CERN

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Chapitre 2

Le LHC et le dédecteur ATLAS

ATLAS est un détecteur de particules conçu pour détecter à haute


énergie les résul- tats des collisions proton-proton, accélérées par le LHC
(the Large Hadron Collider) [44]. La structure, les paramètres et les mécanismes
du LHC et d’ATLAS, ainsi que le système des sous-détecters d’ATLAS sont
présentés dans ce chapitre.

2.1 Le LHC
Le LHC est un accélérateur et collisionneur circulaire des protons situé près
de Genève, au CERN. Il a une circonférence de 27 km et est installé sous
terre, à environ 100 m de pro- fondeur. Il est placé dans un tunnel
précédemment occupé par le collisionneur LEP (Large Electron Positron collider).
Le LHC est conçu pour produire des collisions proton-proton jus-

qu’à une énergie du centre de masse de s = 14 TeV et une luminosité de L =
1034 cm−2s−1.
Le LHC peut également faire entrer en collision des ions lourds, en particulier des
noyaux de plomb, avec une énergie de 2.8 TeV par nucléon et une luminosité
de 1027 cm−2s−1.

2.1.1 Les Objectifs


Le LHC permet de réaliser une grande variété d’études en physique des
particules. Ici, ils sont synthétisés en trois objectifs généraux :

— L’objectif principal est la recherche de nouvelles particules, particules


prédites par les théories supersymétriques et d’autres prédites par des
modèles plus exotiques. L’éner- gie du faisceau au LHC permettra
d’explorer jusqu’à quelques TeV.

— Étudier avec une grande précision les processus physiques du Modèle


Standard (MS). Le LHC est une grande source de quarks b, de quarks top,
de bosons vecteurs, entre autres particules et processus physiques. Il
permettra par exemple d’améliorer les mesures des masses du quark top
et du boson W, et de leurs sections efficaces de production. La grande
quantité de hadrons B produits permet d’étudier la violation CP et de
détermi- ner avec une plus grande précision les paramètres de la matrice
CKM. Les déviations de ces mesures de précision par rapport aux
prédictions du modèle standard seraient des

1
Figure 2.1 – Vue schématique de la chaîne d’accélérateurs du

LHC preuves indirectes d’une nouvelle physique.

— Etude de l’interaction forte dans un plasma quark-gluon. Les collisions


d’ions lourds au LHC produisent un état de la matière avec une densité
d’énergie et une température extrêmement élevées. À cet état, les quarks
et les gluons ne devraient plus être confinés à l’intérieur des hadrons. Cet
état est ce qu’on appelle le plasma quark-gluon.

2.1.2 Système d’accélération


Quatre étapes d’accélération sont nécessaires pour injecter
efficacement des faisceaux de protons dans le LHC.

— Les protons dérivés de l’hydrogène gazeux déclenchent l’accélération


du LINAC (un accélérateur linéaire de 80 mètres de long), qui accélère
les protons à 50 MeV.

— Les protons entrent dans le Proton Synchrotron Booster (PSB), un


accélérateur circu- laire de 157 mètres de périmètre et sont accélérés
jusqu’à 1,4 GeV.

— Des protons sont injectés dans le deuxième accélérateur circulaire de


628 m de circon- férence, Proton Synchrotron (PS). L’énergie est
améliorée jusqu’à 26 GeV.

— La dernière chaîne est le Super Proton Synchrotron (SPS) de 6,9 km de long


pour accé- lérer les protons à 450 GeV avant de les transférer vers
l’anneau principal du LHC.

Le faisceau dans un tube circule dans le sens des aiguilles d’une


montre tandis que le faisceau dans l’autre tube circule dans le sens inverse des
aiguilles d’une montre, les deux sont accélérés par huit cavités radiofréquence
(RF) le long de l’axe du faisceau. Il faut 4 minutes et 20 secondes pour remplir
chaque anneau du LHC, et 20 minutes pour que les protons atteignent

2
leur énergie maximale. Limitée par la stabilité opérationnelle des aimants dipôles
de courbure et du rayonnement synchrotron, l’énergie de faisceau maximale
atteinte est de 6,5 TeV. Puis ces deux faisceaux de 6,5 TeV sont amenés en
collision à ue énergie de centre de masse de 13 TeV, à l’aide d’aimants
multipolaires d’ordre supérieur, dans quatre détecteurs, ATLAS, CMS, LHCb et
ALICE, tel que :

— le détecteur ATLAS [1] (A Toroidal LHC ApparatuS) : ATLAS est un


détecteur à usage général. Il est conçu pour identifier la plupart des
produits de collision pp dans une large gamme d’énergie. Il tire
pleinement parti de la grande luminosité offerte par le LHC pour
couvrir une large gamme du programme de physique du LHC.

— Le détecteur CMS [2] (Compact Muon Solenoid) : CMS cible la même


physique que le détecteur ATLAS mais en utilisant une technologie
différente. Sa conception est basée sur un aimant supraconducteur
générant un champ magnétique de 4 T , et un système de tracking puissant
pour identifier précisément les traces et mesurer leur impulsion, en
particulier dans le cas des muons. En tant que deux expériences distinctes
avec des détecteurs différents, les expériences ATLAS et CMS sont
indépendantes et complémen- taires. Chacun d’eux peut fournir une
confirmation de la découverte de particules par l’autre expérience et les
ensembles de données peuvent être combinés pour une préci- sion accrue.

— le détecteur LHCb [4] (LHC beauty) : LHCb est dédié à la physique des
saveurs lourdes et la recherche d’effets au-delà du Modèle Standard via une
mesure précise des particules "beauty" (contenant un quark b) et de leurs
produits de désintégration. Ces particules étant émises, lors des collisions
des faisceaux, préférentiellement dans des directions voisines du
faisceau, le détecteur LHCb est spécialement conçu pour les observer
à « petit angle ». Il est disposé autour du tube à vide de l’accélérateur,
dans une seule di- rection par rapport au croisement des faisceaux.
LHCb s’est doté d’un dispositif très performant capable de comparer la
matière et l’anti-matière avec une précision inéga- lée.

— Le détecteur ALICE [3] (A Large Ion Collider Experiment) : ALICE se


concentre sur les mesures QCD pour la description de la matière en
interaction forte et du plasma quark- gluon à de grandes densités d’énergie
et à haute température dans des collisions d’ions.

— le détecteur TOTEM [54] (TOTal Elastic and diffractive cross section


Measurement) : TO- TEM est une expérience indépendante de faible
luminosité 2 1029 cm−2s−1 mais intégrée dans la ∼ zone du détecteur
CMS. Il vise à mesurer la section efficace totale pp et à la
compréhension de la structure du proton par diffusion élastique.

— le détecteur LHCf [36] (LHC forward) : Le LHCf est un petit détecteur


placé de part et d’autre du détecteur ATLAS à 140 m du point
d’interaction pour la détection des particules neutres dans les régions
avant. Son objectif est de contraindre les modèles d’interaction utilisés
pour la description des gerbes atmosphériques induites par les rayons
cosmiques de très haute énergie frappant l’atmosphère.

3
2.1.3 Luminosité
Pour décrire le nombre d’événements ou de processus de diffusion (Nevent)
introduits dans l’expérience, un paramètre critique, la luminosité L est défini
:

Nevent = Lσevent

(2.1)

où σevent est la section efficace du processus inélastique étudié. La luminosité


ne dépend que des paramètres du faisceau, en considérant une distribution de
faisceaux gaussiens, peut être écrit comme :
2b
N
nbfrevγr (2.2)
L=
4πϵnβ∗
Nb et nb correspondent au nombre de particules par paquet et au nombre de
paquets par fais- ceau. frev désigne la fréquence de révolution des particules
accélérées, γr est le facteur relati- viste E/mprton, ϵn l’émittance normalisée du
faisceau transversal, β∗ la fonction bêta au point de collision, et F est le
facteur de réduction de luminosité dû à la géométrie des faisceaux au point
d’interaction (IP).
Les luminosités de conception pour34 les−2collisions pp dans les quatre
expériences prin- cipales du LHC sont 10 cm s−1
pour ATLAS et CMS, 1032
cm s pour LHCb et 10 cm s pour ALICE.
−2 −1 30 −2 −1

2.2 Le détecteur ATLAS


ATLAS est l’un des détecteurs les plus grands et les mieux conçus pour
l’étude générale de la frontière de la physique des particules, y compris la
validation et le développement d’un modèle standard, recherche le boson de
Higgs et au-delà du modèle standard. Toute la lumi- nosité fournie par le LHC est
prise dans cet instrument à géométrie cylindrique symétrique de 44 mètres de
long et 25 mètres de haut. En tant que système de détection complexe, ATLAS se
compose principalement d’un système de coordonnées, du détecteur interne, du
calorimètre électromagnétique et hadronique, du spectromètre à muons, du
système de déclenchement et du système d’acquisition de données. Chacun de
ces sous-détecteurs joue un rôle essentiel dans la précision et la sensibilité
de la détection des objets et des énergies après collision. À partir du point
d’interaction, les traces des particules chargées sont enregistrées dans le détec-
teur interne (ID). Ensuite, les particules pénètrent dans les calorimètres
électromagnétiques et hadroniques, qui mesurent l’énergie et la direction des
particules déposées. Au-delà des calorimètres se trouve le spectromètre à
muons (MS), conçu pour capturer les muons.

2.2.1 Système de coordonnées


La figure 2.3 montre le système de coordonnées utilisé pour décrire les
traces des par- ticules dans le détecteur ATLAS. L’origine de ce système de
coordonnées est définie au point d’interaction (IP), où la collision se produit.
L’axe des abscisses positif pointe de la PI vers le centre de l’anneau du LHC,
tandis que l’axe des ordonnées pointe vers le haut à partir de la PI. La
direction du faisceau, qui est transversale au plan
− x y, définit l’axe z avec la
direction positive pointant vers LHCb. puisque ATLAS est de forme cylindrique, il
4
est également pra- tique de définir un système de coordonnées cylindrique. Dans
ce système, l’angle polaire θ est

5
Figure 2.2 – Schéma du détecteur ATLAS [15]

Figure 2.3 – Système de coordonnées utilisé dans ATLAS.

mesuré entre l’axe z et le plan x − y et l’angle azimutal ϕ est mesuré à partir


de l’axe x autour du faisceau dans le plan x − y.
La variable de pseudorapidité η définie par l’équation 2.3 est utilisée
pour décrire la trajectoire des objets dans le détecteur,

θ
η = −ln tan 2

(2.3)
Il ne dépend que de l’angle θ, mais il peut également être défini en termes
d’impulsion de la
6
particule comme dans l’équation 2.4 :
1 |p| + pz
η = ln

(2.4)
2 |p| − pz
Il convient de noter que la rapidité d’une particule est définie par l’équation 2.5 :
1 E + pz
η = ln

(2.5)
2 E − pz
La distance angulaire ∆R entre deux objets dans le détecteur est
généralement définie dans l’espace x-y par l’équation 2.6 :

∆R = (∆η)2 + (∆ϕ)2
(2.6)
La quantité de mouvement transverse, pT , est définie dans le plan x − y par
l’équation 2.7 :
pT = |p| sin θ

(2.7)

2.3 Système d’aimants


Le système d’aimants d’ATLAS se compose d’un solénoïde central et de
trois aimants toroïdaux comme illustré à la figure 2.4

Figure 2.4 – Le système d’aimants d’ATLAS [15]

7
2.3.1 Le solenoïde central
Le solénoïde fournit un champ magnétique de 2 T pour le détecteur interne,
qui se trouve à l’intérieur. Le champ magnétique est parallèle à l’axe du
faisceau, par conséquent, les par- ticules chargées sont courbées dans le
− solénoïde mesure 5.8 m de long et
plan x y, changeant leur direction ϕ. Le
a un diamètre d’environ 2.5 m.

8
Une contrainte importante pour la conception du solénoïde était de
conserver une faible quantité de matière devant le calorimètre
électromagnétique. Par conséquent, le solénoïde consiste en une bobine
monocouche d’un supraconducteur en niobium-titane (NbTi) stabi- lisé par
Al, qui permet de produire le champ magnétique élevé tout en gardant le
solénoïde mince. De plus, il partage le système cryogénique et de vide avec le
canon du calorimètre élec- tromagnétique, afin d’éviter d’avoir des parois
supplémentaires entre les deux composants et donc de minimiser la quantité de
matière. De cette façon, le solénoïde ne constitue qu’environ 0,66 longueurs de
rayonnement X0 pour les particules à l’incidence normale.

2.3.2 Les toroïdes tonneaux et bouchons


Les toroïdes tonneaux et bouchons produisent des champs magnétiques
d’environ 0,5 T et 1 T , respectivement, pour le détecteur à muons. Ces
aimants toroïdaux sont constitués chacun de huit bobines supraconductrices
agencées pour former des cylindres, comme illustré à la figure 2.4. La toroïde
tonneau a une longueur de 25,3 m et des diamètres intérieur et extérieur
de 9,4 m et 20,1 m respectivement. Tandis que les toroïdes d’extrémité
mesurent 5 m de long et ont des diamètres intérieur et extérieur de 1,65 m et
10,7 m. Les lignes de champ magnétique font de grands cercles autour de l’axe
du faisceau, et ainsi les muons sont courbés en changeant leur direction η.

2.4 Le détecteur interne


Le détecteur intérieur (ID) d’ATLAS couvre | la
| région η < 2.5, mesurant
6,2 m de long avec un rayon total de 2,1 m. Ses principaux objectifs sont
donnés ci-dessous :

— mesure précise de la quantité de mouvement transverse et du paramètre


d’impact de la particule chargée qui le traverse

— reconstruction des vertex primaires et secondaires

— discrimination entre électrons et photons

— identification les jets-b (b-jets) et les leptons τ .

La représentation graphique du détecteur interne (ID) [31] est illustrée


à la Figure 2.5. les figure 2.6 et 2.7 représentent un schéma en perspective du
passage d’une particule chargée dans le détecteur interne tonneau (η < 0, 3)
et bouchon (η = 1.4, η = 2.2).
Le détecteur intérieur combine des détecteurs à haute résolution dans sa
région interne avec d’autres systèmes de trajectographie dans ses couches les
plus externes. La structure est entièrement englobée à l’intérieur du solénoïde
interne, fournissant un champ magnétique nominal d’environ 2 Tesla le long
de l’axe du faisceau, z. Etant donné le champ magnétique solénoïdal, la

mesure est effectuée sur le plan R ϕ : chaque piste traverse trois couches
de pixels et quatre couches de trajectographes à semi-conducteur fournissant
quelques coups mais de haute précision et il croise un Trajectographe à
Rayonnement de Transition (TRT) dans la région externe du détecteur où il
produit un nombre très important de coups avec une précision légèrement
inférieure.

9
Figure 2.5 – Représentation graphique du détecteur intérieur d’ATLAS
[31]

Figure 2.6 – Schéma en perspective du passage d’une particule chargée


dans le détecteur interne tonneau (η < 0, 3)

10
Figure 2.7 – Schéma en perspective du passage d’une particule chargée
dans le détecteur interne bouchon (η = 1.4 et η = 2.2)

La localisation proche du détecteur interne par rapport au point


d’interaction implique également que ce sous-détecteur reçoit une quantité
importante de rayonnement lors de la prise de données. La mesure de
précision doit être effectuée avec une granularité fine du détec- teur pour
répondre aux exigences de résolution de l’impulsion et du vertex. Cette
performance est obtenue en combinant trois sous-systèmes.

2.4.1 Détecteur à pixels


Le détecteur à pixels au silicium [67] est conçu pour effectuer des mesures
de très haute précision à proximité du point d’interaction. Ce système contribue à
la détermination des ver- tex et du paramètre d’impact et est donc utilisé pour
la recherche des vertex déplacés impli- quant des particules à longue durée
de vie telles que les hadrons B. Le système de détection de pixels se compose
de 80 millions de capteurs placés à une distance mutuelle de 50µm dans le plan R
ϕ et de 300
− m en z. Ils sont situés dans trois structures cylindriques dont le
rayon est respectivement de 4 cm, 11 cm et 14 cm en plus de cinq disques
(rayon entre 9 et 15 cm) pour chaque côté couvrant l’acceptation dans les deux
embouts. La couche la plus interne est appelée la couche-b (b-layer) : sa
distance au tube de faisceau est de 5 cm et il joue un rôle ∼ essentiel dans la
reconstruction des vertex secondaires et dans le jet b-tagging.
Ce détecteur est constitué d’environ 1500 modules distincts dans les
cylindres et 700 modules dans les disques. La résolution spatiale typique
− −
dans le plan R ϕ est σ(R ϕ) 12 µm et selon l’axe z, σ(z) 66 µm pour le
tonneau et σ(z) 77 ∼
∼ µm pour les disques externes (régions d’embout).
L’épaisseur de chaque couche devrait être d’environ 2,5% d’une longueur de
rayonnement à une incidence normale. Typiquement, trois couches de pixels sont
traversées par chaque piste.
Afin de garantir une bonne performance du système de pixels contre les
dommages de rayonnement provoqués par les collisions de faisceaux, l’ensemble
du sous-détecteur est re- froidi à environ −10 C.

11
2.4.2 Trajectographe à semi-conducteurs
Le trajectographe à semi-conducteurs (SCT, Semi-Conducteur Tracker) est
conçu pour fournir huit mesures de précision pour chaque voie dans la zone
intermédiaire (299 nm < r < 514nm) contribuer au calcul des moments
transversaux, vertices ainsi que la reconnaissance de trajectoire de
particules chargées dans la région η < 2.5. | La
| technologie employée pour le
sous-détecteur SCT est assez similaire à celle des pixels mais la surface est
segmentée en bandes plutôt qu’en pixels afin de réduire le nombre global
de voies de lecture. Il y a 768 bandes avec une distance mutuelle de 80 µm.
Chaque module SCT est composé de deux paires de plaquettes groupées
±
placées dos à dos, assemblés avec un angle d’ouverture de 20 mrad par
rapport à leur centre géométrique. Chaque plan de détection est segmenté en 770
bandes de 12 cm de long et 80 m de large. La résolution−spatiale dans le
∼ de 16 µm et sur l’axe z 580 µm. Les modules cylindriques du
plan R ϕ est
tonneau sont montés sur quatre cylindres en fibres de carbone tandis que les
modules dans les embouts sont assemblés sur neuf disques externes. Les signaux
électroniques sont amplifiés et traités avec des filtres discriminants, ceux au-
dessus d’un certain seuil sont enregistrés dans un tampon transitoire. Le
trajectographe à semi-conducteurs contient un nombre total d’environ 6,2
millions de canaux de lecture pour une surface totale d’environ 63 m2.

2.4.3 Trajectographe à rayonnement de transition


La partie externe du détecteur interne est le trajectographe à rayonnement
de transition (Transition Radiation Tracker (TRT)) [14] constitué de 350848 micro-
tubes remplis de xénon, dioxyde de carbone et dioxygène (70, 27 et 3%) et
offrant une couverture jusqu’à η < 2.0 pour un éloignement au faisceau | | jusqu’à
108 cm. Chaque tube a un diamètre de 4 mm, une longueur de 144 cm (37 cm dans
les bouchons) et est muni d’une anode (fil de tungstène) enrobée d’or de 31 m de
diamètre, l’espace entre ces tubes étant comblé par du polypropylène. Ils sont
dispo- sés parallèlement aux faisceaux dans la partie tonneau et verticalement
dans les bouchons en 73 et 160 couches, respectivement. Les particules chargées
traversant le matériau diélectrique émettent un rayonnement de transition
absorbé par le gaz dont l’ionisation fournit des infor- mations sur le passage de la
particule. La quantité de rayonnement de transition dépendant du facteur
relativiste γde la particule incidente, le nombre de points d’ionisation importante,
plus élevé pour les électrons que les muons grâce à leur masse plus faible, permet
son identification. Le signal laissé par particules légères étant plus important que
pour les particules lourdes, un seuil de détection de l’électronique front-end
permet la discrimination des traces laissées par des électrons ou des hadrons.
La faible résolution spatiale de 130 µm se voit compensée par le grand nombre de
points laissés par une trace (en moyenne 36). La longueur des traces permet en
effet une bonne résolution de l’impulsion transverse grâce à un effet de
levier important.

2.5 Les Calorimètres


Les particules entrent dans les calorimètres après avoir traversé le
détecteur interne pour mesurer la perte d’énergie. Les calorimètres
permettent d’arrêter toutes les particules à l’ex- ception des muons et
neutrinos. Le système de calorimétrie d’ATLAS comprend deux sections : le
calorimètre électromagnétique (EM) et le calorimètre hadronique. La structure
du système
12
Figure 2.8 – illustration des calorimètres d’ATLAS

de calorimétrie est illustrée à la Figure 2.8. Le calorimètre EM couvre


| | la région
de η < 3.2, me- sure l’énergie des électrons et des photons. Le calorimètre
hadronique est capable de mesurer l’énergie des hadrons à |η| < 4.9, à l’aide de
différents types de calorimètres.

2.5.1 Le Calorimètre électromagnétique


Les calorimètres électromagnétiques sont des détecteurs à argon liquide
(LAr) avec des électrodes en accordéon et des absorbeurs en plomb, composé de
deux demi-tonneaux iden- tiques ( η < 1.475) et deux bouchons d’extrémité
(1.375 |<| η < 3.2). Les demi-tonneaux mesurent 6,4 | | m de long et ont des
rayons intérieur et extérieur de 1,4 m et 2 m. Chacun des bouchons
d’extrémité est constitué de deux roues coaxiales, avec rayon interne et externe
de 330 mm et 2098 mm. La géométrie en accordéon offre une symétrie et une
couverture complète en ϕ et une lecture rapide, alors qu’il| y| a des fissures le
long de η, à η = 0 (la frontière de deux demi-tonneaux), 1, 37 < η < 1, 52
| | | |
(entre partie bouchons et tonneaux), et à η = 2, 5 (la limite de la roue de
l’embout intérieur et extérieur).
L’épaisseur totale du calorimètre EM est de 22 longueurs de rayonnement
(X0), passant de 22 X0 à 33 X0 dans le tonneau et variant de 24 X0 à 38 X0
dans les bouchons d’extrimités. Les calorimètres EM ont des échantillonnages
longitudinaux, trois dans la région de mesure de précision (0 < η < 2, 5) et
| |
deux dans la région vers l’avant (2, 5 < η < 3, 2). De plus il| |y a une couche
LAr individuelle sans absorbeur avant le calorimètre EM couvrant la région X <
1,8 pour récupérer l’énergie perdue dans le matériau amont (cryostat,
supraconducteur, bobine, détecteur interne, etc.). L’épaisseur des 1er, 2me
et 3me se rapproche de 4 X0, 16 X0 et 2 X0 respectivement, par conséquent, la
majorité de l’énergie (jusqu’à 50 GeV) est déposée dans le 2ème
échantillonnage. Le 2ème échantillonnage a une taille de cellule de ∆η× ∆ϕ =
0.025 ×0.025, fournissant des coordonnées X-Y significatives. Le 1er
échantillonnage aussi nommé "strip" a une granularité plus fine en η mais
relativement grossière en ϕ. La granularité η du 1er échantillonnage est 8, 6, 4,
2.5 fois celle du 2me échantillonnage, variant à |η| = 1.8,
13
Figure 2.9 – Segmentation dans la région centrale du calorimètre
électromégnétique

2.0, 2.2, 2.5, tandis que la granularité ϕ est de 1/4. Cette géométrie spéciale
"strip" améliore fortement la résolution η donc l’identification de photon/τ , qui
n’est pas sensible à la résolution ϕ en raison des photons convertis. Le 3e
échantillonnage est organisé avec des cellules de taille
∆η ×∆ϕ = 0.050 0; 025 . Elle capte la queue de la gerbe électromagnétique,
donc moins segmentée en η.
Les particules entrant dans le calorimètre EM interagissent avec les
absorbeurs et gé- nèrent des gerbes. Dans chaque cellule, les électrons
d’ionisation dérivent vers l’électrode sous haute tension de 2000 V, induisant un
signal proportionnel à l’énergie déposée. Ainsi les éner- gies et les positions des
gerbes sont enregistrées par les cellules de tous les prélèvements, localiser
avec précision le point d’interaction et donner des références pour l’identification
et l’isolement des électrons/photons.

2.5.2 Le Calorimètre hadronique


Le calorimètre hadronique est situé à l’extérieur du calorimètre EM et
s’étend jusqu’à η = 4, 9. Il vise à différencier les gerbes des électrons et
| |
photons qui pénètrent moins pro- fondément. Il se compose de deux parties
:

calorimètres en tuiles (Tile)

Est placé directement à l’extérieur de l’enveloppe du calorimètre EM. ça


partie tonneau couvre la région η < 1, et ces deux parties bouchons couvrent
| | | |
0.8 < η < 1.7. C’est un calo- rimètre d’échantillonnage utilisant des tôles d’acier
de 14 mm d’épaisseur comme absorbeur et des tuiles scintillantes de 3 mm
d’épaisseur comme matière active. Radialement, le calorimètre
14
en tuiles s’étend de R = 2.28 à 4.25 m. Il est segmenté en profondeur en trois
couches, environ 1.5, 4.1 et 1.8 X0 d’épaisseur pour la partie tonneau et 1.5,
2.6 et 3.3 X0 pour les parties bou- chons. L’épaisseur totale du détecteur au
bord extérieur de la région instrumentée par tuiles est de 9,7 X0 à η = 0. La
granularité est ∆η × ∆ϕ = 0.1 × 0.1 pour les deux couches les plus
internes et 0; 2 × 0.1 pour le plus éloigné.

Le bouchon hadronique

Le HEC (Hadronic End Cap) est situé directement derrière le calorimètre


électromagné- tique bouchon, et partage les mêmes cryostats que LAr. Il
s’étend de η = 1.5 à 3.2, Chaque roue est divisée en | deux | segments en
profondeur, pour un total de quatre couches par embout. Les roues les plus
proches du point d’interaction sont constituées de plaques de cuivre paral- lèles
de 25 mm d’épaisseur, tandis que ceux plus éloignés utilisent des plaques de
cuivre de 50 mm d’épaisseur. Le rayon extérieur des plaques de cuivre est de
2,03 m, tandis que le rayon intérieur est de 0,475 m (sauf dans la zone de
recouvrement avec le calorimètre avant où ce rayon devient 0,372 m). La
granularité est ∆η× ∆ϕ = 0.1 × 0.1 pour 1.5< |η| <2.5 et 0; 2 × 0.2
pour 2.5< |η| <3.2

Le calorimètre avant

Le FCAL (Forward CALorimeter) est situé dans le même cryostat que le bouchon
hadro- nique et le Bouchon d’extrémité électromagnétique LAr. Il est
d’environ 10 longueurs d’in- teraction de profondeur, et se compose de trois
modules dans chaque embout : le premier, en cuivre, est optimisé pour les
mesures électromagnétiques, tandis que les deux autres, en tungstène,
mesurent principalement l’énergie des interactions hadroniques. Chaque module
est constitué d’une matrice métallique, avec des canaux longitudinaux
régulièrement espacés remplis de la structure d’électrode constituée de tiges
concentriques et de tubes parallèles à l’axe du faisceau. Le LAr dans l’espace
entre la tige et le tube est le milieu actif. la granularité
est ∆η × ∆ϕ = 0.2 × 0.2.

2.6 Le spectromètre à muons


Le spectromètre à muons mesure les trajectoires et l’impulsion des muons.
L’impulsion est estimée à partir de la courbure de la trajectoire du muon
provoquée par le champ magné- tique fourni par les aimants toroïdaux. Une
vue de ce sous-détecteur est illustrée à la Figure
2.10. Il couvre la région |η| < 2.7.
Le spectromètre à muons est construit avec des détecteurs gazeux de
différents modèles. Tous fonctionnent sur le même principe, qui est également le
mécanisme de fonctionnement du TRT dans le détecteur interne. Un gaz est
ionisé lors du passage d’une particule chargée, et les ions et les électrons
dérivent vers les électrodes, générant un courant. Dans la partie tonneau,
ces détecteurs gazeux sont disposés sur de gros cylindres concentriques
autour de l’axe du faisceau, tandis que dans les parites bouchons, ils sont
situés sur de grands disques perpendiculaires à l’axe du faisceau. Il y a trois
couches principales dans la partie toneau et trois dans chaque partie
bouchons, chacune de ces couches est composée de différentes sous- couches de
détecteurs.

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Figure 2.10 – Disposition des chambres à muons et des aimants toroïdaux

d’ATLAS [15] Les différents modèles de détecteurs sont utilisés pour

répondre à différentes exigences.


Certains détecteurs fournissent des mesures de précision de la coordonnée
de piste dans la direction principale de flexion du muon (η), et d’autres
fournissent des informations rapides pour le système de déclenchement.
Les détecteurs assurant des mesures de précision sur η sont : MDT (Monitored
Drift Tubes) dans la partie tonneau et la partie externe des bouchons ( η < 2.0),
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et le CSC (Cathode Strip Chambers) dans la région avant (2.0 < η < 2.7). Les
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MDT ne fournissent des informations que dans la direction η, avec une
résolution d’environ 35 µm par chambre, tandis que les CSC mesurent les
coordonnées η et ϕ avec des résolutions de 40 µm et 5 mm, respectivement.
Les détecteurs fournissant des informations rapides au déclencheur sont
: Le RPC (Re- sistive Plate Chambers) dans la partie toneau, et le TGC (Thin Gap
Chambers) dans les parties bouchons. Ils délivrent des signaux avec un étalement
de 15-25 ns, qui satisfont aux exigences de temps. Ces détecteurs complètent
également les mesures des MDT en fournissant des in- formations dans les
deux directions, η et ϕ.
Dans ce grand spectromètre, l’alignement de la chambre et la connaissance
détaillée du champ magnétique sont des facteurs importants qui influent sur la
résolution pT . les chambres sont alignées en continu à l’aide d’un système de
12 000 dispositifs optiques. Le champ magnétique doit être connu avec une
précision élevée. Il est réalisé en surveillant le champ en continu avec un
système d’environ 1800 capteurs à effet Hall.

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