MORPHOLOGIE

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UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

FLLAC
DSLC

NIVEAU : 2ème année

Semestre : 4

ECU : MORPHOLOGIE
Masse horaire de l’ECU : 25 heures

Chargé de l’ECU :
Dr. (MC) Mahougbé Abraham OLOU

Année académique : 2023-2024


INTRODUCTION
D’après quelques repères théoriques, la morphologie est traditionnellement définie
comme l’étude de la formation des mots et de leurs variations. Le concept de morphème est
central dans la plupart des approches modernes de la morphologie, mais il ne permet
d’expliquer de façon simple qu’une partie des phénomènes que doit prendre en considération
une étude de la structure interne des mots, et il été fortement remis en question à date récente
par un certain nombre de théoriciens. Bien que la morphologie soit depuis toujours une
composante essentielle de la linguistique descriptive, son histoire récente n’a pas été marquée
par des débats autour de textes théoriques de façon comparable à ce qui a pu être observé en
phonologie ou en syntaxe. Les débats théoriques concernant la morphologie se sont souvent
résumés à une discussion sur l’incidence que des théories essentiellement phonologiques ou
syntaxiques peuvent avoir sur la morphologie.
La morphologie a longtemps constitué avec la syntaxe le noyau dur de l’activité
grammaticale. Ces deux branches constituent la base de la grammaire traditionnelle.
Quel que soit le cadre théorique choisi par les linguistes, elle reste le passage obligé pour
expliquer la forme des phrases. Ces deux branches relèvent de la description linguistique
pure. Elles rendent compte des principaux aspects de la grammaire d’une langue, qui font, par
la suite, objet d’enseignement à l’école, au collège et à l’université. Lorsque nous enseignons
et apprenons une langue, nous faisons face aux volets littéraire, linguistique et grammatical.
Or, la grammaire recouvre principalement la morphologie et syntaxe. Autrement dit, quand
nous enseignons ou apprenons la grammaire d’une langue, nous abordons fréquemment,
même si nous n’en avons pas souvent conscience, la morphologie et la syntaxe sous multiples
facettes. Elles participent à l’acquisition et la maîtrise d’une langue, mais, nous ne sommes
pas sans savoir qu’elles doivent être accompagnées d’une pratique orale et écrite courante
pour asseoir ses compétences linguistiques.

1. Généralités sur la morphologie

La morphologie est l’étude de la structure interne des mots et des variations de leur
forme régulièrement associées à des différences de significations, lesquelles entretenant des
rapports. On distingue la morphologie lexicale et la morphologie flexionnelle.

La morphologie lexicale est l’étude de la formation des mots, c’est-à-dire de la


structure interne des mots (identification des éléments lexicaux) et s'intéresse aux relations de
forme et de sens entre les mots. Elle étudie la formation des mots construits (par dérivation,
par composition). Elle est complémentaire de la morphologie flexionnelle, qui étudie la
variation des mots (conjugaison, déclinaison, etc.) en fonction des catégories grammaticales
dans lesquelles ils entrent (Temps, Mode, Personne, Genre, Nombre...).

Nous nous concentrerons principalement sur la morphologie lexicale, c’est-à-dire


structurale.
La structure morphologique du mot est le reflet de la structure grammaticale de la
langue et celui de sa caractéristique typologique. L’analyse morphologique consiste en la mise
en évidence des unités minimales de sens et la façon dont ces unités minimales peuvent
constituer des mots.

La morphologie s’occupe des plus petites unités de sens qu’on appelle morphèmes. A
un moment donné, il existe un nombre fini de morphèmes dans une langue qui constituent en
quelque sorte les briques qu’on utilise pour faire des mots. Or, puisqu’il s’agit d’unités
minimales de sens, nous essayerons de saisir comment les morphèmes d’une langue
structurent notre façon d’exprimer la réalité. Car, il faut reconnaître une chose importante :
dès le début, les morphèmes sont des entités très abstraites qui forment dans leurs oppositions
et par suite dans leurs complémentarités, une extraordinaire architecture mentale qui nous
permet d’exprimer la réalité.
Les morphèmes ne se lient pas aléatoirement. Ils fonctionnent selon des règles
préétablies que nous appelons règles morphologiques. Ces règles sont spécifiques à chaque
langue. En combinant les morphèmes, nous produisons des unités plus complexes. Cette
combinaison entre morphèmes donne naissance à la morphologie. On distingue
habituellement au moins deux façons d’opérer : la composition et la dérivation (affixale et par
réduplication). Les mots ne sont pas (tous) opaques. De même qu’une phrase est composée
d’éléments qui construisent son sens, de même (bien que la construction soit totalement
différente), un mot est composé de morphèmes, c'est-à-dire des unités minimales de sens : des
éléments indécomposables qui ont, sinon une signification à proprement parler, du moins une
contribution au sens global du mot. La morphologie suppose donc une analyse
morphologique. Celle-ci est entendue comme l’analyse interne de la structure du mot ; une
analyse qui tient compte de la cohérence et de la stabilité interne du mot.

2 Notions de base pour une analyse morphologique


2.2.1 Mot et Morphème

En morphologie lexicale, le mot est généralement évacué au profit du


morphème, unité linguistique dont la définition fait appel à des critères moins
hétéroclites et plus cohérents que celle du mot. Le morphème est l’unité significative
minimale dans la langue (la plus petite unité de sens). Il n’est donc pas analysable
en d’autres unités significatives.

2.2.2 Identification et délimitation des morphèmes

Pour segmenter et identifier les morphèmes, on utilise les procédures de


segmentation- commutation et l’étude de la distribution. Si la substitution du
segment par un autre segment crée un changement de sens, alors il s’agit
probablement d’un morphème. Il est nécessaire que les morphèmes identifiés à
l’aide de la commutation présentent un sens stable. Prenons l’exemple de chanteur.
Une première segmentation, assez intuitive nous permet d’identifier : chant- et -eur.
Cette segmentation semble être adéquate, car les deux segments commutent avec
d’autres. Ils préservent par ailleurs leur sens quand ils se combinent avec d’autres
morphèmes. Si on identifie une forme qui a des sens différents, on posera des
morphèmes différents qui, « accidentellement » son homophones. Par ailleurs, il ne
faut pas confondre le plan graphique et le plan phonique. Les deux ne coïncident
pas toujours. Certains morphèmes, en français, ont une manifestation graphique et
non phonique (table et tables). Par contre, des formes identiques du point de vue
graphique peuvent correspondre à diverses séquences phoniques (inacceptable,
incorrect, inusité). Si on s’appuie sur l’écrit, on obtient deux segments identiques (-
in), alors qu’en réalité, il s’agit de deux segments phonétiquement distincts. Il ne faut
donc pas oublier que la langue est d’abord une réalité phonique. Cet aspect
l’emporte sur l’écrit. On aura recours à la forme graphique seulement lorsque la
forme phonique ne nous permet pas de mettre en évidence l’existence de certains
morphèmes.
Une fois les séquences phoniques récurrentes délimitées, isolées et leur sens
identifiés, on s’attache à l’étude de leur distribution : il s’agit d’établir les contextes
linguistiques dans lesquels les morphèmes peuvent apparaître. Pour ce faire on
analyse les morphèmes dans le plus grand nombre de contextes possibles. Chaque
morphème doit avoir :
- une forme phonologique récurrente
- une signification stable
- une distribution particulière dans le mot
Dans certains cas la segmentation peut poser problème : ex. : les radicaux
verbaux combinés avec affixes flexionnels (allons/irons). La décision comportera
toujours une part d’arbitraire.

2.2.3 Morphème, morphe, allomorphe

Le morphème est la plus petite unité formelle dotée d’une signification dans
un mot ou à l’état libre ; il est constitué d’un ou de plusieurs phonèmes
indécomposables. Un morphème est une forme phonologique récurrente, a une
signification stable et une distribution particulière dans le mot. En règle générale le
morphème comprend plusieurs phonèmes.
Exemple : Je chantai (3 morphèmes)
Mais, c’est par commodité que nous avons employé le terme de morphème.
En réalité, le morphe désigne les unités concrètes obtenues lors de la segmentation
d’une séquence. Du coup, le morphème désigne la valeur des morphes. Le morphe
est la représentation graphique, pendant que le morphème est le référent, le sens
auquel renvoie le morphe. On devrait donc parler de 3 morphes dans l’exemple ci-
dessous.
Différents morphes peuvent réaliser un même morphème (c’est-à-dire, avoir le
sens, la même valeur).
Exemples : dans oranger et cerisier, -er et –ier sont deux morphes avec une
valeur identique (l’arbre qui produit, ou, ce qui produit…)
Dans tables et tableaux, -s et –x sont aussi deux morphes à valeur identique (
pluriel)
Lorsque plusieurs morphes correspondent à un seul morphème, on dit qu’ils
des allomorphes d’un même morphème. On est ainsi en situation d’allomorphie. Un
allomorphe est donc une variante contextuelle d’un morphe.

2.2.4 Allomorphie, distribution complémentaire, variation libre

La méthode principale pour repérer les phénomènes d’allomorphie s’appuie sur la


notion de distribution. La distribution est l’ensemble des contextes ou environnements dans
lesquels une unité linguistique peut apparaitre. Le contexte correspond aux unités qui
précèdent oou suivent l’unit concernée. Lorsqu’on compare la distribution de deux élements,
plusieurs cas de figure peuvent se produire (Opposition, variation libre, variation
contextuelle ou distribution complémentaire). Deux morphes sont en distribution
complémentaire ou des allomorphes d’un même morphème quand ils ont le sens ou la même
valeur, mais n’apparaissent jamais dans le même contexte. Par exemple, le tableau de la
distribution de –ier et –er donne ce qui suit :
Alors que –er apparait après les sons consonantiques fricatifs prédorso-alvéolaires, -
ier apparait apparait dans tous les autres contextes (après les voyelles, les semi-voyelles, et
les autres consonnes). Mais, par prudence, on peut dire seulement qu’il apparait après les
sons consonantiques fricatifs, pré dorso pré palatales Tout cela illustre une distribution
complémentaire où la même valeur n’apparait pas deux fois dans la même colonne. On peut
aussi utiliser les signes soustraction et addition pour bien l’illustrer.
Lorsque deux morphes apparaissent dans le même contexte, mais ne
s’opposent pas (ont la même valeur), on dit qu’ils des variantes libres d’un même
morphème. On parle de variation libre.
Exemples : dans rouvrir et réouvrir ; récrire et réécrire, r- et ré- apparaissent dans les
mêmes contextes devant un verbe avec un initial vocalique. Ces deux morphes sont
donc en variation libre.

2.2.5 Conditionnements phonologique, morphologique et grammatical

Les facteurs selon lesquels apparaît tel ou tel allomorphe peuvent être
Phonologiques, morphologiques ou grammaticaux. Dans le cas de –ier et –er
(cerisier, oranger), le choix de l’allomorphe dépend du premier facteur.
On rencontre parfois des allomorphes qui ne laissent déceler aucune régularité
phonologique et donc les allomorphes se répartissent selon les morphèmes avec
lesquelles ils se combinent. On trouve généralement les raisons de ces variations
dans l’évolution historique de la langue (Conditionnement morphologique)-.
Mais, quand on considère : éditeur/éditrice ; chasseur/chasseresse, le choix de
l’allomorphe est déterminé par une catégorie grammaticale (conditionnement
grammatica).

2.2.6 Typologie des morphèmes


La première distinction à opérer en morphologie est celle en radicaux ou
bases et affixes. La base (ou radical) du mot lui donne son identité sémantique. A
cette base on peut ajouter des affixes qui ont pour fonction d’ajouter une signification
ou de modifier le sens de la base.
Dans un 2ème temps on peut distinguer :
les Morphèmes lexicaux (bases ou radicaux) et les Morphèmes grammaticaux
(affixes ou mots grammaticaux). La première catégorie appartient à la classe ouverte
et la seconde à la classe fermée. La première a un sens lexical, ce qui leur permet
d’être mis en relation avec un référent extralinguistique. La deuxième est aussi doué
de sens, mais il ne s’agit pas d’un sens lexical ; elle ne peut donc pas référer. Elle
permettent aussi d’établir des relations avec d’autre éléments de la phrase.
Parmi les morphèmes grammaticaux, on distingue les morphèmes
flexionnels et dérivationnels. A cet effet, la morphologie peut être envisagée
comme étant l’étude des morphèmes et de leur combinatoire. Les types de
morphèmes utilisés et leur combinatoire permettent de distinguer dans quel domaine
de la morphologie on se trouve. La morphologie flexionnelle apparaît au niveau du
mot comme le résultat de processus s’appliquant au niveau de la phrase.
La morphologie dérivationnelle est le résultat de la concaténation de morphèmes
au niveau de la structure interne du mot uniquement. On pourrait attribuer la flexion à
la syntaxe et la dérivation à la lexicologie. Selon le type d’affixe que l’on combine
avec une base, la catégorie syntaxique du mot construit varie ou non.
Les affixes flexionnels : ils ne provoquent pas de changement de catégorie, ils
provoquent toujours le même effet de sens et ont pour fonction de donner des
informations sur le rapport qu’entretient la base du mot avec les autres mots de la
phrase. Les affixes dérivationnels : ils provoquent presque toujours un changement
de catégorie ; la construction de mots dérivés n’est pas régulière (pas toujours
possible ou pas toujours le même effet de sens). Un affixe flexionnel entre dans un
paradigme, une série close et se combine avec toutes les bases d’une même
catégorie grammaticale en produisant le même effet de sens. En revanche, la
construction des mots dérivés n’est pas aussi systématique et régulière. Les 2 types
d’affixes ne remplissent pas les mêmes fonctions. L’affixe flexionnel donne des
informations sur le rapport qu’entretient la base avec le mot. L’affixe dérivationnel a
une fonction essentiellement sémantique, dans ce sens où les mots dérivés sont
complètement indépendants des autres éléments d’un énoncé sur le plan
syntaxique. Mais, le préfixe en français n’entraine pas souvent de changement de
catégorie ou de classe morphologique du dérivé : sa fonction est donc sémantique. Il
n’entraine jamais la présence d’un allomorphe de la base. Le suffixe peut entrainer
un changement de la classe morphologique du dérivé : le suffixe a donc une fonction
grammaticale. Il peut entrainer des allomorphes de base.
Une autre distinction concerne l’état des morphèmes : les Morphèmes liés
(jamais sous forme isolée : -ons, re-) et les Morphèmes libres (se rencontrent aussi
sous forme isolée. Ils sont toujours en combinaison avec d’autres morphèmes : le,
de, que).
On a aussi des morphèmes autonomes (pouvant constituer un énoncé à eux-
seuls : ville, rouge) et indépendants ( liés à d’autres mots de la phrase qu’il sert à
construire : de, il, avec, demain)/ des morphèmes à signifiant discontinu (ne….pas,
a…..é qui indique le passé composé) / des morphèmes amalgamés en seul signifiant
( ‘au’ pour ‘à le’ ; ‘du’ pour ‘de le’)

2.3 Liaison, élision


Ces phénomènes concerne l’enchainement des morphèmes dans la phrase et les
transformations qui peuvent de produire en position finale de ces morphèmes. La
liaison peut affecter l’intérieur du mot, liaison interne (/po/ - /potje/), ou lafrontière
entre 2 mots, liaison externe (/peti/ - /petitavjõ/).L’élision concerne les phonèmes
en position finale qui, dans certains cas, sont supprimés. 4 règles :
- suppression de la voyelle finale avant voyelle ou _ consonne
- suppression de la consonne finale avant consonne
- liquides et _ consonnes pas élidées même devant consonne
- suppression de la consonne finale si suivie d’une frontière forte1 (fin de syntagme
ou de phrase par exemple)

Nasalisation : lorsque la consonne finale est une nasale, lors de son élision, le trait
‘nasal’ se porte sur la voyelle qui précède ; la voyelle se nasalise dans le degré
d’aperture le plus proche ([bon] / [bõ])
Dans les rares cas de consonnes ou de liquides élidées en position finale, on
observe alors une alternance vocalique de la voyelle qui précède.
Certains adjectifs voient parfois leur consonne finale voisée perdre ce trait
([grãtami]), c’est le dévoisement.

2.4 Morphologie flexionnelle


Le genre est une catégorie grammaticale qui se définit en français comme
l’opposition entre le msculin et le féminin. D’autres langues ont un 3 ème genre : le
neutre. Il est important de distinguer entre le genre et le sexe. Le 1 er étant une
catégorie linguistique, le 2ème étant une catégorie basées sur des classes naturelles.
Le nombre est une catégorie linguistique dont les oppositions ne correspondent pas
toujours aux faits extralinguistiques. La majorité des noms et des adjectifs est
phonétiquement peu marquée par le pluriel ; les éléments les plus marqués sont les
déterminants.

2.4.1 Genre des noms et adjectifs


Le genre des noms est motivé pour les animés et arbitraire pour les
inanimés. Il y a plusieurs possibilités pour marquer le genre en français : différentes
formes de base, ajout d’un suffixe différent selon le genre ou ajout d’un –e au
féminin. Le genre des adjectifs est soumis à des variations selon que le nom est au
féminin ou au masculin:
- les invariables qui ne s’accordent pas en genre : ce sont les adj. terminés par un –e
à l’écrit et certains adj. de couleur
- les autres qui s’accordent en genre (et en nombre) : comme forme de base on
choisit la forme la plus longue, càd celle du féminin. On parlera alors de
morphème soustractif pour la formation du masculin et de morphème zéro pour le
féminin.

2.4.2 Nombre des noms et adjectifs


Pour les noms, le marquage le plus fréquent est l’ajout du suffixe flexionnel –
[z] (formation régulière). Mais certaines formes sont clairement différentes
(ciel/cieux). Le marquage du nombre pour les adjectifs s’ajoute aux formes
obtenues après le marquage du genre. Le pluriel régulier est l’ajout du –[z].
Beaucoup d’adj subissent une alternance vocalique lors de la flexion plurielle au
masculin
Toutes les règles de liaison et d’élision s’appliquent même après marquage du
genre et/ou du nombre. ATTENTION aux rares cas d’élision de consonne ou liquide
finale qui provoque une alternance vocalique !

2.4.3 Les verbes


Les marques de flexion verbale sont appelées désinences.
La « personne » sert à exprimer la relation entre le verbe et son sujet.
Le « nombre » affecte les 3 personnes qui peuvent avoir un singulier et un pluriel
(pers. simples –je, tu, il- vs complexes –nous, vous, ils-).
Le « mode » exprime l’idée verbale selon son degré d’actualisation. En français il y a
7 modes : l’indicatif, le subjontif, le conditionnel , l’impératif (= les modes personnels)
et le participe présent et passé, le gérondif et l’infinitif (= les modes non-personnels
ou impersonnels).
Le « temps » sert à situer l’action ou l’état exprimés par le verbe dans la chronologie
Ceci vaut pour l’indicatif, valeur temporelle, dans les autres cas on parlera de
valeur aspectuelle.
L’ « aspect » considère l’idée verbale selon sa durée, son déroulement (valeur
aspectuelle) et fait donc référence à la représentation qu’a le locuteur du procès.
En français on distingue l’aspect achevé (qui permet de présenter l’idée verbale
comme étant accomplie) de l’aspect inachevé (qui indique que l’action est en train de
s’effectuer mais n’est pas encore accomplie3).
La « voix » donne des informations sur le rôle du sujet par rapport au procès
exprimé par le verbe. Il y a la voix active (qui indique que le sujet est l’agent du
procès ou dans l’état exprimé par le verbe), la voix passive (qui indique que le sujet
est patient du procès exprimé par le verbe, elle est réservée aux verbes transitifs
directs) ainsi que la voix pronominale (qui indique que le sujet est en même temps
agent et patient du procès exprimé par le verbe (ex. : il se coupe).

2.5 Morphologie lexicale (dérivationnelle et composition)


La Dérivation est la formation des mots à partir d’autres mots en y ajoutant un ou
plusieurs affixes. La Composition renvoie aux mots construits à partir d’autres mots
existants dans la langue.

2.5.1 Dérivation
Dérivation préfixale
Les préfixes sont endocentriques4, ils n’ont pas de rôle syntaxique mais ont une
fonction uniquement sémantique. Pas d’allomorphie de la base quelle que soit la
forme du préfixe ou de la base. Les préfixes ‘populaires’ sont ceux qui ont été
introduits tôt dans la langue et qui se sont modifiés au fil du temps. Les préfixes
‘savants’ ont été adoptés plus tard et n’ont pas ou peu changés de forme.
Dérivation suffixale
La dérivation avec suffixe peut changer la forme de la base. Le suffixe a une fonction
grammaticale et sémantique. Il peut s’ajouter sans modification ou se substituer à la
terminaison.
La suffixation peut provoquer une réfection analogique (ex. : ajout du –t) ou
étymologique de la base. Les suffixes marquent le genre du mot (mais certaines
formes peuvent indiquer les 2 genres).
Les suffixes modifient le genre de la base ; ils peuvent être hypochristiques,
évaluatifs ou collectifs.
La majorité des suffixes sont latins (suffixes ‘populaires’).
La Dérivation parasynthétique est l’adjonction successive à la base d’un préfixe ET
d’un suffixe (dégeler).Or, avec la formation parasynthétique, on ne peut supprimer
le préfixe seul ou le suffixe seul (il faut une opération simultanée de la préfixation et
suffixation : décourager).
La Dérivation impropre fait référence aux mots qui changent de catégorie
grammaticale sans changer de forme.
La Dérivation régressive ou inverse se caractérise par l’effacement ou le retrait d’un
élément suffixal.
2.5.2 Composition
La composition est une opération de formation des mots qui consiste à assembler 2
ou plusieurs éléments pour former un nouveau mot5. La composition est un
processus très productif. Les éléments d’un mot composé peuvent etre soit des mots
graphiques (sans être des unités lexicales6), soit des unités lexicales (sans être des
mots graphiques). Elle peut être populaire (composée à partir de mots français) ou
savante (formée avec des emprunts grecs ou latin)
La composition populaire comporte des mots qui peuvent exister ailleurs dans la
langue sous leur forme isolée. Ces mots composés peuvent aboutir à un nouveau
sens qui dépasse la somme des significations de leur constituants8. Il peut y avoir
des noms composés, des adjectifs composés et des verbes composés.
La composition savante. Le français favorise la composition par emprunt au latin et
au grec avec ou non composition avec des mots provenant du français.

2.5.3 Motivation
Les mots construits (dérivés ou composés) sont relativement motivés d’après
de Saussure. Les mots simples sont arbitraires, càd qu’ils ne peuvent pas être
analysés en constituants ayant une signification. Lorsqu’un mot construit n’est plus
analysé ou analysable on dit qu’il est démotivé.Lorsqu’on établit un lien
morphologique entre des mots (qui historiquement n’ont aucun lien) en raison de leur
ressemblance formelle, on parle de fausse motivation ou de remotivation.
2.5.4 Analyses
L’identification des morphèmes se fait par substitutions ou commutations
paradigmatiques. Le sens des morphèmes doit être constant : cohésion
sémantique.
Les mots construits possédant le même radical appartiennent à la même famille de
mots. Les mots démotivés ne font plus partie de la famille mais on peut accepter des
mots remotivés (ex. ‘jours ouvrables’ avec ‘ouvrir’).
Pour l’analyse en constituants morphémiques : mot = données. Pour la dérivation :
mot = produit. On peut alors décrire les affixes comme des schémas de formation.
Pour décrire un schéma de formation il faut : décrire la catégorie du dérivé, celle de
la base et le sens du dérivé avec les éventuelles restrictions. La morphologie
dérivationnelle est peu systématique ; elle est soumise à l’usage et à
l’arbitraire de la norme. On appelle idiosyncrasie le résultat particulier de la
combinaison d’une base avec un affixe. On ne peut pas toujours prédire le sens des
mots à partir de leur structure.
La productivité lexicale évoque les procédés de formation des mots qui produisent
de nouveaux mots en permanence. La productivité d’un modèle de formation est
fonction de la quantité de mots effectivement produits selon ce modèle et le fait qu’il
soit toujours utilisé pour générer de nouveaux mots (par opposition aux modèles
improductifs).
LA MORPHOLOGIE LEXICALE PEUT ETRE AUSSI
APPREHENDEE DE LA FAÇON SUIVANTE :

0. Mots simples et mots construits

Les mots français peuvent se répartir en mots simples et mots construits.1[2] Les mots
simples sont des mots qui ne sont pas décomposables ; les mots construits, par contre, peuvent
être décomposés en éléments significatifs plus petits (mots ou morphèmes).

EXEMPLES :

boisson, buvable, buvard, buvette, buveur, imbu, imbuvable, pourboire

Tous ces mots sont construits à partir du mot simple boire2[3], ou bien par adjonction d’un
autre mot – c.-à.-d.

 par composition :

pourboire < pour (préposition) + boire

– ou bien par adjonction d’un suffixe ou d’un préfixe à l’un des radicaux de ce verbe3[4], c.-
à-d. par dérivation.

 Sont construits par dérivation suffixale :

boisson < (je) bois + -son « (ce) qui subit l’action (exprimé par la base) ».
« Liquide qui se boit. » Cf. cuisson, nourrisson.

buvable < (nous) buv-(ons) + -able « possibilité ». « Qui peut se boire. » Cf. abordable,
faisable.

buvard < buv- + -ard « appartenance, propriété ». « Papier qui boit l’encre. » Cf.
campagnard, vieillard, braillard.

buvette < buv- + -ette « qui a un rapport caractéristique à ce qu’exprime la base ». « Petit
local ou comptoir où l’on sert à boire. » Cf. allumette, sucette.

buveur <buv- + -eur « qui fait l’action (exprimé par la base) ». « Personne qui boit. » Cf.
chanteur, vainqueur.
 Sont construits par dérivation préfixale :

imbu < im- (in2-) « dans l’état (exprimé par la base) » + bu. « Imprégné, pénétré (de
sentiments, d’idées, de préjugés…). » Cf. inflammable.

imbuvable < im- (in1-) « élément négatif » + buvable. « Qui n’est pas buvable. » Cf.
imbattable, inabordable.

Par la suite, en plus de la dérivation et de la composition, nous traiterons de la dérivation


impropre, de la troncation et de la siglaison.

1. La dérivation

Avant de présenter les différents modes de dérivation (préfixation et suffixation, dérivation


inverse et formation parasynthétique), il nous faudra distinguer les différents éléments qu’on
peut isoler dans le mot dérivé : la base, le radical et les affixes.

1.0. Base, radical et affixes


Les affixes s’ajoutent à un mot, plus exactement à ce qu’on appelle une base, et selon que
l’affixe précède ou suit la base, on parle de préfixe ou de suffixe.

Par l’adjonction d’un préfixe ou d’un suffixe à une base, on obtient un (mot) dérivé ;
inversement, la suppression de l’un de ses affixes nous donne la base du mot. – Exemple :

préfixe base suffixe


dé- geler
dégel -er

Les bases geler et dégel sont elles-mêmes des dérivés, c’est-à-dire décomposables en base et affixe :

préfixe base suffixe


dé- gel
gel -er

Mais cette fois-ci, la base (gel) n’est plus décomposable en morphèmes plus petits – elle se confond
au radical.

Généralement parlant, c’est par suppression de tous les affixes qu’on obtient le radical du mot
:

base
=
radical
dé- gel -er
REMARQUE. – Le radical n’est pas forcément une forme correspondant à un mot,
comme gel, dans l’exemple qui précède. Le radical ann- [an] (cf. ann-ée [ane]) n’existe
pas en tant que mot – la forme qui sert de mot est ans [S]. – Ceci est particulièrement
vrai pour les radicaux des formes fléchies : des formes comme buv ou conn n’existent
pas comme mots non plus, mais seulement comme radicaux, cf. buv-ons, conn-ais.

1.1 La préfixation
préfixe + base  mot dérivé

re- + prendre  reprendre


il- + légal  illégal
pré + histoire  préhistoire

Le dérivé appartient toujours à la même classe morphologique que la base :

pré- + nom  nom (préhistoire)


pré- + adjectif  adjectif (prénatal)
pré- + verbe  verbe (prédire)

Le préfixe n'a donc pas de fonction grammaticale ; sa fonction est purement sémantique.

Le préfixe n'entraîne jamais la présence d'un allomorphe de la base.

1.2 La suffixation
base + suffixe  mot dérivé

blanch(e) +-âtre  blanchâtre


blanch(e) + -eur blancheur
timide + -ment  timidement
timid(e) + -ité  timidité
cannibal(e) + -isme  cannibalisme

Selon le suffixe ajouté, le dérivé peut ou non appartenir à une classe morphologique différente
de celle de la base :

Adj + -âtre  Adj (blanchâtre)


Adj + -eur  Nom (blancheur)
Adj + -ment  Adv (timidement)

Le suffixe a donc une valeur grammaticale : il indique la classe morphologique du dérivé. —


En plus, le suffixe a une fonction «catégorisatrice», indiquant la sous-classe morphologique
du dérivé :
base + -isme  (nom) masculin (cannibalisme)
base + -ité  (nom) féminin (timidité)

Le suffixe peut entraîner des allomorphes de base :

blanche + -eur  blancheur


[plõ] (plomb) + [-je]  [plõbje] (plombier)

1.3 La réduplication
Elle n’est pas fréquente en français. Ici, la racine est double (pousse-pousse, cache-cache).
Très souvent, la base est un verbe et la réduplication entraine un nom, d’où un changement de
catégorie grammaticale.

1.4 La dérivation « inverse » ou regressive

Dans la perspective diachronique, vu les dates de leur première apparition, le nom galop doit
être dérivé du verbe galoper (1808) par suppression du suffixe -er. galoper  galop

Mais dans la perspective synchronique, rien n'empêche de procéder par suffixation :

galop + -er  galoper

1.5 La dérivation et la formation parasynthétique


La dérivation d'un mot comme dégeler peut être décrite comme adjonction successive d'un
suffixe et d'un préfixe :

1. suffixation : gel + -er  geler


2. préfixation : dé- + geler  dégeler

— ou bien :

1. préfixation : dé- + gel  dégel


2. suffixation : dégel + -er  dégeler

Autre exemple : (s’)envoler

Par contre, pour la dérivation d'un mot comme décourager, les bases intermédiaires, dont une
au moins serait nécessaire pour une dérivation par étapes, sont inexistantes : *courager,
*
décourage.4[6]

Dans ce cas, suffixation et préfixation doivent opérer simultanément, et l'on parle de


formation parasynthétique.

dé- + courag(e) + -er  décourager


Autre exemple : empoisonner

2. La composition

Nous distinguons la composition « populaire », à partir de mots français, de la composition


savante, à partir d‘éléments grecs ou latins, et nous y ajoutons les mots-valises, qui sont des
composés à partir de mots tronqués.

2.1 La composition « populaire »


La composition à partir de mots français se fait par juxtaposition de deux mots (ou plus),
autrement dit « de deux éléments qui peuvent exister à l'état libre » ; ces composés ne sont pas
toujours écrits « en un mot » :

porte + feuille  portefeuille


chou + fleur  chou-fleur
bateau + mouche  bateau mouche

Autres exemples : autoroute ; wagon-lit, chou-rave, eau-de-vie ; pomme de terre

2.2 La composition savante


Par contre, la composition savante, c’est-à-dire la composition à partir d’éléments latins ou
grecs, ne se fait pas à partir de mots. En effet, pour des composés comme anthropologue,
omnivore, polygone, leurs deux éléments (anthropo-, -logue) n’existent pas à l’état libre, mais
seulement dans des composés ou bien dans des dérivés cf.

anthrop-ien (cf. saur-ien, autrich-ien)


log-ique (cf. iron-ique, volcan-ique)

Cette observation entraîne une redéfinition de la composition comme juxtaposition de deux


éléments (ou plus) qui peuvent servir de base à des dérivés. La dérivation peut donc se
formuler :

anthrop(o)- + -log(ue)  anthropologue5[7]

À remarquer qu’à la différence des affixes, les éléments qui entrent dans la composition
peuvent être utilisés indifféremment comme premier ou comme deuxième terme d'un
composé :

chou-fleur / fleur de lys


anthropologue / misanthrope

chou-fleur / chou rouge


anthropologue / logarithme
Autres exemples : thermomètre (: thermique, métrique) ; isotherme, baromètre

REMARQUE. — La formule « base + base  mot composé » fonctionne aussi dans bien des
cas de la composition « française », cf.

wagon-lit : wagonn-et, a-lit-er

bateau mouche : batel-ier, mouch-eron

pomme de terre : pomm-ier, terr-eux

– mais elle rencontre des problèmes dans d’autres cas, cf.

eau-de vie : aqua(?)-tique, vi-able

autoroute : auto-?, rout-ier

chou-rave : chou-?, rave-?

La solution est peut être de définir la composition comme « juxtaposition d’éléments qui
peuvent exister à l’état libre et/ou servir de base à des dérivés ».

2.3 Les mots-valises


Le mot-valise se définit comme un mot composé d’éléments obtenus par troncation de deux
mots :

pro[duit] et [lo]giciel  progiciel6[8]

culti[vé] var[iété]  cultivar

Dans les créations ludiques, le mot-valise doit conserver un segment commun aux deux bases,
comme dans cette exemple tiré du Petit Fictionnaire illustré d’A. Finkielkraut7[9]

misanthropophage « cannibale qui boude son plat »  misanthrope + anthropophage

Autres exemples :

mot[or (car)] « automobile » + [h]otel  motel

photocopie + pillage  photocopillage


3. La dérivation impropre

Malgré son nom, la dérivation impropre n’est pas une dérivation (adjonction d’un suffixe á
une base), mais un changement de classe lexicale :

sourire (v.)  sourire (n.)


vrai (adj.)  vrai (n.)

Autres exemplee : faire-part, pourboire

4. La troncation

La troncation est un procédé qui consiste à abréger un mot par suppression d'une ou plusieurs
syllabes.

Généralement, c’est la finale du mot qui est tronquée :

auto[mobile], radio[phonie] et radio[graphie], fac[ulté], catho[lique], cinéma[tographe],


cine[ma]

– rarement l’initiale :

[auto]bus

Dans ce cas, c’est le premier élément d'un composé qui est isolé (auto  autobus), ou bien un
préfixe :

hyper[marché]

Le mot tronqué peut correspondre à un morphème, c’est-à-dire à un élément significatif


(comme auto, radio, hyper, télé  télévision) ; mais le plus souvent, l’élément qui constitue
le mot tronqué est une séquence dépourvu de signification (comme fac, catho, cinéma, cine).

Parfois, le mot tronqué se voit ajouter un suffixe (comme -ot) ou un pseudo-suffixe :

bach[elier]  bachot (cf. cheminot, cuistot)

val[ise]  valdoche8[10]

Dans beaucoup de cas, c’est une finale en -o qui est ajoutée à la troncation :

dict[ionnaire]  dico
mécan[icien]  mécano
prol[étaire]  prolo
apér[itif] apéro
5. La siglaison

La siglaison consiste dans la réduction d'un terme composé à la succession des initiales des
termes qui le composent. Selon la prononciation, on distingue sigles et acronymes.

5.1 Les sigles

Les sigles sont des suites d’initiales prononcées avec les noms des lettres :

V. T. T. [vetete] n. m. « vélo tout-terrain »

S. D. F. [DsdeDf] n. « sans domicile fixe »

C. A. P. [seApe] n. m. inv. « certificat d'aptitude professionnelle » ou « certificat


d'aptitude pédagogique »

5.2 Les acronymes

Les acronymes sont des suites d’initiales prononcées comme un mot ordinaire :

T. I. R. [tiY]) « transit international routier »

CES [sDs] n. m. « contrat emploi solidarité »9[11]

D.O.M.-T.O.M. (les) [dCmtCm] « les départements [d’outre-mer] et territoires d'outre-mer »

5.3 Sigles et acronymes comme bases de dérivés

Les sigles peuvent souvent servir de base à des dérivés :

P. D. G. [pedeFe] n. « président-directeur général »


 pédégère [pedepFDY] n. f. « femme qui exerce les fonctions de P. D. G. »

O. N. U.10[12] « Organisation des Nations Unies »


 onusien, onusienne adj. ou n.

pacs [paks] n. m. « Pacte Civil de Solidarité »


 pacser v. itr.,
 pacsé p. p. adj. ou n. [« les mariés, les « pacsés » et les vrais concubins » (Le Monde,
1998), cit. PR v2]

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