correspond à une phase de
coût marginal décroissant. Le profit en ce point est alors à son minium. Au point B, en revanche,
l’égalité entre le prix et le coût marginal est obtenue dans une situation de coût marginal
croissant. La quantité Q* qui lui correspond maximise donc le profit du producteur.
Ce graphique permet de donner une représentation du profit : il suffit pour cela de faire
apparaître la différence entre la recette totale et le coût total. Le chiffre d’affaires est donné
par le produit p*Q*, il correspond donc à l’aire 0 – p* - B – Q*. Le coût total est mesuré par
le produit entre le coût moyen CM (Q**) et la quantité optimale Q*, sa représentation
graphique est donnée par l’aire rectangulaire 0 – CM (Q**) – C – Q*. La différence entre les
deux surfaces permet de mesurer le profit du producteur (surface noir foncé CM (Q**) – p* -
B – C).
On peut remarquer que si le prix était inférieur au coût moyen, le producteur enregistrerait une
perte et non un profit. Ainsi, en suivant un raisonnement symétrique on voit sur le graphique
que le prix p**conduit à la perte donnée par l’aire non foncé.

- L’offre du producteur

La fonction d’offre d’une entreprise indique la production de la firme en fonction du prix du


marché. Or, pour chaque prix de marché, il existe un volume unique de production qui
maximise le profit d’une firme. La relation entre prix et offre du producteur se déduit donc de
la condition de premier ordre relative à la maximisation du profit p = Cm(Q). Pour chaque
niveau de prix, l’abscisse de la partie croissante de la courbe de coût marginal indique l’offre
qui maximise le profit du producteur et la fonction d’offre s’écrit donc formellement comme
la fonction inverse (appelée aussi « fonction réciproque ») de la fonction de coût marginal :
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Q(p) = Cm-1(p) pour (Cm)’ >0 (22)

Cette condition n’est cependant valable que si le producteur ne produit pas à perte et il devient
nécessaire d’étudier le niveau du prix au-dessous duquel il sera préférable de ne pas produire.
On notera alors que la situation est différente suivant que l’entreprise est déjà installée sur le
marché ou si elle s’interroge sur une entrée potentielle.

- . Le seuil d’entrée

Considérons le cas d’une entreprise extérieure au marché. En cas d’entrée, elle devra payer
un coût d’installation – le coût fixe – plus le coût de production – le coût variable. L’entrée
n’est rentable que si la firme perçoit une recette permettant de couvrir l’ensemble de ces coûts.
Ce sera le cas si la recette moyenne est supérieure au coût moyen. Comme tout prix supérieur
au minimum du coût moyen – noté CM min – entraîne une production optimale satisfaisant cette
propriété, firme décidera d’entrer sous la condition élémentaire :

P ≥ CM min (23)

Elle refusera d’entre sur le marché dans le cas inverse. Le prix p = CMmin constitue le seuil
d’entrée sur le marché ou seuil de rentabilité ou encore point mort. Si le prix d’équilibre
est supérieur à ce seuil, p > CM min, les firmes représentes sur le marché vont réaliser des profits
et, sous l’hypothèse de libre entrée*, de nouvelle firme seront attirées sur le marché.

- .le seuil de fermeture

Considérons maintenant une firme déjà engagée sur le marché, son implantation lui impose
le paiement des coûts fixes CF quel que soit son volume de production. Elle décidera alors de
produire si le profit qu’elle enregistre en réalisant une production positive est supérieur à la
perte – CF – qu’elle encoure en cas de production nulle (formellement pQ – CF – CV(Q) > -
CF). Ce sera le cas si le prix est associé à une production dont le coût variable moyen est
inférieur à la recette moyenne (p > CVM(Q)). On peut vérifier graphiquement que cette
condition impose un prix supérieur au minimum du coût variable moyen CVMmin (fig. 10).
Une firme ne restera sur le marché que si :

P ≥ CVMmin (24)

Dans le cas inverse, la rentabilité est insuffisante et la firme ne couvrant ni ses coûts fixes ni
ses coûts variables devra quitter le marché. Le prix p = CVMmin constitue le seuil de fermeture
de la firme.
Notons que pour tout prix compris entre le minimum du coût variable moyen et celui du coût
moyen, l’entreprise ne peut couvrir l’intégralité de ses coûts fixes. Elle réalise donc une perte
globale. Pour une entreprise qui est déjà sur le marché, il est cependant rentable de produire
puisque les coûts fixes ont déjà été engagés. Une production positive génère un surplus qui
permet de financer une partie des coûts fixes et de limiter les pertes. Toutefois cette situation
ne peut être que temporaire : si elle perdure, l’entreprise est amenée à quitter le marché.
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En définitive, la production n’est possible sur un marché que si le prix est supérieur au
minimum du coût variation moyen. L’offre est nulle pour des prix inférieurs à ce seuil. La
fonction d’offre de l’entreprise i – notée Si – s’écrit finalement :

{𝑆𝑖 = 𝑆𝑖 (p) = Cm−1 (p) pour p ≥ CVMmin (25)


𝑆𝑖 = 0 pour p ≤ CVMmin

- L’offre agrégée sur le marché

La courbe d’offre sur le marché est obtenue comme la somme « horizontale » des courbes
d’offre individuelles. Elle s’établit en calculant pour chaque niveau de prix la somme des offres
individuelles.
Envisageons le cas simplifié d’un marché intégrant trois firmes. Chacune disposant d’une
technologie propre et d’une fonction de coût spécifique. La figure 11 présente l’agrégation
des offres individuelles des trois firmes A, B et C.

Pour tout prix inférieur à p, l’offre totale S est nulle sur le marché, pour un prix compris entre
p et p’, seule la firme A produit l’offre totale est identique à l’offre individuelle de cette firme.
Pour un prix compris dans l’intervalle compris entre p’ et p’’, l’offre de la firme B vient
renforcer celle de A. la firme C commence à produit pour tout prix supérieur ou égal à p’’.
Ainsi, au prix p’’’ les trois firmes réalisent une offre positive. L’offre totale est alors obtenue
par sommation simple des trois offres individuelles.
Dans un équilibre de concurrence parfaite, le marché présente un grand nombre de firme.
L’offre totale sur le marché prend alors la forme d’une cour croissante. Cette courbe est définie
pour un niveau de technologie fixe et pour un nombre constant de firmes. En cas
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d’accroissement du nombre d’entreprises, l’offre totale augmente. Pour chaque niveau de prix
p, l’augmentation du nombre de producteurs accroît l’offre de q à q’. Sur la figure 12, cette
augmentation se traduit par un déplacement vers la droite de la courbe et comme
l’accroissement de l’offre est d’autant plus important que le prix est fort, le déplacement est
plus marqué pour des prix élevés.

- Le prix d’équilibre à court terme

L’équilibre sur le marché est obtenu par confrontation de l’offre et de la de demande*. Le prix
se fixe à un niveau p* tel que l’offre S (p*) soit égal à la demande D(p*). Il s’impose alors
aux différents acteurs du marché. Du côté de l’offre, les producteurs décident de leur
production Qi* = Qi*(p*). Du côté de la demande, les consommateurs établissent leur demande
optimale pour ce prix. Le prix d’équilibre p* doit alors être compatible avec l’égalité entre la
somme de ces offre individuelle et la somme de ces demandes individuelles (fig.13).
Graphiquement, le prix et la quantité d’équilibre sont donnés par l’intersection de la courbe
d’offre S(p) et de la courbe de demande D(p).

b. LE LONG TERME

La rationalité du producteur est identique à court et à long terme : le producteur non contraint
maximise son profit. Cependant, comme les nations de coût n’ont plus le même sens à court
et à long terme, l’analyse de l’offre est modifiée quand la période de temps permet d’envisager
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tous les ajustements possibles des quantités de facteurs. L’hypothèse de fluidité va alors
prendre un rôle important en permettant également l’ajustement du nombre de production sur
le marché. Dans la mesure ou à long terme, une firme peut entrer ou sortir du marché en
fonction des profits et perte que l’on y réalise le nombre de producteurs devient endogène. Le
prix d’équilibre qui résulte de l’entrée ou de la sortie de nouvelles firmes sur le marché va se
fixer à long terme à un niveau pour lequel le profit des firmes est nul.

- Les fonctions d’offre à long terme


L’offre individuelle est déterminée à l’optimum du producteur par l’égalité du prix au cout
marginal de long terme. Conformément à l’analyse développée précédemment, la fonction
d’offre de long terme d’un producteur est donnée par le tronçon de son cout marginal pour
lequel le profit est positif ou nul (à long terme les entreprises dont le profit était négatif ont
quitté le marché. Comme à long terme tous les facteurs sont variables, il n’existe plus de cout
fixe et la différence entre cout moyen et cout variable disparait. La fonction d’offre d’une
entreprise coïncide avec la courbe du cout marginal à long terme pour sa partie supérieure au
cout minimum du cout moyen de long terme :

Formule
L’offre totale de long terme sur le marché est obtenue par sommation des offres individuelles.
Cependant l’augmentation de l’horizon temporel permet aux firmes d’obtenir la meilleure
organisation productive possible, toutes les entreprises disposent à long terme de même
technologie de production. L’offre totale SLT=SLT (p) réalisé par un nombre n d’entreprises
présente la même forme que l’offre individuelle.
SLT=SLT(p) = n SiLT(p)

- L’équilibre à long terme en concurrence

A long terme, l’équilibre sur le marché est donné par l’intersection des courbes d’offre et de
demande de longue période. Le prix d’équilibre qui en résulte doit alors permettre à chaque
firme de rémunérer l’ensemble des facteurs a un taux normal. Ce taux est défini sur le marché
des facteurs : le salaire est défini sur le marché du travail, la rémunération du capital est définie
sur le marché financier. Si le prix d’équilibre permet aux entreprises de réaliser une recette
supérieure à la rémunération des facteurs, les firmes vont réaliser des profits (excédent des
recettes sur les coûts normaux de production). De nouveaux chefs d’entreprises intéressés par
cette possibilité de profit seront incités à entrer sur le marché. En concurrence pure et parfaite,
l’hypothèse de libre entrée établit que de nouvelles firmes peuvent à tout moment accéder au
marché si elle le désire, et en fonction de leur intérêt personnel. Les nouveaux producteurs
ajouteront alors leurs offres individuelles à celle déjà existante, et, pour un même prix, l’offre
totale augmentera.
A l’équilibre, cette augmentation de l’offre va se traduire par une diminution du prix. Au fil
des entrées des nouveaux producteurs, le profit de chaque firme va alors progressivement
s’éroder. Or tant que les profits seront supérieurs au profit normal, de nouveaux producteurs
continueront d’entrer sur le marché. Le processus continue jusqu’à l’annulation des profits.
Dans le cas oppose ou les entreprises du marché réalisent une perte, le raisonnement est
symétrique. Certaines entreprises vont progressivement se retirer du marché, l’offre totale
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diminuera et le prix s’élevant progressivement va diminuer les pertes. Les entreprises vont se
retirer du marché jusqu’à ce que le prix d’équilibre annule les pertes.

L’ajustement en cas de profit positifs est illustré par la figure 14. La partie gauche du
graphique représente les courbes de coût d’une entreprise représentative. La partie droite
représente les courbes d’offre et de demande de marché (l’échelle en abscisses a été
comprimée). La courbe d’offre totale S(p) tient compte des offres faites à court terme par les
entreprises sur le marché, elle n’inclut pas celles des producteurs potentiels intéressés par des
éventuels profits. Or, dans la situation caractérisée par la courbe d’offre S(p), les entreprises
réalisent des profits positifs. De nouvelles entreprises vont donc entrer sur le marché et la
courbe d’offre se déplace vers la droite. Ce déplacement continuera jusqu’en S’(p).
L’intersection avec la courbe de demande détermine alors un prix pour lequel les profits sont
nuls (prix p’).
Du point de vue du chef d’entreprise, l’équilibre est atteint lorsque le prix p est égal au coût
marginal. En ce point, l’égalité p= CMLT(Q) assure un comportement optimal du producteur.
Du point de vue de la branche, l’équilibre final est déterminé par l’intersection des courbes
d’offre et de demande, à un niveau tel que les profits soient nul, l’égalité p = CMLT (Q) =
CmLT(Q) garantit l’annulation des profits. Plus formellement, notons D = D(p) la fonction
de demande globale. L’équilibre en longue période s’obtient en écrivant, en plus de l’égalité
de l’offre et de la demande, une condition d’annulation des profits pour chaque entreprise :

D(𝑝) = S(𝑝) = 𝑛S𝑖(𝑝)


{𝑃 = CmLT(S𝑖) = CMLT(S𝑖)
(26)

Notons enfin que ce système d’équations permet de caractériser le nombre n de firmes sur le
marché à l’équilibre de long terme. En effet, le prix qui annule les profits et l’offre optimale
qui en résulte pour chaque producteur peuvent être obtenus en ne considérant que les
caractéristiques des firmes.

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Ils apparaissent respectivement comme l’ordonnée et l’abscisse de l’intersection entre les
fonctions de coût moyen et de coût marginal de long terme. Puisque pour le prix d’équilibre,
l’offre totale est égale à la demande totale, ce prix permet de définir la production totale sur le
marché et absorbée par les consommateurs. Le nombre de producteur est alors donnée en
rapportant l’offre totale individuelle optimale, c’est-à-dire en répondant à la question :
combien de firme produisant chacune individuellement Si(p) sont nécessaires à la satisfaction
de la demande totale D(p).

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CHAPITRE 2 : MONOPOLE ET
CONCURRENCE IMPARFAITE

La notion de concurrence parfaite utilisée lors des deux chapitres précédents suppose que
soient satisfaites quatre conditions fondamentales : atomicité des participants au marché,
homogénéité du produit, libre entrée et sortie des intervenants et information parfait.
Quand l’une de ces hypothèses fait défaut, la concurrence devient imparfaite. Sauf
exception (comme le montre la théorie des marchés contestable ou celle de l’oligopole selon
Bertrand, les prix et quantités d’équilibré sur le marché s’écartent alors durablement de ceux
de l’équilibre concurrentiel.
Supposons ainsi que des barrières réglementaires ou technologiques interdisent l’entrée de
nouvelles entreprises dans un secteur industriel (par exemple, en cas de brevet conférant à son
titulaire le monopole d’exploitation d’une technologie). Les firmes du marché peuvent
doublement bénéficier de rentes de situation, rentes qui seront d’autant plus importantes que
le nombre de firmes sera faible. En outre, l’intervention d’un nombre restreint de firmes
confère à chacune la capacité d’influencer les caractéristiques du marché. Contrairement à la
situation de concurrence parfaite, des entreprises en petit nombre sur un marché vont pouvoir
en influencer le prix. De même, sur un marché intégrant deux entreprises, ces dernières
peuvent s’entendre pour limiter leur production de façon à obtenir un prix qui leur soit
mutuellement avantageux. La logique de concurrence s’efface donc avec la disparition de
l’atomicité et de la libre entrée.
Les caractéristiques de la concurrence seront également fortement modifiées si les produits
réalisés par des entreprises concurrentes ne sont pas totalement substituables (par exemple,
coca et ou Mc Donald’s et Quick). Chaque producteur est alors détenteur d’un monopole sur
sa propre marque. La substituabilité des produits entre eux impose une certaine concurrence
entre les producteurs mais le mécanisme de cette concurrence est fort éloigné du jeu de la
concurrence parfaite. Ce chapitre propose une exploration rapide des champs principaux de la
concurrence imparfaite.
A. LES ORIGINES DE LA CONCENTRATION INDUSTRIELLE
L’origine de la concentration industrielle dans un secteur est, généralement, imputée à trois
facteurs : l’existence de rendements croissants, de contraintes issues de la rareté des
ressources ; et enfin de comportements anticoncurrentiels.

1- les rendements croissants


Un secteur dont les entreprises connaissent des rendements croissants présente une propension
naturelle à la concentration industrielle. Pour de telle firmes, en effet, le coût moyen et le coût
marginal de long terme sont décroissants. Le doublement de la production s’accompagne alors
d’une augmentation des coûts moins que proportionnelle. Graphiquement, le passage de la
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production Q à la production 2Q s’accompagne d’une augmentation des couts mesurés par la
surface O - Q – A – CM (Q) dans la situation initiale et par la surface O – 2Q – B – CM (2Q)
dans l’état final. Cette dernière surface est inférieure au double de la surface précédente. En
cas de rendement croissants, il est donc profitable pour deux entreprises de mettre en commun
leurs moyen de production. Par ce biais, elles réaliseront des économies et pourront obtenir à
moindre cout le même niveau de production (fig.1).
En cas de rendement croissants, la limite naturelle de la concentration est atteinte lorsqu’il
ne reste plus qu’une seule entreprise sur le marché. On parle alors de monopole naturel.
Économiquement, cette concentration est efficace puisqu’elle permet la réalisation d’une
production au coût le plus faible possible. D’un point de vue social, il convient cependant de
contrôler le fonctionnement de ce monopole pour limiter l’inefficacité qui pourrait résulter de
la gestion d’un marché par une seule entreprise. Les monopoles naturels font donc l’objet
d’une forte réglementation publique ou sont directement gérés par l’état.

2- LES CONTRAINTES PHYSIQUES OU INSTITUTIONNELLES

Lorsque que le processus de production requiert l’utilisation d’une ressource rare, les
possibilités de production sont naturellement restreintes. La rareté peut provenir d’une origine
physique. Le secteur des minérales en France ou, à l’échelle internationale, l’industrie du
pétrole sont, par exemple, contraintes dans leur développement par la découverte de nouvelles
ressources ou gisements. La rareté peut également être associée à restriction d’accès à la
technologie. Lorsqu’un brevet protège une nouvelle technique de production, son détenteur
dispose d’un monopole sur ses droits d’utilisation. L’accessibilité restreinte sur les matières
premières ou sur la technologie constitue une limite naturelle de la concurrence.

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3- LES COMPORTEMENTS ANTICOCURRENTIELS

La concentration peut enfin être la conséquence d’un comportement mis en place par les firmes
du marché pour limiter l’entrée de concurrents. On parlera alors de Pratiques
anticoncurrentielles ou de comportement de prédation. Plusieurs pratiques de ce type sont
possibles. Première possibilité consiste à fixer un prix tel que l’entrée de concurrents potentiels
ne soit pas rentable. Les firmes qui abaissent leurs prix renoncent alors à un profit immédiat
pour se garantir un contrôle durable du marché et obtenir un profit conséquent bien que plus
faible sur une plus longue période.
Un entrant potentiel sait que le prix subira une baisse du fait de sa production additionnelle.
S’il est persuadé que les producteurs en place ne modifieront pas leur offre lors de son entrée,
ces derniers peuvent facilement lui interdire l’entrée. Il leur suffit en effet de réaliser une offre
telle que toute production additionnelle proposée par le nouvel entrant fasse descendre le prix
en dessous de coûte moyen. Pour le candidat à l’entrée, il 3est alors impossible de réaliser une
production rentable. Le prix qui interdit l’entrée de nouveaux concurrents est appelé prix
limite*.
En pratiquant une politique de publicité agressive, ou en étendant plus que nécessaire la
gamme de produits, les entreprises en place peuvent également limiter les possibilités d’entrée
de concurrents qui ne trouvent plus de place sur le marché. Un exemple célèbre de type de
pratique a été donné par les firmes de céréales américaines qui, dans les années 1960,
réalisaient des profits importants en saturant le marché.

B. MARCHE ET CONCENTRATION INDUSTRIELLE

La concurrence parfaite est un modèle très simple qui ne peut pas être appliqué sans restriction
de la majorité des entreprises c’est à dire qui est rare. Dans cette section on modifiera l’une ou
l’autre des hypothèses de la concurrence parfaite afin d’obtenir des modèles plus conformes à
la réalité. On parle alors de concurrence imparfaite. Plusieurs structures de marché peuvent
survenir en fonction du nombre d’offreurs et de demandeurs.

Atomicité
Si on lève l’hypothèse d’atomicité, on obtient le tableau avec les différents régimes de
marché suivant :

Nom Nombre de vendeurs Nombre d’acheteurs


Monopole bilatéral 1 1
Monopole 1 Très grand
Monopsone Très grand 1
Duopole 2 Très grand
Duopsone Très grand 2
Oligopole Petit Très grand
Oligopsone Très grand Petit
Concurrence Très grand Très grand

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À chaque structure correspond un comportement spécifique des interventions et un équilibre
en prix et en quantité. Nous nous concentrons ici sur les régimes de marchés supposant un
grand nombre de demandeurs et un nombre variable d’offreurs – la méthodologie permettant
d’étudier le cas polaire est largement symétrique – en étudiant successivement les structures
de marché de la plus concentrée à la moins concentrée.

Homogénéité
Si on lève l’hypothèse d’homogénéité des produits, on obtient :
- La concurrence monopolistique.
- La différenciation horizontale (différentes spécifications de produits dont la qualité
et le prix sont par ailleurs identiques)
- La différenciation verticale (produits de qualité différente)

Transparence du marché
Si on lève cette hypothèse, on aura affaire à :
- Des modèles d’incertitude.
- Des modèles d’aléa moral.
- Le signal
- La recherche d’information.

1- LE MONOPOLE
Une entreprise est en situation de monopole* lorsqu’elle est l’unique producteur d’un bien sur
le marché intégrant un grand nombre de demandeurs. Elle est alors la seule source du produit
et, désignée sous le terme de monopole, elle peut décider du prix de vente de son produit sur
le marché. Quatre (4) causes principales expliquent l’existence du monopole :
- Les situations de monopole naturel : il y a monopole naturel sur un marché lorsque pour
un niveau de production, le coût de production est minimal lorsque la production est réalisée
par une seule entreprise. Une condition suffisante pour qu’il en soit ainsi est que les coûts
moyens à longs termes soient décroissants c’est-à-dire qu’il y ait des économies d’échelle.
- Le contrôle d’une ressource rare ou d’un brevet de fabrication. Lorsqu’une entreprise
contrôle totalement l’offre d’une matière première indispensable à la production de ce bien,
elle s’assure d’une position de monopole sur le marché de ce bien de fabrication d’un bien.
- Les positions de monopole institutionnel : le monopole peut aussi trouver leur origine dans
la protection accordée par la puissance publique à une entreprise particulière.
- Les mécanismes de concurrence eux-mêmes : les monopoles peuvent aussi résulter de la
volonté délibérée d’une entreprise d’éliminer ses concurrents. On parle alors de
comportement de prédation.

a. Tarification optimale du monopole.

Une entreprise en monopole n’a pas de concurrent. L’offre totale q sur le marché est donc
identique à l’offre Q du monopole. La firme est alors confrontée à une demande qui correspond
à la demande totale du produit sur le marché. Contrairement à la situation de concurrence où,
quelle que soit la quantité offerte par un producteur, l’offre est écoulée à un prix constant, dans

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le cas de monopole, chaque niveau de production Q offert sur le marché impose un niveau de
prix spécifique p = p (Q) permettant d’écouler exactement cette quantité.
Cette fonction p = p (Q), est donnée par la fonction inverse de la courbe de demande totale
et est strictement décroissante (fig.2).

Un monopole qui décide de produire la quantité Q attend en retour la recette totale RT (Q) :

RT (Q) = p (Q) Q (27)

Il est alors facile de calculer la recette moyenne RM (Q), c’est -à- dire la recette par unité
de bien produit :

𝑅𝑇(Q)
RM (Q) = = p (Q) (28)
Q

On constate que la recette moyenne du monopole s’identifie à la courbe de demande du marché.


La recette marginale Rm (Q), est définie comme le surcroît de recette issu de la vente d’une
unité supplémentaire de bien sur le marché. Pour une variation infinitésimale de la production,
elle se mesure par la dérivation de la recette totale par rapport à la production soit :
𝑑𝑅𝑇(𝑄)
Rm (Q) = = p’(Q) Q + p(Q) (29)
𝑑𝑄

Remarquons que, la fonction p (Q) étant décroissante, le terme p’(Q) Q est négatif la
comparaison des deux équations précédentes permet alors de vérifier que, quel que soit le
niveau de production, la recette moyenne c’est-à-dire le prix est supérieur à la recette
marginale. La figure 3 propose une représentation usuelle ces deux courbes.

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RT
On sait que Rm = or RT = P(Q).Q
Q

𝑑𝑅𝑇(𝑄)
Rm (Q) = = p’(Q) Q + p(Q) (29)
𝑑𝑄
Rm = PQ' .Q + P (Q )
De plus l’élasticité prix de la demande correspond à la variation de la demande du produit
exprime en pourcentage sur la variation de son prix exprimée en pourcentage. Elle nous donne
la formule suivante :
Q P
On a :  =  Q P = .
P Q
P(Q)
De même  =  Q P = QP' .
Q
Q 1 1
Or QP' = = = '
P P PQ
Q
1 P(Q) P(Q)
D’où  = ' . =
PQ Q Q.PQ'
Or Rm = PQ' .Q + P(Q)  PQ' .Q = Rm − P(Q)
P(Q)
D’où  =  ( Rm − P(Q)). = P(Q)
Rm − P(Q)

P(Q) −  .P(Q) 1
 Rm =  Rm = P(Q).(1 + )
 
1
Donc Rm = P(Q).(1 + )

Or, pour une demande dite normale, cas le plus fréquent l’élasticité-prix est toujours négative
c’est pourquoi il est possible d’écrire :
1
Rm = P(Q).(1 − )

Ensuite il s’en suit que :
Rm  0 si   0
Rm = 0 si  = 1
Rm  0 si  1
Compte tenu de ces modifications, on vérifie facilement qu’à l’optimum du profit le
monopole réalise une production qui égalise recette marginale et coûte marginal. En
reprenant les représentations des fonctions de coûte développées au chapitre précédent, on
obtient la représentation suivante de l’optimum du monopole :

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La production Q* est définie par l’abscisse de l’intersection entre la courbe de coût marginal
et la courbe de recette marginale. Le monopole peut écouler cette production au prix p*. Ce
prix se lit sur le courbe de demande du marché soit, comme la courbe de demande est identique
à la courbe de recette moyenne, en regardant quelle recette moyenne (quel prix unitaire) peut
être obtenue pour une production Q*. Le monopole réalise alors un profit égal au produit de
la quantité Q* et de la marge bénéficiaire (p* - CM (Q*)). Ce profit est représenté sur le
graphique par la surface hachurée.
En régime de monopole, le prix d’équilibre est supérieur au coût marginal. Par comparaison
avec l’équilibre d’un marché en concurrence, le monopole écoule une production plus faible
pour un prix d’équilibre plus élevé.

b. équilibre du monopole
Le problème du monopole consiste à produire la quantité (ou le prix) qui maximise son
profit.
Max = RT (Q) − CT = P(Q).Q − C(Q) (30)
CPO
 RT CT
= − = 0  Rm = Cm
Q Q Q
La production qui maximise le profit est tel que Rm=Cm (la recette marginale est égale au
coût marginal). On peut donc écrire :
1 P(Q) − Cm 1
Cm = P(Q)(1 − )  =
 P(Q) 
Cette relation est appelée règle de tarification du monopoleur.
P − Cm
est appelé indice de LERNER, Taux de marge ou Pouvoir de monopole.
P
P(Q) − Cm 1 P − Cm
= ; comme  >0 alors  0  P  Cm ceci s’interprète comme une perte de
P(Q)  P
bien-être pour les consommateurs.
Le monopole vend son produit à un prix qui est supérieur au cout marginal (prix de
concurrence parfait) et ce prix est d’autant plus élevé que l’élasticité de la demande est faible.

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c. La charge morte du monopole

La gestion optimale du marché par un monopole conduit à un équilibre inefficace. La mesure


de cette inefficacité est donnée par la charge morte* 2 du monopole, notion qui mesure
l’évolution globale des consommateurs et du producteur en cas de passage d’un prix de
concurrence à un prix de monopole.

Le surplus du consommateur étant mesuré par la surface délimitée par le prix d’équilibre et la
courbe de demande, le passage du prix concurrentiel pc*au prix de monopole pm* conduit à
une diminution de ce surplus (fig.5). Cette perte est représentée par la surface hachurée (A) de
la figure 5-a. Sur la figure 5-b est représentée l’évolution du surplus du producteur. Le surplus
du producteur est mesuré par la surface comprise entre le prix d’équilibre et de courbe d’offre
(et donc la courbe de coûte marginal). Le rectangle (B) indique donc l’augmentation du surplus
consécutif à la vente de Qm* unités du produit au prix plus élevé pm*. En contrepartie, la
diminution des quantités vendues – passage de Qc* à Qm* - s’accompagne d’une diminution
du surplus, diminution indiquée par surface (C). Remarquons alors que la surface (B) est
comprise dans la surface (A). En élevant son prix, le monopole a réussi à s’approprier une
partie du surplus perdu par les consommateurs. Globalement, cependant, la hausse surplus du
producteur ne suffit pas à compenser la baisse de celui des consommateurs. En sommant les
gains et les pertes de tous les agents de l’économie, on voit apparaître une diminution totale
du surplus (ou charge morte) représentée par la surface (A – B + C). Le passage d’un régime
de concurrence à un régime de monopole réduit le surplus global perçu par la collectivité. Le
monopole est donc socialement inefficace (fig.6).

2
La charge morte mesure la diminution du surplus global des producteurs et des consommateurs du fait du passage d’une
tarification concurrentielle à une gestion monopolistique.
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d. Le monopole discriminant

Un moyen réduire l’inefficience du monopole consiste pour l’entreprise à pratiquer une


discrimination*3 entre les consommateurs. Le monopole va alors chercher à pratiquer des prix
spécifiques pour chaque type de client. Pratiquer deux prix différents suppose que les marchés
soient cloisonnés. Il ne doit pas être possible pour la population bénéficiant des prix bas de
revendre le produit aux populations acceptant de payer le prix plus élevé.

Supposons que l’entreprise (fig.7) après avoir vendu la quantité Q* au prix p* abaisse son prix
à l’un montant (Q’ – Q*). Le monopole augmente son profit pour un montant correspondant à
la surface a-b-c-d, les consommateurs qui bénéficient de cette vente à prix réduit voient leur
satisfaction augmenter pour le montant du surplus a-d-e et la charge morte diminue (surface
c-d-f) puisque l’entreprise et les consommateurs s’en sont partagés une partie.

Un autre type de discrimination consiste à séparer les marchés suivants un critère


géographique *. Si le monopole peut repérer la courbe de demande spécifique de chaque
région, il peut également adapter son comportement (tarification et quantités écoulées) de la
manière optimale sur chaque marché. Cela permet de vérifier que la pente de la fonction de
demande d’un pays est fort en valeur absolue – ce qui traduit une demande inélastique au prix
– plus le prix fixé par le monopole dans ce pays sera élevé. Le pouvoir du monopole dans un
pays est alors croissant avec l’élasticité de la demande. Le prix fixé par le monopole étant
supérieur au coût marginal, cela implique une perte de bien-être que l’on appelle perte sèche.

On distingue habituellement trois types de discrimination par les prix :


-La discrimination par les prix au 1er degré : le monopole fait payer un prix différent pour
chaque demande individuelle qui est égal au prix de réservation. Cette discrimination n’est pas
possible en pratique car il existe toujours des possibilités d’arbitrage et l’information sur la
connaissance des demandes individuelles n’est pas parfaite.

3
Un exemple de comportement de discrimination consiste à réaliser des soldes en fin de saison. Comme les consommateurs prêts
à payer le prix fort ont acquis le bien en début de saison, les soldes permettent d’augmenter la clientèle en vendant le produit à
prix réduit à une population qui n’aurait pas consommé le produit au prix fort.
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- La discrimination par les prix au 2ième degré : le monopole fait payer des prix différents
selon les quantités achetées. Exemples : les rabais accordés en fonction de la quantité achetée.

- La discrimination par les prix au 3ième degré : Le monopole distingue différentes


catégories de consommateurs en fonction de critères (âge, localisation géographique, emploi,
sexe,) et fait payer un prix différent pour chaque catégorie de consommateur.

e. Rendements croissants et monopole publics

Comme nous avons déjà mentionné, en cas de rendements croissants, les coûts moyens et
marginaux sont décroissants et le coût est systématiquement supérieur au coût marginal. Deux
entreprises qui se regroupent réduisent alors leur coût de production et augmentation leur profit
global. Dans une telle situation, il existe donc une tendance naturelle à la concentration,
tendance dont la limite extrême prend la forme d’un monopole. Dans cette configuration
productive, la gestion privée du monopole impose une perte collective importante (fig.8). Le
surplus total de l’économie serait maximal pour le prix p2 (le surplus du producteur est négatif
mais sa perte est plus que compensée par le gain des consommateurs). Lors du passage du prix
p2 au prix de monopole privé p1, la diminution du surplus des consommateurs est mesurée
par la surface p1 – A – B – p2 et le surplus du producteur augmente pour deux raisons : du fait
de l’augmentation du prix de vente pour un montant représenté par p1 – A – D – p2 et de par
réduction des quantités vendues avec diminution de la perte du monopole pour un montant
mesuré par B – C – D. La charge morte qui en résulte correspond à la surface A – B – C et
prend un ordre d’important.

Pour limiter cette inefficience, l’Etat peut alors décider d’intervenir en réglementant le marché
(en fixant le prix de la vente du bien) ou en gérant directement le monopole : le monopole
devient public.

Un État qui gère un monopole public doit tenir compte de deux contraintes antagonistes : la
maximisation du surplus collectif et la rentabilité de l’entreprise. S’il désire maximiser le
surplus, l’Etat doit minimiser la charge morte du monopole et pratiquer une tarification plus
proche du régime de concurrence. Il fixera alors le prix en p2 par égalisation de la recette
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moyenne (correspondant à la demande des consommateurs) et du coût marginal (qui
correspond à l’offre en concurrence). Cette tarification est généralement désignée sous le terme
de tarification au coût marginal*4.Le prix obtenu annule alors la charge morte du monopole
et maximise le surplus global de la population. Ce choix est cependant problématique puisque,
le coût marginal étant décroissant, le prix obtenu sera obligatoirement inférieur au coût moyen.
En pratiquant cette tarification, l’Etat accepte donc gérer une firme en déficit. Celui-ci ne
traduit pas une inefficacité de l’entreprise mais le désir exprimé par l’autorité publique de
maximiser le bien-être collectif et de tirer parti au maximum des rendements croissants de
l’entreprise.

S’il ne désire pas supporter de déficit, l’État doit pratiquer une tarification maximisant le
surplus collectif et compatible avec une perte nulle de l’entreprise. Il doit par exemple fixer le
prix p3 en choisissant une production telle que la recette moyenne (qui résume la demande des
consommateurs) égalise le coût moyen (courbe de profit nul). On parle alors de tarification
au coût moyen* 5 . A ce prix, l’État rentabilise sa production mais il n’élimine pas
complètement la charge morte du monopole.

Ou l’Etat peut imposer au monopole de vendre au coût marginal, mais cette vente au coût
marginal conduit à une perte (profit négatif) pour le monopole lorsqu’on a des rendements
d’échelle croissants car le coût marginal est inférieur au moyen (Cm < CM). Dans une telle
situation, il est recommandé la règle de tarification à la Ramsey-Boiteux. Cette règle est
obtenue en maximisant le bien-être social sous la contrainte d’un profit nul pour le monopole
tel que :
P − Cm  1
= . avec  le multiplicateur de Lagrange ou le coût des profits.
P 1+  

L’Etat peut réduire le profit du monopôle en imposant une taxe sur son chiffre d’affaires.
Dans ce cas, le profit du monopole devient :
 (Q) = (1 − t ) RT (Q) − CT (Q) (31)

CPO
 '(Q) = (1 − t ) Rm(Q) − Cm(Q) = 0  (1 − t ) Rm(Q) = Cm(Q) (32)

Comme (1 − t ) Rm(q)  Rm(Q) alors la production optimale avec une taxe sur le chiffre
d’affaires est inférieure à la production optimale avant la taxation.

2- LE DUOPOLE

En situation de duopole, l’offre est assurée par deux producteurs indépendants, chacun
cherchant à maximiser son profit. Dans cette situation, les producteurs sont suffisamment peu

4
La tarification au coût marginal consiste à faire payer au consommateur le coût marginal de production du bien.
5
La tarification au coût moyen consiste alors à maximiser le surplus collectif associe aux entreprises publiques en fixant une
contrainte d’annulation des profits.
Page 30 sur 40
nombreux pour prendre en compte l’influence de leur offre respective dans la formation du
prix de marché. En revanche, et contrairement à la situation de monopole, une compétition
existe et les deux firmes doivent définir leur comportement optimal en tenant compte du
comportement de leur concurrent.

Historiquement, plusieurs analyses de cette situation ont été proposées. Chacune postule un
cadre spécifique dans lequel les firmes peuvent évoluer. Suivant que l’on considère une
concurrence fondée sur les quantités offertes ou sur le prix affiché, suivant que l’on admette
une hiérarchie entre les firmes ou une totale symétrie, l’équilibre présente des solutions
différentes. Pour présenter ces approches, nous envisagerons successivement les analyses de
Cournot, de Stackelberg puis de Bertrand.

a. Le Duopole de Cournot

*Hypothèses du modèle

Supposons, suivant en cela la démarche de Cournot*, que les deux producteurs s’interrogent
sur leur niveau optimal de production, chacun cherchant à définir sa production compte tenu
de celle de son concurrent et de marnière à maximiser son profit. Les deux décisions de la
production sont prises simultanément. Il n’existe aucune hiérarchie entre les producteurs. A
nouveau, notons p = p (q) la fonction qui indique pour chaque niveau de l’offre agrégée q, le
prix p permettant d’écouler exactement cette quantité. En duopole, la quantité q est la somme
des productions Q1 et Q2 réalisées par les deux producteurs tel que q= (Q1+ Q2). Nous
désignons d’autre part par RT1 et CT1 la recette totale et le coût total de production de
l’entreprise 1. Le profit de ce producteur s’écrit :

𝜋1 (Q1) = RT1 (Q1) – CT1 (Q1)


= Q1 p (Q1+ Q2) – CT1 (Q1)

Cette fonction du profit dépend de la production de l’entreprise 1 mais aussi du choix retenu
par son concurrent. L’impact des quantités produites par chaque firme sur le profit de
l’entreprise 1 peut être représenté à l’aide des courbes d’isoprofit*. Ces courbes représentent
les combinaisons de production (Q1,Q2) conduisant à un même profit pour une firme, ici la
firme 1 (fig.9)
En partant de l’origine, la courbe d’isoprofit présente un segment croissant. En effet, en cas
d’augmentation de l’offre de son concurrent, le prix de marché diminue et l’entreprise 1 doit
augmenter sa production pour maintenir son niveau de profit. Le segment croissant intervient
lorsque l’offre globale induit un prix tel qu’une augmentation de l’offre Q1 ne génère plus une
recette suffisante pour compenser le coût supplémentaire de production. Le maintien du profit
en cas de hausse de la production Q1 n’est alors compatible qu’avec une diminution de la
production Q2 de l’entreprise concurrente.

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Sur ce graphique, les courbes d’isoprofit indiquent des niveaux de profit d’autant plus faible
que la courbe est élevée dans le repère. Pour le niveau de production Q’ 2 de l’entreprise 2, le
niveau maximal de profit obtenu par l’entreprise 1 est indiqué par la courbe d’isoprofit dont le
sommet est défini pour le niveau de production Q’ 2. La production Q’1 qui lui correspond
indique alors la meilleure réponse de l’entreprise 1 à la production de son concurrent. Pour la
production Q’2, la production Q’1 maximise le profit de l’entreprise 1.
En reliant l’ensemble des sommets des courbes d’isoprofit de la firme 1, on définit une courbe
qui indique, pour chaque niveau de production affiché par son concurrent, le niveau de
production qui maximise le profit de cette entreprise. Cette courbe est appelée fonction de
réaction* de l’entreprise 1 et est notée Q1 = 𝛹1 (Q2)
Par un calcule identique, on définit la fonction de réaction Ψ2 de l’entreprise 2. Cette fonction
indique la quantité de Q2 qui maximise le profit de l’entreprise 2 pour chaque niveau de
production Q1 réalisée par le concurrent, Q2 = Ψ2 (Q1).

*Détermination de l’équilibre de Cournot


L’équilibre du duopole obtenu par Cournot corresponde à des situations de production (Q1*,
Q2*) telles que les deux productions soient simultanément optimales. Dans cette situation, pour
la production Q1*, la production Q2*, maximise le profit de l’entreprise 2 alors la production
Q1* est la meilleure réponse de l’entreprise 1, à la production Q2 de son concurrent. L’équilibre
est donc caractérisé par toute solution (Q1*,Q2*) qui satisfait simultanément les fonctions
de réaction des deux firme.
Q2* =  2 ( Q1* )

 *
Q1 = 1 ( Q2 )

*

Comme les points (Q1*, Q2*) appartiennent simultanément aux deux courbe, un équilibre de
Cournot correspond à toute intersection des deux fonctions réaction. L’équilibre illustré
par la représentation graphique suivante (fig.10).

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✓ Si la dérivée de la fonction de réaction de l’entreprise 1 est négative alors la production
de 1 diminue si celle de 2 augmente. Dans une telle situation, on dit que Q1 et Q2 sont
des substituts stratégiques.
✓ Si la dérivée de la fonction de réaction de 1 est positive, alors la production de
l’entreprise 1 augmente si celle de l’entreprise 2 augmente. On dit alors Q1 et Q2 sont
des compléments stratégiques. L’équilibre de Cournot est stable.
Analytiquement nous avons :
Max  i = P (Q) qi − Ci ( qi ) = P( qi + q j ) − Ci ( qi )
Avec Q = q1 + q2 , Les firmes ont les coûts de production Ci (qi ) avec i = 1, 2 .
CPO

= 0  P ' (qi + q j )qi + P(qi + q j ) − Ci' (qi ) = 0
qi
En résolvant cette équation on a :
qi = f i (q j )  Fonction de réaction de l’entreprise i
q j = f j (qi )  Fonction de réaction de l’entreprise j
Elle indique la quantité que l’entreprise i doit produire pour maximiser son profit si l’entreprise
j produit la quantité qj.
On dira qu’on est à l’équilibre de Cournot lorsque chaque entreprise produit de manière
optimale étant donnée la production de l’autre, ce qui indique donc qu’il est déterminé à
l’intersection des deux courbes de réaction voir graphique ci-dessus.
L’équilibre de Cournot (qi*, qj*) est tel que :
qi * = fi ( qj *)

qj * = fj ( qi *)
b. Le duopole de Stackelberg

Henrich Von Stackelberg a proposé en 1934 le troisième modèle principale de l’oligopole


appelé modèle de Stackelberg du leader - suiveur. Dans ce modèle, les entreprises fixent la
production mais l’une d’entre elles prend sa décision avant les autres. La première s’appelle
le leader et les autres des suiveurs.

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*Hypothèses du modèle

L’analyse précédente confère à chaque membre du duopole un rôle symétrique. L’équilibre


est modifié si les deux producteurs n’ont pas la même influence sur le marché supposons avec
stackelberg* que le marché soit organisé de marnière hiérarchique avec une firme dominante
– ou leader – qui choisit sa production en premier et un entreprise satellite qui adapte son offre
de façon à maximiser son profit. Dans cette organisation de marché, le comportement du
satellite peut être alors décrit à l’aide de sa fonction de réaction. La firme dominée qui connaît
l’offre du leader choisit son offre optimale comme dans l’analyse de Cournot. En revanche, la
place de la firme dominante dans la hiérarchie modifie son mode de décision. Décidant en
premier de sa production, le leader va devoir choisir sa production optimale en tenant compte
de la réaction prévisible du satellite
*Détermination de l’équilibre de Stackelberg
Il est intéressant de comparer les solutions optimales des duopoles de Cournot et de
Stackelberg. Pour cela, reprenons la figure 10 traçons les courbes d’isoprofit de l’entreprise
dominante et les de la réaction des deux firmes (fig. 11).

Sachant que la firme satellite décide de sa production en choisissant un point de sa fonction de


réaction, la firme dominante décide de sa production de façon à maximiser son profit.
L’équilibre est donné au point S par tangence de la courbe d’isoprofit de l’entreprise
dominante et de la fonction de réaction du satellite. En ce point, le satellite adopte un point de
sa fonction de réaction et de firme leader obtient le profit le plus élevé possible.
Par rapport à l’équilibre caractérisé par Cournot, point C du graphique avec les productions
Qdc et Qsc, la solution de Stackelberg au point S avec les productions Qds et Qss et met en
évidence un équilibre favorable à la firme dominante qui augmente le son profit aux dépens
du satellite (le point S est situé sur une courbe d’isoprofit plus basse que le point C). L’équilibre
présente en outre une caractéristique intéressante puisque la production de la firme dominante
n’est pas la réponse optimale à l’offre du satellite. Remarquons, en effet, que le point S du
graphique précédent n’appartient pas à la fonction de réaction du leader : en d’autres termes,
pour la production Qss du satellite, la fonction de réaction de la firme dominante indique une
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production optimale du leader inférieur à Qds. Ce résultat peut être interprété en termes de
comportement de prédation et de barrière à l’entré. Parce ce que la firme dominante choisit la
première le niveau de sa production, elle peut contraindre le satellite à une adaptation passive.
Il est alors rationnel pour le leader de choisir un niveau de production qui limite la taille de la
production de son concurrent et réduit la concurrence sur le marché. Analytiquement on
commence d’abord par résoudre le problème de l’entreprise 2 ce qui permet d’obtenir sa
fonction de réaction cela revient donc à :
Max 2 (q1q2 ) = P(Q)q2 − C(q2 )

CPO

 2
= 0  P(q1 + q2 ) + P ' (q1 + q2 )q2 = 0
q2

 q2 = f 2 (q1 ) La fonction de réaction de l’entreprise 2. La firme 1 appelé leader choisit ensuite


sa quantité q1 qui maximise son profit sous la contrainte de la fonction de réaction de
l’entreprise 2.

 Max 1
 = P(q1 + f 2 (q1 ))q1 − C (q1 )
 s / cq2 = f 2 (q1 )

CPO

 1 q1* = f1 (q2* )
=0 *
q1 q2 = f 2 (q1 )
*

A l’équilibre de Stackelberg, on montre que le profit du leader est plus grand que celui du
suiveur. En comparant les profits de deux entreprises avec ceux obtenu à l’équilibre de Cournot,
on obtient que le profit du leader est plus grand que celui de l’équilibre de Cournot mais
celui du suiveur est plus petit que celui obtenu à l’équilibre de Cournot.

c. Bertrand et la concurrence en prix


L’analyse de Cournot était en avance sur son temps. En effet, ce n’est qu’en 1883 c’est-à-dire
45 ans après la publication de son livre que celui-ci commença à attirer l’attention. Le premier
critère lui fut adressé par Joseph Bertrand pour qui le prix sur le marché oligopolistique
devrait être fixé par les entreprises faute de quoi on ne comprendrait pas comment il pouvait
être déterminé.
Pour Bertrand, ces différentes analyses sont contestables. Supposons en effet que les deux
producteurs, loin de raisonner en termes de quantité cherchent à restaurer une concurrence en
termes de prix. A partir de deux équilibres précédents, il suffit à l’un des producteurs d’abaisser
son prix d’un montant infime pour attirer toute la clientèle du marché et, en augmentant sa part
du marché, améliorer son profit aux dépens de son concurrent. En réponse à cette première
baisse, le second producteur est à son tour incité à diminuer son prix La compétition par les
prix peut alors se poursuivre jusqu’à l’annulation des profits ; le prix serait alors identique au

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minimum du coûte moyen de long terme. Un tel résultat dépend cependant implicitement de
la capacité des firmes à satisfaire seules la demande totale du marché.
Dans ce modèle chaque entreprise considère que les prix de ses rivales sont fixés, et qu’en
réduisant légèrement le sien par rapport à celui des autres, elle peut s’emparer de la totalité du
marché. A l’équilibre de Bertrand, les entreprises font des profits nuls et aucune ne peut
accroître son profit en augmentant ou en diminuant le prix. Cette situation est appelée
paradoxe de Bertrand.

3- CARTEL ET COLLUSION EN DUOPOLE

L’analyse précédente étudie ce que l’on appelle généralement des équilibres non coopératifs.
Dans ces équilibres, chacun cherche à tirer le maximum de profit de son activité sans se
concerter avec son concurrent. Pourtant, il est clair qu’un accord entre les deux producteurs
pourrait conduire à une amélioration du total. Représentons sur un même graphique les courbes
d’isoprofit des deux entreprises (fig. 12). La solution non coopérative obtenue en duopole de
Cournot se situe au point C, à l’intersection des deux fonctions de réaction. Supposons que les
firmes s’entendent pour réaliser une production conforme au point E (système de quotas). On
voit que les courbe d’isoprofit se rapprochent des axes, ce qui traduit l’augmentation
simultanée du profit des deux entreprises par rapport à la solution de Cournot. Le profit peut
donc être amélioré si chacune s’engage à réduire sa production.

Quand la formation d’une entente ou d’un cartel*est possible, la recherche du profit optimal
ne passe pourtant plus nécessairement par la maximisation du profit de chaque producteur. Il
peut être en effet préférable de chercher la maximisation du profit de l’ensemble des deux
producteurs (quelle que soit la répartition de ce profit entre les firmes), quitte à envisager
ultérieurement une redistribution des profits.

D’une manière générale, si les fonctions de coût des deux entreprises sont notées C1 (q1 ) et
C2 ( q2 ) et si la fonction inverse de demande s’écrit P(Q) avec Q = q1 + q2 ,la somme des profits
des deux entreprises est notée par :
 (q1q2 ) = RT (q1 + q2 ) − C1 (q1 ) − C2 (q2 )

Où RT (Q) désigne la recette totale du cartel, définie par :

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RT (Q) = p(Q)Q

Le cartel choisit les quantités q1 et q2 qui maximise le profit total. Ceci conduit aux conditions
du premier ordre suivantes :
 RT C1
= − = 0  Rm1 = Cm1 (1)
q1 q1 q1

 RT C2
= − = 0  Rm2 = Cm2 (2)
q2 q2 q2

RT RT
Comme = = Rm alors les conditions (1) et (2) peuvent donc être réécrites comme
q1 q2
suit : Rm = Cm1 = Cm2

La solution de cartel conduit donc à l’égalité de la recette marginale et des coûts


marginaux dans chaque entreprise.
Si les fonctions de coût des deux producteurs sont identiques, la solution coopérative obtenue
dans le cadre du cartel conduit les producteurs à réaliser les mêmes productions et à percevoir
des profits identiques. La répartition de la production et des profits ne sera cependant pas aussi
simple si les fonctions de coût sont différentes (ce qui traduit le recours à des technologies
différentes) dans ce cas, en effet, le cartel imposera au producteur dont les coûts sont les plus
élevés une production plus faible que celle de l’équilibre de Cournot.

La répartition des profits peut alors être modifiée au profit de l’entreprise dont les coûts de
production sont de plus faibles et aux dépens de l’autre producteur. Pour que la formation du
cartel soit acceptable, l’accord de collusion doit donc prévoir une règle de rétrocession des
profits afin que chaque participant y trouve son avantage.
Enfin, si la constitution d’un cartel semble avantageuse pour les deux participants, on notera,
cependant, que l’accord de coopération est victime d’une contradiction interne. Concrètement,
en effet, aucun des participants n’a intérêt à respecter les l’accord. Si l’une des entreprises
accroît son activité alors que l’autre respecte l’accord, la première est certaine d’accroître son
profit. Chaque producteur est donc incité à tricher et augmenter à sa production. En
conséquence, un cartel ne peut fonctionner que s’il existe un ensemble de procédures
permettant de déceler et de punir toute situation de tricherie.

4- Oligopole
Par définition, un régime d’oligopole est caractérisé par la confrontation sur le marché d’un
petit nombre de producteurs et d’un grand nombre de consommateurs. Le traitement analytique
de ce régime de marché peut être réalisé par simple généralisation de l’analyse du duopole.

Quand un petit nombre d’entreprise interviennent sur le marché, on peut en effet admettre que
chaque producteur connaît la fonction de réalisation de ses concurrents. Il peut alors en déduire
son comportement optimal. Suivant l’organisation du marché, on retrouvera l’analyse de
Cournot. (Les producteurs prennent simultanément leur décision de production) ou celle de
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Stackelberg (une firme dominante choisit la première sa production optimale et les autres
firmes s’ajustent). Nous ne retiendrons ici que la première de ces deux approches.

Oligopole et extension de l’analyse de Cournot


Considérons une situation d’oligopole avec n entreprises de même niveau hiérarchique, le
profit d’une entreprise i qui réalise la production Qi s’écrit :
𝜋i (Qi) = RTi(Qi) – CTi(Qi) = Qi p (Q 1 + … + Qn) – CTi(Qi)
Si l’entreprise cherche à maximiser son profit, considérant la production des autres
producteurs comme une donnée, les conditions du premier ordre imposent :
d𝜋i(Qi)/dQi = 0 ⇾Rmi(Qi) = Cmi(Qi)
d𝑝
⇾ p(Q1 + Q2 + ….. +Qn) = Cmi(Qi) – Qi
dQ𝑖

Cette condition d’optimalité permet implicitement de définir la fonction de réaction


Qi = Ψi(Q1,Q2,.. ,Qn) qui indique, pour chaque niveau de production de ses concurrents, la
production qui maximise le profit de la firme i établie pour les n entreprises, cette fonction de
réaction permet d’établir un système n équations et, conformément à l’analyse de Cournot, la
résolution de ce système livre la solution optimale pour chaque producteur. L’analyse du cas
particulier où les producteurs disposent de la même technologie et des mêmes fonctions de
productions permet de souligner certaines caractéristiques de l’équilibre en cas d’entrée
stratégique*.
Dans ce cas, en effet, les fonctions de réaction des n producteurs sont identiques et une solution
du système d’équation est obtenue lorsque chaque intervenant réalise la même production. Il
est alors possible de raisonner sur un seul producteur pour analyser les caractéristiques de cette
solution. Examinons la condition d’optimalité : pour maximiser leur profit, les producteurs
d𝑝
doivent retenir une production qui laisse une marge positive – Qi entre le prix p(Q1 + Q2
dQ
+…+Qn) et coût marginal de production Cmi(Qi). Pour un prix de marché donné, la production
de chaque producteur est donc inférieure en situation d’obligation d’oligopole à celle qui serait
réalisée en situation de concurrence, l’offre sera en revanche réalisée par un plus grand nombre
d’opérateurs.

a. Oligopole et entrée stratégique à long terme

A long terme, le jeu du marché suppose que la réaction d’un profit attire des producteurs
supplémentaires (l’hypothèse de libre entrée reste valide). L’entrée sur le marché de ces
nouveaux auteurs abaisse le prix d’équilibre et diminue les profits jusqu’à les annuler. Les
systèmes converge-t-il ver un régime de concurrence parfaite ?
Pour répondre à cette question, supposons que chaque nouvel entrant se comporte de manière
stratégique en essayant de définir sa production optimale compte tenu de la réaction prévisible
des autres opérateurs.
Sur la longue période, l’annulation du profit impose l’égalisation du prix et du coût moyen
de production. Or, à l’optimum de profit, le coût marginal doit être inférieur au prix, il doit
donc également être inférieur au coût moyen. Cela n’est possible qu’à gauche de l’intersection
entre les deux courbes des coûts. En d’autres termes, la production optimal Qo*de chaque firme

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doit être inférieur à la production optimale Qc* du régime concurrentiel. Pour ce niveau de
production, le prix p* est alors supérieur au prix d’équilibre concurrentiel (fig.13).

On observe ici les conséquences d’une entrée stratégique sur le marché. La prise en compte de
l’influence des autres producteurs sur le prix conduit à un équilibre de long terme dans lequel,
malgré la concurrence apportée par les nouvelles firmes, chacun produit des quantités moins
importantes à un prix plus élevé que dans le régime de concurrence parfaite.

Références

1. Picard (P.), Elements de microeconomie, Montchrestein, 1994


2. Varian(H.R.), Introduction à la microéconomie, De Boeck Université, 1994
3. Gabszewics(J), La concurrence imparfaite, Coll Reperes, La de Decouvertes, 1994.
4. Morvan (I.), Fondement d’economie Industrielle, Economica, 1985.
5. Tirole (J.) Theorie de l’organisation industrielle, Economica, 1995.

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EXERCICES D’APPLICATION

Exercices 1 :

Une Entreprise utilise une technologie de production formalisée par la fonction de


production suivante :

Q( K , L) = 2K 0.25 .L0.25

1. Calculer l’équation du sentier d’expansion, sachant que le taux de rémunération du


capital, r est de 1 unité de compte (uc), le taux de rémunération du travail w de 16 uc
et les facteurs fixes conduisent à un coût de 10 uc
2. Calculer la fonction de coût de cette entreprise.
3. Calculer le coût marginal et le cout moyen de cette entreprise.

Exercice 2 :

Soit deux entreprises en situation de duopole. La fonction de coût de l’entreprise 1 est :


1 2
C ( q1 ) = q12 et celle de firme 2 est : (q2 ) = q2 , q1 et q2 étant respectivement les quantités d’un
2
bien homogène produit par les firmes 1 et 2.
La production totale de ce bien dans l’économie est : q = (q1 + q2 ) . La fonction inverse de
demande sur ce marché s’écrit : p = −q + 100 , p étant le prix de l’output.
1. Calculer les fonctions de réaction des deux (2) firmes dans l’hypothèse d’une stratégie
de double satellitisme. Tracer les courbes.
2. En déduire l’équilibre de Cournot.
3. Calculer le prix, les quantités et les profits d’équilibre sur ce marché si l’entreprise 1
impose sa loi à l’entreprise 2 puis commenter.

Exercice 3 :
Soit un marché de duopole ou les 2 firmes (1 et 2) ont comme fonction de coût total :
C (q1 ) = 2q1
C (q2 ) = 4q2

Les produits sont différenciés et leurs fonctions de demande sont respectivement :

q1D = 50 − 2 P1 + 3P2
q2D = 60 + P1 + 4 P2
1. Déterminer les fonctions de réaction de prix de chaque firme.
2. En déduire l’équilibre.
3. Que se passe-t-il si la firme 1 décide d’imposer sa politique de prix à la firme 2

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