DROIT INTERNATIONAL PRIVE Note de Class
DROIT INTERNATIONAL PRIVE Note de Class
DROIT INTERNATIONAL PRIVE Note de Class
INTERNATIONAL
PRIVE
Le cours de droit international privé est une branche de droit privé en ce qu'il concerne les
relations que des personnes privées, ressortissant d'Etats différents et résidant dans des Etats
différents, peuvent nouer entre elles, en matière de famille, de contrat ou de nationalité.
Le droit international privé permet de résoudre les conflits entre différents droits internes d'Etats
souverains.
La finalité du droit international privé est de régler les conséquences de la division du monde sur
le statut civil des personnes, physiques ou morales, en cas de litiges entre les individus. En effet,
en raison de la pluralité des lois internes et de la diversité des systèmes juridiques en présence, il
faut un corpus de règles indépendantes pour développer des solutions et éviter la cacophonie ou
les blocages juridiques.
Le Droit International Privé est donc la matière qui tend à régir une situation présentant un
élément d’extranéité et régissant les relations entre les personnes privées.
DROIT INTERNATIONAL PRIVÉ : branche du droit qui a pour objet de régler les statuts et
rapports juridiques des personnes privées prises dans une perspective internationale, en tant que
membre de la société internationale.
Conflit de juridiction : concurrence de juridictions de différents ordres juridiques à connaître
d’une même situation
Conflit de lois : concurrence de lois de différents ordres juridiques à régir une même situation.
ATTENTION : plusieurs juridictions peuvent être compétentes mais une seule loi est applicable.
De même, un juge saisi peut appliquer toutes les lois du monde, par forcément la sienne.
Clause d’exception (échappatoire) : la loi applicable à telle situation est telle loi à moins qu’il ne
résulte des circonstances qu’une autre loi est plus favorable.
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Règle à coloration matérielle : En principe, la règle de conflit ne retient qu’une loi et une seule.
Or, le plus souvent dans la pratique contemporaine, la règle de conflit est assortie de plusieurs
rattachements. Elle perd alors sa neutralité et fait des choix substantiels.
CHAPITRE 1: LE STATUT
PERSONNEL
A. RAPPEL SUR LA NOTION DE STATUT
PERSONNEL.
1. Notion.
Parmi les matières incluses dans ce statut personnel figurent déjà le statut individuel
de la personne, cela recouvre le nom, le domicile, la capacité.
En revanche, la nationalité ne soulève pas de conflit de lois. Pour quelle raison ? Car
pour qu'il y ait conflit de lois il faut qu'une autorité nationale accepte de faire
appliquer une loi étrangère. Aux yeux d'un état donné, une personne a la nationalité
de cet état ou ne l'a pas. Et si une personne a la nationalité d'un état dont l'autorité
est saisie cette autorité ne connaît que cette nationalité. D'une autre manière, dans
un conflit de nationalités mettant en cause la nationalité de l'autorité saisie, le conflit
est nécessairement résolu en faveur de cette nationalité.
En la matière il n'y a véritablement de choix que lorsque les deux nationalités dont
dispose l'individu soulèvent une question posée dans un état tiers. Alors si devant un
tribunal français, une personne à la nationalité belge et marocaine, là il faudra faire
un choix et à ce moment les juges choisiront la nationalité la plus effective.
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Il convient de choisir un rattachement qui assure une stabilité. Il y en a
traditionnellement deux : la loi de la nationalité de l'individu où qu'il soit et l'autre est
la loi de son domicile (international) nonobstant ses déplacements.
1. Le droit commun.
Pendant tout le XIXème siècle, l’article 3 al. 3 s'est appliqué sans problème
mais le principe a été moins approprié par la suite sous l'influence de deux facteurs.
a. Le développement de l'immigration.
La raison est que plus il y a d'étrangers dans un pays venant d'un grand
nombre de pays différents, plus on est amené à appliquer des lois étrangères. Or
une loi étrangère est moins facile à appliquer que la loi locale. Aussi les lois
étrangères peuvent révéler un contenu difficilement acceptable pour l'ordre public
français.
Cette difficulté on l'a connu au milieu du XIX ème siècle du fait que les rois Italien et
espagnol n'admettaient pas le divorce. Donc le principe de compétence de la loi
nationale conduisait à refuser de prononcer le divorce d'époux espagnols ou italiens
qui avaient immigrés en France. Le problème s'est résorbé avec l'introduction du
divorce en droit italien et espagnol.
L’article 3 al. 3 demeure mais ce principe connaît des exceptions de plus en plus
nombreuses, la plus remarquable étant l’article 310 du Code civil d'une loi de
1975. Selon l'article 310, est soumis à la loi française, le divorce d'époux tous deux
domiciliés en France. Même si les époux sont de nationalité commune étrangère on
leur applique la loi française sur le fondement du domicile.
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Pendant longtemps a été assurée l'unité de la nationalité au sein de la famille
car selon les différents droits de la nationalité, la femme qui épousait un étranger
acquérait la nationalité de son mari et elle était susceptible de perdre sa nationalité
d'origine.
Aujourd'hui les temps ont changé et le principe consacré par la loi française depuis
1973 c'est que le mariage n'exerce de plein droit aucune influence sur la nationalité.
C'est-à-dire que la française qui épouse un étranger ne perd pas la nationalité
française et que l'étrangère qui épouse un français ne devient pas française. Dès lors
que la femme conserve sa nationalité d'origine elle la transmet à ses enfants.
Comme les enfants peuvent aussi recevoir la nationalité du père on va voir se
multiplier les cas de doubles nationalités.
2. Le droit conventionnel
C'est le développement des conventions internationales et surtout les
conventions multilatérales adoptées lors de la convention internationale de La Haye.
La conférence a donc traité des questions plus étroites en fonction des besoins les
plus pressants. Ces questions ont été la protection des incapables, les obligations
alimentaires, l'adoption. On a donc eu une série de conventions de La Haye. La
conséquence est un éclatement du statut personnel en ce sens qu'il y a par exemple
une loi applicable à la question très étroite des obligations alimentaires et cette
question ne sera pas nécessairement la même que celle appliquée à la filiation. On
voit un émiettement du statut personnel.
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Donc est apparu ce 3ème rattachement (la résidence habituelle) ce qui accentue
l'émiettement du statut personnel.
En droit Français le statut personnel est régit par la loi nationale mais cela reste un
principe très général qui connaît beaucoup d'exceptions.
SECTION 1: LA CAPACITÉ
La capacité d'un individu devrait en principe être soumise à une règle de
conflit de lois unique. On se demande déjà selon quelle loi on va apprécier le statut
d'incapable qui permet de contester les actes passés par l'intéressé. La deuxième
question est celle de savoir selon quelle loi organiser la protection de l'incapable.
I. LE STATUT DE L'INCAPABLE.
L’article 3 al. 3 soumet la capacité des français à la loi française. Cette règle
a été bilatéralisée de sorte que la capacité en Droit International Privé français relève
de la loi nationale. Cette règle n'est pas universelle ; la preuve, aux USA on applique
la loi de l'acte juridique.
Plus pratiques sont les incapacités spéciales de jouissance qui empêchent de jouir
de certains droits. Elles visent des actes particuliers. Elles sont susceptibles de
relever de la loi personnelle quand elles sont édictées en fonction d'une
caractéristique de l'intéressé. Par exemple, une interdiction de contracter mariage
pour des personnes atteintes de certaines affections physiques ou mentales. Cela
existe dans certains droits étrangers mais pas en droit français. Mais le plus souvent
les incapacités spéciales de jouissance visent une certaine catégorie d'actes et elles
sont édictées pour des raisons d'intérêt général et non pas en raison de la
personnalité d'un individu. Ex : L'incapacité du médecin selon l’article 909 du Code
civil de recevoir à titre gratuit d'une personne dont il a soigné la dernière maladie.
Cette incapacité vise un type de relation qui unit le patient au médecin. Donc c'est
selon la loi applicable à cette relation que l'interdiction s'appliquera ou non. Si c'est la
loi française, l'incapacité va s'appliquer.
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Ex : incapacité du tuteur de recevoir à titre gratuit de son pupille. Ici encore ce n'est
pas la personnalité de l'individu qui est visée, c'est la relation en elle-même. Donc on
appliquera la loi applicable à la tutelle.
Une personne est titulaire d'un droit mais elle ne peut l'exercer que par
l'intermédiaire d'un tiers. Cela concerne le mineur et le majeur interdit. Ici les
caractéristiques de la personne sont prises en compte (jeune âge ou affection
mentale). Cela vise un ensemble d'actes. Donc la raison de permanence s'applique.
Il faut une continuité de statut. Les incapacités d'exercice sont régies par la loi
personnelle c'est-à-dire la loi nationale.
Néanmoins, on s'est parfois posé la question de savoir comme pour les incapacités
spéciales de jouissance, si l'incapacité ne devrait pas plus plutôt être rattachée à une
institution plutôt qu'à la personne. La question s'est posée dans deux contextes
différents.
Pour les actes portant sur un immeuble : lex rei sitae. C'est la loi du lieu de
l'immeuble. Il y a une tendance à appliquer la loi de situation de l'immeuble pour
toutes les questions qui touchent à l'immeuble. Parmi ces questions il y a celle de la
disposition de l'immeuble. Alors si un mineur dispose d'un immeuble faut-il apprécier
sa capacité à l'aliéner selon sa loi personnelle ou selon la loi de l'immeuble ?
La question s'est posée dans l'arrêt « Patino ». Une mineure espagnole avait à la
veille de son mariage conclu un contrat de mariage (séparation de biens) soumis à la
loi de son mari, la loi Bolivienne. Elle intente en France une action en nullité du
contrat fondée sur sa loi personnelle, la loi espagnole. La cour de cassation s'est
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prononcée pour la loi personnelle. Il s'agit bien d'une question de statut personnel en
général. « C'est par une exacte qualification que les juges du fond ont vu dans les
règles habilitant un mineur à la conclusion d'un contrat de mariage une simple
modalité de son incapacité générale de contracter ressortissant de sa loi
personnelle. » Donc l’article 1398 s'applique aux français et non pas aux contrats
soumis à la loi française.
Cependant, il s'agit ici d'état de personne, donc la décision sera retenue sans
exequatur préalable sauf à faire intervenir un contrôle ultérieur. Mais aussi l'effet de
l'incapacité pourra se heurter à l'ignorance excusable du jugement étranger (voir
infra).
S'il s'agit d'un étranger, le tribunal sera reconnu compétent sur le fondement du
domicile, si le domicile est en France voire sur le fondement de l'urgence s'il n'y a
pas de domicile en France ; mais s'étant reconnu compétent, le tribunal français
devra consulter la loi personnelle de l'étranger pour choisir un régime de protection.
Ceci c'est la théorie, en fait l'autorité française qui serait saisie sur le fondement du
domicile, de l'urgence ou de la résidence habituelle, peut être incitée à appliquer les
mesures prévues par sa propre loi. Pourquoi ? Pour des raisons de commodité. Il est
difficile de connaître les mesures de protection étrangères. Aussi une personne qui
par hypothèse a un lien de rattachement avec le territoire français doit pour être
protégée par les dispositions de la loi française quel que soit les dispositions de son
statut personnel. On voit ici l'idée de lois de police.
1. Le renvoi
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Lorsque la loi étrangère qui est désignée par la règle de conflit de l'autorité
saisie désigne elle-même l'autorité qui la désigne compétent = Renvoi.
Ex : une personne étrangère domiciliée en France passe un acte dont elle invoque la
nullité pour incapacité ; une autorité française applique la règle de conflit qui désigne
la loi étrangère mais la loi étrangère désigne la loi Française.
On considère qu'il y a lieu de faire jouer le renvoi quand il a un effet validant et non
pas dans le cas contraire. Donc si l'intéressé est capable selon la loi française mais
incapable selon sa loi personnelle étrangère qui renvoie à la loi française on fera
jouer le renvoi ce qui permet de maintenir l'acte.
2. Le conflit mobile
Quand l'élément de rattachement retenu par une règle de conflit se modifie
(ex : ici, quand l'incapable change de domicile)
Il faut savoir s'il faut continuer d'appliquer la loi ancienne ou tenir compte du
changement : théorie de l'effet immédiat. Selon la théorie générale : la théorie de
l'application immédiate l'emporte, les effets à venir de la situation sont régis par la loi
nouvelle.
a. En cas de minorité
En revanche, si l'individu était majeur selon la loi de l'ancienne nationalité alors qu'il
ne l'est pas selon la loi nouvelle, on hésitera à le faire redevenir mineur : pas de
Jurisprudence.
Cela suppose qu'une personne ait été déclarée incapable par la loi d'origine,
puis change de nationalité. Faut-il considérer que les mesures prises sous la loi
ancienne deviennent caduques ? : Un arrêt ancien l'a admis : la loi de la nouvelle
nationalité ignorait les mesures de protection antérieurement prises selon la loi
française, cependant c'est une décision unique, il est difficile d'en tirer un principe
général. On pourrait dire que la mesure doit se prolonger tant que la décision n'est
pas intervenue sous l'empire du nouveau statut.
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Qui dit conflit mobile, dit possibilité de fraude pour échapper à des mesures
impératives de la loi ancienne.
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d'annulation du contrat, pour la Cour de cassation, les vendeurs ont agi sans
légèreté, sans imprudence et avec Bonne Foi.
L'arrêt LIZARDI formule une règle matérielle, règle de fond à objet international :
quand on traite avec un étranger, celui-ci ne peut arguer de son incapacité.
La solution LIZARDI est formulée par la convention de Rome de Juin 1980 sur la
loi applicable aux obligations contractuelles. La convention exclu les règles de
capacité dans son art 1, mais dans l’article 11, elle formule une règle matérielle
semblable : « dans un contrat conclu entre personnes se trouvant dans un même
pays, une personne physique qui serait capable selon la loi de ce pays ne peut
invoquer son incapacité résultant d'une autre loi que si au moment de la conclusion
du contrat, le cocontractant a connu cette incapacité ou ne l'a ignoré qu'en raison
d'une imprudence de sa part ».
En principe, c'est la loi qui fixe la protection. Mais quelques difficultés demeurent.
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Il paraît normal que ce soit la loi qui fixe la capacité et aussi le régime de protection.
Pour la France se serait la loi nationale ; c'est la solution retenue par la Convention
de La Haye de 1902, le rattachement national est très répandu.
Il n'y a pas de problème quand il y a une protection familiale, c'est à dire qu'il y a
représentation de l'incapable mineur par ses parents.
C'est encore plus difficile quand l'autorité publique intervient (assistance éducative ;
aide sociale à l'enfance).Cette autorité publique fait une intervention totale quand les
organes familiaux ne remplissent plus leur rôle (plus de famille ; déchéance de
l'autorité parentale).
A ce stade il est difficile de faire fonctionner les organes de l'Etat quand l'enfant est à
l'étranger. Il est plus normal que ce soit l'autorité publique de l'Etat de résidence qui
intervienne. Ces autorités appliqueront leur propre droit. Les autorités ont vocation à
intervenir sur toute personne se trouvant sur leur territoire.
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Entre temps l'enfant est confié aux services suédois de l'éducation protectrice du
mineur. La tutrice néerlandaise réclame l'enfant aux autorités suédoises qui ont
refusé pour éviter de faire trop de déplacement.
Un différend naît entre les Pays Bas et la Suède. La CIJ est saisie et dit que la
convention ne traite pas d'autre chose que de la désignation de la personne
responsable de l'enfant. Pour la Cour, la loi suédoise qui est la loi du domicile fait
que « l'éducation protectrice ne peut atteindre son but social que si elle est
appliquée à tous les mineurs vivants en Suède ». Autrement dit on différencie le
domicile entre la tutelle soumise à la loi néerlandaise et les mesures protectrices
suédoises. Par conséquent bien que la Convention donne incontestablement
compétence à la loi des Pays Bas, cette loi pourrait être paralysée par des mesures
administratives prises par un organisme public dans l'Etat de résidence.
Elle est en vigueur en France. Elle est applicable à tous les mineurs qui ont leur
résidence habituelle dans un des Etats contractants indépendamment de leur
nationalité. Par mineur on entend une personne qui a la qualité de mineur par sa loi
nationale et par la loi de résidence habituelle (conditions cumulatives). Si cette
condition n'est pas remplie c'est le droit commun qui sera applicable.
Elle met l'accent sur la compétence des autorités pour prendre des mesures et non
seulement sur la représentation juridique des mineurs (convention de 1902).
Elle vise toutes les mesures individuelles de droit public ou privé prenant en
considération de la faiblesse de l'intéressé et visant sa personne ou ses biens.
1. La situation normale.
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C'est la compétence de la loi personnelle. La convention de 1961 dit chaque
Etat se voit reconnaître un rapport d'autorité résultant de plein droit de la loi interne
de l'Etat dont le mineur est ressortissant.
La situation se modifie quelque peu par le décès de l'un des deux parents ou des
deux parents, par le divorce, par la mise en danger des mineurs. Il y a rupture
d'équilibre et il faut prendre des mesures. La convention de 1961 règle la
compétence des autorités. On passe vers un conflit d'autorités.
L'Etat national du mineur ne perd pas tout rôle. Nonobstant l'article 1, l'article
4permet aux autorités nationales de l'Etat d'intervenir à une double condition.
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- Que les autorités nationales avisent préalablement les autorités de l'Etat
résidence habituelle. A ce moment-là les autorités nationales prennent le
dessus, il n'y a donc pas de rupture avec le système de la loi nationale.
c. Dialectique
Les problèmes de garde après divorce sont donc soumis depuis le 18 avril 1984 à
l'application de la Convention de 1961selon les conditions d'application de celle-ci.
Les tribunaux français saisis d'un divorce international ne sont pas nécessairement
compétents pour statuer sur la garde et le droit de visite. Ils ne le seront qu'en cas de
coïncidence entre la loi en matière de divorce et celle de la loi pour les mesures à
prendre.
Il existe des situations ou cette coïncidence n'est pas assurée (plusieurs enfants
dans plusieurs Etats) il y aura une pluralité de tribunaux compétents.
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3. La reconnaissance des mesures prises
Attribution de compétence par la convention de 1973. Le but est la
reconnaissance des mesures prises par les autorités.
Pour éviter la situation BOLL, les mesures prises par les autorités compétentes
selon les articles 1 à 6 sont reconnues dans tous les Etats contractants.
Ça ne vaut pas pour les mesures prises au titre de l'urgence ( art 8)car elles ont un
caractère provisoire. Ce caractère se manifeste surtout dans l'hypothèse de l'enfant
déplacé après que des mesures aient été prises.
Quand les mesures sont prises par l'Etat de la résidence habituelle ( art 1) et que
l'enfant change de résidence habituelle, les mesures demeurent aussi longtemps que
les autorités de la nouvelle résidence habituelle n'en auront pas pris d'autres.
Si les mesures sont prises par les autorités de l'Etat national il importe peu que la
résidence habituelle change, les mesures demeurent applicables.
Difficulté de multiplier les rapports de plein droit (ex lège) et les mesures de
protection (situations dans laquelle la protection du mineur vient d'une intervention
législative).
On arrive à une situation de blocage. Solution : l'Etat qui a le dernier mot est celui où
se trouve l'enfant, donc danger qu'un parent enlève l'enfant.
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- Convention de 1961 : panachage entre loi nationale et loi de l'Etat de la
résidence habituelle.
C. La convention de 1996
Les Etats membres de l'Union européenne l'ont signé le 1er avril 2003 mais il
reste à la ratifier.
Les dispositions du règlement l'emportent lorsque l'enfant réside sur le territoire d'un
Etat membre.
Elle s'applique aux enfants à partir de leur naissance jusqu'à l'âge de 18 ans.
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Les mesures de protection sont comprises de la manière la plus large. Les questions
non couvertes sont l'adoption et les obligations alimentaires, elles font l'objet d'autres
conventions.
a. Compétence de principe
Que faire quand un enfant résidant habituellement dans un Etat contractant est
retenu dans un autre Etat ?
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Il ne faut pas encourager le coup de force et entériner la compétence des autorités
de l'Etat où l'enfant a été amené.
Il arrive que l'on ne puisse pas faire revenir l'enfant. On est alors obligé de prendre
acte que l'environnement de l'enfant est celui de l'Etat où il se trouve.
Dans quel cas va-t-on considérer que l'enfant déplacé de façon illicite a une nouvelle
résidence habituelle ?
- Soit que l'enfant ait résidé au moins un an dans l'autre Etat après que le
titulaire du droit de garde ait eu connaissance du lieu où se trouve l'enfant et
qu'aucune demande de retour n'ai été faite tandis que l'enfant s'est intégré
dans son milieu.
La convention de 1961 avec les articles 1 et 2 dispose que ce sont les autorités de
la résidence habituelle qui sont compétentes mais on ne renonce pas à la loi
nationale.
Il y a un va et vient entre les deux (loi nationale et loi de résidence habituelle). Des
problèmes se posent si l'enfant a la double nationalité.
Du coup pour régler tous les problèmes, la convention de 1996 donne compétence
de principe aux autorités de la résidence habituelle.
Sur le statut des incapables. Il s'agit de déterminer si une personne est capable ou
non, on fait jouer le statut personnel. Seulement, il faut voir pour sa protection et cela
nécessite des mesures.
Dans la mesure où la plupart des enfants concernés ont deux nationalités, deux états
peuvent revendiquer leur compétence. Cela amène à des situations de blocages.
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D'où la convention de 1996 qui parachève l'évolution en donnant compétence de
principe aux autorités de la résidence habituelle.
Le texte de l’article 8 précise quels sont ces états : par exemple c'est un état dont
l'enfant a la nationalité.
L’article 8cite également un Etat où l'enfant possède des biens, un Etat saisi d'une
demande en divorce entre les parents et puis un Etat avec lequel l'enfant présente
un lien étroit. L'autorité requise peut refuser ou accepter ce transfert de compétence
en fonction de sa propre appréciation.
Inversement selon l’article 9, l'un de ces Etats qui vient d'être cité à l'article 8 peut
demander, aux mêmes conditions, que la compétence normale lui soit transférée. Ici
apparaît la hiérarchie des compétences. Le transfert ne se fera que sur accord avec
les autorités de l'Etat de la résidence habituelle. Si l'autorité requise ne réagit pas, le
transfert de compétence n'a pas lieu.
L'article 10reconnaît la compétence possible du for du divorce s'il n'est pas celui de
la résidence habituelle de l'enfant. L’article 10 prévoit la compétence du for du
divorce si sa loi le permet mais avec deux séries de conditions :
- Il faut d'abord que l'un des parents au moins ait sa résidence habituelle
dans l'état du for et que l'un des parents ait la responsabilité parentale à
l'égard de l'enfant. Attention il n'est pas nécessaire que ce soit le même
parent.
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- Il faut que la compétence du for du divorce ait été acceptée par les deux
parents et cela sous réserve de l'appréciation du tribunal selon laquelle la
compétence du for du divorce est dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
La 1ère série de conditions sera fréquemment remplie. Ce qui sera plus dur c'est
l'accord des deux parents et puis à cela s'ajoute l'appréciation du tribunal.
Pour illustrer ça, quelle serait l'appréciation du tribunal ?Ce que devra faire le tribunal
ça sera de regarder où les mesures qu'il prendrait vont être destinées à s'appliquer.
Selon la convention, les autres Etats contractants seront obligés de reconnaître ces
mesures. Seulement, la compétence du for du divorce cesse aussitôt qu'une décision
a été rendue, ce qui veut dire qu'après un certain temps, on pourra demander à
l'autorité de la résidence habituelle de l'enfant d'exercer sa compétence normale
selon la convention, il faudra pour cela invoquer un changement de circonstance, un
changement d'intérêt de l'enfant par exemple.
C'est l'article 13 qui invite les autorités d'un Etat à s'abstenir de statuer si des
mesures correspondantes ont déjà été sollicitées des autorités d'un autre Etat
contractant alors compétent. Ex : les conditions de l’article 10 étant remplies, un
tribunal français est compétent pour statuer à l'issue du divorce sur l'autorité
parentale. Or dans le début de la procédure le juge français a été sollicité. En vertu
de l’article 13, les autorités de la résidence habituelle devraient s'abstenir
d'intervenir.
Dans ce cas les autorités de l'Etat où se trouve l'enfant ou d'un Etat où il possède
des biens peuvent prendre des mesures d'urgence = art 11. Ces mesures cessent
aussitôt que les autorités compétentes d'un autre état contractant, en particulier
celles de l’article 5, ont pris les mesures exigées par la situation.
Donc la convention de 1996 fait un grand effort pour mettre fin aux conflits
d'autorités en donnant compétence de principe aux autorités de la résidence
habituelle mais cela n'empêche pas certaines dérogations.
3. La loi applicable
a. Responsabilité parentale de plein droit
Qui dit résidence habituelle dit « se soucier du conflit mobile » car on change
souvent de résidence. En principe on s'interroge de savoir si on continue d'appliquer
la loi ancienne ou bien si on applique immédiatement la loi nouvelle ? La convention
ne se prononce pas. Elle règle des situations concrètes.
3ème situation : l'ancienne loi attribue une responsabilité de plein droit et la loi de la
nouvelle résidence aussi mais non à la même personne. Il faudra adapter le jeu des
deux responsabilités parentales. Mais il y a l’article 17 qui énonce que l'exercice de
la responsabilité parentale est régie par la loi de la résidence habituelle sous
entendue actuelle.
Quand des mesures doivent être prises, toutes les autorités saisies statuent
selon leur propre loi. Le but depuis l'affaire BOLL c'est que les autorités n'aient pas à
appliquer une loi étrangère.
Si, compte tenu des éléments de faits, on sait que dans un avenir prévisible la
résidence habituelle de l'enfant va être déplacée dans un autre pays (par ex ses
parents sont des expatriés et on sait qu'ils vont devoir revenir dans leur pays
d'origine) Aussi si on sait que la mesure est nécessairement destinée à s'appliquer
dans un autre pays, ex : il s'agit de vendre un immeuble appartenant au mineur,
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immeuble situé dans un autre pays dont il n'est pas forcément mauvais de prendre
en considération la loi de cet autre pays.
Lorsque les autorités ont pris des mesures et que la résidence habituelle de l'enfant
change, il ne faut pas que ces mesures tombent automatiquement. Si la situation est
stable elle n'a pas à être modifiée. C'est ce que la convention précise
implicitement : « la loi de la nouvelle résidence régit les conditions d'application des
mesures prises ».
Le 2ème motif c'est l'absence d'audition de l'enfant dans le cas où elle était possible
compte tenu de l'âge de l'enfant et de sa présence.
Le 3ème motif est l'absence d'audition d'une personne prétendant qu'une mesure
prise porte atteinte à son autorité parentale.
4ème motif : la possibilité de refus pour contrariété manifeste à l'ordre public compte
tenu de l'intérêt supérieur de l'enfant.
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autorités centrales des autres états. Communication sur le contenu de la législation,
communication sur les services disponibles dans les pays, communication sur la
situation particulière d'un enfant déterminée, coopération pour rechercher un enfant
qui est en fugue.
Lorsque des mesures auront été prises pendant la minorité, elles pourront continuer
à s'appliquer après la majorité dès lors qu'elles remplissent les conditions de
reconnaissance de la convention « adulte ».
Du point de vue matériel, les mesures sont celles qu'on trouve dans tous les droits
nationaux concernant la protection d'un adulte ou de ses biens (pour nous c'est la
curatelle, la tutelle).
a. Compétence principale
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La compétence principale appartient aux autorités de la résidence habituelle.
La convention prévoit un système de transfert de compétence à sens unique : des
autorités de la résidence habituelle aux autorités d'un autre état. Sauf que le transfert
peut se faire vers un Etat sur le territoire duquel se trouve une personne disposée à
assumer la protection de l'adulte ou encore un Etat dont les autorités ont été choisies
par l'adulte pour prendre des mesures tendant à sa protection.
b. Compétences concurrentes
Les mesures de ces autorités nationales cessent d'avoir effet dès que les autorités
de la résidence habituelle auront statué sur la protection de l'adulte.
Est également prévue une compétence d'urgence des autorités de l'Etat sur lequel
se trouve l'adulte = art 10.
3. La loi applicable.
a. La règle générale.
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La compétence législative suit la compétence des autorités. Donc toute
autorité habilitée à agir applique sa loi avec clause d'exception (lien étroit avec une
autre loi).
Régit par les articles 15 et 16. C'est une institution empruntée à certains
droits nationaux. Il s'agit de pouvoirs de représentation conférés par un adulte pour
être exercés lorsque l'adulte sera hors d'état de pourvoir à ses intérêts. L'originalité
est que dans beaucoup de droits un mandat tombe quand une personne cesse d'être
capable. Ici c'est l'inverse.
Le mandat peut être conféré par accord avec le mandataire, il peut être unilatéral, il
peut porter aussi bien sur la gestion des biens que sur les mesures concernant la
personne.
Le mandat est destiné à prendre effet quand le mandant ne peut plus veiller à ses
affaires et cela doit être constaté par l'autorité judiciaire.
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SECTION 2: L’UNION DES PERSONNES.
Sous Préliminaire :
On distingue le concubinage et les
partenariats enregistrés.
I. L'UNION LIBRE.
Le concubinage en France :En France le concubinage ne fait pas l'objet d'un statut.
Il a été pris en compte par le droit social et par le biais du Pacs, le concubinage a fait
l'objet d'une définition dans le Code civil dans l’article 515-8. Le concubinage est
une union de fait. Ce n'est pas une union institutionnalisée.
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Du point de vue des conflits de lois, le concubinage ne constitue pas une
qualification propre. (C'est le 1 er élément d'une règle de conflit). Par conséquent les
questions susceptibles de se présenter vont relever d'une catégorie reconnue selon
la nature de la question. Par ex s'il y a eu une convention entre les concubins et
qu'un conflit s'élève on appliquera la règle de conflit pour les contrats. Si l'un deux
décède, on appliquera la règle de conflit prévue pour les successions. S'il s'agit de
responsabilité civile, on applique la règle de conflit prévue pour les délits.
La Jurisprudence est rare mais le plus souvent c'est la loi du domicile qui
s'appliquera. Par ex, si c'est un problème de succession mobilière : on applique la loi
du domicile du défunt. Mais quand il s'agit de relations personnelles, si les concubins
sont de même nationalité, il serait envisageable d'appliquer la loi nationale commune
en tant que loi des liens les plus étroits. Pour la théorie une autre approche serait
d'élever le concubinage en catégorie de rattachement. Ça serait une qualification
retenue pour donner naissance à une règle de conflit.
Un certain nombre d'Etats, dont la France avec le PACS, ont introduit une
réglementation de l'union libre qui fait produire à certaines unions des effets
personnels et des effets patrimoniaux plus ou moins étendus. L'examen de ces
législations fait ressortir qu'elles se divisent en deux groupes.
Selon certaines législations (qu'on trouve en Europe du nord et dans des Etats
d'Amérique du nord) le partenariat organisé apparaît comme un véritable
mariage : Il est réservé aux couples homosexuels et il comporte certaines
restrictions par rapport au mariage lui-même tel que le refus de l'adoption conjointe
ou le refus de la procréation médicalement assistée (quand il s'agit de femmes
évidemment). On appliquera en principe à l'union les règles de Droit international
privé prévue pour les mariages.
27
Comment s'analyse en droit Français le Pacs ?
Enfin s'il s'agit de deux étrangers, ils ne pourront conclure un pacs en France que si
leur loi personnelle prévoit une institution analogue.
Pour les cas des étrangers qui concluent un pacs en France : sont autorisés à
conclure un pacs les étrangers résidant en France : l’article 515-3 donne
compétence pour enregistrer un pacs au tribunal d'instance du lieu où les partenaires
fixent leur résidence commune. On peut lire cette disposition comme autorisant toute
personne autorisée à résider en France à souscrire un Pacs sans que l'on se heurte
à des objections tirées de leur loi personnelle. Le seul risque que prendrait ces
personnes c'est que d'abord ce pacs français ne soit pas reconnu dans leur état
national voire que ce pacs Français soit remis en cause en France même par l'un
deux ou par un tiers intéressé au motif qu'il contrevient la loi personnelle de l'un ou
des deux intéressés.
En matière de mariage il faut savoir que quand des étrangers veulent conclure un
mariage en France, l'officier doit les interroger sur leur statut personnel pour savoir
28
s'ils peuvent se marier selon cette loi personnelle. Ici, avec le pacs, il n'y a rien de
semblable. Le pacs a été introduit comme si la France était seule au monde…
Il semble que dans l'état actuel on enregistre sans rien demander en matière de
pacs.
C'est l'hypo d'une union célébrée à l'étranger et l'une des parties demande
que la France en tire les effets. Donc on regarde en présence de quoi on se trouve.
S'il s'agit d'une union qui se veut être un mariage : on refuse de reconnaître
l'union si elle implique un français car selon la loi française on ne peut se marier avec
une personne de même sexe.
Si l'union est de type Pacs et ne se veut pas être un vrai mariage : Ici la validité
de l'union produira ses effets en France sous réserve que la loi personnelle
étrangère ait permis la conclusion de ce partenariat.
SOUS-SECTION 1: LA FORMATION
DU MARIAGE.
29
Dans certaines législations l'existence des fiançailles empêchait le mariage avec un
tiers. De même la rupture de fiançailles donnait lieu à réparation. C'est donc le signe
d'un vrai acte juridique.
En France les fiançailles n'ont jamais eu d'effet obligatoire. Le seul effet juridique
était la possibilité d'une indemnisation en cas de rupture abusive.
30
Quand on en dans le cas de bi nationalités, devant une autorité d'un état dont
un des intéressés à la nationalité de cet état : Dans cette hypothèse seule cette
nationalité (nationalité de l'état saisi) est prise en considération ou encore dit
autrement, un conflit de nationalités mettant en jeu la nationalité de l'autorité saisie
est toujours résolue en faveur de cette nationalité.
Cela signifie qu'un binational franco algérien serait considéré comme français en
France et algérien en Algérie. Quand la loi attribue la nationalité locale à un individu,
les autorités locales sont tenues d'appliquer cette loi.
Quand le conflit qui se présente devant une autorité donnée concerne deux
nationalités étrangères : par ex devant un juge français s'élève une question de
statut personnel pour un individu qui est algérien et tunisien. Le juge français va
rechercher quelle est la nationalité la plus effective.
31
En principe, les conditions de mariage dans une loi donnée visent l'aptitude
individuelle à contracter mariage. Voilà pourquoi on a dit que l'on appliquait
distributivement les deux lois.
Un cas qui s'est présenté plusieurs fois au 20 ème siècle était celui des lois qui
interdisaient d'épouser une personne divorcée ou qui interdisaient d'épouser des
personnes religieuses (lois espagnoles). Ces exemples sont surannés.
Que faire quand l'empêchement bilatéral est édicté par une loi étrangère et frappe
un(e) française ?Si un français divorcé prétend épouser un espagnol : pas possible à
l'époque car la loi espagnole interdisait à une personne de se marier avec un
divorcé. L'application distributive voudrait qu'on refuse de célébrer le mariage et des
décisions anciennes ont effectivement acceptées de donner l'effet à l'empêchement
étranger (dans le cas de l'empêchement espagnol). Puis on s'est aperçu que
l'empêchement frappe d'une part un national et d'autre part heurte la politique
législative de faveur au mariage.
Il y a un conflit entre deux ordres publics (OP étranger qui énonce l'empêchement et
OP français qui ne juge pas bon d'édicter un empêchement de cette nature). L'ordre
public français n'a pas à être à la remorque d'un ordre public étranger, ce qui conduit
à passer outre un empêchement bilatéral étranger.
32
B. L'ordre public international
La loi étrangère prévoit un empêchement que connaît le droit français mais
selon des modalités différentes. Il faut distinguer selon la permissivité de la loi
étrangère et le cas du mariage polygamique.
S'agissant de l'instruction générale sur l'état civil, c'est une circulaire établit par le
Garde des Sceaux à destination des officiers de l'état civil. Cette circulaire indique
que « si les intéressés sont capables selon la loi française, et qu'ils persistent dans
leur projet de mariage, l'officier peut célébrer le mariage tout en avertissant les
intéressés que leur mariage risque de ne pas être reconnu à l'étranger. »
Maintenant si la loi étrangère est plus permissive que la loi française : sachant
qu'un grand nombre d'empêchements à mariage selon le droit international privé
français peuvent faire l'objet de dispense, sachant que tous les empêchements à
mariage du droit français ne sont pas sanctionnés par la nullité, que quelques fois la
nullité est prescrite rapidement, il semble que les lois étrangères plus permissives
que le droit français ne sont pas par principe contraires à l'ordre public.
Par exemple, l'ordre public ne s'applique pas systématiquement à une loi étrangère
autorisant le mariage à un âge plus jeune que la loi française.
Ce n'est pas qu'une question physiologique, c'est aussi une question d'aptitude à
consentir au mariage, c'est pourquoi une loi étrangère qui permettra le mariage de
trop jeunes enfants serait déclarée contraire à l'ordre public.
33
Une loi étrangère qui ne prévoirait pas le délai de viduité (pas de mariage dans les
300 jours de la dissolution du premier mariage), cette loi étrangère pourrait être
écartée car cet empêchement est peu contraignant alors que la confusion de
paternité est un inconvénient sérieux. On peut dire que le délai de viduité est une loi
de police.
Depuis 1975, il est prévu de mettre fin à ce délai par un certificat de non grossesse.
Dans la plupart des cas, il apparaît que le droit français respecte les lois françaises
les plus exigeantes mais seulement si l'empêchement est connu de la loi française et
dont les modalités seraient plus sévères.
2. Le mariage polygamique.
Ici, l'ordre public est susceptible de n'avoir qu'un effet atténué. Dans certaines
situations ou l'ordre public français s'opposerait à l'application de la loi étrangère, il
ne s'opposerait pas à la reconnaissance en France des effets de cette loi (arrêt
RIVIERE).
Affaire CHEMOUNI : Chemouni était un israélite tunisien déjà marié qui a contracté
en Tunisie un second mariage avec une femme de même statut que lui. Il s'installe
en France et abandonne la seconde épouse pour vivre avec la première. L'épouse
abandonnée fait une action en aliment. La Cour d'appel la déboute au motif qu'un
tribunal français ne peut donner effet à une union polygamique pour des raisons
d'OP. La décision est cassée en raison du fait qu'il ne s'agissait que de laisser se
dérouler les effets de l'union = effet atténué de l’Ordre Public. La Cour de cassation
condamne Chemouni a versé des aliments à la seconde épouse en 1958.
34
Pour échapper au versement des aliments, il forme un nouveau pourvoi en invoquant
la nullité de son mariage. Il y a un rejet de sa demande en 1963. Des lors que le
second mariage était valable au regard de la loi personnelle des deux époux, la
qualité d'épouse légitime de la seconde femme avait été définitivement acquise par
un mariage valablement contracté à l'étranger conformément à la loi compétente au
fond comme en la forme.
On a là une opposition entre l'effet de plein droit de l’Ordre Public et l'effet atténué
qui permet la reconnaissance du mariage à l'étranger.
C'est ici l'affaire BAAZIZ. Une française épouse un homme de nationalité française
mais qui à la suite de l'indépendance de l'Algérie avait acquis la nationalité
algérienne. Le mari contracte un second mariage avec une algérienne. Au décès du
mari la seconde épouse veut faire valoir des droits à une rente. Opposition de la
première femme. Il a été conclu à la validité du second mariage mais l'effet demandé
(partage de la rente) a été refusé au nom de l'ordre public.
35
même que pour être valable, le second mariage doit être valable selon la loi
personnelle de chacun des trois intéressés.
La meilleure solution semblerait être la 1 ère : faire intervenir la loi personnelle de la 1 ère
épouse. Cela peut paraître sévère pour la seconde épouse qui n'est pas sensée
connaître le 1er mariage mais on peut opposer le mariage putatif.
Le mariage obéit à la règle « locus regit actum » mais le mariage n'est pas un
simple contrat. C'est un acte qui donne naissance à un statut qui engendre des droits
et des obligations précises et qui est appelé à une longue durée. C'est pourquoi
selon la quasi-totalité des législations, le mariage n'est pas seulement un acte
consensuel. Il y a presque toujours intervention d'une autorité publique. On peut
parler de compétence de la loi et de l'autorité locale.
Pourquoi admet-on que c'est la loi du lieu de célébration qui est compétente ?
S'agissant du mariage, la loi du lieu de célébration est la plus accessible aux futurs
époux. La 2ème raison est que le mariage est un acte grave donc on peut considérer
qu'il est réservé aux autorités locales.
36
Locus regit actumest une règle bilatérale. La bilatéralité de la règle se trouve
consacrée par un texte (article 170 du Code civil). Le mariage contracté à l'étranger
entre français et étranger sera valable s'il a été célébré en la forme locale.
Le plus souvent c'est une forme religieuse, mais aussi une forme purement privée,
voir même une absence de forme qui existait en common law (mariage par
cohabitation).
Que faire s'il n'y a pas de publication en France ? La jurisprudence a pris pour critère
la fraude à la loi. Si les français n'ont pas procédé à la publication pour échapper à la
loi française, le mariage est nul. Si c'est une simple ignorance de leur part, le
mariage est valable.
Cette jurisprudence est mal fondée car si les intéressés se sont mariés à l'étranger
dans le but d'échapper à la loi française c'est qu'il y avait un empêchement. Il suffit
d'appliquer la sanction des conditions de fonds prévue. Si l'empêchement ne peut
plus être sanctionné car il est prescrit, c'est un contre sens d'annuler le mariage pour
défaut de publication.
En 1966, un mariage contracté 20 ans avant en Israël par un français mineur et non
autorisé. La Cour d'appel de Paris annule le mariage car la minorité était depuis
37
longtemps prescrite ce qui a évité un divorce à l'intéressé (en effet une nullité
l'avantageait beaucoup plus).
La bonne solution c'est de prévoir une nullité facultative laissant au juge le soin
d'apprécier s'il faut annuler ou non le mariage.
¨ Mariage de complaisance.
On est sur le terrain de la fraude à la loi mais c'est différent. Dans l'hypothèse
précédente, le mariage était l'objet de la fraude. Dans l'hypothèse du mariage de
complaisance, le mariage n'est pas l'objet de la fraude, c'est le moyen de la fraude
aux dispositions sur le statut des étrangers.
Le principe est que le mariage doit être annulé pour défaut d'intention matrimoniale.
La Loi du 24 août 1993a pris des mesures pour lutter contre cette pratique en
s'opposant à la célébration de mariage dont on a des raisons de douter de la
sincérité.
Cela vise aussi bien les mariages en France que les mariages célébrés à l'étranger.
[ 1ère situation : la loi française connaît un empêchement non connu par la loi
française, donc se heurte à une politique législative.
2ème hypo : empêchement connu de la loi française mais qui présente des modalités
différentes. On distingue selon que la loi étrangère est plus stricte ou permisse que la
loi française.
Nouveauté : 3ème hypo : l'absence dans la loi étrangère d'un empêchement prévu par
la loi française. C'est ici qu'il convient de faire passer la polygamie. Idem pour
38
l'identité de sexe. Il faut examiner cette question du point de vue de l’Ordre Public
français : il s'oppose certainement à ce que soit célébré en France un mariage homo
permis par la loi personnelle des intéressés. Qu'en est-il de la reconnaissance des
effets d'un mariage homo entre deux étrangers ? La reconnaissance est contraire à
l’Ordre Public Français mais il faut nuance : la reconnaissance des effets personnelle
sans doute. En revanche s'il d'agit d'effets purement patrimoniaux, il n'est pas exclu
que l’Ordre Public n'est qu'un effet atténué et que l'on accepte de tirer les
conséquences sur des biens situés en France de l'existence de cette union.
Bilan de la loi : Tout ça n'est pas très efficace car ces textes n'élargissent pas les
pouvoirs du MP et de l'officier de l'état civil. Cela a pour intérêt d'attirer l'attention sur
ces textes, rien d'autre.
La loi du 26 novembre 2003 a ajouté une disposition selon laquelle l'officier de l'état
civil ne pourra en principe publier les bancs et célébrer le mariage qu'après une
audition commune des futurs époux ou même après un entretien séparé avec
chacun d'eux s'il l'estime nécessaire.
39
3 dispositions sont applicables : art 146-1 qui exige dans tous les cas la
présence du conjoint français à peine de nullité.
Enfin un nouvel art 190-1 prévoit l'annulation du mariage pour fraude à la loi à la
demande d'un époux de bonne foi ou du MP, demande formée dans l'année du
mariage.
40
L'article 48 du Code civil donne pouvoir aux agents Diplomatiques et
consulaires à l'étrangers de recevoir les actes d'état civil concernant les français. On
en a déduit la possibilité pour ces agents de célébrer les mariages de français.
· Il faut que les époux aient tous les deux la nationalité de l'autorité
célébrante sauf si une convention Diplomatique étend la possibilité au-delà.
Mais dans tous les autres cas (différence de nationalité, absence de
convention Diplomatique), le mariage doit être célébré devant l'officier d'état
civil français.
Est donc absolument sans valeur le mariage célébré dans une ambassade ou
consulat étranger lorsque l'un des époux est Français.
Les autorités religieuses ne sont pas des autorités étatiques. Mais dans
certains systèmes on reconnaît un statut personnel religieux et donc à travers cela,
le mariage peut être soumis à une forme religieuse. Et puis il y a aussi des pays où
un mariage religieux se voit reconnaître un effet civil. Les époux ont les choix entre le
mariage civil ou religieux.
41
a. Le mariage en France.
D'abord en France il y a tout ce qui tient au principe de laïcité qui est très fort dans
l'ordre juridique français. La loi française érige en infraction pénale le fait pour un
officier du culte de célébrer un mariage qui n'a pas été précédé par un mariage civil
(art 433-21).
Pourquoi y a-t-il des conditions de forme aussi minutieuses ?Il faut vérifier
préalablement les conditions d'aptitude et de consentement des futurs époux
(s'assurer qu'ils ne sont pas déjà mariés). Pour cela il faut procéder à une publicité
préalable du mariage. Aussi il est important que soit dressé au moment du mariage
un acte qui en fasse la preuve de manière durable.
Mais la question a été soumise aux tribunaux sous une forme inversée. Un mariage
a été célébré en France en la forme civile mais la loi personnelle d'un ou des
conjoints exigeaient une célébration religieuse.
Il y a un siècle, les tribunaux ont accepté d'annuler des mariages civils célébrés en
violation de l'exigence religieuse par exemple entre juifs et russes. A l'époque en
matière de conflit de lois, la loi nationale était toute puissante. C'était en opposition
avec la conception de common law très territorialiste (on applique la loi locale).
A partir des années 20, les tribunaux se sont refusés au nom de l’Ordre Public, à
prononcer la nullité de tels mariages pour complaire à une exigence religieuse. La
motivation de l’Ordre Public a simplement cédée la place à une autre, dans l'arrêt
CARASLANIS 1995. Les faits : mariage en France d'une française et d'un grec. La
femme intente une action en divorce et le mari oppose la nullité du mariage. Nullité
car la loi grecque impose une célébration religieuse. Question tranchée en faveur de
la validité du mariage car la question civile ou religieuse du mariage est une question
de forme, par conséquent la seule loi applicable est la loi française en vertu du
42
principe locus regit actum. Cela cache un conflit de politiques législatives (idée de
sacralisation du mariage et principe de laïcité).
Sont donc valables les mariages civils nonobstant l'exigence par une loi étrangère
d'une célébration religieuse.
Quand un mariage civil a été célébré ainsi en France dans une situation de type
CARASLANIS et que le mariage français vient à être déclaré nul à l'étranger, en
principe cette décision ne peut être reconnue en France parce qu'elle n'a pas
appliqué la loi considérée comme compétente dans la forme, ou qu'elle méconnaît
l’Ordre Public français. On retrouve le conflit de politiques française et étrangère.
43
ne retenant que le second des deux motifs c'est à dire le renvoi allégué de la loi civile
italienne à la loi religieuse appliquée.
Cette décision est significative car on voit que la Cour de cassation ne tient pas à
entériner le caractère facultatif de la règle locus regit actum.
Ici s'applique un principe général. La loi qui fixe les conditions de formation
d'un acte est compétente pour régir les conséquences d'une inobservation de ces
conditions. En d'autres termes si c'est la loi française qui est applicable à telle
condition du mariage c'est cette même loi qui doit régir les conséquences de l'acte.
Selon que la nullité est alléguée pour une raison de fond ou bien de forme
(méconnaissance de la loi locale) on appliquera la loi personnelle de l'époux ou la loi
du lieu de célébration.
C'est cette loi qui déterminera les personnes qui peuvent agir en nullité, les délais
pour agir, les causes d'extinction de l'action. On pourrait dire que ce sont des
questions de procédure mais on voit bien que ces questions sont étroitement liées au
fond donc c'est la loi de la condition méconnue qui va régir ces questions.
44
nullité du mariage pour voir si cette loi prévoit ou non le bénéficie du mariage putatif
et à quelles conditions. C'est un arrêt de principe mais la Jurisprudence conséquente
continue à appliquer la loi française. Il est vrai qu'en droit interne les réformes
successives ont élargies le bénéfice du mariage putatif, on peut se demander si une
loi étrangère qui ne prévoirait pas le bénéfice du mariage putatif ne serait pas
contraire à l’Ordre Public ? Ou encore si les dispositions sur le mariage putatif ne
sont pas des lois de police applicables dans tous les cas de nullités invoquées
devant un tribunal français ?
En principe donc, il faut consulter la loi d'où résulte la nullité mais les tribunaux
souvent appliquent la loi française sans respecter le principe conflictuel.
Ex : deux époux ont contracté mariage. 10 ans après la nullité du mariage vient à
être invoquée pour défaut de conditions de validité du mariage. La nullité est
prononcée sur la loi personnelle méconnue. Selon cette loi personnelle on reconnaît
le bénéfice du mariage putatif. Il faut donc régler les conséquences pécuniaires du
mariage et liquider le régime mat qui a fictivement existé entre les époux Or la loi
applicable n'est pas la même que celle en vertu de laquelle la nullité est prononcée.
45
2ème affaire : Une polonaise et un libanais vivaient à Paris, Le mari était de statut
personnel chrétien. Le mari se converti à la religion musulmane. Ils vont à Beyrouth
et un mariage est fait sur place. Les époux reviennent à Pairs et le mari invoque la
nullité du mariage. Le mariage est effectivement déclaré nul en raison de
l'empêchement bilatéral du côté de la femme. Mais les juges reconnaissent la BF des
époux. La femme demande alors un partage de communauté selon la loi française.
Cela illustre le raisonnement qu'on voit mais il se trouve que les époux à Beyrouth
ont passé un contrat selon le droit musulman lequel ne connaît pas la communauté
de biens entre époux et si en Droit International Privé français la loi applicable au
régime mat c'est la loi du 1 er dom matrimonial c'est à condition qu'il n'y ait pas eu de
contrat de mariage.
C'est une question assez rare devant le Tribunal, car s'il y a un désaccord sérieux
entre les époux sur leurs droits et obligations, il y aura plutôt une action en divorce.
I. LA LOI APPLICABLE.
Du fait que le mariage déroule ses effets sur une longue période, il ne faut pas
seulement déterminer le rattachement, il faut aussi envisager les modifications
possibles (hypothèse de conflit mobile)
Arrêt FERRARI de 1922 : mari italien, femme française, époux séparés de corps ; la
femme demande la conversion de la séparation de corps en divorce, mais le droit
italien à l'époque ne connaissait pas le divorce. La femme obtient néanmoins
satisfaction. Cette décision reconnaît dans toute hypothèse à un époux français le
droit de divorcer selon la loi française.
Cette difficulté a été levée dans l'arrêt RIVIERE (1953) qui soumet le divorce à la loi
du domicile commun des époux. Il s'agissait de reconnaître un divorce prononcé à
l'étranger. Puis arrêt LEWANDOWSKI, la règle du domicile commun a été appliquée
pour prononcer le divorce entre une française et un polonais.
Cette règle du domicile s'applique même en cas de séparation des époux quand ils
restent dans le même pays séparément.
Que faire quand les époux sont de nationalité différente et qu'ils ne sont pas
domiciliés dans le même pays ? Dans l'arrêt TARWID à c'est la loi du for,
régulièrement saisi du divorce qui est compétente.
En matière de divorce, cette règle a été remise en cause. Avec la loi de réforme de
1975, une règle de conflit particulière au divorce a été introduite à l’article 310 Code
civil : quand les époux sont tous deux domiciliés en France, quand bien même ils
sont de même nationalité, on leur applique la loi française.
Q° : fallait-il après 1975 considérer que les règles de l'article 310 s'appliquaient à
l'ensemble des effets du mariage ou seulement au divorce ?
Pour la doctrine, il semble que le but du législateur en introduisant l’article 310 ait
été d'étendre les règles françaises nouvelles en matière de divorce.
47
La cour de cassation a confirmé ce point de vue, en 1979, savoir si une donation
d'un époux à l'autre peut être attaquée…la cour de cassation a réitéré l'affirmation
que la loi française régit les effets du mariage d'époux de nationalité différente ayant
leur domicile en France. Il y a eu désolidarisation de la loi applicable en matière de
divorce et de la loi applicable aux effets du mariage.
Si le mariage est soumis à la loi de nationalité commune des époux, et que les
époux acquièrent ensemble une nationalité nouvelle, par application des principes de
conflits mobiles, la loi nouvelle régira les effets à venir du mariage.
48
Arrêt CHEMOUNI : tunisien d'origine, de même pour sa seconde femme. Il vient
s'installer en France où il prend la nationalité française de sorte que la loi applicable
à son second mariage est la loi française. Action en paiement d'aliment. Le mari
demande la nullité du second mariage et dit que la loi des effets du mariage devenue
loi du domicile commun et qui s'applique à la question des aliments, ne permet pas
que soit attribué des aliments à deux femmes. Pour la Cour de cassation : la loi
française régit depuis la naturalisation les effets du mariage des époux, mais ceci ne
change rien quant au droit à aliment de la seconde épouse car ses droits découlaient
directement pour elle de sa qualité d'épouse légitime définitivement acquise par un
mariage valablement contracté à l'étranger.
L'analyse de cette solution est plus difficile en droit : la cour de cassation ne dit pas
en vertu de quelle loi le droit à aliment est valable. S'agit-il de la loi tunisienne ? Et là
la solution ordinaire du conflit mobile n'est pas appliquée. Car il y a conflit mobile
quand la règle de rattachement est modifiée. En général, il y a deux moyens pour
résoudre un conflit mobile : soit on continue d'appliquer la loi ancienne par la théorie
des droits acquis, soit à compter du changement on applique la loi nouvelle pour les
effets à venir (c'est cette hypothèse qui prévaut). Donc ici, la cour paraît consacrer la
théorie des droits acquis. Aussi, on peut dire que le conflit mobile a joué
normalement et que le droit à aliment est désormais reconnu selon la loi française.
Mais c'est quand même le droit français qui est appliqué pour les modalités de
versement des aliments.
Dans d'autres cas cependant, les effets en France du second mariage d'un
polygame, effets qui seraient soumis à un droit étranger, ont été repoussé en vertu
de l’Ordre Public.
49
Sur la question de la détermination de la loi applicable : quand on a déterminé la loi
applicable on recherche le domaine de la loi application.
Droits et obligations des époux. La loi des effets du mariage va régir les droits
et devoirs des époux l'un vis à vis de l'autre. Ce sont donc les obligations telles que
fidélité, cohabitation, assistance.
Le caractère est d'abord moral et cela se prête difficilement à une sanction par les
tribunaux hors l'action en divorce. Néanmoins il y a quelques décisions qui
confirment que ce type d'obligations constitue le cœur des obligations du mariage,
ceci lorsqu'on est amené à invoquer l’Ordre Public français à l'encontre d'une loi
étrangère par hypothèse applicable aux effets du mariage et qui présente une
conception différente des effets du mariage que la nôtre.
Ex : la femme est française, le mari est marocain. Ils se sont mariés en France où
tous deux résidaient. Le mari refuse de cohabiter avec la femme en invoquant une
coutume musulmane magrébine lui interdisant la cohabitation tant que n'a pas été
accompli une célébration religieuse. La femme demande et obtient le divorce aux
motifs que les droits et obligations des époux découlaient de la loi française seule en
tant que loi du domicile commun.
50
Ces deux exemples confirment que la loi applicable aux effets personnels du
mariage c'est la loi applicable à ces effets.
La loi locale (celle du lieu où se trouvent les époux) pourrait aussi être appliquée
nonobstant la loi des effets du mariage, au titre de l'urgence. Par exemple pour
autoriser un domicile séparé.
On voit ici la notion de loi de police qui va se manifester également avec les effets
patrimoniaux du mariage.
51
Ici on pense au régime matrimonial. Le RM constitue une catégorie de
rattachement indépendante de la catégorie effet du mariage c'est pourquoi on
étudiera la loi applicable au Régime Matrimonial (cf. infra).
Mais il y a des interférences entre les deux catégories. Il faut voir donc deux
questions : celles du régime primaire et celle de l'obligation aux charges du mariage.
Cela relève-t-il de la loi du Régime Matrimonial ou des effets du mariage ?
Pour revenir au conflit de lois : ce type de questions qui sont traitées en France à
l’article 215 et suivant peuvent être considérés comme obéissant en Droit
International privé à la loi des effets du mariage plutôt qu'à la loi du Régime
Matrimonial. Mais l’article 226 du Code civil réserve sur certains points les
conventions matrimoniales ce qui montre que la loi applicable au Régime
Matrimonial pourrait être appliquée.
Autre possibilité : le fait que le droit interne français édicte un certain nombre de
dispositions applicables indépendamment du RM (RM primaire) amène aussi à se
demander si, dans une situation internationale, ces dispositions ne sont pas
applicables à tous les époux en France au titre de lois de police.
52
Puis dans un arrêt de 1987, la cour de cassation a affirmé que les dispositions
françaises étaient d'application territoriale ce qui évoque plutôt les lois de police.
Cette conception est sans doute la plus exacte parce que les raisons qui poussent à
édicter en droit interne des dispositions indépendantes du régime, existent même en
présence d'un rattachement à une loi étrangère telle que la nationalité commune des
époux.
Parmi les dispositions du régime primaire il y en a qui sont justifiées par l'urgence.
Les articles 217 et 219 qui permettent à un époux en cas d'empêchement de l'autre
d'exercer des pouvoirs qu'il ou elle n'a pas normalement. Ex : dans les 70's une
cambodgienne résidant à Paris sans nouvelle de son mari demande au juge de
l'autoriser à contracter un emprunt hypothécaire afin d'acheter un fonds de
commerce pour qu'elle puisse vivre. Le jugement déclare que les dispositions des
articles 214 à 226 (régime primaire) du code civil doivent être comprises au nombre
des lois de police au sens de l’article 3 al1 du Code civil.
La formule est sans doute trop générale. Mais pour d'autres dispositions, celles
fondées sur l'apparence et la protection des tiers c'est bien fondé (art 221 et 222). Il
résulte de ces articles que chaque époux a le pouvoir de se faire ouvrir un compte en
banque sans égard aux dispositions du RM. Ceci vise à la sécurité des tiers comme
du banquier qui traite avec une femme mariée. On ne peut pas attendre de ce tiers
qu'il recherche si la femme n'est pas sous un RM étranger qui restreindrait la faculté
pour cette personne la faculté d'exercer certaines opérations.
Les articles 221 et 222 s'appliquent donc à toutes les opérations passées en France
au titre de loi de police.
53
[Aujourd’hui de plus en plus de questions sont régies par des conventions en
particulier par des conventions de La Haye. Lorsqu'il existe une convention il faut se
demander quand cette convention s'applique. En effet on peut très bien concevoir
qu'une convention s'applique dans les rapports entre états contractants. Donc en
matière d'obligations alimentaire, s'il s'agit d'une affaire franco-allemande, on va voir
si la convention est applicable en France et en Allemagne sans quoi on en revient au
droit commun (loi des effets du mariage).
Mais il y a une autre possibilité : les états qui ratifient la convention acceptent
d'appliquer la règle de la convention sans distinction à toutes les situations
internationales dont leurs autorités viennent à connaître. Donc on doit regarder si la
convention s'applique avec ou sans réciprocité. S'agissant de la convention de 1973
(sur les obligations alimentaires), elle s'applique indépendamment de toute
réciprocité. Donc la convention devient le droit commun.]
Les rattachements multiples servent à privilégier un certain résultat ici, le fait que le
demandeur obtienne des aliments. On parle aussi de règle de conflit à coloration
matérielle.
Cela veut dire que par exemple, un époux demande des aliments à l'autre on
applique la loi de la résidence habituelle du demandeur et la convention dit que cela
ne préjuge pas de l'existence de la relation de mariage. Mais si le demandeur
oppose que le mariage est nul, se pose la question de savoir selon quelle loi
apprécier l'existence de la validité du mariage ? Ceci constitue un exemple
caractéristique d'un problème général de Droit International Privé appelé problème
de question préalable.
54
Ici on est en présence d'une demande d'aliment qui constitue la question principale.
La validité du mariage constitue la question préalable. L'alternative s'est d'apprécier
la question préalable de la validité du mariage selon la loi applicable à la question
principale c'est à dire les aliments. Autrement dit la validité du mariage sera
appréciée selon la loi de la résidence habituelle du créancier d'aliment. Ou bien
alors, deuxième possibilité, ne faut-il pas apprécier la question préalable de la
validité du mariage selon la règle de conflit ordinaire du tribunal saisi (loi personnelle
des parties normalement) ? Lorsque la convention fut adoptée on a dit que c'était la
seconde solution qui devait s'appliquer. La validité du mariage est en question. Il y a
une loi applicable à la validité du mariage. Donc on va regarder si le mariage est
valable puis on étudiera la loi applicable à l'aliment. Oui mais certains on dit que si la
loi du mariage ne reconnaît pas le mariage, la loi applicable aux obligations
alimentaires se trouve privée d'effet. Si on vient consulter une autre loi on s'expose à
ce que cette loi fasse barrage à la loi sur l'obligation alimentaire. C'est pourquoi
l'opinion s'est développée qu'il fallait apprécier la validité du mariage selon la loi
applicable aux aliments.
On peut critiquer cette solution car on juge de la validité d'un mariage selon une loi
applicable particulière applicable aux aliments mais si c'est une autre question qui
s'élève on pourra juger de la validité du même mariage selon une autre loi.
Autrement dit, selon les faits, les mêmes personnes pourront être considérées
comme mariées ou non mariés. Autrement dit, dans la conception traditionnelle
(avant la convention de La Haye) on faisait dépendre les aliments de la loi du
mariage (l'accessoire suivait le principal). Dans l'interprétation qui domine
aujourd'hui, c'est le principal (le mariage) qui se trouve dans la dépendance de
l'accessoire (les aliments).
Toute cette discussion sur question principale et préalable, elle est faussée par la
terminologie car dans le cas qui nous occupe on qualifie la demande d'aliment de
question principale et la validité du mariage en question préalable. Or les aliments
par rapport au mariage sont un accessoire ! Les aliments sont bien un effet du
mariage.
SOUS-SECTION 3:
LA DISSOLUTION OU LE
RELÂCHEMENT DU LIEN DU
MARIAGE : LE DIVORCE
55
INTERNATIONAL ET LA SÉPARATION
DU CORPS.
Ces écarts de législation sont fortement atténués. Le divorce a été introduit dans la
plupart des pays. Chaque pays européens ayant réformé le divorce en s'inspirant les
uns des autres, les législations se sont rapprochées. Simultanément d'autres conflits
sont apparus du fait du contact fréquent avec les droits musulmans et la pratique de
la répudiation.
Les conflits peuvent s'élever quant aux causes du divorce, à la procédure et ses
effets.
Le divorce est lié au mariage, c'est donc une question de statut personnel.
Ceci a donc été soumis en France à la loi nationale. Le principe ne soulève pas de
problème quand les époux sont de même nationalité et donc la règle a été appliquée
d'innombrables fois entre époux français et sous sa forme bilatérale entre époux
étrangers de même nationalité.
Cette application n'a pas été sans faille lorsque les époux sont domiciliés en France
et qu'ils s'abstenaient d'invoquer leur loi nationale commune. C'est ici l'arrêt BISBAL
dans lequel il s'agissait de deux époux espagnols dans les années 50. Le divorce a
été prononcé selon la loi Française car aucun des deux époux n'a rappelé sa
nationalité.
56
Le cas des époux de nationalité différente à embarrasser les tribunaux pendant
longtemps (arrêt FERRARI, RIVIÈRE et TARWID = quand les époux n'ont pas de
nationalité commune ou de domicile commun c'est la loi du tribunal du for qui est
compétente).
Par la loi du 11 juillet 1975, a été introduite une disposition relative au conflit de
lois : l’article 310. « Le divorce et la séparation de corps sont régis par la loi
française :
· Lorsque les époux ont l'un et l'autre leur domicile sur le territoire français ;
L’article 310 consacre ici une méthode unilatéraliste. Le texte fixe le champ
d'application de la loi Française et d'elle seule. Certes l’article 3 al3 du Code civil
qui pose la règle de principe en matière de statut personnel se présente de la même
manière. Mais l’article 3 al3 a été bilatéralisé. C'est à dire qu'il se lit aujourd'hui
ainsi : « l'état et la capacité des personnes sont régis par leur loi nationale. »
Pour revenir à l’article 310 du Code civil, on constate qu'il n'est pas possible de
faire de même. Ne peut-on pas dire que le divorce est régi par la loi nationale
commune des époux ? Non car le deuxième point dit « Le divorce et la séparation de
corps sont régis par la loi française lorsque les époux ont l'un et l'autre leur domicile
sur le territoire français ». Donc si deux époux brésiliens résident en France on ne
peut leur appliquer la loi nationale commune.
Ceci est confirmé par la disposition du 3 ème point : dès lors que la loi française n'est
pas applicable en vertu des deux 1ers, le législateur s'en désintéresse, on applique
la loi étrangère qui se veut applicable et c'est seulement si aucune loi étrangère ne
se veut applicable qu'on appliquera la loi française.
57
A. Les rattachements du divorce.
Situation simple : la loi française s'applique où que soit domiciliés les époux.
Sur ce point l’article 310 ne fait que reprendre la solution traditionnelle qui découlait
de l’article 3 du code civil.
La loi française est applicable sans égard à leur nationalité. Avant la loi
française ne s'appliquait au titre de loi du domicile que si les époux étaient de
nationalité différente. Aujourd’hui, même si les époux sont de même nationalité
commune étrangère, c'est la loi française qui s'applique si le domicile (commun ou
séparé) est situé en France.
Cette innovation a été introduite sans débat parlementaire. Cela soulevé pas mal de
critiques. La France est un pays d'immigration. Donc maintenir l'application de la loi
nationale commune s'est s'exposer à l'application fréquente des lois étrangères les
plus diverses avec les difficultés qui cela représente pour les tribunaux. Egalement,
dans la mesure où ces immigrés sont désireux de s'intégrer dans le milieu social
Français, il est préférable de leur appliquer la loi française plutôt que de maintenir
l'application de leur loi d'origine. Inversement on peut faire observer que la situation
matérielle des immigrés n'a plus rien à voir avec les anciens immigrés. Ceux-là
étaient souvent en France sans esprit de retour. Or Aujourd’hui, beaucoup
d'immigrés conservent des liens étroits avec leur pays d'origine. On constate qu'il
n'est pas rare que des époux étrangers de même nationalité domiciliés en France
58
aillent divorcer dans leur pays. Cela montre la volonté de relever de leur loi nationale
plutôt que de la loi Française.
Dans le cas du Maroc, après la loi de 1975, ce pays a obtenu la conclusion d'une
convention avec la France qui rétabli la compétence de la loi nationale dans les
rapports entre les deux pays = Convention du 10 août 1981, art 9.
La réalité c'est qu'en matière de divorce, aussi bien la loi nationale que la loi du
domicile ont un titre fort à s'appliquer. Il est donc dur de choisir une règle bilatérale
exclusive. Dans le cas de la France, s'ajoute le fait que le France est devenue
largement un pays d'immigration mais c'est simultanément un pays qui compte de
nombreux nationaux à l'étranger et des nationaux qui ne se considèrent pas comme
des immigrants. Le résultat c'est qu'on aboutit à cette disposition déséquilibrée.
Les époux ne sont ni tous deux français, ni tous deux domiciliés en France,
néanmoins, un tribunal français est compétent et dans ce cas la loi Française ne
s'applique que si aucune loi étrangère ne se reconnaît compétente. C'est une
application subsidiaire.
Dans quels cas les tribunaux français sont compétents ? : C’est par transposition des
règles internes de compétences, lesquelles en matière de divorce sont celles de
l’article 1070 du NCPC : Le tribunal du lieu de résidence de la famille, défaut le
tribunal du lieu de la résidence de l'époux avec lequel vivent les enfants mineurs, à
défaut le tribunal du lieu du défendeur.
La loi Française ne s'applique qu'à titre subsidiaire : ex, le mari est Français, la
femme est allemande, les époux sont domiciliés en Allemagne. La loi française ne se
veut pas applicable. On consulte la règle de conflit allemande. Elle désigne à défaut
de loi nationale commune, la loi du domicile commun. Donc la loi allemande se
reconnaît compétence et si le mari français a saisi le tribunal français en vertu de
l’article 14, la loi française sera déclarée compétente.
Art 14 : « L'étranger, même non résidant en France, pourra être cité devant les
tribunaux français, pour l'exécution des obligations par lui contractées en France
avec un Français ; il pourra être traduit devant les tribunaux français, pour les
obligations contractées en pays étranger envers des français. »
59
Le texte énonce : « Lorsque aucune loi étrangère ne se reconnaît compétence. » On
va consulter la loi à laquelle la situation se rattache, il n'est pas question de voir
toutes les lois du monde. C'est donc une obligation du juge. Ici on est dans un
domaine où les parties n'ont pas la libre disposition de leurs droits, donc le juge doit
lui-même rechercher au besoin si aucune loi étrangère ne se reconnaît compétence.
Cela veut dire consulter un Droit International Privé étranger, la règle de conflit
étrangère et non pas le droit étranger en lui-même.
Les droits de Common Law dans leur ensemble ne considèrent pas le divorce
comme un objet de conflit de lois. Dans ces systèmes, le juge en matière de divorce
n'applique que sa loi. Ne se pose que la question de savoir s'il y a un élément
international, si le juge saisi est compétent ou non. Les juridictions françaises sont
mal à l'aise avec ce système car il n'y a pas de règle de conflit, que des règles de
compétence juridictionnelle.
2ème cas : une fois déterminé les lois étrangères à consulter, une fois déterminé leur
règle de conflit, il se peut que deux lois étrangères se reconnaissent l'une et l'autre
compétence. C'est l'hypothèse du cumul de lois applicables. C'est fort plausible car
en matière de divorce il est tout aussi raisonnable de déclarer applicable la loi
nationale que la loi du domicile.
3ème cas : Parmi les hypothèses relevant de ce cas figurent celle selon laquelle un
des conjoints est de nationalité française sans que les époux soient domiciliés en
France. Avant l’article 310, si les époux étaient domiciliés tous les deux à l'étranger,
dans un même pays, on appliquait la loi du domicile commun. Par l'effet de la loi du
domicile commun, l'époux français pouvait se trouver privé de la possibilité de
demander le divorce et certaines décisions ont jugé en ce sens. Mais l'époux
français, prisonnier du mariage, pouvait, en revenant s'installer en France, demander
et obtenir le divorce selon la loi Française. Pourquoi ? Car l'arrêt RIVIÈRE n'était plus
applicable. L'arrêt TARWID s'applique : On appliquait la loi du for régulièrement saisi
du divorce
60
Dans le droit antérieur, il y avait toujours la possibilité d'obtenir le divorce selon la loi
française
Sous l'empire de l’article 310 cette faculté disparaît pour peu qu'une loi étrangère se
reconnaisse compétence.
Il n'a pas fallu longtemps pour que la question soit soumise aux tribunaux s'agissant
des femmes françaises mariées à des espagnols à une époque où la loi espagnole
ne reconnaissait pas le divorce.
Le TI de Paris en 1977 a rusé avec l’article 310 en déclarant que la situation n'était
pas envisagée par l’article 310 et appliquait la loi française au titre de l’article 3 al3
du Code civil. C'était jouer avec les mots car l’article 310 a réglé tous les cas de
divorce.
Dans un arrêt de 1981, la cour de cassation, dans la même situation a affirmé que la
situation relevait de l’article 310 du Code civil.
Commentaires : c'est un OP circonstancié. Il n'est pas dit qu'une loi étrangère qui ne
permet pas le divorce est dans tous les cas contraire à l’Ordre Public français. C'est
une proposition qualifiée. La contrariété à l’Ordre Public français résulte de ce que
cette loi atteindrait un français domicilié en France. C'est une manifestation de
l’Ordre Public de proximité. On ne prononce par une condamnation en général de la
loi étrangère, on fait jouer l’Ordre Public en tenant compte de l'intensité des
rattachements avec l’Ordre Public français.
On en est arrivé là pour corriger les effets d'une règle de conflit française pas très
bien conçue.
Selon le 1er cas visé par l’article 310, si les deux époux sont de nationalité française,
le juge étranger devra appliquer la loi française au divorce. En fait il n'est pas rare
que des époux français établis à l'étranger s'épargnent les frais d'un divorce en
France et aille à l'étranger pour que le divorce soit prononcé conformément à la loi
française. Dans ce cas on ne va pas refuser de reconnaître le divorce. La
Jurisprudence a fait appel à l'idée d'équivalence entre la cause de divorce admise à
61
l'étranger et une cause admise par la loi française. Ce qui fait preuve d'une grande
tolérance à l'époque où le droit français du divorce était très restrictif.
Depuis 1975, le droit français étant devenu plus libéral, il y a plus de chance pour
qu'il y ait des équivalences entre le droit français et le droit étranger.
Les cas des époux tous deux domiciliés en France et ils ont obtenus un divorce à
l'étranger. Le fait est qu'ils ont obtenu le divorce du fait qu'ils sont tous les deux de
nationalité française. Si on appliquait l'arrêt MUNZER, il faudrait repousser ce
divorce, ce n'est pas réaliste. Pourquoi reprocher à des époux de même nationalité
d'avoir divorcer dans leur état national ?
Si la loi française n'était pas applicable (3ème cas), va t on transposer l’article 310 ?
Ce n'est pas l'esprit de l'article. Le juge étranger a prononcé un divorce et il l'a fait
selon une loi qui se reconnaissait compétente. En définitif, même si théoriquement
l’article 310 a vocation à être invoqué en cas de reconnaissance d'un divorce
prononcé à l'étranger, il y a peu de chance pour que le divorce ne soit pas reconnu
sur ce terrain.
Ce qui est concevable, c'est une fraude à une loi étrangère commise par des époux
qui voulant échapper à une loi plus contraignante argueraient d'un nouveau domicile
en France.
De deux choses l'une, ou bien on constate que les époux ont acquis un domicile
stable en France, donc il n'y a pas de raison de ne pas appliquer la loi française. Ou
bien on estime que le domicile allégué n'a pas une consistance suffisante, le tribunal
se déclarera incompétent ou n'appliquera pas la loi française.
62
Mais la question de la fraude à la loi en matière de divorce connaît un renouveau
dans le contexte des divorces d'immigrés magrébins. Les tribunaux sont
constamment saisis de la situation suivante : une épouse marocaine ou algérienne
en France intentant soit une action en divorce, soit une action en contribution aux
charges du mariage.
Le mari se rend en Algérie ou Maroc et répudie son épouse. Il oppose donc à l'action
ouverte une fin de non-recevoir tirée de la dissolution du mariage. Ceci soulève la
question de la conformité à l’Ordre Public de la répudiation.
2. L'ordre public.
Qu'en est-il de l’Ordre Public français actuellement en matière de divorce ?Il faut
distinguer selon que la loi étrangère est plus permissive que la loi française ou bien
qu'elle est plus restrictive.
Aujourd’hui le droit français du divorce a été libéralisé à tel point que les lois plus
permissives sont plus rares. La question se pose tous les jours à propos de la
répudiation islamique. La répudiation met en question la conception du mariage mais
aussi et surtout le statut de la femme car la répudiation n'est ouverte qu'au mari. La
répudiation permet de mettre fin unilatéralement au mariage sans avoir à justifier, de
manière discrétionnaire. Ceci heurte complètement le sentiment élémentaire d'égalité
qui doit régner entre les époux au sein du mariage. Il est donc exclu qu'un tribunal
français prononce ou entérine une répudiation selon une loi étrangère. Ce qui pose
problème c'est la question des répudiations prononcée à l'étranger et dont on
demande la reconnaissance en France.
Pour la répudiation unilatérale : toutes n'ont pas été repoussées comme contraire à
l’Ordre Public. Mais la Jurisprudence est hésitante. Certaines décisions ont pris pour
critère la possibilité pour la femme de faire valoir ses moyens de défense. Ce qui est,
de l'avis des commentateurs autorisés, une perception erronée de la répudiation. La
répudiation n'est pas un combat judiciaire entre les époux à armes égales.
D'autres décisions ont admis de reconnaître la répudiation dès lors que la femme
avait reçu une compensation pécuniaire. Ce n'est pas un bon critère. Quand on
regarde le montant de la compensation (3000 FRF) on remarque que ce n'est pas
équitable, cela est même dérisoire.
64
Mais 4 ans plus tard la cour de cassation a semblé revenir à sa Jurisprudence
précédente disant que l’Ordre Public ne s'opposait pas à une répudiation unilatérale
dès lors qu'il y avait eu une procédure au cours de laquelle chaque partie avait fait
valoir ses prétentions et défenses et que le jugement (algérien en l'espèce) avait
garanti des avantages financiers à l'épouse = arrêt du 3 juillet 2001. De l'égalité des
époux il n'est plus question.
L'explication se trouve dans le fait que de par la forme des décisions françaises on
ne peut pas très bien apprécier et comparer les situations sous-jacentes d'un arrêt à
l'autre or il peut arriver qu'une motivation soit utilisée pour rendre une solution
d'équité. Ex : l'un de ces 1ers arrêts dans les années 80 qui a accepté de
reconnaître une répudiation, quand on regarde bien la décision on voit que c'était le
mari qui après avoir répudié sa femme, invoquait en France l'irrégularité de la
dissolution du mariage. On comprend donc pour les juges l'ont empêché de parvenir
à ses fins.
Dans un cas seulement l’Ordre Public est intervenu dans des circonstances
particulières. Affaire PATINO : le mari était bolivien, la femme était espagnole, et par
la combinaison du droit espagnol et du droit bolivien ne pouvait être prononcé ni le
divorce prévu par la loi bolivienne ni la séparation de corps prévu par la loi
espagnole. La cour de cassation a admis que là l’Ordre Public s'opposait à cette
situation dans laquelle aucun remède n'était proposé aux époux, il a donc été admis
la séparation de corps selon la loi française.
65
En 1975 avec la libéralisation du divorce on pouvait s'interroger sur une limitation de
l’Ordre Public. Il n'y a pas eu de bouleversement. Le fait que la loi française soit
devenue plus libérale, cela n'implique pas que soit déclarée contraire à l’Ordre Public
des lois plus respectueuses que la loi française de la stabilité du mariage. Tout
dépend du rattachement du divorce. Si deux époux ont la nationalité d'un état qui ne
permet pas le divorce (Amérique latine), il n'y a pas de raison de permettre le divorce
en France au nom de l’Ordre Public. Mais la question se pose dans un cas précis
c'est celui de l'oubli du législateur en 1975, celui du conjoint français d'un époux
étranger en l'absence de domicile commun en France. Nous sommes dans le 3 ème
cas de l’article 310. La loi française n'est pas applicable et on doit appliquer la loi
étrangère qui se reconnaît compétence. Ça sera le plus souvent celle du conjoint
français. La cour de cassation a dit que n'était pas contraire à l’Ordre Public une loi
étrangère qui ne connaît que le divorce ou que la séparation de corps. Ceci a été
jugé à propos de la loi tunisienne ne connaissant que le divorce et pas la séparation
de corps. La loi esp ne connaissant que la séparation de corps et pas le divorce alors
même qu'un époux français était en cause mais la cour de cassation a
ultérieurement jugé que la conception française actuelle de l’Ordre Public impose la
faculté pour un français domicile en France de demander le divorce = arrêt de 1981.
Ainsi une loi permettant de prononcer le divorce pour adultère de la femme mais qui
ne permet pas à la femme d'invoquer l'adultère du mari est une restriction contraire à
l’Ordre Public, au principe d'égalité entre les sexes.
66
Mais aussi, même si le divorce donne lieu à une procédure, c'est en général une
procédure qui est liée au fait qu'il s'agit d'un divorce et non une procédure de droit
commun. C'est pourquoi la loi du for risque d'être battue en brèche par la loi du fond.
Pourquoi ne pas admettre en France que soient prononcés des divorces religieux ou
coutumiers ? Raison : le contrôle que souhaite exercer l'autorité publique sur la
dissolution des mariages. On peut faire le parallèle avec la célébration du mariage.
S'agissant de la dissolution d'un mariage par divorce, il est bon que l'autorité pub
s'assure des conditions dans lesquelles le divorce est rendu d'autant plus que le
divorce implique souvent des enfants. Il est donc normal que l'autorité pub prenne les
décisions sur les conséquences du divorce.
En définitive, le caractère facultatif de la règle locus regit actum n'a jamais été admis
en matière de divorce. Quelle que soit la nationalité des époux, on refusera de
reconnaître des divorces consulaires, religieux et a fortiori des divorces privés qui
auraient été prononcés en France. Ex de Jurisprudence : un acte de répudiation
dressé à la mosquée de paris, un autre dressé au consulat général du Maroc à Paris.
Il y a aussi l'affaire ZAGHA : les époux de nationalité syrienne avaient procédé à un
mariage religieux en Italie. Puis le mari avait contracté un second mariage en Israël
et la 2ème épouse tentait de faire dire que le 1 er mariage était sans valeur. La seconde
épouse invoquait aussi le divorce prononcé par un tribunal rabbinique de Paris. Cet
argument n'a pas eu de chance : un divorce religieux prononcé en France ne peut
pas avoir d'effets civils. Réciproquement, la compétence de la loi locale est reconnue
pour les divorces prononcés à l'étranger. Donc toute forme non judiciaire peut être
reconnue pourvue qu'elle soit admise par la loi locale sous la seule réserve de l'ordre
public. Ainsi des répudiations devant témoins selon la loi mosaïque, des répudiations
devant notaires ou encore une déclaration conjointe des époux devant un officier de
l'état civil.
67
B. Le domaine de la loi locale.
Un divorce avait été prononcé à l'étranger entre deux époux français à une époque
où le droit français n'admettait que le divorce pour faute. Le tribunal étranger avait
admis la faute des époux sur aveu. La cour de cassation a donc refusé de
reconnaître la compétence du for étranger sur la question de la preuve.
Cette question a aujourd'hui un champ d'application réduit du fait que l’article 310 ne
laisse qu'une place résiduelle aux lois résiduelles.
Sur la garde des enfants c'est la convention de 1961 qui résout le problème.
68
Après avoir vu la loi applicable il faudra traiter de certaines questions propres
à la matière de la séparation de corps.
A. La loi applicable
La loi qui régit les causes de divorce (en amont) en vertu de l'idée de respect
des ensembles législatifs semble avoir le plus le titre à régir les effets du divorce. Elle
en a plus que la loi de procédure. Dans la mesure où c'est une autre loi qui
s'appliquait aux causes du divorce, l'homogénéité veut qu'on applique la loi des
causes du divorce.
Une autre loi qui pourrait s'appliquer est la loi personnelle des époux : on est dans la
matière du statut personnel donc il s'agit de régir ici les effets d'un divorce entre deux
personnes, on pourrait penser appliquer la loi personnelle des époux. Mais il s'agira
dans ce cas des effets concernant les deux époux et leurs enfants. Appliquer la loi
personnelle c'est s'exposer à des lois différentes si les époux sont de nationalité
différente.
On va donc appliquer en principe la loi qui a régit les causes. Donc ces effets
ce sont la rupture du lien dans le cas du divorce, le relâchement du lien dans le cas
de la séparation de corps.
Dans le cas où l'on désigne la loi personnelle d'un époux, l’Ordre Public peut
intervenir à l'encontre de cette loi. Par ex il y a eu des lois qui édictaient des
restrictions au remariage du conjoint divorcé à titre de sanction lorsque le divorce
était prononcé à ses torts (cas du droit Suisse auparavant). L’ORDRE PUBLIC a été
opposée à ces dispositions dans la mesure où elles sont devenues anachroniques.
69
Autre cas : dans le cadre du droit mosaïque. Une institution particulière de ce droit
qui interdit le remariage de la femme si le mari de lui n'a pas délivrer un acte qui
porte le nom de gueth. Les tribunaux ne tiennent pas compte de cet empêchement et
condamnent éventuellement le mari récalcitrant à verser des dommages et intérêts à
la femme.
S'agissant du nom : cette question est à la charnière des effets individuels du divorce
et de ses effets mutuels. Cela ne soulève pas de problème si le divorce est régi par
la loi personnelle commune des époux. Lorsque le divorce est soumis à une autre loi
comme la loi du domicile on considère que c'est la loi du divorce qui doit l'emporter.
Mais aussi dans le cas où les tribunaux sont amenés à prononcer le divorce selon
une loi étrangère on peut aussi envisager une loi d'application immédiate de l’article
264 alinéa 3 du Code civ : possibilité pour la femme de conserver l'usage du nom
de son mari avec l'autorisation du juge.
¨ L'attribution de la garde.
C'est une question qu'on a déjà traité en étudiant les mesures de protection
des incapables.
70
Depuis 1984, ce sont les dispositions de la convention de La Haye de 1961 qui
s'appliquent à l'attribution de la garde à l'occasion d'un divorce dès lors que le mineur
a sa résidence habituelle en France. Dès lors c'est un rattachement autonome. Si le
mineur a sa résidence habituelle en France les autorités françaises sont
compétentes pour statuer selon leur loi. Mais aussi (complication) les autorités de
l'état national du mineur conservent une compétence selon les articles 3 et 4 de la
convention. C'est une des raisons pour lesquelles la convention de 1961 n'a pas
bien fonctionné et c'est une des raisons qui a entraîné la rédaction de la convention
de 1996.
Avant d'en arriver là il faut préciser que la question de la garde ne se pose pas qu'au
moment du divorce. Bien sûr une décision va être prise au moment du divorce mais
la question peut se poser également après le divorce car la situation n'est pas figée.
Il peut y avoir un changement dans la situation respective des parents et des enfants
et un déplacement des rattachements pertinents comme la résidence habituelle de
l'enfant.
Dans tous les cas c'est toujours la convention de 1961 qui s'applique. En cas de
déplacement licite de la résidence habituelle de l'enfant, on pourra toujours solliciter
des mesures nouvelles de la part des autorités de la nouvelle résidence habituelle ou
même des autorités de l'état national.
Il faudra tenir compte de la convention de 1996 dans un futur proche. Il ne faut pas
oublier l’article 10 : on n'écarte pas toute possibilité pour le for du divorce de statuer
sur la garde de l'enfant.
Il faut rappeler que la compétence du for du divorce va cesser dès que le divorce a
été rendu. Par conséquent, si de nouvelles mesures sont demandées, elles le seront
selon les règles de compétences normales c'est à dire devant les autorités de la
résidence habituelle de l'enfant.
Sur le règlement du 27 novembre 2003 : Dans les relations entre les états membre
de l'UE, ce règlement primera sur la convention de La Haye de 1996.
71
Il s'agit d'enfant né de parents de nationalité différente. Une décision statut sur
la garde au profit d'un des deux parents. L'enfant est alors enlevé par l'autre parent à
l'étranger (à l'occasion de l'exercice du droit de visite par exemple).
Ce problème ne peut être résolu que par des conventions. Il y a des conventions
classiques qui sont inefficaces. Il y en a une qui est efficace et originale car elle
organise une vraie coopération entre les états.
L'articulation entre ces deux conventions posent des problèmes car il existe dans les
deux des motifs de non reconnaissance des décisions or ces motifs ne sont pas les
mêmes.
Beaucoup plus efficace est la convention de La Haye du 25 octobre 1980 sur les
aspects civils de l'enlèvement international d'enfant.
Cette convention est ouverte aux états non membres des états membres de la
conférence de La Haye. Elle est appliquée par 70 états. Mais sont absents de cette
liste eux avec lesquels les problèmes sont les plus aigus.
72
La situation visée est la suivante : un droit de garde a été reconnu à une personne
ou à une institution selon le droit de l'état où l'enfant a sa résidence habituelle. Ce
droit peut résulter d'une décision judiciaire ou administrative mais aussi de la loi.
Conséquence : le droit de garde doit être effectivement exercé. Enfin l'enfant a été
déplacé ou bien il est retenu de manière illicite c'est à dire en violation de ce droit de
garde.
Quels sont les moyens mis en œuvre ? L'aspect essentiel est la mise en place dans
chaque état d'une autorité centrale qui est chargée de coopérer de la manière la plus
large avec les autres états en vue de satisfaire aux obligations de la convention. La
1ère de ces obligations est le retour de l'enfant dans l'état de sa résidence habituelle.
Pour cela le demandeur qui peut être une personne ou une institution saisi une
autorité centrale. Le demandeur peut saisir soit l'autorité centrale de son propre
pays, soit le demandeur peut saisir directement l'autorité centrale étrangère en lui
communiquant toutes les informations essentielles. Selon la convention, l'autorité
ainsi saisie doit prendre ou faire prendre toute mesure propre à assurer la remise
volontaire de l'enfant (art 10). Ces mesures consistent dans la localisation de
l'enfant, assurer sa protection immédiate s'il est en danger, communiquer les
informations au demandeur, et assurer la remise volontaire de l'enfant et son retour.
Il est précisé que l'autorité judiciaire ou administrative du pays où est l'enfant qui est
saisie par l'autorité centrale locale doit procéder d'urgence (art 11). Ici on veut dire
que dans la mesure où l'autorité centrale ne peut agir elle-même, les autorités
locales saisies doivent agir selon leurs procédures d'urgence locale.
Le retour de l'enfant doit être organisé. Aucune action tendant à statuer sur la garde
n'est possible aussi longtemps que les conditions d'application de la convention sont
réunies. Cela signifie que lorsque des décisions ont été prises en matière de garde,
ces décisions ne sont pas figées, il est possible de demander une modification. Dans
notre cas, la défense fréquence est le non entretien de l'enfant et la demande de la
modification de la garde. Mais cela est impossible. On veut bien discuter de la garde
mais il faut d'abord restituer l'enfant. C'est là qu'on touche du doigt le caractère
original de la convention qui ne concerne pas le fond du droit par rapport à la
convention de Luxembourg qui vise à conférer un droit de garde. Avec la
convention il est question de mettre fin à une voie de fait, il n'est pas question de
toucher au fond.
Ensuite, selon l’article 13, l'autorité saisie n'est pas tenue d'ordonner le retour
lorsqu'il est établi que la personne qui avait soin de l'enfant n'exerçait pas
effectivement le droit de garde ou bien a acquiescé au déplacement. Ou bien encore
73
lorsqu'il existe un risque grave que le retour de l'enfant ne l'expose à un danger
physique ou psychique ou de toute autre manière ne le place dans une situation
intolérable.
Enfin l'autorité saisie peut ne pas ordonner le retour si l'enfant s'oppose à son retour
alors qu'il a atteint un âge et une maturité justifiant qu'il soit tenu compte de son
opinion. On note que la convention cesse de s'appliquer lorsque l'enfant a atteint
l'âge de 16 ans
Cela dit des accords bilatéraux ont été conclu entre la France et la Maroc, la Tunisie,
l'Egypte et avec l'Algérie.
Une autre question importante est la convention entre époux en vue du divorce. Ces
conventions ont jadis été déclaré contraire à l’Ordre Public Français car il s'agit d'état
des personnes et que la conception traditionnelle dans l'état des personnes est qu'on
est dans l'impératif donc aucune place pour l'autonomie de la volonté.
La loi sur le divorce de 75 et toutes les réformes sur le droit de la famille ont toutes
été dans la direction d'un desserrement du caractère impératif pour faire une place à
la volonté autonome des personnes. S'agissant du divorce lui-même, ce type de
convention entre époux aménageant les suites du divorce est encouragé par la loi
(art 230 et 246 du code civil).
74
Voilà pourquoi en matière internationale, l'attitude à l'égard de ce type d'arrangement
entre époux doit s'assouplir.
On devrait accepter une convention entre époux si elle est valable selon l'une des
lois à laquelle se rattache la situation. C'est à dire que les époux doivent pouvoir
passer une convention sur les effets patrimoniaux du divorce en désignant une loi
applicable qui tolère ce type de convention à condition bien entendu que cette loi
présente un lien significatif avec la situation.
Avant 1975, le même rattachement déterminait la loi des effets du mariage ainsi que
la loi de séparation de corps et de ses effets. Cette loi était loi du système RIVIERE
(loi nationale commune, à défaut loi du domicile commun qui s'appliquait aux effets
du mariage et à la séparation de corps). En 75 est introduite une règle de conflit de
l’article 310 propre au divorce et à la séparation de corps. Cette règle de conflit doit
75
être cantonnée à la séparation de corps et ne pas s'appliquer aux effets du mariage,
c'est l'avis général. De sorte qu'il peut y avoir une dissociation entre la loi des effets
du mariage et la loi de la séparation de corps. Ex : deux époux étrangers de même
nationalité domiciliés en France. En vertu de l’article 310, la loi française s'applique
à une action en séparation de corps et si elle est prononcée s'applique aux effets de
la séparation de corps. Mais les époux sont toujours mariés et si on maintient les
effets du système RIVIERE c'est la loi nationale commune qui s'applique aux effets
du mariage. Comment articuler cela ? On va dire que la loi de la séparation de corps
détermine la mesure dans laquelle les obligations des époux sont affectées. Elle
détermine aussi les circonstances qui peuvent mettre fin à la séparation. Dans le
même temps, la loi des effets du mariage déterminera en principe l'étendue des
obligations qui subsistent selon la loi applicable à la séparation du corps.
De ce qu'on vient de voir, il résulte que peut être converti en divorce en France une
séparation qui est intervenue selon une loi qui ne connaît pas le divorce mais pour
une cause (la séparation) qui est susceptible de conduire au divorce selon la loi
française qui est devenue depuis applicable.
76
La convention de Bruxelles de 1968 sur la compétence des jugements.
Au fond, cette convention s'applique en matière civile et commerciale mais que les
questions familiales en étaient exclues parce que la convention concernait la
communauté économique européenne.
3 états ne participent pas à ce titre IV, le RU, l'Irlande et le Danemark. Ces états
peuvent manifester leur volonté de se soumettre à ces mesures mais n'y sont pas
obligés.
Quelles sont ces matières ?Elles sont énumérées à l’article 65 du Traité. Dans cet
article on parle de simplifier la notification transfrontière des actes judiciaires. On
parle de coopération en matière d'obtention des preuves, de reconnaissance et
d'exécution des décisions en matière civile et commerciale et puis aussi favoriser la
compatibilité des règles applicables dans les états membres en matière de conflit de
lois et de compétence.
77
Le 29 mai 2000 ont été adopté 3 règlements du Conseil. Deux de ces règlements
reprennent en substance le contenu des deux projets de conventions (97 et 98). Le
règlement sur la signification des actes : n° 1348-2000.
Le but de tout ceci, c'est de rendre plus facile l'adoption et la modification de textes
que lorsque l'on procède par la voie de convention. Sur ce point on ne peut pas nier
qu'ils ont raison. L'expérience des conventions de Bruxelles et de Rome montre
que la négociation des conventions est longue et il en est de même pour la
ratification.
Ce qui est gênant en revanche c'est l'anonymat dans lequel ces textes sont
préparés, l'absence de travaux préparatoires et le caractère arbitraire qui se dégage
parfois des dispositions. Selon Audit, avec l’article 65, les autorités communautaires
sont prises d'une certaine frénésie : adoption de Rome II, un règlement Rome III
sur la loi applicable aux obligations délictuelles et même des dispositions unifiant
les règles de conflit en matière de divorce en matière matrimoniale.
78
Le champ d'application du règlement c'est le divorce, la séparation de corps
l'annulation du mariage = désunion du couple. Cela n'inclus pas les relations
patrimoniales comme les RM et les successions.
Lorsque le for saisi du divorce aura statué néanmoins sur des questions
patrimoniales relevant du RM, cette décision bénéficiera de la reconnaissance
automatique dans les autres états membres selon la convention en ce qui concerne
la désunion des personnes mais sur les autres aspects, c'est le droit commun de
l'état requis (Arrêt MUNZER en France) qui s'appliquera.
Ils sont fondés sur la résidence habituelle. Mais aussi un part est faite à la
nationalité (normal puisque le divorce se relie à l'état des personnes)
La notion de domicile est très stable. La notion anglaise de domicile n'est pas fugitive
mais en fait n'est pas éloignée de notre nationalité.
79
Cette parenthèse explique pourquoi lorsque le règlement 2003 parle de la
nationalité des époux, le règlement ajoute systématiquement ou dans le cas du RU
et de l'Irlande le « domicile »
A cela l’article 5 ajoute qu'une juridiction d'un état membre qui a rendu une décision
sur la séparation de corps est également compétente pour la convertir en divorce si
sa loi le prévoit. Quand un rattachement de l’article 3 se réalise dans la
communauté, aucune des juridictions pas désignées par l’article 3 ne peuvent être
saisies.
80
b. La litispendance : art 19
Le règlement offre une grande variété de for possibles. Le risque est que
chaque époux intente une action devant le for qui est le plus commode pour lui.
La juridiction qui est saisie en deuxième doit surseoir à statuer jusqu'à ce que la
compétence de la juridiction étrangère 1ère saisie soit établie. SI la compétence de la
1ère est établie, la seconde doit se dessaisir.
Mais l’article 19-3 dit que dans ce cas, l'époux qui était en demande devant la
deuxième juridiction peut porter son action devant la 1ère saisie.
Cette situation est fréquente. Etant donné la primauté donnée à la 1 ère juridiction en
date, la question des dates est cruciale. Or l'expérience de la convention de
Bruxelles a montré que les droits procéduraux nationaux divergents lorsqu'il s'agit de
définir le moment auquel une juridiction est saisie. L’article 16 formule une règle
commune et donne une définition communautaire de la date à laquelle une juridiction
est réputée saisie.
81
Il s'applique aussi aux transactions conclues devant une
juridiction.
Le modèle traditionnel du divorce judiciaire n'est pas exclusif des états membres de
la communauté.
Malgré que la reconnaissance opère de plein droit, elle est quand même
subordonnée à certaines conditions de validité. Il y a quelques motifs exceptionnels
de non reconnaissance.
A ce sujet quand il peut exister un doute, une personne peut avoir intérêt à solliciter
une décision de reconnaissance ou du reste le conjoint peut avoir intérêt à intenter
une action en non reconnaissance (action dénégatoire).
Malgré le principe de reconnaissance de plein droit, un époux peut tenter une action
en reconnaissance ou en non reconnaissance d'un divorce prononcé à l'étranger.
S'agissant des motifs qui ne peuvent pas être soulevés : la compétence de l'autorité
saisie n'a pas à être vérifiée : art 24
82
Toute révision au fond est interdite = art 26. C'est un examen d'ensemble d'une
décision étrangère pour s'assurer qu'elle a été bien rendue aux yeux du juge requis.
Est exclu tout contrôle de la loi appliquée : il s'agira souvent de ménage mixte donc
conflit de lois. Donc on pourrait concevoir que le juge s'assure que le juge étranger à
appliquer les lois compétences selon les exigences du droit du juge requis.
Enfin, art 25, la reconnaissance ne peut être refusée au motif que la loi de l'état
requis ne permet pas le divorce sur la base de faits identiques. Pas possible de
repousser une reconnaissance en raison de la disparité des lois.
L'inconciliabilité avec une décision rendue dans une autre instance opposant les
parties dans l'état requis.
SECTION 3: LA FILIATION.
SOUS-SECTION 1: LA FILIATION PAR
LE SANG.
La filiation relève de l'état des personnes. Les questions qui en relèvent sont
rattachées à la loi nationale. Seulement la filiation c'est un lien et c'est même un lien
qui unit 3 personnes dans la filiation légitime. D'où des problèmes liés à la différence
de nationalité.
83
La Jurisprudence avait édifié un système dans lequel la même loi s'appliquait à
l'établissement de la filiation ainsi qu'aux effets. Ce système est Aujourd’hui fini. La
mise à bas du système est entamée par la convention de la Haye régissant certains
aspects de la filiation tels que l'obligation alimentaire. Le législateur a achevé de
détruire le système avec la loi du 3 janvier 1972. Des articles 311-14 à 311-18 ont
été insérés sur les conflits de lois relatifs à l'établissement de la filiation.
I. L'ÉTABLISSEMENT DE LA FILIATION.
1. Règles générales.
Il y en a plusieurs car l’article 311-14 édicte une règle de principe qui est de
nature bilatérale mais cette règle de principe est aussitôt assortie dans l’article 315
d'une large exception en faveur de la loi française.
84
a. Le rattachement de principe.
Donc le rattachement est la loi personnelle de la mère. La mère joue un rôle de 1er
plan dans le rapport familial. On a fait valoir que ce critère est plus sûr car la mère
est presque toujours connue alors que le contentieux porte souvent sur la paternité.
Art 311-15 : si les intéressés (l'enfant légitime, son père et sa mère, l'enfant
naturel avec son père ou sa mère) ont en France leur résidence habituelle, la
possession d'état produit toutes les conséquences qui en découlent selon la loi
française. Cela signifie que les dispositions françaises du droit interne sont
d'application immédiate nonobstant la nationalité de la mère. Ici la possession d'état
vise à protéger les situations établies. Il faut éviter la perturbation possible
qu'entraînerait l'application de la loi de la mère.
85
Jurisprudence s'est prononcée pour l'application de 311-15 aux conséquences de
l'absence de possession d'état.
Dans le système antérieur on appliquait une loi unique, celle de l'enfant et ce,
quel que soit le mode d'établissement de la filiation : action judiciaire ou
reconnaissance et aussi quel que soit le parent concerné.
Cette disposition soulève des difficultés. La plus importante est celle de savoir si
311-17 doit être considéré comme une disposition autonome, dérogeant à l’article
311-14 (compétence de la loi de la mère), ou bien si l’article 311-17 n'est qu'un
complément à 311-14, une règle supplémentaire qui ajoute des rattachements.
Autre exemple : si une des deux lois permet à une personne d'agir, tandis que l'autre
loi ne permet à cette personne d'agir. Dans ce cas-là on appliquera la loi la plus
restrictive. Donc si la reconnaissance est contestée par un tiers mais que cette
contestation n'est pas possible selon l'une des deux lois, on s'opposera à la
contestation en application de cette loi. Mais cela se complique quand une loi est
plus favorable sur un point et moins favorable sur un autre point.
Il y a une 2ème série de difficultés : l’article 311-17, peut conduire à ces conflits de
filiation. Voici le cas où l'enfant reconnu est né d'une femme mariée et il est couvert
par une présomption de paternité d'un autre que l'auteur de la reconnaissance. Or un
des lois visées par l’article 311-17, ne s'oppose pas complètement à la
reconnaissance par un tiers de l'enfant né d'une femme mariée. C'est la situation de
l’article 334-9 à contrario en droit interne.
87
La deuxième manière de raisonner consiste à appliquer intégralement la loi de la
reconnaissance. Donc on appliquera la loi de la reconnaissance à la question
préalable du désaveu car il faut faire tomber d'abord la question de la filiation
légitime. Cette 2ème solution apparaît contestable car elle aboutit à l'éviction de la loi
qui s'appliquait jusque-là à la filiation et ceci du seul fait de la reconnaissance par un
tiers dont on n'est pas certain qu'il soit le véritable père. Donc c'est la 1 ère solution qui
semble la meilleure.
Autre problème : L’article 311-17 vise plus d'une loi. C'est la possibilité de deux
reconnaissances valables chacune selon une des deux lois différentes. Il n'y a ici
aucune solution du point de vue du conflit de loi. On appliquera 311-12 qui prescrit
de trancher en faveur de la filiation la plus vraisemblable.
b. La légitimation.
La loi de 1972 a multiplié les rattachements par faveur pour la légitimation, dans
l’article 311-16. Selon ce dernier article, « le mariage emporte légitimation lorsque
au jour où l'union a été célébrée, cette conséquence (la légitimation) est admise soit
par la loi régissant les effets du mariage soit par la loi personnelle de l'un des époux
soit par la loi personnelle de l'enfant. »
L’article 311-16va soulever des problèmes du même ordre que l’article 311-17. Le
principal est la combinaison de l’article 311-16 avec les autres dispositions. D'abord,
toute légitimation suppose une reconnaissance préalable. Donc on va trouver ici un
88
problème qu'on a vu avec 311-17. Le problème est de savoir si la reconnaissance
qui a précédé la légitimation, est soumise à sa loi propre déterminée par l’article
311-17 et peut être par l'article 311-14, et en cas de légitimation, la loi appliquée
est-elle absorbée par l’article 311-16.
La question est encore plus compliquée, lorsque l'enfant dont il est question n'est pas
un enfant naturel simple mais que cet enfant jouit d'une légitimité en vertu d'un
mariage antérieur à la mère.
311-18n'est pas en compétition avec 311-14 parce que l'action à fin de subsides
n'est pas une action d'état, elle est plutôt délictuelle. Mais cette question est peu
importante car on considère que 311-18 est devenue caduque avec l'entrée en
vigueur de la convention de La Haye de 1973 sur les obligations en matière
alimentaire. Encore que, la convention vise les obligations découlant de relations de
89
famille de parenté. Donc on pourrait aussi lire ceci comme excluant les actions
purement alimentaires. Cela montre en passant les difficultés des conventions qui
unifient les Droit International Privé entre plusieurs états. Les conventions de La
Haye ont un objet mais les droits internes connaissent une variété d'institutions ce
qui pour certaines d'entre elles posent la question de savoir si elles entrent ou non
dans le champ d'application de la convention. Ici l'action à fin de subsides entre-t-il
dans le champ d'application de la convention alors qu'elle vise les obligations
découlant de relations de famille de parenté ?
d. La qualification.
Il faut placer l'étoffe étrangère dans les tiroirs du système international. L'état
étranger caractérise ses règles, l'état du for les classe.
1. La question du renvoi.
Une situation de renvoi naît du fait que le rattachement choisi par le for et
celui choisi par la loi étrangère ne sont pas les mêmes. A partir du moment où le
législateur de 72 a choisi pour rattachement la loi de la mère et où ce rattachement
constitue une singularité en droit comparé, il est plausible que la loi étrangère, loi
90
nationale de la mère, désigne une autre loi. Quand la situation se produit faut-il faire
jouer le renvoi ?
Les commentateurs ont dit qu'il fallait faire jouer le renvoi pour remédier à la
désignation de la loi de la mère. Cet argument montre que l'application du renvoi a
pour effet de déjouer la volonté du législateur. Si on veut respecter sa volonté, il faut
donc refuser de faire jouer le renvoi. C'est ce qu'on fait les 1ères décisions : 3 arrêts
de la Cour de Paris. Ces arrêts ont déclaré que l'article 311-14 ne laisse pas à la loi
personnelle de la mère la faculté de désigner les règles de conflit applicables à la
filiation mais contient une désignation directe et impérative de la loi applicable.
Deux observations sur ceci : Tout d'abord si on lit attentivement ce motif cela vaut en
toute matière. Donc si on généralise cela, ça exclut le renvoi en toute matière ! Enfin
il aurait été très simple pour le législateur d'éviter cette interrogation. Ajouter un mot :
appliquer la loi interne de l'état dont la mère a la nationalité.
Les commentateurs ne sont pas favorables à cela car en entrant l'éventail des
rattachements le législateur a suffisamment marqué la limite des lois que l'on peut
raisonnablement prendre en considération. Donc les auteurs ont estimé qu'il n'y avait
pas lieu de faire jouer le renvoi. Néanmoins, une décision a appliqué le renvoi dans
le cas de l’article 311-17 (reconnaissance d'enfant naturel).
2. Le conflit mobile
91
La loi applicable est la loi de la mère au jour de la naissance. Ce qui en
principe répond à la question du conflit mobile. Cela est parfaitement justifié en
matière de filiation légitime car la légitimité d'un enfant se défini par la situation des
parents au jour de la naissance. Seulement la règle de l’article 311-14 s'applique
également en matière de filiation naturelle. Donc l'article 311-14 bloque la situation à
la loi personnelle de la mère. La Jurisprudence antérieure en cas de changement de
loi personnelle de l'enfant avait permis à l'enfant de se placer au moment le plus
favorable pour lui. Autrement dit, si l'enfant avait une nationalité X à la naissance,
acquérait une nationalité Y plus tard, la Jurisprudence l'autorisait à invoqué la loi la
plus favorable. La loi de 72 a commis donc une erreur en fixant la situation au jour
de la naissance. Si la mère changeait de nationalité et si sa nouvelle loi est plus
favorable, c'est quand même la loi antérieure qu'il faudra appliquer.
Dans ce cas la cour a admis le recours à l'ordre public pour écarter la loi de la mère
au jour de la naissance.
b. L’article 311-16
2ème problème : c'est une autre forme de droit transitoire qui résulte non pas d'un
changement de rattachement de la situation mais d'une modification de la loi interne
désignée par la règle de conflit. Par exemple, la règle de conflit désigne la loi
française et la loi française a changé en 72. Avec le texte de l’article 311-16 qui
impose de se placer au jour du mariage, on doit prendre la loi désignée telle qu'elle
était au jour du mariage. Si cette loi interne a été modifiée depuis dans un sens plus
favorable à la légitimation on se trouve ici bloqué par la lettre de l’article 311-16.
c. L’article 311-15.
92
encore leur résidence habituelle en France au moment où l'autorité est appelée à se
prononcer sur la filiation.
1. La preuve de la filiation.
Si je cherche à établir une filiation selon une loi étrangère, ce que je vais avoir à
prouver c'est ce qu'exige la loi étrangère pour l'établissement de la filiation. La
question de preuve est absorbée par la loi de la filiation. De même pour la charge de
la preuve. En principe la charge de la preuve incombe au demandeur. Si on prend la
présomption de paternité du mari, elle n'a rien à voir avec le fait que le mari soit
demandeur ou défendeur à l'action. La présomption de paternité du mari n'est pas
une question procédurale, c'est une question de fond.
Il y a donc attraction des questions de preuve par la loi applicable aux questions de
fond.
Mais quand la filiation est établie par reconnaissance, on peut quand même hésiter
entre la loi du fond et la loi du lieu où l'acte a été passé. Ainsi la loi française exige
pour la validité d'une reconnaissance qu'elle ait lieu par acte authentique. L'attraction
93
de la loi du fond voudrait qu'on exige un acte authentique même si la loi étrangère ne
l'exige pas. On s'expose à tenir pour invalide une reconnaissance qui a été effectué à
l'étranger. Voilà pourquoi il ne faut pas écarter la loi locale et admettre une
transposition à l'acte étranger.
D. L'ordre public.
1. La filiation légitime.
94
S'agissant du désaveu par le mari, seul serait contraire à l’Ordre Public une loi qui
permet de désavouer sans preuve suffisante de la non paternité ou sans procédure
non contradictoire. Une loi plus stricte que la loi française peut être respectée sauf si
elle interdit tout désaveu ou bien qu'elle écarte le désaveu dans les cas où la
paternité parait impossible. C'est ce qui a été jugé à propos d'une loi étrangère qui
maintenait la présomption de paternité alors que le mari était séparé de la mère à
l'époque de la conception.
2. La filiation naturelle.
Après 1972 : sans attendre que la loi interne abroge les cas d'ouverture de l'action,
la cour de cassation avait admis qu'une loi étrangère qui ne prévoyait pas ce type de
filtre, n'était pas contraire à l’Ordre Public à condition cependant que la loi étrangère
présente des garanties quant au respect de la vérité biologique et qu'elle permette au
défendeur d'assurer sa défense.
95
En ce qui concerne les lois plus strictes que la loi française qui sont beaucoup plus
nombreuses, est maintenant déclarée contraire à l’Ordre Public français une loi qui
interdit la légitimation des enfants adultérins. Mais toute loi étrangère plus stricte
n'est pas nécessairement déclarée contraire à l’Ordre Public. La cour de cassation a
formulé une doctrine de manière claire dans un arrêt du 3 novembre 1988. La cour
dit que « les lois étrangères qui prohibent l'établissement de la filiation naturelle ne
sont en principe pas contraires à la conception française de l'ordre public
international dont la seule exigence est d'assurer à l'enfant les subsides qui lui sont
nécessaires » On note l'évocation de l'action d'état et l'action alimentaire. L'action
d'état qui n'est pas ouverte par la loi étrangère n'est pas contraire à l’Ordre Public, ce
qui l'est en revanche c'est l'empêchement de l'action alimentaire.
Dans l'arrêt du février 1993 la cour de cassation a introduit un point important dans
le principe. La cour de cassation réitère son affirmation mais ajoute qu'il en est
autrement lorsque ces lois ont pour effets de priver un enfant français ou résident
habituellement en France du droit d'établir sa filiation. C'est une restriction importante
dès lors que l'enfant est français ou qu'il réside en France. Notons qu'on a ici un
parfait exemple de la notion d'op de proximité. L'exception d'op s'oppose à
l'application de la loi normalement compétente selon la règle de conflit car cette loi
présente quelque chose de choquant dans le sentiment commun. Depuis une 20aine
d'années, cette appréciation de l’Ordre Public ne se fait plus de manière absolue.
Dans l'appréciation de l’Ordre Public intervient le lien plus ou moins étroit de la
situation avec la France. La même loi étrangère n'est pas déclarée absolument
contraire à l’Ordre Public français. C'est une notion plus fonctionnelle.
96
les lois étrangères qui ne connaissaient pas ce cas. Seulement la loi de 72 a permis
l'octroi de subsides à la charge du défendeur nonobstant les relations de la mère
avec un ou plusieurs autres. La loi de 1993 a supprimé l'exception d'inconduite
notoire. Par conséquent on ne peut plus opposer l'ordre public aux lois étrangères
sur ce point. Le seul fait qui permettrait d'invoquer l’Ordre Public est une loi étrangère
qui ne prévoit pas de moyens de défense tiré de ce que le défendeur ne peut être le
père de l'enfant.
Sur la question des délais : La politique législative hostile s'est traduite par un délai
de 2 ans à compter de la naissance de l'enfant. Sur ce point, on n'a pas opposé
l’Ordre Public aux lois étrangères prévoyant des délais plus longs.
Les règles de conflit de 72 ont soulevé une interrogation de taille car ces
règles ne visent que l'établissement de la filiation. D'où la question de la
détermination de la loi applicable aux effets. Aujourd'hui des questions très
importantes relevant des effets de la filiation (responsabilité parentale et obligation
alim) relèvent des conventions internationales.
Art 311-14 : si on le suit à la lettre pour les effets de la filiation, la situation serait
figée au jour de la naissance nonobstant le changement de loi personnelle de la
mère.
97
Objection plus importante : du fait de différentes règles de conflit il se peut que la
paternité et la maternité ne soient pas établies selon la même loi. Or s'il y a des
effets de la filiation qui sont individuels à l'un des deux parents, la question de la
responsabilité parentale, elle, appelle l'application d'une loi unique.
Cela dit ce débat n'est vraiment plus critique quand on voit les questions qui relèvent
de la filiation.
1. La responsabilité parentale.
a. La loi applicable.
98
Du fait que la convention porte sur les obligations alimentaires, cette question est
détachée du statut personnel, ici de la filiation.
La convention dit que les décisions rendues selon la cour désignée ne préjugent pas
de l'existence d'une relation de famille. Ce qui soulève le problème de la question
préalable (déjà vu).
99
SOUS-SECTION 2: LA FILIATION
ADOPTIVE.
D'autres états qui connaissent ce principe s'opposent à l'adoption par des étrangers.
Les adoptants en France souhaitent souvent une adoption plénière qui implique
rupture des liens avec la famille d'origine.
Une 1ère législation est issue de la convention de la Haye de 1965 vite périmée car
conçue dans un périmètre européen.
L'adoption tend à la création d'un lien de famille. C'est donc une question
de statut personnel et les conflits de lois naissent le plus souvent d'une différence de
nationalité entre les adoptants et l'adopté. Le conflit peut aussi tenir du fait d'une
différence de résidence habituelle entre les intéressés.
100
Choisis-t-on la loi de l'adoptant ou celle de l'adopté ? On peut adopter une
situation moniste ou dualiste.
C'est plutôt la loi des adoptants qui va avoir vocation à régir les effets de l'adoption.
Tout ceci conduit à préconiser la loi des adoptants. Mais le choix unique de la loi des
adoptants se heurte à une objection : à négliger la loi de l'adopté, on risque de créer
des adoptions qui ne seront pas reconnues dans l'état d'origine de l'adopté.
Voilà pourquoi on se tourne vers les solutions dualistes : on prend en compte des
deux lois. On pourrait appliquer cumulativement les deux lois. Seulement appliquer
deux lois revient à appliquer la plus exigeante. Pire encore, étant donné que les
conditions de l'adoption sont variées, à vouloir appliquer les deux lois on va en
fabriquer une 3ème qui sera plus stricte que chacune des deux. Donc on préfère
l'application distributive des deux lois. Ici la loi de l'adoptant s'appliquera aux
conditions requises chez l'adoptant (conditions d'âge, se statut matrimonial). La loi de
l'adopté, elle, déterminera notamment si l'enfant est adoptable. Mais il faut voir aussi
qu'il y a certaines conditions qui ont un caractère indivisible. Ex : la différence d'âge
exigé entre l'adoptant et l'adopté. Cette condition concerne l'un et l'autre. Donc l'une
règlera les conditions qui intéressent l'un et l'autre et l'autre loi sera cantonnée aux
conditions qui intéressent exclusivement l'intéressé.
Si on se reporte à la solution moniste, il ressort que c'est la loi de l'adoptant qui paraît
la mieux indiquée pour prévaloir car l'adopté va se trouver intégré au milieu social de
l'adoptant.
Arrêt TORLET : la cour de cassation a dit que les conditions comme les effets de
l'adoption sont régis, lorsque l'adoption est demandée par une seule personne, par la
loi nationale de celle-ci, la loi nationale de l'enfant, devant seulement déterminer les
conditions du consentement ou de la représentation de l'adopté.
La loi de 2001a consacré la solution dans l’article 370-3 concernant des questions
qui avaient posé problème.
1. La loi de l'adoptant.
101
Selon 370-3, les conditions de l'adoption sont soumises à la loi nationale
de l'adoptant. Dans les cas fréquents, l'adoptant est un couple et il est indispensable
de déterminer une loi unique. Celle qui s'impose est la loi des effets du mariage ce
qui confirme la suite de l’article 370-3 : la loi qui régit les effets de leur union. Quelle
sera cette loi ? Elle sera déterminée selon le système RIVIÈRE : loi nationale
commune des époux et à défaut, loi du domicile commun.
Mais l'article ajoute une restriction : l'adoption ne peut être prononcée si la loi
personnelle de l'un et l'autre la prohibe. Le but est d'éviter des adoptions boiteuses
qui se révèleront lors du retour dans le pays d'origine. La règle n'a donc d'effet
propre qu'en cas de nationalité différente des époux car en cas de nationalité
commune, la prohibition joue de plein droit. Par ex : époux marocains et algériens ne
pourront pas adopter un enfant en France. On voit ici pointer le respect des lois qui
prohibent l'adoption mais dans un cas très marginal lorsqu'il s'agit des adoptant.
2. La loi de l'adopté.
C'est la question des lois qui prohibent l'adoption. D'un côté on peut
estimer qu'il faut respecter ces lois sous peine de consacrer des adoptions qui
s'apparentent à des enlèvements d'enfants. Mais de l'autre, on peut trouver
regrettable que des enfants qui pourraient trouver une famille soient privés de cette
possibilité. Cela paraît tellement grave que la question de l'OPI a été soulevé à
l'encontre des lois étrangères prohibant l'adoption ou même simplement soumettant
l'adoption à des conditions plus restrictives que la loi française. Les tribunaux se sont
prononcés pour l'absence de contrariété à l’Ordre Public des lois étrangères plus
restrictives. Il fallait donc affronter la question du rôle exact à reconnaître à la loi de
l'adopté.
a. La jurisprudence antérieure.
Dans l'arrêt TORLET une CA s'était refusée à prononcer une adoption plénière
consécutive à une adoption en Grèce au motif que la loi Grecque ne connaissait pas
l'adoption plénière (connaissait une adoption moins étendue) et donc que la mère ne
pouvait pas avoir consenti à une adoption plénière française. La cour de cassation a
cassé l'arrêt en déclarant que lorsque le consentement ne précise pas en
considération de quel type d'adoption il a été donné, ce consentement vaut pour
l'une ou l'autre des formes d'adoption que connaît le droit français. La cour de
cassation a confirmé la Jurisprudence dans l'arrêt PISTRE de 1990 rendu dans des
circonstances analogues. Il s'agissait d'une adoption en France. La demande d'une
adoption plénière d'un enfant brésilien avait été rejetée au motif que le juge brésilien
n'avait autorisé qu'une adoption simple. La cour casse l'arrêt : le contenu même du
consentement doit être apprécié indépendamment des dispositions de la loi nationale
de l'adopté. En réalité, si on se tourne vers la loi de l'adopté ce n'est pas pour
102
appliquer cette loi. Moins qu'une règle de conflit, on est passé à une règle matérielle,
substantielle, une règle de fond de droit français selon laquelle l'adoption
internationale était toujours possible avec le consentement de l'adopté ou de son
représentant.
Arrêt FONTHOU de 1995 vise l'article 3 du code civil. Cet arrêt juge que deux
époux français peuvent adopter un enfant dont la loi personnelle ne connaît pas ou
prohibe l'adoption à la condition qu'indépendamment de cette loi, le représentant du
mineur ait donné son consentement en pleine connaissance des effets attachés par
la loi française à l'adoption.
Ce que la loi va quand même déterminée c'est la personne qui a qualité pour
consentir mais à partir de là c'est une règle matérielle française qui prend en charge
la situation. Le représentant peut consentir à l'adoption nonobstant les dispositions
de la loi personnelle.
Ces critiques ont trouvé leur expression dans une circulaire du garde des sceaux
du 16 février 1999 : il dit que l'adoption est impossible quand la loi de l'enfant
l'interdit. Elle veut une appréciation rigoureuse de la portée du consentement donné
à l'adoption de l'enfant. Seulement il n'appartient pas à une ordonnance de renverser
la Jurisprudence de la cour de cassation. C'est ce qui explique que le législateur soit
intervenu.
b. L'intervention du législateur.
La loi de 2001 s'est attaquée à la question dans les articles 370-3 al2 et
3 où on trouve 3 dispositions.
L'adoption d'un mineur étranger ne peut être prononcée si sa loi personnelle prohibe
cette institution. Donc la loi prend parti de l'ordonnance de 1999.
Ceci va dans le sens de la convention de La Haye de 1993 qui prévoit que les
autorités compétentes de l'état d'origine doivent notamment s'assurer que l'enfant est
adoptable. Mais il semble bien que la prise en considération de la loi étrangère se
limite au principe même de l'adoption. Pourquoi ? Car le texte ne s'étend pas au
type d'adoption autorisé. Si la loi étrangère ne connaît qu'une adoption moins
103
étendue que l'adoption plénière française, cela n'empêcherait l'adoption plénière
selon la loi française.
Autre remarque : mot « prohibe » dans le texte. Il y a des lois étrangères qui ne
prohibent pas l'adoption car elles ignorent tout simplement cette institution. Le débat
reste ouvert.
Art 370-2 al2 : sauf si ce mineur est né et réside habituellement en France. C'est un
tempérament à la règle précédente. Cela est bien bienvenu car les liens de l'enfant
avec sa nationalité étrangère sont distendus ou ne sont même pas crées. Dans ces
conditions, la loi étrangère même prohibitive doit lâcher prise.
Art 370-3 al3 : on peut prononcer en France l'adoption d'un enfant étranger pourvu
que sa loi nationale ne la prohibe pas. Il faut qu'il y ait un consentement à cette
adoption. On va retrouver un certain nombre de règles inspirées de la Jurisprudence
et de la convention de La Haye.
Le texte dit que qu'elle que soit la loi applicable, l'adoption requiert le consentement
du représentant légal de l'enfant. Le consentement doit être libre et éclairé sur les
conséquences de l'adoption, en particulier, s'il est donné en vue d'une adoption
plénière, sur le caractère complet et irrévocable de la rupture du lien de filiation
existant.
On retrouve ici une règle substantielle. Cette règle c'est la nécessité d'un
consentement véritable.
On considère que la loi de l'adopté comme par le passé, déterminera les personnes
habilitées à consentir et peut être aussi la forme du consentement (devant qui il doit
être exprimé).
Enfin l’article 370-3 al3 ajoute deux autres précisions importantes que l'on trouve
dans la convention de La Haye : le consentement doit être obtenu sans aucune
contrepartie. L'autre c'est que le consentement doit être obtenu après la naissance
de l'enfant. Ce sont à nouveau des règles matérielles.
Une autorité publique est presque toujours amenée à intervenir. Dans les
matières de statut personnel il y a un lien étroit entre la procédure et le fond. La
question est réglée dans le code civil.
104
La convention de La Haye de 1993 vise à préparer les adoptions qui soient autant
que possible inattaquables et assurer leur reconnaissance internationale.
A. La convention de La Haye.
Elle assure une coopération d'autorité selon une méthode très éprouvée à
la conférence de La Haye, la méthode des autorités centrales. Les personnes qui
dans un pays donné désire adopter un enfant dont la résidence habituelle est dans
un autre état contractant, ces pers doivent s'adresser à l'autorité centrale de leur
propre état pour vérifier si ces personnes sont aptes à adopter et qu'il n'existe pas
d'obstacles à l'entrée et au séjour permanent de l'enfant dans le pays. Puis cette
autorité ça s'adresser à son homologue dans l'autre état qui va faire une enquête
analogue sur l'adoptabilité de l'enfant et que le placement exigé est dans son intérêt.
A la suite de ça, la procédure d'adoption peut s'engager dans l'un autre des états.
Il faut indique que quand la procédure doit avoir lieu après le déplacement de l'enfant
dans l'état d'accueil, l'autorité centrale de l'état d'accueil est responsable de l'enfant.
1ère question : celle de la compétence des tribunaux français pour prononcer une
adoption. Le principe consiste à transposer les règles de compétence interne. Mais
l’article 116 du NCPC précise que les tribunaux français sont compétents quand
demeurent en France soit le requérant soit la personne dont l'adoption est
demandée. Mais il ne faut pas oublier que les articles 14 et 15 sont applicables en
toute matière et donc que la nationalité française des adoptants peut permettre de
saisir les tribunaux français.
105
C'est dans le milieu de l'adoptant que l'adoption va dérouler ses effets et
ceci avait conduit la Jurisprudence à conférer le rôle prépondérant à la loi de
l'adoptant.
L'arrêt TORLET, posait que les conditions comme les effets de l'adoption sont régis
par la loi de l'adoptant. Mais la loi de 2001 a rompu avec ce système.
Art 370-4 du Code civil : les effets de l'adoption prononcés en France sont ceux de
la loi Française alors que nous avons vu que c'est la loi des adoptants qui s'applique.
Si les adoptants sont de nationalité commune, on applique leur loi. Pourquoi ce
changement ? Ceci évite d'avoir à faire fonctionner en France des adoptions de type
très divers. En la matière n'oublions pas que c'est le type même d'institution qui varie
d'un pays à l'autre.
Question du secret des origines de l'enfant. Cette question ne doit pas être soumise
à deux lois différentes.
Donc on a préféré l'unité de loi applicable aux effets de l'adoption (pour tous les
enfants adoptés en France) à l'unité de statut législatif de chaque adoption.
Il existe dans le droit musulman une institution, la Kafalah, qui ressemble à l'adoption
mais qui n'en n'est pas une. C'est la prise en charge d'un enfant sans la création d'un
lien de famille.
Il y a deux grandes séries de questions : l'origine de cette filiation est une adoption.
Donc la loi applicable aux effets de l'adoption va déterminer les conséquences de
l'adoption sur les liens avec la famille d'origine. Elle va déterminer les conditions de
la transformation éventuelle de l'adoption. La loi applicable aux effets de la filiation
détermine les conditions dans lesquelles il peut être mis fin à l'adoption. Enfin c'est la
loi des effets de l'adoption qui va déterminer les liens avec la famille de l'adoptant.
Tout cela résulte du fait que le lien de filiation est un lien de filiation adoptive.
106
Deuxième groupe de conséquence : résultent du fait qu'il y a un lien de filiation. On y
trouve les rapports personnels et patrimoniaux entre les adoptants et l'adopté. Sur ce
point beaucoup de ces questions sont régies par des conventions de 1961 sur
l'autorité parentale, de 1973 sur l'obligation alimentaire.
Il est fréquent que des français qui adoptent un enfant étranger procèdent
à une adoption à l'étranger. Ils vont donc vouloir faire reconnaître cette adoption en
France. Ce qui soulève les questions des conditions et des effets de la
reconnaissance.
Le problème vient du fait que l'adoption prononcée à l'étranger peut avoir des effets
moins étendus que ceux d'une adoption plénière française. D'où une 3 ème question :
celle d'une nouvelle procédure en enfant à partir de l'adoption prononcée à l'étranger
Arrêt MUNZER : condition que le juge étranger ait appliqué la loi compétente selon la
règle de conflit française. Cette condition sera rarement remplie dans cette
hypothèse dans la mesure où e juge étranger étant le juge de l'état nationale de
l'enfant, aura appliqué intégralement la loi de l'enfant.
107
Enfin sur l'ordre public : il peut intervenir même sous sa forme atténuée. Il intervient
pour faire respecter l'intérêt de l'enfant ou l'intérêt des parents par le sang. De ce
point de vue, la Jurisprudence française n'a pas donné l'exemple car sous l'empire
de la Jurisprudence TORLET on se contentait d'un consentement à l'adoption des
parents biologiques et ceci valant dans le doute pour les deux formes de l'adoption
française (simple et plénière).
La circulaire de 1999, donnait une indication intéressante (bien qu'elle n'ait aucune
valeur impérative) : la prohibition du droit français de la remise directe aux adoptants
d'un enfant de moins de 2 ans (art 348-5 du code civ) est une règle qui devrait
entraîner le rejet d'une adoption étrangère intervenue dans ces conditions.
Quand l'adoption étrangère satisfait ces conditions quels en sont les effets ?
Attacher à l'adoption étrangère que les effets reconnus par le jugement étranger.
La loi de 2001a choisi une autre voie : art 370-5. Ce texte amène à regarder si
l'adoption étrangère présente plutôt le caractère d'une adoption simple ou plénière et
donc à lui faire produire les effets de l'une ou de l'autre.
Le texte ajoute que si l'adoption étrangère est assimilée à une adoption simple, elle
pourra être convertie en adoption plénière si les consentements requis ont été
donnés expressément en connaissance de cause = souci de rompre avec la
Jurisprudence antérieure.
B. La convention de La Haye.
108
La convention de La Haye assure la reconnaissance d'une adoption
prononcée dans un état contractant dans les autres états contractants. La convention
pose une règle importante : s'agissant de la rupture d'un lien de filiation préexistant,
elle n'est acquise que si cet effet est produit dans l'état où la décision a eu lieu.
CHAPITRE 2:
LA RESPONSABILITÉ
EXTRACONTRACTUELLE
109
Comme partout on énonce en France le principe que la loi applicable au
délit est celle du lieu du délit : lex loci delicti. Ce principe trouve un fondement dans
l’article 3 al 1 : « les lois de police et de sûreté obligent tous ceux qui habitent le
territoire ».
Ce principe a été consacré par l'arrêt LAUTOUR de 1948, sous sa forme bilatérale.
L'expression lieu du délit ne soulève pas de problème quand tous les éléments
matériels de la situation sont réunis dans un même pays. C'est le cas avec les
accidents d'automobile ; dans ce cas-là, le conflit de lois tiendra à la nationalité ou au
domicile étranger d'une partie.
Le 1er problème est l'hésitation à appliquer la loi du lieu du délit lorsque les faits sont
survenus à l'étranger mais entre parties ayant la nationalité du for ou ayant toutes
deux leur domicile sur le territoire du for. Ça se produit quand les parties avaient un
lien entre elles (voyage en commun), cela se produit aussi sans qu'il y ait la présence
de ce lien.
D'un côté il semble préférable pour la prévisibilité du droit d'appliquer quoi qu'il arrive
la loi du lieu du délit. Mais de l'autre, un sentiment instinctif de la justice pousse à se
dire, à quoi bon appliquer la loi étrangère alors que le litige se produit entre deux
nationaux.
Le 1er consiste à écarter la qualification délictuelle au profit d'une autre qui mène à
l'application de la loi française. Ex : en cas de voyage commun à frais partagés, on
peut y voir un contrat tacite entre les parties. On applique la loi de la volonté
commune dans le contrat.
110
Autre moyen : qualifier la question litigieuse de procédurale. Cela est possible
notamment à l'égard de la prescription de l'action. Ex, en Espagne, la prescription
est d'un an en matière de circulation routière. Mais comme c'est une question de
procédure, on peut la régir par la loi du for.
Autre moyen : faire jouer l'exception d'OP contre la loi étrangère, pourtant dans des
conditions où on ne peut pas dire que la loi étrangère était gravement choquante.
Ex : loi qui ne répare que le préjudice économique, loi prévoyant une prescription
plus courte que la loi française = contraire à l’Ordre Public.
Ces stratagèmes sont l'ouvre des juges du fond. Ils ont souvent été censurés par la
cour de cassation. Ex : arrêt KEIGER. Accident en Allemagne. La loi allemande ne
prévoit que la réparation du préjudice économique. La CA de Paris applique la loi
française en invoquant le but social des lois françaises. L'arrêt est cassé. Quelle que
soit la nationalité des parties, les obligations extracontractuelles sont régies par la loi
du lieu où est survenu le fait qui leur a donné naissance.
La cour de cassation s'est séparée de cette position qu'en cas de contrat tacite. Ici
les parties ont la libre disposition de leurs droits. Donc si les parties n'invoquent pas
l'application de la loi étrangère et ont contracté en désignant la loi française, alors
que le délit a lieu à l'étranger, c'est la loi française qui s'appliquera.
Ceci n'est pas dans l'esprit de la cour de cassation mais le règlement européen
prévoit une telle exception. Donc pour quelques mois encore, la loi reste celle du lieu
du délit même en cas de nationalité commune ou domicile commun.
2ème problème : Quand dommage et fait générateur sont dans le même pays on doit
comprendre dommage immédiat.
Une victime dans un pays étranger peut invoquer son préjudice corporel qui continu
dans le pays où elle a son domicile.
111
Ceci a été jugé dans le cas d'un préjudice par ricochet = voyage organisé au
Cambodge au cours duquel des français décèdent dans une noyade. Des parents
des victimes demandent réparation de leur préjudice moral en France. Sur le terrain
délictuel l'action des parents est rejetée car la loi cambodgienne ne prévoit pas la
réparation du préjudice moral. Les victimes invoquent le fait que leur préjudice moral
est souffert à leur domicile et non pas au Cambodge. Mais la cour de cassation
rejette le pourvoi, déclarant que la loi applicable à la réparation du préjudice moral
subi par les victimes par ricochet est celle du lieu où ce dommage s'est réalisé et non
celui où le préjudice moral est subi.
C'est donc le lieu de préjudice de la victime immédiate qui est pris en compte= arrêt
du 28 octobre 2003.
Autre lecture de l'arrêt : le dommage est bien subi en France mais le fait
dommageable est survenu à l'étranger et les liens les plus étroits de la situation sont
avec la loi du fait dommageable c'est à dire le Cambodge = délit complexe.
Ex : atteinte à la vie privée dans un pays par la diffusion de magasine dans différents
pays.
La question est discutée. L'attente du défendeur porte sur la loi du lieu où il agissait.
Le demandeur peut dire qu'il a été atteint en tel lieu, il comptait sur la protection de la
loi de ce lieu et veut donc voir cette loi appliquée.
Le droit comparé révèle une dispersion entre les deux solutions (fait générateur,
dommage).
112
- En cas de dispersion de ces facteurs, une répartition du dommage entre
plusieurs pays n'empêche pas une application distributive des lois
correspondantes. Au contraire, une dispersion du fait générateur ne peut pas
se résoudre par une application distributive des lois.
Point de vue de la Jurisprudence : les juges du fond appliquaient tantôt la loi du lieu
du dommage tantôt la loi du lieu de l'acte fautif. Mais la situation a changé. La cour
de cassation s'est prononcée dans 3 arrêts.
Arrêt GORDON & BREACH 1997 : Une revue américaine de sciences publie un
article à destination des bibliothécaires des universités. La revue est diffusée en
France par abonnement. Une action en concurrence déloyale est lancée. La CA se
refuse à appliquer la loi française. Elle déclare que c'est la législation des USA qui
doit s'appliquer. Puisque c'est la loi américaine, la CA sursoit à statuer. La Cour de
cassation censure cet arrêt le 14 janvier 1997. Elle reprend la formule consistant à
appliquer la loi du fait dommageable. Ce lieu s'entend aussi bien de celui du fait
générateur du dommage que du lieu de réalisation de ce dernier. Cette formule est
malheureuse.
Elle est reprise d'un arrêt de la CJCE MINE DE POTASSE D'ALSACE. Le tribunal
compétent et la loi applicable ce n'est pas la même chose. S'agissant du tribunal
compétent on peut être plus souple car le tribunal compétent ça ne préjuge pas la loi
applicable. Donc on peut offrir un certain choix au demandeur en matière de
juridiction car le choix de la juridiction n'entraîne pas nécessairement application de
la loi du for. En matière de conflit de lois, il ne devrait y avoir qu'une seule loi
applicable, celle des liens les plus étroits.
Ici la formulation laisse penser que la réalisation d'un dommage en France pouvait
fonder la compétence des tribunaux français mais en outre l'application de la loi
française à l'ensemble de la situation ce qui aurait pu donner naissance à un forum
shopping. Cependant la Cour de cassation précisait quand même que tant le fait
générateur constitué par la diffusion des revues que le lieu de réalisation du
113
dommage, se situait en France. Cette précision change la portée de l'affirmation
précédente. Cette précision, entraîne que la loi française ne pouvait être applicable
qu'aux faits locaux et non pas à l'ensemble de la situation. Autrement dit, en fait on
n'est plus en présence d'un délit complexe mais en présence d'un délit simple.
Arrêt : cas de figure d'un dommage unique et d'une dispersion du fait générateur.
Cela ne pouvait que renforcer la solution en faveur de la loi du dommage. Mais ce
n'est pas seulement sur ce fondement que la décision a été rendue, c'est aussi sur le
fondement des liens les plus étroits.
Pour n'a-t-on pas agi en responsabilité contractuelle ?L'action a été exercée mais n'a
pas abouti.
Il y a donc une prépondérance pour la loi du lieu du dommage. Mais limitation : elle
ne s'appliquerait qu'à la réparation du dommage local.
Le défendeur qui se voit demander réparation dans un pays donné et qui va devoir
répondre du dommage selon la loi locale, pourra le faire que s'il pouvait
raisonnablement s'attendre à voir sa responsabilité engagée selon cette loi.
114
Ainsi dans l'arrêt GORDON AND BREACH, l'éditeur qui distribuait des revues en
France pouvait répondre de ses actes selon la loi française, cela n'est pas forcément
injuste. Donc la notion de prévisibilité est importante.
1. Le principe.
115
C'est l’article 3.1 qui désigne la loi du pays où le dommage survient ou
risque de survenir quel que soit le pays où le fait générateur du dommage se produit
et quel que soit le pays dans lequel des conséquences indirectes du dommage
surviennent.
Loi du lieu du dommage : dans la majorité des cas, il s'agira du pays de résidence du
demandeur, personne physique ou morale. Mais il s'agit du dommage directement
subi (immédiat). En cas de dommage subi en différents pays, on appliquera
distributivement les lois des pays concernés, du moins si le for s'estime compétent.
Art 3.3 pour les deux cas précédents, prévoit une clause d'exception en
cas de lien manifestement plus étroit avec un autre pays. C'est la notion de centre de
gravité qui doit intervenir.
L'idée du règlement est la même : si celui qui agissait dans un pays étranger s'est
conformé à des règles impératives dans ce pays, on ne peut pas le lui reprocher.
116
Voilà pourquoi il doit être tenu compte des règles de sécurité et de comportement. Il
pourra ainsi se disculper d'une réparation.
En droit français, la Jurisprudence a admis un accord tacite des parties qui plaide
selon la loi française quand bien même le délit est incontestablement survenu à
l'étranger. Le projet de règlement contient une disposition plus générale : l’article 10
intitulé « liberté de choix ».
Selon l’article 10.1 : les parties peuvent convenir par une convention postérieure à
la naissance du différent de soumettre l'obligation non contractuelle à la loi qu'elles
choisissent. C'est une solution très opportune.
A. Le renvoi
Le système français désigne une loi étrangère. Si cette dernière estime qu'en fait elle
n'est pas la plus concernée et renvoi à une autre il n'y a pas de raison de ne pas
suivre ce renvoi.
B. OP et loi de police
1. L'ordre public.
117
L'Ordre Public a été régulièrement invoqué par des plaideurs pour écarter
l'application de la loi étrangère du lieu du délit quand elle était moins favorable que la
loi française.
En revanche le fait pour la loi étrangère d'obliger le demandeur à prouver une faute,
là où la loi française fait peser une responsabilité de plein droit, n'est pas contraire à
l’Ordre Public = Arrêt LAUTOUR 1948
Loi étrangère qui limite la réparation au préjudice éco à l'exclusion du préjudice moral
= elle n'est pas contraire à l’Ordre Public français = arrêt KEIGER, arrêt
CAMBODGE 2003
Les prescriptions plus courtes que celles de la loi française ne sont pas en soi
contraires à l’Ordre Public français (ex : prescription d'un an en droit espagnol en
matière d'accident de la circulation).
Projet de règlement réserve l’Ordre Public du for article 22 mais il le fait dans la
forme restrictive de la plupart des conventions.
Il y a aussi les pratiques connues de jurys américains qui attribuent des DI hors de
proportion.
Ex : affaire LEWI. Grosse entreprise canadienne LEWI a fait des affaires aux USA
avec une petite entreprise américaine. Litige qui se passe devant un jury.
118
Condamnation de plusieurs millions de dollars. 75 millions de DI et 400 millions de DI
punitif !!!
A. Le champ d'application.
B. La loi applicable.
119
Pourquoi la 1ère convention en matière de RC a-t-elle portée sur les
accidents de la circulation routière ? C'est en raison du nombre d'accidents
survenant dans un pays entre personnes issues d'un autre pays et de la tendance
marquée en DROIT INTERNATIONAL PRIVÉ américain à ne plus parler de loi
applicable au délit mais de rechercher la proper law = loi qui présente les liens les
plus étroits.
Mais il est apparu qu'il fallait tout de même éviter une règle trop souple comme la
proper law car la prévisibilité demeure primordiale dans ces questions. La
prévisibilité permet aux compagnies d'assurance de régler amiablement les sinistres
entre elles.
Voilà pourquoi on n'a pas cédé à la tentation d'appliquer la proper law. On a trouvé
un compromis par voie de principe et d'exception.
Art 3 : la loi applicable est la loi interne de l'état sur le territoire duquel l'accident est
survenu.
Dans quel cas va-t-on se tourner vers l'état de l'immatriculation ? Déjà quand un seul
véhicule est impliqué dans l'accident. La loi du lieu d'immatriculation va s'appliquer si
le demandeur c'est une personne transportée bénévolement (passager) et qu'elle n'a
pas sa résidence habituelle dans l'état du lieu de l'accident.
Cette loi va s'appliquer si le demandeur se trouvait sur les lieux de l'accident hors du
véhicule et que cette personne avait sa résidence habituelle dans l'état du lieu
d'immatriculation.
Le texte ajoute qu'en cas de pluralité de victimes, la loi applicable est déterminée
séparément à l'égard de chacune d'elles.
120
En cas de collision au Maroc entre un véhicule français et un véhicule local : l'action
opposant le conducteur français et son passager français, la CA a appliqué la loi
française car les deux parties étaient françaises. Cette interprétation est condamnée
par la Cour de cassation. Peu importe que le conducteur de l'autre véhicule ne soit
pas attrait dans la procédure du moment qu'un second véhicule est impliqué dans
l'accident.
La loi désignée selon les règles précédentes va régir les différents aspects
de la responsabilité. Donc les conditions de la responsabilité, les causes
d'exonération, la nature du dommage réparable, la transmissibilité du droit à
réparation, la responsabilité du fait d'autrui (commettant et préposé) vont être régies
pas cette même loi.
Quelle que soit la loi déclarée applicable, il doit être tenu compte des règles de
circulation et de sécurité en vigueur au lieu et au moment de l'accident= art 7.
La convention va encore plus loin : si aucune des deux lois ne prévoit d'action
directe, l'action directe peut encore être exercée selon la loi du contrat d'assurance.
A. Le domaine de la convention.
121
Cette formulation évite de parler de contrat ou de délit. Ces mots n'apparaissent pas.
Cette formulation autorise à appliquer la convention entre un sous acquéreur et un
fabricant car aucun transfert de propriété dans ce cas-là.
La méthode consiste à prendre l'un ou l'autre des deux pôles avec les rattachements
concernés. La loi applicable c'est celle du territoire sur lequel le fait dommageable
s'est produit. Mais ce lieu doit être également soit celui de la résidence habituelle
(victime), soit celui de l'établissement principal du défendeur, soit celui de
l'acquisition du produit par la victime. On voit que les rattachements sont prévus, ils
sont définis.
L’article 5prévoit une autre combinaison qui s'articule autour d'un autre pôle : la
résidence habituelle de la victime si cet état est également celui de l'établissement
principal du défendeur ou celui du lieu d'acquisition du produit.
Mais s’il y a une dispersion telle que les rattachements ne sont pas envisageables,
dans ce cas le demandeur peut choisir entre la loi du principal établissement du
défendeur et celle de survenance du fait dommageable.
122
Art 7 : atténuation selon laquelle ni la loi du fait dommageable ni celle de la
résidence habituelle de la victime ne peuvent être invoquées si le défendeur ne
pouvait raisonnablement prévoir que le produit serait mis dans le commerce dans
l'état considéré.
Le projet de règlement inclus une disposition sur la responsabilité du fait des produits
art 4. Les auteurs du règlement ne l'ignoraient pas et l’article 25 prévoit que les
conventions restent en vigueur. Ça serait donc le 1er janvier prochain la convention
de LH qui continuerait de s'appliquer en France. Seulement on ne peut pas exclure
que la convention soit dénoncée. Il faut reconnaître que la disposition du règlement
est plus simple que la disposition de LH. Selon le règlement la loi applicable est celle
de la résidence habituelle de la personne lésée.
Mais si le défendeur établi que le produit a été commercialisé dans ce pays sans son
consentement, la loi applicable est celle de la résidence habituelle du défendeur.
Un jugement de 1976 déclare que les faits litigieux doivent être appréciés pour la
diffusion en France en application de l’article 9 du code civ et pour la diffusion en
Allemagne, en application du droit allemand.
123
Dans une seconde affaire, le tribunal déclare que la loi française est applicable au
fond dès lors que le dommage dont il est demandé réparation s'est réalisé en
France.
Il se dégage de cette Jurisprudence qu'un dommage est constitué dans chaque pays
par la diffusion de la publication et que les tribunaux français sont prêts à réparés
chaque dommage selon la loi locale. Il y a donc fractionnement du préjudice et
éventuellement application distributive des lois.
Ce texte permet en matière délictuelle d'assigner un défendeur non pas dans l'état
de son domicile mais dans l'état du lieu où le fait dommageable s'est produit.
Question : de quel dommage le tribunal français peut connaître ? Ici intervient l'arrêt
FIONA SHEVIL de la CIJ : selon le tribunal saisi selon art 5-3, s'il n'est que le lieu de
la diffusion, il est compétent que pour connaître la loi du lieu du dommage local. S'il
est la loi du lieu de la publication il est compétent pour connaître de l'entier
dommage.
Certains auteurs avaient préconisé une autre solution qui consistait à appliquer la loi
du domicile du demandeur. Pourquoi ? Car il s'agit d'une atteinte à la personnalité et
que le domicile d'une personne c'est le siège de ses intérêts.
Audit est plus favorable à la solution de la mosaïque car chaque diffusion dans un
pays donné réalise un dommage distinct.
124
Il y a un consensus : la loi appropriée c'est la loi du marché affectée.
L'article prévoit le rattachement à la loi de l'état sur le territoire duquel les relations de
concurrence ou les intérêts collectifs des consommateurs sont affectés ou risquent
d'être affectés.
Fréquemment, le comportement qui est reproché va être une entente entre sociétés
qui sont installées l'une et l'autre dans le même pays pour se partager le marché d'un
autre pays. Serait inapproprié alors la règle de l’article 3 (loi de la résidence). Donc il
fallait introduire cette règle visant le territoire sur lequel les relations risquent d'être
affectées.
L'idée de marché a fait intervenir des considérations macro éco, avec les pratiques
restrictives de concurrence. Il y en a qui ne concerne que deux personnes
(espionnage industriel, manipulation d'un secret commercial). Dans cette hypothèse
donc il n'y a pas de raison que la personne lésée ne bénéficie pas de l’article 3,
dans ce cas on applique donc les règles de l’article 2 par renvoi de l’article 5-2.
Il reste cependant qu'il paraît difficile de distinguer les deux hypothèses : dans quel
cas va-t-on voir que l'action ce restreint à deux personnes ? Certains comportements
qui intéressent au 1er chef deux personnes relèvent néanmoins de la loi du marché,
ex : l'abus de puissance économique.
125
Cela inclus le droit d'auteur, les droits voisins, le droit pour la protection
des bases de données et l'ensemble des droits de propriété industrielle (marques,
brevets, dessins et modèles). Il existe dans ces domaines un grand nombre de
conventions internationales. La solution qui se dégage est le principe de territorialité
qui consiste à appliquer la loi du pays pour lequel la protection est revendiquée. Si le
dépositaire d'une marque invoque la contrefaçon de cette marque dans le pays A et
B on appliquera pour chacun la loi locale. On applique la loi dont jouit le titulaire dans
chaque pays.
Précision qu'on trouve à l’article 10-1 : permet aux parties de conclure un accord sur
les suites de la responsabilité : il fait exception pour les atteintes aux droits de la
propriété intellectuelle. Tout accord est interdit.
126
La convention pose des règles générales de rattachement et des règles spéciales.
1. Principe de liberté.
Ce qu'elle ne dit pas c'est qu'il n'est pas exigé que le contrat présente un lien avec le
pays dont la loi est choisie. Cette hypothèse est quand même rare. Pourquoi ce
libéralisme ? Car l'expérience démontre que quand la loi est négociée, les parties
insistent chacune pour voir appliquer sa loi. Lorsque les parties sont en position
d'équilibre, on ne trouvera d'accord que dans une loi tierce. Il y a à cela une autre
raison : dans certaine matière il y a des lois très techniques. Ex : le droit anglais en
matière maritime. Du coup on peut désigner le droit anglais pour un transport qui n'a
rien à voir avec l’Angleterre.
Ce qui ne dit pas non plus l'article c'est l'adjectif « international ». La raison est qu'on
estime que certains contrats conclus entre parties établis dans le même état peuvent
néanmoins participer à une opération internationale.
Dans la convention, c'est la disposition de l’article 3-3 qui règle la question : Si tous
les éléments du contrat sont localisés dans un pays, que les parties ont désigné une
autre loi, le choix de la loi n'est pas écarté mais on appliquera intégralement les
dispositions impératives de la loi de ce pays s'il y en a.
127
Tel n'est pas le cas lorsque le contrat est international. Quand c'est le cas, le choix
de la loi de A autorise à ne pas appliquer une disposition impérative de la loi B.
2. La manifestation du choix.
Cette doctrine a été critiquée car sous couvert de volonté implicite, le juge examine
le contrat tel qu'il a été conclu et au regard des éléments le juge disait que la volonté
implicite des parties désignait la loi X, donc sous couvert de recherche de volonté au
procède à une localisation objective du contrat.
Ces critiques ont eu leur effet, c'est pour cela que dans la convention de Rome
l’article 3-1 que le choix des parties doit être exprès ou résulter de façon certaine des
dispositions du contrat ou des circonstances de la cause. Cela signifie que si le choix
ne ressort pas clairement du contrat, il ne faut pas rechercher une volonté implicite,
on passe à l’article 4 avec la loi applicable à défaut de choix. Cela traduit un
compromis. Les négociateurs ont estimé que même dans des cas où il n'est pas dit
que le contrat sera régi par la loi X, il peut arriver que néanmoins, la volonté des
parties ne soit pas douteuse. Autrement dit, entre le choix exprès et l'absence de
choix, la convention n'a pas pu ménager une sorte de zone grise. C'est pourquoi les
rédacteurs de la convention n'ont pas éliminé toute idée de volonté implicite. Ils l'ont
refoulé mais ne l'ont pas éliminé.
D'abord les cas où le choix de la loi sans être exprès résulterait des dispositions du
contrat.
Ex : les parties ont fait usage d'un contrat type. Il y a des organismes professionnels
qui supervise le commerce et qui établissent des contrats types dans le contexte d'un
certain ordre juridique. De sorte que, si venait à s'élever une difficulté non résolue
par le contrat type, on se référa au droit dans lequel ce contrat a été élaboré.
128
Autre Ex : si le contrat, sans se référer expressément à une loi donnée, contient une
clause qui fait référence au Code civil Français. Dans ce cas il est possible d'inférer
dans l'esprit des parties que ce droit régit l'ensemble du contrat.
Autre Ex : lorsque l'opération qui a été conclu par les parties qui se rattache à deux
lois, or il s'agit d'un type d'opération qui est connu de l'une de ces lois et non de
l'autre. Dans ce cas, il paraît normal de déclarer que la volonté des parties est
d'appliquer la loi qui connaît ce type d'opération.
Ex : bail conclu au Maroc sur une terre : bail a moitié fruit : non connu du droit
français mais connu du droit marocain. Donc on applique le droit marocain.
Ex : Le trust : ce n'est pas un contrat. Mais si on a constitué un trust qui présente des
rattachements avec la Franc et l'Angleterre, on appliquera la loi anglaise.
La question est plus délicate quand il s'agit de contrats qui ont des structures
autonomes et qui sont liés d'un point de vue fonctionnel. Ex : contrat cadre qui
entraine des contrats d'exécution. La loi applicable a été désignée dans le contrat
cadre mais non en vue des autres contrats. Il ne semble pas que l'on puisse
considérer que le choix de la loi dans le contrat cadre vaut pour les contrats
d'exécution. Peut-être arrivera-t-on à cette conclusion mais ça ne devrait pas l'être
selon l'article 3, ça le serait plus selon l’article 4.
Autre type de contrats liés : les sûretés conventionnelles. Un contrat et une sûreté
qui garantit l'exécution du contrat. La Jurisprudence française antérieure à la
convention de Rome avait jugé que bien que le contrat de cautionnement est soumis
à sa loi propre, il y a lieu de présumé qu'il est régi par la loi de l'obligation garantie.
Donc si une partie française cautionne un contrat soumis à la loi italienne, on
présumait que le contrat de cautionnement était soumis à la loi italienne. Sous
129
l'empire de la convention de Rome, la présomption n'est pas lieu d'être. Si le contrat
de cautionnement ne désigne par la loi applicable, on applique l’article 4 : loi
applicable à défaut de choix.
Conclusion : pour les contrats internationaux, il faut faire le choix de la loi applicable !
Le choix des parties implique le choix d'une loi unique. La doctrine est hostile au
dépeçage du contrat : cela consiste à appliquer éventuellement des lois différentes à
différentes parties du contrat.
La doctrine était hostile à ça en application de l'idée que les obligations issues d'un
contrat forment un tout. On peut craindre qu'à appliquer notamment un droit aux
obligations d'une partie et un droit aux obligations de l'autre, cela n'entraîne un
certain déséquilibre entre les parties.
Et pourtant, l’article 3-1 al3 de la convention de Rome, dit que par ce choix les
parties peuvent désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie seulement de
leur contrat. Pourquoi cette volte-face ? Car il y a eu conscience de la complexité de
beaucoup de contrats internationaux. La loi ne convient pas forcément à tous les
aspects du contrat. Les parties auraient même pu conclure des contrats séparés
dans certains cas.
Les parties peuvent-elles désigner une loi non étatique ? La loi non étatique c'est
quoi ? On connaît les principes UNIDROIT ou les principes de droit européen des
contrats. Si les parties hésitent entre deux lois, n'est-il pas possible que les parties
désignent les principes UNIDROIT ? Sans doute mais que faire si on ne trouve pas
dans ces principes une règle pour la difficulté qui s'élève ? Il sera possible de
rechercher en dernier recours les principes qui s'appliquent selon l’article 4.
Mais si le contrat se rattache étroitement à l'un des deux pays et que dans le droit de
ce pays il y a une règle impérative qui prétend s'appliquer à ce type d'opération c'est
ce qu'on appelle une loi de police.
L’article 1-4 dit que si les parties ont désigné les principes UNIDROIT on les applique
mais cela ne préjuge pas l'application d'une loi de police qu'on découvrirait dans le
droit de l'un des états dans lequel se rattache le contrat.
130
Lorsque les parties n'ont pas fait usage de la liberté de choix de l’article 32 on
détermine la loi applicable de manière objective = art 4. Dans l’article 4 on distingue
une règle générale qui est assortie de présomptions et une clause de réserve qui
ramène au principe.
1. Le principe.
A défaut de choix selon l’article 3, le contrat, dit l’article 4, est régi par la loi du pays
avec lequel il présente les liens les plus étroits. Cette formule synthétise les
approches objectives qu'on trouvait dans différents droit nationaux. C'est l'idée de
proper law du droit anglais. En Allemagne on parlait de centre de gravité. En France
on parlait de théorie de localisation. Aux USA on parlait de groupement de points de
contact.
Le progrès par rapport aux théories antérieures c'est que avant on s'attachait au lieu
de conclusion du contrat ou bien au lieu d'exécution. Mais le lieu de conclusion n'est
pas un rattachement significatif. Déjà avant on disait que le lieu de conclusion
pouvait être fortuit alors aujourd'hui c'est pire !
Le lieu d'exécution c'est beaucoup plus significatif. Le problème est que l'exécution
ne se produit pas toujours dans le même pays.
La règle des liens les plus étroits n'est pas une règle de conflit. Le propre d'une règle
est d'entraîner une conséquence déterminée. Parler des liens les plus étroits c'est
rappeler le principe qui sous-tend toutes les règles de conflits.
2. Les présomptions.
a. Présomption générale.
Art 4-2 : il est présumé que le contrat présente les liens les plus étroits avec le pays
où la partie qui doit fournir la prestation caractéristique a, au moment de la
conclusion du contrat, sa résidence habituelle ou l'établissement qui dit fournir la
prestation.
131
l'autre. Donc on a une prestation en argent, et une autre prestation qui, elle, est
caractérisque. Dans le contrat de vente c'est le transfert de propriété. Dans le contrat
de bail, c'est le bailleur qui met à disposition. Dans le contrat de travail le travailleur
accompli des tâches. Dans tous les cas l'autre partie exécute une prestation
indifférenciée, le versement d'une somme d'argent.
Aussi cela permet pour une entreprise de voir l'ensemble de ses contrats soumis à la
même loi.
Art 4-2 : si la prestation doit être fournie par un établissement autre que
l'établissement principal, c'est le lieu de cet autre établissement qui est pris en
considération.
Art 4-3 pour les contrats portant sur un immeuble et l’article 4-4 pour les contrats de
transport.
Les questions réelles sont soumises à la lex rei sitae tandis que les questions
contractuelles (rapports d'obligation entre les parties) obéissent à la règle de conflit
prévue par les contrats.
Si les parties n'ont pas désigné la loi applicable à leur contrat il semble normal de
soumettre le contrat à la loi de l'immeuble pour ne pas scinder la loi applicable au
transfert de propriété et la loi de relation entre les parties. L'immeuble exerce une
force d'attraction sur les contrats qui ont comme objet un immeuble. Art 4-3 : quand
le contrat a pour objet un droit réel immobilier, il est présumé que le contrat présente
les liens les plus étroits avec le pays où est situé l'immeuble. Donc si une personne
vend un immeuble dont elle est proprio dans un pays étranger, dans que la loi
applicable ne soit désignée, la présomption est en faveur du situs rei. Ceci n'interdit
pas aux parties de stipuler une loi applicable pour les questions non réelles.
132
L’article 4-3 dit que si le contrat a pour objet un droit réel immobilier ou un droit
d'utilisation d'un immeuble. On vise ici le contrat de bail. Le contrat de bail est un
contrat qui engendre des droits personnels. Mais l'immeuble encore excerce sa force
d'attraction. Lorsqu'est loi un immeuble dans un pays donné, si les parties n'ont pas
désigné la loi applicable il est normal de présumer que la loi applicable est celle de la
loi du lien de l'immeuble.
A cela s'ajoute une autre raison : les baux font souvent l'objet de dispositions
impératives en droit interne. Tout ceci concourt que les liens les plus étroits sont
ceux de la situation de l'immeuble.
Ne sont visés que les contrats portant sur un droit réel et le contrat de bail. Donc la
présomption de 4-3 ne s'applique pas aux autres contrats qui peuvent avoir pour
objet un immeuble. Ex : le contrat d'architecte.
Ex : le contrat d'échange. On ne peut que revenir à la directive des liens les plus
étroits car pas de prestation caractéristique.
C'est pourquoi l’article 4-5 précise que les présomptions des paragraphes 2 et 3 sont
écartées lorsqu’il résulte de l'ensemble des circonstances que le contrat présente
des liens plus étroits avec un autre pays. On appelle ça une clause de réserve ou
clause d'exception qui permet de désigner une autre lui que celle initialement prévue.
En soit, l'insertion de cette clause de réserve n'est pas anormal mais Audit pense
133
que c'est dommage car ce qui venait avait n'était que des présomptions dont la
nature permet qu'elle soit combattue. Dans la clause de réserve est redondante mais
c'est aussi un encouragement pour les parties à discuter sur la loi applicable.
Il arrive que la validité du contrat soit contestée pour défaut de respect d'une règle de
forme. C'est l’article 9 qui indique la loi à appliquer pour la forme. La convention
soumet la forme de manière alternative soit à la loi qui régit le contrat au fond soit à
la loi du lieu au le contrat a été conclu. Ces règles de conflit ont une coloration
matérielle. Ici le but est de permettre la validité du contrat en la forme. Cette faveur à
la validité se manifeste aussi dans le sens où beaucoup de contrats internationaux
sont des contrats entre absents alors la convention dit qu'il suffit que le contrat
satisfasse aux conditions de forme de la loi de l'un des pays où se trouvaient les
parties.
La convention contient des dispositions relatives aux lois de police, aux renvoi et à
l'Ordre Public.
Art 7-1 : « lors de l'application en vertu de la présente convention de la loi d'un pays
déterminé il pourra être donné effet aux dispositions impératives de la loi d'un autre
pays avec lequel la situation présente un lien étroit, si et dans la mesure où, selon le
droit de ce dernier pays ces dispositions sont applicables quelle que soit la loi
régissant le contrat. Pour décider si effet doit être donné à ces dispositions
impératives il sera tenu compte de leur nature et de leur objet ainsi que des
conséquences que découleraient de leur application ou de leur non application. »
Analyse du texte : Le texte permet d'appliquer une loi de police au détriment de la loi
du contrat. On va distinguer l'hypothèse et les effets de la disposition et ses
conditions.
1. L'hypothèse.
« Lors de l'application de la loi d'un pays déterminé ». Donc l’article 7 vaut pour la loi
du fond et de la forme. Cette loi a été désignée soit selon l’article 3, 4 ou 9 et une
partie demande à ce que cette loi soit écartée sur un point donné au motif que la loi
d'un autre pays se veut applicable. De quel pays émane cette loi qui se veut
applicable au détriment de la loi désignée ? On ne distingue pas selon qu'il s'agit
d'une loi de police du for ou d'une loi de police étrangère. Jusque-là, en droit positif,
135
on connaît dans chaque pays pas mal d'exemples dans lesquels un juge français par
ex étant soumis à une loi étrangère considère qu'une loi impérative du for doit
s'appliquer à ce contrat. En revanche en droit positif les exemples dans lesquels un
juge accepte de tenir en échec la loi du contrat pour satisfaire à une loi de police
étrangère sont rares.
Art 7-2 qui pour rassurer les états prévoient que en cas de conflit entre une loi de
police du for et une loi de police étrangère c'est la loi de police qui prévaut.
Pourquoi cette couverture de l’article 7 qui ne distingue pas entre loi de police du for
et étrangère ? Les lois de police sont souvent teintées de droit public et en droit
public on connaît le principe de l'égoïsme d’état. Aucun état ne collecte les impôts
d'un autre ni ne réprime les infractions d'un autre…
En matière de loi de police ce n'est pas que du droit public. C'est une matière un peu
hybride. Or en droit moderne, tous les états ont été amenés à prendre de
réglementation éco et soc, ils ont donc des préoccupations communes car
l'interdiction du commerce des armes, des stupéfiants, le respect du patrimoine
culturel, la lutte contre le blanchiment de capitaux. On voit que chaque état édicte
des dispositions qu'il considère comme importantes. Le but est de ne pas repousser
systématiquement les lois étrangères pour que ses propres lois de police ne
subissent pas le même sort à l'étranger.
Il n'est pas dit on appliquera la loi de police. L'avant-projet de convention disait qu'il
serait tenu compte de la loi de police. Le texte adopté dit qu'il pourra lui être donné
effet.
Le juge est donc très libre de sa décision. Pourquoi ? Car par hypothèse il s'agit de
déroger à la loi qui est normalement applicable donc c'est quelque chose qui ne va
pas de soi.
3. Les conditions.
a. Une disposition internationalement impérative.
« Si selon le droit de ce pays les dispositions sont applicables quelle que soit la loi
régissant le contrat ». C'est pratiquement la définition de la loi de police. Il faut donc
136
que non seulement la loi soit impérative mais que cette loi prétende aussi s'appliquer
en matière internationale. Il faut que cette disposition soit considérée comme
internationalement impérative.
Donc un juge qui va faire jouer l’article 7 devra s'assurer en 1 er que la disposition
invoquée qui n'est pas tirée de la loi du contrat se veut réellement applicable.
Lorsqu'il s'agit de dispositions relevant du droit des contrats, dans ce cas il arrive que
dans la législation même il soit dit que ces dispositions s'appliquent à tout contrat
conclu en France ou conclu par des personnes résidant en France. Dans ce cas-là
on voit que la disposition se veut applicable.
3ème hypo plus délicate : celle dans laquelle la disposition interne impérative ne dit
rien quant à son impérativité internationale. Ça sera au juge de recherche si d'après
le but poursuivi, la disposition de vent applicable.
Quand il s'agit d'une loi étrangère le juge n'a qu'à regarder la Jurisprudence
étrangère. C'est plus facile quand il s'agit d'une loi de police de son for.
L’article 3-3 dit que le contrat est régit par la loi choisie par les parties sans même
exiger que le contrat soit international. Si le contrat est purement interne, toutes les
dispositions impératives du contrat doivent être respectées, même si on a choisi une
loi étrangère.
137
Il faut encore que la revendication d'application soit légitime. Il faut que la loi ait un
titre raisonnable à s'appliquer à ce contrat. « La loi d'un état avec lequel la situation
présente un lien étroit » On ne va pas bouleverser l'éco d'un contrat pour satisfaire à
une condition d'application qui ne serait pas légitime.
C'est au juge de voir si le contrat se rattache suffisamment étroitement avec l'état qui
édicte la règle pour que la disposition soit appliquée comme loi de police.
Ex : il s'agit du gel des avoirs iraniens dans les banques sous contrôle américain par
le Présidente Carter en 1980. LA question était la suivante : à quelle loi sont soumis
les dépôts ? Loi française ou américaine ? D'un côté du point de vue français les
mesures américaines étaient légitimes. Mais de l'autre, les conséquences pour la
place bancaire de Paris étaient gênantes pour les personnes venant déposer les
fonds car ils se verraient refusés pour satisfaire les dispositions d'une loi étrangère.
Cela a donné mauvaise presse aux lois de police étrangère surtout quand elles sont
trop politiques. Certains états n'étaient pas d'accord déjà sur l'application de lois de
138
police étrangère. Cela s’est traduit dans la convention de Rome : les états en ratifiant
la convention peuvent formuler une réserve par laquelle ils excluent l’article 7-1, ce
qui a été fait par l'Allemagne, le RU, le Luxembourg.
B. L'exclusion du renvoi.
L’article 15 de la convention exclue tout renvoi. C'est quelque chose qui est admis
lorsque la loi compétente a été choisie par les parties. Lorsque le rattachement est la
loi d'autonomie, si les parties ont désigné une loi X, ce n'est pas pour être renvoyé
dans une loi Y.
Quand la loi est désignée comme celle de la loi des plus étroits. Là encore, à
supposer que la loi désignée renvoi à une autre, cette autre loi serait moins rattachée
au contrat.
On relève que c'est une formulation négative pour bien montrer qu'il s'agit d'une
exception. Il faut s'attacher d'après le texte à une disposition particulière. C'est une
appréciation in concreto.
Enfin c'est l'adverbe manifestement qui soulève le caractère restrictif qui doit présider
à l'usage du texte.
139
SECTION 2: LES RÈGLES
PARTICULIÈRES À CERTAINS
CONTRATS.
Le droit interne des contrats d'un pays comme la France se soucie de la protection
d'une certaine catégorie de contractants réputés faibles.
Pourquoi ? Car le principe de la loi d'autonomie ne manquerait pas d'être utilisé par
la partie forte pour insérer dans le contrat d'adhésion une clause de loi applicable
pour désigner un droit non protecteur de la partie faible.
On sait que la partie faible a la possibilité pour jouer la protection d'invoquer l’article 7
(loi de police protectrice). Mais ce remède est inadéquat à grande échelle. Il faut aller
devant un juge. La loi de police s'applique disposition par disposition or il peut y en
avoir plusieurs d'impliquer. Et l'application des lois de police d'appréciation
imprévisibles.
La technique utilisée pour la protection est la même dans le deux cas : la convention
désigne une loi objectivement applicable. Pour le contrat de conso, c'est la loi du lieu
de résidence du consommateur. Pour le contrat de travail c'est le lieu d'exécution du
travail.
Il reste possible de désigner la loi applicable au contrat selon l’article 3 mais l’article
5 précise que ce choix ne peut avoir pour résulter de priver l'intéresse de priver
l'intéressé de la protection que lui assure la loi objectivement applicable.
1. L'objet du contrat.
140
Il s'applique quand le contrat a pour objet la fourniture d'objets mobiliers corporels
ou de service ou le financement de telle fourniture (contrat de crédit). Les contrats
d'achats d'immeubles ne sont donc pas visés.
Son exclut les contrats de fourniture de services qui doivent être fournis
exclusivement dans un pays autre que celui de la résidence habituelle du
consommateur. Une personne qui retient des prestations hôtelières dans un pays
étranger ne doit pas réclamer la protection de la loi de sa résidence habituelle.
2. Les personnes.
On trouve une définition du consommateur : c'est celui qui contracte pour un usage
pouvant être considéré comme étranger à son activité professionnelle.
Donc celui qui contracte dans l'exercice de sa profession, même s'il est un profane à
l'égard de ce qu'il achète n'est pas considéré comme un consommateur.
Cette loi c'est celle de la résidence habituelle du consommateur mais il faut pour
bénéficier de cette protection qui d'autres éléments se joignent. Le plus important est
que le consommateur ait été d'une façon quelconque sollicité dans l'état de sa
résidence. La conclusion du contrat doit avoir été précédée d'une proposition
spécialement faite ou d'une publicité et le consommateur y a accompli les actes
nécessaires à la conclusion du contrat.
141
On va toujours faire jouer la loi la plus favorable au consommateur.
Sur les consommateurs, il faut ajouter que nous sommes dans un domaine où il y a
eu toute sorte de directives chacune assortie de dispositions de conflit.
Audit est convaincu que les rédacteurs des directives ignoraient l'existence de la
convention de Rome.
Cas où le travailleur accompli son travail dans un même pays : la convention désigne
la loi du lieu d'exécution habituelle du travail. Ainsi tous les salariés d'une même
entreprise sont soumis à la même loi.
Cas où le travailleur n'accomplit pas habituellement son travail dans le même pays.
Ex : un représentant qui dessert plusieurs pays ou un chauffeur routier. Dans ce cas
la loi applicable est celle de l'établissement qui a embauché le travailleur.
142
Le choix de la loi est possible mais ne peut avoir pour résultat de priver le travailleur
du bénéfice de la loi objectivement applicable.
Utilité du choix : dans tous les contrats de travail internationaux on a des cadres
expatriés à partir d'un pays industrialisé donc le choix de la loi permet de maintenir
l'application de la loi du pays d'origine alors que la loi va s'exécuter dans un pays de
moindre protection.
La réserve : on va être obligé d'examiner les points sur lesquels la loi de l'exécution
du travail est plus favorable que la loi désignée. On va alors procéder à un dépeçage
du contrat. Etant donné la grande variété de contrats de travail, l'expérience montre
la difficulté de l'opération. Arrêt chambre sociale de la cour de cassation du 12
novembre 2002. L'écueil à éviter est une analyse disposition par disposition. La cour
de cassation a indiqué dans l'arrêt qu'il fallait procéder par ensemble d'avantages se
rapportant à la même cause. Par ex : tout ce qui est lié à l'ancienneté. Mais dans son
arrêt la chambre sociale n'a pas fait ce qu'elle a dit.
Cas où le travailleur accompli son travail dans un même pays : la convention désigne
la loi du lieu d'exécution habituelle du travail. Ainsi tous les salariés d'une même
entreprise sont soumis à la même loi.
Cas où le travailleur n'accomplit pas habituellement son travail dans le même pays.
Ex : un représentant qui dessert plusieurs pays ou un chauffeur routier. Dans ce cas
la loi applicable est celle de l'établissement qui a embauché le travailleur.
143
Ces deux dispositions laissent ouvert un certain nombre de situations comme le
travail qui s'exécute hors de la juridiction d'un état ex : travail sur une plate-forme en
haute mer. On devrait appliquer la loi de l'entreprise qui a embauché. Pour les
travailleurs à bord d'un navire, on applique la loi du pavillon. Il y a le cas du
personnel de l'aéronef : ce personnel ayant une affectation principale à terre, on doit
appliquer la loi correspondante.
Le choix de la loi est possible mais ne peut avoir pour résultat de priver le travailleur
du bénéfice de la loi objectivement applicable.
Utilité du choix : dans tous les contrats de travail internationaux on a des cadres
expatriés à partir d'un pays industrialisé donc le choix de la loi permet de maintenir
l'application de la loi du pays d'origine alors que la loi va s'exécuter dans un pays de
moindre protection.
La réserve : on va être obligé d'examiner les points sur lesquels la loi de l'exécution
du travail est plus favorable que la loi désignée. On va alors procéder à un dépeçage
du contrat. Etant donné la grande variété de contrats de travail, l'expérience montre
la difficulté de l'opération. Arrêt chambre sociale de la cour de cassation du 12
novembre 2002. L'écueil à éviter est une analyse disposition par disposition. La cour
de cassation a indiqué dans l'arrêt qu'il fallait procéder par ensemble d'avantages se
rapportant à la même cause. Par ex : tout ce qui est lié à l'ancienneté. Mais dans son
arrêt la chambre sociale n'a pas fait ce qu'elle a dit.
1. L'objet du contrat.
Il s'applique quand le contrat a pour objet la fourniture d'objets mobiliers corporels
ou de service ou le financement de telle fourniture (contrat de crédit). Les contrats
d'achats d'immeubles ne sont donc pas visés.
144
Son exclut les contrats de fourniture de services qui doivent être fournis
exclusivement dans un pays autre que celui de la résidence habituelle du
consommateur. Une personne qui retient des prestations hôtelières dans un pays
étranger ne doit pas réclamer la protection de la loi de sa résidence habituelle.
2. Les personnes.
On trouve une définition du consommateur : c'est celui qui contracte pour un usage
pouvant être considéré comme étranger à son activité professionnelle.
Donc celui qui contracte dans l'exercice de sa profession, même s'il est un profane à
l'égard de ce qu'il achète n'est pas considéré comme un consommateur.
Cette loi c'est celle de la résidence habituelle du consommateur mais il faut pour
bénéficier de cette protection qui d'autres éléments se joignent. Le plus important est
que le consommateur ait été d'une façon quelconque sollicité dans l'état de sa
résidence. La conclusion du contrat doit avoir été précédée d'une proposition
spécialement faite ou d'une publicité et le consommateur y a accompli les actes
nécessaires à la conclusion du contrat.
145
Sur les consommateurs, il faut ajouter que nous sommes dans un domaine où il y a
eu toute sorte de directives chacune assortie de dispositions de conflit.
Audit est convaincu que les rédacteurs des directives ignoraient l'existence de la
convention de Rome.
LES CONTRATS
INTERNATIONAUX
146
SECTION 1: LES RÈGLES GÉNÉRALES
I. LA LOI APPLICABLE AU FOND.
1. Principe de liberté.
Ce qu'elle ne dit pas c'est qu'il n'est pas exigé que le contrat présente un lien avec le
pays dont la loi est choisie. Cette hypothèse est quand même rare. Pourquoi ce
libéralisme ? Car l'expérience démontre que quand la loi est négociée, les parties
insistent chacune pour voir appliquer sa loi. Lorsque les parties sont en position
d'équilibre, on ne trouvera d'accord que dans une loi tierce. Il y a à cela une autre
raison : dans certaine matière il y a des lois très techniques. Ex : le droit anglais en
matière maritime. Du coup on peut désigner le droit anglais pour un transport qui n'a
rien à voir avec l’Angleterre.
Ce qui ne dit pas non plus l'article c'est l'adjectif « international ». La raison est qu'on
estime que certains contrats conclus entre parties établis dans le même état peuvent
néanmoins participer à une opération internationale.
Dans la convention, c'est la disposition de l’article 3-3 qui règle la question : Si tous
les éléments du contrat sont localisés dans un pays, que les parties ont désigné une
autre loi, le choix de la loi n'est pas écarté mais on appliquera intégralement les
dispositions impératives de la loi de ce pays s'il y en a.
Tel n'est pas le cas lorsque le contrat est international. Quand c'est le cas, le choix
de la loi de A autorise à ne pas appliquer une disposition impérative de la loi B.
147
On pourrait envisager que l'entrepreneur souhaite que le contrat avec le sous-traitant
soit soumis à la même loi. Il n'est pas inenvisageable qu'un contrat interne soit
soumis à une loi étrangère.
2. La manifestation du choix.
Cette doctrine a été critiquée car sous couvert de volonté implicite, le juge examine
le contrat tel qu'il a été conclu et au regard des éléments le juge disait que la volonté
implicite des parties désignait la loi X, donc sous couvert de recherche de volonté au
procède à une localisation objective du contrat.
Ces critiques ont eu leur effet, c'est pour cela que dans la convention de Rome
l’article 3-1 que le choix des parties doit être exprès ou résulter de façon certaine des
dispositions du contrat ou des circonstances de la cause. Cela signifie que si le choix
ne ressort pas clairement du contrat, il ne faut pas rechercher une volonté implicite,
on passe à l’article 4 avec la loi applicable à défaut de choix. Cela traduit un
compromis. Les négociateurs ont estimé que même dans des cas où il n'est pas dit
que le contrat sera régi par la loi X, il peut arriver que néanmoins, la volonté des
parties ne soit pas douteuse. Autrement dit, entre le choix exprès et l'absence de
choix, la convention n'a pas pu ménager une sorte de zone grise. C'est pourquoi les
rédacteurs de la convention n'ont pas éliminé toute idée de volonté implicite. Ils l'ont
refoulé mais ne l'ont pas éliminé.
D'abord les cas où le choix de la loi sans être exprès résulterait des dispositions du
contrat.
Ex : les parties ont fait usage d'un contrat type. Il y a des organismes professionnels
qui supervise le commerce et qui établissent des contrats types dans le contexte d'un
certain ordre juridique. De sorte que, si venait à s'élever une difficulté non résolue
par le contrat type, on se référa au droit dans lequel ce contrat a été élaboré.
148
Autre Ex : si le contrat, sans se référer expressément à une loi donnée, contient une
clause qui fait référence au Code civil Français. Dans ce cas il est possible d'inférer
dans l'esprit des parties que ce droit régit l'ensemble du contrat.
Autre Ex : lorsque l'opération qui a été conclu par les parties qui se rattache à deux
lois, or il s'agit d'un type d'opération qui est connu de l'une de ces lois et non de
l'autre. Dans ce cas, il paraît normal de déclarer que la volonté des parties est
d'appliquer la loi qui connaît ce type d'opération.
Ex : bail conclu au Maroc sur une terre : bail a moitié fruit : non connu du droit
français mais connu du droit marocain. Donc on applique le droit marocain.
Ex : Le trust : ce n'est pas un contrat. Mais si on a constitué un trust qui présente des
rattachements avec la Franc et l'Angleterre, on appliquera la loi anglaise.
La question est plus délicate quand il s'agit de contrats qui ont des structures
autonomes et qui sont liés d'un point de vue fonctionnel. Ex : contrat cadre qui
entraine des contrats d'exécution. La loi applicable a été désignée dans le contrat
cadre mais non en vue des autres contrats. Il ne semble pas que l'on puisse
considérer que le choix de la loi dans le contrat cadre vaut pour les contrats
d'exécution. Peut-être arrivera-t-on à cette conclusion mais ça ne devrait pas l'être
selon l'article 3, ça le serait plus selon l’article 4.
Autre type de contrats liés : les sûretés conventionnelles. Un contrat et une sûreté
qui garantit l'exécution du contrat. La Jurisprudence française antérieure à la
convention de Rome avait jugé que bien que le contrat de cautionnement est soumis
à sa loi propre, il y a lieu de présumé qu'il est régi par la loi de l'obligation garantie.
Donc si une partie française cautionne un contrat soumis à la loi italienne, on
présumait que le contrat de cautionnement était soumis à la loi italienne. Sous
149
l'empire de la convention de Rome, la présomption n'est pas lieu d'être. Si le contrat
de cautionnement ne désigne par la loi applicable, on applique l’article 4 : loi
applicable à défaut de choix.
Conclusion : pour les contrats internationaux, il faut faire le choix de la loi applicable !
Le choix des parties implique le choix d'une loi unique. La doctrine est hostile au
dépeçage du contrat : cela consiste à appliquer éventuellement des lois différentes à
différentes parties du contrat.
La doctrine était hostile à ça en application de l'idée que les obligations issues d'un
contrat forment un tout. On peut craindre qu'à appliquer notamment un droit aux
obligations d'une partie et un droit aux obligations de l'autre, cela n'entraîne un
certain déséquilibre entre les parties.
Et pourtant, l’article 3-1 al3 de la convention de Rome, dit que par ce choix les
parties peuvent désigner la loi applicable à la totalité ou à une partie seulement de
leur contrat. Pourquoi cette volte-face ? Car il y a eu conscience de la complexité de
beaucoup de contrats internationaux. La loi ne convient pas forcément à tous les
aspects du contrat. Les parties auraient même pu conclure des contrats séparés
dans certains cas.
Les parties peuvent-elles désigner une loi non étatique ? La loi non étatique c'est
quoi ? On connaît les principes UNIDROIT ou les principes de droit européen des
contrats. Si les parties hésitent entre deux lois, n'est-il pas possible que les parties
désignent les principes UNIDROIT ? Sans doute mais que faire si on ne trouve pas
dans ces principes une règle pour la difficulté qui s'élève ? Il sera possible de
rechercher en dernier recours les principes qui s'appliquent selon l’article 4.
Mais si le contrat se rattache étroitement à l'un des deux pays et que dans le droit de
ce pays il y a une règle impérative qui prétend s'appliquer à ce type d'opération c'est
ce qu'on appelle une loi de police.
L’article 1-4 dit que si les parties ont désigné les principes UNIDROIT on les applique
mais cela ne préjuge pas l'application d'une loi de police qu'on découvrirait dans le
droit de l'un des états dans lequel se rattache le contrat.
150
Lorsque les parties n'ont pas fait usage de la liberté de choix de l’article 32 on
détermine la loi applicable de manière objective = art 4. Dans l’article 4 on distingue
une règle générale qui est assortie de présomptions et une clause de réserve qui
ramène au principe.
1. Le principe.
A défaut de choix selon l’article 3, le contrat, dit l’article 4, est régi par la loi du pays
avec lequel il présente les liens les plus étroits. Cette formule synthétise les
approches objectives qu'on trouvait dans différents droit nationaux. C'est l'idée de
proper law du droit anglais. En Allemagne on parlait de centre de gravité. En France
on parlait de théorie de localisation. Aux USA on parlait de groupement de points de
contact.
Le progrès par rapport aux théories antérieures c'est que avant on s'attachait au lieu
de conclusion du contrat ou bien au lieu d'exécution. Mais le lieu de conclusion n'est
pas un rattachement significatif. Déjà avant on disait que le lieu de conclusion
pouvait être fortuit alors aujourd'hui c'est pire !
Le lieu d'exécution c'est beaucoup plus significatif. Le problème est que l'exécution
ne se produit pas toujours dans le même pays.
La règle des liens les plus étroits n'est pas une règle de conflit. Le propre d'une règle
est d'entraîner une conséquence déterminée. Parler des liens les plus étroits c'est
rappeler le principe qui sous-tend toutes les règles de conflits.
2. Les présomptions.
a. Présomption générale.
Art 4-2 : il est présumé que le contrat présente les liens les plus étroits avec le pays
où la partie qui doit fournir la prestation caractéristique a, au moment de la
conclusion du contrat, sa résidence habituelle ou l'établissement qui dit fournir la
prestation.
151
l'autre. Donc on a une prestation en argent, et une autre prestation qui, elle, est
caractérisque. Dans le contrat de vente c'est le transfert de propriété. Dans le contrat
de bail, c'est le bailleur qui met à disposition. Dans le contrat de travail le travailleur
accompli des tâches. Dans tous les cas l'autre partie exécute une prestation
indifférenciée, le versement d'une somme d'argent.
Aussi cela permet pour une entreprise de voir l'ensemble de ses contrats soumis à la
même loi.
Art 4-2 : si la prestation doit être fournie par un établissement autre que
l'établissement principal, c'est le lieu de cet autre établissement qui est pris en
considération.
Art 4-3 pour les contrats portant sur un immeuble et l’article 4-4 pour les contrats de
transport.
Les questions réelles sont soumises à la lex rei sitae tandis que les questions
contractuelles (rapports d'obligation entre les parties) obéissent à la règle de conflit
prévue par les contrats.
Si les parties n'ont pas désigné la loi applicable à leur contrat il semble normal de
soumettre le contrat à la loi de l'immeuble pour ne pas scinder la loi applicable au
transfert de propriété et la loi de relation entre les parties. L'immeuble exerce une
force d'attraction sur les contrats qui ont comme objet un immeuble. Art 4-3 : quand
le contrat a pour objet un droit réel immobilier, il est présumé que le contrat présente
les liens les plus étroits avec le pays où est situé l'immeuble. Donc si une personne
vend un immeuble dont elle est proprio dans un pays étranger, dans que la loi
applicable ne soit désignée, la présomption est en faveur du situs rei. Ceci n'interdit
pas aux parties de stipuler une loi applicable pour les questions non réelles.
152
L’article 4-3 dit que si le contrat a pour objet un droit réel immobilier ou un droit
d'utilisation d'un immeuble. On vise ici le contrat de bail. Le contrat de bail est un
contrat qui engendre des droits personnels. Mais l'immeuble encore excerce sa force
d'attraction. Lorsqu'est loi un immeuble dans un pays donné, si les parties n'ont pas
désigné la loi applicable il est normal de présumer que la loi applicable est celle de la
loi du lien de l'immeuble.
A cela s'ajoute une autre raison : les baux font souvent l'objet de dispositions
impératives en droit interne. Tout ceci concourt que les liens les plus étroits sont
ceux de la situation de l'immeuble.
Ne sont visés que les contrats portant sur un droit réel et le contrat de bail. Donc la
présomption de 4-3 ne s'applique pas aux autres contrats qui peuvent avoir pour
objet un immeuble. Ex : le contrat d'architecte.
Ex : le contrat d'échange. On ne peut que revenir à la directive des liens les plus
étroits car pas de prestation caractéristique.
C'est pourquoi l’article 4-5 précise que les présomptions des paragraphes 2 et 3 sont
écartées lorsqu’il résulte de l'ensemble des circonstances que le contrat présente
des liens plus étroits avec un autre pays. On appelle ça une clause de réserve ou
clause d'exception qui permet de désigner une autre lui que celle initialement prévue.
En soit, l'insertion de cette clause de réserve n'est pas anormal mais Audit pense
153
que c'est dommage car ce qui venait avait n'était que des présomptions dont la
nature permet qu'elle soit combattue. Dans la clause de réserve est redondante mais
c'est aussi un encouragement pour les parties à discuter sur la loi applicable.
Il arrive que la validité du contrat soit contestée pour défaut de respect d'une règle de
forme. C'est l’article 9 qui indique la loi à appliquer pour la forme. La convention
soumet la forme de manière alternative soit à la loi qui régit le contrat au fond soit à
la loi du lieu au le contrat a été conclu. Ces règles de conflit ont une coloration
matérielle. Ici le but est de permettre la validité du contrat en la forme. Cette faveur à
la validité se manifeste aussi dans le sens où beaucoup de contrats internationaux
sont des contrats entre absents alors la convention dit qu'il suffit que le contrat
satisfasse aux conditions de forme de la loi de l'un des pays où se trouvaient les
parties.
La convention contient des dispositions relatives aux lois de police, aux renvoi et à
l'Ordre Public.
Art 7-1 : « lors de l'application en vertu de la présente convention de la loi d'un pays
déterminé il pourra être donné effet aux dispositions impératives de la loi d'un autre
pays avec lequel la situation présente un lien étroit, si et dans la mesure où, selon le
droit de ce dernier pays ces dispositions sont applicables quelle que soit la loi
régissant le contrat. Pour décider si effet doit être donné à ces dispositions
impératives il sera tenu compte de leur nature et de leur objet ainsi que des
conséquences que découleraient de leur application ou de leur non application. »
Analyse du texte : Le texte permet d'appliquer une loi de police au détriment de la loi
du contrat. On va distinguer l'hypothèse et les effets de la disposition et ses
conditions.
1. L'hypothèse.
« Lors de l'application de la loi d'un pays déterminé ». Donc l’article 7 vaut pour la loi
du fond et de la forme. Cette loi a été désignée soit selon l’article 3, 4 ou 9 et une
partie demande à ce que cette loi soit écartée sur un point donné au motif que la loi
d'un autre pays se veut applicable. De quel pays émane cette loi qui se veut
applicable au détriment de la loi désignée ? On ne distingue pas selon qu'il s'agit
d'une loi de police du for ou d'une loi de police étrangère. Jusque-là, en droit positif,
155
on connaît dans chaque pays pas mal d'exemples dans lesquels un juge français par
ex étant soumis à une loi étrangère considère qu'une loi impérative du for doit
s'appliquer à ce contrat. En revanche en droit positif les exemples dans lesquels un
juge accepte de tenir en échec la loi du contrat pour satisfaire à une loi de police
étrangère sont rares.
Art 7-2 qui pour rassurer les états prévoient que en cas de conflit entre une loi de
police du for et une loi de police étrangère c'est la loi de police qui prévaut.
Pourquoi cette couverture de l’article 7 qui ne distingue pas entre loi de police du for
et étrangère ? Les lois de police sont souvent teintées de droit public et en droit
public on connaît le principe de l'égoïsme d’état. Aucun état ne collecte les impôts
d'un autre ni ne réprime les infractions d'un autre…
En matière de loi de police ce n'est pas que du droit public. C'est une matière un peu
hybride. Or en droit moderne, tous les états ont été amenés à prendre de
réglementation éco et soc, ils ont donc des préoccupations communes car
l'interdiction du commerce des armes, des stupéfiants, le respect du patrimoine
culturel, la lutte contre le blanchiment de capitaux. On voit que chaque état édicte
des dispositions qu'il considère comme importantes. Le but est de ne pas repousser
systématiquement les lois étrangères pour que ses propres lois de police ne
subissent pas le même sort à l'étranger.
Il n'est pas dit on appliquera la loi de police. L'avant-projet de convention disait qu'il
serait tenu compte de la loi de police. Le texte adopté dit qu'il pourra lui être donné
effet.
Le juge est donc très libre de sa décision. Pourquoi ? Car par hypothèse il s'agit de
déroger à la loi qui est normalement applicable donc c'est quelque chose qui ne va
pas de soi.
3. Les conditions.
a. Une disposition internationalement impérative.
« Si selon le droit de ce pays les dispositions sont applicables quelle que soit la loi
régissant le contrat ». C'est pratiquement la définition de la loi de police. Il faut donc
156
que non seulement la loi soit impérative mais que cette loi prétende aussi s'appliquer
en matière internationale. Il faut que cette disposition soit considérée comme
internationalement impérative.
Donc un juge qui va faire jouer l’article 7 devra s'assurer en 1 er que la disposition
invoquée qui n'est pas tirée de la loi du contrat se veut réellement applicable.
Lorsqu'il s'agit de dispositions relevant du droit des contrats, dans ce cas il arrive que
dans la législation même il soit dit que ces dispositions s'appliquent à tout contrat
conclu en France ou conclu par des personnes résidant en France. Dans ce cas-là
on voit que la disposition se veut applicable.
3ème hypo plus délicate : celle dans laquelle la disposition interne impérative ne dit
rien quant à son impérativité internationale. Ça sera au juge de recherche si d'après
le but poursuivi, la disposition de vent applicable.
Quand il s'agit d'une loi étrangère le juge n'a qu'à regarder la Jurisprudence
étrangère. C'est plus facile quand il s'agit d'une loi de police de son for.
L’article 3-3 dit que le contrat est régit par la loi choisie par les parties sans même
exiger que le contrat soit international. Si le contrat est purement interne, toutes les
dispositions impératives du contrat doivent être respectées, même si on a choisi une
loi étrangère.
157
Il faut encore que la revendication d'application soit légitime. Il faut que la loi ait un
titre raisonnable à s'appliquer à ce contrat. « La loi d'un état avec lequel la situation
présente un lien étroit » On ne va pas bouleverser l'éco d'un contrat pour satisfaire à
une condition d'application qui ne serait pas légitime.
C'est au juge de voir si le contrat se rattache suffisamment étroitement avec l'état qui
édicte la règle pour que la disposition soit appliquée comme loi de police.
Ex : il s'agit du gel des avoirs iraniens dans les banques sous contrôle américain par
le Présidente Carter en 1980. LA question était la suivante : à quelle loi sont soumis
les dépôts ? Loi française ou américaine ? D'un côté du point de vue français les
mesures américaines étaient légitimes. Mais de l'autre, les conséquences pour la
place bancaire de Paris étaient gênantes pour les personnes venant déposer les
fonds car ils se verraient refusés pour satisfaire les dispositions d'une loi étrangère.
Cela a donné mauvaise presse aux lois de police étrangère surtout quand elles sont
trop politiques. Certains états n'étaient pas d'accord déjà sur l'application de lois de
158
police étrangère. Cela s’est traduit dans la convention de Rome : les états en ratifiant
la convention peuvent formuler une réserve par laquelle ils excluent l’article 7-1, ce
qui a été fait par l'Allemagne, le RU, le Luxembourg.
B. L'exclusion du renvoi.
L’article 15 de la convention exclue tout renvoi. C'est quelque chose qui est admis
lorsque la loi compétente a été choisie par les parties. Lorsque le rattachement est la
loi d'autonomie, si les parties ont désigné une loi X, ce n'est pas pour être renvoyé
dans une loi Y.
Quand la loi est désignée comme celle de la loi des plus étroits. Là encore, à
supposer que la loi désignée renvoi à une autre, cette autre loi serait moins rattachée
au contrat.
On relève que c'est une formulation négative pour bien montrer qu'il s'agit d'une
exception. Il faut s'attacher d'après le texte à une disposition particulière. C'est une
appréciation in concreto.
Enfin c'est l'adverbe manifestement qui soulève le caractère restrictif qui doit présider
à l'usage du texte.
159
IV. LES RÈGLES PARTICULIÈRES À CERTAINS
CONTRATS.
Le droit interne des contrats d'un pays comme la France se soucie de la protection
d'une certaine catégorie de contractants réputés faibles.
Pourquoi ? Car le principe de la loi d'autonomie ne manquerait pas d'être utilisé par
la partie forte pour insérer dans le contrat d'adhésion une clause de loi applicable
pour désigner un droit non protecteur de la partie faible.
On sait que la partie faible a la possibilité pour jouer la protection d'invoquer l’article 7
(loi de police protectrice). Mais ce remède est inadéquat à grande échelle. Il faut aller
devant un juge. La loi de police s'applique disposition par disposition or il peut y en
avoir plusieurs d'impliquer. Et l'application des lois de police d'appréciation
imprévisibles.
La technique utilisée pour la protection est la même dans le deux cas : la convention
désigne une loi objectivement applicable. Pour le contrat de conso, c'est la loi du lieu
de résidence du consommateur. Pour le contrat de travail c'est le lieu d'exécution du
travail.
Il reste possible de désigner la loi applicable au contrat selon l’article 3 mais l’article
5 précise que ce choix ne peut avoir pour résulter de priver l'intéresse de priver
l'intéressé de la protection que lui assure la loi objectivement applicable.
A. Le domaine de la convention.
160
Convention du 1er octobre 1997 : l’article 1 parle de la loi applicable à la
responsabilité des fabricants pour les dommages causés par un produit. Cela vise
donc tout dommage causé par un produit à une personne ou aux biens. Cela ne vise
par le dommage subi par le produit à moins qu'il ne s'ajoute à d'autres dommages.
Cette formulation évite de parler de contrat ou de délit. Ces mots n'apparaissent pas.
Cette formulation autorise à appliquer la convention entre un sous acquéreur et un
fabricant car aucun transfert de propriété dans ce cas-là.
La méthode consiste à prendre l'un ou l'autre des deux pôles avec les rattachements
concernés. La loi applicable c'est celle du territoire sur lequel le fait dommageable
s'est produit. Mais ce lieu doit être également soit celui de la résidence habituelle
(victime), soit celui de l'établissement principal du défendeur, soit celui de
161
l'acquisition du produit par la victime. On voit que les rattachements sont prévus, ils
sont définis.
L’article 5 prévoit une autre combinaison qui s'articule autour d'un autre pôle : la
résidence habituelle de la victime si cet état est également celui de l'établissement
principal du défendeur ou celui du lieu d'acquisition du produit.
Mais s’il y a une dispersion telle que les rattachements ne sont pas envisageables,
dans ce cas le demandeur peut choisir entre la loi du principal établissement du
défendeur et celle de survenance du fait dommageable.
Le projet de règlement inclus une disposition sur la responsabilité du fait des produits
art 4. Les auteurs du règlement ne l'ignoraient pas et l’article 25 prévoit que les
conventions restent en vigueur. Ça serait donc le 1er janvier prochain la convention
de LH qui continuerait de s'appliquer en France. Seulement on ne peut pas exclure
que la convention soit dénoncée. Il faut reconnaître que la disposition du règlement
est plus simple que la disposition de LH. Selon le règlement la loi applicable est celle
de la résidence habituelle de la personne lésée.
Mais si le défendeur établi que le produit a été commercialisé dans ce pays sans son
consentement, la loi applicable est celle de la résidence habituelle du défendeur.
162
responsabilité du fait des produits. Ces deux conventions s'appliquent sans condition
de réciprocité.
A. Le champ d'application.
B. La loi applicable.
Mais il est apparu qu'il fallait tout de même éviter une règle trop souple comme la
proper law car la prévisibilité demeure primordiale dans ces questions. La
prévisibilité permet aux compagnies d'assurance de régler amiablement les sinistres
entre elles.
Voilà pourquoi on n'a pas cédé à la tentation d'appliquer la proper law. On a trouvé
un compromis par voie de principe et d'exception.
Art 3 : la loi applicable est la loi interne de l'état sur le territoire duquel l'accident est
survenu.
163
résidence du propriétaire du véhicule donc du stationnement habituelle du véhicule
et aussi le pays où il est assuré.
Dans quel cas va-t-on se tourner vers l'état de l'immatriculation ? Déjà quand un seul
véhicule est impliqué dans l'accident. La loi du lieu d'immatriculation va s'appliquer si
le demandeur c'est une personne transportée bénévolement (passager) et qu'elle n'a
pas sa résidence habituelle dans l'état du lieu de l'accident.
Cette loi va s'appliquer si le demandeur se trouvait sur les lieux de l'accident hors du
véhicule et que cette personne avait sa résidence habituelle dans l'état du lieu
d'immatriculation.
Le texte ajoute qu'en cas de pluralité de victimes, la loi applicable est déterminée
séparément à l'égard de chacune d'elles.
La loi désignée selon les règles précédentes va régir les différents aspects
de la responsabilité. Donc les conditions de la responsabilité, les causes
d'exonération, la nature du dommage réparable, la transmissibilité du droit à
réparation, la responsabilité du fait d'autrui (commettant et préposé) vont être régies
pas cette même loi.
Quelle que soit la loi déclarée applicable, il doit être tenu compte des règles de
circulation et de sécurité en vigueur au lieu et au moment de l'accident= art 7.
164
La convention va encore plus loin : si aucune des deux lois ne prévoit d'action
directe, l'action directe peut encore être exercée selon la loi du contrat d'assurance.
…).
LA RESPONSABILITÉ
EXTRACONTRACTUELLE
INTRODUCTION
Il y a un mouvement de spécialisation des règles de conflit. Ce mouvement
a été initié par les conventions de LH. On a renoncé à faire une convention générale.
On a préféré faire une convention sur la loi applicable aux accidents de la circulation
routière une sur la loi applicable à la responsabilité du fait des produits.
Tout ceci amène à étudier les règles générales (les règles spéifiques seront étudiées
dans un autre chapitre).
165
A. Le droit commun Français encore en vigueur.
Ce principe a été consacré par l'arrêt LAUTOUR de 1948, sous sa forme bilatérale.
L'expression lieu du délit ne soulève pas de problème quand tous les éléments
matériels de la situation sont réunis dans un même pays. C'est le cas avec les
accidents d'automobile ; dans ce cas-là, le conflit de lois tiendra à la nationalité ou au
domicile étranger d'une partie.
Le 1er problème est l'hésitation à appliquer la loi du lieu du délit lorsque les faits sont
survenus à l'étranger mais entre parties ayant la nationalité du for ou ayant toutes
deux leur domicile sur le territoire du for. Ça se produit quand les parties avaient un
lien entre elles (voyage en commun), cela se produit aussi sans qu'il y ait la présence
de ce lien.
D'un côté il semble préférable pour la prévisibilité du droit d'appliquer quoi qu'il arrive
la loi du lieu du délit. Mais de l'autre, un sentiment instinctif de la justice pousse à se
dire, à quoi bon appliquer la loi étrangère alors que le litige se produit entre deux
nationaux.
166
Le 1er consiste à écarter la qualification délictuelle au profit d'une autre qui mène à
l'application de la loi française. Ex : en cas de voyage commun à frais partagés, on
peut y voir un contrat tacite entre les parties. On applique la loi de la volonté
commune dans le contrat.
Autre moyen : faire jouer l'exception d'OP contre la loi étrangère, pourtant dans des
conditions où on ne peut pas dire que la loi étrangère était gravement choquante.
Ex : loi qui ne répare que le préjudice économique, loi prévoyant une prescription
plus courte que la loi française = contraire à l’Ordre Public.
Ces stratagèmes sont l'ouvre des juges du fond. Ils ont souvent été censurés par la
cour de cassation. Ex : arrêt KEIGER. Accident en Allemagne. La loi allemande ne
prévoit que la réparation du préjudice économique. La CA de Paris applique la loi
française en invoquant le but social des lois françaises. L'arrêt est cassé. Quelle que
soit la nationalité des parties, les obligations extracontractuelles sont régies par la loi
du lieu où est survenu le fait qui leur a donné naissance.
La cour de cassation s'est séparée de cette position qu'en cas de contrat tacite. Ici
les parties ont la libre disposition de leurs droits. Donc si les parties n'invoquent pas
l'application de la loi étrangère et ont contracté en désignant la loi française, alors
que le délit a lieu à l'étranger, c'est la loi française qui s'appliquera.
Ceci n'est pas dans l'esprit de la cour de cassation mais le règlement européen
prévoit une telle exception. Donc pour quelques mois encore, la loi reste celle du lieu
du délit même en cas de nationalité commune ou domicile commun.
2ème problème : Quand dommage et fait générateur sont dans le même pays on doit
comprendre dommage immédiat.
Une victime dans un pays étranger peut invoquer son préjudice corporel qui continu
dans le pays où elle a son domicile.
167
compétence en matière délictuelle de la juridiction de la loi du lieu du délit. Les
victimes, en disant que le dommage était subi à leur domicile également, ont tenté
d'invoquer la compétence des juridictions de leur domicile. La cour de cassation
corrige alors l'interprétation, elle dit qu'il faut entendre la loi du lieu du dommage
immédiat.
Ceci a été jugé dans le cas d'un préjudice par ricochet = voyage organisé au
Cambodge au cours duquel des français décèdent dans une noyade. Des parents
des victimes demandent réparation de leur préjudice moral en France. Sur le terrain
délictuel l'action des parents est rejetée car la loi cambodgienne ne prévoit pas la
réparation du préjudice moral. Les victimes invoquent le fait que leur préjudice moral
est souffert à leur domicile et non pas au Cambodge. Mais la cour de cassation
rejette le pourvoi, déclarant que la loi applicable à la réparation du préjudice moral
subi par les victimes par ricochet est celle du lieu où ce dommage s'est réalisé et non
celui où le préjudice moral est subi.
C'est donc le lieu de préjudice de la victime immédiate qui est pris en compte= arrêt
du 28 octobre 2003.
Autre lecture de l'arrêt : le dommage est bien subi en France mais le fait
dommageable est survenu à l'étranger et les liens les plus étroits de la situation sont
avec la loi du fait dommageable c'est à dire le Cambodge = délit complexe.
Ex : atteinte à la vie privée dans un pays par la diffusion de magasine dans différents
pays.
La question est discutée. L'attente du défendeur porte sur la loi du lieu où il agissait.
Le demandeur peut dire qu'il a été atteint en tel lieu, il comptait sur la protection de la
loi de ce lieu et veut donc voir cette loi appliquée.
Le droit comparé révèle une dispersion entre les deux solutions (fait générateur,
dommage).
168
- On dit que le dommage c'est la condition 1ère de toute responsabilité.
Point de vue de la Jurisprudence : les juges du fond appliquaient tantôt la loi du lieu
du dommage tantôt la loi du lieu de l'acte fautif. Mais la situation a changé. La cour
de cassation s'est prononcée dans 3 arrêts.
Arrêt GORDON & BREACH 1997 : Une revue américaine de sciences publie un
article à destination des bibliothécaires des universités. La revue est diffusée en
France par abonnement. Une action en concurrence déloyale est lancée. La CA se
refuse à appliquer la loi française. Elle déclare que c'est la législation des USA qui
doit s'appliquer. Puisque c'est la loi américaine, la CA sursoit à statuer. La Cour de
cassation censure cet arrêt le 14 janvier 1997. Elle reprend la formule consistant à
appliquer la loi du fait dommageable. Ce lieu s'entend aussi bien de celui du fait
générateur du dommage que du lieu de réalisation de ce dernier. Cette formule est
malheureuse.
Elle est reprise d'un arrêt de la CJCE MINE DE POTASSE D'ALSACE. Le tribunal
compétent et la loi applicable ce n'est pas la même chose. S'agissant du tribunal
compétent on peut être plus souple car le tribunal compétent ça ne préjuge pas la loi
applicable. Donc on peut offrir un certain choix au demandeur en matière de
juridiction car le choix de la juridiction n'entraîne pas nécessairement application de
la loi du for. En matière de conflit de lois, il ne devrait y avoir qu'une seule loi
applicable, celle des liens les plus étroits.
169
Ici la formulation laisse penser que la réalisation d'un dommage en France pouvait
fonder la compétence des tribunaux français mais en outre l'application de la loi
française à l'ensemble de la situation ce qui aurait pu donner naissance à un forum
shopping. Cependant la Cour de cassation précisait quand même que tant le fait
générateur constitué par la diffusion des revues que le lieu de réalisation du
dommage, se situait en France. Cette précision change la portée de l'affirmation
précédente. Cette précision, entraîne que la loi française ne pouvait être applicable
qu'aux faits locaux et non pas à l'ensemble de la situation. Autrement dit, en fait on
n'est plus en présence d'un délit complexe mais en présence d'un délit simple.
Arrêt : cas de figure d'un dommage unique et d'une dispersion du fait générateur.
Cela ne pouvait que renforcer la solution en faveur de la loi du dommage. Mais ce
n'est pas seulement sur ce fondement que la décision a été rendue, c'est aussi sur le
fondement des liens les plus étroits.
Pour n'a-t-on pas agi en responsabilité contractuelle ?L'action a été exercée mais n'a
pas abouti.
Il y a donc une prépondérance pour la loi du lieu du dommage. Mais limitation : elle
ne s'appliquerait qu'à la réparation du dommage local.
170
Le défendeur qui se voit demander réparation dans un pays donné et qui va devoir
répondre du dommage selon la loi locale, pourra le faire que s'il pouvait
raisonnablement s'attendre à voir sa responsabilité engagée selon cette loi.
Ainsi dans l'arrêt GORDON AND BREACH, l'éditeur qui distribuait des revues en
France pouvait répondre de ses actes selon la loi française, cela n'est pas forcément
injuste. Donc la notion de prévisibilité est importante.
1. Le principe.
171
C'est l’article 3.1 qui désigne la loi du pays où le dommage survient ou
risque de survenir quel que soit le pays où le fait générateur du dommage se produit
et quel que soit le pays dans lequel des conséquences indirectes du dommage
surviennent.
Loi du lieu du dommage : dans la majorité des cas, il s'agira du pays de résidence du
demandeur, personne physique ou morale. Mais il s'agit du dommage directement
subi (immédiat). En cas de dommage subi en différents pays, on appliquera
distributivement les lois des pays concernés, du moins si le for s'estime compétent.
Art 3.3 pour les deux cas précédents, prévoit une clause d'exception en
cas de lien manifestement plus étroit avec un autre pays. C'est la notion de centre de
gravité qui doit intervenir.
172
L'idée du règlement est la même : si celui qui agissait dans un pays étranger s'est
conformé à des règles impératives dans ce pays, on ne peut pas le lui reprocher.
Voilà pourquoi il doit être tenu compte des règles de sécurité et de comportement. Il
pourra ainsi se disculper d'une réparation.
En droit français, la Jurisprudence a admis un accord tacite des parties qui plaide
selon la loi française quand bien même le délit est incontestablement survenu à
l'étranger. Le projet de règlement contient une disposition plus générale : l’article 10
intitulé « liberté de choix ».
Selon l’article 10.1 : les parties peuvent convenir par une convention postérieure à
la naissance du différent de soumettre l'obligation non contractuelle à la loi qu'elles
choisissent. C'est une solution très opportune.
A. Le renvoi
Le système français désigne une loi étrangère. Si cette dernière estime qu'en fait elle
n'est pas la plus concernée et renvoi à une autre il n'y a pas de raison de ne pas
suivre ce renvoi.
B. OP et loi de police
1. L'ordre public.
173
L'Ordre Public a été régulièrement invoqué par des plaideurs pour écarter
l'application de la loi étrangère du lieu du délit quand elle était moins favorable que la
loi française.
En revanche le fait pour la loi étrangère d'obliger le demandeur à prouver une faute,
là où la loi française fait peser une responsabilité de plein droit, n'est pas contraire à
l’Ordre Public = Arrêt LAUTOUR 1948
Loi étrangère qui limite la réparation au préjudice éco à l'exclusion du préjudice moral
= elle n'est pas contraire à l’Ordre Public français = arrêt KEIGER, arrêt
CAMBODGE 2003
Les prescriptions plus courtes que celles de la loi française ne sont pas en soi
contraires à l’Ordre Public français (ex : prescription d'un an en droit espagnol en
matière d'accident de la circulation).
Projet de règlement réserve l’Ordre Public du for article 22 mais il le fait dans la
forme restrictive de la plupart des conventions.
Il y a aussi les pratiques connues de jurys américains qui attribuent des DI hors de
proportion.
174
Ex : affaire LEWI. Grosse entreprise canadienne LEWI a fait des affaires aux USA
avec une petite entreprise américaine. Litige qui se passe devant un jury.
Condamnation de plusieurs millions de dollars. 75 millions de DI et 400 millions de DI
punitif !!!
LA FILIATION ADOPTIVE
D'autres états qui connaissent ce principe s'opposent à l'adoption par des étrangers.
Les adoptants en France souhaitent souvent une adoption plénière qui implique
rupture des liens avec la famille d'origine.
Une 1ère législation est issue de la convention de la Haye de 1965 vite périmée car
conçue dans un périmètre européen.
175
Cela a donné lieu à beaucoup d'hésitation jurisprudentielle et a abouti à une loi du 6
février 2001 introduisant dans le Code civil les articles 370-3 à 370-5.
L'adoption tend à la création d'un lien de famille. C'est donc une question
de statut personnel et les conflits de lois naissent le plus souvent d'une différence de
nationalité entre les adoptants et l'adopté. Le conflit peut aussi tenir du fait d'une
différence de résidence habituelle entre les intéressés.
C'est plutôt la loi des adoptants qui va avoir vocation à régir les effets de l'adoption.
Tout ceci conduit à préconiser la loi des adoptants. Mais le choix unique de la loi des
adoptants se heurte à une objection : à négliger la loi de l'adopté, on risque de créer
des adoptions qui ne seront pas reconnues dans l'état d'origine de l'adopté.
Voilà pourquoi on se tourne vers les solutions dualistes : on prend en compte des
deux lois. On pourrait appliquer cumulativement les deux lois. Seulement appliquer
deux lois revient à appliquer la plus exigeante. Pire encore, étant donné que les
conditions de l'adoption sont variées, à vouloir appliquer les deux lois on va en
fabriquer une 3ème qui sera plus stricte que chacune des deux. Donc on préfère
l'application distributive des deux lois. Ici la loi de l'adoptant s'appliquera aux
conditions requises chez l'adoptant (conditions d'âge, se statut matrimonial). La loi de
l'adopté, elle, déterminera notamment si l'enfant est adoptable. Mais il faut voir aussi
qu'il y a certaines conditions qui ont un caractère indivisible. Ex : la différence d'âge
exigé entre l'adoptant et l'adopté. Cette condition concerne l'un et l'autre. Donc l'une
176
règlera les conditions qui intéressent l'un et l'autre et l'autre loi sera cantonnée aux
conditions qui intéressent exclusivement l'intéressé.
Si on se reporte à la solution moniste, il ressort que c'est la loi de l'adoptant qui paraît
la mieux indiquée pour prévaloir car l'adopté va se trouver intégré au milieu social de
l'adoptant.
Arrêt TORLET : la cour de cassation a dit que les conditions comme les effets de
l'adoption sont régis, lorsque l'adoption est demandée par une seule personne, par la
loi nationale de celle-ci, la loi nationale de l'enfant, devant seulement déterminer les
conditions du consentement ou de la représentation de l'adopté.
La loi de 2001a consacré la solution dans l’article 370-3 concernant des questions
qui avaient posé problème.
1. La loi de l'adoptant.
Mais l'article ajoute une restriction : l'adoption ne peut être prononcée si la loi
personnelle de l'un et l'autre la prohibe. Le but est d'éviter des adoptions boiteuses
qui se révèleront lors du retour dans le pays d'origine. La règle n'a donc d'effet
propre qu'en cas de nationalité différente des époux car en cas de nationalité
commune, la prohibition joue de plein droit. Par ex : époux marocains et algériens ne
pourront pas adopter un enfant en France. On voit ici pointer le respect des lois qui
prohibent l'adoption mais dans un cas très marginal lorsqu'il s'agit des adoptant.
2. La loi de l'adopté.
C'est la question des lois qui prohibent l'adoption. D'un côté on peut
estimer qu'il faut respecter ces lois sous peine de consacrer des adoptions qui
s'apparentent à des enlèvements d'enfants. Mais de l'autre, on peut trouver
regrettable que des enfants qui pourraient trouver une famille soient privés de cette
possibilité. Cela paraît tellement grave que la question de l'OPI a été soulevé à
l'encontre des lois étrangères prohibant l'adoption ou même simplement soumettant
l'adoption à des conditions plus restrictives que la loi française. Les tribunaux se sont
prononcés pour l'absence de contrariété à l’Ordre Public des lois étrangères plus
restrictives. Il fallait donc affronter la question du rôle exact à reconnaître à la loi de
l'adopté.
177
a. La jurisprudence antérieure.
Dans l'arrêt TORLET une CA s'était refusée à prononcer une adoption plénière
consécutive à une adoption en Grèce au motif que la loi Grecque ne connaissait pas
l'adoption plénière (connaissait une adoption moins étendue) et donc que la mère ne
pouvait pas avoir consenti à une adoption plénière française. La cour de cassation a
cassé l'arrêt en déclarant que lorsque le consentement ne précise pas en
considération de quel type d'adoption il a été donné, ce consentement vaut pour
l'une ou l'autre des formes d'adoption que connaît le droit français. La cour de
cassation a confirmé la Jurisprudence dans l'arrêt PISTRE de 1990 rendu dans des
circonstances analogues. Il s'agissait d'une adoption en France. La demande d'une
adoption plénière d'un enfant brésilien avait été rejetée au motif que le juge brésilien
n'avait autorisé qu'une adoption simple. La cour casse l'arrêt : le contenu même du
consentement doit être apprécié indépendamment des dispositions de la loi nationale
de l'adopté. En réalité, si on se tourne vers la loi de l'adopté ce n'est pas pour
appliquer cette loi. Moins qu'une règle de conflit, on est passé à une règle matérielle,
substantielle, une règle de fond de droit français selon laquelle l'adoption
internationale était toujours possible avec le consentement de l'adopté ou de son
représentant.
Arrêt FONTHOU de 1995 vise l'article 3 du code civil. Cet arrêt juge que deux
époux français peuvent adopter un enfant dont la loi personnelle ne connaît pas ou
prohibe l'adoption à la condition qu'indépendamment de cette loi, le représentant du
mineur ait donné son consentement en pleine connaissance des effets attachés par
la loi française à l'adoption.
Ce que la loi va quand même déterminée c'est la personne qui a qualité pour
consentir mais à partir de là c'est une règle matérielle française qui prend en charge
la situation. Le représentant peut consentir à l'adoption nonobstant les dispositions
de la loi personnelle.
Ces critiques ont trouvé leur expression dans une circulaire du garde des sceaux
du 16 février 1999 : il dit que l'adoption est impossible quand la loi de l'enfant
l'interdit. Elle veut une appréciation rigoureuse de la portée du consentement donné
178
à l'adoption de l'enfant. Seulement il n'appartient pas à une ordonnance de renverser
la Jurisprudence de la cour de cassation. C'est ce qui explique que le législateur soit
intervenu.
b. L'intervention du législateur.
La loi de 2001 s'est attaquée à la question dans les articles 370-3 al2 et
3 où on trouve 3 dispositions.
L'adoption d'un mineur étranger ne peut être prononcée si sa loi personnelle prohibe
cette institution. Donc la loi prend parti de l'ordonnance de 1999.
Ceci va dans le sens de la convention de La Haye de 1993 qui prévoit que les
autorités compétentes de l'état d'origine doivent notamment s'assurer que l'enfant est
adoptable. Mais il semble bien que la prise en considération de la loi étrangère se
limite au principe même de l'adoption. Pourquoi ? Car le texte ne s'étend pas au
type d'adoption autorisé. Si la loi étrangère ne connaît qu'une adoption moins
étendue que l'adoption plénière française, cela n'empêcherait l'adoption plénière
selon la loi française.
Autre remarque : mot « prohibe » dans le texte. Il y a des lois étrangères qui ne
prohibent pas l'adoption car elles ignorent tout simplement cette institution. Le débat
reste ouvert.
Art 370-2 al2 : sauf si ce mineur est né et réside habituellement en France. C'est un
tempérament à la règle précédente. Cela est bien bienvenu car les liens de l'enfant
avec sa nationalité étrangère sont distendus ou ne sont même pas crées. Dans ces
conditions, la loi étrangère même prohibitive doit lâcher prise.
Art 370-3 al3 : on peut prononcer en France l'adoption d'un enfant étranger pourvu
que sa loi nationale ne la prohibe pas. Il faut qu'il y ait un consentement à cette
adoption. On va retrouver un certain nombre de règles inspirées de la Jurisprudence
et de la convention de La Haye.
Le texte dit que qu'elle que soit la loi applicable, l'adoption requiert le consentement
du représentant légal de l'enfant. Le consentement doit être libre et éclairé sur les
conséquences de l'adoption, en particulier, s'il est donné en vue d'une adoption
plénière, sur le caractère complet et irrévocable de la rupture du lien de filiation
existant.
On retrouve ici une règle substantielle. Cette règle c'est la nécessité d'un
consentement véritable.
179
On considère que la loi de l'adopté comme par le passé, déterminera les personnes
habilitées à consentir et peut être aussi la forme du consentement (devant qui il doit
être exprimé).
Enfin l’article 370-3 al3 ajoute deux autres précisions importantes que l'on trouve
dans la convention de La Haye : le consentement doit être obtenu sans aucune
contrepartie. L'autre c'est que le consentement doit être obtenu après la naissance
de l'enfant. Ce sont à nouveau des règles matérielles.
Une autorité publique est presque toujours amenée à intervenir. Dans les
matières de statut personnel il y a un lien étroit entre la procédure et le fond. La
question est réglée dans le code civil.
La convention de La Haye de 1993 vise à préparer les adoptions qui soient autant
que possible inattaquables et assurer leur reconnaissance internationale.
A. La convention de La Haye.
Elle assure une coopération d'autorité selon une méthode très éprouvée à
la conférence de La Haye, la méthode des autorités centrales. Les personnes qui
dans un pays donné désire adopter un enfant dont la résidence habituelle est dans
un autre état contractant, ces pers doivent s'adresser à l'autorité centrale de leur
propre état pour vérifier si ces personnes sont aptes à adopter et qu'il n'existe pas
d'obstacles à l'entrée et au séjour permanent de l'enfant dans le pays. Puis cette
autorité ça s'adresser à son homologue dans l'autre état qui va faire une enquête
analogue sur l'adoptabilité de l'enfant et que le placement exigé est dans son intérêt.
A la suite de ça, la procédure d'adoption peut s'engager dans l'un autre des états.
Il faut indique que quand la procédure doit avoir lieu après le déplacement de l'enfant
dans l'état d'accueil, l'autorité centrale de l'état d'accueil est responsable de l'enfant.
1ère question : celle de la compétence des tribunaux français pour prononcer une
adoption. Le principe consiste à transposer les règles de compétence interne. Mais
l’article 116 du NCPC précise que les tribunaux français sont compétents quand
180
demeurent en France soit le requérant soit la personne dont l'adoption est
demandée. Mais il ne faut pas oublier que les articles 14 et 15 sont applicables en
toute matière et donc que la nationalité française des adoptants peut permettre de
saisir les tribunaux français.
L'arrêt TORLET, posait que les conditions comme les effets de l'adoption sont régis
par la loi de l'adoptant. Mais la loi de 2001 a rompu avec ce système.
Art 370-4 du Code civil : les effets de l'adoption prononcés en France sont ceux de
la loi Française alors que nous avons vu que c'est la loi des adoptants qui s'applique.
Si les adoptants sont de nationalité commune, on applique leur loi. Pourquoi ce
changement ? Ceci évite d'avoir à faire fonctionner en France des adoptions de type
très divers. En la matière n'oublions pas que c'est le type même d'institution qui varie
d'un pays à l'autre.
Question du secret des origines de l'enfant. Cette question ne doit pas être soumise
à deux lois différentes.
Donc on a préféré l'unité de loi applicable aux effets de l'adoption (pour tous les
enfants adoptés en France) à l'unité de statut législatif de chaque adoption.
181
Il existe dans le droit musulman une institution, la Kafalah, qui ressemble à l'adoption
mais qui n'en n'est pas une. C'est la prise en charge d'un enfant sans la création d'un
lien de famille.
Il y a deux grandes séries de questions : l'origine de cette filiation est une adoption.
Donc la loi applicable aux effets de l'adoption va déterminer les conséquences de
l'adoption sur les liens avec la famille d'origine. Elle va déterminer les conditions de
la transformation éventuelle de l'adoption. La loi applicable aux effets de la filiation
détermine les conditions dans lesquelles il peut être mis fin à l'adoption. Enfin c'est la
loi des effets de l'adoption qui va déterminer les liens avec la famille de l'adoptant.
Tout cela résulte du fait que le lien de filiation est un lien de filiation adoptive.
Il est fréquent que des français qui adoptent un enfant étranger procèdent
à une adoption à l'étranger. Ils vont donc vouloir faire reconnaître cette adoption en
France. Ce qui soulève les questions des conditions et des effets de la
reconnaissance.
Le problème vient du fait que l'adoption prononcée à l'étranger peut avoir des effets
moins étendus que ceux d'une adoption plénière française. D'où une 3 ème question :
celle d'une nouvelle procédure en enfant à partir de l'adoption prononcée à l'étranger
182
décision. Il est prudent de la part des adoptants d'obtenir une décision de justice afin
de rendre la décision incontestable et inattaquable.
Arrêt MUNZER : condition que le juge étranger ait appliqué la loi compétente selon la
règle de conflit française. Cette condition sera rarement remplie dans cette
hypothèse dans la mesure où e juge étranger étant le juge de l'état nationale de
l'enfant, aura appliqué intégralement la loi de l'enfant.
Enfin sur l'ordre public : il peut intervenir même sous sa forme atténuée. Il intervient
pour faire respecter l'intérêt de l'enfant ou l'intérêt des parents par le sang. De ce
point de vue, la Jurisprudence française n'a pas donné l'exemple car sous l'empire
de la Jurisprudence TORLET on se contentait d'un consentement à l'adoption des
parents biologiques et ceci valant dans le doute pour les deux formes de l'adoption
française (simple et plénière).
La circulaire de 1999, donnait une indication intéressante (bien qu'elle n'ait aucune
valeur impérative) : la prohibition du droit français de la remise directe aux adoptants
d'un enfant de moins de 2 ans (art 348-5 du code civ) est une règle qui devrait
entraîner le rejet d'une adoption étrangère intervenue dans ces conditions.
Quand l'adoption étrangère satisfait ces conditions quels en sont les effets ?
Attacher à l'adoption étrangère que les effets reconnus par le jugement étranger.
La loi de 2001a choisi une autre voie : art 370-5. Ce texte amène à regarder si
l'adoption étrangère présente plutôt le caractère d'une adoption simple ou plénière et
donc à lui faire produire les effets de l'une ou de l'autre.
183
Le texte ajoute que si l'adoption étrangère est assimilée à une adoption simple, elle
pourra être convertie en adoption plénière si les consentements requis ont été
donnés expressément en connaissance de cause = souci de rompre avec la
Jurisprudence antérieure.
B. La convention de La Haye.
La filiation relève de l'état des personnes. Les questions qui en relèvent sont
rattachées à la loi nationale. Seulement la filiation c'est un lien et c'est même un lien
qui unit 3 personnes dans la filiation légitime. D'où des problèmes liés à la différence
de nationalité.
184
aspects de la filiation tels que l'obligation alimentaire. Le législateur a achevé de
détruire le système avec la loi du 3 janvier 1972. Des articles 311-14 à 311-18 ont
été insérés sur les conflits de lois relatifs à l'établissement de la filiation.
I. L'ÉTABLISSEMENT DE LA FILIATION.
1. Règles générales.
Il y en a plusieurs car l’article 311-14 édicte une règle de principe qui est de
nature bilatérale mais cette règle de principe est aussitôt assortie dans l’article 315
d'une large exception en faveur de la loi française.
a. Le rattachement de principe.
185
L’article 311-14 : « la filiation est régie par la loi personnelle de la mère au
jour de la naissance de l'enfant ; si la mère n'est pas connue, par la loi personnelle
de l'enfant. »
Donc le rattachement est la loi personnelle de la mère. La mère joue un rôle de 1er
plan dans le rapport familial. On a fait valoir que ce critère est plus sûr car la mère
est presque toujours connue alors que le contentieux porte souvent sur la paternité.
Art 311-15 : si les intéressés (l'enfant légitime, son père et sa mère, l'enfant
naturel avec son père ou sa mère) ont en France leur résidence habituelle, la
possession d'état produit toutes les conséquences qui en découlent selon la loi
française. Cela signifie que les dispositions françaises du droit interne sont
d'application immédiate nonobstant la nationalité de la mère. Ici la possession d'état
vise à protéger les situations établies. Il faut éviter la perturbation possible
qu'entraînerait l'application de la loi de la mère.
186
Trois règles figurent de 311-16 à 311-18 qui concernent la reconnaissance
d'enfant naturel (311-17), la légitimation (311-16) et l'action à fin de subsides (311-
18). Ces différentes règles ont deux points communs. Ces règles au fond visent à
favoriser l'enfant au niveau de sa reconnaissance, de sa légitimation et de l'allocation
de subsides. En Droit International Privé quand on veut favoriser une personne on le
fait en ouvrant des rattachements. La règle de conflit devient un rattachement
multiple.
Dans le système antérieur on appliquait une loi unique, celle de l'enfant et ce,
quel que soit le mode d'établissement de la filiation : action judiciaire ou
reconnaissance et aussi quel que soit le parent concerné.
Cette disposition soulève des difficultés. La plus importante est celle de savoir si
311-17 doit être considéré comme une disposition autonome, dérogeant à l’article
311-14 (compétence de la loi de la mère), ou bien si l’article 311-17 n'est qu'un
complément à 311-14, une règle supplémentaire qui ajoute des rattachements.
187
Un Arrêt de la cour de cassation de 1999s'est prononcé pour l'application de
l’article 311-17 à une reconnaissance qui était faire par le père.
Autre exemple : si une des deux lois permet à une personne d'agir, tandis que l'autre
loi ne permet à cette personne d'agir. Dans ce cas-là on appliquera la loi la plus
restrictive. Donc si la reconnaissance est contestée par un tiers mais que cette
contestation n'est pas possible selon l'une des deux lois, on s'opposera à la
contestation en application de cette loi. Mais cela se complique quand une loi est
plus favorable sur un point et moins favorable sur un autre point.
Il y a une 2ème série de difficultés : l’article 311-17, peut conduire à ces conflits de
filiation. Voici le cas où l'enfant reconnu est né d'une femme mariée et il est couvert
par une présomption de paternité d'un autre que l'auteur de la reconnaissance. Or un
des lois visées par l’article 311-17, ne s'oppose pas complètement à la
reconnaissance par un tiers de l'enfant né d'une femme mariée. C'est la situation de
l’article 334-9 à contrario en droit interne.
188
qui s'appliquait jusque-là à la filiation et ceci du seul fait de la reconnaissance par un
tiers dont on n'est pas certain qu'il soit le véritable père. Donc c'est la 1 ère solution qui
semble la meilleure.
Autre problème : L’article 311-17 vise plus d'une loi. C'est la possibilité de deux
reconnaissances valables chacune selon une des deux lois différentes. Il n'y a ici
aucune solution du point de vue du conflit de loi. On appliquera 311-12 qui prescrit
de trancher en faveur de la filiation la plus vraisemblable.
b. La légitimation.
La loi de 1972 a multiplié les rattachements par faveur pour la légitimation, dans
l’article 311-16. Selon ce dernier article, « le mariage emporte légitimation lorsque
au jour où l'union a été célébrée, cette conséquence (la légitimation) est admise soit
par la loi régissant les effets du mariage soit par la loi personnelle de l'un des époux
soit par la loi personnelle de l'enfant. »
L’article 311-16va soulever des problèmes du même ordre que l’article 311-17. Le
principal est la combinaison de l’article 311-16 avec les autres dispositions. D'abord,
toute légitimation suppose une reconnaissance préalable. Donc on va trouver ici un
problème qu'on a vu avec 311-17. Le problème est de savoir si la reconnaissance
qui a précédé la légitimation, est soumise à sa loi propre déterminée par l’article
311-17 et peut être par l'article 311-14, et en cas de légitimation, la loi appliquée
est-elle absorbée par l’article 311-16.
189
La question est encore plus compliquée, lorsque l'enfant dont il est question n'est pas
un enfant naturel simple mais que cet enfant jouit d'une légitimité en vertu d'un
mariage antérieur à la mère.
311-18n'est pas en compétition avec 311-14 parce que l'action à fin de subsides
n'est pas une action d'état, elle est plutôt délictuelle. Mais cette question est peu
importante car on considère que 311-18 est devenue caduque avec l'entrée en
vigueur de la convention de La Haye de 1973 sur les obligations en matière
alimentaire. Encore que, la convention vise les obligations découlant de relations de
famille de parenté. Donc on pourrait aussi lire ceci comme excluant les actions
purement alimentaires. Cela montre en passant les difficultés des conventions qui
unifient les Droit International Privé entre plusieurs états. Les conventions de La
Haye ont un objet mais les droits internes connaissent une variété d'institutions ce
qui pour certaines d'entre elles posent la question de savoir si elles entrent ou non
190
dans le champ d'application de la convention. Ici l'action à fin de subsides entre-t-il
dans le champ d'application de la convention alors qu'elle vise les obligations
découlant de relations de famille de parenté ?
d. La qualification.
Il faut placer l'étoffe étrangère dans les tiroirs du système international. L'état
étranger caractérise ses règles, l'état du for les classe.
1. La question du renvoi.
Une situation de renvoi naît du fait que le rattachement choisi par le for et
celui choisi par la loi étrangère ne sont pas les mêmes. A partir du moment où le
législateur de 72 a choisi pour rattachement la loi de la mère et où ce rattachement
constitue une singularité en droit comparé, il est plausible que la loi étrangère, loi
nationale de la mère, désigne une autre loi. Quand la situation se produit faut-il faire
jouer le renvoi ?
Les commentateurs ont dit qu'il fallait faire jouer le renvoi pour remédier à la
désignation de la loi de la mère. Cet argument montre que l'application du renvoi a
191
pour effet de déjouer la volonté du législateur. Si on veut respecter sa volonté, il faut
donc refuser de faire jouer le renvoi. C'est ce qu'on fait les 1ères décisions : 3 arrêts
de la Cour de Paris. Ces arrêts ont déclaré que l'article 311-14 ne laisse pas à la loi
personnelle de la mère la faculté de désigner les règles de conflit applicables à la
filiation mais contient une désignation directe et impérative de la loi applicable.
Deux observations sur ceci : Tout d'abord si on lit attentivement ce motif cela vaut en
toute matière. Donc si on généralise cela, ça exclut le renvoi en toute matière ! Enfin
il aurait été très simple pour le législateur d'éviter cette interrogation. Ajouter un mot :
appliquer la loi interne de l'état dont la mère a la nationalité.
Les commentateurs ne sont pas favorables à cela car en entrant l'éventail des
rattachements le législateur a suffisamment marqué la limite des lois que l'on peut
raisonnablement prendre en considération. Donc les auteurs ont estimé qu'il n'y avait
pas lieu de faire jouer le renvoi. Néanmoins, une décision a appliqué le renvoi dans
le cas de l’article 311-17 (reconnaissance d'enfant naturel).
2. Le conflit mobile
192
loi personnelle de l'enfant avait permis à l'enfant de se placer au moment le plus
favorable pour lui. Autrement dit, si l'enfant avait une nationalité X à la naissance,
acquérait une nationalité Y plus tard, la Jurisprudence l'autorisait à invoqué la loi la
plus favorable. La loi de 72 a commis donc une erreur en fixant la situation au jour
de la naissance. Si la mère changeait de nationalité et si sa nouvelle loi est plus
favorable, c'est quand même la loi antérieure qu'il faudra appliquer.
Dans ce cas la cour a admis le recours à l'ordre public pour écarter la loi de la mère
au jour de la naissance.
b. L’article 311-16
2ème problème : c'est une autre forme de droit transitoire qui résulte non pas d'un
changement de rattachement de la situation mais d'une modification de la loi interne
désignée par la règle de conflit. Par exemple, la règle de conflit désigne la loi
française et la loi française a changé en 72. Avec le texte de l’article 311-16 qui
impose de se placer au jour du mariage, on doit prendre la loi désignée telle qu'elle
était au jour du mariage. Si cette loi interne a été modifiée depuis dans un sens plus
favorable à la légitimation on se trouve ici bloqué par la lettre de l’article 311-16.
c. L’article 311-15.
193
Dialectique permanente entre désignation de la loi applicable et domaine
de la loi applicable.
1. La preuve de la filiation.
Si je cherche à établir une filiation selon une loi étrangère, ce que je vais avoir à
prouver c'est ce qu'exige la loi étrangère pour l'établissement de la filiation. La
question de preuve est absorbée par la loi de la filiation. De même pour la charge de
la preuve. En principe la charge de la preuve incombe au demandeur. Si on prend la
présomption de paternité du mari, elle n'a rien à voir avec le fait que le mari soit
demandeur ou défendeur à l'action. La présomption de paternité du mari n'est pas
une question procédurale, c'est une question de fond.
Il y a donc attraction des questions de preuve par la loi applicable aux questions de
fond.
Mais quand la filiation est établie par reconnaissance, on peut quand même hésiter
entre la loi du fond et la loi du lieu où l'acte a été passé. Ainsi la loi française exige
pour la validité d'une reconnaissance qu'elle ait lieu par acte authentique. L'attraction
de la loi du fond voudrait qu'on exige un acte authentique même si la loi étrangère ne
l'exige pas. On s'expose à tenir pour invalide une reconnaissance qui a été effectué à
l'étranger. Voilà pourquoi il ne faut pas écarter la loi locale et admettre une
transposition à l'acte étranger.
194
Ex : le délai pour une action en désaveu, le délai pour une action en
recherche de paternité. Cela fait appel à la procédure. Qui dit procédure dit en
principe loi du for. Seulement on sait que dans cette matière les délais brefs ou très
longs, sont très étroitement liés à la politique législative de fond. Un délai bref signifie
une hostilité à l'action. Une action imprescriptible signifie qu'on tient à la vérité. La
conclusion s'impose qu'en matière de filiation, les délais tendant à être absorbés par
la loi applicable au fond. Non seulement la durée du délai, son caractère (préfixe ou
de prescription) et les circonstances qui sont susceptibles d'allonger le cours du
délai. Tout ceci est sous réserve d'une intervention de l'ordre public.
D. L'ordre public.
1. La filiation légitime.
S'agissant du désaveu par le mari, seul serait contraire à l’Ordre Public une loi qui
permet de désavouer sans preuve suffisante de la non paternité ou sans procédure
non contradictoire. Une loi plus stricte que la loi française peut être respectée sauf si
elle interdit tout désaveu ou bien qu'elle écarte le désaveu dans les cas où la
195
paternité parait impossible. C'est ce qui a été jugé à propos d'une loi étrangère qui
maintenait la présomption de paternité alors que le mari était séparé de la mère à
l'époque de la conception.
2. La filiation naturelle.
Après 1972 : sans attendre que la loi interne abroge les cas d'ouverture de l'action,
la cour de cassation avait admis qu'une loi étrangère qui ne prévoyait pas ce type de
filtre, n'était pas contraire à l’Ordre Public à condition cependant que la loi étrangère
présente des garanties quant au respect de la vérité biologique et qu'elle permette au
défendeur d'assurer sa défense.
En ce qui concerne les lois plus strictes que la loi française qui sont beaucoup plus
nombreuses, est maintenant déclarée contraire à l’Ordre Public français une loi qui
interdit la légitimation des enfants adultérins. Mais toute loi étrangère plus stricte
n'est pas nécessairement déclarée contraire à l’Ordre Public. La cour de cassation a
formulé une doctrine de manière claire dans un arrêt du 3 novembre 1988. La cour
dit que « les lois étrangères qui prohibent l'établissement de la filiation naturelle ne
sont en principe pas contraires à la conception française de l'ordre public
196
international dont la seule exigence est d'assurer à l'enfant les subsides qui lui sont
nécessaires » On note l'évocation de l'action d'état et l'action alimentaire. L'action
d'état qui n'est pas ouverte par la loi étrangère n'est pas contraire à l’Ordre Public, ce
qui l'est en revanche c'est l'empêchement de l'action alimentaire.
Dans l'arrêt du février 1993 la cour de cassation a introduit un point important dans
le principe. La cour de cassation réitère son affirmation mais ajoute qu'il en est
autrement lorsque ces lois ont pour effets de priver un enfant français ou résident
habituellement en France du droit d'établir sa filiation. C'est une restriction importante
dès lors que l'enfant est français ou qu'il réside en France. Notons qu'on a ici un
parfait exemple de la notion d'op de proximité. L'exception d'op s'oppose à
l'application de la loi normalement compétente selon la règle de conflit car cette loi
présente quelque chose de choquant dans le sentiment commun. Depuis une 20aine
d'années, cette appréciation de l’Ordre Public ne se fait plus de manière absolue.
Dans l'appréciation de l’Ordre Public intervient le lien plus ou moins étroit de la
situation avec la France. La même loi étrangère n'est pas déclarée absolument
contraire à l’Ordre Public français. C'est une notion plus fonctionnelle.
197
Sur la question des délais : La politique législative hostile s'est traduite par un délai
de 2 ans à compter de la naissance de l'enfant. Sur ce point, on n'a pas opposé
l’Ordre Public aux lois étrangères prévoyant des délais plus longs.
Les règles de conflit de 72 ont soulevé une interrogation de taille car ces
règles ne visent que l'établissement de la filiation. D'où la question de la
détermination de la loi applicable aux effets. Aujourd'hui des questions très
importantes relevant des effets de la filiation (responsabilité parentale et obligation
alim) relèvent des conventions internationales.
Art 311-14 : si on le suit à la lettre pour les effets de la filiation, la situation serait
figée au jour de la naissance nonobstant le changement de loi personnelle de la
mère.
198
Cela dit ce débat n'est vraiment plus critique quand on voit les questions qui relèvent
de la filiation.
1. La responsabilité parentale.
a. La loi applicable.
Du fait que la convention porte sur les obligations alimentaires, cette question est
détachée du statut personnel, ici de la filiation.
La convention dit que les décisions rendues selon la cour désignée ne préjugent pas
de l'existence d'une relation de famille. Ce qui soulève le problème de la question
préalable (déjà vu).
DIVORCE INTERNATIONAL ET LA
SÉPARATION DU CORPS
200
Le divorce a toujours soulevé des problèmes dans l'ordre international. Cela
est dû à la grande diversité des législations. Donc les causes de divorce pouvaient
être très variables d'un pays à l'autre et jusqu'à il y a 30 ans, le principe même du
divorce était refusé par des législations comme l'Espagne et l'Italie.
Ces écarts de législation sont fortement atténués. Le divorce a été introduit dans la
plupart des pays. Chaque pays européens ayant réformé le divorce en s'inspirant les
uns des autres, les législations se sont rapprochées. Simultanément d'autres conflits
sont apparus du fait du contact fréquent avec les droits musulmans et la pratique de
la répudiation.
Les conflits peuvent s'élever quant aux causes du divorce, à la procédure et ses
effets.
Le divorce est lié au mariage, c'est donc une question de statut personnel.
Ceci a donc été soumis en France à la loi nationale. Le principe ne soulève pas de
problème quand les époux sont de même nationalité et donc la règle a été appliquée
d'innombrables fois entre époux français et sous sa forme bilatérale entre époux
étrangers de même nationalité.
Cette application n'a pas été sans faille lorsque les époux sont domiciliés en France
et qu'ils s'abstenaient d'invoquer leur loi nationale commune. C'est ici l'arrêt BISBAL
dans lequel il s'agissait de deux époux espagnols dans les années 50. Le divorce a
été prononcé selon la loi Française car aucun des deux époux n'a rappelé sa
nationalité.
201
Par la loi du 11 juillet 1975, a été introduite une disposition relative au conflit de
lois : l’article 310. « Le divorce et la séparation de corps sont régis par la loi
française :
· Lorsque les époux ont l'un et l'autre leur domicile sur le territoire français ;
L’article 310 consacre ici une méthode unilatéraliste. Le texte fixe le champ
d'application de la loi Française et d'elle seule. Certes l’article 3 al3 du Code civil
qui pose la règle de principe en matière de statut personnel se présente de la même
manière. Mais l’article 3 al3 a été bilatéralisé. C'est à dire qu'il se lit aujourd'hui
ainsi : « l'état et la capacité des personnes sont régis par leur loi nationale. »
Pour revenir à l’article 310 du Code civil, on constate qu'il n'est pas possible de
faire de même. Ne peut-on pas dire que le divorce est régi par la loi nationale
commune des époux ? Non car le deuxième point dit « Le divorce et la séparation de
corps sont régis par la loi française lorsque les époux ont l'un et l'autre leur domicile
sur le territoire français ». Donc si deux époux brésiliens résident en France on ne
peut leur appliquer la loi nationale commune.
Ceci est confirmé par la disposition du 3 ème point : dès lors que la loi française n'est
pas applicable en vertu des deux 1ers, le législateur s'en désintéresse, on applique
la loi étrangère qui se veut applicable et c'est seulement si aucune loi étrangère ne
se veut applicable qu'on appliquera la loi française.
202
L’article 310s'adresse au 1er au juge Français directement saisi d'une action
en divorce. On se demandera dans quelle mesure il faut tenir compte de l’article 310
quand il s'agit non pas de prononcer un divorce en France mais de reconnaître un
divorce prononcé à l'étranger.
Situation simple : la loi française s'applique où que soit domiciliés les époux.
Sur ce point l’article 310 ne fait que reprendre la solution traditionnelle qui découlait
de l’article 3 du code civil.
La loi française est applicable sans égard à leur nationalité. Avant la loi
française ne s'appliquait au titre de loi du domicile que si les époux étaient de
nationalité différente. Aujourd’hui, même si les époux sont de même nationalité
commune étrangère, c'est la loi française qui s'applique si le domicile (commun ou
séparé) est situé en France.
Cette innovation a été introduite sans débat parlementaire. Cela soulevé pas mal de
critiques. La France est un pays d'immigration. Donc maintenir l'application de la loi
nationale commune s'est s'exposer à l'application fréquente des lois étrangères les
plus diverses avec les difficultés qui cela représente pour les tribunaux. Egalement,
dans la mesure où ces immigrés sont désireux de s'intégrer dans le milieu social
Français, il est préférable de leur appliquer la loi française plutôt que de maintenir
l'application de leur loi d'origine. Inversement on peut faire observer que la situation
matérielle des immigrés n'a plus rien à voir avec les anciens immigrés. Ceux-là
étaient souvent en France sans esprit de retour. Or Aujourd’hui, beaucoup
d'immigrés conservent des liens étroits avec leur pays d'origine. On constate qu'il
n'est pas rare que des époux étrangers de même nationalité domiciliés en France
aillent divorcer dans leur pays. Cela montre la volonté de relever de leur loi nationale
plutôt que de la loi Française.
Dans le cas du Maroc, après la loi de 1975, ce pays a obtenu la conclusion d'une
convention avec la France qui rétabli la compétence de la loi nationale dans les
rapports entre les deux pays = Convention du 10 août 1981, art 9.
203
La réalité c'est qu'en matière de divorce, aussi bien la loi nationale que la loi du
domicile ont un titre fort à s'appliquer. Il est donc dur de choisir une règle bilatérale
exclusive. Dans le cas de la France, s'ajoute le fait que le France est devenue
largement un pays d'immigration mais c'est simultanément un pays qui compte de
nombreux nationaux à l'étranger et des nationaux qui ne se considèrent pas comme
des immigrants. Le résultat c'est qu'on aboutit à cette disposition déséquilibrée.
Les époux ne sont ni tous deux français, ni tous deux domiciliés en France,
néanmoins, un tribunal français est compétent et dans ce cas la loi Française ne
s'applique que si aucune loi étrangère ne se reconnaît compétente. C'est une
application subsidiaire.
Dans quels cas les tribunaux français sont compétents ? : C’est par transposition des
règles internes de compétences, lesquelles en matière de divorce sont celles de
l’article 1070 du NCPC : Le tribunal du lieu de résidence de la famille, défaut le
tribunal du lieu de la résidence de l'époux avec lequel vivent les enfants mineurs, à
défaut le tribunal du lieu du défendeur.
La loi Française ne s'applique qu'à titre subsidiaire : ex, le mari est Français, la
femme est allemande, les époux sont domiciliés en Allemagne. La loi française ne se
veut pas applicable. On consulte la règle de conflit allemande. Elle désigne à défaut
de loi nationale commune, la loi du domicile commun. Donc la loi allemande se
reconnaît compétence et si le mari français a saisi le tribunal français en vertu de
l’article 14, la loi française sera déclarée compétente.
Art 14 : « L'étranger, même non résidant en France, pourra être cité devant les
tribunaux français, pour l'exécution des obligations par lui contractées en France
avec un Français ; il pourra être traduit devant les tribunaux français, pour les
obligations contractées en pays étranger envers des français. »
204
Les droits de Common Law dans leur ensemble ne considèrent pas le divorce
comme un objet de conflit de lois. Dans ces systèmes, le juge en matière de divorce
n'applique que sa loi. Ne se pose que la question de savoir s'il y a un élément
international, si le juge saisi est compétent ou non. Les juridictions françaises sont
mal à l'aise avec ce système car il n'y a pas de règle de conflit, que des règles de
compétence juridictionnelle.
2ème cas : une fois déterminé les lois étrangères à consulter, une fois déterminé leur
règle de conflit, il se peut que deux lois étrangères se reconnaissent l'une et l'autre
compétence. C'est l'hypothèse du cumul de lois applicables. C'est fort plausible car
en matière de divorce il est tout aussi raisonnable de déclarer applicable la loi
nationale que la loi du domicile.
3ème cas : Parmi les hypothèses relevant de ce cas figurent celle selon laquelle un
des conjoints est de nationalité française sans que les époux soient domiciliés en
France. Avant l’article 310, si les époux étaient domiciliés tous les deux à l'étranger,
dans un même pays, on appliquait la loi du domicile commun. Par l'effet de la loi du
domicile commun, l'époux français pouvait se trouver privé de la possibilité de
demander le divorce et certaines décisions ont jugé en ce sens. Mais l'époux
français, prisonnier du mariage, pouvait, en revenant s'installer en France, demander
et obtenir le divorce selon la loi Française. Pourquoi ? Car l'arrêt RIVIÈRE n'était plus
applicable. L'arrêt TARWID s'applique : On appliquait la loi du for régulièrement saisi
du divorce
Dans le droit antérieur, il y avait toujours la possibilité d'obtenir le divorce selon la loi
française
Sous l'empire de l’article 310 cette faculté disparaît pour peu qu'une loi étrangère se
reconnaisse compétence.
Il n'a pas fallu longtemps pour que la question soit soumise aux tribunaux s'agissant
des femmes françaises mariées à des espagnols à une époque où la loi espagnole
ne reconnaissait pas le divorce.
205
Le TI de Paris en 1977 a rusé avec l’article 310 en déclarant que la situation n'était
pas envisagée par l’article 310 et appliquait la loi française au titre de l’article 3 al3
du Code civil. C'était jouer avec les mots car l’article 310 a réglé tous les cas de
divorce.
Dans un arrêt de 1981, la cour de cassation, dans la même situation a affirmé que la
situation relevait de l’article 310 du Code civil.
Commentaires : c'est un OP circonstancié. Il n'est pas dit qu'une loi étrangère qui ne
permet pas le divorce est dans tous les cas contraire à l’Ordre Public français. C'est
une proposition qualifiée. La contrariété à l’Ordre Public français résulte de ce que
cette loi atteindrait un français domicilié en France. C'est une manifestation de
l’Ordre Public de proximité. On ne prononce par une condamnation en général de la
loi étrangère, on fait jouer l’Ordre Public en tenant compte de l'intensité des
rattachements avec l’Ordre Public français.
On en est arrivé là pour corriger les effets d'une règle de conflit française pas très
bien conçue.
Selon le 1er cas visé par l’article 310, si les deux époux sont de nationalité française,
le juge étranger devra appliquer la loi française au divorce. En fait il n'est pas rare
que des époux français établis à l'étranger s'épargnent les frais d'un divorce en
France et aille à l'étranger pour que le divorce soit prononcé conformément à la loi
française. Dans ce cas on ne va pas refuser de reconnaître le divorce. La
Jurisprudence a fait appel à l'idée d'équivalence entre la cause de divorce admise à
l'étranger et une cause admise par la loi française. Ce qui fait preuve d'une grande
tolérance à l'époque où le droit français du divorce était très restrictif.
Depuis 1975, le droit français étant devenu plus libéral, il y a plus de chance pour
qu'il y ait des équivalences entre le droit français et le droit étranger.
Les cas des époux tous deux domiciliés en France et ils ont obtenus un divorce à
l'étranger. Le fait est qu'ils ont obtenu le divorce du fait qu'ils sont tous les deux de
206
nationalité française. Si on appliquait l'arrêt MUNZER, il faudrait repousser ce
divorce, ce n'est pas réaliste. Pourquoi reprocher à des époux de même nationalité
d'avoir divorcer dans leur état national ?
Si la loi française n'était pas applicable (3ème cas), va t on transposer l’article 310 ?
Ce n'est pas l'esprit de l'article. Le juge étranger a prononcé un divorce et il l'a fait
selon une loi qui se reconnaissait compétente. En définitif, même si théoriquement
l’article 310 a vocation à être invoqué en cas de reconnaissance d'un divorce
prononcé à l'étranger, il y a peu de chance pour que le divorce ne soit pas reconnu
sur ce terrain.
Ce qui est concevable, c'est une fraude à une loi étrangère commise par des époux
qui voulant échapper à une loi plus contraignante argueraient d'un nouveau domicile
en France.
De deux choses l'une, ou bien on constate que les époux ont acquis un domicile
stable en France, donc il n'y a pas de raison de ne pas appliquer la loi française. Ou
bien on estime que le domicile allégué n'a pas une consistance suffisante, le tribunal
se déclarera incompétent ou n'appliquera pas la loi française.
Le mari se rend en Algérie ou Maroc et répudie son épouse. Il oppose donc à l'action
ouverte une fin de non-recevoir tirée de la dissolution du mariage. Ceci soulève la
question de la conformité à l’Ordre Public de la répudiation.
207
Indépendamment de cette question, la décision étrangère invoquée par le mari a
assez souvent été écartée pour le motif de fraude. On ajoute qu'il n'y a pas de lien de
rattachement suffisant entre l'autorité qui a prononcé le divorce et les époux. On est
en présence d'un forum shopping. C'est une action qui consiste à se rendre devant
un tribunal pour obtenir une décision qu'on ne peut pas obtenir chez soi. Plus
précisément, on a parlé de fraude à la compétence ou de fraude au jugement. Ces
expressions font ressortir qu'on est allé chercher un jugement qu'on n'aurait pas pu
normalement obtenir. Ce qui semble gênant c'est d'affirmer qu'il n'y a pas de lien
entre l'autorité et la situation. Comment peut-on dire qu'une autorité marocaine est
dénuée de lien avec le mariage entre deux marocains et que la loi marocaine n'a pas
de lien avec les époux ? En outre avec la convention marocaine de 1981, la loi
marocaine est reconnue applicable dans les relations franco marocaines, entre
époux tous deux marocains domiciliés en France. En définitif, si la question c'était
posée devant les tribunaux français, ils auraient refusé d'entériner la répudiation au
nom de l'ordre public. Par conséquent lorsque le mari dans ces conditions se rend
dans le pays d'origine des époux pour procéder rapidement à une répudiation on
estime que c'est une fraude à l’Ordre Public.
2. L'ordre public.
Qu'en est-il de l’Ordre Public français actuellement en matière de divorce ?Il faut
distinguer selon que la loi étrangère est plus permissive que la loi française ou bien
qu'elle est plus restrictive.
Aujourd’hui le droit français du divorce a été libéralisé à tel point que les lois plus
permissives sont plus rares. La question se pose tous les jours à propos de la
208
répudiation islamique. La répudiation met en question la conception du mariage mais
aussi et surtout le statut de la femme car la répudiation n'est ouverte qu'au mari. La
répudiation permet de mettre fin unilatéralement au mariage sans avoir à justifier, de
manière discrétionnaire. Ceci heurte complètement le sentiment élémentaire d'égalité
qui doit régner entre les époux au sein du mariage. Il est donc exclu qu'un tribunal
français prononce ou entérine une répudiation selon une loi étrangère. Ce qui pose
problème c'est la question des répudiations prononcée à l'étranger et dont on
demande la reconnaissance en France.
Pour la répudiation unilatérale : toutes n'ont pas été repoussées comme contraire à
l’Ordre Public. Mais la Jurisprudence est hésitante. Certaines décisions ont pris pour
critère la possibilité pour la femme de faire valoir ses moyens de défense. Ce qui est,
de l'avis des commentateurs autorisés, une perception erronée de la répudiation. La
répudiation n'est pas un combat judiciaire entre les époux à armes égales.
D'autres décisions ont admis de reconnaître la répudiation dès lors que la femme
avait reçu une compensation pécuniaire. Ce n'est pas un bon critère. Quand on
regarde le montant de la compensation (3000 FRF) on remarque que ce n'est pas
équitable, cela est même dérisoire.
209
Autre arrêt mais de la CA de Paris, non moins remarqué, du 13 décembre 2001
dans laquelle la CA réaffirme la contrariété à l’Ordre Public de la répudiation
unilatérale.
L'explication se trouve dans le fait que de par la forme des décisions françaises on
ne peut pas très bien apprécier et comparer les situations sous-jacentes d'un arrêt à
l'autre or il peut arriver qu'une motivation soit utilisée pour rendre une solution
d'équité. Ex : l'un de ces 1ers arrêts dans les années 80 qui a accepté de
reconnaître une répudiation, quand on regarde bien la décision on voit que c'était le
mari qui après avoir répudié sa femme, invoquait en France l'irrégularité de la
dissolution du mariage. On comprend donc pour les juges l'ont empêché de parvenir
à ses fins.
Dans un cas seulement l’Ordre Public est intervenu dans des circonstances
particulières. Affaire PATINO : le mari était bolivien, la femme était espagnole, et par
la combinaison du droit espagnol et du droit bolivien ne pouvait être prononcé ni le
divorce prévu par la loi bolivienne ni la séparation de corps prévu par la loi
espagnole. La cour de cassation a admis que là l’Ordre Public s'opposait à cette
situation dans laquelle aucun remède n'était proposé aux époux, il a donc été admis
la séparation de corps selon la loi française.
210
français. La cour de cassation a dit que n'était pas contraire à l’Ordre Public une loi
étrangère qui ne connaît que le divorce ou que la séparation de corps. Ceci a été
jugé à propos de la loi tunisienne ne connaissant que le divorce et pas la séparation
de corps. La loi esp ne connaissant que la séparation de corps et pas le divorce alors
même qu'un époux français était en cause mais la cour de cassation a
ultérieurement jugé que la conception française actuelle de l’Ordre Public impose la
faculté pour un français domicile en France de demander le divorce = arrêt de 1981.
Ainsi une loi permettant de prononcer le divorce pour adultère de la femme mais qui
ne permet pas à la femme d'invoquer l'adultère du mari est une restriction contraire à
l’Ordre Public, au principe d'égalité entre les sexes.
Mais aussi, même si le divorce donne lieu à une procédure, c'est en général une
procédure qui est liée au fait qu'il s'agit d'un divorce et non une procédure de droit
commun. C'est pourquoi la loi du for risque d'être battue en brèche par la loi du fond.
211
estimé que les tribunaux français n'étaient pas compétents pour prononcer le divorce
de deux juifs russes dès lors que leur loi personnelle exigeait l'intervention d'un
rabbin. On voit qu'on soumettait même la forme du divorce à la loi personnelle (Arrêt
LEVINÇON). A l'époque il fallait appliquer autant que possible la loi personnelle.
Cette conception est Aujourd’hui abandonnée. Le personnalisme a reflué et le droit
français n'a jamais admis que soit prononcé en France des divorces par d'autres
autorités que des tribunaux. Du reste on ne pouvait pas maintenir la position de
l'arrêt LEVINÇON car on pouvait aboutir à un déni de justice. Le droit Français
n'admettant pas la validité de mariages religieux si la loi personnelle étrangère qui
était religieuse ne reconnaissait pas le mariage civil français, il fallait bien que les
tribunaux français acceptent le cas échéant de divorcer les époux.
Pourquoi ne pas admettre en France que soient prononcés des divorces religieux ou
coutumiers ? Raison : le contrôle que souhaite exercer l'autorité publique sur la
dissolution des mariages. On peut faire le parallèle avec la célébration du mariage.
S'agissant de la dissolution d'un mariage par divorce, il est bon que l'autorité pub
s'assure des conditions dans lesquelles le divorce est rendu d'autant plus que le
divorce implique souvent des enfants. Il est donc normal que l'autorité pub prenne les
décisions sur les conséquences du divorce.
En définitive, le caractère facultatif de la règle locus regit actum n'a jamais été admis
en matière de divorce. Quelle que soit la nationalité des époux, on refusera de
reconnaître des divorces consulaires, religieux et a fortiori des divorces privés qui
auraient été prononcés en France. Ex de Jurisprudence : un acte de répudiation
dressé à la mosquée de paris, un autre dressé au consulat général du Maroc à Paris.
Il y a aussi l'affaire ZAGHA : les époux de nationalité syrienne avaient procédé à un
mariage religieux en Italie. Puis le mari avait contracté un second mariage en Israël
et la 2ème épouse tentait de faire dire que le 1 er mariage était sans valeur. La seconde
épouse invoquait aussi le divorce prononcé par un tribunal rabbinique de Paris. Cet
argument n'a pas eu de chance : un divorce religieux prononcé en France ne peut
pas avoir d'effets civils. Réciproquement, la compétence de la loi locale est reconnue
pour les divorces prononcés à l'étranger. Donc toute forme non judiciaire peut être
reconnue pourvue qu'elle soit admise par la loi locale sous la seule réserve de l'ordre
public. Ainsi des répudiations devant témoins selon la loi mosaïque, des répudiations
devant notaires ou encore une déclaration conjointe des époux devant un officier de
l'état civil.
212
matière de preuve, avant la réforme de 1975 il a été jugé que la preuve par aveu d'un
époux qui avait été admise par un tribunal étranger se heurtait à la prohibition du
divorce par consentement mutuel.
Un divorce avait été prononcé à l'étranger entre deux époux français à une époque
où le droit français n'admettait que le divorce pour faute. Le tribunal étranger avait
admis la faute des époux sur aveu. La cour de cassation a donc refusé de
reconnaître la compétence du for étranger sur la question de la preuve.
Cette question a aujourd'hui un champ d'application réduit du fait que l’article 310 ne
laisse qu'une place résiduelle aux lois résiduelles.
Sur la garde des enfants c'est la convention de 1961 qui résout le problème.
A. La loi applicable
La loi qui régit les causes de divorce (en amont) en vertu de l'idée de respect
des ensembles législatifs semble avoir le plus le titre à régir les effets du divorce. Elle
en a plus que la loi de procédure. Dans la mesure où c'est une autre loi qui
s'appliquait aux causes du divorce, l'homogénéité veut qu'on applique la loi des
causes du divorce.
213
Une autre loi qui pourrait s'appliquer est la loi personnelle des époux : on est dans la
matière du statut personnel donc il s'agit de régir ici les effets d'un divorce entre deux
personnes, on pourrait penser appliquer la loi personnelle des époux. Mais il s'agira
dans ce cas des effets concernant les deux époux et leurs enfants. Appliquer la loi
personnelle c'est s'exposer à des lois différentes si les époux sont de nationalité
différente.
On va donc appliquer en principe la loi qui a régit les causes. Donc ces effets
ce sont la rupture du lien dans le cas du divorce, le relâchement du lien dans le cas
de la séparation de corps.
Dans le cas où l'on désigne la loi personnelle d'un époux, l’Ordre Public peut
intervenir à l'encontre de cette loi. Par ex il y a eu des lois qui édictaient des
restrictions au remariage du conjoint divorcé à titre de sanction lorsque le divorce
était prononcé à ses torts (cas du droit Suisse auparavant). L’ORDRE PUBLIC a été
opposée à ces dispositions dans la mesure où elles sont devenues anachroniques.
Autre cas : dans le cadre du droit mosaïque. Une institution particulière de ce droit
qui interdit le remariage de la femme si le mari de lui n'a pas délivrer un acte qui
porte le nom de gueth. Les tribunaux ne tiennent pas compte de cet empêchement et
condamnent éventuellement le mari récalcitrant à verser des dommages et intérêts à
la femme.
S'agissant du nom : cette question est à la charnière des effets individuels du divorce
et de ses effets mutuels. Cela ne soulève pas de problème si le divorce est régi par
la loi personnelle commune des époux. Lorsque le divorce est soumis à une autre loi
comme la loi du domicile on considère que c'est la loi du divorce qui doit l'emporter.
214
Mais aussi dans le cas où les tribunaux sont amenés à prononcer le divorce selon
une loi étrangère on peut aussi envisager une loi d'application immédiate de l’article
264 alinéa 3 du Code civ : possibilité pour la femme de conserver l'usage du nom
de son mari avec l'autorisation du juge.
¨ L'attribution de la garde.
C'est une question qu'on a déjà traité en étudiant les mesures de protection
des incapables.
215
Avant d'en arriver là il faut préciser que la question de la garde ne se pose pas qu'au
moment du divorce. Bien sûr une décision va être prise au moment du divorce mais
la question peut se poser également après le divorce car la situation n'est pas figée.
Il peut y avoir un changement dans la situation respective des parents et des enfants
et un déplacement des rattachements pertinents comme la résidence habituelle de
l'enfant.
Dans tous les cas c'est toujours la convention de 1961 qui s'applique. En cas de
déplacement licite de la résidence habituelle de l'enfant, on pourra toujours solliciter
des mesures nouvelles de la part des autorités de la nouvelle résidence habituelle ou
même des autorités de l'état national.
Il faudra tenir compte de la convention de 1996 dans un futur proche. Il ne faut pas
oublier l’article 10 : on n'écarte pas toute possibilité pour le for du divorce de statuer
sur la garde de l'enfant.
Il faut rappeler que la compétence du for du divorce va cesser dès que le divorce a
été rendu. Par conséquent, si de nouvelles mesures sont demandées, elles le seront
selon les règles de compétences normales c'est à dire devant les autorités de la
résidence habituelle de l'enfant.
Sur le règlement du 27 novembre 2003 : Dans les relations entre les états membre
de l'UE, ce règlement primera sur la convention de La Haye de 1996.
216
Ce problème ne peut être résolu que par des conventions. Il y a des conventions
classiques qui sont inefficaces. Il y en a une qui est efficace et originale car elle
organise une vraie coopération entre les états.
L'articulation entre ces deux conventions posent des problèmes car il existe dans les
deux des motifs de non reconnaissance des décisions or ces motifs ne sont pas les
mêmes.
Beaucoup plus efficace est la convention de La Haye du 25 octobre 1980 sur les
aspects civils de l'enlèvement international d'enfant.
Cette convention est ouverte aux états non membres des états membres de la
conférence de La Haye. Elle est appliquée par 70 états. Mais sont absents de cette
liste eux avec lesquels les problèmes sont les plus aigus.
La situation visée est la suivante : un droit de garde a été reconnu à une personne
ou à une institution selon le droit de l'état où l'enfant a sa résidence habituelle. Ce
droit peut résulter d'une décision judiciaire ou administrative mais aussi de la loi.
Conséquence : le droit de garde doit être effectivement exercé. Enfin l'enfant a été
déplacé ou bien il est retenu de manière illicite c'est à dire en violation de ce droit de
garde.
Quels sont les moyens mis en œuvre ? L'aspect essentiel est la mise en place dans
chaque état d'une autorité centrale qui est chargée de coopérer de la manière la plus
large avec les autres états en vue de satisfaire aux obligations de la convention. La
1ère de ces obligations est le retour de l'enfant dans l'état de sa résidence habituelle.
Pour cela le demandeur qui peut être une personne ou une institution saisi une
217
autorité centrale. Le demandeur peut saisir soit l'autorité centrale de son propre
pays, soit le demandeur peut saisir directement l'autorité centrale étrangère en lui
communiquant toutes les informations essentielles. Selon la convention, l'autorité
ainsi saisie doit prendre ou faire prendre toute mesure propre à assurer la remise
volontaire de l'enfant (art 10). Ces mesures consistent dans la localisation de
l'enfant, assurer sa protection immédiate s'il est en danger, communiquer les
informations au demandeur, et assurer la remise volontaire de l'enfant et son retour.
Il est précisé que l'autorité judiciaire ou administrative du pays où est l'enfant qui est
saisie par l'autorité centrale locale doit procéder d'urgence (art 11). Ici on veut dire
que dans la mesure où l'autorité centrale ne peut agir elle-même, les autorités
locales saisies doivent agir selon leurs procédures d'urgence locale.
Le retour de l'enfant doit être organisé. Aucune action tendant à statuer sur la garde
n'est possible aussi longtemps que les conditions d'application de la convention sont
réunies. Cela signifie que lorsque des décisions ont été prises en matière de garde,
ces décisions ne sont pas figées, il est possible de demander une modification. Dans
notre cas, la défense fréquence est le non entretien de l'enfant et la demande de la
modification de la garde. Mais cela est impossible. On veut bien discuter de la garde
mais il faut d'abord restituer l'enfant. C'est là qu'on touche du doigt le caractère
original de la convention qui ne concerne pas le fond du droit par rapport à la
convention de Luxembourg qui vise à conférer un droit de garde. Avec la
convention il est question de mettre fin à une voie de fait, il n'est pas question de
toucher au fond.
Ensuite, selon l’article 13, l'autorité saisie n'est pas tenue d'ordonner le retour
lorsqu'il est établi que la personne qui avait soin de l'enfant n'exerçait pas
effectivement le droit de garde ou bien a acquiescé au déplacement. Ou bien encore
lorsqu'il existe un risque grave que le retour de l'enfant ne l'expose à un danger
physique ou psychique ou de toute autre manière ne le place dans une situation
intolérable.
Enfin l'autorité saisie peut ne pas ordonner le retour si l'enfant s'oppose à son retour
alors qu'il a atteint un âge et une maturité justifiant qu'il soit tenu compte de son
opinion. On note que la convention cesse de s'appliquer lorsque l'enfant a atteint
l'âge de 16 ans
218
parent musulman est musulman. Un juge a le devoir de favoriser le maintien de
l'enfant dans la religion musulmane.
Cela dit des accords bilatéraux ont été conclu entre la France et la Maroc, la Tunisie,
l'Egypte et avec l'Algérie.
Une autre question importante est la convention entre époux en vue du divorce. Ces
conventions ont jadis été déclaré contraire à l’Ordre Public Français car il s'agit d'état
des personnes et que la conception traditionnelle dans l'état des personnes est qu'on
est dans l'impératif donc aucune place pour l'autonomie de la volonté.
La loi sur le divorce de 75 et toutes les réformes sur le droit de la famille ont toutes
été dans la direction d'un desserrement du caractère impératif pour faire une place à
la volonté autonome des personnes. S'agissant du divorce lui-même, ce type de
convention entre époux aménageant les suites du divorce est encouragé par la loi
(art 230 et 246 du code civil).
On devrait accepter une convention entre époux si elle est valable selon l'une des
lois à laquelle se rattache la situation. C'est à dire que les époux doivent pouvoir
passer une convention sur les effets patrimoniaux du divorce en désignant une loi
applicable qui tolère ce type de convention à condition bien entendu que cette loi
présente un lien significatif avec la situation.
Avant 1975, le même rattachement déterminait la loi des effets du mariage ainsi que
la loi de séparation de corps et de ses effets. Cette loi était loi du système RIVIERE
(loi nationale commune, à défaut loi du domicile commun qui s'appliquait aux effets
du mariage et à la séparation de corps). En 75 est introduite une règle de conflit de
l’article 310 propre au divorce et à la séparation de corps. Cette règle de conflit doit
être cantonnée à la séparation de corps et ne pas s'appliquer aux effets du mariage,
c'est l'avis général. De sorte qu'il peut y avoir une dissociation entre la loi des effets
du mariage et la loi de la séparation de corps. Ex : deux époux étrangers de même
nationalité domiciliés en France. En vertu de l’article 310, la loi française s'applique
à une action en séparation de corps et si elle est prononcée s'applique aux effets de
la séparation de corps. Mais les époux sont toujours mariés et si on maintient les
effets du système RIVIERE c'est la loi nationale commune qui s'applique aux effets
du mariage. Comment articuler cela ? On va dire que la loi de la séparation de corps
détermine la mesure dans laquelle les obligations des époux sont affectées. Elle
détermine aussi les circonstances qui peuvent mettre fin à la séparation. Dans le
même temps, la loi des effets du mariage déterminera en principe l'étendue des
obligations qui subsistent selon la loi applicable à la séparation du corps.
220
C'est une dichotomie subtile.
De ce qu'on vient de voir, il résulte que peut être converti en divorce en France une
séparation qui est intervenue selon une loi qui ne connaît pas le divorce mais pour
une cause (la séparation) qui est susceptible de conduire au divorce selon la loi
française qui est devenue depuis applicable.
221
Sur ces deux points le contexte a changé. Le traité de Maastricht de 92 a introduit
de nouveaux piliers communautaires. L'un de ces piliers, le 3 ème c'était la coopération
dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. A l'intérieur de l’article K
1 du traité était érigée en matière d'intérêt commun parmi d'autres la coopération
judiciaire en matière civile. Dans ce domaine comme dans d'autres (art K 3
paragraphe 2C) il est établi que le conseil établisse des conventions dont il
recommanderait l'adoption par les états membres. Ainsi a été préparée en 1997 une
convention relative à la signification et à la notification dans les états membres
des actes judiciaires et extra judiciaires en matière civile et commerciale.
3 états ne participent pas à ce titre IV, le RU, l'Irlande et le Danemark. Ces états
peuvent manifester leur volonté de se soumettre à ces mesures mais n'y sont pas
obligés.
Quelles sont ces matières ?Elles sont énumérées à l’article 65 du Traité. Dans cet
article on parle de simplifier la notification transfrontière des actes judiciaires. On
parle de coopération en matière d'obtention des preuves, de reconnaissance et
d'exécution des décisions en matière civile et commerciale et puis aussi favoriser la
compatibilité des règles applicables dans les états membres en matière de conflit de
lois et de compétence.
Le 29 mai 2000 ont été adopté 3 règlements du Conseil. Deux de ces règlements
reprennent en substance le contenu des deux projets de conventions (97 et 98). Le
règlement sur la signification des actes : n° 1348-2000.
Le but de tout ceci, c'est de rendre plus facile l'adoption et la modification de textes
que lorsque l'on procède par la voie de convention. Sur ce point on ne peut pas nier
qu'ils ont raison. L'expérience des conventions de Bruxelles et de Rome montre
222
que la négociation des conventions est longue et il en est de même pour la
ratification.
Ce qui est gênant en revanche c'est l'anonymat dans lequel ces textes sont
préparés, l'absence de travaux préparatoires et le caractère arbitraire qui se dégage
parfois des dispositions. Selon Audit, avec l’article 65, les autorités communautaires
sont prises d'une certaine frénésie : adoption de Rome II, un règlement Rome III
sur la loi applicable aux obligations délictuelles et même des dispositions unifiant
les règles de conflit en matière de divorce en matière matrimoniale.
Lorsque le for saisi du divorce aura statué néanmoins sur des questions
patrimoniales relevant du RM, cette décision bénéficiera de la reconnaissance
automatique dans les autres états membres selon la convention en ce qui concerne
223
la désunion des personnes mais sur les autres aspects, c'est le droit commun de
l'état requis (Arrêt MUNZER en France) qui s'appliquera.
Ils sont fondés sur la résidence habituelle. Mais aussi un part est faite à la
nationalité (normal puisque le divorce se relie à l'état des personnes)
La notion de domicile est très stable. La notion anglaise de domicile n'est pas fugitive
mais en fait n'est pas éloignée de notre nationalité.
224
· En cas de demande conjointe, les juridictions de la résidence habituelle de
l'un des époux.
A cela l’article 5 ajoute qu'une juridiction d'un état membre qui a rendu une décision
sur la séparation de corps est également compétente pour la convertir en divorce si
sa loi le prévoit. Quand un rattachement de l’article 3 se réalise dans la
communauté, aucune des juridictions pas désignées par l’article 3 ne peuvent être
saisies.
b. La litispendance : art 19
Le règlement offre une grande variété de for possibles. Le risque est que
chaque époux intente une action devant le for qui est le plus commode pour lui.
225
parallèlement il était nécessaire de prévoir une conception élargie de la
litispendance. D'où l'intitulé de l’article : « litispendance et action dépendante »
La juridiction qui est saisie en deuxième doit surseoir à statuer jusqu'à ce que la
compétence de la juridiction étrangère 1ère saisie soit établie. SI la compétence de la
1ère est établie, la seconde doit se dessaisir.
Mais l’article 19-3 dit que dans ce cas, l'époux qui était en demande devant la
deuxième juridiction peut porter son action devant la 1ère saisie.
Cette situation est fréquente. Etant donné la primauté donnée à la 1 ère juridiction en
date, la question des dates est cruciale. Or l'expérience de la convention de
Bruxelles a montré que les droits procéduraux nationaux divergents lorsqu'il s'agit de
définir le moment auquel une juridiction est saisie. L’article 16 formule une règle
commune et donne une définition communautaire de la date à laquelle une juridiction
est réputée saisie.
Le modèle traditionnel du divorce judiciaire n'est pas exclusif des états membres de
la communauté.
226
En droit commun quand on parle de l'effet des jugements étrangers, on
distingue la reconnaissance des jugements et l'exécution. La distinction : la
reconnaissance peut s'opérer de plein droit (sans qu'une décision française doit
nécessaire), en revanche il faut passer par un exequatur quand la décision étrangère
donne lieu à coercition sur les personnes ou exécutions sur les biens. Ainsi dans le
règlement 2003 pour tout ce qui concerne la garde des enfants, une procédure
d'exécution nécessaire est prévue mais en ce qui concerne la désunion des époux, il
n'est pas besoin d'exécution, une simple reconnaissance suffit puisque le règlement
ne traite pas des conséquences patrimoniales du divorce. Cette reconnaissance
opère de plein droit dans les états membres et le règlement donne une précisions
importante : aucune procédure n'est nécessaire pour la mise à jour des actes d'état
civil (art 21-2).
Malgré que la reconnaissance opère de plein droit, elle est quand même
subordonnée à certaines conditions de validité. Il y a quelques motifs exceptionnels
de non reconnaissance.
A ce sujet quand il peut exister un doute, une personne peut avoir intérêt à solliciter
une décision de reconnaissance ou du reste le conjoint peut avoir intérêt à intenter
une action en non reconnaissance (action dénégatoire).
Malgré le principe de reconnaissance de plein droit, un époux peut tenter une action
en reconnaissance ou en non reconnaissance d'un divorce prononcé à l'étranger.
S'agissant des motifs qui ne peuvent pas être soulevés : la compétence de l'autorité
saisie n'a pas à être vérifiée : art 24
Toute révision au fond est interdite = art 26. C'est un examen d'ensemble d'une
décision étrangère pour s'assurer qu'elle a été bien rendue aux yeux du juge requis.
Est exclu tout contrôle de la loi appliquée : il s'agira souvent de ménage mixte donc
conflit de lois. Donc on pourrait concevoir que le juge s'assure que le juge étranger à
appliquer les lois compétences selon les exigences du droit du juge requis.
Enfin, art 25, la reconnaissance ne peut être refusée au motif que la loi de l'état
requis ne permet pas le divorce sur la base de faits identiques. Pas possible de
repousser une reconnaissance en raison de la disparité des lois.
227
S'agissant des motifs exceptionnellement admis : Ils se rattachent tous pratiquement
à l'idée d'OP.
L'inconciliabilité avec une décision rendue dans une autre instance opposant les
parties dans l'état requis.
I. L'UNION LIBRE.
Le concubinage en France :En France le concubinage ne fait pas l'objet d'un statut.
Il a été pris en compte par le droit social et par le biais du Pacs, le concubinage a fait
l'objet d'une définition dans le Code civil dans l’article 515-8. Le concubinage est
une union de fait. Ce n'est pas une union institutionnalisée.
228
La Jurisprudence est rare mais le plus souvent c'est la loi du domicile qui
s'appliquera. Par ex, si c'est un problème de succession mobilière : on applique la loi
du domicile du défunt. Mais quand il s'agit de relations personnelles, si les concubins
sont de même nationalité, il serait envisageable d'appliquer la loi nationale commune
en tant que loi des liens les plus étroits. Pour la théorie une autre approche serait
d'élever le concubinage en catégorie de rattachement. Ça serait une qualification
retenue pour donner naissance à une règle de conflit.
Un certain nombre d'Etats, dont la France avec le PACS, ont introduit une
réglementation de l'union libre qui fait produire à certaines unions des effets
personnels et des effets patrimoniaux plus ou moins étendus. L'examen de ces
législations fait ressortir qu'elles se divisent en deux groupes.
Selon certaines législations (qu'on trouve en Europe du nord et dans des Etats
d'Amérique du nord) le partenariat organisé apparaît comme un véritable
mariage : Il est réservé aux couples homosexuels et il comporte certaines
restrictions par rapport au mariage lui-même tel que le refus de l'adoption conjointe
ou le refus de la procréation médicalement assistée (quand il s'agit de femmes
évidemment). On appliquera en principe à l'union les règles de Droit international
privé prévue pour les mariages.
229
commune. Autre aspect du Pacs Français : le pacs est résiliable unilatéralement
comme l'est un contrat à durée indéterminée. Donc on rechercherait la loi applicable
et à défaut, les liens les plus étroits.
Enfin s'il s'agit de deux étrangers, ils ne pourront conclure un pacs en France que si
leur loi personnelle prévoit une institution analogue.
Pour les cas des étrangers qui concluent un pacs en France : sont autorisés à
conclure un pacs les étrangers résidant en France : l’article 515-3 donne
compétence pour enregistrer un pacs au tribunal d'instance du lieu où les partenaires
fixent leur résidence commune. On peut lire cette disposition comme autorisant toute
personne autorisée à résider en France à souscrire un Pacs sans que l'on se heurte
à des objections tirées de leur loi personnelle. Le seul risque que prendrait ces
personnes c'est que d'abord ce pacs français ne soit pas reconnu dans leur état
national voire que ce pacs Français soit remis en cause en France même par l'un
deux ou par un tiers intéressé au motif qu'il contrevient la loi personnelle de l'un ou
des deux intéressés.
En matière de mariage il faut savoir que quand des étrangers veulent conclure un
mariage en France, l'officier doit les interroger sur leur statut personnel pour savoir
s'ils peuvent se marier selon cette loi personnelle. Ici, avec le pacs, il n'y a rien de
semblable. Le pacs a été introduit comme si la France était seule au monde…
Il semble que dans l'état actuel on enregistre sans rien demander en matière de
pacs.
230
III. LA RECONNAISSANCE DES PARTENARIATS
ÉTRANGERS.
C'est l'hypo d'une union célébrée à l'étranger et l'une des parties demande
que la France en tire les effets. Donc on regarde en présence de quoi on se trouve.
S'il s'agit d'une union qui se veut être un mariage : on refuse de reconnaître
l'union si elle implique un français car selon la loi française on ne peut se marier avec
une personne de même sexe.
Si l'union est de type Pacs et ne se veut pas être un vrai mariage : Ici la validité
de l'union produira ses effets en France sous réserve que la loi personnelle
étrangère ait permis la conclusion de ce partenariat.
LA FORMATION DU MARIAGE.
En France les fiançailles n'ont jamais eu d'effet obligatoire. Le seul effet juridique
était la possibilité d'une indemnisation en cas de rupture abusive.
231
En Droit international privé, on hésite entre qualification délictuelle pour la rupture ou
la qualification contractuelle. Les droits étrangers qui y voient un acte juridique
suivront cette qualification contractuelle sauf à y voir un acte personnel.
Quand on en dans le cas de bi nationalités, devant une autorité d'un état dont
un des intéressés à la nationalité de cet état : Dans cette hypothèse seule cette
nationalité (nationalité de l'état saisi) est prise en considération ou encore dit
autrement, un conflit de nationalités mettant en jeu la nationalité de l'autorité saisie
est toujours résolue en faveur de cette nationalité.
232
Cela signifie qu'un binational franco algérien serait considéré comme français en
France et algérien en Algérie. Quand la loi attribue la nationalité locale à un individu,
les autorités locales sont tenues d'appliquer cette loi.
Quand le conflit qui se présente devant une autorité donnée concerne deux
nationalités étrangères : par ex devant un juge français s'élève une question de
statut personnel pour un individu qui est algérien et tunisien. Le juge français va
rechercher quelle est la nationalité la plus effective.
En principe, les conditions de mariage dans une loi donnée visent l'aptitude
individuelle à contracter mariage. Voilà pourquoi on a dit que l'on appliquait
distributivement les deux lois.
233
si un personne de nationalité A souhaite épouser une personne de nationalité B dont
la loi ne connaît pas cet empêchement, la loi de A atteint l'autre personne puisque le
lien de parenté existe.
Un cas qui s'est présenté plusieurs fois au 20 ème siècle était celui des lois qui
interdisaient d'épouser une personne divorcée ou qui interdisaient d'épouser des
personnes religieuses (lois espagnoles). Ces exemples sont surannés.
Que faire quand l'empêchement bilatéral est édicté par une loi étrangère et frappe
un(e) française ?Si un français divorcé prétend épouser un espagnol : pas possible à
l'époque car la loi espagnole interdisait à une personne de se marier avec un
divorcé. L'application distributive voudrait qu'on refuse de célébrer le mariage et des
décisions anciennes ont effectivement acceptées de donner l'effet à l'empêchement
étranger (dans le cas de l'empêchement espagnol). Puis on s'est aperçu que
l'empêchement frappe d'une part un national et d'autre part heurte la politique
législative de faveur au mariage.
Il y a un conflit entre deux ordres publics (OP étranger qui énonce l'empêchement et
OP français qui ne juge pas bon d'édicter un empêchement de cette nature). L'ordre
public français n'a pas à être à la remorque d'un ordre public étranger, ce qui conduit
à passer outre un empêchement bilatéral étranger.
234
1. Le cas des lois permissives ou plus strictes.
S'agissant de l'instruction générale sur l'état civil, c'est une circulaire établit par le
Garde des Sceaux à destination des officiers de l'état civil. Cette circulaire indique
que « si les intéressés sont capables selon la loi française, et qu'ils persistent dans
leur projet de mariage, l'officier peut célébrer le mariage tout en avertissant les
intéressés que leur mariage risque de ne pas être reconnu à l'étranger. »
Maintenant si la loi étrangère est plus permissive que la loi française : sachant
qu'un grand nombre d'empêchements à mariage selon le droit international privé
français peuvent faire l'objet de dispense, sachant que tous les empêchements à
mariage du droit français ne sont pas sanctionnés par la nullité, que quelques fois la
nullité est prescrite rapidement, il semble que les lois étrangères plus permissives
que le droit français ne sont pas par principe contraires à l'ordre public.
Par exemple, l'ordre public ne s'applique pas systématiquement à une loi étrangère
autorisant le mariage à un âge plus jeune que la loi française.
Ce n'est pas qu'une question physiologique, c'est aussi une question d'aptitude à
consentir au mariage, c'est pourquoi une loi étrangère qui permettra le mariage de
trop jeunes enfants serait déclarée contraire à l'ordre public.
Une loi étrangère qui ne prévoirait pas le délai de viduité (pas de mariage dans les
300 jours de la dissolution du premier mariage), cette loi étrangère pourrait être
écartée car cet empêchement est peu contraignant alors que la confusion de
paternité est un inconvénient sérieux. On peut dire que le délai de viduité est une loi
de police.
235
Depuis 1975, il est prévu de mettre fin à ce délai par un certificat de non grossesse.
Dans la plupart des cas, il apparaît que le droit français respecte les lois françaises
les plus exigeantes mais seulement si l'empêchement est connu de la loi française et
dont les modalités seraient plus sévères.
2. Le mariage polygamique.
Ici, l'ordre public est susceptible de n'avoir qu'un effet atténué. Dans certaines
situations ou l'ordre public français s'opposerait à l'application de la loi étrangère, il
ne s'opposerait pas à la reconnaissance en France des effets de cette loi (arrêt
RIVIERE).
Affaire CHEMOUNI : Chemouni était un israélite tunisien déjà marié qui a contracté
en Tunisie un second mariage avec une femme de même statut que lui. Il s'installe
en France et abandonne la seconde épouse pour vivre avec la première. L'épouse
abandonnée fait une action en aliment. La Cour d'appel la déboute au motif qu'un
tribunal français ne peut donner effet à une union polygamique pour des raisons
d'OP. La décision est cassée en raison du fait qu'il ne s'agissait que de laisser se
dérouler les effets de l'union = effet atténué de l’Ordre Public. La Cour de cassation
condamne Chemouni a versé des aliments à la seconde épouse en 1958.
236
On a là une opposition entre l'effet de plein droit de l’Ordre Public et l'effet atténué
qui permet la reconnaissance du mariage à l'étranger.
C'est ici l'affaire BAAZIZ. Une française épouse un homme de nationalité française
mais qui à la suite de l'indépendance de l'Algérie avait acquis la nationalité
algérienne. Le mari contracte un second mariage avec une algérienne. Au décès du
mari la seconde épouse veut faire valoir des droits à une rente. Opposition de la
première femme. Il a été conclu à la validité du second mariage mais l'effet demandé
(partage de la rente) a été refusé au nom de l'ordre public.
237
critère est un peu formel. Cela suppose une capacité de réflexion au moment du
mariage qui n'existe pas toujours.
La meilleure solution semblerait être la 1 ère : faire intervenir la loi personnelle de la 1 ère
épouse. Cela peut paraître sévère pour la seconde épouse qui n'est pas sensée
connaître le 1er mariage mais on peut opposer le mariage putatif.
Le mariage obéit à la règle « locus regit actum » mais le mariage n'est pas un
simple contrat. C'est un acte qui donne naissance à un statut qui engendre des droits
et des obligations précises et qui est appelé à une longue durée. C'est pourquoi
selon la quasi-totalité des législations, le mariage n'est pas seulement un acte
consensuel. Il y a presque toujours intervention d'une autorité publique. On peut
parler de compétence de la loi et de l'autorité locale.
Pourquoi admet-on que c'est la loi du lieu de célébration qui est compétente ?
S'agissant du mariage, la loi du lieu de célébration est la plus accessible aux futurs
époux. La 2ème raison est que le mariage est un acte grave donc on peut considérer
qu'il est réservé aux autorités locales.
238
Le plus souvent c'est une forme religieuse, mais aussi une forme purement privée,
voir même une absence de forme qui existait en common law (mariage par
cohabitation).
Que faire s'il n'y a pas de publication en France ? La jurisprudence a pris pour critère
la fraude à la loi. Si les français n'ont pas procédé à la publication pour échapper à la
loi française, le mariage est nul. Si c'est une simple ignorance de leur part, le
mariage est valable.
Cette jurisprudence est mal fondée car si les intéressés se sont mariés à l'étranger
dans le but d'échapper à la loi française c'est qu'il y avait un empêchement. Il suffit
d'appliquer la sanction des conditions de fonds prévue. Si l'empêchement ne peut
plus être sanctionné car il est prescrit, c'est un contre sens d'annuler le mariage pour
défaut de publication.
En 1966, un mariage contracté 20 ans avant en Israël par un français mineur et non
autorisé. La Cour d'appel de Paris annule le mariage car la minorité était depuis
longtemps prescrite ce qui a évité un divorce à l'intéressé (en effet une nullité
l'avantageait beaucoup plus).
La bonne solution c'est de prévoir une nullité facultative laissant au juge le soin
d'apprécier s'il faut annuler ou non le mariage.
239
¨ Mariage de complaisance.
On est sur le terrain de la fraude à la loi mais c'est différent. Dans l'hypothèse
précédente, le mariage était l'objet de la fraude. Dans l'hypothèse du mariage de
complaisance, le mariage n'est pas l'objet de la fraude, c'est le moyen de la fraude
aux dispositions sur le statut des étrangers.
Le principe est que le mariage doit être annulé pour défaut d'intention matrimoniale.
La Loi du 24 août 1993a pris des mesures pour lutter contre cette pratique en
s'opposant à la célébration de mariage dont on a des raisons de douter de la
sincérité.
Cela vise aussi bien les mariages en France que les mariages célébrés à l'étranger.
[ 1ère situation : la loi française connaît un empêchement non connu par la loi
française, donc se heurte à une politique législative.
2ème hypo : empêchement connu de la loi française mais qui présente des modalités
différentes. On distingue selon que la loi étrangère est plus stricte ou permisse que la
loi française.
Nouveauté : 3ème hypo : l'absence dans la loi étrangère d'un empêchement prévu par
la loi française. C'est ici qu'il convient de faire passer la polygamie. Idem pour
l'identité de sexe. Il faut examiner cette question du point de vue de l’Ordre Public
français : il s'oppose certainement à ce que soit célébré en France un mariage homo
permis par la loi personnelle des intéressés. Qu'en est-il de la reconnaissance des
effets d'un mariage homo entre deux étrangers ? La reconnaissance est contraire à
240
l’Ordre Public Français mais il faut nuance : la reconnaissance des effets personnelle
sans doute. En revanche s'il d'agit d'effets purement patrimoniaux, il n'est pas exclu
que l’Ordre Public n'est qu'un effet atténué et que l'on accepte de tirer les
conséquences sur des biens situés en France de l'existence de cette union.
Bilan de la loi : Tout ça n'est pas très efficace car ces textes n'élargissent pas les
pouvoirs du MP et de l'officier de l'état civil. Cela a pour intérêt d'attirer l'attention sur
ces textes, rien d'autre.
La loi du 26 novembre 2003 a ajouté une disposition selon laquelle l'officier de l'état
civil ne pourra en principe publier les bancs et célébrer le mariage qu'après une
audition commune des futurs époux ou même après un entretien séparé avec
chacun d'eux s'il l'estime nécessaire.
3 dispositions sont applicables : art 146-1 qui exige dans tous les cas la
présence du conjoint français à peine de nullité.
241
existe des indices sérieux d'une méconnaissance de la loi française. Le MP dispose
d'un délai de 6 mois pour demander la nullité du mariage.
Enfin un nouvel art 190-1 prévoit l'annulation du mariage pour fraude à la loi à la
demande d'un époux de bonne foi ou du MP, demande formée dans l'année du
mariage.
242
alinéas à l’article 170 d'où il ressort que dans un certain nombre de pays désignés
par décret, les agents français célèbreront les mariages entre un français et une
étrangère. Les pays qui ont ainsi été désignés par décret sont ceux qui ignorent le
mariage civil selon la conception française (pays musulmans, pays d'extrême orient).
Mais curieusement en vertu d'une interprétation littérale, cette disposition est
considérée comme ne s'appliquant pas au mariage d'une française avec un étranger.
· Il faut que les époux aient tous les deux la nationalité de l'autorité
célébrante sauf si une convention Diplomatique étend la possibilité au-delà.
Mais dans tous les autres cas (différence de nationalité, absence de
convention Diplomatique), le mariage doit être célébré devant l'officier d'état
civil français.
Est donc absolument sans valeur le mariage célébré dans une ambassade ou
consulat étranger lorsque l'un des époux est Français.
Les autorités religieuses ne sont pas des autorités étatiques. Mais dans
certains systèmes on reconnaît un statut personnel religieux et donc à travers cela,
le mariage peut être soumis à une forme religieuse. Et puis il y a aussi des pays où
un mariage religieux se voit reconnaître un effet civil. Les époux ont les choix entre le
mariage civil ou religieux.
a. Le mariage en France.
243
Mais il y a des raisons qui militent contre cette solution :
D'abord en France il y a tout ce qui tient au principe de laïcité qui est très fort dans
l'ordre juridique français. La loi française érige en infraction pénale le fait pour un
officier du culte de célébrer un mariage qui n'a pas été précédé par un mariage civil
(art 433-21).
Pourquoi y a-t-il des conditions de forme aussi minutieuses ?Il faut vérifier
préalablement les conditions d'aptitude et de consentement des futurs époux
(s'assurer qu'ils ne sont pas déjà mariés). Pour cela il faut procéder à une publicité
préalable du mariage. Aussi il est important que soit dressé au moment du mariage
un acte qui en fasse la preuve de manière durable.
Mais la question a été soumise aux tribunaux sous une forme inversée. Un mariage
a été célébré en France en la forme civile mais la loi personnelle d'un ou des
conjoints exigeaient une célébration religieuse.
Il y a un siècle, les tribunaux ont accepté d'annuler des mariages civils célébrés en
violation de l'exigence religieuse par exemple entre juifs et russes. A l'époque en
matière de conflit de lois, la loi nationale était toute puissante. C'était en opposition
avec la conception de common law très territorialiste (on applique la loi locale).
A partir des années 20, les tribunaux se sont refusés au nom de l’Ordre Public, à
prononcer la nullité de tels mariages pour complaire à une exigence religieuse. La
motivation de l’Ordre Public a simplement cédée la place à une autre, dans l'arrêt
CARASLANIS 1995. Les faits : mariage en France d'une française et d'un grec. La
femme intente une action en divorce et le mari oppose la nullité du mariage. Nullité
car la loi grecque impose une célébration religieuse. Question tranchée en faveur de
la validité du mariage car la question civile ou religieuse du mariage est une question
de forme, par conséquent la seule loi applicable est la loi française en vertu du
principe locus regit actum. Cela cache un conflit de politiques législatives (idée de
sacralisation du mariage et principe de laïcité).
Sont donc valables les mariages civils nonobstant l'exigence par une loi étrangère
d'une célébration religieuse.
244
L'union civile célébrée en France, elle ne sera normalement pas reconnue à
l'étranger (a fortiori s'il s'agit de deux étrangers de même nationalité). La loi des
effets du mariage c'est en principe la loi nationale des époux (donc en l'espèce la loi
grecque). C'était aussi la loi qui régissait éventuellement le divorce. Mais alors les
époux risquent de se trouver dans une impasse. Un des époux ne pourra demander
le divorce dans son pays car le divorce n'y est pas reconnu. Il a fallu admettre que
quand la loi française avait permis la célébration du mariage en tant que règle de
forme, elle est quand même obligée d'assumer aussi les effets du mariage lorsque la
loi personnelle des époux ne reconnaît pas le mariage. C'est ce qui a été jugé dans
l'affaire GHATTAS. Il a été jugé que lorsque le mariage n'est valable qu'au regard du
droit français, la loi française est nécessairement compétente pour en prononcer la
dissolution.
Quand un mariage civil a été célébré ainsi en France dans une situation de type
CARASLANIS et que le mariage français vient à être déclaré nul à l'étranger, en
principe cette décision ne peut être reconnue en France parce qu'elle n'a pas
appliqué la loi considérée comme compétente dans la forme, ou qu'elle méconnaît
l’Ordre Public français. On retrouve le conflit de politiques française et étrangère.
Cette décision est significative car on voit que la Cour de cassation ne tient pas à
entériner le caractère facultatif de la règle locus regit actum.
245
III. LA SANCTION DES CONDITIONS DE
FORMATION.
Ici s'applique un principe général. La loi qui fixe les conditions de formation
d'un acte est compétente pour régir les conséquences d'une inobservation de ces
conditions. En d'autres termes si c'est la loi française qui est applicable à telle
condition du mariage c'est cette même loi qui doit régir les conséquences de l'acte.
Selon que la nullité est alléguée pour une raison de fond ou bien de forme
(méconnaissance de la loi locale) on appliquera la loi personnelle de l'époux ou la loi
du lieu de célébration.
C'est cette loi qui déterminera les personnes qui peuvent agir en nullité, les délais
pour agir, les causes d'extinction de l'action. On pourrait dire que ce sont des
questions de procédure mais on voit bien que ces questions sont étroitement liées au
fond donc c'est la loi de la condition méconnue qui va régir ces questions.
246
Cette conception a eu l'occasion d'être rejetée par un arrêt de la CA de Paris de
1996 mais dans des circonstances particulières.
En principe donc, il faut consulter la loi d'où résulte la nullité mais les tribunaux
souvent appliquent la loi française sans respecter le principe conflictuel.
Ex : deux époux ont contracté mariage. 10 ans après la nullité du mariage vient à
être invoquée pour défaut de conditions de validité du mariage. La nullité est
prononcée sur la loi personnelle méconnue. Selon cette loi personnelle on reconnaît
le bénéfice du mariage putatif. Il faut donc régler les conséquences pécuniaires du
mariage et liquider le régime mat qui a fictivement existé entre les époux Or la loi
applicable n'est pas la même que celle en vertu de laquelle la nullité est prononcée.
2ème affaire : Une polonaise et un libanais vivaient à Paris, Le mari était de statut
personnel chrétien. Le mari se converti à la religion musulmane. Ils vont à Beyrouth
et un mariage est fait sur place. Les époux reviennent à Pairs et le mari invoque la
nullité du mariage. Le mariage est effectivement déclaré nul en raison de
l'empêchement bilatéral du côté de la femme. Mais les juges reconnaissent la BF des
époux. La femme demande alors un partage de communauté selon la loi française.
Cela illustre le raisonnement qu'on voit mais il se trouve que les époux à Beyrouth
ont passé un contrat selon le droit musulman lequel ne connaît pas la communauté
de biens entre époux et si en Droit International Privé français la loi applicable au
247
régime mat c'est la loi du 1 er dom matrimonial c'est à condition qu'il n'y ait pas eu de
contrat de mariage.
C'est une question assez rare devant le Tribunal, car s'il y a un désaccord sérieux
entre les époux sur leurs droits et obligations, il y aura plutôt une action en divorce.
I. LA LOI APPLICABLE.
Du fait que le mariage déroule ses effets sur une longue période, il ne faut pas
seulement déterminer le rattachement, il faut aussi envisager les modifications
possibles (hypothèse de conflit mobile)
248
Cependant, que faire en cas de nationalité différente des époux ?Avant la femme
acquérait la nationalité de son mari, donc il n'y avait pas de difficulté à appliquer la loi
nationale.
Arrêt FERRARI de 1922 : mari italien, femme française, époux séparés de corps ; la
femme demande la conversion de la séparation de corps en divorce, mais le droit
italien à l'époque ne connaissait pas le divorce. La femme obtient néanmoins
satisfaction. Cette décision reconnaît dans toute hypothèse à un époux français le
droit de divorcer selon la loi française.
Cette difficulté a été levée dans l'arrêt RIVIERE (1953) qui soumet le divorce à la loi
du domicile commun des époux. Il s'agissait de reconnaître un divorce prononcé à
l'étranger. Puis arrêt LEWANDOWSKI, la règle du domicile commun a été appliquée
pour prononcer le divorce entre une française et un polonais.
Cette règle du domicile s'applique même en cas de séparation des époux quand ils
restent dans le même pays séparément.
Que faire quand les époux sont de nationalité différente et qu'ils ne sont pas
domiciliés dans le même pays ? Dans l'arrêt TARWID à c'est la loi du for,
régulièrement saisi du divorce qui est compétente.
En matière de divorce, cette règle a été remise en cause. Avec la loi de réforme de
1975, une règle de conflit particulière au divorce a été introduite à l’article 310 Code
civil : quand les époux sont tous deux domiciliés en France, quand bien même ils
sont de même nationalité, on leur applique la loi française.
Q° : fallait-il après 1975 considérer que les règles de l'article 310 s'appliquaient à
l'ensemble des effets du mariage ou seulement au divorce ?
Pour la doctrine, il semble que le but du législateur en introduisant l’article 310 ait
été d'étendre les règles françaises nouvelles en matière de divorce.
249
La cour de cassation a confirmé ce point de vue, en 1979, savoir si une donation
d'un époux à l'autre peut être attaquée…la cour de cassation a réitéré l'affirmation
que la loi française régit les effets du mariage d'époux de nationalité différente ayant
leur domicile en France. Il y a eu désolidarisation de la loi applicable en matière de
divorce et de la loi applicable aux effets du mariage.
Si le mariage est soumis à la loi de nationalité commune des époux, et que les
époux acquièrent ensemble une nationalité nouvelle, par application des principes de
conflits mobiles, la loi nouvelle régira les effets à venir du mariage.
250
Arrêt CHEMOUNI : tunisien d'origine, de même pour sa seconde femme. Il vient
s'installer en France où il prend la nationalité française de sorte que la loi applicable
à son second mariage est la loi française. Action en paiement d'aliment. Le mari
demande la nullité du second mariage et dit que la loi des effets du mariage devenue
loi du domicile commun et qui s'applique à la question des aliments, ne permet pas
que soit attribué des aliments à deux femmes. Pour la Cour de cassation : la loi
française régit depuis la naturalisation les effets du mariage des époux, mais ceci ne
change rien quant au droit à aliment de la seconde épouse car ses droits découlaient
directement pour elle de sa qualité d'épouse légitime définitivement acquise par un
mariage valablement contracté à l'étranger.
L'analyse de cette solution est plus difficile en droit : la cour de cassation ne dit pas
en vertu de quelle loi le droit à aliment est valable. S'agit-il de la loi tunisienne ? Et là
la solution ordinaire du conflit mobile n'est pas appliquée. Car il y a conflit mobile
quand la règle de rattachement est modifiée. En général, il y a deux moyens pour
résoudre un conflit mobile : soit on continue d'appliquer la loi ancienne par la théorie
des droits acquis, soit à compter du changement on applique la loi nouvelle pour les
effets à venir (c'est cette hypothèse qui prévaut). Donc ici, la cour paraît consacrer la
théorie des droits acquis. Aussi, on peut dire que le conflit mobile a joué
normalement et que le droit à aliment est désormais reconnu selon la loi française.
Mais c'est quand même le droit français qui est appliqué pour les modalités de
versement des aliments.
Dans d'autres cas cependant, les effets en France du second mariage d'un
polygame, effets qui seraient soumis à un droit étranger, ont été repoussé en vertu
de l’Ordre Public.
251
Sur la question de la détermination de la loi applicable : quand on a déterminé la loi
applicable on recherche le domaine de la loi application.
Droits et obligations des époux. La loi des effets du mariage va régir les droits
et devoirs des époux l'un vis à vis de l'autre. Ce sont donc les obligations telles que
fidélité, cohabitation, assistance.
Le caractère est d'abord moral et cela se prête difficilement à une sanction par les
tribunaux hors l'action en divorce. Néanmoins il y a quelques décisions qui
confirment que ce type d'obligations constitue le cœur des obligations du mariage,
ceci lorsqu'on est amené à invoquer l’Ordre Public français à l'encontre d'une loi
étrangère par hypothèse applicable aux effets du mariage et qui présente une
conception différente des effets du mariage que la nôtre.
Ex : la femme est française, le mari est marocain. Ils se sont mariés en France où
tous deux résidaient. Le mari refuse de cohabiter avec la femme en invoquant une
coutume musulmane magrébine lui interdisant la cohabitation tant que n'a pas été
accompli une célébration religieuse. La femme demande et obtient le divorce aux
motifs que les droits et obligations des époux découlaient de la loi française seule en
tant que loi du domicile commun.
252
Ces deux exemples confirment que la loi applicable aux effets personnels du
mariage c'est la loi applicable à ces effets.
La loi locale (celle du lieu où se trouvent les époux) pourrait aussi être appliquée
nonobstant la loi des effets du mariage, au titre de l'urgence. Par exemple pour
autoriser un domicile séparé.
On voit ici la notion de loi de police qui va se manifester également avec les effets
patrimoniaux du mariage.
253
Ici on pense au régime matrimonial. Le RM constitue une catégorie de
rattachement indépendante de la catégorie effet du mariage c'est pourquoi on
étudiera la loi applicable au Régime Matrimonial (cf. infra).
Mais il y a des interférences entre les deux catégories. Il faut voir donc deux
questions : celles du régime primaire et celle de l'obligation aux charges du mariage.
Cela relève-t-il de la loi du Régime Matrimonial ou des effets du mariage ?
Pour revenir au conflit de lois : ce type de questions qui sont traitées en France à
l’article 215 et suivant peuvent être considérés comme obéissant en Droit
International privé à la loi des effets du mariage plutôt qu'à la loi du Régime
Matrimonial. Mais l’article 226 du Code civil réserve sur certains points les
conventions matrimoniales ce qui montre que la loi applicable au Régime
Matrimonial pourrait être appliquée.
Autre possibilité : le fait que le droit interne français édicte un certain nombre de
dispositions applicables indépendamment du RM (RM primaire) amène aussi à se
demander si, dans une situation internationale, ces dispositions ne sont pas
applicables à tous les époux en France au titre de lois de police.
254
Puis dans un arrêt de 1987, la cour de cassation a affirmé que les dispositions
françaises étaient d'application territoriale ce qui évoque plutôt les lois de police.
Cette conception est sans doute la plus exacte parce que les raisons qui poussent à
édicter en droit interne des dispositions indépendantes du régime, existent même en
présence d'un rattachement à une loi étrangère telle que la nationalité commune des
époux.
Parmi les dispositions du régime primaire il y en a qui sont justifiées par l'urgence.
Les articles 217 et 219 qui permettent à un époux en cas d'empêchement de l'autre
d'exercer des pouvoirs qu'il ou elle n'a pas normalement. Ex : dans les 70's une
cambodgienne résidant à Paris sans nouvelle de son mari demande au juge de
l'autoriser à contracter un emprunt hypothécaire afin d'acheter un fonds de
commerce pour qu'elle puisse vivre. Le jugement déclare que les dispositions des
articles 214 à 226 (régime primaire) du code civil doivent être comprises au nombre
des lois de police au sens de l’article 3 al1 du Code civil.
La formule est sans doute trop générale. Mais pour d'autres dispositions, celles
fondées sur l'apparence et la protection des tiers c'est bien fondé (art 221 et 222). Il
résulte de ces articles que chaque époux a le pouvoir de se faire ouvrir un compte en
banque sans égard aux dispositions du RM. Ceci vise à la sécurité des tiers comme
du banquier qui traite avec une femme mariée. On ne peut pas attendre de ce tiers
qu'il recherche si la femme n'est pas sous un RM étranger qui restreindrait la faculté
pour cette personne la faculté d'exercer certaines opérations.
Les articles 221 et 222 s'appliquent donc à toutes les opérations passées en France
au titre de loi de police.
255
[Aujourd’hui de plus en plus de questions sont régies par des conventions en
particulier par des conventions de La Haye. Lorsqu'il existe une convention il faut se
demander quand cette convention s'applique. En effet on peut très bien concevoir
qu'une convention s'applique dans les rapports entre états contractants. Donc en
matière d'obligations alimentaire, s'il s'agit d'une affaire franco-allemande, on va voir
si la convention est applicable en France et en Allemagne sans quoi on en revient au
droit commun (loi des effets du mariage).
Mais il y a une autre possibilité : les états qui ratifient la convention acceptent
d'appliquer la règle de la convention sans distinction à toutes les situations
internationales dont leurs autorités viennent à connaître. Donc on doit regarder si la
convention s'applique avec ou sans réciprocité. S'agissant de la convention de 1973
(sur les obligations alimentaires), elle s'applique indépendamment de toute
réciprocité. Donc la convention devient le droit commun.]
Les rattachements multiples servent à privilégier un certain résultat ici, le fait que le
demandeur obtienne des aliments. On parle aussi de règle de conflit à coloration
matérielle.
Cela veut dire que par exemple, un époux demande des aliments à l'autre on
applique la loi de la résidence habituelle du demandeur et la convention dit que cela
ne préjuge pas de l'existence de la relation de mariage. Mais si le demandeur
oppose que le mariage est nul, se pose la question de savoir selon quelle loi
apprécier l'existence de la validité du mariage ? Ceci constitue un exemple
caractéristique d'un problème général de Droit International Privé appelé problème
de question préalable.
256
Ici on est en présence d'une demande d'aliment qui constitue la question principale.
La validité du mariage constitue la question préalable. L'alternative s'est d'apprécier
la question préalable de la validité du mariage selon la loi applicable à la question
principale c'est à dire les aliments. Autrement dit la validité du mariage sera
appréciée selon la loi de la résidence habituelle du créancier d'aliment. Ou bien
alors, deuxième possibilité, ne faut-il pas apprécier la question préalable de la
validité du mariage selon la règle de conflit ordinaire du tribunal saisi (loi personnelle
des parties normalement) ? Lorsque la convention fut adoptée on a dit que c'était la
seconde solution qui devait s'appliquer. La validité du mariage est en question. Il y a
une loi applicable à la validité du mariage. Donc on va regarder si le mariage est
valable puis on étudiera la loi applicable à l'aliment. Oui mais certains on dit que si la
loi du mariage ne reconnaît pas le mariage, la loi applicable aux obligations
alimentaires se trouve privée d'effet. Si on vient consulter une autre loi on s'expose à
ce que cette loi fasse barrage à la loi sur l'obligation alimentaire. C'est pourquoi
l'opinion s'est développée qu'il fallait apprécier la validité du mariage selon la loi
applicable aux aliments.
On peut critiquer cette solution car on juge de la validité d'un mariage selon une loi
applicable particulière applicable aux aliments mais si c'est une autre question qui
s'élève on pourra juger de la validité du même mariage selon une autre loi.
Autrement dit, selon les faits, les mêmes personnes pourront être considérées
comme mariées ou non mariés. Autrement dit, dans la conception traditionnelle
(avant la convention de La Haye) on faisait dépendre les aliments de la loi du
mariage (l'accessoire suivait le principal). Dans l'interprétation qui domine
aujourd'hui, c'est le principal (le mariage) qui se trouve dans la dépendance de
l'accessoire (les aliments).
Toute cette discussion sur question principale et préalable, elle est faussée par la
terminologie car dans le cas qui nous occupe on qualifie la demande d'aliment de
question principale et la validité du mariage en question préalable. Or les aliments
par rapport au mariage sont un accessoire ! Les aliments sont bien un effet du
mariage.
LA CAPACITÉ
La capacité d'un individu devrait en principe être soumise à une règle de
conflit de lois unique. On se demande déjà selon quelle loi on va apprécier le statut
257
d'incapable qui permet de contester les actes passés par l'intéressé. La deuxième
question est celle de savoir selon quelle loi organiser la protection de l'incapable.
I. LE STATUT DE L'INCAPABLE.
L’article 3 al 3soumet la capacité des français à la loi française. Cette règle a
été bilatéralisée de sorte que la capacité en Droit International Privé français relève
de la loi nationale.Cette règle n'est pas universelle la preuve, aux USA on applique la
loi de l'acte juridique.
Plus pratiques sont les incapacités spéciales de jouissance qui empêchent de jouir
de certains droits. Elles visent des actes particuliers. Elles sont susceptibles de
relever de la loi personnelle quand elles sont édictées en fonction d'une
caractéristique de l'intéressé. Par exemple, une interdiction de contracter mariage
pour des personnes atteintes de certaines affections physiques ou mentales. Cela
existe dans certains droits étrangers mais pas en droit français. Mais le plus souvent
les incapacités spéciales de jouissance visent une certaine catégorie d'actes et elles
sont édictées pour des raisons d'intérêt général et non pas en raison de la
personnalité d'un individu. Ex : L'incapacité du médecin selon l’article 909 du Code
civil de recevoir à titre gratuit d'une personne dont il a soigné la dernière maladie.
Cette incapacité vise un type de relation qui unit le patient au médecin. Donc c'est
selon la loi applicable à cette relation que l'interdiction s'appliquera ou non. Si c'est la
loi française, l'incapacité va s'appliquer.
Ex : incapacité du tuteur de recevoir à titre gratuit de son pupille. Ici encore ce n'est
pas la personnalité de l'individu qui est visée, c'est la relation en elle-même. Donc on
appliquera la loi applicable à la tutelle.
Néanmoins on s'est parfois posé la question de savoir comme pour les incapacités
spéciales de jouissance, si l'incapacité ne devrait pas plus plutôt être rattachée à une
institution plutôt qu'à la personne. La question s'est posée dans deux contextes
différents.
Pour les actes portant sur un immeuble : lex rei sitae. C'est la loi du lieu de
l'immeuble. Il y a une tendance à appliquer la loi de situation de l'immeuble pour
toutes les questions qui touchent à l'immeuble. Parmi ces questions il y a celle de la
disposition de l'immeuble. Alors si un mineur dispose d'un immeuble faut-il apprécier
sa capacité à l'aliéner selon sa loi personnelle ou selon la loi de l'immeuble ?
La question s'est posée dans l'arrêt « Patino ». Une mineure espagnole avait à la
veille de son mariage conclu un contrat de mariage (séparation de biens) soumis à la
loi de son mari, la loi Bolivienne. Elle intente en France une action en nullité du
contrat fondée sur sa loi personnelle, la loi espagnole. La cour de cassation s'est
259
prononcée pour la loi personnelle. Il s'agit bien d'une question de statut personnel en
général. « C'est par une exacte qualification que les juges du fond ont vu dans les
règles habilitant un mineur à la conclusion d'un contrat de mariage une simple
modalité de son incapacité générale de contracter ressortissant de sa loi
personnelle. » Donc l’article 1398 s'applique aux français et non pas aux contrats
soumis à la loi française.
Cependant, il s'agit ici d'état de personne, donc la décision sera retenue sans
exequatur préalablesauf à faire intervenir un contrôle ultérieur. Mais aussi l'effet de
l'incapacité pourra se heurter à l'ignorance excusable du jugement étranger (voir
infra).
S'il s'agit d'un étranger le tribunal sera reconnu compétent sur le fondement du
domicile, si le domicile est en France voire sur le fondement de l'urgence s'il n'y a
pas de domicile en France ; mais s'étant reconnu compétent le tribunal français
devra consulter la loi personnelle de l'étranger pour choisir un régime de protection.
Ceci c'est la théorie, en fait l'autorité française qui serait saisie sur le fondement du
domicile, de l'urgence ou de la résidence habituelle, peut être incitée à appliquer les
mesures prévues par sa propre loi. Pourquoi ? Pour des raisons de commodité. Il est
260
difficile de connaître les mesures de protection étrangères. Aussi une personne qui
par hypothèse a un lien de rattachement avec le territoire français doit pour être
protégée par les dispositions de la loi française quel que soit les dispositions de son
statut personnel. On voit ici l'idée de lois de police.
1. Le renvoi.
Lorsque la loi étrangère qui est désignée par la règle de conflit de l'autorité saisie
désigne elle-même l'autorité qui la désigne compétent = Renvoi.
Ex : une personne étrangère domiciliée en France passe un acte dont elle invoque la
nullité pour incapacité ; une autorité française applique la règle de conflit qui désigne
la loi étrangère mais la loi étrangère désigne la loi Française.
On considère qu'il y a lieu de faire jouer le renvoi quand il a un effet validant et non
pas dans le cas contraire.Donc si l'intéressé est capable selon la loi française mais
incapable selon sa loi personnelle étrangère qui renvoie à la loi française on fera
jouer le renvoi ce qui permet de maintenir l'acte.
2. Le conflit mobile.
Il faut savoir s'il faut continuer d'appliquer la loi ancienne ou tenir compte du
changement : théorie de l'effet immédiat. Selon la théorie générale : la théorie de
l'application immédiate l'emporte, les effets à venir de la situation sont régis par la loi
nouvelle.
a. En cas de minorité.
261
Pas de difficulté à admettre qu'un mineur changeant de nationalité puisse
devenir majeur si la loi nouvelle abaisse l'âge de la majorité. En droit comparé, l'âge
de la majorité se situe entre 18 et 21 ans.
En revanche, si l'individu était majeur selon la loi de l'ancienne nationalité alors qu'il
ne l'est pas selon la loi nouvelle, on hésitera à le faire redevenir mineur : pas de
Jurisprudence.
Cela suppose qu'une personne ait été déclarée incapable par la loi d'origine,
puis change de nationalité. Faut-il considérer que les mesures prises sous la loi
ancienne deviennent caduques ? : Un arrêt ancien l'a admis : la loi de la nouvelle
nationalité ignorait les mesures de protection antérieurement prises selon la loi
française, cependant c'est une décision unique, il est difficile d'en tirer un principe
général. On pourrait dire que la mesure doit se prolonger tant que la décision n'est
pas intervenue sous l'empire du nouveau statut.
Qui dit conflit mobile, dit possibilité de fraude pour échapper à des mesures
impératives de la loi ancienne.
262
L’ORDRE PUBLIC pourrait intervenir à l'encontre d'une loi étrangère insuffisamment
protectrice, si par ex une personne n'est pas protégée par rapport à la nullité d'un
contrat donné avec un consentement pas assez éclairé.
Ce sont des dispositions impératives dans un pays donné qui fait échec à
l'application normale de la règle de conflit.
La sanction normale serait l'annulation des actes passés. Celui qui traite avec
un incapable peut légitimement ignorer cette incapacité, et peut s'estimer lésé par
l'annulation de l'acte. Il faut un équilibre entre la protection de l'incapable et la
sécurité des transactions.
L'arrêt LIZARDI formule une règle matérielle, règle de fond à objet international :
quand on traite avec un étranger, celui-ci ne peut arguer de son incapacité.
263
Ex de refus de la Jurisprudence LIZARDI : un banquier d'Annecy traitant avec une
femme mariée suisse : il aurait dû connaître la situation. Le juge apprécie au regard
de la prudence et de la connaissance du vendeur.
La solution LIZARDI est formulée par la convention de Rome de Juin 1980 sur la
loi applicable aux obligations contractuelles. La convention exclu les règles de
capacité dans son art 1, mais dans l’article 11, elle formule une règle matérielle
semblable : « dans un contrat conclu entre personnes se trouvant dans un même
pays, une personne physique qui serait capable selon la loi de ce pays ne peut
invoquer son incapacité résultant d'une autre loi que si au moment de la conclusion
du contrat, le cocontractant a connu cette incapacité ou ne l'a ignoré qu'en raison
d'une imprudence de sa part ».
Le 1er moyen est l'annulation des actes qu'ils ont passés, mais c'est une protection a
posteriori qui permet de revenir sur des actes passés. Cela n'épuise pas la question
sur le seul terrain patrimonial où il peut être nécessaire de prévenir les actes en
mettant en place un régime de protection + toute la protection personnelle du mineur
(et pas seulement patrimoniale).
En principe, c'est la loi qui fixe la protection. Mais quelques difficultés demeurent.
264
Il paraît normal que ce soit la loi qui fixe la capacité qui fixe aussi le régime de
protection. Pour la France se serait la loi nationale, c'est la solution retenue par la
Convention de La Haye de 1902, le rattachement national est très répandu.
Il n'y a pas de problème quand il y a une protection familiale, c'est à dire qu'il y a
représentation de l'incapable mineur par ses parents.
C'est encore plus difficile quand l'autorité publique intervient (assistance éducative ;
aide sociale à l'enfance).Cette autorité publique fait une intervention totale quand les
organes familiaux ne remplissent plus leur rôle (plus de famille ; déchéance de
l'autorité parentale).
A ce stade il est difficile de faire fonctionner les organes de l'Etat quand l'enfant est à
l'étranger. Il est plus normal que ce soit l'autorité publique de l'Etat de résidence qui
intervienne. Ces autorités appliqueront leur propre droit. Les autorités ont vocation à
intervenir sur toute personne se trouvant sur leur territoire.
265
sujet de l'application de la Convention de 1902. Un Etat invoquant sa violation par
un autre Etat.
Entre temps l'enfant est confié aux services suédois de l'éducation protectrice du
mineur. La tutrice néerlandaise réclame l'enfant aux autorités suédoises qui ont
refusé pour éviter de faire trop de déplacement.
Un différend naît entre les Pays Bas et la Suède. La CIJ est saisie et dit que la
convention ne traite pas d'autre chose que de la désignation de la personne
responsable de l'enfant. Pour la Cour, la loi suédoise qui est la loi du domicile fait
que « l'éducation protectrice ne peut atteindre son but social que si elle est
appliquée à tous les mineurs vivants en Suède ». Autrement dit on différencie le
domicile entre la tutelle soumise à la loi néerlandaise et les mesures protectrices
suédoises. Par conséquent bien que la Convention donne incontestablement
compétence à la loi des Pays Bas, cette loi pourrait être paralysée par des mesures
administratives prises par un organisme public dans l'Etat de résidence.
Elle est en vigueur en France. Elle est applicable à tous les mineurs qui ont leur
résidence habituelle dans un des Etats contractants indépendamment de leur
nationalité. Par mineur on entend une personne qui a la qualité de mineur par sa loi
nationale et par la loi de résidence habituelle (conditions cumulatives). Si cette
condition n'est pas remplie c'est le droit commun qui sera applicable.
Elle met l'accent sur la compétence des autorités pour prendre des mesures et non
seulement sur la représentation juridique des mineurs (convention de 1902).
Elle vise toutes les mesures individuelles de droit public ou privé prenant en
considération de la faiblesse de l'intéressé et visant sa personne ou ses biens.
266
La convention de 1961 s'est efforcée de ménager la loi nationale et la loi de la
résidence habituelle.
1. La situation normale.
La situation se modifie quelque peu par le décès de l'un des deux parents ou des
deux parents, par le divorce, par la mise en danger des mineurs. Il y a rupture
d'équilibre et il faut prendre des mesures. La convention de 1961 règle la
compétence des autorités. On passe vers un conflit d'autorités.
267
b. Les autorités concurrentes des autorités de la résidence
habituelle du mineur et de la loi nationale du mineur.
L'Etat national du mineur ne perd pas tout rôle. Nonobstant l'article 1, l'article
4permet aux autorités nationales de l'Etat d'intervenir à une double condition.
c. Dialectique.
Les problèmes de garde après divorce sont donc soumis depuis le 18 avril 1984 à
l'application de la Convention de 1961selon les conditions d'application de celle-ci.
268
Les tribunaux français saisis d'un divorce international ne sont pas nécessairement
compétents pour statuer sur la garde et le droit de visite. Ils ne le seront qu'en cas de
coïncidence entre la loi en matière de divorce et celle de la loi pour les mesures à
prendre.
Il existe des situations ou cette coïncidence n'est pas assurée (plusieurs enfants
dans plusieurs Etats) il y aura une pluralité de tribunaux compétents.
Pour éviter la situation BOLL, les mesures prises par les autorités compétentes
selon les articles 1 à 6 sont reconnues dans tous les Etats contractants.
Ça ne vaut pas pour les mesures prises au titre de l'urgence ( art 8)car elles ont un
caractère provisoire. Ce caractère se manifeste surtout dans l'hypothèse de l'enfant
déplacé après que des mesures aient été prises.
Quand les mesures sont prises par l'Etat de la résidence habituelle ( art 1) et que
l'enfant change de résidence habituelle, les mesures demeurent aussi longtemps que
les autorités de la nouvelle résidence habituelle n'en auront pas pris d'autres.
Si les mesures sont prises par les autorités de l'Etat national il importe peu que la
résidence habituelle change, les mesures demeurent applicables.
269
La convention n'a pas apporté la satisfaction qu'on attendait. Le mal vient de
ce que l'on a introduit la compétence de l'autorité de l'Etat de résidence habituelle
alors que la convention n'a pas voulu rompre avec la compétence des Etats
nationaux.
Difficulté de multiplier les rapports de plein droit (ex lège) et les mesures de
protection (situations dans laquelle la protection du mineur vient d'une intervention
législative).
On arrive à une situation de blocage. Solution : l'Etat qui a le dernier mot est celui où
se trouve l'enfant, donc danger qu'un parent enlève l'enfant.
C. La convention de 1996.
Les Etats membres de l'Union européenne l'ont signé le 1er avril 2003 mais il
reste à la ratifier.
270
L'Article 52-3 de la convention de 1996,à la demande de l'Union Européenne
organise une clause de déconnexion ce qui permet à des Etats contractants de la
convention de La Haye de conclure des accords sur des matières qui prévaudront
sur les textes généraux.
Les dispositions du règlement l'emportent lorsque l'enfant réside sur le territoire d'un
Etat membre.
Elle s'applique aux enfants à partir de leur naissance jusqu'à l'âge de 18 ans.
Les mesures de protection sont comprises de la manière la plus large. Les questions
non couvertes sont l'adoption et les obligations alimentaires, elles font l'objet d'autres
conventions.
271
a. Compétence de principe.
Que faire quand un enfant résidant habituellement dans un Etat contractant est
retenu dans un autre Etat ?
272
Il ne faut pas encourager le coup de force et entériner la compétence des autorités
de l'Etat où l'enfant a été amené.
Il arrive que l'on ne puisse pas faire revenir l'enfant. On est alors obligé de prendre
acte que l'environnement de l'enfant est celui de l'Etat où il se trouve.
Dans quel cas va-t-on considérer que l'enfant déplacé de façon illicite a une nouvelle
résidence habituelle ?
- Soit que l'enfant ait résidé au moins un an dans l'autre Etat après que le
titulaire du droit de garde ait eu connaissance du lieu où se trouve l'enfant et
qu'aucune demande de retour n'ai été faite tandis que l'enfant s'est intégré
dans son milieu.
La convention de 1961 avec les articles 1 et 2 dispose que ce sont les autorités de
la résidence habituelle qui sont compétentes mais on ne renonce pas à la loi
nationale.
Il y a un va et vient entre les deux (loi nationale et loi de résidence habituelle). Des
problèmes se posent si l'enfant a la double nationalité.
Du coup pour régler tous les problèmes, la convention de 1996 donne compétence
de principe aux autorités de la résidence habituelle.
Sur le statut des incapables. Il s'agit de déterminer si une personne est capable ou
non, on fait jouer le statut personnel. Seulement, il faut voir pour sa protection et cela
nécessite des mesures.
273
propre loi. Le problème c'est qu'on n'a pas renoncé à la loi nationale du mineur. Donc
les autorités nationales peuvent agir. La convention dit que s'il y a un danger sérieux,
ce sont les autorités de la résidence habituelles qui agissent.
Dans la mesure où la plupart des enfants concernés ont deux nationalités, deux états
peuvent revendiquer leur compétence. Cela amène à des situations de blocages.
Le texte de l’article 8 précise quels sont ces états : par exemple c'est un état dont
l'enfant a la nationalité.
L’article 8cite également un Etat où l'enfant possède des biens, un Etat saisi d'une
demande en divorce entre les parents et puis un Etat avec lequel l'enfant présente
un lien étroit. L'autorité requise peut refuser ou accepter ce transfert de compétence
en fonction de sa propre appréciation.
Inversement selon l’article 9, l'un de ces Etats qui vient d'être cité à l'article 8 peut
demander, aux mêmes conditions, que la compétence normale lui soit transférée. Ici
apparaît la hiérarchie des compétences. Le transfert ne se fera que sur accord avec
les autorités de l'Etat de la résidence habituelle. Si l'autorité requise ne réagit pas, le
transfert de compétence n'a pas lieu.
274
Ø En cas de procédure de divorce
L'article 10reconnaît la compétence possible du for du divorce s'il n'est pas celui de
la résidence habituelle de l'enfant. L’article 10 prévoit la compétence du for du
divorce si sa loi le permet mais avec deux séries de conditions :
- Il faut d'abord que l'un des parents au moins ait sa résidence habituelle
dans l'état du for et que l'un des parents ait la responsabilité parentale à
l'égard de l'enfant. Attention il n'est pas nécessaire que ce soit le même
parent.
- Il faut que la compétence du for du divorce ait été acceptée par les deux
parents et cela sous réserve de l'appréciation du tribunal selon laquelle la
compétence du for du divorce est dans l'intérêt supérieur de l'enfant.
La 1ère série de conditions sera fréquemment remplie. Ce qui sera plus dur c'est
l'accord des deux parents et puis à cela s'ajoute l'appréciation du tribunal.
Pour illustrer ça, quelle serait l'appréciation du tribunal ?Ce que devra faire le tribunal
ça sera de regarder où les mesures qu'il prendrait vont être destinées à s'appliquer.
Selon la convention, les autres Etats contractants seront obligés de reconnaître ces
mesures. Seulement, la compétence du for du divorce cesse aussitôt qu'une décision
a été rendue, ce qui veut dire qu'après un certain temps, on pourra demander à
l'autorité de la résidence habituelle de l'enfant d'exercer sa compétence normale
selon la convention, il faudra pour cela invoquer un changement de circonstance, un
changement d'intérêt de l'enfant par exemple.
275
C'est l'article 13 qui invite les autorités d'un Etat à s'abstenir de statuer si des
mesures correspondantes ont déjà été sollicitées des autorités d'un autre Etat
contractant alors compétent. Ex : les conditions de l’article 10 étant remplies, un
tribunal français est compétent pour statuer à l'issue du divorce sur l'autorité
parentale. Or dans le début de la procédure le juge français a été sollicité. En vertu
de l’article 13, les autorités de la résidence habituelle devraient s'abstenir
d'intervenir.
Dans ce cas les autorités de l'Etat où se trouve l'enfant ou d'un Etat où il possède
des biens peuvent prendre des mesures d'urgence = art 11. Ces mesures cessent
aussitôt que les autorités compétentes d'un autre état contractant, en particulier
celles de l’article 5, ont pris les mesures exigées par la situation.
Donc la convention de 1996 fait un grand effort pour mettre fin aux conflits
d'autorités en donnant compétence de principe aux autorités de la résidence
habituelle mais cela n'empêche pas certaines dérogations.
3. La loi applicable.
a. Responsabilité parentale de plein droit.
Qui dit résidence habituelle dit « se soucier du conflit mobile » car on change
souvent de résidence. En principe on s'interroge de savoir si on continue d'appliquer
la loi ancienne ou bien si on applique immédiatement la loi nouvelle ? La convention
ne se prononce pas. Elle règle des situations concrètes.
276
1ère situation : la loi de l'ancienne résidence habituelle prévoyait une responsabilité
parentale de plein droit et la loi nouvelle n'en prévoit pas. Dans ce cas, dit l’article
16-3, le titulaire de l'ancienne responsabilité parentale conserve celle-ci dans l'Etat
de la nouvelle résidence.
3ème situation : l'ancienne loi attribue une responsabilité de plein droit et la loi de la
nouvelle résidence aussi mais non à la même personne. Il faudra adapter le jeu des
deux responsabilités parentales. Mais il y a l’article 17 qui énonce que l'exercice de
la responsabilité parentale est régie par la loi de la résidence habituelle sous
entendue actuelle.
Quand des mesures doivent être prises, toutes les autorités saisies statuent
selon leur propre loi. Le but depuis l'affaire BOLL c'est que les autorités n'aient pas à
appliquer une loi étrangère.
Si, compte tenu des éléments de faits, on sait que dans un avenir prévisible la
résidence habituelle de l'enfant va être déplacée dans un autre pays (par ex ses
parents sont des expatriés et on sait qu'ils vont devoir revenir dans leur pays
d'origine) Aussi si on sait que la mesure est nécessairement destinée à s'appliquer
dans un autre pays, ex : il s'agit de vendre un immeuble appartenant au mineur,
immeuble situé dans un autre pays dont il n'est pas forcément mauvais de prendre
en considération la loi de cet autre pays.
Lorsque les autorités ont pris des mesures et que la résidence habituelle de l'enfant
change, il ne faut pas que ces mesures tombent automatiquement. Si la situation est
stable elle n'a pas à être modifiée. C'est ce que la convention précise
implicitement : « la loi de la nouvelle résidence régit les conditions d'application des
mesures prises ».
277
Ces conventions ont été posées par des litiges sérieux dans lesquels aucun
Etat ne décide de céder. Entre Etats contractants les mesures prises de plein droit
sont reconnues dans les autres Etats, c'est l'objet de la convention. Seulement la
convention prévoit des motifs de refus. Les motifs de non reconnaissance doivent
être les plus restreints possibles car on est dans le domaine conventionnel.
Le 2ème motif c'est l'absence d'audition de l'enfant dans le cas où elle était possible
compte tenu de l'âge de l'enfant et de sa présence.
Le 3ème motif est l'absence d'audition d'une personne prétendant qu'une mesure prise
porte atteinte à son autorité parentale.
4ème motif : la possibilité de refus pour contrariété manifeste à l'ordre public compte
tenu de l'intérêt supérieur de l'enfant.
5ème et dernier motif : la contrariété de décision avec une mesure prise ultérieurement
dans un Etat non contractant et remplissant les conditions nécessaires à se
reconnaissance dans l'état requis. Cette convention est multi latérale. Il n'y a pas que
les états contractants, il y a les états extérieurs qui peuvent être impliqués. Si une
décision a été prise il y a trois ans dans un état contractant puis 3 ans après une
décision a été prise dans un état non contractant, on va examiner la décision la plus
récente selon le droit commun et non selon la convention. Il se peut que la décision
satisfasse l'autorité de l'état requis. On a le droit dans ce cas de donner la préférence
à la décision non conventionnelle.
278
situation particulière d'un enfant déterminée, coopération pour rechercher un enfant
qui est en fugue.
Lorsque des mesures auront été prises pendant la minorité, elles pourront continuer
à s'appliquer après la majorité dès lors qu'elles remplissent les conditions de
reconnaissance de la convention « adulte ».
279
Du point de vue matériel, les mesures sont celles qu'on trouve dans tous les droits
nationaux concernant la protection d'un adulte ou de ses biens (pour nous c'est la
curatelle, la tutelle).
a. Compétence principale.
b. Compétences concurrentes.
Les mesures de ces autorités nationales cessent d'avoir effet dès que les autorités
de la résidence habituelle auront statué sur la protection de l'adulte.
Est également prévue une compétence d'urgence des autorités de l'Etat sur lequel
se trouve l'adulte = art 10.
280
c. Une compétence originale : la compétence en matière médicale
du fait de la présence de l'adulte : art 11.
3. La loi applicable.
a. La règle générale.
Régit par les articles 15 et 16. C'est une institution empruntée à certains
droits nationaux. Il s'agit de pouvoirs de représentation conférés par un adulte pour
être exercés lorsque l'adulte sera hors d'état de pourvoir à ses intérêts. L'originalité
est que dans beaucoup de droits un mandat tombe quand une personne cesse d'être
capable. Ici c'est l'inverse.
Le mandat peut être conféré par accord avec le mandataire, il peut être unilatéral, il
peut porter aussi bien sur la gestion des biens que sur les mesures concernant la
personne.
Le mandat est destiné à prendre effet quand le mandant ne peut plus veiller à ses
affaires et cela doit être constaté par l'autorité judiciaire.
281
La loi applicable à ce mandat c'est la loi de la résidence habituelle de l'adulte au
moment où le mandat est donné. Seulement il se peut que la loi de la résidence
habituelle de l'adulte ne connaisse pas un tel mandat. Mais comme on est dans une
hypothèse internationale, on peut choisir la loi applicable. Donc celui qui dresse ce
mandat peut désigner la loi d'un Etat dont il possède la nationalité. L'intéressé peut
même désigner la loi d'une ancienne résidence habituelle et il peut aussi désigner
l'état de situation de ses biens.
282