Planche 11-04-20 MP1
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1 Questions de cours
1. Z/nZ est un corps si et seulement si n est un nombre premier ;
2. preuve du théorème chinois ;
3. calcul de φ(n) à l’aide de la décomposition de n en facteurs premiers ;
4. si F, H sont deux sous-groupes de G, alors F ∪ H est un sous-groupe de
G ssi F ⊆ H ou H ⊆ F ;
1
Indication 3. On pourra raisonner par l’absurde en considérant l’ordre de
l’image de i dans (R∗ , ·) si un tel isomorphisme existe.
Exercice 4. 1. Soit G un groupe et H, K deux sous-groupes de G d’ordre
des entiers premiers. Démontrer que H = K ou que H ∩ K = {e}.
2. Démontrer que dans un groupe d’ordre 35, il existe un élément d’ordre 5
et un élément d’ordre 7.
Indication 4. 1. On pourra commencer par montrer que H ∩ K est un sous-
groupe de H puis lister les sous-groupes de H en utilisant que H est d’ordre
premier.
2. On pourra distinguer selon que G est cyclique ou non. Dans le dernier cas,
on pourra utiliser le théorème de Lagrange - hors programme mais à savoir
démontrer et utiliser, c’est extrêmement utile .
Exercice 5. Soit G un groupe possédant exactement deux sous-groupes distincts
de {1} et lui-même.
1. Montrer que G est un groupe fini en montrant d’abord que tous ses éléments
sont d’ordre finis.
2. Montrer que G est cyclique.
3. En déduire que G est d’ordre pq ou p3 avec p 6= q deux nombres premiers.
Indication 5.
Exercice 6 (Parties absolument instables). Soit G un groupe fini. Un sous-
ensemble X de G est dit absolument instable si XX ∩ X = ∅, où XX =
{xy, (x, y) ∈ X 2 }.
1. Soit X une partie absolument instable de G. Montrer que |X| ≤ |G|2 .
2. Soit H un sous-groupe de G et x un élément de G. Montrer les équivalence
xH est absolument instable ⇔ Hx est absolument instable ⇔ x n’est pas un élément de H.
|G|
3. Soit X une partie absolument instable de G vérifiant |X| = 2 . Montrer que
G\X est un sous-groupe de G.
Indication 6. 1. On pourra penser à la formule de Grassman.
2. 3.
2.2 Solutions
Solution 1. Soit A un anneau intègre commutatif fini. Pour montrer que A est
un corps, nous allons montrer que tous ses éléments non nuls sont inversibles.
Soit a un élément non nul de A. Notons ma l’application x ∈ A 7→ a · x ∈ A.
Cette application est un endomorphisme du groupe additif (A, +) — attention, ce
n’est pas un morphisme d’anneaux ! ! Ainsi elle est injective si et seulement si son
noyau ker(ma ) est réduit à {0A }. Soit x ∈ ker(ma ). On a alors ma (x) = a·x = 0,
donc x = 0A car A est intègre et a 6= 0A . Par conséquent, ma est une application
injective de A dans A. Comme A est fini, ma est aussi surjective : il existe donc
xa ∈ A tel que ma (xa ) = a · xa = 1A , ce qui montre que a est inversible.
L’anneau A est donc un corps.
Si A n’est plus supposé commutatif, en introduisant na : x ∈ A 7→ x · a, on
montre que tout élément non nul de A admet un inverse à gauche et à droite
— éventuellement distincts. Cette structure supplémentaire sur A est appelée
corps gauche, un exemple en est donné en remarque.
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Remarque. Une manière d’avoir l’idée d’introduire l’application ma consiste
en l’étude des hypothèses de l’énoncé. Plus précisément, quelle hypothèse ici fait
marcher la preuve ? En enlevant l’hypothèse de finitude de l’anneau A, on ob-
serve que le résultat ne tient plus : l’anneau des entiers relatifs Z est un anneau
commutatif intègre et infini qui n’est pas un corps. L’hypothèse de finitude est
donc peut-être la clef de la résolution du problème. Cette hypothèse concerne
uniquement le caractère ensembliste de l’anneau A, pas sa structure algébrique
— d’anneau ou de groupe. Par conséquent, on peut chercher quels théorèmes
portant sur des ensembles sont ”différents” selon que les ensembles soient finis
ou infinis. Un exemple est le resultat qui donne qu’une application injective d’un
ensemble fini dans lui-même est aussi surjective — donc bijective. Trouver l’ap-
plication injective appropriée de A dans A en utilisant l’hypothèse d’intégrité de
A et le fait qu’on souhaite montrer que tout élément non-nul de A admette un
inverse permet alors de résoudre l’exercice.
Pour un exemple de corps gauche, on pourra s’intéresser au corps des quater-
nions — qui consiste en l’espace vectoriel complexe de dimension 4 engendré
par les matrices données dans un des exercices de la feuille — qui en constitue
le premier exemple historique.
Q
Solution 2. 1. Notons P = x∈K ∗ x le produit des éléments non nuls de K et
A l’ensemble {x ∈ K ∗ , x−1 = x} = {x ∈ K ∗ , x2 = 1}. Notons B l’ensemble
K ∗ \A, l’ensemble des éléments de K ∗ distincts de leur inverse. En regroupant
deux à deux les éléments de B, chaque élement étant associé avec son inverse
— on aQ bien exactement deux éléments à chaque
Q fois par définition de B — on
obtient x∈B x = 1. Par conséquent P = x∈A x. Or A = {1, −1} car 1 et −1
sont les seules racines du polynôme X 2 −1 ∈ K[X]. On obtient donc P = −1. 2.
Notons S la somme des éléments non nuls de K. On a alors, pour g ∈ K ∗ \{1K }
X X
gS = gx = y=S (1)
x∈K ∗ y∈K ∗
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d’ordre fini de H dans les éléments d’ordre fini de G, ce qui est impossible par
cardinalité. En particulier G et H ne sont pas isomorphes.
G = {e} ∪ H1 ∪ ... ∪ Hn
Il suffit de montrer que |X| ≤ |XX| pour avoir le résultat souhaité. Si X est
vide, on a l’inégalité souhaitée. Supposons que X soit non vide, considérons
g ∈ X et φg : x ∈ G 7→ gx ∈ G. Alors l’application φg est injective. Cela
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implique |φg (X)| = |X|. Or φg (X) ⊆ XX. Par conséquent |X| ≤ |XX| et on
obtient l’inégalité souhaitée 2|X| ≤ |G|.
2. Montrons l’équivalence
3.
3 Exercices supplémentaires
3.1 Enoncés
Exercice 7. Soit K un corps fini. On souhaite démontrer que le groupe multi-
plicatif (K ∗ , ×) est cyclique. On note n le cardinal de ce groupe.
1. Démontrer qu’il existe dans K un élément d’ordre égal à m, le ppcm des
ordres des éléments de K.
2. Démontrer que m ≥ n, puis conclure.
3. Généralisation : quels sont les groupes finis tels que pour tout n l’équation
g n = e ait au plus n solutions ? Existe-t-il un groupe tel que pour tout n
l’équation g n = e ait exactement n solutions ?
Indication 7. 1. Soit G un groupe abélien, x et y deux éléments de G d’ordres
respectifs p et q. On suppose que p et q sont premiers entre eux. Démontrer que
xy est d’ordre pq.
2.
3. Donner des exemples de tels groupes.
Exercice 8. Soit G un groupe abélien fini.
1. Si x, y sont deux éléments de G d’ordres respectifs m et n, avec pgcd(m, n) =
1, quel est l’ordre de xy ?
2. On appelle exposant de G le plus grand des ordres des éléments de G et on
le note r. Montrer que r divise Card(G) et que si x ∈ G, l’ordre de x divise r.
3. Montrer que r a les mêmes facteurs premiers que Card(G). En déduire que
pour tout facteur premier p de Card(G), il existe un élément de G d’ordre p.
Indication 8.
Exercice 9 (Quaternions). Soient les éléments de GL2 (C) suivants :
i 0 0 1 0 i
I= , J= , K= .
0 −i −1 0 i 0
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Notons 1 la matrice identité de Gl2 (C).
1. Montrer que I 2 = J 2 = K 2 = IJK = −1.
2. En déduire que {1, −1, I, −I, J, −J, K, −K} est le groupe d’ordre 8 engendré
par I, J, K. Vérifier qu’il n’est pas abélien. Ce groupe est appelé groupe des
quaternions et est noté Q8 .
3. Donner la liste des sous-groupes de Q8 .
Indication 9.
3.2 Solutions
Solution 7.
Solution 8 (Gourdon - Algèbre). 1. Si (xy)p = e alors xp = (y −1 )p donc
xp ∈ hyi, d’où (xp )n = xpn = e, donc m|n. Or pgcd(m, n) = 1 donc d’après
le théorème de Gauss, m|p. De même n|p et les entiers met n étant premiers
entre eux, mn|p. Or (xy)mn = (xm )n (y , )m = e, l’ordre de xy est donc mn.
2. Par définition de r, il existe un élément x de G d’ordre r et on a r|card(G)
par le théorème de Lagrange. Soit y ∈ G, notons q son ordre. Il s’agit de montrer
que q|r. Supposons que q - r. En écrivant la décomposition en facteurs premiers
de q et r, on voit qu’il existe un nombre premier p vérifiant
(
q = pα q 0
β 0
avec α > β ≥ 0 et pgcd(p, q 0 ) = pgcd(p, r0 ) = 1.
r=p r
β 0
Or a = xp est d’ordre r0 et b = y q est d’ordre pα . D’après la première question,
ab est donc d’ordre r0 pα > r, ce qui contredit la définition de r. Donc q|r.
3. Soit (x1 , ..., xn ) un système de générateurs de G. Notons r1 , ..., rn les ordres
de x1 , ..., xn . Considérons l’application
φ : hx1 i × ... × hxn i → G (y1 , ...yn ) 7→ y1 ...yn .
Le groupe G étant abélien, φ est un morphisme de groupes. De plus, φ est surjec-
tif — car (x1 , ...xn ) est un système de générateurs de G — donc G est isomorphe
au groupe quotient
Remarque (Gourdon - Algèbre). Les résultats de cet exercice permettent d
emontrer que si K est un corps commutatif et G un sous-groupe fini du groupe
multiplicatif (K ∗ , ·), alors G est cyclique. En effet, soit r l’exposant de G. K
étant un corps commutatif, l’équation xr = 1 a au plus r solutions dans K,
donc au plus r solutions dans G. Or par 2., ∀x ∈ G, xr = 1. On en déduit
card(G) ≤ r, et comme r|card(G), on a r = card(G) et le résultat annoncé.
Cela permet par exemple de montrer que le groupe (Z/pZ)∗ est cyclique, résultat
non évident a priori.
Solution 9. 1. Il s’agit de calculs de matrices carrées de taille 2.
2. D’après la question 1., si A, B ∈ {I, J, K} alors AB ∈ {±1, ±I, ±J, ±K}.
On peut même dresser la table de multiplication associée
× 1 I J K
1 1 I J K
I I -1 K -J
J J -K -1 I
K K J -I -1
6
Cela montre que {1, −1, I, −I, J, −J, K, −K} est le sous-groupe Q de GL2 (C)
d’ordre 8 engendré par I, J et K. D’après la table de multiplication, IJ 6= JI
donc Q n’est pas abélien.
3. D’après le théorème de Lagrange, tout sous-groupe de G est d’ordre 1, 2, 4 ou
8. Les groupes d’ordre 1 et 8 sont connus, il s’agit de {1} et de Q. Comme I, J
et K sont d’ordre 4, ils ne peuvent pas être contenus dans un groupe d’ordre
2. Par conséquent il n’y a qu’un seul groupe d’ordre 2 et il s’agit de {1, −1}.
Si H est un sous-groupe de Q d’ordre 4, alors il contient un des éléments de
{I, −I, J, −J, K, −K}, que l’on note xH . Mais tous ces éléments sont d’ordre 4,
donc H est le groupe cyclique engendré par xH .
Remarque. Le groupe Q est remarquable en de nombreux points. Par exemple
tous ses sous-groupes sont cycliques mais il n’est pas cyclique lui-même — sinon
il serait commutatif.
Comme expliqué dans la correction de l’un des exercices de la planche, l’es-
pace vectoriel complexe engendré par ces quatres matrices forme un corps non-
commutatif, aussi appelé corps gauche. Ce corps est appelé corps des quaternions
et constitue une généralisation du corps des nombres complexes. En effet, si les
nombres complexes peuvent aussi s’interpréter comme des rotations du plan eu-
clidien, les quaternions admettent une interprétation géométrique comme rota-
tions dans l’espace euclidien à trois dimensions. Ils permettent donc de coder
efficacement des rotations, et sont utilisés à cet effet par exemple en ingéniérie
quand il y a besoin d’encoder des instructions de rotations — par exemple dans
les articulations d’un robot.