La Particule La Plus Énergétique de L'univers
La Particule La Plus Énergétique de L'univers
La Particule La Plus Énergétique de L'univers
Ethan est un astrophysicien américain qui répond sur son blog à des questions posées par ses
lecteurs. Début Décembre l’un de ses lecteurs lui a demandé qu’il explique les rayonnements
cosmiques dont voici une traduction car cela correspond exactement à certaines parties du
programme de physique en terminale S.
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Depuis que je suis un lecteur des quatre fantastiques, j’ai toujours voulu tout savoir
sur les rayons cosmiques. Pouvez-vous m’aider ?
Le premier indice est venu de l’observation d’une des expériences d’électrostatique les plus
simples que l’on puisse faire, impliquant un électroscope
Si vous placez une charge électrique sur cet appareil contenant 2 feuilles métalliques connectées
à un autre conducteur, les 2 feuilles vont prendre la charge électrique et se repousser. Comme on
s’attend à ce que ces charges se dissipent progressivement dans l’air, des gens ont eu l’idée
brillante d’isoler au maximum les deux feuilles et de les placer dans le vide.
Mais même en faisant cela l’électroscope se décharge progressivement. En fait même en plaçant
un bouclier métallique autour de l’électroscope celui-ci se décharge quand même. Des
expériences du début du XXème siècle ont même montré que la décharge était encore plus rapide
en haute altitude. Quelques scientifiques ont émis l’hypothèse que la cause de cette décharge
était un rayonnement extrêmement énergétique d’origine extra-terrestre.
Les premiers détecteurs étaient remarquables de simplicité : les expérimentateurs utilisaient une
simple émulsion (plus tard ce sera une chambre à bulle) sensible aux particules chargées qu’il
plaçait dans un champ magnétique. Quand une particule chargée traverse ce dispositif, on peut
apprendre des courbes que trace la particule chargée sur le détecteur deux choses extrêmement
importantes :
Image crédit: Paul Kunze, in Z. Phys. 83 (1933), of the first muon event ever in 1932.
Dans les années 30, les expériences menées aussi bien sur les premiers accélérateurs de
particules que pour les rayonnements cosmiques ont apporté un certain nombre d’informations
intéressantes. Pour commencer, la plupart des particules cosmiques (autour de 90%) sont des
protons, qui arrivent dans une très large gamme énergétique, de quelques méga-électron-Volts
(MeV) à des énergies telles qu’on ne savait pas les mesurer. Le MeV est l’unité des réactions
nucléaires – en gros les énergies dégagées par les réactions chimiques sont de l’ordre de l’eV,
tandis que les énergies des réactions nucléaires sont de l’ordre du MeV : le million d’électron-
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Volts. La grande majorité des autres particules étaient des particules alpha, c’est-à-dire des
noyaux d’Hélium avec deux protons et deux neutrons, ayant des énergies comparables.
Quand ces rayons cosmiques frappent le haut de l’atmosphère terrestre, ils interagissent avec
elle, produisant une cascade de réactions qui produit une douche de particules énergétiques,
incluant deux nouvelles particules : le positron – la particule d’antimatière de l’électron, portant la
même masse mais une charge opposée – et le muon, une particule instable ayant la même
charge que l’électron mais 206 fois plus lourde ! L’existence du positron a été postulée par
Dirac en 1930 avant d’être découverte par Carl Anderson en 1932. Il a également découvert le
Muon avec l’aide d’un de ses étudiants Seth Neddermeyer en 1936, mais le premier événement
induit par un muon a été découvert par Paul Kunze que l’histoire semble avoir oublié. Une chose
fascinante est que si vous mettez votre main à l’horizontale, il y environ un muon qui la traverse
à chaque seconde.
Image crédit: Konrad Bernlöhr of the Max Planck Institute for Nuclear Physics
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Chaque muon traversant votre main provient d’une douche cosmique et chacun d’entre eux est
une illustration de la théorie de la relativité restreinte ! En effet, ces muons sont créés à une
altitude d’environ 100 km, mais la durée de vie moyenne d’un muon est de 2,2 microsecondes !
Même en se déplaçant ant à la vitesse de la lumière ((299 792,458 km/sec), un muon ne pourrait
parcourir que 660 mètres avant de disparaître. Cependant, à cause de la dilatation du temps, c’est
à dire le fait que les particules se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière
expérimente un temps se déroulant
éroulant plus lentement du point de vue d’un observateur extérieur, ces
muons peuvent voyager jusqu’à la surface de la Terre avant de disparaître.
Image crédit
crédit: Hillas 2006via University of Hamburg
Les particules ayant une énergie au maximum égale à 100 GeV sont les plus communes avec
environ une particule à 100 GeV (c’est 1011 eV) frappant chaque mètre carré de sol à chaque
seconde. Cependant,, il y a aussi des particules de plus hautes énergies. Elles sont de moins en
moins fréquentes au fur et à mesure qu’on monte dans les hautes énergies. Par exemple, il n’y a
qu’une particule
ule par an qui frappe un mètre carré de sol avec une énergie de 10 000 000 GeV (10
millions de GeV ou 1016 eV), et pour les plus énergétiques, celles qui culminent à 5 × 1010 GeV (ou
5 × 1019 eV), il faut construire un détecteur carré de 10 kilomètres de ccôté
ôté pour détecter au plus
une particule par an !
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Image crédit: ASPERA / G.Toma / A.Saftoiu.
Ca parait une idée folle de construire un tel détecteur, non ? Et pourtant il y a une raison
extrêmement convaincante de le faire : vérifier qu’il existe une valeur limite théorique en énergie
pour les rayons cosmiques et une vitesse limite pour les protons dans l’univers.
En réalité il n’y a peut-être pas de limite à l’énergie qu’on peut fournir à un proton dans l’univers :
on peut accélérer des particules chargées en utilisant un champ magnétique et les trous noirs les
plus gros et les plus actifs de l’Univers peuvent donner des énergies aux protons encore plus
grandes que celles que l’on observe. Mais il faut que ces protons voyagent jusqu’à nous pour
qu’on puisse les observer et l’univers est plein d’une quantité colossale d’énergie froide : le
rayonnement cosmique micro-onde de fond, créé lors du big-bang, qui a bien eu le temps de se
refroidir depuis plus de 12 milliards d’années !
Image crédits: Earth: NASA/BlueEarth; Milky Way: ESO/S. Brunier; CMB: NASA/WMAP.
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Le seul endroit où des particules de très très hautes énergies peuvent être créées est autour des
trous noirs actifs les plus massifs de l’Univers qui sont tous bien au
au-delà
delà de notre propre galaxie.
Et si des particules ayant une énergie de plus de 5 × 1010 GeV sont créés, elles ne peuvent
voyager pluss de quelques millions d’années lumière (grand maximum) avant qu’un de ces photons
froids du rayonnement cosmique micromicro-onde
onde interagisse avec lui et produise un pion (une autre
particule), évacuant l’excès d’énergie et tombant dans cette limite théorique à l’énergie cosmique
connue sous le nom de limite GZK
GZK.
Ainsi, les scientifiques ont fait la chose la plus raisonnable qu’il pouvait faire : ils ont construit un
détecteur excessivement grand et attendent !
Image crédit:: Pierre Auger Observatory in Malargüe, Argentina / Case Western Reserve U.
C’est le but de l’observatoire Pierre Auger de vérifier que de tels rayonnements cosmiques
existent mais pas au-delà
delà de cette limite énergétique incroyablement haute, d’un fa
facteur environ
10 000 000 de fois plus élevé que les énergies atteintes par le LHC ! Cela veut dire que les
protons dont nous essayons de trouver la preuve de l’existence se déplacent quasiment à la
vitesse de la lumière, à peine plus doucement que les 299 792 458 m/s de la lumière. De combien
plus lentement ?
Les protons les plus rapides, ceux à la limite GZK, se déplacent à 299 792 457,999999999999918
mètres-par-seconde,, ou si vous faîtes une course entre un photon et l’un de ces protons jusqu’à
la galaxie d’Andromède et que vous revenez, le photon arrivera avec une avance de 6 secondes
par rapport au proton… après un voyage de plus de cinq millions d’années ! Mais ce
rayonnement cosmique ne vient pas d’Andromède mais de galaxies très actives avec des trous
noirs supermassifs comme NGC 1275 1275,, qui sont à plusieurs centaine de millions voire milliard
d’année-lumière.
lumière. Ce qui veut dire que ces protons que l’on espère détecter auront mis plusieurs
centaines voir quelques milliards d’années pour voyager jusqu’à nous !
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Image crédit: NASA, ESA, Hubble Héritage (STScI/AURA).
On sait même grâce au projet de la NASA Interstellar Boundary Explorer (IBEX) qu’il y a environ
10 fois plus de rayonnement cosmique là haut dans l’espace profond que ce qu’on détecte sur
Terre ou autour de la Terre, grâce à l’héliosphère qui nous protège de la majorité d’entre eux.
Et voici l’histoire fantastique du rayonnement cosmique, incluant l’aspect que je trouve le plus
passionnant : les particules de plus hautes énergies et la limite cosmique énergétique !
Et voici comment se termine l’article d’Ethan. J’espère qu’il vous a bien plu, en tout cas, il contient
de nombreuses pistes pour inventer un sujet de bac…
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