Cours MEF-MSD-ANSYS Commun Chapitre 1-2-3 - 2023

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 23

Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

MODELISATION ET SIMULATION
MULTIPHYSIQUE
Objectifs :

- Apprendre et comprendre les approches et les concepts de base de la modélisation


des systèmes multiphysique, en particulier, en mécanique des structures, transferts
thermiques, en mécanique des fluides et leur interaction
- Maîtriser les outils modernes de modélisation numérique tels que la méthode des
éléments finis, les volumes finis, différences finies et leurs applications
- Acquérir les compétences nécessaires aux analyses au moyen d’un logiciel
professionnel d’éléments finis tel que ANSYS (projet de type bureau d’étude).

Contenu :

Elément de modules Description du contenu


Application de la méthode des éléments finis à la modélisation
des systèmes déformables
Chapitre 1 : Contexte et importance de la modélisation et de la
simulation numérique dans les projets d’ingénierie
Chapitre 2 : Equations générales de modélisation des systèmes
déformables élastiques
Chapitre 3 : Principes généraux et formulation de la méthode des
éléments finis dans les systèmes déformables
Modélisation et simulation
multiphysique (avec ANSYS) Chapitre 4 - Applications aux structures telles que :
- Les structures de barre 1D, 2D
- Les structures de poutres/portique, 1D, 2D
- Les solides 2D (EPC, EPD)
Méthodes de modélisation CFD (Computational Fluid Dynamics)
Introduction
Chapitre 5 : Equations générales de modélisation des
systèmes énergétiques
Chapitre 6 : Principe général et formalisme de la méthode des
volumes finis
Chapitre 7 : Applications aux systèmes énergétiques
- Modélisation et simulation d’un écoulement autour d’un
profil
- Modélisation et simulation des transferts thermiques
Cette 2ième partie du module est consacrée à un travail de projet
sous forme d’activités pratiques, son organisation est décrite dans
le sous-paragraphe « Modalités d’organisation ».

1
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Charge horaire :

Volume horaire (VH)


Elément(s) du module
Cours TD TP Projet et activités
Evaluation VH global
pratiques
Modélisation et simulation multi- Projet (24h) 4h 52h
physique
10h 14 h

Modalité d’organisation : Cette 2ième partie du module est consacrée à un travail de projet
sur la modélisation et la simulation numérique dans l’environnement du logiciel ANSYS. Le thème du
projet est polyvalent dans le sens d’intégrer différents aspects de modélisation en mécanique des
solides/structures, transferts thermiques, mécanique des fluides et éventuellement leur interaction.
A noter que l’équipe responsable de cette partie est chargée de proposer un sujet d’étude, encadré en
classe. Le projet est à conduire en plusieurs étapes ; les élèves ingénieurs sont tenus à remettre leurs
comptes rendus à la fin de chaque étape.

2
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Chapitre 1 : Contexte et importance de la modélisation et de la simulation


numérique dans les projets d’ingénierie

1.1 Importance et place de la simulation dans l’ingénierie :

Les outils de simulation numérique (ordinateurs, stations de calcul, … ) ont révolutionné le


secteur de l’ingénierie. En effet,

• le dessin industriel (dessin architectural, …) qui a été réalisés à la main sont


remplacés par la notion de dessin assisté par ordinateur (CAO = CAD) en utilisant
les performances graphiques des computers.

• L’analyse et la validation d’une conception (d’un produit quelconque) ont été


réalisées par des calculs manuels (RDM, …), et beaucoup de tests expérimentaux
des laboratoires sont remplacés en grande partie par des simulations numériques
en utilisant la notion de l’ingénierie assistée par ordinateur (CAE = Computer Aided
Engineering) en se servant des logiciels spécifiques (CATIA, SOLIDWORKS,
ANSYS, ABAQUS, …)

• Ensemble, CAD, CAE et la fabrication assistée par ordinateur (CAM = Computer


Aided Manufacturing) ont changé complètement le panorama de l’ingénierie. Par
exemple, une automobile qui a besoin de 5 à 6 ans à produire en partant du design
jusqu’à la production, pourra prendre maintenant pas plus qu’un an en utilisant les
technologies CAD/CAE/CAM.

Schéma synoptique du processus assisté par ordinateur de développement d’un produit

• Parmi les outils de calcul automatisé (computational tools), la méthode des éléments
finis (MEF, ou FEM = Finite Element Method ou FEA=Finite Element Analysis) est
la méthode la plus largement appliquée, et parmi les plus puissants outils modernes
disponibles dans le monde de la modélisation.

Résumé : La méthode FEA constitue une approche virtuelle pour tester la conception d’un
produit. Elle aide les utilisateurs à comprendre leurs propositions de conception et réaliser à
temps les changements qu’il faut dans leurs conceptions le long du processus de
développement. L’adoption de FEA dans le cycle de production est guidée par la pression du
marché puisqu’il apporte de nombreux avantages qui aident les compagnies à réaliser leurs
produits avec une qualité meilleure, moins de délais et moins de coût.
3
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

1.2. Quelques applications de la FEM dans l’ingénierie

Cette méthode pourra être appliquée pour résoudre les modèles mathématiques traduisant les
problèmes d’ingénierie : de l’analyse des contraintes dans les structures de type treillis et
portiques ou des machines complexes et leurs composants, aux réponses dynamiques des
automobiles, trains, ou avions, sous différentes charges mécaniques, thermiques ou
électromagnétiques, et en considérant différents comportements (mécanique, thermique,
électromécanique, thermomécanique, …) des composants du système modélisé.

Dans l’industrie, les applications de la FEM sont très variées et intéressent tous les secteurs de
l’industrie moderne, allant de l’automobile, l’aérospatial, la défense, les produits de
consommations (bouteilles, …) et des équipements industriels à l’énergie, transport et la
construction. Nous citons des exemples d’application variés :

Structures et mécanique des solides déformables :

Offshore structures : Les structures offshores sont généralement de grande taille (géantes),
complexes et très coûteuse, elles sont également soumises à des charges complexes telles
que les poids, les actions du vent, les pressions causées par la houle (action des vagues). Ainsi,
l’analyse de fiabilité (analyse des contraintes, déplacement, résistance des composants,
analyse vibratoire, …) et leur optimisation sont nécessaires.

Offshore est un terme anglais désignant à l'origine les activités


qui se déroulent au large des côtes. Il peut s'appliquer à plusieurs
domaines :
- Dans le domaine de l'industrie pétrolière, offshore ou offshore
désigne la recherche et l'exploitation de pétrole en mer,
généralement sur une plate-forme pétrolière.
- Dans le domaine de l'éolien, offshore désigne l'exploitation
d'éoliennes en mer pour la production d'électricité.

Onshore est un terme anglais qui désigne l'exploration, la


recherche, un forage, une production à terre ou un gisement de
pétrole à terre, par opposition aux exploitations offshore.

4
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Transport et stockage :
Dans l’ingénierie, les équipements
industriels tels que ceux de transport et
de stockage constituent un domaine très
intéressant de l’industrie. Entre autres,
on se retrouve avec des appareils à
pression (réservoir sous pression,
conduites, …) qu’il faut concevoir avec
optimisation et un grand niveau de
fiabilité et de sécurité. Pour cet objectif,
on adopte la simulation multiphysique :
mécanique des structures, écoulement
des fluides, effet thermique,
thermomécaniques, …

N.B.- Enrichir votre culture : pour dimensionner et/ou vérifier les composants dits « Appareil à
pression : réservoir, tuyauterie, … », on se base sur les règlements, les normes CODAP et
ASME (American Society of Mechanical Engineers.

Simulation des chocs : crash simulation


La résistance au choc, l’amortissement et l’absorption des chocs sont des critères tout le temps
recherchés pour qualifier les performances des systèmes en mouvement qui peuvent être en
collision avec d’autres tels que les véhicules, les avions, … La simulation numérique de ce
phénomène complexe (géométrie complexe, matériau complexe, rapidité du mouvement, …)
permet de déduire sur la capacité d’amortir et d’absorber le choc, … , choix des matériaux, …

Interaction solide/solide :

Modèle de roue et de pneu comme exemple : Analyse par


simulation numérique du comportement de l’interaction (contact
avec frottement) du couple pneu/chaussée dans l’objectif
d’obtenir des meilleures performances de la tenue des véhicules
sur leurs chemins (routes) lors de la conduite et lors du freinage

Simulation en thermique et en
thermomécanique :
5
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Un échangeur de chaleur ou échangeur


thermique (chaudière, radiateur, …) est un
équipement permettant de transférer un flux de
chaleur d'un fluide chaud à un fluide froid, sans
les mélanger, à travers une paroi. Le flux
thermique traverse la surface d'échange qui
sépare les fluides.

C’est un bon exemple dans lequel


la simulation pourra guider le
concepteur à choisir les meilleures
dimensions et déterminer les
meilleurs paramètres de
fonctionnement tels que la
température, les pressions et les
vitesses des écoulements.
(L’exemple ci-contre concerne
l’échangeur à tubes et calandre).

Simulation en mise en forme par déformation plastique :

Etude et simulation
numérique du forgeage à
froid d’une roue à billes*

*Sujet de PIFE : réalisé à


l’ENSAM France en 2006 par
les 2 élèves ing :
S. Oubourhim &
Y. ElArfaoui

Objectif : Conception d’une


gamme de forgeage à froid
optimale d’une pièce
maitresse pour la fabrication
en grandes séries de 500
000 unités par mois.

Dévidoir de la ceinture de sécurité automobile

6
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Simulation en électromagnétisme :
En se basant sur les équations de Maxwell, les logiciels de calcul numérique (utilisant la
méthode des éléments finis et d’autres logiciels) permettent de réaliser la simulation des
champs électromagnétiques dans les machines électriques et des composants
électromécaniques (voir ANSYS par exemple Module Maxwell).
Ces simulations ont pour objectifs entre autres, l’amélioration des performances
électromagnétiques et du rendement. En combinaison avec les simulations thermique,
mécanique, et vibro-acoustique, la simulation électromagnétique permet l’optimisation, les
études paramétrique, l’analyse de sensibilité, ….

7
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Simulation aéraulique : c’est une


simulation en mécanique des fluides, ce domaine
de l’ingénierie est très intéressant, il aide à la conception optimale des composants en
mouvement dans l’air : c’est le cas des engins aériens (avion, missile, ailes d’une éolienne, …),
des véhicules, ….., ou dans un milieu aquatique.

Ecoulement d’un fluide en


présence d’un obstacle (cas
d’une vanne par exemple)

Simulation de
l’écoulement de l’air
par rapport à un
camion (Fig.) en
utilisant le logiciel
Fluent (sous logiciel
d’ANSYS), on y voit
très bien les lignes de
courant. Ces
simulations permettent
de déterminer le
champ de pression sur
les différentes parties
de l’engin (pression,
dépression) pour des
vitesses variées. Ça
permet aussi de
conclure sur le meilleur
1
comportement de la face avant du véhicule (coefficient 𝐶𝑥 : force aérodynamique = 2 𝜌𝑆𝐶𝑥 𝑣 2).

Remarque : Les applications de la FEM sont étendues aux sciences des matériaux, ingénierie
biomédicale, géophysique et à d’autres secteurs de l’industrie.
8
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

1.3 Place de la MEF dans le processus d’aide à la conception

[Source Technique de l’ing : Encycopédie] : L‘activité de conception/reconception est un


processus complexe de création. Elle consiste à élaborer un produit ou un système
conformément aux exigences d’un client, et dans le respect de certaines règles ou normes, ce
qui revient à borner le domaine de création du produit. Elle se doit en outre de garantir la
rentabilité financière de l’entreprise.
L’élaboration d’un cahier des charges fonctionnel (CdCF) permet d’appréhender la complexité
du projet par une structuration en fonctions et contraintes auxquelles sont associés des critères
d’appréciation, en précisant leur niveau et leur flexibilité. Certaines de ces fonctions et
contraintes vont plus particulièrement nous intéresser ici. Ce sont celles qui font référence au
comportement mécanique, thermique, électrique ou électromagnétique du produit. Mais
qu’elles aient été ou non formulées dans un CdCF, ces fonctions et contraintes à caractère
comportemental sont présentes dans tout projet et il est nécessaire de disposer d’outils et de
méthodes pour concevoir un produit capable de les satisfaire. En ce qui concerne le
comportement mécanique du produit, l’ingénieur ou le concepteur dispose d’un large éventail
de méthodes dont notamment :

• les méthodes basées sur des connaissances « métiers » telles que des abaques, lois
empiriques, banques de données, etc. ;
• les méthodes de calcul simplifiées telles que la résistance des matériaux ;
• les méthodes de calcul plus élaborées, généralement supportées par l’outil
informatique, la méthode des éléments finis (MEF) étant la plus largement utilisée ;
• les méthodes d’optimisation.
[Technique de l’ingénieur : fin du texte]
=========================================================

Les projets d’ingénierie sont souvent décrits en termes d'équations différentielles formulées en
combinaison avec les équations de comportement (Rhéologie) des milieux analysés :

• En mécanique : les équations de la MMC (équations d’équilibre, équations


déformations-déplacements, équations de comportement
• En thermique : les équations de transfert de chaleur
• En vibrations : les équations de la dynamique, analyse modale
• En électromagnétisme : Equations de Maxwell, ….
• En mécanique des fluides : équations de Navier-Stocks, …
• En thermomécanique : Equations de la MMC, couplées avec celles de la thermique (par
exemple : Mise en forme par déformation plastique à chaud, usinage, …), et celles de
la tribologie, …
• En …..

En conclusion, les projets d’ingénierie sont des problèmes multiphysiques !

Bref, résoudre un problème d’ingénierie revient à résoudre un ensemble d’équations


différentielles sous des conditions sur la frontière (conditions aux limites) ou conditions initiales.
Les problèmes d’ingénierie posés actuellement sont rendus complexes par le fait qu’on cherche
tout le temps à réduire la matière d’avantage, réduire le coût, des formes géométriques
complexes, esthétique, ….

9
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Or les méthodes analytiques ou semi-analytiques, qui ont été utilisées pour longtemps, ne sont
plus commodes et ne sont plus capables de résoudre les problèmes actuels, ça sera très difficile
voire impossible d’arriver à résoudre ces problèmes actuels.

C’est pourquoi, les concepteurs, les fabricants, les designers, … sont en recherche continue
des méthodes et des outils pour résoudre leurs problèmes issus de leurs projets. Cette
population dispose devant elle toutes les performances géniales des ordinateurs, on s’est
orienté il y a un peu de temps dans la voie de la simulation numérique. Tout le monde le connait,
déjà les logiciels de type Solidworks ou CATIA en tant que logiciels de CAO et CFAO ont montré
leur pertinence et leur intérêt crucial.
Les logiciels de simulation numérique se basent sur des méthodes numériques permettant de
trouver des solutions aux problèmes complexes avec une très bonne approximation. On en
distingue principalement la méthode des éléments finis (MEF ou FEM ou FEA).

Nos objectifs à travers cet élément de module consistent donc à :

• montrer l’importance de la simulation dans le processus de développement des produits


nouveaux ou à reconcevoir
• montrer de façon simple, mais rigoureuse, le fonctionnement des calcul par éléments
finis adoptés dans la résolution des problèmes de systèmes déformables, transferts
thermiques et en mécanique des fluide.

Quelques logiciels de calcul numérique disponibles dans le marché pour la modélisation et la


simulation multiphysique :

- ABAQUS
- ANSYS
- NASTRAN
- MARC
- SAMCEF
- …..

=======
ANSYS :

10
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

METHODE DES ELEMEENTS FINIS APPLIQUEE


AUX SOLIDES DEFORMABLES

Chapitre 2 : Equations générales de modélisation des systèmes déformables


élastiques

Actuellement, on perçoit l’existence d’une quantité énorme de logiciels de simulation


numérique en mécanique des solides déformables (ANSYS, ABAQUS, SAMCEF, …), basés
essentiellement sur la méthode des éléments finis. Dans le présent document, nous
présenterons une description brève mais concise de cette méthode qui est devenue un outil
pertinent pour la vérification de la résistance des structures mécaniques et aussi pour
l’optimisation lors de la conception d’un système mécanique. Pour une question de simplicité,
on ne présentera que le cas statique.

2.1. Cadre spatial et temporel pour les structures mécaniques

La structure solide étudiée est représentée par un volume 𝛺 (Elément de volume : 𝑑𝛺 =


𝑑𝑥1 𝑑𝑥2 𝑑𝑥3 ) de frontière 𝑆 = 𝜕𝛺, de normale extérieur 𝑛⃗. Tout point 𝑀 de la structure est
⃗⃗ = 𝑥1 𝑒1 + 𝑥2 𝑒2 + 𝑥3 𝑒⃑3. La structure 𝛺 est soumise à des
représenté par son vecteur position : 𝑂𝑀
forces de volumes 𝑓 (exemples le poids propre : 𝑓̄ = −𝜌𝑔). La frontière 𝑆 = 𝜕𝛺 est composée
̄
en deux parties 𝑆𝑢 et 𝑆𝜎 telles que :

• Partie 𝑆𝑢 où les conditions cinématiques sont imposées (encastrement, appui, …)


• Partie 𝑆𝜎 où les conditions statiques sont imposées (ex : pression 𝑝), notées 𝑡̄.

Variables cinématiques :

- Champ de déplacement (vecteur): 𝒖 ⃗⃗⃗ − 𝑶𝑴


⃗ = 𝑶𝑴 ⃗⃗⃗ 𝟎 (Position actuelle-position de
référence)
𝜀11 𝜀12 𝜀13
- Champ de déformation (tenseur) : 𝜀 = (𝜀21 𝜀22 𝜀23 )
𝜀31 𝜀32 𝜀33
Variables statiques :

- Champ des vecteurs des contraintes (vecteur), appliqué sur une facette de
normale 𝑛⃗ orientée vers l’extérieur est donné par : 𝑡 = 𝜎(𝑀). 𝑛⃗ (3 composantes)
11
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

𝜎𝑥𝑥 𝜏𝑥𝑦 𝜏𝑥𝑧


- Champ des tenseurs des contraintes (tenseur) : 𝜎 = (𝜏𝑥𝑦 𝜎𝑦𝑦 𝜏𝑦𝑧 ),
𝜏𝑥𝑧 𝜏𝑦𝑧 𝜎𝑧𝑧
𝜎11 𝜏12 𝜏13
ou 𝜎 = (𝜏21 𝜎22 𝜏23 )
𝜏31 𝜏32 𝜎33

2.2. Relations et conditions de compatibilité

• Conditions de bord (sur 𝑆𝑢 ) :


𝑢1 = 𝑢̄ 1 ; 𝑢2 = 𝑢̄ 2 ; 𝑢3 = 𝑢̄ 3 (𝑢̄ 1 , 𝑢̄ 2 ou 𝑢̄ 3 : valeurs connues du vecteur dépl sur 𝑆𝑢 )
• Conditions au sein du corps (dans 𝛺), en tenant compte de l’hypothèse HPP (dite aussi
HPD*) :

𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕𝑢 𝜕𝑢3 𝜕𝑢 𝜕𝑢1 𝜕𝑢
𝜀1 = 𝜕𝑥1 ; 𝜀2 = 𝜕𝑥2 ; 𝜀3 = 𝜕𝑥3 ; 𝛾23 = 𝜕𝑥2 + 𝜕𝑥3 ;𝛾31 = + 𝜕𝑥1 ;𝛾12 = + 𝜕𝑥2
1 2 3 3 2 𝜕𝑥1 3 𝜕𝑥2 1

*Dans le cadre d’une théorie linéarisée – dite «Hypothèse des petites déformations HPD ou
𝜕𝑢𝑘 𝜕𝑢𝑘
petites perturbations HPP » - l’infiniment petit du 2ième ordre ( . 𝜕𝑥 ) est négligé par
𝜕𝑥𝑖 𝑗

rapport à ceux du premier ordre. Les composantes du tenseur des déformations se


1 𝜕𝑢 𝜕𝑢
réduisent alors à : 𝜀𝑖𝑗 = 2 (𝜕𝑥 𝑖 + 𝜕𝑥𝑗 ). On rappelle que l’expression du tenseur des
𝑗 𝑖

déformations en fonction du champ de déplacement est donnée par (cours MMC, 3A


ENSAM) :
1 𝜕𝑢𝑖 𝜕𝑢𝑗 𝜕𝑢𝑘 𝜕𝑢𝑘
𝜀𝑖𝑗 = ( + + . )
2 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑖 𝜕𝑥𝑗

Définition : Tout champ de déplacement 𝑢 (continûment dérivable) vérifiant les relations


déformations déplacement (équations précédentes) est appelé champ de déplacement
cinématiquement admissible (c.a) (ou cinématiquement compatible).

Notation : Le tenseur des déformations est symétrique d’ordre 2. Il est constitué de 6


composantes indépendantes.

Notation Notation Notation Notation


tensorielle contractée tensorielle contractée Le tenseur des déformations
𝜀11 𝜀1 𝛾23 = 2𝜀23 𝜀4 pourra être noté en notation
tensorielle (sous forme d’une
𝜀22 𝜀2 𝛾31 = 2𝜀31 𝜀5 matrice) ou en notation contactée
sous forme de vecteur tel que :
𝜀33 𝜀3 𝛾12 = 2𝜀12 𝜀6
𝜀 𝑇 = (𝜀1 , 𝜀2 , 𝜀3 , 𝜀4 , 𝜀5 , 𝜀6 )

12
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

2.3. Relations et conditions d’équilibre

On rappelle que le système déformable 𝛺 est soumis à des forces de volume 𝑓̄ et à des forces
de traction imposées 𝑡̄ sur 𝑆𝜎 de la frontière de 𝛺. Les tensions internes (i.e. les contraintes)
doivent respecter les équations d’équilibre locales telles que :

• Conditions de bord (sur 𝑆𝜎 ) :


𝑡 = 𝜎. 𝑛⃗ = 𝑡̄ sur 𝑆𝜎 (𝑡̄ : vecteur connu sur 𝑆𝜎 )
• Conditions au sein de la structure (dans 𝛺) :

𝜕𝜎1 𝜕𝜏12 𝜕𝜏31


+ + + 𝑓̄1 = 0,
𝜕𝑥1 𝜕𝑥2 𝜕𝑥3
𝜕𝜏12 𝜕𝜎2 𝜕𝜏23
+ 𝜕𝑥 + + 𝑓̄2 = 0
𝜕𝑥1 2 𝜕𝑥3
𝜕𝜏13 𝜕𝜏23 𝜕𝜎3
+ + 𝜕𝑥 + 𝑓̄3 = 0
𝜕𝑥1 𝜕𝑥2 3

Notation : Le tenseur des contraintes est aussi symétrique tout comme le tenseur des
déformations. Ce qui permet de passer à une notation contractée telle que :

Notation Notation Notation Notation


tensorielle contractée tensorielle contractée Le tenseur des contraintes pourra
𝜎11 𝜎1 𝜎23 = 𝜏23 𝜎4 être noté en notation tensorielle
(sous forme d’une matrice) ou en
𝜎22 𝜎2 𝜎31 = 𝜏31 𝜎5 notation contactée sous forme de
vecteur tel que :
𝜎33 𝜎3 𝜎12 = 𝜏12 𝜎6
𝜎 𝑇 = (𝜎1 , 𝜎2 , 𝜎3 , , 𝜎4 , 𝜎5 , 𝜎6 )

Définition : Tout champ de contraintes 𝜎 qui vérifie les relations et conditions d’équilibre est
appelé champ de contrainte statiquement admissible (SA ou sa).

2.4. Equations du comportement du matériau : Elasticité linéaire isotrope

Le comportement élastique linéaire isotrope est résumée sous forme de la loi de Hooke
généralisée qui s’écrit comme suit (rappel) :

1 −𝜈 −𝜈
0 0 0 𝜆 et G : appelés coefficients de Lamé
𝜀1 𝐸 𝐸 𝐸 𝜎1
−𝜈 1 −𝜈 E : module d’élasticité longitudinale
𝜀2 0 0 0 𝜎2 (module d’Young)
𝜀3 𝐸 𝐸 𝐸 𝜎3 𝜈 : coefficient de Poisson
= −𝜈 −𝜈 1 G : module de cisaillement transversal de
𝜀4 0 0 0 𝜎4
𝜀5 𝐸 𝐸 𝐸 𝜎5 Coulomb
0 0 0 1/𝐺 0 0
{𝜀6 } {𝜎6 }
0 0 0 0 1/𝐺 0
[0 0 0 0 0 1/𝐺]
13
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

1+𝜈 𝜈
ou en notation indicielle : 𝜀𝑖𝑗 = ( 𝜎𝑖𝑗 − 𝐸 𝜎𝑘𝑘 𝛿𝑖𝑗 )
𝐸

δij= 1 si i = j
𝜎𝑖𝑗 = 𝜆𝜃𝛿𝑖𝑗 + 2𝐺𝜀𝑖𝑗 où 𝜃 = 𝑇𝑟(𝜀) = 𝜀1 + 𝜀2 + 𝜀3 et 𝛿𝑖𝑗 : (symbole de Kroneker) δij= 0 si i # j

𝜈𝐸 𝐸
avec 𝜆 = (1+𝜈)(1−2𝜈) et 𝐺 = 2(1+𝜈)

Plus explicitement, sous forme matricielle :

𝜎1 𝜆 + 2𝐺 𝜆 𝜆 0 0 0 𝜀1
𝜎2 𝜆 𝜆 + 2𝐺 𝜆 0 0 0 𝜀2
𝜎3 𝜆 𝜆 𝜆 + 2𝐺 0 0 0 𝜀3
=
𝜎4 0 0 0 𝐺 0 0 𝜀4
𝜎5 0 0 0 0 𝐺 0 𝜀5
{𝜎6 } [ 0 0 0 0 0 𝐺 ] {𝜀6 }

Remarque : Les lois de comportement élastique isotrope sont applicables dans n’importe
quel repère orthonormé du corps solide en question.

Les cas particuliers : établir les relations contraintes-déformations et leurs inverses dans les trois
cas particuliers suivants :

• Etat plan de déformation (EPD)


• Etat plan de contraintes (EPC)
• Etat axisymétrique (EAXI)

Expression en fonction de l’énergie de déformation élastique :

Cas unidimensionnel : Considérons le cas de traction simple d’une éprouvette. La loi de Hooke
s’écrit :
𝜎
𝜎 = 𝐸𝜀 ou 𝜀 = 𝐸

𝐸𝜀 2
La quantité 𝑈(𝜀) = 2 est fonction des déformations. On l’appelle « densité d’énergie de
déformation » (c’est une quantité scalaire définie par unité de volume : J/m3)

Conséquence : La loi de Hooke peut être mise sous la forme d’une « loi de gradient », dite aussi
« loi de normalité » :
𝜕𝑈(𝜀)
𝜎= 𝜕𝜀

Généralisation : La loi d’élasticité linéaire isotrope s’écrit dans le cas général comme suit :

𝜕𝑈(𝜀) 𝜕𝑈(𝜀)
𝜎𝑖 = ou 𝜎𝑖𝑗 =
𝜕𝜀𝑖 𝜕𝜀𝑖 𝑗

1
avec, la fonction U est donnée par son expression générale : 𝑈 = 2 𝐶𝑖𝑗 𝜀𝑖 𝜀𝑗 (la matrice C est
symétrique).
14
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

2.5. Synthèse - Problématique : L’ingénieur est demandé de concevoir, dimensionner, vérifier


les dimensions des structures des machines, des structures de construction (structure =
système déformable) :

Données du problème :
- Données du matériau (ou des matériaux) : 𝐸, 𝜗, 𝜌, …., constituant le
système déformable
- Géométrie (long, largeur, épaisseur, ...)
- Actions extérieures : poids propre, forces et couples (charges utiles),
pressions, …
- Les conditions de liaison avec le support

On dispose d’un ensemble d’équations telles que :

• lois de la cinématique :
Relations et conditions de compatibilité satisfaites par
les variables cinématiques
• lois de la statique :
Relations et conditions d’équilibre satisfaites par
les variables statiques

• lois des matériaux (locales) :

Relations constitutives entre


les variables cinématiques et statiques

Comment résoudre un tel problème de structure dans toute sa


généralité ?

• Géométrie complexe,
• Chargement complexe,
• Matériaux complexes,
• Environnement agressif,
• …..

Ça sera l’objet des chapitres suivants !

15
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Chapitre 3 : Principes généraux et formulation de la méthode des éléments finis


dans les systèmes déformables

N.B. La lecture de ce chapitre doit faire référence au chapitre précédent (chapitre 2).

3.1 Principe des travaux virtuels

Soient 𝑢 un champ de déplacement cinématiquement admissible et 𝜎 un champ des


contraintes statiquement admissible. La formule de Green s’écrit pour le couple (𝑢, 𝜎) :

∫ 𝜎𝑖𝑗 . 𝜀𝑖𝑗 (𝑢) 𝑑𝛺 = ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 + ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆 + ∫ 𝑡(𝜎). 𝑢̄ 𝑑𝑆


𝛺 𝛺 𝑆𝜎 𝑆𝑢

soient à nouveau : 𝑢𝑐 est cinématiquement admissible

La formule de Green s’écrit pour le couple (𝑢𝑐 , 𝜎) :

∫ 𝜎𝑖𝑗 . 𝜀𝑖𝑗 (𝑢𝑐 ) 𝑑𝛺 = ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑐 𝑑𝛺 + ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑐 𝑑𝑆 + ∫ 𝑡(𝜎). 𝑢̄ 𝑑𝑆


𝛺 𝛺 𝑆𝜎 𝑆𝑢

D’où, en effectuant la différence des deux formes intégrales, la relation suivante, dite équation
des travaux virtuels ou principe des travaux virtuels, est obtenue :

∫ 𝜎𝑖𝑗 . (𝜀𝑖𝑗 (𝑢𝑐 ) − 𝜀𝑖𝑗 (𝑢)) 𝑑𝛺 = ∫ 𝑓̄. (𝑢𝑐 − 𝑢)𝑑𝛺 + ∫ 𝑡̄. (𝑢𝑐 − 𝑢)𝑑𝑆
𝛺 𝛺 𝑆𝜎

On pose : 𝛿𝑢 = 𝑢𝑐 − 𝑢 : déplacement virtuel (déplacement fictif) (𝛿𝑢 = 0 sur 𝑆𝑢 )


𝛿𝜀 = 𝜀𝑖𝑗 (𝑢𝑐 ) − 𝜀(𝑢)

• Le principe des travaux virtuels s’écrit sous la forme condensée :

𝛿𝑊𝑒𝑥𝑡 (𝛿𝑢) = 𝛿𝑊𝑖𝑛𝑡 (𝛿𝑢)

• Un deuxième principe pourra aussi être obtenu en considérant les variation des
contraintes à la place des déplacements, on l’appelle principe des travaux virtuels
complémentaire (ce principe ne fera pas l’objet de la suite de ces développements).

3.2. Formulation variationnelle (Principes variationnels)

Les formulations variationnelles permettent de caractériser la solution au problème aux limites


posé par un critère de minimisation de l’énergie potentielle de déformation totale. Elles sont
aussi, comme les principes des travaux virtuels, constituées par deux approches statique et
cinématique. Nous rappelons que l’objectif principal de l’établissement de ces formulations
variationnelles est l’accès aux formulations par les méthodes numériques sur ordinateur,
essentiellement la méthode des éléments finis.
16
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Définition du Problème aux limites (PL) :

On considère un solide déformable 𝛺, soumis à des forces de volume 𝑓̄, de frontière 𝑆 = 𝜕𝛺.
Cette frontière est composée en deux parties 𝑆𝑢 et 𝑆𝜎 telles que :

• 𝑢𝑐 = 𝑢̅̄ sur la partie 𝑆𝑢 de la frontière


• 𝑡(𝜎 𝑠 ) = 𝜎 𝑠 . 𝑛 = 𝑡̄ sur la partie 𝑆𝜎 de la frontière

On définit :

• l’ensemble 𝐾𝑢 des champs de déplacement cinématiquement admissibles (c.a) ou


compatibles tels que :

1 𝜕𝑢𝑖𝑐 𝜕𝑢𝑗𝑐
𝜀𝑖𝑗 (𝑢𝑐 ) = ( + ) dans 𝛺 et 𝑢𝑐 = 𝑢̄ sur 𝑆𝑢
2 𝜕𝑥𝑗 𝜕𝑥𝑖

• l’ensemble 𝐾𝜎 des champs de contraintes statiquement admissible (s.a) tels que :

𝑑𝑖𝑣𝜎 𝑠 + 𝑓̄ = 0 dans 𝛺 et 𝑡(𝜎 𝑠 ) = 𝜎 𝑠 . 𝑛 = 𝑡̄ sur la partie 𝑆𝜎

En plus, on suppose que le comportement mécanique du matériau, basé sur l’existence des
potentiels d’énergie de déformation, puisse être décrit au moyen de la loi de normalité telle
𝜕𝑈(𝜀)
que, 𝜎 = 𝜕𝜀 , où U représente le potentiel (ou énergie) de déformation par unité de volume.
Dans le cas du matériau élastique (anisotrope, …), cette grandeur est donnée par l’expression
suivante :
𝜀 𝜀 𝜀
1 1
𝑈(𝜀) = ∫ 𝜎𝑖𝑗 𝑑𝜀𝑖𝑗 = ∫ 𝜎𝑖 𝑑𝜀𝑖 = ∫ 𝐶𝑖𝑗 𝜀𝑗 𝑑𝜀𝑖 = 𝐶𝑖𝑗 𝜀𝑗 𝜀𝑖 = 𝜀 𝑇 𝐶𝜀
0 0 0 2 2

En résumé : Le comportement global du corps solide déformable 𝜴 sous l’effet des sollicitations
extérieures imposées peut être déterminé en résolvant le problème aux limites suivant :

Problème aux limites (PL) :


Trouver (𝑢, 𝜎) tels que les relations suivantes soient satisfaites :

• Compatibilité : 𝑢 ∈ 𝐾𝑢 (𝑢 est c.a)


𝜕𝑈(𝜀)
▪ Loi du matériau : 𝜎 = 𝜕𝜀

• Equilibre : 𝜎 ∈ 𝐾𝜎 (𝜎 est s.a)

2.2 Principe de variation des déplacements

Dans cette approche, les conditions de compatibilité sont satisfaites à priori de manière exacte
« conditions essentielles ». Les conditions d’équilibre sont obtenues à posteriori comme
équations de variation d’Euler-Lagrange « conditions naturelles.»
17
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Théorème : Si (𝑢, 𝜎) est solution du problème aux limites (PL), 𝑢 est solution du
problème variationnel suivant :

Trouver 𝑢 ∈ 𝐾𝑢 tel que :


La fonctionnelle d’énergie de déformation totale définie par :

𝛷(𝑢𝑐 ) = ∫ 𝑈(𝜀(𝑢𝑐 )) 𝑑𝛺 − ∫ 𝑓̄ . 𝑢𝑐 𝑑𝛺 − ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑐 𝑑𝑆


𝛺 𝛺 𝑆𝜎

est minimum parmi tous les champs 𝑢𝑐 ∈ 𝐾𝑢


𝛷(𝑢𝑐 ) est appelé énergie potentielle totale.

Ce théorème est connu usuellement sous le nom de « principe de minimum de l’énergie


potentielle » ou « principe de stationnarité de l’énergie potentielle ». Ce principe se traduit par
la condition de stationnarité : 𝛿𝛷(𝑢) = 0. Cette condition permet de déterminer le champ de
déplacement pour lequel 𝛷 est minimum.

3.3 Formulation générale de la Méthode des éléments finis (MEF) : aspect général

Tout d’abord : c’est quoi le problème ?

Le problème est le suivant : Déterminer en tous les points du système déformable


étudié :

- les valeurs des déplacements, ça revient à identifier la configuration déformée (c’est la


déformée sous les charges imposées)
- les valeurs des déformations (à comparer avec les valeurs admissibles)
- les valeurs des contraintes normales et tangentielles, des contraintes principales, des
contraintes équivalentes de von Mises , de Tresca, Mohr-Coulomb, Drucker-Prager, …,
ça permettra de vérifier la résistance de la structure (fiabilité structurelle)
- les valeurs des forces et couples de réaction : conception et dimensionnement des
appuis

Dans une formulation variationnelle « type déplacement » : les déplacements représentent


les inconnues primaires, on en déduit les déformations (relations déformations-
déplacement), puis les contraintes au biais des relations de comportement du matériau.

3.4 Forme discrétisée de l’énergie potentielle

La résolution d’un problème de mécanique des solides déformables passe par différentes
étapes (voir ci-dessus). Après avoir identifié le type de la structure à étudier, on doit réaliser
l’opération de maillage (meshing) qui consiste à subdiviser cette structure en un nombre fini
𝑛𝑒 d’éléments finis. Une définition primitive du concept d’élément fini pourra être : un élément
fini est une subdivision ou une sous structure, caractérisé par ses nœuds et ses degrés de liberté
par nœud. Soit 𝛺 l’espace occupé par la structure déformable (volume, surface ou ligne ; ça
dépend de la structure) et 𝛺𝑒 celui de l’élément fini numéro 𝑒, lors du maillage, on doit
respecter la condition : 𝛺 =∪ 𝛺𝑒 de telle façon, qu’on ne doit pas avoir ni recouvrement ni

18
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

𝑒 𝑛
ouverture entre les éléments. Cette condition nous garantit l’égalité 𝛺 = ∑𝑒=1 𝛺𝑒 . On pourra
réaliser des intégrales globalement correctes.

Un exemple détaillé de maillage :

Données du maillage de l’exemple : (listes incomplètes !, juste pour illustration)

=======================================
Rappelons l’expression de la fonctionnelle d’énergie potentielle :

𝛷(𝑢) = ∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆


𝛺 𝛺 𝑆𝜎

En tenant en compte d’un maillage de la structure en 𝑛𝑒 éléments finis, la fonctionnelle


discrétisée s’écrit :
19
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

𝑛𝑒 𝑛𝑒 𝑛𝑒

𝛷(𝑢) = ∑ ∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∑ ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∑ ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆


𝑒
𝑒=1 𝛺𝑒 𝑒=1 𝛺𝑒 𝑒=1 𝑆𝜎
𝑛𝑒

𝛷(𝑢) = ∑ (∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆)


𝑒=1 𝛺𝑒 𝛺𝑒 𝑆𝜎𝑒

où encore, en posant : 𝛷𝑒 (𝑢) = ∫𝛺 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∫𝛺 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∫𝑆𝑒 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆 , on aura :
𝑒 𝑒 𝜎

𝑒 𝑛
𝛷(𝑢) = ∑𝑒=1 𝛷𝑒 : cette opération de sommation est appelée assemblage.

3.5. Interpolation du champ de déplacement au sein d’un élément fini

La structure étant discrétisée en un nombre 𝑛𝑒 d’éléments finis. Une des caractéristiques


fondamentale d’un élément fini est son nombre de nœuds : 𝑛𝑑 . Un nœud est caractérisé par
ses degrés de liberté dont le nombre est désigné par : 𝑛𝑓 (degrees of freedom). Le nombre total
de degrés de liberté de l’élément fini est 𝑛𝑑 x𝑛𝑓 .

Une étape fondamentale de la méthode des éléments finis (par l’approche cinématique)
consiste à choisir une approximation du champ de déplacement au sein de l’élément fini. De
toute façon, quelque soit l’approximation adoptée, le champ de déplacement est interpolé au
moyen des fonctions polynomiales, appelées fonctions de forme (shape functions), et des
degrés de liberté élémentaires comme suit (cas d’un solide 3D) :

𝑢(𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝑁1 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑢1 + 𝑁2 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑢2 +. . . . . . . +𝑁𝑛𝑑 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑢𝑛𝑑


𝑣(𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝑁1 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑣1 + 𝑁2 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑣2 +. . . . . . . +𝑁𝑛𝑑 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑣𝑛𝑑
𝑤(𝑥, 𝑦, 𝑧) = 𝑁1 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑤1 + 𝑁2 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑤2 +. . . . . . . +𝑁𝑛𝑑 (𝑥, 𝑦, 𝑧)𝑤𝑛𝑑

où 𝑛𝑑 est le nombre de nœuds formant l’élément fini. Sous forme matricielle, on écrit
formellement : {𝑢(𝑥, 𝑦, 𝑧)} = [𝑁(𝑥, 𝑦, 𝑧)]{𝑞 𝑒 }

avec, {𝑞 𝑒 }𝑇 = (𝑢1 , 𝑢2 , . . . . . , 𝑢𝑛𝑑 ; 𝑣1 , 𝑣2 , . . . . . , 𝑣𝑛𝑑 ; 𝑤1 , 𝑤2 , . . . . . , 𝑤𝑛𝑑 )).

Pour l’exemple précédent :

Pour le cas des éléments triangulaires :


𝑢(𝑥, 𝑦) = 𝑁1 (𝑥, 𝑦)𝑢1 + 𝑁2 (𝑥, 𝑦)𝑢2 + 𝑁3 (𝑥, 𝑦)𝑢3
𝑣(𝑥, 𝑦) = 𝑁1 (𝑥, 𝑦)𝑣1 + 𝑁2 (𝑥, 𝑦)𝑣2 + 𝑁3 (𝑥, 𝑦)𝑣3
20
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

Contraintes et déformations dans un élément fini

Soit {𝜀} le vecteur des composantes des déformations (en un point donné). Les relations de
compatibilité expriment les déformations en fonction du champ déplacement permettant
d’établir l’expression des déformations au sein d’un élément fini à partir de l’interpolation du
champ de déplacement :
{𝜀(𝑥, 𝑦, 𝑧)} = [𝐵(𝑥, 𝑦, 𝑧)]{𝑞 𝑒 }

où [𝐵] est une matrice contenant les dérivées des fonctions de forme, appelée matrice
déformation-déplacement. Soit {𝜎} le vecteur des composantes des contraintes (en un point
donné). En se basant sur les relations de comportement élastique, les contraintes s’expriment
au sein d’un élément fini par :
{𝜎(𝑥, 𝑦, 𝑧)} = [𝐶][𝐵(𝑥, 𝑦, 𝑧)]{𝑞 𝑒 }

Matrice de rigidité élémentaire et vecteur forces nodales

Rappelons que le principe de minimum de l’énergie potentielle est basé sur l’expression de la
fonctionnelle d’énergie potentielle totale :

𝛷(𝑢) = ∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆


𝛺 𝛺 𝑆𝜎

1
où 𝑈(𝜀) = 2 {𝜀}𝑇 [𝐶]{𝜀} est la densité d’énergie de déformation élastique (grandeur locale).

Dans chaque élément fini 𝛺𝑒 :

1. le champ de déplacement est interpolé, au sein d’un élément fini par : {𝑢} = [𝑁]{𝑞 𝑒 }
2. le champ de déformation, déduit de l’interpolation du champ déplacement est :

{𝜀} = [𝐵]{𝑞 𝑒 }

3. l’énergie potentielle totale élémentaire :


𝛷𝑒 (𝑢) = ∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 − ∫ 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 − ∫ 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆
𝛺𝑒 𝛺𝑒 𝑆𝜎𝑒

• L’énergie de déformation totale élémentaire peut s’exprimer en fonction des degrés


de liberté de l’élément et les dérivées des fonctions de forme comme suit :

1 𝑇 1
∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 = ∫ {𝜀} [𝐶]{𝜀}𝑑𝛺 = {𝑞 𝑒 }𝑇 (∫ [𝐵]𝑇 [𝐶][𝐵]𝑑𝛺 ) {𝑞 𝑒 }
𝛺𝑒 𝛺𝑒 2 2 𝛺𝑒

on pose : [𝐾 𝑒 ] = ∫𝛺 [𝐵]𝑇 [𝐶][𝐵]𝑑𝛺


𝑒

qui est une matrice carrée, d’ordre (nombre degrés de liberté x nombre degrés de liberté)
appelée matrice de rigidité de l’élément fini. Cette matrice est fonction des caractéristiques du
matériau constitutif de l’élément fini et de ses dimensions. Elle caractérise l’élément fini au
21
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

niveau relation degrés de liberté – forces nodales. L’énergie de déformation prend alors la
forme discrétisée suivante :
1
∫ 𝑈(𝜀(𝑢)) 𝑑𝛺 = {𝑞 𝑒 }𝑇 [𝐾 𝑒 ]{𝑞 𝑒 }
𝛺𝑒 2

- d’autre part, on définit le vecteur forces nodales (extérieures) élémentaire par :

∫𝛺𝑒 𝑓̄. 𝑢𝑑𝛺 + ∫𝑆𝑒 𝑡̄. 𝑢𝑑𝑆 = {𝑞 𝑒 }𝑇 ∫𝛺𝑒[𝑁]𝑇 {𝑓̄}𝑑𝛺 + {𝑞 𝑒 }𝑇 ∫𝑆𝑒 [𝑁]{𝑡̄}𝑑𝑆
𝜎 𝜎
on pose :
{𝑄 𝑒 } = ∫ [𝑁]𝑇 {𝑓̄}𝑑𝛺 + ∫ [𝑁 𝑠 ]𝑇 {𝑡̄}𝑑𝑆
𝛺𝑒 𝑆𝜎𝑒

où [𝑁 𝑠 ] sont les fonctions de forme le long de la frontière 𝑆𝜎𝑒 où les forces extérieures sont
imposées.
L’énergie potentielle totale élémentaire (d’un élément fini) s’écrit en termes des déplacements
nodaux relatifs à cet élément (degrés de liberté) :

1
𝛷𝑒 (𝑞) = 2 {𝑞 𝑒 }𝑇 [𝐾 𝑒 ]{𝑞 𝑒 } − {𝑞 𝑒 }𝑇 {𝑄 𝑒 }

3.6 Méthode des éléments finis : Assemblage – conditions aux limites

L’assemblage : Dans l’analyse par éléments finis, l’assemblage est l’étape de constitution des
équations globales entre les degrés de liberté de la structure et les actions extérieures. Les
grandeurs élémentaires (relatives à l’élément fini) telles que la matrice de rigidité et le vecteur
force nodales sont préalablement calculées. En admettant que les éléments finis satisfassent la
continuité inter-éléments, la fonctionnelle d’énergie potentielle totale de la structure sera
obtenue par sommation des énergies potentielles élémentaires :

1
𝛷 = ∑ 𝛷𝑒 = ∑ (2 {𝑞 𝑒 }𝑇 [𝐾 𝑒 ]{𝑞𝑒 } − {𝑞 𝑒 }𝑇 {𝑄 𝑒 })
soit
{𝑞}𝑇 = [𝑞1 , 𝑞2 , . . . . . . . , . . . . . 𝑞𝑖 , . . . . . . , 𝑞𝑛 ]
avec 𝑞𝑖 : sous vecteur des déplacements au nœud n°i.

La compatibilité des déplacements nodaux de la structure est obtenue en utilisant la notion de


matrice de localisation (dite aussi de connectivité géométrique) telle que :

{𝑞 𝑒 } = [𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]{𝑞}

avec : [𝐿𝑜𝑐 𝑒 ] est la matrice de localisation ou de connectivité géométrique


𝑛𝑑 : nombre de degrés de liberté élémentaires
𝑛 : nombre de degrés de liberté de la structure
𝑛𝑒 : nombre d’éléments de la structure

Fonctionnelle d’énergie potentielle globale discrétisée : elle est obtenue par assemblage
(sommation des énergies des éléments finis).

22
ENSAM-Meknès
Modélisation et simulation multiphysique : Méthode des éléments finis Appliquée aux solides déformables

1
𝛷(𝑞) = ∑𝑒 𝛷𝑒 = ∑𝑒 (2 {𝑞}𝑇 [𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]𝑇 [𝐾 𝑒 ][𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]{𝑞} − {𝑞}𝑇 [𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]𝑇 {𝑄 𝑒 })
On pose :

• [𝐾] = ∑𝑒[𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]𝑇 [𝐾 𝑒 ][𝐿𝑜𝑐 𝑒 ] : matrice de rigidité globale (structure complète)


• {𝑄} = {𝑃} + ∑𝑒[𝐿𝑜𝑐 𝑒 ]𝑇 {𝑄 𝑒 } : vecteur force global (seulement forces imposées)

D’où, l’expression finale de l’énergie potentielle totale en fonction des degrés de liberté de la
structure :
1
𝛷(𝑞) = ∑ {𝑞}𝑇 [𝐾]{𝑞} − {𝑞}𝑇 {𝑄}
2
𝑒

Le principe de minimum de l’énergie potentielle totale (𝛿𝛷 = 0) conduit au système linéaire


global suivant :
[𝐾]{𝑞} − {𝑄} = 0

Les conditions aux limites et les forces de réaction : La résolution du système linéaire, obtenu
par assemblage de la matrice de rigidité et du vecteur force global, exige l’introduction des
conditions aux limites (déplacements imposés). D’autre part, la connaissance des réactions est
toujours demandée lors de l’analyse de la structure. L’introduction des conditions aux limites
et la question d’obtention les réactions (aux appuis) sont traitées au moyen de la procédure de
partition matricielle suivante.

• Expression primitive du système linéaire (pour la structure globale) : [𝐾]{𝑞} = {𝑄}

𝑄𝑟
𝐾 𝐾𝑟𝑑 𝑞𝑟
• Partition du système linéaire précédent : [ 𝑟𝑟 ] { } = {. . . .}
𝐾𝑑𝑟 𝐾𝑑𝑑 .𝑞. 𝑑. .
𝑄𝑑

𝑞𝑟 Déplacements nodaux imposés (degrés de liberté connus)


Où {𝑞} = {. . . .}
𝑞𝑑 Déplacements nodaux inconnus (degrés de liberté inconnus)

𝑄𝑟 Forces nodales correspondant aux déplacements imposés


(réactions d’appuis inconnus)
et{𝑄} = {. . . .}
𝑄𝑑 Forces nodales extérieures appliquées aux degrés de liberté
(forces nodales connues)

Les deux nouveaux systèmes linéaires qui découlent de la partition matricielle précédente
sont :
[𝐾𝑟𝑟 ]{𝑞𝑟 } + [𝐾𝑟𝑑 ]{𝑞𝑑 } = {𝑄𝑟 } (1)
[𝐾𝑑𝑟 ]{𝑞𝑟 } + [𝐾𝑑𝑑 ]{𝑞𝑑 } = {𝑄𝑑 } (2)

D’où,
a. Le système d’équations linéaires (2) permet d’accéder aux valeurs des degrés de liberté
inconnus {𝒒𝒅 } : [𝐾𝑑𝑑 ]{𝑞𝑑 } = {𝑄𝑑 } − [𝐾𝑑𝑟 ]{𝑞𝑟 }

b. Les forces de réaction seront calculées par le système (1) : {𝑄𝑟 } = [𝐾𝑟𝑟 ]{𝑞𝑟 } + [𝐾𝑟𝑑 ]{𝑞𝑑 }

23
ENSAM-Meknès

Vous aimerez peut-être aussi