Chapitre 1-Logique
Chapitre 1-Logique
Chapitre 1-Logique
Logique
Il est important d'avoir un langage rigoureux. La langue française est souvent ambigüe.
Prenons l'exemple de la conjonction "`ou"' ; au restaurant "`fromage ou dessert"' signie
l'un ou l'autre mais pas les deux. Par contre si dans un jeu de carte on cherche "`les as ou
les coeurs "` alors il ne faut pas exclure l'as de coeur. Autre exemple : que répondre à la
question "`As-tu 500F en poche ?"' si l'on dispose de 1000F ?
Il y a des notions diciles à expliquer avec des mots : par exemple la continuité d'une
fonction est souvent expliquée par "` on trace le graphe sans lever le crayon"'. Il est clair
que c'est une dénition peu satisfaisante. Voici la dénition mathématique de la continuité
d'une fonction f : I → R en un point x0 ∈ I :
Les mathématiques sont un langage qui nous permet d'exprimer aisement ces notions
diciles. Ce langage est adapté aux phénomènes aussi simples que complexes. Il utilise un
raisonnement dit logique. L'objet de cette unité est d'amener les étudiants à avoir une cer-
taine logique dans leurs raisonnements. Ils devront se familiariser avec un formalisme logique,
la notion de démonstration, de validité, la calculabilité. Bien que son domaine d'étude soit
les mathématiques, la logique est une branche des mathématiques à part entière avec de
nombreuses applications, en particulier en informatique. Elle est la science de la raison. Plus
précisément, c'est la science qui étudie les règles qui permettent de distinguer un raisonne-
ment valide d'un raisonnement qui ne l'est pas.
Objectifs de l'unité
5
6 CHAPITRE 1. LOGIQUE
Logique : c'est la science qui étudie les règles que doivent respecter tout raisonnement
valide
raisonnement : c'est un processus, une argumentation visant à établir une conclusion,
un processus qui permet d'obtenir de nouveaux résultats ou bien de vérier la réalité
la réalité d'un fait
Quanticateurs : sont des expressions utilisées pour formuler des propositions mathé-
matiques dans le calcul des predicats (pour tout, quelque soit et il existe).
Predicats : C'est une proposition dont la valeur de vérité dépend de variables qu'elle
renferme.
Connecteurs : sont des mots ou expressions permettant d'établir des relations entre
deux idées, deux faits.
Proposition : c'est une armation formée d'un assemblage de symboles et de mots,
portant sur des objets mathématiques, à laquelle on peut clairement attribuer la valeur
vraie ou la valeur faux.
1.1.1 Proposition
Dénition 1.1.1. Parmi les phrases ou enoncés possibles à formuler dans une langue, on
distingue ceux auxquels il est possible d'attribuer une valeur de vérité : vrai ou faux. Ces types
d'enoncés porteront le nom de propositions. En d'autres termes, est appelée proposition toute
expression qui peut être dite vraie ou fausse, ce qui exclut, entre autres, les questions, les
impératifs, les exclamatifs, et plus généralement tous les énoncées dits non assertifs. Cette
partie traitera les notions de propositions informatiques.
Exemple : "`L'Afrique a été colonisé en 1970,"' "`Le Burkina Faso est un pays indépendant
d'Afrique"' sont des propositions. Mais les phrases "`Ou est-il ?,"' "`Va-t-en !"' ne sont pas
des propositions
Remarque 1.1.1. Remarque : Un énoncé hypothétique ne peut pas être une proposition, de
même que certains paradoxes comme celui du menteur.
1.1.2 Axiomes
Les propositions répondent aux axiomes suivants :
Principe de non-contradiction : Une proposition ne peut etre simultanément vraie et
fausse ;
1.2. CONNECTEURS LOGIQUES ET LES VALEURS DE VÉRITÉ 7
Principe du tiers-exclu : Une proposition est vraie ou fausse (il n'y a pas de troisième
possibilité ).
Exercice 1. La phrase "`la présente armation est vraie"' possede-t-elle une valeur de
vérité ?
Exercice 2. Les armations suivantes sont-elles des propositions ?
1. "`l'armation qui suit est vraie,"'
2. "`La précédente armation est fausse"'
Dénition 1.1.2 (Tautologie). Une tautologie est une proposition qui est toujours vraie.
Exemples :
"`100% de nos clients achètent nos produits."'
"`100% des gagnants ont tenté leur chance."'
Dénition 1.1.3 (Equivalence logique). Deux propositions équivalentes P et Q sont deux
propositions simultanément vraies et simultanément fausses. On dira qu'elles ont les mêmes
valeurs de vérité.
Exemples : (x2 = 1) ⇔ (x = 1oux = −1).
Conclusion Le raisonnement scientique consiste à chercher à connaître la valeur de vérité
de diérentes propositions. Cette recherche se base sur des propositions dont les valeurs de
vérité sont connues.
Le calcul propositionnel s'intéresse à la façon dont les propositions sont liées entre elles et
aux conséquences qu'on peut en tirer sur leurs valeurs de vérité. Vous êtes à la n de cette
activité et vous devez être capable de faire la diérence entre les propositions et d'autres
types d'expressions. Savoir si une proposition est une tautologie ou pas.
P ¬p
V F
F V
Exemple : La négation de la proposition "`Paris est en France ou Madrid est en chine"' est
la proposition "`Paris n'est pas en France et Madrid n'est pas en chine"'
8 CHAPITRE 1. LOGIQUE
P Q P ∧Q
V V V
V F F
F V F
F F F
La disjonction. La disjonction de deux propositions P et Q, notée P ∨ Q, est vraie ssi P
ou Q (ou les deux) est vraie.
P Q P ∨Q
V V V
V F V
F V V
F F F
Exemple. On considère les propositions logiques
P : "`Mon père est grand"'
Q : "`Mon père a eu 4 enfants"'
Alors ¬P : "`Mon père n'est pas grand,"'
P ∧ Q : "`Mon père est grand et il a eu 4 enfants"' et
Q ∨ Q : "`Mon père est grand ou il a eu 4 enfants"'.
L'implication. L'implication, notée P ⇒ Q, est une proposition qui est vraie si et seule-
ment si (P est vraie et Q est vraie) ou (P est faux et Q est quelconque).
P Q P ⇒Q
V V V
V F F
F V V
F F V
P Q P ⇔Q
V V V
V F F
F V F
F F V
1.2. CONNECTEURS LOGIQUES ET LES VALEURS DE VÉRITÉ 9
Remarque 1.2.2. Si deux formules propositionnelles ont la même table de vérité, on dit
qu'elles sont logiquement équivalentes et on écrira l'égalité entre les deux formules.
Exemple.
Les formules propositionnelles P ⇒ Q et (¬P ) ∨ Q ont les mêmes valeurs de vérités. On écrit
P ⇒ Q = (¬P ) ∨ Q.
Dénition 1.2.1. On appelle tautologie une formule propositionnelle qui est toujours
vraie.
On appelle antilogie une formule propositionnelle qui est toujours fausse.
Proposition 1.2.1. Les connecteurs logiques que nous avons dénis satisfont un certain
nombre de propriétés énumérées dans la proposition suivante. Celles-ci nous permettront
souvent de simplier une formule propositionnelle.
¬(¬P ) = P
associativité (P ∨ Q) ∨ R = P ∨ (Q ∨ R) et (P ∧ Q) ∧ R = P ∧ (Q ∧ R)
commutativité P ∨ Q = Q ∨ P et P ∧ Q = Q ∧ P
idempotence P ∨ P = p et P ∧ P = P
distributivité P ∧ (Q ∨ R) = (P ∧ Q) ∨ (P ∧ R) et P ∨ (Q ∧ R) = (P ∨ Q) ∧ (P ∨ R)
loi de De Morgan ¬(P ∨ Q) = (¬P ) ∧ (¬Q) et ¬(P ∧ Q) = (¬P ) ∨ (¬Q)
Remarque 1.2.3. Pour déterminer la vérité d'une formule, on doit déterminer la valeur
de vérité pour les diérentes valeurs des variables propositionnelles qui la composent. Par
exemple, soit la formule f (a, b, c) = a ∧ (b ∨ c). Il est cette fois nécessaire de construire une
table de vérité à 8 lignes (de manière générale, s'il y a n variables propositionnelles, il y a
aura 2n lignes dans la table de vérité) :
a bc b∨ c f (a, b, c) = a ∧ (b ∨ c)
F F F F F
F F V V F
F V F V F
F V V V F
V F F F F
V F V V V
V V F V V
V V V V V
On peut tout à fait réaliser la table de vérité pour des morceaux de la formule (ici b ∨ c)
avant de calculer la valeur de vérité de la formule elle même. Ici, il sut ensuite de
faire un ET entre la quatrième (b ∨ c) et la première colonne pour connaître la valeur
de vérité de la formule complète.
La manière de remplir la table pour les variables a, b et c : quatre ”‘F ”′ suivit de 4
”′ V ”′ pour la première colonne, une alternance de 2 ”′ F ”′ et 2 ”‘V ”′ pour la deuxième
et une alternance de ”‘F ”′ et de ”‘V ”‘ pour la troisième. En procédant comme cela,
vous êtes sûr de couvrir les 8 cas de gure possible.
On voit ici que f (a, b, c) ne peut être vraie que si a = V. Cela provient de ce qu'on a
observé précédemment : a ∧ b = V si a = b = V.
Conclusion Dans cette activité, nous nous sommes interessés aux connecteurs, aux formules
propositionnelles et aux table de verité. Les connecteurs vous permettent de construire des
formules propositionnelles assez compliquées et de dresser les tables de vérité.
1.3.1 Prédicats
Dénition 1.3.1. Un prédicat est une proposition logique P (x) qui dépend d'une variable
x. La valeur de vérité de P (x) dépend du choix de x.
Exemple : P1 (x) =′ x est pair,′ alors P1 (2) est vrai mais P1 (3) est faux. P2 (x) =′ x > x − 1′
alors P2 (x) est toujours vrai quand x est dans R.
Remarque 1.3.1. Un prédicat peut dépendre de plusieurs variables (par ex. P (x, y) = ”′ x <
y”′ )
On peut opérer logiquement sur les prédicats comme on le fait avec les propositions logiques.
1.3. QUANTIFICATEURS, PRÉDICATS 11
Quanticateurs : Quand un prédicat P (x) est vrai pour toutes les valeurs de x d'un
ensemble E, on écrit ”‘∀x ∈ E, P (x)”′ et on lit "`Pour tout x dans E, P (x)"' ou "`Quel que
soit x dans E, P (x).”′
Exemple
∀x ∈ R, x2 ≥ 0 ∀x ∈] − 1, 1[, 0 ≤ x2 < 1
Ces assertions sont des propositions qui ne dépendent plus de x. Ici x est une variable muette,
on peut la remplacer par n'importe quel autre nom de variable.
Remarque 1.3.2. Quand un prédicat P (x) est vrai pour au moins une valeur de x d'un
ensemble E, on écrit ”‘∃x ∈ E, P (x)”′ et on lit "`Il existe au moins un x dans E, P (x)”′
Exemple :
∃x ∈ R, x2 = x
∃x ∈ R, x < 0
Remarque 1.3.3. Quand un prédicat P (x) est vrai pour exactement une valeur de x d'un
ensemble E, on écrit ”‘∃!x ∈ E, P (x)”′ et on lit "`Il existe un unique x dans E, P (x)”′
Exemple : ∃!x ∈]?1, 1[, x2 = 0
Dans la première implication la réciproque est fausse ! Le même exemple que précédemment
le prouve.
Ces outils sont beaucoup utiles pour l'élaboration des démonstration de théorèmes. Voici
quelques exemples de types de démonstrations :
Preuve par l'absurde : pour prouver l'énoncé P, on fait l'hypothèse qu'il est faux et
on montre qu'on aboutit à une contradiction.
Pour prouver une implication P ⇒ Q, on suppose que P est vraie et on procède à
des déductions jusqu'à prouver que Q est vraie. En eet, dans le cas où P est fausse,
l'implication est toujours vraie.
Disjonction de cas : quand le nombre de possibilité est ni, il est envisageable d'étudier
tous les cas possibles.
Contraposée : basée sur l'équivalence (P ⇒ Q) ⇔ (¬Q ⇒ ¬P )
Raisonnement par récurrence : on souhaite montrer qu'un prédicat P (n) est vrai
pour toutes les valeurs de n, on démontre tout d'abord que P (0) est vrai, puisque
l'implication P (n) ⇒ P (n + 1) est vraie.
Conclusion : Comme le calcul des propositions, le calcul des prédicats se donne pour but
de dénir quels sont les énoncés qui sont valides et quels sont ceux qui ne le sont pas. Il est
complet comme le calcul des propositions, mais il n'est pas décidable.