2007 CLF 21759
2007 CLF 21759
2007 CLF 21759
1759
EDSPIC : 323
U NIVERSITÉ B LAISE PASCAL (UBP) - C LERMONT II
É COLE D OCTORALE
S CIENCES POUR L’I NGÉNIEUR DE C LERMONT-F ERRAND
et
Thèse en cotutelle
Présenté par
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
Richard N TENGA
DEA. Génie Mécanique - Génie Civil, IFMA-UBP
Docteur d’Université
Spécialité : G ÉNIE M ÉCANIQUE
M ODÉLISATION MULTI - ÉCHELLES ET
CARACTÉRISATION DE L’ ANISOTROPIE ÉLASTIQUE DE
FIBRES VÉGÉTALES POUR LE RENFORCEMENT DE
MATÉRIAUX COMPOSITES
Remerciements 12
Résumé 14
Abstract 15
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Introduction Générale 16
II Méthodes expérimentales 69
Annexes 162
Bibliographie 172
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Table des figures
-7-
3.18 Schéma de principe de la détermination de l’angle MFA(X2 ) par la
technique SAXS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
3.19 Courbe σ − (contrainte-déformation) des fibres RC . . . . . . . . . 87
3.20 Courbe σ − (contrainte-déformation) des fibres de sisal . . . . . . 87
3.21 Vérification de la weibullité des données des résistances du RC . . 89
3.22 Courbe d’ajustement à la distribution de Weibull des résistances
du RC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
3.23 Vérification de la weibullité des modules d’Young du RC . . . . . . 89
3.24 Vérification de la normalité des diamètres du RC . . . . . . . . . . . 89
3.25 Évolution de la résistance en fonction du diamètre . . . . . . . . . . 90
3.26 Distribution des diamètres de la fibre RC . . . . . . . . . . . . . . . 90
-8-
5.1 Compression d’un mat de fibres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
5.2 Symétrie orthotropique matérielle en coordonnées cylindriques . . 137
-9-
Liste des tableaux
-10-
5.1 Correspondance entre l’équation de Halpin-Tsai (5.53) et les pré-
dictions autocohérentes d’Hermans [9] et de Kerner [10]. . . . . . . 131
5.2 Valeurs empiriques du paramètre ξ de l’équation de Halpin-Tsai. . 131
5.3 Constantes élastiques des fibres par approche théorique . . . . . . . 144
5.4 Constantes élastiques des fibres par approche théorique . . . . . . . 146
-11-
Remerciements
Les travaux de cette thèse de doctorat ont été menés au dans le cadre d’une
convention de cotutelle entre l’Université Blaise Pascal (UBP) - Clermont II et
l’Université de Yaoundé I (UYI). Je suis reconnaissant à ces deux établissements
de m’avoir ouvert leurs portes pour mener paisiblement et sereinement mes acti-
vités de recherche. Plus précisément, Je tiens à exprimer ma gratitude au Labora-
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-12-
leur précieux temps en tant qu’examinateurs et d’avoir ainsi partagé une partie
de leur savoir.
Je souhaite également exprimer ma reconnaissance à l’ensemble des personnes
du Laboratoire de Mécanique et Ingénieries notamment tous les thésards pour le
précieux environnement intellectuel et multiculturel qu’ils ont su nous offrir. Je
pense en particulier à Arnaud Alzina, Rabia Khelif, Kashif Syed, François Dehee-
ger, Pascale Gouinaud.
Enfin je tiens à exprimer tout mon amour et ma gratitude à mon épouse Jude et
à nos enfants qui ont eu le courage et la gentillesse de me laisser partir si souvent.
Sans leur fidélité et leur confiance, ce travail n’aurait certainement pas abouti.
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-13-
Résumé
-14-
Abstract
-15-
Introduction Générale
-16-
tions ou des structures qui en sont faites. Pour l’ingénieur, cette sécurisation se
fait au moment de la conception par une bonne connaissance des caractéristiques
du matériau dont il se sert. Et pour connaître les caractéristiques mécaniques des
structures en matériaux composites, il est nécessaire de connaître les propriétés
de leurs constituants, fibres et matrice. A première vue, la conception de pièces en
NFRCs découle de l’expérience acquise durant des siècles d’application et obéit
aux approches habituelles des composites avec renforts synthétiques. Cette riche
expérience est heureusement soutenue par des recherches scientifiques plus sys-
tématiques depuis le début du siècle dernier.
Toutefois, les propriétés mécaniques des fibres naturelles d’origine végétale
varient considérablement tant au sein de la même espèce que d’une espèce à
l’autre. La variation d’humidité par exemple conduit au rétrécissement ou au
gonflement et modifie les propriétés mécaniques [6]. De même, leurs propriétés
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thermiques sont de loin très différentes de celles des fibres de synthèse. Divers
travaux de recherches indiquent par ailleurs que les fibres végétales exhibent un
comportement anisotrope très complexe [11, 12]. Cette anisotropie doit par consé-
quent être prise en compte si l’on veut réaliser une conception fiable. L’étude de
cette anisotropie dans le contexte actuel des NFRCs n’a été l’objet que de quelques
rares travaux scientifiques. Cette thèse aborde cette problématique, notamment la
caractérisation de l’anisotropie élastique de ces matériaux.
La volonté de cerner et de maîtriser la conception des structures et donc l’en-
semble des technologies liées aux NFRCs passe nécessairement par une approche
interdisciplinaire. Une étroite collaboration entre les disciplines scientifiques telles
que la botanique, la chimie, la biochimie, la biologie des structures moléculaires,
la génétique des plantes, la physique et la mécanique permet à chacune d’entre
elles d’apporter une contribution constructive et complémentaire ; ceci afin de
faire évoluer ces technologies aux différentes phases de traitement, de la fibre
végétale au composite.
Les fibres végétales, on le sait, doivent résister aux sollicitations de toutes
sortes lorsqu’elles sont encore associées aux plantes qui les contiennent. Elles sont
en effet sollicitées lorsqu’il s’agit de supporter le poids de la plante ou lorsqu’il
s’agit de résister aux tempêtes et aux ouragans si courants dans leur environne-
ment. Les propriétés des structures que sont ces fibres végétales à maturité sont
le résultat de processus physico-chimico-mécanique très complexes qui se pro-
duisent dans les parois végétales. Au fur et à mesure que la plante de développe,
les propriétés mécaniques de ses parois évoluent pour vaincre les difficultés ren-
contrées au cours de sa croissance. La manière dont les propriétés des fibres sont
liées à celles des parois est intéressante à différents points de vue. On peut en ef-
fet les considérer comme des structures efficaces utilisant les caractéristiques des
-17-
constituants nanométriques pour résister aux sollicitations, et s’en inspirer dans
différentes techniques de l’ingénierie. Le fait que la paroi végétale soit active du-
rant la construction de la fibre est notable. Les deux aspects que sont la construc-
tion et l’adaptabilité de la paroi durant la croissance sont en passe d’être élucidés
par la recherche en biologie cellulaire. La modélisation mathématique de la mé-
canique cellulaire des fibres pourrait quant à elle contribuer au débat relatif au
rôle de la structure sur leur comportement thermo-mécanique. Du point de vue
mécanique, la fibre végétale peut être modélisée à différents niveaux d’échelle,
l’objectif étant de quantifier l’apport des polymères naturels qui la composent sur
ses propriétés mécaniques.
L’objectif principal de cette thèse est de développer une méthodologie de mo-
délisation et de caractérisation de l’anisotropie élastique des fibres végétales. L’étude
sera de type multi-échelles pour prendre en compte la structure hiérarchique res-
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-18-
6 développe une modélisation multi-échelles du comportement élastique de la
fibre végétale. Le changement d’échelle de la microfibre à la paroi cellulaire uti-
lise les formules d’homogénéisation tandis qu’un modèle numérique utilisant les
éléments finis multicouches permet de simuler le comportement élastique de la
fibre.
Le mémoire s’achève par l’annonce des principaux résultats obtenus au cours
de ce projet et évoque des voies susceptibles d’être suivies pour affiner la connais-
sance et le développement des NFRCs, et des fibres végétales.
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-19-
Première partie
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-20-
Chapitre 1
1.1 Introduction
Les fibres naturelles peuvent être classifiées en fonction de leurs origines ani-
males, végétales ou minérales comme le montre le diagramme de la figure 1.1.
Dans la suite de ce texte, l’expression "fibres naturelles" doit être comprise comme
fibres d’origine végétale. Les fibres végétales sont maintenant plus souvent utili-
sées comme renforts des polymères organiques (communément appelés les "plas-
tiques") et peuvent elles-mêmes être classifiées en fonction de la partie de la plante
d’où elles sont extraites. Les fibres les plus utilisées sont : le lin, le chanvre, le jute,
le ramie (pour les plantes monocotylédones) et le sisal, le henequen, le coco (pour
les fibres dures).
Les fibres végétales sont traditionnellement utilisées dans le secteur du textile
pour l’habillement, dans l’industrie du papier, dans l’agriculture pour le paillage
des cultures, dans l’emballage pour la sacherie, et dans l’ameublement pour le
rembourrage des matelas et des meubles. Des applications des fibres végétales
existent également dans le secteur des filtres et absorbants, dans l’isolation avec
les tissus ou panneaux de particules agglomérées. Une application particulière,
celle des géotextiles1 dans le génie civil mérite d’être soulignée car elle allie les
propriétés de renforcement et de biodégradabilité des fibres.
1
Les géotextiles sont utilisés dans divers domaines, notamment pour le renforcement des rem-
blais, afin d’empêcher l’érosion des structures d’aménagement paysager. La biodégradation na-
turelle des fibres ligno-cellulosiques peut être considérée comme un avantage important dans les
applications temporaires de génie civil. Toutefois, la durée de vie fonctionnelle d’un géotextile
devrait être suffisante, dans les conditions d’application, pour offrir le niveau de protection voulu
contre l’érosion, tant que la construction a besoin d’être stabilisée.
-21-
L’utilisation industrielle des fibres a commencé au début du XXè siècle avec la
fabrication de sièges d’avion, de réservoirs de carburant ou autres boîtiers élec-
troniques à partir des fibres végétales renforçant une résine polymère [4]. Avec
l’avènement des fibres synthétiques moins sensibles à la température et à l’humi-
dité, les fibres naturelles ont quasiment été abandonnées dans l’industrie. Aujour-
d’hui, le souci de dégager une image plus écologique et de réaliser des gains de
masse et d’énergie conduit à un renouveau de l’utilisation des fibres naturelles.
Ce sont les constructeurs automobiles qui se sont engagés les premiers mais le
marché potentiel s’étend aux autres secteurs des transports, aux loisirs et bâti-
ments. Toutefois, les verrous techniques qui ont conduit à leur abandon doivent
sauter afin d’améliorer la compétitivité des fibres naturelles.
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-22-
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-23-
1.2 Utilisation des fibres végétales : avantages et in-
convénients
Outre l’avantage direct de réduire l’impact négatif sur l’environnement au
stade de la fabrication, un composite renforcé par des fibres naturelles peut éga-
lement contribuer au respect de l’environnement grâce à son poids inférieur et
à la consommation réduite de carburant des véhicules de transport qui en ré-
sulte. Si la teneur en fibres des composites à base de fibres naturelles est élevée en
vue d’obtenir une qualité équivalente aux composites à base de fibres de verre,
la quantité de polymères synthétiques peut de ce fait être réduite. L’étude com-
parative du cycle de vie d’une pièce pour véhicule automobile en résine époxyde
renforcée par des fibres de chanvre, et d’une pièce réalisée à partir de polystyrène-
butadiène-acrylonitrile (ABS) selon différentes méthodes, a révélé que non seule-
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-24-
Fibres prix/kg(US$) Productionx1000 (t/an)
(mat/fabric)
Jute 0,35(1,5/0,9-2) 2000
verre E 1,3(1,7/3,8) 1200
Lin 1,5(2/4) 2100
chanvre 0,6-1,8(2/4)
Sisal 0,9-1 500
Abaca 1,5-2,5(-) 100
Ramie 1,5-2,5(-)
Coco 0,25-0,5(-) 584
TAB . 1.1: Disponibilité de certaines fibres naturelles comparée aux fibres de verre [2], [3]
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mais sont encore plus coûteuses que les fibres de verre2 . Le prix de vente de ces
fibres dépend beaucoup du travail nécessaire pour l’extraction et la préparation
ou le prétraitement des fibres, par exemple, leur mise à dimension finale avec un
agent de couplage et autres surfactants qui sont du reste bien connus pour les
fibres de verre. Dans certaines applications où l’on utilise des fibres de verre, les
fibres naturelles doivent être prétraitées de la même façon que les premières. Elles
offrent néanmoins des avantages certains par rapport aux fibres de verre :
elles ont une faible densité,
elles sont non abrasives par rapport aux fibres de verre, ce qui leur confère
des avantages notamment quant à la longévité de l’outillage,
elles possèdent des propriétés spécifiques élevées,
elles sont facilement recyclables,
elles sont moins fragiles que les fibres synthétiques et donc faciles à mettre
en œuvre surtout pour les grandes courbures,
elles sont biodégradables,
elles se présentent sous forme d’une large gamme de variétés disponibles et
renouvelables à travers le monde,
elles peuvent générer des emplois dans le monde rural par l’augmentation
des fermes non vivrières,
elles se caractérisent par une faible consommation d’énergie,
elles ont un coût de revient limité,
2
Les fibres de verre constituent presque la totalité des fibres de renforcement utilisées en Eu-
rope (environ 600 000 tonnes par année), mais les fibres naturelles progressent de façon notable
en tant que remplacement viable sur plusieurs marchés. En 1999, près de 22 400 tonnes de fibres
naturelles ont été utilisées dans les composites pour automobiles en Union Européenne (UE), où
le principal marché (70 %) était l’Allemagne.
-25-
les composites renforcés de fibres naturelles ont été incinérées. Leur émis-
sion de CO2 est faible et neutre par rapport à la quantité émise pendant leur
croissance.
enfin, les composites à matrice biodégradable (amidon modifié par exemple)
sont les matériaux les plus environnementalement propres. Ils peuvent en-
suite être transformés en compost à la fin de leur cycle de vie.
Cependant, les propriétés mécaniques globales de ces matériaux sont encore
inférieures à celles des plastiques renforcés de fibres de verre. Un compro-
mis est donc nécessaire entre leur performance en service et leur biodégra-
dabilité.
Au cours des dernières années, les prix des fibres naturelles n’ont pas été
stables et particulièrement pour les fibres de lin généralement produites dans les
pays d’Europe (France, Belgique...). La Tanzanie et le Brésil sont les plus grands
producteurs de sisal. Le henequen (une variété de la famille des agaves dont fait
partie le sisal) est produit au Mexique, le chanvre de Manille aux Philippines. Les
plus grands producteurs de jute sont l’Inde, la Chine et le Bangladesh.
La disponibilité de telles fibres ayant de meilleures qualités et propriétés mé-
caniques est l’un des prérequis pour une exploitation satisfaisante comme ma-
tériaux des sciences de l’ingénieur. Toute pénurie de ces dernières en serait une
limitation majeure.
En effet dans tout processus commercial, il est important d’assurer un appro-
visionnement à long terme des ressources commercialisées. Afin de permettre un
approvisionnement continu des fibres naturelles, une gestion anticipée des terres
productrices doit être menée avec pour objectif entre autres une agriculture viable
(voire durable) et la promotion des écosystèmes sains. La gestion d’écosystèmes
n’est pas un euphémisme (pour la préservation de l’environnement) impliquant
une négligence bénigne. Une agriculture viable dénote en effet d’un équilibre
entre la conservation et l’utilisation des terres agricoles pour servir autant les in-
térêts sociaux qu’économiques, d’un point de vue local, national et mondial. Une
agriculture viable ne signifie pas simplement l’exploitation du sol, mais mieux,
elle vise à satisfaire les besoins de la génération présente sans compromettre les
chances des générations futures de satisfaire les leurs. Elle implique dans le cas
qui nous concerne, une production continue des fibres naturelles, la possibilité de
recours aux terres multiples et la préservation de l’écosystème.
-26-
1.4 Préparation des fibres au renforcement
La qualité de l’interface fibre-matrice est très déterminante pour l’utilisation
des fibres naturelles comme renforts dans les plastiques. Diverses méthodes phy-
siques et chimiques peuvent être employées pour optimiser l’adhérence fibre-
matrice. Ces méthodes sont diversement efficaces.
La décharge électrique (Corona, plasma froid) est une autre méthode de trai-
tement physique. Le traitement Corona est l’une des méthodes les plus inté-
ressantes pour l’oxydation et l’activation de la surface. Cette technique modifie
l’énergie de surface des fibres cellulosiques [13] et, dans le cas du bois, l’activa-
tion accroît le nombre de groupements aldéhydes [14].
Les effets similaires peuvent être obtenus par le traitement au plasma froid.
Dépendamment de la nature et du type de gaz utilisé, diverses modifications des
surfaces peuvent être obtenues. La réticulation de la surface peut être introduite,
l’énergie de surface peut être réduite ou augmentée, les radicaux et groupements
réactifs peuvent être générés.
Les méthodes par décharge électrique sont reconnues efficaces pour des sub-
strats de polymères non actifs comme le polystyrène, le polyéthylène, le polypro-
pylène, etc. Ces méthodes sont utilisées avec succès sur des fibres cellulosiques
pour réduire la viscosité à l’état fondu des composites cellulose/polyéthylène [15]
et pour améliorer les propriétés mécaniques des composites cellulose/polyéthylène.
-27-
agents de couplage des couches limites faibles : ils éliminent les couches
limites faibles,
agents de couplage par déformation des couches : ils produisent une couche
rugueuse flexible,
agents de couplage par inhibition des couches : ils développent une région
fortement réticulée à l’interphase avec un module intermédiaire entre celui
de la substance et celui du polymère,
agents de mouillage : ils améliorent le mouillage entre le polymère et la
substance (facteur critique de la tension de surface),
agents de couplage par liaisons chimiques : ils forment des liaisons de co-
valence avec les deux matériaux,
agents de couplage acido-basique : ils détruisent l’acidité de la surface du
substrat.
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-28-
sistance à l’eau des liens. Un moyen plus pratique d’utilisation des silanes hydro-
philes est de les mélanger aux silanes hydrophobes tels que le phényl triméthoxy-
silane. Les amorceurs siloxanes mélangés ont eux aussi une meilleure stabilité
thermique, laquelle est typique pour les silicones aromatiques [21].
tifié par du butylbenzylphtalate, une excellente répartition peut être réalisée dans
du polystyrène (PS) et le PVC [22].
C’est une réaction initiée par les radicaux libres de la molécule de cellulose.
Cette dernière réaction, en effet, est traitée par une solution aqueuse contenant
des ions sélectionnés et est ensuite exposée à une radiation intense d’énergie.
Lorsque la molécule de la cellulose craque, les radicaux se forment. Enfin, les
parties radiculaires de la cellulose sont traitées à l’aide d’une solution appropriée
(compatible avec la matrice polymère), monomère vinyl [18], acrilonitrile [17] mé-
thacrylate de méthyle [23], polystyrène [24] par exemple. Le copolymère résultant
possède des propriétés caractéristiques du polymère greffé et de la cellulose fi-
breuse.
Par exemple, le traitement des fibres cellulosiques avec le copolymère poly-
propylènemaléique anhydre (MAH-PP) chauffé, fournit des liaisons covalentes à
l’interface [25]. Le mécanisme de la réaction peut être subdivisé en deux étapes :
(1) activation du copolymère par chauffage (T'170 ◦ C) avant traitement et (2) es-
térification de la cellulose. Après ce traitement, l’énergie de la surface de la fibre se
-29-
trouve augmentée à un niveau plus proche de l’énergie de surface de la matrice.
On obtient ainsi un bien meilleur mouillage et une forte adhésion fibre/matrice à
l’interface. La chaîne polypropylène (PP) permet une cristallisation segmentée et
un couplage par cohésion entre la fibre modifiée et la matrice PP [25]. Le greffage
par copolymérisation est efficace mais complexe.
Les dérivés du triazine établissent des liaisons avec les fibres cellulosiques.
La baisse d’absorption d’humidité dans les fibres et les composites cellulosiques
traités avec des dérivés du triazine s’explique par [27, 28] :
une diminution du nombre de groupements hydroxiles de la cellulose, les-
quels favorisent une absorption d’humidité,
-30-
une diminution de l’hydrophilie à la surface de la fibre,
une limitation du gonflement des fibres par la création d’un réseau de réti-
culation formé par des liaisons covalentes fibre/matrice.
Les organo-silanes sont les principaux agents de couplage utilisés pour les
plastiques renforcés de fibres de verre. Ils ont été développés pour coupler, vir-
tuellement, n’importe quelle fibre utilisée comme renfort dans les plastiques. La
plupart des agents de couplage peuvent être représentés par la formule suivante :
R − CH2n − Si OR30
-31-
L’acétylation est l’introduction d’un groupement hydroxyle dans des com-
binaisons contenant les groupements OH-, SN-, ou NH2 . Plus précisément, des
combinaisons d’acide acétique (chlorure d’acétyle) sont chauffées en présence
d’un solvant par du benzol ou de l’acide acétique. Dans certains cas, l’acétyla-
tion est accélérée par l’utilisation de catalyseurs. Des groupements hydroxyles,
des parois cellulaires, devant subir une acétylation peuvent être atteints de diffé-
rentes façons. Cependant, sans le recours aux catalyseurs ou solvants appropriés
on ne peut atteindre que les groupements hydroxyles les plus facilement acces-
sibles.
Par cette méthode, des fibres d’aspen, de bambou, de jute... ont pu être trai-
tées. Le remplacement des groupements hydroxyles par des groupements acé-
tyles dans les parois cellulaires permet de réduire l’hydrophilie de ceux-ci. Plus
la teneur en groupements hydroxyles est importante, plus le taux d’humidité à
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-32-
direction de la déformation de traction. Lorsqu’ensuite les fibres naturelles sont
étirées, cette réorientation des fibrilles permettrait une meilleure distribution de
la charge, ce qui les rend plus aptes à supporter les contraintes plus élevées. Par
contre, le ramollissement de la matrice interfibrillaire a des effets négatifs sur la
transmission des contraintes entre les fibrilles et par suite sur la capacité de la
fibre à supporter des déformations de traction. Avec la dissolution progressive de
la lignine, la lamelle centrale reliant les cellules les plus éloignées deviendrait de
plus en plus plastique et homogène à cause de l’élimination des micro-pores, et
les cellules les plus éloignées elles-mêmes ne seraient alors que légèrement affec-
tées.
De plus, certains auteurs ont évoqué des changements de la cristallinité après
le traitement à l’alcali des fibres de noix de coco et de lin [30, 31]. L’augmentation
de la cristallinité des fibres alcalinisées s’expliquerait par le fait que la dissolution
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-33-
composite fibre de noix de coco/polyester [32].
-34-
de surface.
Wad = (1 + cos θ) γm (1.1)
En terme d’énergie de surface, il y a l’énergie libre de surface non polaire ré-
sultant des forces dispersives de London et l’énergie de surface polaire résultant
d’interactions du type dipôle-dipôle, dipôle induit et liaison hydrogène. Le rôle
du mouillage apparaît donc primordial pour l’adhésion de l’interface qui est le
lieu privilégié du transfert des contraintes entre la matrice et le renfort. Si l’on
considère un matériau neutre comme le polypropylène qui n’est capable que d’in-
teractions de dispersion, le travail d’adhésion sera uniquement déterminé par
l’énergie de surface dispersive des deux composants. Au contraire, les fibres cel-
lulosiques possèdent une énergie de surface majoritairement polaire. Les tensions
de surface de différents bois, en particulier, oscillent entre 40 et 54,3 mJ/m2 (ap-
proche de Lifshitz-van der Waals/acide-base). Il faut aussi noter le caractère fai-
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-35-
nécessaire de métalliser la fibre au préalable, bien qu’il existe maintenant des mi-
croscopes de type environnemental où la métallisation est moins poussée ou pas
du tout nécessaire. Les techniques, dites spectroscopiques (FTIR), donnent quant
à elles, davantage d’informations sur la nature ou la composition chimique de
l’adhésion [35]. Les analyses thermiques de type DSC, TG, TMA ou DMTA sont
précieuses en ce qui concerne l’évaluation des liaisons créées lors d’une cinétique
de température. La compréhension de la réticulation des adhésifs, utilisés pour
les NFRCs, doit beaucoup à ces techniques.
La caractérisation des possibilités de liaisons à l’interface peut aussi s’effectuer
via des techniques plus spécifiques comme l’angle de contact ou la chromatogra-
phie gazeuse inversée (IGC) [36]. Dans ce cas particulier, il s’agit de techniques
de caractérisation de surface, pas d’interface. Les grandeurs mesurées sont celles
qui sont présentées dans l’expression du travail d’adhésion (équation (1.1)). Selon
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Riedl et Matuana [37], l’IGC, bien que plus délicate à mettre en oeuvre, se révèle
plus précise et plus sensible que l’angle de contact, notamment en ce qui concerne
les sites de hautes énergies et les substrats très poreux ou poudreux. L’analyse de
NFRCs, avec des surfaces modifiées ou non, par la chromatographie gazeuse in-
versée a permis à Zafeiropoulos et al [38] de vérifier les possibilités de liaisons à
l’interface.
Outre ces techniques empruntées à l’ingénierie chimique, il existe aussi des
possibilités de caractérisation mécanique, plus ou moins directe, de l’adhésion.
Les essais comme la traction perpendiculaire utilisés pour les panneaux compo-
sites à base de bois, ou "le single fibre pull out test" sont les plus courants. Le pull
out test permet de déterminer l’adhésion d’une fibre prise dans une matrice. Tou-
tefois, Beckert et Lauke [39] mettent en avant le fait, qu’il n’est pas évident que
ce test mesure réellement l’adhésion puisque des effets de non linéarité, comme
la friction ou l’inélasticité de la matrice, risquent d’interférer. Toutefois, l’asso-
ciation de l’imagerie microscopique et du pull out test autorise l’observation de
l’allure de la surface de rupture entre deux matériaux. Une bonne adhésion doit
exclure la présence d’une rupture à l’interface. L’essai de traction perpendiculaire
est normé pour les matériaux bois, et est considéré comme un bon indicateur de
la qualité de l’adhésion. En effet, ce sont principalement les liaisons avec la colle
qui assurent la cohésion du matériau.
Toutes ces méthodes de caractérisation peuvent être associées afin d’optimiser
les résultats obtenus. Elles sont complémentaires, et même si elles fournissent
parfois des informations similaires, les moyens employés diffèrent. La complexité
des mécanismes d’adhésion nécessite cette diversité qui peut, à l’occasion, ne pas
s’avérer totalement efficace.
-36-
1.6 Mise en œuvre des composites renforcés de fibres
naturelles
Les différentes techniques utilisées pour la mise en œuvre des composites
NFRCs se fondent sur les acquis relatifs aux composites renforcés de fibres syn-
thétiques. Ces techniques incluent entre autres le moulage au contact, la pultru-
sion, l’enroulement filamentaire, l’extrusion, le moulage par injection de résine, le
compounding, etc. Il convient cependant de relever avec justesse que les matrices
telles que le polyéthylène et le polypropylène thermoplastiques, sont surtout uti-
lisés dans le compounding et l’extrusion.
Le séchage des fibres avant renforcement est une opération importante car
l’eau présente à la surface de la fibre agit comme un agent de détérioration de
l’adhérence à l’interface fibre/matrice. Cet aspect est d’autant plus important
que des vides ou pores naissent dans la matrice pendant la polymérisation (la
plupart des résines thermodurcissables ont une température de polymérisation
supérieure à 100 ◦ C, celles des thermoplastiques se situe bien au-dessus de la
température de vaporisation de l’eau). Les 2 phénomènes évoqués provoquent
la diminution des propriétés mécaniques des plastiques renforcés de fibres natu-
relles. Pour les composites jute/époxyde par exemple, la résistance à la traction
des fibres préalablement séchées à 1% d’humidité augmente d’environ 10% com-
parée à celle des fibres faiblement séchées à 10% (poids) d’humidité. On peut si-
gnaler dans le même ordre d’idée, une augmentation d’environ 20% de la rigidité.
Le séchage des fibres peut être effectué dans une étuve sous vide à différentes
températures afin de parvenir à différents taux d’humidité.
-37-
la matière fondue est extrudée et granulée sous eau,
les granulés subissent un traitement thermique final avant d’être condition-
nés en sacs étanches.
Les fibres (non compatibilisées) utilisées jusqu’ici sont le bois, le chanvre, le lin,
le jute, le kenaf et le sisal. Les taux d’incorporation de fibres varient de 15% à
70% selon les besoins. Les résultats obtenus avec un polypropylène copolymère
montrent que le module de traction est plus élevé pour le chanvre et viennent
ensuite le sisal, le jute, le lin et un compound obtenu à partir des déchets [40].
Les propriétés mécaniques obtenues avec le PEHD montrent que les modules de
traction et de flexion du polymère peuvent être multipliés par 3 voire 4. L’accrois-
sement de rigidité obtenu entraîne bien sûr une valeur de l’énergie de rupture au
choc relativement faible puisqu’aucun traitement destiné à rendre la cellulose de
la fibre compatible avec le polymère de base n’est réalisé.
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-38-
être renforcées par des fibres naturelles (possible détérioration des fibres).
-39-
cés avec les fibres de verre [4]. Les pièces composites à base de fibres naturelles
et possédant de bonnes propriétés mécaniques peuvent être aussi élaborées par
BMC [42].
-40-
à une réduction de moitié de la déformation après 300 mn et à une cinétique de
fluage plus faible. Comme c’est le cas pour le comportement au fluage des plas-
tiques renforcés de fibres de verre, une amélioration de l’adhérence fibre-matrice
permet de réduire remarquablement la déformation de fluage, en raison d’une
meilleure transmission d’effort entre la fibre et la matrice. Comparés aux com-
posites non traités, la déformation sur les fibres externes a été réduite de 20-25%
par l’utilisation d’un agent de couplage. Ce dernier est en effet nécessaire pour
parvenir à une absorption plus efficace des contraintes à travers les fibres, ce qui
est tout autant le cas pour le comportement exhibé par le matériau testé.
renforcés par des fibres cellulosiques n’a pas beaucoup été étudié jusqu’ici. Les
travaux sur cet aspect de même que l’influence des agents de couplage sur les
systèmes thermoplastique et thermodurcissable ont été publiés par Gassan et al.
[44, 45].
Il apparaît qu’une amélioration de l’adhérence fibre-matrice à l’aide d’agents
de couplage comme le MAH greffé de PP conduit, pour le composite jute/PP,
à une limite d’endurance suffisamment élevée. La propagation de l’endomma-
gement pour les fibres traitées (jute/PP) est quasi-indépendante de la teneur en
fibres, ce qui se traduit notamment par des contraintes maximales indépendantes
dues à la qualité améliorée de l’adhésion fibres-matrice par l’agent MAH-PP et
une meilleure transmission d’effort matrice-fibres. De même pour les composites
à fibres traitées jute/PP, une augmentation de 40% (par rapport au matériau non
traité) de la limite d’endurance a pu être atteinte avec une teneur de 40%, en vo-
lume, de fibres. Enfin, pour les deux systèmes (traités ou non) l’endommagement
ne se produit pas spontanément mais de façon continue avec l’augmentation du
niveau de contraintes.
-41-
posites renforcés par des fibres possédant un grand angle d’hélice se sont montrés
plus tenaces que ceux renforcés par des fibres de faible angle d’hélice. C’est pour-
quoi selon Pavittan et al. les composites à fibres de sisal (angle des fibrilles = 25◦ )
ont présenté les meilleurs résultats au choc. Pavittan et al. ont ensuite étudié la
ténacité spécifique du composite sisal/UHMPE (Ultra High Molecular Polyethy-
lene), laquelle serait approximativement inférieure de 25% à celle du matériau
verre/UHMPE de même teneur en fibres. En ajoutant les fibres de lin au système
précédent, Höck a rapporté une augmentation de l’endommagement (à -40 ◦ C)
par rapport au PP non renforcé. Le traitement à l’aide des silanes a permis de
réduire cet effet.
Tobias [47] a étudié l’influence de la teneur en fibres et de la longueur des
fibres sur le composite abaca/époxyde. Il a rapporté un accroissement de la téna-
cité du matériau avec l’augmentation du taux de fibres (fibres de 20 mm de lon-
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gueur). Des fibres plus courtes ont permis d’atteindre une plus grande ténacité,
le taux de fibres étant le même que précédemment. D’une manière générale, la
ténacité des composites verre/PP augmente avec la longueur des fibres de verre.
D’autres investigations sur le comportement au choc du composite jute/PP non
traité par l’agent de couplage MAH-PP ont été entreprises. Il en ressort que l’en-
dommagement peut être retardé et initié pour des valeurs d’effort plus grandes
lorsque l’adhésion fibre-matrice est forte, étant donné que les composites ayant
une faible adhésion rompent sous de très faibles charges appliquées suivant la
direction transversale des fibres. Il a été également observé que le facteur de rési-
lience (0,52 J) du composite jute/PP traité avec le MAH-PP est relativement plus
faible que celui (0,76 J) du composite non traité, pour une même quantité d’éner-
gie de 1,5 J. En effet, pour les composites sans agent de couplage, une partie de
l’énergie du choc est consommée à l’interface fibre-matrice sous forme de dé-
chaussement des fibres et de frottement par exemple. Dans les mêmes conditions,
l’essai au choc répété conduit à une diminution d’énergie de rupture (jusqu’au
3ème choc) et pour le matériau traité au MAH-PP, une légère détérioration s’est
produite après le 3ème choc. Dit autrement, aucun dommage macroscopique n’a
été observé. Pour les composites sans agent de couplage, une telle accumulation
de l’endommagement n’est pas manifeste.
-42-
1.8 Cas particuliers de composites à base de fibres vé-
gétales
1.8.1 Composites hybrides
Il s’agit des plastiques renforcés conjointement par des fibres végétales et des
fibres synthétiques (verre ou carbone). En effet, les plastiques renforcés essen-
tiellement de fibres végétales n’atteignent les propriétés physiques des systèmes
verre/plastiques que dans certaines conditions particulières. On peut cependant
améliorer ces caractéristiques par l’élaboration des composites hybrides. Les pro-
priétés de ces types de composites peuvent être trouvées dans la référence [4]. Ces
composites hybrides atteignent les caractéristiques mécaniques quasi-identiques
à celles des composites traditionnels. A cause de la résistance à l’eau des fibres
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-43-
Fibres/PolyBio Résistance (MPa) Module d’Young (MPa)
Lin/Bioceta 65,7 1400
Lin/Sconacell A 106,9 8180
Lin/Mater Bi 124,3 10 580
-44-
brication d’équipements de laboratoire, etc. La recyclabilité de ces produits reste
néanmoins discutable.
1.9 Conclusion
Dans ce chapitre nous avons entrepris de définir ce que sont les NFRCs, ainsi
que de situer le contexte de développement et d’utilisation de ces produits re-
lativement récents. La nature des constituants, les interactions existant entre ces
derniers, au même titre que l’agencement de leur combinaison, sont autant de
paramètres dont il faut tenir compte. Les travaux passés montrent toute la com-
plexité de ces nouveaux matériaux. Cette revue de littérature montre la diversité
des NFRCs tant au niveau de leur conception que de leur fabrication ou bien de
leur usage. Les composites que nous nous proposons d’étudier, sont des compo-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-45-
veaux horizons d’explorations, notamment pour la fabrication des pièces devant
fonctionner sous environnement sévère. Le chapitre suivant se focalisera plus
spécifiquement sur les fibres végétales afin d’en donner une meilleure connais-
sance.
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-46-
Chapitre 2
2.1 Introduction
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-47-
d’autres types de fibres végétales mais qui ne présentent qu’une utilité "limitée".
C’est le cas des fibres extraites des feuilles de raphia ou extraites d’enveloppes de
fruit (noix de coco, palmier). Parmi les fibres provenant de graines, seuls le coton
et le kapok ont une valeur commerciale. Le coton, qui se prête à une grande di-
versité d’applications, notamment dans la fabrication d’étoffes, constitue la fibre
la plus utilisée ; le kapok en revanche, qui ne peut pas être filé, convient au capi-
tonnage et au rembourrage. Creux, le kapok est très léger et flotte. Aussi a-t-il été
utilisé pour les gilets de sauvetage, même s’il est désormais largement remplacé
par d’autres matériaux.
Les nombreuses variétés de fibres du liber sont utilisées aussi bien pour la
confection d’étoffes raffinées que pour la fabrication de cordages. Outre le lin,
qui est extrait de la tige de la plante portant le même nom, le chanvre, le jute et
la ramie sont utilisés pour la fabrication de tissus plus grossiers, de cordes et de
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ficelles.
Les fibres vasculaires sont presque entièrement réservées à la fabrication de
cordages : l’agave (sisal), le tampico, l’abaca ou chanvre de Manille1 . Le manille
possède une légèreté, une résistance et une durabilité plus grandes que les autres
fibres naturelles. Il est flexible et est difficilement attaquable par l’eau de mer. Sa
couleur se situe entre le blanc de l’ivoire et le brun foncé.
Les fibres végétales sont extraites des plantes par différentes méthodes méca-
niques, chimiques et biologiques (utilisation des bactéries et enzymes) en fonc-
tion du type de fibre considéré. Ces procédés de séparation des fibres générale-
ment utilisés de nos jours sont schématisés dans le diagramme de la figure 2.1.
La méthode d’extraction traditionnelle, le rouissage, utilise des bactéries existant
dans l’environnement pour dissoudre les extractibles. Certaines bactéries, telles
que Bacillus et Clostridium, utilisées lors du rouissage à l’eau et certains champi-
gnons comme Pusillus et Fusarius laterium, utilisés lors du rouissage à la rossée
se sont révélés très efficaces pour attaquer les substances non cellulosiques des
plantes et libérer la fibre [51, 52]. Bien que le rouissage atmosphérique fournisse
des fibres de qualité, il requiert un temps d’extraction relativement long durant
lequel le contrôle de la qualité de la fibre n’est pas aisé.
Une méthode de rouissage très pratiquée utilise des solutions alcalines, des
solutions d’acide doux et des enzymes pour accélérer le processus de libération
de la fibre. L’alcali le plus utilisé est la soude (ou hydroxyde de sodium) ; mais des
acides doux comme l’acide sulfurique et l’acide oxalique en combinaison avec un
détergent ont été aussi utilisés pour l’extraction des fibres. Les facteurs déter-
minant la qualité des fibres chimiquement extraites sont la teneur du composé
1
Le manille ou chanvre de Manille est une fibre produite à partir des feuilles de l’abaca et
utilisé en marine.
-48-
chimique en usage et la durée du traitement [53]. En ce qui concerne le rouis-
sage enzymatique, une combinaison d’enzymes telles que les pectinases, hémi-
cellulases et cellulases est généralement employée en association avec un pré- ou
post- traitement chimique. Plus récemment, des multi-enzymes pouvant effectuer
de 10 à 15 activités pour une amélioration de la qualité ont été élaborés.
La séparation mécanique quant à elle utilise des machines à décortiquer, le
vapocraquage, l’extraction à l’ammoniaque et le process Tilby. La méthode Tilby,
en effet, se révèle efficace notamment dans l’extraction des fibres de canne à sucre,
de maïs, et d’autres plantes dont la tige regorge de fibres cellulosiques, car elle
offre l’avantage de réaliser une extraction sans désintégration des constituants
[54]. Des fibres extraites de la paille de blé et de la canne à sucre par la méthode
Tilby et le vapocraquage ont été de meilleure qualité pour être utilisées dans le
textile dans les composites.
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-49-
2.2.1 Séparation des fibres libériennes
Les fibres libériennes sont celles extraites du liber. Le liber (botanique), du la-
tin liber écorce d’arbre, est la région de la racine, de la tige ou de la feuille des
plantes vasculaires, formée très généralement par du tissu criblé, que caractérise
la présence des tubes criblés (dits encore tubes cribleurs ou vaisseaux grillagés).
Son rôle essentiel est d’assurer, par ses tubes criblés, la répartition de la sève éla-
borée dans les feuilles.
2.2.1.1 Décortication
dis que les faisceaux de fibres libériennes eux, sont très flexibles et ne se rompent
pas. Les machines utilisées pour la décortication mécanique des fibres libériennes
se basent soit sur le principe des moulins broyeurs, soit sur le principe des rou-
leaux concasseurs rotatifs, profilés. Les machines acceptent les tiges de plantes
même emmêlées, ce qui simplifie la technique de récolte par rapport au procédé
traditionnel de production des fibres [55].
Afin de déterminer leur "décorticabilité", des tiges de chanvre sèches ont été
traitées dans une machine de décortication en laboratoire. Cette machine se com-
pose de quatre paires de rouleaux rotatifs, à profil axial, placés les uns derrière les
autres et entraînés par un moteur électrique. Cette machine permet de reproduire
en laboratoire un processus de décortication industriel, correspondant au niveau
actuel de la technique. Dans le cadre de la décortication en laboratoire, les tiges
ne sont pas complètement décortiquées après un seul passage. Le liber partielle-
ment décortiqué a donc été reconduit plusieurs fois dans la machine jusqu’à ce
qu’il soit absolument exempt de chénevottes, ce qui a requis cinq passages dans
la machine. L’opération effectuée par étapes a permis d’interpréter de manière
détaillée le processus de décortication des tiges de chanvre à différents stades de
développement. Les plantes plus anciennes seraient plus faciles à décortiquer. Si
l’on se base sur la "décorticabilité", la date de récolte optimale se situe au début
de la période de maturité des semences.
2.2.1.2 Dégommage
-50-
entourent les fibres (dégommage). Différents procédés biologiques et chimico-
physiques ont été étudiés pour obtenir un dégommage contrôlé. Le procédé par
explosion de vapeur (vapocraquage) et le procédé de séparation biologique sont
les plus développés. En ce qui concerne le vapocraquage, le liber est placé dans
un autoclave avec vapeur alcaline de 8-12 bars pendant un maximum de 30 min.
Lorsque la pression est réduite, les fibres sont accélérées et séparées. Ce pro-
cédé permet d’affiner les fibres . Il est suffisamment développé pour permettre
une application industrielle. Dans le cadre de la séparation biologique, les micro-
organismes présents naturellement sur le liber sont placés dans un fermenteur
dans des conditions précisément définies. Les substances gommeuses du liber se
dissolvent sous l’action des enzymes libérés par ces microorganismes [56, 57], ce
qui permet la séparation ultérieure des fibres élémentaires. Pour l’heure, ce pro-
cédé est développé en laboratoire.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-51-
utilise des chélateurs (par exemple de l’EDTA (EDTA ou ethylenediaminetetraa-
cetic acid) ou de l’acide oxalique) pour réduire la quantité d’enzymes employée.
Les chélateurs éliminent le calcium qui relie et stabilise les pectines, ce qui favo-
rise l’accès de l’enzyme à l’intérieur de la tige. On a constaté que des variations
dans les formules d’enzymes modifient les propriétés de la fibre (par exemple
sa couleur, sa résistance et sa finesse), ce qui ouvre la voie à diverses possibili-
tés d’adaptation des fibres aux caractéristiques recherchées. Les chercheurs sont
d’avis que le rouissage aux enzymes pourrait être fait dans des installations fer-
mées, ce qui permettrait de rouir à l’année, d’éliminer les problèmes de rouissage
causés par un temps sec et de réduire la quantité de poussière et de débris ac-
cumulés sur les tiges laissées au champ. Le processus de rouissage aux enzymes
réduit le temps de rouissage de plusieurs semaines (pour le rouissage au champ)
à 24 heures seulement. Les chercheurs espèrent éventuellement arriver à un pro-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
cessus de rouissage aux enzymes ne durant que de six à huit heures, limitant ainsi
le temps de rétention de la fibre dans les installations à un ou deux jours une fois
le processus optimisé.
-52-
2.3.1 Composition chimique des fibres
La composition chimique des fibres végétales dépend en grande partie des
besoins particuliers de la plante dont elles sont extraites. Cependant, cellulose,
hémicellulose en sont les principaux constituants, et leur teneur dépend de l’âge,
l’origine et des conditions d’extraction des fibres [50]. La cellulose est le consti-
tuant chimique qui dans la structure moléculaire contribue le plus à la résistance
et à la stabilité de la paroi végétale et donc des fibres [59]. La teneur en cellulose
de la fibre influence largement les propriétés mécaniques, l’aspect économique et
la production de la fibre. Des fibres ayant une forte teneur en cellulose seraient
préférables pour une utilisation dans le textile, le papier, les composites et autres
domaines d’activité ; tandis que celles ayant une forte teneur en hémicellulose se-
raient appropriées pour la production de l’éthanol et d’autres produits de fermen-
tation car l’hémicellulose est facile à hydrolyser dans des sucres fermentables.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-53-
volatiles, alcools à haut poids moléculaire et acides gras. Les extractifs ne contri-
buent pas aux propriétés mécaniques des fibres, bien qu’ils s’ajoutent au poids
de la matière végétale à l’état brut. Les extractifs pigmentent les fibres parfaites et
leur donnent un parfum ; ils sont toxiques et augmentent la résistance des fibres
parfaites à la pourriture et contre-attaquent les insectes.
Le terme d’"extractifs" couvre un large éventail de composés différents qui
peuvent être extraits des plantes par divers procédés utilisant des solvants po-
laires ou non polaires. Un exemple de ces composés est la pectine, un nom com-
mun à tous les hétéropolysacharides dont le constituant principal est l’acide po-
lygalacturose. La pectine devient soluble dans l’eau après neutralisation à l’alcali
ou à l’hydroxyde d’ammonium [63].
-54-
2.3.2.1 La couche intercellulaire
La paroi primaire est très mince ; elle a environ 0,1 µm d’épaisseur. Comme la
couche intercellulaire, elle contient une grande quantité de lignine, mais très peu
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-55-
à la manière d’un contreplaqué (figure 2.3). Le faible angle microfibrillaire de la
paroi S2 compris entre 10◦ et 30◦ , contraste avec celui de la paroi S1 ( compris entre
−80◦ et 80◦ selon qu’il s’agit de bois de printemps ou d’été) et celui de la paroi S3
compris entre -70◦ et 70◦ (voir figures 2.3 et 2.4). Ces couches sont elles-mêmes
composées de plusieurs lamelles associées par un type de lignine particulier.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
F IG . 2.2: Schéma représentant l’angle des microfibres α par rapport à l’axe de la cellule :
(a) spirale en Z, (b) spirale en S.
-56-
2.4 Propriétés des constituants chimiques des fibres
Dans cette section, nous allons expliquer succinctement la structure et l’arran-
gement moléculaire des composants polymériques des fibres végétales. Une des-
cription plus détaillée sur la structure moléculaire de ces composants peut être
trouvée dans la littérature spécialisée [65, 66]. Le tableau 2.1 donne le pourcen-
tage volumique de chaque composant chimique, leur nature polymérique, leur
degré de polymérisation (DP) et leur fonction, pour quelques fibres choisies. Il
faut noter que le pourcentage massique des constituants chimiques des fibres sont
différents dans chaque couche de la paroi cellulaire.
linéaire
Hémicellulose 5,7 12,0 16,7 13,1 12,0 Molécule Matrice
ramifiée
Pectine 5,7 0,2 1,8 1,9 0,8 Molécule Protection
polymérique
Lignine - 11,8 2,0 0,6 9,9 Réticulé Matrice
3D,amorphe
Extractifs 1,0 1,1 3,9 5,5 1,2 Molécule Protection
polymérique
Wax 0,6 0,5 1,5 0,3 0,3 - Protection
Eau 10,0 10,0 10,0 10,0 10,0 - Protection
TAB . 2.1: Composants chimiques (et leur teneur) de certaines fibres végétales, natures et
fonctions [10]
-57-
2.4.1 Cellulose
C’est en 1838 qu’Anselme Payen a suggéré que les parois de nombreuses cel-
lules végétales étaient constituées de la même substance à laquelle il donna le
nom de cellulose. C’est un composant indispensable pour toutes les fibres végé-
tales. La cellulose est la matière la plus répandue dans la nature. Elle est présente
dans les plantes, les algues, les bactéries et chez certains animaux. La structure
de la cellulose suscite encore beaucoup de questions. Si tout le monde semble ac-
cepter sa structure moléculaire, des questions subsistent quant à son arrangement
moléculaire au sein des microfibrilles.
La cellulose est présente à raison de 50% à 85% dans les fibres végétales cou-
ramment utilisées comme renforts dans les composites. C’est un homopolysac-
charide linéaire constitué d’unités β-D-glucopyranose reliées entre elles par des
liaisons glycosidiques β-(1-> 4). La conformation chaise (équatoriale) du cycle
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-58-
ployées dans le but de comparer les modules d’Young des celluloses types I et II.
La plupart de ces auteurs ont obtenu des valeurs caractéristiques plus élevées
pour le type I que pour le type II.
La cellulose solide forme une structure microcristalline avec les zones de de-
gré supérieur, c’est-à-dire des régions cristallines, et des zones de degré inférieur,
c’est-à-dire des zones amorphes. La résistance à la traction des microfibrilles de
cellulose est très élevée, étant donné qu’elle est le matériau le plus résistant et
connu dont la résistance est estimée à 7,5 GPa [68].
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2.4.2 L’hémicellulose
L’hémicellulose n’est pas du tout une autre forme de cellulose comme l’in-
diquerait son nom. Il comprend un groupe de polysaccharides (pectine exclue)
-59-
Propriété Valeur
plage à 12% d’humidité à 20% d’humidité
20 ◦ C 20 ◦ C
E11 (GPa) 134,0-170 134 134
E22 (GPa) 15,0-27,2 27,2 27,2
G12 (GPa) 3,0-6,0 4,4 4,4
ν21 0,01-0,02 0,02 0,02
ν32 0, 50 0,50 0,50
qui reste intimement liés (constitue une sorte de matrice au sens d’un matériau
composite) aux microfibrilles de la cellulose même après extraction de la lignine.
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-60-
8 2 2 0 0 0
2 4 2 0 0 0
Hemic
2 2 4 0 0 0
C (w) =
0
cH (w) GP a (2.2)
0 0 1 0 0
0 0 0 0 1 0
0 0 0 0 0 1
avec :
cH (w) fonction de l’hygrométrie pouvant être obtenue par ajustement aux
données expérimentales.
Propriété Valeur
plage à 12% d’humidité à 20% d’humidité
20 ◦ C 20 ◦ C
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2.4.3 La lignine
Après la cellulose, la lignine est la substance organique la plus abondante dans
les plantes. La présence de la lignine dans la paroi cellulaire rend les fibres végé-
tales mécaniquement très résistantes et a permis à certains arbres d’atteindre une
hauteur de plus de cent mètres. La quantité de lignine présente dans les diffé-
rentes espèces de plantes est très variable. Les feuillus en contiennent 18 à 25%,
alors que les résineux en contiennent plus, soit 25 à 35%.
Les lignines sont des polymères hydrocarbonés complexes avec des consti-
tuants aromatiques et aliphatiques. Leurs principales unités monomères sont en
fait des anneaux substitués phénylpropane liés de diverses façons qui restent en-
core incomprises aujourd’hui. Certains détails de leur structure varient en fonc-
tion des auteurs [16]. Des trois principaux constituants des plantes, la lignine est
celui qui a le moins d’affinité avec l’eau. Un autre trait caractéristique de la li-
gnine est qu’elle est thermoplastique (i.e qu’elle se ramollit au voisinage de 90 ◦ C
, et coule au voisinage de 170 ◦ C). Les propriétés mécaniques des lignines sont
inférieures à celles de la cellulose.
-61-
Depuis le modèle d’organisation macromoléculaire des trachéides du bois de
Goring [69], validé à l’échelle ultrastructurale, la fonction de la lignine dans l’as-
semblage des microfibrilles de cellulose n’a que peu progressé. Les travaux ré-
cents de Ruel et al. [70] sur des fibres industrielles ayant subi des traitements va-
riés de mise en pâte (chimiques, mécaniques ou enzymatiques), ou de raffinage
indiquent :
que la paroi secondaire mature est le résultat de l’assemblage de lamelles
(d’environ 100-200 nm d’épaisseur) de microfibrilles de cellulose enrobées
dans une matrice formée de polysaccharides (hémicellulose) et de lignines.
A maturité, cette structure de base est masquée,
que les lamelles s’associent entre elles sous l’effet de la synthèse d’un type
non-condensé de lignine. Ce résultat est important en ce qui concerne l’as-
semblage des parois mais aussi parce qu’il montre que le mode de poly-
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-62-
Coefficient, unité Valeur
E (GPa) 2,0 - 3,5
ν 0,33
relativement grande et leur faible densité (tableau 2.5) [4]. Certaines caractéris-
tiques des fibres de lin et des fibres de bois kraft atteignent des valeurs très
proches de celles des fibres de verre "E" (référence faite à leur application pre-
mière dans l’électronique). Néanmoins, il est observable (tableau 2.5) que l’in-
tervalle de variation des caractéristiques est l’un des inconvénients actuels des
fibres naturelles, lesquelles sont tributaires des conditions environnementales au
cours de leur croissance. Les fibres naturelles peuvent être traitées par diverses
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-63-
Fibre Caractéristiques Références
Masse volu- Allonge- Résistance Module de
mique (g/cm3) ment (%) (MPa) Young (GPa)
Coton 1, 5-1, 6 7, 0-8, 0 287 − 597 5, 5 − 12, 6 [71, 72, 73]
Jute 1,3 1,5-1,8 393-773 26,5 [71, 74, 72, 75]
Lin 1,5 2,7-3,2 345-1035 50-70 [74]
Chanvre - 1,6 690 - [17]
Ramie - 3,6-3,8 400-938 61,4-128 [72, 73]
Sisal 1,5 2,0-2,5 511-635 9,4-22,0 [71, 72, 76]
Coco 1,2 30,0 175 4,0-6,0 [71, 76]
Viscose - 11,4 593 11,0 [73]
(corde)
Bois kraft 1,5 - 1000 40,0 [77]
Verre-E 2,5 2,5 2000-3500 70,0 [78]
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TAB . 2.5: Propriétés mécaniques des fibres naturelles comparées aux renforts de
synthèse traditionnels
-64-
Fibre Indice de Angle Aire(A) Longueur Ratio
cristalli- d’hélice section (L)de la d’aspect L/D
nité(CrI) (◦ ) droite cellule D :Diamètre
cellulose (mm2 ) (mm) de la cellule
Jute 8,0 0,12 2,3 110
Lin 10,0 0,12 20,0 1687
Chanvre 6,2 0,06 23,0 960
Ramie 7,5 0,03 154,0 3500
Sisal 56,6-66,2 20,0 1,10 2,2 100
Coco 45,0 1,20 3,3 35
Depuis les travaux de Hearle [81], différents auteurs se sont efforcés de cal-
culer les caractéristiques mécaniques des fibres naturelles à partir de leurs pa-
ramètres structuraux. C’est notamment le cas avec les travaux de Gordon et Jé-
ronimidis [82], Jéronimidis [83] et McLaughlin et Trait [84]. Toutes ces théories
tiennent essentiellement compte de la teneur en cellulose et de l’orientation des
fibrilles. En prenant en compte divers mécanismes généraux de déformation, on
déduit trois équations de déformation permettant de calculer la rigidité longitu-
dinale de la fibre.
Cette équation décrit bien le comportement des fibrilles de faible angle d’hé-
lice,
-65-
2.5.1.2 Equation de déformation type ressort
Cette équation convient pour les fibrilles dont l’angle d’hélice est 45◦
KN C 2 2
E1 = 1 − 2 cot2 X2 = K 1 − 2 cot2 X2 (2.5)
1 − X1C
avec :
KN C : module de compressibilté des parties non cristallines (rapport entre
la contrainte hydrostatique et la fraction en volume)
h i
2
E ∗ cos2 X2 K (1 − 2 cot2 X2 )
E1 = 2 (2.6)
E ∗ cos2 X2 + K (1 − 2 cot2 X2 )
-66-
divers procédés. Un résumé des résultats expérimentaux fournis dans la littéra-
ture montre que les propriétés mécaniques des fibres cellulosiques de synthèse
dépendent de leur structure à différents niveaux, c’est-à-dire qu’il faut prendre
en compte les éléments ci-après :
le degré de polymérisation DP ,
la structure cristalline,
la structure de la supermolécule (exemple : degré de cristallinité),
l’orientation des chaînes (régions cristallines et non cristallines),
la porosité,
le diamètre des fibres.
En général, la résistance à la traction des fibres est considérablement influen-
cée par la longueur des molécules comme c’est aussi le cas pour les fibres viscoses
et les fibres d’acétate. Une corrélation linéaire avec pente négative entre la résis-
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1
tance à la traction et l’inverse du degré de polymérisation DP pourrait être modi-
fiée par les effets d’orientation, par la variation des dimensions des crystallites et
de la cristallinité, par les impuretés et probablement par les pores et les sections
droites non uniformes dans la fibre [67]. S’intéressant à différentes fibres, Krässig
[85] a montré qu’il existe des corrélations quasi-linéaires entre un certain nombre
de paramètres structuraux et la résistance à la traction, l’allongement ultime et le
module ; l’équation (2.8) modélise ces corrélations.
σcon ' DPL−1 − DP −1 GI.fr2
σwet ' DPL−1 − DP −1 GI.fr2.5
−1 (2.8)
Ewet ' DPL DP −1 − DP −1 −1
1
−1 cos β
L cos β
avec :
DP : degré de polymérisation moyen,
DPL : longueur des régions cristallines,
Cr I : indice de cristallinité,
fr : facteur de direction d’Hermans,
cos β : mesure de la direction (' fr0.5 ).
2.6 Conclusion
Le but de ce chapitre était de nous donner une meilleure connaissance des
fibres végétales. Un accent particulier a été mis sur leur obtention, notamment
sur les différentes méthodes qui sont généralement employées pour les séparer
des plantes dont elles sont issues. La question de l’amélioration de la qualité de la
fibre extraite a connu bien des réponses satisfaisantes notamment quant à la pos-
-67-
sibilité de combiner plusieurs méthodes quant cela s’avère nécessaire. D’autres
questions nécessitent encore des travaux de recherche. Elles incluent entre autres,
les conditions de croissance pour la multiplication des semences et la produc-
tion des fibres, les méthodes de récolte, la séparation des fibres et l’optimisation
de leur séparation, le fondement moléculaire de l’amélioration de la décortica-
tion et de la performance des fibres. Les connaissances acquises grâce à ce travail
serviront à concevoir de nouvelles variétés de fibres faites sur mesure pour des
applications industrielles particulières.
De même, le recours à la protéomique a été récemment engagé dans l’Union
Européenne (UE), pour isoler les gènes qui participent à la biosynthèse de la li-
gnine des parois cellulaires et de l’hémicellulose dans le tabac. Les variations su-
bies par ces composants peuvent affecter la qualité des fibres et la disponibilité
de la cellulose. Ces connaissances peuvent servir à orienter des programmes de
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-68-
Deuxième partie
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Méthodes expérimentales
-69-
Chapitre 3
Caractérisation mécanique et
physico-chimique de la fibre
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3.1 Introduction
Ce chapitre a pour but de donner une connaissance plus approfondie des
fibres choisies pour notre travail. Sont abordés ici des renseignements de tout
ordre permettant de mettre plus en valeur ces matériaux. Les raisons ayant concou-
rus à leur choix sont précisées dans la section spécifique à chacune des fibres. Une
place plus importante est cependant consacrée à une nouvelle fibre, le Rheckto-
phyllum Camerunense (RC) qui fera donc l’objet principal de la caractérisation
physico-chimique annoncée en titre de ce chapitre. Elle est cependant étudiée en
parallèle avec la fibre de sisal, plus connue maintenant dans la littérature des
NFRCs, pour besoin de comparaison.
-70-
L’Agave sisalana produit, par ses feuilles, des fibres dures flexibles qui servent
à la fabrication de cordes, de ficelles et de nattes, et pour le rembourrage et le
capitonnage. Les fibres apparentées sont le chanvre de Haïti (Agave foetida), et
l’agave du Mexique ou ixtle (chanvre de Tampico ou mexicain). Ces fibres, ex-
traites de l’Agave funkiana ou de l’Agave lechugilla sont principalement utilisées
en brosserie, mais peuvent aussi servir occasionnellement dans le textile. Font
également partie de cette catégorie le maguey et le cantala, tirés de l’Agave can-
tala (Philippines ou Indonésie), ou l’Agave tequilana (Mexique) et la pita (Agave
americana).
Le sisal compte actuellement pour les deux tiers de la production mondiale de
fibres dures. Les trois-quarts de la production sont utilisés sous forme de ficelle
agricole [2].
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-71-
Les applications nouvelles (ou redécouvertes) pourraient mettre à profit les
caractéristiques du sisal qui se renouvelle plus rapidement que le bois dont il
peut remplacer les fibres. Le sisal peut servir d’agent de renforcement (à la place
de l’amiante et des fibres de verre) dans les cordes revêtues de fils métalliques,
les pâtes à papier de spécialité et le plâtre. Il est également utilisé comme isolant
ou fibre ornementale dans les tapis, les revêtements muraux et le macramé, les
matelas, les sacs et les produits artisanaux. Il sert en outre pour la fabrication de
produits de bourrellerie, de tissus de polissage, de filtres, de géotextiles utilisés
dans le génie civil et écologique et de matériaux pour l’industrie automobile. Les
déchets de la production de sisal peuvent être utilisés comme aliments du bétail,
comme engrais, mais aussi pour produire du biogaz. Ces nouvelles utilisations
sont étudiées au niveau international, sous la conduite de la FAO [87]. Compte
tenu de l’intérêt croissant porté au recyclage, le sisal pourrait offrir des perspec-
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3.2.2 Raphia
Le palmier Raphia ou Raphia ruffia (Raphia farinifera) est une gigantesque es-
pèce de palmier, de la famille des Arécacées, que l’on trouve en masse à Madagas-
car et dans certaines régions de l’Afrique. Un climat tropical humide et un terrain
marécageux sont des critères excellents pour la croissance de cet arbre. Dans ces
conditions, il se développe à grande vitesse et peut produire des branches jusqu’à
20 m. Chaque branche contient à son tour 80 à 100 feuilles.
De septembre à mai on peut couper de jeunes feuilles (feuilles de la foliole).
Afin d’obtenir une fibre très fine, seul l’épiderme (30-150 µm d’épaisseur, et 8-
10 mm de largeur) du lobe des jeunes feuilles de palmiers est prélevé dans les
48 heures suivant la récolte. Les fibres sont alors pelées manuellement puis cet
épiderme est mis à sécher au soleil et est ensuite fendu sur toute sa longueur
de manière à obtenir les fibres elles-mêmes : celles-ci ont alors la longueur de la
feuille du palmier mais, une fois nouées les unes aux autres, elles permettent de
tisser des étoffes de taille importante. En fait, les fibres de raphia ne peuvent pas
être filées. Lorsque le raphia est finalement sec et a obtenu sa couleur bien connue
jaune pâle, il est prêt pour la prochaine étape du processus de production. Dans
le centre de tri les fibres sont dénudées des parties sombres et classées suivant la
-72-
qualité, la couleur et la largeur. Éventuellement le raphia peut encore être teint
sur place avant d’être pesé et mis en ballot. Le produit terminé est finalement
utilisé pour différents usages : relier les plantes, confectionner des paniers, nattes,
chapeaux et même des costumes traditionnels ou des objets décoratifs.
Les fibres de raphia demeurant rêches et raides, on recourt à différentes mé-
thodes pour les assouplir : elles sont peignées et raclées avec le bord tranchant
d’une coquille d’escargot jusqu’à devenir fines comme un fil de soie. Les tisse-
rands, une fois la pièce tissée, la mettent à tremper dans l’eau puis, après l’avoir
enveloppée de vieux chiffons pour la protéger, la placent au fond d’un mortier de
bois pour la piler ; le foulage permet de transformer une pièce de raphia rugueuse
en une étoffe délicate et souple.
-73-
(a) Plante produisant les fibres de (b) Racine aérienne liée à la racine
RC échasse
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F IG . 3.3: Anatomie d’une racine aérienne sèche du RC, suivant une section droite
-74-
et à l’acide sulfurique ont permis de faire apparaître des fibres très fines aux extré-
mités. Ce travail devrait être poursuivi par l’utilisation des composés chimiques
et/ou enzymes appropriés. Ceci passe notamment par une meilleure connais-
sance de l’anatomie et de la composition chimique de ces feuilles, dont quelques
éléments sont donnés dans les sections 3.4 et 3.6.
Les fibres de sisal utilisées dans cette étude proviennent du commerce (SOC-
SUBA, Douala Cameroun). Il s’agit donc du sisal cultivé et produit industrielle-
ment, il n’était donc plus nécessaire de procéder à leur extraction. Des fibres de
l’épiderme de la foliole de raphia utilisées ici ont été récoltées dans la région de
BALENGOU (Ouest Cameroun). Des racines aériennes du RC fraîchement récol-
tées (dans la région de ZOETELE, Sud Cameroun), ont été extraites des fibres par
léger battage manuel suivi d’un rouissage à l’eau simple pendant deux jours. Les
racines utilisées étant relativement longues (1-4 m), cela a permis d’obtenir des
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fibres aux mêmes longueurs (ou presque), très fines, et de diamètre très régulier
sur toute la longueur comme le montre la figure 3.4. Toute tentative de rouissage
lorsque les racines commencent à se déshydrater ne donne pas les mêmes résul-
tats. Car les extractifs et la faible épiderme adhèrent fortement sur les fibres et ré-
sistent à la dissolution à l’eau simple. Il convient de plus de vérifier si la méthode
d’extraction préconisée pour les fibres libériennes à la section 2.2.1 conduirait à
des fibres de meilleure qualité lorsque les racines sont complètement déshydra-
tées. Du reste, compte tenu de notre connaissance actuelle de ces fibres, la mé-
thode enzymatique combinée à un battage mécanique quelque temps après la
récolte devrait être la meilleure option d’extraction permettant de préserver leur
intégrité. Chaque racine produit de 100 à 350 fibres longues ce chiffre variant se-
lon sa grosseur. Comparé au sisal (1000 fibres de 1-1,5 m de long par feuille), on
obtient pratiquement le même rendement en fibres lorsqu’on prend en compte la
longueur de la racine du RC.
-75-
F IG . 3.4: Fibres de RC extraites par rouissage à l’eau
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-76-
F IG . 3.6: Surface latérale du sisal en SEM.
sée révèle qu’elle est totalement opaque, ce qui explique pourquoi les toitures
faites des feuilles du palmier raphia se révèlent très étanches. Cette observation
est conforme à celle rapportée par Elenga et al. [89].
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-77-
tue donc un faisceau d’environ 200 à 280 de ces cellules individuelles et exhibe
une porosité très caractéristique, due au canal central et aux lumens. Une telle
organisation de la microstructure n’a pas été observée sur les fibres de sisal dont
les dimensions transversales sont sensiblement équivalentes. La porosité de cette
fibre devra être prise en compte pour une meilleure estimation de ses propriétés
mécaniques. Afin de déterminer ce taux de porosité, plusieurs micrographies de
la section droite des fibres RC ont été réalisées au microscope épifluorescent et
traitées comme indiqué à la section 3.8. Les résultats obtenus (voir le tableau 3.1)
indiquent que le taux de porosité est de l’ordre 28 à 36% selon de la grosseur de la
fibre.
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-78-
(a) Section droite au microscope (b) Pores de la section droite
épifluorescent après analyse de 3.9(a)
-79-
Fibre Poids (g) Température Masse volumique
de salle(◦ C) g/cm3
Sisal 1,118 18,6 1,352
RC 1,100 18,1 0,947
notre connaissance, aucune autre fibre végétale n’a une aussi faible masse vo-
lumique ; celle-ci devrait du reste conférer à la fibre RC de grandes propriétés
spécifiques.
3.6.1 Méthodologie
3.6.1.1 Teneur en lignine
-80-
3.6.2 Résultats et commentaires
Les résultats de ces analyses sont fournis dans le tableau 3.3. Il en ressort no-
tamment que la teneur en cellulose de l’épiderme des feuilles de la foliole de
raphia est de l’ordre de 58,5%, teneur que nous assimilerons ici au taux de fibres
cellulosiques. La valeur de 58,5% constitue du reste une motivation supplémen-
taire pour parvenir à extraire effectivement les fibres de cette plante, et compte
tenu de la finesse observée, elles pourraient avoir une très bonne application dans
les nanocomposites et le textile. La composition chimique des fibres de sisal est
largement référencée dans la littérature [90, 91, 92, 93]. Du reste, les valeurs des
teneurs déterminées sont en accord avec celles généralement mentionnées. En ce
qui concerne le RC, la teneur de 68,5% de cellulose lui confère un bon atout pour
exhiber de meilleures propriétés mécaniques, ce qui du reste sera précisé dans la
section 3.9.1.
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-81-
epon et oxyde de propylène suivi d’une nuit dans la résine pure. Après polymé-
risation, les coupes sont réalisées au couteau de diamant avec un ultramicrotome
et contrastées à l’acétate d’uranyle et au citrate de plomb. Les observations ont
dès lors été effectuées sur un TEM Hitachi H-7650 au CHU (Clermont-Ferrand,
France).
Les figures 3.10 à 3.15 constituent une illustration des observations ainsi réali-
sées. Ces images ont été analysées comme expliqué au paragraphe 3.8 pour obte-
nir les dimensions du tableau 3.4.
couches P+M+S1 S2 S3
épaisseur (nm) 530 1600 670
F IG . 3.12: Paroi secondaire avec une couche F IG . 3.13: Agglomérat de cellules unitaires
verruqueuse supplémentaire au voisinage du canal central.
-82-
F IG . 3.14: Micrographie TEM : une cellule F IG . 3.15: Formes polygonales variées des
C3 à l’intersection de trois adjacentes. cellules : de 3 à 6 cotés.
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-83-
F IG . 3.16: Micrographies MP faisant apparaître l’angle des microfibrilles du RC
possédant une forte affinité avec la cellulose. Dans cette technique, il reste des
problèmes de préparation d’échantillons, car ils sont très fins, ce qui permet d’ob-
server uniquement l’intensité de la fluorescence de la couche S2 sans interférence
avec les autres couches.
Pour ce qui est de nos travaux, une estimation rapide mais sûre de l’angle
des microfibrilles du RC a été faite sur la base des micrographies obtenues par
la méthode SEM et au microscope polarisant. Les images présentées aux figures
3.16 et 3.17 montrent clairement l’inclinaison des microfibrilles de cellulose sur la
couche S2 . En effet, une coupe longitudinale manuelle de la fibre nous a permis
de localiser ces microfibrilles (figures 3.17(a) et 3.17(b)), ce qui n’est pourtant pas
le cas à tous les coups car il faut que cette coupe tombe sur cette couche S2 .
Quant à la figure 3.16 elle montre en surbrillance ces microfibrilles. Cela est
rendue possible par le fait de la lumière polarisée du microscope utilisé. En effet,
-84-
le microscope polarisant, ou microscope polariseur analyseur, est un microscope
optique muni de deux filtres polarisants (appelés polariseur et analyseur). Il est
utilisé en géochimie pour l’observation et l’identification des minéraux2 dans les
roches, et utilise la lumière polarisée. Dans la plupart des minéraux, suivant la
direction de polarisation, la lumière n’aura pas la même vitesse. Lorsqu’un rayon
lumineux pénètre dans un cristal, il se dédouble en deux rayons de polarisation
différente qui se propagent avec une vitesse différente, c’est la biréfringence3 .
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-85-
données dans le tableau 3.5. Le traitement statistique de ces valeurs donne une
valeur médiane de 40,109. Cette valeur est égale à celle des fibres de coco. Elle de-
vrait conduire à un module d’Young moyen, un allongement à rupture important
et un bon comportement au choc.
-86-
au paragraphe 3.8) des microfibres de cellulose. En effet, le comportement en trac-
tion de la fibre cellulosique se traduit ici par une réorientation des microfibrilles
qui tendent à s’aligner avec l’axe de la fibre [100] ; et dans le cas où l’angle des mi-
crofibrilles est grand comme dans l’exemple traité ici, on obtient nécessairement
de grandes déformations. Ceci est à rapprocher avec le fait qu’il existe une forte
corrélation entre l’angle des fibrilles et les propriétés à l’étirement de la pâte en
feuilles. Les résultats indiquent que 75% de la variation à l’étirement sont attri-
buables à cet angle.
Le tableau 3.6 montre les valeurs des résistances à la rupture et des modules
d’Young des spécimens testés de la fibre RC. La lecture de ce tableau renseigne
d’emblée sur la dispersion assez significative des valeurs de ces résistances signe
que nous avons à faire à un matériau très hétérogène. D’autres travaux, par exemple
ceux de Zafeiropoulos et al. [101], rapportent une légère baisse de la résistance à la
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traction lorsque la longueur libre des éprouvettes augmente, quoique cette baisse
soit statistiquement négligeable. Cette possibilité est à exclure dans ce cas car les
spécimens testés avaient exactement la même longueur. Ainsi, un traitement sta-
tistique des données est nécessaire si l’on devait tirer une conclusion de valeur
sur les données d’essais présentées ici.
1800 900
φ0,07
1600 φ0,11 800 φ0,17
φ0,16
1400 φ0,19 700
1200 600
sigmax (MPa)
1000 500
σx (MPa)
800 400
600 300
400 200
200 100
0 0
−200 −100
0 5 10 15 20 25 30 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
εx (%) εx (%)
-87-
quant à l’organisation de la microstructure du RC, la variation des diamètres se-
rait le fait de l’âge (ou du stade de maturité), mais elle pourrait tout autant être le
fait de l’existence de différentes variétés du RC. Cette dernière explication devrait
être évidemment explorée d’autant plus que les fibres utilisées ici proviennent de
plantes sauvages (non cultivées). Une étude taxonomique serait alors nécessaire
et permettrait entre autres de sélectionner la(es) variété(s) pouvant être cultivée(s)
en vue d’une exploitation industrielle de la fibre RC.
-88-
vue et corrigée est reprise en annexe A. Les résultats significatifs de ce traitement
sont présentés ci-après. Les figures 3.21 à 3.23 indiquent que les résistances et
les modules d’Young s’ajustent convenablement à la distribution de Weibull. Les
diamètres s’ajustent à la loi normale comme le montre la figure 3.24. La méthode
de Weibull décrite au paragraphe A.2.1 est donc appliquée conjointement avec la
méthode du maximum de vraisemblance (cf paragraphe A.3).
−3
x 10
1.8 Srength data
Weibull fit
1.6 Lognormal Fit
1.4
1.2
Weibull Probability Plot
0.99
Density
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0.96
0.90
1
0.75
0.50
0.8
0.25
0.6
Probability
0.10
0.4
0.05
0.02 0.2
0.01
0
3 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
10
Strength Data Strength Data (MPa)
0.75 0.95
0.90
0.50
0.75
Probability
0.25
Probability
0.50
0.10
0.25
0.05
0.10
0.02
0.05
0.01 0.02
0.01
-89-
1800 STR vs. DIA
Power fit
1600
1400
1200
σu (MPa)
1000
800
600
400
200
avec :
PHAT : estimation des paramètres (Ex ou σu ),
PCI : intervalles de confiance à 95% des paramètres estimés, en colonne
Les valeurs Ex =6,52e+003 MPa est celle que nous utiliserons aux sections 4.2 et
4.3 pour évaluer les caractéristiques mécaniques des composites fabriqués à base
des fibres RC ; et au chapitre 6, les valeurs des modules données dans le tableau
3.6 feront l’objet de comparaison avec les résultats de la modélisation numérique.
Pour les deux échantillons de données traitées ici, la valeur m ≺ 2 obtenue pour
le module de Weibull confirme bien la grande dispersion des résultats d’essai. Le
tableau 3.7 récapitule les caractéristiques des fibres RC à coté des autres fibres
communément utilisées dans le renforcement des composites.
-90-
Fibre Caractéristiques
ρ u σu Ex Propriétés spécifiques
(g/cm3 ) (%) (MPa) (GPa) E/ρ σu /ρ
(MN m/kg) (kN m/kg)
Cotton 1,5-1,6 7,0-8,0 287-597 5,5-12,6 3,66-8,4 191-398
Jute 1,3 1,5-1,8 393-773 26,5 20,38 302-594
Lin 1,5 2,7-3,2 345-1035 50-70 33,3-46,66 230-690
Sisal 1,3-1,45 1,6-2 80-840 9-22 6,76-16,64 61,5-646
Verre-E 2,5 2,5 2000-3500 70,0 22,5 686
Carbone 1,4 1,4-1,8 4000 230,0-240 164,3-171,4 890
RC 0,947 10,9-53 150-1738 2,3-17 2,55-18,8 159,5-1849
3.10 Conclusion
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-91-
Chapitre 4
4.1 Introduction
Les chapitres 2 et 3 ont mis en relief la complexité de la microstructure des
fibres végétales, laquelle affecte évidemment leurs propriétés mécaniques. Il y est
également suggéré de recourir aux approches macro-micro pour parvenir à une
estimation efficace des propriétés. Une telle approche est traitée au chapitre 5 et
nécessite la mise en œuvre des composites et leur caractérisation. Sur la base de
l’état de l’art présenté au chapitre 1, nous étudions dans ce paragraphe, les traite-
ments chimiques de la surface des fibres (alcalisation et acétylation) contribuant
à les rendre moins hydrophiles, favorisant ainsi une adhérence efficace entre fibre
et matrice pour de tels composites. Les composites mats de fibres, faciles à mettre
en œuvre, seront utilisés pour ce faire.
-92-
La technologie de l’élaboration des mats de fibres représente une excellente
opportunité pour fabriquer des pièces de forme complexe avec épaisseur et den-
sité uniformes. Ces mats peuvent être constitués de fibres courtes ou longues re-
liées entre elles au cours d’un ou plusieurs procédés dont le cardage, l’aiguilletage
ou l’utilisation d’une matrice thermoplastique (à un très faible dosage).
Dans le cas du cardage, les fibres sont peignées, mélangées et physiquement
enchevêtrées entre elles sous forme de mat. Ces mats sont généralement de
haute densité mais peuvent être réalisés à la densité désirée. On peut obtenir
un alignement plus ou moins importante des fibres. Un alignement plus
précis peut être obtenu par orientation des fibres par un champ magnétique
[104] afin d’obtenir un composite unidirectionnel à fibres courtes.
L’aiguilletage utilise une machine pour faire passer une toile aléatoirement
obtenue à travers une planche d’aiguilles. Dans un tel mat les fibres sont en-
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chevêtrées mécaniquement. Les toiles sont réalisées par une fibre longue ou
par une combinaison de fibres courtes d’épaisseur et de densité uniformes.
La densité d’un tel mat est contrôlée via la qualité de la fibre passant à tra-
vers l’aiguille ou par empilement des mats aiguilletés jusqu’à la densité sou-
haitée.
Dans le cas du mat thermoplastique, les fibres sont tenues dans le mat par
l’utilisation d’une résine thermoplastique thermiquement ramollie telle que
le polypropylène (PP) ou le polyéthylène (PE). Ces mats peuvent être consti-
tués de fibres courtes seules et posséder des épaisseur et densité uniformes.
Il est possible d’y ajouter un adhésif de sorte que le mat puisse être com-
primé ultérieurement dans un moule suivant une forme désirée.
4.2.2 Composites
Les résines thermodurcissables sont principalement utilisées dans la fabrica-
tion des panneaux de revêtement interne des portes de véhicules automobiles.
Les fibres de jute, de chanvre et de lin sont actuellement les plus utilisées. On peut
maintenant fabriquer des produits pour les murs, le sol, le plafond, des cadres de
porte et fenêtre. On peut même teindre les fibres avant de les utiliser lors de la
fabrication des mats pour le moulage des pièces.
En ce qui concerne le renforcement des thermoplastiques, l’emploi des agents
de compatibilisation pour améliorer les propriétés mécaniques est généralement
recommandé. Les différents procédés auxquels on recourt font appel au moulage
par injection de résine liquide, LCM (Liquid Compound Molding). Qu’il s’agisse
de la RTM (Resin Transfer Molding), la SRIM (Structural Resin Injection Moul-
ding), la RRIM (Reinforced Reaction Injection Moulding) ou la SMC (Sheet Moul-
-93-
ding Compound), on peut produire des pièces pour applications structurales ou
non. Différentes études s’accordent sur le fait qu’un arrangement aléatoire des
fibres dans le mat produit un composite quasi isotrope lorsqu’on considère un
VER dont les fibres s’étendent jusqu’à ses extrémités [105].
Des fibres de sisal obtenues dans le commerce (SOCSUBA, Douala) ont été
régulièrement découpées en morceaux de longueurs de 5 à 6 cm, puis trempées
(dosage massique 1 :66) dans des solutions de 2%, 4% et 8% de soude (NaOH)
contenues dans un récipient en acier inoxydable. Les solutions de soude étaient
préparées avec de l’eau déminéralisée préalablement portée à ébulition. Le réci-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
pient en acier inox a été placé dans une étuve équipée d’un système de contrôle
automatique de température, et maintenu à 80 ◦ C pendant 3 heures. Les fibres ont
ensuite été lavées abondamment à l’eau déminéralisée et séchées à 80 ◦ C pendant
24 h (en moyenne).
Des fibres courtes sont lavées à l’eau déminéralisée pour obtenir un dégrais-
sage de base puis séchées à 80 ◦ C dans une étuve dotée d’un système de contrôle
de température dans la gamme de 20 ◦ C à 250 ◦ C et conservées à 27 ◦ C avant
imprégnation.
4.2.3.3 Acétylation
Des fibres de sisal ont été trempées pendant 5 minutes dans une solution à
18% de soude à température ambiante (25 ◦ C environ) puis rincées abondam-
ment à l’eau déminéralisée. Ces fibres ont ensuite été trempées dans une solution
à 2,5% d’acide sulfurique pour obtenir une neutralisation de la fibre (alcaline),
puis séchées à l’air libre pendant 15 minutes pour obtenir une réaction chimique
complète à la surface. Elles sont enfin trempées pendant 5 minutes dans une so-
lution à 50% d’acide acétique et rincées à l’eau déminéralisée [90]. Le seul cataly-
seur à notre disposition étant l’acide acétique, l’acétylation ne se produirait dans
ces conditions que sur les groupements hydroxyles accessibles de la paroi, ce qui
suppose une acétylation lente. D’après la référence [90], la teneur massique des
groupements acétyls ainsi obtenue est de l’ordre de 1,6 à 2,4%.
-94-
Comme indiqué au paragraphe 3.5 seule la masse volumique des fibres non
traitées a été déterminée par la méthode du pycnomètre utilisant le principe d’Ar-
chimède (par immersion d’une petite quantité de fibres de poids connu dans un
liquide de plus faible densité). Cependant un traitement de compatibilisation tel
qu’opéré ici conduit généralement à une diminution sensible de la masse volu-
mique des fibres, celles-ci étant plus propres [91].
La matrice utilisée ici est une résine pour composite, le polyester (insaturé)
Norsodyne S21150TA commercialisée par la société CRAY Valley (Rouvoy, France),
de masse volumique 1,1-1,15 g/cm3 (ISO 2811), soluble dans un solvant orga-
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Des mats de fibres ont été obtenus par aspersion manuelle régulière des fibres
courtes sur une plaque en carton de 420x297 mm2 puis pressées à 40 kg entre deux
plaques rigides pour avoir une épaisseur uniforme sur toute la surface. Plusieurs
mats (voir les figures 4.1(a) et 4.1(b)) de ce type ont été préparés pour chaque
échantillon de fibres traitées comme indiqué au paragraphe 4.2.3. Afin d’estimer
le taux de fibres, chaque échantillon de mat a été pesé sur une balance électro-
nique de précision (0,01 g).
-95-
F IG . 4.2: Mats de fibres de verre dans le commerce
d’abeilles). Les couches sont ensuite pressées à plus de 60 kg (une telle charge se-
rait dommageable pour les fibres synthétiques, fibres de verre par exemple qui se
briseraient dans ces conditions) et laissées en l’état à température de salle d’essai
(25 ◦ C environ) pendant 48 heures (temps de polymérisation complète). Le but
visé ici était de maximiser les propriétés mécaniques du composite par un taux
de fibres maximum. Trois couches de mats de fibres ont été utilisées pour chaque
plaque, mais pesées au préalable pour évaluer le taux moyen de fibres. Le taux
de porosité des plaques composites a été évalué à environ 5%. Les dimensions
et la géométrie des éprouvettes découpées, à l’aide d’une scie en diamant mon-
tée sur une scie circulaire VARGA 1 ont été évaluées selon la norme NF EN ISO
527-4. Cinq éprouvettes de dimensions 250 mm de longueur et 25 mm de largeur
(comme montré à la figure 4.3) ont été découpées de chaque plaque composite.
Des talons ont été prévus à chaque extrémité pour assurer un amarrage suffisant
pendant les essais.
-96-
de traction à l’aide d’une machine Zwick ZmartPro UTS20k dotée d’une interface
PC et d’une chaîne d’acquisition de mesure pilotée par le logiciel TestXpert. Les
éprouvettes ont été par conséquent équipées de jauges de déformation selon les
besoins pour permettre la détermination du module d’Young et du coefficient de
Poisson.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-97-
que les fibres et la résine sont isotropes. Dans ces conditions, les cinq constantes
élastiques sont exprimées par les équations (4.3)-(4.7) [105].
2
4(ν f −ν m ) φf (1−φf )Gm
E11 = E m 1 − φf + E f φf + 1−φf Gm (4.3)
( ) + φf Gm
f m
kf + G3 km + G3
!
Gm Gm
(ν f −ν m )φf (1−φf ) m
km + G3
−
kf + G3
f
ν12 = 1 − φf ν m + φf ν f + (4.4)
(1−φf )Gm +φf Gm km + Gm +1
f 3
kf + G3
Gm 1
K23 = km + 3
+ 1/[kf −km + 13 (Gf −Gm )]+(1−φf )/(km + 43 Gm )
(4.5)
G12 (1+φf )Gf +(1−φf )Gm
= (4.6)
Gm (1−φf )Gf +(1+φf )Gm
G23 φf
= 1+ km+ 7
(4.7)
Gm Gm
+ 3 Gm
Gf −Gm 2km+ 8
3 Gm
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
constituant E (GPa) ν
Fibres de sisal 9-22 0,25
Fibres RC 2-17 0,2
Polyester 3,8 0,37
Époxyde 4,5 0,38
-98-
Nous nous en sommes du reste rendu compte une fois les deux plaques compo-
sites fabriquées. Une machine de traction Zwick ZmartPro UTS20k, a permis de
mesurer. Le tableau 4.2 présente les résultats du module d’Young et du coefficient
de Poisson des éprouvettes, de ces composites, testées en traction.
En fait, les résultats obtenus par cette mise en œuvre ne permettent pas de
se prononcer avec rigueur sur les performances comparées de l’une par rapport
l’autre fibre.
-99-
−4
x 10
0
σx vs. εx ε vs. ε
y x
3
3715.5x+0.0705 ; R2=0.9997 −0.3158x−4E−06 ; R2=0.9998
−0.5
2.5
−1
2
σx (MPa)
εy
1.5 −1.5
1 −2
0.5
−2.5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
εx (%) −4 εx −4
x 10 x 10
De même, la figure 4.7 traduit une relation linéaire entre les déformations lon-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
Source E (GPa) ν
Essai 3,715 0,32
Théorie 4,686 0,35
-100-
0.46
0.4
5000
0.38
E (MPa)
νc
0.36
4500
0.34
0.32
4000
0.3
0.28
0 1 2 3 4 5 6 7 8 0 1 2 3 4 5 6 7 8
% NaOH %NaOH
-101-
ci est constamment envisagée chaque fois que cela est possible. Cependant, lors-
qu’on a affaire à des micromatériaux telles que des fibres par exemple, il de-
vient difficile voire impossible de les caractériser entièrement par des moyens
traditionnels. Diverses approches sont généralement utilisées pour contourner ce
problème d’échelle. L’une d’elles, l’approche macro-micro (littéralement du plus
grand au plus petit) peut être avantageusement utilisée. Dans ce paragraphe sur
les composites unidirectionnels, nous nous attelons à fournir des données expé-
rimentales pour alimenter une telle approche (explicitée au chapitre suivant) en
vue de l’identification complète des propriétés élastiques des fibres de Sisal et de
RC retenues dans ce projet.
ou la forme inverse :
1
S 11 S 12 S 13 0 0 0
σ1
S S S 0 0 0 σ2
2 12 22 23
S S S 0 0 0 σ3
3 13 23 33
= (4.9)
4
0
0 0 S44 0 0 σ4
5
0 0 0 0 S55 0
σ5
6 0 0 0 0 0 S66 σ6
-102-
Les matrices de rigidité et de souplesse sont inverses l’une de l’autre, et le com-
portement élastique d’un matériau composite est donc caractérisé par 9 coeffi-
cients indépendants :
C11 , C12 , C13 , C22 , C23 , C33 , C44 , C55 , C66 ,
ou les Sij correspondants :
S11 , S12 , S13 , S22 , S23 , S33 , S44 , S55 , S66 .
Expressions des modules hors axes L’objectif ici est de caractériser les proprié-
tés élastiques de la couche ou du stratifié, en les exprimant dans le système d’axes
de référence du stratifié (x, y, z), la direction des fibres ou de la chaîne faisant un
angle θ (figure 4.10) avec la direction x.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
1
= S11 cos4 θ + S22 sin4 θ + (2S12 + S66 ) sin2 θ cos2 θ (4.10)
Exx
ou en introduisant les modules d’élasticité du composite unidirectionnel ortho-
trope, mesurés suivant ses axes, Exx est donné par
1 −S12 1
E11 = S11
, ν12 = S11
, E22 = S22
, G12 = S166
1 1 1 1 ν12
= cos4 θ + sin4 θ + −2 sin2 θ cos2 θ (4.11)
Exx E11 E22 G12 E11
Ainsi d’après l’équation (4.11) la connaissance de E11 , E22 et G112 − 2 Eν12
11
per-
met de déterminer Exx quelle que soit la direction θ considérée.
Le problème inverse peut être posé comme suit : connaissant Exx (mesures
expérimentales) dans un certain nombre de directions θ, peut-on déterminer les
-103-
constantes élastiques des constituants, les fibres en l’occurrence ? La réponse est
oui si l’on dispose des relations analytiques entre les modules d’élasticité, dans le
système d’axes propre, défini ci-dessus. La modélisation analytique des proprié-
tés homogènes (en terme de moyennes) d’un matériau composite qui sera traitée
au chapitre 5 permet d’établir de telles relations dans un certain nombre de cas.
Pour ce qui est de ce travail nous aborderons notamment le cas du composite à
matrice isotrope et à fibres supposées orthotropes.
La matrice utilisée ici est une résine pour composite, l’époxyde SR5550 com-
mercialisée par la société Sicomin Composites (CHATEAUNEUF LES MARTIGUES,
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
N◦ 1 2 3 4 5
E (GPa) 4,4 4,998 4,667 4,675 3,84
ν 0,383 0,383 0,397 0,386 0,382
-104-
F IG . 4.11: Essai de traction d’une éprouvette en résine pure.
Sur la base des résultats obtenus à la section 4.2, des fibres de sisal et de RC de
22 cm de long et plus ont été traitées comme décrit au paragraphe 4.2.3.1dans des
solutions de 4% de soude (NaOH) (dosage massique 1 :66). Rappelons la concen-
tration de 4% a été retenue ici pour établir un compromis entre la purification de
la surface et les éventuelles difficultés de démoulage.
-105-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
La plaque de verre enroulée de fibres de sisal ou du RC est placée sur une éta-
gère prévue dans un bécher de capacité 500 ml rempli de résine époxyde fraîche-
ment mélangée au durcisseur. On pose une plaque en bois (avec trous d’aération)
à l’ouverture du bécher qui est à son tour introduit dans un sac plastique de mise
sous vide étirable. L’ensemble est alors introduit dans une machine de mise sous
vide. On vient faire le vide jusqu’à la pression de -5 mbar. La machine à vide utili-
sée permet la fermeture automatique par plastification à chaud, du sac plastique
dont le contenu, restant bien entendu dans l’état de vide créé, est légèrement ba-
lancé pour permettre à la plaque de verre de tomber dans le bain. On porte enfin
le bain à la température atmosphérique en perçant le sac plastique de façon à per-
mettre à la résine de mieux fluer et ainsi de supprimer les défauts tels que bulles
ou manques ; la plaque enroulée de fibre séjourne dans le bain de résine pendant
15 min [107] à la pression atmosphérique. Les images présentées aux figures 4.13
et 4.14 à 4.20 reconstituent cette description.
-106-
F IG . 4.13: Schéma du principe de mise sous F IG . 4.14: Mise sous vide : étape 1.
vide des plaques à imprégner.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
F IG . 4.15: Mise sous vide : étape 2. F IG . 4.16: Mise sous vide : étape 3.
F IG . 4.17: Mise sous vide : étape 4. F IG . 4.18: Mise sous vide : étape 5.
-107-
F IG . 4.19: Mise sous vide : étape 6. F IG . 4.20: Mise sous vide : étape 7.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
Les fibres ainsi imprégnées sont prises en sandwich entre 2 plaques de verre
pressées l’une sur l’autre pour chasser l’excès de résine et obtenir une épaisseur
constante de l’échantillon composite fabriqué. L’ensemble est enfin laissé en cuis-
son, à température de salle, pendant 48 heures pour permettre une polymérisa-
tion complète de la résine.
De même, pour estimer le taux de fibres, chaque plaque enroulée de fibres a
été pesée avant son imprégnation et après cuisson de la résine, sur une balance
électronique de précision.
Il convient de noter que la méthode classique consistant à dissoudre la résine
du composite pour déterminer le taux de fibres n’est pas applicable aux fibres
végétales. Ceci est notamment dû au risque très élevé de dégradation totale de
ces fibres durant les manipulations. D’autres méthodes ont été testées par certains
auteurs, notamment celle basée sur le taux d’humidité absorbée par le composite
[107] et n’ont cependant pas pu être expérimentées dans ce projet.
-108-
4.3.3.6 Essais mécaniques
caract Angles
0◦ 15◦ 30◦
Ep 1,366 2,353 1,696 2,082 1,28 1,34 1,307 1,27 1,323 1,35 1,19 1,687 1,623 1,623 1,47
φf 0,16 0,157 0,322 0,16 0,253 0,315 0,253 0,315 0,315 0,315 0,104 0,286 0,286 0,286 0,286
Exx (GPa) 2,94 2,88 2,82 2,53 3,01 3,02 2,72 2,57 3,66 3,11 2,89 2,90 2,83 2,84 2,77
45◦ 60◦ 75◦ 90◦
Ep 2,72 2,61 2,73 2,807 1,91 1,737 1,583 1,523 1,5 1,57 2,283 2,19 2,153
φf 0,176 0,176 0,176 0,176 0,282 0,282 0,282 0,31 0,31 0,31 0,157 0,157 0,157
Exx (GPa) 2,61 3,20 2,99 2,29 2,35 1,48 2,46 1,58 2,34 1,85 2,09 2,21 2,08
νxy 0,255 0,435 0,323 0,433
Gxy (GPa) 2,08 2,23 2,26 1,60
-109-
caract Angles
0◦ 15◦ 30◦
Ep 1,149 1,21 1,233 2,25 2,357 2,213 2,103 2,033 2,01 1,95
φf 0,390 0,390 0,390 0,241 0,241 0,241 0,334 0,334 0,334 0,334
Exx (GPa) 6,92 7,42 6,29 3,51 5,07 4,93 3,56 3,41 3,09 3,56
45◦ 60◦ 75◦ 90◦
Ep 2,72 2,807 2,61 2,73 2,177 2,093 2,557 2,223 2,24 1,257 1,307
φf 0,321 0,321 0,321 0,321 0,294 0,294 0,294 0,27 0,27 0,364 0,364
Exx (GPa) 2,71 2,60 2,42 2,85 2,14 2,30 2,59 2,74 2,26 2,89 2,38
νxy 0,333 0,513 0,439 0,395
Gxy 2,03 1,72 1,68 2,04
une allure plus conforme au résultat attendu que celles relatives au composite
RC/Époxyde.
Exx vs. θ
7000
QuadraPolyfit; R2=0,983
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6000
Module d’Young (MPa)
5000
4000
3000
2000
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle de direction des fibres (°)
3400
3200
Module Ex (MPa)
3000
2800
2600
2400
2200
2000
1800
20 30 40 50 60 70
Direction fibres (°)
La dispersion sur ces données est attribuable en grande partie aux conditions
de mise en œuvre. En effet il est apparu pendant les essais que les fibres de RC
utilisées ici étaient plus sujettes au gondolement que celles du sisal lors de l’en-
-110-
roulement sur les plaques de verre. Nous savons d’une manière générale que les
essais de traction du composite UD produisent de bons résultats lorsque les fibres
sont toutes "tendues" et parallèles dans la matrice. Les données utilisées dans la
courbe de la figure 4.23 sont celles qui renseignent le mieux sur le comportement
attendu. Ces données seront utilisées dans le chapitre 6 pour une estimation théo-
rique des constantes élastiques des fibres.
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-111-
Troisième partie
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-112-
Chapitre 5
Caractérisation de l’anisotropie
élastique des fibres végétales
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5.1 Introduction
La modélisation d’un matériau est un moyen d’estimer son comportement
et les lois qui le régissent. Il existe de nombreuses possibilités de modélisation
qu’elles soient analytiques, numériques, statistiques ou autres. Ce chapitre se dé-
compose en une revue bibliographique avec présentation des différents types de
modèles ou approches utilisés pour les matériaux composites et une présenta-
tion des théories qui s’y rattachent. Par la suite, nous allons exposer le modèle
analytique développé pour décrire le comportement des NFRCs à température
ambiante, en vue de parvenir à une meilleure approche de la définition de leur
anisotropie élastique. La connaissance des diverses approches de modélisation,
choisies par les nombreux auteurs qui se sont préoccupés des matériaux compo-
sites, peut sembler un peu fastidieuse. Néanmoins, il nous paraît indispensable
de présenter ces nombreuses possibilités qui traduisent à la fois l’intérêt, la com-
plexité du matériau et aussi les difficultés rencontrées lors de la modélisation
de phénomènes réels. De plus, l’aspect innovant des matériaux NFRCs nous a
conduit à puiser largement dans ces différentes approches que ce soit pour élabo-
rer nos propres modèles ou bien pour argumenter notre discussion.
Classiquement, les matériaux composites sont définis comme la constitution
de l’assemblage de deux matériaux de natures différentes, se complétant et per-
mettant d’aboutir à un matériau dont l’ensemble des performances est supérieur
à celui des composants pris séparément [106]. D’une manière générale on dis-
tingue deux phases : une phase continue appelée matrice et une phase disconti-
nue appelée renfort ou matériau renforçant. Les matériaux qui nous concernent
sont les composites à matrice organique et plus précisément les matériaux compo-
-113-
sites à fibres. La matrice est considérée comme le constituant qui enrobe les fibres.
Ces dernières agissent comme un renfort dont l’orientation détermine l’anisotro-
pie du matériau. Cet aspect constitue une des caractéristiques fondamentales des
matériaux composites.
L’étude du comportement mécanique d’un matériau composite passe géné-
ralement par l’utilisation du concept d’homogénéisation. Ce concept permet de
contourner les problèmes liés aux hétérogénéités. L’hypothèse essentielle est celle
de la continuité. On idéalise la constitution réelle du matériau en le considérant
continu. Les propriétés ponctuelles du matériau varient de manière discontinue
aux interfaces de passage entre les diverses phases, en supposant, comme expli-
qué auparavant, chaque phase homogène et isotrope. Dans le cas de matériaux
composites où l’une des deux phases est dispersée dans l’autre, il existe souvent
une dimension caractéristique de l’hétérogénéité qui, dans le cas des composites
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
à fibres, est la distance moyenne entre les fibres. Il existe aussi une échelle de di-
mension δh à partir de laquelle les propriétés du matériau peuvent être estimées
sous forme de moyennes avec une bonne approximation. Cela revient à considé-
rer que la mesure d’une propriété sur un échantillon de cette dimension δh est
indépendante de la localisation spatiale de ce dernier dans le matériau. On parle
alors d’homogénéité macroscopique ou d’homogénéité statistique. Le volume de
dimension δh est nommé Volume Elémentaire Représentatif (VER) du matériau.
La définition de la contrainte moyenne et de la déformation moyenne sur le VER
nous donne la possibilité d’expliciter les constantes de rigidité et de souplesse.
La difficulté majeure réside dans le fait qu’il faut trouver au préalable les solu-
tions exactes des champs de contraintes et de déformations en chaque point du
matériau hétérogène.
L’homogénéisation peut s’effectuer sous différentes formes que sont les mé-
thodes empiriques, analytiques, numériques, statistiques ou une combinaison de
ces dernières appliquées aux théories d’élasticité, de viscoélasticité, de plasticité
ou autres. Les études scientifiques, sur les matériaux composites à renforts fi-
breux cellulosiques ou autres, couvrent toutes ces approches qui sont plus ou
moins complexes. De plus, les composites fibres végétales/polymères peuvent
aussi être considérés dans de nombreux cas comme des milieux poreux. Les mi-
lieux poreux font aussi l’objet d’approches spécifiques qui permettent de mieux
tenir compte de leurs caractéristiques. Les modélisations existantes sont mul-
tiples mais sont souvent, dans le cas des composites, très spécialisées. En effet,
les composites unidirectionnels à renfort fibreux sont probablement les plus étu-
diés, malgré cela le renfort fibreux n’est pas supposé posséder une architecture
propre (réseau tridimensionnel) capable d’influer fortement sur les propriétés du
matériau. Il est plus souvent question de modéliser des inclusions prises dans une
-114-
matrice homogène. Étant donné la complexité et la diversité des composites fibres
végétales/polymères en général, et de ceux conçus lors de ce projet, il semble né-
cessaire de présenter les approches susceptibles d’apporter des solutions à notre
démarche de modélisation.
Dans un premier temps, nous allons nous attarder sur les modèles analytiques
simples qui sont proposés dans la plupart des études sur les composites à ren-
forts. La théorie des stratifiés ne sera pas explicitement abordée dans ce cadre. De
plus, il sera question d’appliquer cette théorie aux NFRCs. Puis, nous présente-
rons dans un prochain chapitre (le chapitre 6) certaines possibilités de modélisa-
tion numérique prenant en compte cette théorie. Enfin, ce chapitre s’achèvera par
une présentation de la méthode inverse d’identification basée sur le modèle du
continu à assemblage cylindrique, initialement proposé par Hashin [108], pour
caractériser l’anisotropie des fibres végétales.
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-115-
La section 5.2.1 traite des préliminaires sur les tenseurs de concentration des
contraintes et leurs relations à la rigidité du composite. La section 5.2.2 passe en
revue les diverses théories, compare et évalue les modèles disponibles.
5.2.1 Préliminaires
5.2.1.1 Notation
-116-
Les contraintes moyennes dans les fibres et la matrice sont les moyennes sur
les volumes correspondants :
Z
f 1
σ(X)dΩ σ̄ m = Ω1m (Ωm ) σ(X)dΩ
R
σ̄ = f (5.3)
Ω (Ωf )
Les déformations moyennes de la fibre et de la matrice sont définies de la même
façon. Les relations entre les moyennes sur les fibres et la matrice et la moyenne
globale sur le composite peuvent être tirées des définitions précédentes et s’écrivent :
σ̄ = φf σ̄ f + φm σ̄ m (5.4a)
¯ = φf ¯f + φm ¯m (5.4b)
Un résultat important lié aux définitions précédentes (5.4b) et (5.4b) est le théo-
rème de la déformation moyenne. En effet, considérons que le volume représen-
tatif Ω subit un déplacement surfacique u0 (X) compatible avec une déformation
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-117-
5.2.1.3 Propriétés moyennes et localisation des déformations
¯ = Sσ̄ (5.11)
Il est bien entendu que S = C−1 . D’autres auteurs définissent les rigidités et sou-
plesses moyennes comme l’intégrale de l’énergie de déformation à travers (Ω).
Cette façon de faire est équivalente à l’approche directe [109, 110]. Un impor-
tant concept relatif a été préalablement introduit par Hill [110]. Il repose sur les
notions de tenseurs de localisation des déformations et de concentration des con-
traintes A et B. Ceux-ci sont essentiellement des ratios entre la contrainte (dé-
formation) moyenne des fibres et la moyenne correspondante dans le composite.
Plus précisément :
avec :
A : tenseur de localisation des déformations
B : tenseur de concentration des contraintes
A et B sont des tenseurs d’ordre quatre. Ils découlent d’une solution sur les champs
de contraintes (déformations) microscopiques. Divers modèles micromécaniques
permettent d’approximer A et B de différentes manières. Notons que A et B com-
portent des symétries mineures provenant des tenseurs de rigidité et de sou-
plesse, c’est-à-dire :
Aijkl = Ajikl = Aijlk ,
mais en général,
Aijkl 6= Aklij
-118-
Par convenance, il serait bon de disposer d’un tenseur de localisation des défor-
mations  reliant la déformation moyenne de la fibre à la déformation moyenne
de la matrice,
¯f = ¯m (5.14)
lequel est lié à A par :
A = Â[(1 − φf )I + φf Â]−1 (5.15)
de sorte que les deux formes soient facilement interchangeables. L’utilisation des
différentes équations à notre disposition permet d’exprimer la rigidité du com-
posite en fonction du tenseur de localisation des déformations A et des proprié-
tés des fibres et matrices [110]. La combinaison des équations (5.1), (5.4a), (5.4b),
(5.10) et (5.12) donne :
C = Cm + φf (Cf − Cm )A (5.16)
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Un résultat fondamental utilisé dans plusieurs modèles est basé sur l’inclu-
sion équivalente d’Eshelby [111, 112]. Eshelby a résolu le champ de contrainte
-119-
élastique σ à l’intérieur et autour d’une particule ellipsoïdale incluse dans une
matrice infinie. En considérant que la particule en question est une ellipsoïde de
révolution, on peut utiliser le résultat d’Eshelby pour modéliser les champs de
contraintes ou de déformation autour d’une fibre cylindrique.
Eshelby a tout d’abord posé et résolu un autre problème, celui d’une inclusion
homogène. Considérons un volume solide infini de rigidité Cm , initialement non
sollicité. Toutes les déformations subséquentes seront mesurées à partir de cet
état. Une région particulière de ce solide sera appelée inclusion et le reste sera
appelé matrice. Supposons que l’inclusion subisse une transformation telle que si
elle était un solide isolé, elle se déformerait uniformément de T , sans traction de
surface. T est appelée déformation de transformation. Cette déformation devrait
être acquise dans une phase de transformation ou à travers une combinaison de
changements de température et divers coefficients d’expansion dans l’inclusion.
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En fait, l’inclusion est liée à la matrice de telle sorte que lorsque la transformation
se produit, l’ensemble développe une déformation complexe c (X) relative à sa
forme avant la transformation. Dans la matrice, la contrainte σ m est simplement
le produit tensoriel de la rigidité et de cette déformation :
σ I = Cm (c − T ) (5.21)
Le résultat clé d’Eshelby a été que dans une inclusion ellipsoïdale, la déformation
c est uniforme et est reliée à la déformation de transformation par :
c = ET (5.22)
-120-
de rigidité Cf , sans aucune déformation de transformation. Appliquons une dé-
formation uniforme à l’infini A . Nous désirons trouver la déformation de trans-
formation T qui induit les mêmes distributions de contrainte et de déformation
dans les deux cas.
Pour le premier problème, la contrainte dans l’inclusion est définie par l’équa-
tion (5.21) à laquelle on ajoute la déformation appliquée,
σ I = Cm (A + c − T ) (5.23)
tandis que le second problème n’a pas T , mais une rigidité différente, ce qui
conduit à une contrainte
σ I = Cf (A + c ) (5.24)
En écrivant que la contrainte σ I est la même pour les relations (5.23) et (5.24), on
obtient alors la déformation de transformation qui rend ces deux problèmes équi-
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-121-
Une comparaison entre (5.29) et (5.12) montre que le tenseur de localisation des
déformations pour une inclusion équivalente d’Eshelby est :
−1
AEshelby = I + ESm (Cf − Cm )
(5.30)
L’équation (5.30) peut être utilisée pour prédire la rigidité des composites à ren-
forts unidirectionnels. Ce résultat a été développé pour la première fois par Rus-
sel [120]. Des calculs permettant d’investiguer l’influence du ratio d’aspect des
particules sur la rigidité ont été présentés dans la référence [121] par Chow.
Alors que la solution d’Eshelby traite seulement des fibres ellipsoïdales, les
fibres généralement utilisées dans les structures en composites sont assimilables
à des cylindres de section droite circulaire. La relation entre les particules ellip-
soïdales et le cylindre a été traité par Steif et Hoysan [122] qui ont développé une
méthode EF pour déterminer l’effet de rigidification d’une fibre de forme don-
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née. Pour des particules très courtes `/d = 4, ils ont établi un excellent accord en
permettant que le cylindre de l’ellipsoïde ait le même ratio `/d. La particule ellip-
soïdale conduit à un composite plus rigide, la différence entre les deux résultats
variant avec le ratio des modules E f /E m . Ainsi nous utilisons un ratio d’aspect
cylindrique et non ellipsoïdale dans les modèles d’Eshelby.
Etant donné que la solution d’Eshelby ne s’applique seulement qu’à une parti-
cule individuelle entourée de matrice infinie, AEshelby est indépendant du taux de
fibres, et la rigidité prédite par ce modèle croit linéairement avec le taux de fibres.
Les prédictions de modules basées sur les équations (5.30) et (5.16) ne seraient
exactes que dans le cas de très faibles taux de fibres, disons φf égal au plus à 10%
(φf ≤ 0, 01). Le problème le plus difficile consiste à prendre en compte les interac-
tions entre fibres dans le modèle et de produire des résultats à des taux de fibres
élevés. Nous considérons par la suite les approches permettant d’y parvenir.
-122-
L’hypothèse faite par Mori-Tanaka est que lorsque plusieurs particules identiques
sont incluses dans un composite, la déformation moyenne de la fibre est donnée
par :
¯f = AEshelby ¯m (5.32)
c’est-à-dire dans un composite concentré, chaque particule "voit" un champ de
déformations éloigné égal à la déformation moyenne dans la matrice. L’utilisa-
tion du tenseur de localisation des déformations défini à l’équation (5.14) permet
d’exprimer l’hypothèse de Mori-Tanaka comme suit :
(5.34)
La relation (5.34) est l’équation de base permettant de mettre en œuvre le modèle
Mori-Tanaka. L’approche de modélisation des propriétés des composites proposé
par Mori-Tanaka a été introduite pour la première fois par Wakashima, Otsuka et
Umekawa [125] pour modéliser l’expansion thermique dans les composites à in-
clusions ellipsoïdales unidirectionnelles. La référence [123] de Mori-tanaka traite
simplement du problème d’inclusion homogène et ne dit rien au sujet des compo-
sites. Cette approche a ensuite été utilisée pour la première fois sur les composites
à fibres courtes par Mura [114] et Taya et Chow [115] dont le travail portait éga-
lement sur l’effet des fissures. Weng [126] a généralisé leur modèle et Tandon et
Weng ont utilisé l’approche de Mori-Tanaka pour produire des équations rela-
tives à un ensemble de constantes élastiques pour les composites à fibres courtes.
L’équation de Tandon et Weng pour le module de compression transversale k23
en déformations planes, ainsi que le coefficient de Poisson principal ν12 doit être
résolue de manière itérative.
Le développement usuel du modèle de Mori-Tanaka diffère quelque peu de
l’explication de Benveniste. Pour une contrainte moyenne σ̄ la déformation de
référence 0 est définie comme la déformation induite dans un corps homogène
de matrice dans cet état de contrainte,
σ̄ = Cm 0 (5.35)
m = 0 + ˜m (5.36)
-123-
Une fibre incluse dans le composite subira une perturbation supplémentaire ˜f
telle que :
f = 0 + ˜m + ˜f (5.37)
tandis que l’inclusion équivalente aura cette déformation plus la déformation de
transformation T . L’équivalence en contrainte entre l’inclusion et la fibre devient
alors :
Cf 0 + ˜m + ˜f = Cm 0 + ˜m + ˜f − T
(5.38)
Une comparaison de l’équation (5.38) avec la version d’Eshelby de l’équation
(5.28) montre que A , dans le problème d’Eshelby, est équivalente à (0 + ˜m ) ici.
Le développement est complété en supposant que la perturbation supplémentaire
dans la fibre est liée à la déformation de transformation par le tenseur d’Eshelby,
Une combinaison des équations (5.36) et (5.37) révèle que l’équation (5.39) contient
l’essentiel des hypothèses formulées par Mori-Tanaka : la fibre dans un corps
"voit" la déformation de la matrice. D’autres modèles micro-mécaniques sont
équivalents à l’approche Mori-Tanaka, quoique cette équivalence ne fasse pas
toujours l’unanimité. Chow [127] ayant traité le problème d’Eshelby, a formulé
la conjecture selon laquelle dans un composite concentré, la déformation dans
l’inclusion serait la somme de deux termes : le résultat à l’état dilué (obtenu par
Eshelby) et la déformation moyenne dans la matrice.
AChow = I + 1 − φf ESm Cf − Cm
(5.42)
-124-
de Ferrari [128] utilisant un tenseur effectif d’Eshelby E, défini comme le tenseur
reliant la déformation de l’inclusion à la déformation de transformation, à un taux
volumique fini de fibres :
(c )f = ÊT (5.43)
Une fois Ê défini, il devient simple d’en déduire le tenseur de localisation des
déformations A et les modules du composite. Ferrari a considéré les formes ad-
missibles pour Ê, étant donné les exigences auxquelles il doit satisfaire, c’est-à-
dire : (a) produire un tenseur de rigidité symétrique, (b) converger vers le tenseur
d’Eshelby E quand le taux volumique de fibres tend vers zéro et (c) produire un
composite de rigidité indépendante de celle de la matrice quand le taux volu-
mique de fibres tend vers 1. Il a proposé la forme simple suivante satisfaisant ces
critères,
Ê = 1 − φf E
(5.44)
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Une seconde approche prenant en compte des taux volumiques finis de fibres
est basée sur les méthodes dites autocohérentes. Cette approche est généralement
portée au crédit de Hill [129] et Budiansky [130] dont le travail originel s’est foca-
lisé sur des particules sphériques et des fibres continues unidirectionnelles. L’ap-
plication aux composites à fibres courtes a été développée par Laws et McLaugh-
lin [131] et par Chou, Nomura et Taya [132]. Dans les approches autocohérentes,
on est amené à déterminer les propriétés dans le composite dans lequel une fibre
individuelle est introduite dans une matrice infinie ayant les propriétés moyennes
du composite. Une fois encore, en utilisant le résultat d’Eshelby, sur une particule
ellipsoïdale, nous pouvons établir une version autocohérente de l’équation (5.30)
en remplaçant les matrices de rigidité et de souplesse par les propriétés corres-
pondantes du composite. Ceci produit la version autocohérente du tenseur de
localisation des déformations,
−1
ASC = I + ES Cf − C
(5.45)
-125-
pulées algébriquement pour trouver des expressions explicites pour l’ensemble
des propriétés [130, 131]. Pour des fibres courtes, ceci n’a pas été possible, mais
des solutions numériques peuvent être facilement obtenues par une méthode ité-
rative. On débute par une solution initiale des propriétés du composite, puis on
procède à une évaluation de E et ASC défini à l’équation (5.45) ; enfin on substitue
les résultats à l’équation (5.20) pour obtenir une valeur améliorée des modules
du composite. La procédure est répétée en utilisant cette nouvelle valeur et les
itérations se poursuivent jusqu’à l’obtention d’une solution convergente pour C.
Un changement additionnel mais non évident est que le tenseur E d’Eshelby
dépend des propriétés de la matrice qui sont maintenant isotropes transverses.
Les expressions d’Eshelby pour une matrice isotrope transverse contenant des
particules ellipsoïdales de révolution sont données par Chou et Taya [133] et par
Lin et Mura [134]. Ayant ces expressions, on peut se servir de l’équation (5.45)
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Une approche, plutôt différente, pour modéliser la rigidité est basée sur la
détermination des bornes supérieure et inférieure des modules du composite.
Toutes les méthodes s’y référant se fondent sur les champs de contraintes et de
déformations approchés dans le composite. Le champ inconnu est déterminé en
faisant recours au principe variationnel et en minimisant une fonctionnelle de
la contrainte ou de la déformation. La rigidité du composite ainsi obtenue n’est
pas exacte, mais peut être garantie comme étant soit supérieure, soit inférieure
ou égale à la rigidité effective dépendamment du principe variationnel utilisé.
Cet encadrement rigoureux des propriétés constitue le point d’attraction de ces
-126-
méthodes.
Historiquement, les moyennes de Voigt et de Reuss étaient les premiers mo-
dèles à avoir été reconnus comme fournissant respectivement les bornes supé-
rieure et inférieure rigoureuses. Pour obtenir le modèle de Voigt, donné à l’équa-
tion (5.18), on suppose que la fibre et la matrice subissent la même déformation
¯ et l’on minimise ensuite l’énergie potentielle. Etant donné que l’énergie poten-
tielle atteint un minimum absolu quand le composite est en équilibre, l’énergie
potentielle sous déformation uniforme (supposée) devra être supérieure ou égale
au résultat exact. La rigidité ainsi calculée sera donc la borne supérieure de la rigi-
dité réelle. Le modèle de Reuss, donné à l’équation (5.19) est obtenu en supposant
que fibre et matrice supportent la même contrainte uniforme σ̄ et en maximisant
l’énergie complémentaire. Etant donné que l’énergie complémentaire sera maxi-
male à l’équilibre, le modèle de Reuss fournit la borne inférieure de la rigidité
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du composite. Des détails poussés de ces résultats peuvent être trouvés dans la
référence [136] par Wu et McCullough.
Les bornes de Voigt et de Reuss fournissent des résultats isotropes, pourvu
que la matrice et la fibre soient elles-mêmes isotropes, lorsqu’en effet on s’attend
à ce que les composites à fibres unidirectionnelles soient fortement anisotropes.
Plus important encore, lorsque fibres et matrice ont des rigidités substantielle-
ment différentes, les bornes des modèles de Voigt et de Reuss sont très écartées,
ne fournissant que des renseignements peu utiles sur la rigidité réelle du com-
posite. Ce dernier aspect a motivé Hashin et Strickman en mettre en place des
bornes plus serrées.
Hashin et Strickman ont eu recours à un principe variationnel alternatif pour
les matériaux hétérogènes [137, 138]. Leur méthode introduit la notion de maté-
riau de référence et fonde le développement subséquent sur les différences entre
ce matériau de référence et le composite réel. Au lieu de nécessiter deux prin-
cipes variationnels comme dans le cas de Voigt et de Reuss, leur unique principe
fournit les deux bornes en faisant des choix appropriés du matériau de référence.
Pour la borne supérieure, le matériau de référence devrait être le plus rigide (ou
autant rigide) que chacune des deux phases (fibre ou matrice) du composite. Et
pour la borne inférieure, le matériau de référence doit avoir une rigidité inférieure
ou égale à chacune des phases. Dans la plupart des composites, la fibre est la plus
rigide des phases. Ainsi, en choisissant la fibre comme matériau de référence, on
obtient la borne supérieure ; et en prenant la matrice comme matériau de réfé-
rence, on obtient la borne inférieure. Si la matrice est plus rigide que la fibre, les
bornes sont inversées. Les bornes ainsi déduites sont plus serrées que celles éta-
blies par Voigt et Reuss, lesquelles en effet peuvent être fournies par la théorie
de Hashin-Strickman en attribuant au matériau de référence une rigidité nulle ou
-127-
infinie respectivement.
Les bornes originellement définies par Hashin et Strickman s’appliquent aux
composites faits de constituants isotropes. Fréquemment, ces bornes sont consi-
dérées comme s’appliquant à des composites à renforts particulaires sphériques,
quoique un corps 3D à fibres orientées aléatoirement puisse également respecter
ces bornes.
Walpole a repris les bornes de Hashin-Strickman en utilisant le principe clas-
sique d’énergie [139] et les a étendues aux matériaux anisotropes [140]. Walpole a
également obtenu des résultats pour des fibres infiniment longues et les disques
infiniment minces dans les cas des fibres unidirectionnelles et de fibres orientées
aléatoirement [141].
Les bornes de Hashin-Strickman-Walpole ont ensuite été étendues aux com-
posites à fibres courtes par Willis [142], et par Wu et McCullough [136]. Ces tra-
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vaux ont introduit une fonction de corrélation par deux points dans le domaine
d’encadrement, permettant aux particules ellipsoïdales d’être prises en compte.
A partir de ces extensions, les formules explicites pour des particules UD ont été
développées par Weng [143] et Eduljee et al [144, 145]. Le format général de ces
limites reprises ici est celui fourni par Weng et qui définit la rigidité du composite
par :
−1
C = φf Cf Qf + φm Cm Qm φf Qf + φm Qm
(5.46)
avec :
Qf et Qm des tenseurs donnés par :
−1
Qf = I + E0 S0 Cf − C0
(5.47)
−1
Qm = I + E0 S0 Cm − C0
(5.48)
Âinf = I + Em Sm Cf − Cm
(5.49)
Ce résultat est étiqueté ici comme borne inférieure en supposant que la fibre est
plus rigide que la matrice. La rigidité du composite est obtenue en remplaçant
Ainf dans les équations (5.15) et (5.16). Eduljee et McCullough ont argumenté
[144, 145] que la borne inférieure fournit une estimation plus exacte des pro-
priétés du composite et recommandent que ce soit le modèle. Notons néanmoins
que cette borne inférieure est identique au modèle de Mori-Tanaka de l’équation
(5.34). Cette correspondance appuie favorablement l’approche de Mori-Ttanaka
-128-
et garantit que celle-ci sera toujours compatible avec les bornes. L’autre borne,
la supérieure, est déduite en utilisant l’équation (5.46) avec comme matériau de
référence, la fibre, ce qui donne un tenseur de localisation des déformations,
Âsup = I + Ef Sf Cm − Cf
(5.50)
Notons que le tenseur d’Eshelby Ef est maintenant calculé pour des inclusions
de matrice entourées par la fibre. L’équation (5.50) est étiquetée comme borne su-
périeure en supposant aussi que la fibre est plus rigide que la matrice. Un résultat
similaire peut être obtenu à partir de la théorie de Mori-Tanaka en admettant une
particule ellipsoïdale de matrice incrustrée dans une phase continue de fibre. Si la
matrice est plus rigide que la fibre, alors le terme de droite de l’équation (5.49) de-
vient la borne supérieure et l’équation (5.50) définit la borne inférieure. Toutes les
formules précédentes relatives aux bornes ont été données pour des composites
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à deux phases, mais la théorie présentée ici s’accommode bien aux composites
multiphases.
A des taux volumiques de fibres proches de l’unité, la rigidité de la matrice in-
fluence grandement la borne inférieure du modèle Mori-Tanaka, malgré sa quan-
tité faible dans le composite. Les considérations liées au conditionnement sug-
gèrent que le seul moyen d’approcher des taux de fibres aussi élevés est d’utiliser
des fibres continues. Lielens et al. [146] suggèrent qu’à des taux de fibres élevés,
la rigidité du composite soit proche de la borne supérieure ou soit équivalente
à la prédiction de Mori-Tanaka (en utilisant la fibre comme la phase continue).
Cet éclairage a poussé Lielens et ses co-auteurs [146] à proposer un modèle qui
fait l’interpolation entre les deux bornes, de telle sorte que la supérieure domine
pour de forts taux de fibres et l’inférieure domine à de faibles taux de fibres (une
fois encore, on suppose que la fibre est plus rigide que la matrice). Ils ont en ef-
fet effectué cette interpolation sur l’inverse du tenseur Â, pour obtenir la relation
prédictive suivante :
h i−1 h i−1 −1
Lielens Inf Sup
 = (1 − f )  + f  (5.51)
le facteur d’interpolation f dépend des taux de fibres et est défini comme suit :
2
φf + φf
f= (5.52)
2
Cette théorie reprend les bornes supérieure et inférieure, des résultats de Mori-
Tanaka (à des taux faibles de fibres). Il est cependant reconnu qu’elle fournit des
résultats améliorés pour des taux de fibres comprises entre 40 et 60%.
-129-
5.2.2.6 Les équations de Halpin-Tsai
P 1 + ξηφf
= (5.53)
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Pm 1 − ηφf
avec :
P f /P m − 1
η=
P f /P m + 1
P représente le symbole des modules du composite listés à la table 5.1,
Pf : module correspondant de la fibre, kf ,Gf ,E f ,
Pm : module correspondant de la matrice, km , Gm , Em ,
ξ : paramètre dépendant du coefficient de Poisson de la matrice et de la
constante élastique considérée.
Hermans a obtenu des expressions de k23 (en déformations planes), de G12 et G23 .
Les paramètres ξ pour ces constantes sont fournis dans la table 5.1. Notons que
pour une matrice isotrope,
k m = [E m /2 (1 + ν m ) (1 − 2ν m )]
Hill a montré que pour un composite à fibres continues, les autres constantes sont
données par :
2
φf − φm φf φm
f f m m 1
E11 =φ E +φ E −4 1 − − m (5.54)
kf
− k1m k23 k f k
f
φ − φm φf φm
1
ν12 = φf ν f + φm ν m + 1 − − (5.55)
kf
− k1m k23 k f km
-130-
P Pf Pm ξ observations
1−ν m −2(ν m )2
k23 kf km 1+ν m Module de compression en déformations planes (UD)
1+ν m
G23 Gf Gm 3−ν m −4(ν m )2
Module de cisaillement transversal, fibres UD
G12 Gf Gm 1 Module de cisaillement longitudinal, fibres UD
2(1−ν m )
K Kf Km 1+ν m Module de compression, particules
7−5ν m
G Gf Gm 8−10ν m Module de cisaillement, particules
Le reste des résultats obtenus par Hermans est identique au modèle de Ha-
shin et Rosen pour le composite à assemblage de cylindres concentriques. Ainsi
les constantes k23 , E11 et ν12 sont identiques à celles fournies par le modèle autoco-
hérent de Hill [129]. Le format de l’équation (5.53) par Halpin-Tsai peut aussi être
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utilisé pour exprimer les équations relatives aux composites à particules, dérivées
par Kerner [10] qui a également employé le modèle autocohérent généralisé. Le
tableau 5.2 en donne les détails.
P Pf Pm ξ Comments
E11 Ef Em 2(`/d) Module longitudinal
E22 Ef Em 2 Module transversal
G12 Gf Gm 1 Module de cisaillement longitudinal
ν12 Coeff de Poisson, = φf ν f + φm ν m
-131-
conduit à la loi usuelle des mélanges pour E11 d’un composite à fibres continues.
Cependant, l’annulation du terme souligné de l’équation (5.55) et l’utilisation de
la loi des mélanges pour calculer ν12 n’est pas exacte si les coefficients de Pois-
son des fibres et de la matrice sont différents. Halpin et Tsai ont prétendu que la
rigidité du composite était insensible à ν12 .
Afin d’adapter leur modèle aux composites à fibres courtes, Halpin et Tsai ont
proposé que ξ ∈ [0, ∞]. Si ξ = 0, alors l’équation (5.53) se réduit à la loi inverse
des mélanges [147].
1 φf φm
= f + m, (5.56)
P P P
tandis que lorsque ξ = ∞, l’équation de Halpin-Tsai devient la loi des mélanges,
P = φf P f + φm P m (5.57)
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Halpin et Tsai ont ensuite suggéré qu’il y ait une corrélation entre ξ et la géométrie
des fibres de renfort et en calculant E11 , ξ devrait varier d’une valeur constante
petite à l’infini comme une fonction du ratio d’aspect des fibres `/d. En compa-
rant les prédictions du modèle avec les résultats EF (en 2D) disponibles, ils ont
trouvé que ξ = 2 (`/d) donne de bons résultats pour E11 des composites à fibres
courtes. Ils ont également suggéré d’autres constantes de l’ingénieur qui sont fai-
blement dépendantes du ratio d’aspect des fibres `/d, et qui de ce fait peuvent être
approximées en utilisant les formules relatives aux composites à fibres continues
[150]. Les équations résultantes sont résumées dans le tableau 5.2. Les premières
références [151, 150] ne mentionnent pas G23 . Quand cette propriété est néces-
saire, l’approche usuelle consiste à utiliser ξ donné dans la table 5.2. Alors que les
équations de Halpin Tsai ont été largement utilisées pour les fibres isotropes, les
résultats de Hermans et Hill eux s’appliquent aux fibres à isotropie transverse ;
ainsi, les équations de Halpin-Tsai peuvent aussi être utilisées dans ce cas. Il est
reconnu que les équations de Halpin-Tsai s’ajustent bien aux données relatives
aux composites à faible taux volumique de fibres mais sous-estiment la rigidité
des systèmes à fort taux de fibres. Ceci a conduit à des modifications de ce mo-
dèle. Hewih et Malherbe [152] proposent que ξ soit une fonction de φf et par
ajustement, ont obtenu l’expression :
10
ξ = 1 + 40 φf (5.58)
laquelle donnerait un bon accord avec les résultats EF en 2D pour G12 sur les
structures à fibres continues.
Nielsen et Lewiss [153, 154] se sont penchés sur l’analogie entre la rigidité
G du composite et la viscosité µ des particules rigides en suspension dans un
fluide newtonien. Ils ont noté que µ/µm = G/Gm quand le renfort est plus rigide
-132-
(Gf /Gm → ∞) et la matrice incompressible. Ils ont développé une équation dans
laquelle la rigidité ne correspond pas seulement à celle de la théorie d’inclusion
au sens d’Eshelby (à faible taux de fibres), mais affiche Gf /Gm → ∞ lorsque
φf → φm ; ceci conduit à la modification suivante de l’équation de Halpin-Tsai :
P 1 + ξηφf
= (5.59)
Pm 1 − ψ(φf )ηφf
avec :
η : conserve sa définition donnée à l’équation (5.53)
ψ(φf ) : fonction du taux de fibres maximum, φfmax . ψ est choisi de manière
à fournir des résultats satisfaisants aux bornes inférieure et supérieure du
taux de fibres ; les expressions suivantes sont donc retenues :
1 − φfmax
f
ψ(φ ) = 1 + φf (5.60)
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f 2
(φmax )
f
1 −φ
ψ(φf ) = f 1 − exp (5.61)
φ f
1 − φ /φmaxf
L’un des premiers modèles décrivant l’effet du renforcement par des fibres
courtes sur le module d’Young et la résistance des matériaux composites a été
développé par H.L. Cox en 1952 [155]. Le travail fait par Cox est communément
référencé dans la littérature sous l’appellation de théorie du shearlag. Les mo-
dèles du shearlag ont été appliqués aux composites à fibres courtes et pour étu-
dier le comportement aux extrémités des fibres rompues dans les pièces compo-
sites à fibres continues [156, 157]. Malgré certaines insuffisances théoriques im-
portantes, les modèles du shearlag ont connu une popularité, peut être à cause
de leur simplicité algébrique et de leur attrait physique. Une expression complète
de l’équation du shearlag et une méthode permettant de déterminer le paramètre
H de Cox pour un arrangement carré ou hexagonal des fibres ont été fournies
par Piggott [158]. Les modèles classiques du shearlag ne permettent de faire des
prédictions que sur E11 , et ne remplissent pas toutes les conditions énoncées au
début de cette section quant à la capacité des modèles à prédire un ensemble de
propriétés. Nous en parlons cependant ici en raison de leur importance histo-
rique et leur utilisation répandue. On pourrait obtenir une caractérisation plus
complète de la rigidité en recourant au modèle du shearlag pour déterminer E11
et en utilisant quelque autre modèle à fibres continues (tel que celui d’Hermans)
pour le reste des constantes élastiques. Si les fibres étaient anisotropes, alors le
-133-
module d’Young devrait être obtenu par l’équation du shearlag. Traditionnelle-
ment, la théorie du shearlag suppose que les fibres de renfort sont alignées et
arrangées d’une façon précise. Le transfert d’une charge appliquée de la matrice
à la fibre est censé se faire à travers des contraintes de cisaillement interfaciales
et la contrainte de traction σ aux extrémités des fibres est nulle. Ce qui fait que
la contrainte maximale de traction σmax se développe au milieu de la fibre tan-
dis que la contrainte maximale de cisaillement τmax se développe aux extrémités.
Ces hypothèses conduisent à l’équation classique du shearlag pour le module
d’Young,
L
!
tanh η
E11 = E f 1 − 2
φf + Em φm , (5.62)
η L2
η étant donné par : !
1 2E m
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η= f , (5.63)
a E f (1 + ν m ) ln( Pφf )
avec :
a : rayon de la fibre supposée cylindrique
Pf : facteur dépendant de l’arrangement des fibres.
Typiquement, on peut utiliser un arrangement carré ou hexagonal. Pour un ar-
√
rangement carré, Pf = π et pour un arrangement hexagonal, P f = 2π/ 3. On
peut observer à partir de l’équation (5.62) que lorsque L/a → ∞, l’équation du
shearlag se ramène à la loi des mélanges.
-134-
poutre continue en flexion dont la longueur de la travée est prise égale à l’unité
élémentaire déformable (UED = 2λ, voir figure 5.1).
Dans ces conditions les charges appliquées à l’UED peuvent être calculées en
fonction de son angle de direction dans le réseau et l’on évalue ensuite la défor-
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avec :
F f et E f force et module d’Young (respectivement) de la fibre. L’équation (5.65)
montre que ce modèle ne permet que l’obtention du module d’Young de la fibre
et ne donne donc pas les autres caractéristiques transversales. Ce modèle a néan-
moins été appliqué à un mat de fibres de bois [160].
-135-
sur toute la longueur. En recourant aux propriétés des invariants et aux para-
mètres de stratification, une formulation approchée du module d’Young du mat
a été proposée. Une telle démarche reste encore purement théorique et ne conduit
pas directement aux propriétés des fibres.
Cichocki et al. [107] ont appliqué cette approche à un stratifié composite uni-
directionnel, en traitant le cas des fibres de jutes supposées isotropes transverses.
Ils ont ainsi estimé les 5 constantes élastiques de ces fibres en recourant aux équa-
tions empiriques de Halpin-Tsai. Dans la section 5.4, nous considérons le modèle
analytique des propriétés élastiques homogènes d’un composite dont les fibres
sont supposées orthotropes. Une telle démarche sur les fibres orthotropes n’a, à
notre connaissance, pas encore été traitée.
-136-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
− νErθr − νErzr
1
r Er
0 0 0
σr
− νrθ
1
− νEzθz 0 0 0
θ σθ
Er Eθ
− νrz − νzθ
1
0 0 0
σz
z Er Ez Ez
=
0 1
(5.66)
θz
0 0 Gθz
0 0
σθz
1
rz
0 0 0 0 Grz
0
σrz
1
rθ 0 0 0 0 0 σrθ
Grθ
avec :
S : matrice de souplesse
et σ représentent respectivement les vecteurs des déformations et des con-
traintes.
Nous traitons en tout premier lieu le cas d’un cylindre dont les extrémités
sont soumises aux conditions suivantes : (1) la contrainte axiale est constante, de
sorte que les sections planes perpendiculaires à son axe restent planes durant le
chargement, (2) toute section droite perpendiculaire à l’axe ne se déforme que ra-
dialement (sous l’effet par exemple des pressions radiales interne et/ou externe).
Ce problème est un classique en élasticité, et pour un cylindre isotrope subissant
une pression interne pi et une pression externe po la solution proposée dans la
-137-
littérature [161, 162, 163, 164] est :
(b/r)2 −1 1−(a/r)2
σrr = −pi (b/a)22 −1 − po 1−(a/b)22
(b/r) +1 1+(a/r)
σθ θ = −pi (b/a) 2 −1 − po 1−(a/b)2 (5.67)
σzz = ξ(constante)
Il s’agit d’un composite à deux phases dont le cylindre externe (la matrice) est
creux et isotrope, tandis que le cylindre interne (la fibre) est plein et de compor-
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avec :
Am , B m et C m sont des constantes
m dénote la matrice.
-138-
on impose une déformation longitudinale constante = f = m . L’applica-
tion de la loi de Hooke de la relation (5.66) à la fibre et de la loi de Hooke
isotrope à la matrice permet d’écrire :
f
νrz f νzf θ f 1 f f
f
νrz νzf θ
− σrr − σθθ + σzz = ⇒ σzz = Ezf + Ezf ( + )Af (5.70a)
Erf Ezf Ezf Erf Ezf
m m
ν m ν m 1 m
− m
σrr − m σθθ + m σzz = ⇒ σzm = E m + 2ν m Am (5.70b)
E E E
m f
continuité à l’interface, σrr (a) = σrr (a), ce qui conduit à :
Af = A m + B m (5.70c)
m
pression externe nulle sur la matrice, σrr = 0. Cette condition se traduit par :
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m a 2 m Am
A + B ( ) = 0 ⇒ Bm = − f (5.70d)
b φ
avec :
- φf = ( ab )2 : taux volumique de fibres
- φm = 1 − ( ab )2 = 1 − φf : taux volumique de la matrice
continuité des déplacements à l’interface : ufr (a) = umr (a). Cette condition
est traduite par l’équation :
fθθ (a) = m
θθ (a) (5.70e)
avec :
νf f
νzθ
fθ (a) = − Erθf σrf + 1
Eθf
σθf − Ezf
σzf
r
νm 1 ν m
m m m m
θ (a) = − E m σr + E m σθ − E m σz
et la combinaison des équations (5.68)-(5.70) donne :
f
νzθ − νm νf − νm
Am = B m = zθ f C m = E m + 2ν m Am
∆ ∆φ
f m
(νzθ − ν m ) φφf νf νf
f
A =− C f = Ezf + Ezf ( rzf + zfθ )Af
∆ Er Ez
avec :
" !#
f
νrθ 1 f
f
νrz νzf θ φm ν m φm 1 φf + 1 (ν m )2
∆= − + νzθ + − − + 2
Erf Eθf Erf Ezf φf E m φf E m φf Em
(5.70f)
-139-
La détermination de E1 se fait par homogénéisation en écrivant que le comporte-
ment de l’assemblage (cellule de base ACC) est de type 1D ; on a alors :
Z
σ1 1
Ez = E1 = = σ z (r)ds (5.71a)
π b2
Z a Z b
1 f m
E1 = σ (r) drdθ + σz (r)drdθ (5.71b)
π b2 0 z a
1 f f
φ σz + φm σzm
E1 = (5.71c)
La combinaison des équations (5.68)-(5.70) et (5.71) donne :
" ! #
f m f f
ν − ν νrz νzθ
E1 = Ezf φf + Ezm φm − zθ Ezf + − 2ν m φm (5.72)
∆ Erf Ezf
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b
avec um m m m m
r (b) = bθ (b) = E m [σθ (b) − ν σz (b)], et l’introduction des équations
(5.68)-(5.70), (5.73) se réécrit :
f
1 − (ν m )2 νzθ − νm
ν12 = −2 + νm (5.74)
Em ∆
Am + B m φf = −p (5.75)
f m
La continuité des contraintes à l’interface (σrr (a) = σrr (a)) donne
Am + B m = A f (5.76)
-140-
L’équilibre suivant la direction z se traduit par l’équation 5.77
m m f f
σzz φ + σzz φ = 0 ⇒ C m φm + C f φf = 0 (5.77)
La combinaison des équations (5.75)-(5.77) donne :
Am + p Am φm + p φm
Bm = − Af = − C f = −C m (5.78)
φf φf φf
Les inconnues réduites désormais à 2 peuvent être déterminées par l’appli-
cation de la loi de Hooke σ − de l’équation (5.66) et des conditions de non
déchaussement de la fibre.
fzz = m
zz est traduite aussi par
" ! # !
f f f
2ν m f
m
φf f
νrz νzθ m m φ m νrz νzθ
+ f φ + mφ A − + m C =− + f p
Erf Ez E Ezf E Erf Ez
(5.79)
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!
f f
2ν m φm φf
νrz νzθ
I1 = + φ + m φf
m
I2 = − +
Erf Ezf E Ezf Em
!
f f
νrz νzθ
L1 = − +
Erf Ezf
f
La continuité des déplacements à l’interface ufr (a) = um
r (a) ou θθ (a) =
m
θθ (a), conduit à l’équation (5.81)
" ! # ! !
f f f
νrθ 1 1 νzθ νm νrθ 1
m
φ − m ν − φ − 1 Am +
m f
φ + m φf
m m
− c =− − p
Erf Eθf E f
Ez E Erf Eθf
νm − 1
··· − p
Em
(5.81)
!
f f
νrθ 1 1 m f m νzθ νm f
φm +
I3 = − φ − ν − φ − 1 I4 = φ
Erf Eθf Em Ez f Em
" #
f
νrθ 1 1 m
L2 = − − f + m (ν − 1)
Erf Eθ E
-141-
La résolution du système formé par les équations (5.80) et (5.82) donne :
I4 L1 − I2 L2 I1 L2 − I3 L1
Am = − p Cm = − p
I1 I4 − I2 I3 I1 I4 − I2 I3
m 1 I4 L1 − I2 L2 f 1 I4 L1 − I2 L2 m
B = f −1 p A = f φ −1 p
φ I1 I4 − I2 I3 φ I1 I4 − I2 I3
φm I1 L2 − I3 L1
Cf = f p
φ I1 I4 − I2 I3
Le module homogénéisé de compression transversale est défini comme suit :
m
σ22 σrr (b) p
k23 = = m
=− m (5.84)
222 2 (ur (b)/b) 2θθ (b)
La combinaison des équations (5.68)-(5.70) et (5.83) conduit à
E m φf (I1 I4 − I2 I3 )
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k23 = ˆ ˜
2 − (1 − ν ) φ (I4 L1 − I2 L2 ) + (1 + ν m ) φf (I4 L1 − I2 L2 − I1 I4 + I2 I3 ) − ν m φm (I1 L2 − I3 L1 )
m f
(5.85)
Le chargement imposé à la cellule est σij = 0 pour tout i, j sauf σ23 = σ31 = σ.
On montre dans ces conditions que le champ des déplacements peut se mettre
sous la forme :
2
um um
m m
r = 0 z = A + B (a/r) cos θ (5.86)
ufr = ufθ =0 ufz f
= A cos θ (5.87)
um m m f
z (b) = 0 ⇒ A + B φ = 20 (5.89)
um f f m
z (a) = uz (a) ⇒ A = A + B
m
(5.90)
m f ∂um
z ∂ufz
σrz = σrz ⇒ Gm = Gfrz (5.91)
∂r r=a ∂r r=a
-142-
La combinaison des équations (5.89)-(5.92) donne :
m 20 Gm + Gfrz φm φm m 20
A = f m
m
B = − f (20 − Am ) f
A =− fA + f
m f
G (1 + φ ) + Grz φ φ φ φ
(5.93)
-143-
5.5 Application : détermination des constantes élas-
tiques des fibres
Dans ce paragraphe nous mettons en application les résultats de la section
5.4. Les expressions de E11 , de G12 , de ν12 et de E22 sont ensuite intégrées dans
l’équation (4.11) donnant Exx en fonction de θ. Le but final est de déterminer
les constantes élastiques caractérisant l’anisotropie élastique des fibres considé-
rées en partant des caractéristiques du composite, notamment le module d’Young
dont les mesures ont été fournies à la section 4.3.4.
Le problème est dès lors celui de la résolution du système surdimensionné
(plus de données que d’inconnues) d’équations non linéaires ainsi formé. Il s’agit
donc d’un problème d’optimisation que nous résolvons en utilisant la méthode
de Levenberg-Marquardt. Une routine de cette méthode a été écrite et mise en
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-144-
Au demeurant, il se peut également que l’hypothèse d’un comportement ortho-
trope de la fibre ne soit pas tout a fait la bonne proposition. Ceci nous comptons
le vérifier dans paragraphe suivant en faisant l’hypothèse d’un comportement
isotrope transverse de la fibre.
L’analyse faite à la section 5.4 et reprise ici (en gardant à l’esprit que le nombre
d’inconnues à déterminer est désormais réduit à 5 au total) conduit aux expres-
sions suivantes :
f
2
m m f f 2 νzr − ν m φm
E11 = E φ + Ez φ − (5.100)
∆
avec 2
f
φm
f
νrθ −1 2(νzr ) φf +ν m φm −2(ν m )2 φf +1
– ∆= φf Erf
+ Ezf
− E m φf
avec
ν m φm +(1+φf ) f
f m
m φm 1−νrθ
K1 = 2 νEzrf φφf + Eν m K2 = − Ezf φf
+ 1
Em
K3 = m f + f φm
mz
f m
f
E fφ E
rφ
f
1−ν m
K4 = − Eν m + νEzrf φφf λ1 = − E2νf zr
φf
λ2 = − E f φrθf + E1+ν
m φm
z z r
avec
Erf Em Em
Gfrθ = 2(1+νrθf Gm = 2(1+ν m )
km = 3(1−2ν m )
)
-145-
De même, la résolution du problème d’optimisation sous MatLab a permis d’ob-
tenir les constantes élastiques données dans le tableau 5.4. Ces derniers résul-
5.6 Conclusion
Ce chapitre nous a permis de faire ressortir différentes possibilités de modé-
lisations théoriques du comportement élastique des matériaux composites. Ces
possibilités sont diverses et ont été généralement développées pour modéliser
les composites isotropes ou isotropes transverses. Il est apparu que malgré cette
abondance, il est difficile de trouver une approche capable de rendre compte du
comportement plus complexe de nos composites, relatif à l’anisotropie 3D induite
par l’un ou par les 2 constituants (pour un composite à 2 phases). Le cas des
NFRCs, supposés orthotropes ici, confirme bien cette problématique. Les fibres
végétales utilisées pour le renforcement sont poreuses lorsque les méthodes d’ex-
traction utilisées ne permettent pas d’atteindre une grande finesse. Ceci pose évi-
demment le problème même de la nature des concepts théoriques qu’il faut appli-
quer lorsqu’il s’agit de leur utilisation en l’état comme éléments de renfort. Une
étape préliminaire mais non moins importante, a néanmoins été franchie ici, en
ce qu’elle a été effectuée afin d’optimiser les estimations des propriétés du strati-
fié unidirectionnel utilisant les fibres naturelles, à partir de données expérimen-
tales. Les résultats obtenus, indiques qu’un comportement isotrope transverse
des fibres est la meilleure hypothèse du point de vue de la prédiction analytique
de l’ensemble des constantes élastiques. Des développements numériques futurs
permettront de dire le type de comportement qu’il convient d’adopter pour la
fibre. C’est principalement la difficulté de prise en compte de l’adhérence, et les
moyens utilisés pour fabriquer les NFRCs qui sont à l’origine des écarts d’estima-
tion dans les différents cas de comportement présentés ici.
-146-
Chapitre 6
6.1 Introduction
Les chapitres 2 et 3 ont mis en relief l’architecture pariétale des fibres végé-
tales ; et en particulier celle des fibres RC dont nous envisageons le calcul numé-
rique des propriétés dans ce chapitre.
Les simulations numériques scientifiques reposent sur la mise en œuvre de
modèles théoriques utilisant souvent la technique dite des éléments finis. Elles
sont donc une adaptation aux moyens numériques de la modélisation mathéma-
tique, et servent à étudier le fonctionnement et les propriétés d’un système modé-
lisé ainsi qu’à en prédire son évolution. On parle également de calcul numérique.
Grâce à la simulation numérique, sans prétendre à une description exhaustive, on
peut mieux comprendre la recherche fondamentale ou appliquée, dans différents
domaines. Les outils traditionnels que sont devenus l’expérimentation, les tests,
les maquettages, etc sont devenus très coûteux en temps ou en argent (exemple
les crash tests), parfois insuffisamment représentatifs.
Différents travaux sur l’identification numérique des fibres végétales sont rap-
portés dans la littérature et sont pour la plupart effectués sur des fibres de bois.
Ces travaux qui sont diversement évoqués dans la référence [6], ont mis en évi-
dence l’anisotropie prononcée entre les rigidités transversale et longitudinale ;
aucune explication n’a été fournie sur la différence entre les rigidités radiale et
tangentielle.
La modélisation numérique des propriétés mécaniques des fibres végétales
sur la base de leur microstructure nécessite la définition précise d’un VER qui
comme son nom l’indique soit représentatif du comportement du matériau. Trois
niveaux d’échelle sont généralement retenus pour étudier le comportement mé-
-147-
canique des fibres : la microfibre, la paroi végétale et la fibre. Dans ce chapitre
nous considérerons un VER à l’échelle de la microfibre pour alimenter les calculs
numériques. Les modèles géométriques du VER retenus sont tirés de la littérature
et seront simplifiés étant donné qu’ils doivent être utilisés dans un code de cal-
cul par éléments finis. Ils doivent par conséquent être compris comme étant une
approximation de la microstructure. Un aspect du travail développé repose sur
la notion d’homogénéisation décrite au chapitre 5. Deux étapes importantes de
l’identification des propriétés de la fibre seront traitées. Sur la base des proprié-
tés mécaniques de leurs constituants chimiques (définies dans la section 2.4), les
caractéristiques des différentes parois sont calculées. Ces propriétés sont ensuite
utilisées dans un modèle EF appliqué à la fibre. Une comparaison des résultats
obtenus par cette approche et l’expérimentation est ensuite présentée à la fin de
ce chapitre.
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-148-
tel-00718126, version 1 - 16 Jul 2012
-149-
connu, quoique certains travaux [6] indiquent que la représentation de Preston
est plus exacte que celle de Fengel.
-150-
sont isotropes transverses pour les 2 premiers et isotrope pour le dernier. Les
résultats de Hashin [108] sur un assemblage de cylindres à deux phases ont tout
d’abord été appliqués au couple (Cellulose, hémicellulose (matériau C-H)), puis
appliqués au matériau (C-H)-lignine. Notons qu’une généralisation des résultats
de Hashin au composite à n phases a été proposée par Lagoudas et al. [170], mais
n’a pas été prise en compte à cette occasion.
Le tableau 6.1 contient les fractions volumiques qui ont été utilisées pour le
calcul des propriétés des différentes couches. Les épaisseurs mentionnées dans
ce tableau sont celles obtenues à partir des observations TEM de la fibre RC au
chapitre 3. Les constantes élastiques des constituants chimiques sont tirées des
tableaux 2.2, 2.3 et 2.4.
S1 +P+M/2 0,53 20 15 65
S2 1,6 50 27 23
S3 0,6 45 35 20
TAB . 6.1: Fractions volumiques des constituants chimiques et épaisseurs des couches de
la paroi
Les tableaux 6.2 et 6.4 résument les caractéristiques mécaniques obtenues pour
les couches S2 et S3 . La paroi primaire P, la sous couche S1 et la moitié de la lamelle
moyenne ont été regroupées en une seule couche (M/2+P+S1 ) et leurs caractéris-
tiques sont contenues dans le tableau 6.3.
-151-
Propriétés valeurs calculées
12% d’humidité 20% d’humidité
E11 (GPa) 28,425 28,196
E22 (GPa) 2,315 2,052
G12 (GPa) 1,004 1,0
G23 (GPa) 0,802 0,713
ν12 (-) 0,258 0,206
ν23 (-) 0,443 0,506
TAB . 6.5: Angles des microfibrilles des couches pariétales utilisés dans ce projet
-152-
6.4.1 Modèles géométriques des cellules et de la fibres
La géométrie des cellules de la fibre est dérivée des micrographies SEM et
TEM du chapitre 3 et reprise ici par la figure 6.4(a). Ces images révèlent évidem-
ment une grande variabilité quant aux dimensions et formes des sections droites
de ces cellules unitaires. On observe néanmoins une bonne régularité pour ce
qui est de l’arrangement radial des cellules qui sont disposées en rangées quasi
concentriques au canal central. En tenant compte de ces résultats et par souci de
simplification, nous avons d’abord adopté un modèle hexagonal pour la section
droite des cellules représenté par la figure 6.4(c). Une modélisation plus exacte de
la géométrie des cellules basée sur l’analyse des micrographies et l’utilisation de
l’algorithme de Voronoï a ensuite été effectuée. La figure 6.4(d) représente la géo-
métrie de la section droite ainsi obtenue. Une distinction a été faite entre les par-
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(c) géométrie de la fibre sous ANSYS avec cel- (d) géométrie sous ANSYS avec des cellules
lules hexagonales de type voronoï
-153-
ties faisant intervenir une double paroi (voir figure 6.5) (tous les éléments compris
entre le diamètre extérieur et le canal central) et les éléments ne faisant intervenir
qu’une seule paroi, les couronnes intérieure et extérieure.
(a) (b)
-154-
6.4.3 Résultats et commentaires
Pour déterminer les caractéristiques mécaniques de base de la fibre, des char-
gements élémentaires ont ensuite été imposés. La figure 6.7 représente le cas
d’une sollicitation de traction avec un déplacement longitudinal imposé.
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Pour valider l’exactitude du modèle adopté ici, nous avons entrepris une étude
de sensibilité en modifiant différents paramètres du matériau, notamment les
constantes élastiques des couches, et l’angle des microfibrilles de la couche S2 . Les
angles des autres couches de la paroi secondaire sont reconnus ne pas admettre
de notables variations dans le cas du bois. Les angles des microfibrilles de ces
couches ont été maintenus constants à 70◦ et 75◦ (voir tableau 6.5), valeurs préco-
nisées pour les fibres de bois. La figure 6.8 illustre l’évolution du module d’Young
en fonction de l’angle des microfibrilles. La valeur du module pour X2 =40◦ est E
= 22,75 GPa ; elle est en accord avec les mesures expérimentales effectuées quand
on tient compte de toutes les simplifications et hypothèses faites pour ce calcul
numérique.
-155-
70
MOEx vs. MFA Young vs.MFA
60
SplineSmooth
60 Ex = 58.cos4x
55
50 50
45
40
40
35 30
X: 0.6981
Y: 22
30
20
X: 40
25 Y: 22
20 10
15
0
0 10 20 30 40 50 0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
Angle des microfibrilles (°) Agnle MFA (°)
6.4.4 Conclusion
La modélisation numérique abordée dans la dernière partie de ce travail n’a
été à notre sens qu’une entrée en matière quant à l’établissement de modèles nu-
mériques permettant la prédiction des propriétés des fibres. Quelques unes des
hypothèses formulées ici ont permis une simplification du travail de modélisa-
tion, mais ont conduit cependant à des résultats satisfaisants sur la détermina-
tion du module d’Young longitudinal. Ces résultats peuvent être améliorés par
la prise en compte de l’ultrastructure de la fibre telle que révélée par des micro-
graphies. Et des traitements d’images programmables peuvent être mis à contri-
bution pour définir une géométrie plus proche de la réalité.De même prendre
en compte la souplesse induite par le "matériau ciment" intercellulaire et traiter
les cas de comportement non linéaire et le comportement thermique sont à en-
visager. La nécessité des modèles numériques pouvant permettre de prédire un
nombre varié de caractéristiques mécaniques est impérieuse quand on considère
que l’utilisation des fibres végétales est en plein essor. Ces modèles pourraient
-156-
tout aussi servir à la compréhension des phénomènes qui se produisent dans la
paroi végétale lorsque celle-ci est sollicitée.
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-157-
Conclusion et Perspectives
la diversité des NFRCs tant au niveau de leur conception que de leur fabrication
et de leur usage. Le choix du traitement de couplage nécessite la définition de
la concentration et de la structure chimique des agents de couplage ainsi que la
prise en considération de la forme, de la taille et de l’espèce de la fibre végétale et
de la matrice. Il est important de tenir compte du taux de fibres végétales, du pro-
cédé de fabrication et de l’utilisation finale du produit. Globalement, pour chaque
type de composites NFRCs, il existe un traitement de surface capable d’amélio-
rer efficacement ses caractéristiques. Les effets sont variés et ont été longuement
évoqués dans la section 1.4.
Au stade actuel de l’utilisation des fibres naturelles dans le domaine des com-
posites, beaucoup reste encore à faire quant à l’obtention de matériaux biodé-
gradables. On a en effet besoin de recherches pour améliorer le lien entre les
fibres naturelles et la matrice de polymère qui sert à maintenir les fibres dans
les matériaux biocomposites. De même il y a aussi des défis à relever quant à
la mise au point des combinaisons de matériaux pour les applications structu-
rales. Il convient néanmoins de se réjouir de ce que les blocages techniques re-
latifs à l’absorption d’humidité par ces matériaux soient progressivement levés.
Des traitements particuliers sont appliqués aux fibres pour ce faire. Ceci augure
de nouveaux horizons d’explorations, notamment pour la fabrication de pièces
devant fonctionner sous environnement sévère.
La question de l’amélioration de la qualité de la fibre extraite a connu bien des
réponses satisfaisantes notamment quant à la possibilité de combiner plusieurs
méthodes quant cela s’avère nécessaire. D’autres questions réclament encore des
travaux de recherche. Elles incluent entre autres, les conditions de croissance pour
la multiplication des semences et la production des fibres ; les méthodes de ré-
-158-
colte ; l’extraction des fibres et l’optimisation de leur séparation ; le fondement
moléculaire de l’amélioration de la décortication et de la performance des fibres.
Les connaissances acquises grâce à ce travail sur l’amélioration de l’extraction
serviront à concevoir de nouvelles variétés de fibres faites sur mesure pour des
applications industrielles particulières.
De même, le recours à la protéomique a été récemment engagé dans l’Union
Européenne, pour isoler les gènes qui participent à la biosynthèse de la lignine
des parois cellulaires et de l’hémicellulose dans le tabac. Les variations subies par
ces composants peuvent affecter la qualité des fibres et la disponibilité de la cel-
lulose. Ces connaissances peuvent servir à orienter des programmes de sélection
moléculaire ainsi que les modifications génétiques servant à améliorer la qualité
des fibres végétales.
Sur le plan du comportement mécanique des fibres végétales, des développe-
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ments importants ont été réalisés et ont permis de mettre en évidence l’influence
de la composition chimique et des paramètres structuraux de la paroi végétale sur
les propriétés à l’étirement de ces fibres. Les aspects relatifs à la microstructure de
ces fibres révèlent que celle-ci est d’une grande complexité notamment lorsqu’il
s’agit de définir des modèles géométriques et analytiques généralisables pour la
décrire. Comme indiqué plus haut, l’amélioration des propriétés mécaniques des
fibres passera peut-être par l’introduction de nouveaux types de fibres. Et nous
pourrions relever dans ce tableau les recherches en cours sur le filage avec solvant
de la cellule naturelle (type I, cristalline) [86], lesquels travaux pourraient aboutir
à des fibres de plus grande résistance et de moindre dispersion des propriétés.
Le champ d’exploration des fibres végétales pouvant être exploitées indus-
triellement reste bien ouvert. C’est pourquoi nous avons entrepris une étude en
profondeur sur une nouvelle fibre végétale, le Rhectophyllum Camerunense. Entre
autres, une meilleure connaissance de la microstructure et de la morphologie de
la fibre nous a permis de mieux expliciter le comportement de ce matériau en
traction. Ses propriétés mécaniques de base ont en outre été déterminées par une
analyse statistique minutieuse. L’analyse biochimique de détermination des te-
neurs de ses composés, notamment le taux de cellulose de 68%, révèle qu’elle
possède des atouts intéressants quant à son utilisation mécanique. De plus, grâce
à sa masse volumique de 0,94 g/cm3 la plus faible de toutes les fibres jusque
là étudiées, son fort taux d’allongement et sa grande résistance à la traction lui
confèrent des avantages décisifs pour être utilisée comme renfort dans les com-
posites. D’autres voies d’exploration de cette nouvelle fibre existent et incluraient
notamment l’étude de son comportement thermique et ses possibles applications
dans l’isolation.
Différentes possibilités de modélisations théoriques du comportement aniso-
-159-
trope élastique des matériaux composites existent. Il est apparu que malgré cette
abondance, il est difficile de trouver une approche capable de rendre compte du
comportement plus complexe de nos composites, relatif à l’anisotropie 3D induite
par l’un ou par les 2 constituants (pour un composite à 2 phases). Le cas des
NFRCs, supposés orthotropes ici, confirme bien cette problématique. Les fibres
végétales utilisées pour le renforcement sont poreuses lorsque les méthodes d’ex-
traction utilisées ne permettent d’atteindre une grande finesse. Ceci pose évidem-
ment le problème même de la nature des concepts théoriques qu’il faut appli-
quer lorsqu’il s’agit de leur utilisation en l’état comme éléments de renfort. Une
étape préliminaire mais non moins importante, a néanmoins été franchie ici, en ce
qu’elle a été effectuée afin d’optimiser l’estimation les propriétés mécaniques du
stratifié unidirectionnel utilisant les fibres naturelles, à partir de données expé-
rimentales. Les résultats obtenus, indiquent qu’un comportement isotrope trans-
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verse des fibres est la meilleure hypothèse du point de vue de la prédiction analy-
tique de l’ensemble des constantes élastiques. Des développements numériques
futurs permettront de dire le type de comportement qu’il convient d’adopter pour
la fibre. C’est principalement la difficulté de prise en compte de l’adhérence, et les
moyens utilisés pour fabriquer les NFRCs qui sont à l’origine des écarts d’estima-
tion dans les différents cas de comportement présentés ici.
La modélisation numérique abordée dans la dernière partie de ce travail n’a
été à notre sens qu’une entrée en matière quant à l’établissement de modèles nu-
mériques permettant la prédiction des propriétés des fibres. Quelques unes des
hypothèses formulées ici ont permis une simplification du travail de modélisa-
tion, mais ont conduit cependant à des résultats satisfaisants sur la détermina-
tion du module d’Young longitudinal. Ces résultats peuvent être améliorés par
la prise en compte de l’ultrastructure de la fibre telle que révélée par des micro-
graphies. Et des traitements d’images programmables peuvent être mis à contri-
bution pour définir une géométrie plus proche de la réalité.De même prendre
en compte la souplesse induite par le "matériau ciment" intercellulaire et traiter
les cas de comportement non linéaire et le comportement thermique sont à en-
visager. La nécessité des modèles numériques pouvant permettre de prédire un
nombre varié de caractéristiques mécaniques est impérieuse quand on considère
que l’utilisation des fibres végétales est en plein essor. Ces modèles pourraient
tout aussi servir à la compréhension des phénomènes qui se produisent dans la
paroi végétale lorsque celle-ci est sollicitée.
La compréhension de la manière dont la morphologie des fibres influe sur les
propriétés des matériaux composites est essentielle pour l’industrie. Plus préci-
sément elle est importante quant au choix de nouvelles fibres, quant aux orien-
tations possibles sur la culture des plantes fibreuses pouvant être génétiquement
-160-
sélectionnées. Mais également, ceci permettrait de prédire leur potentialité de ren-
forcement dans d’autres matériaux pour atteindre les propriétés désirées.
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Annexes
Annexe A
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-164-
la loi de distribution la plus compatible avec les données. Dans l’ordre de pré-
férence, les distributions de Weibull, de Gauss et lognormale sont les meilleures
candidates pour une telle modélisation [171]. Et si aucune d’elles n’est ajustable à
l’échantillon, les méthodes non paramétriques peuvent être appliquées.
La détermination des propriétés de base pour plus d’un échantillon exige l’ap-
plication du test de l’uniformité des populations. Si cette uniformité peut être ad-
mise, les données sont groupées et les propriétés extraites comme pour un unique
échantillon. Il convient toutefois de vérifier l’hypothèse de l’égalité des variances
des différents échantillons.
Avant tout Il faut cribler les données pour déterminer la méthode d’analyse la
plus appropriée (voir diagramme de la figure A.1). Si les cas déviants existent, ils
devraient être traités afin d’en connaître la provenance. On peut ensuite corriger
ou enlever les données concernées de l’échantillon. On utilise pour ce faire, plu-
sieurs méthodes statistiques. Le test de Grubbs, en particulier, connu également
sous le nom de ESD (Extreme Studentized Deviate) est facile à appliquer.
La première étape pour mettre en oeuvre ce test consiste à quantifier la mesure
de la déviation d’une observation par rapport aux autres. On calcule pour cela le
quotient :
X̄ − xi
ri = (A.1)
SX
– si ri est grand, le quantile xi est éloigné des autres. Les calculs de la moyenne
X̄ et l’écart-type SX intègrent les cas déviants . Étant donné que 5% de va-
leurs d’une population gaussienne s’écartent de 1, 96SX de la moyenne on
pourrait de prime abord affirmer que le quantile est tiré d’une population
gaussienne.
– si ri 1, 96, cette approximation convient lorsqu’on connaît X̄ et SX de la
population représentée par le jeu de données, ce qui est généralement le
cas pour les contrôles de qualité mais pas pour les sciences expérimentales.
Dans ce dernier cas, SX et X̄ sont fournis par les données et l’on désire savoir
si les valeurs des observations sont compatibles les unes par rapport aux
autres.
La présence d’un cas déviant accroît SX . Seulement, étant donné que le numéra-
teur de ri augmente également, ri ne croit pas exagérément. En fait, quelle que
√
soit la forme de la distribution, ri reste inférieur à (n − 1) / n, n étant le nombre
d’observations.
-165-
Grubbs et al. ont constitué des tableaux de valeurs critiques, CV , définies
comme suit : r
n−1 t2
CV = √ (A.2)
n n − 2 + t2
avec
t : quantile d’ordre 1 − α/2n distribué suivant une loi de Student. α définit le
niveau de confiance suggéré (95% pour un unique échantillon de données). On
notera que α augmente avec la taille n de l’échantillon
– si ri CV, l’observation est déclarée aberrante
Remarque : Cette méthode est appliquée pour les valeurs extrêmes, mais en cas de
doute, on calcule tous les ri . Si l’on décide d’extraire le cas déviant, on devrait refaire le
test de Grubbs, et si tel est le cas, on n’utilisera pas la même table des CV . Rosner [172]
a étendu la méthode à la détection multiple de cas déviants dans le même échantillon.
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– β : paramètre de forme,
– α : paramètre d’échelle.
Les paramètres α et β sont obtenus par diverses méthodes dont la méthode MLE
(estimateur du maximum de vraisemblance) ou par l’analyse linéaire de la régres-
sion sur les données, qui sont explicitées aux sections A.3 et A.4.
La probabilité d’apparition d’une observation x est donnée par :
Z x
f (t)dt = 1 − exp −αxβ
P (t ≤ x) = (A.4)
0
-166-
La moyenne est définie par :
1
µ = α−1/β Γ(1 + ) (A.5)
β
La variance est définie par
( 2 )
2 1
hσi2 = α−2/β Γ(1 + ) − Γ(1 + ) (A.6)
β β
m−1 m
L σ σ
f (σ) = m exp −L (A.8)
σ0 σ0 σ0
Ainsi les moyenne et variance données aux équations (A.5) et (A.6) se réécrivent
1
µ = σ0 L−1/m Γ(1 + ) (A.9)
m
et ( 2 )
2 2 1
hσi = σ02 L−2/m Γ(1 + ) − Γ(1 + ) (A.10)
m m
avec :
-167-
et la probabilité de défaillance est définie par
m
σ
Ps (x ≥ σ) = 1 − Ps (σ) = exp −L (A.12)
σ0
Test d’Anderson-Darling .
On utilise la statistique AD définie par :
X 1 − 2i
AD = ln [1 − exp (−Zi )] − Z(n+1−i) − n (A.14a)
i
n
OSL =1/ {1 + exp [−0, 10 + 1, 24 ln (AD∗ ) + 4, 48AD∗ ]} (A.14b)
∗ 0, 2
AD = 1 + √ AD (A.14c)
n
1
Le test A-D est utilisé pour vérifier si un jeu de données est tirée d’une distribution spécifique.
C’est en fait une modification du test K-S (Kolmogorov-Smirnov), plus connu, et donne plus de
poids aux queues de distributions que le test K-S. Ce dernier est indépendant de la distribution
tandis que le test A-D utilise une distribution particulière pour calculer les valeurs critiques AD
ce qui a l’avantage de permettre un test plus sensible, l’inconvénient étant qu’il faut les calculer
pour chaque type de distribution.
2
observations ou données d’essai
-168-
µ : moyenne
SX : écart type
Zi = xi − X̄ /SX (A.16a)
X 1 − 2i
AD = ln Fo (Zi ) + ln 1 − Fo Z(n+1−i) − n (A.16b)
i
n
OSL =1/ {1 + exp [−0, 48 + 0, 78 ln (AD∗ ) + 4, 58AD∗ ]} (A.16c)
∗ 4 25
AD = 1 + − 2 AD (A.16d)
n n
i =1, . . . , n (A.16e)
-169-
Après manipulation, l’équation (A.18) devient
n
X n
X
ln (LH(x1 , x2 , ..., xn ; α, β)) = n ln(α) + n ln(β) + (b − 1) ln(xi ) − αxβi (A.19)
i=1 i=1
La fonction LH atteint son maximum aux points où les dérivées partielles s’an-
nulent ; les estimateurs α̂ et β̂ sont donc solutions du système
(
∂Λ
∂α
= ∂ ln(LH(x1 ,x
∂α
2 ,...,xn ;α,β))
=0
∂Λ ∂ ln(LH(x1 ,x2 ,...,xn ;α,β)) (A.20)
∂β
= ∂β
=0
Après traitement algébrique, le système (A.19) devient
Pn β
n + Pn ln(xi ) − n P i=1 ln(xi )xi
β =0
β i=1 n
x
n
i=1 i (A.21)
α= Pn β
i=1 xi
β.
-170-
Les estimateurs des équations (A.23)-(A.26) sont respectivement appelés : valeurs
moyenne, médiane,...
Pour calculer P, les données sont classées par ordre croissant et un compteur i (le
numéro d’ordre)
h i est affecté à chacune d’elles. Après calcul des valeurs de P, la
1
droite ln ln 1−p -ln (σ) est générée. Les valeurs de m et σ0 sont ensuite déduite
par régression linéaire. La question subséquente est évidemment celle de savoir
quel crédit accorder à ces estimations de m et σ0 . Bergman [175] a étudié les ca-
ractéristiques de ces différentes méthodes de calcul des fréquences empiriques,
par simulation par la méthode de Monte Carlo et est parvenu à la conclusion
que l’estimateur de l’équation (A.23) est le moins biaisé des quatre lorsqu’on a
un échantillon de taille supérieure à 20, mais que tous ont le même coefficient
de variation. Précédemment, Trustrum et al. [173] ont montré que l’estimateur de
l’équation (A.24) était le moins biaisé pour des échantillons de taille supérieure
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à 40 et que les meilleurs résultats étaient obtenus par la méthode MLE. D’autres
travaux [174] sont parvenus au résultat que les valeurs de m et σ0 obtenues par
les méthodes MLE et LR ne sont pas très différentes.
-171-
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