Cours de Procédure Pénale 2020-1-7

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


Département de droit privé

Professeur Yaya Bodian


FSJP – UCAD
[email protected]

À L’USAGE DE LA LICENCE 2
2020

1
2
Sommaire

Introduction
1ère PARTIE : LE CADRE GÉNÉRAL DE LA PROCÉDURE PÉNALE

CHAPITRE 1 : OBJET ET PRINCIPES DIRECTEURS DE LA PROCÉDURE PÉNALE

SECTION 1 : L’OBJET DE LA PROCÉDURE PÉNALE


SECTION 2 : LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA PROCÉDURE PÉNALE

CHAPITRE 2 : LES ORGANES DE LA PROCÉDURE PÉNALE

SECTION 1 : LES ORGANES DE POLICE


SECTION 2 : LES ORGANES DE JUSTICE

2ème PARTIE : LA CONDUITE DE LA PROCÉDURE PÉNALE

CHAPITRE 1 : L’ENQUETE ET L’INSTRUCTION

SECTION 1 : LA PHASE DE DEROULEMENT DE L’ENQUETE PENALE


SECTION 2 : L’INSTRUCTION PREPARATOIRE

CHAPITRE 2 : LE JUGEMENT

SECTION 1 : LES DIFFÉRENTES JURIDICTIONS DE JUGEMENT


SECTION 2 : LA DÉCISION RENDUE À L’ISSUE DU JUGEMENT

3
Introduction

***

La procédure pénale recouvre l’ensemble des règles relatives à la recherche et au


jugement des personnes poursuivies pour avoir commis une infraction. Elle est
particulièrement révélatrice des fondements d’une société et il n’est pas étonnant
qu’elle soit souvent l’objet de débats passionnés. Il s’avère en effet que l’application
des sanctions pénales dépend de l’issue de la procédure pénale. La mise en œuvre des
règles de procédure pénale a ainsi pour objet fondamentalement de parvenir à
découvrir les véritables auteurs d’infractions et les éléments matérialisant leur
commission.

Si la finalité du droit pénal général est de définir les comportements jugés contraires à
l’ordre social et d’en fixer les peines applicables, la procédure pénale vise, pour sa part,
à déterminer les modalités de la réaction sociale lorsqu’une infraction pénale est
supposée commise. La répression des infractions commises ne peut se faire en effet
que si leurs auteurs sont identifiés et les éléments de preuve réunis.

Dans son sens juridique la procédure renvoie à la « branche du droit qui a pour objet
de déterminer les règles d’organisation judiciaire, de compétence, d’instruction des
procès et d’exécution des décisions de justice ». Le droit de la procédure pénale est
dès lors constitué des règles de forme qui gouvernent la constatation des infractions
pénales, l’identification, l’appréhension et le jugement de leurs auteurs 1.

Certes, les formes de la réaction sociale sont variées et peuvent dépendre de la nature
des infractions et des personnes poursuivies, il n’en demeure pas moins que la
procédure pénale obéit à des principes fondamentaux 2 dont la vocation est de
permettre la protection des droits et libertés reconnus à la personne humaine.

L’étude de la procédure pénale s’attèle ainsi à permettre une bonne compréhension


des règles mises en place pour l’application des sanctions pénales. L’importance des
règles de procédure pénale est à la mesure de la lutte contre l’arbitraire et la violence
collective. Aujourd’hui, la procédure pénale est interpellée dans la lutte contre le crime
organisé et les menaces terroristes. Elle doit en effet permettre une réaction sociale
efficace, tout en garantissant les droits des individus.

Elle doit garantir les droits et libertés de la personne poursuivie, quelle que soit la
gravité du comportement et la nécessité d’en assurer la répression. La procédure
pénale détermine largement le modèle de vie collective adopté par une société. Ainsi

1 Dans ce sens, la procédure pénale peut être considérée comme synonyme de procès
pénal.
2 Ces principes seront présentés dans la seconde partie du cours.

4
dans les systèmes protecteurs des droits et libertés, la poursuite et le jugement des
infractions, quelle que soit leur gravité, s’exercent dans des conditions dont le non-
respect peut conduire à l’application des sanctions de la nullité.

La procédure pénale est ainsi conçue pour permettre la mise en œuvre des règles de
droit pénal général. Elle intéresse à ce titre tous les citoyens 3, en ce qu’elle s’évertue,
dans la répression des comportements déviants, de veiller à la garantie de droits et
libertés des citoyens. La conciliation des intérêts en jeux (intérêt social et intérêt
individuel) justifie la variété des modèles de procédure pénale4.

Il y a d’abord la procédure de type accusatoire. Comme son nom l’indique, elle fait
reposer les poursuites sur la victime de l’infraction. L’accusation est faite et démontrée
par cette partie au procès 5. De nature orale, publique et contradictoire, la procédure
accusatoire est réputée plus favorable à la protection des intérêts individuels.

Il y a ensuite la procédure inquisitoire qui, à l’opposé de celle accusatoire, s’évertue à


privilégier l’intérêt social. La poursuite est conduite par le ministère public qui jouit,
pour se faire, d’importantes prérogatives dans la direction du procès, la recherche et
l’appréciation des preuves. La procédure inquisitoire est secrète, écrite et non
contradictoire.

Ces deux procédures sont conçues pour prendre en charge des intérêts contradictoires,
de manière isolée. C’est ce qui explique que certains systèmes juridiques préfèrent un
modèle plus conciliant, qui associe les aspects de la procédure inquisitoire avec ceux
de la procédure accusatoire. La procédure mixte tente de réaliser cette conciliation. Le
code de procédure pénale consacre le système mixte qui se manifeste aussi bien en ce
qui concerne l’initiative des poursuites qu’au niveau du déroulement de la procédure.

En effet, l’initiative des poursuites appartient, en principe, au ministère public,


représentant de la société, conformément au système inquisitoire. Mais, en même
temps, la victime de l’infraction est habilitée à déclencher l’action publique, ce qui est
une manifestation du système accusatoire.

Relativement au déroulement de la procédure, le caractère mixte apparaît dans la


phase de jugement et dans la phase de l’instruction préparatoire. Le jugement est ainsi
marqué par le débat oral, public et contradictoire alors que, dans l’instruction
préparatoire, toute la procédure est secrète. Aux termes de l’article 11 du code de
procédure pénale, « Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice

3 L’on a ainsi l’habitude de dire que « la procédure pénale est faite pour tous, le droit pénal
général, pour le seul délinquant ».
4 C’est ce qui explique que le niveau de démocratie dans une société se mesure,
notamment, à la lumière de ses règles de procédure pénale.
5 La personne poursuivie se contente simplement de riposter.

5
des droits de la défense, la procédure au cours de l’enquête et de l’instruction est
secrète »6.

Les règles de procédure pénale sont essentiellement contenues dans le Code de


procédure pénale. Celui-ci a été adopté par la loi n°65-61 du 21 juillet 1965, plusieurs
fois modifiée7. Mais la procédure pénale a également et fondamentalement comme
sources la constitution et les conventions internationales. C’est ainsi que certains
principes directeurs du procès ont une base constitutionnelle. C’est l’hypothèse des
droits de la défense, de la présomption d’innocence dont la formulation résulte
notamment de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, considérée
comme partie intégrante du bloc de constitutionnalité.

En tout état de cause, les règles qui gouvernent la procédure pénale relève
essentiellement de la souveraineté de l’État. Celui-ci sera ainsi amené à organiser la
procédure applicable selon le modèle qui convient à la sauvegarde de l’ordre social et
à la protection des droits et libertés. C’est ainsi que les règles mises en place dans le
système sénégalais comportent plusieurs phases qui prennent en charge les différents
actes accomplis en vue de la constatation des infractions, l’identification, l’arrestation
et au jugement des auteurs. Ces actes sont accomplis dans un cadre déterminé, avec
les acteurs ou organes auxquels la loi confie les pouvoirs nécessaires à cet effet.

Le code de procédure pénale adopté en 1965 et encore en vigueur comprend deux


grandes parties consacrées à l’exercice de l’action publique (livre 1) et aux juridictions
de jugement (Livre 2). Il comporte un titre préliminaire consacré à l’action publique et
à l’action civile dont les conditions d’existence ont été réglementées. Cependant,

6 La loi n°2016-30 du 8 novembre 2016 modifiant le Code de procédure pénale (JO 6976
du samedi 26 novembre 2016 introduit, dans cet article 11, la possibilité pour le Procureur
de la république de tenir des points de presse pour communiquer ses des affaires en cours
d’enquête ou d’instruction.
7 La loi de 1965 a effet été successivement modifiée par les lois suivantes :
- loi n°66-18 du 1er février 1968 ;
- loi n°69-71 du 30 octobre 1969 ;
- loi n°75-114 du 20 décembre 1975 ;
- loi n° 77-32 du 22 février 1977 ;
- loi n°77-86 du 10 aout 1977 ;
- loi n°79-39 du 11 avril 1979 ;
- loi n°81-71 du 10 décembre 1981 ;
- loi n°81-77 du 10 décembre 1981 ;
- loi n°85-25 du 27 février 1985 ;
- loi n°92-32 du 04 juin 1992 ;
- loi n°99-88 du 3 septembre 1999 ;
- loi n°2000-39 du 29 décembre 2000 ;
- loi n°2007-04 du 12 février 2007 ;
- loi n°2007-05 du 12 février 2007 ;
- loi n°2008-23 du 25 juillet 2008 ;
- loi n°2008-50 du 23 septembre 2008 ;
- loi n°2014-28 du 27 octobre 2014 ;
- loi n°2016-30 du 08 novembre 2016.

6
l’étude de la procédure pénale conduit à cerner ses différentes phases certes, mais
aussi à une présentation de son objet.

Les phases du procès pénal se définissent dans le déroulement de la procédure pénale


(2e Partie) dont l’objet et le cadre doivent être, au préalable, bien appréhendés (1ère
Partie).

1ère Partie : LE CADRE GÉNÉRAL DE LA PROCÉDURE PÉNALE

- Existence de principes directeurs de la procédure pénale


- Encadrement de la procédure pour l’atteinte d’un objet précis
- Existence d’organes chargés de la mise en œuvre de la procédure pénale

CHAPITRE 1 : OBJET ET PRINCIPES DIRECTEURS DE LA PROCÉDURE PÉNALE

SECTION 1 : L’OBJET DE LA PROCÉDURE PÉNALE

- L’objet principal c’est l’action publique (Parag.1)


- L’objet accessoire c’est l’action civile pour la réparation du dommage causé par
l’infraction (Parag.2)

PARAGRAPHE 1 : L’OBJET PRINCIPAL : L’ACTION PUBLIQUE

L’action publique : « action pour l’application des peines »8 = article premier du Code
de procédure pénale.

- Nécessité de conditions pour le déclenchement de l’action publique.

- Conditions positives : les faits doivent être constitutifs d’une infraction 9. Ainsi,
l’action publique n’existe que si une infraction pénale a été commise : vol,
meurtre abus de confiance etc. Lorsque les faits ne supportent aucune
qualification pénale (faute civile par exemple) l’action publique n’existe pas 10.

- Conditions négatives : absence d’obstacles à l’existence de l’action publique.

8 Cf. art. 1er CPP.


9 Cette condition relative à l’infraction est étudiée dans le cadre du cours de droit pénal

général.
10Lorsque les faits ne constituent pas une infraction, l’Officier de police judiciaire ou le
procureur de la République doit classer le dossier sans suite. Le juge d’instruction saisi doit
rendre une ordonnance de non informer et la juridiction de jugement doit rendre une
décision de relaxe pure et simple.

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