Sport Et Politique Au 20ème Siècle

Télécharger au format docx, pdf ou txt
Télécharger au format docx, pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 2

Sport et politique au 20ème siècle

Le 20ème siècle est un siècle marqué par de lourds conflit mais aussi caractérisé par
l’explosion du sport. Historiquement, il commence en 1914 avec la première guerre mondiale
(1914-1918) et se termine en 1989 avec la chute du mur de Berlin suivit de la dislocation de
l’URSS en 1991 et de la fin de la guerre froide. Dès la fin du 19ème siècle, certains individus,
partis ou Etats ont utilisés le sport pour conforter ou développer leurs conceptions politiques et
idéologiques. Le sport devient alors un enjeu de tout premier plan. L’instrumentalisation politique
du sport atteint son paroxysme avec l’avènement des Etats totalitaires. Outil de propagande par
excellence, les manifestations sportives cristallisent toutes les caractéristiques des idéologies
fasciste, nazie et communiste.

Le fascisme italien constitue le premier modèle d’utilisation politique du sport par la


propagande totalitaire. Dès l’avènement de Mussolini en 1922, le sport fait partie des priorités. Il
vise à démontrer la supériorité du modèle fasciste à l’échelle internationale, mais aussi à maintenir
la cohésion sociale autour d’une conscience nationale commune. L’Italie surpasse ses
concurrents dans de très nombreux sports et élève ses héros jusqu’à la dimension mythique. La
place des sports qui favorisent le développement d’une haute technologie et d’une industrie de
pointe, telles l’aviation et l’automobile, est d’autant plus importante qu’elle prépare l’Italie à se
doter d’une industrie de guerre performante. Mais c’est le football qui occupe la place centrale
dans l’utilisation politique du sport. Les deux victoires consécutives des « azzurri » à la
prestigieuse coupe RIMET, sans oublier le titre olympique, consacrent l’Italie « suprême et
imbattable », selon les mots du Duce. Alors que la première victoire (qui s’était déroulée en Italie)
était suspectée d’être le fruit de la complaisance des arbitres par la presse internationale, la
seconde victoire a lieu en 1938 à Paris, lieu symbolique des idéaux révolutionnaires, et de
l’antifascisme depuis la victoire du Front Populaire. La suprématie du fascisme sur la démocratie
est alors saluée par toute l’Italie. Cet enthousiasme est largement encouragé par le régime, qui
impulse la construction de nombreux stades aux capacités vertigineuses pour l’époque. Dès lors,
il est net que le fascisme italien connaît une réelle amélioration de ces résultats sportifs pendant
l’entre-deux-guerres. 16 médailles aux JO de 1924 contre 37 en 1932. Cependant, Hitler se saisit
rapidement des méthodes fascistes de propagande par le sport, et les amplifie au service de la
« race aryenne ».

Le point d’orgue de l’utilisation politique du sport constitue l’organisation des « jeux de la


honte » en 1936 à Berlin. Attribuée à l’Allemagne le 13 Mai 1931, c’est à dire sous la République
de Weimar, la plus grande manifestation sportive du monde allait se dérouler sous la botte nazie,
Hitler ayant accédé à la chancellerie en 1933. Pour le Führer, c’est l’occasion inespérée d’étaler
toute sa propagande et prouver « au monde de quoi est capable la nouvelle Allemagne ». Il
intervient en personne dans la réunion d’organisation des jeux de Berlin le 10 octobre 1933, et
débloque des sommes considérables pour que le succès soit au rendez-vous. La logistique
déployée est impressionnante avec notamment la construction d’un stade de 100.000 places, d’un
village olympique très moderne, l‘organisation cérémonies grandioses où la croix gammée est
omniprésente ou encore le tournage du film Les dieux du stade avec la bénédiction du régime. De
nombreux effets scéniques caractéristiques des jeux Olympiques de l’ère moderne furent
également inaugurés en 1936 dont le lâcher de pigeons, la flamme portée d’Olympie au stade, les
défilés massifs ou encore le décompte des médailles obtenues par les nation. Isolée sur le plan
international, raciste et idéologiquement aux antipodes de l’idéal universaliste, l’Allemagne nazie
réussit son pari et les jeux sont loin d’être une « bavure » dans l’histoire Olympique. A l’époque,
les jeux de Berlin ont d’avantage enthousiasmé qu’effrayé. Le « gentleman » Hitler a eu l’habilité
d’endormir les démocraties en acceptant les conditions posées de garder le juif au sein du Comité
Olympique Allemand et un autre juif dans l’équipe nationale allemande. Le triomphe nazi aurait
été absolument complet sans la quadruple victoire du noir américain Jesse Owens dans un climat
de haine raciale écrasant.
Le développement du sport communiste naît dans des circonstances toutes autres. Etant
présenté comme un produit de la culture capitaliste, le sport reste longtemps très critiqué par les
socialistes. Pour l'URSS, le sport était un moyen de former et de rendre plus productif ses ouvriers,
puis s'est peu-à-peu imposé comme un moyen d'unifier les différentes Républiques soviétiques.
Considérant d'abord les Jeux olympiques comme une promotion de l'impérialisme, elle organise
des Spartakiades en opposition à ces jeux. L’URSS de Staline comprend vite que l'enjeu du sport
comme moyen de prouver la supériorité du modèle communiste. Les victoires sportives sont des
substituts symboliques forts aux victoires militaires. Le communisme ne peut pas rester indifférent
face à l’offensive aryenne dans le domaine sportif. Staline pousse à la formation de Fronts
Populaires unis contre le fascisme et les mouvements sportifs socialistes et communistes se
réunissent à nouveau après des années de méfiance réciproque. Mais le retard en matière de
développement du sport se fait sentir, car les hésitations idéologiques et les divisions n’ont pas
favorisé les performances. Des tentatives de boycott sont mises en place mais échouent, et les
JO hitlériens connaissent une participation record. En signe de protestation, des jeux olympiques
ouvriers sont organisés à Anvers en été 1937 mais ils ont une portée limitée et ne parviennent pas
à rivaliser avec les JO hitlériens.

Ainsi, le sport est suffisamment « souple » pour jouer n’importe quel rôle politique, il se
prête à la défense de n’importe quelle cause, et aucune idéologie ne peut s’en passer. Critiquer la
responsabilité du sport dans les dérives politiques qu’il aurait entraîné ou au contraire louer les
vertus politiques du sport, n’a pas vraiment de sens puisque le sport en soi ne porte pas la
marque d’une politique spécifique. Il est un jeu, une activité physique, encadré par des règles
communes, impliquant des efforts et un certain niveau d’entraînement. Même si l’apolitisme relève
du mythe, il faut entretenir cette fiction nécessaire pour ne jamais oublier que le sport naît d’abord
d’un plaisir sain, ludique et participant à l’équilibre corporel. Finalement, le sport est à l’image de la
politique, imparfait et contestable quand il devient engagé.

Vous aimerez peut-être aussi