MORPHOLOGIE
MORPHOLOGIE
MORPHOLOGIE
FLLAC
DSLC
Semestre : 4
ECU : MORPHOLOGIE
Masse horaire de l’ECU : 25 heures
Chargé de l’ECU :
Dr. (MC) Mahougbé Abraham OLOU
La morphologie est l’étude de la structure interne des mots et des variations de leur
forme régulièrement associées à des différences de significations, lesquelles entretenant des
rapports. On distingue la morphologie lexicale et la morphologie flexionnelle.
La morphologie s’occupe des plus petites unités de sens qu’on appelle morphèmes. A
un moment donné, il existe un nombre fini de morphèmes dans une langue qui constituent en
quelque sorte les briques qu’on utilise pour faire des mots. Or, puisqu’il s’agit d’unités
minimales de sens, nous essayerons de saisir comment les morphèmes d’une langue
structurent notre façon d’exprimer la réalité. Car, il faut reconnaître une chose importante :
dès le début, les morphèmes sont des entités très abstraites qui forment dans leurs oppositions
et par suite dans leurs complémentarités, une extraordinaire architecture mentale qui nous
permet d’exprimer la réalité.
Les morphèmes ne se lient pas aléatoirement. Ils fonctionnent selon des règles
préétablies que nous appelons règles morphologiques. Ces règles sont spécifiques à chaque
langue. En combinant les morphèmes, nous produisons des unités plus complexes. Cette
combinaison entre morphèmes donne naissance à la morphologie. On distingue
habituellement au moins deux façons d’opérer : la composition et la dérivation (affixale et par
réduplication). Les mots ne sont pas (tous) opaques. De même qu’une phrase est composée
d’éléments qui construisent son sens, de même (bien que la construction soit totalement
différente), un mot est composé de morphèmes, c'est-à-dire des unités minimales de sens : des
éléments indécomposables qui ont, sinon une signification à proprement parler, du moins une
contribution au sens global du mot. La morphologie suppose donc une analyse
morphologique. Celle-ci est entendue comme l’analyse interne de la structure du mot ; une
analyse qui tient compte de la cohérence et de la stabilité interne du mot.
Le morphème est la plus petite unité formelle dotée d’une signification dans
un mot ou à l’état libre ; il est constitué d’un ou de plusieurs phonèmes
indécomposables. Un morphème est une forme phonologique récurrente, a une
signification stable et une distribution particulière dans le mot. En règle générale le
morphème comprend plusieurs phonèmes.
Exemple : Je chantai (3 morphèmes)
Mais, c’est par commodité que nous avons employé le terme de morphème.
En réalité, le morphe désigne les unités concrètes obtenues lors de la segmentation
d’une séquence. Du coup, le morphème désigne la valeur des morphes. Le morphe
est la représentation graphique, pendant que le morphème est le référent, le sens
auquel renvoie le morphe. On devrait donc parler de 3 morphes dans l’exemple ci-
dessous.
Différents morphes peuvent réaliser un même morphème (c’est-à-dire, avoir le
sens, la même valeur).
Exemples : dans oranger et cerisier, -er et –ier sont deux morphes avec une
valeur identique (l’arbre qui produit, ou, ce qui produit…)
Dans tables et tableaux, -s et –x sont aussi deux morphes à valeur identique (
pluriel)
Lorsque plusieurs morphes correspondent à un seul morphème, on dit qu’ils
des allomorphes d’un même morphème. On est ainsi en situation d’allomorphie. Un
allomorphe est donc une variante contextuelle d’un morphe.
Les facteurs selon lesquels apparaît tel ou tel allomorphe peuvent être
Phonologiques, morphologiques ou grammaticaux. Dans le cas de –ier et –er
(cerisier, oranger), le choix de l’allomorphe dépend du premier facteur.
On rencontre parfois des allomorphes qui ne laissent déceler aucune régularité
phonologique et donc les allomorphes se répartissent selon les morphèmes avec
lesquelles ils se combinent. On trouve généralement les raisons de ces variations
dans l’évolution historique de la langue (Conditionnement morphologique)-.
Mais, quand on considère : éditeur/éditrice ; chasseur/chasseresse, le choix de
l’allomorphe est déterminé par une catégorie grammaticale (conditionnement
grammatica).
Nasalisation : lorsque la consonne finale est une nasale, lors de son élision, le trait
‘nasal’ se porte sur la voyelle qui précède ; la voyelle se nasalise dans le degré
d’aperture le plus proche ([bon] / [bõ])
Dans les rares cas de consonnes ou de liquides élidées en position finale, on
observe alors une alternance vocalique de la voyelle qui précède.
Certains adjectifs voient parfois leur consonne finale voisée perdre ce trait
([grãtami]), c’est le dévoisement.
2.5.1 Dérivation
Dérivation préfixale
Les préfixes sont endocentriques4, ils n’ont pas de rôle syntaxique mais ont une
fonction uniquement sémantique. Pas d’allomorphie de la base quelle que soit la
forme du préfixe ou de la base. Les préfixes ‘populaires’ sont ceux qui ont été
introduits tôt dans la langue et qui se sont modifiés au fil du temps. Les préfixes
‘savants’ ont été adoptés plus tard et n’ont pas ou peu changés de forme.
Dérivation suffixale
La dérivation avec suffixe peut changer la forme de la base. Le suffixe a une fonction
grammaticale et sémantique. Il peut s’ajouter sans modification ou se substituer à la
terminaison.
La suffixation peut provoquer une réfection analogique (ex. : ajout du –t) ou
étymologique de la base. Les suffixes marquent le genre du mot (mais certaines
formes peuvent indiquer les 2 genres).
Les suffixes modifient le genre de la base ; ils peuvent être hypochristiques,
évaluatifs ou collectifs.
La majorité des suffixes sont latins (suffixes ‘populaires’).
La Dérivation parasynthétique est l’adjonction successive à la base d’un préfixe ET
d’un suffixe (dégeler).Or, avec la formation parasynthétique, on ne peut supprimer
le préfixe seul ou le suffixe seul (il faut une opération simultanée de la préfixation et
suffixation : décourager).
La Dérivation impropre fait référence aux mots qui changent de catégorie
grammaticale sans changer de forme.
La Dérivation régressive ou inverse se caractérise par l’effacement ou le retrait d’un
élément suffixal.
2.5.2 Composition
La composition est une opération de formation des mots qui consiste à assembler 2
ou plusieurs éléments pour former un nouveau mot5. La composition est un
processus très productif. Les éléments d’un mot composé peuvent etre soit des mots
graphiques (sans être des unités lexicales6), soit des unités lexicales (sans être des
mots graphiques). Elle peut être populaire (composée à partir de mots français) ou
savante (formée avec des emprunts grecs ou latin)
La composition populaire comporte des mots qui peuvent exister ailleurs dans la
langue sous leur forme isolée. Ces mots composés peuvent aboutir à un nouveau
sens qui dépasse la somme des significations de leur constituants8. Il peut y avoir
des noms composés, des adjectifs composés et des verbes composés.
La composition savante. Le français favorise la composition par emprunt au latin et
au grec avec ou non composition avec des mots provenant du français.
2.5.3 Motivation
Les mots construits (dérivés ou composés) sont relativement motivés d’après
de Saussure. Les mots simples sont arbitraires, càd qu’ils ne peuvent pas être
analysés en constituants ayant une signification. Lorsqu’un mot construit n’est plus
analysé ou analysable on dit qu’il est démotivé.Lorsqu’on établit un lien
morphologique entre des mots (qui historiquement n’ont aucun lien) en raison de leur
ressemblance formelle, on parle de fausse motivation ou de remotivation.
2.5.4 Analyses
L’identification des morphèmes se fait par substitutions ou commutations
paradigmatiques. Le sens des morphèmes doit être constant : cohésion
sémantique.
Les mots construits possédant le même radical appartiennent à la même famille de
mots. Les mots démotivés ne font plus partie de la famille mais on peut accepter des
mots remotivés (ex. ‘jours ouvrables’ avec ‘ouvrir’).
Pour l’analyse en constituants morphémiques : mot = données. Pour la dérivation :
mot = produit. On peut alors décrire les affixes comme des schémas de formation.
Pour décrire un schéma de formation il faut : décrire la catégorie du dérivé, celle de
la base et le sens du dérivé avec les éventuelles restrictions. La morphologie
dérivationnelle est peu systématique ; elle est soumise à l’usage et à
l’arbitraire de la norme. On appelle idiosyncrasie le résultat particulier de la
combinaison d’une base avec un affixe. On ne peut pas toujours prédire le sens des
mots à partir de leur structure.
La productivité lexicale évoque les procédés de formation des mots qui produisent
de nouveaux mots en permanence. La productivité d’un modèle de formation est
fonction de la quantité de mots effectivement produits selon ce modèle et le fait qu’il
soit toujours utilisé pour générer de nouveaux mots (par opposition aux modèles
improductifs).
LA MORPHOLOGIE LEXICALE PEUT ETRE AUSSI
APPREHENDEE DE LA FAÇON SUIVANTE :
Les mots français peuvent se répartir en mots simples et mots construits.1[2] Les mots
simples sont des mots qui ne sont pas décomposables ; les mots construits, par contre, peuvent
être décomposés en éléments significatifs plus petits (mots ou morphèmes).
EXEMPLES :
Tous ces mots sont construits à partir du mot simple boire2[3], ou bien par adjonction d’un
autre mot – c.-à.-d.
par composition :
– ou bien par adjonction d’un suffixe ou d’un préfixe à l’un des radicaux de ce verbe3[4], c.-
à-d. par dérivation.
boisson < (je) bois + -son « (ce) qui subit l’action (exprimé par la base) ».
« Liquide qui se boit. » Cf. cuisson, nourrisson.
buvable < (nous) buv-(ons) + -able « possibilité ». « Qui peut se boire. » Cf. abordable,
faisable.
buvard < buv- + -ard « appartenance, propriété ». « Papier qui boit l’encre. » Cf.
campagnard, vieillard, braillard.
buvette < buv- + -ette « qui a un rapport caractéristique à ce qu’exprime la base ». « Petit
local ou comptoir où l’on sert à boire. » Cf. allumette, sucette.
buveur <buv- + -eur « qui fait l’action (exprimé par la base) ». « Personne qui boit. » Cf.
chanteur, vainqueur.
Sont construits par dérivation préfixale :
imbu < im- (in2-) « dans l’état (exprimé par la base) » + bu. « Imprégné, pénétré (de
sentiments, d’idées, de préjugés…). » Cf. inflammable.
imbuvable < im- (in1-) « élément négatif » + buvable. « Qui n’est pas buvable. » Cf.
imbattable, inabordable.
1. La dérivation
Par l’adjonction d’un préfixe ou d’un suffixe à une base, on obtient un (mot) dérivé ;
inversement, la suppression de l’un de ses affixes nous donne la base du mot. – Exemple :
Les bases geler et dégel sont elles-mêmes des dérivés, c’est-à-dire décomposables en base et affixe :
Mais cette fois-ci, la base (gel) n’est plus décomposable en morphèmes plus petits – elle se confond
au radical.
Généralement parlant, c’est par suppression de tous les affixes qu’on obtient le radical du mot
:
base
=
radical
dé- gel -er
REMARQUE. – Le radical n’est pas forcément une forme correspondant à un mot,
comme gel, dans l’exemple qui précède. Le radical ann- [an] (cf. ann-ée [ane]) n’existe
pas en tant que mot – la forme qui sert de mot est ans [S]. – Ceci est particulièrement
vrai pour les radicaux des formes fléchies : des formes comme buv ou conn n’existent
pas comme mots non plus, mais seulement comme radicaux, cf. buv-ons, conn-ais.
1.1 La préfixation
préfixe + base mot dérivé
Le préfixe n'a donc pas de fonction grammaticale ; sa fonction est purement sémantique.
1.2 La suffixation
base + suffixe mot dérivé
Selon le suffixe ajouté, le dérivé peut ou non appartenir à une classe morphologique différente
de celle de la base :
1.3 La réduplication
Elle n’est pas fréquente en français. Ici, la racine est double (pousse-pousse, cache-cache).
Très souvent, la base est un verbe et la réduplication entraine un nom, d’où un changement de
catégorie grammaticale.
Dans la perspective diachronique, vu les dates de leur première apparition, le nom galop doit
être dérivé du verbe galoper (1808) par suppression du suffixe -er. galoper galop
— ou bien :
Par contre, pour la dérivation d'un mot comme décourager, les bases intermédiaires, dont une
au moins serait nécessaire pour une dérivation par étapes, sont inexistantes : *courager,
*
décourage.4[6]
2. La composition
À remarquer qu’à la différence des affixes, les éléments qui entrent dans la composition
peuvent être utilisés indifféremment comme premier ou comme deuxième terme d'un
composé :
REMARQUE. — La formule « base + base mot composé » fonctionne aussi dans bien des
cas de la composition « française », cf.
La solution est peut être de définir la composition comme « juxtaposition d’éléments qui
peuvent exister à l’état libre et/ou servir de base à des dérivés ».
Dans les créations ludiques, le mot-valise doit conserver un segment commun aux deux bases,
comme dans cette exemple tiré du Petit Fictionnaire illustré d’A. Finkielkraut7[9]
Autres exemples :
Malgré son nom, la dérivation impropre n’est pas une dérivation (adjonction d’un suffixe á
une base), mais un changement de classe lexicale :
4. La troncation
La troncation est un procédé qui consiste à abréger un mot par suppression d'une ou plusieurs
syllabes.
– rarement l’initiale :
[auto]bus
Dans ce cas, c’est le premier élément d'un composé qui est isolé (auto autobus), ou bien un
préfixe :
hyper[marché]
val[ise] valdoche8[10]
Dans beaucoup de cas, c’est une finale en -o qui est ajoutée à la troncation :
dict[ionnaire] dico
mécan[icien] mécano
prol[étaire] prolo
apér[itif] apéro
5. La siglaison
La siglaison consiste dans la réduction d'un terme composé à la succession des initiales des
termes qui le composent. Selon la prononciation, on distingue sigles et acronymes.
Les sigles sont des suites d’initiales prononcées avec les noms des lettres :
Les acronymes sont des suites d’initiales prononcées comme un mot ordinaire :