Esp Vectoriel2023

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1A M2.

1 2022-2023

LES ESPACES VECTORIELS

Objectifs
— Savoir ce qu’est un espace vectoriel.
— Savoir ce qu’est un sous-espace vectoriel.
— Savoir ce qu’est une base.
— Le travail sur les espaces vectoriels de dimension finie

Dans tout ce chapitre, on utilise de façon générique un ensemble K qui représente soit R
soit C.
E1 × E2 · · · × En = {(x1 , x2 , . . . , xn ) tels que xi ∈ Ei }.
Exemple 1.
Décrire R3 .

1 Les espaces vectoriels


1.1 Les groupes
Soit E un ensemble et une loi ⊕ qui opère entre deux éléments de E .
Exemple 2.
Pour les exemples suivants, déterminer deux éléments u et v de E , puis calculer u ⊕ v.
1. E = R2 et ⊕ est l’addition usuelle sur R2 .
2. E = R2 et (x, y) ⊕ (x′ , y ′) = (x + y ′, x′ + y).
3. E = R2 et ⊕ est le produit scalaire.
4. E = R et u ⊕ v = u × v + (u2 − 1)(v2 − 1)
On dit que E muni de la loi ⊕ (on note (E, ⊕)) est un groupe commutatif, si (E, ⊕) vérifie
les 5 conditions ci-dessous :
(A0)
∀ (u, v) ∈ E 2 , u ⊕ v ∈ E
On dit que la loi ⊕ est interne.
(A1)
∀ (u, v) ∈ E 2 , u ⊕ v = v ⊕ u
On dit que la loi ⊕ est commutative.
(A2)
∀ (u, v, w) ∈ E 3 , (u ⊕ v) ⊕ w = u ⊕ (v ⊕ w)
On dit que la loi ⊕ est associative
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(A3) Il existe un élément dit neutre pour la loi ⊕ noté 0E et appelé vecteur nul, tel que
∀u ∈ E, 0E ⊕ u = u

(A4) Chaque élément de E , possède par la loi ⊕ ce qu’on appelle un symétrique, noté −u
tel que
∀u ∈ E, u ⊕ (−u) = 0E
Plutôt que d’écrire u + (−u) = 0E on peut écrire par extrapolation avec la soustraction
des nombres réels : u − u = 0E
Exemple 3.
Vérifier, dans chacun des exemples précédents, si (E, ⊕) est un groupe commutatif.

1.2 Espace vectoriel


Tout nombre appartenant à K est appelé scalaire.
On munit E d’une loi notée ⊙. Pour tout λ ∈ K et pour tout u de E , on note λ ⊙ u le
produit de u par λ.
E est ainsi muni de deux opérations, ⊕ et ⊙.
On dit que E muni des lois ⊕ et ⊙, (on note (E, ⊕, ⊙)) est un K espace vectoriel, ou on dit
aussi que E est un espace vectoriel sur K, si (E, ⊕, ⊙) vérifie les 6 conditions ci-dessous :
(A00)
(E, ⊕) est un groupe commutatif.
(M0)
∀α ∈ K, ∀u ∈ E, α ⊙ u ∈ E
On dit que la loi ⊙ est externe. Cette loi est dite externe car on multiplie un scalaire
par un élément de E .
(M1)
∀α ∈ K, ∀ (u, v) ∈ E 2 , α ⊙ (u ⊕ v) = (α ⊙ u) ⊕ (α ⊙ v)
(M2)
∀ (α, β) ∈ K2 , ∀u ∈ E, (α + β) ⊙ u = (α ⊙ u) ⊕ (β ⊙ u)
(M3)
∀ (α, β) ∈ K2 , ∀u ∈ E, (αβ) ⊙ u = α ⊙ (β ⊙ u)
(M4)
∀u ∈ E, 1 ⊙ u = u
Remarque 1.
L’addition usuelle dans Rn est notée +
La multiplication usuelle dans Rn est notée .
Exemple 4.
1. Montrer que (R2, +, .) est un espace vectoriel.
2. Montrer que (R2, +, ⊙) n’est pas un espace vectoriel avec,
pour λ ∈ R, λ ⊙ (x, y) = (x + λ, y + λ).
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Remarque 2. Attention, la structure d’espace vectoriel c’est à dire les opérations dont on
munit l’ensemble E , peut faire de lui ou non, un espace vectoriel, comme on peut le voir dans
l’exemple précédent.
Définition 1.
Les éléments de l’espace vectoriel E sont appelés des vecteurs et les éléments de K sont appelés
des scalaires.
Dans Rn , on utilise souvent la notation avec une flèche sur les vecteurs, mais cette notation
n’est pas toujours conservée car comme on le verra dans les exercices, des vecteurs peuvent être
des fonctions.
Proposition 1.
Rn muni des lois classiques + et · est un R espace vectoriel.
Proposition 2.
1. ∀u ∈ E, 0 ⊙ u = 0E
2. ∀λ ∈ K, λ ⊙ 0E = 0E
3. Pour tout u ∈ E , (−1) ⊙ u = −u
4. Pour tout u ∈ E et pour tout λ ∈ K, λ ⊙ u = 0E ⇒ λ = 0 ou u = 0E

Exemple 5.
Démontrer les propositions 1,2 et 3 ci-dessus.

2 Les sous-espaces vectoriels


Définition 2.
Soit F une partie d’un K espace vectoriel E muni des lois + et ·
On dit que F est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel E si F est non vide et si F
muni des lois + et · de E est lui même un espace vectoriel.
Il est nécessaire d’écrire cette définition mais elle n’apporte rien pour le moment car pour
paraphraser cette définition, pour prouver qu’un ensemble F est un sous-espace vectoriel d’un
espace vectoriel E , il faut en fait montrer que F est lui-même un espace vectoriel ! La seule
différence, c’est qu’ici, on n’a pas le choix des lois + et · car elles nous sont imposées par l’espace
vectoriel E . On utilise donc un autre théorème plus pratique , le voici :
Théorème 1.
Soit F une partie d’un K espace vectoriel E muni des lois + et ·
F est un sous-espace vectoriel de E si il vérifie les trois conditions suivantes :
(i) 0E ∈ F
(ii) ∀ (u, v) ∈ F 2 , u + v ∈ F . On dit que F est stable pour la loi +
(iii) ∀u ∈ F, ∀α ∈ K, α · u ∈ F . On dit que F est stable pour ·
Exemple 6.
Démontrer le théorème précédent.

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Comme on peut le constater, ce théorème est nettement plus facile à mettre en place pour
prouver que F est un sous-espace vectoriel de E . Il en existe même une version encore plus
réduite :
Théorème 2.
Soit F une partie d’un K espace vectoriel E muni des lois + et ·
F est un sous-espace vectoriel de E si il vérifie les deux conditions suivantes :
(i) 0E ∈ F
(ii) ∀ (u, v) ∈ F 2 , ∀ (α) ∈ K, α · u + v ∈ F
C’est une version plus condensée du théorème précédent. Vous pouvez utiliser au choix, l’un
ou l’autre de ces théorèmes.
Exemple 7.
Montrer que le plan d’équation 2x − 3y + 2z = 0 est un sous-espace vectoriel de R3.

3 Les sous espaces vectoriels de R2 et R3


3.1 Dans R2
Remarque 3.
R2 peut être interprété comme l’ensemble de tous les points M de coordonnées (x, y) dans un
repère (O,~i, ~j). Mais dans ce chapitre R2 est considéré comme l’ensemble de tous les vecteurs
~u de coordonnées (x, y) dans la base (~i, ~j).

Proposition 3. Sous espaces vectoriels de R2


Les sous-espaces vectoriels de R2 sont {0E }, les droites vectorielles et R2 .
Proposition 4.
Soit ~u = (a, b) un vecteur directeur de la droite vectorielle D, dans une base (~i, ~j)
1. D a pour équation cartésienne : −bx + ay = 0.
2. D = {(λa, λb), λ ∈ R}.
3. D = Vect(~u)

3.2 Dans R3
Remarque 4.
R3 peut être interprété comme l’ensemble de tous les points M de coordonnées (x, y, z) dans
un repère (O,~i, ~j, ~k). Mais dans ce chapitre R3 est considéré comme l’ensemble de tous les
vecteurs ~u de coordonnées (x, y, z) dans la base (~i, ~j, ~k).
Proposition 5. Sous espaces vectoriels de R3
Les sous-espaces vectoriels de R3 sont {0E }, les droites vectorielles, les plans vectoriels et R3 .
Proposition 6. Plans vectoriels
Soit ~u = (x~u , y~u, z~u ) et ~v = (x~v , y~v , z~v ) deux vecteurs non colinéaires, dans une base (~i, ~j, ~k), et
P le plan vectoriel engendré par ces deux vecteurs.

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1. P a pour équation cartésienne :


ax + by + cz = 0 où (a, b, c) 6= (0, 0, 0).
Si R3 est muni du produit scalaire vu en terminale, alors (a, b, c) est un vecteur normal
au plan.
2. P a pour équation paramétrique

 x = λx~u + µx~v
y = λy~u + µy~v
z = λz~u + µz~v

où λ ∈ R et µ ∈ R.
3. P = Vect(~u, ~v)
Proposition 7. Droite vectorielle
Soit ~u = (x~u , y~u, z~u ) un vecteur directeur de la droite vectorielle D, dans une base (~i, ~j, ~k).
1. D a pour système d’équations cartésiennes :

ax + by + cz =0
a′ x + b′ y + c′ z = 0
où (a,b,c) et (a’,b’,c’) sont non colinéaires.
2. D = {(λx~u , λy~u, λz~u ), λ ∈ R}.
3. D = Vect(~u)
Remarque 5.
Dans R3 deux droites vectorielles sont toujours coplanaires. Le parallélisme n’a pas de sens.
Exemple 8.
Donner les systèmes d’équations de la droite de R3 engendrée par le vecteur (2, −1, 3).

4 Intersection de sous-espaces vectoriels


Proposition 8.
L’intersection de deux sous-espaces vectoriels F et G d’un espace vectoriel E est lui-même un
sous-espace vectoriel. En revanche, la réunion de deux sous-espaces vectoriels n’est en général
pas un sous-espace vectoriel.
D’une manière générale, soit (E, +, ·) un K espace vectoriel. Soit I un ensemble
\ non vide
et (Fi)i∈I une famille de sous-espaces vectoriels de E . Leur intersection F = Fi est un
i∈I
sous-espace vectoriel de E .
Exemple 9.
1. Vérifier que dans R3, l’intersection de deux sous-espaces vectoriels est un sous-espace
vectoriel.
2. Montrer que l’intersection de deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel est un
sous-espace vectoriel.
3. Montrer que l’union de deux sous-espaces vectoriels n’est pas en général un sous-espace
vectoriel.
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5 Somme de sous-espaces vectoriels


5.1 Définition et propriétés
Définition 3.
Soit E un K espace vectoriel et soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E . On appelle
somme de F et G l’ensemble noté F + G des vecteurs qui sont la somme d’un vecteur de F et
d’un vecteur de G :
F + G = {u ∈ E/u = f + g, f ∈ F, g ∈ G}
Remarque 6. Cela signifie que tout élément de F + G se décompose comme la somme d’un
élément de F et d’un élément de G, c’est à dire que u ∈ F + G ⇔ ∃f ∈ F, ∃g ∈ G tels que
u = f + g . Rien ne dit que cette décomposition est unique, en général d’ailleurs, elle ne l’est
pas.
Exemple 10.
Soit D et D′ deux droites de R3 . Déterminer D + D′.
Théorème 3.
La somme de deux sous-espaces vectoriels d’un même espace vectoriel E est un sous-espace
vectoriel de E .
Exemple 11.
Démontrer le théorème précédent.
Remarque 7.
Attention à ne pas se laisser abuser par la notation + et croire que l’on a ainsi défini une
opération sur l’ensemble des sous-espaces vectoriels. En effet, en observant les égalités suivantes,
on peut éviter bien des erreurs :
1. F + F = F
2. En posant −F = {−x, x ∈ F }, on a −F = F
3. Si F ⊂ G, F + G = G + G même si F 6= G

5.2 Somme directe


Définition 4.
Soit E un K espace vectoriel et soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E . On dit que la
somme F + G est directe si tout vecteur de F + G se décompose de manière unique comme la
somme d’un élément de F et d’un élément de G.
Lorsque F et G sont en somme directe, on note F + G = F ⊕ G
Exemple 12.
On considère les droites et les plans suivants. Déterminer F + G et déterminer les sommes qui
sont directes.
Théorème 4.
Soit E un K espace vectoriel et soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E .
Alors : F + G est directe ⇔ F ∩ G = {0}
Exemple 13.
Démontrer le théorème précédent.
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5.3 Sous-espaces supplémentaires


Définition 5.
Soit E un K espace vectoriel et soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E . On dit que
F et G sont supplémentaires dans E si la somme F + G est directe et si celle-ci vaut E . On a
donc : F et G supplémentaires dans E ⇔ E = F ⊕ G.
On dit aussi que G est un supplémentaire de F .
Théorème 5.
Tout sous-espace vectoriel de E possède un supplémentaire.
Remarque 8.
1. Il n’y a pas unicité du supplémentaire
2. La démonstration dans le cas général de ce théorème est loin d’être anodine
Théorème 6.
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels de E . Alors F et G sont supplémentaires dans E si
et seulement si, pour tout u ∈ E , il existe un unique couple de vecteurs f ∈ F et g ∈ G tels
que u = f + g .
Remarque 9. Attention, deux sous-espaces vectoriels peuvent être supplémentaires dans un
espace vectoriel et pas dans un autre. Par exemple, deux droites sécantes de R3 sont supplé-
mentaires dans le plan qui les contient mais pas dans l’espace R3 , en effet, bien que leur somme
soit directe dans R3 leur somme directe n’est pas R3.
Exemple 14.
Soit E = R3 . Vérifier que (x, y, z) ∈ R3 /x − y + z = 0 et (x, x, x) ∈ R3 sont
 
F = G =
supplémentaires dans E .

6 Familles finies de vecteurs


6.1 Familles génératrices
Définition 6.
Soit E un espace vectoriel, et u1, . . . , un, n vecteurs de E .
Un vecteur u de E est une combinaison linéaire de u1 , . . . , un , s’il existe n nombres
α1 , ..., αn de K tels que u = α1 u1 + · · · + αn un .

Définition 7.
Soit E un K espace vectoriel. On dit que les vecteurs u1, . . . , un forment une famille généra-
trice de E ou qu’ils engendrent E , si E est l’ensemble formé par toutes les combinaisons
linéaires des vecteurs u1, u2, . . . , un. On dit que E est l’espace vectoriel engendré par u1, . . . , un,
et l’on note E = Vect(u1, . . . , un).
En d’autres termes :
u ∈ Vect(u1 , u2, . . . , un ) ⇔ ∃(α1 , . . . , αn ) ∈ Kn /u = α1 u1 + · · · + αn un

Exemple 15. Soit u et v deux vecteurs de R3 . Que peut-on dire de Vect(u, v) ?


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Exemple 16. Trouver deux familles génératrices du sous-espace vectoriel E de R3 où E est


l’ensemble des vecteurs u = (x, y, z) tels que : x − y + z = 0
Théorème 7. Soit E un K espace vectoriel et F = (u1, u2, . . . , un) une famille génératrice de
E . Alors les familles suivantes sont encore génératrices de E :
1. La famille obtenue en échangeant deux vecteurs de F
2. La famille obtenue en multipliant un des vecteurs de F par un scalaire non nul.
3. La famille obtenue en ajoutant à un des vecteurs de F une combinaison linéaires des
autres vecteurs de F .
4. La famille obtenue en retirant de F un vecteur qui serait combinaison linéaire des autres
vecteurs de F .
Exemple 17.
Écrire en langage mathématiques le théorème ci-dessus.
Proposition 9.
Si F = Vect(u1 , u2 , ..., un ) et G = Vect(v1 , v2 , ..., vp ), alors F +G = Vect(u1 , u2 , ..., un , v1 , v2 , ..., vp )
Exemple 18.
Soient u1, u2, u3 trois vecteurs de l’espace vectoriel E . Que vaut Vect(u1 , u2) + Vect(u3) ?

6.2 Familles libres


Définition 8.
Soient F = (u1, u2, . . . , un) une famille de vecteurs d’un espace vectoriel E . On dit que cette
famille est libre ou que les vecteurs u1, u2, . . . , un sont linéairement indépendants, si et
seulement si une combinaison linéaire nulle de cette famille de vecteurs a nécessairement tous
ses coefficients nuls. Autrement dit :
∀(λ1 , λ2 , . . . , λn ) ∈ Kn , λ1 u1 + λ2 u2 + · · · + λn un = 0 ⇒ λ1 = λ2 = · · · = λn = 0

Exemple 19.
1. Dans le R espace vectoriel R3, montrer que la famille ((1, 2, 0), (0, 1, 2)) est libre.
2. Dans le R espace vectoriel des polynômes à coefficients réels, montrer que la famille
1, X, X − 1 n’est pas libre.
Remarque 10.
Toute sous-famille d’une famille libre est libre.

6.3 Familles liées


Définition 9.
Soient F = (u1, u2, . . . , un) une famille de vecteurs d’un espace vectoriel E . On dit que cette fa-
mille est liée ou que les vecteurs u1, u2, . . . , un sont linéairement dépendants, si et seulement
si elle n’est pas libre. Autrement dit : ∃(λ1 , λ2, . . . , λn) ∈ Kn non tous nuls tels que pourtant
λ1 u 1 + λ2 u 2 + · · · + λn u n = 0
Cas particuliers
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1. Dans le cas où n = 1 alors (u1) est liée si u1 = 0.


2. Dans le cas où n = 2 alors (u1, u2) est liée si et seulement si u1 et u2 sont colinéaires.
3. Dans le cas où n = 3 alors (u1, u2, u3) est liée si et seulement si u1, u2 et u3 sont
coplanaires.
Théorème 8.
Une famille F = (u1, u2, . . . , un) est liée si et seulement si l’un des vecteurs composant cette
famille est combinaison linéaire des autres vecteurs de la famille.

6.4 Bases
Définition 10.
Une famille F = (e1 , . . . , en ) de vecteurs d’un espace vectoriel E est une base de E si et
seulement si cette famille est à la fois génératrice de E et libre.
Définition 11.
1. On appelle base canonique de R2 est la base e1 = (0, 1) e2 = (1, 0) et plus générale-
ment dans Rn la base ei = (0...1...0) avec i ∈ N coordonnées toutes nulles sauf en ième
position.
2. Dans l’espace vectoriel des polynômes de degré inférieur ou égal à 2, la base canonique
est 1, X, X 2.
Théorème 9.
Soit B = (e1, . . . , en ) une base du K espace vectoriel E , et u un vecteur quelconque de E . Il
existe une unique famille (x1 , . . . , xn ) ∈ Kn telle que : u = x1 e1 + · · · + xn en .
Les coefficients (x1, . . . , xn ) sont les coordonnées de u relativement à la base B = (e1, . . . , en ).
Ils sont uniques.
Cas particuliers
Soit F = (e1, . . . , en ) une base de E .
1. Dans le cas où n = 1 alors E est une droite vectorielle.
2. Dans le cas où n = 2 alors E est un plan vectoriel.

7 Espace vectoriel en dimension finie


7.1 Définitions et propriétés
Définition 12.
Soit E un K espace vectoriel. E est de dimension finie si et seulement si E admet une base
finie.
Théorème 10. Théorème de la dimension
Dans un K espace vectoriel E non nul de dimension finie, toutes les bases ont même cardinal,
c’est à dire le même nombre d’éléments.
Ce nombre commun d’éléments est appelé dimension de E , on le note dim E .
On convient que {0E } est de dimension nulle.

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Exemple 20.
Les espaces vectoriels suivants sont-ils de dimension finie ou infinie ? Donner sa dimension s’il
est de dimension finie.
1. R2.
2. Un plan vectoriel.
3. L’ensemble des fonctions continues sur un intervalle.
Proposition 10. Rn est un espace vectoriel de dimension n.
Remarque 11. La dimension d’un espace vectoriel dépend du corps K sur lequel on travaille.
Théorème 11. Base adaptée à une somme directe
Soient F et G deux sous-espaces vectoriels du K espace vectoriel E .
On donne une base B = (f1 , . . . , fp) de F et B′ = (g1 , . . . , gq ) une base de G. Alors :
1. F ∩ G = {0} ⇔ la famille (f1 , . . . , fp , g1, . . . , gq ) est libre dans E .
2. F + G = E ⇔ la famille (f1 , . . . , fp, g1, . . . , gq ) est génératrice dans E .
3. F ⊕ G = E ⇔ la famille (f1, . . . , fp , g1, . . . , gq ) est une base dans E .
Exemple 21.
Démontrer le théorème ci-dessus.
Théorème 12. Théorème de la base incomplète
Soit E un K espace vectoriel de dimension finie. Toute famille libre de E est une sous-famille
d’une base de E .
Cela signifie qu’on peut rajouter petit à petit des vecteurs à une famille libre, convenable-
ment choisi, afin de construire une base de E .

7.2 Dimension et cardinal des familles


Théorème 13.
Soit E un K espace vectoriel de dimension n ∈ N∗ . Soit F = (u1, . . . , up) une famille de vecteurs
de E .
1. Si F est libre alors p 6 n.
2. Si F est génératrice alors p > n.
3. Si F est libre ou génératrice et si p = n alors F est une base de E .
Exemple 22. Justifier le théorème précédent.
Corollaire 1.
Soit F et G deux sous espaces espaces vectoriels de E tels que F ⊂G et dim F =dimG alors
F =G

Exemple 23.
Justifier le corollaire précédent.

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8 Sous-espaces vectoriels en dimension finie


8.1 Dimension d’un sous-espace vectoriel
Les notions de famille libre et génératrice sont les mêmes que l’on se place dans E ou dans
F sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel E .
Théorème 14.
Tout sous-espace vectoriel F d’un K espace vectoriel E de dimension finie est de dimension
finie et on a : dim F 6 dim E
Théorème 15 (Formule de Grassmann).
Soit E un espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels de E alors
dim F + G = dim F + dim G − dim F ∩ G
Exemple 24.
Vérifier la formule sur les exemples suivants.

8.2 Rang d’une famille de vecteurs


Définition 13.
Soit E un espace vectoriel de dimension finie. Le rang d’une famille de vecteurs de E est la
dimension de sous-espace engendré par cette famille.
On le note rg.
On a donc : rg(u1, . . . , un) = dim Vect(u1 , . . . , un)
Exemple 25.
Soit u = (2, 3, 5), v = (4, 6, 10), et w = (−2, −3, −5). Déterminer rg(u, v, w).
Théorème 16.
Soit (u1, . . . , up) une famille de vecteurs du K espace vectoriel E .
1. Si dim E = n alors on a : rg(u1, . . . , up) 6 n
2. rg(u1, . . . , up) 6 p
3. (u1, . . . , up) est libre si et seulement si son rang est p.

8.3 Sous-espaces supplémentaires en dimension finie


Théorème 17.
Soit E un espace vectoriel de dimension finie. Soient F et G deux sous-espaces supplémentaires
dans E . Alors :
dim F + dim G = dim E
Remarque 12.
Attention, la réciproque est fausse comme le montre le contre-exemple suivant : F = V ect((1, 1))
et F = G.
Théorème 18. Théorème de caractérisation
Soit E un espace vectoriel de dimension finie n.
1. Si dim F + dim G = dim E et si F ∩ G = {0} alors F et G sont supplémentaires dans E .
2. Si dim F + dim G = dim E et si F + G = E alors F et G sont supplémentaires dans E .

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Exercices
TD 1, TD 2 et TD3
Exercice 1.
1. Soit E = R∗+ × R. On définit sur  E l’addition par (a, b) ⊕ (c, d) = (ac, b + d) et la loi
externe par λ ⊙ (a, b) = a , λb . Montrer que (E, ⊕, ⊙) est un R espace vectoriel.
λ

2. Sur E = R2 , on définit les lois suivantes (a, b)⊕(c, d) = (a+c, b+d) et λ⊙(a, b) = (λa, 0).
Montrer que E muni de ces deux lois n’est pas un R espace vectoriel.
3. L’ensemble des fonction réelles bijectives de R dans R muni de la loi interne ◦ et de la
multiplication par un scalaire est-il un espace vectoriel sur R ?
Exercice 2.
Montrer que l’ensemble des fonctions continues muni des lois classiques + et · sur un intervalle
I⊂ R est un espace vectoriel sur R.
Exercice 3.
Soit E = R3 . Les sous ensembles suivants sont-ils des sous-espaces vectoriels de E ?
1. Ensemble des triplets (x; y; z) tels que x + y = 0.
2. Ensemble des triplets (x; y; z) tels que x = 0 ou y = 0.
3. Ensemble des triplets (x; y; z) tels que x2 + y 2 + z2 = 10.
Exercice 4.
On note E l’espace vectoriel des fonctions de R vers R, muni de l’addition et de la multiplication
par un réel usuelles. Les sous-ensembles suivants sont-ils des sous-espaces vectoriels de E ?
1. Ensemble des polynômes du second degré.
2. Ensemble des fonctions f telles que f (1) = 2f (0).
3. Ensemble des fonctions f telles que f (1) − f (0) = 1.
4. Ensemble des fonctions f telles que, a ∈ R étant fixé, f (x) = f (a − x) pour tout x ∈ R.
5. L’ensemble des fonctions dérivables sur un intervalle I.
6. L’ensemble des solutions d’une équation différentielle linéaire du 1er ordre.
7. L’ensemble des polynômes de degrés inférieurs ou égal à n.
Exercice 5.
Indiquer sans calculs la nature des ensembles suivant :
1. E1 = {(x, y) ∈ R2|x − 2y = 0}.
2. E2 = {(3λ, −λ)|λ ∈ R}
3. E3 = {(x, y, z) ∈ R3 |x − 2y = 0}
4. E4 = {(x, y, z) ∈ R3 |x − 2y = 0 et y + z = 0}
5. E5 = {(x, y, z) ∈ R3 |x − 2y = 0 ou y + z = 0}
6. E6 = {(3λ, −λ, 2λ)|λ ∈ R}
Exercice 6. (Facultatif)
Soit E un K espace vectoriel et F et G deux sous-espaces vectoriels de E .
Montrer que F ∪ G est un sous-espace vectoriel de E si et seulement si F ⊂G ou G ⊂ F .
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TD 4-5
Exercice 7.
Soit F et G deux sous espaces vectoriels d’un espace vectoriel E .
1. Que peut on dire de a ∈ E si F ∩ G = {a}.
2. Que peut on dire de F et G si F ∪ G = E .
Exercice 8.
Soit F = {f : R → R | f (x) = ax + b,
a ∈ R, b ∈ R} et
2
G = {f : R → R | f (x) = ax + bx, a ∈ R, b ∈ R}
1. Montrer que F et G sont des sous espaces vectoriels de l’ensemble des fonctions continues.
2. Déterminer F ∩ G et vérifier que F ∩ G est un espace vectoriel.
3. Déterminer F ∪ G. F ∪ G est il un espace vectoriel ?
4. Mêmes questions avec F = {f : R → R | f (x) = ax + b, a ∈ R, b ∈ R} et
G = {f : R → R | f (x) = ax2 + bx + c, a ∈ R, b ∈ R et c ∈ R}

Exercice 9.
L’ensemble des triplets (x; y; z) tels que x = 0 et 2x + y = 0 est-il un sous-espaces vectoriels de
E?

Exercice 10.
Soit P = {(x, y, z) ∈ R3|x + y + z = 0} et D = {(x, y, z) ∈ R3|x = y = z}. On admet que P et
D sont des sous espaces vectoriels de R3 .
1. Déterminer P ∩ D.
2. Soit ~k un vecteur directeur unitaire de D et soit ~u un vecteur de R3 .
(a) Vérifier que ~u − (~k.~u).~k est dans P
(b) En déduire que P et D sont supplémentaires.
Exercice 11.
Soit E l’ensemble des applications de R dans R.On considère les ensembles :
P = {f ∈ E/f est une fonction paire } et I = {f ∈ E/f est une fonction impaire }
1. Montrer que P et I sont des sous-espaces vectoriels supplémentaires de E .
2. Donner la décomposition dans P ⊕ I des fonctions suivantes : x 7→ ex ; x 7→ ( 1 + x ) 6 ;
x 7→ sin ( x ).

Exercice 12.
Soit F et G deux sous espaces vectoriels d’un espace vectoriel E .
1. Que peut on dire de F et G si ∀x ∈ E, ∃(a, b) ∈ F × G | x = a + b.
2. Que peut on dire de F et G si ∃x ∈ E | ∃!(a, b) ∈ F × G | x = a + b

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TD6
Exercice 13.
Soient u et v deux vecteurs d’un espace vectoriel E , comparer les ensembles suivants :
A = Vect(u, v) B = Vect(−u, v) C = Vect(u + 2v, v) D = Vect(u) E = Vect(u) + Vect(v)
Exercice 14.
Soient u, v deux vecteurs d’un espace vectoriel E .
1. Posons w = u − 2v. (u, v, w) est elle libre ?
2. On suppose que u et v sont des vecteurs non colinéaires. La famille (u, v) est elle libre ?
3. On suppose que u, v et w ne sont pas colinéaires deux à deux. La famille (u, v, w) est
elle libre ?
Exercice 15.
Soit E un espace vectoriel et B = (e1, e2 , e3) une base de E
1. Soit u = 2(e3 − e1 ) + 5e2 , déterminer les coordonnées de u dans la base B.
2. Considérons u(2, −3, 1), v(1, 2, 3) w(−1, −9, −8). La famille des vecteurs (u, v, w) est
elle libre ?
3. Même question avec (u(1, −1, 1), v(2, 1, 3) ,w(−1, 2, 4)).
Exercice 16.
∀u ∈ R2 , montrer que u est combinaison linéaire de (1, 1) et (3, 1).
Exercice 17.
Dans R3 on considère les triplets : a = ( −1; 2; 1 ) , b = ( 0; 1; −1 ) , u = ( 1; 0; −3 )
et v = ( −2; 5; 1 ).
1. Déterminer x pour que ( x; 1; 2 ) soit élément de Vect ( a, b ).
2. Montrer que Vect ( a, b ) = Vect ( u, v ).

TD7-9
Exercice 18.
Soit F = (e1, . . . , en ) et F = vect(F ).
1. F est-elle une base de F ?
2. Quelle condition nécessaire et suffisante doit-on avoir sur F pour que F soit une base
de F ?
Exercice 19.
Les familles suivantes sont-elles génératrices de E ?
— (1,1), (3,1) et E = R2
— (1,0,2), (1,2,1) et E = R3
Les familles suivantes sont-elles libres ?
— (1,1),(1,2) dans R2
— (2, 3),(-6,9) dans R2
— (1,3,1) , (1,3,0), (0,3,1) dans R3
— (1,3), (-1,-2), (0,1) dans R2
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Exercice 20.
Soit (u, v, w) une base d’un R-espace vectoriel E . Parmi les familles suivantes, reconnaître les
familles libres, les familles génératrices, les bases de E .
1. (u, u − 2v + w, −v + w)
2. (u − v, v − w, w − u)
3. (u, u − 2v + w)
Exercice 21.
1. Donner dans R3 un exemple de famille libre qui n’est pas génératrice.
2. Donner dans R3 un exemple de famille génératrice qui n’est pas libre.
Exercice 22.
Montrer que R2 = Vect (( 0; 4 ) , (−1; 2 ) , ( −1; −2 )).
La décomposition d’un élément de R2 est-elle unique ?
Exercice 23.
On considère les vecteurs de R4 : u = (1, −2, 4, 1) et v = (1, 0, 0, 2).
1. Déterminer Vect (u, v).
2. Compléter le système (u, v) en y adjoignant deux vecteurs de la base canonique de R4
de façon à obtenir une base de R4 .
Exercice 24.
Les espaces vectoriels suivants sont-ils de dimension finie ou infinie ? Donner la dimension des
espaces vectoriels de dimension finie.
1. Le sous-espace vectoriel de R3 d’équation 2x − 3y = 0.
2. Les solutions d’une équation différentielle linéaire homogène du second ordre à coeffi-
cients constants.
3. Les polynômes de degrés inférieurs ou égal à n.
4. L’ensemble des polynômes.
Exercice 25.
1. Déterminer la dimension de C considéré comme un R espace vectoriel.
2. Déterminer la dimension de C considéré comme un C espace vectoriel.
Exercice 26.
On se place dans le R-espace vectoriel E = R3 . Dans chaque cas ci-dessous, déterminer une
base et un supplémentaire du sous-espace vectoriel F tel que :
1. F = V ect(−
→u ,→
−v ) où −u = (1, 1, 0) et −
→ v = (2, 1, 1).

2. F = V ect( u , v , w ) où u = (−1, 1, 0), →

− →
− →
− →
− v = (2, 0, 1) et −
− w = (1, 1, 1).

3. F = {(x, y, z) ∈ R /x − 2y + 3z = 0}
3

Exercice 27.
SoitF et G les sous-ensembles de R3 définis par : (x, y, z) ∈ R3 /x + y + z = 0 et

F =
G = {(λ, λ, λ) /λ ∈ R}

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1. Montrer que F et G sont des sous-espaces vectoriels de R3 dont on donnera une base.
2. Montrer que F et G sont supplémentaires.
Exercice 28.
On considère les vecteurs de R4 : v1 = (2, 1, 3, 4) , v2 = (0, 1, 0, 1), v3 = (2, 2, 3, 0) et
v4 = (2, −1, 3, 7)
Soit E le sous-espace vectoriel de R4 engendré par : ( v1 , v2 , v3 , v4 ).
1. Montrer que ( v1, v2 , v3 ) est une base de E et donner les coordonnées de v4 dans cette
base.
2. Déterminer un vecteur v5 tel que ( v1, v2, v3, v5 ) soit une base de R4.
3. En déduire un supplémentaire F de E dans R4.
Exercice 29.
Dans R4 on considère les vecteurs − u = (1, 0, 1, 0), −
→ v = (0, 1, −1, 0),

w = (1, 1, 1, 1), −

− x = (0, 0, 1, 0) et −
→ y = (1, 1, 0, −1). Soient F = V ect(−
→ →
u ,−
→ w ) et
v ,−

G = V ect( x , y ).

− →

Quelles sont les dimensions de F, G, F + G, F ∩ G ?
Exercice 30.
Déterminer le rang de la famille suivante :
Dans R4, F = (v1, v2, v3, v4 ) avec v1 = (0, 1, 1, 1) , v2 = (1, 0, 1, 1), v3 = (1, 1, 0, 1) et
v4 = (1, 1, 1, 0)

Exercice 31.
Déterminer suivant la valeur de x, le rang de la famille suivante :
x1 = (1, x, −1) , x2 = (x, 1, x) , x3 = (−1, x, 1)

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