Pretres Africains Et Traditions Ancestrales
Pretres Africains Et Traditions Ancestrales
Pretres Africains Et Traditions Ancestrales
dossier
Prêtres africains
et traditions ancestrales
RENÉ LUNEAU
«Qui n’a jamais rencontré de ces cas vraiment décevants: un tel qui a été vingt,
trente ans durant, un excellent chrétien, voilà que soudain il retourne aux pratiques de
ses ancêtres. Hypocrisie? Peut-être! Telle brave chrétienne ne peut se passer de certains
rites qu’elle sait néanmoins défendus sub gravi. Menaces et raisonnements peuvent lui
arracher des promesses mais à la prochaine venue d’un bébé au monde, par exemple, elle
retournera à ses “superstitions” 1»
1. V. MULAGO, «Nécessité de l’adaptation missionnaire chez les Bantu du Congo», in Des prêtres
noirs s’interrogent, Paris, Cerf et Présence Africaine, 1956, p. 21-22; réédition: Léonard SANTEDI KINKUPU,
Gérard BISSAINTHE et Meinrad HEBGA (présenté par), Des prêtres noirs s’interrogent. Cinquante ans
après…, Paris, Karthala et Présence Africaine, 2006 (XXII + 301 p.), p. 21-22.
43
RENÉ LUNEAU
ceux qui ont pour tâche et vocation de diriger ce peuple sur le chemin de
la foi. Et j’aimerais évoquer les difficultés que connaissent, semble-t-il,
certains prêtres africains face aux traditions ancestrales, sans vouloir
cependant faire de généralisation.
L e re s p e c t d e l a t ra d i t i o n
2. P. PÉLAPOUET, Dieu chez les Bamileke. Interfaces entre la pensée de l’Église et la pensée tradition-
nelle bamileke, thèse de doctorat en psychopathologie clinique, 2 vol., Université Paris VIII, mai 2003.
3. M. CHEZA (éd.) Le Synode africain. Histoire et textes, Paris, Karthala, 1996 (proposition 36,
p. 256-257).
44
Prêtres africainset traditions ancestrales
ces mêmes ancêtres dont la mémoire, depuis près de trente ans, est régu-
lièrement invoquée au début de la liturgie dite autrefois «zaïroise» et dont
Rome en 1988 a reconnu la légitimité. On sait qu’Ecclesia in Africa
(septembre 1995) n’a pas donné suite à la proposition formulée par les
membres de l’Assemblée synodale.
U n e t ra d i t i o n q u i f a i t p e u r 4
«Le prêtre n’a plus que quelques jours à vivre et il ne reste qu’à prier. On a pris soin
de le préparer à la mort avant l’opération en lui faisant recevoir le sacrement du pardon
et celui de l’onction des malades. Mais le jour où il est ramené dans sa paroisse pour
y finir ses derniers jours, les réactions des gens ne se font pas attendre: le Blanc [le
médecin] ne peut guérir cette maladie, elle est d’un autre ordre: on doit faire venir un
wetshi, un devin-guérisseur pour sortir ce qui est dans le ventre, qui le fait gonfler et qui
ne veut pas sortir. Aussitôt la décision est prise par les parents et membres de la famille
du prêtre. Il faut agir vite».
4. Les pages qui suivent empruntent largement à R. LUNEAU, Comprendre l’Afrique, Évangélisation,
modernité, mangeurs d’âmes, Paris, Karthala, 2002, p. 48 et ss.
5. J’emprunte la narration de cette curieuse histoire à l’abbé Betshindo Lwanga, lui même
congolais (du diocèse de Kolé), qui en fit l’objet d’une communication lors d’un séminaire à l’Institut
Catholique de Paris, en mars 1979. Les textes cités entre guillemets sont de lui.
45
RENÉ LUNEAU
Que dire d’autre en effet? De quoi ce jeune prêtre est-il mort? D’un
cancer du foie, au dire des médecins! Sans doute. Mais comment
mesurer l’impact dans son psychisme du drame qu’il a involontairement
provoqué et plus encore de la peur qu’il aura plus ou moins consciem-
ment éprouvée en apprenant que sa victime était ndombe et que jamais
plus, s’il faut en croire la croyance populaire, elle ne le laisserait vivre en
paix?
Histoire singulière d’un homme chrétien depuis son jeune âge, qui a
grandi, adolescent, dans un milieu clérical qui le tenait jalousement à
l’écart du monde traditionnel et de ses peurs et qui en découvre brutale-
ment la réalité: prêtre ou pas, il n’échappera pas à la vengeance du ndombe.
Et il est bien vrai qu’on peut mourir de peur.
46
Prêtres africainset traditions ancestrales
«Des personnes rencontrées nous ont confié qu’elles ont été perturbées par des
génies qui venaient les posséder physiquement la nuit. Un de nos fidèles m’a confessé qu’il
avait divorcé de sa femme parce qu’il avait connu plusieurs infortunes avec un esprit
qui convoitait son épouse. Il m’a souvent montré des signes palpables des bastonnades
fréquentes de son rival. Plus d’une fois, le génie lui a intimé l’ordre, à l’en croire, de se
séparer de son épouse et lui a dit que, s’il désobéissait, il lui réglerait son compte. Le
diable n’a pas manqué à sa parole, car, le lendemain, notre homme portait des marques
sur le corps. Il avait été copieusement flagellé par son rival. Ce qui témoigne que ses
propos étaient loin d’être une affabulation. On en a conclu que l’épouse avait un mari
de nuit dans sa vie. On ne peut chasser l’homme ou la femme de nuit d’un lit conjugal
que par la prière et le jeûne, grâce à la bienveillance de Dieu 6.»
R e n c o n t re d e l ’ a b b é C h a r l e s
«Vous les surprenez chez les guérisseurs, chez les marabouts ou les devins pour
retrouver la santé, la chance ou damer le pion à un adversaire qui peut être un collègue
6. N. ABEKAN, Mon combat contre le diable, Abidjan, Éd. CEDA, 1996, p. 72. Je souligne.
7. Au dire de nombre d’observateurs et sous l’influence très marquée de mouvements charisma-
tiques à forte dominante pentecôtiste, il semble que le «diable» fasse un véritable retour en force dans
une certaine Afrique chrétienne d’aujourd’hui (A. CORTEN et A. MARY (éds), Imaginaires politiques et
pentecôtismes. Afrique/Amérique Latine, Paris, Karthala, 2001, p. 21-22.
47
RENÉ LUNEAU
«On sait que toutes les plantes ont une force, une puissance. Certaines ont une
vertu médicinale, d’autres peuvent tuer, mais toutes ont une force. Tout dépend finale-
ment de celui qui les connaît et qui va les utiliser. Dans quel sens? À la force de la plante
va s’ajouter celle de la parole. L’homme qui connaît la force de la plante y joint celle de
la parole et l’efficacité de l’action résulte de la conjonction des deux. Ainsi, pour pré-
venir un vol d’oranges sur l’oranger qui lui appartient, un homme placera à proximité
une plante portant des épines et il lui demandera de planter ses épines dans le corps du
voleur. La volonté de l’homme est bien sûr essentielle. Il se passe exactement la même
chose lorsque, prêtres, nous célébrons l’eucharistie. Nous prenons du pain, nous
prenons du vin, et sur ce pain et ce vin, nous prononçons des paroles qui viennent de
Dieu même et nous croyons qu’elles sont efficaces. C’est la même chose pour la plante.
La parole en fait un signe, capable de guérir ou de faire peur au voleur.»
8. M. HEBGA, Émancipation d’Églises sous tutelle, Paris, Présence Africaine, 1976, p. 55. «Même
des abbés égorgent des poulets en cachette», confiait jadis à Raymond Deniel, et non sans étonnement,
un ouvrier de Ouagadougou en cours de catéchuménat. Voir R. DENIEL, « Croyances religieuses et vie
quotidienne. Islam et christianisme à Ouagadougou », dans Recherches Voltaïques, n° 14, 1970, p. 128.
48
Prêtres africainset traditions ancestrales
«Chez nous, déclare l’abbé Charles, les maladies peuvent avoir des causes très
différentes. Il y en a qui sont purement physiques (la cécité, la surdité etc.). D’autres
attrapent des maladies parce qu’ils ont acquis des fétiches et qu’ils n’ont pas bien
observé les prescriptions du féticheur. D’autres sont capables d’utiliser un animal
(fut-ce un crocodile!) pour faire du mal aux autres. L’exorcisme ne concerne que des
maladies qui semblent chez nous incurables soit par l’hôpital, soit par le guérisseur
traditionnel.»
«Malgré la foi, l’homme demeure seul et, dans la vie, il a besoin d’être entouré de
protections. Certains s’adressent à Dieu, d’autres au diable. L’enfant a besoin de ses
parents pour être fort. Nous avons la foi et nous demandons toujours l’aide de Dieu.
Nous prions tout le temps. Le besoin est toujours là. Si je prends avec moi un médica-
ment contre la morsure de serpent, ce n’est pas que j’ai été mordu, c’est que je peux l’être.
Mieux vaut prévenir que guérir. La prière prévient le malheur. […] Il faut savoir qu’il y
a entre Dieu et nous, des forces de ténèbres et on n’y voit pas clair. […] Qui peut
douter de l’existence des esprits? Personne. Si le Christ a chassé des démons, qui
peut douter? Si nous croyons la Bible, nous pouvons croire que chez nous aussi il y a
encore beaucoup d’histoires analogues. Et il arrive que l’on ait peur.
Y a-t-il des revenants? Ici on raconte des histoires de ce genre et beaucoup de gens
sont venus chez moi persuadés d’avoir vu le visage, la silhouette de gens morts depuis
un certain temps déjà, pour me demander une bénédiction. Ils peuvent s’évanouir
de saisissement. Je prie avec eux pour les calmer. Dans ces domaines, il ne faut pas trop
affirmer, il ne faut pas nier, il faut aller lentement et continuer à chercher. Quand
les missionnaires sont venus, ils ont tout rejeté: c’était pour eux du paganisme! Nous
faisons aujourd’hui marche arrière pour mieux comprendre la réalité en son fond.
[…] Mais je continue mon travail, mais çà n’est pas facile. Il faut bien connaître les
coutumes. Et je ne suis pas arrivé à tout comprendre.»
«Je ne suis pas arrivé à tout comprendre.» Que dire alors de moi qui
l’écoutais en silence et me gardais bien d’intervenir pour ne pas rompre
le fil de son discours?
49
RENÉ LUNEAU
L e s p è l e r i n s d e Ka b w e
Difficile donc d’y voir clair d’autant que les thérapies mises en œuvre
peuvent parfois déconcerter l’observateur non prévenu. Notre ami François
Kabasele rapporte 10 quant à lui, qu’à Kabwe, dans le Kasaï occidental,
célèbre autrefois pour son grand séminaire, le curé du lieu, l’abbé T. fut,
vers la fin des années 1980, à l’origine d’un étonnant mouvement de
fidèles venant à lui en grand nombre pour être guéris de leurs maladies.
Très jeune, l’abbé T. avait pris conscience de ses dons mais le responsable
de son séminaire lui avait interdit toute pratique de guérison sous peine
de renvoi.
Au cours d’un long séjour au Canada pour raison d’études, la ren-
contre d’un prêtre, lui-même radiesthésiste, le confirma dans sa vocation
de guérisseur. Mieux, «une voix intérieure, des visions même s’y ajoutèrent
pour l’appeler à exercer ses dons en vue du Royaume des cieux et pour
rendre fécond son sacerdoce». Il rentre donc au pays et connaît sur le
9. L.NGOMO OKITEMBO, L’image du prêtre africain. Le cas du Zaïre, maîtrise de théologie, Strasbourg,
octobre 1989, p. 23-24.
10. F.KABASELE LUMBALA, Célébrer Jésus-Christ en Afrique, Kinshasa, 1990, p. 224-230. Document
polycopié auquel j’emprunte les citations.
50
Prêtres africainset traditions ancestrales
«Dès que la foule prend place à l’église, il [l’abbé] met son aube ainsi qu’une étole
violette (couleur traditionnelle de pénitence); après avoir rejoint l’assemblée, il dit une
oraison d’entrée et introduit rapidement la lecture des Écritures qui s’ensuit. Une courte
homélie situe et oriente l’action qui va se dérouler: “[…] l’action de Dieu n’annule pas
la volonté de l’homme; celui-ci doit se convertir et demeurer dans les chemins de Dieu;
le sorcier doit mettre fin à ses sorties nocturnes et quitter son cercle infernal; celui qui
avait placé son refuge et ses forces dans des sortilèges humains et terrestres doit les
quitter et, désormais, mettre tout son appui dans le Seigneur.”
Un chant de pénitence est alors entonné avant que les fidèles ne défilent vers l’avant
où le prêtre les attend. On leur fait prendre certaines dispositions: personne ne garde
sur lui d’objets métalliques (chaînes, bracelets etc.); tout ce qui nuirait au contact direct
avec la terre est enlevé (chaussures, tapis, plastiques…); le prêtre prend lui-même les
mêmes dispositions. Son aube est retroussée jusqu’aux hanches: il tient une croix en
main ainsi qu’une bougie allumée, la croix à gauche, la bougie à droite.
Trois acolytes se tiennent debout, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche, le dernier
derrière lui; ses jambes sont écartées; le fidèle sollicitant la guérison s’avance, bras
écartés en croix, vers le prêtre qui lui demande de sortir la langue. Le prêtre montre
ensuite la croix, tend sur lui la main qui tient la bougie et prie un instant. Il fait ensuite
passer rapidement la bougie le long du corps du fidèle et le pousse de sa main gauche
qui tient la croix, sous ses jambes. Aidé par deux acolytes, le fidèle s’agenouille, marche
à quatre pattes et passe sous les jambes écartées du prêtre; derrière celui-ci, le troisième
acolyte relève le fidèle et lui impose une onction sur le visage avec l’huile des malades.
De ce rite, des malades sont sortis guéris, certains sur le moment, d’autres posté-
rieurement, dans un processus lent. De nombreuses béquilles qui pendent aux murs du
chœur de l’église de Kabwe constituent quelques vestiges de ces «libérations». Quant
aux guérisons morales et spirituelles, elles ont été plus nombreuses encore. Je m’étais
moi-même rendu sur les lieux (Kabwe et Kananga); j’ai fait venir l’abbé T. à Cijiba
[François Kabasele en était alors le curé]. Les témoignages sont véridiques et éloquents 11.»
51
RENÉ LUNEAU
L a m é m o i re d é v o y é e
«Dieu sait combien nos masses rurales, même scolarisées, vivent avec une mentalité
pré-scientifique et fétichiste, tuant toute possibilité d’une montée collective et rapide.
Voilà un mal qui mériterait le nom de fléau pour toute l’Afrique Noire 13.»
«De vrais prêtres se livrent à un certain nombre de pratiques, dont Mgr Jérôme
Owono Mimboe, évêque d’Obala (Cameroun) a dressé la liste dans une circulaire de
novembre 1990:
• ils se font payer par leurs malades pour l’action qu’ils mènent auprès d’eux en
tant que pasteurs mandatés par l’évêque en exigeant cabris, poulets, argent. Certains
prétendent ne demander que 50 000 ou 100 000 CFA, moins – disent-ils pour se
justifier – que les guérisseurs et les médecins;
• on se rend dans n’importe quelle localité, souvent la nuit, à l’insu de l’autorité
ecclésiastique territorialement compétente, ou contre sa volonté, pour célébrer des
messes de guérison ou d’exorcisme;
• on procède à des séances de divination, à des ordalies, à des enlèvements de
fétiches, parfois avec effraction et violation de domicile; on soumet les adultes à la
bastonnade publique, parfois après les avoir dépouillés de leurs vêtements; on désigne
à la vindicte publique des individus ou des familles supposés responsables de maladies;
on terrorise les populations par des menaces de mort, de punition etc.;
12. Lettre pastorale des Évêques du Kasaï (1985).
13. Monseigneur Jean Zoa. Son héritage et son enseignement. Yaoundé, Centre d’études Redemptor
hominis, 1999, p. 64. Le texte cité est de 1971
52
Prêtres africainset traditions ancestrales
• des prêtres célèbrent des messes insolites et sacrilèges, avec du sang de chèvre ou
de mouton mélangé au vin dans le calice et donné à boire aux fidèles;
• d’autres procèdent à des rites purement païens: enterrement de chats et de chiens
dans les cours, de bouteilles, d’herbes, d’œufs de poule derrière les cases et ailleurs 14…»
Quelle conclusion?
14. Monseigneur Jean Zoa, op.cit., La même ordonnance épiscopale (circulaire n° 19 du 19 novem-
bre 1990) est citée abondamment dans la thèse de doctorat en théologie de l’abbé P. NOAH, La
pédagogie de l’évangélisation en Afrique, Strasbourg, juin 1994, p. 245.
15. Monseigneur Jean Zoa, op.cit. .Il s’agit des actes d’un colloque tenu à Yaoundé en décembre 1998
et consacré à Mgr Zoa, disparu au printemps de cette même année.
16. Homélie de Noël 1987 (in Monseigneur Jean Zoa, op. cit. p. 68).
17. Homélie de la Toussaint 1990 (in Monseigneur Jean Zoa, op. cit. p. 69). L’abbé Gaspard Many
est-il dans le collimateur de l’archevêque ? Il semble bien. Originaire du diocèse de Sangmelima, ce
prêtre, exégète formé à Tübingen en Allemagne, a été directeur d’études au Grand séminaire de Yaoundé
pendant une dizaine d’années. Mais, pour un certain nombre d’écrits où, s’appuyant sur l’autorité des
ancêtres qui lui parlent, il appelle à un retour pur et simple à la tradition des anciens, il est sanctionné
par son évêque: «Les gens ont peur de l’abbé Gaspard Many parce qu’ils le prennent pour un super-
sorcier […] Un autre prêtre du nom d’Awoumou est son disciple mais lui, il dit encore la messe […].
Il est aussi question d’escroquerie : pour une imposition des mains, on doit donner de l’argent.»
Le cas de ces deux prêtres est évoqué lors de la conférence épiscopale provinciale de Doumè en
novembre 1987. (P. NOAH, La pédagogie…, op. cit. p. 246 et note 102.)
53
RENÉ LUNEAU
«Il n’est pas sûr que, pour s’incarner dans un peuple, l’Évangile exige le suicide des
religions ou leur anéantissement. Peut-être faut-il inverser les perspectives et souhaiter
l’émergence d’Églises nées de l’hospitalité accordée à l’Évangile par des religions
matrices. Il ne s’agit plus de considérer les religions ancestrales comme “anonymement
chrétiennes” et chrétiennement exploitables. Il s’agit d‘admettre la possibilité d’une
conversion chrétienne des religions, le Christ entrant dans la mentalité et les gestes
religieux des peuples pour y apposer son sceau libérateur. L’audace d’une telle pers-
pective et les difficultés qu’elle peut receler ne doivent point écarter d’un débat théo-
logique où la théorie condescendante de l’incarnation et de l’inculturation sert de panacée
à la christianisation galopante de l’Afrique. Le baptême des nations, tout comme celui
des cultures (Gaudium et spes, Evangelii nuntiandi) passe par le baptême des religions 18.»
René LUNEAU
CNRS / Institut catholique de Paris
18. S. SEMPORE, «Le défi des églises afro-chrétiennes», Lumière et Vie, 159, (septembre-
octobre 1982), p. 53.
54