TD 1
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Textes à analyser
Texte 1
Ce qui manque à notre grande industrie, que les traités de 1860 ont
irrévocablement dirigée dans la voie de l’exportation, ce qui lui manque de
plus en plus, ce sont les débouchés (...) La concurrence, la loi de l’offre et
de la demande, la liberté des échanges, l’influence des spéculations, tout
cela rayonne dans un cercle qui s’étend jusqu’aux extrémités du monde.
C’est là un problème extrêmement grave.
Il est si grave (...) que les gens les moins avisés sont condamnés déjà à
entrevoir, à prévoir et à se pourvoir pour l’époque où ce grand marché de
l’Amérique du Sud, qui nous appartenait de temps en quelque sorte
immémorial, nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de
l’Amérique du Nord. Il n’y a rien de plus sérieux, il n’y a pas de problème
social plus grave ; or, ce problème est intimement lié à la politique
coloniale (...)
Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l’histoire des siècles
précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs
espagnols introduisaient l’esclavage dans l’Amérique centrale, ils
n’accomplissaient pas leur devoir d’hommes de race supérieure. Mais de
nos jours, je soutiens que les nations européennes s’acquittent avec
largeur, avec grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la
civilisation (...)
Texte 2
Je ne veux pas juger au fond la thèse qui a été apportée ici et qui n’est
autre chose que la proclamation de la puissance de la force sur le Droit.
L’histoire de France depuis la Révolution est une vivante protestation
contre cette unique prétention. C’est le génie même de la race française
que d’avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d’avoir compris
que le problème de la civilisation était d’éliminer la violence des rapports
des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la
violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des
nations entre elles. (...) Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples
que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes
déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé,
tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l’histoire de votre civilisation ! (...)
Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la
justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l’Européen apporte
avec lui : de l’alcool, de l’opium qu’il répand, qu’il impose s’il lui plaît. Et
c’est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la
patrie des droits de l’homme !
Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever
d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n’y a
pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il
y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu’à mesure que nous
nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de
la justice et du droit. Mais n’essayons pas de revêtir la violence du nom
hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête
que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la
civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s’approprier
l’homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du
prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à ce
propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie. »
Texte 3
Moi aussi, je parle d'abus, mais pour dire qu'aux anciens - très réels - on
en a superposé d'autres, très détestables. On me parle de tyrans locaux
mis à la raison; mais je constate qu'en générale ils font très bon ménage
avec les nouveaux et que, de ceux-ci aux anciens et vice-versa, il s'est
établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de
complicité.
-Présentez l’auteur
-Qu’est- ce que la Négritude ?
-Quelle est la tonalité du texte ? Justifiez votre réponse.
-Que remarquez-vous concernant la structure du texte ?
-Justifiez l’emploi du pronom indéfini On.
-Repérez les expressions qui renvoient au thème de déculturation.
Quelle est l’intention de l’auteur ?
Texte 4
Épître dédicatoire aux nègres esclaves, (Réflexions sur l’esclavage
des nègres) Condorcet, 1781.
Mes amis,
Quoique je ne sois pas de la même couleur que vous, je vous ai
toujours regardés comme mes frères. La nature vous a formés pour avoir
le même esprit, la même raison, les mêmes vertus que les Blancs. Je ne
parle ici que de ceux d’Europe, car pour les Blancs des colonies, je ne vous
fais pas l’injure de les comparer à vous ; je sais combien de fois votre
fidélité, votre probité, votre courage ont fait rougir vos maîtres. Si on allait
chercher un homme dans les îles de l’Amérique, ce ne serait point parmi
les gens de chair blanche qu’on le trouverait.
Tous ceux qui se sont enrichis dans les îles aux dépens de vos
travaux et de vos souffrances, ont, à leur retour, le droit de vous insulter
dans des libelles calomnieux ; mais il n’est point permis de leur répondre.
Telle est l’idée que vos maîtres ont de la bonté de leur droit ; telle est la
conscience qu’ils ont de leur humanité à votre égard. Mais cette injustice
n’a été pour moi qu’une raison de plus pour prendre, dans un pays libre, la
défense de la liberté des hommes. Je sais que vous ne connaîtrez jamais
cet ouvrage, et que la douceur d’être béni par vous me sera toujours
refusée. Mais j’aurai satisfait mon cœur déchiré par le spectacle de vos
maux, soulevé par l’insolence absurde des sophismes de vos tyrans. Je
n’emploierai point l’éloquence, mais la raison ; je parlerai, non des intérêts
du commerce, mais des lois de la justice.
Texte 5
"Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres
esclaves, voici ce que je dirais : Les peuples d’Europe ayant exterminé
ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour
s’en servir à défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit
par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le
nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait
mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les
Egyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d’une si grande
conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur
tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun c’est qu’ils font plus
de cas d’un collier de verre que de l’or qui, chez les nations policées, est
d’une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des
hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on
commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens."