Catéchisme Du Père Dosithée

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Mission Orthodoxe saint Jean (Maximovitch)

DOC-PAROISSE: Catéchisme (1)

Par l’archimandrite Dosithée


Chers fidèles,

je vous transmets un document de père Dosithée, qui a présidé la Liturgie de


septembre dernier à Morlaix, et assure son ministère de prêtre au Cameroun
(voir son témoignage dans le Feuillet Sainte Anne n° 12). Ce Petit catéchisme
orthodoxe peut vous être utile, bien sûr d'abord pour vous-même, mais aussi pour
être partagé avec vos proches, où pour être transmis à ceux qui vous interpelle sur
votre foi orthodoxe.

Septembre 2021.

Voici sa présentation par père Dosithée :

« Christ est Ressuscité !


Bien cher père, j'ai il y a quelques temps conçu un catéchisme, prévu donc pour une
population très mélangée dont des non chrétiens. Je te l'envoie au cas ou cela
pourrait te servir, du moins en partie. »
Les saintes Ecritures

&

Diverses questions et réponses

Par l’Archimandrite Dosithée

Prêtre au Cameroun
Dieu s’est manifesté aux Hommes, mais comment ?

La connaissance de Dieu nous est donnée, entres autres moyens, (nous verrons plus

bas les autres moyens, page 12) par un ensemble de livres, que nous nommons la Bible

(qui veut dire «Livre » en Grec). Cette Bible est elle-même divisée en 2 grandes

sections :

La 1 section nommée « Ancien Testament » relate la Création du monde, comment


ère

Dieu créa l’homme, et son lien étroit avec son Créateur, de sa chute par sa

désobéissance, et toute sa préparation à l’histoire de son salut par une lente

pédagogie organisée par Dieu, à travers diverses figures telles Moïse, Gédéon,

Nathan, Elie, Elisée etc.

La 2 section, nommée « Nouveau Testament », raconte justement la venue sur


ème

terre de Notre Seigneur Jésus-Christ, son action, ses paroles, jusqu’à Son

Ascension, cette partie étant constituée par quatre livres nommés « Evangiles »,

voulant dire : « annonce » en Grec. Suivent divers livres, comme les Actes des

Apôtres, racontant la descente du Saint Esprit sur les Apôtres le jour de la

Pentecôte, et diverses questions se posant aux communautés s’ouvrant un peu

partout dans l’Empire, les Epîtres sont des lettres que divers Apôtres envoient aux

communautés, précisant certains points qui surgissent dans ces communautés. Le

dernier livre de cette deuxième section appelé apocalypse, nous révèle (apocalypso,

en Grec) les temps derniers, quand le Christ reviendra juger le monde entier et

établira Son Règne éternel.


L’Ancien Testament

Les 5 premiers livres de la Bible composent un ensemble que les Juifs appellent la

« Loi ou Tora ». Afin de faciliter son déplacement et son maniement de lieu en lieu

de prière, son contenu fut divisé en 5 rouleaux de longueurs à peu près égales. Cela

donna en Grec « Pentateuchos », c'est-à-dire « cinq volumes », qui donnera en

français le « Pentateuque ».

Cette division en 5 livres est attestée antérieurement à notre ère par la version des

Septante (Une traduction de l’Ancien Testament en Grec fut faite au 3 siècle av.
ème

JC pour pourvoir aux Juifs Hellénisés, cette traduction fut faite selon la tradition

par 70 Juifs reconnus pour leurs sagesses, d’où le nom « septante » voulant dire en

Latin 70. Souvent nous pouvons trouver cette abréviation LXX). Cette division et cet

usage établit alors, existant encore, s’est imposé à l’Eglise, on nommait les volumes

d’après leur contenu : Genèse (qui débute par les origines du monde), Exode (qui

commence par la sortie d’Egypte), Lévitique (qui contient la loi des prêtres de la

tribu de Lévi), Nombre (à cause des dénombrements des chap. 1-4), Deutéronome

(la seconde loi, d’après une interprétation grecque de Dt 17 18). Les Juifs désignent

toujours ces livres par le premier mot ou à défaut par le premier mot important de

chaque livre.

La Genèse

Se divise en deux grandes parties inégales. Elle relate la création de l’univers : les

planètes, les océans, plantes, animaux et de l’homme, sommet de cette création, la

chute originelle par la désobéissance d’Adam & Eve et de ses conséquences, la

perversité de l’humanité qui se trouve châtiée par le Déluge. Adam & Eve ont avant

la désobéissance un lien très fort avec leur Créateur qui leur font goûter une vie

immortelle, non pas qu’Adam & Eve soient immortels, mais pas la grâce, la communion
qu’ils ont avec le Seigneur. Une fois la désobéissance accomplie, ce lien est brisé, du

coup le temps passe avec au bout la mort.

Puis avec Noé, la terre se repeuple. Abraham aura une grande place, en tant que

père du peuple élu. Suit l’histoire patriarcale, évoquant la figure des grands

ancêtres : Abraham, est l’homme de la foi, dont l’obéissance est récompensée par

Dieu, qui lui promet une postérité pour lui-même et la Terre Sainte pour ses

descendants 12 1 – 25 18. Jacob est l’homme de la ruse, qui supplante son frère Esaü

dès la naissance, subtilise la bénédiction que son frère devait recevoir par son père

sur son lit de mort, en se faisant passer pour Esaü. Les 12 fils de Jacob sont les

ancêtres des 12 Tribus d’Israël. A l’un d’eux est consacrée toute la fin de la genèse,

Joseph, l’homme de la sagesse. Dieu transforme en bien se que ses frères lui

voulaient de mal. Puis est relaté la vie de Moïse, la formation de ce peuple en un

peuple élu de Dieu, de sa loi sociale et religieuse.

L’Exode

Développe 2 thèmes principaux. : La délivrance d’Egypte et l’Alliance au Sinaï. Ces

deux thèmes sont reliés par la marche de Moïse dans le désert, là où Moïse va

recevoir dans une théophanie grandiose et exceptionnelle, l’Alliance, les Tables de la

loi, instituant des règles que Dieu demande à son peuple. Puis le retour où Moïse

ramène le peuple élu en terre promise.

Le Lévitique

Est de caractère législatif. Il décrit les règles sur la pureté et l’impureté,

l’installation des prêtres, le calendrier liturgique.


Les Nombres

Reprennent le thème de la marche au désert. Le départ du Sinaï se prépare par le

recensement du peuple et des offrandes faites pour la bonne marche. Arrivé en

face de Jéricho, les Madianites sont vaincus et les tribus de Gad et Ruben se fixent

en Transjordanie. La Loi est complétée par diverses ordonnances, préparant à

l’installation en Canaan.

Le Deutéronome

A une structure particulière : c’est un code de lois civiles et religieuses. Il rapporte

certains discours de Moïse, sa fin, la mission de Josué, certaines règles reprises

pour en tirer un sens plus religieux.

Selon l’archéologie, les plus anciens textes remonteraient au IX siècle avant notre
éme

aire. Il est bon de rappeler qu’avant la Déportation du peuple Hébreux par les

Perses, il n’y avait pas de texte écrit bien défini de la Tora. La déportation va

imposer cette écriture pour ces hébreux dispersés.


Le Nouveau Testament

L’ordre des livres formant ce nouveau Testament a beaucoup évolué durant les tous
premiers siècles de notre aire. Durant ces premiers siècles par exemple, le livre
intitulé « La Didaché » faisait partie des livres connus et utilisé par l’Eglise. Un
autre livre intitulé « Le Pasteur d’Hermasse » était lui aussi bien connu. En revanche
le livre de « l’Apocalypse » que nous trouvons à la fin du Nouveau Testament n’y
était pas jusque tardivement. En Occident il rentre dans le corpus vers le 10
ème

siècle, en Orient uniquement vers le 15 siècle. Nous voyons ainsi que l’Eglise a du
ème

méditer sur quels livres feraient partie des saintes Ecritures, de celles qui seraient
utilisées que comme moyen secondaire, et enfin de celles qui ne seraient absolument
pas utilisées. C’est donc la Tradition orale de l’Eglise qui va faire ce choix, tout
comme elle continue d’utiliser cette Tradition pour tous les domaines qui ne sont pas
définie par les saintes Ecritures. Voyons maintenant le détail de ce nouveau
Testament.

Cela commence par 4 livres nommés Evangiles. Ces 4 Evangiles sont appelés par celui
qui dans la tradition est l’auteur du livre. Les Evangiles nous racontent la venue sur
terre de notre Seigneur, de se qu’il a pu dire, faire, les gens qu’il a rencontrés. Par
ce fait, comme ces livres nous explique en détail se qui concerne le Christ, les
Evangiles ont beaucoup plus d’importances que les autres livres qui suivent, appelés
Epîtres. C’est pourquoi les Evangiles sont appelés Saints Evangiles. Voici la liste des
Evangiles :

Selon saint Matthieu.

Selon saint Marc.

Selon saint Luc.

Selon saint Jean.

EVANGILE SELON SAINT MATTHIEU :

Cet Evangile commence par la genèse de notre Seigneur Jésus Christ, fils de David,
fils d’Abraham, jusqu’à Joseph, l’époux de Marie qui enfantera notre Seigneur. Suit
la naissance de Jésus, sa fuite en Egypte, son retour à Nazareth, son baptême par
Jean Baptiste (ne pas le confondre Jean l’Apôtre et Evangéliste), l’appel des
premiers disciples, l’enseignement du Seigneur, ses miracles, l’institution de
l’Eucharistie lors du dernier repas avec ses disciples, son arrestation, sa crucifixion,
sa mort, son ensevelissement, sa Résurrection, son apparition à divers personnes
dont les saintes femmes et les Apôtres.

Avant de devenir Apôtre il s’appelait Lévi, et exerçait la profession de collecteur


d’impôt (Publicain). C’est le Seigneur Lui-même qui le choisi pour être un de ses
disciples. Il évangélisa sur les rives de l’Euphrate. Il est fêté le 16 novembre.

EVANGILE SELON SAINT MARC:

Marc commence son Evangile par la prédication de jean Baptiste, voix de celui qui
crie dans le désert. Suit le baptême de Jésus, puis l’appel des disciples, sa
prédication, ses miracles, sa Transfiguration, le repas pascal avec l’institution de
l’eucharistie, l’arrestation de Jésus, sa crucifixion, sa mort, sa mise au tombeau,
après sa Résurrection, son apparition à Marie Madeleine, puis à deux disciples et
enfin aux Onze eux-mêmes. Cet Evangile s’achève par la montée du Seigneur dans les
cieux, que l’on nomme Ascension.

Saint Marc ne fait pas parti des Douze Disciples. Il était cousin de l’Apôtre

Barnabé. Saint Pierre venait souvent dans la demeure de Marc, qui s’appelait aussi

Jean, et il le prit en affection. L’Apôtre marc alla à Rome, puis évangélisa la grande

métropole d’Egypte : Alexandrie d’où il subira le martyr. Saint Marc est fêté le 25

avril.

EVANGILE SELON SAINT LUC:

Cet Evangile commence par l’apparition d’un ange au prêtre Zacharie, lui annonçant que sa
femme, Elisabeth, allait enfanter un enfant qui prendrait le nom de Jean (le fameux
Jean Baptiste). Puis suit la venu de l’ange à Marie, afin de lui annoncer qu’elle aussi
(comme sa cousine Elisabeth) allait mettre au monde un enfant qui prendrait comme
nom : Jésus. L’ange précise que « cet enfant sera appelé Fils du Très-Haut, il
régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin». La
naissance de Jésus, notre Sauveur succède alors, puis divers prophètes se
manifestent comme Siméon, Anne, afin de rendre témoignage de la miséricorde de
Dieu et du rôle éminent que Jésus aura. Nous retournons à la prédication de Jean
Baptiste à l’âge adulte, au baptême de Jésus par jean, suit une généalogie remontant
de Joseph à Adam. Le Seigneur est tenté dans le désert, il peut commencer alors sa
prédication en nommant ses disciples. Nous avons bien entendu de nombreux
miracles, ainsi que de nombreuses discutions avec ses disciples. Nous avons
également la Transfiguration du Seigneur, la transmission de la prière du « Notre
Père », son arrestation, sa mise en Croix, l’ensevelissement, le tombeau trouvé vide
par les saintes femmes et son apparition, ressuscité, aux disciples. L’Evangile
s’achève par l’Ascension.

Saint Luc ne fait pas parti lui aussi des 12 Apôtres, mais selon une tradition il faisait
parti des 70 disciples. Il excellait dans l’art médical ainsi que dans la peinture (selon
la tradition il aurai peint la première icône de la Mère de Dieu, du vivant de celle-ci,
qui aurai approuvé l’icône en demandant à son Fils et notre Dieu de bénir cette
icône). C’est à Rome que Luc rédigea son Evangile et les Actes des Apôtres sous la
direction de Paul. Luc rajoute des détails que les deux premiers Evangiles ne
mentionnent pas. Il insiste particulièrement sur la miséricorde et la compassion du
Sauveur, envers l’humanité pécheresse qu’il est venu visiter comme un Médecin. Il
prêchera en Italie, Béotie, en Macédoine puis en Achaïe. Il mourra martyr en Grèce,
à l’âge de 84 ans. Saint Luc est fêté le 18 octobre.

EVANGILE SELON SAINT JEAN:

L’Evangile de saint Jean commence par une grande leçon de théologie, nous
expliquant que : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu
et le Verbe était Dieu… » Ainsi Jean nous explique que le Christ (le Verbe) a
toujours existé, en tant que Dieu, et en tant que Dieu, il a toujours été auprès du
Père. Suit le baptême de Jésus dans le Jourdain, le rassemblement des disciples,
divers discours avec toutes sortes de gens, appuyant le fait que Jésus est bien celui
que les prophètes ont annoncés. La résurrection de son ami Lazare, préfigure bien
entendu Sa propre résurrection, et veut par-là montrer que le Seigneur est proche
des hommes, qu’il pleure lui-même la mort de son ami, que la mort est donc non
voulue par Dieu, mais une conséquence de la chute de l’homme par l’éloignement que
l’humanité a depuis Adam et Eve. Le Seigneur rentre en gloire dans Jérusalem, il
s’agit bien du Roi, rentrant dans sa cité. Nous avons là aussi le dernier repas, puis de
touchants adieux à ses disciples leur expliquant qu’il faut qu’il retourne vers son
Père, et qu’il nous enverra l’Esprit Consolateur, l’Esprit de vérité. Puis nous avons
l’arrestation, le crucifiement, la mort sur la croix, l’ensevelissement, sa résurrection
avec son apparition à Marie Madeleine, puis aux disciples. L’Evangile se termine par
une apparition du Seigneur au lac de Tibériade où Il va leur faire faire une pêche
surabondante, montrant ainsi que dorénavant les disciples seront pêcheurs d’âmes.

Saint Jean était fils de Zébédée et de Salomé la Myrophore, la fille de Joseph le

fiancé de la Mère de Dieu. En effet, Joseph avait eu de son premier mariage quatre

garçons et trois filles. Jean et son frère Jacques exerçaient avec leur père la

profession de pêcheurs. Ils suivirent le Seigneur en laissant leur père, et Jean

devint avec saint Pierre et Jacques, témoin des miracles les plus éclatants, tels la

résurrection de la fille de Jaïre, ou sa Transfiguration sur le Mont Thabor. Jean eu

l’Asie Mineur comme terre d’Evangélisation et demeurera plusieurs mois à Ephèse.

L’empereur Domitien l’exila dans l’île de Patmos quand il constata la foi inébranlable

de saint Jean, et que rien ne pourrait lui faire changer d’avis. C’est à Patmos que

jean eu la vision de l’Apocalypse, c’est-à-dire la révélation des choses devant arriver

à la fin des temps, quand le Christ reviendra établir Son Règne éternel. Quand le

temps de quitter cette vie arriva, saint Jean fit creuser une fosse d’où il s’y étendit,

et petit à petit les disciples recouvrir son corps de sable. Quand ces disciples

revinrent en pleurant vers d’autres disciples qui eux n’avaient pu être présent aux

derniers moments de saint Jean, ils voulurent revoir une dernière fois son visage,

mais son corps n’était plus dans la tombe. Le Seigneur lui réservant un sort à part,

et expliquant les propos du Seigneur quand il avait dit : « Si je veux qu’il reste

jusqu’à ce que je revienne, qu’est-ce que cela te fait ? ». Saint Jean est fêté le 26

septembre et le 8 mai.
Voici quelques réponses aux questions que posent les gens quand ils

rencontrent un orthodoxe pour la première fois :

Que veut dire orthodoxe ?

Le mot est d’origine grecque. Nous avons en fait deux mots. Ortho : voulant dire foi,

opinion et doxa signifiant droit, correcte. Donc la foi Orthodoxe est la foi droite,

correcte, celle qui n’a déviée ni à droite, ni à gauche.

Vous autres orthodoxes êtes chrétiens, juifs ou quoi ?

Nous sommes l’Eglise du Christ, fondée et sanctifiée par la descente du saint Esprit

sur les Apôtres le jour de la Pentecôte. Nous sommes donc chrétiens.

Quand votre Eglise a-t-elle été fondée ?

Comme nous venons de le dire juste plus haut, l’Eglise orthodoxe a été fondée le

jour même de la Pentecôte. A cette époque il n’y avait ni Eglise Catholique Romaine,

ni Eglise Orthodoxe, ni Protestants, mais l’ÉGLISE unique, sainte. Les Apôtres vont

prêcher partout dans le monde connu de l’époque, vont fonder des Eglises locales qui

vont se développer plus magistralement après l’Edit de Constantin & Licinius à Milan

en 313 autorisant le culte chrétien. Jusque-là les chrétiens étaient pourchassés en

tant qu’ennemis de l’Empire, puisque ne vénérant pas les mêmes dieux que l’Empereur

et le Sénat. Par cet édit de 313, ouvertement chacun peut être chrétien. Prenons

conscience de l’immensité de cet empire, qui allait des îles Britanniques à la Gaule en

passant par la Turquie actuelle, la Syrie, Palestine, Egypte et Tunisie. Au fur et à

mesure que les décennies et les siècles vont s’écouler, chaque région de cet empire

va développer certaines idées, certains aspects de la foi. Mais tous sont encore unis
dans cette foi unique. Le 11 mai 330 Constantin le grand inaugure sa nouvelle

capitale : Constantinople (actuellement Istanbul en Turquie), mieux centrée et plus

aérée que l’ancienne capitale : Rome. Dorénavant l’empire aura deux pôles, ceci est

très important, Rome et Constantinople sont intellectuellement très différentes,

voir certains éléments sont contradictoires. Rome est par excellence la ville du

pouvoir, de la rationalité, du droit (le fameux droit romain !), en revanche

Constantinople étant une ville d’Orient (elle est à chevale entre l’Europe et l’Orient),

est plus dans la subtilité des mots, des conceptions, nous dirions plus spirituelle ou

mystique. Rome verra d’un mauvais œil la montée en gloire de Constantinople, elle lui

fait trop d’ombre, aussi de temps en temps quand l’occasion se présente, elle essaye

de la contredire afin de montrer qu’elle –Rome- est la reine des villes. Bien sûr cela

se fera là aussi petit à petit, discrètement, sans que personne n’en prenne garde. Un

exemple de contestation, plutôt ridicule, que Rome aura vis-à-vis de Constantinople,

concerne le jeûne. L’Occident a toujours jeûné le samedi veille de la Résurrection du

Seigneur, l’Orient elle, ne jeûne pas le samedi puisque les saintes femmes

myrophores quand elles vont de grand matin le dimanche pour embaumer le Seigneur,

trouvent déjà le tombeau vide, le Christ était Ressuscité. Le samedi si l’on veut a

participé en toute petite partie à la Résurrection du Seigneur. Nous voyons là un

clivage plutôt stupide, puisque l’une et l’autre façon de pratiquer le jeûne sont

bonnes, si tout se fait dans l’amour de Dieu et du prochain et pour rendre grâce à

Dieu.

Plus sérieusement ou du moins, plus théologiquement, en Occident un esprit rationnel

va se développer aux cours des siècles, donnant par exemple la théologie du

Purgatoire. Cette notion dit que tout homme pêche, et il faut qu’il se rachète par une

pénitence sur terre et dans l’au-delà, avant de pouvoir prétendre allez au Paradis.

L’Orient lui ne voit pas les choses de la même façon. Seul Dieu est parfait, se n’est

donc pas par notre « sainteté » que nous pouvons prétendre allez au Paradis, mais
uniquement par la miséricorde de Dieu. Dieu veut que tous les hommes se repentent

et soient sauvés. Voilà le maître mot, le Repentir, la Contrition, et non pas une

souffrance que Dieu attend de nous, pour nous accorder sa miséricorde. Où serait la

miséricorde de Dieu, d’ailleurs, s’il fallait d’abord souffrir pour espérer être

pardonné ? Nous retrouvons cette idée de souffrance dans les représentations de la

Crucifixion. En Occident les Crucifixions sont toujours représentées avec un Christ

qui souffre sur la Croix, un Christ sanguinolent, on voit un cadavre sur cette Croix.

Le Christ doit souffrir pour racheter les péchés des hommes. L’Orient n’a pas cette

vision-là. Les crucifiements en iconographie nous montrent toujours les personnages

quels qui soient, comme vivant déjà dans le Royaume de Dieu. Le Christ sur la Croix

participe à son Royaume, il invite tous les hommes à y venir. Certes le Seigneur

souffrit sur la Croix. C’était une mort atroce ! Mais théologiquement nous voyons au-

delà de cette mort, nous voyons sa Résurrection. En fait l’un et l’autre sont

intimement liés. Il faut que le Christ meure sur la Croix ET qu’il Ressuscite. Nous

voyons par ces quelques exemples le fossé qui c’est creusé petit à petit au cour des

siècles du christianisme. Et c’est bien parce qu’il a fallu des siècles pour que les

différences se voient et qu’ainsi les deux entités, l’Occident et l’Orient se séparent

au 11 siècle, que le premier millénaire, lui, nous donne une base commune à ces
ème

deux entités. Souvent par exemple on nous demande si nous, orthodoxes, nous

vénérons la Vierge Marie. Et bien oui, bien évidemment, puisque dès les premiers

siècles la Mère de Dieu était vénérée. Nous avons donc conservé cette tradition du

premier millénaire. La différence entre les deux confessions est nous le voyons très

subtile, c’est d’avantage dans la forme que dans la foi elle-même que se situe les

différences. Nous allons voir qu’elles sont ces différences concrètement.


Quelles sont les différences de foi entre les catholiques romains et les

orthodoxes ?

La principale discorde est certainement la place du Pape au sein de l’Eglise. L’Eglise

du premier millénaire n’avait pas un chef gouvernant l’ensemble de l’Eglise à travers

le monde. Le Pape de Rome était respecté en tant qu’évêque de la capitale et du

sénat. Ce qui engendrera au IV siècle, que Constantinople prenne le 2 rang, de


ème ème

suite après Rome, puisqu’elle était devenue la nouvelle capitale d’orient de l’Empire

Romain. Jusque là Alexandrie venait aussitôt après Rome, elle prendra du coup la 3
ème

place.

Souvent les Catholiques Romains nous rétorquent la parole du Seigneur à saint

Pierre: « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise » (Mat XVI : 13-20),

voulant dire par là (d’après eux) que le Seigneur lui donne tout pouvoir en lui disant

qu’il va bâtir son Eglise sur lui. Nous devons comprendre cette parole du Seigneur

dans le contexte ou cette parole a été dite. Le Seigneur demande à ses apôtres : «

d’après les gens qui suis-je ? Eux répondent que d’après les gens il est Elie revenu,

ou un grand prophète des anciens temps ». Le Seigneur leur demande alors : « Et à

votre dire à vous, qui suis-je ? » Saint pierre va répondre : « Tu es le Christ, le Fils

du Dieu vivant ! » C’est alors que le Seigneur lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette

pierre (en Grec ce pierre est écrit en minuscule, signifiant qu’il ne s’agit pas d’une

personne, mais d’une chose) c’est-à-dire cette pierre de la confession de Sa divinité.

C’est uniquement sur cette confession droite de la divinité du Christ que l’Eglise

peut être fondée et se développer. Un homme ne peut prétendre être la tête de

l’Eglise, mais seul Dieu peut diriger et être la tête de l’Eglise.

Actuellement l’Eglise orthodoxe est dirigée par des patriarches. Le premier parmi

ses égaux est le patriarche de Constantinople, actuellement Istanbul en Turquie. Et

c’est bien de dire premier parmi ses égaux, car les patriarches sont tous égaux, mais

celui de Constantinople a juste un privilège, celui de présider une réunion, ou de


prendre la parole en premier. C’est tout ! Le 2 patriarche est celui d’Alexandrie, le
ème

3 celui d’Antioche, le 4 celui de Jérusalem, celui de Moscou vient après et celui


ème ème

de Roumanie encore après.

Le patriarche d’Alexandrie a en charge toute l’Afrique. Mais il ne peut s’immiscer

dans les affaires intérieures des Eglises locale. Lui avec son synode (c’est-à-dire

tous les évêques en Afrique) vont nommer les nouveaux évêques ou autres

nominations ou remaniements des territoires en Afrique.

A propos de la Mère de Dieu qui a-t-il de différences ?

Tout d’abord dans l’orthodoxie nous vénérons la Vierge Marie, parce qu’elle a mis au

monde notre Seigneur, et c’est ainsi que nous préférons l’appeler « Mère de Dieu »,

plutôt que Vierge Marie tout seul. Des vierges Marie il peut y en avoir pleins dans le

monde, il suffit pour cela qu’une femme se nomme Marie et qu’elle soit vierge !! En

revanche il ne peut y avoir QU’UNE Mère de Dieu !!

L’orthodoxie n’a aucun dogme concernant la Mère de Dieu, mais juste une tradition

proposant des idées. Les dogmes ne sont que sur le Christ ou la sainte Trinité, car

seul Dieu nous sauve et nous devons croire correctement afin de ne pas nous

fourvoyer en des chemins tortueux. La Mère de Dieu ne nous sauve pas, donc nous

pouvons croire ou pas des éléments la concernant, cela ne changera pas notre salut

qui lui, vient de Dieu.

L’occident a promu un dogme sur la Mère de Dieu, celui de l’Immaculé Conception

déjà lors du 1 Concile du Vatican, au 19 siècle et réaffirmé lors du 2 Concile


er ème ème

dans les années 1960. Ce dogme comme le dit le titre veut que la Mère de Dieu fût

conçue sans péché, sans faute.

Là encore l’orthodoxie ne peut être d’accord avec ce dogme. La mère de Dieu est une
femme parmi toutes les femmes, elle est elle-même conçue par Joachim & Anne tout

à fait normalement. En revanche, bien sûr, elle grandi en un milieu saint, puisque

selon la tradition elle vécue toute son enfance au sein du Temple de Jérusalem,

écoutant les saintes écritures tous les jours, vivant dans un milieu propre à la

méditation. Aussi, oui, elle est pure de tous les vices de la société, mais pas exempte

du péché d’Adam & Eve !

Il faut dire aussi que, si elle était Immaculée Conception, elle serait comme au

dessus de la nature humaine, et au moment de l’Annonciation, quand l’Ange lui

annonce qu’elle va être enceinte, elle ne pourrait que répondre favorablement à

l’Ange, alors qu’au contraire en étant une femme faisant partie de l’humanité, elle

gagne une bataille contre le diable en répondant : « Je suis l’humble servante du

Seigneur », c’est beaucoup plus glorieux.

On nous accuse d’adorer des images, d’êtres idolâtres !

Selon la tradition se serait l’évangéliste Luc qui aurait peint la première icône de la Mère

de Dieu, et ce, de son vivant. Nous trouvons en tout cas des fresques peintes dans les

catacombes de Rome, datant du IIIème siècle. Cela montre qu’il ne s’agit pas d’une

innovation dans un groupe chrétien, mais bien une tradition remontant dès les origines de

ce christianisme. L’Eglise a utilisé les saintes Ecritures comme base de sa foi, ces Evangiles

nous expliquent uniquement QUI est le Christ, c’est-à-dire l’Un de la sainte Trinité, le Fils

de Dieu, mais elle a voulu pouvoir utiliser un autre moyen pour témoigner et compléter sa

foi, et c’est ainsi qu’elle a utilisé les icônes dès les premiers siècles. Une icône est une

fenêtre ouverte sur le monde divin, avec des règles précises, on ne peu peindre comme bon

nous semble, mais il y a des critères qui donnent une ligne de conduite. Ainsi l’iconographe

ne peint pas d’après un état ou une émotion qu’il peut avoir, mais vraiment en suivant les

canons de l’Eglise. Cette notion est primordiale, l’icône de ce fait reste un élément de foi

et non une œuvre d’art !! Il faut noter que l’Eglise catholique Romaine a toujours accepté la

vénération des icônes, mais ne l’a jamais mis en pratique, préférant l’utilisation des statues.
Et il faut appuyer le fait que nous n’adorons pas les icônes –c’est réservé à Dieu- mais nous

vénérons les icônes, comme nous vénérons les saints Evangiles.

Dieu se laisse connaître où et comment encore ?

Comme les Ecritures disent : « Soyez saint, parce que je suis saint, dit le

Seigneur ».

C’est tout le but de la vie d’un chrétien… devenir saint et recevoir le saint Esprit !

Déjà par le baptême nous acquérons les Dons du saint Esprit par la Chrismation

c’est-à-dire l’onction du saint Chrême, et revêtons le Christ par l’immersion elle-

même, comme le Christ est mis au tombeau 3 jours, nous-mêmes nous sommes

immergé 3 fois, et comme le Christ est sorti vivant par sa Résurrection, nous aussi

après la triple immersion nous naissons à une nouvelle vie, mais toute notre vie

durant nous devrons fructifier ces acquits, telle une graine mis en terre doit former

une nouvelle plante avec encore plus de graines.

Cette transformation intérieure nous est proposée par les divers offices que l’Eglise

nous convie tous les jours, ou à défaut au moins le dimanche. L’office par excellence

dans lequel le fidèle peut s’élever est la Divine Liturgie, office ou les fidèles

pourront communier au Corps et au Sang du Christ, comme lui-même nous invita à le

faire lors de son dernier repas avec ses disciples (Lc 22 :19-20). Mais cela ne suffit

pas sans une vie intérieure de prières et de vécu des Evangiles.

La prière bien sûr est une façon de s’approcher de Dieu, la prière de base est la

lecture des psaumes ou tout simplement de la Bible, certaines lectures de prières

que nous trouvons dans les livres de prières. Mais il existe un état supérieur à cette

prière de base, il s’agit de la prière du cœur.

La prière intérieur orthodoxe consiste à réciter la prière dite de Jésus, la voici :


« Seigneur, Jésus Christ aie pitié de moi ».

En prononçons durant un long moment cette prière, dans le silence et le calme, l’âme

trouve une paix intérieure, favorisant la prière elle-même, puisque au début nous

devons nous forcer. Par une longue pratique de cette prière, toujours dans le

recueillement la componction et le jeûne, selon aussi le rythme de la respiration,

l’âme fini par se nourrir de la prière et en avoir besoin. Une paix intérieure nous

purifie, apportant une douceur qui relative les problèmes de la vie. Ainsi le fidèle

fini par s’élever dans les sphères spirituelles, comme un cercle sans limites, l’âme a

besoin de calme de jeûne, qui favorise la prière la paix intérieure, en favorisant la

prière etc… etc… etc.

Pour certaines personnes cette pratique de la prière que nous appelons prière du

cœur permet d’être beaucoup plus réceptif au monde divin, mais encore une fois cela

nécessite une longue pratique, toujours en lien avec un père spirituel, et en lien avec

l’Eglise. Ceci afin de ne pas se perdre en croyant avancer, alors que l’âme se perd

dans l’orgueil ou l’illusion !

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