PoC Word

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 27

Protection des personnes civiles dans les conflits armés

1. Définition du DCA

Le DCA est un ensemble de règles internationales d’origine conventionnelles ou coutumières


qui, pour des raisons humanitaires, cherchent à limiter les effets des conflits armés.
Egalement appelé droit international humanitaire (DIH) ou droit de la guerre, il protège les
personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités et limite les moyens et méthode de
guerre.

Le DCA est le droit dans la guerre (jus in bello) ; il régit la conduite des hostilités. Ce droit
est différent du droit de la guerre (jus ad bellum) qui régit le recours à la force dans les
relations internationales (art.2 de la Charte des Nations Unies).

Le DCA s’applique dans les toutes les situations de conflit armé indépendamment de son
origine, que l’état de guerre ait été déclaré ou pas.

2. Jus in bello, jus ad bellum

Il importe de distinguer le droit de faire la guerre (jus ad bellum, qui reste soumis à une
décision politique mais aussi à un cadre légal, c'est-à-dire la Charte des Nations Unies) et le
droit dans la guerre (jus in bello, qui règlemente toute situation de conflit armé).

Les deux termes latins jus ad bellum et jus in bello ont été forgés au XXème siècle. Le DCA
s’est développé à une époque où le recours à la force armée était une pratique licite dans les
relations internationales, lorsque les Etats avaient le droit de faire la guerre (jus ad bellum). A
cette époque, rien ne s’opposait, du point de vue de la logique, à ce que le droit international
exige le respect de certaines règles comportementales en temps de guerre (jus in bello)
lorsque les Etats s’engageaient dans les hostilités.

Aujourd’hui, le recours à la force armée entre Etats est interdit par une règle impérative de
droit international. Des exceptions sont admises en cas de légitime défense individuelle ou
collective, de mesures prises par le conseil de Sécurité (CS). Même interdits, des conflits
armés surviennent toujours, et il est reconnu aujourd’hui que le droit international doit faire
face à cette réalité de la vie internationale, non seulement en combattant ce phénomène, mais
aussi en le réglementant pour garantir un minimum d’humanité dans ces situations
inhumaines et illégales.

Le DC doit être respecté indépendamment de tout argument de jus ad bellum et être


clairement différencié de ce dernier.

a. Jus ad bellum

En cas de conflit armé, le jus ad bellum légitime l’emploi de la force dans les relations
internationales.

L’art.2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies (N.U.) interdit le recours à la force dans
les relations internationales, sauf sur autorisation du CS de l’Organisation des N.U. (ONU)
(Chap.VII) ou en cas de légitime défense (art.51 de la Charte des N.U).
 L’autorisation du CS

Conformément au Chapitre VII de la Charte des N.U, le CS peut, s’il constate l’existence
d’une menace contre la paix (par exemple une rupture de la paix ou un acte d’agression ou
toute autre situation qui menace la paix internationale), inviter les membres à appliquer des
mesures n’entrainant pas l’emploi de la force armée pour donner effet à ses décisions. Si le
CS estime que ces mesures inadéquates, il peut autoriser des opérations militaires (menées
par les forces des Etats membres de l’ONU) qu’il juge nécessaire au maintien ou au
rétablissement de la paix et de la sécurité internationale.

 Légitime défense

Si un Etat subit une agression armée, il peut recourir à la force car il est en légitime défense.
Ceci est conforme au droit international et à l’art 51 de la Charte des N.U. toutefois cette
légitime défense individuelle ou collective doit répondre, au niveau de l’Etat, aux principes
de nécessité et de proportionnalité. La nécessité dans la légitime défense impose l’utilisation
de la force comme ultime recours. Le critère de proportionnalité exige que la force utilisée
dans ce cas soit limitée en intensité et en durée, à ce qui est nécessaire pour arrêter et
repousser l’attaque. Par ailleurs, le DCA doit être respecté.

b. Jus in bello

Il réglemente la manière dont la force doit être utilisée dans les conflits armés qu’elle qu’en
soit la cause ou l’origine de ces conflits. Il s’impose donc une fois que le conflit armé a éclaté
qu’il soit international ou non international.

Le DCA vise alors à limiter les effets des conflits armés, protéger les personnes qui ne
participent pas ou plus aux hostilités et à restreindre les méthodes et moyens de guerre.

Dès lors qu’il y a recours à la force armée entre deux ou plusieurs Etats (conflits armés
internationaux), un vaste éventail de règles, dont celles inscrites dans les quatre conventions
de Genève (CG), le protocole additionnel I et le droit coutumier, s’appliquent.

Dans le même ordre d’idées, d’autres règles s’appliquent aux Conflits Armés Non
internationaux (CANI) qui se définissent comme violences armées prolongées entres les
autorités gouvernementales et des groupes armés organisés ou de tels groupes entre eux sur le
territoire d’un ou de plusieurs Etats. Il s’agit principalement de l’art.3 communs aux quatre
conventions, le protocole additionnel II aux CG, l’art. 19 de la Convention de la Haye de
1954 pour la, protection des biens culturels et le droit coutumier.

Il convent de préciser que le DCA ne s’applique pas aux situations de tensions internes, de
troubles intérieurs comme les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violences et autres
actes analogues. Ces derniers sont régis par la législation nationale et le droit international
des droits de l’homme.

3. Origines et historique du DCA

L’histoire de l’humanité a toujours été émaillée de conflits. Au fil des siècles, l’humanité a eu
la conviction qu’il fallait agir pour atténuer les souffrances liées aux conflits armés afin d’en
limiter les effets les plus néfastes. Les conflits ont toujours connu certaines lois et coutumes.
Car chaque fois que des différends entre tribus, habitants de vallées ou artisans de chefs
rivaux, n’ont pas dégénéré en guerre d’extermination, on a assisté à la formation (souvent
inconsciente) de règles dont le but était de freiner l’explosion de la violence. Toutes les
cultures ont eu de telles règles, qui sont les ancêtres du DCA tel qu’il existe actuellement.
Elles ont souvent, dans diverses cultures, trouvé des répercussions dans de grandes œuvres
littéraires, ou dans des ouvrages religieux comme le Coran et la Bible. Ainsi, on peut citer à
titre d’exemples :
 En Chine, Sun Tsu ordonnait les principes d’humanité lors des combats (le respect
des prisonniers de guerre).
 En Grèce dès le 7ème siècle avant Jésus Christ, il existait une distinction entre guerre
juste et une guerre injuste, l’interdiction de la perfidie, etc.
 En Afrique, le déclenchement d’une guerre et sa conduite étaient soumis à des règles
telles que l’avertissement de l’adversaire et des raisons d’une attaque imminente par
les griots.
 Au Mali, après la sanglante bataille de Kirina vers 1235, l’Empire Mandingue a
adopté la Charte de Kurukanfuga dont l’art. 41 stipule : « Tuez votre ennemi, ne
l’humiliez pas ». la même Charte édicte des principes humanitaires comme
l’interdiction formelle d’empoisonner les puits pendant les conflits. Toujours dans la
tradition malienne, les personnes capturées lors des conflits, au lieu d’être tuées,
étaient faites d’esclaves.

Dans le même ordre d’idées, toutes les grandes religions (l’islam, le Christianisme, le
Judaïsme …) avaient déjà prévu les conduites des opérations auxquelles elles avaient rattaché
les exigences fondamentales de l’humanité.

Ces principes humanitaires sont en phase avec l’idéal recherché par les instruments juridiques
régissant le DCA.

Un véritable processus de codification de normes juridiques internationales a commencé dans


la seconde partie du XIXème siècle sous l’impulsion de personnalités comme l’Emir Abdel
Kader, héros de la résistance en Algérie, Henri Duan en Suisse, témoin de la sanglante
bataille de Solferino et inspirateur de la première CG de 1864, et Francis Lieber, rédacteur du
premier code promulgué en la matière par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique à
l’occasion de la guerre de Sécession.

Au tournant du XXème siècle, cette évolution s’est concrétisée avec le CG de 1906 et celles de
la Haye de 1899 et de 1907. Codifiant un domaine jusque-là régi par la coutume
internationale, ces conventions marquent l’émergence conjointe d’un droit international
protecteur des victimes et d’un droit de la guerre tendant à encadrer l’action des combattants.

La première guerre mondiale a montré à la fois le caractère incomplet de ces normes et les
difficultés de leur application par les Etats. De nombreux instruments conventionnels sont
venus combler les lacunes d’un droit considéré comme insuffisamment protecteur.

Le second conflit mondial a, par la suite, mis en évidence le besoin d’un ensemble plus
complet de règles assurant la protection des victimes de guerre de manière plus efficace. Tel
fut l’apport des quatre CG du 12 août 1949 et les deux protocoles additionnels (PA) de 1977
qui constituent, aujourd’hui encore l’une des bases essentielles du DCA. Ces conventions
s’inscrivent dans la suite des procès de Nuremberg et de Tokyo où des juridictions
internationales condamnèrent pour la première fois des criminels de guerre.
La deuxième moitié du XXème siècle a été marquée par l’élargissement des domaines
couverts par le DCA, au sein d’une société internationale dont le fonctionnement est fondé
sur la Charte des N.U. Le champ d’application du DCA s’est ainsi couvert à des aspects tels
que la protection des biens culturels, la sauvegarde de l’environnement, la non-participation
des enfants dans les conflits armés, ou bien encore l’indiction de certaines armes ayant un
caractère inhumain ou provoquant des traumatismes excessifs.

Parallèlement, la physionomie des conflits s’est largement modifiée. Les conflits armés non
internationaux (CANI) impliquant de nouveaux acteurs non étatiques et pouvant avoir des
répercussions internationales se sont multipliés, tandis que les opérations de soutien de la
paix sont de pus en plus fréquent depuis la fin de la guerre froide.

En somme, face à des conflits de plus en plus sanglants et meurtriers, le respect du DCA
demeure essentiel.

Il faut retenir que l’objectif principal de l’action militaire est d’affaiblir les forces militaires
de l’ennemi. Pour cela, les forces armées ont la possibilité d’utiliser des moyens et des
méthodes qui pourraient causer la mort ou des blessures à l’ennemi ou qui pourraient
conduire à sa capture, reddition ou fuite. Le DCA, connu sur les théâtres d’opération en
premier par les militaires pour les militaires, permet d’atteindre cet objectif en donnant le
cadre de référence légal nécessaire.

4. Les sources du DCA

Il y’a deux sortes de sources du DCA : les sources coutumières et les sources
conventionnelles.

a. Les sources coutumières du DCA

Le DCA se fonde de toute évidence sur nos mœurs et nos traditions, ainsi que sur
l’expérience accumulée au cours des conflits qui ont émaillé l’histoire. Au fil des ans, ces
coutumes, ces traditions et expériences sont devenues des dispositions de « droit
contraignant », c'est-à-dire le droit international humanitaire coutumier (DIHC).

Le DIHC découle de la pratique générale et régulière observée par les Etats en raison d’un
sentiment d’obligation juridique. A titre d’exemple, on peut citer l’interdiction universelle de
l’empoisonnement comme méthode de guerre. Ce principe remonte à l’antiquité, lorsque, par
exemple, les chefs militaires des deux camps donnaient l’ordre de ne pas empoisonner les
puits, pour préserver aussi bien la population civile que leurs propres hommes, qui pourraient
un jour avoir besoin de l’eau.

b. Les sources conventionnelles du DCA

Une partie essentielle du DCA se trouve dans les quatre CG du 12 août 1949. Ces
conventions ont pour objet de protéger les victimes d’un conflit armé qui se trouvent au
pouvoir de l’adversaire, qu’il s’agisse de civils ou de combattants blessés ou malades (sur
terre comme en mer) et prisonniers de guerre (PG).

 Convention de Genève I (CGI) : Pour l’amélioration du sort des blessés et des


malades dans les forces armées en campagne ;
 Convention de Genève II (CGII) : Pour l’amélioration du sort des blessés, des
malades et naufragés dans les forces armées sur mer ;
 Convention de Genève III (CGIII) : relative au traitement des prisonniers de guerre ;
 Convention de Genève IV (CGIV) : relative à la protection des personnes civiles en
temps de guerre.

Ces conventions ont été développées et complétées par trois protocoles additionnels (PA). A
savoir :
 Protocole additionnel I (PAI) de 1977 relatif à la protection des victimes des conflits
armés internationaux ;
 Protocole additionnel II (PAII) de 1977 relatif à la protection des victimes des conflits
armés non internationaux ;
 Protocole additionnel III (PAIII) de 2005 relatif à l’adoption d’un signe distinctif
additionnel.

D’autres traités viennent compléter ces instruments fondamentaux. Certains interdisent ou


limitent l’utilisation de moyens et de méthodes de guerre et protègent certaines catégories de
personnes et de bien. Ont peut citer à titre d’exemple :
 1868 – Déclaration de Saint-Pétersbourg à l’effet d’interdire l’usage de certains
projectiles en temps de guerre ;
 1899/1907 – Convention de la Haye (lois/coutumes de guerre) ;
 1925 – Protocole sur l’interdiction des gaz asphyxiants ;
 1954 – Convention de la Haye et 2 protocoles (biens culturels ;
 1972 – Convention sur l’interdiction des armes biologiques ;
 1980 – Convention sur les armes classiques et 5 protocoles ;
 1993 – Convention sur l’interdiction des armes chimiques ;
 1997 – Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel ;
 1998 – Statut de Rome (Cour Pénale internationale) ;
 2000 – Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés ;
 2008 – Convention sur les armes à sous-munitions ;
 2013 – Traité sur le commerce des armes.

5. Droit international des droits de l’homme (DIDH – Définition et différence avec


le DCA

Le DIDH est l’ensemble des règles internationales d’origine conventionnelle et coutumière,


sur la base desquelles les individus ou les groupes peuvent escompter et/ou exiger un certain
comportement ou des prérogatives de la part de l’Etat.

Le DIDH sont des droits inhérents à chaque individu, en tant qu’être humain.

Le DCA et le DIDH sont deux branches distinctes du droit international qui ont toutes deux
pour objet de protéger la dignité des individus, bien que sous un angle différent. Il n’est donc
guère surprenant que malgré de grandes différences dans la formulation, certaines règles
soient similaires, sinon identiques.

Le DIDH protège la personne humaine en tout temps qu’il y ait conflit ou paix, tandis que le
DCA ne s’applique que dans les situations de conflit armé.
Plusieurs dispositions du DIDH donnent aux gouvernements la possibilité de déroger à
l’exercice et à la jouissance de certains droits, dans des circonstances exceptionnelles (par
exemple en cas de danger grave menaçant la vie de la nation), alors qu’aucune dérogation
n’est autorisée dans le cadre du DCA.

Le DIDH et le DCA sont complémentaires.

Le noyau dur du DIDH est l’ensemble des droits de l’homme garantis par les instruments
internationaux qui ne sont pas susceptibles de dérogation. Il comprend : le droit à la vie,
l’interdiction de la torture, de peines ou traitements inhumains, cruels et dégradants,
l’interdiction de l’esclavage et de la servitude, le principe de légalité et de non-rétroactivité
de la loi. Une bonne partie de ces droits sont incorporés aussi dans l’art.3 commun aux quatre
CG et ne peuvent être restreints ou limités même en cas de circonstances exceptionnelles.

Le DIDH est un cadre de développement des sociétés alors que le DCA a pour but de
restreindre les effets des conflits armés, de clarifier le champ d’action des militaires, tout en
s’efforçant de limiter les conséquences néfastes des hostilités.

6. Cycle d’intégration du DCA

Pour prévenir les violations du DCA, le droit doit devenir partie intégrante de la planification,
de la conduite et du suivi des opérations. La ratification des traités de DH et leur mise en
œuvre dans le droit national sont des étapes essentielles et indispensables vers le respect de ce
droit. Une large diffusion du DCA est une étape importante de toute stratégie visant le respect
de ce droit. Ces mesures demeurent toutefois insuffisantes, car il faut intégrer ces notions et
ces mécanismes ç tous les niveaux de la structure militaire.

Le comportement des forces armées pendant les opérations doit résulter de quatre grands
facteurs : la doctrine, l’éducation, l’entrainement et l’équipement, et les sanctions. Par
conséquent, pour que les opérations soient menées conformément au droit, celui-ci doit
devenir une partie intégrante de chacun de ces quatre éléments. Le militaire n’est pas tenu de
connaitre systématiquement les questions juridiques, parfois complexes, mais il faut ces
facteurs influencent son comportement. Ainsi, le DCA doit se traduire en mesures, moyens et
mécanismes concrets qui favorisent son respect, par la doctrine, l’éducation, l’entrainement,
ainsi que l’équipement et les sanctions. Ces facteurs sont intimement liés et évoluent sans
cesse, dans un processus circulaire.

La doctrine : est l’ensemble des principes classiques qui guident l’action des militaires aux
niveaux stratégique, opérationnel et tactique. C’est aussi une ligne directrice qui comporte
tous les éléments nécessaires en vue de réglementer les codes de conduite de l’institution
militaire malienne.

L’éducation : vise avant tout à fournir aux militaires des connaissances théoriques qui
doivent être traduites en pratique dans les actes à accomplir. Elle est une phase primordiale
pour le militaire en vue de développer ses facultés.

Il s’agit donc de vulgariser le DCA à tous les échelons de la hiérarchie militaire en vue de
prévenir toute violation de ce droit.

L’entrainement et l’équipement
L’entrainement : permet aux militaires, par une série de méthodes et d’exercices pratiques,
d’acquérir des compétences qui deviennent des reflexes et une seconde nature. Il faudrait à
cet effet maintenir une expérience pratique de la vulgarisation de ce droit afin d’accomplir
pleinement la mission, out en évitant les violations du DCA.

L’équipement : c’est l’ensemble des moyens ms à la disposition des forces armées et de


sécurité afin d’accomplir leurs missions. Le niveau suprême du commandement doit fournir
au personnel des moyens et des méthodes légaux. Cet échelon de la hiérarchie a donc
l’obligation de déterminer si l’emploi d’une arme donnée (c'est-à-dire à la fois l’arme elle-
même et la manière dont elle est employée) serait, dans certaines ou dans toutes les
circonstances, limité ou interdit par le DCA.

Les sanctions : c’est l’ensemble des mesures disciplinaires et judiciaires applicables en cas
de violation du DCA.

Les sanctions disciplinaires sont prévues par le Règlement du Service des Armées (RSA). Les
sanctions pénales relèvent du Code Pénal Malien et du Code de Justice Militaire.

Les sanctions jouent un rôle crucial pour la prévention et le redressement de la conduite des
hommes. L’expérience montre que leur effet dissuasif est d’autant plus important qu’elles
sont visibles et que leur application est prévisible. Elles permettent aussi de punir
concrètement les personnes qui n’ont pas respecté la loi. Elles offrent par là aux supérieurs un
moyen de faire respecter les ordres et la discipline, et de montrer que l’ensemble de la
structure hiérarchique défend avec fermeté ces valeurs fondamentales. Les sanctions peuvent
être appliquées par les mesures pénales ou disciplinaires. Des mesures pénales sont
indubitablement nécessaires, mais elles doivent être soutenues par des sanctions disciplinaires
effectives à tous les échelons de la structure hiérarchique. Ces mesures administratives, qui
relèvent en réalité de la responsabilité du supérieur hiérarchique direct, présentent deux
avantages essentiels : elles peuvent être appliquées sans délai et elles sont particulièrement
visibles pour les pairs de l’auteur de l’infraction. Leur effet dissuasif est donc immédiat,
permettant d’empêcher que des comportements inacceptables soient tolérés, voire acceptés.

7. Le champ d’application du DCA

Le DCA s’applique en période de conflit armé

Le conflit armé a été défini par le Tribunal Pénal International (TPI) pour l’ex-Yougoslavie
en 1995 dans l’Arrêt Tadic : « Un conflit armé existe chaque fois qu’il y a recours à la force
armée entre Etats ou un conflit armé prolongé entre les autorités gouvernementales et les
groupes armés organisés ou entre de tels groupes au sein d’un Etat ».

Il peut s’agir d’un conflit armé international (CAI) mais aussi d’un conflit armé non
international (CANI, qui se manifeste soit par la guerre civile ou les rebellions.

Une telle distinction est importante, car elle détermine le régime juridique applicable dans
chacune de ces circonstances :

 Le DCA applicable dans le CANIS : l’art.3 commun aux CG, le PAII (si les
conditions d’application mentionnées ci-dessous sont remplies) et le DIHC
gouvernant les CANIS, s’appliquent.
Les conditions d’application du PA II sont :
 Commandement responsable ;
 Contrôle d’une partie du territoire ;
 Capacité de mener des opérations militaires continues et concertées ;
 Capacité d’application du PAII.

 En revanche, lors d’un CAI, les parties au conflit peuvent se prévaloir aussi des quatre
CG que du PAI mais aussi du DIHC gouvernant les CAIs.

Les règles applicables dans les situations de CAI sont donc plus étendues et plus protectrices
que celles qui régissent les CANIs. Il est donc très important de savoir dans quel type de
conflit armé (CAI ou CANs) les opérations sont menées, afin de déterminer quelles sont les
règles applicables. Les CANIs doivent être distingués des situations de tensions internes, de
troubles intérieures tels que les émeutes et autres actes analogues de violence, qui ne sont pas
considérés comme des conflits armés en tant que tels. Pour qu’une situation puisse être
qualifiée de CANI, le niveau de violence qu’elle comporte doit atteindre un niveau minimal
d’intensité et les parties impliquées doivent avoir un niveau d’organisation permettant, à tout
le moins, de les identifier comme parties au conflit. Les forces armées gouvernementales sont
toujours présumées atteindre le niveau minimal d’organisation requis. Ainsi, sur cet aspect,
l’analyse se doit de porter sur le niveau d’organisation des groupes armés non étatiques.

Pour faire face aux situations de tensions internes, de troubles intérieurs, les armées peuvent
être déployées en opération de sécurité intérieure pour renforcer ou supplier aux forces de
police ou de gendarmerie. Ces opérations sont régies par le droit national complété par le
DIDH. Cette distinction sera traitée ultérieurement dans le manuel (Chap. IX : Opérations de
sécurité intérieure).
Les personnes protégées

Le DCA protège toute une série de personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités, à
savoir les civils, les malades, les blessés et les naufragés, le personnel sanitaire et religieux
des forces armées, les prisonniers de guerre et les autres personnes privées de liberté.

Les femmes, les enfants et les vieillards, ainsi que d’autres personnes vulnérables, bénéficient
d’une protection spéciale.

En effet, toutes ces catégories de personnes doivent être épargnées contre les effets indirects
de cette attaque, à moins qu’elles ne participent directement aux hostilités.

1. Les personnes civiles

De manière générale, un civil est une personne (homme, femme ou enfant) qui n’est pas un
combattant. A ce titre, il bénéficie d’une protection générale, à moins qu’il ne participe
directement aux hostilités. En cas de doute, ladite personne sera considérée comme un civil.
La population civile quant à elle comprend toutes les personnes civiles.

Aux fins du principe de distinction dans les CANIs, toutes les personnes qui ne sont membres
des forces armées d’un Etat ou de groupes armés organisés d’une partie au conflit sont des
personnes civiles.

Les civils ne doivent pas prendre part directement aux hostilités. S’ils le font, ils perdent leur
protection pendant la durée de leur participation, mais demeurent soumis aux règles du DCA
d’une part, et à la législation nationale d’autre art, en cas de violation du DCA.

Les civils qui participent directement aux hostilités peuvent être neutralisés par des moyens
militaires, toutefois hors des situations de combat, ils le sont, par des moyens sécuritaires.

La présence au sein de la population de personnes isolées ne répondant pas à la définition de


personne civile ne prive pas cette population de sa qualité.

Les femmes et les enfants

Ces catégories de personnes civiles font l’objet d’une attention particulière et d’une
protection supplémentaire spéciale.

 Les femmes

Les femmes doivent être traitées avec égard. Toute atteinte à leur intégrité physique ou
psychologique, en particulier le viol, la prostitution forcée ou toute forme d’attentat à la
pudeur sont interdits.

En cas de détention, les membres d’une même famille doivent rester unis. Dans les autres cas,
les femmes doivent être détenues dans des locaux distincts de ceux des hommes et sous la
surveillance des femmes. Si une femme enceinte ou une mère d’enfant en bas âge est détenue
parce qu’elle est soupçonnée d’une infraction, son cas doit être examiné de manière
prioritaire.
Pour les femmes allaitantes, l’offre supplémentaire de nourriture en fonction des besoins
physiologiques est nécessaire par leur état. Pour des raisons de santé, leur transfert est
suffisamment limité et ne serait possible que si des raisons impérieuses de sécurité l’exigent.

Tout doit être mis en œuvre afin qu’une peine de mort ne soit pas prononcée contre la femme
enceinte ou allaitante. Si la peine de mort est prononcée, elle ne s’exécutera qu’après le
sevrage de l’enfant.

 Les enfants

On entend généralement par ‘’enfant’’ toute personne n’ayant pas atteint l’âge de 18 ans. Les
enfants ont droit à un respect particulier et ils doivent être protégés contre tote forme
d’attentat à la pudeur. Il convient de tout faire pour leur apporter les soins particuliers et
l’assistance dont ils ont besoins.

Le DCA interdit la participation directe aux hostilités des enfants de moins de 15 ans. Au
Mali, le Code de protection de l’enfant interdit de faire participer ou d’impliquer un enfant de
moins de 18 ans dans u conflit armé, ou de l’enrôler dans les forces ou groupes armés.

En cas de capture, ils doivent avoir un traitement et des conditions de captivité tenant compte
de leur âge, qu’ils soient prisonniers de guerre ou non.

Ces enfants soldats doivent en particulier être détenus dans les locaux séparés de ceux des
adultes, sauf dans le cas de familles logés ensemble.

2. Les civils accompagnants les forces armées

Dans le cadre d’un CANI, il s’agit du personnel qui travail au profit des forces armées, par
exemple les correspondants de guerre, le personnel chargé du bien être des forces armées, les
fournisseurs, les membres d’unité de travail ou membres civils d’équipage d’avions
militaires. Ils doivent être porteurs d’une carte d’identité spéciale qui les qualifie dans leur
fonction. Ces personnes partagent les dangers du conflit avec les forces armées qu’elles
accompagnent et en cas de capture, elles ont droit au statut de prisonniers de guerre.

3. Les journalistes

Certains journalistes peuvent effectuer des missions professionnelles dans les zones de
conflits et doivent être traités et protégés comme des civils. Dans les conflits armés, les
journalistes font un métier à risques, car ils sont menacés non seulement par les effets directs
de la guerre, mais aussi par l’arbitraire d’une des parties au conflit. Ils doivent être
reconnaissables, en tant que civils, pour garantir leur immunité et bien sûr, ne pas prendre
part aux hostilités. Les journalistes qui accomplissent des missions professionnelles qualifiées
de périlleuses, sont considérés comme des personnes civiles conformément à l’art.50
paragraphe 1 du PAI, et doivent être protégés contre les dangers des opérations militaires, à
condition de n’entreprendre aucune action qui pourrait porter atteinte à leur statut.

Outre les correspondants de guerre accrédités, il n’est pas rare de voir des journalistes
effectuer des missions professionnelles dangereuses dans les zones de conflit. Ils doivent être
traités à tous égards comme des civils. Ils doivent être protégés et ne peuvent être attaqués. Ils
doivent cependant se comporter de manière à être reconnaissables en tant que civils afin de
garantir leur immunité, c'est-à-dire ne pas prendre part directement aux hostilités. Ils peuvent
aussi obtenir auprès de leur propre gouvernement une carte d’identité attestant de leur statut
de journaliste (on en trouve un exemple dans l’annexe II au PAI). En cas de capture, ils
doivent être traités avec humanité, protégés et remis à la hiérarchie, qui les traitera
conformément aux dispositions spécifiques du droit qui s’appliquent aux civils étrangers.

Dans le cadre d’un CAI, les correspondants de guerre accrédités ont droit au statut de
prisonniers de guerre en cas de capture. Les autres journalistes n’ont pas droit à ce statut en
cas de capture. Ils doivent cependant être traités avec humanité.

4. Les internés civils

Dans le cadre d’un CAI, le DCA prévoit la possibilité pour un Etat d’interner certains civils
dans des camps d’internement pour des raisons de sécurité

L’internement représente une restriction considérable des libertés individuelles. La mesure


n’est autorisée que si les exigences de sécurité ne peuvent être satisfaites par des mesures
moins sévères. En CAI, les champs d’internement doivent être protégés contre les attaques et
doivent être clairement marqués du signe protecteur (IC.

Les règles du DCA (art.41 et 79 à 135 – IVème CG) qui régissent les conditions d’internement
des civils et leur traitement en CAI sont similaires à celles qui s’appliquent aux prisonniers de
guerre dans le respect de leur dignité et leur humanité.

5. Le personnel sanitaire et religieux des forces armées

Le personnel sanitaire et religieux rattaché aux forces armées tient une place très particulière
dans le DCA. Ce personnel ne participe pas aux combats, bien que le personnel sanitaire
puisse porter des armes légères pour se défendre et défendre les personnes dont il a la charge.
Les deux catégories de personnel doivent porter sur le bras gauche l’insigne de la croix rouge
du croissant rouge ou du cristal rouge pour s’identifier.

Les CG leur accordent une protection très claire contre les attaques. Dans le cadre d’un CAI,
lorsqu’ils sont capturés, le personnel sanitaire et religieux bénéficie de tout le respect et la
protection dus aux prisonniers de guerre. Le cas échéant, en CAI ils sont directement relâchés
dans leur pays.

Mais dans le cas où des combattants sont employés à titre temporaire, en tant qu’aides-
soignants, ils demeurent des combattants du point de vue juridique. Par exemple, il est
nécessaire de disposer d’urgence de brancardiers pour emmener des blessés loin de la ligne
de front. Il s’agit alors clairement de combattants, auxquels on confie une mission temporaire
et non de personnel sanitaire au sens décrit plus haut. Cependant, ils doivent être respectés et
protégés pendant qu’ils remplissent leur fonction sanitaire. Dans le cadre d’un CAI, s’ils sont
capturés, ils sont des prisonniers de guerre.

Toutes les parties au conflit ont l’obligation de recueillir et de soigner les malades, les blessés
et les naufragés quel que soit leur camp.

6. La protection civile
Le terme protection civile désigne la protection des populations faces aux catastrophes
naturelles.

La protection civile a pour objet, dans un conflit armé de protéger la population civile dans
toute la mesure du possible contre les effets des hostilités et de l’aider à survivre. Ses
missions se résument à l’alerte, l’évacuation, l’organisation d’abris, le sauvetage, les premiers
soins.

Les agents de la protection civile peuvent être porteurs d’armes individuelles légères pour
leur propre protection ou aux fins de maintient de l’ordre. Leur personnel, leurs bâtiments et
leur matériel doivent être marqués du signe distinctif de la protection civile : un triangle bleu
sur fond d’un carré orange.

Les organismes de protection civile et leur personnel doivent être respectés et protégés. Ils
doivent être autorisés à accomplir leur mission, sauf dans des situation de nécessité militaire
impérieuse. Les agents de la protection civile perdent leur statut de protégés s’ils commettent
ou s’ils sont utilisés pour commettre des actes qui sortent du cadre de leur mission et qui sont
nuisibles à l’ennemi. Même dans ces cas, la protection ne peut cesser qu’après avoir fait une
sommation restée sans effet pendant un délai raisonnable.

7. La police

C’est une organisation de la force publique chargée d’assurer le maintien d’ordre, prévenir et
constater les infractions, rechercher les auteurs afin de les remettre à la justice. En tant que
force de sécurité intérieure, la police lorsqu’elle n’est pas incorporée par une partie au conflit,
bénéficie de la même protection que celle reconnue aux civils. Les agents de police peuvent
être porteurs d’armes individuelles légères pour leur propre protection ou aux fins de
maintien d’ordre.

8. Le personnel des Nations Unies

Il s’agit du personnel militaire et civil sous un mandant des Nations Unies (N.U.).

Le personnel militaire porte un signe distinctif généralement, casque ou béret bleu sur la tête
et un brassard bleu sur lequel est imprimé le logo des N.U. porté sur le bras gauche.
La convention sur la Sécurité du personnel des N.U. et du personnel associé du 09.12.1994
(New-York Organisation des N.U.) a pour objet de renforcer la protection juridique de ce
personnel, d’empêcher que des attaques soient lancées contre eux et de punir leurs auteurs.

Les membres des opérations de maintien de la paix ont un statut de protégés et de non-
combattants en vertu de la convention suscitée.

Cette convention ne s’applique pas aux opérations des N.U ; autorisée par le Conseil de
Sécurité (CS) en tant qu’actions coercitives, en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations
Unies. Dans ce cas, le personnel engagé comme combattants contre les forces armées
organisées est soumis aux règles du DCA. En cas de violation de ce droit, les membres du
personnel militaire d’une force des N.U. encourent des poursuites devant les juridictions de
leur pays ou le cas échéant devant une juridiction internationale ou d’un autre pays dans le
cadre la compétence universelle.
9. Les combattants ms hors combat

a. Les prisonniers de guerre

Est considéré comme prisonnier de guerre tout combattant qui tombe au pouvoir d’une partie
adverse dans un CAI.

Le statut de prisonnier de guerre est un statut juridique qui protège le combattant tombé au
pouvoir de l’ennemi. Celui-ci ne peut faire l’objet de poursuites judiciaires pour le simple fait
d’avoir pris part aux hostilités, à l’exception de ceux qui sont coupables de violation du DCA.
En CAI, le statut de prisonnier de guerre est un droit pout tout combattant capturé ou qui se
rend à la partie adverse.

Les prisonniers de guerre sont prisonniers de l’Etat et non de l’unité qui les a capturés. L’Etat
est donc responsable de leur traitement, de leurs soins et de leur sécurité. Toutefois, des
individus sont responsables si les prisonniers de guerre subissent un mauvais traitement.

Les règles relatives à la capture et au traitement des prisonniers de guerre seront étudiées
ultérieurement. A la fin des hostilités, les prisonniers de guerre doivent être rapatriés même si
l’autre partie ne les rapatrie pas (principe de non réciprocité).

b. Les détenus

Un détenu est une personne privée de liberté pour une infraction quelconque commise. Dans
le cas de CANI, l’art.3 commun aux CG de 1949 et le PAII stipulent que les personnes
privées de liberté pour des raisons liées au conflit doivent être traitées avec humanité, en
toute circonstance. Elles seront notamment protégées contre le meurtre, la torture et les
traitements cruels, humiliants ou dégradants.

Les personnes détenues du fait de leur participation directe aux hostilités ne sont cependant
pas à l’abri de poursuites pénales, qu’elles encourraient de ce fait, en vertu du droit interne
applicable. Toutefois, leur respect du DCA leur permet une éventuelle amnistie à la fin du
conflit.

Dans le cadre d’un CAI, l’art.75 du PAI spécifie les garanties fondamentales accordées aux
personnes qui sont au pouvoir d’une partie au conflit.

c. Les combattants malades, blessés ou naufragés

Les combattants ennemis qui sont hors de combat, parce qu’ils sont blessés, malades ou
naufragés et qui de ce fait sont incapables de se défendre, doivent être recueillis, protégés et
soignés. Ils ne doivent pas faire l’objet d’attaque directe. Ils doivent être traités comme des
prisonniers de guerre dans le cadre d’un conflit armé international

Les soldats blessés et malades qui continuent à se battre ne sont pas concernés.

Les personnes qui sautent en parachute d’un aéronef en perdition, ne doivent pas être prises
pour cible pendant leur descente ou lors de leur atterrissage. Elles sont, de toute évidence,
dans une situation où elles ne peuvent se défendre. Dès qu’elles touchent le sol, elles doivent
se voir donner la possibilité de se rendre. Si elles recourent à la force, ces personnes perdent
leur protection.
Les troupes aéroportées, quant à elles, représentent une menace directe. Les soldats qui
sautent en parachute sur les zones qu’ils attaquent peuvent être attaqués dans les airs, car
cela, représente une phase de l’action offensive.

d. Les morts

Les morts qu’ils soient du camp ami ou ennemi doivent être respectés et protégés contre toute
atteinte à leur dignité. Ils doivent être recherchés, recueillis et identifiés afin d’être inhumés
selon leurs rites, dans la mesure du possible. Pour faciliter l’identification des dépouilles,
chaque partie au conflit doit enregistrer toutes les informations disponibles avant
l’inhumation et marquer l’emplacement des sépultures.

D. bien protégés

Le DCA accorde aussi une protection à certains biens, bâtiments et zones désignée, ainsi
qu’aux personnes qu’ils contiennent lorsqu’ils sont marqués de signes agréés.

1. Biens à caractère civil

On entend par biens à caractère civil tous les biens qui ne sont pas des objectifs militaires.
Les biens à caractère civil ne doivent pas être attaqués ou utilisés à des fins militaires. On
peut citer les bâtiments et les installations utilisées par les civils, aussi longtemps qu’ils ne
sont pas employés à des fins militaires, comme les maisons, immeubles, appartements,
hôpitaux, usines et ateliers produisant des biens dépourvus de signification militaires,
entrepôts, fermes, écoles, musées, lieux de culte et autre bâtiments similaires, ainsi que les
moyens de transport tels qu’aéronefs, voitures, trains et autobus civils, les vivres et les zones
de production vivrières, les sources, puits, ouvrages d’adduction d’eau et réservoirs.

En cas de doute, tout objet doit être considéré jusqu’à preuve du contraire, comme un bien à
caractère civil
 Les ouvrages contenant des forces dangereuses (barrage, digues, centrales nucléaires)
jouissent d’une protection, car en cas de destruction, ils libèrent des forces difficiles à
contrôler avec des conséquences catastrophiques ;
 L’environnement naturel : il s’agit de préserver l’environnement et d’éviter toute
action qui pourrait le dégrader
 Les biens indispensables à la vie de la population civile, les champs agricoles, les
récoltes ….
 Les biens culturels : le DCA interdit de commettre des actes hostiles contre les
monuments historiques, des œuvres d’art ou des lieux de culte

a. Le régime de protection des biens culturels

Le DCA prévoit trois formes de protection pour ces biens : la protection générale, la
protection spéciale et celle renforcée

 La protection générale
Ce régime de protection s’applique à des objets ou à des biens qui revêtent une grande
importance pour une nation et pour sa population : monuments, sites archéologiques, grands
musées ou bibliothèques. Ces biens doivent être respectés, on doit éviter de leur porter
atteinte et les mettre en danger en les employant à mauvais escient à des fins militaires, par
exemple pour y entreposer du matériel militaire ou de communication, ou encore disposant
des armes dans leur voisinage.

 La protection spéciale

La protection spéciale est accordée à certains bien culturels ou autres qui revêtent une grande
importance pour le pays, à condition qu’ils ne se trouvent pas à proximité d’un objectif
militaire ou d’un centre industriel et qu’ils ne soient pas utilisés à des fins militaires. Ces
biens doivent être inscrits dans le registre international des biens culturels sous protection
spéciale.

 La protection renforcée

Le dernier protocole à la convention sur les biens culturels instaure un dgré de protection
encore accru, dit de ‘’protection renforcée’’. Ce régime est accordé à des biens qui revêtent
une importance patente pour le patrimoine commun de l’humanité. Ces biens doivent être
inscrits sur une liste internationale, déposée auprès du Comité pour la protection des biens
culturels en cas de conflit.

Un bien culturel peut être placé sous la protection renforcée s’il satisfait aux trois conditions
suivantes :
 Un patrimoine culturel important pour l’humanité ;
 Protégé par des mesures internes qui reconnaissent sa valeur culturelle et historique
garantissant le plus haut niveau de protection ;
 Il n’est pas utilisé à des fins militaires ou pour protéger des sites militaires

Cependant, dans certaines circonstances, l’immunité de ces biens peut être levée.

b. Levée de l’ummunité

 La protection spéciale

L’article 11 de la convention de la Haye de 1954 permet de levée l’ummunité si l’une des


parties au conflit viole ses engagements vis-à-vis d’un bien sous protection spéciale ; la partie
adverse est dégagée de son obligation d’assurer l’ummunité du bien considéré.

Il s’agit d’appliquer les principes du DCA (nécessité militaire, proportionnalité et précaution)


et de chercher la solution appropriée (repli tactique, tir de sommation). En cas d’attaque
directe, il faut avoir l’aval de la hiérarchie, au niveau approprié.

 La protection renforcée
L’article du protocole II de la Convention de la Haye de 1954 stipule « qu’un bien culturel
sous protection renforcée ne perd cette protection que si :
 Cette protection est suspendue ou annulée ;
 Aussi longtemps que le bien par son utilisation, est devenu un objectif militaire ;
 L’attaque de bien doit demeurer comme l’ultime recours et il faut réduire le plus
possible des dommages causés à ce bien ;
 Après avoir averti les forces adverses de mettre fin à la violation, l’ordre d’attaquer
est donné au niveau le plus élevé du commandement opérationnel. Toutefois, un délai
raisonnable est accordé aux forces adverses pour redresser la situation.

E. emblèmes et signes conventionnels

1. Emblèmes

Un emblème est un signe conventionnel à valeur parfois accompagné d’une légende.


L’utilisation de ceux-ci sert à identifier les personnes et biens protégés

Les emblèmes de la Croix rouge, du Croissant Rouge et du Cristal Rouge apportent une
protection aux services de santé des armées ainsi qu’aux travailleurs humanitaires en période
de conflit armé. En outre, au Mali, les emblèmes sont également utilisés à des fins
d’identification, par la Croix Rouge malienne (CRM) et les membres du Mouvement de la
Croix Rouge et du Croissant Rouge. Les exigences en matière de respect des emblèmes et de
la répression des abus sont également précisées dans cette loi.

Il existe deux principaux usages des emblèmes : l’usage à titre protecteur et l’usage à titre
indicatif.

 Usage à titre protecteur

En période de conflit armé, les emblèmes sont la manifestation visible de la protection


accordée aux services, équipements et bâtiments sanitaires des forces armées en vertu du
DCA. Cette protection s’étend à certaines organisations humanitaires qui travaillent pour
alléger les souffrances des blessés, des prisonniers et des civils touchés par le conflit.

A cet effet, l’emblème utilisé à titre protecteur doit être rouge sur fond blanc, sans aucun
ajout. Il doit être de grand format et clairement visible sur les édifices protégés, tels que les
hôpitaux, ainsi que sur les véhicules. Les emblèmes apposés sur les brassards et les dossards
portés par le personnel protégé, doivent également être clairs et utilisés seuls.

La protection des biens cultuels

Emblèmes distinctifs pour faciliter la reconnaissance des biens culturels (protection générale
et spéciale

Le signe consiste en un groupe de trois cercles orange vif disposés sur un même axe. Ces
signes protecteurs devraient être illuminés.
La définition des forces dangereuses est précise en DCA, elle ne s’applique qu’aux barrages,
aux digues et aux centres nucléaires de production d’énergie électrique. Ces installations ainsi
que les objectifs militaires à proximité, ne doivent pas faire objet d »attaques lorsque celles-ci
risquent de provoquer la libération de forces dangereuses susceptibles d’entrainer des effets
catastrophiques pour la population civile, comme par exemple de graves inondations ou la
libération de matériaux radioactifs. Ainsi, les combattants doivent s’abstenir de placer des
objectifs militaires à proximité de ces installations. Ils sont cependant autorisés à prendre des
mesures de protection rapprochées ou défensives de ces installations comme les batteries
antiaériennes ou des gardes pour assurer la protection contre des actes de terrorisme ou de
sabotage.

Le drapeau blanc est un élément coutumier de la guerre et il demeure largement utilisé à ce


jour. Le drapeau blanc est employé pour indiquer l’intention de parlementer et pour protéger
les personnes qui négocient. Il n’indique pas nécessairement, comme on le croit souvent, une
intention de se rendre. Il se peut que l’une des parties au conflit ait à négocier avec un
adversaire pour des raisons militaires concrètes : pour organiser un cessez-le-feu afin de
relever les morts et les blessés ou pour échanger des prisonniers.

Les utilisateurs du drapeau blanc ne doivent subir aucune atteinte durant les pourparlers.

II. CADRE LEGAL APPLICABLE, RESPONSABILITE ET SYSTEME DE


SANCTION

A. Cadre légal applicable

Il est important pour tout militaire de connaitre le cadre légal applicable dans les situations de
conflits armés dans lesquelles la force est engagée. Il y a deux cas figures à savoir :

 Le CAI qui est un conflit armé entre deux Etats ou plus.


 Le CANI qui est un conflit armé opposant les forces armées d’un ou de plusieurs
Etats à des groupes armés organisés ou à des groupes armés entre eux.

Du point de vue juridique, il n’existe que ces types de qualification de conflit. Néanmoins, il
convient de souligner qu’une situation peut évoluer d’un type de conflit armé à un autre,
selon les faits prévalant à un certain moment. En outre, il est aussi possible d’avoir une
double qualification, c’est-à-dire la coexistence sur un même territoire d’un CAI et d’un
CANI. Par exemple, un Etat peut être engagé d’un conflit avec un autre Etat (CAI) et en
même temps s’opposer à des groupes armés sur son territoire (CANI). Ou encore un Etat peut
appuyer un groupe armé dans son combat contre l’armée régulière d’un autre Etat. Si l’Etat
appuyant le groupe armé exerce un contrôle global sur ledit groupe, cette dernière situation
pourrait en fait déclencher un CAI.

Dans tous ces cas de conflit armé, le DCA s’applique. Dans les autres situations de violence
qui n’atteignent pas le seuil de conflit armé et qui restent au niveau des tensions interne et
troubles intérieurs, c’est plutôt le droit national et le DIDH qui s’appliquent, sauf en cas d
dérogation de certaines parties du DIDH de la part de l’Etat, à savoir des restrictions sur
certaines libertés individuelles.

B. RESPONSABILITES

Elle est cadrée à trois niveaux : l’Etat, le commandant ou le commandement et l’individu

1. Responsabilité de l’Etat

Les Etats signataires des CG s’engagent à respecter et à faire respecter les conventions en
toutes circonstances. Ils s’engagent en outre à faire en sorte que le texte des conventions soit
diffusé aussi largement que possible, en particulier aux membres des forces armées, et en
mettant en place des mécanismes de sanction aux infractions du DCA. L’Etat est donc
responsable de tous les actes commis par ses forces armées.

 Responsabilité de l’Etat par rapport à des groupes armés

Le degré de responsabilité qui peut incombé à un Etat pour les actions posées par un groupe
armé avec qui il combat dans un même théâtre et contre un même ennemi est une question
qui se pose fréquemment dans le cadre des CANIs, lorsque des groupes armés ou des milices
progouvernementales se créent. Cette question juridique s’analyse sur la base d’éléments
factuels autour de deux scénarios. Le degré de responsabilité de l’Etat va, par conséquent,
varier selon que l’un ou l’autre puisse être établi sur base d’éléments factuels.

Les deux scénarios distincts sont :

 Le groupe opère sous le contrôle de l’Etat ;


 Le groupe opère en dehors du contrôle de l’Etat.

Dans le premier scénario, pour autant que des critères précis soient remplis, les actes des
groupes armés pourront être directement attribuables à l’Etat. Dans le second scénario, il est
connu l’Etat conserve tout de même une responsabilité pour faire en sorte que les groupes
armés respectent le droit international et le droit des conflits armés en particulier.

Scénario 1 : les groupes armés opèrent sous le contrôle de l’Etat.

En droit international public, il est reconnu qu’un Etat est directement responsable des
violations du DCA et de droit international en général, commises par ses propres agents mais
aussi par toute personne ou groupe de personnes … qui, agit en fait sur les instructions ou les
directives ou sous le contrôle de l’Etat.
La jurisprudence internationale sur cette question a défini plus précisément les critères
cumulatifs qui doivent être remplis pour arriver à la conclusion du contrôle de l’Etat d’un
groupe armé organisé, à savoir :

 Les organes de l’Etat doivent jouer un rôle dans l’organisation, la coordination ou la


planification des actions militaires de la milice, et
 L’Etat finance, entraine et fournit du matériel à la milice ou lui apporte un appui
opérationnel.

La participation dans l’une des activités énumérées est suffisante pour remplir le premier
critère.

Pour le second ,le soutien opérationnel pourrait être déduit de différentes situations comme
des opérations militaires conjointes, l’établissement de contrôles communs, le transfert de
détenus par le groupe armés aux forces armées régulières ou le fait que le groupe armé soit
autorisé à utiliser des infrastructures publiques comme des bâtiments administratifs ou des
écoles pour la garde des détenus .En tout état de cause, afin d’établir le contrôle de l’Etat sur
un groupe armé organisé, il est nécessaire d’effectuer une analyse au cas par cas .

Si ces deux critères sont établis, l’Etat pourra être tenu pour responsable des actes illégaux
posés par le groupe armé en question. Dans certains cas, cette responsabilité pourrai
d’ailleurs être maintenue si les éléments de la milice vont plus loin que l’autorisation donnée
par l’Etat.

Scénario 2 : Les groupes armés opèrent sur le territoire contrôlé par l’Etat, ce dernier
conserve néanmoins un certain degré de responsabilité en droit international.

En ce qui concerne plus particulièrement le DCA, l’article 1 commun aux CG, établit que les
Etats parties<<s’engage à respecter et à assurer le respect [des conventions en toutes
circonstances] >>.

Cette obligation <<d’assurer le respect du DCA>> se décline en plusieurs obligations :

 L’Etat ne doit pas encourager des violations du DCA par les groupes armés. Si des
violations sont commises par un groupe armé, l’Etat doit tout mettre en œuvre pour
les faire cesser ;
 L’Etat doit tenter d’éviter que de telles violations se reproduisent ;
 Si des violations graves ont été commises, l’Etat a l’obligation additionnelle de
poursuivre les auteurs en justice afin que les responsables soient punis.

Dans la première obligation, il s’agit d’une obligation négative. Autrement dit, l’Etat a
l’obligation d’éviter ce comportement. Les deux autres obligations sont des obligations dites
de <<moyen cela veut dire que l’Etat doit tout mettre en œuvre pour que le DCA soit respecté
à tout moment non seulement par des forces armées, ses autorités civiles et militaires, mais
aussi par toute population dans son ensemble.
Dans ce deuxième scenario, la responsabilité de l’Etat de devient, bien entendu, une
obligation <<moyen>>, c’est- à- dire qu’elle n’oblige l’Etat que dans la mesure où il doit
mettre en œuvre tout qui est de son ressort pour rétablir la situation. En d’autres termes, l’Etat
doit exercer toute l’influence possible sur le groupe armé pour faire cesser ou éviter la
commission de violation de DCA.

La responsabilité de l’Etat est proportionnelle au degré d’influence qu’il peut avoir sur le
groupe armé en question. En Outre, plus la violation est grave, plus la responsabilité de l’Etat
<<d’assurer le respect>> sera grande.

2. Responsabilité du commandement et du commandant

Le respect du droit est en réalité en question de discipline et la discipline, le résultat d’un


encadrement, du professionnalisme et de la formation. Il incombe donc au commandement à
tous échelons d’assurer l’effectivité de ce respect. Les commandants, à tous les échelons,
doivent contre les règles du DCA qui s’appliquent aux divers types de conflit et veiller au
respect de son application par les troupes placées sous leurs ordres, en montrant clairement
l’importance que revent leurs yeux la formation au DCA en temps de paix et le respect de ce
droit pendant les opérations.

a. Les responsabilités générales du commandement

Les membres des forces armées qui ont des fonctions de commandement ont le devoir de :

 maintenir une discipline stricte mais équitable ;


 montrer, par l’intérêt qu’ils manifestent et par l’importance qu’ils accordent à la
formation en de temps de paix , et bien entendu par leur comportement pendant les
combats ,qu’ils respectent le droit ;
 utiliser pleinement les mécanismes à leur disposition pour élucider et poursuivre
les violations du droit et faire bien comprendre leur subordonnés que le fait
d’attaquer un objectif il est tout aussi punissable que le fait d’être absent sans y
avoir été autorisé, et que cela concerne tous les gardes ;
 réduire le plus possible le risque d’atteinte au DCA à travers le rappel de ses règles
avant le déploiement ;
 intégrer des problèmes juridiques dans les exercices et les jeux de guerre ;
 veiller à ce que les ordres soient parfaitement légaux, clairs et dépourvus de la
moindre ambiguïté ;
 assumer la responsabilité des décisions difficiles ;
 rendre compte à la hiérarchie de tout cas de violation du DCA et prendre des
mesures correctives et de disciplinaires qui s’imposent ;
 signaler toute violation commise par son propre camp, par des forces amies ou par
l’ennemi à une autorité supérieure ;
 permettre à la prévôté d’accomplir sa mission sans influence.

b. La responsabilité pénale des commandants


En plus de sa responsabilité personnelle comme autour d’une infraction au DCA, la
responsabilité d’un chef militaire peut être engagée de deux façon pour des violations
commises par ses subordonnées : par omission ou par commission.

Par commission : si le commandant ordonne à ses subordonnés de commettre l’infraction


(ordre manifestement illégal) même s’il n’y participe pas directement.

La question de l’ordre manifestement illégale est pertinente pour la défense d’obéissance aux
ordres. En effet l’art .33 du statut de Rome stipule : « 1 .Le fait qu’un crime relevant de le
compétence de la cour a été commis sur ordre d’un gouvernement ou d’un supérieur, militaire
ou civil, n’exonère pas la personne qui l’a commis de sa responsabilité pénale, à moins que :

a) Cette personne n’ait eu l’obligation légale d’obéir aux ordres du gouvernement ou


du supérieur en question ;
b) Cette personne n’ait pas su que l’ordre était illégal ; et
c) L’ordre n’ait pas été manifestement illégal.

2. Aux fins du présent article, l’ordre de commettre un génocide ou un crime contre


l’humanité est manifestement illégal »

En outre, le responsable supérieur pourra être tenu responsable d’avoir ordonné la


commission d’une infraction même si, aux yeux des subordonnés, cet ordre n’était pas
manifestement illégal.

Par omission : les commandants sont tenus pour responsables pénalement dans le cas ou :

 ils savaient, ou auraient du savoir, que des subordonnés allaient commettre


une infraction, par exemple commettre un crime de guerre, mais n’ont rien fait
pour l’empêcher ;
 ils n’ont pris aucune mesure (de répression ou de dénonciation) contre les
subordonnés qui ont déjà commis un crime de guerre.

Un commandant ne peut donc pas invoquer l’excuse de l’ignorance. Commander, c’est


précisément maitriser la situation et assumer la responsabilité de tout ce qui se produit sous
votre commandement, en tout temps et à chaque fois.

Les officiers d’Etat-major chargés de la planification des opérations et sans responsabilités de


commandement, sont également responsables sur le plan pénal s’ils ont connaissances de
crimes commis ou sur le point d’être perpétrés et s’ils ne les empêchent pas et /ou ne les
signalent pas à leur supérieurs.

3. Responsabilité individuelle

Chaque membre des forces armées, quel que soit son grade, a la responsabilité personnelle de
respecter le DCA.
Un soldat qui exécute un ordre illégal au regard du DCA est coupable d’un crime de guerre
s’il était conscient des circonstances qui rendaient cet ordre illégal ou si l’on pouvait
raisonnablement attendre de lui qu’il connaisse des circonstances.

Le fait d’avoir obéi à un ordre émanant d’un supérieur ne peut être invoqué pour se défendre
d’avoir commis un crime de guerre sauf dans les circonstances permises par l’article 33 du
statut de Rome.

Le code de conduite militaire des FAMa stipule dans son article 25 que la responsabilité des
militaires demeure entière s’ils violent des droits de l’homme dans l’exécution d’ordres
manifestement illégaux.

La responsabilité pénale individuelle s’étend non seulement à celui qui commet, mais aussi à
celui qui encourage, sollicite ou apporte son aide et assistance à la commission d’un crime.

C. LE SYSTEME DE SANCTION

Le DCA établit non seulement les obligations et l’interdiction lors de la conduite des
hostilités, mais aussi des règles essentielles visant à protéger la personne humaine ; il contient
aussi d’importants mécanismes pour garantir le respect de ces règles. Il impose des
obligations nécessaires à la répression de tout acte portant gravement atteinte à la dignité de
la personne et à la sécurité des populations civiles. La recrudescence des conflits armés et des
violations manifestes du DCA on y ranime l’intérêt pour les mécanismes propres à en garantir
meilleur respect par l’application du système de sanction.

Le système de sanction est l’ensemble des mesures disciplinaires et judiciaires applicables en


cas de violations du DCA. Il vise à prévenir et à faire cesser les violations au DCA,
notamment en le réprimant.

Les sanctions disciplinaires sont prévues par le règlement du service des armées (RSA). Les
sanctions pénales sont prononcées par les juridictions nationales et internationales.

La répression des violations du DCA s’exprime dans l’obligation qu’ont les parties à un
conflit ou prévenir et de faire cesser toute violation. En outre, les Etats ont aussi l’obligation
d’enquêter sur les crimes de guerre qui auraient été commis par les ressortissants ou par leurs
forces armées ou sur leur territoire, et, le cas échéant, poursuivre les suspects.

Il est à préciser que les infractions contre le DCA ne sont pas prescriptibles et ne peuvent
faire l’objet d’aucune amnistie. Cette imprescriptibilité concerne tant l’action publique que
les peines.

Il est essentiel de connaitre les actes qualifiés d’infraction au DCA ainsi que les juridictions
compétentes pour juger les présumés auteurs.

1. Les types d’infractions aux DCA


Le DCA impose des obligations nécessaires à la répression de tout acte portant gravement
atteinte à la dignité de la personne et à la sécurité des populations civiles. Les violations aux
règles du DCA sont définies et énumérées dans les CG, PAI, le statut de Rome ainsi que
divers instruments juridiques relatifs au DCA.

Les violations graves qualifiées de crime de guerre s’opposent aux autres violations des
règles du DCA.

 Les violations graves :

Chacune de CG (13) donne une liste des infractions graves qui les définit. Cette liste est
complétée par le PA(14) qui ajoute à ces infractions énoncées dans les CG et commises à
l’encontre de personnes, les infractions qui relèvent du non- respect des règles relatives aux
méthodes et moyens de combat. En outre, la règle 156 de l’étude du CICR sur le, DIH
coutumier énonce que les violations graves du DIH constituent des crimes de guerre.

 Les autres violations :

Elles peuvent être définies comme des comportements contraires aux instruments du DIH qui
revêtent un caractère de gravité, mais qui ne figurent pas comme tels dans la liste des
infractions graves. Sans avoir à imaginer précisément les comportements pouvant répondre à
cette définition, on peut envisager trois catégories :

 Comportements isolés, non énumérés parmi les infractions graves, mais revêtant tout
de même un caractère de gravité,
 Comportements, non énumérés parmi les infractions graves, mais revêtant un
caractère de gravité par leur nombre ou leur répétition systématique, ou par les
circonstances,
 Violations ‘’globales ‘’par exemple, soustraire une situation, un territoire, une
catégorie de personne ou bien à l’application des conventions ou du protocole.

Toutes les violations du DCA ne constituent pas des crimes de guerre. En tout état de cause,
la commission d’un crime de guerre donne lieu à la responsabilité pénale internationale de
l’auteur. Cette responsabilité peut aussi être dégagée pour l’auteur des crimes contre
l’humanité ou crime de génocide (16).

La responsabilité pénale internationale n’est pas reconnue pour l’auteur des violations au
DCA.

Le Mali, étant partie aux CG, au statut de Rome et à divers instruments juridiques
internationaux (voir en annexe), réprime les violations qualifiées de crimes contre l’humanité,
de génocide et crimes de guerre aux articles 29-30 et 31 de son code pénal.

2. juridictions compétentes

Elles sont d’ordre national et international

a. les juridictions nationales


En règle générale, les Etats ne peuvent exercer de sanctions qu’à l’égard de leurs propres
nationaux ou pour des crimes ayant été commis sur leur territoire, c’est la compétence fondée
sur le lien de rattachement. Les Etats ont cependant décidé que certains crimes étaient si
graves qu’une exception devait être faite à ce principe. Certaines conventions obligent donc
les Etats à juger ou extradent les criminels de la guerre quelle que soit leur nationalité et quel
que soit leur lieu où il commit leur crime, c’est le principe de la compétence universelle.

 La judiciaire malienne dans la répression des violations du DCA commis par un


militaire

Les militaires sont soumis à la loi pénale du droit commun ainsi qu’aux dispositions du code
de justice militaire lorsqu’ils font objet de poursuites judiciaires.

Lorsque la plainte est déposée au niveau du tribunal civil, le procureur demande la mise à
disposition du militaire. Cette demande est adressée au Ministre de la Défense ou au chef
d’Etat-major concerné. Le ministre apprécie l’opportunité de la poursuite et ordonne
l’ouverture d’un conseil de discipline pour les sous –officiers et militaire du rang ou conseil
d’enquête pour les officiers l’issue du conseil de discipline ou d’enquête, l’intéressé est mis
en activité pour besoins de la procédure.

La mise en mouvement de l’action publique appartient au Ministre chargé des Armées. A ce


titre il apprécie l’opportunité des poursuites. Aucune poursuite ne peut avoir lieu, sous peine
de nulle prononcée par la cour suprême, que sur ordre de poursuite du Ministre chargé des
Armées.

Un avis de classement sans suite est adressé à la victime ou au plaignant lorsque les faits
dénoncé au Ministre chargé des Armées ne donnent pas lieu à la délivrance d’un ordre de
poursuite.

L’ordre de poursuite est sans appel. Il doit énoncer les motifs qui sous-tendent l’opportunité
faire déclencher l’action publique contre le suspect

Toutes les fois que l’infraction a été dénoncée par un magistrat de l’ordre judiciaire ayant
qualité de juge d’instruction, de procureur de la république ou de procureur général près
d’une cour d’appel, le Ministre chargé des Armées est tenu de donner l’ordre de poursuite.

En attendant qu’un ordre de poursuite soit délivré et qu’une suite donnée à la procédure
l’ampleur du dossier est telle que son dépouillement et l’examen des pièces nécessitent un
certain temps, le Ministre chargé des Armées peut ordonner, conformément aux dispositions
réglementaires ou statutaires, l’incarcération du suspect militaire dans les locaux
disciplinaires des armées pour une durée de soixante (60) jours ou plus.

Lorsque la plainte est déposée au niveau de la justice militaire, il n’y a pas de demande de
mise à disposition. Mais dans ce cas, un procès-verbal est adressé au Ministre de la Défense
qui donne l’opportunité de poursuite.
Quand le plaignant est un militaire, il faut un compte rendu à ses chefs hiérarchiques et le
dossier suit le même cheminement.

 La compétence universelle

Selon la pratique des Etats, cette règle constitue une norme de droit international coutumier
en ce qui concerne les crimes de guerre commis dans les conflits armés. Les quatre
conventions de Genève de 1949 et les protocoles additionnels ont prévu une compétence
universelle des juridictions nationales à l’égard des violations graves du DCA. Pour être
effective, elle doit être incorporée dans la législation nationale des Etats.

Au niveau international, les Etats ont un rôle à jouer dans la mise en œuvre du DCA. Ainsi,
tout Etat partie aux conventions ci-dessus citées, est compétent pour juger toute personne
présumée coupable d’infractions graves se trouvant sur son territoire, quelle que soit sa
nationalité ou le lieu où elle a commis les infractions.

b. les juridictions internationales

Par juridictions internationales, il faut entendre la cour pénale internationaux (CPI), les
Tribunaux pénaux internationaux (TPI) et Tribunaux Pénaux Spéciaux (TPS)

 La cour pénale internationale (CPI)

Le traité créant la CPI a été adopté en juillet 1998 à Rome le quel statut est entré en vigueur
le 1er juillet 2002. C’est une juridiction permanente à vocation universelle, compétente pour
connaitre les crimes génocide, les crimes l’humanité, ainsi que les crimes de guerre commis à
partir du 1er juillet 2002. Ce statut n’a cependant pas codifié toutes les violations graves DCA
qui constituent des crimes de guerre en vertu du DIHC. Cela est particulièrement vrai pour les
crimes de guerre commis dans les CANI ou le DIHC est beaucoup plus entendu par rapport à
ce qui est prévu dans le statut.

Toute personne âgée de dix-huit ans révolus lors des faits incriminé peut théoriquement être
poursuivie et ce, indépendamment de son statut et des fonctions occupées : aucune
exonération de responsabilité pénale n’est en effet prévue pour des actions menées dans le
cadre des responsabilités officielles (chef d’Etat ou gouvernement, membre d’un
gouvernement- ou d’un parlement etc…). Selon le statut, cette compétence ne saurait
s’exercer que si l’état sur le territoire duquel un crime a été commis ou dont le responsable du
crime est ressortissant, est partie au traité. Cependant, au cas où une situation est déférée au
procureur par le CS, en cas de menace ou d’atteindre à la paix et à la sécurité internationale,
aucune condition préalable n’est exigée et la cour est toujours compétente. Un Etat qui n’est
pas partie au statut peut, par déclaration, consentir à ce que la cour exerce sa compétence.
Les arrêts de la CPI sont susceptibles de recours devant la chambre d’appel de ladite cour.

Il est important de mentionner que la CPI fonctionne sur la base du principe de


complémentarité avec les juridictions nationales. Ainsi la CPI n’exercera sa compétence sur
une affaire que si, les juridictions nationales compétentes n’ont pas la capacité ou la volonté
d’exercer leur compétence. Le statut de la CPI reconnait donc aux juridictions nationales un
rôle important à jouer dans la lutte contre l’impunité. Il est donc capital que les Etats
disposent de tous les outils nécessaires (lois, système judiciaire, magistrats formés) afin d’être
en mesure d’exercer leur compétence en cas d’allégations de violation du DCA.

 Les tribunaux pénaux internationaux (TPI) les tribunaux pénaux spéciaux (tps)

Le CS des N.U, au vu de l’ampleur des crimes pendant la guerre en ex Yougoslave et au


Rwanda, a institué deux tribunaux internationaux pour juger certains crimes, y compris des
violations du DCA en relation avec ces conflits. Ces deux tribunaux ont aujourd’hui terminé
leur travail et un mécanisme a été créé pour exercer les fonctions résiduelles de ces tribunaux.

L’existence des tribunaux est limitée tant dans le temps que dans l’espace et a une primauté
sur les juridictions nationales de tout Etat.

c. Les juridictions mixtes :

Des tribunaux mixtes ont aussi été mis en place ces dernières années. Ils intègrent, chacun à
leur façon, des éléments de juridiction nationale et internationale. L’objectif recherché à
travers ces juridictions est d’impliquer la justice nationale, sous supervision internationale.
Selon les experts, ce nouveau «modèle» de tribunal mixte devrait en outre permettre de
rendre une justice plus rapide, plus efficace et moins couteuse. C’est en Sierra Leone qu’a été
pour la première fois inaugurée cette formule originale en juin 2000, à travers la mise en
place du tribunal spécial pour la Siéra Leone, chargé de juger les principaux responsables de
crimes contre l’humanité, de crimes contre de guerre et de certains crimes prévus par le droit
Sierra léonais commis depuis le 30 novembre 1996. L’exemple de chambres africaines
extraordinaires (CAE), chargées de juger l’ancien président Tchadien Hissène Habré,
constitue un cas encore plus récent de juridiction mixte.

Un crime de guerre, au sens de l’article 8 du Statut de Rome de la Cour pénale


internationale (CPI), désigne un ensemble d’actes considérés comme des violations du
droit de la guerre. Ces actes, d’une certaine ampleur et jugés comme particulièrement
graves, regroupent différentes catégories de crimes : « assassinat, mauvais traitements
ou déportation pour des travaux forcés, ou pour tout autre but, des populations civiles
dans les territoires occupés […] destruction sans motif des villes et des villages, ou
dévastation que ne justifient pas les exigences militaires. » De tels crimes constituent
de graves violations des Conventions de Genève, et les Nations Unies sont
particulièrement vigilantes sur le sujet depuis la création de l’ONU en 1945, au
sortir de la Seconde Guerre mondiale.

Établi à l’article 7 du Statut de Rome le crime contre l’humanité est imprescriptible.


On parle de crime contre l’humanité s’il est commis dans le cadre d’une attaque
généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en
connaissance de cette attaque.
Sont visés par la définition :

 Le meurtre
 L’extermination
 La réduction en esclavage
 La déportation ou le transfert forcé de la population
 L’emprisonnement ou une autre forme de privation grave de liberté physique en
violation des dispositions fondamentales du droit international
 La torture
 Le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation
forcée ou tout autre forme de violence sexuelle de gravité comparable
 La persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs
d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en
fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit
international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout
crime relevant de la compétence de la Cour
 La disparition forcée de personnes

Vous aimerez peut-être aussi